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“The liberty of a democracy is not safe if the people tolerate the growth of private power to a point where it comes stronger than their democrac state itself. That, in its essence, is fascism - ownership of government by an individual, by a group,” Franklin D. Roosevelt présentation de Projet Par Gerald Holubowicz & Jean Nicholas Guillo Happy Fannie Documentaire 52'

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Cette présentation du documentaire en version 52' de Moneyocracy représente une étape plus avancée dans l'écriture. L'ensemble correspond plus à la version finale disponible aujourd'hui.

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Moneyocracy

“The liberty of a democracy is not safe if the people tolerate the growth of private power to a point where it comes stronger than their democratic state itself. That, in its essence, is fascism - ownership of government by an individual, by a group,” Franklin D. Roosevelt

présentation de ProjetPar Gerald Holubowicz & Jean Nicholas Guillo

Happy Fannie

Documentaire 52'

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Les Films d’ici | Laurent Duret | 62 boulevard Davout - 75020 Paris | Tél. : + 33 7 78 84 23 94 | + 33 1 44 52 23 23 | Fax: + 33 1 44 52 96 70 Happy Fannie | Sandrine Girbal | 34 Rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris | +33 (0) 6 22 87 88 80

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Moneyocracy

sommaire

Résumé technique p.3

La fin d’une Démocratie p.4

Traitement p.11

Note d’Intention p.20

Auteurs p.22

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Moneyocracy raconte l’Histoire de la privatisation du système démocratique américain et de la naissance des “United Corporations of America”.

UN DocUmeNTAIRe (eURoPe TV 52’| US 60’)

UN DocUmeNTAIRe INTeRAcTIF (I-Doc)

SUR INTeRNeT eT mobILeS.

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LA FIN D'UNE DÉMOCRATIE

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Peu de décisions de la cour Suprême des États-Unis ont réellement eu des conséquences dramatiques sur la société américaine et radicalement bouleversé l’histoire de ce pays.

en réalité même, il n’y en a que deux.

La première, rendue en 1857, par le chief of Justice (Juge en chef des États-Unis) Robert b. Taney, légalisait l’infériorité des esclaves par rapport aux blancs et leur refusait citoy-enneté et protection constitutionnelle. Le jugement - connu comme la décision “Dred Scott”, du nom de l’esclave qui poursuivait son maître en justice afin d’obtenir sa liberté - cherchait à couper court aux débats enflammés qui faisaient rage autour de la ques-tion de l’esclavage. elle eut l’effet inverse : quatre ans plus tard, la guerre civile entre les États du nord et du sud des États-Unis éclatait et faisait plus d’un demi-million de morts.

La seconde est très récente. elle date du 21 janvier 2010. Rendue par le chief of Justice John G. Roberts, elle porte le nom de Citizen United vs. Federal Election Commission. Ses premiers effets sont d’ores et déjà palpables et ils pourraient bien tout bonnement annoncer la fin de la démocratie américaine.

F.E.C vs. CitizEn UnitEd dECrypté.

Depuis longtemps déjà, l’argent des corporations finance grassement les lob-byistes de Washington dont le nombre, ces dernières années, a augmenté de façon exponentielle. L’influence de ces professionnels de la “persuasion” est montée crescendo dans la sphère politique et s’est accompagné, comme tou-jours, de dérapages dangereux. Il suffit d’ailleurs de se pencher sur l’histoire de Jack Abramoff, lobbyiste Républicain condamné en 2006 pour fraude et con-spiration, pour comprendre à quel point le corps politique peut être soudoyé grâce à l’argent des corporations. cet argent gris (soft money) s’est immiscé dans toutes les allées, du Sénat à la chambre des représentants, pour assurer passe-droits et dérogations à l’industrie et à la finance, au détriment bien souvent du peuple lui-même. mais jusqu’alors, ce monopoly politique était contraint, encadré, surveillé et la corruption passive illégale.

Avec Citizen United vs. F.E.C il ne va plus exister de limite aux montants que les corporations pourront investir en politique, ni aucun contrôle sur la façon dont cet argent sera dépensé. Plus de limites, plus aucun mécanisme de surveillance : les vannes sont complètement ouvertes et la situation est quasiment irréversible.

c’est à près de 100 ans de lutte contre l’influence des corporations en politique que, le 21 janvier 2010, les 9 juges de la cour Suprême ont mis fin. Par 5 voix contre 4, la décision a mis à mort le Tillman Act mis en place par Teddy Roosevelt en 1907 et qui cherchait à empêcher l’argent de ces associations d’acheter les élections américaines.

Michael Moore a OccupywallstreetSeptembre, 28th 2011.Photo Gerald Holubowicz

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elle a, également, enterré toutes les précédentes jurisprudences de la cour Suprême qui réaffirmaient cas après cas la position de Roosevelt.

L’argument est simple : Citizen United vs. F.E.C dispose que le 1er amendement de la constitution Américaine en vigueur depuis 1796, garant de la liberté d’expression des individus, s’applique désormais aux corporations. L’implication est lourde. entreprises, syndicats, ou tout autre groupement de pouvoir peuvent donc dépenser sans compter pour influencer une élection ou supporter un candidat sans que personne ne puisse s’y opposer. Ni lobbying, ni financement détourné, c’est l’expression du droit à la liberté de parole : le dispositif a tout ce qu’il y a de plus légal. Il ne fait aucun doute que tôt ou tard, les corporations disposant de ce pouvoir d’influence immense, l’utiliseront pour placer leurs hommes à tous les niveaux de la hiérarchie politique et judiciaire.

D’ailleurs, à y regarder de plus près, le mouvement a déjà commencé... Pour les dernières élections de mi-mandat en novembre 2010, ce sont près de $314 millions qui ont été dépensés par les corporations pour influencer les résultats contre $157 millions en 2008. Quand on songe qu’en 2009, les profits réalisés par les 500 entre-prises du classement Fortune s’élevaient à près de $320 milliards, on comprend que le rapport de force ne profite pas à la population.

mais que sont ces fameuses corporations ? Qu’ont-elles de si spécial pour bénéficier d’un tel traitement de la part de la cour Suprême ? Jeffrey clements, avocat, cofonda-teur de Freespeech.org a rédigé un “amicus curiae” (Avis juridique extérieur destiné à aiguiller les débats de la cour suprême ) dans l’affaire Citizen United pour éclairer la cour Suprême sur le risque immense d’influence des corporations sur la vie politique. Il nous éclaire sur leur nature et leur origine. La corporation est une personne morale composée de plusieurs individus, et qui dis-pose d’un certain nombre de droits et devoirs. Aux États-Unis, la corporation est depuis 1896 considérée comme un individu normal, et depuis Citizen United, la corporation est protégée par le 1er Amendement qui dispose que tout individu bénéficie du droit d’expression. Dans la vie de tous les jours, les corporations peuvent aussi bien ressem-bler à la supérette du coin, à la chaîne de restaurant, à la station-service ou à une mul-tinationale telle que coca cola ou Apple. Le but légal de la corporation est de générer des profits et de tout faire pour y parvenir. Aucun impératif moral ne s’applique à la corporation qui par définition ne possède ni cœur, ni âme, ni sens du bien ou du mal. c’est pour cette raison, nous dit clements, que les corporations n’ont pas à s’exprimer au sein d’une démocratie.

