framavectoriel, à peine lancé et déjà utilisé pour faire

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Framavectoriel, à peine lancé et déjà utilisé pour faire du Mondrian en Corse ! Nous avons annoncé la sortie du projet Framavectoriel il y a à peine quelques heures. Et l’on nous a gentiment signalé sur Twitter qu’on l’utilisait déjà avec des enfants dans un espace public numérique corse ! Il s’agit de l’espace Cyber-base emploi / P@m de Folelli dans la cadre d’un CLAE (Centre de Loisirs Associé à l’Ecole).

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Framavectoriel, à peine lancé etdéjà utilisé pour faire du Mondrianen Corse !

Nous avons annoncé la sortie du projet Framavectoriel il y a à peine quelquesheures.

Et l’on nous a gentiment signalé sur Twitter qu’on l’utilisait déjà avec des enfantsdans un espace public numérique corse !

Il s’agit de l’espace Cyber-base emploi / P@m de Folelli dans la cadre d’un CLAE(Centre de Loisirs Associé à l’Ecole).

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Nous en sommes ravis et félicitations à tous ces petits Mondrian en herbe �

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Quand le politique se met auservice du privé pour que le publicarrête le libre !« L’affaire OpenJustitia » qui se déroule actuellement en Suisse est un cas trèsintéressant.

Comme on peut le lire sur le site du projet, OpenJustitia est « un ensemble delogiciels spécifiques pour les tribunaux. Le Tribunal fédéral a développé cesderniers de sa propre main et les a personnalisés à ses propres besoins.OpenJustitia permet notamment une recherche efficace dans les décisions dutribunal. »

Il a donc été développé en interne et, comme son nom le suggère, il est libre(sous lience GNU GPL v3) et a d’ailleurs reçu un prix dernièrement aux CH OpenSource Awards 2012.

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Nous voici donc en présence d’un logiciel libre métier développé et mutualisé parl’administration. D’ailleurs le canton de Vaud a d’ores et déjà signé uneconvention de collaboration avec le Tribunal fédéral.

C’est exactement ce que prône en France une association comme l’ADULLACTavec la fameuse citation de son président François Elie : « l’argent public ne doitpayer qu’une fois ».

Sauf qu’un parti politique (et derrière lui un éditeur de logiciels propriétaires) nel’entendent pas de cette oreille, comme nous le rapporte l’ICTjournal.

Pour ce qui concerne l’éditeur, c’est (plus que) maladroit mais (malheureusement)compréhensible :

L’entreprise bernoise Weblaw, éditrice de logiciels de tribunaux propriétaires,estime que le Tribunal fédéral et sa solution font de l’ombre aux fournisseursprivés de logiciels. Le Tribunal fédéral doit-il s’occuper de droit ou de logiciels ?

Mais ce qui l’est moins c’est de voir l’UDC lui emboîter le pas et ne pas saisirl’intérêt, voire le bon sens, à utiliser du logiciel libre dans les institutionspubliques :

Le Conseil fédéral doit examiner, à la demande de l’UDC, si le Tribunal fédérala le droit de d’agir comme fournisseur du logiciel open-source Openjustitia. Enagissant de la sorte, ce dernier délivrerait des services non liés à sescompétences judiciaires.

Il est « totalement absurde » que le Tribunal fédéral fonctionne commedistributeur de logiciels, a déclaré Martin Baltisser, secrétaire général del’UDC. Selon lui, d’une part le Tribunal fédéral n’aurait aucun intérêt

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prépondérant à agir en tant que fournisseur de logiciels, d’autre part il seraitégalement dépourvu de base légale. Selon la Constitution et la Loi sur lesfinances de la Confédération, l’Etat ne peut intervenir au niveau commercialuniquement s’il n’existe pas d’offre privée et qu’une loi l’y autorise. Le Tribunalfédéral réplique qu’il ne réalise «aucun service commercial», comme le projetest open source, le logiciel est mis à disposition gratuitement.

Comme on peut le voir ci-dessous, on en a même parlé le 20 octobre dernier à laRTS mais, triste classique, en occultant complètement le libre pour n’évoquer quele gratuit :

D’autres voix se font heureusement entendre, comme celle de l’élu des VertsFrançois Marthaler qui conteste, à juste titre et avec vigueur, cette demande declarification de l’UDC sur son blog :

Je veux bien croire que la situation économique de Weblaw soit menacée. Maisje ne peux pas imaginer que les pouvoirs publics se trouvent empêchés dedévelopper des solutions plus performantes et surtout moins onéreuses, dansl’intérêt de tous les contribuables et du bon fonctionnement de l’Etat. Plusencore que les coûts du développement initial du logiciel, ce qui est en jeu,c’est la maintenance et l’évolution du système au profit de l’administration, desjusticiables et, finalement, des contribuables.

Sans le dire, Weblaw s’attaque au modèle économique des logiciels libres (opensource). Un modèle dans lequel le prestataire ne peut prétendre encaisser plusque la réelle valeur ajoutée au produit et pas une rente de situation. Que seserait-il passé si une société privée avait conçu le logiciel OpenJustitia et avaitdécidé de le mettre sous licence GNU/GPL ? Rien ! L’UDC n’aurait pas puinvoquer le « moins d’Etat » pour défendre les intérêts privés de cette petitesociété.

Espérons que comme le dit le dicton : les chiens aboient, la caravane passe…

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Framavectoriel : Nouveau projetFramasoft qui met en avant leformat SVGDans la famille « les libres et pratiques services Web proposés par Framasoft »qui ne demandent pas d’inscription, on a : le traitement de texte collaboratif(Framapad), le tableur collaboratif (Framacalc), l’équivalent d’un Doodle mais enlibre (Framadate) et un tout récent éditeur de cartes mentales (Framindmap).

Et pourquoi pas aussi, tant qu’on y est, un outil d’édition d’images en ligne ?

Il arrive, il arrive et il s’appelle Framavectoriel !

Attention, ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera un équivalent de The Gimp

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à même votre navigateur, mais on vous propose néanmoins la version francisée desvg-edit, libre application certes modeste mais non dénuée déjà de nombreusesfonctions et qui saura trouver son utilité dans des cas simples ou des situations deformation (nous ne saurons trop vous suggérer de mettre vos enfants dessusplutôt que sur l’abominable Paint).

En fait ce n’est pas la comparaison avec The Gimp qui est judicieuse ici maisplutôt Inkscape (dont il constitue une excellente initiation). En effet l’atoutprincipal de Framavectoriel c’est de proposer de travailler au puissant formatlibre et ouvert SVG.

Parce que certains l’ignorent encore mais lorsque vous êtes en situation decréation graphique et non de retouche photo il est alors bien plus pertinentd’utiliser des images vectorielles et non matricielles, a fortiori si le format estlibre.

Et c’est aussi parce que nous avons envie de participer à pousser ce format quenous avons décidé de mettre en ligne ce service en le baptisant ainsi.

-> Découvrir et utiliser Framavectoriel

PS : Oui, on vous fait le coup à chaque fois désormais, mais si vous avez le tempset les moyens d’un petit soutien sonnant et trébuchant pour nous remercier duservice (si service il y a), ça nous aiderait à poursuivre sereinement l’aventure carnous n’avons qu’une visibilité de quelques mois actuellement.

Windows 8, faux progrès et vraiemenaceWindows 8, le nouveau système d’exploitation de Microsoft, qui sera le mêmepour PC, tablette et smartphone, devrait être lancé officiellement le 26 octobre, eton peut compter sur le puissant marketing de la multinationale pour nousabreuver d’images cool, avec des doigts qui caressent une interface tactile en

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tuiles sur un bureau attrayant. C’est certain, l’interface entièrement rénovée seraplus au goût du jour, maintenant que la vaste diffusion des appareils mobiles nousa accoutumés à d’autres gestes que cliquer sur des icônes…

Le libristes habitués aux versions successives plus ou moins buguées de Windows(et celle-ci promet déjà de l’être) hausseront sans doute les épaules etretourneront à leur Debian. Ils auront peut-être tort si l’on en croit CaseyMuratori, qui se demande si l’impact du nouveau système ne pourrait pas êtreaussi décisif pour l’informatique grand public que la sortie de Windows 3.0.

En effet, derrière ce qu’on ne manquera pas de nous vendre comme un progrès,c’est une véritable régression qui va s’opérer : tous les logiciels qui tournerontavec le nouveau système devront passer obligatoirement par le Windows Store,Microsoft exercera donc un contrôle total sur son écosystème logiciel.

