conférence
DESCRIPTION
Conférence. Peuples autochtones de Guyane La question du foncier Alexis Tiouka Paris 14 Octobre 2006. PREMIERE PARTIE. Un regard sur les Peuples Autochtones de Guyane française. La Guyane et ses autochtones. Présentation générale. Superficie de 90.000 km² environ - PowerPoint PPT PresentationTRANSCRIPT
Présentation générale
Superficie de 90.000 km² environ
190.841 habitants en 2005 (INSEE)
Une répartition géographique très inégale
Caractéristiques de la population
En dehors des peuples autochtones, de nombreuses nationalités et communautés
Une présence liée à plusieurs facteurs
Les peuples autochtones du département
Six Peuples Autochtones (PA):- Kali’na- Wayana- Pahikweneh- Lokono- Teko- Wayampi
Les peuples autochtones du département
Un renouveau démographique :
Après avoir été prêts de disparaître
Aujourd’hui : une explosion démographique
L’exemple des Ka’lina
Exemple du renouveau démographique :Cas des Kali’na
Début 19e, repli des Kali’na dans l’Ouest
Isolement, peu de contact avec les autres populations
Leur nombre avait considérablement décru.
1604 1666 1740 1848
5500 2000 550 250
Puis, on constate une explosion démographique progressive à partir du 20e siècle.
1900 1958 1968 1978
300 573 1200 1550
Statistiques d’après Pierre & Françoise Grenand, 1979.
2. Comment définir les Peuples Autochtones de Guyane ?
Définition linguistique
Définition culturelle
Définition territoriale
Définition identitaire
Une définition linguistique
Les six langues sont regroupées dans trois familles de langues.
La famille tupi-guarani La famille caribe La famille arawak
Une définition culturelle
Ils appartiennent aux peuples amérindiens d’Amazonie et ont des caractéristiques communes avec eux.
Mais chaque peuples garde des caractéristiques qui lui sont propres.
Une définition territoriale
Deux groupes distincts en fonction de leur implantation sur le territoire.
Distinction littoral/intérieur
Distinction Est/Ouest
Une définition identitaire
Une définition complexe
Les autochtones appartiennent à leur peuple d’origine
Ils appartiennent à un groupe qualifié de « Amérindiens de Guyane »
Ce groupe s’inscrit lui-même dans un ensemble plus vaste
Au niveau du département, ils sont « guyanais »
Qui sont-ils pour l’Etat ?
Ils sont avant tout citoyens français
Ils ne peuvent pas être Amérindiens, Autochtones
Qui sont-ils pour l’Etat ?
Cela résume leur problématique :Pour défendre leurs droits ils doivent s’appuyer
sur leur statut de citoyen qui leur interdit d’être considéré comme des Autochtones
S’ils refusent le statut de citoyen, gardent leur identité propre, ils ne peuvent plus défendre leur droit.
3. Situation du point de vue des droits des Peuples Autochtones
Droits linguistiques
Droit à l’éducation
Droit à la propriété intellectuelle
Droits linguistiques
Une des questions fondamentales : celle de la survie de ces langues.
Elles vivent un rapport de force constant
Difficile de les faire reconnaître dans le contexte français qui ne reconnaît qu’une seule langue
Droit à l’éducation
Une question qui fait débat.
Dans la plupart des pays avoisinants
Mais en France, du fait de l’idéologie monolingue, cela est extrêmement difficile à mettre en place.
Un programme malgré tout en Guyane
Droit à la propriété intellectuelle
En Guyane, de nombreuses atteintes à ce droit :
Exploitation des connaissances traditionnelles par des industriels (souvent étrangers)
Spoliation des urnes funéraires à chaque fois que l’une d’entre elle est découverte
Divulgation publique d’images (cartes postales, notamment) sans acceptation des personnes concernées, ni retour financier
Evolution de la situation foncière en quelques dates
Une question qui évolue depuis deux décennies
Accélération du problème foncier
Le territoire de l’Inini
Jusqu’en 1968Les territoires wayana, wayampi et teko sont regroupés
sous le qualificatif « territoire de l’Inini »
Administration par le sous préfet de Saint-Laurent
Des droits particuliers : Sur ce territoire les populations dites « tribales » ont le droit de vivre selon les règles de leur droit coutumier.
Le territoire de l’Inini
1969-1970Programme de francisation (Sénateur Vignon & Conseil
général)Aboutissement : décret du 17 mai 1969 qui crée 5
communes (Maripasoula, Papaïchton, Grand-Santi, Saül & Camopi)
En parallèle : réaction des chercheursNécessité de la reconnaissance d’un statut particulier &
du droit foncier pour les autochtones.Pas de réaction des instances politiques locales ou
nationales.
