infrastructure de la république du congo : une...
TRANSCRIPT
RAPPORT PAYS
Infrastructure de la République du Congo :
Une perspective continentale
Nataliya Pushak et Cecilia M. Briceño-Garmendia
MARS 2010
© 2010 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale
1818 H Street, NW
Washington, DC 20433 USA
Téléphone : 202-473-1000
Internet : www.worldbank.org
E-mail : [email protected]
Tous droits réservés
Une publication de la Banque mondiale
La Banque mondiale
1818 H Street, NW
Washington, DC 20433 USA
Les constats, interprétations et conclusions exprimés dans cet ouvrage sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues des Administrateurs de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale ni des États qu’ils représentent.
La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données figurant dans cet ouvrage. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations reprises dans les cartes géographiques qui l’illustrent n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale quant au statut légal d’un quelconque territoire, ni l’aval ou l’acceptation de ces frontières.
Droits et autorisations
Le matériel contenu dans cette publication est protégé par la loi sur le droit d’auteur. La copie ou la communication sans autorisation de parties ou de la totalité de ce travail peuvent être considérées comme une violation des lois en vigueur. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement/la Banque mondiale encourage la diffusion de son travail et accorde habituellement dans des délais assez brefs la permission d’en reproduire des parties.
Pour obtenir l’autorisation de photocopier ou reproduire une quelconque partie de cet ouvrage, veuillez en faire la demande, accompagnée de toute l’information nécessaire, auprès du Copyright Clearance Center Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, USA ; téléphone : 978-750-8400 ; fax : 978-750-4470 ; Internet : www.copyright.com.
Toute autre question relative aux droits et licences, y compris les droits subsidiaires, doit être adressée à l’Office of the Publisher, Banque mondiale, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA ; fax : 202-522-2422 ; email : [email protected].
À propos de l’AICD et de ses rapports pays
Cette étude fait partie du Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD), un projet dont
l’ambition est de développer la connaissance de l’infrastructure physique africaine dans le monde.
L’AICD constitue une base qui servira de référence pour mesurer les futures améliorations de
l’infrastructure, et assurer ainsi un suivi des résultats de l’aide internationale. Elle offrira également une
base empirique solide à la détermination des priorités d’investissement et à la conception des réformes
des politiques dans le secteur des infrastructures en Afrique.
L’AICD est le fruit d’un effort sans précédent de collecte de données économiques et techniques
détaillées sur les secteurs infrastructurels africains. Le projet a produit une série de rapports originaux sur
les dépenses publiques, les besoins de dépenses et les performances de chacun des principaux secteurs
infrastructurels, à savoir l’énergie, les technologies de l’information et de la télécommunication,
l’irrigation, les transports ainsi que l’eau et assainissement. L’ouvrage Infrastructures africaines : une
transformation impérative, publié par la Banque mondiale et l’Agence française de développement en
novembre 2009, fait la synthèse des constats les plus significatifs de ces rapports.
Le propos principal des rapports pays de l’AICD est de comparer les performances des secteurs et de
quantifier les principaux écarts de financement et d’efficacité existant au niveau du pays. Ces rapports
sont particulièrement intéressants pour les décideurs politiques nationaux et les partenaires au
développement actifs dans les pays concernés.
L’AICD a été préparé à la demande du Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) suite au
Sommet 2005 du G-8 (Groupe des huit) de Gleneagles en Écosse. Ce sommet avait souligné l’importance
d’accélérer le financement international des infrastructures pour soutenir le développement de l’Afrique.
La première phase de l’AICD s’est concentrée sur 24 pays représentant ensemble 85 % du produit
intérieur brut, de la population et des flux de l’aide aux infrastructures en Afrique subsaharienne. Il s’agit
de l’Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de
l’Éthiopie, du Ghana, du Kenya, du Lesotho, de Madagascar, du Malawi, du Mozambique, de la Namibie,
du Niger, du Nigeria, de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, du Sénégal,
du Soudan, de la Tanzanie, du Tchad et de la Zambie. Une deuxième phase du projet se propose d’étendre
la couverture de façon à inclure autant d’autres pays africains que possible.
En cohérence avec la genèse du projet, le propos principal de l’AICD est de couvrir les 48 pays du sud du
Sahara qui sont confrontés aux défis d’infrastructure les plus sévères. Certains volets de l’étude portent
également sur les pays d’Afrique du Nord de façon à fournir au lecteur un contexte de référence plus
large. À défaut d’indication contraire, dans ce rapport, le terme « Afrique » est utilisé en tant
qu’abréviation pour « Afrique subsaharienne ».
La Banque mondiale a réalisé l’AICD sous la supervision d’un comité de pilotage où sont représentés
l’Union africaine, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les
communautés économiques régionales africaines, la Banque africaine de développement (BAD), la
Development Bank of Southern Africa (DBSA) et les principaux bailleurs de fonds du secteur des
infrastructures.
Le financement de l’AICD provient d’un fonds fiduciaire multidonateurs dont les principaux
contributeurs sont le Département pour le développement international du Royaume-Uni (DfID), le
Private Public Infrastructure Advisory Fund (PPIAF), l’Agence française de développement (AFD), la
Commission européenne et la KfW Entwicklungsbank de la République fédérale d’Allemagne. Un groupe
de représentants éminents du monde politique et universitaire de l’Afrique et d’ailleurs ont procédé à
l’examen par les pairs des principaux produits de l’étude afin d’en garantir la qualité technique. Le
Programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne (SSATP) et le Programme
d’alimentation en eau et assainissement (WSP) ont apporté leur assistance technique à la collecte des
données et à l’analyse de leurs secteurs respectifs.
Les rapports AICD ainsi que les données qui les sous-tendent sont disponibles sur le site interactif
http://www.infrastructure.africa.org qui permet à ses utilisateurs de télécharger des rapports de
données sur mesure et de procéder à diverses simulations. Beaucoup des produits de l’AICD seront
repris dans la Série Documents de travail consacrés à la recherche sur les politiques de la Banque
mondiale. Les demandes relatives à la disponibilité des données doivent être adressées aux éditeurs, à la
Banque mondiale, Washington, DC.
iii
Table des matières
Remerciements iii
Synopsis 1
Pourquoi l’infrastructure a-t-elle de l’importance ? 3
L’état des infrastructures au Congo 5
Technologies de l’information et la communication 12 Transports de surface 16 Trafic maritime et fluvial 20 Transport aérien 21 Alimentation en eau et assainissement 22
Financement des infrastructures de la République du Congo 24
Bibliographie 37
Général 37 Croissance 37 Financement 37 Technologies de l’information et de la communication 37 Irrigation 38 Énergie 38 Transport 38 Alimentation en eau et assainissement 39 Autres 39
Remerciements
Ce document a largement bénéficié de la contribution des spécialistes sectoriels de l’équipe de l’AICD, et
plus spécialement de Dick Bullock pour les chemins de fer, Mike Mundy pour les ports, Heinrich
Bofinger pour le transport aérien, Rupa Ranganathan pour l’énergie, Carolina Dominguez pour
l’alimentation en eau et assainissement, Michael Minges et Rebecca Meyer pour les technologies de
l’information et de la communication, Alberto Nogales pour les routes, Nataliya Pushak pour la dépense
publique, et Alvaro Federico Barra pour l’analyse spatiale.
Il est basé sur les données récoltées par des consultants locaux et a grandement profité des commentaires
fournis par les collègues des équipes pays de la Banque mondiale concernées, notamment Marie
Françoise Marie-Nelly (directeur pays), Midou Ibrahima (responsable pays), Franck Bousquet
(responsable secteur), Alexandre Dossou (routes), Pierre Pozzo di Borgo (chemins de fer), Michel Layec
(énergie), Franck Bousquet (eau et assainissement), Jerome Bezzina (TIC), Peter Siegenthaler et Monthe
Bienvenu Biyoudi (macro), ainsi que le professeur Mantsi et Afua Sarkodie (consultants locaux).
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
1
Synopsis
La modernisation de l’infrastructure joue un rôle décisif dans l’effort de diversification de son économie et de
réduction de la pauvreté de la République du Congo. Elle est également en soi une source importante de
croissance. Une analyse statistique entre pays menée pour ce rapport montre qu’entre 2001 et 2006, la
contribution de l’infrastructure à la croissance annuelle du PIB par habitant de la République du Congo a été de
0,5 point de pourcentage. Si l’infrastructure du pays pouvait être améliorée jusqu’au niveau constaté à Maurice,
le pays le mieux classé de l’Afrique subsaharienne, sa contribution à la croissance annuelle par habitant pourrait
être de plus de 3 points de pourcentage.
L’infrastructure énergétique de la République du Congo est inadéquate et gérée de manière inefficace. Le
pays est très en retard par rapport à ses pairs du point de vue de la capacité de production et de l’électrification.
La population non desservie par le réseau doit faire face à des coûts exorbitants. L’État a répondu à ces
problèmes par un plan d’investissement ambitieux. Cependant, pour faire fonctionner efficacement de nouveaux
actifs, il devra également s’attaquer aux inefficacités majeures du service public de l’électricité. Les pertes dans
le transport et la distribution de l’électricité s’élèvent à 47 %, plus du double des valeurs de référence des
pratiques modèles, et le coût des sureffectifs représente 30 % des recettes du service public. Les tarifs
recouvrent à peine la moitié du coût de la prestation du service, alors que le recouvrement total des coûts serait
abordable pour la population.
Dans le secteur des TIC, la République du Congo a fait d’excellents progrès au cours des dernières années
dans le développement de son marché de la téléphonie mobile, atteignant des niveaux élevés de couverture par
le signal. Le coût de la connectivité internationale est actuellement élevé, mais il devrait diminuer une fois que
le pays sera raccordé au câble sous-marin international et le réseau intérieur en fibre optique sera terminé.
D’autre part, l’état physiquement vétuste et financièrement déficient de l’opérateur de téléphonie fixe devient
une contrainte pour l’extension de la pénétration d’Internet.
La restauration du réseau national des transports exigera un investissement majeur et des décisions
politiques bien pensées dans les secteurs des ports, des routes, ferroviaire et du transport fluvial. Suite à
l’adoption du Plan de transport national, d’importants investissements sont en cours dans le secteur routier afin
de rétablir les connexions entre Pointe-Noire, Brazzaville, et le nord du pays. Un fonds routier a également été
créé pour assurer l’entretien, bien que jusqu’à présent, les ressources n’ont pas été adéquates. Pour restaurer la
compétitivité de ce corridor, des améliorations importantes doivent être apportées aux performances du port de
Pointe-Noire et de la liaison ferroviaire du CFCO. La construction d’un pont reliant Brazzaville à Kinshasa
aiderait à accroître le trafic passant par Pointe-Noire et à améliorer la viabilité globale de cette voie.
L’amélioration de la navigabilité des rivières Congo, Oubangui et Sangha contribuerait également à rétablir un
mode de transport extrêmement rentable, d’une importance stratégique pour le nord du pays.
La couverture des services du secteur de l’eau et assainissement est relativement bonne. Les taux d’accès du
pays sont nettement supérieurs à ceux de son groupe de pairs, en particulier en ce qui concerne l’eau courante,
les bornes-fontaines et les latrines améliorées. Néanmoins, l’accès aux services est beaucoup plus important
dans les zones urbaines que rurales. De plus, la sous-tarification de l’eau a nui à la solidité financière du service
public des eaux, bien que des analyses indiquent que des tarifs permettant le recouvrement des coûts seraient
abordables pour les consommateurs.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
2
La République du Congo doit dépenser 0,95 milliard de dollars EU par an d’ici 2015 pour rattraper son
retard dans la quantité et la qualité de son infrastructure. Cela représente 16 % du PIB, un taux comparable à la
part consacrée par la Chine à son infrastructure au milieu des années 2000. Les besoins de dépense de loin les
plus importants concernent le secteur énergétique, qui nécessite une dépense de 0,5 milliard de dollars EU par
an. De leur côté, les transports, l’eau et l’assainissement ont chacun des besoins estimés à 0,2 milliard de dollars
EU par an. La majeure partie des besoins concerne la dépense d’investissement, mais pas moins d’un quart de
cette somme est nécessaire pour répondre aux besoins d’exploitation et maintenance.
Au milieu des années 2000, la dépense d’infrastructure s’élevait à 0,46 milliard de dollars EU par an. Ce
chiffre est passé à 0,55 milliard de dollars EU par an en 2008-2009. Plus de la moitié de la dépense actuelle est
consacrée au secteur des transports. La plus grande partie est financée par des sources nationales. Les
contributions des financiers extérieurs sont relativement faibles ; la plus significative est celle des bailleurs de
fonds ne faisant pas partie de l’Organisation de coopération et de développement économiques (44 millions de
dollars EU par an), suivie par l’aide publique au développement (APD) des membres de l’OCDE (19 millions de
dollars par an). Par rapport à d’autres pays d’Afrique riches en ressources, la République du Congo attire peu de
financements privés en faveur de l’infrastructure.
Il existe un « écart d’efficacité » annuel de 0,32 milliard de dollars EU au sein des secteurs d’infrastructure.
