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Un mensuel au service des intervenants francophones en promotion de la santé Ne paraît pas en juillet - Bureau de dépôt : Bruxelles X - ISSN 0776-2623 J UIN 2004 191 Editeur responsable : Edouard Descampe, chaussée de Haecht 579 - boîte postale 40 - 1031 Bruxelles. Photo : © Global Picture / Garo Editeur responsable : Edouard Descampe, chaussée de Haecht 579 - boîte postale 40 - 1031 Bruxelles. Photo : © Global Picture / Garo OBÉSITÉ : IL Y A URGENCE en p. 2 à 6

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Un mensuel au service des intervenants francophones en promotion de la santé

Ne paraît pas en juillet - Bureau de dépôt : Bruxelles X - ISSN 0776-2623

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OBÉSITÉ : IL Y A URGENCE en p. 2 à 6

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e 9 mars dernier, au Waux Hallde Nivelles, avait lieu uneconférence intermutualiste

(Mutualité chrétienne – Mutualité socia-liste) consacrée à l’obésité chez les jeunes.Et il est vrai que les synergies sont à pré-sent indispensables tant le problème est àprendre à bras le corps. C’est ce qui apoussé les deux mutualités à prendre cetteinitiative suivie par près de 300 personnes.Après le mot d’accueil de M. Cheniaux,Secrétaire général des Mutualités socialistesdu Brabant wallon, le Dr MyriamVandeweyer, pédiatre, et Mme Bolterys, diété-ticienne, ont précisé l’ampleur du problème :la prévalence de l’obésité est en constanteaugmentation, elle a été multipliée par 4 ou5 depuis les années 60. Chez nous, le chiffrede 16 % d’enfants obèses est maintenantavancé. Ce constat est alarmant d’autantque les traitements actuels n’ont que peu derésultats et que l’obésité chez l’enfant peutentraîner de graves complications à l’âgeadulte. Il convient donc de privilégier la pré-vention par le recours à une alimentationéquilibrée. A cet égard, un outil de sensibili-sation est maintenant largement répandu :la fameuse pyramide alimentaire.

La prévention à l’école...Un des lieux de prévention de l’obésité est lemilieu scolaire. C’est ce qu’a expliqué Mme

Houioux, du Cabinet de la Ministre Maréchalen présentant le projet des “Motivés” déve-loppé au niveau de la Communauté française.Cette campagne de sensibilisation tourneautour de trois axes : l’alimentation (prendre4 repas par jour), l’activité physique (sedérouiller les jambes toutes les deux heures)et le sommeil (dormir 10 h par nuit).

Comme l’a précisé également Mme Valangedirectrice des PSE libres du Brabant wallon,la prévention, qui est une des missions fon-damentales des Services de Promotion de lasanté à l’Ecole, est primordiale. Ainsi, avecl’ONE, ce sont les PSE qui, grâce à leur dépis-tage lors des visites médicales, peuventrepérer une évolution pondérale anormale etinformer les parents et le médecin traitant.Au delà du dépistage, les PSE ont aussi unemission éducative au sein des écoles (voir letexte de son intervention en p. 4).

... et au sein de la familleSi l’école est un lieu important pour prévenir l’obésité, le cercle familial n’est

pas à négliger. C’est ce que prônait Mme Chauvaux. En effet, il ne faudrait pasoublier le rôle important des parents enmatière d’éducation et d’habitudes nutri-tionnelles. Un petit déjeuner correct évite lafringale à 10 h, si l’enfant mange à la can-tine de l’école il est inutile de lui donner ànouveau un repas complet le soir, etc.

Enfin, l’exposé de Mme Guzman, abordantplus spécifiquement l’aspect psychologiquede l’obésité, fut particulièrement remarqué(voir l’article de Carine Maillard dans cenuméro).

Comme l’a souligné M. Detienne, Directeurrégional de la Mutualité chrétienne duBrabant wallon, s’il est important de sensi-biliser les parents et les enseignants à leurrôle d’éducateur, il est aussi primordial dedévelopper les initiatives convergentes,comme cette soirée, qui peuvent réellementmobiliser autour d’une thématique aussivitale. Les deux mutualités n’en resterontévidemment pas là : d’autres initiativesseront prises prochainement.

Eric Jauniaux, Infor Santé Mutualité chré-tienne du Brabant wallon

INITIATIVES

L’obésité chez les jeunes : il y a urgence

Un instinct de survie ?

L

’il est un domaine où les menta-lités évoluent, c’est bien celui del’obésité. Récemment reconnue

comme une maladie, sa dimension psycho-logique est peu à peu prise en compte.

Le discours tenu encore aujourd’hui, jusquedans le corps médical, consiste à fustiger lesobèses, à les culpabiliser de manger trop et àles accuser de ne pas être capables de corri-ger leurs mauvaises habitudes alimentaires.

Heureusement, une dimension essentielle del’obésité commence à être reconnue : ladimension psychologique, très pesante, sansmauvais jeu de mots, sur les obèses. Elle estprésente tant dans le processus de prise depoids que dans le vécu de l’obésité au quoti-dien et même après la perte de poids.

Comme l’explique Elda Guzmán, psycho-logue à la Clinique des Clairs Vallons, uncentre médical pédiatrique brabançon qui

prend en charge, entre autres, les jeunesobèses, la nourriture revêt un fort caractèresymbolique de plaisir : « Beaucoup de gensconsidèrent qu’un enfant qui mange beau-coup est un enfant heureux, comblé. Cespersonnes ont des difficultés à revoir cettevaleur. De plus, elles refusent tout change-ment qui pourrait diminuer ce plaisir,comme une alimentation plus équilibrée. »

Chacun sait que les enfants veulent d’abordsatisfaire leur plaisir, notamment par lanourriture : les sucreries donnent plus deplaisir que les légumes, hélas... « Donc lesparents doivent mettre des barrières, frustrer.Or, si les parents ne savent pas dire non, l’en-fant va vivre mal toute frustration. Il n’aurapas de limites et croira qu’il peut avoir tout cedont il a envie, sans se poser de questions.Aussi, notre travail consiste à lui faire com-prendre qu’il doit aussi penser à l’avenir etaux conséquences. De même, nous prouvons

aux parents que c’est positif pour l’enfant dene pas recevoir tout ce qu’il veut. »

Autre élément qui revient, la démission decertains parents face à la tâche bien com-plexe et éprouvante d’éduquer : « Les parentscraquent de plus en plus. Nous sommes dansune période de grands chamboulements : tra-vail des deux parents, stress, tiraillements,fatigue, familles recomposées... Souvent nousvoyons des parents dépassés parce qu’ils ontmal commencé l’éducation de leur enfant,sont trop fatigués pour affronter ses cris et sespleurs face à un refus, finissent par céder etlaissent l’enfant devenir un enfant roi quin’accepte pas que la vie soit aussi faite defrustrations. Ils n’ont pas l’énergie nécessairepour passer du temps avec leurs enfants, pourleur apprendre différentes sourcesd’intérêt.Ensuite, ces enfants ne veulent pasgrandir et deviennent des adolescents qui res-tent dans ce schéma plus « enfant » de la

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satisfaction du plaisir immédiat, notammentpar la nourriture. »

Gaver l’enfant pour combler le manque des parentsLe rôle des parents peut aussi être beaucoupplus insidieux. « Je vois parfois des parents quidonnent à leur enfant des sucreries, desgaufres à longueur de journée. Il faut dès lorsse poser la question de savoir pourquoi ils sontcontents de voir leur enfant manger en per-manence. Donc s’interroger sur leur proprefragilité en tant qu’adultes. Beaucoup deparents d’enfants obèses ou en surpoids, etsurtout des mamans, vivent avec une grandeanxiété, voire dépression face à une réalitédifficile ou des traumatismes très importants.Il s’agit de parents qui ont des difficultés àassumer et gérer leur fragilité, la cachent maiss’écroulent parfois devant leurs enfants;ceux-là attendent inconsciemment beaucoupde l’enfant, qu’il porte avec eux leur tristesse.Dans des cas de grande obésité, je constatesouvent que les parents traînent derrière euxun passé très lourd, avec des deuils qui n’ontpas été faits, des chagrins très importantsauxquels ils ne font pas face, contre lesquelsils luttent, et l’enfant prend trop de placecomme consolateur. »

C’est le cas aussi des parents qui ne voientde raison de vivre que dans leurs enfants.« Certains vont laisser passer, implicitement,vers l’enfant des messages contradictoires,comme ‘tu dois maigrir, mais tu ne peux pasme blesser en refusant de manger ce que jete prépare avec amour’, ou ‘tu dois grandir,mais surtout ne me quitte pas, je pourraisdéprimer’. Les parents vont donc donner àleur enfant un rôle qui n’est pas le sien, ilpeut même devenir leur confident, surtout sila relation du couple est difficile. C’est l’en-fant pris en otage ou l’enfant bouclier. »

S’autonomiser, pour se détacherLes enfants sont des êtres à part entière etprogressivement, ils doivent acquérir leurautonomie par l’éducation. Or, de tellesattitudes des parents compromettent ceprocessus, l’enfant joue un rôle trop lourddans la famille et se demande souvent cequi arriverait s’il n’était pas là...

Cette incapacité des parents à soutenir leurenfant dans un processus positif de matura-tion et de prise d’autonomie peut prendredeux formes opposées : « soit c’est l’hyper-protection, avec un enfant qui ne peut rienexpérimenter, se sent bon à rien ; soit c’est lanégligence, l’enfant s’occupant seul, senourrissant seul, regardant la TV de longuesheures, et qui va perdre confiance en lui,croyant qu’il ne mérite pas l’intérêt de ses

parents. Dans les deux cas, ces enfants nesont pas aidés à vivre des expériences, à êtrecurieux et prendre confiance. »

Face à ce manque de confiance, l’enfant auradonc tendance à rester dans un schéma qu’ilconnaît, parce qu’il s’y sent sécurisé. Il va évi-ter les activités à l’extérieur et les parents nevont pas l’y encourager, le laissant dans unmonde d’enfant avec ses avantages. « L’enfantva régresser, ne va pas trop se tracasser, va évi-ter les conflits de relations puisqu’il n’a pas derelations sociales, ne va pas risquer d’êtremauvais en musique ou en sport puisqu’il nepratique pas. Bref, il ne va plus rien investir, etles parents non plus. Il va trouver un réconfortdans le fait de rester un éternel enfant avecmoins de tensions liées au monde de l’adulteou de l’adolescent, avec la sexualisation, leschagrins d’amour. Il postpose, évite, s’amuseavec des plaisirs très immédiats, en masquantau fond de lui-même une grande insécurité,une grande souffrance. »

L’enfant obèse trouve un apaisement dans lefait d’avoir toujours quelque chose enbouche. Certains, nous confie Elda Guzmán,avouent que le fait de manger beaucoup, à unmoment donné, les coupe de tout : ils ne pen-sent plus à rien, ni à leur insécurité, ni auxconflits familiaux. Leurs kilos en trop sontcomme un rempart qui les protège de tout.

Altruisme et auto-violenceDans des familles où l’autonomie est refuséeaux enfants ou dans lesquelles ils sont impli-qués dans un rôle qui n’est pas le leur, desfrères et sœurs peuvent réagir différemment.Certains vont rejeter cette famille, d’autresse prouver leur valeur par exemple en brillanten classe. Et puis il y a ceux qui vont seconsoler par la nourriture. Alors peut-on pré-voir l’attitude d’un enfant ? Probablementpas, mais les spécialistes ont constaté destraits de caractère récurrents chez lesenfants obèses : « Je constate qu’ils pensentbeaucoup à l’autre, sont très serviables.Même en famille, ils subissent, s’occupent desautres, les font rire. Ce qui est frappant aussi,c’est qu’ils se connaissent mal eux-mêmes, nesavent pas toujours ce qu’ils ressentent. C’estdonc difficile pour eux de s’occuper d’eux-mêmes. De plus, ils ont souvent une estimetrès basse d’eux-mêmes.

Je me souviens d’un enfant qui me disait quelorsqu’il mangeait, il se remplissait comme unsac poubelle. Dans sa logique, pourquoi s’oc-cuper de son corps ? Son corps ne vaut pasgrand chose, donc il ne vaut pas grand chose...Ce sont aussi des enfants très peu agressifsvers l’extérieur. Pourtant, nous avons tous uneagressivité, parfois, à exprimer... Toute la ten-sion, la colère qu’ils ressentent et ne sortentpas, ils vont les calmer en mangeant. Donc,

inconsciemment, ils la retournent contre eux.Et puis ils se dénigrent, pensent qu’ils nevalent rien. C’est le cercle vicieux : ils se rem-plissent encore plus parce qu’ils craquent. »

Choisir le moment pour maigrirL’aspect psychologique va aussi jouer aumoment de chercher une solution pour perdrece poids qui peut faire si mal. Et l’enfant abesoin de beaucoup d’aide... « C’est difficile dese faire du mal : un régime, même s’il ne prônepas les restrictions drastiques, est une sourcede frustration. Pour peu qu’il soit en souffranceémotionnelle, l’enfant éprouvera beaucoup dedifficultés. Aussi, parallèlement au régime ali-mentaire, il doit être accompagné par l’adultedans la découverte d’autres sources de plaisir,s’y investir pour augmenter sa confiance en lui,établir des relations avec les autres, se donnerdes chances de se sentir mieux dans sa peau,être plus en paix au niveau de ses émotions,s’apprécier un peu plus lui-même et se dire‘maintenant je suis plus fort et j’y vais douce-ment’. Les parents doivent l’y aider en lepoussant à se socialiser, à pratiquer des activi-tés pour lesquelles il a des aptitudes, à luilaisser un espace individuel où il arrive à avoirune relation positive avec les autres. Le projetde perte de poids devient ainsi un projet “fami-lial’, et non pas seulement individuel, etéducatif, et non seulement diététique.

C’est un grand défi, car les parents doiventaccepter de changer le mode de fonction-nement de la famille. Malheureusement,bon nombre d’entre eux considèrent encoreque l’obésité de leur enfant est son pro-blème personnel et qu’il doit s’en sortir seul.« Je suis régulièrement confrontée à un rejetdes parents qui n’ont pas envie de remettreen question leurs habitudes et leur façond’être en relation avec la famille. Or, s’ils neveulent pas revoir leur attitude, l’enfant quia perdu du poids ici risque d’en reprendre dèsson retour à la maison. »

Perdre une carapace protectriceSi l’enfant parvient à maigrir, curieusement,il n’en sera pas nécessairement plus heu-reux... Car les kilos en trop peuventconstituer un rempart contre les sentimentsde frustration, de tristesse, d’angoisse. Etperdre ce rempart, c’est être plus fragile.« Les enfants qui commencent à perdre dupoids me parlent de l’instabilité que cela pro-voque, parce qu’ils perdent leurs défenses »,confirme Elda Guzmán. « Ensuite, quand lecorps perd de nombreux kilos, il est plus sain,mais il n’est pas nécessairement plus beau.Ces enfants doivent donc gérer la frustrationde ne pas atteindre le corps idéal qu’ils ima-ginaient. Enfin, ils peuvent devenir différentsen famille, ce qui provoquera des change-

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ments dans la relation parents-enfant, voireprovoquer des conflits.