De plus, la compatibilité maintenue de l’ancienne interface avec la nouvelle, sielle semble assurée dans une première étape, pourrait à terme en signer ladisparition pure et simple, comme le souligne l’auteur de l’article ci-dessous, quiétablit judicieusement un rappel historique : souvenez-vous de la manière dontMS-DOS a progressivement été effacé du paysage après une brève période decoexistence avec Windows 3.0. Euh oui ça ne rappellera rien aux plus jeunes,mais prendre un peu de recul est ici pertinent.

La menace de Windows 8 c’est d’abord d’imposer un système fermé à tous lesdéveloppeurs et bien sûr à tous les consommateurs. Mais Casey Muratori sedemande in fine si la première victime ne sera pas Microsoft lui-même, tant levirage stratégique qu’il opère risque de lui coûter ses principaux soutiens. Labataille des systèmes d’exploitation est engagée, qui en sortira indemne ?

Remarque : Nous n’avons pas traduit les deux appendices qui figurent en bas del’article d’origine mais nous serions ravis de trouver des volontaires prêts àcompléter cela avec nous sur le framapad de travail.

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Les vingt ans à venirThe Next Twenty Years

Casey Muratori – 8 octobre 2012 – MollyRocket.com(Traduction : Genevois, Maïeul, KoS, BlackEco, mib_6025, Geekandco, FredB,goofy, Quentin)

Voici pourquoi le modèle de distribution fermé de Windows 8 doit êtreremis en cause dans l’intérêt des développeurs, des consommateurs etmême de Microsoft lui-même.

Pour la première fois dans l’histoire du PC, Microsoft s’apprête à diffuser unnouvel écosystème Windows dont il sera le seul et unique fournisseur de logiciels.Si vous achetez Windows 8, le seul endroit où vous pourrez télécharger deslogiciels qui s’intègreront à la nouvelle interface de système, ce sera le WindowsStore officiel. Microsoft exercera un contrôle total sur les logiciels autorisés ounon sur son système d’exploitation.

Microsoft a déclaré que les applications destinées à l’interface plus ancienne dubureau ne seraient pas impactées par cette nouvelle politique. Tant qu’ilsutiliseront seulement des applications qui tournent sur le bureau classique, les

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utilisateurs auront encore la possibilité d’acheter, vendre, développer etdistribuer des logiciels sans que Microsoft ne s’en mêle. Beaucoup d’utilisateursde Windows ont compris cette déclaration comme une assurance que le modèleouvert de distribution dont ils bénéficient aujourd’hui serait encore valide dansles futures versions de Windows. Du coup beaucoup moins de gens ont réagi auproblème posé par Windows 8 que si la déclaration avait été comprisedifféremment.

Mais est-ce bien réaliste de croire que l’ordinateur de bureau sous Windows seraencore une plateforme informatique utilisable à l’avenir ? Et quelles en seraientles conséquences si elle venait à disparaître, laissant les utilisateurs de Windowsavec pour toute ressource l’écosystème cadenassé de logiciels introduit parWindows 8 ? Pour répondre à ces questions, cette édition de Critical Detailexamine les effets à court et à long terme des exigences imposées par Microsoftpour obtenir sa certification. Nous explorerons en profondeur comment l’histoirepermet de prédire la durée de vie du PC classique sous Windows, nousaborderons de façon pragmatique cette question : vaut-il mieux pour Microsoft entant qu’entreprise qu’elle adopte un écosystème ouvert ou fermé ?

Le Jeu de l’Année 2032Selon PC Gamer Magazine, et de nombreuses autres sources en accord, le jeu PCde l’année 2011 était Skyrim : Elder Scrolls V. Ce constat n’a étonné personne.Skyrim pour PC a été rendu disponible sur Windows, pas MS-DOS. Même si lesdéveloppeurs le voulaient, il leur était impossible de mettre à disposition un jeuPC comme Skyrim sur DOS car aucune des innovations graphiques des 15dernières années n’est disponible sur celui-ci. Il est même absurde de penserpouvoir vendre des applications tournant sous MS-DOS aujourd’hui.

Hypothétiquement, on peut penser autant absurde dans 20 ans de vendre desapplications pour la version bureau de Windows. Il n’y aura pas de jeux vidéo PCen 2032 comme il n’y a pas de jeux sous DOS en 2012. Tout fonctionnera sous uneforme redéfinie pour l’interface moderne de Windows 8.

Puisque aucune application pour cette plateforme à venir ne pourra être venduesans passer par le Windows Store, l’équipe ayant travaillé sur Skyrim devraenvoyer son application à Microsoft pour validation. C’est ensuite la firme quijugera de la validité de l’application et de la possibilité de la vendre. Savez-vous

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ce que pourrait être la réponse de Microsoft ?

Moi oui. Ce serait « non ».

Ce n’est pas une spéculation, c’est une certitude. Skyrim est un jeu pour adultes.Il est certifié PEGI 18. Si vous lisez les conditions de certification Windows 8 App,vous trouverez à la section 5.1 :

Votre application ne doit pas proposer de contenu pour adulte, et les metadatasdoivent être appropriés à chacun. Les applications avec une évaluation PEGI16, ESRB ADULTE, ou qui proposent du contenu pouvant nécessiter une telleévaluation ne sont pas autorisées.

Et c’est plié. Pas de Skyrim sur le Windows Store, à moins que les développeursne reviennent en arrière et retirent le contenu classé PEGI-18.

C’est le Jeu de l’Année 2011, banni du Windows Store. Et à propos de 2012 ? Avecde nombreux jeux très attendus à venir, personne ne peut deviner lesquels serontsélectionnés. Mais une sélection aléatoire des prédictions actuelles que l’onretrouve sur la toile suggère comme principaux prétendants Max Payne 3, TheWitcher 2, Mass Effect 3, Assassins Creed 3, Call of Duty: Black Ops 2 etBorderlands 2. Parmi les quatre de cette liste qui ont reçu une évaluation PEGIpour adultes, combien pourront être vendus sur le Windows Store ?

— Aucun.

Il y a certainement aujourd’hui de nombreuses personnes, si ce n’est la majorité,qui pensent que les jeux vidéo n’ont pas de vrai potentiel culturel. Ce ne sont pasdes œuvres d’art diront certains, et ce n’est donc pas grave qu’une plateformemajeure interdise sa diffusion. Dans l’intérêt d’illustrer de manière plus étenduel’importance d’une plateforme ouverte , donnons à nos jeux un lifting culturel.Supposons que nous ayons d’un coup de baguette magique tout un lot de jeuxéquivalents aux meilleures séries nommées aux Emmies 2012 : BoardwalkEmpire, Breaking Bad, Mad Men, Downton Abbey, Homeland et Game of Thrones.

Admettons que Downtown Abbey ait été le seul à franchir le test d’évaluationPEGI, mais même si les autres satisfaisaient plus ou moins les critères, ilsauraient été exclus du magasin pour un tas d’autres raisons, telles que l’expose lasection 3.5 :

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Votre application ne devra pas proposer du contenu ou des fonctionnalités quiencouragent, facilitent ou glorifient des activités illégales.

Et section 5.6 :

Votre application ne devra pas proposer du contenu qui encourage, facilite, ouglorifie une utilisation excessive ou irresponsable d’alcool, de tabac, de droguesou d’armes.

Ou section 5.8 :

Votre application ne devra pas contenir de propos blasphématoires outranciers.

Cette vision d’un futur Windows fortement censuré par Microsoft est effrayante.Mais quelles sont les risques que cela arrive ?

Pour Windows RT, la version de Windows pour les tablettes peu puissantes et lestéléphones, ce futur commence le 26 octobre. Tous les appareils fonctionnantavec Windows RT ne pourront faire tourner que des logiciels venant du WindowsStore, et tous les logiciels devront suivre les exigences de certification énoncéesci-dessus et des dizaines d’autres. Les utilisateurs de Windows RT n’auront pasdix ou vingt ans avant de ne plus pouvoir jouer aux jeux les plus populaires surleurs machines. Ces jeux auront été bannis dès le premier jour.

Mais pour Windows 8 et Windows 8 Pro, les versions qui seront les plusrépandues, le calendrier est encore incertain. Contrairement à Windows RT, cesversions incluent le bureau classique de Windows qui prend encore en charge ladistribution ouverte. Est-il possible, alors, que les utilisateurs de la versionbureau n’aient jamais à expérimenter ce futur ?

Une brève analyse de l’histoire de Microsoft suggère plutôt l’inverse.

