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LES ANNÉES LES ENFANTS D’HÉRACLÈS D’YVETTE THÉRAULAZ ACCOMPAGNÉE AU PIANO PAR LEE MADDEFORD D’APRÈS EURIPIDE fig. 7 Du mardi 23 février au mercredi 23 mars et du mardi 5 au dimanche 17 avril 2016 Salle Gérard-Carrat (rue Ancienne 57 à Carouge) Horaires : mardi, mercredi, jeudi, samedi 19h / vendredi 20h / dimanche 17h Adaptation de Julie Gilbert, Jérôme Richer et Delphine de Stoutz Conception et mise en scène Delphine de Stoutz Dans le cadre du Festival Ctrl-J / Du 15 au 17 avril 2016 Au Centre des Arts – École internationale de Genève LE JOURNAL DU THÉÂTRE DE CAROUGE - ATELIER DE GENÈVE NUMÉRO 5 – SAISON 2015-2016 TCAG.CH / +41 22 343 43 43 C’est l’histoire d’une petite fille qui apprend comment se comporter pour être gentille, obéissante et déli- cieuse. Puis le temps passe, ou nous passons, en tout cas les années filent. Cette petite fille gentille devient une adolescente. Elle a de la chance car mai 68 arrive. Elle se donne corps et âme dans cette révolte. Elle y trouve même sa raison d’être. Elle est pleine d’espoir et d’utopie : le monde va changer, elle en est persua- dée, elle devient féministe et humaniste. Elle fait du théâtre aussi depuis quelques années. Elle apprend et comprend un peu le monde, elle se politise. Elle lit des poèmes, des livres. Elle écrit des chansons, ce sera l’occasion dans le spectacle d’évoquer cette période et de faire un hommage au théâtre qui restera avec la chanson sa raison de vivre et de tenir debout. Les Années parlent et chantent les hommes et les ruptures, puis les années continuent de défiler, on arrive à 40 ans, 50 ans et on se pose les questions essentielles. On s’interroge, on refuse de vieillir, de mourir, c’est un peu présomptueux alors on va en rire et pourquoi pas imaginer ses funérailles, et pourquoi pas vivre un grand amour, et pourquoi pas, puisqu’on se rapetisse, élargir l’espace du dedans. Les Années, c’est le chemin d’une vie. Les Années, c’est l’occasion de se révolter contre tout ce qui nous en- trave. Les Années, c’est l’occasion de rendre hommage et de remercier la vie. « Je suis Marco Polo et j’ai fait le tour du monde pour arriver en Suisse. » Daryoush (Iran), un enfant d’Héraclès « Au départ, il y a le désir de poser un regard sur une Suisse profondément post-migratoire qui se défend de l’être. Mais après Lampedusa, les foules qui s’amassent aux portes de l’Europe, après les bunkers, après la « Jungle » de Calais, les asiles incendiés, il fallait parler du voyage, il fallait raconter ce qui pousse un homme, une femme, un enfant à tout abandonner, ce qu’ils ont traversé, et ce qu’ils vivent ici. Alors pour parler de cela, nous sommes partis en Grèce. Plus précisément à Athènes en l’an 426 avant Jé- sus-Christ. Nous avons suivi pas à pas l’histoire des 60 enfants d’Héraclès persécutés, bannis dans toute la Macédoine et qui se retrouvent aux portes d’Athènes dans l’ultime espoir d’y trouver asile. Une quinzaine de jeunes entre 15 et 25 ans se sont emparés de cette histoire afin de mieux pouvoir ra- conter la leur. Que veut dire « sacrifice » ? Resterons-nous ? Une terre d’accueil, c’est quoi ? Qu’est-ce qui me définit ? Qui faut-il que je sois pour toi ? Le résultat est un texte à cheval entre Euripide et les mots de Latcheen, Daryoush, Alexandra, Thomas, Alexandre, Laure, Ibrahim, Bakary et les autres, une histoire genevoise contemporaine et antique, dont chaque mot sera joué sur scène pendant le Festival CTRL-J qui se tiendra du 15 au 17 avril 2016 dans 7 lieux à Genève. » Delphine de Stoutz YVETTE THÉRAULAZ, ENTRE BONTÉ ET UTOPIE Lorsque le Mouvement de libération des femmes dépose une gerbe de fleurs sous l’Arc de Triomphe à la mémoire de la femme du soldat inconnu en 1970, Yvette Théraulaz a 23 ans. Nourrie de l’esprit post–68, la femme en devenir naît à la vie dans cette période de changement politique et social. Partisane et militante, Yvette