ey echo connect tijd connect | 26 février … · performantes dans le cadre de cas pratiques....
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5Sept clés pourune réussitedurable
Luc De Bruyckereau sujet du FamilyBusiness Awardof Excellence®
7Les jeunes préparent la relève
11 14L’avenir de votreentreprise et devotre famille
Les entreprises familiales jouent de plus en plussouvent la carte de la bonne gouvernance. Elles sontégalement prêtes à faire preuve d’une plus grandetransparence. Grâce au Family Business Award of
Excellence®, EY soutient cette évolution positive, enpartenariat avec FBN Belgium et GUBERNA, pourl’ensemble de l’économie. Ce cahier présente unportrait détaillé du vainqueur de cette année,Reynaers Aluminium, ainsi que des lauréats Alsico,Bel&Bo, DesleeClama et Libeert. Vous y trouverezégalement une interview du président du jury, LucDe Bruyckere. Ainsi que les conclusions de plusieursétudes récentes, des conseils et des best practices,et une analyse de plusieurs entreprises familialesperformantes dans le cadre de cas pratiques. Alors,prêt à relever le défi?
L’entreprise familiale sous le feu des projecteurs
© Frank Toussaint
Rudi Braes et Martine Reynaers
U n e i n i t i a t i v e d ’ E Y e n p a r t e n a r i a t a v e c E C H O C O N N E C T e t T I J D C O N N E C T | 2 6 f é v r i e r 2 0 1 6 é d i t i o n 3 4
Des questions à ce sujet?Souhaitez-vous consulterce dossier en ligne?www.lecho.be/envue
Stratégie et vision
Chaque entreprise familiale écrit son histoire particulière.Elle est unique, em-preinte des forces etdes faiblesses, desdéfis et des menacesqui lui sont propres. Telle entreprise fami-liale aura connu denombreux conflits internes, telle autreaura été confrontée à
des problèmes de succession, une troisièmesera parvenue à renouveler son modèle d’affaires. En bref : toutes les entreprises ontquelque chose à apprendre les unes des autres.
Par le passé, les entreprises familialesn’étaient pas enclines au partage d’informa-tions. Succès et échecs se cultivaient dans ladiscrétion. C’est parfois encore le cas au-jourd’hui, mais le monde change rapidement.Nous percevons une plus grande curiosité,une volonté d’apprendre et une ouvertureaccrues. Nous sommes davantage disposésà apprendre les uns des autres et à partagerdes expériences. C’est d’ailleurs indispensa-ble: les modèles d’affaires et de successionévoluent très vite et la numérisation exigeflexibilité et ouverture.
C’est aussi pourquoi EY soutient le FamilyBusiness Award of Excellence® en partena-riat avec FBN Belgium et GUBERNA. Parmiles innombrables entreprises familiales quecompte la Belgique, nous avons sélectionnéplusieurs exemples parlants que nous pla-çons sur le devant de la scène. En espérantqu’ils incarnent une source d’inspiration pourde nombreuses entreprises familiales. Bonnelecture!
Quels sont les facteurs de succès spécifiques d’une entreprise familiale?Reynaers: Je dirige une entreprise familiale avec
Reynaers, et mes mandats d’administratrice chez FBN
Belgium, au Voka, à la FEB et à Agoria me permettent
d’entretenir des contacts étroits avec de nombreuses
autres sociétés de ce type. Et force est de constater
que chaque entreprise est unique. Si je devais néan-
moins isoler un facteur de succès, je citerais l’unité de
la famille. Seule une famille unie peut rester active dans
la direction d’une entreprise par-delà les générations.
Lotus et Van de Velde en sont de très bons exemples.
Dans les entreprises familiales qui opèrent depuis
plusieurs générations, la famille se concentre souvent
sur le conseil d’administration. Pour des entreprises de
premier plan comme Bekaert, Solvay et UBC, il s'agit
réellement d'une formule à succès.
Comment réunir tous les actionnaires familiaux autour d’une stratégie et d’unevision uniques?Braes: Au sein des entreprises familiales matures, on
observe une séparation claire entre la gouvernance de
l'entreprise et la gouvernance familiale. Surtout en cas
de crise dans l’évolution de l’entreprise, il faut pouvoir
vous reposer sur des dispositions clairement ancrées,
afin d’aborder les facteurs émotionnels sous un angle
rationnel. C’est l’une des bases de la réussite. Une
charte familiale peut s'avérer ici très utile.
Reynaers: Les faillites d’entreprises sont souvent imputables à un manque de vision et de stratégie. La
responsabilité se partage entre le management, le
conseil d’administration et les propriétaires. Quand
ces derniers ne sont pas sur la même longueur
d’onde, les problèmes sont inévitables.
Comment favoriser la cohésion dans unefamille complexe?Reynaers: Certains outils permettent de structurer la
gouvernance familiale, tels que les fondations, les
sociétés civiles et les trusts. Le groupe français
Auchan est un parfait exemple de la manière dont il
est possible d’organiser la gouvernance familiale. Son
actionnariat morcelé est dirigé par un Family Office
très professionnel qui non seulement gère les
ressources familiales mais également conseille, forme
et informe les membres de la famille.
Braes: Ces tâches sont cruciales. L’une de nos étudesrévèle que moins de 10% des enfants de chefs d’en-
treprises familiales ont l’intention de reprendre la
direction de l’entreprise. Une bonne gouvernance
familiale permet d’accroître considérablement ce
pourcentage, notamment en créant des conseils de
famille, en partageant les informations sur l’entreprise
familiale et en organisant des formations consacrées
à l’entrepreneuriat. La transparence concernant les
intentions de chacun en matière de transfert de la
propriété et de la direction de l’entreprise familiale,
ainsi qu'une atmosphère de confiance, sont de grands
atouts. Je suis convaincu qu’il s’agit de facteurs de
succès très importants dans la continuité des entre-
prises familiales par-delà les générations.
Comment expliquer le succès d’une entreprise familiale? Comment séparer les affaires
familiales des activités professionnelles? Et comment unir les forces des membres de la
famille? Autant de questions que nous avons posées à Martine Reynaers, Managing
Director de Reynaers Aluminium, et à Rudi Braes, CEO et président d’EY Belgique.
LES FACTEURS DE SUCCÈS D’UNE ENTREPRISE FAMILIALE
Famille unie, entreprise prospère
Supplément en collaboration avec EY2
Entreprises familiales, inspirez-vous les unes des autres!
