Épaule et traitement du cancer du sein

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66 SCS 46 Infections et lymphœdème L. Vaillant Université Franc ¸ois-Rabelais, CHRU Trousseau de Tours, Tours, France Mots clés : Lymphœdème ; Infections Les infections sont les plus fréquentes des complications du lymphœdème [1]. Mais à l’inverse les infections sont un facteur de risque de survenue ou d’aggravation du lymphœdème. L’érysipèle complique 20 à 40 % des lymphœdèmes. Aucune autre bactérie que le streptocoque n’a démontré sa responsabilité dans l’érysipèle. Le lymphœdème est le principal facteur de risque d’érysipèle (risque multiplié par 71). Les portes d’entrée peuvent être des plaies minimes. Les érysipèles sur lymphœ- dème sont plus sévères que les érysipèles habituels : ils font parfois suspecter une fasciite nécrosante. Dans les lymphœdèmes, on observe surtout des formes subaiguës de dermohypoder- mites bactériennes nécrosantes avec nécroses superficielles. L’érysipèle est toujours d’origine streptococcique. Le traitement de première intention est une antibiothérapie per os. La phy- siothérapie du lymphœdème n’est pas un facteur de risque d’érysipèle. Le risque de récidive d’érysipèle sur lymphœdème est élevé (50 % dans l’année qui suit le premier épisode), et devient de plus en plus important au fur et à mesure des récidives. Après un érysipèle, il faut renforcer le traitement du lymphœdème car sa réduction diminue le risque de récidive. L’efficacité des soins cutanés et de l’hygiène générale est comparable à celle de l’antibiothérapie prophylactique. Le traitement des portes d’entrée est systéma- tique (traitement au long cours d’un pied d’athlète par crème antimycosique...). L’antibiothérapie prophylactique est proposée à tout lymphœdème ayant fait deux épisodes d’érysipèle sépa- rés de moins de six mois. Une prévention primaire d’érysipèle diminue le risque d’érysipèle. Le traitement des plaies doit être rigoureux et précoce, mais n’a pas de particularité dans les lym- phœdèmes. On recommande le nettoyage de la plaie à l’eau du robinet ; l’utilisation d’antiseptique n’a jamais fait la preuve de son efficacité en prévention d’infection cutanée. Il est nécessaire de recouvrir une plaie par un pansement de type hydrocolloïde ou hydrocellulaire pour les plaies profondes, pansement d’interface pour les plaies superficielles, hydrocellulaire non adhésif ou siliconé si la peau est fragile. Les complications mycosiques sont observées surtout aux membres inférieurs, à type d’intertrigos (notamment interorteils). Elles sont secondaires à l’augmentation de la macération naturelle des plis cutanés, favorisées par les troubles trophiques du lymphœdème et par la contention-compression. Références [1] Vaillant L, Muller C, Goussé P. Traitement des lymphœdèmes des membres. Presse Med 2010;39:1315—23. doi:10.1016/j.jmv.2011.12.131 SCS 47 Complications neurologiques associées aux lymphœdèmes N. Kubis Service de physiologie clinique, explorations fonctionnelles, hôpital Lariboisière, Paris, France Mots clés : Lymphœdème ; Plexite ; Canal carpien Les complications neurologiques associées aux lymphœdèmes sont fréquentes et difficiles à isoler à leur début des douleurs propres du lymphœdème. On distingue les souffrances neurologiques cau- sées par le lymphœdème lui-même —– ce sont essentiellement les syndromes canalaires —– et les souffrances neurologiques liées à la maladie associée au lymphœdème. Nous n’envisagerons que les complications les plus fréquentes des lymphœdèmes des membres supérieurs : les atteintes du nerf médian au canal carpien et du nerf ulnaire au coude et les atteintes du plexus brachial par infil- tration néoplasique ou atteinte post-radique lors du cancer du sein. Un examen neurologique minutieux suivi d’un électromyo- gramme et complété par une IRM du plexus brachial avec gadolinium si nécessaire permettent d’orienter le diagnostic dans tous les cas. doi:10.1016/j.jmv.2011.12.132 SCS 48 Épaule et traitement du cancer du sein H. Pourquier a,, V. Soulier-Sotto b , V. Bouys b , M. Coupé b a Service de chirurgie gynécologique et mammaire, CHRU Montpellier, France b Service médecine interne B, maladies vasculaires, CHRU Montpellier, France Mots clés : Cancer du sein ; Épaule ; Lymphœdème Le lymphœdème du membre supérieur est le plus souvent un lym- phœdème secondaire au traitement radio-chirurgical du cancer du sein associé au curage axillaire ou technique du ganglion sen- tinelle. Cette chirurgie compromet fréquemment la mobilité de l’articulation de l’épaule et perturbe la fonction de tout le membre supérieur. La rééducation de l’épaule, personnalisée, participe à la prévention et/ou au traitement d’un lymphœdème du membre supérieur. Objectifs. —– Afin de connaître la fréquence des pathologies impu- tées au traitement du cancer du sein, il convient d’évaluer tout d’abord la fréquence des lésions de « l’épaule » et/ou atteinte de la région cervicodorsale préexistantes au traitement radio-chirurgical chez un groupe de femmes allant être opérées d’un cancer du sein. Méthode. —– Données obtenues dans les dossiers de kinési- thérapie portant sur les antécédents rhumatologiques préopé- ratoires de 200 patientes âgées de 19 à 85 ans (âge moyen 55 ans). Résultats. —– Trente-huit cas sur deux cents présentent des périar- thrites scapulo-humérales dont trois capsulites et 35 tendinopathies de la coiffe (quatre bilatérales, une rupture du long biceps, et un calcifiante). Cinq cas sur deux cents ont subi une chirurgie de l’épaule (une prothèse épaule, un coiffe opérée, un luxation récidi- vante épaule, un luxation et une fracture clavicule). Cinquante-huit cas sur deux cents souffrent de cervicalgies et/ou dorsalgies dont une névralgie cervicobrachiale et deux hernies discales cervicales. Conclusion. Cent-six patientes sur 200, soit la moitié des patientes, présentaient déjà avant l’intervention des pathologies intéres- sant l’épaule et/ou toute la région cervicodorsale. Il sera donc essentiel de tenir compte des antécédents de chaque patiente au cours de la rééducation postopératoire. Par la suite, si de nombreuses études démontrent l’intérêt de l’exercice physique, à la vue de ces résultats, la prudence paraît indiquée quant à la pratique de sports intenses pouvant entraîner des contraintes difficilement soutenables par les structures élastiques de l’épaule. En présence d’un lymphœdème, l’épaule devient très vite vulné- rable ; aussi serait-il très dommageable d’exposer les patientes à des exercices mal appropriés qui ne respecteraient pas les axes physiologiques de l’épaule. doi:10.1016/j.jmv.2011.12.133