Ces ressources sont présentes au sein du système mais, en raison des inefficacités, ne sont pas dépensées de
manière productive. Les défis sont notamment la sous-tarification des services (78 millions de dollars EU par
an), les inefficacités opérationnelles des services publics (79 millions de dollars par an), et la sous-exécution des
budgets d’investissement (52 millions de dollars par an). Dans les trois cas, le secteur énergétique est de loin le
plus coupable. De plus, 112 millions de dollars EU par an sont dépensés dans certains secteurs et pourraient être
réaffectées ailleurs de façon plus productive.
Si toutes ces inefficacités étaient éliminées, la République du Congo serait confrontée à un écart de
financement de l’infrastructure de 0,27 milliard de dollars EU par an, soit environ 4,7 % du PIB. Les déficits
d’investissement dans l’énergie et l’eau représentent la plus grande part de ce total. Aucun écart n’a été constaté
pour les transports. L’écart de financement a été calculé sur la base des niveaux de dépense du milieu des années
2000. Si les niveaux plus élevés de dépense de 2008-2009 pouvaient être maintenus, l’essentiel de l’écart
disparaîtrait.
En adoptant des technologies moins coûteuses pour atteindre les objectifs d’infrastructure, la République du
Congo réduirait son écart annuel de financement de 158 millions de dollars EU. D’autre part, sans les échanges
régionaux d’énergie, les coûts du secteur énergétique augmenteraient de 272 millions de dollars EU.
Si la République du Congo est incapable de maintenir sa dépense aux niveaux de ces dernières années, de
réaliser des gains d’efficacité, et de réduire les coûts par des choix technologiques appropriés, et si elle maintient
au contraire la dépense aux niveaux du milieu des années 2000, il faudra 78 ans au pays pour atteindre ses
objectifs d’infrastructure. En réalisant des gains d’efficacité et en maintenant la dépense au niveau du milieu des
années 2000, la République du Congo pourrait les atteindre en 31 ans.
La perspective continentale
Le Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) a recueilli et analysé des données
exhaustives sur la situation de l’infrastructure dans la plupart des pays subsahariens, dont la République du
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
3
Congo. Les résultats ont été présentés dans plusieurs rapports continentaux consacrés aux différents secteurs de
l’infrastructure (TIC, irrigation, énergie, transport, eau et assainissement) et aux différents domaines des
politiques (à savoir les besoins d’investissement, les coûts budgétaires et les performances sectorielles).
Ce rapport pays donne une vue d’ensemble des principales constatations de l’AICD pour la République du
Congo, afin de pouvoir comparer la situation de l’infrastructure du pays à celle de ses pairs africains, en
particulier les autres pays riches en ressources.
Les données ayant été collectées dans plusieurs pays, un décalage dans le temps est inévitable. L’AICD
couvre les années 2004-2007. La plupart des données techniques présentées concernent l’année 2006 (l’année
disponible la plus récente), tandis que pour les données financières, une moyenne a généralement été établie sur
la période disponible afin de compenser l’effet des fluctuations à court terme. De plus, il a fallut normaliser les
indicateurs et les analyses pour assurer la cohérence et permettre des comparaisons entre les pays. C’est
pourquoi certains des indicateurs peuvent être légèrement différents de ceux qui sont habituellement présentés et
examinés dans les pays.
Pourquoi l’infrastructure a-t-elle de l’importance ?
Au cours des dix dernières années, la contribution du secteur de l’infrastructure à la croissance annuelle par
habitant de la République du Congo a été de 0,5 point de pourcentage, beaucoup moins que la moyenne
régionale de 0,99 point. La croissance de la République du Congo est essentiellement due à l’extension de
l’accès à la téléphonie mobile, tandis que l’inefficacité de la distribution d’électricité freine l’économie.
La faible contribution passée de l’infrastructure à la croissance indique que la République du Congo peut
tirer des gains importants des améliorations dans ces secteurs. D’après des simulations, si l’infrastructure du
pays pouvait être améliorée jusqu’au niveau de Maurice, le pays le mieux classé de l’Afrique, les taux de
croissance annuelle par habitant pourraient augmenter de 3,7 points de pourcentage, contre une moyenne de 2,92
points pour l’ensemble du continent (Figure 1).
La majeure partie de la contribution potentielle à la croissance devrait provenir des améliorations dans le
secteur énergétique, notamment d’un accroissement de la capacité de production. Les données d’une enquête
auprès d’entreprises menée par la Banque mondiale et la SFI en 20091 indiquent que l’énergie est de loin la
contrainte d’infrastructure la plus importante pour les entreprises congolaises. Les entreprises interrogées
rapportent des pertes allant jusqu’à 16 % des ventes en raison des fréquentes coupures d’électricité, presque le
triple de la moyenne de 6 % de l’Afrique subsaharienne.
L’amélioration des routes contribuerait également de façon importante à la croissance. Par exemple, si les
liaisons routières étaient utilisées, le coût des importations vers le nord du pays passerait de 313 dollars EU par
tonne via Douala, à 267 dollars EU par tonne via Pointe-Noire ; et le développement de routes de raccordement
dans les régions de Pool et Cuvettes, dont le potentiel agricole est élevé, présente une rentabilité d’environ 34 %
(Briceño-Garmendia et Foster, 2009).
1 http://www.enterprisesurveys.org /ExploreEconomies/?economyid=49&year=2009
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
4
Figure 1. L’infrastructure n’a pas beaucoup contribué à la croissance, et pourrait y contribuer beaucoup plus
a. Contribution de l’infrastructure à la croissance annuelle par habitant, 2001-2005 par rapport à 1991-1995, en pourcentage
b. Améliorations potentielles de la croissance par habitant si l’infrastructure était améliorée jusqu’au niveau de Maurice, en %
Source : Calderon, 2008.
Le réseau d’infrastructure a la capacité de s’interconnecter avec les réseaux des pays voisins. Le réseau
électrique est déjà étroitement relié à celui de la République démocratique du Congo. Dans le secteur des
transports, un corridor routier, opérationnel mais dans un état général médiocre, relie Brazzaville et Pointe-Noire
et s’étend jusqu’aux frontières du Gabon à l’ouest, le Cameroun et l’Afrique centrale au nord, et l’Angola et la
République démocratique du Congo au sud et au sud-est. La République du Congo possède également
d’importants corridors ferroviaires et fluviaux.
Ce rapport commence par examiner les principaux réalisations et défis de chacun des grands secteurs de
l’infrastructure de la République du Congo, et les principales conclusions sont résumées ci-dessous (Tableau 1).
Il s’intéresse ensuite au problème du financement des besoins d’infrastructure non satisfaits dans la République
du Congo.
-1
-0.5
0
0.5
1
1.5
2
2.5
% d
u P
IB
telecom electricity roadstélécoms électricité route
-1
0
1
2
3
4
5
% d
u P
IB
telecom electricity roadstélécoms électricité route
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
5
Tableau 1. Réalisations et défis dans les principaux secteurs d’infrastructure économique du Congo
Réalisations Défis
Énergie Développement rapide de la capacité de production (300 mégawatts pour l’énergie thermique et 120 mégawatts pour l’énergie hydroélectrique)
Un réseau électrique national est prévu
Réhabilitation d’une ligne de transport HT de 425 kilomètres de Pointe-Noire à Brazzaville
Prix proche du recouvrement des coûts
Financement d’un énorme programme d’investissement
Fourniture d’une capacité de transport et de distribution suffisante pour transférer l’électricité disponible aux consommateurs
Réduction des fréquentes coupures d’électricité
Augmentation de l’accès à l’électricité, en particulier dans les zones rurales
Réduction des pertes dans le transport et la distribution
TIC Les deux tiers de la population sont couvert par le signal GSM
La pénétration de la téléphonie mobile est équivalente à celle des pays comparables
Il existe une certaine concurrence dans le secteur de la téléphonie mobile
Restructuration de Congo Telecom (SOTELCO) et ouverture à la participation privée
Amélioration de la qualité de la large bande
Baisse des prix
Transport de surface (routes et chemins de fer)
Le financement de l’entretien est en augmentation constante
Un solide programme d’investissement est en cours
Amélioration du réseau routier national
Création d’un réseau efficace de routes rurales
Passage du fond routier à un fond de deuxième génération, entièrement opérationnel
Le service des chemins de fer est lent, peu fiable, peu sûr, et cher
Assurer une connectivité routière et ferroviaire efficace entre Brazzaville-Pointe-Noire et Brazzaville-Kinshasa
Transport maritime et fluvial
L’un des meilleurs ports d’Afrique subsaharienne
Développement d’un plan directeur national pour les ports
Le fleuve Congo est un axe de transport rentable pour le bois du nord
Modernisation, développement et accroissement de la productivité régionale du port de Pointe-Noire
Dragage des affluents du fleuve Congo pour faciliter la production nationale de bois
Eau et assainissement
Une partie importante de la population a accès à l’eau courante
Réduction de l’utilisation des eaux de surface
Augmentation de l’accès aux sources d’eau améliorées dans les zones rurales
Éliminer les inefficacités du service public, en particulier la sous-tarification
L’état des infrastructures au Congo
Les réseaux d’infrastructure de la République du Congo ont généralement suivi les schémas d’urbanisation du
pays. Ils couvrent la région du sud-ouest et de là, s’étendent vers le haut, les liaisons les moins développées se
trouvant au nord-est (Figure 2). Cette répartition reflète le fait que la République du Congo est un pays à
prédominance urbaine. Les plus grandes villes sont concentrées au sud et au sud-ouest, autour des champs
pétroliers et des ressources minières connues, 61 % de la population vivant dans deux zones urbaines : la
capitale, Brazzaville, au sud-est, et le port principal de Pointe-Noire, au sud-ouest. Les immenses étendues de
forêt dense du pays sont fortement exploitées au sud-ouest, mais restent sous-exploitées dans la partie nord du
pays.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
6
Figure 2. Les réseaux d’infrastructure du Congo ont suivi les schémas d’urbanisation
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
7
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
8
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
9
Énergie
Réalisations
Le Congo nourrit l’ambitieux projet de doubler le taux d’accès à l’électricité en 2011. Des efforts sont en
cours pour améliorer la capacité de production et de transport afin d’atteindre cet objectif. La capacité de
production actuelle du pays est d’environ 361 mégawatts : les centrales hydroélectriques de Moukoukoulou et
Djoué fournissent respectivement 74 et 15 mégawatts, la centrale thermique au gaz de Brazzaville,
32 mégawatts, celle de Pointe Noire, également au gaz et récemment mise en service a une capacité de
150 mégawatts, et la centrale hydroélectrique d’Imboulou produit actuellement 90 mégawatts. La capacité du
barrage d’Imboulou, actuellement construite par une entreprise chinoise à 215 kilomètres au nord de
Brazzaville, sera étendue à 120 mégawatts avec la mise en service de la quatrième unité, prévue pour cette
année. La capacité de la centrale au gaz de Pointe-Noire sera doublée pour atteindre 300 mégawatts en 2011. Le
coût marginal à long terme du développement de cette capacité de production est d’environ 0,08 dollar EU par
kilowattheure. Des améliorations sont également prévues dans le transport du courant. En particulier, la ligne de
transport Pointe-Noire-Brazzaville va être réhabilitée et prolongée vers le nord en direction d’Ouando (à
550 kilomètres de la capitale).
Défis
Le secteur énergétique de la République du Congo est sous-développé en termes de capacité de production,
de consommation, d’accès et de fiabilité. Même si le pays ne dépend plus des importations depuis la
République démocratique du Congo, la distribution est peu fiable. La fréquence des coupures de courant a
obligé les entreprises et les ménages à accumuler une capacité totale de production propre de 207 mégawatts.
Celle-ci représente au total près de 60 % de la capacité du système national. L’accès à l'électricité est très
inférieur à la moyenne des pays africains pairs dans les zones aussi bien urbaines que rurales, mais la situation
est particulièrement dramatique dans ces dernières avec un taux d’accès de 16,74 % seulement (Tableau 2). Les
ménages des zones rurales appartenant aux deux quintiles supérieurs de revenus dépensent moins de 0,2 % de
leur budget en électricité, faute y avoir accès (Figure 5). Par contre, ils sont forcés d’utiliser des combustibles
alternatifs au fioul nettement moins propres. Malgré la médiocre qualité des services, les tarifs de l’électricité
(de 0,09 à 0,15 dollar EU le kilowattheure) sont parmi les plus élevés des systèmes à prédominance
hydroélectrique de l’Afrique (Figure 4).
