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DICTIONN IRE
THOLOGIQUE
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Louis ouyer
DICTIONN IRE
THOLOGIQUE
nouvel le i t ion revue et mise jour
Descle
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Nihil obstat
Paris le 1 juin 1990
M. DUPUY
Imprimatur
Paris le
11
juin 1990
Mr. M. VID AL v..
Descle Paris 1990
ISBN 2-7189-0473-9
Dpt lgal: 1990
l
r e
dition
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5
L I S T E D E S A B R V I A T I O N S B I B L I Q U E S
A N C I E N T E S T A M E N T
Abd. Abdias
Agg. Agge
Am. Amos
Bar. Baruch
Cant. Cantique des cantiques
I Chr. I Chronique s
II Chr. II Chron iques
Dan. Daniel
Deut. Deu t ronome
Eccl. Ecclsiaste ou Qo hlet
Eccli. Ecclsiastique
Esd. Esdras
Es th. Es ther
Ex. Exode
z. zchiel
Gen. Gense
Hab. Habacuc
Is . Isae
Jr. Jrmie
Job. Job
Jol Jol
Jon. Jonas
Jos. Josu
Jud. Judith
Jug. Juges
Lam. Lamentat ions
Lv. Lvitique
I Macc. I M accabes
II Macc. II Ma ccabes
Mal. Malachie
Mich. Miche
Nah. Nahum
Nh. Nhmie
Nombr. Nombres
Os. Ose
Prov. Proverbes
Ps. Psaumes
I Rois I Rois
II Rois II Rois
Ruth. Ru th
Sag. Sagesse
I Sam. I Sam uel
II Sam. II Samuel
Soph. Sophonie
Tob. Tobie
Zach. Zacharie
N O U V E A U T E S T A M E N T
Act. Actes des Ap tres
Apoc. Apocalypse
Col. Colossiens
I Cor. I Corinthiens
II Cor. II Corinthiens
ph. phsiens
Gai. Galates
Hbr. Hbreux
Jac. S. Jacques
Jn. v. S. Jean
I Jn. I S. Jean
II Jn. I I S . J e a n
III Jn. III S. Jean
Jude S. Jud e
Le. v. S. Luc
M e. v. S. M arc
M t. v. S. M atthieu
Phm. Philmon
Phil. Philippiens
I Petr. I S. Pie rre
II Petr. II S. Pier re
Rom. Romains
I Thess. I Thessa loniciens
II Thess. II Thessa loniciens
I Tim. I Timothe
II Tim. I I Timothe
Tite Tite
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A U T R E S A B R V I A T I O N S
P.G ., 26 Pres grecs (Migne), tom e 26.
LP .L., 30 Pres latins (M igne), tom e 30.
C.V ., 15 Pres latins (corpus de Vie nne) , tom e 15.
D .B. 537 Den zinger-B annw art, n 537.
D.S. 1015 Denzinger-Schnmetzer, n 1015.
(Les textes communs ces deux dernires ditions sont cits sous le n de la premire,
reprod uit d ail leurs dans les marges intrieures d e la seconde.)
Les mots grecs et hbreux ont t transcrits en lettres latines de manire tre lisibles
phont iquement par tout lecteur .
On trouvera la fin du volume une table permettant une lecture des principaux articles dans
un ordre logique.
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Prface pour une rdition
Une premire version du prsent volume fut
crite
et publie au moment o s'achevait
le
second
Concile du Vatican. L'auteur s'tait efforc d'y fournir une reprsentation objective de la
doctrine commune dans l'glise catholique, en faisant largement usage de ce qu'on avait appel
le retour aux sources (de l'criture Sainte, des Pres de l'glise et de la Liturgie). Ceci
allait videmm ent dans le sens du travail de redcouverte et de rinterprtation en term es
accessibles nos contemporains auquel le Concile s'tait astreint. Il s'ensuit que la prsente
rdition, part quelques prcisions supplm entaires, n'a exig gure d'autres modifications
que des rfrences aux textes conciliaires depuis lors canoniss, la liturgie rforme par
Paul VI et au nouveau code de droit canonique.
Un des comptes-rendus de laprcdente dition avait compar la premire mouture du volume
que voici un autre dictionnaire contemporain, uvre d'un thologien prestigieux, en disant:
Ceux qui voud ront connatre les ides du Pre X. liront naturellement son dictionnaire, ceux
qui veulent connatre la doctrine de l'glise se reporteront plutt celui du Pre B.
.
Je ne
sais trop duquel de nous d eux ce critique avait voulu se moquer, mais je sais bien qu'il avait
en tout cas compris m a modeste ambition ...
Ce que ce volume se propose simplement, c'est de fournir
les
non-spcialistes de renseignements
exacts et prcis sur ce que l'glise enseigne. D 'un manifeste qui se donnait com me l'uvre de
150 thologiens franais, un archevque interrog par la tlvision disait rcemm ent: 150
thologiens franais?... Je ne m'tais jamais dout qu'il y en et autant Mais, qua nd je lis
cette liste de noms, je m'aperois que la plupart de ces gens sont thologiens peu prs
comm e je suis danseuse de l'Opra ...
Si ce petit livre pouvait seulement convaincre ses lecteurs qu'un thologien n'est pas un brillant
improvisateur, mais un catholique croyant qui s'efforce, d'abord, de connatre dans ses sources
la
foi de l'glise, et puis de l'exposer fidlement, l'auteur n'aurait pas plus de regret qu'il n'a
de honte dans son total manque d'originalit.
L.B.
P. S. Les articles sur des questions m ixtes de thologie e t de philoso phie, signs M .B ., sont
de mon confrre le Pre Michel BIROLLET, que je remercie nouveau.
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Messieurs, croyez-moi
:
si l on ne m ettait dans les
livres que ce qui se rapp orte au suje t, d ab ord on
en ferait beaucoup moins, et puis ils seraient tout
petits.