Anatomie d’un changement de plateforme chez MicrosoftDans la fin des années 1980 une bonne partie de l’informatique grand publicutilisait déjà des interfaces graphiques. Des machines comme le Macintoshd’Apple, le Commodore d’Amiga et l’Atari ST ont eu un grand succès et chacuneétait livrée avec un système d’exploitation graphique moderne pré-installé. D’un

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autre côté, les PC tournaient essentiellement sous MS-DOS, un environnement enligne de commande où les applications devaient implémenter leur propreinterface rudimentaire.

Malgré cet inconvénient, le PC n’en était pas moins florissant. Comme c’était uneplateforme matérielle ouverte et qu’elle avait été adoptée dans l’environnementprofessionnel, la plupart des logiciels de productivité de l’époque, comme Lotus1-2-3 et WordPerfect – traitaient MS-DOS comme une plateforme commercialemajeure.

Puis, le 22 mai 1990, Microsoft sort Windows 3.0. Cette version de Windows peutfaire quelque chose que les précédentes versions ne pouvaient pas : faire tournerdes programmes MS-DOS en plus des applications graphiques natives. Pour lapremière fois, on pouvait faire tourner les applications de travail standards sansquitter une interface conviviale. L’interface graphique de Windows n’était peut-être pas aussi flashy que ce qui existait sur d’autres plateformes, mais cela offraitaux gens la possibilité de n’utiliser qu’un seul OS pour tout et c’est ce que lesconsommateurs voulaient. Le taux d’adoption monta en flèche.

Durant les cinq années suivantes, Microsoft continua à ajouter de nouvelles API àWindows. Bien que les gens aient continué à développer des programmes sousMS-DOS, il devint de plus en plus difficile de faire une application professionnellequi n’intégrait pas des choses comme le gestionnaire de polices de Windows, lesservices d’impression, les boîtes de dialogue standard et les presse-papiers. Lesclients s’attendaient à pouvoir utiliser ce genre de choses et les logiciels MS-DOSne le pouvaient tout simplement pas.

La plupart des applications firent la transition vers des versions natives Windowsou disparurent, mais les jeux furent l’obstacle majeur. Ils vivaient et mouraientpar la performance et ne pouvaient se permettre la surcharge induite parWindows. Mais finalement Microsoft trouva le moyen de leur fournir l’accès auhardware dont ils avaient besoin, et lentement mais sûrement les jeux natifsWindows devinrent de plus en plus communs. Lorsque Windows 2000 fut lancé le17 février 2000, seulement dix ans après la sortie de Windows 3.0, faire tournerdes programmes MS-DOS était passé du statut de principale caractéristique quifaisait de Windows ce qu’il était à un mode de compatibilité fermé destinéseulement à assurer le support des versions précédentes. MS-DOS en tant queplateforme et tous les programmes qui lui étaient liés sombrèrent dans

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l’obscurité.

Le 22 juillet 2009, pas loin de vingt ans après la sortie de Windows 3.0, Microsoftprésenta la version de Windows la plus utilisée aujourd’hui, Windows 7 64-bits. Sivous essayez de lancer une application MS-DOS sur Windows 64 bits, vous aurezune boîte de dialogue qui dit :

Vous pouvez toujours faire tourner ce programme, mais vous devrez installer uneversion 32 bits de Windows ou télécharger et installer un paquet Windows XPMode sur le site de Microsoft.

Retour à 1990La situation du PC en tant qu’objet informatique de consommation est trèssimilaire aujourd’hui en 2012 à ce qu’elle était en 1990. Sur le PC, nous utilisonsencore l’interface WIMP (Windows, Icônes, Menus, Pointeur) dont le standards’est imposé depuis une trentaine d’années (seulement une vingtaine sur les seulsPC). Mais pour ce qui est de tous les autres appareils populaires aujourd’hui —les smartphones et les tablettes — les interfaces WIMP n’existent plus. Lessystèmes d’exploitation comme iOS et Android ont remplacé le WIMP par desinterfaces tactiles, exactement comme les Macintosh et Amiga ont fait disparaîtrela ligne de commande des interfaces utilisateurs dans les années 80.

Mais voilà que le 26 octobre, Microsoft va lancer son premier systèmed’exploitation tactile, Windows 8. Plutôt que d’abandonner carrément le WIMP, ilsont choisi de l’inclure comme sous-ensemble de leur nouvelle interface tactile.Tout comme l’interface de Windows 3.0 coexistait avec MS-DOS, la nouvelleinterface de Windows 8 sera disponible avec un bureau traditionnel Windows 7.

Comme c’était déjà le cas pour Windows 3.0 et DOS, l’intégration d’une interfacedans l’autre est tout à fait superficielle. Certaines parties sont bien intégrées maisla plupart ne le sont pas. Vous pouvez créer des tuiles dans la nouvelle interface

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utilisateur pour lancer des programmes dans l’ancienne, tout comme dansWindows 3.0 vous aviez des icônes qui permettaient de lancer des programmessous DOS. Mais exactement comme les programmes DOS tournaient dans unconteneur spécial, et rendaient impossibles des opérations comme l’ouvertured’autres fenêtres, de boîtes de dialogue, l’usage de fontes différentes ou letransfert d’images vers le bureau, les applications de bureau classiques sontcontingentées dans un conteneur spécial du bureau de Windows 8 et ne pourrontaccéder à la plupart des nouvelles fonctionnalités de nouvelle interface Windows8.

Bref, le bureau sous Windows 8 en est au point où se trouvait MS-DOS sousWindows 3.0. Ce qui nous amène à la question cruciale?: si Microsoft est aussiattentif à la nouvelle interface utilisateur de Windows 8 qu’il l’a été à celle deWindows 3.0, à quoi va ressembler le support du bureau Windows classique àl’avenir ? Si vous pensez que l’histoire se répète, la réponse est sans ambiguïté : ilsera relégué dans l’oubli d’ici dix ans et cessera d’exister dans vingt sauf si onassure la rétro-compatibilité manuellement.

Maintenant, nul ne peut prédire l’avenir avec certitude. Beaucoup d’entre vous nesont probablement pas convaincus le moins du monde que l’avenir du bureau serainspiré par une version plus élaborée et affinée de la nouvelle interface deWindows 8. Mais si vous jetez un coup d’œil en arrière vous prendrez conscienceque beaucoup de gens pensaient exactement ainsi quand Windows 3.0 est sorti,j’espère que vous mesurez à quel point il est possible que nous soyons dans unesituation similaire.

L’avenir mort-né de Windows 8Pour les développeurs aujourd’hui, le monde de l’informatique de grandeconsommation avant l’arrivée de Windows 8 est un peu chaotique. Il y a iOS, uneplateforme sur laquelle vous ne pouvez publier aucune application native sans lapermission aléatoire et arbitraire d’Apple. Il y a Android, une plateformeagréablement ouverte mais qui est en proie à une gestion catastrophique desspécifications du matériel, qui manque d’implication pour le support de code natifet qui est menacée d’être sérieusement mise en péril par des poursuitesjudiciaires qui bloqueraient tout au nom des brevets logiciels. Et puis il y a lesplateformes comme Blackberry, WebOS, Kindle Fire (basée sur Android) et Nook,qui sont encore en quête d’une adoption plus consistante par des utilisateurs.

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Entre en scène Windows 8. Il est conçu pour une interaction tactile, a despécifications matérielles bien définies, est doté d’une interface dont le code natifest bien documenté, peut être utilisé directement comme environnement dedéveloppement sans nécessiter de compilation sur un autre système — et oui, ilest soutenu par une entreprise notoire pour sa sournoiserie, qui détient unportefeuille de brevets cinq fois plus épais que celui d’Apple. Donc si jamais Appleessayait d’entreprendre une action litigieuse contre Windows 8 similaire à cellequ’il a menée contre Android, nous verrions se déclencher en représailles un tirnourri de plaintes pour violation de brevets qui atteindrait un tel niveau que lechouette immeuble flambant neuf du quartier général d’Apple serait submergépar des tonnes de paperasses rédigées en une obscure langue juridique.

On en est aujourd’hui à un tel point de confusion dans le paysage dudéveloppement en informatique que cela pourrait effectivement être un pas enavant pour les développeurs. En supposant que le développement du nouvelécosystème de Windows 8 suivra les mêmes règles que le développement del’ancien, n’importe quel développeur pourrait simplement installer Windows 8,développer des logiciels ciblant le marché du tactile, puis le distribuergratuitement ou en le monnayant via son site web ou un distributeur tiers. Moinsde prises de têtes avec la diversité des plateformes, pas d’exigences incertaines àsatisfaire préalablement pour tester, pas de frais de développement bizarres oude souscription obligatoire — et plus important encore, pas de puissancehégémonique d’Apple s’interposant entre les développeurs et leurs clients.