En plus de l’insuffisance de la couverture et de la fiabilité du réseau, les réformes devront s’attaquer aux
inefficacités, qui génèrent d’importants coûts cachés et font grimper les tarifs (Figure 3). La Société nationale
d'électricité (SNE) est la principale source d’inefficacités dans le secteur. Les pertes dans le transport et la
distribution atteignent 47 % de la puissance générée, un chiffre élevé par rapport à la moyenne de 27 % des
autres pays africains riches en ressources. Les pertes financières associées équivalent à 37 % des recettes de la
SNE. Ceci est vraisemblablement dû au manque de maintenance et de réhabilitation du réseau de distribution
existant, et à une politique permissive envers les branchements clandestins. On observe aussi un sureffectif
relativement élevé par rapport à celui des autres compagnies d'électricité africaines. Enfin, la compagnie ne
recouvre que 88 % de ses factures. Ces coûts cachés significatifs entravent la capacité de la SNE à récupérer ses
coûts et limitent ainsi l’investissement dans la réhabilitation et l’extension du système. Les tarifs en vigueur,
déjà élevés par rapport aux normes continentales, suffisent à couvrir les coûts d’exploitation, mais, si on prend
en compte les besoins d’investissement, le recouvrement des coûts n’est que de 53 %.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
10
Tableau 2 : Comparaison des infrastructures énergétiques et de la capacité, du taux d’accès et des performances des services publics
Unité République du Congo Pays riches en ressources
Capacité de production installée MW/mil. d’habitants -85,6 42,2
Production d’électricité Kilowattheures/habitant 250 200,2
Coupures de courant Nbre par mois typique 27,4 15,8
Valeur perdue par les entreprises à cause des coupures de courant
% des ventes 15,7 7,2
Accès à l’électricité % population 34,9 46,1
Accès à l’électricité (zones urbaines) % population 51,3 78,7
Accès à l’électricité (zones rurales) % population 16,4 27,6
Collecte des recettes % de la facturation 91,0 77,5
Pertes dans la distribution % production 47,4 26,5
Récupération des coûts d’exploitation
Récupération des coûts % coût
112
53
77,7
55,9
Total coûts cachés % de la recette 86,1 83,6
Tarif (centimes de dollar EU par kilowattheure) Congo Prédominance hydroélectrique
Autres pays en développement
Tarif (résidentiel à 100 kilowattheures) 15,0 10,27 5,0–10,0
Tarif (commercial à 900 kilowattheures) 10,0 11,73
Tarif (industriel à 50 000 kilowattheures) 9,9 11,39
Source : Eberhard et al., 2008.
Seul le sud du pays a accès au réseau de la SNE, tandis que le nord en est réduit à la production hors-réseau,
bien plus coûteuse. De ce fait, le prix réel de l’électricité dans le nord est trois fois plus élevé que celui du sud.
Par exemple, toutes les concessions forestières du nord (et quelques-unes du sud) sont trop éloignées pour
bénéficier du réseau et doivent avoir recours à leurs propres générateurs au diésel pour le traitement du bois sur
place. Le coût de la production basée sur le diésel est estimé à 0,23 dollar EU par kilowattheure pour les
concessionnaires du sud, où le carburant est moins cher en raison de la proximité de Pointe-Noire, mais il est de
0,62 dollar EU par kilowattheure, donc presque trois fois plus, pour les concessionnaires du Nord.
Comparativement, le coût marginal à long terme de l’électricité du réseau est de 0,08 dollar EU par
kilowattheure et pourrait descendre à 0,06 dollar si le pays avait des infrastructures suffisantes pour importer de
l’électricité du Cameroun.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
11
Figure 3. Coûts cachés des compagnies d’électricité
Source : Briceño-Garmendia et coll. 2008.
Figure 4. Les tarifs de l’électricité du Congo sont relativement élevés
Tarif résidentiel réel à 100 kilowattheures
Source : Briceño-Garmendia et coll. 2008.
0 100 200 300 400 500 600
Benin
Cameroon
Ethiopia
Congo Rep
Chad
Ghana
Nigeria
Congo, Dem. Rep. of
% des recettes
unaccounted losses underpricing collection inefficiencies overmanning
Tchad
Congo, Rép.dém.du
Congo, Rép.du
Éthiopie Cameroun
Bénin
pertes non comptab. sous-tarification inefficacité collecte recettes sureffectif
0
5
10
15
20
25
30
35
Ch
ad
Cap
e V
erd
e
Mad
agas
car
Uga
nd
a
Bu
rkin
a F
aso
Sen
egal
Co
ngo
, Rep
. of
Ken
ya
Rw
and
a
Cam
ero
on
Nig
er
Ben
in
Cô
te d
'Iv
oir
e
Nam
ibia
Tan
zan
ia
Gh
ana
Les
oth
o
Sou
th A
fric
a
Mo
zam
biq
ue
Eth
iop
ia
Co
ngo
, Dem
. Rep
. of
Mal
awi
Nig
eria
Zam
bia
cen
ts d
e d
oll
ars
EU
Bén
in
Cap
-Ver
t
Ou
gan
da
Sén
égal
Co
ngo
, Rép
.du
Cam
ero
un
Nam
ibie
Tan
zan
ie
Afr
iqu
e d
u S
ud
Éth
iop
ie
Co
ngo
, Rép
.dém
. du
Zam
bie
Tch
ad
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
12
Figure 5. Part de l’électricité dans les budgets familiaux, 2005
Source : FMI, 2009.
Technologies de l’information et la communication
Réalisations
En République du Congo, la compétition s’est intensifiée ces dernières années sur le marché de la téléphonie
mobile. Grâce à cela, environ 70 % de la population du pays sont couverts par un signal GSM, contre 48 % dans
les pays africains riches en ressources (Tableau 3). La pénétration de la téléphonie mobile est également plus
élevée en République du Congo – 35 % par rapport à la référence de 24 % des pays riches en ressources. De
plus, le nombre d’abonnés a augmenté de 8,2 % de la population entre 2006 et 2008, contre 1,7 % dans un pays
africain ordinaire. En 2003, il y avait 330 000 abonnés, et à la fin de 2007, ils étaient environ 760 000, desservis
par les trois principaux opérateurs de téléphonie mobile : Zain Bharti Airtel, MTN Congo, et Warid Télécom
(Encadré 1). Ceux-ci sont entrés sur le marché entre 1997 et 2007. Un quatrième opérateur est apparu en 2010.
La progression de l’indice de Herfindahl-Hirschman (Indice HHI) au cours de la dernière décennie reflète le
dynamisme de la structure du marché (Figure 6).
La République du Congo s’est engagée à entreprendre plusieurs projets TIC de transformation.
Premièrement, le Projet de couverture nationale vise à étendre l’accès des zones reculées au haut débit, et à se
rapprocher de l’accès universel à la large bande. Le pays envisage également de se raccorder au système de
câble en fibre optique de l’Afrique de l’Ouest, grâce au Projet du système de câble ouest-africain (WACS,
présenté plus loin). Enfin, il mettra en œuvre une stratégie de connectivité efficace et utilisera cette connectivité
pour accroître l’efficacité de l’État dans le cadre du projet CAB CITCG de réseau dorsal de l’Afrique centrale,
financé par la Banque mondiale.
La République du Congo a récemment signé un accord de raccordement au câble sous-marin dans le cadre
du Projet WACS (West Africa Cable System), un câble de communication sous-marin prévu pour relier
l’Afrique du Sud au Royaume-Uni, le long de la côte ouest-africaine. La station d’atterrissage en République du
Congo fournira au pays sa première connexion directe au réseau mondial de câbles sous-marins.
0
0.5
1
1.5
2
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
éle
ctri
cité
en
% d
u b
ud
ge
t
quintile
national urban semi-urban ruralurbain semi-urbain
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
13
En 2008-2009, le Congo a conçu et adopté une nouvelle politique et une vision stratégique pour le secteur
des TIC (cyberstratégie), une feuille de route menant le Congo vers le niveau suivant de connectivité TIC, avec
pour objectif qu’il devienne une plaque tournante TIC régionale. En 2009, la République du Congo a adopté un
important cadre juridique et politique pour la réglementation des secteurs des postes et télécommunications. Il
est prévu pour étendre l’utilisation des nouvelles technologies dans le secteur.
Tableau 3: Comparaison des infrastructures TIC
Unité République du Congo Pays riches en ressources
Couverture GSM % population 75,0 47,7
Haut débit international Mbps/habitant 0,29 2,7
Internet Abonnés /100 personnes 0,03 0,3
Ligne terrestre Abonnés/100 personnes 0,41 1,1
Téléphonie mobile Abonnés/100 personnes 35,4 23,7
Prix (dollars EU) République du Congo
Sans câble sous-marin
Avec câble sous-marin
Autres régions en voie de développement
Prix du forfait mobile mensuel 18,8 11,1 13,6 9,9
Prix du forfait fixe mensuel — 13,6 16,7 —
Prix du forfait Internet de 20 heures 84,5 68,0 47,3 11,0
Prix d’un appel de 3 minutes aux États-Unis 5,4 2,6 1,4 2,0
Prix moyen d’un appel téléphonique interafricain — 0,72 0,44 s.o.
Source : Ampah et autres, 2009.
— = données pas disponibles ; s.o. = sans objet
Encadré 1. Opérateurs de téléphonie mobile du Congo
Zain : Est entré en service en tant que Celtel en décembre 1999 et a été rebaptisé Zain en 2008. Le nombre des abonnés de
la société est passé de 43 000 en décembre 2000 à 116 000 en décembre 2001, et à 165 000 en décembre 2002. En 2007,
Zain a atteint le cap des 1 014 000 abonnés.
MTN : Au départ filiale de Telecel, il a été acheté par Orascom, qui l’a rebaptisé Libertis en mai 2000, puis l’a cédé sans
condition à MTN en 2005. Le nombre des abonnés de Libertis est passé de 22 600 en 2000 à 47 635 en septembre 2001,
73 438 en septembre 2002, et 76 544 en décembre 2002. Lorsqu’en décembre 2005, MTN a acheté la société, celle-ci
comptait 210 000 abonnés, soit 35 % du marché. En décembre 2007, ce chiffre était passé à 330 000. Le chiffre d’affaire
mensuel moyen par utilisateur est resté constant à 20 dollars en 2006 et 2007.
Warid Télécom : En 2006, Warid Télécom annonçait la formation d’une coentreprise avec Congo Télécom (SOTELCO),
la société en place. L’État l’a autorisé à offrir les services à la fois vocaux et de transmission des données. Warid est entré
en activité en janvier 2008 et a déclaré vouloir investir 95 millions de dollars en cinq ans.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
14
Figure 6. Évolution de l’indice Herfindahl-Hirschman entre 2000 et 2010
Source : Wireless intelligence, 2010.
Défis
La plupart des réseaux de télécommunications, y compris le réseau national hertzien, ont été détruits pendant la
guerre. Tous ont été endommagés, à l’exception d’un central téléphonique à Pointe-Noire. Depuis lors, Congo
Télécom a entrepris un programme limité de réhabilitation des infrastructures. Une bonne partie du réseau
national utilise des connexions sans fil à travers des liaisons hertziennes de 32 Mbps. La République du Congo
compte actuellement trois sociétés de téléphonie mobile. Comme indiqué ci-dessus, la couverture GSM de la
population est de presque 70 %. Sur la base du pouvoir d’achat des consommateurs et leur volonté de payer pour
les services de téléphonie mobile, on estime que le secteur privé pourrait investir suffisamment l’année
prochaine pour couvrir encore 15 % de la population, sur une base commercialement viable (Figure 7). Pour
réaliser l’accès universel, des subventions seront néanmoins nécessaires pour couvrir les 15 % restants.
Le coût des connexions internationales est élevé en République du Congo. Un appel mobile d’une minute
vers Washington, DC coûte environ 0,96 dollar EU (Celtel) contre 0,40 dollar EU (Celtel et Vodacom). Les
appels internationaux et haut débit sont également plus chers que dans le reste de l’Afrique, et l’accès à Internet
est plus lent, à 0,3 Mbps contre 2,7 Mbps dans les pays riches en ressources de référence. Cependant, une fois
que le pays sera raccordé au câble sous-marin, ces chiffres devraient s’améliorer. Dans d’autres pays africains
déjà raccordés au câble sous-marin, les prix ont été réduits de moitié là où l’accès à la passerelle internationale
est concurrentiel.
Contrairement à la téléphonie mobile, la téléphonie fixe reste le monopole public de Congo Télécom
(anciennement Société des télécommunications du Congo, ou SOTELCO). Le Gouvernement a déclaré son
intention de privatiser Congo Télécom, mais vu l’instabilité financière de celui-ci, la chose s’avère improbable.
À la mi-2007, la société a annoncé qu’elle avait suspendu le paiement des salaires, afin d’éviter une débâcle
financière. Avec ses effectifs pléthoriques et la baisse de ses revenus, la société est confrontée à la faillite, à
moins d’élaborer et mettre en œuvre un plan de redressement.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
15
Figure 7. Couverture des télécommunications et écart de marché efficient
Source : Mayer et autres, 2009.
La densité des lignes fixes en République du Congo est faible et en déclin. La couverture était de 0,41
abonnés pour 100 habitants en 2005, moins de la moitié des pays riches en ressources comparables. Ce chiffre
est tombé à 0,35 abonnés pour 100 habitants en 2007 et à 0,24 en 2008. De plus, la qualité du réseau fixe se
détériore rapidement et devient un obstacle à l’expansion et à l’amélioration des services Internet. Une grande
partie du réseau des télécommunications, y compris le réseau national hertzien et les centraux téléphoniques de
Brazzaville, a été détruite pendant les combats. Il n’est donc pas étonnant que les coûts soient élevés. Le prix
d’un appel de trois minutes vers les États-Unis à travers le réseau fixe est de 5,40 dollars EU, deux fois celui des
pays pairs de la région (Tableau 3).