Certains parents avouent en effet avoir dumal à accepter que leur enfant refuse d’êtreresservi. L’enfant qui perd du poids va aussicommencer à attirer les regards. Du coup, ilva prendre plus d’autonomie, va commencerà sortir plus, et les parents vont peut-être nepas aimer. Ils vont voir que leur enfant, enétant plus autonome, non seulement leuréchappe, mais qu’il apporte un peu plus deproblèmes, avec les flirts, les sorties, etc.Voyant toutes les tensions que ces change-ments peuvent induire, l’enfant peut êtrebloqué dans son évolution. »

Curieusement, les enfants obèses ont unerelation très paradoxale avec la nourriture :ils l’aiment parce qu’elle leur fait du bien, leur

donne un sentiment de protection, et enmême temps ils la détestent car elle induit unsentiment de culpabilité très fort. Faut-il dèslors réconcilier les jeunes avec la nourriture ?

« Il est vrai que je vois des enfants qui negoûtent pas ce qu’ils mangent : ils mâchentà peine et avalent sans apprécier le goût. Jecrois effectivement qu’il faut les réconcilieravec la nourriture et le plaisir qu’elle peutleur procurer. Mais pour y arriver, il faut lesdéculpabiliser, les aider à comprendre pour-quoi ils mangent autant. Les enfants sontaccusés d’être incapables de se contrôler, ilssubissent une pression énorme de l’entou-rage, ils se méprisent. Il s’agit donc de leurdonner une lecture plus complexe sur ce quiles pousse à manger autant, de leur fairecomprendre qu’ils y participent, mais ne

portent pas la responsabilité de quelquechose qui s’est construit autour d’eux. »

Pour conclure, Elda Guzmán explique :« L’obésité n’est pas une réalité dépourvue desens, elle représente une tentative d’adaptationdu jeune à une situation relationnelle com-plexe. Elle va donc l’aider à maintenir l’équilibrefamilial (en rassurant la mère sur le fait qu’elleest une bonne mère, en rassemblant le couple,en détournant l’attention des sources de ten-sion...) et individuel par l’acte de manger. »

L’obésité peut dès lors être considéréecomme un moyen de survie de l’enfant, faceà une situation qu’il ne peut changer seul.Qui dira encore que les gros sont gros parcequ’ils le veulent ?

Carine Maillard

Dépistage de l’obésité au cours de l’année scolaire 2002 - 2003Section Nombre visites médicales Nombre de cas d’obésité %Maternelles 2 691 45 1,7 %Primaires 4 984 298 6 %Rénové 3 179 238 8 %Technique 244 35 15 %Professionnel 644 124 20 %Sup. non univ. 484 72 15 %Spécial primaire 281 40 15 %Total 12 507 852 7%Source : PSE libres Nivelles et Wavre

L’obésité de l’enfant vue par un service PSE

Toutes les personnes qui ont été des enfantsronds ou gros se souviennent certainementavec amertume des douloureux passages àla visite médicale où l’infirmière semblaitvociférer votre poids sous les regards indi-gnés et railleurs des copains.

Le cliché des visites médicales imperson-nelles et parfois indélicates a heureusementévolué : le personnel plus spécialisé, mieuxformé, les années d’expériences et deremises en question nous ont appris à êtreplus discrets qu’il y a 30 ans et respectueuxdu vécu des enfants.

Rôle du service PSENotre premier rôle est avant tout le dépistage.

Nous sommes, avec l’ONE les premiers àpouvoir repérer une évolution pondéraleanormale et évaluer les risques possiblessurtout si d’autres anomalies de santé sontprésentes en plus de l’excès de poids.

Nous sommes particulièrement attentifs àdeux périodes critiques : dans la petiteenfance lorsque l’enfant rentre à l’école gar-dienne, il maigrit normalement après avoirpassé le stade du bébé dodu (voir grille d’in-dice de Quételet) et à la puberté (âge où lesréserves de masse grasse emmagasinées pen-dant la croissance doivent être terminées).

Notre travail de dépistage et d’analyse nepeut être vraiment efficace qu’en collabo-ration avec l’ONE, l’école, le médecintraitant et la famille pour comprendre dansquel environnement l’enfant évolue.

Nous avons ensuite un rôle d’éducation.

Notre mission est d’informer et dans ce casprécis d’éduquer ou de rééduquer à la bonnealimentation, de promouvoir l’exercice phy-sique et d’essayer entre autres de combattreles pièges de la publicité manipulatrice.

Dépistage de l’obésité à la visite médicaleVoici quelques constatations de nos servicesPSE.

Lors du bilan de santé, un enfant sur deux pré-sente un petit problème de santé que noussignalons aux parents, un enfant sur 10 pré-sente un problème plus important qui nécessiteune visite chez le médecin ou le spécialiste.

Nous disposons de très peu de données épidé-miologiques en Belgique. A notre modesteniveau de PSE libres du Brabant wallon, nousavons toujours tenu des statistiques relevantles anomalies de notre population scolairedépistées à la visite médicale et nous avonscréé en 1994 avec l’aide d’un informaticien unprogramme « maison » adapté à nos besoins.

Ce programme prévoit entre autres de rele-ver toutes les anomalies de santé dépistéeslors des bilans de santé.

Bien que personne en dehors de nos équipesne se soit jamais intéressé à ces chiffres,nous persistons à vouloir faire ce relevé, carc’est un peu pour nous l’aboutissement et lereflet de l’utilité de notre travail et celanous a toujours aidé à orienter notre actionde promotion de la santé.

Ainsi, l’année scolaire dernière, sur 12.507bilans de santé de nos services de Wavre etNivelles, nous avons dépisté 7 % d’enfantssouffrant d’obésité importante.

Nous disposons de plusieurs moyens enmédecine préventive pour déterminer unexcès de poids :- le type morphologique déterminé par le

coup d’œil du médecin scolaire qui donnela première indication;

- les abaques qui calculent pour tous defaçon très rapide les courbes de la tailleselon l’âge et du poids selon la taille ;

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- la courbe d’indice de Quételet qui évaluel’évolution de la masse grasse.

Nous employons cette courbe pour les enfantssouffrant d’excès de poids de façon à pouvoircomparer les grilles de visites en visites.

Notre attention est accrue lorsqu’en plus del’excès de poids, l’enfant présente un autreproblème de santé : hypertension, diabète...

Pour rappel, nous pesons et mesurons lesenfants des écoles environ tous les deux ansdepuis l’âge de 3 ans et les dossiers des servicesPSE suivent l’enfant durant toute sa scolaritémême s’il change plusieurs fois d’école, quelqu’en soit le réseau et la région et même lepays, c’est une exigence de notre ministère.Malheureusement, il n’est pas encore prévuque le dossier ONE soit transmis au PSE.

Suivi des conseilsLes conseils que nous donnons aux enfants,le suivi que nous demandons aux parentsvia la fiche de liaison que nous leur remet-tons pour transmettre au médecin traitantsont rarement suivis.

La plupart des médecins ou spécialistes sontconscients du problème de leur patient,mais il semble que personne n’ait vraimentenvie de s’y investir à long terme.

Voici un exemple de réponse du médecin ànotre fiche de liaison : « Enfant pris encharge ».

Lorsque nous interrogeons l’enfant sur lamanière dont il est pris en charge, on nousrépond invariablement : « Le docteur m’a ditde faire attention à ce que je mange! ».

Ce genre de prise en charge est en effetsouvent considéré comme peu gratifiant.

Le problème est souvent chronique, le trai-tement de l’obésité nécessite une prise encharge longue, pluridisciplinaire, qui repré-sente une lourde charge financière et unaménagement compliqué de la gestion quo-tidienne du temps.

Même pour les personnes motivées, il y a peud’endroits où cette prise en charge est pos-sible, par exemple pour les personnes habitantà la campagne, où dans des villes qui ne pré-voient rien pour ce genre de problème : au PSEde Wavre, nous pouvons renseigner « LesClairs Vallons » à Louvain-La-Neuve, au PSE deNivelles, nous pouvons renseigner le service« Les Petits Pois » de la clinique de Nivelles,mais pour les régions de Jodoigne, Perwez,Tubize, Braine L’Alleud et Waterloo, il n’existerien à notre connaissance.

Sans oublier aussi l’agressivité des parentsde l’enfant qui se sentent souvent culpabili-sés et jugés parce que nous mettons le doigtsur un problème délicat qu’on préféreraitsouvent ne pas soulever.

Je citerai quelques exemples de remarquesque les parents nous font parvenir avant lepassage au PSE : « Veuillez ne pas peser monenfant », « Veuillez ne pas prononcer sonpoids », « Veuillez ne pas faire de remarquesà mon enfant sur son excès de poids »,« Obésité familiale, il n’y a rien à faire »,« Mon enfant est devenu anorexique aprèsune remarque à la visite médicale », « Monenfant est bien suivi, il ne se présentera pasà la visite médicale »...

Que pensent les enseignantsde ce problème à l’école ?L’avis est presque général : les parents ontpeu de temps à consacrer à leurs enfants.

Les deux parents travaillent souvent, beau-coup de familles sont monoparentales, cequi entraîne souvent faute de temps etd’aide une manière de s’alimenter trèsrapide : plats achetés préparés, hamburgers,pizzas, frites le soir et, pour le midi, il estplus simple de donner quelques euros pouracheter un sandwich à la mayonnaise quede préparer un pique-nique équilibré.

Les mauvaises habitudes alimentaires sontaussi invoquées : beaucoup d’élèves neprennent pas de petit déjeuner, et préfèrentsodas et sucreries aux fruits et légumes.

Les enfants se sont habitués à avoir touttout de suite, ils ne supportent plus les frus-trations, ils manquent souvent de maturité,sont aussi surprotégés et les parents leurdonnent souvent tous les droits.

La publicité, les médias sont égalementcités par les enseignants.

Les jeunes sont les cibles rêvées de straté-gies de marketing qui ont pour butd’orienter la consommation. On en vienttout naturellement à incriminer la télévi-sion et les jeux vidéo qui rendent les enfantsde moins en moins actifs physiquement, deplus en plus passifs intellectuellement etremplacent souvent le dialogue.

C’est en plus le domaine privilégié du gri-gnotage (voir schéma de la pyramide). Lesmédias ont cet autre travers du culte de laminceur qui renvoie une image inconfor-table au jeune souffrant d’excès de poids.

Il ne faut pas non plus passer sous silence levécu inconfortable de l’enfant gros parmises condisciples : victime de moqueries, ilest taxé de paresseux, laid, idiot, maladroitet est souvent mis à l’écart.

Comment pouvons-nousintervenir ?L’excès de poids est toujours abordé enmédecine préventive par la fiche de liaisonavec le médecin traitant.

Lorsqu’une obésité est détectée à l’examen,nous avertissons les parents et joignons aurésultat de l’examen une lettre avec talon-réponse adressée au médecin de famille ouà l’endocrinologue si le problème noussemble plus grave.

Pour les parents, nous joignons égalementdes conseils alimentaires et une fiche expli-cative de la maladie « obésité » ceci afind’éviter un effet opposé à celui recherché.

En cas d’obésité sévère ou aggravée, nousprenons contact avec les parents. Notre inter-vention vis-à-vis du jeune lui-même, de sesparents, de l’école s’articule selon 4 axes :

Education à de bonnes habitudesalimentairesLors de l’entretien individuel avec l’élève,nous insistons surtout sur l’effet néfasted’abus de boissons gazeuses et sucrées, desfast-foods, des chips, frites, barres chocola-tées, etc. et sur l’importance de boirebeaucoup d’eau, de manger plusieurs fruitset légumes chaque jour, de prendre 3 repascomplets par jour et un goûter.

Promotion de l’exercice physiqueNous insistons aussi sur l’importance del’exercice physique : marcher, aller à pied àl’école, faire du vélo, du roller, aller prome-ner le chien, jouer simplement, ne pas êtretrop « scotché » à la télévision.

Nous avons édité un dossier et des fiches surle sport, organisé différents concours dansles écoles et participons à des projets d’écolequi mettent en valeur l’exercice physique.

Restauration de l’estime de soiLes enfants sont pris seuls dans le local del’infirmière dès la 4e primaire.

Les avantages, outre le fait que seul l’enfantprend connaissance de son poids et de sataille, c’est le contact individuel qui permet unéchange éducatif en matière d’alimentation.

Nous essayons de donner une vision posi-tive de la santé, plus qu’obéir aux conseilsdes adultes, nous essayons que le jeunetrouve lui-même son autonomie, qu’ildonne lui-même un sens à ses choix, qu’ilarrive à se respecter lui-même.

Il n’est nullement question de culpabiliserl’enfant ou de lui donner une image néga-tive de lui-même.

Ce contact est malheureusement bref, l’in-firmière a en effet peu de temps pourréaliser cet échange (le ministère prévoit 8bilans de santé à l’heure) et ne peut secontinuer qu’en signalant à l’élève qu’ilpeut, s’il le souhaite, reprendre contact avecnous ou en envoyant l’élève au PMS.

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Mais le malaise de ces enfants se remarquetoujours. En effet, les enfants plus grosretardent le moment de la pesée et s’arran-gent toujours pour se présenter les derniersà l’examen.

Ce moment du bilan de santé où l’infirmièreou le médecin scolaire aborde le problème del’excès de poids est souvent vécu par l’élèvecomme une agression : nous essayons del’aborder en disant par exemple : « Ton poidste pose-t-il problème ? ».

Si la réponse est oui, le dialogue est ouvert,si la réponse est non, on peut alors aborderles dangers d’un surpoids sur la santé.

Ce que nous faisions également et que nousavons abandonné, ce sont les examenssélectifs pour cause d’excès de poids.

L’intérêt de cet examen était de vérifier lacourbe de poids chaque année pour définirl’aggravation ou l’amélioration, mais nousnous sommes aperçus que cela ne faisaitqu’accentuer la souffrance et la marginalisa-tion de ces enfants; nous prenons à présentplus volontiers contact avec les parents.

Il y a aussi les nombreux jeunes qui sponta-nément en rentrant dans le localdemandent de ne pas dire ou de ne pasconnaître leur poids, il y a ceux qui racon-tent la multitude de régimes auxquels ils sesont déjà soumis, ceux qui disent que toutle monde est gros dans la famille, ceux quidemandent des adresses de cliniques oucentres traitant l’obésité.