Des juges aux gouverneurs, des députés aux sénateurs en allant jusqu’au président lui-même, cette dépendance à l’argent pour être élu, puis réélu garantit quasi de facto un futur aux mains des corporations. Quel pouvoir restera-t-il aux politiciens indépendants, aux représentants du peuple, lorsqu’ils seront mis en minorité ?

D’après un sondage conduit par Hart Research Associates for People for the American Way, 85% des électeurs pensent que les corporations ont trop d’influence sur la classe politique et 93% pensent que les citoyens n’en ont pas assez.

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Le même sondage rapporte également que 95% des électeurs pensent que les corpo-rations soutiennent les campagnes politiques principalement pour influencer le gou-vernement et faire élire des hommes/femmes politiques enclins à soutenir leurs intérêts financiers.

Pourtant, les mises en garde ne datent pas d’hier. en 1953, dans son discours d’adieu à la nation, Dwight eisenhower prévenait le peuple américain de l’influence du complexe militaro-industriel, tout comme Teddy Roosevelt près de 50 ans avant lui, avait prévenu ses concitoyens des méfaits de la corruption du corps législatif. Quelques jours après la décision Citizen United vs. F.E.C, c’était au tour de barack obama durant son discours sur l’état de l’union au capitole, de pointer du doigt l’influence de l’argent privé dans le débat politique: “Je ne pense pas que les élections américaines doivent être influencées par les grandes puissances économiques de notre pays, ou pire par des ennemis de l’étranger. elles doivent être le résultat du vote du peuple américain.”

A la lumière de cette décision, il devient intéressant de s’interroger sur la démocratie américaine, en période électorale présidentielle, son financement, son futur. comment l’argent devient-il l’expression du soutien des corporations aux campagnes politiques ? Quel est l’agenda post Citizen United vs. F.E.C ?Il faut rappeler que pour permettre aux citoyens de soutenir un candidat ou défendre de façon indépendante un point de vue politique, le Federal Election Campaign Act autorise la formation de ce qui est appelé un PAc (comité d’action politique). L’existence de ces PAc remonte à bien avant la décision Citizen United vs. F.E.C, mais la non-limite des montants collectés et, pour une certaine catégorie de PAc (les 501c 4), la garantie de l’anonymat, leur donne un tout nouveau pouvoir...

on pourrait dire que les PAc de cette dernière catégorie sont des “sociétés écrans” permettant aux fonds de transiter d’une main à une autre sans laisser trace de leur origine.

Dans les mois qui ont suivi la décision de la cour Suprême, des dizaines de ces groupes d’influence ont d’ailleurs été créés. La quasi-totalité de ces organisations sont proches des conservateurs Républicains. citons, pour exemple, le Super PAC American Cross-roads et son affilié Crossroads GPS, créés par Karl Rove, ancien conseiller spécial de Georges bush et dont le but est de lever $250 millions pour la campagne 2012. con-stitués dans l’unique but de soutenir les candidats des élections, ces groupes martèlent des messages propagandistes à travers du matériel de communication, des publicités TV, des tracts, des spots radio. Résultat : en 2010 pour les élections de mi-mandat, la chambre des Représentants bascule à droite, faisant perdre à barack obama la majorité et l’empêchant de mener ses réformes à bien.

Les premiers mois de 2011 ont vu les Républicains se lancer dans une bataille d’influence colossale et dont l’objectif est de diminuer l’influence du gouvernement sur la vie améri-caine, ses programmes de soutien aux populations les plus faibles, tout en prônant une dérégulation massive et un allègement fiscal important des entreprises les plus riches.

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Candidat Barack ObamaApollo theater, Harlem, 2008Photo Gerald Holubowicz

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Pour avoir le champ libre, les corporations doivent museler voire éliminer les syndicats de travailleurs, premiers soutiens politiques et financiers des politiques Démocrates.

Les premières tentatives sont menées dans le Wisconsin et dans l’ohio. L’objectif : interdire à des milliers d’enseignants, de nurses, de policiers et de pompiers de négocier leurs droits à travers les syndicats afin de diminuer le poids politique de leurs organisations.

La seconde offensive vise à favoriser l’élection de candidats pro-corporation à tous les niveaux de décision. A défaut de convertir les Démocrates à coup de publicités, il faut réduire leur nombre. c’est à la mi-2011 que plusieurs États dirigés par des gouverneurs Républicains imposent aux électeurs de présenter une photo d’identité pour pouvoir voter (ce qui n’était pas le cas avant). La cible : les minorités et les jeunes qui majoritairement votent Démocrates et n’ont pas les moyens de payer pour obtenir une carte d’identité. Toutes ces régulations et ces lois qui modifient le dispositif légal en place ou l’abolisse, requièrent de mobiliser des moyens humains et financiers considérables en terme de communication pour convaincre la population de leur bienfait.

Depuis 2010, 38 Super PAC et 501c (les PAc garantissant l’anonymat des fonds récoltés) se sont constitués. on en compte 18 chez les Démocrates et 20 chez les Républicains et leur nombre est encore amené à grossir.

A droite, certains PAc sont supportées par Karl Rove, ancien conseiller de Georges W. bush et des milliardaires comme les frères Kochs, tous bien décidés à faire tomber l’administration démocrate présumée peu favorable aux intérêts des corporations. ces PAc pro-républicain totalisent à ce jour près de $177 millions de fonds contre $53 millions côté Démocrate. Une disproportion largement due aux contributions des cor-porations. La question de la dette américaine est également un point d’attaque stra-tégique. en juin, les représentants Républicains du mouvement Tea Party bloquent le vote obligeant le gouvernement fédéral à relever son plafond de dette pour éviter un dé-faut de paiement. Par ricochet, et sous prétexte d’éviter le creusement du déficit, John boehner (chef du parlement, Républicain) ou son collègue du Tea party - nouvelle force depuis les élections mi-mandat de 2010 sans laquelle les Républicains ne pourraient pas agir - eric cantor, cherche à diminuer l’influence de l’administration en la forçant à fermer des pans entiers de son activité. en première ligne, l’éducation, l’indemnisation chômage, les services de protection environnementale et de régulation énergétique. Des secteurs qui s’opposent directement aux intérêts des puissantes industries.

Au cœur de l’été, le voile s’est levé sur les véritables intentions des candidats leaders aux primaires Républicaines : en août, mitt Romney, milliardaire, ancien gouverneur du mas-sachussetts déclare sans détour “corporations are people !”. Dans les mois précédant ce-tte provocation, Restore our future, un Super PAC créé par trois proches de mitt Romney parvenait à lever près de $12 millions...