La faible disponibilité, les coûts élevés et la lenteur du raccordement à la téléphonie fixe ont freiné l’accès à
Internet en République du Congo. À la fin 2009, suivant l’ARPCE, le pays ne comptait que 15 000 abonnés à
Internet, dont la plupart via les réseaux GPRS (service général de paquets radio). Les connexions ADSL
0% 20% 40% 60% 80% 100%
South Africa
Nigeria
Rwanda
Uganda
Ghana
Benin
Côte d’Ivoire
Senegal
Kenya
Sudan
Malawi
Burkina Faso
Cape Verde
Cameroon
Ethiopia
Tanzania
Lesotho
Namibia
Botswana
Chad
Mozambique
Niger
Congo, Rep. of
Zambia
Madagascar
Congo, Dem. Rep. of
% de la population
coverage gap efficient market gap existing access
Congo, Rép. dém. du
Madagascar
Zambie
Congo, Rép. du
Niger
Mozambique
Tchad
Botswana
Namibie
Lesotho
Tanzanie
Éthiopie
Cameroun
Cap-Vert
Burkina Faso
Malawi
Soudan
Kenya
Sénégal
Côte d'Ivoire
Bénin
Ghana
Ouganda
Rwanda
Nigeria
Afrique du Sud
écart de couverture écart de marché efficient accès existant
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
16
(Asymmetric Digital Subscriber Line) n’étaient que de 121 en mai 2010, dont 11 seulement avaient accès à des
vitesses de liaisons descendantes de 512 kbps, le taux le plus élevé enregistré à l’époque. Selon Telegraphy.com,
le nombre d’abonnés au haut débit a été estimé à 130 en septembre 2010, et l’indice de préparation des pouvoirs
publics de la RDC a diminué au cours du temps (de 0,2855 en 2005 à 0,2737 en 2008).
La volonté politique et un renforcement institutionnel seront nécessaires pour assurer une mise en œuvre
réussie du nouveau cadre juridique et réglementaire, des nouveaux projets TIC, et de l’accord de câble sous-
marin. Dans le processus PPTE où la République du Congo a été engagée de 2006 à janvier 2010, le
déclencheur du point d’achèvement flottant était l’adoption d’un cadre réglementaire pour le secteur des
télécommunications qui a instauré la compétition au niveau des passerelles internationales et de la transmission
sans fil locale. Deux actions ont été entreprises pour répondre à l’exigence de l’initiative PPTE : premièrement,
l’abrogation d’un décret de 2004 rétablissant le monopole de l’opérateur historique Congo Télécom sur les
passerelles internationales et lui accordant l’exclusivité sur le marché de la transmission sans fil locale ; et
deuxièmement, l’adoption d’une nouvelle législation portant création de l’Agence de régulation des postes et
des communications électroniques (ARPCE) et assurant des régimes réglementaires clairs et transparents, en
particulier dans la gestion des fréquences.
Tableau 3 : Comparaison de l’infrastructure routière du Congo
Unité République du Congo
Pays riches en ressources
Afrique
subsaharienne
Densité des routes revêtues km/1000 km2 de terre arable 25 111 101
Densité des routes non revêtues km/1000 km2 de terre arable 11 287 340
Accessibilité SIG en milieu rural % de la population rurale dans un rayon de 2 km des routes régionales et nationales
34 21 23
Trafic sur routes revêtues Trafic journalier annuel moyen, voitures/jour 850 1,570 1,201
Trafic sur routes non-revêtues Trafic journalier annuel moyen, voitures/ jour 50 56 54
État des routes revêtues % dans un état bon ou satisfaisant 38 67 79
État des routes non-revêtues % dans un état bon ou satisfaisant 21 62 59
Source : Gwilliam et autres, 2008.
Transports de surface
Réalisations
Reconnaissant le caractère prioritaire du développement des transports de surface, l’État a alloué des
ressources énormes à leur amélioration. Leur potentiel de développement étant aussi élevé, le renforcement des
corridors de transport constitue un élément clé du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté
(DSRP). Des infrastructures de meilleure qualité au niveau des corridors peuvent favoriser la croissance des
services de transport et de logistique, surtout si la République du Congo retrouvait sa position de pays de transit
pour l’Afrique centrale. Par ailleurs, l’amélioration des infrastructures constitue une condition préalable au
développement d’activités productives dans d’autres secteurs, en particulier dans l’agriculture.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
17
Encadré 2. Le fonds routier du Congo
Le Fonds routier (FR) de la République du Congo a été mis en place en 2005 pour garantir le financement de : i) l’entretien
régulier et périodique du réseau des routes primaires, y compris les routes urbaines, nationales et rurales ; ii) la
réhabilitation du réseau routier ; iii) la sécurité routière ; iv) la protection du patrimoine routier national ; et v) la réalisation
d’études et l’appui technique dans les domaines susmentionnés.
Le fonds routier est administré par un Secrétariat permanent, sous la supervision d’un Comité de direction. La forte
implication et le contrôle du ministère des Travaux publics dans les activités du fonds entravent son autonomie. La
Direction des routes du ministère des Travaux publics se charge de programmer les activités de maintenance et de
réhabilitation des routes. À travers ses bureaux provinciaux, elle est également responsable de la supervision des travaux
une fois qu’ils sont en cours. Mais, en réalité, il engage souvent de ces firmes privées pour le faire.
Plus de 40 % du financement du FR est fourni par des transferts directs du budget général. Seuls 20 % proviennent des frais
imposés aux usagers et 12 %, des taxes et redevances sur les activités forestières commerciales. Même si cette contribution
est essentielle pour arriver au minimum de financement nécessaire pour l’entretien des routes, elle constitue le principal
facteur empêchant le bon fonctionnement du fonds en tant que fonds routier de seconde génération. Elle rend également le
financement incertain dans la mesure où l’engagement réel de ces ressources budgétaires dépend de la préparation du
budget général et des décisions d’exécution. Par ailleurs, malgré que ces taxes et frais soient régulièrement collectés, leur
produit n’est pas systématiquement et intégralement versé au fonds routier. Depuis le début de ses activités en 2005, à
l’exception de 2008, ce fonds n’a perçu qu’environ 60 % des ressources collectées en son nom par le Trésor.
Même si les ressources du fonds routier ont sensiblement augmenté depuis sa création en 2004, elles ne suffisent pas à
assurer un entretien régulier et adéquat du réseau des routes prioritaires du pays. En conséquence, les projets de
maintenance et de réhabilitation sont sans cesse reportés, avec pour résultats un retards important. De plus, environ la
moitié des ressources du fonds sont utilisées pour la réhabilitation, ne laissant que la moitié pour les activités de
maintenance pure.
Pour améliorer l’efficacité du FR, deux mesures seront sans doute nécessaires. Tout d’abord, le financement prévu doit être
automatiquement transférés au fonds routier. Ensuite, les ressources de celui-ci doivent être concentrées sur l’entretien, la
réhabilitation étant laissée au budget public.
Pour aider à réaliser le potentiel de développement des transports de surface du pays, plusieurs initiatives
ont été lancées. Un plan national de transport (PNT), adopté en 2004, inclut de nouveaux investissements et des
travaux de réhabilitation sur une période de 15 ans pour tous les types de transport, dans une perspective
multimodale. Un programme d’investissement dans les routes à grand trafic est également en cours en vue
d’améliorer la connectivité régionale et nationale de base et les liaisons entre la capitale et la côte, les postes
frontières internationaux et les chefs-lieux de provinces. La plus notable est la nouvelle route Brazzaville-
Pointe-Noire qui devrait être opérationnelle peu après 2012. Un fonds routier a été crée en 2005 afin de garantir
le financement de l’entretien et de la réhabilitation des routes (Encadré 2). La conception de ce fonds routier
présente un certain nombre de problèmes et, le volume du trafic étant très limité, il pourrait rester fortement
tributaire des subventions du budget général. Enfin, l’amélioration de la gestion du CFCO, l’opérateur
ferroviaire national, connaît regain d’intérêt grâce à un partenariat avec le secteur privé. En 2005, la tentative
d’introduction d’une gestion privée via un accord de concession a été un échec, en grande partie à cause de
l’incapacité à faire face aux coûts sociaux et infrastructurels d’une telle transaction.
Défis
Avant 1980, la République du Congo traitait le trafic commercial en provenance et à destination de la
République centrafricaine, de la République démocratique du Congo et du Gabon. Les principaux corridors
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
18
intérieurs du pays (Pointe-Noire-Brazzaville par la route et le chemin de fer, Brazzaville-Ouesso par la route, et
Brazzaville-Sangha-Oubangui par le fleuve) reliaient les grandes villes au principal port du pays et facilitaient la
circulation des biens et services entre les grands centres économiques de la région. Le commerce avec le Gabon
s’est effondré après que celui-ci ait mis en place son propre réseau ferroviaire (Transgabonais) au milieu des
années 1980, et que le Congo ait ainsi perdu le trafic en transit du minerai à partir du Gabon. Une grande partie
du trafic de transit de la République démocratique du Congo a également été détournée vers Matadi sur le fleuve
Congo, et vers d’autres corridors internationaux. Cette situation perdure : le nord du pays est maintenant
desservi par le port camerounais de Douala, tant pour les importations que pour les exportations, essentiellement
à cause de la non-navigabilité des cours d’eau intérieurs (voir ci-dessous). Quelque 100 000 tonnes
d’importations sont acheminées vers Brazzaville, par voie maritime de Pointe-Noire à Matadi, avant d’être
réimportées par voie terrestre via Kinshasa, au lieu d’être transférées directement à partir de Pointe-Noire.
La couverture routière de la République congolaise est limitée. La densité des routes revêtues par rapport
aux terres arables représente moins de 25 % de la valeur de référence des pays riches en ressources, et la densité
des routes non revêtues est inférieure à 4 % de cette valeur. De plus, les routes sont en mauvais état après des
années de négligence et de conflit. Seuls 38 % du réseau revêtu et 21 % du réseau non revêtu sont dans un état
bon ou satisfaisant. Le reste de l’infrastructure routière non classée est souvent non fonctionnel (Tableau 3).
Bien qu’au Congo, l’accessibilité rurale soit supérieure à la valeur de référence des pays comparables (34 % de
la population rurale vit dans un rayon de deux kilomètres d’une route régionale ou nationale contre 21 % pour la
référence), cela reflète simplement la forte concentration de population autour des zones urbaines et des routes
existantes. L’État a planifié une amélioration majeure du réseau routier rural une fois que le réseau principal
aura été achevé.
Le réseau ferroviaire du pays figure parmi les pires de l’Afrique en termes de qualité des services et de
sécurité (Tableau 4). Le trafic ferroviaire a chuté de deux tiers au cours du conflit (avec un arrêt de service
pendant quelques mois) et il n’a jamais retrouvé son niveau antérieur. Les tarifs sont aussi parmi les plus élevés
de l’Afrique, à 0,16 dollar EU par tonne-kilomètre, soit trois fois plus que ceux de l’Afrique australe. Le
corridor ferroviaire du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) de la République du Congo comprend une ligne
principale de 510 kilomètres reliant Brazzaville au port de Pointe-Noire et un raccordement de 285 kilomètres
au nord tombé en désuétude en raison du délabrement de la ligne. La principale ligne en service est lente, peu
fiable, dangereuse et coûteuse à cause du manque de réhabilitation et d’entretien des voies, de la vétusté et de
l’insuffisance du matériel roulant, du déficit de gestion et des limitations des ressources humaines.
La réhabilitation du CFCO et l’amélioration de ses performances a une importance stratégique pour
l’économie du pays. L’État prévoit d’impliquer le secteur privé afin de la mobiliser des ressources financières
additionnelles et les compétences techniques et managériales essentielles. De manière générale, les concessions
ferroviaires en Afrique ont amélioré la performance opérationnelle et stimulé le trafic (Bullock 2009). Mais la
mise en concession de la CFCO a jusqu’ici été difficile pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la compagnie a des
dettes et obligations sociales à apurer vis-à-vis de l’État. Elle ne dispose également pas d’un inventaire détaillé
de ses actifs. De plus, étant donné que la compagnie est sur le point de perdre son monopole sur le corridor
Pointe-Noire-Brazzaville, elle doit mettre au point un nouveau tarif et une stratégie commerciale qui permettront
d’atteindre un équilibre entre ses objectifs commerciaux et de service public dans le cadre d’un régime
transparent de subventions à payer par l’État pour les services passagers. Finalement, la compagnie n’a aucune
stratégie claire pour le renouvellement et le renforcement de ses ressources humaines, bien qu’elle ait lancé un
plan de recrutement pour des centaines d’employés et se soit embarquée dans un plan d’investissement
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
19
pluriannuel de 70 milliards de francs CFA en faveur de la réhabilitation des voies et de l’amélioration du
matériel roulant, financé à 100 % par l’État.