PRÉAMBULE
Rudi BraesCEO et président d’EY Belgique
Eric Van Hoof, associé EY Réviseurs d’EntrepriseLaurent Stas senior manager EY Tax Consultants Xavier Dethier, director EY Transactional Advisory Services
Editeur responsable : Marc Cosaert, associé EY Transaction Advisory Services
Coordination EY :Anne-Sophie Jaspers www.ey.com/be/envue
Suivez EY sur : twitter.com/EY_Belgiumfacebook.com/eybelgium
Tél. : 02 774 91 11
Une realisation de Mediafin PublishingCoordination : Tim De Geyter, Veronique SoetaertRédaction : MediafinLay-out: Björn De Greef, Patrick CornelisPhotographes : Tom Verbruggen, Frank ToussaintInfo? [email protected]
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Une initiative d’EYen partenariat avec
CONNECT
Stratégie et vision 3
ne favorise pas toujours l’objectivité, ce qui peut porter préju-
dice au recrutement et à la promotion de jeunes talents. Or,
au final, le résultat doit se fonder sur la confiance, non sur
l’ancienneté.
Braes: Les chefs d’entreprises familiales ressentent souvent
une grande proximité émotionnelle avec leur personnel. En cas
de friction, on recherche fréquemment la conservation ou le
reclassement dans une autre fonction. Il faut effectivement
faire preuve de professionnalisme dans ce domaine, trouver le
bon équilibre, dans l’intérêt de la continuité de l’entreprise.
Quelle est l’importance du leadership féminin ausein des entreprises familiales?Reynaers: Je suis favorable à l’instauration de quotas dans lesconseils d’administration. À mes yeux, la féminisation des CA
représente en effet une évolution très positive pour l’économie.
Les femmes sont encore trop peu encouragées à exercer une
fonction de direction. Il existe heureusement des exceptions:
durant ma carrière, plusieurs hommes m’ont soutenue de
manière très positive. Je leur en suis très reconnaissante.
Braes: Une étude révèle que les entreprises familiales s’intéres-
sent de plus en plus à la qualité des successeurs – qu’il s’agisse
d’un homme ou d’une femme a de moins en moins d’impor-
tance. Cette évolution est positive. De plus, les femmes sont
naturellement plus douées pour nourrir une réflexion de long
terme, ce qui s’inscrit parfaitement dans les besoins des
entreprises familiales. En outre, cette qualité leur confère une lé-
gitimité forte pour occuper les plus hautes fonctions dirigeantes.
Développement durableLe développement durable est-il à l’agenda desentreprises familiales?Braes: De plus en plus d’organisations se penchent sur la dura-bilité. Heureusement, d’ailleurs: le développement durable
devrait être à l’agenda de toutes les entreprises, familiales ou
non. Les entreprises familiales dirigées par une famille unie sont
moins exposées à la pression des résultats trimestriels que les
sociétés cotées en Bourse et souffrant d'un actionnariat morcelé.
Cela offre le luxe incroyable de pouvoir planifier à long terme.
Un luxe qui s'avère indispensable pour jouer pleinement la carte
du développement durable.
Reynaers: Une des questions qui m’interpelle le plus au niveau
des entreprises familiales est celle-ci: qu’est-ce qui favorise la
cohésion des actionnaires familiaux? Reynaers Aluminium
compte cinq actionnaires qui partagent une même vision: nous
voulons maintenir l’entreprise dans la famille. Naturellement,
on observe parfois des dissensions, mais en communiquant
beaucoup – quitte à se disputer –, nous arrivons toujours au
compromis. Ce qui est indispensable, car nous avons finalement
la responsabilité de 1.700 collaborateurs et d’un chiffre d’affaires
de plus de 300 millions d’euros.
Quelle est la spécificité des entreprises familialesen matière de ressources humaines?Reynaers: Je défends beaucoup la professionnalisation et larationalisation de la politique du personnel dans les entreprises
familiales. Lorsque des membres de la famille sont présents
dans le management et le conseil d’administration, il arrive
que les émotions prennent le dessus face aux évolutions du
personnel. Le lien créé par de longues années de collaboration
L’union fait la forcedans les entreprisesfamiliales!
Martine Reynaers, Managing Director de Reynaers Aluminium
© Frank Toussaint
Rudi Braes et Martine Reynaers
Stratégie et vision Supplément en collaboration avec EY4
Reynaers: Nous sommes de plus en plus nombreux sur une
planète dont les ressources sont limitées. La gestion responsable
de celles-ci constitue une valeur importante pour Reynaers
Aluminium. Mais ce n’est pas spécifiquement la responsabilité
des entreprises familiales. Tout le monde doit apporter sa pierre
à l’édifice: entreprises familiales, entreprises non familiales et
particuliers.
La perception du rôle des entreprises familiales a-t-elle évolué ces dernières années?Reynaers: Certainement, et c’est agréable. On prend conscience
que les entreprises familiales sont cruciales pour la dynamique
de notre économie. Pour un chef d’entreprise familiale, il est
important de savoir sa contribution reconnue par le monde
politique et la société.
Braes: Je note également une tendance à une plus grande
ouverture dans les entreprises familiales. Et nous voulons
soutenir cette évolution, notamment avec le Family Business
Award of Excellence®. C’est l’occasion de placer plusieurs
entreprises familiales de qualité sous le feu des projecteurs afin
qu’elles servent d’exemples et de sources d’inspiration pour les
autres.
Transparence etouverture sontcruciales pour lacontinuité desentreprises familialespar-delà lesgénérations.
Rudi Braes, CEO et présidentd’EY Belgique
• Seule une famille unie peut rester à la têtede l’entreprise durant plusieurs générations.
• Dans les entreprises familiales matures, onnote une séparation claire entre la gouver-nance de l’entreprise et la gouvernancefamiliale.
• Il existe des outils permettant de structu-rer la gouvernance familiale, tels que lesfondations, les sociétés civiles et les trusts.
• Transparence et confiance sont des fac-teurs de réussite essentiels pour la conti-nuité de l’entreprise familiale sur plusieursgénérations.
• En cas de tensions, une communicationouverte est indispensable pour trouver uncompromis.
• Dans les sociétés familiales aussi, le coûtdes collaborateurs doit rester en rapportavec leur valeur ajoutée.
• Par leur capacité à réfléchir à long terme,les femmes sont particulièrement aptes àdiriger des entreprises familiales.
• Les entreprises familiales ont le luxe depouvoir planifier à plus long terme, et sontdès lors mieux placées pour investir dansle développement durable.
• On note, au sein des entreprises familiales,une tendance vers une plus grande ouver-ture et une revalorisation de leur rôle parla société.
LE LEADERSHIP FÉMININ À L’HONNEUR
EXECUTIVESUMMARY
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Une enquête d’EY montre que les entreprises familiales ont fait du leadership féminin un de leurs crédos.Et pas uniquement pour les membres de la famille. Les entreprises interrogées comptent en moyenne1,14 membre féminin de la famille dans des fonctions dirigeantes. Elles recensent également 3,5 femmesen dehors de la famille avec des postes à grande responsabilité. En moyenne, les entreprises interrogéespréparent quatre femmes à occuper des fonctions dirigeantes: un membre de la famille et trois personnesexternes. Pourquoi les plus grandes et plus anciennes entreprises familiales promeuvent-elles le leadershipféminin? Une analyse prouve que les facteurs qui contribuent au succès de ces entreprises créent unenvironnement propice au leadership féminin. Voici les trois principaux facteurs:
• Modèles:Les entreprises familiales qui comptent desmembres féminins au sein du comité dedirection et du conseil d'administration sont desmodèles pour les femmes. Elles montrentclairement que les positions dirigeantes leursont accessibles.