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c’est donc un (nouveau) monde qui est inauguré par le chief of Justice John G. Roberts: Placées sous la protection de la constitution et de son premier amendement, plus rien dans le futur ne pourra empêcher les corporations d’imposer leur point de vue et trans-former les Américains en petits porteurs d’action des “États Incorporés d’Amérique”. Depuis déjà près de 20 ans, à travers ALec (the American Legislative Exchange Coun-cil), ces groupements proposent régulièrement aux sénateurs et aux représentants, des lois utiles à leur propres intérêts. Rien qu’en 2010, 118 textes ont passé les fourches caudines du congrès et sont devenus lois : toutes étaient porteuses d’une dérégulation favorable à un type d’industrie ou une autre. ces lois sont généralement soutenues par des membres du congrès qui - pour la quasi-totalité - sont Républicains.

en France et en europe, une telle confiscation du pouvoir semble peu probable dans les décennies à venir. Les conditions ne sont pas encore réunies, l’implication des peuples dans la vie politique encore trop forte, les dispositifs législatifs et les constitutions trop différentes. Si la mondialisation du marché et le poids de certaines multinationales se font sentir, leur influence reste encore bien limitée sur la sphère politique au regard des États-Unis.

cette différence fait-il des États-Unis un pays amoral au regard de l’europe, un pays vendu ?

Des voix s’élèvent tout de même pour protester contre cette dérive du système démocratique et réagir avant qu’il ne soit trop tard.

Des organisations de citoyens telles que FixCongressFirst.org, Thestoryofcitizenunit-ed.org ou des groupements de corporations « responsables » telles que Business for Democracy, supporté notamment par ben & Jerry, militent pour un désengagement des corporations dans le débat politique.

ces derniers ont d’ailleurs très tôt pris position. Dans une vidéo diffusée sur le site de leur toute nouvelle organisation, les deux géants de la crème glacée américaine expli-quaient que ben et Jerry sont bien des individus, des citoyens, que leur voix compte, mais que Ben&Jerry demeure une corporation et n’a pas prétention à intervenir dans le débat politique. malgré le poids de Ben&Jerry, le message n’a pas eu le retentissement espéré. Près de 1300 compagnies ont rejoint le mouvement mais la majorité restent de petites entreprises, toutes proches des valeurs démocrates et leur impact au regard des 27 millions d’entreprises aux États-Unis et proche de zéro.

Depuis septembre 2011, et à la faveur du mouvement Occupy Wall Street pour qui - selon l’écrivaine Naomi Wolf proche du mouvement - la décision Citizen United vs. F.E.C arrive en tête des préoccupations, les initiatives se multiplient. Le réalisateur et activiste michael moore est le premier à soutenir les manifestants de Zuccotti Park, portant leurs préoccupations sur le devant de la scène médiatique. Très vite, il est rejoint par Dylan Radigan, présentateur du show politique éponyme sur mSNbc, qui utilise le pouvoir de son émission pour pétitionner contre l’argent en politique.

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Sa plateforme web, Get money out of politics rassemble plus de 250.000 signatures supportant une proposition d’amendement constitutionnel dont le but est de renverser les effets de la décision Citizen United.

entre novembre et décembre 2011, Keith ellison, Représentant du minnesota et bernie Sanders, Sénateur du Vermont présentent chacun au congrès un amendement anti Citizen United. A travers le pays, les pétitions se multiplient à mesure qu’Occupy Wall Street gagne en popularité. Tout indique que les prochains mois vont être décisifs pour ces activistes Libéraux. Si barack obama remporte la victoire au soir du 6 novembre, une fenêtre de tir pourrait s’offrir à eux et permettre de renverser la décision de la cour Suprême en appuyant sur la maison blanche et le congrès pour une réforme constitu-tionnelle.

C’est dans ce contexte, où les entreprises les plus puissantes des états-Unis pèsent désormais dans le processus électoral, que Moneyocracy va décrypter les conséquences de la privatisation du système démocratique américain.

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Occupy Wall Street Protest, Octobre 2011Photo Gerald Holubowicz

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traitement

prologUEWashington D.C | Janvier 2013Le film s’ouvre au petit matin, fin Janvier 2013. La foule commence à se presser sur National mall à Washington D.c, pour assister à l’inauguration Présidentielle. Au pied du capitole les invités prennent place. Photographes et cameramen tournent leurs objec-tifs vers la bulle vitrée ou le prochain Président prêtera serment. Tous viennent assister à l’investiture du 45ème président des États-Unis élu le 6 novembre 2012. Que ce soit le Républicain mitt Romney, ou le Démocrate barack obama, l’un d’eux prêtera serment - comme il est de tradition - en face du chief Justice John G Roberts (Juge en chef des États-Unis), Président de la cour Suprême des États-Unis. L’homme qui a bouleversé la course démocratique américaine.Romney ou obama, le 45ème Président est le premier Président à avoir bénéficié du soutien massif d’un tout nouvel arsenal de communication financé par les corporations. Romney ou obama, le 45ème Président est le premier Président de l’ère Citizen United vs. F.E.C . Une ère où les corporations et les syndicats sont protégés par le 1er amende-ment, garant de la liberté d’expression. Une ère sans précédent, où l’argent a inondé la sphère politique, où les groupes partisans ont une voix plus puissante que celle des électeurs. Une ère consacrée par la cour Suprême de justice américaine et son chief of Justice John G Roberts.

Avec pour fond musical “The Rising” de bruce Springsteen (dont le thème exorte la population à rêver une autre vie) les principaux interviewés qui vont disséquer et expliquer ce qui ce cache derrière la décision de la cour Suprême sont rapidement présentés. Dans une séquence alternant plans d’interviews hors-champs et portraits serrés, des phrases chocs donnent la mesure de l’énormité de l’enjeux et introduisent les personnages.

Par exemple, Donna edwards, représentante démocrate, qui fut la première à proposer un amendement anti Citizen United vs. F.E.C, 6 jours après la décision controversée rendue par Roberts, s’insurge du manque de soutien de la part de ses collègues parlementaires à l’époque.Keith olberman, ancien présentateur de mSNbc et auteur d’une diatribe virulente contre John G Roberts, s’énerve contre l’apathie des grands médias et le manque de couverture suscité par la décision.

bernie Sanders, Sénateur Indépendant du Vermont, opposé à la décision, s’emporte contre les efforts des corporations à confisquer le pouvoir électoral de la population. Lawrence Lessig, avocat et activiste rejette l’idée qu’on laisse le congrès être inféodé aux corporations. ou encore, John Paul Stevens, juge associé à la cour Suprême et auteur de la note de

duree: 52 mins | TV | AnglAis - FrAncAis (doublé ou sous TiTré)

noTe : ce traitement reflète l’hypothèse de victoire aux Présidentielles Américaines la plus probable au moment de sa rédaction. elle ne saurait présager de l’avenir en des termes certains. Quelle que soit l’issue de l’élection, peu importe que ce soit Romney, obama ou Gingrich qui devienne le 45ème président des États-Unis, le but de moneyocracy est de mettre en lumière une mécanique de l’ombre, que les deux camps - républicains comme démocrates - vont mettre à profit pour sortir vainqueur de l’élection de 2012. Un narrateur servira de liant entre les séquences d’interviews et commentera les séquences d’archives.

