dress syndrome induit par rivaroxaban : à propos d’un cas

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258 Abstracts / Revue française d‘allergologie 54 (2014) 252–261 il reste utilisé dans 52 % des formules et cité comme excipient à effet notoire que dans 5% des cas, pour le reste il n’est cité que comme conservateur. Le conditionnement unidose est utilisé dans 33 % des spécialités alors que le filtre stérilisant adjoint au conditionnement n’est utilisé que dans 15 % des spécialités. Discussion.– Ce choix d’une conservation en utilisant le chlorure de benzalko- nium est dicté, entre autres, par des raisons pharmaco-économiques. Il nous parait paradoxal de traiter une CA par un collyre potentiellement irritant ; du moment où l’irritation induite par le chlorure de benzalkonium va prendre le relais, voire le dessus, sur la symptomatologie de l’allergie entraînant potentiel- lement la conduite du traitement au-delà de la durée prévue mais aussi le doute sur le potentiel thérapeutique de la spécialité. Conclusion.– Au-delà de toute considération de coût et au vu de ces données, il nous parait plus judicieux, lorsque cela est possible, d’opter pour une spécialité ne contenant pas de chlorure de benzalkonium lorsqu’il s’agit de traiter une CA. Néanmoins, si cela n’est pas possible, le thérapeute doit intégrer cet effet irritant dans son évaluation clinique du patient. Pour en savoir plus Base de données médicamenteuses. Vidal ® Expert 2013. Liste des excipients à effet notoire. Afssaps – mars 2009. http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.02.105 Médi-18 L’apport des tests épicutanés dans l’érythème pigmenté fixe A. Zaiem , O. Charfi , R. Sahnoun , G. Lakhoua , R. Daghfous , S. El Aïdli , S. Kastalli , M. Lakhal Centre national de pharmacovigilance, Tunis, Tunisie Introduction.–L’érythème pigmenté fixe est une réaction cutanée particulière dont l’origine est presque exclusivement médicamenteuse. La détermination du produit responsable relève un défi important. Les tests épicutanés médica- menteux semblent être un moyen intéressant pour l’exploration du médicament inducteur. Le but de notre travail était d’étudier les caractéristiques épidémiologiques et cliniques des patients atteints d’érythème pigmenté fixe chez qui des tests épicutanés ont été pratiqués. Méthodes.– Il s’agissait d’une étude rétrospective effectuée sur une période de 4 ans. Elle a été réalisée à partir des dossiers de patients ayant consulté durant cette période en pharmacovigilance et ayant eu des tests épicutanés. La réali- sation des patchs se faisait après préparation spécifique. La lecture se faisait suivant les recommandations internationales. Résultats.– Nous avons retenu pour notre travail 21 patients répartis en 9 hommes et 12 femmes. La médiane de l’âge a été de 57 ans. Chez 12 patients, nous avons relevé des antécédents pathologiques à type d’hypertension artérielle ou de dia- bète. Parmi nos 21 patients, 3 avaient une atopie familiale et 5 avaient une atopie personnelle. Différentes localisations de l’érythème pigmenté fixe ont été relevées chez nos patients, avec en particulier une atteinte de la muqueuse génitale chez 4 hommes. Un seul cas a été considéré grave. Il s’agissait d’un cas d’érythème pigmenté fixe bulleux. Huit tests parmi les 21 se sont révélés positifs : le cotrimoxazole dans 3 cas, la ciprofloxacine dans 2 cas, le méprobamate dans un cas, l’acide fusidique dans un cas et l’indométacine dans un cas. Dans un cas le résultat du patch était suspect. Parmi les 12 patchs négatifs, 8 patients ont eu des tests de provocation orale. Parmi ces 8 tests de provocation orale, 4 sont revenus positifs : 1 cas à la car- bamazépine, 1 cas au fluconazole, 1 cas au cotrimoxazole et 1 cas à l’acide méfénamique. Conclusion.