M. Osty, p. s. s.
Prface la premire dition
Ce livre n'ambitionne point de rivaliser avec un ouvrage comme le Dictionnaire de thologie
catholique, dit par MM . Vacant, Mangenot et Am ann. Il s'agit
l
en
ralit
d'une collection
de monographies dont beaucoup ont l'ampleur d'un vritable volume. Ce qu'on a voulu ici
est bien plus modeste. On a cherch d'abord
prsenter le sens exact des expressions thologi-
ques, dans les termes les plus simples et les plus accessibles tous. E nsuite, on s'est efforc
de proposer, dans des termes galement lisibles pour
les
non-spcialistes, une synthse succincte
de la doctrine catholique en partant de chacun de ses termes-cls. Par l, on a voulu rendre
service d'abord aux prdicateurs et aux catchistes, en leur fournissant propos de c haque
question capitale un expos trs bref, mais qui contienne l'essentiel de ce qu'il faut savoir pour
comprend re et expliquer correctement les doctrines catholiques. On a pens g alement qu'on
pourrait rendre par l quelques services aux tudiants en thologie, en leur permettant une
premire vue d'ensemble de chaque question, rduite ses lignes essentielles, comme une
introduction l'tude dtaille des cours ou des manuels. Peut-tre un ouvrage aussi simplifi
pourrait-il aussi viter des littrateurs ou des journalistes (mme catholiques) de choir en
quelque pige en leur permettant de se renseigner d'un simple coup d'il sur le sens des termes
qu'ils emploient quand ils en viennent parler de ces choses.
Si brefs que soient nos
articles
on s'est efforc d'y donner toujours les textes bibliques essentiels
avec le minimum de commentaire indispensable, ainsi que les textes principaux du m agistre.
En dehors decela nous avons systmatiquement limit nos rfrencessaint Thom as d'Aquin,
docteur commun par excellence, et, toutes lesfois qu'il a donn dans la Somme thologique
leplus important de sa pense sur le sujet, nous nous somm es born celle-ci. Nous n'avons
introduit de rfrences d'autres que l o la doctrine considre est arrive sa maturit en
dehors du saint Docteur, et en nous bornant chaque fois, autant que possible, l'auteur ou
au texte fondamental sur la question. Quiconque dsire une bibliographie sur le sujet doit
naturellement se reporter soit aux grands dictionnaires, soit aux ma nuels de thologie. Ajoutons
que nous n'avons pas trait dans ce volume de la morale chrtienne dans ses dtails, nous
restreignant aux principes fondamentaux qui appartiennent en propre la thologie au sens le
plus strict, c'est--dire la thologie dogmatique. De m me en est-il des problmes historiques :
nous n'en avons rappel que ce qui tait essentiel pour comprendre l'volution d'un problme
ou le sens d'une dfinition de l'glise.
Nous nous tions lanc dans cette entreprise en esprant avoir le concours actif de plusieurs
de nos confrres. Nous tenons remercier le Rvrend Pre Michel Birollet, de l'oratoire,
auquel nous devon s en effet quelques articles philosophiques, que l'on reco nnatra
ses
initiales.
Nous tenons dire aussi notre gratitude nos autres confrres de l'oratoire de Strasbourg,
lesquels, dfaut de leur collaboration effective, ne nous ont jamais mnag leur sympathie
ni leurs encouragements. Si nous devions citer ici tous ceux qui nous sommes redevable de
quelque ch ose dans ce petit volume, nous devrions en crire un autre plus gros. Qu'on nous
permette au moins de dire une fois de plus toute la reconnaissance que nous prouvons
l'endroit de notre matre vnr le Rvrend Pre Guy de Broglie, s.j. A faire ce travail, nous
avons plus que jamais mesur la richesse lumineuse de son enseignement, grce auquel nous
esprons avoir notre tour, quoique dans une bien faible proportion, us de saint Thom as
comme d'un phare et non simplement comme d'une borne. Enfin nous n'aurions jamais pu
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mener jusqu'au bout un tel travail si nous n e nous tions maintes fois rconfort, chemin
faisant, par la mditation d'une phrase d'or d 'un autre de nos matres les plus chers, qui est
aussi l'un des sages les plus amne s, mais non pas d es moins doctes, de Saint-Sulpice. Nulle
autre
phrase ne pouvait offrir pigraphe aussi justificative l'apparente tmrit de notre entre-
prise.
L. B.
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A
BB
Ce terme, qui vient des langues smitiques
(directement du syriaque abba) et qui veut
dire pre, a t uti l is de bonne heure par
la l i t trature monastique pour dsigner un
moine d exprience, digne d exercer par son
enseignement la paternit spirituelle. Plus
tard, dans le monachisme organis sous la
for m e cnobitique (c est--dire de la vie en
communaut), i l en est venu dsigner plus
spcialement, et finaleme nt d une ma nire
exclusive, le suprieur d une com mu naut.
a t no tam me nt le cas en O ccident, sous
l influence en particulier de la rgle bndic-
tine. A u cours du m oyen ge, l abbatiat
n tant plus confr qu des m oines-prtres,
l exten sion du privilge de l exem ption
l gard de l autorit piscopale, puis l usage
progressif des insignes pontificaux, enfin la
bndiction des abbs se calquant plus ou
moins sur la conscration des vques ont
rapproch les abbs de ceux-ci. En fait, cer-
tains, appels abbs nullius diocesis, sont ar-
rivs exercer jusque sur les territoires atte-
nants leur abbaye une juridiction quasi
piscopale. D ans le dom aine de l ordr e, i l
est concd gnralement aux abbs de don-
ner les ordres mineurs leurs sujets. Des
abbs cisterciens semblent mme avoir reu
des souverains pontifes, dans le pass, le
pouvoir de confrer les ordres majeurs, y
compris la prtrise.
BBESSE
Les suprieures de monastres fminins ont
reu ou pris, avec le t itre d abbesses, nom bre
de privilges acquis par les abbs, allant non
seulement jus qu au port de certains insignes
pontificaux (crosse, anneau, croix pectorale,
bougeoir, etc.), mais, dans certains cas, jus-
qu instituer d es curs sur un ter ritoire d-
pendant de leurs abbayes.