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traitementSuite...

dissentiment dans le jugement Citizen United vs. F.E.C déplore la position de la cours et souligne son caractère dangereux.

L’esthétique polishée de l’ensemble de la séquence d’introduction - comme du reste du documentaire - cherche à clarifier la forme au bénéfice du fond. Le cadre des interviews offre de l’espace, dévoilant des intérieurs précisément éclairés pour restituer l’ambiance de pouvoir et de privilèges qui convient si bien à l’univers de la politique. Le nom des personnages et leur fonction s’incrit discrètement à l’écran dans une typographie claire et élégante. L’ensemble est épuré de tout élément visuel parasite succeptible de troubler le propos. Le sentiment de révolte du spectateur doit reposer sur un message raisonné, documenté et clairement argumenté afin d’éviter de tomber dans un traitement confus.

pArt i : Un Corps sAns âME (CorporAtions ArE pEoplE)Maryland | 6 Novembre 2012Donna edwards entourée de quelques membres de sa famille et de son staff observe médusée les résultats que cNN diffuse en boucle. mitt Romney vient de remporter la victoire et la représentante Démocrate du maryland comprend les conséquences. Avec un second mandat d’obama, elle aurait eu plus de temps pour organiser une riposte, et ce, malgré l’opposition de ses collègues républicain. maintenant, il lui reste peu de chance de renverser la décision prise par le chief of Justice de la cour Suprême... l’homme finalement par qui tout est arrivé.

Jeffrey Toobin, avocat et analyste pour le New Yorker, observateur aguerri de la cour Suprême, qui a longuement écrit sur Roberts, nous le décrit comme l’homme clef de la décision Citizen United vs. F.E.C. John G. Roberts, 17ème chief of Justice est résolument conservateur, il apparaît que sans son intervention proactive, la cour Suprême n’aurait pas retourné près de 100 ans de jurisprudence sur les lois de finances électorales.

Soutenu par la voix du narrateur, des images d’archives nous montrent que John G. Roberts commence sa carrière sous Reagan comme assistant de l’attorney général. Il très vite est nommé par bush père à des postes clefs de la justice où il écrit nombre de déci-sions aux vues conservatrices. Proche des bush, il est nommé par Georges bush fils pour prendre la succession de son mentor à la tête de la cour Suprême.

Les démocrates - dont barack obama, à l’époque encore sénateur - se sont largement opposés à cette nomination, voyant en lui un conservateur activiste et soupçonnant une volonté partisane et politique de diriger les débats de la cour. Dans le cadre de ses fonctions, Roberts se prononce en 2007 et en 2010 sur la liberté d’expression pour chaque fois donner une interprétation à géométrie variable servant des vues conserva-trices. Jeffrey Toobin analyse alors la personnalité de Roberts, sa proximité avec le clan bush, ses vues partisanes et le contexte de l’après 11 Septembre favorable aux Républicains ont créé les conditions parfaites pour qu’un arbitrage de cette amplitude puisse être pris, au plus grand bénéfice des corporations et des lobbyistes de Washington.L’ensemble de son propos est soutenu par des images d’archives montrant la nomination

Occupy Chicago, Septembre 2011, Chicago,Photos Jean Nicholas Guillo

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de Roberts et sa proximité avec W bush.

Le documentaire revient alors sur la genèse de la décision de la cour Suprême. Comment Citizen United, groupe d’influence pro-conservateur s’est battu pour imposer sur les écrans un film anti Hillary clinton durant les derniers moments de la campagne 2008 ? comment le film a-t-il été interdit et sur quelle base Citizen United a cherché à défendre son film ?

Pour mettre en lumière les conséquences de Citizen United vs. F.E.C, nous visitons Russ Feingold, artisan en 2002 de la réforme de financement des campagnes aux côtés du sénateur John mccain. Il nous offre alors une perspective bipartisane sur le financement des campagnes et sur les modifications nécessaires à celles-ci pour en assurer la parfaite transparence. à ce moment, il ne s’agit plus d’interroger un expert, mais un homme politique. Un homme qui pour être élu a dû - comme tous les autres - trouver des financements, faire des compromis et recevoir des lobbyistes de tous bords ravis de donner quelques dollars contre un peu d’influence. Les questions se renforcent donc, et tentent de faire émerger cette contradiction. comment l’artisant d’une réforme “propreté” se fait-il élire à son poste de sénateur si tout ses concurents profitent d’un système corrompu par l’argent des corporations? Dans un système où près de 90% des hommes politiques élus sont ceux qui avaient le plus gros budget de campagne, comment a-t-il pu resiter aux sirènes des lobbies?L’idée derrière cette séquence, n’est pas de démontrer que tous les hommes politiques sont corrompus. elle est de mettre en lumière que dans ce système défaillant, les plus intègres sont les plus faibles car les moins soutenus financièrement. c’est le système de campagne, hérité de Citizen United vs. F.E.C, qui pose problème et qui étends l’influence de la corruption dans le corps politique.

Anthony corrado, expert en finances politiques et auteur de Financing 2008 Election rappelle les dispositions mccain Feingold et les jurisprudences de la cour Suprême antérieures à Citizen United vs. F.E.C. Il explique alors le fondement de la décision elle-même et détaille la controverse qui entoure John Roberts et ses déclarations contra-dictoires devant la commission d’examen fédérale quant à son profond respect pour la continuité des décisions et de la jurisprudence alors même qu’il ourdit en coulisses les conditions d’un renversement du système. Les archives TV, prennent alors le relais pour rappeler l’état d’esprit de l’époque. elles montrent Rachel maddow, présentatrice du show éponyme expliquer à l’écran ce que vient de faire la cour Suprême. Keith olberman et son « this is a sanction murder decision, this is Government of the people by the corporation, for the corporation ». (c’est une décision assasine, c’est le gouvernement du peuple, par les corporations, pour les corporations)

Greg Palast, journaliste spécialisé dans les questions de financement de campagne et auteur de “The best Democracy money can buy” se rappelle de la réaction des médias à l’époque et livre son analyse sur le manque de couverture d’un sujet pourtant si cen-tral au fonctionnement de la démocratie. Retour à l’image d’un poste TV qui diffuse les news sur Citizen United vs. F.E.C , on se rapproche de plus en plus du cadre pour finale-

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Candidate Barack ObamaNew York, Washington Sq, 2007Photo Gerald Holubowicz

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ment rentrer complètement dedans. Nous retrouverons certains de ces personnages a différents moments clef du documentaire.

pArt ii : libErté d’ExprEssion à vEndrE ? (doEs MonEy EqUAl FrEE spEECH?) Washington D.C | Mars 2012Après cette mise en contexte, nous sommes de retour à Washington, quelques mois avant les élections de novembre 2012. c’est le jour du super Tuesday. Le jour où une majorité d’États votent pour désigner les délégués qui désigneront le candidat de leur parti à la présidentielle. Les touristes se pressent en ce début de mars devant la statue d’Abraham Lincoln, le 16ème président des États-Unis qui déclara dans son discours de Gettysburg que la démocratie était le gouvernement du peuple, par le peuple pour le peuple.

ce mémorial constitue en lui-même un véritable paradoxe quand on sait que l’on se dirige vers un gouvernement du peuple, par les corporations, pour les corporations. L’enjeu est de taille, la campagne des primaires pour le camp Républicain s’achève, cha-cun scrute les résultats pour voir qui des deux principaux candidats à la primaire Répub-licaine, mitt Romney ou Newt Gingrich, remportera la nomination. c’est aussi le début d’une autre longue campagne, où toutes les ressources seront nécessaires pour convain-cre les électeurs. c’est le temps des pubs assassines, des campagnes de communication sans merci. c’est le temps de la politique spectacle. Le temps où les Super PACs vont pouvoir déchaîner leurs forces et leurs finances contre le candidat démocrate, président sortant, barack obama.