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CS 46nfections et lymphœdème. Vaillant

Université Francois-Rabelais, CHRU Trousseau de Tours, Tours,rance

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es infections sont les plus fréquentes des complicationsu lymphœdème [1]. Mais à l’inverse les infections sontn facteur de risque de survenue ou d’aggravation duymphœdème.’érysipèle complique 20 à 40 % des lymphœdèmes. Aucune autreactérie que le streptocoque n’a démontré sa responsabilitéans l’érysipèle. Le lymphœdème est le principal facteur deisque d’érysipèle (risque multiplié par 71). Les portes d’entréeeuvent être des plaies minimes. Les érysipèles sur lymphœ-ème sont plus sévères que les érysipèles habituels : ils fontarfois suspecter une fasciite nécrosante. Dans les lymphœdèmes,n observe surtout des formes subaiguës de dermohypoder-ites bactériennes nécrosantes avec nécroses superficielles.

’érysipèle est toujours d’origine streptococcique. Le traitemente première intention est une antibiothérapie per os. La phy-iothérapie du lymphœdème n’est pas un facteur de risque’érysipèle.e risque de récidive d’érysipèle sur lymphœdème est élevé (50 %ans l’année qui suit le premier épisode), et devient de plus enlus important au fur et à mesure des récidives. Après un érysipèle,l faut renforcer le traitement du lymphœdème car sa réductioniminue le risque de récidive. L’efficacité des soins cutanés ete l’hygiène générale est comparable à celle de l’antibiothérapierophylactique. Le traitement des portes d’entrée est systéma-ique (traitement au long cours d’un pied d’athlète par crèmentimycosique. . .). L’antibiothérapie prophylactique est proposéetout lymphœdème ayant fait deux épisodes d’érysipèle sépa-

