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1 Kolam n°34 – Octobre 2021 Les crises révèlent souvent les forces et les faiblesses d’une organisation et Sharana n’échappe pas à cette règle. Après une année 2020 marquée par la nécessité de mettre en place une aide alimentaire d’urgence, la question de comment concilier cette aide avec les activités ordinaires de l’association s’est posée. En effet, si les contraintes sanitaires, en Inde comme en France, ont imposé de nouveaux modes de fonctionnement, le risque était de se concentrer sur l’urgence au détriment de la raison d’être de Sharana : éduquer, former et soutenir le développement communautaire. Au final, et assez naturellement, nous avons fait le choix d’essayer de répondre simultanément à tous ces besoins. Ce pari, audacieux, est en passe d’être gagné et cela pour plusieurs raisons. Financièrement, une nouvelle levée de fonds à laquelle parrains et donateurs ont largement participé a permis de poursuivre l’aide alimentaire. Chaque jour, 500 repas sont confectionnés et les kits sanitaires continuent d’être distribués. Grâce à cet apport financier supplémentaire, le budget éducation et développement communautaire est resté identique aux années précédentes. Sur place, les travailleurs sociaux et l’équipe de Sharana dans son ensemble ont trouvé les ressources nécessaires pour mener de front urgence et fonctionnement ordinaire. Le centre social à Pondichéry accueille à nouveau les enfants, entre 60 et 80 par jour, pour l’aide aux devoirs, les activités périscolaires et l’art thérapie notamment. Parallèlement, une nouvelle formation professionnelle en hôtellerie et restauration est désormais proposée. Les deux premières stagiaires ont obtenu un contrat d’apprentissage. Enfin, les visites fréquentes dans les familles et leur accompagnement permettent toujours de lutter contre les stéréotypes, en particulier pour l’accès à l’éducation des filles. Dernier aspect du changement que cette crise a induit : l’utilisation des ressources numériques. Afin de faire face à la fermeture des écoles, réouvertes en partie seulement, Sharana a investi en équipements informatiques et formé ses intervenants, la dotation en tablettes et l’accompagnement des enfants permettant de maintenir un lien avec l’école et éviter ainsi de trop nombreux décrochages. En conclusion, si cette pandémie n’était pas aussi douloureuse, on pourrait dire qu’elle a favorisé des changements positifs et durables dans notre fonctionnement. Dans tous les cas, elle aura mis en lumière une réelle capacité d’adaptation. L’Edito Octobre 2021 34 Eric Brundu Président Sharana France

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1Kolamn°34–Octobre2021

Les crises révèlent souvent lesforces et les faiblesses d’uneorganisationetSharanan’échappepasàcetterègle.Aprèsuneannée2020marquée par la nécessité demettre en place une aidealimentaire d’urgence, la questionde comment concilier cette aideavec les activités ordinaires del’associations’estposée.En effet, si les contraintessanitaires, en Inde comme en

France,ontimposédenouveauxmodesdefonctionnement,lerisqueétaitde seconcentrer sur l’urgenceaudétrimentde laraison d’être de Sharana : éduquer, former et soutenir ledéveloppement communautaire. Au final, et asseznaturellement,nousavons fait le choixd’essayerde répondresimultanément à tous ces besoins. Ce pari, audacieux, est enpassed’êtregagnéetcelapourplusieursraisons.Financièrement,unenouvellelevéedefondsàlaquelleparrainset donateurs ont largement participé a permis de poursuivrel’aide alimentaire. Chaque jour, 500 repas sont confectionnéset les kits sanitaires continuent d’être distribués. Grâce à cetapport financier supplémentaire, le budget éducation etdéveloppementcommunautaireestrestéidentiqueauxannéesprécédentes.Sur place, les travailleurs sociaux et l’équipe de Sharana dansson ensemble ont trouvé les ressources nécessaires pourmenerdefronturgenceetfonctionnementordinaire.LecentresocialàPondichéryaccueilleànouveaulesenfants,entre60et80parjour,pourl’aideauxdevoirs,lesactivitéspériscolairesetl’artthérapienotamment.

