convergence de mesures spectrales aléatoires et applications à des principes d’invariance

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Statistical Inference for Stochastic Processes 3: 41–51, 2000. c 2000 Kluwer Academic Publishers. Printed in the Netherlands. 41 Convergence de mesures spectrales al´ eatoires et applications ` a des principes d’invariance GABRIEL LANG 1 and PHILIPPE SOULIER 2 1 Ecole Nationale du G´ enie Rural et des Eaux et Forˆ ets, Laboratoire GRESE, 15 avenue du Maine, 75015 Paris, France 2 Universit´ e d’Evry Val-d’Essonne, D´ epartement de Math´ ematiques, 91025 Evry Cedex, France Abstract. Nous pr´ esentons un cadre unificateur pour un certain nombre de r´ esultats connus de convergence en loi pour des processus admettant une repr´ esentation lin´ eaire par rapport ` a un bruit blanc faible pour lequel il existe un principe d’invariance faible. Nous montrons que ce principe d’invariance est ´ equivalent ` a la convergence d’une suite de mesures al´ eatoires spectrales. Ceci permet d’affaiblir les hypoth` eses usuelles et donc d’obtenir des r´ esultats nouveaux de convergence en loi, notamment pour des processus ` a longue port´ ee. Key words: mesure al´ eatoire spectrale, principe d’invariance, tableaux triangulaires. 1. Introduction Soit (X k ) kZ un processus stationnaire au second ordre admettant la repr´ esentation lin´ eaire X n = X kZ a k ξ n-k , o` u k ) kZ est un bruit blanc faible, i.e. Ek ) = 0, Ek ξ l ) = δ k,l et (a k ) kZ une suite de carr´ e sommable i.e. kZ a 2 k < . Il est connu qu’un principe d’invariance pour X t peut se d´ eduire d’un principe d’invariance pour ξ t et d’une hypoth` ese compl´ ementaire sur le filtre (a k ) kZ . Le th´ eor` eme 18.6.4 d’ Ibragimov et Linnik (1971) suppose que la suite n -1/2 n k=1 ξ k erifie le th´ eor` eme de limite centrale et que la fonction a(x) = (2π) -1/2 kZ a k e ikx est continue, pour con- clure que la suite n -1/2 n k=1 X k erifie elle aussi un th´ eor` eme de limite centrale. Van der Meer (1996) consid` ere un filtre tel que la fonction a ait une singularit´ e` a l’origine, le processus filtr´ e r´ esultant ´ etant alors dit ` a longue port´ ee. Il g´ en´ eralise le r´ esultat de Gorodetskii (1977) qui concerne une suite X n lin´ eaire par rapport ` a un bruit blanc strict, i.e. une suite de variables i.i.d.: la suite [nt ] k=1 X k , conven- ablement renormalis´ ee converge au sens des r´ epartitions finies vers un mouvement brownien fractionnaire, et la suite est de plus tendue. Cette m´ ethode a l’avantage de ne pas faire d’hypoth` ese de structure sur l’innovation et donc d’´ elargir les esultats concernant les processus ` a longue m´ emoire ` a une plus grande classe de

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Statistical Inference for Stochastic Processes3: 41–51, 2000.c© 2000Kluwer Academic Publishers. Printed in the Netherlands. 41

Convergence de mesures spectrales aleatoireset applicationsa des principes d’invariance

GABRIEL LANG1 and PHILIPPE SOULIER21Ecole Nationale du G´enie Rural et des Eaux et Forˆets, Laboratoire GRESE, 15 avenue du Maine,75015 Paris, France2Universite d’Evry Val-d’Essonne, D´epartement de Math´ematiques, 91025 Evry Cedex, France

Abstract. Nous presentons un cadre unificateur pour un certain nombre de r´esultats connus deconvergence en loi pour des processus admettant une repr´esentation lin´eaire par rapport `a un bruitblanc faible pour lequel il existe un principe d’invariance faible. Nous montrons que ce principed’invariance est ´equivalenta la convergence d’une suite de mesures al´eatoires spectrales. Ceci permetd’affaiblir les hypotheses usuelles et donc d’obtenir des r´esultats nouveaux de convergence en loi,notamment pour des processus `a longue port´ee.