– Les tests épicutanés dans l’érythème pigmenté fixe représentent un moyen pratique pour déterminer le médicament responsable. Certains facteurs sont à réunir pour améliorer la positivité des tests, notamment le respect d’un délai minimum de 4 semaines et le choix des médicaments à tester. http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.02.106 Médi-19 DRESS syndrome induit par rivaroxaban : à propos d’un cas C. Radu a , C. Barnig a , S. Qi a , M. Tebacher-Alt b , F. De Blay a a Service d’allergologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg, France b Centre régional de pharmacovigilance, hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg, France Le rivaroxaban est un médicament anticoagulant oral, inhibiteur du facteur Xa. Il est commercialisé en France sous le nom de Xarelto et indiqué dans la pré- vention des événements thromboemboliques veineux chez les patients adultes bénéficiant d’une intervention chirurgicale programmée de la hanche ou du genou. Nous rapportons un cas de syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms, DRESS), 10 jours après prise de rivaroxaban dans les suites d’une intervention chirurgicale pour prothèse totale de hanche. Les symptômes présentés initialement par le patient asso- ciaient frisson et fièvre persistants, puis l’apparition 5 jours plus tard d’une éruption cutanée prurigineuse urticarienne, d’un infiltrat pulmonaire bilaté- ral et d’adénopathies médiastinales. Le traitement par Xarelto est interrompu 20 jours après l’instauration, et 48 heures après l’arrêt de ce traitement, le patient est admis en réanimation médicale pour une atteinte pulmonaire, hépa- tique et rénale et une insuffisance circulatoire. Il s’y associe un syndrome inflammatoire biologique et une hyperéosinophilie périphérique à 1065/mm 3 . Le scanner thoraco-abdominopelvien retrouve un infiltrat pulmonaire bilaté- ral, de multiples adénopathies médiastinales, rétropéritonéales et mésentériques. L’évolution clinique après stabilisation circulatoire est favorable en 48heures avec régression du syndrome fébrile et des anomalies biologiques, notamment l’hyperéosinophilie. Le patient a bénéficié par la suite d’une corticothérapie à doses dégressives sur 3 mois sans récidive du DRESS après l’arrêt. Nous avons retenu le diagnostic de syndrome d’hypersensibilité médicamen- teuse (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms, DRESS) au rivaroxaban (Xarelto) avec comme critère diagnostique un score de Kardaun à 4–5. À notre connaissance, aucune déclaration de DRESS après prise de Xarelto a été rapportée dans la littérature. http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.02.107 Médi-20 DRESS Syndrome induit par la lévofloxacine avec test épicutané positif O. Charfi , A. Zaiem , E. Gaies , S. Kastalli , R. Daghfous , S. El Aidli Centre national de pharmacovigilance, Tunis, Tunisie Introduction.– La lévofloxacine est un antibiotique de la classe des fluoroquino- lones indiquée pour les infections du système urinaire et respiratoire. Certains effets indésirables, généralement modérés, sont décrits avec ce produit, tels que les troubles digestifs ou les perturbations biologiques (hépatique, musculaire). Le DRESS syndrome (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms) n’a pas été rapporté avec cet antibiotique. Nous rapportons un cas de DRESS syndrome induit par la lévofloxacine avec test épicutané positif. Résultats.– Un homme âgé de 26 ans, sans antécédents médicaux, a été traité pour une infection pharyngée sévère par lévofloxacine 1 g les 2 premiers jours puis 500 mg/j pris pendant 6 jours et par métronidazole 1 g/j pris pendant 5 jours. Au 6 e jour de traitement, le patient a présenté une fièvre à 38,5 C, un œdème de la face, un rash cutané généralisé et des adénopathies cervicales. Les tests hépatiques ont révélé des ASAT à 152 UI/L (normal < 40 UI/L), ALAT à 211 UI/L (normal < 40 UI/L) et GGT à 90 UI/L (normal < 30 UI/L). Les tests hématologiques ont montré des globules blancs à 5710/mm 3 et des éosino- philes à 30/mm 3 . Les sérologies virales ont révélé une infection récente à EBV. L’évolution a été marquée par l’amélioration de l’état cutané en 7jours et la normalisation des paramètres biologiques en 14 jours. Des tests épicutanés ont été pratiqués un mois plus tard, avec la lévofloxacine (vaseline 10 %) et le métronidazole (vaseline 10 %). Les tests étaient positifs pour la lévofloxacine et négatif pour le métronidazole. Discussion.– Le diagnostic de DRESS Syndrome a été retenu pour ce patient devant l’association de l’éruption cutanée, la fièvre, les adénopathies et l’atteinte hépatique. Le RegiSCAR a été évalué à 3 (possible).