• Vision à long terme:Les entreprises familiales opèrent généralementdans un horizon temporel beaucoup plus vaste.Leur objectif est de créer une entreprise durablequi serve les intérêts de la famille et de l’entreprise.La croissance est considérée comme un moyend’atteindre cet objectif. Ces perspectives à longterme contribuent à l’érosion des stéréotypesconscients et inconscients, et permettent ainsi àdes femmes d’accéder à des fonctions dirigeantes.
• Environnement inclusif:Les entreprises familiales placent les intérêts de lafamille en balance avec les besoins de l’entreprise.Elles le font en mettant l’accent sur la cohésion,l’inclusion et l’engagement pour le bien-être et laprospérité de la famille, de l’entreprise et descollaborateurs. Pour résumer, les bénéficesn'entrent pas uniquement en ligne de compte,l’humain est tout aussi important, sinon plus.
Les entreprises qui recherchent l’avantagepositif que confère l’équilibre des genrespeuvent s’inspirer de cet exemple.
Vous trouverez le rapport dans son intégralité sur www.lecho.be/envue
Analyse du jury 5
Luc De Bruyckere, président dujury du Family Business Awardof Excellence®
Le Family Business Award of Excellence® est une initiative d’EY,
de GUBERNAet de FBN Belgium. Cette récompense valorise
les entreprises familiales qui trouvent le juste équilibre entre
entreprise et famille, parviennent à se développer au fil des
générations et assument leurs responsabilités sociales.
“L’objectif n’est pas de mettre les entreprises familiales en
compétition”, prévient Luc De Bruyckere. “Nous voulons
surtout mettre en exergue quelques exemples dont pourront
s’inspirer d’autres entreprises familiales.”
Plus de 150 entreprises familiales de la troisième génération
au moins ont été sélectionnées. Les autres conditions? Le
centre décisionnel devait se situer en Belgique. La famille
devait détenir au moins la moitié des droits de vote – ou un
quart dans le cas des entreprises cotées en Bourse. Enfin, le
chef d’entreprise devait avoir l’intention de céder l’entreprise
aux générations suivantes, et la famille être à même de
transmettre ses valeurs par l’intermédiaire d’une vision et d’une
politique stratégique.
Parmi ces 150 entreprises, EY et GUBERNA ont établi une
short list de 15 candidats. Et cinq lauréats ont été soumis au
jury sur la base d’analyses approfondies.
“Nous avons appliqué cinq critères”, précise Luc De Bruyckere.
“L’entreprise dispose-t-elle d’une stratégie à long terme
efficace et durable? La gouvernance familiale favorise-t-elle
la cohésion de l’actionnariat et contribue-t-elle à la gestion des
conflits? Les valeurs familiales sont-elles ancrées dans cette
gouvernance? La famille est-elle à même de transmettre la
tradition familiale et l’esprit d’entreprise à la génération
suivante? Enfin, l’entreprise doit également faire preuve
d’engagement social.”
Qualité“C’est la qualité de la gouvernance qui m’a le plus surpris parmi
les candidats”, poursuit Luc De Bruyckere. “Les entreprises
familiales ont beaucoup œuvré à la professionnalisation de
leur mode de fonctionnement ces dernières années. C’était le
cas chez quasiment tous les candidats. Il s’agit d’une évolution
importante. Les entreprises familiales représentent plus de
Le Family Business Award of Excellence® récompense des entreprises familiales d’exception.
Celles-ci sont sélectionnées par un jury professionnel selon cinq critères garantissant la qualité
durable des lauréats. Luc De Bruyckere, ancien administrateur délégué de Ter Beke et titulaire
de nombreux mandats d’administrateurs, évoque son expérience de président du jury.
LUC DE BRUYCKERE AU SUJET DU FAMILY BUSINESS AWARD OF EXCELLENCE®
La gouvernance familiale est cruciale
deux tiers des entreprises dans le monde, et plus de 80% des
emplois. Dans notre pays, elles se taillent la part du lion de
l’économie et du marché du travail.”
SéparationLe principal facteur de succès est sans doute une séparation
claire et cohérente entre la gouvernance de l’entreprise et la
gouvernance familiale. “Les deux aspects sont naturellement
liés”, observe Luc De Bruyckere. “De nombreuses entreprises
familiales peuvent demeurer performantes assez longtemps
sans gouvernance familiale clairement définie. Mais une crise
ou un changement de génération déclenche souvent des
réactions très émotionnelles. Sans dispositions écrites noir sur
blanc, la situation peut se dégrader rapidement.”
Tous les finalistes l’ont bien compris. “En particulier Reynaers
Aluminium, le lauréat de cette année, qui s’est constitué un
excellent dispositif de gouvernance”, remarque Luc
De Bruyckere. “Des dispositions très réfléchies ont également
été prises concernant la succession. En choisissant Reynaers,
le jury désirait récompenser la collaboration exemplaire,
parfaitement structurée, de la famille et de l’entreprise.”
La gouvernanceprogresse à vued’œil dans lesentreprisesfamiliales belges.
© Tom
Verbruggen
Luc De Bruyckere
Analyse
ENQUÊTE AUPRÈS DES PLUS GRANDES ENTREPRISES FAMILIALES DU MONDE
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Sept clés pour une réussite durable
Les entreprises familiales qui réussissentprennent soin de la successionDans 87% des cas, le successeur est déjà connu. Preuve qu’il est
crucial de combiner une approche traditionnelle de la transmission
et une préparation aux possibles cas d’urgence.
La place des femmes dans des fonctions dirigeantes70% des entreprises sondées envisagent de nommer une femme
comme prochain CEO. On recense en moyenne cinq femmes
dans le management supérieur. Quatre femmes en moyenne
sont préparées à exercer des fonctions dirigeantes plus élevées.
Plus de la moitié des entreprises sondées comptent au moins
une femme dans leur conseil d’administration.
Une bonne communicationet des conflits sainsEnviron 90% des répondants organisent des
réunions familiales ou des assemblées
d’actionnaires afin d'aborder les thématiques
relatives à l’entreprise. Ils sont 70% à tenir
des réunions pour discuter des affaires de
la famille à intervalles fixes, tandis que
64% des chefs d’entreprises familiales
interrogés participent à un conseil de fa-
mille qui se réunit régulièrement.