La campagne se prépare au siège des Républicains. on court dans tous les sens, on passe des coups de fils, on observe les derniers sondages. Les visages sont parfois tendus, des portes se referment sur des conversations, le secret est de mise. Rick Davis, ancien chief of staff des campagnes 2000 et 2008 de John mccain, nous explique la stratégie.

A ce stade, les points faibles du candidat adverse sont identifiés, la stratégie de commu-nication est lancée plein pot et s’organise pour démonter un par un les points avancés dans le discours opposé.

c’est aussi le temps des négociations et des levées de fonds qui permettront de financer la campagne et d’aller au bout. L’élection 2012 rajoute dans cette équation, la coordination officieuse entre les Super PACs et la campagne, du message politique à delivrer aux électeurs. La majeure partie de celui-ci passera à travers une avalanche de pubs diffusées sur les principales chaînes du pays. Des groupes pro-conservateurs comme American Crossroads, porté par Karl Rove - l’ancien conseiller de Georges W bush à la maison blanche - entame à peine son budget de $250 millions destiné à renverser les élections en faveur du candidat Républicain. L’argent a toujours été le moteur de la parole politique de ces groupes d’influence. Avec Citizen United vs. F.E.C, l’argent est désormais l’outil de leur liberté d’expression. Évidement les partis se défendent de coordonner leurs efforts avec ces groupes de supporters. A l’image de mitt Romney qui en Décembre 2011 déclare dans une interview sur la chaîne améric-aine Abc, qu’il “n’écrit pas le script des groupes qui le supporte”. Républicains comme

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Démocrates bénéficient pourtant du support de ces Super PACs.

Washington D.C | Mars 2011David Axelrod, conseiller de barack obama pour la campagne 2008 et 2012 nous ex-plique comment il est difficile de gérer ces groupes autonomes. Le message porté par ces Super PAC - du côté Démocrate - n’est pas celui que souhaite le candidat et il peut être difficile d’établir une stratégie de communication homogène. D’autant plus difficile que leur simple existence met une épine dans le pied au Président sortant qui s’est déclaré opposé à la décision Citizen United vs. F.E.C, et par conséquent, à ces groupes d’influence. Un paradoxe difficile à embrasser. Dans le coin d’une salle de réunion, une TV allumée crache la dernière pub républicaine anti-obama avant de reprendre sur le fil d’actualités qu’un présentateur gominé débite à une vitesse folle.

Washington D.C | Septembre 2011John bonifaz, avocat et activiste politique, dirige aux cotés de Jeffrey clements, Freespeech.org une organisation non gouvernementale particulièrement en pointe sur le cas Citizen United. Rapidement, il nous donne les chiffres clefs - appuyé par une série d’infographies - pour comprendre le déséquilibre qui naît de la décision. « en 2008, un candidat sénateur dépense $1.5 million pour être élu, quand un candidat à la chambre des Représentants en dépense $1.4. Rien que pour la campagne présidentielle de 2008, les partis politiques ont dépensé près $1.5 milliard et les comités d’action Politique (PAc) $1.2 milliard ».

Au regard des profits générés par les corporations du Fortune 500 qui s’élève à près de $320 milliards, on comprend que la décision de la cour Suprême ouvre une brèche où va s’engouffrer énormément d’argent.

Les contributions directes étant encore interdites, c’est sur la communication que va se reporter les différents budgets des PAcs, Super PACs et 501 c (4). oui la pub politique est une arme essentielle pour gagner des votes ou discréditer son adversaire. Les spots de pub politique les plus emblématiques défilent. La première : “I like Ike”, publicité pro-eisenhower diffusée en 1956, puis “the Ashley’s story ad” qui propulsa bush en 2004 jusqu’aux dernières productions Hollywoodiennes de mitt Romney, Rick Perry ou barack obama pour la campagne 2012. ces spots nous montrent que l’utilisation de la pub en politique et une affaire de longue date et que son art s’est complexifié avec le temps tout en jouant un rôle clef dans des élections générales.

New York City | Mars 2011Nous nous retrouvons dans les couloirs d’une agence de pub, la Deutsh Inc. Donnie Deutsh, ceo et ancien présentateur sur la chaine câblée mSNbc revient sur le rôle de la pub en politique et la stratégie sous-jacente. Il nous explique notamment que les cam-pagnes sont nationales, souvent placées à des heures de grande écoute pour toucher le plus grand nombre d’électeurs potentiels. L’évènement le plus regardé par exemple reste le Super bowl - en février - et il réunit 90 millions de téléspectateurs. en moyenne, ce soir-là les 30 secondes de pub coûtent aux environs de $2.6 millions. Les campagnes sont donc coûteuses à produire et à diffuser. Parfois d’ailleurs on ne se contente pas que

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de pub TV. Spots radios, robot-call, campagne de tracts, c’est tout l’arsenal de commu-nication qui est déployé pour influencer l’électorat. A ce jeu-là, les Démocrates ne sont pas en reste et bénéficient des mêmes armes... en théorie.

Washington D.C | Mars 2012Jeffrey clements nous explique d’où proviennent les fonds qui permettent de telles dépenses. Sa voix vient supporter une série d’infographies qui montrent que parmi les donateurs du DNc en 2008, on retrouve des membres de syndicats - dont historique-ment celui des enseignants proche du parti Démocrate - quelques membres du secteur privé issus de corporations “progressistes” telles que Google ou microsoft et pour la majorité de l’argent venant des Grassroot campaign (argent donné par des particuliers). ces données sont comparées à la campagne 2012 ou l’on retrouve l’ensemble des con-tributeurs historiques, plus un certain nombre de Super PAC. clements continue et nous décrit le paysage coté Républicain.

contribution majoritairement issues du monde des affaires et de la finance, et comme du côté Démocrate une nébuleuse de Super PAC... les similarités s’arrêtent là.