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258 Abstracts / Revue française d‘allergologie 54 (2014) 252–261

il reste utilisé dans 52 % des formules et cité comme excipient à effet notoireque dans 5 % des cas, pour le reste il n’est cité que comme conservateur. Leconditionnement unidose est utilisé dans 33 % des spécialités alors que le filtrestérilisant adjoint au conditionnement n’est utilisé que dans 15 % des spécialités.Discussion.– Ce choix d’une conservation en utilisant le chlorure de benzalko-nium est dicté, entre autres, par des raisons pharmaco-économiques. Il nousparait paradoxal de traiter une CA par un collyre potentiellement irritant ; dumoment où l’irritation induite par le chlorure de benzalkonium va prendre lerelais, voire le dessus, sur la symptomatologie de l’allergie entraînant potentiel-lement la conduite du traitement au-delà de la durée prévue mais aussi le doutesur le potentiel thérapeutique de la spécialité.Conclusion.– Au-delà de toute considération de coût et au vu de ces données, ilnous parait plus judicieux, lorsque cela est possible, d’opter pour une spécialiténe contenant pas de chlorure de benzalkonium lorsqu’il s’agit de traiter une CA.Néanmoins, si cela n’est pas possible, le thérapeute doit intégrer cet effet irritantdans son évaluation clinique du patient.Pour en savoir plusBase de données médicamenteuses. Vidal® Expert 2013.Liste des excipients à effet notoire. Afssaps – mars 2009.

http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.02.105

Médi-18

L’apport des tests épicutanés dansl’érythème pigmenté fixeA. Zaiem , O. Charfi , R. Sahnoun , G. Lakhoua ,R. Daghfous , S. El Aïdli , S. Kastalli , M. LakhalCentre national de pharmacovigilance, Tunis, Tunisie

Introduction.– L’érythème pigmenté fixe est une réaction cutanée particulièredont l’origine est presque exclusivement médicamenteuse. La déterminationdu produit responsable relève un défi important. Les tests épicutanés médica-menteux semblent être un moyen intéressant pour l’exploration du médicamentinducteur.Le but de notre travail était d’étudier les caractéristiques épidémiologiqueset cliniques des patients atteints d’érythème pigmenté fixe chez qui des testsépicutanés ont été pratiqués.Méthodes.– Il s’agissait d’une étude rétrospective effectuée sur une période de4 ans. Elle a été réalisée à partir des dossiers de patients ayant consulté durantcette période en pharmacovigilance et ayant eu des tests épicutanés. La réali-sation des patchs se faisait après préparation spécifique. La lecture se faisaitsuivant les recommandations internationales.Résultats.– Nous avons retenu pour notre travail 21 patients répartis en 9 hommeset 12 femmes. La médiane de l’âge a été de 57 ans. Chez 12 patients, nous avonsrelevé des antécédents pathologiques à type d’hypertension artérielle ou de dia-bète. Parmi nos 21 patients, 3 avaient une atopie familiale et 5 avaient une atopiepersonnelle.Différentes localisations de l’érythème pigmenté fixe ont été relevées chez nospatients, avec en particulier une atteinte de la muqueuse génitale chez 4 hommes.Un seul cas a été considéré grave. Il s’agissait d’un cas d’érythème pigmentéfixe bulleux.Huit tests parmi les 21 se sont révélés positifs : le cotrimoxazole dans 3 cas, laciprofloxacine dans 2 cas, le méprobamate dans un cas, l’acide fusidique dans uncas et l’indométacine dans un cas. Dans un cas le résultat du patch était suspect.Parmi les 12 patchs négatifs, 8 patients ont eu des tests de provocation orale.Parmi ces 8 tests de provocation orale, 4 sont revenus positifs : 1 cas à la car-bamazépine, 1 cas au fluconazole, 1 cas au cotrimoxazole et 1 cas à l’acideméfénamique.Conclusion.– Les tests épicutanés dans l’érythème pigmenté fixe représentent unmoyen pratique pour déterminer le médicament responsable. Certains facteurssont à réunir pour améliorer la positivité des tests, notamment le respect d’undélai minimum de 4 semaines et le choix des médicaments à tester.

http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.02.106

Médi-19

DRESS syndrome induit par rivaroxaban : àpropos d’un cas

C. Radu a, C. Barnig a, S. Qi a, M. Tebacher-Alt b,F. De Blay a

a Service d’allergologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg,Franceb Centre régional de pharmacovigilance, hôpitaux universitaires deStrasbourg, Strasbourg, France