Mais voilà, il y a un petit problème. Microsoft a décidé de ne pas suivre, pour lenouvel écosystème de Windows 8, les mêmes règles qu’avec les éditionsprécédentes de Windows. À la différence de la transition entre MS-DOS etWindows 3.0, Microsoft ne prévoit pas d’étendre l’écosystème de Windows. Ilsveulent lui faire prendre une tout autre voie.

MonopoleLe problème commence avec le Windows Store. Si le nom vous rappelle le AppStore d’Apple, c’est parce qu’effectivement c’est l’App Store d’Apple. C’est uneplateforme de distribution centralisée que Microsoft contrôle, qui permet auxutilisateurs finaux d’acheter des logiciels à partir d’un catalogue de titresexplicitement approuvés par Microsoft.

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Ce qui, en soi, pourrait ne pas être aussi mauvais. Il y a des arguments valablescontre le fait que le propriétaires d’une plateforme contrôle le marketplace pardéfaut pour cette plateforme, mais si la plateforme permet aux personnes dedévelopper et de distribuer des logiciels gratuitement en-dehors du marketplace,alors d’autres entreprises peuvent aussi bien contourner/se passer du/ lemagasin. Les développeurs peuvent distribuer leurs logiciels par d’autres canaux,ou même fournir des magasins alternatifs, réduisant par une saine concurrence ledanger d’abus ou d’obstruction de la part du propriétaire de la plateforme.

Toutefois, il est très clair en parcourant les publications de Microsoft surWindows 8 que pour avoir le droit de bénéficier de la nouvelle interfaceutilisateur, vous devrez distribuer votre application dans le Windows Store. Celaveut dire qu’en octobre, Microsoft lui-même sera devenu l’unique source delogiciels pour tout ce que vous voudrez faire tourner sur une machine Windowsqui ne serait pas relégué au vieil écosystème précédent. À la différence de latransition historique entre MS-DOS et l’interface utilisateur de Windows, et mêmesi la précédente version restera probablement disponible, la nouvelle (celle deWindows 8) sera bel et bien fermée. Ce qui placera Microsoft dans une positionde monopole totalement nouvelle : celle d’un distributeur exclusif de logicielspour la majeure partie des ordinateurs du monde entier.

Maintenant, il existe apparemment un point qui fait controverse. Peut-être parceque Microsoft n’en a pas fait état de façon très importante dans ses communiquésde presse, certains doutent que pour distribuer des logiciels destinés à la nouvelleinterface utilisateur, il faudra nécessairement que les développeurs obtiennent lapermission de Microsoft. Mais ils ont tort. Afin de mettre les choses au clair unefois pour toutes, une analyse complète et des recherches approfondies sur lespublications officielles de Microsoft sur le sujet figurent en annexe B de l’articled’origine. Il démontre qu’il n’y aura aucun moyen pour les développeurs dedistribuer sur Internet des applications compatibles avec l’interface utilisateurmoderne, sans avoir reçu une approbation explicite de la part de Microsoft.

Donc, en gardant cela à l’esprit, il est grand temps de se poser la questioncruciale : si l’interface du nouveau Windows 8 en vient à remplacer complètementle bureau classique, et que Microsoft exerce désormais un contrôle total sur leslogiciels qui seront autorisés ou non pour cette nouvelle interface, dans quellemesure l’avenir de Windows sera-t-il spectaculairement affecté ? Est-ce que lesjeux conçus pour les adultes seront les seules victimes de ce changement ou bien

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l’enjeu est-il beaucoup plus important ?

L’avenir pourrait être n’importe oùBannir la plateforme de jeux la plus populaire du tout nouvel écosystèmeWindows 8 – qui est aussi le seul écosystème accessible aux utilisateurs deWindows RT – est l’une des conséquences négatives des directives de certificationdes applications par Microsoft. D’autres parties de ces directives auraientempêché l’existence de choses comme Flash, JavaScript et le Web dynamique,l’app store lui-même, s’ils n’existaient pas encore et donc d’être inclus à laplateforme de Microsoft elle-même. Il est donc clair que Microsoft s’est assuréque le nouvel écosystème Windows n’hébergerait jamais plus que les quelquesapplications que Microsoft considère comme importantes.

Mais simplement parce que Microsoft a fait un travail épouvantable en définissantles limites du nouvel écosystème, est-ce que cela signifie que la seule alternativeest de réaliser un écosystème complètement ouvert ? Microsoft ne pourrait-il pardéfinir de nouvelles et meilleures directives ?

La réponse étant pas tant qu’ils ne connaissent pas l’avenir. Et pas dans un sensgénéral, mais littéralement le voir en pleine résolution/*lumière*/, et chaquedétail avec clarté. En l’absence de telles prévisions idéales, comment uneentreprise pourrait-elle dicter des règles pour des logiciels futurs sans interdireaccidentellement des choses sur lesquelles de nouveaux logiciels révolutionnairespourraient se fonder ?

La réalité est que même les entreprises les plus prospères sont rarement capablesde prédire le futur avec précision. L’histoire de l’informatique regorged’exemples. Digital Equipment Corporation, qui a été un certain temps la secondeplus grande entreprise d’informatique, n’a pas réussi à prévoir la révolution del’informatique personnelle et son nom lui-même n’existe plus maintenant. SiliconGraphics, qui a été le leader du matériel d’imagerie 3D, n’a pas prévu lapopularisation de ce matériel et à finalement été contraint de se déclarer enfaillite.

Bien qu’étant très loin de connaître un sort aussi affreux, le passé de Microsoftmontre qu’ils ne sont pas meilleurs prophètes. Bill Gates a ainsi déclaré à la findes années 1990 :

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« On se fait parfois surprendre. Par exemple, quand Internet est arrivé, c’étaitnotre cinquième ou sixième priorité. »– Bill Gates, lors d’un discours à l’Université de Washington en 1998

Et le changement de barreur sur le navire Microsoft n’a pas apportéd’amélioration :

« Il n’y a aucune chance que l’iPhone s’attribue une part de marchésignificative. Aucune chance. »– Steve Ballmer, dans une entrevue avec USA Today en 2007, dans laquelle il aprédit que l’iPhone ne prendrait que « 2 ou 3% » du marché du smartphone.

Sans connaissance précise du futur, la seule manière d’éviter de bloquerl’innovation sans le vouloir est par définition de ne rien interdire de manièresignificative. Les seules exigences de certification que Microsoft pourrait choisiret qui soutiendraient complètement le futur seraient celles qui permettraient decertifier tout ce que des développeurs pourraient créer.

C’est la définition la plus épurée d’un écosystème ouvert.

Une maigre concessionPour n’importe quel développeur désireux de créer le logiciel innovant du futur, ildevrait être extrêmement clair que la nature fermée du nouvel écosystème deWindows 8 sera catastrophique pour la plateforme. La question ne se pose mêmepas, elle devrait être ouverte. Mais les développeurs ne sont pas les personneschargées des politiques de Windows 8.

Donc la question plus pertinente pourrait être : est-ce que Microsoft peut sepermettre de changer de cap et autoriser la distribution des applications Windows8 par n’importe qui, et non pas seulement sur le Windows Store! ?

En prenant en compte le long terme, Microsoft ne peut pas se permettre de nepas changer de cap. Ils sont déjà en retard sur tous les segments du marché de laconsommation en-dehors du PC, par conséquent ils n’ont pas le droit à l’erreur. Siune nouvelle innovation logicielle arrive et considère qu’Android est saplateforme primaire/de prédilection parce qu’elle a un système ouvert dedistribution, cela pourrait facilement conduire à une nouvelle “décennie perdue”

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pour Microsoft, lorsqu’ils devront à nouveau rattraper leur retard.

Mais aujourd’hui les entreprises ne regardent généralement pas sur le longterme. Les profits à court terme et les besoins des actionnaires constituent despréoccupations immédiates et impératives ; et Microsoft est un compagnienotoire, contrainte par des nombreux intérêts externes. La question se pose doncen ces termes : l’entreprise Microsoft peut-elle autoriser un système dedistribution ouvert avec Windows 8 sans nuire à son chiffre d’affaires ?