Théraulaz utilise sa voix comme vecteur contestataire ou satirique pour traduire les espoirs et les révoltes, soutenir des causes, accompagner l’Histoire et marquer les époques. En 2013, elle reçoit l’Anneau Hans Reinhart, la plus haute distinction de la Société suisse du théâtre. Votre vie s’est déroulée sur les planches entre théâtre et chansons : quelle est l’évolution de votre démarche artistique, de vos débuts à aujourd’hui ? Si je me retourne sur toutes ces années, 54 ans que je fais ce métier, je suis d’abord touchée et reconnais- sante. Il y a beaucoup d’intuitions, de convictions et de doutes dans ce long chemin. J’ai tenté de suivre ma vé- rité en accord avec mon intelligence, mon cœur et mon âme. Donner. C’est le mot que je répète avant d’entrer en scène. Donner ! Comment en êtes-vous arrivée au chant ? Et pour- quoi avoir choisi ce medium pour raconter vos luttes et votre vie ? Chanter c’était me retrouver chez moi. Je ne savais pas ce que je voulais transmettre mais dès mon premier spectacle musical (joué au Théâtre de Carouge-Atelier de Genève) j’ai su que je voulais chanter les femmes, et pour parler des femmes j’ai compris que je devais pas- ser par ma vie. Voilà plus de douze spectacles que je chante, mêlant ma petite histoire à la grande. En tant que féministe, quel regard portez-vous sur les actions menées aujourd’hui? Je ne connais pas « la plateforme idéologique » des groupes d’aujourd’hui. Mais partout où la révolte gronde, il y a un espoir pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. Rien n’est acquis définitivement. Il faut continuer à lutter plus que jamais. La situation des femmes partout dans le monde est souvent catastro- phique et même « chez nous » les femmes subissent des discriminations sociales, des violences conjugales, des viols. Les femmes ne doivent plus être des victimes. Se battre c’est redevenir des sujets. Quels sont vos espoirs d’aujourd’hui ? Avoir des utopies. Sans utopies il n’y a pas de trans- cendance. Et on a besoin de transcendance pour vivre. Nous avons besoin de symboles communs pour vivre ensemble. Il faut construire des issues. Chacun à son ni- veau. Être en travail. Faire un spectacle c’est construire une issue. Faire un spectacle c’est continuer de creuser pour atteindre notre humanité profonde. Et réparer ce qui peut être réparé. Rester dans les questions. Appor- ter la contradiction. Découvrir. Chercher. Se rassem- bler en permanence. Viser l’oblique poétique. Travailler chaque instant à la bonté.  Que défendriez-vous aujourd’hui et comment ? J’essaie de défendre ce qui est à ma portée. Je défends le droit pour mes deux petites filles à l’amour incondi- tionnel. Je continue dans mes spectacles de partager quelques convictions. J’essaie d’écouter quand on me parle. Dire ici ou là un mot amical. Avoir des égards. Le Théâtre de Carouge-Atelier de Genève remercie ses subventionneurs la République et Canton de Genève ses partenaires principaux la Fondation Hans Wilsdorf, Notenstein La Roche Banque Privée, JTI, la Fondation Neva ses partenaires de création la Fondation Leenaards, Genève Aéroport les initiatives et entreprises avec lesquelles il collabore la Ville de Genève, Teo Jakob SA, le Service Culturel Migros Genève, la Carte 20 ans / 20 francs, le Chéquier culture, le Kiosque culturel du CAGI à l’ONUG, Unireso, le Fonds intercommunal des communes genevoises. Un remerciement particulier aux entreprises et aux communes membres du Club des 50 qui ont décidé de soutenir les activités du Théâtre ainsi qu’à ses partenaires culturels. Direction artistique SO2DESIGN/so2design.ch, Photographie verso Sandra Pointet/localf11.ch, Photo Lee Maddeford et Yvette Théraulaz Guillaume Perret, Responsable de projet Jane Carton, Tiré à 10’000 exemplaires par l’Imprimerie Genevoise/imprimerie-genevoise.ch « LE 5 AVRIL 1971, 343 FEMMES, DONT CERTAINES TRÈS CONNUES COMME SIMONE DE BEAUVOIR, CATHERINE DENEUVE, MARGUERITE