Key words: mesure al´eatoire spectrale, principe d’invariance, tableaux triangulaires.

1. Introduction

Soit (Xk)k∈Z un processus stationnaire au second ordre admettant la repr´esentationlineaire

Xn =∑k∈Z

akξn−k,

ou (ξk)k∈Z est un bruit blanc faible, i.e.E(ξk) = 0, E(ξkξl) = δk,l et (ak)k∈Zune suite de carr´e sommable i.e.

∑k∈Z a

2k < ∞. Il est connu qu’un principe

d’invariance pourXt peut se d´eduire d’un principe d’invariance pourξt et d’unehypothese compl´ementaire sur le filtre(ak)k∈Z. Le theoreme 18.6.4 d’ Ibragimovet Linnik (1971) suppose que la suiten−1/2∑n

k=1 ξk verifie le theoreme de limitecentrale et que la fonctiona(x) = (2π)−1/2∑

k∈Z akeikx est continue, pour con-

clure que la suiten−1/2∑nk=1Xk verifie elle aussi un th´eoreme de limite centrale.

Van der Meer (1996) consid`ere un filtre tel que la fonctiona ait une singularit´e al’origine, le processus filtr´e resultantetant alors dit `a longue port´ee. Il generalisele resultat de Gorodetskii (1977) qui concerne une suiteXn lineaire par rapporta un bruit blanc strict, i.e. une suite de variables i.i.d.: la suite

∑[nt ]k=1Xk, conven-

ablement renormalis´ee converge au sens des r´epartitions finies vers un mouvementbrownien fractionnaire, et la suite est de plus tendue. Cette m´ethode a l’avantagede ne pas faire d’hypoth`ese de structure sur l’innovation et donc d’´elargir lesresultats concernant les processus `a longue m´emoirea une plus grande classe de

42 GABRIEL LANG AND PHILIPPE SOULIER

processus que les processus lin´eaires. L’interet du travail de Van der Meer (1996)est l’utilisation du Theoreme 3 de Grinblat (1976) (Th´eoreme 2 ci-dessous). Enutilisant ce theoreme de Grinblat, nous montrons dans cet article que le principed’invariance faible pour l’innovation est ´equivalenta la convergence d’une suitede mesures spectrales (Th´eoreme 1, Section 2). Ce th´eoreme permet d’unifier lapresentation d’un grand nombre de r´esultats de convergence en loi sous l’hypoth`eseunique d’un principe d’invariance faible pour une suite de variables orthogonales.

Dans la partie 3, nous donnons quelques applications. Nous retrouvons un cer-tain nombre de r´esultats connus pour des tableaux triangulaires que nous ´etendonsa des cas o`u les hypoth`eses usuelles sur la suiteξk ne sont pas v´erifiees ou passuffisantes.

2. Convergence des mesures aleatoires

Soit (ξk)k∈Z un bruit blanc au second ordre (E(ξk) = 0, E(ξk, ξp) = δk,p) verifiantl’hypothese

HYPOTHESE 1.La suiteSξn(t) = n−1/2∑[nt ]−1k=0 ξk converge en loi au sens des

repartitions finies vers un processusB mesurable.

La suiteξk etant un bruit blanc faible, on aE{(Sξn(t)− Sξn(s))2} = n−1|[nt ] − [ns]|et le lemme de Fatou stochastique (cf. Section 5) implique queB est a variationquadratique born´ee:

E[{B(t)− B(s)}2]6 |t − s|. (1)

SoitW la mesure al´eatoirea accroissements orthogonaux associ´eea la suiteξk, (cf.Dacunha-Castelle et Duflo, 1983, T.2 p. 25)

ξk = 1√2π

∫ π

−πeikxW(dx). (2)

La suiteξk etant un bruit blanc faible, la mesure de contrˆole deW est la mesure deLebesgue sur [−π, π ]. SoitWn la mesure al´eatoirea accroissements orthogonauxsur [−nπ, nπ ] definie par

Wn(A) = n1/2W(n−1A), (3)

dont la mesure de contrˆole est la mesure de Lebesgue sur [−nπ, nπ ].