Promotion de la santé à l’écolePour essayer d’enrayer cette maladie deve-nue presque épidémique, diverses actions,grandes ou petites, ont été menées par nosservices PSE.

Des exemples : tenue de stands « apéro

santé » lors de fancy-fairs, semaines de lasanté dans beaucoup d’écoles avec une placeimportante pour le « dix heures », différentsconcours avec remises de diplômes des« bonnes collations », des concours sur laréorientation des boutiques scolaires avecl’aide du journal « Vers l’Avenir », des actions« petits déjeuners sains » avec les élèves enplusieurs modules théoriques et pratiques.

Pour les actions auprès des élèves plusjeunes nous invitons les parents et mêmeles grands-parents à participer, nous avonsdes échanges avec le gérant de la boutiquescolaire ou avec le responsable de la cuisine.Il y a aussi des essais de vente de yaourts etfruits frais lors des récréations, des tenta-tives auprès des pouvoirs organisateursd’écoles pour multiplier les points d’eau ouaménager des fontaines, le développementdu sens critique face aux médias publici-taires dans le domaine de l’alimentation...

Nous avons aussi édité différents dossierssur l’importance de l’exercice physique etsur la bonne alimentation. Nous avons créépour le journal scolaire toute une série detracts santé.

Nous nous formons également à différentsoutils destinés à améliorer l’estime de soi :le DECE (dispositif d’expression collectivedes enfants), SANCORRES (santé, corps, res-pect), Clefs pour l’adolescence... Nousespérons dans l’avenir pouvoir disposer demoyens suffisants pour mettre ces pro-grammes en pratique.

En conclusionLa médecine scolaire n’est résolument pasprête à passer sous silence les constatationsd’excès de poids lors du bilan de santé même sinous savons que cette déclaration aux parentsne nous rend pas toujours très populaires.

Elle estime être son devoir de le signaler auxenfants et à leurs parents en s’interrogeantsans cesse sur la manière la plus adéquatede faire passer le message.

Passés le moment de gêne, de mécontente-ment ou de vexation, une prise deconscience apparaît souvent et porte par-fois ses fruits. Nous sommes régulièrementl’élément déclencheur de cette prise deconscience. Notre rôle à ce moment peutêtre une assistance à la famille pour amé-nager la mise en route de la prise en charge.

Jacqueline Valange, Assistante sociale,Directrice des PSE libres du Brabant Wallon.

Adresse de l’auteur : PSE libre de Wavre,Montagne d’Aisemont 119, 1300 Wavre.

Ouvrages de référence« L’enfant et l’obésité », W. Burniat – A.Callens – C. Van Aelst – A. Verstraete, Tracesde doigts – Rue des Chartreux, 19 bte35,1000 Bruxelles

« L’excès de poids ne pèse pas que sur votreesthétique », Fondation Hodie Vivere pourl’étude et la prévention des maladies decivilisation

« A l’école d’une alimentation saine »,Coordination Education/Santé, rue de laRhétorique 19, 1060 Bruxelles

« L’école Ensantée », André Lufin, Croix-Rouge de Belgique

« L’alimentation – document de travaildestiné à l’enseignant », CRIOC

« Si manger m’était animé », Service SocialMaison Médicale Norman Bethune, rue Piers68, 1080 Bruxelles

« La santé et le bien-être des jeunes d’âgescolaire – Quoi de neuf depuis 1994 ? » ULB –PROMES, 2003

Usages de psychotropes et prévention en « Prospective »

L’asbl Prospective Jeunesse en quelques mots...Subsidiée conjointement par laCommunauté française et la Commissioncommunautaire francophone (Région deBruxelles-Capitale), l’asbl ProspectiveJeunesse est active depuis 1978 dans lechamp de la prévention des assuétudes etdes risques liés aux usages de psychotropes,qu’elle inscrit aujourd’hui dans une pers-

pective de promotion de la santé. Contrairement à ce que son nom indique,Prospective Jeunesse ne travaille pas direc-tement auprès des jeunes mais privilégiel’information, la sensibilisation, la forma-tion et l’accompagnement des adultesayant des responsabilités vis-à-vis desjeunes. En toute cohérence avec les critèresde qualité et d’efficacité de la prévention,Prospective invite les relais à développer

une réflexion dans les moyen et long termeset attire leur attention sur la nécessité d’in-tégrer les différents facteurs déterminantles consommations et notamment ceux liésau contexte (social, culturel, philosophique,économique, institutionnel...) tout en neperdant pas de vue les interrogations immé-diates des acteurs (entre autres, et c’est ungrand classique, sur les produits et leur« dangerosité »).

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Des repères philosophiques et conceptuelsL’équipe pluridisciplinaire de ProspectiveJeunesse (anthropologue, sociologue, psy-chologue, spécialiste en promotion de lasanté) pose un regard systémique et anthro-pologique sur la question desconsommations, s’articulant autour des troisaxes de réflexion que sont « le produit », « lapersonne » et « le contexte ». Sont considé-rées autant la nature et les spécificités dechaque axe que les interactions entre lestrois pôles. Dès lors, si l’on peut pointerquelques stratégies d’intervention liées aucontexte, à la personne ou au produit, on sedevra de ne jamais perdre de vue que laconsommation coïncide avec « la rencontred’un individu particulier avec un produit par-ticulier dans un contexte particulier » 1.

Néanmoins, on peut, à titre d’exemples,citer quelques points d’ancrage de notretravail de prévention : - l’analyse de l’institution (école, associa-

tion, lieu de travail...), c’est-à-dire du cadred’où émerge la demande et dans lequel vase développer la réflexion (voire l’action) :quelles sont les représentations de la pro-blématique ? Quelles sont les attentes enmatière de prévention et par rapport àProspective Jeunesse ? Quelles sont leshabitudes de fonctionnement ? Quels sontles partenariats existants ou les partenaireshabituels ? Qu’est-ce que l’institution estprête à investir ? Jusqu’où est-elle prête àinduire/porter des changements ?...;

- l’identification de l’estime de soi, des com-pétences sociales, de l’accès à uneinformation objective (notamment sur lesrisques et les usages) comme des élémentsà développer/renforcer pour permettre à lapersonne (vis-à-vis de laquelle intervient lerelais) de faire des choix et d’avoir des atti-tudes responsables dans sa consommationcomme en matière de bien-être en général ;

- un discours le plus objectif possible sur lesproduits, leurs effets, leur toxicité... Unrefus de la diabolisation, et la réinscriptiondes produits dans une approche géo-poli-tique, de même que des usages dans uneperspective historique et sociale;

- enfin, la sensibilisation des acteurs aux dif-férents types et niveaux de discours tenussur les produits et leur consommation : dupolitique à la santé (et à la promotion de lasanté), en passant par le juridique, il y a desincohérences qu’il est judicieux de releverafin que le relais (éducateur, parent, ensei-

gnant, assistant social...) puisse se position-ner en tant que partenaire de prévention. Demanière synthétique, nous pouvons dire quenous cherchons véritablement à ré-intro-duire (ou ré-éclairer) la complexité dans leregard porté sur les usages de psychotropes,tout en invitant les relais à rester« modestes » dans la définition de leur rôled’acteurs de prévention.

Prospective Jeunesse, comme d’autres parte-naires abordant les consommations (et lasanté), privilégie une approche positive etnon culpabilisante tout en désignant unesérie d’attitudes et de savoir-faire favorablesà la prévention, notamment la nécessité deposer des repères et des balises clairs dans lesinterventions des relais auprès des jeunes.

Une volonté d’interface entre terrainet recherche, projets concrets et espaces de réflexionEn partenariat avec Modus Vivendi et Infor-Drogues, Prospective Jeunesse est active,dans le cadre d’Eurotox, au sein del’Observatoire européen des drogues et destoxicomanies. Un tel investissement nouspermet d’être au fait des « tendances »européennes en matière de consommations,principalement des types de produits et desmodes de consommation.

En croisant les données d’Eurotox avecd’autres recherches plus globales, commeles enquêtes sur les comportements desanté des jeunes (HBSC) menées par l’Ecolede santé publique de l’ULB (PROMES), nouspouvons relier des notions telles que types,fréquences de consommation et confianceen soi, motivation scolaire... Ce matériel derecherche favorise une certaine objectiva-tion des représentations et croyances lorsde séances de sensibilisation ou de forma-tion auprès des relais.

Les activités de Prospective Jeunesse

La formationL’objectif global de nos activités de formation(mais aussi d’accompagnement et de com-munication) est la sensibilisation des relais etle développement de savoir-être et de savoir-faire appropriés en matière de prévention desassuétudes. Il est vrai que nous consacronsbeaucoup de temps à la phase de sensibilisa-tion tant il nous apparaît, aujourd’hui encore,que la question des consommations restetaboue et induit bon nombre de préjugés(moraux, sociaux). Comme nous l’évoquionsprécédemment, cette question est débattuedans plusieurs sphères (sociale, éducative,judiciaire, sanitaire...) et se voit par consé-quent « brouillée » par des discoursquelquefois antagonistes.

Un module interdisciplinaire

Prospective Jeunesse propose un module detrois journées aux relais issus de différentssecteurs et rassemblés autour d’un intérêtcommun pour la question des consomma-tions et/ou qui côtoient des usagers. Lecontenu s’articule véritablement autour desaxes « produit-personne-contexte » quenous développons ci-dessus.

Les participants sont invités à débattre deleurs représentations des termes tels que« santé », « prévention », « toxicomanies »,« assuétudes » pour en proposer leurspropres définitions. Dès l’entame du proces-sus de formation, nous confrontons, àtravers les paroles des participants, les dif-férentes dimensions que peut recouvrir lasanté, de même que les stratégies (parfoiscontradictoires et même contre-produc-tives) de prévention et les regards portés surusages et toxicomanies.

A titre d’illustrations, nous citons ici quelquescroyances ou opinions qui s’expriment régu-lièrement en formation : l’équivalence entreconsommation de psychotropes et assuétudeou toxicomanie, la vision d’une « bonne »santé s’opposant à la « mauvaise » santéinduisant l’existence de « bons » et de « mau-vais » comportements, la survivance d’unevéritable « théorie de l’escalade » (celui quiconsomme un joint en viendra irrémédiable-ment à d’autres produits), la certitude que lapeur peut jouer un rôle en prévention, unecertaine confusion entre prévention etrépression, la difficulté de cerner distincte-ment le rôle de différents acteurs tels quel’enseignant, le policier, l’assistant social...

Dans un deuxième temps, nous recadrons lesconcepts de santé et de prévention en retra-çant leur évolution progressive vers lesparadigmes de bien-être global, de promotionde la santé et de réduction des risques. Aidésdes éclairages de l’histoire, de la sociologie etde la systémique, nous amenons les notionsd’« espaces d’usages », de motivations àconsommer, de même que la distinction entre« usage », « abus » et « dépendance ».

Enfin, lors du troisième jour, nous invitons lesparticipants qui le souhaitent à replacer lesconsommations dans le cadre de leurs pra-tiques professionnelles et, le cas échéant,nous amenons le groupe à travailler sur dif-férents projets institutionnels en présence.

Des formations « à la carte »

Ces formations ont les mêmes objectifs dedépart que ceux du module interdiscipli-naire : acquérir de nouvelles connaissanceset porter un regard critique sur les droguesen général, leur consommation, les contextessociologique, juridique, historique, anthro-

1 C. OLIEVENSTEIN, médecin psychiatre connu pour sestravaux sur la toxicomanie, qui créa le Centre médicalMarmottan à Paris en 1971. Ce centre, dont le travail est basésur l’accueil, l’orientation et les soins aux toxicomanes a faitlongtemps figure de référence en France.

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pologique, géopolitique et institutionnel,l’adolescence, la jeunesse, les addictions. Ladifférence est qu’elles abordent une théma-tique spécifique définie avec l’institutiondemandeuse. A travers les questions posées,les sujets abordés et les activités réalisées ensous-groupes, les formations permettent deconstruire un discours commun entre desacteurs qui se côtoient mais qui n’ont pasforcément l’habitude de travailler ensemblesur un projet commun.

Prospective Jeunesse collabore par exempleavec un CPAS bruxellois. Il s’agit d’après-midis de formation-information quis’intègrent dans un cycle plus général des-tiné aux demandeurs d’emploi remplissantles conditions de l’Article 60 2. Le public aun niveau socio-économique très varié. Cesséances de formation tentent de question-ner les différentes conceptions se cachantderrière les mots « prévention », « santé »,« drogues », « toxicomanie ».

Nous clarifions (si cela est encore possibleactuellement!) les aspects législatifs liésaux drogues. De nombreuses questionsémergent lors de ces séances : quels com-portements adopter face à « un drogué »?Quelles sont les raisons qui poussent àconsommer ? Peut-on fumer un joint enrue ? Le cannabis est-il dangereux pour lasanté ? Pourquoi laisse–t-on les jeunes« s’enivrer » dans les cafés ? Comment« protéger » les mineurs ? Doit-on toutinterdire à nos enfants ? Le but de la forma-tion ici est de rassembler un groupe depersonnes différentes autour de réflexionscommunes, de créer un espace de parole oùchacun peut témoigner (ou non!) de sonexpérience ou de son point de vue. A chaquegroupe, le contenu de la formation se teintedes centres d’intérêts et des origines cultu-relles propres aux participants. Cesformations sont aussi pour nous un moyende nous enrichir des différentes pratiquesde consommation et des mécanismes variésmis spontanément en œuvre dans dessociétés diverses.

L’accompagnement

Les accompagnements individuels

En ce qui concerne les accompagnementsindividuels et familiaux, nos objectifs visentune autonomie des personnes dans la ges-

tion de leur questionnement par rapport àleurs consommations ou celles de quelqu’unde leur entourage (privé ou professionnel).Les objectifs particuliers sont moins struc-turés dans la mesure où chaque« demandeur individuel » ou chaque famillese présente avec une demande éminem-ment personnelle à laquelle nous devonsnous adapter et non l’inverse.

Le cadre de référence théorique privilégiépour mener ces entretiens est inspiré del’approche systémique, et, entre autres dumodèle de thérapie brève de Palo Alto. Dansla plupart des cas, il ne s’agit pas de ce quel’on pourrait qualifier comme une approche« thérapeutique » mais bien d’une démarched’éclaircissement, de dédramatisation,d’accompagnement...

Il s’agit, tenant compte des croyances et desvaleurs des personnes qui « consultent », defaire émerger les « solutions » qu’ils privilé-gient. Ces entretiens ne visent pas un retourà l’abstinence mais bien de pouvoir « vivrele mieux possible » dans le contexte de viequ’ils traversent.

Le public se compose pour moitié de parentset pour moitié d’usagers/ex-usagers.