De manière surprenante, la réponse est qu’il y aura peu ou pas de pertes derevenus en autorisant un système ouvert de distribution dans Windows 8. Celapeut sembler absurde, mais si vous lisez attentivement les publications deMicrosoft, vous verrez que c’est vrai. Bien que Microsoft ait fermé le système dedistribution à l’intérieur du nouvel écosystème de Windows 8, ils n’ont pas ferméle système de paiement. Extrait de l’agrément développeur de Microsoft lui-même :

« En ce qui concerne le commerce d’applications. Vous pouvez choisir deproposer des options d’achat à l’intérieur même de votre application. Il n’estpas requis que vous utilisiez le moteur de commerce de Microsoft pourproposer ces achats. Si vous choisissez d’utiliser le moteur d’achat commercialde Microsoft, les achats seront soumis à l’Agrément/*, y compris, mais passeulement, les frais de magasin et les exigences de licence et de transfert. »

Aussi étrange que cela puisse sembler, si un développeur propose une applicationlimitée dans sa version gratuite sur le Windows Store, il pourrait alors vendre,directement dans l’application, une mise à niveau ou un déverrouillage vers laversion complète pour laquelle il pourrait accepter un paiement direct. Ils n’ontpas besoin de verser 20 ou 30% de royalties comme c’est le cas avec unetransaction sur le Windows Store. La seule chose qu’ils ne peuvent pas faire c’estutiliser un système de distribution non-Microsoft, tel que leur propre site web ouleur propre « boutique » en ligne.

Ainsi, il est presque impossible de concevoir une situation où Microsoft perdraitdes revenus significatifs en ouvrant le système de distribution, puisqu’il a déjàouvert le système de paiement, et que pratiquement tous les revenus proviennentdu système de paiement. Le seul revenu que Microsoft continuera à obtenir dustore pour une application qui n’utiliserait pas leur moteur de commerce serait

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les frais variables d’application, d’un montant de 100 $ par application (et non paspar achat). Le Windows Store devra perdre 10.000 – 20.000 applications avec ladistribution ouverte chaque jour pour atteindre l’équivalent de 1% du revenu deMicrosoft. Pour référence, l’app store le plus populaire au monde, celui d’Apple,en reçoit moins de 500 par jour.

De plus, le potentiel de migration des utilisateurs du Windows Store depuisMicrosoft vers des fournisseurs tiers ne serait pas aussi important avec unsystème ouvert de distribution. N’importe quel utilisateur du Windows Store telqu’il est actuellement décrit pourrait ouvrir un compte pour un autre système depaiement, pour une application qui proposerait l’achat en son sein. Une fois qu’ila décidé de créer un compte de ce type, rien ne l’empêche d’utiliser ce compte defaçon triviale pour acheter n’importe quelle autre application qui serait disponiblepar le même processus de paiement. L’inertie de l’achat via un tiers n’estprésente que la toute première fois qu’on l’utilise. Une distribution ouverte nefonctionnerait pas différemment. Le Windows Store resterait la source par défautdes applications pour Windows 8, et c’est seulement quand l’utilisateur pourraitcréer un compte pour une distribution externe que le Windows Store perdraitl’avantage de l’inertie.

Ainsi donc, Microsoft n’a quasiment aucun intérêt financier à ne pas autoriser unsystème ouvert de distribution. On peut supposer qu’il y a d’autres raisons sous-jacentes à leur décision de garder fermé le système de distribution. Est-ce pourlimiter la menace de malware ? Est-ce pour prévenir le piratage ? Est-ce pourmieux gérer leur image de marque ? Tant que Microsoft ne sera pas explicitequant à ses objectifs, sa décision pourra être portée contre elle, nous pouvonsseulement spéculer sur les motivations ; tous les autres candidats similairesproposent des solutions simples qui n’impliquent nullement une politiquedraconienne, comme forcer les utilisateurs à installer seulement des logicielsapprouvés par Microsoft.

Et maintenant que fait-on ?Les expériences sur les plateformes ouvertes sont l’une des sources premièresd’innovation dans l’industrie informatique. Il n’y a pas deux manières de voir leschoses. Les écosystèmes logiciels ouverts sont ce qui nous a donné la plupart desproduits que nous utilisons aujourd’hui, qu’il s’agisse de logiciels d’entreprise telsque les feuilles de calculs, de logiciels de divertissement comme ceux de tir à la

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première personne, ou les paradigmes révolutionnaires qui changent le monde,comme le World Wide Web. Le monde sera bien meilleur pour tout le monde si cetype d’innovation continue.

Les développeurs, les consommateurs et même Microsoft devraient souhaiter queles vingt prochaines années ressemblent aux vingt dernières : année après annéedes nouvelles choses auparavant inimaginables, vous ont été apportées par desdéveloppeurs motivés et créatifs qui étaient libres d’aller là où leur vision lesconduisait, sachant très bien que s’ils produisaient quelque chose de grand, il n’yaurait pas de barrière entre eux et la diffusion de leur création dans la mondeentier.

Avec Windows 8, Microsoft est dans une position pivot pour aider à faire de cefutur une réalité. Ils pourraient devenir l’une des principales forces luttant pourpermettre le développement pour tablette aussi ouvert que l’était ledéveloppement pour ordinateurs de bureau avec le Windows traditionnel. Ilspourraient prendre des parts de marché à l’iPad, complètement fermé (ettotalement d hégémonique), et aider à restaurer dans ce domaine la libertéd’innover que les développeurs ont perdue lorsque Apple a imposé ses politiquesrestrictives.

Ou bien Microsoft peut lancer Windows RT, Windows 8 et Windows 8 Pro avecleur politiques actuellement en place, et se contenter d’être un autre acteur dumarché de l’appareil tactile, avec leur propre jeu d’obstacles ridicules quirestreignent considérablement les possibilités de logiciel et font perdre leurtemps aux développeurs avec leurs processus mal conçus de certification.

Pourquoi prendre ce risque ? Pourquoi pas ne pas se mettre en quatre pourfournir aux développeurs une plateforme ouverte, afin que tous et chacun d’entreeux ne soient pas seulement des soutiens, mais vraiment des personnesenthousiastes pour aider Windows à débarquer dans le monde des tablettes ?

Le succès de Windows 8 sur le marché des tablettes et des smartphones est loin,très loin d’être garanti. Est-ce que Microsoft veut véritablement se lancer dans labataille sans l’appui de ses plus importants atouts ? Veulent-ils qu’une entreprisecomme Valve, qui contrôle plus de 50% des ventes de jeux pour PC, décide deporter tout son effort vers Linux, compte-tenu que l’écosystème de Windows 8interdit les plateformes de distribution tierces comme son fleuron Steam ?

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Veulent-ils vraiment que le lancement de Windows 8 soit pourri par une cascadede déclarations de développeurs de premier plan prenant position contre lanouvelle plateforme ? Et surtout, vont-ils délibérément courir le risque de s’attirerl’hostilité des développeurs au point de les voir promouvoir activement etdévelopper leurs propres plateformes comme leur produit phare, puisqueWindows ne leur offrira plus la liberté de développer et distribuer leurs logiciels àleur gré ?

Espérons, dans l’intérêt de tous, qu’ils prendront conscience que la seule réponsesensée à toutes ces questions est « NON ».

Crédit photo : Kiwi Flickr (Creative Commons By)

Pourquoi la distribution Fedora nedistribue pas Chrome etChromium ?Fedora, l’une des plus populaires distributions GNU/Linux, ne propose queFirefox et n’inclut pas les navigateurs Chrome et Chromium de Google.

On le comprend bien pour Chrome qui n’est pas libre, mais moins pour l’opensource Chromium.

D’où ces quelques explications qui ne proviennent pas officiellement de Fedoramais d’un simple (et passionné) utilisateur de Fedora.

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Pourquoi Fedora ne distribue pas Chrome etChromium ?Why Fedora doesn’t ship Chrome and Chromium?

Alex Diavatis – 15 octobre 2012 – WorlOfGnome.org(Traduction : pwetosaurus (@paul_playe), tibs, Sylvain, misc, ehsavoie, Gatitac,L’gugus, Penguin, viking, Nÿco)

Pour Chrome les raisons sont évidentes, Chrome de chez Google est un logicielprivateur, il contient des modules qui ne sont pas open source, donc fin del’histoire.

Dans le cas de Chromium qui est issu du projet de système d’exploitationChromium OS, les choses sont plus compliquées et remontent au 19 novembre2009, quand une discussion débuta pour savoir si oui ou non il fallait pourdistribuer Chromium avec Fedora. Presque trois ans plus tard, nous en sommestoujours au point de départ.