THEOREM 1. Sous l’hypothese 1, il existe une application lineaire W0 deL2(R,dx) dansL2(�,A,P) noteeφ → ∫

φ(x)W0(dx), verifiant les proprietessuivantes

E(∫

φ(x)W0(dx)

)2

6∫φ2(x)dx, (4)∫

1− eitx

ix√

2πW0(dx) = B(t). (5)

CONVERGENCE DE MESURES SPECTRALES ALEATOIRES 43

Si φn est une suite de fonctions qui converge dansL2(R,dx) vers φ, alors∫φn(x)Wn(dx) converge en loi vers

∫φ(x)W0(dx).

Remarques

1. Reciproquement, si la suite de mesures al´eatoiresWn converge vers une mesurealeatoireW0 au sens o`u

∫φ(x)Wn(dx) converge en loi vers

∫φ(x)W0(dx)

pour toute fonction continueφ a support compact, et siW0 satisfait (4), alorsle bruit blanc faibleξt satisfait l’hypothese 1.

2. Cette methode ne permet pas d’obtenir un r´esultat de convergence des mo-ments d’ordre 2, et l’on ne peut pas conclure que la mesure al´eatoire limite soita accroissements orthogonaux.

3. Comme il apparaˆıt clairement dans la preuve, la condition de bruit blanc faiblen’est pas n´ecessaire. Le th´eoreme 1 s’etend au cas d’un processus `a densitespectrale born´ee.

3. Applications

Soit maintenanta(x) = (2π)−1/2∑k∈Z a(k)e

ikx une fonction deL2([−π, π ],dx)et considerons le processus filtr´e

Xk = (a.ξ)k =∑n∈Z

a(n)ξk−n =∫ π

−πa(x)eikxW(dx). (6)

3.1. PRINCIPES D’ INVARIANCE

Considerons la suite des sommes partiellesSXn (t) := n−1/2∑[nt ]−1k=0 Xk. En posant

an(x) = a(x/n), Dn(t, x) = (eitnx − 1)/(n(eix/n − 1))I{|x|6 nπ} et tn = [nt ]/n,il vient

SXn (t) =∫ nπ

−nπan(x)Dn(t, x)Wn(dx),

Le theoreme 1 montre que sous l’hypoth`ese 1, la suiteSXn suit un principed’invariance des que la suite de fonctionsanDn(t, .) , eventuellement renormalis´ee,converge dansL2(R,dx).

Filtre continu en zero. Supposons la fonctiona bornee et continue en z´ero. LasuiteSXn converge alors au sens des r´epartitions finies versa(0)B(t). Ce resultatest different de celui d’Ibragimov et Linnik (1971) qui suppose la continuit´e dufiltre en tout point, mais ne suppose qu’un th´eoreme de limite centrale simple pourles sommes partielles renormalis´eesSXn (1). Dans la mesure o`u la limite ne dependque de la valeur du filtre en z´ero, l’hypothese de continuit´e en tout point n’estpas naturelle. N´ecessaire `a leur preuve, elle est rendue inutile dans la nˆotre parl’utilisation des mesures spectrales chang´ees d’echelleWn.