Les demandes se répartissent comme suit :

Usages problématiques 79 %

Usages récréatifs 12 %

Usages réguliers 9 %

Et concernent principalement le cannabis(94 %), l’ecstasy (3 %) et la cocaïne (3 %).

Des demandes plus importantes nous sontadressées, mais nous n’avons pas pu yrépondre systématiquement par manque depersonnel. Nous les réorientons versd’autres services, dont principalement lapermanence téléphonique d’Infor-Drogues.

Les accompagnements collectifs

Nos accompagnements collectifs répondentau questionnement qu’une institution nousadresse par rapport à un sujet qui suscitefréquemment peur et incompréhension. Cesaccompagnements débutent par une ana-lyse de la situation qui met l’accent sur lesobjectifs à long terme : la gestion d’unesituation « problématique » et/ou le déve-loppement d’un projet mettant davantagel’accent sur des compétences et des res-sources plutôt que sur les aspects négatifs.Il s’agit bien souvent de démarrer un projetpropre à une institution.

Nous concevons notre rôle dans ce travailcomme celui d’un “tiers”, révélateur etcatalyseur, en gardant en vue la question del’autonomie et de la responsabilisation dupublic. L’originalité est ici de rassembler despersonnes faisant partie d’une même orga-

nisation mais n’y occupant pas forcément lamême place et/ou fonction. Par exemple, s’ils’agit d’une école, les membres du groupepeuvent être professeurs, parents, direc-teurs, membres du pouvoir organisateur,éducateurs, membres du personnel de cui-sine... Bien souvent, le programme débutepar une formation « à la carte » qui permetà chacun de se situer face à ses propresreprésentations mais qui donne aussi l’oc-casion au groupe de se construire unlangage commun.

A la suite de cette formation, nous consta-tons souvent le désir de construire ungroupe d’adultes relais, une « cellule assué-tudes » et la mise en œuvre d’actions deprévention adaptées au contexte et situa-tions particuliers de l’institution.Prospective Jeunesse accompagne l’institu-tion lors des différentes étapes de sonprojet. Ce suivi dans le temps assure unecohérence dans les actions déterminée parles objectifs à long terme et permet deconstruire l’évaluation.

Comme c’est le cas dans tous nos axes detravail, les institutions demandeuses sontinscrites dans des secteurs tels que l’ensei-gnement, l’insertion socioprofessionnelle, letravail de rue, l’aide à la jeunesse...

En guise d’illustration, l’équipe deProspective Jeunesse a réalisé un projet d’ac-compagnement dans une école secondairedu Brabant wallon. Ce projet a débuté parune intervention lors d’une journée pédago-gique en 2001, suivie d’une série deformations « à la carte » adressées aux ensei-gnants, aux éducateurs et à la direction.

Par la suite et à la demande de l’école, deuxséances de supervision en collaborationavec une AMO du quartier ont été utiliséespour consolider concrètement la “celluleassuétudes” au sein de l’école. Il faut souli-gner que celle-ci est intervenue entre-tempspour informer les élèves et recueillir leursquestions de manière anonyme.

Ce matériel très intéressant a été analysé avecnotre aide. La mise en place de la “celluleassuétudes” a également soulevé des ques-tions pertinentes au sein du groupe mais aussidans toute l’école : ne faut-il pas laisser plusde place à “l’informel” en identifiant auprèsdes élèves une liste de professeurs-ressources,en faisant confiance au “travail de couloir”plutôt qu’en créant un bureau avec des per-manences éventuellement inaccessibles etstigmatisantes pour les élèves ? N’est-il paségalement utile de rédiger une charte éthiquepermettant au groupe « assuétudes » de com-muniquer sa philosophie ? Cette charteclarifierait également la position de l’école surles thèmes délicats de la confidentialité et des

2 L’aide par la mise au travail constitue un type d’aidesociale permettant à terme aux personnes de réintégrer lecircuit de la sécurité sociale. En effet, selon l’article 60,§7, de la loi organique du 8/7/1976 relative aux CPAS,“lorsqu’une personne doit justifier d’une période detravail pour obtenir le bénéfice complet de certainesallocations sociales, le centre public d’aide sociale prendtoutes dispositions de nature à lui procurer un emploi. Lecas échéant, il fournit cette forme d’aide sociale enagissant lui-même comme employeur”.

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limites de l’intervention. Notons que chaquedécision prise au sein de la cellule a été négo-ciée avec la direction dont un représentantétait présent lors de nos réunions.

En 2002, des supervisions ont été effec-tuées afin de clarifier les questions sensiblesautour du rôle et des limites de la cellule.Comme dans chaque institution, des per-sonnes quittent leur lieu de travail et denouvelles l’investissent. L’année 2002 adonc été pour nous l’occasion de rencontrerd’autres personnes de cet établissement quidésiraient participer à une formation.

En 2003, le groupe « assuétudes » a identifiéles professeurs-ressources auprès desélèves, des parents et de leurs collègues.Une charte concernant leurs positions etleur type d’intervention (ou non-interven-tion) a été distribuée et expliquée auxdifférents acteurs de l’école.

La communicationLes différentes missions de ProspectiveJeunesse sont complémentaires et s’enrichis-sent mutuellement. Dès lors, ellespermettent de se situer dans une approchecomplexe du phénomène et d’éviter par làmême une approche linéaire et réductrice detype sécuritaire ou stigmatisant le consom-mateur comme malade et/ou délinquant.

Pour mener à bien ces actions et réflexions,il faut les situer dans une rencontre conti-nue reliant les savoirs pratiques desdifférents acteurs et des repères théoriques.C’est pourquoi, dans le cadre de nos mis-sions de prévention des assuétudes et destoxicomanies et d’étude des politiques etpratiques sociales en matière de jeunesse,nous mettons en avant une politique de dif-fusion, de communication et de publication.

Ce projet est une continuité des actions deProspective Jeunesse qui, depuis ses débuts,favorise une politique d’édition et de diffu-sion d’outils à l’intention de son public.

Parallèlement, les publications par le biaisd’articles, d’exposés lors de journéesd’études, séminaires, colloques, ou via notresite internet, nous semblent constituer lecomplément et la suite logique à nosréflexions et axes de travail multiples.

« Les Cahiers de Prospective Jeunesse »

La conception de la prévention développéeà Prospective Jeunesse se situe du côté de lapromotion de la santé, de la citoyennetéresponsable, aussi essayons-nous, dans lessujets abordés au sein de la revue, de dépas-ser le cadre strict de la toxicomanie.

Dans ce but, nous souhaitons “mettreensemble”, au sein des dossiers, des pra-tiques, des réflexions, des approches de

différents acteurs, services, institutions, tous“observatoires” privilégiés et partenairespotentiels dans le cadre des approches deprévention et de promotion de la santé. Noustentons de mettre en évidence la richesse etla diversité de ces réseaux et de montrer queles différents “lieux” peuvent s’ouvrir, aug-menter les interactions en prenantconscience des différents acteurs présentsautour de leur public.

Après avoir abordé entre autres des thèmestels que les pratiques judiciaires en matièrede consommation de produits illicites, l’écoleet la prévention, l’exclusion, les drogues desynthèse, la dépénalisation du cannabis etautres psychotropes, la famille, le secret pro-fessionnel, le monde du travail et lespsychotropes... l’avant-dernière édition desCahiers consacre non pas un mais bien deuxtomes à cette approche relativementrécente, relativement controversée et relati-vement novatrice qu’est la réduction desrisques (RdR). Ce dossier interroge la RdR etles valeurs qui la sous-tendent en donnant laparole à divers intervenants pour que cha-cun, de sa place et de là où il parle, s’exprimepar rapport aux notions de « risques » (unesociété sans risque est-elle possible/souhai-table ?), de « bien-être » (existe-t-il sous uneseule forme vers laquelle les individusdevraient tendre ?) et de « prévention »(quand commence et quand s’arrête le rôlede l’acteur de prévention ?).

Autres publications

Outre « Les Cahiers... », nous étendons sanscesse les lieux, espaces de communicationet de transfert de nos réflexions et pratiquesvers l’extérieur. Il s’agit toujours d’informeret de sensibiliser un public sans cesse pluslarge et de partager des modèles d’actionmais également de susciter débats etcontroverses.

A titre d’exemples, quelques ouvragespubliés ou auxquels nous avons collaboré :- l’ouvrage de Michel Rozensweig « Les

drogues dans l’histoire entre remède etpoison, archéologie d’un savoir oublié »,qui retranscrit en l’approfondissant lecontenu des modules de formation;

- la brochure « assuétudes » réalisée par lesélèves et professeurs de l’Institut Saint-Dominique de Schaerbeek (3e degré del’enseignement général secondaire) : cedocument illustre l’intégration de la pro-blématique des assuétudes dans unedémarche éducative interdisciplinaire ;

- le livre de Gilles Hacourt 3, « Ecstasy,pilules sans ordonnances, usage et usa-

gers de nouvelles drogues de synthèse »,réalisé dans le cadre d’une recherchefinancée par l’asbl Eurotox, qui décrit lemonde peu ou mal connu des usagers desnouvelles drogues de synthèse.

Enfin, nous travaillons actuellement à laréalisation d’autres outils destinés auxrelais, tels qu’une brochure concernant l’ac-cueil des parents en milieu scolaire (niveaufondamental) issue du projet RelationsEcole-Famille mené dans le cadre d’unesubvention du Fonds Houtman (préventionde la violence à l’école); ou encore les bro-chures de « réduction des risques » réaliséesen collaboration avec Infor-Drogues, ModusVivendi, Citadelle, Liaison Anti-prohibition-niste, Alfa...).

Internet

Internet est devenu un canal médiatiquequ’on ne peut plus négliger. Grâce à notre sitewww.prospective-jeunesse.be, nous dispo-sons aujourd’hui d’un espace destiné àprésenter et à promouvoir nos services etpublications, à mettre des informations à dis-position d’un public toujours plus important.

Le centre de documentationDans un souci permanent d’actualisation etd’information, notre asbl dispose d’unebibliothèque spécialisée ouverte au public(généralement des étudiants, profession-nels de l’éducation ou du social). Le centre

3 Voir l’article ‘Ecstasy, pilules sans ordonnance’,Education Santé no 175, décembre 2002.

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de documentation est accessible trois jourspar semaine, le lundi et mercredi de 14 à 16heures et le vendredi de 10 à 12 heures ousur rendez-vous avec notre documentaliste,Danielle Dombret. Les ouvrages rassembléset « empruntables » concernent bien évi-demment le domaine des toxicomanies vuestant sous l’angle « produit » que « per-sonne » ou « contexte ». D’autre part, lecentre propose une documentation sur lesthèmes connexes à la réflexion sur lesconsommations, tels l’adolescence, la pré-vention, la santé, l’école...

Enfin, des revues de presse sont réaliséestous les quinze jours sur base de la consul-tation de journaux et revues généralistes,elles réunissent des articles sur des ques-tions comme la dépénalisation du cannabis,la toxicomanie et le sida...

En conclusionDans un souci d’efficacité et pour évitertant que faire se peut les effets contre-pro-ductifs, nous nous adressons généralementà un public relais « volontaire ». Cela noussemble pertinent dans la mesure où la pro-blématique des consommations et desassuétudes reste un sujet tabou suscitantpas mal de controverses et d’a priori. Si lesméthodes d’approche et certaines questionssont transférables à l’ensemble des secteursde la prévention et de la promotion de lasanté, la pratique et notre expertise (demême que celles de nos partenaires) renfor-cent notre conviction que nous n’abordonspas un sujet anodin.

D’autre part ce « volontariat » nous apparaîtcomme un préalable nécessaire à la mise enplace d’une démarche de prévention dansune optique de promotion de la santé.

Néanmoins, à l’instar d’autres acteurs dusecteur, nous questionnons sans cesse laqualité de nos interventions et notammentl’appropriation des concepts et desméthodes par les relais de terrain.Actuellement, les interrogations qui retien-nent notre attention et qui articulerontl’évaluation de notre programme sont entreautres les suivantes : nos interventions enmilieu scolaire n’ont-elles pas parfois poureffet pervers de stigmatiser certains publicsjeunes ? Comment augmenter notre visibi-lité auprès des relais potentiels sans pourautant susciter des demandes, qui, faute detemps et de moyens, ne pourraient être ren-contrées ? Afin d’être cohérent, commentaugmenter notre action sur les« contextes » institutionnel, décisionnel,juridique, notamment à travers la sensibili-sation des décideurs ou des politiques ?

Comment favoriser la diffusion des idées etméthodes à travers la « formation de forma-teurs »? Comment contribuer efficacementà l’« empowerment » des relais, mais aussidu public cible final par rapport auxconsommations ?

Autant de questions qui ne laisseront cer-tainement pas indifférents les lecteurs d’Education Santé et à propos desquellesnous serions heureux d’échanger...

Isabelle Boquet, Emmanuelle Caspers etHenri Patrick Ceusters pour ProspectiveJeunesse

Adresse des auteurs : Prospective Jeunesse,rue Mercelis 27, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 512 17 66. Fax : 02 513 24 02. Site : http://www.prospective jeunesse.beCourriel : info@prospective jeunesse.be

Trois Cahiers récents sur les drogues

Cahier no 27 - Drogues et réduction des risques - Tome 1 - 2e trimestre 2003

Drogues et prévention : pour une réduction des risques... de confusion, H.P. Ceusters

Y a-t-il une issue entre le risque zéro et la catastrophe ?, M. Bantuelle

Limites et enjeux de la prévention participative, C. Van Huyck

Maximiser les risques ?, J.P. Jacques

La récupération politique des stratégies de réduction des méfaits en contexte prohibition-niste, L. Beauchesne

Des Assises de la réduction des risques ?, Maryse Degraen

Cahier no 28 - Drogues et réduction des risques - Tome 2 - 3e trimestre 2003

La réduction des risques : une forme de prévention comme les autres ?, D. Kamiski

La réduction des risques, approche hygiéniste ou humaniste ?, G. Van der Straten

L’échange de seringues à Charleroi : une expérience pratique de réduction des risques, L.Przylucki

Vers la diversification de l’offre d’aide et de soins, Alex Neybuch

Cahier no 30 - Contextes et consommations - 1er trimestre 2004

Consommer pour exister ? Comment, quels produits et au nom de quelles valeurs ? Image desoi, reconnaissance sociale, appartenance au groupe, inscription culturelle... Faut-il avoirpour être ?

Que signifie pour les jeunes « bien » consommer ? Jeunes, consommation et initiation

Le rôle des médias, un produit pour chaque problème : hyper dépendance ou toute puis-sance/existence ?

Peut-on encore parler de société de consommation ?

La sécurité, un nouvel objet de consommation ?

Consommation et espaces d’usages : entre abstinence et abus

Consommer, à quels risques ?