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Fedora et l’open sourceFedora a toujours été et sera toujours un défenseur et un distributeurfondamental de l’open source. Un partisan fondamental de l’open source, maispas un fanatique invétéré du logiciel libre, puisqu’ils fournissent des blobsbinaires propriétaires dans leur noyau Linux. On ne peut rien reprocher à Fedoraici puisque cela vient en amont du noyau, le noyau de Torvalds, qui n’est pastotalement libre à cause de pilotes firmwares propriétaires présentsprincipalement pour mieux faire tourner le matériel.

J’aime le nom Fedora et son logo est selon moi l’un des plus beaux qui soient dansle monde des distributions Linux. Le nom Fedora fait référence à un type dechapeau (borsalino) et vient rappeler qu’il provient de Red Hat, la plus grandecompagnie open source.

Il y a cependant un fait gênant : la police du logo est une police commerciale (trèschère qui plus est avec ses 275$ pour l’utiliser).

Dans leur wiki, à propos de leur logo, ils écrivent :

La police utilisée pour le logo est Bryant2. Cette police n’est pas une police libremais elle a été choisie parce que c’est celle qui s’intègre le mieux dans le designdu logo. La licence pour l’utilisation de cette police dans le logo officiel a étépayée, ainsi le logo peut être utilisé à chaque fois que la marque déposée et lesrecommandations d’usage le permettent, sans coût supplémentaire.

Ils auraient quand même pu la partager via un torrent puisque le piratage est uneforme de liberté numérique, comme l’anarchie est une forme de liberté sociale…Je plaisante bien sûr. �

En tout état de cause, tout cela montre que Fedora n’est pas piloté par une banded’idéologues passés de mode du logiciel libre. Fedora ne distribue que des

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logiciels open source pour des raisons bien précises (sur lesquelles je nem’étendrai pas), mais sûrement pas parce qu’ils « détestent » les logicielscommerciaux.

Fedora et l’environnement de bureauCertaines personnes disent que Fedora n’est qu’une version de test pour ladistribution commerciale Red Hat Enterprise Linux (RHEL) et ne veulent pas êtredes « bêta-testeurs de Red Hat ». Je pense que, même si c’était peut-être le casdans le passé, les choses ont évolué. Les deux dernières versions de Fedora (17 et18) tentent vraiment de proposer un système convivial et de qualité pour unusage bureautique.

Pour être franc, je pense que Canonical nous a quelque part aidé le jour oùUbuntu a décidé de développer Unitypar dessus GNOME, ne faisant plus de cedernier l’environnement de bureau par défaut. Aujourd’hui, Red Hat et GNOMEsont contraints de faire de Fedora une distribution conviviale de qualité car ils nebénéficient plus comme avant de l’aide d’Ubuntu. Bien sûr, Fedora a beaucoup detravail à accomplir pour rattraper Canonical car Ubuntu est désormaismondialement connu comme étant la distribution de bureau pour le grand publicet a réussi à se faire un nom réputé sur le marché.

Fedora et les logicielsFedora a une politique stricte qui détermine quel logiciel est autorisé à être inclusdans leurs dépôts officiels et quel logiciel est interdit.

Le Projet Fedora encourage vivement à utiliser des logiciels libres et open source.Fedora possède une ligne de conduite qui impose les obligations suivantes :

Si c’est propriétaire, cela ne peut pas être inclus dans Fedora (la seuleexception étant donc les firmwares binaires).Si c’est légalement problématique, cela ne peut pas être inclus dansFedora.Si cela enfreint les lois des États-Unis, cela ne peut pas être inclus dansFedora.

Vous pouvez trouver plus de détails sur la page du wiki « Fedora ForbiddenItems ». Ainsi des logiciels de base comme certains pilotes nVidia et ATi, ceux descartes Wi-Fi, la version Java d’Oracle, le greffon Flash d’Adobe, etc. ne sont pas

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inclus. Bien que je sois complètement d’accord avec ce qu’ils font, je ne suis pastoujours d’accord avec la manière dont ils le font.

Et nous en arrivons au sujet initial de ce billet, à savoir : pourquoi Fedora refused’incorporer Chromium à leur distribution.

Chromium et ChromePour les gens qui ne connaissent pas la différence, Chromium est le navigateuropen source dont Google Chrome tire son code source. Les deux navigateurs(Chrome et Chromium) partagent la majorité du code et des fonctionnalités bienqu’il y ait quelques différences mineures.

Chromium n’intègre pas de fonction de mises à jour automatiques, ni de lecteurPDF ni de lecteur Flash. Chrome est un gratuiciel et ils ne fournissent pas le codesource (qui est quasiment identique à Chromium de toute façon), alors queChromium est, accrochez-vous, sous licences BSD, MIT, LGPL, MS-PL et soustriple licence MPL/GPL/LGPL.

Pourquoi Fedora ne distribue pas Chromium

Chromium est en théorie un logiciel instable (mais en pratique stable) et ils nedistribuent pas de versions stables. C’est la première raison pour laquelle Fedorane le distribue pas. Cependant, Chromium maintient de nombreux « forks »stables parmi les créations (ou builds) de la communauté et qui portent le mêmenom : « Chromium ». Ce n’est donc pas le principal problème aujourd’hui.

Le vrai problème, c’est la politique d’empaquetage de Fedora et la politiqued’empaquetage de Chromium. Chromium est constitué de nombreux composantsopen source, mais concrètement il a tendance à les forker puis les empaqueterpour les intégrer.

Par exemple (cas d’école) Chromium utilise OpenSSL. Mais l’équipe de Chromiumn’est pas vraiment satisfaite de son fonctionnement et elle veut y apporter desmodifications. Ils font alors un fork et ils l’incluent dans le paquet de Chromium.Ils maintiennent cependant une documentation sur les modifications qu’ilsapportent à ces paquets. Mais donc maintenant Chromium se retrouve avec sonpropre OpenSSL, qui n’a pas été testé avec le système et cela rend l’empaquetagedifficile pour tous les contributeurs de distributions Linux.

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Un rapport de bug a été ouvert à ce sujet en novembre 2009 : bug de suivi sur lacréation d’une vraie version pour les distributions Linux #28287…

Bien que nous fournissions le code source, il y a quelques étapes nécessairesavant que cela soit utilisable en amont par les distributions Linux. Ce bug desuivi sert à en suivre l’avancement.

…mais encore aujourd’hui, il faut toujours un dépôt supplémentaire pour installerChromium.

Tom CallawayTom Callaway est manager de l’équipe d’ingénierie Fedora chez Red Hat ettravaille conjointement avec Google pour corriger les problèmes de Chromiumdans le but de l’incorporer au dépôt officiel. Il maintient également ses proprespaquets de test de Chromium.

Callaway décrit le problème :

« Google forke des bits de code libre pour Chromium comme un lapin fait despetits : avec régularité et sans trop y penser. Plutôt que de tirer parti des APIexistantes des projets upstream comme ICU, libjingle et SQLite (pour ne nommerqu’eux), ils préfèrent forker ce code à l’instant t et modifier à mort leurs propresAPI pour être utilisées dans Chromium.

Ce qui ressemble beaucoup à de la méthodologie Java, que je pourrais résumerainsi : « j’ai envie d’utiliser ce code tiers mais mon application est trop spécialepour l’utiliser tel quel, donc j’ai rajouté des jantes et pare-chocs en alu et unéclairage néon pour éclairer le dessous, puis j’ai fourré ma copie bling-bling dansmon application ». Une grande partie des développeurs upstream de Chromiumsemble avoir un passé de codeurs Java ce qui pourrait être une explication maisqui n’excuse rien. Cette façon de faire devrait être un dernier recours, pas lanorme.

Voici ce qui devrait plutôt arriver dans l’absolu (en prenant SQLite commeexemple) :

google Hé, ça serait sympa si nous pouvions utiliser SQLite dansChromium pour nos besoins de bases de données locales.

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google Hum, l’API SQLite ne cadre pas à 100% avec la manière dontj’aimerais que Chromium l’utilise.google Salut l’équipe SQLite, il y a quelques endroits où nous aimerionsvoir des améliorations de l’API pour que Chromium en tire profit dansnotre cas d’utilisation.sqlite_upstream Salut Google, c’est tellement cool que vous vouliezutiliser notre code.sqlite_upstream regarde les changements proposés par Google à SQLite.sqlite_upstream Intéressant, vous pourriez essayer d’utiliser la fonction Xpour mieux répondre à vos besoins mais le reste des changements sembleOK.sqlite_upstream valide les changements dans le code source dans larévision 12345.sqlite_upstream Notre prochaine version va les inclure.google Ouais ! Nous allons dire aux gens d’appliquer notre patch oud’utiliser la révision 12345 ou plus récente. »

Vous trouverez plus d’informations sur la page consacrée à Chromium dans leWiki Fedora.