44 GABRIEL LANG AND PHILIPPE SOULIER

Longue portee.Considerons maintenant le cas o`u la fonctiona est continue horsde l’origine et varie r´egulierement `a l’origine:

a(x) = L(x)|x|−α/2, (7)

ou 0 < α < 1 etL varie lentement en z´ero (pour la notion de fonction `a vari-ation lente, cf. Resnick, 1987). On retrouve alors le r´esultat de Van der Meer:n−α/2L(1/n)−1/2SXn (t) converge au sens des r´epartitions finies vers le processusBα(t) defini par

Bα(t) =∫ ∞−∞|x|−α e

ix − 1

ixW0(dx).

LorsqueB est le mouvement brownien,Bα est le mouvement brownien fraction-naire. La suite est de plus tendue et la convergence est donc fonctionnelle. Il suffiten effet, (Billingsley, 1968), Th´eoreme 15.6) de montrer qu’il existe un r´eelη > 0,tel que pour touss et t , n−αL(1/n)−1E(Sn(t)− Sn(s))26 c|t − s|1+η.

n−αL(1/n)−1E(Sn(t)− Sn(s))2

=∫ nπ

−nπ

∣∣∣∣ 1− eiunx

n(1− eix/n)

∣∣∣∣2 |an(x)|2 dx

6 c∫ ∞−∞

∣∣∣∣1− eiunx

ix

∣∣∣∣2 |x|−α dx

6 c|un|1+α∫ ∞−∞

∣∣∣∣1− eix

ix

∣∣∣∣2 |x|−α dx,

ou l’on a poseun = tn−sn. Pour conclure, il reste `a remarquer que|un|6 2|t−s|. Lefait que la tension se prouve en calculant un moment d’ordre 2 et non d’ordre pluseleve comme c’est g´eneralement le cas en d´ependance faible est une caract´eristiquebien connue de la longue port´ee.

3.2. DFT DU PROCESSUS FILTRE

Soit xj = 2jπ/n et soit dn(xj ) = n−1/2∑nk=1Xke

itxj . Avec les notationsprecedentes, on a

dn(xj ) =∫ nπ

−nπan(x)Dn(1, x − xj )Wn(dx).

– Sia est bornee et continue en z´ero eta(0) 6= 0, dn(xj ) converge vers

d0(j) = a(0)∫ ∞−∞

[(ei(x−2jπ) − 1)

i(x − 2jπ)

]W0(dx).

Si la mesure al´eatoireW0 est invariante par translation, alors les variablesd0(j)

sontequidistribuees.

CONVERGENCE DE MESURES SPECTRALES ALEATOIRES 45

– Sia verifie (7), alors les variablesn−α/2L−1/2(1/n)dn(xj ), 06 j 6 n− 1 con-vergent conjointement vers

dα(j) =∫ ∞−∞

[ |x|−α/2(ei(x−2jπ) − 1)

i(x − 2jπ)

]W0(dx).

Contrairement au cas pr´ecedent (faible d´ependance), mˆeme siW0 est invari-ante par translation, on retrouve le r´esultat connu dans le cas gaussien (Hur-vich et Beltrao, 1993) ou lin´eaire (Terrin et Hurvich, 1994) que les DFT auxfrequences de Fourier ne sont pas ´equidistribuees. On g´eneralise donc cesresultats `a des processus autres que les processus gaussiens ou lin´eaires.

3.3. TABLEAUX TRIANGULAIRES

Plus generalement, consid´erons un tableau triangulaire de nombres r´eels(bn,k)16 k6 n tel que

∑nk=1 b

2n,k = 1. On a alors

n∑k=1

bn,kXk = 1√2π

∫ nπ

−nπ

[an(x)√n

n∑k=1

bn,keikx/n

]Wn(dx),

ou l’on note comme pr´ecedemmentan(x) = a(x/n). La suite∑n

k=1 an,kXk con-verge en loi d`es que l’hypoth`ese suivante est v´erifiee.

HYPOTHESE 2. La suite de fonctionsφn(x) = n−1/2an(x)∑n

k=1 bn,keikx/n, a une

renormalisation pres, converge dansL2(R,dx) vers une fonctionφ.