La position de l’éducateur, quel apprentissage des consommations ?

Consommation de psychotropes et contexte prohibitionniste : enlisement ou pragmatisme ?

Pour commander l’un ou l’autre Cahier paru, contactez Claire Haesaerts, Secrétaire de Rédaction à Prospective Jeunesse, tél : 02 512 17 66, fax : 02 513 24 02, courriel : [email protected]). Le somaire de tous les Cahiers paruspeut être consulté sur le site http://www.prospective-jeunesse.be

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Illustration Jacques Van Russelt

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Situation épidémiologique des traumatismes en BelgiqueEn Belgique, les accidents sont la premièrecause de mortalité chez les enfants demoins de 15 ans 1. De ce point de vue lasituation est comparable à celle des autrespays industrialisés.

En 1997, le pourcentage de décès par acci-dents non liés au transport était de 26 %chez les enfants entre 1 et 4 ans, 19 % chezles enfants de 5 à 9 ans et 10 % chez les 10-14 ans 2.

Les accidents mortels chez les bébés sontsurtout dus aux suffocations. Chez lesenfants de 1 à 4 ans, un tiers des décès estcausé par les noyades et le reste par lesincendies, les inhalations d’objet, les intoxi-cations et les chutes.

Au-delà de 5 ans, les noyades comptentpour la moitié des décès, l’autre moitiéconcerne les chutes et les incendies 3.

Il n’est pas facile d’intervenir pour fairediminuer l’incidence des traumatismes chezles enfants, en particulier l’incidence deceux qui surviennent à domicile. Le seul faitd’augmenter les connaissances des parentssur la sécurité domestique n’est pas suffi-sant pour modifier les comportements. Il estnécessaire d’envisager une stratégie multi-factorielle mettant en place plusieursactions complémentaires.

Une intervention de prévention des trauma-tismes à domicile a été réalisée en Belgique,intervention s’intégrant dans une coopéra-tion France – Belgique – Québec. En effet,une action similaire était menée en Franceet au Québec.

Intervention pilote dans lacommune de Fontaine-l’Evêque

ObjectifL’objectif général du projet était de dimi-nuer l’incidence des accidents domestiqueschez les enfants de 6 à 18 mois. Plus spéci-

fiquement, le projet visait à amener lesparents à modifier leurs comportements età adapter la maison à des normes d’environ-nement plus sûr. Le second objectif était depermettre aux travailleurs médico-sociauxd’aborder plus concrètement la préventiondes accidents chez les enfants.

Public viséFamilles de faible niveau socio-économiqueayant des enfants de moins de 2 ans.

Description de l’interventionCinq actions conjointes font partie de l’in-tervention :- réalisation de visites à domicile ;- remise d’une trousse de sécurité aux

familles ;- délivrance de conseils sur la sécurité des

enfants ;- remise de brochures sur les thèmes de

sécurité domestique;- évaluation quantitative et qualitative.

Deux visites à domicile espacées de 6 à 8semaines ont été organisées dans 46familles de la localité de Forchie-la-

Marche, une des trois localités qui compo-sent la commune de Fontaine-l’Evêque. Lorsde la première visite, ces familles ont reçuune trousse de sécurité contenant du maté-riel de sécurité et des brochures.

Le matériel, d’une valeur de 30 euros, a étédonné gracieusement aux familles par l’ad-ministration communale. La troussecomprenait un détecteur de fumée; unbloque-porte ; des bloque-tiroirs ; unebande de fermeture pour le réfrigérateur ;un tapis de bain antidérapant ; un bloque-électroménager ; un protège-bec derobinet ; un bloque-poignée; des crochetsbloque-placards, tiroirs, fenêtres et portes ;des coins de protection à poser sur lesmeubles et 6 brochures sur l’enfant et lasécurité domestique.

La démarche de conseil et de remise destrousses aux familles a été réalisée par lestravailleuses médico-sociales de l’Office dela Naissance et de l’Enfance (ONE), par leService de gardiennes encadrées ‘Le Cerf -volant’, par la Cellule Prévention et le Servicesanté de l’administration communale.

1 PROMES – Université libre de Bruxelles – Educa-Santé,‘Accidents domestiques, la situation épidémiologique enBelgique’, Santé Pluriel, 1992, 7&8.

2 Institut de Santé Publique, Standardized Procedures forMortality Analysis,htpp://www.iph.fgov.be/sasweb/spma/spma.htm

3 Prévention et petite enfance, ONE; 1997, p 266-267D’après les données du système EHLASS 1998

Prévention des traumatismes survenant chez des jeunes enfantsEvaluation d’un processus d’implantation d’une trousse de sécurité

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Lors d’une première visite, le personnelaidait les familles à identifier les situationsà risque au domicile à l’aide d’un question-naire, remettait la trousse de sécurité enfournissant des explications sur l’installa-tion du matériel contenu dans celle-ci etenfin précisait les changements à apporteraux situations à risque relevées.

Au cours de la seconde visite, les situationsà risque ont été à nouveau évaluées à l’aidedu même questionnaire.

Un travail similaire a été conduit en paral-lèle dans 25 autres familles durant la mêmepériode. Ces familles ont également étévisitées mais sans recevoir la trousse desécurité. Elles ont simplement reçu les bro-chures sur l’enfant et la sécuritédomestique ainsi que des conseils sur laprévention des traumatismes. Une évalua-tion des situations à risque a aussi étéréalisée à l’aide du même questionnaire,lors de la première visite afin d’amener lesfamilles à identifier les situations à risque etlors de la seconde visite afin d’observer lesmodifications éventuellement apportées. Cedeuxième groupe jouait donc le rôle de‘groupe témoin’

Au total 71 familles ont participé à cetterecherche.

Evaluation de l’interventionL’évaluation comprenait deux volets : uneévaluation quantitative visant à objectiverl’effet de la trousse sur les comportementssécuritaires des familles et une évaluationqualitative visant à mettre en évidence lasatisfaction des familles et des travailleursmédico-sociaux.

Evaluation quantitativeLa comparaison entre les deux groupesmontre essentiellement qu’entre les deuxvisites il y a eu globalement plus d’amélio-rations des situations considérées à risquedans le groupe qui a reçu la trousse quedans le groupe témoin, sans trousse. Plusparticulièrement, pour les situations àrisque de chute, de brûlure et de blessure il ya une différence statistiquement significa-tive de changements entre les deuxgroupes.

Les améliorations apportées concernaientaussi bien les situations à risque pouvantêtre modifiées par les matériels contenusdans la trousse que les situations qui n’ontrien à voir avec ces matériels (rangementdes allumettes et briquets par exemple).

La remise d’une trousse de sécurité domes-tique permet donc non seulement derenforcer la prévention passive des acci-dents domestiques mais aussi d’induire un

comportement de sécurité significative-ment plus important que par la seuledélivrance de conseils et l’appui pédago-gique de brochures remises à l’occasiond’une visite à domicile.

L’évaluation quantitative a donc montré un‘effet trousse’.

Evaluation qualitative

Auprès des familles

L’initiative a été très appréciée par lesfamilles. Elles ont reçu du matériel efficaceet de bonne qualité. Le fait que cettedémarche soit communale est très satisfai-sant pour les familles. Ces dernières avaientle sentiment que l’administration commu-nale s’intéresse à leur sécurité. De plus lesfamilles se sentaient valorisées par le faitqu’on leur demande leur avis sur le projet etle matériel fourni. Elles ont relevé, entreautres, quelques problèmes techniques : lesobjets de la trousse ne sont pas tous adap-tés, certains sont difficiles à placer (lescrochets) et d’autres détériorent le mobilier(le vissage des taquets anti-chute de tiroir).

Auprès des intervenantes à domicile

Deux groupes focalisés ont été réalisés avecles intervenantes à domicile. Il en ressortque cette intervention a des effets à troisniveaux : sur l’institution, sur les pratiquesprofessionnelles et la mobilisation commu-nautaire.

Concernant l’institution, l’interventiondonne une autre image des services. Parexemple le personnel de l’ONE n’est plusperçu comme ‘contrôleur’ mais comme‘soutenant’. Elle permet aussi un reposition-nement des missions de chacun.

Par rapport aux pratiques professionnelles,du temps a été rendu disponible pourapprofondir un sujet ; une réflexion com-mune a été élaborée entre professionnellessur une démarche : son sens, ses objectifs,le rôle et les moyens de chaque service;enfin, on a observé une relation modifiée,plus positive, avec les familles.

Quant à la mobilisation communautaire, lesacquis sont un questionnement des autresprofessionnels, un partenariat durable entreles services, une valorisation des famillespar la participation au processus.

L’évaluation qualitative montre que l’ ‘effettrousse’ est dû à l’intérêt que le matériel desécurité suscite parmi les familles, à l’imagepositive que l’apport du matériel a suscitévis-à-vis des intervenantes, à la motivationque cet apport concret aux familles a induitparmi elles et au travail de préparation duprojet mené en commun.

Conditions de réussite de l’interventionUn certain nombre de facteurs facilitantsont été identifiés :- l’information de la communauté et la par-

ticipation des familles ;- l’aide au placement des matériels dans la

maison;- la rétro-information de l’analyse des

résultats des évaluations.

Les conditions de réussite de la mise enœuvre permettant d’atteindre les objectifsconcernant l’organisation elle-même, lematériel mis à disposition des familles etl’action des intervenantes.

L’organisation doit disposer d’un serviceayant un programme de visites à domicile,d’un coordonnateur de projet, d’un budgetpour financer les trousses, avoir une capacitéde gestion des matériels contenus dans latrousse et mener l’intervention de manièreciblée, préférentiellement lorsque les enfantsont entre 6 mois et 1 an, c’est-à-dire unepériode durant laquelle les parents sont inter-pellés par la problématique des accidents.

Le matériel doit être gratuit, facile à instal-ler et solide, sûr et adapté aux meubles etaux éléments de constructions des habita-tions.

Les intervenants doivent avoir une bonneconnaissance de la promotion de la sécuritéet de la prévention des traumatismes, unebonne connaissance du matériel proposé etdes conditions de son utilisation, une atti-tude de dialogue, une motivationpersonnelle pour l’intervention.

Perspectives d’avenirCette recherche a montré l’intérêt de fournirgratuitement du matériel de sécurité auxfamilles ayant des jeunes enfants. Un ‘effettrousse’ a en effet pu être mis en évidence :les parents ayant reçu la trousse ont adoptédavantage de comportements de sécurité.Ces résultats plaident en faveur de l’extensionde l’implantation de la trousse de sécurité. Lesconditions de faisabilité d’une telle entreprisedevraient être alors explorées.

Martine Bantuelle, Educa-Santé, MarcSznajder, Hôpital Ambroise Paré, Marie-Christine Van Bastelaer, Educa-Santé

Adresses des auteurs

Educa-Santé, avenue Général Michel 1b,6000 Charleroi

Hôpital Ambroise Paré, Service de santépublique et information médicale, 9 av.Charles de Gaulle, 92100 Boulogne (France)

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Le Ministre fédéral de la Santé publique,Rudy Demotte, propose un ensemble d’ini-tiatives concertées pour combattre ce‘véritable fléau’, considérant que ‘seule lacombinaison de mesures prises dans lecadre d’un plan global de lutte contre letabac est en mesure de produire des effetssignificatifs et d’inverser la tendance’.

Il ajoute qu’ “un plan global permet en outrede mieux maîtriser les effets pervers décou-lant de certaines mesures prises isolément,d’inclure tous les acteurs de la lutte antita-bac, de hiérarchiser les mesures dans letemps et de piloter au niveau fédéral unensemble cohérent de mesures”.

Ce plan prévoit six dispositions.

Ratification de la Convention-cadre de l’OMSLa Belgique a signé le 22/01/2004, mais n’apas encore ratifié la Convention-cadre.Actuellement, une centaine de pays l’ontsignée et 10 l’ont ratifiée 1, mais il faut quequarante pays signataires la ratifient pourqu’elle entre en vigueur et ait force obliga-toire (90 jours après le dépôt du 40e

instrument de ratification).

Pour rappel, la Convention comprend desdispositions qui énoncent les normesinternationales minimales se rapportant àla publicité, la promotion et le parrainage,les mesures financières et fiscales, leconditionnement et l’étiquetage, le com-merce illicite et la protection face autabagisme passif. Ces dispositions consti-tuent des lignes directrices, maisn’empêchent pas les Etats parties à laConvention d’édicter des lois pluscontraignantes!

Commercialisation des produits du tabacLes messages sanitaires sur les emballagesseront complétés par des photos en couleursdissuasives, auxquelles certains expertsattribuent un fort impact émotionnel.

Conséquence logique, les étuis destinés àcontenir les paquets de cigarettes et à masquerles mises en garde (‘fun box’) seront interdits.

La vente aux mineurs de moins de 16 anssera interdite.

L’accès aux distributeurs automatiques (il yen a 20.000 dans notre pays, sur un total de70.000 points de vente) sera limité de façonà les rendre inutilisables par les jeunes demoins de 16 ans.

Droit à un environnement sans fumée, protection contre le tabagisme passifLa réglementation actuelle limitant l’usagedu tabac dans les établissements Horeca estpeu suivie. Les contrôles effectués parl’Agence fédérale pour la sécurité de lachaîne alimentaire (AFSCA) seront renfor-cés, et la zone réservée aux non-fumeurspassera à 75 % de la superficie totale dulieu et des places disponibles.

Certains pays interdisent totalement defumer sur les lieux de travail. Ce sera aussile cas de la Belgique à partir du 1er janvier2006, à l’exception des fumoirs.

Aide au sevrageL’objectif est d’améliorer l’accessibilitéfinancière et géographique des méthodesde sevrage tout en ne limitant pas ces der-nières aux seuls médicaments.

Les compétences des professionnels de santéen la matière seront renforcées par des stra-tégies et programmes de formation adaptés.

Création d’un “Fonds antitabac”Ce fonds, dont on parle depuis plusieursannées, devrait être opérationnel au 1er

juillet 2004. Le but est de soutenir lesactions de lutte contre le tabagisme,qu’elles émanent du niveau fédéral, desRégions ou des Communautés.

Un ‘Comité de lutte contre le tabagisme’permettant aux différents niveaux de pou-voir d’échanger des informations et deveiller à la cohérence de leurs actions res-pectives dans le cadre d’une approcheglobale est également prévu.

A propos de financement de la lutte antita-bac, il y a eu récemment une petite pousséede fièvre dans le milieu de la préventionquand on a appris que le Gouvernementfédéral envisageait de reconnaître laFondation Rodin 2 comme d’utilité publique,alors que cette fondation est largementfinancée par l’industrie du tabac. LaMinistre de la Santé de la Communautéfrançaise s’en est également émue.