BDIC TION
Renonciation l ibre et volontaire, de la part
du dten teur d une autorit ordina ire, n on
seulem ent l exercice mais la possession
de ladite autorit. L abdication n tan t re-
connue com me valide, d une m anire gn-
rale, qu avec l acceptation de l autorit sup-
rieure, les thologiens et les canonistes ont
dout q u un p ape pt a bdiquer validement
(cas de Clestin V, 1294).
BJUR TION
Renonciation publique et solennelle, devant
l aut orit ecclsiastique, une h rsie , un
schisme ou un culte paen
professs
antrieu-
rem ent l adhsion ou au reto ur la foi et
la communion catholiques. Le Saint-Office
avait cepend ant autoris qu une simple pro-
fession de foi positive tienne parfois lieu
d abjuration p our ceux dont la bonne foi dans
l adhsion antrieure l erreur ne parat pas
douteuse. Nanmoins, la l i turgie baptismale,
pour tous les candidats adultes venus d un
groupement religieux quelconque tranger
l glise, com porte toujou rs une brve mais
explicite form ule d abjur ation.
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BLUTION
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BLUTION
Rite consistant dans un lavage. Se dit particu-
lirement de lapurification (voir ce mot) du
calice et des doigts de l offician t aprs la
messe ou la simple distribution de la commu-
nion. Il a pour but d viter toute profanation
possible de ce qui resterait des espces sacra-
me ntelles. Qu oiqu il soit difficile d assigner
une date prcise son introduction dans la
li turgie eucharistique, on rem arque ra qu il se
trouve aussi bien dans les liturgies orientales
que dans la liturgie romaine. Il doit avoir t
inspir de bonne heure par les rites analogues
prescrits par le Lvitique pour le culte du
Temple, ou que les juifs avaient introduits
dans le culte synagogal (par exemple une fois
qu on a touch les rouleaux sacrs de la Loi).
Da ns le rit rom ain actuel, l ablu tion se fait
avec de l eau seule. L offic iant boit ensuite
le produit de ces ablutions. L ablution des
doigts aprs la distribution de la communion
en dehors de la messe se fait galement dans
de l ea u, qui doit tre jete ensuite da ns la
piscine (dversoir des rsidus rituels) ou dans
le feu.
BROG TION DES LOIS
Ab olition d un e loi par le lgislateur. O n ne
peut donc parler d abrog ation que dans le
cas des lois positives. Ceci pose un p rob lm e,
dans le cas o une loi divine positive semble
abroger une loi naturelle, comme dans le cas
du divorce admis et rglement par la loi
mo saqu e, bien q ue l indissolubilit du m a-
riage rsulte de la loi naturelle, ou encore
dans le cas du privilge paulin. On admet
que , dan s de tels cas, il n y a pas pro pre -
ment parler abrogation de la loi, mais sus-
pension dans un cas particulier ou une srie
de cas particuliers, par u ne tolrance qu une
fin suprieure justifie. Notons d autr e part
que, si l abrogation est ncessairement le fait
du lgislateur, son intervention peut se faire
per conniventiam , com me il en est dans le
cas d une coutum e contra legem acqurant
elle-mme force de loi par le consentement
tacite du lgislateur. Le Nouveau Testament
a explicitement abrog la loi mosaque. Mais
ceci doit s enten dre non des prceptes de
cette dernire qui ne faisaient que dfinir les
obligations rsultant de la loi naturelle, mais
seulement des dispositions positives transi-
toires qu elle co mp ortait , comm e les pres-
criptions crmonielles duLvitique. Cepen-
dant saint Paul s exprim e com me si
l vangile abrogeait toute loi antrieure (cf.
Rom ., 6, 14; 7, 4 ; 8, 2 ; Gai., 5, 18; ph.,
2, 15). Mais ces expressions do ivent s ente n-
dre en ce sens que la rvlation de la grce
qui est la base du Nouveau Testament
transc ende tout e loi. Il ne s agit don c pas
tant d une abroga tion, au sens juridique, que
d un dpassem ent du plan juridique lui-
mme dans nos rapports avec Dieu. Par la
charit, comm e l indique expressm ent saint
Paul lui-mme aprs Notre Seigneur, la loi
est accom plie d une faon suprieure
tout e loi, loin d tr e abolie (cf. Gai., 5, 14
avec Mt., 5, 17).
BSOLU
Le mot absolu peut tre entendu en deux
sens: soit de ce qui ne dpend pas d un autre
tre, mais sans exclure la dpendan ce d un
ou de plusieu rs autre s tres l ga rd d e soi
dans ce cas il est oppos relatif
;
soit
de ce qui est indpendant de tout autre tre
l exclusion de qu elqu e relation que ce so it.
Da ns un cas comm e dans l autre i l peut rece-
voir de nombreuses acceptions : la substance
est un absolu par rapport aux accidents ; t em-
pra ture absolue, valeur absolue en physique
et en mathmatiques. Ne nous occupera ici
que celle dans laquelle le terme absolu est
utilis pou r signifier l obje t dern ier d e la r-
flexion philosophique, quivalant de plus ou
mo ins loin l ide de divinit.
Cet usage du mot est relativement rcent
puisque son premier emploi semble devoir
tre attribu Nicolas de Cues {De docta
ignorantia, 1440) et son introduction dans le
vocabulaire philosophique franais Victor
Cousin. Mais de toute manire la proccupa-
tion philosophique qu il recouvre rem onte
la plus haute antiquit et la discrimination
entre les deux sens du mot soulve un des
problmes les plus considrables de la philo-
sophie. En tenant compte de toutes les nuan-
ces qu divers poin ts de vue o nt pu lui ap-
porter les diffrents systmes, on peut le
form uler ainsi : la ralit tout enti re n est-
elle qu une unit indivisible, ou peut-on s en
faire une ide telle q u elle laisse place un
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BSOLU
certain type de relations dterminables entre
son principe et ses lments, et, dans ce cas,
ces relations sont-elles absolument nces-
saires ou y en a-t-il de contingentes?