Il finit en comparant les deux partis, toujours appuyé dans son explication par une série d’animation simples mais parlantes basées sur des jeux de volumes et de couleur pour différencier les masses financières et les acteurs en jeu. côté Démocrate, 12 Super PAC et 6 groupes appellés 501 c (4) - organisations dont les fonds récoltés bénéficient de l’anonymat le plus complet - totalisent $53 millions. côté Républicain, 9 Super PAC et 11 501 c (4) totalisent près de $177 millions soit plus du triple. Lorsqu’on sait qu’à peu près 90% des candidats remportant une élection aux États-Unis sont ceux qui précisément ont le plus d’argent à disposition pour leur cam-pagne, on comprend les enjeux derrière une décision comme Citizen United vs. F.E.C.

pArt iii : l’inFlUEnCE dEs CorporAtions (tHE risE oF CorporAtE inFlUEnCE) Paris - New York city | Janvier & Mars 2012 + ArchivesA l’aide d’images d’archives entrecoupées par les interviews d’une historienne (Linda Gordon de la NYU, spécialiste des États-Unis au 20ème siècle) et d’une politologue (Nicole bacharan professeur à Science Po Paris, spécialiste de la société américaine) nous revenons dans le passé.Nous sommes au début du siècle un peu avant l’époque du Fordisme, du travail à la chaîne et de l’industrialisation, alors que les premières corporations telles que nous les connaissons font leur apparition. L’Amérique essuie les plaies de 4 ans de guerre civile qui même après plus de 50 ans reste encore présente dans toutes les mémoires. en 1905 dans son discours annuel au congrès, Teddy Roosevelt met en garde contre la corruption du corps législatif et contre l’argent des corporations. Deux ans plus tard, le Tillman Act interdit toute contribution aux campagnes politiques nationales de la part des corpora-tions.

Au cours des années suivantes, la démocratie américaine se dote de système de régula-tion et accumule les jurisprudences, certaines venant de la cour Suprême, et la corrup-tion recule. La crise de 1929, plongeant les uns dans la plus grande pauvreté d’une part,

Presidential Inauguration,Washington D.C, January 2009, Photo Gerald Holubowicz

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et donnant aux plus riches les leviers nécessaires pour assurer une position dominante d’autre part, fait craindre le pire. mais la jurisprudence tient bon : pas de financement venant des corporations en politique.

Au sortir de la guerre c’est le boum économique, l’Amérique prospère et se développe exportant le capitalisme érigée en doctrine politique, dernier rempart contre le communisme. A cette époque, capitalisme rime avec patriotisme et la puissance économique du pays ne souffre d’aucun compromis. Les unions encore très fortes voient leurs premières défaites, l’affaire Jimmy Hoffa éclate et l’arrivée de Nixon au pouvoir marque la fin d’une ère sacrée.

Les années 80 et l’accession de Reagan au pouvoir marquent l’âge d’or du capitalisme financier, les théories de milton Friedman, économiste néolibéral, étendent leur influ-ence au monde occidental, les corporations américaines Apple, coca cola, Levis, Ford ou Amoco sont les emblèmes de la réussite d’un système sur un autre (le communisme). Depuis la fin de la guerre, la cour Suprême ne cesse de réaffirmer sa position sur la nécessaire et stricte séparation entre la sphère politique et le financement privé, mais les tentatives pour renverser la décision s’accumulent.

La chute du mur de berlin en 89 entraîne l’ouverture du marché à la mondialisation, les multinationales deviennent super puissantes. Aux États-Unis, l’ère Reagan puis bush père ont éliminé l’ensemble des régulations réellement contraignantes. La période bush marque le point final de l’accession au pouvoir du capital et de la finance. c’est le point culminant du lobbying avec Jack Abramoff, Grover Norquist ou Karl Rove, les spins doctor qui œuvrent dans l’ombre à Washington pour faire adopter toutes les réformes possibles favorables aux corporations et aux intérêts financiers. Après plus de 100 ans, le Tillman Act est finalement renversé avec le Citizen United vs. F.E.C, un renversement qui nécessitera plusieurs cycles d’élections pour que les con-séquences, encore inconnues, se révèlent.

pArt iv : sECrEt ConnExionsA ce moment, le documentaire se penche sur les conséquences de la décision du 21 janvier 2010. Le dispositif d’interview change. Il n’est plus question de décortiquer mais de démontrer l’effet néfaste de la décision. L’idée est de pousser dans leur retranche-ment les défenseurs de Citizen United vs. F.E.C, de les faire réagir par provocation, de souligner les liens malsains entre candidats et corporations et la corruption passive qui en découle.

Tampa - Floride | Fin Août 2012Le cours de la campagne se poursuit et les candidats alignent les déclarations d’intention pour rallier à eux les électeurs potentiels et leur base. Les conservateurs durant les pri-maires ont dû rivaliser d’agressivité les uns avec les autres pour assurer une base ef-frayée par le contexte économique qu’ils sont dignes de leur vote. La déclaration de mitt Romney « corporation are people » et celle d’Herman cain – à l’époque encore en course – l’identifiant comme le troisième frère des frères Kochs, montrent à quel point

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les liens entre corporations et candidats plus que jamais se sont resserrés. Les support-ers pour la plupart suivent aveuglement leur candidat de cœur, sans questionner par-ticulièrement cette relation incestueuse.

A Tampa, Floride, la convention Républicaine réunit des milliers de supporters galva-nisés par un an de campagne. A trois mois des élections générales, c’est le moment qu’ils attendent depuis longtemps. Les allées du stade sont pleines, les banderoles sont fièrement tendues et à la tribune les différents responsables du RNc se succèdent pour délivrer leurs remarques. chapeaux et badges aux couleurs du GoP sont bien visés, tout est prêt pour recevoir mitt Romney, le candidat Républicain au poste de président des États-Unis. Lorsqu’on leur demande d’expliquer cette relation entre l’argent et la poli-tique, les réactions hostiles se font sentir. “c’est de la faute au main Stream médias, à obama qui est socialiste, qui n’est pas Américain, qui détruit les États-Unis”.

Comme il est courant de dire des messages Vu à la TV. Aucun d’entre eux ne réalise qu’une menace bien plus grande pèse sur leur tête. Citizen United vs. F.E.C a non seule-ment ouvert les vannes à un torrent d’argent dont les Républicains sont majoritairement bénéficiaires, mais elle offre également une opportunité pour les puissances étrangères, les investisseurs mal intentionnés – Al Qaeda ou n’importe quel groupe terroriste – de participer aux élections. Il suffit en effet que ces groupes ou ces pays disposent d’actions ou possèdent des parts dans des corporations américaines pour avoir un droit de vote, une majorité au sein d’un conseil d’administration et décider de s’impliquer dans le débat politique américain.delaware - Washington d.c | Pendant les électionsNous nous retrouvons dans un lobby immense, plaque de marbre, de chromes et de verre. Un homme entre dans le champs, on lui pose un micro. Il se présente, il est représentant de la ben Laden corporation aux États-Unis. La question est posée : La ben Laden corporation est-elle en mesure de supporter un candidat de son choix à travers la jurisprudence Citizen United vs. F.E.C ? La réponse a priori hésitante est pourtant posi-tive.

ont-ils l’intention de soutenir un candidat durant cette course à la présidentielle 2012 ? Le représentant est embarrassé, il bafouille, regarde à droite et à gauche, puis répond qu’il ne peut pas répondre. L’image se brouille légèrement, les contours moins net suggèrent que l’on observe la même scène mais désormais à partir d’un écran. Le cadre s’élargit, nous sommes dans un bureau d’American Crossroads - le Super PAC pro-Répub-licain - mike Duncan son ceo est assis, légèrement blême, un poil embarrassé, il vient de visionner la scène sur l’écran.