Parallèlement, une nouvelle formationprofessionnelle en hôtellerie etrestauration est désormais proposée. Lesdeux premières stagiaires ont obtenu uncontrat d’apprentissage. Enfin, les visitesfréquentes dans les familles et leuraccompagnement permettent toujours deluttercontrelesstéréotypes,enparticulierpourl’accèsàl’éducationdesfilles.

Dernier aspect du changement que cettecrise a induit : l’utilisation des ressourcesnumériques. Afin de faire face à lafermeturedesécoles,réouvertesenpartieseulement, Sharana a investi enéquipements informatiques et formé sesintervenants, la dotation en tablettes etl’accompagnementdesenfantspermettantdemaintenir un lien avec l’école et éviterainsidetropnombreuxdécrochages.En conclusion, si cette pandémie n’étaitpas aussi douloureuse, on pourrait direqu’elleafavorisédeschangementspositifset durables dans notre fonctionnement.Danstouslescas,elleauramisenlumièreuneréellecapacitéd’adaptation.

L’Edito

Octobre2021n°34

EricBrunduPrésidentSharanaFrance

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Sharanareprendleprojetd’aideauxenfantspourêtreautonomesnumériquementetlesrameneràl’école

EnraisondeladeuxièmevaguedeCovid-19quinousa frappés cette année, la majorité des enfants desprogrammes de Sharana reste à la maison, sansaucune forme de scolarisation ou d’éducation. Pourbeaucoupd’entreeux,celas'esttraduitparplusd'unanet demi sans aucuneéducation formelle. Pour laplupart des enfants soutenus par Sharana, cela faitsouvent ladifférenceentreuneéducation continue,etdoncunechancedechangementpositifsurlelongtermeetl'abandondéfinitif.

Malheureusement, pour les personnes les plusvulnérables avec lesquelles nous travaillons àSharana, il s'agit d'un énorme risque à court terme,sansparlerd'autresproblèmespotentielstelsquelesabus,lachargedetravailaccrueàlamaisonpourlesfilles ou obligées de chercher un emploi pourcompléter le revenu familial, et plusieurs autresproblèmes mentaux, émotionnels, sociaux etphysiques.

Une chose est devenue des plus importantes aucoursdesderniers18mois:lapuissanceducontenunumérique. C’est pour cela qu’au début du moisd’août nous avons repris notre projetd'autonomisation numérique avec 80 enfants(répartis en 4 groupes par jour) poursuivant leursétudes dans les écoles publiques de Solai Nagar etses environs, un bidonville proche de notre centresocial.

Ce projet consiste en une salle de classe virtuelleentièrement fonctionnelle avec tous les appareilsnumériquesrequistelsqu'unprojecteur,unsystèmede son et du matériel pédagogique par matière enprésence de 2 enseignants qualifiés et de 6travailleurs sociaux (à tour de rôle). Ces sessions sedéroulentaucentresocialparclassepourlesenfantsdu6eau10estandard(dela6èmeàla3ème).

Ceprogrammes'adresseauxenfantsquinesontpaséquipés numériquement. Il est décliné selonplusieurs modalités : en classes numériques, par lebiais de connexions individuelles ou grâce à desvisitesàdomicile.

Très important: à Sharana nous tenons à ce que lecontenu étudié à travers les médias numériquesprenneenchargeleprogrammesuividanslesécolespubliques afin que la base soit solide et clairementcomprise.

Unechoseestdevenuedesplusimportantesaucoursdesderniers18

mois:lapuissanceducontenunumérique.

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Notre plan met l'accent sur un contenu et unenseignement de qualité avec des relationshumaines: en effet, les problèmes sociaux etéconomiques des enfants avec lesquels noustravaillonsnécessitenttrèssouventdes intervenantsqui comprennentd'oùviennent lesélèvesetqui lesaident à atteindre les objectifs qui sont les leurs.C'est aussi la principale raison pour laquelle lestravailleurs sociaux travaillent en étroitecollaborationaveclesenseignantsdeceprogramme.

Nous encourageons également les enseignants à seconnecter avec chaque élève et à aborder lesproblèmesspécifiquesquel'enfantpeutavoir,allantdu manque de compréhension au manque deconcentration,auxbesoinsphysiquestelsquelafaimoulasanté.