DURAS, JEANNE MOREAU, FRANÇOISE SAGAN, DÉCLARENT AVOIR AVORTÉ. ELLES RÉCLAMENT LE LIBRE-ACCÈS AUX MOYENS ANTI-CONCEPTIONNELS ET À L’AVORTEMENT LIBRE ET GRATUIT. ELLES REPRENNENT À LEUR COMPTE LE TERME DE SALOPES, EMPLOYÉ IRONIQUEMENT PAR CHARLIE HEBDO. JE RAJOUTE MON NOM AU MANIFESTE DES 343 SALOPES. » YVETTE THÉRAULAZ MANIFESTE DES 343 SALOPES L’usage de notre corps n’a pas à être réglementé. Nous ne voulons pas des tolérances, des bribes de ce que les autres humains ont de naissance, la liberté d’user de leur corps comme ils l’entendent. Nous nous opposons autant à la loi Peyret ou au projet A.N.E.A. qu’à la loi actuelle comme nous nous opposerons à toute loi qui pré- tendra régler d’une façon quelconque notre corps. Nous ne voulons pas une meilleure loi, nous voulons sa sup- pression pure et simple. Nous ne demandons pas la charité, nous voulons la justice. Nous sommes 27’000 000 rien qu’ici. 27’000 000 de « citoyennes » traitées comme du bétail. Aux fascistes de tout poil — qu’ils s’avouent comme tels et nous matraquent ou qu’ils s’appellent catholiques, intégristes, démographes, médecins, experts, juristes, « hommes responsables », Debré, Peyret, Lejeune, Pom- pidou, Chauchard, le pape — nous disons que nous les avons démasqués. Que nous les appelons les assassins du peuple. Que nous leur interdisons d’employer le terme « respect de la vie » qui est une obscénité dans leur bouche. Que nous sommes 27’000 000. Que nous lutterons jusqu’au bout parce que nous ne voulons rien de plus que notre dû : la libre disposition de notre corps. Extrait du manifeste paru dans Le Nouvel Observateur du 5 avril 1971 Chant Yvette Théraulaz, Piano et arrangements Lee Maddeford Collaboration artistique Stefania Pinnelli et David Deppierraz, Mise en jeu Philippe Morand, Son Bernard Amaudruz, Lumières Nidea Henriques et Éric Zollikofer, Costumes Olivier Falconnier Production déléguée Compagnie Horizon Avec Caroline Gasser, Jacques Michel, Claude Thébert, Raphaël Vachoux et 60 amateurs de 12 à 99 ans d'ici et de là-bas, Scénographie Yann Joly, Lumières Jean-Philippe Roy, Son Emmanuel Nappey, Costumes Véronica Segovia, Maquillage Katrin Zingg, Chorégraphie Aïcha El Fishawy, Coach musique Diana Pluss, Coach slam Pablo Michellod Production Théâtre de Carouge-Atelier de Genève en partenariat avec Le Centre des Arts École Internationale de Genève et de la Fondation L’Abri. Ce projet est réalisé avec le soutien de la République et Canton de Genève Bureau de l’intégration des étrangers, du Département d’Instruction Publique Fonds pour la Paix, de la Fondation Ernst Göhner et de la Fondation Gandur pour la Jeunesse. En collaboration avec le CSP Centre Social Protestant. Un grand merci à l’Hospice Général de la ville de Genève, l’ACPO, la FASe, L’École Internationale et Mottattom. Informations et réservations : www.ctrl-j.ch, www.tcag.ch, +41 22 343 43 43 LES RENDEZ-VOUS LE MERCREDI 2 MARS 2016 Salle Gérard-Carrat (rue Ancienne 57) Bord de scène (à l’issue de la représentation) LE MARDI 8 MARS 2016 À 12H30 Société de Lecture (Grand-Rue 11, 1204 Genève) Déjeunez avec une actrice ! Rencontre gourmande avec Yvette Théraulaz Réservations : secretariat@societe-de-lecture LE DIMANCHE 13 MARS 2016 À 12H Salle Gérard-Carrat (rue Ancienne 57) Brunch en musique Concert brunch par la chorale de comédiens Les Ficelles dirigée par Lee Maddeford et Daniel Perrin Informations et réservations : +41 22 343 43 43 LE PROCHAIN SPECTACLE Du 5 avril au 8 mai 2016 La Grenouille avait raison De James Thierrée Salle François-Simon (rue Ancienne 39) Réservations : +41 22 343 43 43 Suite à la mort de leur père, les 60 enfants d’Héraclès sont persécutés et contraints de s’exiler. Accom- pagnés du fidèle serviteur de leur père, Iolaos, et de leur grand-mère, Alcmène, ils se réfugient à Athènes, sur les terres des deux fils de Thé- sée. Les liens qui unissent ces deux familles sont leur dernière chance pour espérer être sauvés.