Des multiples formes du panthisme pour
lequel, d une m anire ou d une autre, la divi-
nit se confond avec le m ond e, jusqu
l agnosticisme pou r qu i l absolu est inaccessi-
ble et les phnomnes seuls connaissables,
les divers systmes philosophiques peuvent
se range r d un ct et de l autr e de cette
ligne de partage. N ous en exposerons brive-
ment ce qui est essentiel pour parvenir la
conce ption ch rtienn e d e l absolu et ven-
tuellement ses dviations. Nous suivrons
pour c ela, afin d viter les retours en arrire,
plutt l ordre historique.
Les clbres sophismes de Znon d le (on
ne peut dmontrer que la flche est mobile
en l air, ni qu Achille rattra pera jamais la
tortue) ont popularis la doctrine de Parm-
nide qui revient l honn eur d avoir soutenu
le premier l identit totale de l tre avec lui-
m me et avec toutes choses. L t re est uni-
que et indivisible, fait d un seul bloc fini et
enferm dans les limites de sa sphricit. Il
n est pas interdit de penser que cette doctrine
sans espoir de flure ait lourdement pes sur
toute la pense grecque et sur maints aspects
de la pense moderne, et travers eux ait
t la raison de maintes dfaillances thologi-
ques. Comment une telle ide de Dieu pour-
rait-elle en
effet
s accom mod er d autre chose
que de lui-mme?
L intuit ion, peut- tre plus religieuse que phi-
losophique, de Platon sut lui faire viter
l cueil d un pareil m onolithism e. Il est de
ceux qui ont su le mieux dfinir les rapports
entre le principe ternel de toutes choses et
ces choses elles-mmes, avec assez de sou-
plesse pour ga rder d un e pa rt ce principe
son cara ctre d absolu, et d autr e part
l m e assez d initiative pou r qu elle en soit
autre chose qu un e simple subdivision.
L A bsolu , certes, c est l U n, identique
l tr e et au Bien. L e mon de des h omm es,
c est au contraire le m onde du devenir et de
la multiplicit, le monde de l A utre . Pour-
tant, entre l Abso lu platonicien et l hom me ,
il existe des relations. D ab ord , le m onde a
t, non pas sans doute cr, mais model
dans une matire ternelle par le dmiurge
qui en est l m e et le plus bea u des tres
non-divins. E n second lieu, l m e de l hom -
me est immortelle, participant la divinit
des ides ternelle s, et c est d e se tro uve r
mle
la multiplicit qu i lui rend impossible
de prime abord la contemplation du soleil
du Bien. Mais, reconnaissant dans un souve-
nir de sa vie antrieure l bauch e du Beau
ternel dans les choses, elle est capable par
le jeu de l am our de rem onter progressive-
ment les degrs de la connaissance pour arri-
ver l intuition parfaite de l absolu du Bien.
Noble doctrine dont l influence sur la p ense
occidentale en gnral et chrtienne en parti-
culier n a jam ais cess d tr e vivante, mais
qui encourut de la part d Ar istote le pire
reproche qui puisse tre adress une philo-
soph ie: celui d irrali t.
Aristote, suivant la formule clbre, fit des-
cendre Platon du ciel sur la terre. Les ides
sont gnrales et le gnral ne peut avoir
d existence particulire, cleste ou non. Elles
sont sur la terre comme caractre commun
c haque thorie d tre qu elles dfinissent.
Ainsi ne saurait-il tre question de s appuyer
sur elles par u n exercice intellectuel pour ten-
ter de joindre le principe des choses. Et cela
donne l absolu d Aris tote un caractre
compltement diffrent de celui de Platon.
Certes, i l a affirm comme lui et sans doute
plus qu e lui l existence et l unit de D ieu .
Mais alors que toute la pense platonicienne
tait un effort pour rejoindre Dieu, pareil le
ambition est tout fait exclue des proccupa-
tions aristotliciennes. L lm ent fonda me n-
tal du m ond e, c est le mou vem ent. C est--
dire le passage d un tat un autre, d une
forme une autre forme de la matire ter-
ne lle: le passage de la puissance l acte ,
c est--dire d un degr moins grand un
degr plus gra nd d intelligibilit. Mais le
mo uvem ent ne pe ut exister que s i l est m
et finalis par quelque chose (on ne saurait
dire quelqu un ici) qui soit lui-mme entire-
me nt intell igible, e ntirem ent ralis : c est
l Ac te pu r. L Ab solu d Aris tote est prem ier
moteur, principe du mouvement, immobile
lui-mm e, mais sans qui le mo uvem ent serait
inintelligible. Il reste que cet a bsolu,
fini
dans
sa perfection close, est parfaiteme nt ignoran t
du m onde qu il entrane et que la relation
qui unit le monde mobile lui est irrversi-
ble. Nul espoir dans le monde d Ar istote de
parvenir ou de participer l absolu. Pour tant
l influence d A ristote
fut
immense sur la pen-
se chrtienne partir du XIII
e
sicle et
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BSOLU
14
contribua lui donner un ralisme et une
vigueur que la pense platonicienne n avait
pu lui communiquer. Mais i l y faudra un
gnie et un saint.
C est au Stocisme que nous devons l ide de
Providence. L Ab solu p orte ici un nom , c est
Zeus, non point crateur, mais organisateur
du meilleur des mondes possibles o tout a
t fait pour l hom me . Mais ce term e de Pro-
vidence recouvre tout autre chose que l ide
que nous nous en faisons maintenant, car si
la divinit se mle de si prs au monde, c est
qu elle en est indiscernable. Le Logos ou feu
de Z eus se mle toutes les parties d un
monde cause de cela entirement compr-
hensible. La pit populaire aussi bien que
la raison philosophique se fondent ainsi sur
la possibilit de rap por ts directs avec l abso-
lu. Mais si tout est comprhensible, c est que
tout est dtermin. Le monde est destin
mourir et recommencer de la mme ma-
nire . Rie n n est laiss la libert hum aine
que d accep ter sa condition. L Ab solu, fina-
leme nt, l est aussi compltem ent que pour
Aristote. Il impose une fatali t mais ne per-
met pas l espoir.