Tous les enfants continuent de recevoir un en-caséquilibréàchaqueséanced'activitésàSharana.

Pendantquenousabordons laproblématique liéeàl'éducation par l'autonomisation numérique, nousallonségalement:

- Continuer à maintenir le programme de labibliothèquedeSharana,ouvertetouslesjourspourquelesenfantsdeplusde10anspuissentvenir chercher des livres, les emprunter et lesramener à la maison. Ils seront encouragés àliredelalittératurevernaculaire,àfeuilleterlesdessinsetàenprendresoinavantdelesrendreetd’enemprunterd'autres.

- Continuer le programme d’art thérapie deSharana, au cours duquel les enfants peuventvenir créer desœuvres et trouver un exutoireartistiquepourlibérerleursémotions.

-Favoriserlasensibilisationàlacréationvianosdifférentesinitiatives.

- Poursuivre également notre «Outreachprogram», programme régulier desensibilisation des communautés aveclesquellesnoustravaillonsrégulièrement.

Tout cela se fait enmaintenant en place toutes lespratiques de sécurité et les protocoles d'hygiènenécessaires,telsqueleportobligatoiredemasques,le contrôlede la températureet la désinfectiondesmains,ainsiquelemaintiendeladistancesociale.

Publié le 23 août 2021 par Vandana Shah,coordinatriceàSharanaInde

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Pooja-l'histoired'unefilledéterminéeàtracersonproprechemindanslavie

A l'âge de 13 ans, Pooja a été déclarée « être demauvaisaugure»parunprêtrecarellevenaitd'avoirsesrègles,elleaalorsétéretiréedel'école.Lorsquenos travailleurs sociaux ont approché la famille, onleuraditqu'ellereprendrait l'écoleaprèssesrègles.Cela ne s'est pas produit. Interrogée, sa mère adéclaré qu'ils n'étaient pas en mesure de payer unnouveluniforme.C'étaitessentiellementuneexcusepourretardersonéducationetapaiserlesesprits.LadécisionadoncétépriseparSharanadepayerpourcela, de coudre sonnouvel uniforme et,avec détermination,Poojaareprisl'école.Ce n'était pas lapremièrefoisquePoojaabandonnaitsesétudes:Aînée de quatre frèreset sœurs, dont deuxétaient inscrits auprogramme « Retour àl'école » de Sharana,elleavaitdéjàétéretiréedel'écolealorsqu’elleétaiten 6ème standard (équivalent de notre 6ème aucollège) pour garder le 4ème et dernier né de lafamille. Le revenu de sa mère était tout ce qu'ilsavaientcarsonpèreétaitalcoolique,sansrevenu.Aujourd'hui, Pooja va à l'école avec ses combatsderrière elle. Les obstacles, les tabous sociaux, lesabusetlesinterruptionsn'ontpasentravésonesprit.Elleestunehabituéedenotrecentrede cours du soir et de nosprogrammes d'accueil de fin desemaineoùellefaittoutsonpossiblepouraiderlesautresenfants.»Voilàcequej’avaiscommencéàécrireen2018,alorsqu’un examen très important de fin de 10emestandard (équivalent de la seconde en France) étaitimminent.

Peudetempsaprèsquej’airédigécetexte,Sharanaa reçu un appel de son école disant que Poojan'assistaitpasauxcourscesdernierstempsetqu'ellerisquait de compromettre son examen. Aprèsenquête, nous avons appris que surendettée,paralyséepar lesdettes, la famille s'était installéeàCoimbatore, à plus de 350km de Pondichéry, pourremboursersesprêtsenlouantsonlogementsocialàPondichéry. Sharana a contacté la famille et apersuadé les parents réticents de Pooja de lui

permettre d'étudierdans le temps restantavantlesexamens,etacoordonné un soutienavec l’ONG Childline etlecomitédeprotectionde l’enfance (CWC).Pooja a obtenu debonnesnotes.DeretouràCoimbatoreen 2019, elle s'estinscrite et a travaillédans un institut de

dactylographie, elle y a acquis de nouvellescompétencesetacontribuéaurevenufamilial.Après le confinement en 2020 tout a changé:Sharana a appris que la famille était à nouveauendettée et avait déménagé à Pondichéry. Agéemaintenant de 18 ans, ses parents voulaient lamarier.