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Page 1: fig. 7 LES ANNÉES « LE 5 AVRIL 1971, 343 FEMMES, DONT … · 2019-05-19 · Latcheen, Daryoush, Alexandra, Thomas, Alexandre, Laure, Ibrahim, Bakary et les autres, une histoire

LES ANNÉES

LES ENFANTS D’HÉRACLÈS

D’YVETTE THÉRAULAZ ACCOMPAGNÉE AU PIANO PAR LEE MADDEFORD

D’APRÈS EURIPIDE

fig. 7

Du mardi 23 février au mercredi 23 marset du mardi 5 au dimanche 17 avril 2016Salle Gérard-Carrat (rue Ancienne 57 à Carouge)Horaires : mardi, mercredi, jeudi, samedi 19h / vendredi 20h / dimanche 17h

Adaptation de Julie Gilbert, Jérôme Richer et Delphine de StoutzConception et mise en scène Delphine de StoutzDans le cadre du Festival Ctrl-J / Du 15 au 17 avril 2016Au Centre des Arts – École internationale de Genève

LE JOURNAL DU THÉÂTRE DE CAROUGE - ATELIER DE GENÈVEN U M É R O 5 – S A I S O N 2 0 1 5 - 2 0 1 6

T C A G . C H / + 4 1 2 2 3 4 3 4 3 4 3

C’est l’histoire d’une petite fille qui apprend comment se comporter pour être gentille, obéissante et déli-cieuse. Puis le temps passe, ou nous passons, en tout cas les années filent. Cette petite fille gentille devient une adolescente. Elle a de la chance car mai 68 arrive. Elle se donne corps et âme dans cette révolte. Elle y trouve même sa raison d’être. Elle est pleine d’espoir et d’utopie : le monde va changer, elle en est persua-dée, elle devient féministe et humaniste. Elle fait du théâtre aussi depuis quelques années. Elle apprend et comprend un peu le monde, elle se politise. Elle lit des poèmes, des livres. Elle écrit des chansons, ce sera l’occasion dans le spectacle d’évoquer cette période et de faire un hommage au théâtre qui restera avec la chanson sa raison de vivre et de tenir debout.