Dans le casa(x) = 1, i.e.X = ξ , cette condition est beaucoup plus forte que lacondition de n´egligeabilite asymptotique de type Lindeberg usuelle:

limn→∞ max

16 k6 n|bn,k| = 0, (8)

qui est suffisante dans de nombreux cas, notamment si les variablesξk sont i.i.d.,pour entraˆıner la convergence en loi de

∑nk=1 bn,kXk. Cependant cette condition (8)

est insuffisante mˆeme dans un cas en apparence tr`es simple comme celui d’une mar-tingale strictement stationnaire ergodique. Peligrad et Utev (1997) ont construit unexemple d’une martingale strictement stationnaire ergodique et d’un tableau(bn,k)

verifiant (8) mais telle que∑n

k=1 bn,kXk ne converge pas en loi. En revanche, unemartingale strictement stationnaire ergodique v´erifie l’hypothese 1 et donc pourun tableau v´erifiant l’hypothese 2, la suite

∑nk=1 bn,kXk converge en loi vers la loi

gaussienne centr´ee reduite.Compte tenu de la remarque 3, on peut consid´erer le cas o`u la suiteξt est

associee et sa covariance est sommable. Pour un tableau triangulaire(bn,k)16 k6 nde nombres positifs, les conditions de Lindeberg sont suffisantes pour assurer lanormalite asymptotique de

∑nk=1 bn,kξk (Peligrad et Utev, 1997). Si les nombres

46 GABRIEL LANG AND PHILIPPE SOULIER

bn,k ne sont pas positifs, les r´esultats sur les variables associ´ees ne s’appliquentplus. La condition 2 en revanche reste suffisante.

3.4. REGRESSION LINEAIRE

Soit un modele de regression lin´eaire s’ecrivant

Yk = βT xk +Xk, 16 k6 n,ou β ∈ Rp est un param`etre inconnu,xk ∈ Rp et Xk est defini comme en (6).Dans le cas de la r´egression polynˆomiale, Deo (1997) a montr´e que l’estimateurdes moindres carr´es deβ est asymptotiquement normal lorsqueXk est un pro-cessus lin´eaire au sens strict, i.e. lorsque lesξk sont i.i.d. On peut g´eneraliser ceresultat au cas o`u lesξk satisfont l’hypothese plus faible 1 et lorsque les r´egresseurssatisfont une hypoth`ese du type de l’hypoth`ese 2. Pour simplifier les notations,nous consid´erons le cas unidimensionnel. L’estimateur deβ s’ecrit alorsβn =s−2n

∑nk=1 xkXk avecs2

n =∑n

k=1 x2k . Sous l’hypoth`ese 1,β − β, convenablement

renormalise, converge en loi d`es que la fonctionn−1/2s−1n an(x)

∑nk=1 xke

itx/n con-verge dansL2(R,dx). C’est par exemple le cas pour la r´egression lin´eaire usuellexk = k. On a alorss2

n ≈ n3/3 et doncn−1/2s−1n

∑nk=1 te

itx/n converge uniform´ement

sur les compacts et dansL2(R,dx) versφ(x) = √3∫ 1

0 seisx ds = √3x−2(eix −

1− ixeix). On a donc les deux cas suivants.

Filtre continu en zero. sn(β − β) converge en loi vers√

3a(0)∫ ∞−∞

eix − 1− ixeix

x2W0(dx).

Filtre de longue portee:a(x) = |x|−α/2L(x).n−α/2L−1/2(1/n)sn(β − β) converge en loi vers√

3∫ +∞−∞|x|−α/2−2(eix − 1− ixeix)W0(dx).