Table 4. Analyse comparative des infrastructures ferroviaires du Congo, 2010
Chemin de fer CFCO CAMRAIL SNCC Transrail Madarail Sitarail
Pays République du Congo
Cameroun RDC Sénégal & Mali
Madagascar
Côte d’Ivoire & Burkina Faso
Volume du trafic, unités de trafic (en millions)
354 1 282 241 443 160 909
Densité du trafic, fret, 1 000 tonnes-km/km 348 1 161 66 344 236 721
Densité du trafic, passager, 1 000 passagers-km/km
260 420 10 35 9 —
Performance
Employés: 1 000 unités de trafic par employé
168 571 19 278 164 692
Disponibilité des locomotives en % — 86 22 55 81 93
Fréquence des déraillements, unités de trafic/ déraillements ligne principale (en millions)
— 26,0 0,8 2,2 1,3 101,0
Tarification
Tarif unitaire moyen, fret, cents EU/tonne-kilomètre
17,0 8,9 21,5 7,2 5,8 6,7
Source : Banque mondiale, AFTTR (l’unité de transport du Département Afrique)
— = Données non disponibles.
Les investissements dans les secteurs routier et ferroviaire seraient plus efficaces s’ils étaient combinés de
manière à soutenir les activités productives le long des corridors « naturels » existants. Comme le montre une
analyse récente des corridors d’infrastructure (Briceño-Garmendia et Foster 2009), des lots d’investissements
multimodaux intégrés dans ces corridors devraient avoir une meilleure rentabilité que les mêmes
investissements effectués de manière isolée. Les investissements dans le corridor routier, par exemple, devraient
avoir plus de rentabilité s’ils sont combinés à des investissements dans les routes de desserte des zones à fort
potentiel agricole vers les marchés intérieurs, tels que Sangha et Cuvette-Ouest dans le nord, ou les Plateaux
dans le sud-est. En outre, le taux de rentabilité d’investissements dans l’amélioration des cours d’eau ou les
routes de desserte pourrait doubler s’ils étaient accompagnés de l’amélioration des routes et des corridors
ferroviaires en aval. Le lot d’investissement dans les corridors du pays présentant la meilleure rentabilité (avec
une prévision de 24 %) est celui reliant Pointe-Noire à Brazzaville par le rail, et Brazzaville à Ouesso par voie
fluviale. Le corridor routier nord, qui relie Brazzaville aux zones agricoles correspondantes, a également un taux
de rentabilité prévu de 12 %.
Les investissements dans les transports de surface doivent être planifiés et réalisés en coordination avec les
pays voisins. Par exemple, un pont route-rail entre Kinshasa et Brazzaville supprimerait la nécessité de traverser
le fleuve Congo en barges au coût estimé à 20 dollars EU/tonne-kilomètre. Pour mettre les choses en
perspective, les coûts du transport ferroviaire sont estimés à 0,17 dollar EU par tonne-kilomètre et ceux du
transport routier entre 0,20 et 0,30 dollar EU par tonne-kilomètre.
L’entretien périodique est essentiel pour éviter des investissements plus lourds dans la réhabilitation du
réseau routier. Un fonds routier fonctionnel de seconde génération constitue une étape importante vers la
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
20
réalisation de cet objectif. En premier lieu, il devrait concentrer ses ressources sur l’entretien plutôt que sur la
réhabilitation des routes, tandis que celle-ci pourrait être directement financée à partir du budget et exécutée par
une unité spécialisée au sein du ministère des Transports (DGGT). En deuxième lieu, les charges imposées aux
usagers devraient être ajustées afin d’assurer un financement suffisant à l’entretien. En troisième lieu, le fonds
pourrait bénéficier d’une plus grande autonomie dans la programmation et la supervision des travaux.
Trafic maritime et fluvial
Réalisations
Le port en eau profonde de Pointe-Noire (Port autonome de Pointe-Noire, PAPN), en République du Congo,
est l’un des meilleurs ports naturels d’Afrique. Largement épargné par les effets du conflit, il est aussi le plus
concurrentiel, attractif pour l’investissement, et le mode de transport le mieux entretenu du pays. Il fonctionne
dans le cadre d’un accord de concession de 27 ans signé en 2008, par le groupe français Bolloré et ses
partenaires locaux, et comprenant l’expansion des installations portuaires.
La République du Congo est l’un des sept pays africains doté d’un plan directeur portuaire national.
L’autorité portuaire l’a élaboré et a obtenu 798 millions de dollars EU d’engagements d’investissement privés,
pour doubler non seulement les 17 hectares de l’actuel terminal à conteneurs, mais aussi la capacité de débit
annuelle de 300 000 EVP en huit ans. Le programme d’investissement du port comprend également
l’approfondissement du port pour pouvoir accueillir des navires de maximum 6 000 EVP, la réhabilitation des
quais et entrepôts, la construction de réseaux de drainage et d’alimentation électrique, ainsi qu’un parc à bois.
Le fleuve Congo et ses affluents ont autrefois offert une voie de transport d’un bon rapport coût-efficacité
pour le bois de la République démocratique du Congo et de la République centrafricaine. Toutefois, à cause du
manque d’entretien et des effets du réchauffement climatique, des parties importantes de ce système fluvial sont
fermées à la navigation pendant plusieurs mois par an. En particulier, ses affluents Sangha et Oubangui, qui
desservaient les concessions forestières congolaises, n’arrivent plus à soutenir complètement la production
nationale. Le bois en transit peut encore flotter sur le fleuve principal jusqu’à la capitale, avant d’être chargé sur
des trains pour être acheminé vers la côte et exporté. Le transport fluvial par barge était largement utilisé à
l’époque coloniale et, avec 0,05 dollar EU par tonne-kilomètre, il reste un moyen de transport peu coûteux.
Cependant, la navigabilité peu fiable du fleuve réduit en grande partie les avantages liés à la modicité des coûts.
Dès que les corridors routiers, ferroviaires et fluviaux auront été restaurés en amont, le port de Pointe-Noire
devrait être en mesure de récupérer un trafic de transit important. La restauration de la navigabilité des rivières
Sangha et Oubangui devrait permettre au port de Pointe-Noire de faire concurrence à Douala en tant que
corridor commercial pour la partie nord de la République du Congo. De même, l’amélioration de la route et de
la liaison ferroviaire Pointe-Noire-Brazzaville devrait permettre au port d’attirer le trafic des exportations et des
importations de la République démocratique du Congo. Dans un scénario optimiste, la République du Congo
pourrait récupérer l’entièreté de ses propres importations (qui sont actuellement déviées vers Matadi), la moitié
des importations vers Kinshasa et Kisangani, et la moitié des exportations de bois de la République
démocratique du Congo. Ceci pourrait doubler les quelque deux millions de tonnes du trafic des exportations de
bois passant par Pointe-Noire. En conséquence, la valeur globale des biens échangés devrait doubler, passant de
3,3 à 6,6 milliards de dollars EU par an ; les recettes du transport devraient grimper de 135 à 278 millions de
dollars EU par an ; et les recettes de la TVA du secteur des transports doubleraient également, même si elles
sont très faibles au départ. L’impact sur les recettes douanières serait nettement moindre, puisque les droits
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
21
d’importation ne sont perçus que sur les marchandises destinées à la République du Congo et non sur le trafic en
transit.
Défis
Pour réaliser le potentiel du port de Pointe-Noire et du transport fluvial, la République du Congo doit relever
plusieurs défis. Tous d’abord, les performances du port, bien qu’habituelles dans les autres ports d’Afrique
centrale, offrent pas mal d’opportunités d’amélioration des principaux paramètres d’efficacité (Tableau 5). En
particulier, la compétitivité des frais de manutention et l’efficacité administrative sont essentiels, étant donné
que Pointe-Noire est confronté à des distances et à des coûts de fret semblables à ceux des ports situés en
République démocratique du Congo. Ceci est particulièrement vrai pour les importations, pour lesquelles les
procédures administratives représentent un tiers du coût total, contre 7 % seulement pour les exportations
(Briceño-Garmendia et Foster 2009). En dehors de Pointe-Noire, les affluents Sangha et Oubangui du fleuve
Congo doivent être dragués pour devenir de grands corridors de transport pour la production nationale de bois.
Selon le plan national de transport, cet investissement se chiffrerait autour de 30 millions de dollars EU.
Tableau 5. Analyse comparative du port de Pointe-Noire
Port Luanda Boma Matadi Pointe-Noire
Apapa Cotonou Tema
Pays Angola RDC RDC République du Congo
Nigeria Bénin Ghana
Trafic
Conteneurs manipulés (EPV/an) 377 208 10 000 200 000 150 000 430 000 158 201 420 000
Capacité marchandises générales (tonnes/an)
4 000 000 500 000 1 700 000 5 000 000 5 000 000 2 500 000 8 500 000
Frais de manutention (dollar EU/tonne)
Marchandises générales 8,5 10 10 5,5 8 8,5 10
Vrac solide 5 — 8 2,8 — 5 3
Efficacité
Temps d’immobilisation à quai des conteneurs (jours)
12 — 25 18 42 12 25
Temps de traitement des camions (heures)
14 — 18 12 6 6 8
Capacité des grues (conteneurs/ heures)
7 6 10 6,5 28 — 39
Capacité des grues (tonnes/heure) 16 5 6 7,5 9 15 13,5
— = donnée non disponible.
Transport aérien
Réalisations
La République du Congo dispose d’un marché aérien intérieur de taille moyenne et d’un petit marché
international dont le trafic est en baisse. La connectivité est faible, mais la capacité en sièges est élevée sur les
lignes desservies. Avant la guerre, la République du Congo était une plaque tournante aérienne importante dans
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
22
la région. En raison du délabrement des réseaux routier et ferroviaire du Congo, le transport aérien continue de
jouer un rôle important dans le transport et la connectivité nationaux et régionaux. La République du Congo
compte cinq aéroports nationaux : Dolisie, Nkayi, Owando, Impfondo et Ouesso, ainsi que plusieurs aéroports
plus petits. Deux aéroports internationaux sont situés à Brazzaville et Pointe-Noire, et le troisième est en
construction dans la partie nord du pays, à Ollombo. Les services sont actuellement assurés par plusieurs
transporteurs privés et par l’opérateur national, Air Congo. Les destinations régionales comprennent Douala,
Libreville, Cotonou, Abidjan, Lomé, Luanda et Kinshasa
Défis
D’après l’audit de l’OACI, la sécurité aérienne en république congolaise est nettement inférieure aux
normes internationales. Elle serait grandement renforcée si l’autorité congolaise de l’aviation civile acquérait les
compétences adéquates pour réglementer la sécurité du secteur. Néanmoins, compte tenu de la taille réduite du
secteur de l’aviation dans le pays, un renforcement des capacités de réglementation sera difficile à maintenir et
le Congo pourrait envisager de s’associer à des autorités de l’aviation civile plus grandes, telles que celle du
Cameroun, pour maintenir et/ou améliorer sa capacité globale de réglementation dans des domaines clés tels que
l’octroi des licences aux aéronefs et aux équipages aériens.
Alimentation en eau et assainissement
Réalisations
La République du Congo se situe bien par rapport aux autres pays africains en ce qui concerne l'accès à l'eau
courante : 26 % de la population y a accès contre une moyenne régionale de 17 % (Tableau 6). Mais cet accès
concerne beaucoup plus les zones urbaines, avec un taux de 46 %, que rurales où il est seulement de 11 %. Deux
tiers de la population rurale du pays (un tiers de la population totale) utilise toujours les eaux de surface comme
principale source d'approvisionnement (Figure 8).
Tableau 6 : Comparaison de l’accès à l'eau et assainissement et des performances des services des eaux
Unité République du Congo Riches en ressources Afrique subsaharienne
Accès à l’eau courante* % de la population 25,8 12,8 16,6
Accès aux bornes-fontaines* % de la population 23,5 12,6 15,6
Accès aux puits/forages* % de la population 15,3 49,0 41,5
Accès aux eaux de surface* % de la population 30,3 23,7 32,7
Toilettes à chasse d’eau* % de la population 5,3 11,2 9,8
Latrines améliorées* % de la population 15,1 6,4 9,2
Latrines traditionnelles* % de la population 69,8 54,8 52,4
Défécation en plein air* % de la population 9,5 27,6 34,2
Consommation domestique de l’eau** Litre/habitant/jour 25 78,9 102,9
Collecte des recettes** % des ventes 88,0 69,7 94,4
Pertes dans la distribution** % de la production 45 43,9 33,4
Recouvrement des coûts % des coûts totaux 51,6 59,3 44,2
Tarif (cents de dollar EU par m3)** République du Congo Ressources en eau rares Autre régions en développement
Tarif résidentiel (pour 30 m3) ** 48,6 60,26 3,0-60,0
Tarif non résidentiel (pour 100m3/mois)** 48,6 120,74
Sources : * Enquête auprès des ménages, 2001 ; correspond à l'accès au niveau national. ** Base de données AICD, 2005 ; ne fait référence qu'à la SNDE.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
23
Figure 8. L'accès à l'eau courante et à un assainissement amélioré est plus élevé en milieu urbain
a. Eau
b. Assainissement
Source : Banerjee et autres, 2008.