Les Années parlent et chantent les hommes et les ruptures, puis les années continuent de défiler, on arrive à 40 ans, 50 ans et on se pose les questions essentielles. On s’interroge, on refuse de vieillir, de mourir, c’est un peu présomptueux alors on va en rire et pourquoi pas imaginer ses funérailles, et pourquoi pas vivre un grand amour, et pourquoi pas, puisqu’on se rapetisse, élargir l’espace du dedans.Les Années, c’est le chemin d’une vie. Les Années, c’est l’occasion de se révolter contre tout ce qui nous en-trave. Les Années, c’est l’occasion de rendre hommage et de remercier la vie.

« Je suis Marco Polo et j’ai fait le tour du monde pour arriver en Suisse. » Daryoush (Iran), un enfant d’Héraclès

« Au départ, il y a le désir de poser un regard sur une Suisse profondément post-migratoire qui se défend de l’être. Mais après Lampedusa, les foules qui s’amassent aux portes de l’Europe, après les bunkers, après la « Jungle » de Calais, les asiles incendiés, il fallait parler du voyage, il fallait raconter ce qui pousse un homme, une femme, un enfant à tout abandonner, ce qu’ils ont traversé, et ce qu’ils vivent ici. Alors pour parler de cela, nous sommes partis en Grèce. Plus précisément à Athènes en l’an 426 avant Jé-sus-Christ. Nous avons suivi pas à pas l’histoire des 60 enfants d’Héraclès persécutés, bannis dans toute la Macédoine et qui se retrouvent aux portes d’Athènes dans l’ultime espoir d’y trouver asile.

Une quinzaine de jeunes entre 15 et 25 ans se sont emparés de cette histoire afin de mieux pouvoir ra-conter la leur. Que veut dire « sacrifice » ? Resterons-nous ? Une terre d’accueil, c’est quoi ? Qu’est-ce qui me définit ? Qui faut-il que je sois pour toi ? Le résultat est un texte à cheval entre Euripide et les mots de Latcheen, Daryoush, Alexandra, Thomas, Alexandre, Laure, Ibrahim, Bakary et les autres, une histoire genevoise contemporaine et antique, dont chaque mot sera joué sur scène pendant le Festival CTRL-J qui se tiendra du 15 au 17 avril 2016 dans 7 lieux à Genève. »Delphine de Stoutz

YVETTE THÉRAULAZ, ENTRE BONTÉ ET UTOPIELorsque le Mouvement de libération des femmes dépose une gerbe de fleurs sous l’Arc de Triomphe à la mémoire de la femme du soldat inconnu en 1970, Yvette Théraulaz a 23 ans. Nourrie de l’esprit post–68, la femme en devenir naît à la vie dans cette période de changement politique et social. Partisane et militante, Yvette Théraulaz utilise sa voix comme vecteur contestataire ou satirique pour traduire les espoirs et les révoltes, soutenir des causes, accompagner l’Histoire et marquer les époques. En 2013, elle reçoit l’Anneau Hans Reinhart, la plus haute distinction de la Société suisse du théâtre.

Votre vie s’est déroulée sur les planches entre théâtre et chansons : quelle est l’évolution de votre démarche artistique, de vos débuts à aujourd’hui ?Si je me retourne sur toutes ces années, 54 ans que je fais ce métier, je suis d’abord touchée et reconnais-sante. Il y a beaucoup d’intuitions, de convictions et de doutes dans ce long chemin. J’ai tenté de suivre ma vé-rité en accord avec mon intelligence, mon cœur et mon âme. Donner. C’est le mot que je répète avant d’entrer en scène. Donner !

Comment en êtes-vous arrivée au chant ? Et pour-quoi avoir choisi ce medium pour raconter vos luttes et votre vie ?Chanter c’était me retrouver chez moi. Je ne savais pas ce que je voulais transmettre mais dès mon premier spectacle musical (joué au Théâtre de Carouge-Atelier de Genève) j’ai su que je voulais chanter les femmes, et pour parler des femmes j’ai compris que je devais pas-ser par ma vie. Voilà plus de douze spectacles que je chante, mêlant ma petite histoire à la grande.

