Sartre (1905-1980)
L’homme comme projet : « L’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde et se définit après ».
J.P Sartre
L’existentialisme athée : une philosophie de la liberté
Un philosophe engagé
• En tant que président exécutif
• Défenseur des droits de l’homme
• anticolonialiste
Il dénonce l’intervention française et la
torture en Algérie
Il est contre l’exécution des
prisonniers politiques
Il est contre l’action américaine au Viêt-
Nam
Il participe au Tribunal Russel pour juger les
activités de guerre des Américains au
Viêt-Nam
Il appuiera aussi les revendications des étudiants en mai 68
Les postulats de Sartre
L’être humain n’est pas définissable en soi : pas de définition satisfaisante pour délimiter notre nature humaine
Il fait face à des déterminismes héréditaires, économiques, culturels et sociaux à partir desquels sa liberté commence
Il a le choix entre accepter ou refuser « sa situation ».
« L’homme ne saurait être tantôt libre, et tantôt esclave : il est tout entier et toujours libre ou il n’est pas ». Être libre, c’est même être
obligé de choisir, car il « n’est pas possible … de ne pas choisir … ; si je ne choisis pas, je choisir encore »
« La liberté est ce petit mouvement qui fait
d’un être social totalement
conditionné une personne qui ne
restitue pas la totalité de ce qu’elle a reçu de son conditionnement »
Sartre dit que nous pouvons néantiser, c’est-à-dire annihiler les déterminismes
La liberté de l’homme ne se manifeste que par rapport à des situations concrètes
Notre liberté se manifeste à chaque fois que nous posons un acte. Deux exemples
• C’est nous et nous seuls qui nous choisissons et nous définissons comme peureux en posant des gestes de peur
Si nous manifestons de la
peur :
• C’est nous-mêmes qui nous choisissons comme courageux
• Nous affirmons notre liberté dans des actes de courage et nous existons comme être courageux
Si nous manifestons du courage dans
d’autres circonstances
Nous ne sommes pas faits en en vue d’un but particulier
A’ : Lorsque nous faisons quelque
chose, nous visons toujours un but
B’ : Le but (ou l’essence) d’une chose préfabriquée précède
son existence
C : Nous ne sommes pas créés en fonction
d’un but
D : Donc notre existence précède
notre essence
E : Nous devons créer notre propre but
A : Dieu n’existe pas B : Nous ne sommes pas créés par Dieu
Pour mieux comprendre : la métaphore du coupe-papier
a • Il a été fabriqué par un artisan qui avait l’idée de créer un tel objet
• L’artisan connaissait clairement ses caractéristiques (coupant et sans danger etc.)
b • L’essence du coupe-papier précède son existence
c
• L’homme n’est pas un coupe-papier, il n’existe pas en fonction d’un but ou d’une essence
• Pour l’homme, son existence précède son essence : les être humains n’ont pas d’usage spécifique, ils sont donc libres de se façonner eux-mêmes
Que veut dire l’essence précède l’existence
Les religions affirment souvent que l’existence
de l’homme est faite pour remplir un but
particulier .
Donc que l’homme à une essence qui
précède son existence
Ainsi, selon les conceptions religieuses de la nature humaine,
nous avons un but assigné par Dieu
Que veut dire l’existence précède l’essence
Il n’y a aucun universel, aucune nature humaine
définie parce qu’il n’existe aucun Dieu qui nous
prescrirait un but
Nous devons nous définir nous-mêmes : être capable
de dire ce que nous sommes en tant
qu’hommes et nous façonner afin de devenir ce
que nous avons choisi d’être
Ainsi, nous pouvons devenir tout ce que nous
choisissons d’être (contrairement à un rocher
ou une souris qui ne peuvent être autrement
que ce qu’ils sont)
L’homme « n’est rien d’autre que ce qu’il se fait » (L’existentialisme est un humanisme, p. 55).
« Nous sommes condamnés à être libres »
Nous sommes libres de choisir comment
nous façonner
Nous devons pour cela nous affranchir de nos habitudes de pensée
Nous devons continuellement faire face aux choix qui s’offrent à notre action
Nous sommes responsables de l’impact
que nos choix ont sur nous-mêmes
Nous sommes aussi responsables de l’impact de nos choix sur le genre
humain
Sans aucun principe transcendant, nous
n’avons aucune excuse pour dissimuler les choix
que nous avons faits
Nous sommes seuls et sans excuse
Je ne suis pas responsable de ce que j’ai reçu à ma naissance, mais de ce que je fais maintenant
Si mes engagements passés pèsent sur le présent
Je suis le seul à pouvoir « ré-assumer » à chaque
moment la portée de mon passé en lui donnant une
signification dans le présent
Être libre = une liberté en situation
« l’homme est libre, déclare Sartre, parce qu’il
peut toujours choisir d’accepter son sort avec
résignation ou de se révolter contre lui »
Il dépend toujours de soi de choisir telle ou telle
attitude
La liberté s’inscrit dans une situation particulière
dont j en suis pas nécessairement
responsable au départ
Mais cette liberté est angoisse
L’existence humaine est absurde parce qu’elle est dépourvue de sens et ne
peut être justifiée rationnellement
Le monde est sans raison ni finalité
La conscience est devant l’incertitude de l’avenir
On éprouve de l’angoisse devant les choix de
refuser ou d’accepter des situations
On adopte alors parfois la mauvaise foi pour fuir ce qu’on est, c’est-à-dire un homme sans Dieu qui
doit se construire
L’existentialisme sartrien n’est pas pessimiste
Face à l’angoisse, l’homme doit
donner un sens à sa vie
Il doit se construire dans l’action, créer
ses valeurs pour orienter ses actions
La subjectivité, le Je, assume son entière liberté
L’homme est donc projet
1
• Il est un projet au sens où c’est le projet fondamental qu’il se donne à lui-même qui le détermine, non le poids de son passé qu’il serait condamné à traîner toute sa vie.
2 • Ses actes sont le fruit de ses choix, de ses décisions et de
ses actions posées.
3
• L’être humain est donc responsable de ce qu’il est et de ce qu’il devient : tout le mérite ou toute faute ne revient qu’à lui-seul
Êtes-vous d’accord ?
L’être humain ne peut invoquer aucune circonstance atténuante
ou se réfugier derrière un quelconque déterminisme pour
justifier de n’avoir pas fait ceci ou cela
Exemple du lâche
Le lâche s’est donc construit par ses actions
• Tout le mérite ou la faute ne revient qu’à lui seul
• Il est responsable de sa lâcheté
• Il ne peut attribuer les causes de sa lâcheté à l’hérédité ou aux conditions de son milieu
• « Il ya toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche » (L’existentialisme est un humanisme, p. 60 et 62)