Si ce n est le christianisme d ont nous traite-
rons plus loin, aucun autre systme n appo rta
rien de neuf la notion d abso lu. M ais le
christianisme en y introduisant la notion
d infini en ren dit n cessaire une nouvelle
conception. Celle-ci
fut
juge impossible par
K ant : l en tendem ent ne peut apprhend er
que
le fini,
les phnom nes , m ais non l infini,
le noumne, qui demeure inconnaissable.
Kant inaugure la ligne des agnostiques.
C est de cet cartlem ent de l esprit entre le
fini insuffisant et l infini inaccessible qu est
ne la philosophie hglienne. L infini de
Hegel est une Ide. Non point contenue dans
la conscience d un sujet, mais existant relle-
ment hors du sujet et constituant mme tout
le rel. D ab ord inconsciente d elle-mm e,
elle accde progressivement la conscience
tout au long de l histoire. Elle y parvient par
un mouvement dialectique o chaque stade
du dvelopp eme nt de l Ide (thse) est
contredit par une antithse; contradiction
qui sera rsolue dans une synthse provi-
soire. Pour la premire fois, l absolu devient
un devenir, synthse de l tr e parm nidien
avec le N on-E tre qui s oppose lui . Le
monde de la nature physique et organique
reprsente les premiers stades de cette rali-
sation de l Ide, continue dans la conscience
individuelle et sociale. L histoire n est pas
une suite d vn em ents contingents, mais
l enchane me nt dialectique rigoureusem ent
dtermin o les faits portent intgralement
en eux-mmes leur proprejustification. M ais
l Id e n arriv e la pleine conscience d elle-
mm e qu e dans l A rt d abo rd, o s unissent
ide et apparence sensible, dans la Religion,
spcialement dans le Christianisme o la
substance universelle se ralise dans une
conscience individuelle, mais surtout dans
la philosophie, au-del de la reprsentation,
l Esprit absolu pren ant entirem ent
conscience de soi dans la pense du philoso-
phe. Cet Esprit absolu est-il un Dieu auquel
participent toutes les consciences pensantes
ou une pure immanence tout entire dans la
pense humaine? Il est difficile de le dire.
Qu oi qu il en soit, ce tte co ncep tion de
l Ab solu a radicalement transfo rm les ter-
mes du problme et pse d un poids dfinitif
sur toute forme de pense postrieure.
Les consquence s d e l hglianisme se firent
sentir sur la thologie catholique ds la pre-
mire moiti du XIX
e
s icle. Comprenant
d em ble la grandeur d un tel systme, mais
aussi le pril qu il faisait courir la foi, Gun-
the r, dans l oubli d e la scolastique qui tait
celui de l po que , te nta une synthse nou-
velle de la thologie sur des bases hglien-
nes. Son intention fu t d encha ner les don-
nes de la
foi
comm e celles de la raison d une
manire si rigoureusement logique que leur
ensemble pt s imposer avec une vidence
incontestable n imp orte quel esprit . Ce qui
implique pour la raison la possibilit de se
hausser la comprhension des mystres
peu prs aussi bien que des vrits consid-
res habituellement comme tant
sa porte.
M odifiant l ide hg lienne de contradiction
pou r l app eler co ntrapo sition et vitant ainsi
dans sa dmonstration de tout faire sortir
ncessairement comme une manation de
l Ide de Die u, il s efforc e nanm oins de
montrer que, la rvlation une fois donne,
tout s enchane ncessairem ent. Il affirme
mm e que la Rvlation, qu i l appelle secon-
de, pou r la distinguer de la Cration , n et
point t utile si l esprit ne se ft enlis dans
l idol trie. Ainsi D ieu , q ui n est point acte
pur com me p our A ristote, s actue dan s son
Fils qui est sa conscience de soi. L Espr it fait
l unit du P re conte mp lant et du Fils
-
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17/22
15
BSOLUTION
contempl. A la Trinit forme de trois sub-
stances distinctes, s oppose le monde du non-
divin que Die u, dans l am our qu il se po rte
lui-mme, cre par un acte de volont n-
cessaire. La cration est elle-mme faite de
l esprit, non divin, de la na ture non spiri-
tuelle, et de l hum anit dans laquelle esprit
et nature se synthtisent sans se confondre.
Disons de cette d octrine qu elle a eu le tor t
de faire de la Trinit une triple substance,
de dcom poser l unit du V erbe incarn et
celle de l hom m e, et d rige r le philoso phe
en juge de la thologie et du dogme. Elle
fut condamne au Concile du Vatican (D.B.
1655-1658). L absolu divin n est pas un e ide
soumise
une ncessit, mm e interne elle-
mme. L laboration chrtienne de la notion
d absolu trouve en P laton l identification du
Vrai, du Beau et du Bien
;
comme pour Aris-
tote c est une pens e, cause premire de tou-
tes choses et premier moteur de tout mouve-
m ent. Le S tocisme l a aid e le concevoir
comme Providence, enfin la philosophie h-
glienne lui a rappel opportunment sans
doute que l Ab solu se fait connatre dans le
temps et que sa conqute se mrite dans une
histoire. M ais surtout l cr iture appo rte un
enseignement qui modifie du tout au tout
l ensem ble de ces notions
:
c est que l Abso lu
est personnel, se dsignant soi-mme
Mose: Je suis celui qui suis. (Ex., 3, 14.)
Aussi n est-i l pas ton nant que le te rme
d absolu ne soit jamais employ dans la tho-
logie traditionnelle pour dsigner l tre divin.