L’entreprise familiale inspire confiancePlus de trois quarts des répondants
se présentent comme une entreprise
familiale dans leurs publicités et
communiqués de presse, via
leur site, sur les réseaux sociaux
et dans le matériel promotionnel.
La durabilité est une valeur importante
Plus de 50% des répondants adoptent plei-
nement les pratiques de la RSE; ils sont 81%
à s’investir dans des projets philanthro-
piques. De plus, 85% des participants dispo-
sent d'un code déontologique et 47% d'une
fondation familiale.
Le spectre des cyberrisques est présentUn quart des dirigeants d’entreprises interrogés
ignore de quelle manière les cyberrisques
peuvent toucher leur entreprise. Parmi les
répondants conscients du danger, ils sont 55%
à estimer le risque "moyen à élevé". Trois quarts
des participants sont convaincus que leur
entreprise développe une approche efficace et
de qualité en matière de cyberrisques.
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Vous trouverez le rapportdans son intégralité sur www.ey.com/stayingpower
Les entreprises familiales qui réussissent le mieux parviennent à intégrer
pragmatisme et sens de l’innovation, stratégie et grande compréhension
du marché sans perdre de vue l’intérêt de la famille. C’est ce que révèle
l’étude Staying Power. Eric Van Hoof, Family Business Center of Excellence
Leader chez EY, analyse pour vous sept facteurs de succès.
Eric Van HoofFamily Business Center of
Excellence Leadertel.: +32 (0)2 774 91 67
La famille primeQuelque 90% des répondants disposent d’un
conseil d’administration opérationnel comportant
principalement des membres de la famille. Dans
seulement 28% des cas, ce conseil se compose d’au
moins la moitié d’administrateurs externes.
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© Frank Tous
sain
t
Lauréats Supplément en collaboration avec EY
FAMILY BUSINESS AWARD OF EXCELLENCE®
Le chocolatier Libeert, le fabricant de vêtements professionnels Alsico, la chaîne de
prêt-à-porter Bel&Bo et le producteur de solutions de couchage DesleeClama: ces
quatre superbes entreprises familiales ont décroché une place de finaliste au Family
Business Award of Excellence®. Quatre portraits de famille d’entrepreneurs passionnés.
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Famille soudée, entreprise solide
Quelle est lamission de votre
entreprise?
Qu’est-ce qui vous distingue
d’un chef d’entreprise non
familiale?
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Bel&Bo1/Nous souhaitons enregistrer une croissancedurable et éthique dans le retail. Pour y
parvenir, nous voulons être les meilleurs en
termes de rapport prix/mode/qualité. Notre
chaîne de vêtements propose une collection
complète de vêtements et d’accessoires, pour
toute la famille.
2/ En tant qu’entreprise familiale, nous nousconcentrons sur le long terme, sur la croissance
durable. Pas uniquement sur les résultats finan-
ciers à court terme. Voyez ce qui est arrivé à
Brantano: quelques années après avoir été ven-
due par la famille propriétaire, sa fin semblait
proche. Nous gérons l’entreprise avec passion
pour la mode et respect pour nos collaborateurs.
3/Nous sommes une entreprise très dynamique.Je pense que c’est ce qui nous rend uniques.
Nous développons une culture de rapidité et de
grande flexibilité dans la prise de décisions. Dans
Être une entreprise familialene présente que desavantages, à conditiond’opérer avec leprofessionnalisme d’unemultinationale.
Michel Delfosse, Bel&Bo
©
DOC
DesleeClama1/ Notre mission consiste à inspirer des solutions de couchage et ainsi àaider les clients à améliorer leur avantage compétitif: nous l’accomplis-
sons en nous concentrant sur le client, en recherchant l’excellence et en
accompagnant nos clients dans leur croissance. Nous partons toujours
d’un ensemble de principes éthiques: honnêteté, confiance, respect
mutuel et transparence.
2/Nous avons forgé notre réputation sur plusieurs générations et pos-sédons une expérience exceptionnelle. Ajoutez-y des managers externes
et des administrateurs indépendants, et vous obtenez un excellent cock-
tail. Le résultat? Une entreprise familiale déterminée et dynamique.
3/Voici 20 ans, beaucoup voyaient en nous une entreprise textile belgevouée à disparaître. Grâce à notre force et à notre cohésion familiale,
nous avons pris des décisions difficiles au début des années 2000.
Nous nous sommes réinventés en déployant une internationalisation
impressionnante. Et nous en sommes particulièrement fiers.
4/ Au début du siècle dernier, la famille Deslee possédait une dizaine demétiers à tisser, un nombre considérable à cette époque. Maurice Deslee
a créé l’entreprise en 1928. Ses fils l’ont reprise en 1968. Depuis ce moment,
cinq fils ont dirigé l’entreprise, tandis que deux filles, douze petits-enfants
et deux parents par alliance y ont travaillé. Enfin, Jos Deslee a fait son entrée
dans l’entreprise en 1990. Depuis 2002, il en est le co-CEO avec Hans
Dewaele, qui a accumulé une longue expérience au sein de grandes
entreprises.
5/ Nous avons toujours joué la carte de l’ouverture. Nous venons d’an-noncer notre rachat par Bekaert Textiles. L’encre utilisée pour signer cet
accord n’est pas encore sèche. Nous avons vendu toutes les actions, la
société familiale passe donc aux mains d’un groupe dynamique de plus
grande envergure. Difficile de trouver un exemple plus parlant d’ouverture!
Ce cas de figure avait été prévu par la charte familiale, et tous les processus
convenus ont été respectés. Ce qui s’est traduit par cette décision réfléchie
servant les intérêts de la famille, des salariés et du projet industriel à
proprement parler.
Nous étions bien préparés à un rachat par le biais denotre charte familiale.
Jos Deslee, DesleeClama
©
DOC
un environnement retail qui évolue très
vite, c’est un véritable atout.
4/ J’appartiens à la deuxième généra -tion mais j’ai complètement réformé le
modèle d’affaires. Au début, nous étions
une entreprise de production, puis un
discounter d’articles textiles, et nous
sommes à présent un distributeur de
produits de mode. Entre-temps, la
troisième génération est arrivée et un
conseil de famille a été mis en place.
5/ Il n’y a pas d’administrateurs externes.Nous disposons cependant d'un conseil
consultatif comprenant des personnes
étrangères à la famille. Elles nous offrent
un regard extérieur objectif, bienvenu et
même indispensable. A ce stade, nous
ne sommes pas encore ouverts à l’arri-
vée d’investisseurs en private equity.
Lauréats
Libeert1/ Nous nous définissons comme des "Belgian Chocolate Creators". Depuis 1933, Libeert produit du
chocolat belge haut de gamme, un métier qu’elle
exerce avec une grande passion. Chaque bouchée
de nos figurines, tablettes et pralines est un moment
de plaisir pour tout gourmet. Nous offrons des
solutions complètes aux distributeurs: du dévelop-
pement de produits à un conditionnement de
qualité, en passant par des solutions logistiques
garantissant la fraîcheur de nos produits.