Défis
La grande majorité de la population nationale continue de recourir à des services d'assainissement non
améliorés. La couverture en toilettes à chasse d’eau est extrêmement faible (5 % dans la République du Congo
contre 11 % dans le groupe de référence), et les latrines traditionnelles restent la principale source
d'assainissement en milieu tant urbain que rural. Le pays a malgré tout enregistré des progrès notables dans la
réduction de la défécation en plein air en augmentant l'utilisation des latrines traditionnelles. Seuls 10 % de la
population pratiquent encore la défécation en plein air contre 28 % dans les autres pays africains riches en
ressources.
À l’avenir, le pays devra réduire le large écart d'accès entre les zones rurales et urbaines. Certains des
réussites récentes en Afrique ont résulté d’une combinaison de réformes dans les domaines susmentionnés.
Malgré des niveaux d'accès relativement élevés, le service public des eaux urbain, la SNDE (Société
nationale de distribution d'eau), reste très inefficace. Ses inefficacités génèrent d'importants coûts cachés,
équivalents à plus de 150 % de ses recettes. La SDNE réussit à peine à collecter 60 % des recettes dont elle a
0102030405060708090
100
piped supply publicstandposts
wells/boreholes surface water
% d
e l
a p
op
ula
tio
n
urban rural
Eau courante Bornes-fontaines Puits/forages Eaux de surface
publiques
urbain
0102030405060708090
100
septic tank improvedlatrine
traditionallatrine
no facility
% d
e l
a p
op
ula
tio
n
urban ruralurbain
Fosses septiques Latrines Latrines sans
améliorées traditionnelles équitement
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
24
besoin pour fonctionner efficacement. La principale source d'inefficacité est la sous-tarification (Figure 9). Le
tarif de l'eau est de 0,49 dollar EU par mètre cube, un montant nettement inférieur à celui des autres pays
africains doté de ressources en eau rares, et qui ne permet de récupérer qu’environ 52 % des coûts du service
public. Les pertes non comptabilisées et le sous-recouvrement des factures contribuent également aux coûts des
inefficacités, mais dans une bien moindre mesure. Les pertes de distribution sont relativement élevées – 45 %
contre 33,4 % dans les autres pays africains riches en ressources. Le taux de collecte des recettes (88 %) est
relativement bon par rapport aux 69,4 % des autres pays riches en ressources. En s’attaquant à ces inefficacités,
le service public pourrait améliorer son assise financière, et être en meilleure position pour investir davantage
dans l'expansion du réseau.
Figure 9. Les coûts cachés des services d'eau au Congo sont élevés
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
Financement des infrastructures de la République du
Congo
Pour répondre à ses besoins d’infrastructure les plus pressants et rattraper son retard par rapport aux pays en
développement des autres régions du monde, la République du Congo doit développer ses actifs infrastructurels
dans les domaines clés (Tableau 7). Les objectifs décrits ci-dessous sont purement indicatifs mais représentent
tout de même des aspirations qui ne sont pas déraisonnables. Élaborés de manière standardisée pour l’ensemble
des pays africains, ils permettent une comparaison entre pays de l’accessibilité financière de la réalisation des
objectifs, qui peuvent, si nécessaire, être modifiés ou retardés pour maintenir un équilibre budgétaire.
0 50 100 150 200 250 300 350
Benin
South Africa
Congo, Dem. Rep. of
Tanzania
Congo, Rep. of
Ethiopia
Ghana
Nigeria
% des recettes
unaccounted losses underpricing
collection inefficiencies
Éthiopie
Congo, Rép. du
Tanzanie
Congo, Rép. dém. du
Afrique du Sud
Bénin
pertes non comptabilisées sous-tarification
inefficacités dans la collecte des recettes
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
25
Tableau 7. Objectifs indicatifs des investissements dans l’infrastructure du Congo pour la période 2005-2015
Objectif économique Objectif social
TIC Liaisons en fibre optique vers les capitales voisines et le câble sous-marin.
Signal vocal GSM et accès universel de la population rurale au haut débit
Énergie Production supplémentaire de 1 689 mégawatts Interconnecteurs de 498 mégawatts
Couverture de l’électricité de 53 % (84 % en milieu urbain)
Transport Connectivité nationale et régionale grâce à la réhabilitation de 1 052 kilomètres de routes nationales existantes, 1 318 kilomètres de routes régionales et 305 kilomètres de voies ferrées existantes.
Réseau de routes rurales nécessaires pour relier 80 % de la valeur totale de la production agricole nationale. Ceci implique de fournir un accès à 48 % de la population. L’ensemble de la population urbaine est située à moins de 500 mètres d’une route praticable en toutes saisons.
Eau et assainissement Non applicable Réaliser l’OMD relatif à l’eau et assainissement : 85 % de la population bénéficient d’un accès à une source d’eau améliorée et 60 % de la population ont accès à un assainissement amélioré, d’ici 2015.
Pour répondre aux besoins infrastructurels du pays d’ici 2015, 946 millions de dollars EU seraient
nécessaires chaque année. C’est dans le secteur de l’électricité que les besoins en capital sont les plus élevés :
selon les estimations, 483 millions de dollars seraient nécessaires annuellement pour suivre le rythme de la
demande, avec l’installation de 1 689 mégawatts de nouvelles capacités hydroélectriques et 498 mégawatts de
nouvelles transmissions transfrontalières chaque année. Bien que minimes par rapport aux immenses besoins du
secteur électrique, les besoins du secteur de l’eau et assainissement sont également importants, avec 216
millions de dollars EU par an, et ceux du secteur des transports sont substantiels, avec 163 millions de dollars
EU par an. Les besoins de dépense paraissent comparativement modestes dans le secteur des TIC, où les acteurs
privés jouent un rôle central. Dans l’ensemble, les dépenses d’investissement représentent 77 % des besoins de
dépense avec 438 millions de dollars EU, ou 60 % du total en capital, étant destinés au secteur de l’électricité
(Tableau 8). Enfin, l’exploitation et maintenance représente plus de 40 % des besoins de dépense dans le secteur
des transports.
Tableau 8. Besoins indicatifs de dépense dans l’infrastructure du Congo, de 2005 à 2015
Secteur
Millions de dollars EU par an
Dépenses d’investissement
Exploitation et maintenance
Total besoins de dépense
TIC 40 44 84
Électricité 438 44 482
Transport 94 69 163
AEA 159 57 216
Total 731 215 946
Note : Les chiffres se rapportent aux investissements, à l’exception du secteur public qui comprend également les dépenses récurrentes. Le secteur public regroupe les pouvoirs publics et les entreprises non financières. Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
Les besoins de dépense de la République du Congo représentent l’équivalent de 16 % de son PIB. Bien
qu’élevé, ce chiffre est semblable à la moyenne de l’ensemble du continent (15 %) et légèrement plus élevé que
celle des pays riches en ressources (12 %) (Figure 10).
Les dépenses actuellement consacrées aux infrastructures par la République du Congo s’élèvent à 463
millions de dollars EU par an. Le secteur public représente 82 % de ce total (381 millions de dollars EU), tandis
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
26
que les financiers non membres de l’OCDE2 en représentent 10 % (44 millions de dollars EU) et l’aide publique
au développement (APD) ainsi que le secteur privé en représentent environ 4 % chacun. Le secteur public
finance la totalité des dépenses d’exploitation, soit par ses ressources budgétaires soit à travers le paiement des
usagers. Ensemble, les secteurs des transports et de l’énergie rassemblent environ 80 % des flux annuels destinés
aux secteurs infrastructurels. Le secteur public contribue à 71 % des dépenses d’investissement. Les financiers
non membres de l’OCDE – principalement la Chine – s’imposent de plus en plus comme une source importante
de financement des infrastructures et contribuent à 16 % des dépenses totales d’investissement. Comme l’on
peut s’y attendre pour un pays riche en ressources comme le Congo, l’APD ne constitue qu’une part
relativement faible des dépenses d’investissement (7 % seulement). Enfin, le secteur privé représente 6 % du
total des dépenses d’investissement, principalement dans les TIC. Globalement, les dépenses d’investissement
représentent 60 % du total des dépenses dans l’infrastructure (Tableau 9).
Figure 10. Les besoins de dépense du Congo sont élevés mais semblables à ceux des autres pays africains.
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
Les dépenses du pays dans l’infrastructure sont déjà substantielles par rapport à la taille de son économie :
8 % du PIB, un niveau supérieur à la moyenne des pays riches en ressources et de ses pairs africains (Figure 11).
Ce niveau de dépense est toutefois nettement inférieur aux 15 % de son PIB que la Chine a consacré aux
infrastructures au cours des vingt dernières années, mais il constitue néanmoins un effort et un engagement
important en faveur du développement des infrastructures dans un pays qui se sort tout juste d’un conflit
dévastateur.
Les schémas d’investissement de la République du Congo diffèrent fortement de ceux des autres pays riches
en ressources, ce qui est probablement dû aux sources sous-jacentes du financement des infrastructures. Par
rapport à ses pairs africains, les investissements du pays sont nettement plus importants dans le secteur des
2 Les pays non-membres de l’OCDE comprennent la Chine, l’Inde et les pays du Golfe Pour plus d’information, veuillez
visiter http://www.ppiaf.org/documents/ebook-BuildingBridges.pdf
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Cameroon
Nigeria
Benin
Congo, Rep.
Congo, Dem. Rep. of
middle-income countries
resource-rich countries
nonfragile low-income countries
fragile low-income countries
Sub-Saharan Africa
% du PIB
capital expenditure operations and maintenance
Afrique subsaharienne
Pays fragiles à faible revenu
Pays non fragiles à faible revenu
Pays riches en ressources
Pays à revenu intermédiaire
Congo, Rép. dém. du
Congo, Rép. du
Bénin
Cameroun
dépenses en capital exploitation et maintenance
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
27
infrastructures de transport, à peu près les mêmes dans le secteur de l’électricité et très inférieurs dans les
secteurs des TIC, de l’eau et de l’assainissement. L’absence de financement PPI dans l’électricité et les
transports est notable par rapport aux pairs africains. De même, presque aucune APD ne vient soutenir les
secteurs de l’eau et de l’assainissement, ce qui contraste avec les autres pays de la région. Le pays dépend
fortement des financements publics et de quelques financements non OCDE pour les transports et l’énergie alors
que, dans les autres pays riches en ressources, les financiers externes jouent un rôle bien plus important (Figure
12).
Tableau 9. Dépenses annualisées dans l’infrastructure du Congo pour toutes les sources (moyenne annuelle 2004-07)
Secteur
Millions de dollars EU par an
E&M Dépenses en capital
Total
Secteur public Secteur public APD
Financements non-OCDE PPI
Dépense en capital totale
TIC 6 6 0 0 18 24 30
Énergie 62 32 2 31 0 65 128
Transport 89 139 17 12 0 168 258
AEA 28 19 0 1 0 20 48
Total 185 196 19 44 18 278 463
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008. Note : Le secteur public prend en compte les financements sur le budget et hors budget. APD = Aide publique au développement apportée par les pays de l’OCDE ; PPI = participation privée dans les infrastructures.
Figure 11. Au Congo, les financements publics destinés aux infrastructures sont importants
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
0 2 4 6 8 10 12
Congo, Dem. Rep. of
Cameroon
Nigeria
Congo, Rep. of
Benin
CEMAC
fragile low-income countries
resource-rich countries
middle-income countries
nonfragile low-income countries
Sub-Saharan Africa
% of GDP
capital expenditure operations and maintenance
Afrique subsaharienne
pays fragiles à faible revenu
pays non fragiles à faible revenu
pays riches en ressources
pays à revenu intermédiaire
Congo, Rép. dém. du
Congo, Rép. du
Bénin
Cameroun
dépenses en capital exploitation et maintenance
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
28
Figure 12. Principales sources d’investissement en capital dans les infrastructures du Congo
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
Les investissements publics proviennent presque entièrement de l’État central. Ni les services publics des
eaux et ni ceux de l’électricité ne signalent aucun investissement important financé par leurs propres ressources.
D’un autre côté, les dépenses d’exploitation proviennent principalement des entreprises publiques (Figure 13).
Ces dernières années, les dépenses publiques budgétisées ont connu une forte hausse, en particulier les
investissements dans le transport routier. Après un déclin prononcé en 2006, les dépenses budgétaires dans les
routes et l’électricité ont atteint des niveaux sans précédent en 2008 (Figure 14). La valeur absolue de la dépense
destinée aux routes a atteint une moyenne de 35 dollars EU par an et par habitant, ce qui est élevé en
comparaison des autres pays africains. Le programme d’investissement porte principalement sur la
réhabilitation, la modernisation et l’élargissement du réseau principal. Toutefois, les estimations budgétaires
pour 2009 étaient nettement inférieures aux dépenses de 2008, ce qui remet en question la possibilité de
maintenir durablement un niveau élevé de dépenses publiques.
Congo Pays riches en ressources
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
3.0
3.5
ICT power transport WSS ICT power transport WSS
% d
u P
IB
public ODA non-OECD PPI
TIC énergie transport AEA TIC énergie transport AEA
APD non-OCDE
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
29
Figure 13. Responsabilité des dépenses d’investissement et d’E&M au Congo, par secteur
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
Figure 14. Dépenses budgétaires dans les infrastructures, 2004-2006
Source : journal budgétaire de la République du Congo.