Aussi bien le mot absolu n est-il qu un adjec-
tif qualifiant tel ou tel de ses attributs.
L objet ult ime de la rflexion philosophique
se rvle comme vie, pas seulement comme
proposition dernire de la connaissance.
Nous renverrons donc, pour plus de dtail
sur la doctrine, l article Dieu, n exam inant
ici la notion d abso lu divin q u au rega rd des
thories ci-dessus rsumes, dans la mesure
plus ou moins exacte o elle peut en paratre
le couronnement.
Die u est l tre absolu, en soi et par soi ; ne
dpe ndant d aucun autre et connaissant toute
chose e n lui-m me et rien d ailleurs qu en
lui-mme. Vrit absolue, Pense absolue
aussi, et comme tel impliquant la parole, le
Verbe, ide unique que Dieu a de lui-mme.
Enfin, dans la mesure o il connat la Parole
et o la Parole connat , com pntration tota-
le, relation absolue, A m our absolu. Connais-
sant toute chose en lui-mme, il a de toute
chose un e ide singulire. C est le princ ipe
de la Cration. Or, volont absolue, Dieu
fait acc der l tre les objets singuliers
d une man ire absolue, c est--dire de rien,
et d un e faon libre, car leur existence
n ajou te rien sa
perfection.
Volont ne vou-
lant absolument que le Bien, il est leur Provi-
dence. La c ration n est p arfaitem ent elle-
m me que dans sa connaissance de l Abso lu
divin. Mais elle n atte int pas directe me nt
cette connaissance par intuition, mais dans
les conditions spatio-temporelles de son exis-
tence. Elle atteint l absolu d abo rd p artir
d e l le-mme, comme tre e t Crateu r , sur-
naturellement ensuite par la rvlation que
l Absolu don ne de lu i-mme comm e Am our
et Vie. Ainsi est permise la relation avec lui,
non sur un mode purement intellectuel, mais
plus profondment dans une relation de per-
sonne personne rend ue possible par l intro-
duction dans le temps du Verbe, absolu hu-
main parce que absolu divin. Avant
qu Ab raham ft , je su is . (Jn., 8, 58.)
M. B.
BSOLUTION
On donn e ce nom l acte du pr tre, dans le
sacrement de pnitence, par lequel i l exerce
le pouvoir du Christ, confi par lui ses
aptres dans l glise et pour elle, de re me ttre
les pchs: Ceux qui vous rem ettrez les
pchs, ils leur seront remis...
(Jn., 20,
23 ;
cf. M t16, 19 et 18, 18.) D an s la liturgie
latine aujo urd hui, cela se fait par la form ule
indicative: Ego te absolvo; mais l glise a
admis aussi bien dans le pass, et admet en-
core dans les rites orientaux, la validit de
formules simplement dprcatives, comme:
Deus te absolvat. Contre les protestants,
l glise a dfini au Concile d e T ren te qu il
ne s agit pas l d une simple dclaration, qui
n aurai t rien qui la distingue de la prdica tion
gnrale du pa rdon , mais bien d un acte judi-
ciaire (Sess. XIV, c. 6 et can. 9; D.B. 902
et 919). Ente ndon s pa r l que l absolution
du prtre ne fait pas qu anno ncer le pardo n,
mais qu elle le do nne effectivemen t dans le
sacrement, ceux bien entendu qui remplis-
sent pour cela les conditions requises par ail-
leurs (voir les mots attrition, contrition et p -
nitence). Voir saint Thomas, In IVSent., lib.
-
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BSTINENCE
16
IV, dist. 17-19; Sum. Theol., I I I
a
, q. 84-90.
A part i r du XV
e
sicle, on s est pos la ques-
tion de savoir si l absolu tion pouva it jam ais
tre do nne sous condition. O n l adm et en
gn ral, pou rvu que la condition n ait pas
comme effet de supprimer pratiquement le
sacrement, comme ce serait le cas pour une
condition portant sur le futur. La condition
peut d autr e part rester tacite. Ce pen dan t,
son in trodu ction n est licite q ue si, d un e
part, le bien spirituel du pnitent risque
d tre gravem ent comprom is par le refu s
d absolution , tandis que, d autr e par t , l abso-
lution sans rserve exposerait un danger
de profanation du sacrement.
On donne le nom d absolution gnrale
divers rites qu il faut bien distinguer. Le pre-
mier est la bndiction apostolique in articulo
mortis (voir ce mot) . Le secon d est l absolu -
tion gnrale donne aux membres de cer-
tains ordr es (ou tiers-ord res) religieux cer -
tains jour s. Ce n est plus, elle aussi, qu un e
manire de communiquer au nom du souve-
rain Pontife une indulgence plnire (voir ce
mot). Dans sa forme, elle se rattache une
pratique plus tendue qui a subsist long-
temps le jeudi saint dans les cathdrales et
dans d au tre s glises et qui tait un e survi-
vance de l absolution publique autrefois don-
ne aux pnitents la fin du carme (voir
au mot pnitence). Cette survivance pouvait
tre considre comme un sacramental exci-
tant la contrition.