2/ Depuis 1923, toute l’entreprise fonctionne commeune grande famille. Nos valeurs familiales sont
indissociables de notre société: engagement total,
communication ouverte, respect mutuel et fierté à
tous les niveaux. Elles s’expriment aussi dans nos
relations avec nos clients, fournisseurs et autres
parties prenantes.
3/ Notre entreprise familiale se porte garante dechocolats de très grande qualité, 100% belges. La
combinaison de figurines creuses, de tablettes et de
pralines produites à une même adresse en Belgique
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autorise un assortiment d’une grande diversité. Nous
nous concentrons sur le marché du détail, même si
nous sommes également très présents dans les
produits saisonniers, notamment pour la Saint-
Nicolas, Noël et Pâques.
4/ Le fondateur, Joseph Dequeker, produisait des pra-lines artisanales. Son beau-fils Antoine Libeert et sa
fille Thérèse Dequeker ont automatisé l’entreprise. La
troisième génération, Ignace, Luc, Pieter et Myriam,
a étendu l’assortiment de produits et informatisé
Libeert. En 2013, l’entreprise a été transmise à Ignace,
soutenu par la quatrième génération: Désirée, Lily,
Georges et Jérôme.
5/ Dans une entreprise familiale, raison et émotionssont très proches. Une caisse de résonance profes-
sionnelle, via un comité de direction avec un CEO ex-
terne et un conseil d’administration comprenant des
administrateurs étrangers à la famille, est garante d'un
juste équilibre. Nous sommes également ouverts aux
conseils, au savoir-faire et aux éventuelles opportu-
nités financières qui peuvent faire croître l’entreprise.
Qu’est-ce quirend votreentreprisefamiliale unique?
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Quelle est l’originede votre entreprise
familiale?
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Comptez-vousdes personnesétrangères à lafamille dansvotre conseil
d’administrationet parmi vosactionnaires?
5
L’ADN de Libeert estcommun à l’ensemble del’entreprise et nous permetd’enregistrer une croissanceconstante.
Ignace Libeert, Libeert
©
DOC
Alsico1/ Nous voulons être une référence mondiale dans le domainedes vêtements professionnels de qualité, confortables et
durables. Nous apportons ainsi à nos clients la protection et
l’identité dont ils ont besoin.
2/ Les valeurs familiales sont portées par une vision à longterme centrée sur l’être humain. Comme dans la plupart des
entreprises familiales, nous entretenons également une relation
très étroite avec nos salariés. Il en résulte une plus grande
implication. Nos 7.000 collaborateurs sont notre principal atout.
3/Nous tenons toujours nos promesses. C’est notre premierargument de vente. Contrairement à nombre de nos concur-
rents, nous apprécions les commandes complexes de lots
réduits. Le client qui recherche un fournisseur fiable pour de telles commandes
peut s’adresser à nous les yeux fermés. Et il nous reste généralement fidèle.
4/ Leopold Aelvoet a créé l’entreprise en 1934. Mon père Gaston Siau, qui a épouséla fille du fondateur, en a pris la direction en 1947. Je suis arrivé à la barre en 1982.
Avec le temps, j’ai racheté les actions de mon frère et de mes sœurs, et la troisième
génération est ainsi redevenue la première. Mes fils Vincent et Gauthier travaillent
dans l’entreprise depuis 2015.
5/Nous comptons depuis longtemps deux administrateurs externes. Ils apportentincontestablement une vision plus large. Si le private equity assure une plus-value
claire ou si un projet donné nécessite des capitaux externes, nous y serons
également ouverts.
Nous sommes actifs dans 20 pays, mais nousnous considérons comme une "faminationale"plutôt qu'une multinationale.
Bernard Siau, Alsico©
DOC
La nouvelle génération
"Juste après la création de l'entreprise, quand les premiers ca-
mions de livraison des produits arrivaient, je me précipitais, car
je voulais aider à les décharger", se remémore Amaury Gilliot,
aujourd'hui chargé du réseau de boutiques en Belgique et en
France. "Je n'avais que cinq ou six ans, et déjà, je posais plein
de questions à mes parents sur Noukie's. Par la suite, à partir
de mes 15 ans, j'ai demandé à travailler le week-end et en stage
dans la société, en passant par tous les départements."
Le jeune homme insiste sur le fait qu'il n'a ressenti aucune pres-
sion à rejoindre l'entreprise de la part de ses parents: "C'est pour
cela qu'on s'entend bien! A mon sens, forcer des enfants à s'en-
gager dans cette voie serait une erreur."
La question de lasuccession n’est pastaboue, mais elle estloin de se poser pourle moment.
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“A cinq ans, je voulais décharger les camions”
"On vous juge davantage"Être le fils des patrons, est-ce compliqué? "On vous écoute da-
vantage, on vous juge aussi davantage. J'estime n'avoir pas plus
de droits que les autres employés et je suis exigeant avec moi-
même." L'avantage des entreprises familiales, pour Amaury Gil-
liot, réside dans leur vision à long terme. Et justement, son ave-
nir, il le voit chez Noukie's, où il se réjouit d'avoir "pas mal de
responsabilités, et beaucoup de choses à apprendre".
Mais il s'empresse d'ajouter qu'il est trop tôt pour parler de suc-
cession: "Il faut en être capable, et en avoir envie. De toutes fa-
çons, j'ai une sœur et un frère, nos parents sont en pleine forme
et ont envie de continuer, la question n'est pas taboue, mais elle
est loin de se poser pour le moment!"Amaury Gilliot, Noukie’s
Après 18 mois à Paris chez Natixis, où il s'occupait de gestion de portefeuille, Amaury Gilliot, 24 ans, a rejoint
l'entreprise familiale Noukie's en septembre dernier. Une suite logique pour ce jeune homme qui s'est toujours
senti "une grande affinité" avec la société fondée par ses parents, Katia De Paepe et Simon-Pierre Gilliot.
Stassen est le nom de son arrière-grand-père qui a
fondé la cidrerie aubeloise. En juin 2012, l'entreprise
Stassen est entrée dans le giron de Heineken. En sep-
tembre 2014, le père de la jeune femme, Philippe Stas-
sen, rachète au groupe néerlandais les trois marques
principales "non-cidre": Kidibul, Vintense et Vivaro. Le
début d'une nouvelle aventure avec, au démarrage,
seulement six salariés, anciens de Stassen.