En tant que féministe, quel regard portez-vous sur les actions menées aujourd’hui?Je ne connais pas « la plateforme idéologique » des groupes d’aujourd’hui. Mais partout où la révolte gronde, il y a un espoir pour que demain soit meilleur

qu’aujourd’hui. Rien n’est acquis définitivement. Il faut continuer à lutter plus que jamais. La situation des femmes partout dans le monde est souvent catastro-phique et même « chez nous » les femmes subissent des discriminations sociales, des violences conjugales, des viols. Les femmes ne doivent plus être des victimes. Se battre c’est redevenir des sujets.

Quels sont vos espoirs d’aujourd’hui ?Avoir des utopies. Sans utopies il n’y a pas de trans-cendance. Et on a besoin de transcendance pour vivre. Nous avons besoin de symboles communs pour vivre ensemble. Il faut construire des issues. Chacun à son ni-veau. Être en travail. Faire un spectacle c’est construire une issue. Faire un spectacle c’est continuer de creuser pour atteindre notre humanité profonde. Et réparer ce qui peut être réparé. Rester dans les questions. Appor-ter la contradiction. Découvrir. Chercher. Se rassem-bler en permanence. Viser l’oblique poétique.Travailler chaque instant à la bonté.  Que défendriez-vous aujourd’hui et comment ?J’essaie de défendre ce qui est à ma portée. Je défends le droit pour mes deux petites filles à l’amour incondi-tionnel. Je continue dans mes spectacles de partager quelques convictions. J’essaie d’écouter quand on me parle. Dire ici ou là un mot amical. Avoir des égards.

Le Théâtre de Carouge-Atelier de Genève remercie ses subventionneurs la République et Canton de Genève ses partenaires principaux la Fondation Hans Wilsdorf, Notenstein La Roche Banque Privée, JTI, la Fondation Neva ses partenaires de création la Fondation Leenaards,

Genève Aéroport les initiatives et entreprises avec lesquelles il collabore la Ville de Genève, Teo Jakob SA, le Service Culturel Migros Genève, la Carte 20 ans / 20 francs, le Chéquier culture, le Kiosque culturel du CAGI à l’ONUG, Unireso,

le Fonds intercommunal des communes genevoises. Un remerciement particulier aux entreprises et aux communes membres du Club des 50 qui ont décidé de soutenir les activités du Théâtre ainsi qu’à ses partenaires culturels. Direction artistique SO2DESIGN/so2design.ch,

Photographie verso Sandra Pointet/localf11.ch, Photo Lee Maddeford et Yvette Théraulaz Guillaume Perret, Responsable de projet Jane Carton, Tiré à 10’000 exemplaires par l’Imprimerie Genevoise/imprimerie-genevoise.ch

« LE 5 AVRIL 1971, 343 FEMMES, DONT CERTAINES TRÈS CONNUES COMME SIMONE DE BEAUVOIR, CATHERINE DENEUVE, MARGUERITE DURAS,JEANNE MOREAU, FRANÇOISE SAGAN, DÉCLARENT AVOIR AVORTÉ. ELLES RÉCLAMENT LE LIBRE-ACCÈS AUX MOYENS ANTI-CONCEPTIONNELS ET À L’AVORTEMENT LIBRE ET GRATUIT. ELLES REPRENNENT À LEUR COMPTE LE TERME DE SALOPES, EMPLOYÉ IRONIQUEMENT PAR CHARLIE HEBDO. JE RAJOUTE MON NOM AU MANIFESTE DES 343 SALOPES. » YVETTE THÉRAULAZ

MANIFESTE DES 343 SALOPESL’usage de notre corps n’a pas à être réglementé. Nous ne voulons pas des tolérances, des bribes de ce que les autres humains ont de naissance, la liberté d’user de leur corps comme ils l’entendent. Nous nous opposons autant à la loi Peyret ou au projet A.N.E.A. qu’à la loi actuelle comme nous nous opposerons à toute loi qui pré-tendra régler d’une façon quelconque notre corps. Nous ne voulons pas une meilleure loi, nous voulons sa sup-pression pure et simple. Nous ne demandons pas la charité, nous voulons la justice. Nous sommes 27’000 000 rien qu’ici. 27’000 000 de « citoyennes » traitées comme du bétail.Aux fascistes de tout poil — qu’ils s’avouent comme tels et nous matraquent ou qu’ils s’appellent catholiques, intégristes, démographes, médecins, experts, juristes, « hommes responsables », Debré, Peyret, Lejeune, Pom-pidou, Chauchard, le pape — nous disons que nous les avons démasqués.Que nous les appelons les assassins du peuple. Que nous leur interdisons d’employer le terme « respect de la vie » qui est une obscénité dans leur bouche. Que nous sommes 27’000 000. Que nous lutterons jusqu’au bout parce que nous ne voulons rien de plus que notre dû : la libre disposition de notre corps.