BSTINENCE
Ab stention dans l usage de certains biens,
laquelle pe ut tre l obj et d un simple conseil
ou d une loi positive, en vue d un bien spiri-
tuel. Se dit notamm ent de l abstention de
certains aliments ou des rapports sexuels. La
loi
mosaque comportait de nombreuses pres-
criptions de ce genre. Par exemple elle inter-
disait la manducation de la chair des animaux
dits impurs, du pain lev au temps de la
Pque, ou celle du sang, et donc de tout
animal touff. Cette dernire prescription
fut conserve quelque temps par les chrtiens
eux-mmes (Act., 15,20 et29). Tout comm e,
d au tre pa rt, l anc ienne alliance presc rivait
dans certains cas l abstention de rappo rts
sexuels, les canons ont prescrit cette absti-
nence avant la communion. Aussi bien que
le clibat ecclsiastique, le jene, eucharisti-
que ou n on, est une form e d abstinenc e, au
sens le plus large de l expre ssion. D ans un
sens plus restreint, on entend le mot aujour-
d hui, en Occident, de l abstention de toute
nourritur e carn e prescrite jusqu au dernier
Concile tous les ven dred is, ainsi qu d autre s
jours. En Orient, comme autrefois en Occi-
dent, l abstinence, en carm e en particulier,
peut s tend re d autre s aliments, comm e
les ufs ou le fromage. Ces prescriptions ont
pour but d exercer les fidles au ren once-
me nt ncessaire
toute vie chrtienne srieu-
se. Les prescriptions can oniques s imposent
en conscience comme un minimum, dans un
domaine o chacun doit avoir cur de faire
gnreusement tout ce qui peut tre dsira-
ble pour son progrs spiri tuel. Inversement,
des circonstances diverses peuvent autoriser
une dispense de l obligation canon ique dfi-
nie (comme l ge, des difficults de sant ou
autres). Mais rien ne dispense aucun chrtien
de l effo rt gnral d abstinence qui est la
condition sine qua non de toute lutte efficace
contre les tendances gostes et sensuelles de
notre nature dchue. Nanmoins, la dfini-
t ion mm e que nous avons don ne de l absti-
nence chrtienne interdit d y voir aucune
condam nation de ce dont on se prive, temp o-
rairem ent ou en perm anenc e. Il s agit tou-
jours d viter que l usage d un bien particu-
lier ne risque de nous p river d un bien
suprieur. Voir saint Thomas, Sum. Theol.,
I I
a
I I
a e
, q. 146 et suiv.
CCEPTION DE PERSONNES
Cette expression s applique lorsqu au l ieu de
considrer le mrite de quelqu un on s en
tient pour le juger et lui faire droit quelque
apparence (lapersona, au sens latin de mas-
que ou de rle d un ac teur). D o la prescrip-
t ion du Deutronome
:
Tu ne f eras pas ac-
ception de personne... (16, 19; cf. 1, 17),
avec
l affirmation :
Die u ne fait pas accep-
tion de personne, reprise par saint Paul
(Rom., 2, 11) et saint Jac que s (10, 34) II
Chr., 19, 7.
CCIDENT
On appelle accident toute notion qui peut
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17
CTE
convenir ou non un tre, par opposition
ce qui tient son essenc e. C est ainsi que la
science, qui peut a ppartenir ou n on aux hom-
mes, sera dite un accident pour la nature
hum aine. C est l l accident logique. L acci-
dent physique est semblablement, dans un
tre rel don n, un e rali t concrte distincte
de la substance m m e de celui-ci. C est ainsi
que , d ans l explication tholog ique de la
transsubstantiation, on distinguera les acci-
dents physiques du pain
:
b lancheur, got ca-
ractristique, etc., lesquels subsistent inchan-
gs aprs la conscration, de sa substance,
laquelle a t remplace mystrieusement
par celle du corps du Christ. De mme on
dira que la grce sanctifiante est une qualit
accidentelle insre dans la nature humaine
par l action surnaturelle de D ieu. Il faut
noter qu i l est propre l accident, p ar oppo-
sition la su bstanc e, d exister non en lui-
mm e m ais en celle-ci. D o le pro blm e
souvent pos
:
comment les accidents eucha-
ristiques subsistent-ils, leur substance ayant
disparu? Saint Thomas se borne rpondre
que le pre mie r de tous les accidents d un
corps tant la quantit tendue, tous les au-
tres accidents du pain demeurent suspendus
celui-l, qui joue dsormais par rapport
eux le rle qui devrait tre celui de la sub-
stance (Sum. Theol., I I I
a
, q. 77, a. 5).
COLYTE
Ministre dans les ordres mineurs charg sp-
cialement de porter les lumires et de prsen -
ter le vin et l eau l off erto ire dans la cl-
bration eucharistique. Anciennement, les
acolytes avaient galement la charge de por-
ter l euch aristie, soit les sancta rservs des
messes prcdentes et qui seraient mls au
calice pour marquer la continuit de toutes
les clbrations eucharistiques en un mme
lieu, soit 1efermentum qui unirait de la m m e
manire la clbration principale (pisco-
pale) la clbration des prtres du second
rang, soit tout simplement les saintes espces
destines la communion des fidles en de-
hors de la messe. Un reste de cette ancienne
fonction a subsist dans certains rits locaux,
notamment Bayeux, o le grand acolyte
tenait la patne (qui autrefois contenait les
sancta) au cours de la messe solennelle
(comme le faisait habituellement le sous-dia-
cre au rite romain).
CTE
D ap rs la thologie thomiste, suivant en cela
la philosophie aristotlicienne, l acte s oppo-
se la puissance d abord dans le mo uvem ent
d un tre oppo s son tat antrie ur, puis,
plus gnralement, dans toute ralisation de
ce qu il est oppos e ses possibilits laten tes.
A cet gard, le fait , pour une substance don-
ne , d tre simplement ce qu elle est sera
considr comme son
acte
premier, son op-
ration, aprs cela, n tan t qu'acte second.
Dieu seul, d autre part , esta cte pur, car seul
il n a rien en lui qui soit en puissance
:
il e st,
sous tous les rapports, perptuellement en
acte, son existence ne se distingue pas de son
essence. L es anges, au con traire, d apr s
saint Thom as, mm e s i ls sont de purs es-
prits, ont une existence distincte de leur es-
sence, une opration distincte de leur puis-
sance oprative. A ce double t i tre,
ils
ne sont
pas actes purs. A plus forte raison en est-il
ainsi d tres composs de ma tire et d esprit ,
comme le sont les hommes. A l extrmit de
l chelle des tres, la m atire pre mire sera
considre com me pu re puissance. Voir saint
Thomas , In Metaph., 1 . IX ; In IV Sent., 1.
I, dist. XIX, q. 2, a. 1.