Augmentation de la fiscalitédu tabacUne augmentation forte et brutale du prixdu paquet de cigarette est plus efficace quedes augmentations légères et étalées dansle temps. Trois études récentes (CRIOC, ULB,Fédération belge contre le cancer) le confir-ment. Ceci devra faire l’objet d’un groupe detravail présidé par le Ministre des Finances.

Il reste à espérer une rapide concrétisationdu plan, et une mobilisation collectivedigne de ce formidable défi!

Christian De Bock

Vous pouvez consulter l’intégralité du plan fédéral (28 pages) sur le site www.rudydemotte.be

1 Le 20/04, il y avait 102 signataires, et 10 ratifications. Voirle site www.who.int/tobacco/areas/framework/signing_ceremony/countrylist/en/

2 Voir à ce sujet l’article de Marleen Teugels ‘Rodin : pas defumée sans feu’, dans Education Santé no 181, août 2003.Signalons à ce propos que Philip Morris a rompu en débutd’année le contrat qui liait la multinationale à laFondation Rodin. Cette dernière, pour qui cette décisionreprésente un manque à gagner considérable a saisi lejuge des référés, qui a estimé sa requête non fondée. Lafondation va faire appel.

Le Plan fédéral de lutte contre le tabagisme

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Tableau 1Pourcentage de fumeurs

réguliers/quotidiens en Belgique(de 15 ans et plus)Hommes Femmes Total

1990 38 % 26 % 32 %1991 33 % 24 % 29 %1992 31 % 21 % 26 %1993 31 % 19 % 25 %1994 33 % 19 % 26 %1995 33 % 24 % 28 %1996 34 % 27 % 30 %1997 31 % 22 % 26 %1998 30 % 23 % 27 %1999 31 % 26 % 29 %2000 36 % 26 % 31 %2001 34 % 22 % 28 %2002 33 % 25 % 29 %2004 30 % 25 % 27 %Source : CRIOC

Tableau 2Pourcentage de fumeurs

réguliers/quotidiens en Flandre et en Wallonie (15 ans et plus) 1

Flandre Wallonie Ecart1990 28 % 32 % 4 %1991 25 % 33 % 8 %1992 23 % 29 % 6 %1993 23 % 26 % 3 %1994 23 % 30 % 7 %1995 27 % 29 % 2 %1996 30 % 31 % 1 %1997 25 % 27 % 2 %1998 27 % 26 % -1 %1999 26 % 32 % 6 %2000 28 % 33 % 5 %2001 28 % 29 % 1 %2002 26 % 35 % 9 %2004 27 % 27 % 0Source : CRIOC

1 Les pourcentages pour Bruxelles peuvent montrer de

grandes différences d’année en année. Puisque

l’échantillon ne porte que sur 180 à 240 personnes,

celles-ci n’ont pas été reprises dans ce tableau.

Tableau 3Recettes fiscales

Année Montant (en euros)1990 9161992 1.0401994 1.2401996 1.4031998 1.5572000 1.7932001 1.7122002 1.9792003 2.164

Source : Service public fédéral finances

Légère diminution du nombre des fumeurs en Belgique

Début 2004, le CRIOC a effectué son enquête annuelle sur le tabagisme en Belgique.La population belge compte 27% defumeurs. Parmi les 1022 personnes interro-gées, 27,4 % ont en effet déclaré fumer tousles jours. Elles étaient 29 % en 2002 et 28 %en 2001. Cette faible diminution montreune relative stabilité du nombre de fumeursquotidiens. Outre ceux-ci, 5,8 % ont déclaréfumer de temps en temps, et 66,7 % nejamais fumer. Les différences entre laFlandre et la Wallonie, variables selon lesannées, se sont à présent estompées (27 %de part et d’autre). On constate toujours desécarts importants d’une province à l’autre.

Plus de la moitié des Belges considèrentqu’une interdiction de la vente de tabacaux mineurs serait une très bonne (51,6 %)ou assez bonne (20,6 %) mesure. Seuls4,3 % sont d’avis contraire ; 16,5 % n’ontpas d’opinion. Ces résultats ne laissent pastransparaître de différence significativeselon l’âge, le sexe ou le groupe linguistiquedes personnes sondées. Par contre le niveaud’étude induit des différences d’opinion surl’opportunité d’une telle mesure.

Selon cette même enquête, 12,8 % desfumeurs interrogés déclarent qu’ils s’arrê-teraient de fumer si des photosalarmantes étaient apposées sur l’embal-lage. 23,2 % disent qu’ils fumeraientmoins ; 63,7 % déclarent qu’ils ne se laisse-raient pas influencer par de telsavertissements. Les femmes sont plus nom-breuses que les hommes à déclarer que detelles photos les influenceraient pour arrê-ter de fumer. L’impact est égalementdéterminé par l’âge et le niveau d’étude.

La différence entre les genres se réduit,même si les hommes sont toujours plusnombreux que les femmes à consommer dutabac : en 1980 cette différence étaitpresque du simple au double. Elle s’est pro-gressivement réduite jusqu’à un écart de5 % en 2004 : les 27 % de fumeurs belges sedépartagent en effet entre 30 % d’hommeset 25 % de femmes.

La première cigarette est expérimentée àun âge de plus en plus précoce : selon lesjeunes interrogés par le CRIOC en 2003, unjeune sur 10 essaie sa première cigarette à11 ou 12 ans. A 15-16 ans, un jeune sur 4effectue son premier essai ; c’est le cas d’unjeune sur 3 à 17-18 ans. Cette premièreexpérience est stimulée par de proches amis

ou membres de la famille. Le milieu de vieexerce donc une influence importante ; enparticulier l’attitude des parents est pointéecomme facteur de dissuasion ou aucontraire d’acceptation. En outre 7 jeunessur 10 déclarent qu’on fume dans leur école,ce qui est pourtant interdit.

Quant aux non-fumeurs, ils gagnent duterrain! En effet, petit à petit les lieux où ilest interdit de fumer se multiplient. Ainsidepuis le 1er janvier 2004, la SNCB interditla consommation de tabac dans tout sonréseau, trains et gares compris.

Les ventes de cigarettes stagnent, lesrecettes fiscales augmentent : parallèle-ment à cette légère diminution dupourcentage de fumeurs dans la population,en 2003 la vente de tabac en Belgique aconnu un léger tassement. Et ce aussi bienen nombre total de cigarettes vendues(14,287 milliards d’unités en 2003 – 14,314milliards d’unités en 2002), que de cigareset de tabac à rouler. Quant aux recettes fis-cales, elles ont augmenté de 1.785 millionsd’euros en 2002 à 2.164 millions en 2003.Elles devraient être utilisées au moins par-tiellement pour des mesures préventives...

Quelques précisionsDepuis 20 ans, le CRIOC fait réaliser chaqueannée une enquête auprès d’un échantillonreprésentatif de la population belge. En2004, l’échantillon était de 1.022 personnes.

Les résultats de cette enquête sont télé-chargeables sur le site du CRIOC(http://www.oivo-crioc.org/textes/pdf/953.pps)

Ils ont également été insérés dans le dossierdocumentaire sur le tabac, égalementtéléchargeable sur ce site (http://www.oivo-crioc.org/textes/pdf/371.pdf). Actualisé pourl’occasion, ce dossier reprend toute une séried’autres informations sur les risques de laconsommation de tabac pour la santé,l’incidence du tabagisme actif et passif sur lamortalité, la législation, l’étiquetage desproduits, etc.

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La guerre contre le tabac s’inscrit dans laperspective de la priorité présidentielle demobilisation nationale contre le cancer. Le27 mai 2003, Jean-François Mattei,Ministre de la santé, de la famille et despersonnes handicapées, s’est engagé à fairediminuer le tabagisme des jeunes de 30 %et celui des adultes de 20 %, sur cinq ans.

La première enquête barométriqueINPES/IPSOS menée depuis l’annonce duplan gouvernemental, confirme la diminu-tion sans précédent de la consommation detabac en France. Cette enquête a été menée,courant novembre 2003, auprès d’un échan-tillon national représentatif de plus de 3 000personnes âgées de 15 à 75 ans.

Forte baisse de laconsommation tabagique Entre 1999 et 2003, on compte 1,8 million defumeurs déclarés de moins au moment del’enquête (15,3 millions en 1999 et 13,5 mil-lions en 2003). La proportion de fumeurs dansla population est passée de 34,5 % en 1999 à30,4 % en 2003 soit une chute de 12 %.

Cette baisse de la prévalence est parallèleavec la diminution constatée des ventes decigarettes, particulièrement jusqu’à 2003(- 13,5 %).

Chez les ex-fumeurs, 14,2 % déclarents’être arrêtés dans l’année écoulée. Ilsétaient seulement 9,2 % en 1999 (+54 %).

De surcroît, ceux qui continuent à fumeront réduit significativement leur consom-mation : alors qu’ils fumaient 14 cigarettesen moyenne par jour en 1995, ils n’enfument plus que 11,6 en 2003.

Les femmes et les jeunespremiers bénéficiairesLes femmes et les 15/25 ans constituent lespopulations les plus résistantes au phéno-mène de baisse. Or, ces populations sontparticulièrement exposées car il existed’une part des risques spécifiquement fémi-nins et d’autre part une corrélation entrel’âge d’entrée dans le tabagisme et lesrisques encourus. Aujourd’hui, on constatepour la première fois que ces deux popula-tions prioritaires sont les plus concernéespar la baisse de la consommation.

La diminution du tabagisme féminin enFrance atteint 18 %. Elle est deux fois plusélevée que celle des hommes.

De même, la diminution tabagique chez les15/25 ans s’élève à 18,3 %. Elle est deux foisplus forte que celle des 25/75 ans.

Une motivation à l’arrêtextrêmement forte On observe un nombre croissant de fumeursdéclarant avoir envie d’arrêter de fumer(58 % des fumeurs en 1999 pour 66 % en2003). Aujourd’hui, près de deux fois plus de

fumeurs déclarent avoir envie d’arrêter defumer dans le mois à venir (12 % en 1999contre 22 % en 2003). C’est encourageant,puisqu’on sait que plus le délai projeté estcourt, plus la motivation est grande.

Enfin, le prix devient une motivation primor-diale pour arrêter de fumer puisque il est la 2e

raison invoquée (4e place en 1999), la pre-mière restant les conséquences sur la santé.Chez les fumeurs qui veulent arrêter dans lemois, 68,3 % citent le prix comme principalemotivation à l’arrêt. De plus, le prix est citépar près de la moitié des fumeurs ayantarrêté depuis moins d’un an contre 11 %pour ceux ayant arrêté depuis plus d’un an.

Les résultats de cette enquête confirmentque la baisse importante des ventes decigarettes (-13,5 % entre 2002 et 2003)traduit une réelle diminution de la consom-mation. La très forte augmentation despersonnes sous traitement de sevrage taba-gique (+44 %) et la multiplication par deuxdu nombre d’appels quotidiens à la ligneTabac Info Service pour la même périodeconforte également la très nette hausse despersonnes ayant arrêté depuis un an.

D’après un communiqué de presse del’INPES, 1er février 2004

Vous pouvez télécharger le dossier de 10pages ‘Enquête sur la prévalence du taba-gisme en décembre 2003’ sur le sitewww.inpes.sante.fr

1,8 million de fumeurs en moins en France!

Typologie de l’utilisation de données épidémiologiques

RÉFLEXION

évaluation de la diffusion et del’utilisation d’informationssanitaires est relativement peu

systématisée. L’Observatoire de la Santédu Hainaut gère un système d’informa-tion sanitaire provincial. Il s’est penchésur l’utilisation de données issues d’uneenquête sur la santé des jeunes, par sespropres services, par d’autres profession-nels et acteurs de la santé et par lesmédias. L’analyse a été réalisée en colla-boration avec le Réseau international dela santé du cœur en francophonie. Une

proposition de typologie des modalités dediffusion de données épidémiologiquesest issue de cette réflexion.Institution provinciale de promotion de lasanté, l’Observatoire de la Santé du Hainautrépartit ses activités en plusieurs pôles :l’information sanitaire, l’éducation pour lasanté (y compris la production d’outils), laprogrammation et la communication. Dansle cadre de l’information sanitaire,l’Observatoire de la Santé du Hainautrecueille et analyse des données existanteset les publie sous forme de « Tableaux de

bord ». Il réalise aussi ses propres enquêtes,lesquelles sont alors diffusées sous le titrede « Carnets de bord » ou sous forme demonographies. Les utilisations des donnéesse sont révélées au cours du temps nom-breuses et variées. Les analyser présentaitl’intérêt de les réunir en catégories, de dis-tinguer des exploitations plus courantesque d’autres, d’identifier les canaux de dif-fusion les plus porteurs, de se questionnersur les canaux sous-utilisés. La communica-tion autour des chiffres allait pouvoir êtrequestionnée grâce à cette analyse.

L’

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Enfin, étudier l’exploitation des donnéesd’un système d’information sanitaire per-met d’appréhender un des objectifsprioritaires de ce système, à savoir l’aideaux interventions de santé publique.

MéthodePour partir d’un exemple concret,l’Observatoire de la Santé du Hainaut a entre-pris de recenser toutes les occurrences dediffusion des données d’une enquête sur lasanté des jeunes baptisée « La santé au cœurdes jeunes ». Cette enquête a été conduite ausein du Réseau santé du cœur en francopho-nie, qui réunit le Hainaut, la Picardie, laprovince de Québec, le canton de Vaud enSuisse et la région de Sousse en Tunisie. Lasanté cardiovasculaire constitue clairementune priorité de santé publique dans la plupartdes pays industrialisés ou en voie de l’être. Lesfacteurs de risque modifiables, liés aux condi-tions et modes de vie, s’installent dès le plusjeune âge. C’est dans le but d’intervenir dansle processus que le programme « La santé aucœur des jeunes » a été mis sur pied.

En Hainaut, l’enquête sur la santé desjeunes a été menée auprès de 4000 jeunes,de 9 à 17 ans. Elle comportait une prise desang, la mesure de la taille, du poids et de latension artérielle, un test d’endurance phy-sique ainsi que des questions sur lecomportement alimentaire, la pratiqued’activités physiques et l’attitude face autabac. Le questionnaire permettait aussid’aborder l’influence des pairs, la demanded’aide et les représentations de santé.

Un relevé exhaustif des outils de diffusionet de l’utilisation des résultats a permisd’établir une classification, testée ensuitedans les 4 autres centres du Réseau santédu cœur en francophonie.

RésultatsDepuis la fin de l’enquête, en janvier 98, etjusqu’en décembre 2003, 77 modalités dediffusion ont été recensées en Hainaut. Unclassement de ces modalités en cinqgroupes et 17 sous-catégories est présentédans le tableau suivant.

L’analyse de la répartition, en Hainaut, desmodalités de diffusion montre que 68,5 %d’entre elles concernent la diffusionmédiatique.