Au début de la campagne American crossroads s’est doté d’une organisation annexe crossroads GP, une 501 c (4) dont les statuts autorisent à lever des fonds de façon il-limitée sans jamais divulguer leur provenance. entre 2010 et 2012, le nombre de ces organisations a explosé du côté Républicain.La question est posée à mike Duncan: “Si la ben Laden corp. peut financer des Super PACs et des 501 c (4)... comment savoir que crossroads GP n’a pas perçu d’argent de leur part ?”

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Occupy Chicago, Septembre 2011, Chicago,Photo Jean Nicholas Guillo

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L’homme se défend d’avoir, lui-même ou l’organisation qu’il représente, un lien quelcon-que avec la ben Laden corp., mais en réalité, personne ne pourra jamais le savoir.

EpilogUE : tHE risE oF UnitEd CorporAtions oF AMEriCAWashington D.C | Mars 2012Quelles sont les solutions ? Y-a-t-il seulement un remède à administrer à une démocratie mourante ? certains pensent que oui et les efforts de Lawrence Lessig, universitaire et activiste, fondateur de FixCongrèssfirst.org avance une proposition. L’option publique, un financement des campagnes assuré par les contributions de chacun pourrait définitivement régler le problème de la dépendance des candidats à l’argent des corporations. mais les candidats le veulent-ils vraiment ? Qu’en est-il de l’homme qui a soutenu que les corporations étaient des individus comme les autres ?

massachusetts - delaware | eté 2012Flash-back durant la campagne. on retrouve mitt Romney dans un village du massa-chusetts où il est venu saluer la population avant de délivrer un de ses discours à mes-sages pro-libéraux. on s’approche de lui, fendant la foule de reporters qui s’agglutine autour de lui, c’est la bousculade et au milieu de ce tohu-bohu la question est lancée : “monsieur Romney, allez-vous amender la constitution pour renverser le cas Citizen United ?”. Il ne répond pas, à peine un sourire. on repose la question avant que le candidat ne s’éloigne. Second test, en soirée, mitt Romney achève un discours dans le Delaware, on le retrouve dans la foule, en train de saluer les supporters Républicains.

La question est à nouveau posée : “monsieur Romney, allez-vous amender la constitu-tion pour renverser le cas Citizen United ?”. L’homme ne répondra pas, malgré d’autres tentatives. mais a-t-il le soutien de toutes les corporations ?

société ben&Jerry | mars-Avril 2012On se retrouve chez Ben&Jerry dans le Vermont, les patrons de la compagnie éponyme. Ils nous font visiter une de leur usine, les pots de milliers de litres crème glacée de par-fums tous plus incroyables les uns que les autres. L’usine est gigantesque à l’image de l’entreprise. Les seuls individus présents sont les salariés qui travaillent sur place. Très tôt le discours des deux partenaires a été clair, Ben&Jerry est une corporation. Une entité créée pour réaliser un but : vendre des crèmes glacées et en tirer un profit.

cette corporation - qui n’est pas un individu - n’a aucun droit à venir s’immiscer dans la vie politique américaine. en réaction, ils ont monté Business for Democracy un groupe de plus de 1300 corporations responsables, toutes signataires d’une charte les engageant à ne pas participer au débat politique de façon directe ou indirecte. Partout à travers les États-Unis, des groupes de citoyens se forment et pétitionnent pour obtenir l’adoption d’un amendement constitutionnel stipulant que par “We the people” les pères fonda-teurs n’incluaient pas les corporations. Soutenu par quelques représentants à Washington dont bernie Sanders, Sénateur du Vermont ou Donna edwards Représentante du maryland, le mouvement anti Citizen United vs. F.E.C tente d’agir au plus vite en relais avec quelques organisations d’influence telles que movetoamend.org. Leurs efforts, les enjeux, les difficultés rencontrées,

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D’aussi loin que je me souvienne, l’image de l’Amérique, de sa puissance, a toujours été associée dans mon esprit à son histoire politique grandiose et romanesque (l’assassinat de Kennedy, la chute de Nixon, l’ascension de Reagan, les guerres des bush et la revanche historique d’obama). cette fascina-tion d’adolescent a conduit mes pas de journaliste professionnel à m’installer aux États-Unis pour y observer la société américaine intimement. Le challenge de l’intégration au sein d’une culture si proche en apparence et pourtant si subtilement différente m’a finalement fait “ressentir” les États-Unis dans tous leurs contrastes et leur complexité.

Avec humilité, j’ai découvert la dynamique d’un grand pays et la force de sa culture. c’est au cœur de l’inauguration présidentielle de 2009 que j’ai compris le poids du système démocratique américain. Non seulement est-il important pour le peuple américain lui-même, mais également pour l’ensemble de la planète qui ne cesse de regarder vers cette superpuissance tantôt pour la défier tantôt pour l’admirer. entouré par des milliers de gens venus des quatre coins du pays, j’ai eu le sentiment que la voix qui s’était levée pour élire le premier président noir des États-Unis était également en train de perdre une bataille plus secrète, commencée des décennies auparavant, et que ce dernier acte de bravoure populaire allait celer leur destin. Le pouvoir de l’argent, qui avait conduit à la crise économique de 2008 et mis sur le carreau des familles entières n’allait décidé-ment pas abdiquer à la vox populi. Les enjeux financiers et d’influence étaient trop grands. Les premiers à en pâtir allaient être ces hommes et ces femmes avec lesquels je me tenais sur National mall, à Washington.

Dans ce documentaire, Jean Nicholas et moi-même, proposons de rassembler les morceaux d’un puzzle qui se construit depuis près d’une décennie et qui a con-duit à la décision historique du 21 janvier 2010. méconnue du public américain, largement ignorée par les médias de droite et du centre, peu couverte par les médias de gauche, cette décision de la cour Suprême - selon les propos même du sénateur John mccain, ancien candidat Républicain à la maison blanche en 2008 - porte les germes d’une corruption généralisée du système politique aux États-Unis.