FinalementAu final, il y a deux bons navigateurs open source, Firefox et Chromium, maisFedora persiste à n’en fournir qu’un seul et, malheureusement pour moi, ce n’estpas celui que je préfère �

L’ironie du sort, c’est que si vous recherchez « Fedora Chrome/Chromium » dansGoogle, il y a de fortes chances pour que vous vous retrouviez sur une page quivous propose le téléchargement de Chrome, puisque Google fournit un dépôtofficiel Chrome pour Fedora !

Et l’on se retrouva en fin de compte avec un Google Chrome et son Flash intégré�

Crédit photo : Scott Beamer (Creative Commons By-Sa)

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Au revoir Monsieur Slashdot etmerci !L’une francophone, l’autre anglophone, deux sources principales d’informationsont accompagné ma découverte du logiciel libre, un peu avant le passage dutroisième millénaire : LinuxFr et Slashdot (alias « /. »).

C’était eux qui m’apportaient alors des news fraîches et exclusives. Eux encorequi participaient à ma formation quand je parcourais les discussions dans les sinombreux commentaires.

Internet a évolué depuis, je pense notamment à l’arrivée des blogs puis desréseaux sociaux. Mais ces deux sites sont toujours là. L’un est resté bénévole etassociatif. Mais l’autre s’est monté en société qui a connu depuis plusieursrepreneurs. À tel point que son créateur, Rob Malda (alias CmdrTaco), a fini avecle temps à ne plus s’y retrouver, jusqu’à passer définitivement la main l’annéedernière.

Voici son témoignage.

PS : Le jour viendra lui aussi mais pour ne pas me voir rédiger le même billetdans un tout proche avenir merci de Soutenir Framasoft �

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15 ans après mon premier article15 Years After the First Post

Rob Malda – 3 octobre 2012 – Blog personnel(Traduction : Naar & Amélie, Dryt, Gatitac, ttoine, ZeHiro, goofy, Penguin,audece, onoff_web, minimoy)

L’histoire de Slashdot est totalement indissociable de ma propre vie. Je l’ai crééalors que j’étais encore étudiant à l’université. Quand les gens normaux faisaientleurs devoirs ou s’adonnaient à des activités personnelles, je passais mes soiréesà dessiner des icônes dans Gimp, à coder en Perl dans Vim ou à publier denouvelles histoires à partager avec mes amis. Je n’oublierai jamais les nuitspassées à scruter les dernières lignes du fichier access_log et à célébrer avecdes amis comme Jeff, Dave, Nate et Kurt chaque connexion provenant demicrosoft.com ou de mit.edu.

Slashdot a toujours absorbé tout mon temps, mais en grandissant il commença àengendrer des coûts réels : d’abord pour la bande passante puis pour lesserveurs. Mes amis et moi-même avons fondé une société visant à couvrir cesfrais pour simplement arriver à l’équilibre. Au moment où je me suis diplômé,

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l’entreprise ne pouvait employer qu’une seule personne à plein temps : moi. Jegagnais moins d’argent que j’aurais pu le faire autrement, mais là j’étais enfinlibre de me consacrer à ce qui me passionnait le plus.

Le site a s’est développé, dépassant nos imaginations les plus folles. Rapidement,il connut une demi-douzaine d’employés mais notre petite entreprise ne pouvaitplus faire face. Vendre Slashdot a été la bonne décision à ce moment-là : nousn’aurions pas pu survivre à la croissance ni aux années de vaches maigres aprèsl’explosion de la bulle Internet. Cette décision non anodine allait nécessairementavoir des conséquences, mais elles n’ont pas été visibles au cours des premièresannées.

À la suite de la vente, nous avons connu un cycle ininterrompu d’années dorées :les nouveaux employés qui nous rejoignaient partageaient nos rêves. Il s’agissaitde personnes qui comprenaient intuitivement ce qu’était Slashdot, ce qu’ilsignifiait, et à quel point il était important, car c’étaient aussi des lecteurs etutilisateurs du site. Beaucoup d’entre eux sont encore mes amis aujourd’hui. Cesont des relations dont la valeur pour moi va bien au-delà de la sphèreprofessionnelle.

J’ai eu alors la chance de parcourir le monde comme représentant d’unecommunauté en pleine croissance : Japon, Allemagne, Espagne, Australie. J’airencontré cette communauté en chair et en os et j’ai travaillé avec des personnesadmirables. Nous participions à un projet très stimulant et mettions lesutilisateurs au premier plan. Rien ne pouvait nous arrêter.

J’ai connu à travers Slashdot 14 années de tragédies : Columbine, le 11septembre, le crash de la navette spatiale Columbia, Fukushima. Ces événements-là et tant d’autres sont à jamais associés à des pics de connexion sur les tchatsentre les rédacteurs et modérateurs surexcités. La tristesse et la terreurn’empêchaient pas notre équipe de donner le meilleur d’elle-même en aidant desmilliers de personnes à se connecter entre elles au moment où elles avaient leplus besoin.

Mais pour tous ces moments tristes, il y eut encore plus d’optimisme et de joie.D’innombrables avancées scientifiques, des lolcats et un flux incessant denouvelles technologies et découvertes scientifiques en train de changer,généralement pour le meilleur, le monde autour de nous. Et je n’oublierai jamais

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la moiteur des mes mains alors que j’attendais fiévreusement une réponse de mapetite amie, à qui j’avais fait ma demande en mariage sur la page d’accueil deSlashdot. Tout ceci partagé avec des amis.

En 2007, je pris le plus long congé de toute ma carrière, et cela pour la meilleuredes raisons. Pendant les deux semaines qui ont suivi la naissance de mon fils, jen’ai en effet mis en ligne aucune page de Slashdot. Quand j’y suis retourné, le sitese portait comme un charme. Slashdot a célébré son dixième anniversaire et jecomprenais pour la première fois qu’il pouvait tranquillement continuer sansmoi…

Ce qui était bien, car le site était en déclin depuis quelques années. Les amisavaient été remplacés par des inconnus. Des décisions étaient prises par des gensqui, de plus en plus, n’étaient pas des utilisateurs directs du site. Ils voyaientSlashdot avant tout par la lorgnette du business : un compte de résultat, un rackde serveurs ou un nombre d’employés.

Avec le trafic qui déclinait, les défis techniques diminuaient également. La chargeétait rarement un problème. Le système de modération fonctionnait… toutsimplement. Mais le code de la plateforme commençait à dater. Il n’était plussouple ni maintenable. Notre équipe s’était réduite… jusqu’à ce qu’il n’y resteplus qu’un seul technicien ! Notre capacité à livrer du code s’était évaporée. Lepeu de temps de développement qui restait était bien trop souvent gaspillé dansdes projets voués à l’échec par manque de compréhension des utilisateurs.

Au cours de ces dernières années, ces critiques à peine voilées ont lentementévolué vers de l’amertume. Il fut impossible, au bout d’un moment, de le cacher àmes amis, à ma famille, et enfin, même à mes collègues de travail. Ils l’avaientcompris bien avant moi : je devais partir.

C’était il y a plus d’un an. Abandonner mon salaire me faisait peur, mais moinsque quelque chose de plus important encore à mes yeux. Slashdot avait beau êtredevenu ce célèbre site pour geeks and nerds, il était avant tout pour moi mon siteweb personnel. Je l’avais toujours considéré comme mon chez moi sur Internet.Quand je suis parti, j’ai perdu le droit de continuer à y poster du contenu.Objectivement j’étais d’accord avec mes amis qui me disaient qu’une « rupturefranche et nette » (NdT : The Clean Break) était meilleure pour moi… maisémotionnellement, je ressens toujours cette perte aujourd’hui. J’aime bien Twitter

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et Google+, mais j’aurai toujours l’impression de vivre dans la maison dequelqu’un d’autre.

Sans mon contrôle éditorial habituel, Slashdot m’a semblé souvent à côté de laplaque. J’ai fini par le lire uniquement via son flux RSS, où mon bien-aimé « Newsfor nerds » devint juste un flux parmi d’autres. J’y parcourais de moins en moinsd’articles. Parce que j’y trouvais de meilleures infos ailleurs mais aussi voiresurtout par que venir sur le site me faisait tout de suite voir ses changements. Destrucs que probablement personne d’autre n’aurait remarqués du reste. Quelquespixels par ici, une formulation changée par là. Certaines modifications sontpertinentes… mais beaucoup ne le sont pas. Et ça me rend triste, mêmemaintenant.