"Mon père aurait préféré que je fasse mes armes dans
d'autres sociétés", confie Anne Stassen. "Mais mon désir
de m'impliquer dans Neobulles était trop grand, du
coup, je me suis franchement imposée, d'abord pour
donner des coups de main partout où je pouvais, puis
au service marketing. Il faut dire que Kidibul a accom-
pagné toute mon enfance; à chaque anniversaire, je
voyais le château gonflable Kidibul. Le samedi, mon père
m'emmenait à l'usine, je connaissais le personnel. Je n'ai
pris conscience du fait que c'était notre entreprise que
vers 13 ou 14 ans. Pour moi, la société est tissée dans le
quotidien de notre famille, ce ne sont pas que des pro-
duits." L'avenir à long terme? Anne Stassen l'envisage
Après des études de marketing
à Liège, Anne Stassen, 27 ans, a
rejoint l'entreprise familiale
Neobulles voici un an et demi.
"Je ne voulais pas en rater une
minute", résume-t-elle en riant.
Elle décrit à quel point la société
fait partie de sa vie depuis sa
naissance.
sereinement. "Ce n'est pas tabou, mais implicite: mon
frère et moi-même savons que notre père voudrait que
nous prenions sa suite, il est heureux de nous mettre le
pied à l'étrier, et nous d'apprendre. Travailler ensemble
est motivant, nous ne sommes que 20 dans l'entreprise,
et la composante familiale assure une stabilité très ap-
préciée. Le plus? Je dirais que nous nous autorisons à
suivre notre instinct."
Les jeunes préparent la relève
“J'ai toujours su que je voulais travaillerdans notre entreprise”
© D
OC
Anne Stassen
Organisation Supplément en collaboration avec EY12
AFFECTIO SOCIETATIS
Les entreprises familiales fascinent. Par quelle mystérieuse alchimie parviennent-elles à durer dans un monde où plus rien ne semble
pérenne? Sophie Velge et Dominique Moorkens, respectivement administratrice déléguée et président de l'antenne belge du réseau
international des entreprises familiales (FBN Belgium, le Family Business Network), attribuent à ce petit miracle le nom d'affectio
societatis.
Le ciment des sociétés familiales qui durent
"L'affectio societatis est la volonté de s'associer pour réaliser
un projet commun", déclare Sophie Velge, appartenant à la
4e génération du groupe Bekaert, leader dans la transforma-
tion de métaux et revêtements avancés. "Cette notion s'avère
centrale dans les entreprises familiales: sans cohésion du
groupe familial, la survie de la société est menacée."
Dominique Moorkens, ancien CEO d'Alcopa (holding familial
opérant dans l'automobile, les deux-roues et les bureaux),
complète: "À la deuxième génération, la société se retrouve
avec des actionnaires 'de hasard', qui n'ont pas choisi d'y
investir mais ont reçu ou hérité des parts. Dès lors, garantir
la survie de la société familiale implique de maintenir l'affec-
tio societatis, même si ce dernier évolue au fil du temps. La
gouvernance doit bien identifier le périmètre des actionnaires
et veiller à ce que chacun ait un rôle qui lui convienne."
Générations Ensuite, aux membres de la famille présents dans l'entre-
prise (ou, le cas échéant, aux administrateurs extérieurs à
qui la direction a été confiée) de communiquer efficacement
vers tous ceux des 'périmètres' moins centraux. Sans jamais
oublier que bon nombre de membres de la famille ont une
grande partie de leur capital immobilisé dans l'entreprise.
"Il importe de disposer d'occasions de se rencontrer et
d'échanger entre les générations”, insiste Sophie Velge.
“Toutes les questions peuvent être posées, cela élimine les
non-dits. Dans les plus grandes sociétés, nous conseillons
d'aller plus loin. Les actionnaires familiaux de Bekaert orga-
nisent tous les six mois une réunion d’information familiale
avec le CEO et le président. Tous les deux ans, cette réunion
à lieu lors d’un week-end qui inclut des activités sportives,
un dîner et une soirée dansante. Une visite d’usine et d’un
centre de recherches a eu lieu en Chine. Nous avons créé la
‘Bekaert Academy’ qui aide les membres de la 5e génération
à connaître l’entreprise. Un travail de réflexion sur les at-
tentes, la vision et la gouvernance des actionnaires familiaux
est en cours. En outre, une plateforme intranet sécurisée et
une newsletter permettent aux actionnaires familiaux de se
tenir informés."
Chez Alcopa, la famille a lancé, voici deux ans, un exercice
baptisé "Un rôle pour tous", détaille Dominique Moorkens:
"Deux volontaires ont consulté la trentaine d'actionnaires
pour que chacun exprime son ressenti et ses attentes
vis-à-vis de l'entreprise."
Le nez dans le guidonTout cela réclame du temps et de l'énergie à des dirigeants
souvent, selon l'expression consacrée, "le nez dans le guidon".
Ces efforts peuvent leur paraître superflus, ils sont pourtant
indispensables pour maintenir la cohésion à moyen et long
termes. "On peut même parler d'un chantier permanent,
d'autant plus nécessaire à la survie de l'entreprise qu'après
la troisième ou quatrième génération, le lien se distend",
prévient Dominique Moorkens.
"D'où l'importance de rappeler à tous l'histoire de la société,
de revenir sur ses valeurs, de ne pas se braquer sur ses inté-
rêts individuels." Aux yeux des deux dirigeants de FBN, la
transmission aux générations futures résidant au cœur des
entreprises familiales, l'engagement sociétal en découle na-
turellement. "Il constitue l'un des critères du Family Business
Award of Excellence® décerné par EY avec GUBERNA et FBN
Belgium", rappelle Sophie Velge.
Maintenir le lien, l'affectiosocietatis, constitue un chantierpermanent, nécessaire à lasurvie de l'entreprise au fil desgénérations.
Dominique Moorkens,président de FBN Belgium
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Dominique Moorkens Sophie Velge
Gouvernance
UN PLAIDOYER POUR L’OUVERTURE
"Chaque entreprise doit trouver son propre modèle de gouver-
nance en fonction de sa phase de développement", estime Lutgart
Van den Berghe, executive director de GUBERNA. "La meilleure
méthode consiste à anticiper chaque étape majeure du trajet de
croissance en rectifiant le modèle. En procédant ainsi, la bonne
gouvernance ne devient pas un corset bureaucratique mais un
moyen d’atteindre les objectifs de l’entreprise."
Lors de la création d’une entreprise familiale, propriété, adminis-
tration et gestion quotidienne sont entre les mains d’une seule
personne. Les principes de gouvernance n’interviennent guère.
Plus l’entreprise croît, plus ces fonctions se dissocient. "Tant la
croissance que l’internationalisation nécessitent rapidement la
mise en place d'un management externe", affirme Lutgart Van
den Berghe. "A ce moment, il est important de coucher sur le
papier les compétences décisionnelles attribuées au manager et
les informations dont il peut disposer."
L’étape suivante est souvent l'installation d’un conseil consultatif.