4. Preuve du Theoreme 1

SoitBn(t) le processus d´efini pour toutt ∈ R par

Bn(t) = 1√2π

∫ nπ

−nπeitx − 1

ixWn(dx). (9)

Bn(t) est bien d´efini car x → (eitx − 1)/ix√

2π est de carr´e integrable surRpuisque c’est la transform´ee de Fourier deI [0,t ] , et l’on a donc

E(Bn(t)− Bn(s))2 =∫ nπ

−nπ

∣∣∣∣eitx − eisx

ix√

∣∣∣∣2 dx

6∫ +∞−∞

∣∣∣∣eitx − eisx

ix√

∣∣∣∣2 dx = |t − s|. (10)

CONVERGENCE DE MESURES SPECTRALES ALEATOIRES 47

Le lemme 1 implique queBn converge en loi (au sens des r´epartitions finies) versB car l’equation (15) implique

E(Bn(t)− Sξn(t))2 = O(n−1).

Pour toute fonctionφ deL2(R,dx) on note‖φ‖22 =∫∞−∞ φ

2(s)ds, φ sa transform´eede Fourier (cf. Section 6) et l’on d´efinit l’int egrale stochastique∫ ∞

−∞φ(s)dBn(s) =

∫ nπ

−nπφ(x)Wn(dx), (11)

ou φ est la transform´ee de Fourier deφ (cf. Section 6 pour les conventions denormalisation) Cette int´egrale stochastique est contractante:

E(∫ ∞−∞

φ(s)dBn(s)

)2

=∫ nπ

−nπ|φ(x)|2 dx6 ‖φ‖22 = ‖φ2‖22. (12)

Soit maintenantφ une fonction de classeC1 a support compact. Le th´eoreme deFubini stochastique permet l’interversion suivante.∫ ∞

−∞φ(s)dBn(s) =

∫ nπ

−nπφ(x)Wn(dx)

=∫ nπ

−nπ

[−∫ ∞−∞

φ′(s)eisx − 1

ix√

2πds

]Wn(dx)

= −∫ ∞−∞

φ′(s)[

1√2π

∫ nπ

−nπeisx − 1

ixWn(dx)

]ds

= −∫ ∞−∞

φ′(s)Bn(s)ds.

Nous utilisons maintenant le r´esultat ci-dessous, cas particulier du Th´eoreme 3 deGrinblat (1976).

THEOREME 2 (Grinblat, 1976).Soit une suite de processus(Yn(t))n∈N conver-geant en loi au sens des repartitions finies vers un processusY (t), pour t ∈ [0, T ].Supposons queE|Yn(t)| soit borne uniformement par rapporta n ∈ N et t ∈ [0, T ]et limn→∞ E|Yn(t)| = E|Y (t)| pour toutt ∈ [0, T ]. Alors pour toute fonctionnelleF continue surL1([0, T ]), F(Yn) converge en loi versF(Y ).

Nous appliquons maintenant le th´eoreme 2a la suite de processusBn. (10) impliqueque les hypoth`eses du Th´eoreme 2 sont v´erifiees:

– E(B2n(t)) est uniformement born´ee sur les compacts donc pourt dans un

compact, la suiteBn(t) est uniformement integrable et uniform´ement born´eedansL1.

48 GABRIEL LANG AND PHILIPPE SOULIER

– La convergence en loi deBn(t) versB(t) et l’uniforme integrabilite impli-quent la convergenceE|Bn(t)| versE|B(t)| pour toutt .

On conclut donc que pour toute fonctionφ de classeC1 a support compact,∫∞−∞ φ

′(s)Bn(s)ds converge en loi vers∫∞−∞ φ

′(s)B(s)ds. En appliquant (12) etle lemme 2, on obtientE(

∫∞−∞ φ(s)dB(s))26 ‖φ‖22 pour les fonctionsC1 a sup-

port compact. Les fonctions de classeC1 a support compact ´etant dense dansL2(R, dx), on peutetendre l’integrale stochastique par rapport `a B a L2(R, dx)par application du Th´eoreme de Hahn-Banach, et l’on a

∀φ ∈ L2(R,dx), E(∫ ∞−∞

φ(s)dB(s)

)2

6 ‖φ‖22. (13)

On peut maintenant d´efinir surL2(R,dx) un operateur d’integrale stochastique par∫ψ(x)dW0(x) =

∫ ∞−∞

ψ(s)dB(s). (14)

Remarquons que l’on a en particulier

B(t) = 1√2π

∫ ∞−∞

eitx − 1

ixW0(dx),

et que la propri´ete de contraction (4) est v´erifiee:

E(∫

ψ(x)W0(dx)

)2

= E(∫

ψ(s)dB(s)

)2

6∫ψ2(x)dx =

∫ψ2(x)dx.