La bonne nouvelle pour moi, c’est que je n’avais pas été aussi heureuxprofessionnellement parlant depuis des années. Mon travail aux WaPo Labs merappelle les effervescentes premières années de Slashdot, quand tout paraissaitimportant. Notre équipe semble toujours lire le même livre, même s’ils ne sontpas tous à la même page. Mon boulot me paraît rafraîchissant et motivant. Et lemieux dans tout ça, c’est que je peux enfin séparer mon « moi » de « mon travail »quand le besoin s’en fait sentir. Je peux m’en détacher et prendre du recul. Jepeux être impartial, lucide et honnête comme je n’ai jamais pu le faire au milieude la tempête Slashdot.

Il y a peu, Slashdot a été vendu à un nouveau poids lourd… mettant encore plusde distance entre moi et ma création. J’y ai toujours quelques amis mais la plupartme sont étrangers. Il m’arrive cependant de passer encore de temps en temps surune page familière dont l’information me parle et se trouve enrichie et bonifiéepar la discussion. Je me surprends alors à fermer les yeux en pensant qu’un boutde mon ADN est toujours là-bas, là-dedans.

Je n’arrive toujours pas penser à l’histoire de Slashdot sans la lier à celle de mapropre vie. Mais après un an de séparation, j’ai fait mon deuil et compris que nousétions juste un chapitre dans l’histoire de nos vies respectives.

Mais quel putain de bon chapitre cela a été !

Crédit photo : Redjar (Creative Commons By-Sa)

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Source :

Microsoft refuse les jeux interdits aux mineurs dans son magasinWindows 8 (Numerama)Apple présentera un nouveau produit le 23 octobre (Numerama)Google menace de bannir la presse française de son moteur de recherche(Numerama)

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)

Point de réseau social sérieux sanslolcats !Framasoft harcèle (et parfois excède) ses followers Twitter actuellement avec ses« lolcats de soutien » (là, là, là, là, là, là, là, là, là, là ou encore là), ce qui ne nousempêche de nous penser sérieux et appliqués dans notre démarche de promotionet diffusion du Libre.

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L’idée générale de la traduction ci-dessous c’est que si vous voulez créer unvéritable réseau social au sein de votre structure alors il vous faudra aussiaccepter ce qui n’a rien à voir avec votre structure. C’est le coté social du réseausocial et il est beaucoup moins futile qu’on peut à priori le penser car c’estsouvent un préalable à une bonne ambiance d’où pourront émerger des chosesbien pertinentes pour votre structure.

Si vous voulez une culture vraimentcollaborative, vous devez aussi accepter lesLOLCatsIf you want a culture of collaboration, you need to accept the LOLCats too

Steve Radick – 11 janvier 2012 – OpenSource.com(Traduction : KoS, Maïeul, @ali0une, greygjhart)

Même lorsque la presse était sacrée, nous avons eu des romans érotiques 150ans avant d’avoir des journaux scientifiquesClay Shirky (Conférence TED Cannes juin 2010)

C’est une de mes citations favorites de l’une de mes personnalités favoritesd’Internet, Clay Shirky. Je l’aime particulièrement parcequ’elle illustre selon moi

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l’époque où certaines organisations se trouvent en essayant d’intégrer les médiassociaux en leur sein.

Avant que les wikis ne soient utilisés par les communautés de coopérationscientifique, les personnes s’y inscrivaient pour désigner leur équipe de footfavorite. Avant que l’intranet de ma propre entreprise ne remporte un prix, nousavions des personnes qui nous expliquaient comment elles étaient heureuse de semontrer (presque) nues sur leurs profils. Avant que nos dirigeants commencent àutiliser Yammer pour communiquer avec la base, des groupes de fanas d’Androidou de fitness s’étaient déjà constitués. Je vous parle de cela parce que si vousdécidez un jour d’intégrer un média social interne à votre organisation, vousdevrez préparer vous-même, vos collègues, vos patrons, votre haute direction àcette vérité inexorable.

Si vous paniquez en voyant tout ça sur votre intranet, vous n’êtes probablementpas prêt pour un intranet social.

Si vous voulez créer une culture dynamique de collaboration, vous devez accepterles photos de LOLCats, les sujets parlant de foot, les débats sans fin sur Apple etAndoid, et même les critiques sur la politique de l’entreprise.

Acceptez et intégrez ce fait maintenant et vos communautés auront de bienmeilleurs chances de succès. Ou, continuez à penser que de telles choses sont uneperte de temps et ne sont pas professionnelles, et soyez prêt à payer beaucoupd’argent pour un système que personne n’utilise à moins d’être forcé à le faire (etils l’utiliseront alors mal).

Malheureusement, « social » à l’air d’être devenu un gros mot en entreprise,associé à l’image d’employés perdant leur temps sur Facebook, parlant à leurpetit ami au téléphone, ou prenant une pause déjeuner de trois heures. Acceptonsd’arrêter d’essayer d’enlever le social d’un réseau social. Les interactions socialesne doivent pas seulement être acceptées, elles doivent même être encouragées etrécompensées. Shirky explique pourquoi dans cette conférence TED (à partir de 5minutes 33 secondes).

Shirky explique :

Le fossé est entre faire quelque chose et ne rien faire. Et quelqu’un qui fait desLOLcat a déjà franchi ce fossé. Oui, il est tentant de vouloir obtenir des projets

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aussi noble que Ushahidi sans les LOLCats, d’avoir les choses sérieuses sans leschoses futiles. Mais l’abondance de médias ne marche pas comme ça. La libertéd’expérimenter, c’est aussi voire surtout la liberté d’experimenter n’importequoi.

Il y a cette tendance de la part des dirigeants à vouloir supprimer (voiresanctionner) les blogs qui évoqueraient des solutions de contournement de lapolitique d’entreprise et les pages wiki détaillant les meilleurs restaurants pourdéjeuner. Ils veulent aller droit au but qui serait la co-création de méthodologiesavec des équipes inter-fonctionnelles et des initiatives de crowdsourcing qui fontéconomiser des millions de dollars !

Ça ne fonctionne pas pas comme ça. Les communautés collaboratives necommencent pas à innover juste parce que vous mettez en place un site web etenvoyez un mémo. Souvenons-nous que les nouvelles érotiques sont apparuesbien avant les journaux scientifiques. Il y aura donc des LOLCats avant desUshahidi. Vous devez accepter le fait que vos employés parleront de sport et devacances avant d’être prêts à utiliser l’outil pour procéder à un « vrai » travail.

C’est intuitivement du bon sens. N’est-il pas plus facile de publier votre bon plandu midi plutôt que d’envoyer ce rapport sur lequel vous travaillez depuis troissemaines ? Si quelqu’un n’apprécie pas votre restaurant préféré, quelleimportance ? En revanche si quelqu’un critique le rapport que vous avez passédes semaines à écrire, c’est un peu plus intimidant. Une fois que vous avezfranchi ce seuil, ce seuil entre ne rien faire et faire quelque chose, c’est plusfacile alors de monter les marches. Une fois la glace rompue avec la mention devotre passion pour la gastronomie chinoise, il vous sera soudainement plus facilede participer à la conversation sur tel projet important de votre entreprise. Peut-être même que vous accepterez d’envoyer une partie coriace du rapport endemandant aide et éclaircissement aux autres. Sous cet angle, même lespublications les plus stupides et les conversations les plus insignifiantes ont de lavaleur, parce qu’elle n’engage qu’un risque mineur pour les gens à se jeter à l’eauet faire le premier pas.

Cela peut prendre du temps pour que les employés se sentent vraiment à l’aiseavec l’utilisation des réseaux sociaux au travail. En lui laissant ainsi la possibilitéde s’épanouir et d’apprendre ensemble à son propre rythme, votre communauté

Page 42: Framavectoriel, à peine lancé et déjà utilisé pour faire

supportera bien mieux les changements d’échelle et durera bien plus longtemps.

Alors acceptez les LOLCats, les délires footballistiques, les discussions sur labouffe, et les avatars personnalisés : au moins vos employés créeront etpartageront quelque chose avec quelqu’un d’autre. Parce que ce qui viendraaprès ces stupides discussions mènera à du lien, des relations, des questions, desréponses, et finalement, à des innovations très créatives, à des produits et dessolutions qui vous feront économiser du temps et (beaucoup) d’argent. Et vousserez récompensés pour avoir participé à rendre votre entreprise humaine etchaleureuse.

Crédit photo : Michellelevine (Creative Commons By-Sa)