Ainsi, l’entrepreneur apprend à écouter des personnes extérieures
sans perdre le contrôle de l’entreprise. Ceci peut se faire lors d’une
phase ultérieure, en recrutant des personnes externes au sein du
conseil d’administration. "Les administrateurs indépendants
endossent une lourde responsabilité", embraie Sibylle du Bus, bu-
siness development director de GUBERNA. "Son rôle est d’inciter
à objectiver les discussions et les prises de décisions en conseil."
Lorsque l’entreprise est cédée à la génération suivante, le modèle
de gouvernance nécessite quelques aménagements. La structure
actionnariale doit être fixée, et le rôle des membres de la famille
dans l’entreprise défini avec précision.
La bonnegouvernance estcréatrice de valeurajoutée pourl’entreprise familiale.
13
Bonne gouvernance et transparenceadaptées à votresociété
Vous désirez également ouvrir votre actionnariat? Dans ce cas, le
modèle devra s'avérer particulièrement mature. "Avant de vous
engager avec un partenaire en private equity, vous avez tout
intérêt à mettre de l’ordre dans vos processus de reporting interne
et prévoir des KPI, contrôles et balances appropriés."
PassionLa bonne gouvernance n’est pas une matière uniquement tech-
nique. "Il convient de tenir compte de la maturité des propriétaires
familiaux, administrateurs et managers", précise Sibylle du Bus.
"Si le propriétaire n’est pas encore mûr pour améliorer la transpa-
rence et déléguer son pouvoir de décision, il est préférable de
différer cette étape." Le grand avantage de l’ouverture à des
personnes externes? Les discussions perdent leur caractère pas-
sionnel. "La différence principale par rapport à la multinationale
tient au rôle joué par la passion dans une entreprise familiale",
confirme Sibylle du Bus. "Une personne étrangère manifestera un
regard plus neutre. Ceci dit, il est d’autant plus important que le
partenaire soit en phase avec les valeurs de la famille." La direction
de l’entreprise n’est pas le seul aspect à professionnaliser. Les
relations à l'intérieur de la famille, mais aussi entre la famille et
l’entreprise, doivent également être abordées sous un angle
rationnel. La gouvernance familiale se montre alors indispensable
afin de réaliser la symbiose entre famille et entreprise.
Modèle"Pour jouer la carte de la bonne gouvernance, les entreprises fami-
liales ont besoin de modèles", conclut Sibylle du Bus. "C’est pourquoi
GUBERNA soutient le Family Business Award of Excellence®. Dans
la pratique, un exemple inspirant est plus utile que la théorie."
Lutgart Van den Berghe,GUBERNA
La gouvernance et latransparence doiventêtre introduitesprogressivement dansl’entreprise familiale.
Sibylle du Bus, GUBERNA
©
Wim
Kempe
naers
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Wim
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La bonne gouvernance est porteuse de valeur ajoutée dans les entreprises familiales. Pour cela,
elle doit être parfaitement en phase avec leur maturité et leur développement. C’est le cœur du
message de Lutgart Van den Berghe et Sibylle du Bus, de GUBERNA, l’Institut belge des adminis-
trateurs, lui-même partenaire d’EY dans le cadre du Family Business Award of Excellence®.
Succession Supplément en collaboration avec EY
En 2011, EY publiait l’étude Coming home or breaking freeconsacrée aux intentions de la nouvelle génération en
matière de succession par rapport à l’entreprise familiale.
Avec le concours de l’université de Saint-Gali, une nouvelle
étude a été réalisée ces deux dernières années dans 750
universités et 34 pays, afin d'approfondir la problématique
liée à la succession.
En Belgique, les jeunes ont, encore moins qu’en 2011,
l’intention de prendre la succession de leurs parents au
sein de l’entreprise familiale, alors même que ceux-ci
souhaitent sincèrement la maintenir dans la famille au fil
des générations. En effet, durant leurs études, les enfants
de propriétaires d’entreprises familiales nourrissent
d’autres projets de carrière.
En 2011, 6,9% des étudiants interrogés avaient l’intention de
reprendre l’entreprise familiale après leurs études.
Aujourd’hui, cette proportion est descendue à 4,9%. La
volonté de prendre la succession de ses parents dans les
cinq ans après l’obtention d'un diplôme est cependant en
légère hausse, à 8,9%. Actuellement, un tiers des personnes
14
interrogées expriment le souhait de fonder leur
propre entreprise. Preuve que le peu d’entrain à
reprendre l’entreprise familiale n’est pas impu-
table à un manque d’esprit d’entreprise.
Augmenter les chancesLa probabilité de voir des enfants reprendre
l’entreprise familiale augmente sensiblement
lorsqu’ils sont bien informés du fonctionne-
ment de celle-ci, qu’ils ont suivi une formation
spécifique en matière d’entrepreneuriat et
travaillé dans l’entreprise familiale, révèle
encore l’étude d’EY.
Nous avons également interrogé les jeunes -
qui avaient travaillé dans l’entreprise familiale
sans l’avoir encore reprise - quant au nombre
de mois qu’ils y avaient passés. Bien qu’une
plus grande expérience professionnelle en-
traîne d’abord une hausse des intentions de
prendre la succession des parents, un moment
charnière se dessine autour de 65 à 70 mois:
c’est alors que les intentions sont les plus
fortes. Ceux qui y travaillent davantage voient
leur motivation diminuer. En cause: la question
de la succession qui, bien souvent, n’est pas
abordée directement. Les jeunes ont en effet
le sentiment que leurs parents ne leur font pas
suffisamment confiance en tant que succes-
seurs. Il est donc capital de bien préparer la
succession et d’en parler en toute franchise
avec les membres de la famille tant actifs que
passifs. Une charte familiale et des organes de
concertation au sein de la famille, tels qu'un
conseil de famille, accroissent sensiblement les
chances d’un transfert réussi.
L’avenir de votre entreprise et de votre famille
L’intention de la jeune génération dereprendre l’entreprisefamiliale
4,9%
8,9%
xxxvxxxT. [email protected]
Votre entreprise familiale est en pleine croissance. Que deviendra-t-elle quand il faudra
passer le flambeau à la génération suivante? Vos descendants ont-ils la motivation et le
talent nécessaires pour relever ce défi? Moins de 5% des jeunes Belges sont disposés à marcher
sur les traces de leurs parents, chefs d’entreprise. Faudra-t-il dès lors envisager la vente?
Ou l’apport d’investisseurs privés? Trois analyses apporteront un éclairage nouveau sur
l’avenir de votre entreprise. Et celle de votre famille.
Motivez la génération suivante à prendre votre succession
Demandez conseilUn autre écueil inhérent à la succession réside dans le prix
de la reprise. Dans ce domaine, la Belgique compte pourtant
parmi les pays où l’on accorde les plus fortes "remises" par
rapport à la valeur de marché, avec, en outre, la possibilité
de faire don d’une entreprise familiale à des tarifs préféren-
tiels. Du reste, une donation de ces actions ne signifie pas
nécessairement que le donateur perd le contrôle ou ses
revenus. Une société de droit commun ou un ‘Foundation
Trust’ permet en effet au cédant de conserver le contrôle de
l’entreprise familiale aussi longtemps qu’il le souhaite.