Note : les données 2004-2008 sont réelles ; celles de 2009 sont budgétisées.
operations and maintenance
capital expenditure
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
3.0
3.5
% d
u P
IB
public enterprises government entreprises publiques État
0
50
100
150
200
250
300
2004 2005 2006 2007 2008 2009
mil
lio
ns
de
do
lla
rs E
U
ICT power roads water irrigation other transportTIC énergie routes eau autres transports
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
30
Une augmentation semblable a été constatée dans le financement de l’entretien et de la réhabilitation des
routes. Les ressources allouées à ces travaux à travers le fonds routier ont doublé entre 2005 et 2007, et ont
encore augmenté de 50 % en 2008 pour atteindre 54 millions de dollars EU (Tableau 10). Bien que ce niveau de
dépenses suffise à couvrir les coûts d’entretien du réseau existant, environ la moitié des ressources du fonds ont
été allouée à la réhabilitation. Pour remédier à cette situation, le fonds routier devrait avoir le mandat clair de
fournir des ressources à l’entretien uniquement, tandis que la réhabilitation serait prise en charge par le budget
d’investissement.
Tableau 10. Flux existants des ressources destinées au secteur routier, en millions de dollars EU par an
Routes Autres transports
Année Dép. en capital
E&M État central
E&M fonds routier*
Total Dép. en capital
E&M État central
Total
2004 68 2 0 71 14 2 16
2005 67 1 16 84 42 2 44
2006 12 1 26 39 7 13 20
2007 208 1 35 245 91 8 99
Moyenne 2004–07 89 1 26 110 39 6 45
2008 276 3 54 333 73 7 80
* 50 % des ressources du fonds routier sont consacrées à la réhabilitation.
Chaque année, il serait possible de récupérer 322 millions de dollars EU en utilisant de manière plus
efficace les ressources budgétaires existantes du pays. Sur cette somme, 209 millions de dollars EU pourrait
provenir de gains d’efficacité (meilleure exécution du budget d’investissement, recouvrement des coûts et
efficacité opérationnelle) tandis que 112 millions pourraient provenir d’une réallocation plus efficace des
ressources.
La réduction des inefficacités opérationnelles pourrait faire baisser les coûts cachés de 79 millions de dollars
EU (soit 1,3 % du PIB). Sur cette somme, les pertes de distribution (en particulier dans le secteur de l’électricité)
représentent annuellement 51 millions de dollars EU et le sureffectif (principalement dans le service public de
l’électricité) 20 millions. Enfin, 8 millions de dollars EU supplémentaires pourraient être économisés chaque
année en mettant fin au sous-recouvrement des recettes des services publics des eaux et de l’électricité (Tableau
11)
Tableau 11. Gains potentiels d’une meilleure efficacité opérationnelle.
Secteur Millions de dollars EU par an
TIC Électricité Transport AEA Total
Sureffectif — 17 — 3 20
Pertes — 49 — 2 51
Sous-recouvrement des recettes — 7 0 1 8
Sous-entretien — — 0 — 0
Total — 73 0 6 79
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
— = données non disponibles.
En République du Congo, les services des infrastructures sont sous facturés, en particulier l’eau et
l’électricité : 78 millions de dollars supplémentaires pourraient être recouvrés si les tarifs étaient augmentés
jusqu’à leur niveau de recouvrement des coûts (Tableau 12). Lorsque l’ensemble des coûts d’exploitation et
d’investissement sont pris en compte, le coût historique moyen de la production électrique en République du
Congo est de 0,82 dollar EU par kilowattheure. À titre de comparaison, le tarif moyen en vigueur dans le pays
est de 0,15 dollar EU par kilowattheure, ce qui ne permet de couvrir que 53 % des coûts. En cela, le pays ne se
démarque pas des autres pays riches en ressources. Dans le secteur de l’eau, le coût total moyen de la production
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
31
d’eau est estimé à 0,80 dollar EU par mètre cube alors que le tarif moyen facturé ne s’élève qu’à 0,26 dollar EU,
ce qui ne couvre à peu près que les coûts d’exploitation et maintenance. En conséquence, les principaux services
publics du secteur ne couvrent que 33 % de leurs coûts, un niveau très inférieur aux autres pays riches en
ressources (Figure 15).
Tableau 12. Gains potentiels d’un meilleur recouvrement des coûts
Secteur Millions de dollars EU par an
Exprimé en pourcentage du PIB
TIC — —
Électricité 56 0,92
Transport 5 08
Eau 17 28
Total 78 1,28
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008. — = données non disponibles.
Figure 15. Recouvrement des coûts dans les secteurs de l’eau et de l’électricité
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
La sous-tarification de l’eau et de l’électricité est souvent justifiée par des préoccupations d’accessibilité
financière mais des tarifs assurant le recouvrement des coûts devraient être abordables pour la majorité de la
population. Pour déterminer l’accessibilité financière des tarifs assurant le recouvrement des coûts en
République du Congo, on suppose qu’un ménage peut se permettre de consacrer 5 % de son budget aux factures
des services publics. En estimant à 0,80 dollar EU par mètre cube le tarif de recouvrement des coûts pour l’eau,
une facture d’eau mensuelle coûterait entre 3,20 et 8,00 dollars pour une consommation mensuelle de
subsistance de 4 à 10 mètres cubes. À ce niveau, les tarifs de l’eau seraient abordables pour 95 à 100 % de la
population. Pour l’électricité, le recouvrement des coûts serait assuré avec un tarif estimé à 0,82 dollar EU par
kilowattheure. La facture mensuelle d’électricité se situerait alors entre 7,00 et 14,00 dollars EU pour une
consommation mensuelle de subsistance de 25 à 50 kilowatts. Ces tarifs de l’électricité seraient abordables pour
70 à 95 % de la population.
0
10
20
30
40
50
60
70
Congo resource-rich countries
% d
es
coû
ts t
ota
ux
power sector water sectorsecteur de l'énergie secteur de l'eau
pays riches en ressources
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
32
Figure 16. Accessibilité financière des tarifs permettant le recouvrement des coûts
Dans leur ensemble, les inefficacités du secteur de l’électricité entraînent des coûts cachés représentant un
peu plus de 2 % du PIB, un taux se situant parmi les plus élevés des autres pays riches en ressources (Figure 16).
Dans le secteur de l’eau, les inefficacités se traduisent par des coûts cachés représentant environ 0,3 % du PIB,
un niveau semblable aux autres pays riches en ressources (Figure 16).
Figure 17. Coûts cachés des inefficacités des secteurs de l’eau et de l’électricité
a. Électricité
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
% d
e l
a p
op
ula
tio
n
facture mensuelle des services publics (en dollars EU)
Congo middle-income countries low-income countriespays à revenu intermédiaire pays à faible revenu
0 1 2 3 4 5
South Africa
Benin
Ethiopia
Nigeria
Congo, Rep. of
Tanzania
Ghana
Congo, Dem. Rep. of
% du PIB
unaccounted losses underpricing collection inefficiencies overmanning
Congo, Rép. dém. du
Ghana
Tanzanie
Congo, Rép. du
Nigeria
Éthiopie
Bénin
Afrique du Sud
pertes non comptabilisées
sous-tarification inefficacité de la collecte des recettes
sureffectif
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
33
b. Alimentation en eau
Source : Briceño-Garmendia et autres, 2008.
Le faible taux d’exécution du budget dans les secteurs des infrastructures a entraîné quelque 52 millions de
dollars EU de pertes par an. De 2004 à 2007, l’État a consacré en moyenne 157 millions de dollars EU par an,
soit environ 3 % du PIB, pour appuyer la prestation des services infrastructurels dans les quatre secteurs.
Toutefois, en moyenne seuls 67 % des allocations budgétaires ont été exécutées. Le taux d’exécution du budget
d’investissements a été particulièrement faible dans le secteur de l’électricité (41 % des allocations budgétaires).
Une meilleure efficacité de l’exécution budgétaire pourrait donc permettre de disposer chaque année de 52
millions de dollars supplémentaires pour les infrastructures.
En réallouant les ressources au sein des secteurs et entre eux, le Congo pourrait également gagner
respectivement 38 et 74 millions de dollars EU à consacrer aux besoins infrastructurels (Tableau 14).3 Pour
commencer, le pays dépense beaucoup plus dans l’entretien qu’il le devra une fois que son portefeuille
d’infrastructures routières et hydroélectrique sera élargi. Dans le secteur de l’électricité, environ 18 millions de
dollars EU pourraient être soustraits chaque année du budget d’exploitation et maintenance pour être réalloués
aux investissements. Dans le secteur des transports, 20 millions de dollars EU pourraient être réalloués
annuellement aux dépenses d’investissement au sein du secteur. En second lieu, le vaste programme
d’investissements routiers du pays constitue un effort pour rattraper son retard en matière d’investissement dans
la réhabilitation et l’extension du réseau routier. À long terme, ce niveau de dépense finira par dépasser les
besoins, si bien que 74 millions de dollars EU pourront être réalloués à d’autres secteurs aux besoins
3 Ceci se rapporte aux dépenses au-delà des besoins de dépenses d’investissement ou d’exploitation estimés pour réaliser les
objectifs de développement infrastructurel. Dans ce contexte, les ressources financières totales pourraient être réparties en
trois catégories : les dépenses liées aux besoins de soutien, celles susceptibles d’être réallouées au sein d’un même secteur
et celles susceptibles d’être réallouées à d’autres secteurs. Les réallocations potentielles au sein des secteurs correspondent
aux dépenses pouvant être réallouées à un meilleur usage économique, par exemple de l’exploitation et maintenance aux
dépenses en capital. Les réallocations potentielles entre secteurs correspondent aux dépenses qui pourraient avoir une
meilleure rentabilité économique en étant attribuées aux secteurs présentant les plus grands besoins.
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
Tanzania
Nigeria
Benin
Ethiopia
Congo, Rep. of
South Africa
Ghana
% du PIB
unaccounted losses underpricing collection inefficiencies overmanning
Ghana
Afrique du Sud
Congo, Rép. du
Éthiopie
Bénin
Nigeria
Tanzanie
pertes non comptabilisées
sous-tarification inefficacité de la collecte des recettes
sureffectif
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
34
d’investissement plus élevés. Au total, approximativement 112 millions de dollars pourraient être récupérés
chaque année grâce à la réallocation au sein d’un même secteur ou en direction d’un autre (Tableau 14).
Tableau 14. Écarts de financement par secteur, basés la dépense publique de 2004-2007
Millions de dollars EU par an TIC Électricité Transport AEA Intersectoriel Total**
Besoins 84 482 163 216 946
Dépenses liées aux besoins* 30 109 163 48 351
Potentiel de réallocation au sein du secteur (opex-capex) 0 18 20 0 38
Gains potentiels d’efficacité 0 146 40 23 209
Potentiel de réallocation entre secteurs 74
(Déficit) ou excédent (54) 208 60 145 74 (274)
Notes : *moyennes annuelles pour 2002-2007 basées sur les données disponibles ; ** totaux calculés en supposant une absence de limitation des réallocations entre les secteurs.
Les dépenses dans l’infrastructure destinées aux besoins de la République du Congo s’élèvent déjà à 351
millions de dollars EU par an, soit près de 40 % du déficit infrastructurel estimé. Si les inefficacités
opérationnelles étaient éliminées, 209 millions de dollars EU pourraient être récupérés. Enfin, 112 millions de
dollars EU de dépenses existantes pourraient être réalloués au sein des secteurs ou entre eux en faveur de ceux
ayant les plus grands besoins. Après la prise en compte de toutes ces ressources, la République du Congo reste
confrontée à un écart de financement annuel des infrastructures de l’ordre de 274 millions de dollars EU,
environ 4,7 % du PIB, pendant les dix prochaines années. Plus de 60 % de cet écart correspond au secteur de
l’électricité (208 millions de dollars EU). La majeure partie de cette somme est liée au développement des
nouvelles capacités de production dont le pays aura besoin pour satisfaire sa demande d’énergie. Pour réaliser
les OMD, le secteur de l’alimentation en eau et assainissement enregistre également un écart de financement
important, de l’ordre de 145 millions de dollars EU par an jusqu’en 2015. Le reste de l’écart se rattache aux
TIC, qui auraient besoin de 54 millions de dollars EU. Aucun écart de financement n’a été trouvé dans le secteur
des transports (voir Tableau 14).
Si le pays était capable de maintenir son niveau soutenu de financement des infrastructures de 2008-2009,
l’écart de financement finira par disparaître (Tableau 15). Des déficits perdureraient dans tous les secteurs mais
il y aurait également un fort potentiel de réallocation des ressources entre les secteurs, ce qui comblerait les
écarts de financement. Cela suppose toutefois la réalisation de tous les gains d’efficacité potentiels, ce qui
devrait prendre plusieurs années, et aucune limitation des réallocations.
Tableau 15. Écarts de financement par secteur, sur la base du niveau de la dépense publique de 2008-2009
Millions de dollars EU par an TIC Électricité Transport AEA Intersectoriel Total**
Besoins 84 482 163 216 946
Dépenses liées aux besoins* 50 225 163 76 514
Potentiel de réallocation au sein du secteur (opex-capex) 0 23 22 0 45
Gains potentiels d’efficacité 0 214 94 23 332
Potentiel de réallocation entre secteurs 271 217
(Déficit) ou excédent 34 20 116 117 271 216
Notes : *moyennes annuelles pour 2008–2009 basées sur les données disponibles ; ** totaux calculés en supposant une absence de limitation des réallocations entre les secteurs.