és de moins de six mois. Une prévention primaire d’érysipèleiminue le risque d’érysipèle. Le traitement des plaies doit êtreigoureux et précoce, mais n’a pas de particularité dans les lym-hœdèmes. On recommande le nettoyage de la plaie à l’eau duobinet ; l’utilisation d’antiseptique n’a jamais fait la preuve deon efficacité en prévention d’infection cutanée. Il est nécessairee recouvrir une plaie par un pansement de type hydrocolloïde ouydrocellulaire pour les plaies profondes, pansement d’interfaceour les plaies superficielles, hydrocellulaire non adhésif ou siliconéi la peau est fragile.es complications mycosiques sont observées surtout aux membresnférieurs, à type d’intertrigos (notamment interorteils). Elles sontecondaires à l’augmentation de la macération naturelle des plisutanés, favorisées par les troubles trophiques du lymphœdème etar la contention-compression.éférences

1] Vaillant L, Muller C, Goussé P. Traitement des lymphœdèmes desmembres. Presse Med 2010;39:1315—23.

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CS 47omplications neurologiques associées aux

ymphœdèmes. Kubis

Service de physiologie clinique, explorations fonctionnelles,ôpital Lariboisière, Paris, France

ots clés : Lymphœdème ; Plexite ; Canal carpien

es complications neurologiques associées aux lymphœdèmes sontréquentes et difficiles à isoler à leur début des douleurs propres

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omplications les plus fréquentes des lymphœdèmes des membresupérieurs : les atteintes du nerf médian au canal carpien et duerf ulnaire au coude et les atteintes du plexus brachial par infil-ration néoplasique ou atteinte post-radique lors du cancer duein. Un examen neurologique minutieux suivi d’un électromyo-ramme et complété par une IRM du plexus brachial avec gadoliniumi nécessaire permettent d’orienter le diagnostic dans tous lesas.

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CS 48paule et traitement du cancer du sein. Pourquier a,∗, V. Soulier-Sotto b, V. Bouys b, M. Coupé b

Service de chirurgie gynécologique et mammaire, CHRUontpellier, FranceService médecine interne B, maladies vasculaires, CHRUontpellier, France

ots clés : Cancer du sein ; Épaule ; Lymphœdème

e lymphœdème du membre supérieur est le plus souvent un lym-hœdème secondaire au traitement radio-chirurgical du canceru sein associé au curage axillaire ou technique du ganglion sen-inelle. Cette chirurgie compromet fréquemment la mobilité de’articulation de l’épaule et perturbe la fonction de tout le membreupérieur. La rééducation de l’épaule, personnalisée, participe àa prévention et/ou au traitement d’un lymphœdème du membreupérieur.bjectifs. —– Afin de connaître la fréquence des pathologies impu-ées au traitement du cancer du sein, il convient d’évaluer tout’abord la fréquence des lésions de « l’épaule » et/ou atteinte de laégion cervicodorsale préexistantes au traitement radio-chirurgicalhez un groupe de femmes allant être opérées d’un cancer du sein.éthode. —– Données obtenues dans les dossiers de kinési-

hérapie portant sur les antécédents rhumatologiques préopé-atoires de 200 patientes âgées de 19 à 85 ans (âge moyen5 ans).ésultats. —– Trente-huit cas sur deux cents présentent des périar-hrites scapulo-humérales dont trois capsulites et 35 tendinopathiese la coiffe (quatre bilatérales, une rupture du long biceps, etn calcifiante). Cinq cas sur deux cents ont subi une chirurgie de’épaule (une prothèse épaule, un coiffe opérée, un luxation récidi-ante épaule, un luxation et une fracture clavicule). Cinquante-huitas sur deux cents souffrent de cervicalgies et/ou dorsalgiesont une névralgie cervicobrachiale et deux hernies discaleservicales.onclusion. Cent-six patientes sur 200, soit la moitié des patientes,résentaient déjà avant l’intervention des pathologies intéres-ant l’épaule et/ou toute la région cervicodorsale. Il sera doncssentiel de tenir compte des antécédents de chaque patienteu cours de la rééducation postopératoire. Par la suite, si deombreuses études démontrent l’intérêt de l’exercice physique,la vue de ces résultats, la prudence paraît indiquée quant à

a pratique de sports intenses pouvant entraîner des contraintesifficilement soutenables par les structures élastiques de’épaule.n présence d’un lymphœdème, l’épaule devient très vite vulné-

able ; aussi serait-il très dommageable d’exposer les patientes àes exercices mal appropriés qui ne respecteraient pas les axeshysiologiques de l’épaule.

oi:10.1016/j.jmv.2011.12.133