Les productions scientifiques et acadé-miques représentent 24 % de la diffusion,soit 18 modalités de diffusion. Elles concer-nent des productions menées en solo par leHainaut (9) ou en collaboration avec lespartenaires français (7).

Les autres catégories (manifestationspubliques, utilisation des données dans dumatériel d’éducation ou de communication,utilisation des données dans des documentsd’orientation stratégique ou de program-mation de santé) représentent, ensemble,7,5 % des modalités de diffusion.

En ce qui concerne la diffusion médiatique,2/3 des articles sont parus dans la presserégionale ; 90 % de l’information en radioet en télé a été relayée par des chaînesrégionales.

DiscussionLe repérage systématique de l’utilisation desdonnées d’une enquête épidémiologique apermis de créer une typologie à vocationopérationnelle. Cette classification permetde calculer le poids relatif des différentesmodalités. Elle présente a priori un intérêtpour l’évaluation de la diffusion des donnéeset aussi pour une programmation active decette diffusion. Elle doit être validée.

L’enquête sur la santé des jeunes a étémenée conjointement dans différentesrégions par des institutions dont le profildiffère. Pour la Picardie, l’enquête a été réa-lisée via l’Observatoire régional de la santé;pour le Canton de Vaud, via l’Institut univer-sitaire de médecine sociale et préventive deLausanne; pour la Province de Québecgrâce à la Direction de la santé publique deQuébec; pour la région de Sousse, avecl’implication de la Faculté de Médecine deSousse et en Province de Hainaut, vial’Observatoire de la Santé du Hainaut.

Le profil des différentes institutionsexplique les différences observées dans lesmodes de diffusion des données.

Les productions scientifiques et acadé-miques (monographie, rapport derecherche, article scientifique, communica-tion scientifique) sont d’un niveauéquivalent pour les différentes régions : 19en Hainaut, 15 en Picardie, 16 pour leCanton de Vaud, 17 pour la région deSousse. Certaines communications scienti-fiques sont menées en étroite collaboration,comparant des résultats respectifs (c’est lecas pour la Picardie et le Hainaut).

On constate cependant, dans cette catégo-rie « productions scientifiques etacadémiques » que les articles scientifiquessont produits en nombre variable (10 pourla Faculté de médecine de Sousse, 10 pourl’Institut universitaire de médecine socialeet préventive; 1 pour l’Observatoire de laSanté du Hainaut ; 1 pour l’Observatoirerégional de la santé de Picardie) et logique-ment plus nombreux lorsque l’institutiondispose d’un profil universitaire.

Par contre, ces mêmes institutions universi-taires ont moins recours à lacommunication médiatique (4 modalités dediffusion sont classées dans cette catégoriepour l’Institut universitaire de médecinesociale et aucune pour la Faculté deMédecine de Sousse).

L’Observatoire de la Santé du Hainaut, parson organisation (secteur éducation santé,cellule communication) apparaît prolifiqueen utilisation de données dans du matérield’éducation et de communication (brochure,

Utilisation des données de l’enquête « La santé au cœur des jeunes »Productions scientifiques Monographie 1 et académiques 19 Rapport de recherche

Article scientifique 1Communication scientifique orale 17

Manifestations publiques 3 Séance d’information pour le public enquêté 1Séance d’information pour un public de professionnels 1 Séance d’information pour le grand public 1

Utilisation des données dans du Brochure 1matériel d’éducation Vidéo ou clip 1ou de communication 2 Matériel pédagogique autreDiffusion médiatique 52 Conférence de presse 1

Communiqué de presse 5Article de presse 38Dont presse nationale (1) ou pages régionalesd’une édition nationale (11)Presse régionale (26)Reportage ou billet radio/TV 8Diffusion via Internet

Utilisation des données dans des documents d’orientation stratégique Régional 1 ou de programmation de santé 2 National 1

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clip télé). Des données y sont citées. La presseest également sollicitée comme relais de l’in-formation vers la population, ce dont elles’acquitte bien volontiers.

On notera, en France, une utilisation originaleet interactive proposée par l’Observatoirerégional de Picardie : la base de données estaccessible sur Internet pour les « clubs desanté » des collèges et des lycées. Les étu-diants et les enseignants peuvent ainsi selivrer à des « extractions à la carte ».

Pour ce qui concerne la typologie, il appa-raît qu’elle rassemble à la fois les aspects dediffusion et d’utilisation plus directe desdonnées dans des outils spécifiques et desprogrammes.

Ce choix est sous-tendu par la convictionqu’une diffusion de qualité contribue à l’utili-sation des données épidémiologiques. Biensûr, les données sur la santé des jeunes doiventdéboucher sur des actions. Mais les donnéeselles-mêmes ne méritent-elles pas d’êtredéclinées sur tous les tons, dans une tentatived’en « imprégner » les acteurs du modèle

choisi, à savoir le modèle socio-écologiqued’intervention en promotion de la santé avecles acteurs individuels, du milieu de vie et del’environnement socio-politique ?

Ce souci partagé a conduit l’équipe suisse àdésigner une personne pour prendre encharge le travail de communication sur lesdonnées de l’enquête.

La classification peut certainement êtredéveloppée. Ainsi, pour chaque catégoriede diffusion identifiée, il serait intéressantd’estimer le nombre final de bénéficiairesde l’information (professionnels et grandpublic).

Il serait utile aussi de porter une attentionspécifique aux dérapages constatés dansl’utilisation de données.

ConclusionsCette première proposition d’analyse del’utilisation de données épidémiologiquesgagnera à être testée dans d’autrescontextes. On peut espérer qu’elle puissesoutenir le développement d’une expertise

Réceptivité de la presse aux données épidémiologiquesDans le sillage de l’enquête sur la santé des jeunes, un document d’orientation straté-gique, « La santé au cœur des jeunes, de l’analyse à l’action », a vu le jour. Il a étéprésenté à la presse. L’information a été diversement relayée.

Cette brochure de 52 pages présente les principaux résultats de l’enquête et fait le point surles groupes de travail initiés suite à l’enquête. Le modèle socio-écologique de l’interventionde santé y est aussi abordé. Le document développe le passage des constats d’enquête à lamise en œuvre de programmes de santé.

Notre communication vers la presse (conférence de presse et communiqué de presse) s’eststructurée autour de 10 messages, qui ont été répercutés de façon plus ou moins exhaustivepar les journaux suivants : La Province, La Nouvelle Gazette, La Dernière Heure, Nord-Eclair,Le Soir, Le Généraliste (hebdomadaire) et En Marche (bimensuel). Voici ce que cela donnepour chacun des items selon le nombre de journaux qui reprennent l’idée :- le recueil des données et leur analyse (100 % des médias);- la mobilisation des acteurs (100 %);- la participation des acteurs, dont les jeunes (100 %);- le lancement d’un programme structuré (85,7 %);- la nécessité des partenariats (71,4 %);- l’amélioration et la création d’actions (42,8 %);- le point sur les actions concrètes en cours (42,8 %);- l’inscription du programme dans la durée (42,8 %);- la mise à disposition de la brochure (42,8 %);- le modèle socio-écologique comme cadre de référence (28,5 %).

Nous nous sommes livrés au relevé de ces idées dans les articles produits sur ce projet.

De toute évidence, les données sur la santé ont les faveurs de la presse. Le grand oublié serévèle être l’organisation d’interventions basée sur le modèle socio-écologique de la santé,capital à nos yeux, mais de traduction peut-être malaisée en termes journalistiques.

Les actions concrètes en cours et la référence au document disponible « La santé au cœur desjeunes » sont étonnamment oubliées par un média sur deux. Considérant les résultats de cetteanalyse des articles, nous avons fait l’hypothèse d’un trop grand nombre d’idées que nousaurions voulues clés. Certaines auraient probablement gagné en visibilité à être regroupées.

Il semble évident qu’à partir des données, des vagues successives de communication sontnécessaires pour aborder leurs implications en terme d’intervention.

De données locales à un impact national

Des données de santé de l’Observatoire dela Santé de Hainaut lui ont permis denouer des collaborations et d’initier desprojets dépassant la dimension loco-régionale.

Des données sur la santé cardiovasculaireen Hainaut ont permis à l’Observatoire delancer une « Chronique santé cardiovascu-laire » dans le quotidien La NouvelleGazette. Si l’édition de la Région duCentre fut la première à accueillir le ren-dez-vous santé, l’édition montoiseembraya. Entre-temps, la chronique étaitdevenue « Chronique santé ». Elle sedéconnectait peu à peu de son seul aspectcardiovasculaire.

Des données épidémiologiques ont égale-ment servi de démarreur pour un projetmené avec les chaînes de télévision régio-nales hennuyères. Douze clips de deuxminutes ont en effet été diffusés sur ceschaînes. Leur thème ? La santé cardiovascu-laire et la prévention des cancers, et plusprécisément l’alimentation, l’arrêt taba-gique, le contrôle de la tension artérielle parle médecin généraliste, le dépistage du can-cer du sein et du cancer du col, la pratiqued’une activité physique au quotidien.

Deux volets constituaient chacun des spots,le premier délivrant une information scienti-fique ou des données chiffrées, le secondouvrant des perspectives pratiques favo-rables pour la santé.

L’expérience de ces clips a incitél’Observatoire de la Santé du Hainaut àtenter de délivrer le même message enayant recours aux espaces de diffusiongratuits qui existent, au sein des écranspublicitaires, sur les chaînes de télévisionet de radio en Communauté française et ceau prorata de la publicité qu’accueillentces chaînes pour des médicaments, destraitements médicaux et des boissonsalcoolisées. Le format étant différent (30secondes), le contenu des spots a dû êtrereformulé, le message final restant luiinchangé. Des spots ont ainsi vu le jour surl’alimentation (graisses cachées, fruits etlégumes, modes de cuisson), l’activité phy-sique au quotidien.

Une autre campagne médiatique, du ressortde la Communauté française, et visant àsensibiliser au surpoids et à l’obésité infan-tiles, a aussi eu recours à des données sur lasanté des jeunes produites parl’Observatoire de la Santé du Hainaut.

(suite p. 18)

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Quatre dossiers...L’Unité d’éducation pour la santé del’Université catholique de Louvain réalisesur demande des dossiers techniques,revues de littérature sur des sujets ou ques-tions de promotion de la santé. Ce serviceest accessible gratuitement à tout orga-nisme belge de promotion de la santé.

Voici une brève présentation des quatre der-niers dossiers parus.

Prise en charge globale des patients souffrant de douleurs chroniquesL’objet de ce dossier est d’explorer dans lalittérature comment on prend en charge àl’heure actuelle les patients qui souffrent dedouleurs chroniques non cancéreuses, enexaminant les méthodes recommandées deprise en charge multidisciplinaire, globaleet éducative de ces patients.

La prise en charge pharmacologique de ladouleur a fortement évolué ces dernièresannées, alors que l’accompagnement psycho-socio-éducatif se développe plus lentement.

BERREWAERTS J., DOUMONT D., DECCACHEA., Comment prend-on en charge de façonglobale et psycho-socio-éducative lespatients souffrant de douleurs chroniques ?,dossier technique 03-24, septembre 2003.

L’évaluation des politiques etdes pratiques de santé scolaireEn novembre 2002, le Ministère de la santéen Communauté française de Belgique ainitié un projet d’évaluation de l’implanta-tion de sa nouvelle politique de promotionde la santé à l’école. Le RESO a donc réaliséun dossier sur l’évaluation des politiques depromotion de la santé à l’école dans diffé-rents pays européens, dans le but d’aider àévaluer la mise en place du nouveau décretrelatif à la PSE dans notre pays. Ce dossier

s’intéresse à la France, à la Suisse et auRéseau européen des écoles en santé.

RENARD F., DOUMONT D., L’évaluation despolitiques et des pratiques de santé scolaireen Communauté française de Belgique, enFrance et en Suisse, dossier technique 03-25, octobre 2003.

Mode de vie et santé des familles 1 et 2Le Centre local de promotion de la santé duBrabant wallon organise un cycle de quatreconférences locales, s’intéressant aux modesde vie de la famille et donc aux déterminantsde la santé de celle-ci. Elles ont pour but desensibiliser un public multisectoriel à la pro-motion de la santé et à la qualité de la vie, defavoriser des échanges entre tous les acteursde terrain, d’ouvrir des pistes d’actionconcrètes et ainsi aboutir à une meilleureconnaissance des besoins locaux.

La première conférence concernait le “cadrede vie” (accès et qualité du logement, qualitéde l’environnement social et physique...).

Le CLPS du Brabant wallon a fait appel àl’équipe du RESO pour l’aider à préparer unedeuxième conférence axée sur les “modes devie” au sein de la famille et les déterminantsde santé. Dans ce cadre, deux dossiers tech-niques ont été réalisés, le premier traitantpréférentiellement de la problématique d’unealimentation saine, du tabagisme et de l’al-coolisme, et le second complétant le premieren abordant d’autres thématiques telles quel’activité physique, le sommeil, la gestion dustress et la consommation médicamenteuse.

DOUMONT D., LIBION F., Mode de vie etsanté des familles, dossier technique 03-26,décembre 2003.

DOUMONT D., LIBION F., Santé des familles :influences du mode de vie - 2e partie (activitéphysique, médicaments, stress et sommeil),dossier technique 03-27, décembre 2003.

Pour tout renseignement : UCL RESO, avenue Mounier 50, 1200 Bruxelles. Tél.: 02 764 50 70. Fax : 02 764 50 74.

Pour une demande de réalisation de dossier,contactez Dominique Doumont, [email protected]

Pour une commande de dossier, contactezKarine Verstraeten,[email protected]. Uneparticipation aux frais de 12 € sera deman-dée. Les dossiers sont également présentésdans leur intégralité sur le sitehttp://www.md.ucl.ac.be/entites/esp/reso/dossiers/ dans un format qui permet de lesimprimer facilement et gratuitement.

...et deux recueilsA l’initiative de l’ULB-Promes et en partena-riat avec le CLPS de Bruxelles, RESOdoccoordonne une série de Recueils documen-taires. Ils traitent des sujets les plusfréquents pour lesquels les centres de docu-mentation en éducation et promotion de lasanté sont le plus souvent sollicités par leursutilisateurs. Ils rassemblent des documents,données, projets, informations, références,sites internet..., les plus utiles sur un sujetdonné de promotion de la santé.

Le no 9 traite de l’asthme et des affectionsrespiratoires, et a été réalisé en collaborationétroite avec la Fondation contre les affectionsrespiratoires et pour l’éducation pour la santé(FARES), la Fondation pour la prévention desallergies et le Centre PMS-COCOF.

Le no 10 traite du mal-être psychique desadolescents et des enfants, et a été réaliséavec les Centres PMS-PSE-COCOF.