Français, j’ai grandi dans un système démocratique, où, si les choses étaient loin d’être parfaites, certains garde-fous permettaient de prévenir ou sanctionner les dérives et la corruption de nos hommes politiques. cette assurance de pouvoir, par les urnes, changer le cours de notre histoire, a affirmé sans aucun doute ma conscience politique et citoyenne. Durant mes cinq années de vie passée aux États-Unis, j’ai pu avec regret et parfois révolte, observer le processus de délite-ment de l’intégrité du système démocratique américain.

note d'intention

Occupy Chicago,Chicago, IL, Septembre 2011, Photo Jean Nicholas Guillo

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J’ai constaté avec amertume, que cette chance dont nous bénéficions encore en europe et plus particulièrement en France, d’avoir une démocratie fonction-nelle, venait d’être enlevée aux Américains sans qu’aucun d’eux n’aient encore eu l’occasion de le réaliser.

moneyocracy tente de décrypter la mécanique, qui en coulisse, à l’ombre des regards, s’est mise en branle et a abouti à cette situation dantesque. Nous souhaitons que les spectateurs du documentaire appréhendent la situa-tion, de la même manière que je l’ai fait, en assemblant les évènements éparses qui se sont déroulés entre 2008 - date de la sortie du film “Hilary clinton” com-mandité par le groupe “citizen United” à l’origine de la décision de la cour Su-prême - et janvier 2010. ce parcours au cœur de la mécanique législative amé-ricaine est de notre point de vue indispensable pour comprendre les enjeux de demain. La décision citizen United vs. F.e.c m’a décidé à comprendre ce système et cette absurdité démocratique, à comprendre pourquoi une population entière avait abandonné le terrain à des forces qui lui était hostile, et pourquoi aucune réaction significative, de révolte ou d’amendement ne voyait le jour. A l’image de tout citoyen, dans n’importe quelle partie du monde, Jean Nicholas et moi-même voyons la démocratie comme un outil qui mérite d’être bien compris pour être bien utilisé. Pour nous la décision F.e.c. vs citizen United dresse une ligne de front où s’est engagé une bataille sans précédent contre la démocratie. Il faut se préparer à voir les États-Unis se transformer sous nos yeux sous l’influence des corporations. Il faut se préparer à voir disparaître ce qui a été pendant plus de 50 ans la plus puissante démocratie que le monde occidental ait connu. Sans un amendement rapide de la constitution pour indiquer que « We the People » ne s’applique qu’aux individus, il est certain que l’influence des corporations sera sans limites et définitif.

moneyocracy cherche à plonger le spectateur dans les codes et la grammaire visuelle Américaine, pour mieux l’emporter dans un univers qu’il ne connait pas. Le documentaire cherche à mieux lui faire appréhender une culture politique et médiatique a l’opposé de la France. créer ce décalage sert alors le propos du film en plongeant directement dans les rouages de la machine électorale US, sans être un spécialiste, c’est une immersion directe et immédiate dans un autre envi-ronnement d’images au service d’une dénonciation d’un processus.

mais avant tout, ce film cherche à faire comprendre les enjeux qui se trament au-tour de la démocratie américaine pour susciter une prise de position définitive en faveur de la défense des droits exclusifs des peuples et des individus à s’exprimer sur leur destin.

note d'intention

Gerald Holubowicz

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Les Films d’ici | Laurent Duret | 62 boulevard Davout - 75020 Paris | Tél. : + 33 7 78 84 23 94 | + 33 1 44 52 23 23 | Fax: + 33 1 44 52 96 70 Happy Fannie | Sandrine Girbal | 34 Rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris | +33 (0) 6 22 87 88 80

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Moneyocracy

Gerald Holubowicz est photojournaliste depuis près de 10 ans et basé à New-York depuis 2006. Il a collaboré avec les agences Abaca, Gamma et Polaris. Il est aujourd’hui distribué par l’agence allemande LAIF. Son travail a été publié en France et à l’étranger dans les principaux titres de la presse magazine tels que VSD, le Nouvel observateur, l’express, le Point, Stern, bild, Internazionale, Portfolio, Newsweek, Time magazine, et Life. en 2008, Gerald a couvert la cam-pagne présidentielle américaine qui allait conduire à l’élection de barack obama, la soirée électorale à Harlem et l’inauguration du 20 janvier 2009 à Washington. ce travail fut l’occasion pour lui de découvrir l’extraordinaire complexité du pro-cessus électoral aux etat-Unis et d’initier une réflexion sur le projet présenté dans ces pages.

Parallèlement, Gerald s’est intéressé dès 2008 aux questions liées aux web-documentaires et à la narration transmédia, rencontrant les professionnels en pointe dans ce domaine à travers le Transmédia Meetup de New York et diverses conférences entre New York et Paris. Depuis peu, sous l’impulsion de travaux réalisés par Sandra Gaudenzi de la mA Interactive media of the London college of media, il milite pour l’adoption de la terminologie i-doc (interactive documentary) où l’intéraction est poussée au-delà de la simple interface en faisant intervenir community management et crowdfund-ing. Gerald fait également partie du réseau « Transmédia Ready », a participé à la création du premier Transmédiacamp à marseille en mai 2011, et s’implique profondément dans l’animation de la communauté transmédia sur les réseaux sociaux à travers sa structure de veille et consulting o2creation.org. en 2011, il a animé l’atelier vidéographie au sein de la formation photojournaliste de l’emI à Paris, dirigeant la vingtaine d’étudiants pour coréaliser avec Jean-Nicholas Guillo un documentaire (Maux de presse).

Il est également intervenu au sein de l’atelier webdocumentaire où il a super-visé la réalisation d’un webdoc sur base Klynt (logiciel de montage webdocu-mentaire produit par Honky Tonk). Il a par ailleurs écrit un manuel de vidéogra-phie en passe d’être édité par les éditions eyrolles et collabore au site web sur le documentaire interactif (i-docs.org) en collaboration avec d’autres profession-nels.

AuteursGerald

Holubowicz Auteur,

Photojournaliste.

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AuteursJean Nicholas

Guilloco-Auteur &

Photojournaliste.

à l'instar des digital natives qui sont nés avec le numérique et les réseaux sociaux, Jean-Nicholas Guillo, 28 ans, ne se contente pas seulement de la photographie pour exprimer sa créativité, il est aussi vidéographe, réalisateur et monteur. Au-delà des piges qu'il réalise pour Télérama et Le monde, ses Pom (Petites Œuvres multimédia, courts métrages photographiques) sont projetés à l'occasion de festivals comme Visa pour l'image, le festival circulations ou dans des lieux culturels alternatifs parisiens.

Après avoir suivie la formation Photojournalisme à l'emI (école des métier de l'information) et réalisé différents reportage photos en France comme à l'étranger, il s'engage dans le développement multimédia de ses sujet.

C’est avec The Ninth Floor un reportage multimédia de Jessica Dimmock produit par mediaStorm qu’il découvre une nouvelle forme de récit. Depuis ce moment il n’a cessé d’explorer les possibilités qu’offrent ces narration d’un nouveau genre.cette prise de position l’amène aujourd'hui à travailler également en tant que réalisateur et monteur pour d'autres journalistes et institutions sur des formats de diffusion destinés à internet, incluant de l'image fixe, de la video et de l'audio.

Il réalise en 2010, avec le soutien de mat Jacob (Tendance Flou), un court-mé-trage photographique Faubourg Saint-Denis au sein du collectif FSD réunissant 19 photojournalistes.

Parallèlement, il constitue le collectif 1/25ème avec 7 autres photographes indépendants, pour promouvoir leur travaux multimédias lors de projec-tions communes à Perpignan, Arles et Paris. en 2011, il anime la partie post-production de l’atelier vidéographie au sein de la formation photojournaliste de l’emI à Paris, regroupant une vingtaine d’étudiants pour coréaliser avec Gerald Holubowicz un documentaire de 26 minutes enrichi d’une vingtaine de modules courts (Maux de presse).

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