Extrait du manifeste paru dans Le Nouvel Observateur du 5 avril 1971

Chant Yvette Théraulaz, Piano et arrangements Lee Maddeford

Collaboration artistique Stefania Pinnelli et David Deppierraz, Mise en jeu Philippe Morand, Son Bernard Amaudruz, Lumières Nidea Henriques et Éric Zollikofer, Costumes Olivier Falconnier

Production déléguée Compagnie Horizon

Avec Caroline Gasser, Jacques Michel, Claude Thébert, Raphaël Vachoux et 60 amateurs de 12 à 99 ans d'ici et de là-bas, Scénographie Yann Joly, Lumières Jean-Philippe Roy, Son Emmanuel Nappey, Costumes Véronica Segovia, Maquillage Katrin Zingg, Chorégraphie Aïcha El Fishawy, Coach musique Diana Pluss, Coach slam Pablo Michellod

Production Théâtre de Carouge-Atelier de Genève en partenariat avec Le Centre des Arts – École Internationale de Genève et de la Fondation L’Abri. Ce projet est réalisé avec le soutien de la République et Canton de Genève – Bureau de l’intégration des étrangers, du Département d’Instruction Publique – Fonds pour la Paix, de la Fondation Ernst Göhner et de la Fondation Gandur pour la Jeunesse. En collaboration avec le CSP – Centre Social Protestant. Un grand merci à l’Hospice Général de la ville de Genève, l’ACPO, la FASe, L’École Internationale et Mottattom.

Informations et réservations : www.ctrl-j.ch, www.tcag.ch, +41 22 343 43 43

LES RENDEZ-VOUSLE MERCREDI 2 MARS 2016Salle Gérard-Carrat (rue Ancienne 57)Bord de scène (à l’issue de la représentation)

LE MARDI 8 MARS 2016 À 12H30Société de Lecture (Grand-Rue 11, 1204 Genève)Déjeunez avec une actrice ! Rencontre gourmande avec Yvette ThéraulazRéservations : secretariat@societe-de-lecture

LE DIMANCHE 13 MARS 2016 À 12HSalle Gérard-Carrat (rue Ancienne 57)Brunch en musique Concert brunch par la chorale de comédiens Les Ficelles dirigée par Lee Maddeford et Daniel PerrinInformations et réservations : +41 22 343 43 43

LE PROCHAIN SPECTACLEDu 5 avril au 8 mai 2016La Grenouille avait raison De James ThierréeSalle François-Simon (rue Ancienne 39)Réservations : +41 22 343 43 43

Suite à la mort de leur père, les 60 enfants d’Héraclès sont persécutés et contraints de s’exiler. Accom-pagnés du fidèle serviteur de leur père, Iolaos, et de leur grand-mère, Alcmène, ils se réfugient à Athènes, sur les terres des deux fils de Thé-sée. Les liens qui unissent ces deux familles sont leur dernière chance pour espérer être sauvés.

Page 2: fig. 7 LES ANNÉES « LE 5 AVRIL 1971, 343 FEMMES, DONT … · 2019-05-19 · Latcheen, Daryoush, Alexandra, Thomas, Alexandre, Laure, Ibrahim, Bakary et les autres, une histoire

« IL EST PLUS DIFFICILE DE DÉSAGRÉGER UN PRÉJUGÉ QU’UN ATOME » (ALBERT EINSTEIN)