Les recueils documentaires peuvent être obte-nus au prix de 13,20 € (frais de port inclus pourla Belgique) auprès de Karine Verstraeten ouYvette Gossiaux (voir adresse ci-dessus).

MVA

Les productions récentes de RESOdoc

DOCUMENTATION

en matière de communication dans lechamp de l’information sanitaire.

L’outil s’est d’ores et déjà révélé un outilsensible pour évaluer des particularitésdans la diffusion respective des données parles régions impliquées dans l’enquête « Lasanté au cœur des jeunes ».

L’analyse de la diffusion permet également d’identifier les canaux sous-utilisés.

Les gestionnaires de systèmes d’informa-tions sanitaires, en systématisant l’étudede la diffusion, pourront disposer d’instru-ments pratiques pour optimiser celle-ci en

accord avec les principes de la nouvellesanté publique.

Luc Berghmans, Médecin-Directeur etVéronique Janzyk, Cellule Communication,Observatoire de la Santé du Hainaut

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Alimentation et développement durable

Liège11 et 12 juin 2004

Comment sensibiliser à l’alimentation enintégrant le développement durable ?Manger, cela peut être... le plaisir de découvrir denouveaux goûts, la santé, le rapport qualité/prix,l’agriculture biologique, l’importation massived’aliments pour nos élevages intensifs, labanalisation de nos campagnes et de notrebiodiversité par les monocultures, lesmultinationales de la distribution avec la pertede contact producteur/consommateur, lesemballages qui font déborder nos poubelles...L’alimentation touche au social, à l’économiqueet à l’environnement!Renseignements : CRIE de Liège et l’Institutd’Eco-Pédagogie, Rue Fusch 3, 4000 Liège. Tél.: 04 250 95 83. Courriel : [email protected]. Internet :http://www.education-environnement.be/crie

Enfant

Bruxelles16, 17 et 18 juin 2004

Congrès européen francophone co-organisépar la Ligue bruxelloise francophone pour lasanté mentale, la Coordination enfance et laCommission communautaire française.Les transformations sociétales ont toujoursdes effets immédiats sur la vie des enfants.Leur langage, leur comportement, leursreprésentations bougent et surprennentleurs aînés. Au centre d’attentions, parfoisd’inquiétudes, l’enfant se construitpsychiquement dans une multiplicité deliens avec les parents, l’entourage, enfamille, à l’école, en rue, dans les lieuxpublics ou de loisirs qu’il fréquente.Les familles se défont et se reforment selondes schémas à peine imaginables il y a trenteans. L’enfant, lui, est devenu la cibleprivilégiée d’une société dominée par lesvaleurs marchandes. On lui reconnaît denouveaux droits juridiques. Il surfe dans unmonde où le déplacement des limites posequestion. La violence subie ou provoquée faitpartie de son univers.Dans ce contexte, les parents, les enseignants,les éducateurs, sont en panne de repère etcherchent de nouveaux points d’appui.Les professionnels de la santé mentaleobservent eux aussi une évolution tant dansles demandes d’aide des familles et desenfants que dans leur façon de les entendre.Les praticiens se sont engagés dans desréflexions sur les dimensions sociales etpolitiques de leurs interventions. Le travailpluridisciplinaire au sein des équipes est misen question et prend de nouvelles dimensions.Il se joue de plus en plus souvent dans le cadre

de relations en réseau entre professionnelsconcernés par l’enfance.L’objectif du Congrès est de reconsidérer lesnotions de liens dans l’accompagnement et laprévention.Le Congrès se déroulera au Centre culturel etde congrès de Woluwé-Saint-Pierre.Le programme et le bulletin d’inscriptionpeuvent être demandés au secrétariat duCongrès, Ligue bruxelloise pour la santémentale, rue du Président 53, 1050 Bruxelles.Tél. 02 511 55 43. Fax : 02 511 52 76. Courriel : [email protected]

Santé mentale

Bruxelles17 juin

Médoc en stock, débat sur les médicamentspsychotropes (antidépresseurs et autres...)avec des usagers et des professionnels de lapsychiatrie, des membres de la ligue des droitsde l’homme, des membres de la “Maison Peuledu Vivier”, des participants des atelierssatiriques de l’autre “lieu”...Lieu : Collectif de santé “La Perche”, chausséede Forest 183, 1060 Bruxelles.Renseignements : L’autre “lieu”, rue Marie-Thérèse 61, 1210 Bruxelles. Tél.: 02 230 62 60.

Drogues

Gand18 juin 2004

Matinée d’étude consacrée à une présentationde la recherche ‘La politique des drogues enchiffres’, étude des acteurs concernés, desdépenses publiques et des populationsatteintes. Cette recherche a été réalisée sous ladirection des professeurs De Ruyver (U Gent),Pelc (ULB) et Casselman (KUL) et sous l’égide duService fédéral de politique scientifique.Lieu : Auditorium ‘De Schelde’, Centreadministratif provincial, Woodrow Wilsonplein2-3, 9000 Gand.Inscription au plus tard le 8 juin par courriel,fax ou courrier.Renseignements : Vakgroep Strafrecht enCriminologie, Pr. De Ruyver et Kim Geenens,Universiteitstraat 4, 9000 Gand. Tél.: 09 264 69 47. Fax 09 264 69 71. Courriel : [email protected]

Accidents

Besançon5 au 9 juillet 2004

Dans le cadre de l’Université d’été francophoneen santé publique (voir présentation dansEducation Santé no189 - avril 2004, ou voir surles siteshttp://www.urcam.org/univete/index.htm ouhttp://www.univ-fcomte.fr), un moduleintitulé “Promotion de la sécurité et préventiondes traumatismes intentionnels et non

intentionnels, destiné aux personnesimpliquées dans des actions de santéconcernant le suicide, les accidentsdomestiques de l’enfant, la violence, les chutesdes personnes âgées... Ce module est élaborépar les membres du Réseau francophoneinternational de prévention des traumatismes.Il peut accueillir 60 participants : ne tardezdonc pas à vous inscrire auprès deCaroline Guillin, tél. +3 81 66 55 75, courriel : [email protected] [email protected]étariat de l’Université d’été francophoneen santé publique, Faculté de médecine et depharmacie, place Saint-Jacques, F-25030 Besançon cedex.

Info législative

Nous avons réalisé un tiré-à-part du décretrelatif à la promotion de la santé enCommunauté française (coordination destextes du 14/07/1997 et du 17/07/2003),complété par la composition du Conseilsupérieur de promotion de la santé renouvelésuite à la modification du décret. Ce documentde 7 pages au format PDF peut nous êtredemandé par courriel à[email protected].

Environnement

Le 7 mai 2004, Inter-Environnement Walloniea signé avec de nombreuses personnalitésl'Appel de Paris sur les dangers sanitaires de lapollution chimique. Cet appel a été lancé àl'initiative de l'Association pour la recherchethérapeutique anti-cancéreuse lors d'uncolloque à l'Unesco à Paris. Il recommande desmesures fortes pour réduire les émissions degaz à effet de serre et l'application du principede précaution concernant les produitschimiques. Il demande un renforcement duprogramme européen REACH et incite lesEtats à obliger toute personne publique ouprivée à assumer la responsabilité des effetsde ses actes ou de ses carences à agir.Rejoignez les nombreux scientifiques etassociations à signer l'appel de Paris surhttp://www.artac.info/appel_de_paris.htmSignature ouverte en ligne pour lesassociations et tous les citoyens.Inter-Environnement Wallonie, boulevard duNord 6, 5000 Namur. Tél.: 081 255 294.

Une précision

Dans l’édition du mois dernier, nousprésentions le site de la Direction générale dela santé du Ministère de la Communautéfrançaise Wallonie Bruxelles. Si vous aveztenté de le visiter, vous vous serez sûrementrendu compte que dans l’adresse que nousdonnions manquait l’indispensable “www”.Voici donc l’adresse correcte :http://www.sante.cfwb.be

BRÈVES

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InitiativesL’obésité chez les jeunes : il y a urgence, par Eric Jauniaux

Un instinct de survie ? par Carine MaillardL’obésité de l’enfant vue par un service PSE, par Jacqueline Valange

Usages de psychotropes et prévention en “Prospective”, par Isabelle Boquet, Emmanuelle Caspers et Henri Patrick Ceusters

Prévention des traumatismes survenant chez des jeunes enfants, par Martine Bantuelle, Marc Sznajder et Marie-Christine Van Bastelaer

Le Plan fédéral de lutte contre le tabagisme, par Christian De BockLégère diminution du nombre des fumeurs en Belgique (CRIOC)

1,8 million de fumeurs en moins en France!Réflexion

Typologie de l’utilisation de données épidémiologiques, par Luc Berghmans et Véronique Janzyk

DocumentationLes productions récentes de RESOdoc

Brèves

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6

11131415

15

1819

Mensuel (11 numéros par an, ne paraît pas enjuillet).Abonnement : gratuit pour la Belgique, 25 1 pour 11 numéros pour l’étranger. Paiement uniquement par virement bancaire. RIB : BACBBEBB. IBAN : BE60 7995 5245 0970.Réalisation et diffusion : Infor Santé, Alliancenationale des mutualités chrétiennes, dans le cadrede la Cellule de Coordination intermutualisteANMC-UNMS.Rédacteur en chef, secrétaire de rédaction :Christian De Bock (02-246 48 50).Secrétaire de rédaction adjoint : Catherine Spièce(02-515 05 85).Journaliste : Carine MaillardResponsable des rubriques Acquisitions, Brèves,Documentation, Lu pour vous, Matériel et Vu pourvous : Maryse Van Audenhaege (02-246 48 51).Documentation : Maryse Van Audenhaege (02-246 48 51)Site internet : Maryse Van Audenhaege (02-246 48 51).Contact abonnés : Franca Tartamella (02-246 48 53).Comité stratégique : Anne Avaux, Martine Bantuelle,Luc Berghmans, Benoît Dadoumont, Christian DeBock, Alain Deccache, Sophie Fiévet, VéroniqueJanzyk, Charlotte Lonfils, Roger Lonfils, André Lufin,Paul Sonkes, Catherine Spièce, Bernadette Taeymans,Patrick Trefois, Maryse Van Audenhaege, ChantalVandoorne, Christian Van Rompaey.Comité opérationnel : Alain Cherbonnier, ChristianDe Bock, Jacques Henkinbrant, Véronique Janzyk,Thierry Poucet, Maryse Van Audenhaege.Editeur responsable : Edouard Descampe, chaussée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles.Maquette : Els Demeyer.Mise en page : Muriel Logist.Impression : Hayez.Tirage : 2.400 exemplaires.Diffusion : 2.100 exemplaires.ISSN : 0776 - 2623.Les articles publiés par Education Santé n’engagentque leurs auteurs. Les articles non signés sont de larédaction.La revue n’accepte pas de publicité.Les textes parus dans Education Santé peuvent êtrereproduits après accord préalable de la revue etmoyennant mention de la source.Documentation consultable sur rendez-vous pris au02-246 48 51.Pour tous renseignements complémentaires :Education Santé, chée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles. Tél.: 02-246 48 53. Fax : 02-246 49 88 (indiquer ANMC-Education Santécomme destinataire).Internet : www.educationsante.beCourriel [email protected] découvrir les outils francophones enpromotion de la santé, une seule adresse :www.pipsa.orgRevue membre de l’A.R.S.C., Association des revuesscientifiques et culturelles – www.arsc.beLes textes de ce numéro seront prochainementdisponibles sur notre site www.educationsante.be(sous réserve d’acceptation des auteurs).

SOMMAIRE

La revue Education Santé est réalisée avec l'aide du Ministère de la Communauté française de Belgique Département de la Santé.

no 367 septembre-octobre 2003DossierSanté des enfants : la place des parentsIntroductionLes parents, premiers éducateurs à la vie, Laure Carrère,Michel DépinoySanté : les parents, transmetteurs de savoirs ?Qu’entend-on par parentalité ?, Bernadette TillardLa santé des enfants, fonction parentale d’hier etd’aujourd’hui, Catherine Cicchelli-Pugeault Adolescence : les parents, valeur refuge, Marie Choquet La famille, lieu d’apprentissages multiples,Geneviève Cresson Mères et pères : des rôles différenciés, Didier LauruMédias : de l’accompagnement parental à la nuisancedes imagesChristine Ducamp-Mayolle : « Les parents se sententdépossédés de leurs fonctions d’éducateurs », Proposrecueillis par Yves GéryViolences visuelles : dialoguer plutôt qu’interdire, SergeTisseronParents/Professionnels : une responsabilité partagéeEntre éducation et respect de l’autonomie, BrigitteCadéac, Nadège Pierre Et si professionnels et parents œuvraient ensemble ?,Maurice Titran, Annick-Camille Dumaret Maurice Titran : « Nous tentons d’aider les parents à faireémerger leurs talents », Propos recueillis par Yves Géry Ateliers santé : une porte ouverte sur la parentalité,Claudine Campy-Comte, Anne-Marie Saugeron Rencontres nutrition : un lieu de débat entre parents etprofessionnels, Anne Van Craynest-Puyvandran Quand les politiques publiques et les actions de terrainintègrent la parentalitéLa parentalité commence avant la naissance, ÉlisabethVérité Et si on prenait au sérieux l’accompagnement desparents ?, Marie-Thérèse FritzUn temps pour reconstruire la parentalité ébréchée,Hélène Dacal, Valérie Verdier Un réseau de soutien à la parentalité, Bernadette Roussille

La parentalité s’exerce aussi à l’hôpitalTrousseau, hôpital ouvert aux parents, Marie-Line Pruvost « Accueillir et déculpabiliser », Sylvie Gervaise Bébés prématurés : les parents, acteurs des soins,Geneviève Binel Genève : des parents épaulés par des psychologues,Zarina Qayoom Mieux accepter les parents en milieu hospitalier, PierreGanzPour en savoir plusOlivier Delmer, Catherine Lavielle

Education du patientAide à l’arrêt du tabac : le Languedoc-Roussillons’organise en réseau, Anne Stroebner-Delbarre, DelphineCouralet, Maria-Rosa Ortiz

La santé en chiffresSurpoids, obésité et régimes alimentaires, Arnaud Gautier CinésantéOsmosis Jones, Michel Condé

Lectures - outilsOlivier Delmer, Fabienne Lemonnier

L’abonnement à La Santé de l’Homme (6 numéros par an)est de 28 € pour la France métropolitaine et de 38 € pour la Belgique. Pour tout renseignement : La Santé de l’Homme, Institut national de prévention etd’éducation pour la santé, 42 Bd de la Libération, 93203Saint-Denis Cedex. Tél. 1 49 33 22 22. Fax 1 49 33 23 90. Internet : www.inpes.sante.fr