Si de plusψ est de classeC1 a support compact, il vient imm´ediatement que∫ψ(x)Wn(dx) converge en loi vers

∫ψ(x)W0(dx). Pour une fonctionψ quel-

conque deL2(R,dx), il suffit de consid´erer une suite de fonctionsψk dont la trans-formee de Fourier est de classeC1 a support compact, convergeant dansL2(R,dx)versψ . On a alors

– pour toutk,w − limn→∞∫ψk(x)Wn(dx) =

∫ψk(x)W0(dx),

– limk→∞ lim supn E(∫ψk(x)Wn(dx) −

∫ψ(x)Wn(dx))2 = 0

– limk→∞ E(∫ψk(x)W0(dx) −

∫ψ(x)W0(dx))2 = 0.

Le theoreme 4.2 de Billingsley (1968) permet de conclure que pour toute fonctionψ deL2(R,dx),

∫ψ(x)Wn(dx) converge en loi vers

∫ψ(x)W0(dx).

5. Lemmes

LEMME 1. Pour tout t ∈ R, la fonctionDn(t, x) converge uniformement sur lescompacts et dansL2(R,dx) versD(t, x) = (eitx − 1)/ix.

CONVERGENCE DE MESURES SPECTRALES ALEATOIRES 49

Preuve du Lemme 1.Si |x|6 nπ , on a

|Dn(t, x)−D(t, x)| =∣∣∣∣ eitnx − 1

n(eix/n − 1)− e

itx − 1

ix

∣∣∣∣6

∣∣∣∣(eitnx − 1)

(1

n(eix/n − 1)− 1

ix

)∣∣∣∣+ ∣∣∣∣eitnx − eitx

ix

∣∣∣∣6 2

∣∣∣∣ 1

n(eix/n − 1)− 1

ix

∣∣∣∣+ |tn − t| = O(n−1),

uniformement sur les compacts. On a alors∫ +∞−∞|Dn(t, x)−D(t, x)|2 dx =

∫ nπ

−nπ

∣∣∣∣eitx − 1

ix− eitnx − 1

n(eix/n − 1)

∣∣∣∣2 dx +

+∫|x|> nπ

|1− eitx|2|x|2 dx = O(n−1). (15)

COROLLAIRE 1. Si a est une fonction bornee continue en zero alors pour toutt ∈ R, anDn(t, .) converge dansL2(R,dx) versa(0)D(t, .). Si a verifie (7) alorsn−α/2L−1(n)anDn(t, .) converge dansL2(R,dx) vers|x|−α/2D(t, x).

Nous rappelons maintenant le lemme de Fatou pour la convergence en loi.

LEMME 2 (Fatou stochastique).SoitYn une suite de variables convergeant en loivers une variableY . Alors

E(Y 2)6 lim infn

E(Y 2n ).

Preuve du Lemme 2.On peut construire une suite de v.a.Yn et une v.a.Yn tellesque pour chaquen, Yn (resp.Y ) a la meme loi queYn (resp.Y ) et Yn converge p.s.versY . Par le lemme de Fatou, on a alors

E(Y 2) = E(Y 2)6 lim infn

E(Y 2n ) = lim inf

nE(Y 2

n ).

Le lemme suivant est probablement connu mais nous le prouvons faute de r´eference(Van der Meer, 1996 l’´enonce sous des hypoth`eses differentes).