Entre-temps, la succession est déjà réglée. Il est en tout cas
fortement recommandé de recueillir à temps l’avis de
conseillers externes quant à la mise en œuvre de la procé-
dure de succession.
directement après les études Après 5 ans
Laurent Stas senior manager EY Private Client Services T. +32 (0)2 774 62 66 [email protected]
On a souvent tendance à lier la vente d’une entreprise familiale à l’absence de
succession. Or, cette solution est bien souvent la meilleure tant pour les actionnaires
que pour l’entreprise:
• Entreprendre, c’est généralement grandir et réagir face à l’évolution des condi-
tions de marché. Cependant, les chefs d’entreprise ont leurs propres limites et il
arrive qu’ils ne veuillent ou n’osent pas continuer à grandir dès qu’ils sortent de
leur zone de confort. Parfois, l’étape suivante, comme par exemple l’internatio-
nalisation, est celle de trop. Celle qui peut mettre toute l’entreprise en péril. La
cession apporte ici une solution: l’entreprise et le personnel sont intégrés dans
un plus grand groupe et peuvent continuer à évoluer sous de nouvelles ailes.
• Le monde des entreprises évolue très rapidement: ce qui durait une génération
par le passé est désormais possible en une décennie. Ainsi bon nombre de
jeunes entrepreneurs s’aventurent désormais très rapidement sur le marché
des acquisitions. Ils créent une entreprise et n’hésitent pas à la revendre. Il n’est
pas rare que le produit de la transaction soit immédiatement réinvesti dans
d’autres projets.
• Une diversification saine demeure la règle d’or en matière d’investissements.
Toutefois, plus de 90% du patrimoine des chefs d’entreprises familiales est sou-
vent ancré dans leur propre société. À partir d’un certain âge, il est recommandé
de sécuriser une partie de son patrimoine personnel. Par le biais d’une cession
totale ou partielle, on obtient une meilleure diversification des risques.
• Une cession peut offrir, au management de l’entreprise, l’occasion rêvée de
déployer ses ailes via un management buy-out.
S’accorderEn présence d’un actionnariat morcelé au sein d’une entreprise familiale, certains
actionnaires sont de plus en plus remis en question. Les intérêts de chaque
actionnaire sont-ils encore alignés aux intérêts de l’entreprise? Il n’est pas rare que
les actionnaires inactifs soient "encouragés" plus ou moins explicitement à vendre
leur participation à des actionnaires actifs ou nouveaux, qui pourront eux offrir
une contribution significative à l’entreprise.
Des investisseurs de type ‘fonds private equity’ pourront par exemple soutenir
financièrement la poursuite de la croissance. Il existe une grande société de ces
fonds, étant très actifs même dans le segment des entreprises de taille moyen.
La cession partielle ou complète d’une entreprise familiale ne doit pas être consi-
dérée comme un échec ou un renoncement, bien au contraire. Si les bons choix
sont opérés, elle peut apporter une solution et une véritable valeur ajoutée à
l’entreprise et aux parties prenantes. L’environnement économique actuel y est
propice: il y a beaucoup d’argent disponible en quête de rendement, et en Belgique,
trois transactions de ce type sont finalisées chaque jour.
Les sociétés de private equity ont souvent été dépeintes comme des vautours. Cette image
est aujourd’hui dépassée. Quel est le véritable rôle du private equity?
Moyens supplémentaires: une entreprise a régulièrement besoin de capitaux et d’inves-tissements pour croître. Par exemple, l’ extension de la chaîne de production, la recherche
et le développement, les embauches voire le financement d’une acquisition.
Diversification des risques: souvent, le patrimoine de l’entrepreneur est entièrementconcentré dans l’entreprise familiale. En faisant appel à une société de private equity, il
rend liquide une partie de sa société, ce qui lui permet de diversifier ses avoirs.
Rachat des parts d’un actionnaire: les entreprises familiales, surtout de deuxième ettroisième générations, opèrent souvent une distinction entre membres de la famille actifs
et passifs. L’investisseur en private equity peut alors apporter une solution et permettre
aux actionnaires passifs de percevoir ce qui leur revient, tandis que les actionnaires actifs
retrouvent un partenaire dynamique.
Professionnalisation: le private equity comme actionnaire apporte une professionnali-sation certaine. Pensez aux rapports de gestion internes basés sur des KPI (indicateurs-
clés de performance), à l’adoption de meilleures pratiques, à une politique stricte en
matière de fonds de roulement, à la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance
(avec notamment la séparation de la gestion au quotidien et du conseil d’administration),
au recrutement d’administrateurs indépendants et au soutien dans le cadre de
négociations de financements bancaires.
Compétence sectorielle: certaines sociétés de private equity détiennent plusieurs participations dans votre secteur ou ont acquis une grande connaissance de celui-ci
grâce au parcours et à l’expérience professionnelle des gestionnaires d’investissement.
Elles apportent alors une aide précieuse dans les négociations avec les clients et les
fournisseurs, le pilotage des activités de recherche et développement, les réflexions
techniques et la gestion d’espaces de production, pour ne citer que ces éléments.
Réseau international: vous souhaitez vous développer ou explorer des canaux de venteà l’étranger? La présence et les contacts noués sur place par votre actionnaire pourront
vous être très utiles.
Crédibilité: le soutien d’un partenaire en private equity qui dispose d’importantsmoyens financiers peut améliorer substantiellement votre crédibilité auprès de four-
nisseurs et de clients. Ceux-ci vous feront confiance et confieront davantage d’activités
à votre entreprise.
Restructuration: en cas de conditions de marché difficiles ou d’inefficacités internes, l’investisseur en private equity peut se reposer sur plusieurs années d’expérience. Il assiste
le chef d’entreprise dans le programme de réduction des coûts.
La possibilité d’avoir un private equity comme actionnaire doit certainement être envi-
sagée. Tout l’art consiste à choisir le bon partenaire en fonction des besoins de l’entreprise.
Ce choix dépendra notamment de l’horizon d’investissement, de la connaissance du sec-
teur et du montant. Heureusement, le paysage du private equity s’est énormément
diversifié ces dernières années, avec de nombreux acteurs locaux. Même pour plusieurs
millions de capital, vous trouverez des investisseurs intéressés. Une bonne préparation
et un accompagnement professionnel sont primordiaux dans la cadre de cette quête.
Vente ou private equity 15
La vente commemeilleure alternative
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Qui a peur du private equity?
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Xavier Dethierdirector EY Transaction Advisory Services
T. +32 (0)2 774 92 [email protected]