Sharanaest intervenueta longuementconseilléauxparents de lui permettre de suivre une formationprofessionnelle qui pourrait lui être utile etconstituerégalementunesourcesûrederevenus.

Aucunecirconstance,aussiécrasantesoit-elle,n'adiminuésadéterminationàêtreautonome.

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Poojaétaitdéterminéeàcontinueràtravailleretàseperfectionner. Sa volonté de poursuivre des étudesn'a pas été ébranlée malgré toutes les difficultésauxquelleselleaétéconfrontéejusqu'àprésent.Aprèsunimportanttravaildepersuasion,Poojaaétéinscrite en septembre dernier pour un diplôme endialyse à l'Institut Mahalakshmi des sciencesparamédicales.Sescourssontactuellementenligne.L’histoire de Pooja est celle exemplaire d'une filledéterminée à tracer sa propre voie dans la vie.Aucune circonstance, aussi écrasante soit-elle, n'adiminuésadéterminationàêtreautonome.Sharana

l'a accompagnée tout au long de ce cheminementversl'éducationetl'autonomisation.Les noms et les détails de cette histoire ont parfoisété modifiés/omis pour protéger l'identité del'enfant.Écrit par Mme Alo Pal, membre du conseild'administrationSharanaInde

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YopisiœuvrepourSharana

CetteannéeàSigogne,enCharente,aété crééeuneassociation,Yopisi,où sedéroulentdescoursdeyogaetdepilate.Cefutl’occasionpourmoidefairedécouvrir l’associationSharanaainsiquesesactions.J’aidécidéd’êtrebénévolelorsdesséancesdeyogaquej’anime,cequipermetàYopisideverserl’argentdescoursàSharana.Merciàcertainsadhérentsd’avoirlargementcontribué,d’unepartpardesdonsetd’autrepart,ennedemandantaucun remboursement sur les coursannuléssuiteauxmesuressanitaires.Lorsd’unstagedeyoganousavonségalementpueffectuerunepetiteventedelivresetd’écharpes.Autotalcesontprèsde1000€quiontpuêtrereversésàSharana.Toutceladanslajoiedeseretrouver!

NathaliePayraudeauAdministratriceSharanaFrance

Marie-ChristineRoyAdministratriceSharanaFrance

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NOUVELLE LEVEE DE FONDS POURSHARANAINDE

C’est en mai dernier queSharanaFranceaorganiséune nouvelle levée defonds sur la plateformeHelloassopour«UrgencealimentaireCovid19».

Le besoin de l’associationétait d’aider à financer lesrepasainsiquelematérielpour l’hygiène desfamilles. L’association a également équipé certains enfants de tablettesnumériquespourpouvoirsuivrelescoursenligneenpériodedeconfinement.

Commevous le savez tous, la situationenInde est très difficile et c’est avecgénérosité que vous avezété nombreux àcontribueràaméliorerlesconditionsdeviedesbénéficiairesdeSharana.Sharana France a reçu une centaine dedonsentrelemoisdemaietlemoisdejuinet a pu reverser 15 500 € aumois d’août2021àSharanaInde.Unvraisuccès!Merci,unefoisencore,delapartdetoutel’équipedeSharanaFrance.

Ontparticipéàcenuméro:

L’équipedeSharanaInde,VandanaSHAH,AloPAL,

GwenaëlBOURBOULON,EricBRUNDU,AgatheCATINAT,ArmandCLERIS,FrançoiseDELAUNE-TRAVERS,

OllivierGOUALOU,MarieChristineROY,ValérieFOURNET-HOUDAILLE,

JudithTOULIS

ContactSharanaFrance:

Mail:[email protected]ège:«Saint-Paul»09700LEVERNET

05.61.68.36.88

www.sharana.fr

Parrainage:

FrançoiseDELAUNE-TRAVERS30,rueMarcelMiquel

92130IssyLesMoulineauxTél.:06.08.56.95.48Mail:[email protected]

Mesures d’hygiène affichées sur les murs des locaux de Sharana à Pondichery

ValérieFournetAdministratriceSharanaFrance