LEMME 3. Soit Z une mesure aleatoire a accroissements orthogonaux surRde mesure de controle µ. Soit ν une mesure surR et soitφ(s, x) une fonctionmesurable et soitg une fonction mesurable et integrable par rapporta ν telle que∫∫

|g(s)|φ2(s, x)µ(dx)ν(ds) <∞. (16)

Le processusX(s) = ∫φ(s, x)Z(dx) et l’integrale

∫g(s)X(s)ν(ds) sont alors

bien definis et de variance finie. La fonction8g(x) =∫g(s)φ(s, x)ν(ds) est

50 GABRIEL LANG AND PHILIPPE SOULIER

definie µ-presque partout et de carre integrable par rapporta µ. L’integralestochastique

∫8g(x)Z(dx) est donc definie et l’on a:∫

8g(x)Z(dx) =∫g(s)X(s)ν(ds) p.s. (17)

Remarque.Siµ est une mesure finie et sig ∈ L1(ν), on peut affaiblir l’hypoth`ese(16) en la remplac¸ant par∫

|g(s)|[∫

φ2(s, x)µ(dx)

]1/2

ν(ds) <∞. (18)

Preuve du Lemme 3.Il faut tout d’abord prouver l’existence des processuset des integrales consid´eres. Pour simplifier les notations, on peut supposer que∫ |g(s)|ν(ds) = 1.

1. X(s) est bien d´efini pourν-presque touts car (16) et le th´eoreme de Fubinientraˆınent que

E(X2(s)) =∫φ2(s, x)µ(dx) <∞ ν − presque partout.

2. En appliquant l’in´egalite de Jensen et (16), on a

E(∫

g(s)X(s)ν(ds)

)2

6∫|g(s)|E(X2(s))ν(ds)

=∫∫|g(s)|φ2(s, x)µ(dx)ν(ds) <∞.

3. De meme la fonction8g est bien d´efinie et l’on a∫(8g(x))

2µ(dx)6∫∫|g(s)|φ2(s, x)µ(dx)ν(ds) <∞.

L’int egrale stochastique∫8g(x)Z(dx) est donc bien d´efinie.

4. SoitFZ = σ (Z(A),A ∈ B(R)). Toute variableFZ-mesurable peut s’´ecrireY = ∫

ψ(x)Z(dx) pour une fonctionψ telle que∫ψ2(x)µ(dx) < ∞. On a

alors

E(Y

∫g(s)X(s)ν(ds)

)=∫g(s)E(YX(s))ν(ds)

=∫g(s)

∫ψ(x)φ(s, x)µ(dx)ν(ds)

=∫ψ(x)

∫g(s)φ(s, x)ν(ds)µ(dx)

=∫ψ(x)8g(x)µ(dx)

= E

(Y

∫8g(x)Z(dx)

).

CONVERGENCE DE MESURES SPECTRALES ALEATOIRES 51

Toutes les interversions ci-dessus sont justifi´ees par (16) et le th´eoreme deFubini.

∫g(s)X(s)µ(ds) etantFZ-mesurable, l’´egalite (17) est donc prouv´ee.

6. Conventions pour la transformation de Fourier

Nous definissons la transform´ee de Fourier surL2([−π, π ],dx) et surL2(R,dx)de telle sorte qu’elle soit une isom´etrie. Soitg une fonction deL2([−π, π ],dx).Posons, pourk ∈ Z, g(k) = (2π)−1/2

∫ π−π g(x)e

ikx dx. On a alorsg(x) =(2π)−1/2

∑∞k=−∞ g(k)e−ikx dans L2([−π, π ],dx) et

∑∞k=−∞ |g(k)|2 =∫ π

−π g2(x)dx. La transform´ee de Fourier d’une fonctionφ de L2(R,dx) est

definie parφ(x) = (2π)−1/2∫ +∞−∞ φ(s)eisx ds. C’est une isom´etrie dont l’inverse

estψ(s) = (2π)−1/2∫ +∞−∞ ψ(x)e−isx ds.

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