L’écart de financement des infrastructures pourrait également être fortement réduit par le recours à des
énergies alternatives pour atteindre les objectifs. Dans le cas de l’alimentation en eau et assainissement, le coût
de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement pourrait être fortement réduit, de 216 à 115
millions de dollars EU par an (soit une économie annuelle de 101 millions de dollars EU), en n’utilisant pour
l’extension des services que des technologies moins coûteuses, telles que les bornes-fontaines, les forages et les
latrines améliorées plutôt qu’en maintenant les actuelles solutions haut de gamme. De même, le coût de la
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
35
réalisation des objectifs de connectivité du secteur des transports pourrait être réduit de 163 à 106 millions de
dollars EU par an (une économie annuelle de 57 millions de dollars EU) en recourant à des technologies à
moindre coût telles qu’un traitement de surface simple au lieu de l’asphalte.
Sans le commerce régional de l’électricité, l’écart de financement serait sensiblement plus élevé. Les
estimations de coûts présentées ici pour l’électricité sont basées sur l’hypothèse que le commerce régional de
l’électricité se développera pleinement au sein du Pool énergétique de l’Afrique centrale. Il permettrait à la
République du Congo d’importer environ 4 térawattheures d’une électricité moins chère à partir du Cameroun.
Sans ces importations, le coût de la satisfaction de la demande à l’aide des seules ressources nationales passerait
de 482 à 754 millions de dollars EU par an, creusant ainsi l’écart de financement des infrastructures de 272
millions de dollars EU.
Si les dépenses destinées aux infrastructures ne sont pas maintenues à leur niveau de 2008-2009, l’écart de
financement des infrastructures subsistera, même si tous les gains d’efficience sont obtenus. Dans ce cas, la
République du Congo devra trouver des ressources supplémentaires pour le combler. L’obtention de ressources
supplémentaires hors budget pourrait avoir d’autres avantages que celui du financement. Par exemple, des
mécanismes de financement transfrontaliers, tels que l’investissement dans la production et le transport de
l’électricité, ainsi que des projets conjoints dans le secteur des transports, tels que le pont ferroviaire et routier
Kinshasa-Brazzaville, pourraient stimuler le développement des corridors régionaux d’infrastructure. De plus,
en attirant les investissements du secteur privé dans ses secteurs infrastructurels, la République du Congo
pourrait bénéficier d’un savoir-faire technique et managérial crucial en matière de développement infrastructurel
et de prestation des services. Comme l’a récemment fait observé une évaluation du climat de l’investissement
(Banque mondiale, 2009), une participation accrue du secteur privé dans l’économie nécessitera des réformes du
cadre juridique et réglementaire.
A moins que la République du Congo ne prenne certaines des mesures politiques décrites plus haut, la
réalisation de ses objectifs infrastructurels sera fortement retardée. Si le pays ne parvient pas à maintenir un
niveau de dépenses semblable à celui de 2008-2009, à réaliser des gains d’efficacité ni à réduire les coûts grâce
à des choix technologiques adaptés, mais qu’il retourne au contraire au niveau de dépense du milieu des années
2000, il lui faudra 78 ans pour atteindre ses objectifs infrastructurels, nettement plus que les dix années prises
comme hypothèse de départ. En réalisant des gains d’efficacité et en maintenant sa dépense au niveau des
années 2000, le pays pourrait réaliser ses objectifs infrastructurels au bout de 31 ans. Même si ce délai reste
significatif, il illustre à quel point l’élimination des inefficacités est importante ; en d’autres termes, les gains
d’efficacité pourrait raccourcir de 50 ans le calendrier des infrastructures du pays.
Enfin, pour que les infrastructures puissent contribuer pleinement à la diversification économique du pays, il
est également d’une importance vitale de s’attaquer aux questions de la gouvernance, de l’établissement des
priorités et de la faible capacité d’absorption. L’agenda d’investissement identifié pour le pays – pour les seuls
secteurs des transports et de l’énergie – représente plus de 30 % du PIB national. L’augmentation conjoncturelle
du cours du pétrole s’est transformée en une occasion unique de financer certains de ces projets ; mais la durée
et la portée de cette manne pétrolière seront limitées. Des investissements sélectifs sont absolument nécessaires
pour diversifier l’économie. Cependant, la capacité du secteur public à augmenter efficacement ses dépenses est
très limitée et un renforcement des capacités sera nécessaire pour améliorer non seulement la planification mais
aussi la sélection, la conception et la gestion des projets. Un tiers du budget d’investissement dans
l’infrastructure n’est pas dépensé si bien que, même lorsque les projets sont planifiés et les ressources
disponibles pour permettre les investissements, la capacité d’exécution est limitée. Du côté de l’offre, la capacité
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
36
du secteur privé à répondre à l’accroissement de la demande résultant de la dépense publique s’est également
avérée limitée, et le manque de capital humain et physique a freiné la création de nouveaux actifs et provoqué
une augmentation disproportionnée des prix dans les activités et les intrants liés à la construction. Une analyse
des prix du béton à Brazzaville et à Pointe Noire vient confirmer cette situation : depuis 2006, ces prix ont
doublé dans les deux villes. Du point de vue macroéconomique, la hausse soudaine de la dépense publique crée
des conditions propices à une appréciation du taux de change qui pourrait sévèrement entraver la compétitivité
du pays sur les marchés internationaux, si elle n’est pas compensée par des politiques et des investissements
améliorant la productivité et les capacités de passation des marchés.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
37
Bibliographie
Ce rapport pays s’appuie sur un large éventail de documents, bases de données, modèles et cartes qui ont été
produits dans le cadre du Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique. Tout ce matériel peut être téléchargé à
partir du site web du projet : www.infrastructureafrica.org. Pour les documents, allez à la page
http://www.infrastructureafrica.org/aicd/documents, pour les bases de données, allez à la page
http://www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/data, pour les modèles, allez à la page
http://www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/models et pour les cartes, allez à la page
http://www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/maps. Les références des documents utilisés pour le présent rapport
pays sont fournies ci-dessous.
Général
Infrastructures africaines : Une transformation impérative (site Web de l’AICD),
http://www.infrastructureafrica.org
Foster, Vivien et Cecilia Briceño-Garmendia, ed. 2009. Infrastructures africaines : Une transformation
impérative. Paris et Washington, DC: Agence française de développement et Banque mondiale.
Croissance
Calderón, César. 2009. ―Infrastructure and Growth in Africa,‖ Document de travail consacré à la recherche sur
les politiques 4914, Banque mondiale, Washington, DC.
Escribano, Alvaro, J. Luis Guasch, et Jorge Pena. 2010. ―Assessing the Impact of Infrastructure Quality on Firm
Productivity in Africa.‖ Document de travail consacré à la recherche sur les politiques 5191, Banque
mondiale, Washington, DC.
Yepes, Tito, Justin Pierce, et Vivien Foster. 2009. ―Making Sense of Africa’s Infrastructure Endowment: A
Benchmarking Approach.‖ Document de travail consacré à la recherche sur les politiques 4912, Banque
mondiale, Washington, DC.
Financement
Briceño-Garmendia, Cecilia, Karlis Smits, et Vivien Foster. 2009. ―Financing Public Infrastructure in Sub-
Saharan Africa: Patterns and Emerging Issues.‖ Document de référence AICD 15, Région Afrique,
Banque mondiale, Washington, DC.
Technologies de l’information et de la communication
Ampah, Mavis, Daniel Camos, Cecilia Briceño-Garmendia, Michael Minges, Maria Shkratan, et Mark
Williams. 2009. ―Information and Communications Technology in Sub-Saharan Africa: A Sector
Review.‖ Document de référence AICD 10, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Mayer, Rebecca, Ken Figueredo, Mike Jensen, Tim Kelly, Richard Green, et Alvaro Federico Barra. 2009.
―Connecting the Continent: Costing the Needs for Spending on ICT Infrastructure in Africa.‖ Document
de référence AICD 3, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
38
Wireless Intelligence, https://www.wirelessintelligence.com/.
Irrigation
Svendsen, Mark, Mandy Ewing, et Siwa Msangi. 2008. ―Watermarks: Indicators of Irrigation Sector
Performance in Africa.‖ Document de référence AICD 4, Région Afrique, Banque mondiale,
Washington, DC.
You, L., C. Ringler, G. Nelson, U. Wood-Sichra, R. Robertson, S. Wood, G. Zhe, T. Zhu, et Y. Sun. 2009.
―Torrents et Trickles: Irrigation Spending Needs in Africa.‖ Document de référence AICD 9, Région
Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Énergie
Eberhard, Anton, Vivien Foster, Cecilia Briceño-Garmendia, Fatimata Ouedraogo, Daniel Camos, et Maria
Shkaratan. 2008. ―Underpowered: The State of the Power Sector in Sub-Saharan Africa.‖ Document de
référence AICD 6, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Foster, Vivien, et Jevgenijs Steinbuks. 2009. ―Paying the Price for Unreliable Power Supplies: In-House
Generation of Electricity by Firms in Africa.‖ Document de travail consacré à la recherche sur les
politiques 4913, Banque mondiale, Washington, DC.
Rosnes, Orvika, et Haakon Vennemo. 2009. ―Powering Up: Costing Power Infrastructure Spending Needs in
Sub-Saharan Africa.‖ Document de référence AICD 5, Région Afrique, Banque mondiale, Washington,
DC.
Transport
Bullock, Richard. 2009. ―Off Track: Sub-Saharan African Railways.‖ Document de référence AICD 17, Région
Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Carruthers, Robin, Ranga Rajan Krishnamani, et Siobhan Murray. 2009. ―Improving Connectivity: Investing in
Transport Infrastructure in Sub-Saharan Africa.‖ Document de référence AICD 7, Région Afrique,
Banque mondiale, Washington, DC.
Gwilliam, Ken, Vivien Foster, Rodrigo Archondo-Callao, Cecilia Briceño-Garmendia, Alberto Nogales, et
Kavita Sethi. 2008. ―The Burden of Maintenance: Roads in Sub-Saharan Africa.‖ Document de
référence AICD 14, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Heinrich C. Bofinger. 2009. ―An Unsteady Course: Growth and Challenges in Africa’s Air Transport Industry.‖
Document de référence AICD 16, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Kumar, Ajay, et Fanny Barrett. 2008. ―Stuck in Traffic: Urban Transport in Africa.‖ Document de référence
AICD 1, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Ocean Shipping Consultants, Inc. 2009. ―Beyond the Bottlenecks: Ports in Africa.‖ Document de référence
AICD 8, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Teravaninthorn, Supee, et Gael Raballand. 2008. ―Transport Prices and Costs in Africa: A Review of the Main
International Corridors.‖ Document de travail 14, Africa Infrastructure Sector Diagnostic, Banque
mondiale.
INFRASTRUCTURE DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO : UNE PERSPECTIVE CONTINENTALE
39
Alimentation en eau et assainissement
Banerjee, Sudeshna, Vivien Foster, Yvonne Ying, Heather Skilling, et Quentin Wodon. ―Cost Recovery, Equity,
and Efficiency in Water Tariffs: Evidence from African Utilities.‖ Document de travail AICD 7, Banque
mondiale, Washington, DC.
Banerjee, Sudeshna, Heather Skilling, Vivien Foster, Cecilia Briceño-Garmendia, Elvira Morella, et Tarik
Chfadi. 2008. ―Ebbing Water, Surging Deficits: Urban Water Supply in Sub-Saharan Africa.‖
Document de référence AICD 12, Région Afrique, Banque mondiale, Washington, DC.
Keener, Sarah, Manuel Luengo, et Sudeshna Banerjee. 2009. ―Provision of Water to the Poor in Africa:
Experience with Water Standposts and the Informal Water Sector.‖ Document de travail 13, Banque
mondiale, Washington, DC.
Morella, Elvira, Vivien Foster, et Sudeshna Ghosh Banerjee. 2008. ―Climbing the Ladder: The State of
Sanitation in Sub-Saharan Africa.‖ Document de référence AICD 13, Région Afrique, Banque
mondiale, Washington, DC.
Autres
Banque mondiale. 2009. ―Investment Climate Assessment for Congo.‖ Financial and Private Sector
Development, West and Central Africa (AFTFW), Washington, DC.
Briceño-Garmendia, C., et V. Foster. 2009. ―Republic of Congo: Prioritizing Infrastructure Investments—A
Spatial Approach.‖ Document non publié, Banque mondiale, Washington, DC.
Collier, P, et S. O’Connell. 2006. ―Opportunities and Choices in Explaining African Economic Growth.‖ Center
for Study of African Economies, Oxford.
FMI. Octobre 2007. Regional Economic Outlook: Sub-Saharan Africa. Washington, DC: FMI.
FMI. Février 2009. Republic of Congo: Selected Issues. Rapport Pays No. 09/72. Washington DC: FMI.