Le rivaroxaban est un médicament anticoagulant oral, inhibiteur du facteur Xa.Il est commercialisé en France sous le nom de Xarelto et indiqué dans la pré-vention des événements thromboemboliques veineux chez les patients adultesbénéficiant d’une intervention chirurgicale programmée de la hanche ou dugenou.Nous rapportons un cas de syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse (DrugRash with Eosinophilia and Systemic Symptoms, DRESS), 10 jours après prisede rivaroxaban dans les suites d’une intervention chirurgicale pour prothèsetotale de hanche. Les symptômes présentés initialement par le patient asso-ciaient frisson et fièvre persistants, puis l’apparition 5 jours plus tard d’uneéruption cutanée prurigineuse urticarienne, d’un infiltrat pulmonaire bilaté-ral et d’adénopathies médiastinales. Le traitement par Xarelto est interrompu20 jours après l’instauration, et 48 heures après l’arrêt de ce traitement, lepatient est admis en réanimation médicale pour une atteinte pulmonaire, hépa-tique et rénale et une insuffisance circulatoire. Il s’y associe un syndromeinflammatoire biologique et une hyperéosinophilie périphérique à 1065/mm3.Le scanner thoraco-abdominopelvien retrouve un infiltrat pulmonaire bilaté-ral, de multiples adénopathies médiastinales, rétropéritonéales et mésentériques.L’évolution clinique après stabilisation circulatoire est favorable en 48 heuresavec régression du syndrome fébrile et des anomalies biologiques, notammentl’hyperéosinophilie. Le patient a bénéficié par la suite d’une corticothérapie àdoses dégressives sur 3 mois sans récidive du DRESS après l’arrêt.Nous avons retenu le diagnostic de syndrome d’hypersensibilité médicamen-teuse (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms, DRESS) aurivaroxaban (Xarelto) avec comme critère diagnostique un score de Kardaun à4–5. À notre connaissance, aucune déclaration de DRESS après prise de Xareltoa été rapportée dans la littérature.

http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.02.107

Médi-20

DRESS Syndrome induit par la lévofloxacineavec test épicutané positifO. Charfi , A. Zaiem , E. Gaies , S. Kastalli , R. Daghfous ,S. El AidliCentre national de pharmacovigilance, Tunis, Tunisie

Introduction.– La lévofloxacine est un antibiotique de la classe des fluoroquino-lones indiquée pour les infections du système urinaire et respiratoire. Certainseffets indésirables, généralement modérés, sont décrits avec ce produit, tels queles troubles digestifs ou les perturbations biologiques (hépatique, musculaire).Le DRESS syndrome (Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms)n’a pas été rapporté avec cet antibiotique. Nous rapportons un cas de DRESSsyndrome induit par la lévofloxacine avec test épicutané positif.Résultats.– Un homme âgé de 26 ans, sans antécédents médicaux, a été traitépour une infection pharyngée sévère par lévofloxacine 1 g les 2 premiers jourspuis 500 mg/j pris pendant 6 jours et par métronidazole 1 g/j pris pendant 5 jours.Au 6e jour de traitement, le patient a présenté une fièvre à 38,5 ◦C, un œdèmede la face, un rash cutané généralisé et des adénopathies cervicales.Les tests hépatiques ont révélé des ASAT à 152 UI/L (normal < 40 UI/L), ALATà 211 UI/L (normal < 40 UI/L) et GGT à 90 UI/L (normal < 30 UI/L). Les testshématologiques ont montré des globules blancs à 5710/mm3 et des éosino-philes à 30/mm3. Les sérologies virales ont révélé une infection récente à EBV.L’évolution a été marquée par l’amélioration de l’état cutané en 7 jours et lanormalisation des paramètres biologiques en 14 jours.Des tests épicutanés ont été pratiqués un mois plus tard, avec la lévofloxacine(vaseline 10 %) et le métronidazole (vaseline 10 %). Les tests étaient positifspour la lévofloxacine et négatif pour le métronidazole.Discussion.– Le diagnostic de DRESS Syndrome a été retenu pour ce patientdevant l’association de l’éruption cutanée, la fièvre, les adénopathies et l’atteintehépatique. Le RegiSCAR a été évalué à 3 (possible).