En thologie morale , d autr e part , on appelle
acte humain l acte d ont l hom me est le ma-
tre, p ar sa raison et sa volont, et qu on
oppose ainsi aux actes de l hom me qui ne
procdent pas de sa volont dlibre (Sum.
Theol., l
a
I I
a e
, q. 1, a. 1 et 3). L ac te im m-
diatem ent mis par la volont, c est--dire le
choix de la fin ou d es mo yens, est ce q u on
n o m m eacte licite. Au contraire Yacte impr
est un acte d une puissance infrieu re soumis
la puissance sup rieur e. C est un acte li-
cite d aimer Dieu, un acte impr de mditer
ses mystres ou de faire l aum ne p ar amou r
pour lui . L acte impr peut donc tre lui-
m me aussi bien un acte intrieur qu un acte
extrieur. Voir Sum. Theol., I
a
I I
a e
, q. 9, a.
3; cf. In IV Sent., 1. III, dist. XXVII, q. 2
et 3.
-
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D M
18
D M
Dans les premiers chapitres de la Gense,
Adam apparat non seulement comme le pre-
mier individu de l espce hum aine, mais
comm e l hom me primitif en qui l hum anit
naissante, fau te d avoir donn sa foi la pa-
role d ivine qu i la sollicitait, s est laisse en-
traner dans la dsobissance des puissances
spirituelles rvoltes contre le crateur. Sa
chute, o il a engag toute la race, y apparat
comm e le fait d un co nsentem ent donn par
l hum anit aux sductions imm diates d une
sensualit goste, to uffan t l appel adress
par Dieu sa foi.
Tel est le fait , historique bien que profond-
ment mystrieux dans ses circonstances
concrtes comme dans toute sa porte ult-
rieure, que la foi catholique nous oblige
reconna tre sous l envelopp e image du rcit .
Cet te
affirmation,
b ien comprise, ne peut en-
trer en conflit avec la connaissance scientifi-
que, enc ore trs environne d obscur it, des
conditions matrielles dans lesquelles est ap-
parue l hum anit sur la terre . L e rcit bibli-
que a ffirma nt explicitement que l hom me a
t t ir de la terre, tout en ayant une me
qui l apparente directement Dieu, i l ne pa-
rat pa s q u il s opp ose la possibilit d un e
form ation volutive du corps humain partir
de l anim alit, pourv u qu on ne veuille nier
par l ni la Providen ce divine qui aura it prsi-
d
cette volution, ni l interv ention spciale
de Dieu dans la cration de chaque me hu-
maine. Plus dlicat est le problme que pose
l hypothse avance par certains savants mo-
dernes et connue sous le nom de polygnis-
m e. Si par l on voulait en ten dre que l on
serait pass de l animalit l humanit dif-
frentes reprises, en diffrents endroits du
globe, l affirm ation biblique de l unit de la
race humaine dans tout son destin risquerait
au m oins d tr e mise en pril. C est de ce
point de vue que diffrents documents ponti-
ficauxo n t mis en garde les penseurs chrtiens
contre une acceptation trop facile de cette
supposition, que rien dans les faits connus
ne semble d autr e part imposer pou r
l instant.
Qu ant la description que la thologie s est
efforc e de faire , de longue d ate, de l tat
de l hom me avant la chute, i l a toujour s t
reconnu qu elle com portait une large part de
conjecture. E lle repr sente, plutt qu une
peinture acheve des conditions de vie de
l hom me primitif, un essai pour cerner les
possibilits qui auraient t ouvertes son
dvelopp em ent s i l avait t fidle d em ble
la grce qui lui tait
offerte
et qu il a perd ue
par le fait de son infidlit originelle. Tout
ce qui a t d fini par l Eglise ce sujet est
qu A da m , par son pch , a t dchu de
l ta t de saintet et de justice dans leque l il
avait t cr, de sorte qu il a perd u, pour
nous com me pour lui , l une et l autre et s est
trouv ainsi diminu dans son me et dans
son corps (Concile de Trente, Sess. V, can.
I et 2; D.B. 788 et 789). Voir Sum. Theol.,
I
a
, q. 90 102. Saint Paul, d au tre pa rt, a
dress entre Adam et le Christ un parallle
d une profonde porte thologique. Dans
l p t re aux Romains , tout d abord , ilmontre
comment , de mme que par un seul homme
le pch est entr dans le monde, et, la
suite du pch, la mort, ainsi, par l obissan-
ce d un seul, nous a vons reco uvr la justice
et la vie (5, 12 la fin). Dans la premire
ptre aux Corinthiens, il pousse le parallle
plus loin et , n oubliant pas qu Ad am signifie
homme en hbreu, i l appelle le Christ res-
suscit le second homme, homme cles-
te par opposition au terrestre, fait de la
poussire de la terre, tandis que le dernier
Adam, dit-i l , a t fait esprit vivifiant.
Et comm e no us avons p ort l image de
l hom me terrestre , nous som mes appels
porter maintenant celle du cleste (15, 45
ss.).
Ce paralllisme sem ble sous-jacent d autres
textes pauliniens, spcialement l hym ne de
Phil., 2, o la dclara tion qu e Jsus n a pa s
cherch ravir comm e u ne proie l galit
avec Dieu ne semble pouvoir s expliquer
sinon par une opposition avec ce qu A da m ,
tent par le dm on, avait entrepris (cf. Gen.,
3, 4). Inversement, ce que son obissance
humilie ob tiendra, c est prcism ent l exal-
tation oppose la dchance qu a value au
premier homme sa convoitise orgueilleuse.
II est probable que le mme paralllisme est
au moins l arrir e-pla n d es autres opposi-
tions pauliniennes en tre le vieil hom m e qu il
nous faut dpouiller et l hom me nouveau que
nous avons revtir (Col., 3, 9 et ph., 4 ,
22; cf. Rom., 6 , 6) ou entre l hom me ext-
rieur qui se dtruit et l hom me intrieur qui
se renouvelle (II Cor., 4, 16; ph., 3, 16;
cf. Rom., 7, 22).
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