1971-1974
Mission de l’Assemblée nationale en collaboration avec le chercheur Jean Hurault
Aboutissement : projet de statut - Projet Ploux déposé le 9/05/72 à l’Assemblée
nationale (n°2320)
Le « Projet Ploux »
Le « Projet Ploux »
Septembre 1973 La secrétaire d’état auprès du ministre de
l’éducation, Mme Ploux, signale à l’Assemblée nationale que le projet heurte les élus locaux
Janvier 1974 Le préfet Delaunay est d’accord sur le fond mais pas
sur la forme Le projet est finalement égaré suite à la disparition
du Président Pompidou
1974-1978
Les scientifiques continuent d’essayer d’obtenir un statut spécifique pour les Peuples autochtones
Mais :Pas d’intérêt de la part de l’Etat
La politique gouvernementale est focalisée sur :- Activités agricoles- Exploitation forestière (fabrication de pâte à papier)
1974-1978
En parallèle : Des négociations avec le Suriname pour que les colons
surinamais puissent s’établir sur le territoire des Wayana.
Une alternative à cette colonisation des territoires autochtones :
Création d’un Parc national (Ministre Dijoud)
Opposition des élus locaux
Situation pour les PA à cette époque
Développement du tourisme sur le Maroni
Terres attribuées aux Palikur (Bas-Oyapock) sont insuffisantes pour leur survie alimentaire
Situation pour les PA à cette époque
Les territoires kali’na sont intégrés dans les communes de Mana, Iracoubo & St-Laurent
Les Wayampi et les Teko demandent que soit renversé le processus de concentration imposé par l’administration :
Le groupe de réflexion de Paul Dijoud1978-1981
Le ministre Paul Dijoud met en place un groupe de réflexion
Aboutissement : Rapport de synthèse de Jean Aribaud (Sous-directeur des affaires sociales – Secrétariat d’état des DOM-TOM)
Le groupe de réflexion de Paul Dijoud1978-1981
Le rapport souligne aussi que les décisions sont aux mains des élus locaux
Or, à l’époque, elles ne s’intéressent pas vraiment à la question autochtone
Les directives du rapport
Poursuite des démarches en vue de la création d’un parc naturel
Restriction de l’accès aux villages du Haut-Maroni et du Haut-Oyapock
Préparation d’un décret portant sur l’attribution de concessions foncières aux groupements dits « tribaux » (incluent les Autochtones mais aussi les Bushinenge)
Mise en place d’un statut juridique pour les terrains occupés par les Autochtones
Les directives du rapport
Création prioritaire de réserves territoriales pour les Palikur
Déconcentration de l’habitat et création de nouveaux villages
Suspension du projet de la DDE de construire des carbets au titre de logements sociaux en territoire autochtone
Cette dernière mesure ne sera pas suivie par le nouveau gouvernement (1981), la DDE poursuivra ses constructions
1981-1984
Effets de la politique de décentralisation :
Proposition d’un projet de loi par Survival International en faveur des Autochtones
Discours de Félix Tiouka face aux élus locaux & aux représentants de l’Etat
Conséquence
Situation actuelle
Les droits territoriaux des autochtones en Guyane sont toujours régis par le décret n°87267 du 14 avril 1987
Les sujets d’actualité
Etat du foncier
A l’heure actuelle13 terrains ont été attribués relevant du droit d’usage :
11 ont été attribués à des PA 1 a été attribué à des PA et à des Bushinenge 1 a été attribué à des Bushinenge
Toutes les autorisations datent d’avant 1996.
Droits traditionnels reconnus
N° Communauté Demande Superficie Commune Date arrêté
1 Kali’na 1991 18.390 ha Awala-Yalimapo 09/03/92
2 Kali’na 1991 12.900 ha Kourou 17/09/91
3 Wayampi 16/11/91 84.000 ha Camopi-3 Sauts 03/03/94
4 Teko-Wayana-(Aluku) 26/12/91 314.300 ha Maripasoula 22/05/95
5 Kali’na 11/03/92 5.800 ha Saint-Laurent 15/02/93
6 Arawak 15/06/92 30.275 ha Roura 09/06/95
7 Palikur 25/06/92 14.670 ha Kourou 03/03/94
8 Kali’na 26/11/92 4.135 ha Saint-Laurent 22/05/95
9 (Aluku-Ndjuka) 06/03/93 2.700 ha Saint-Laurent 03/03/94
10 Wayampi-Teko 11/10/93 129.000 ha Camopi 08/12/94
11 Arawak 1994 (oral) 3.710 ha Saint-Laurent 22/05/95
12 Palikur 25/07/94 (oral) 12.415 ha Roura 09/06/95
13 Teko 12/02/94 (oral) 25.000 ha Camopi-Maripasoula 22/05/95
7 demandes en coursDes demandes gelées depuis 1996
N° Communauté Date demande Superficie Commune
1 Kali’na 11/03/92 17.500 ha Mana
2 Palikur 19/08/92 3.000 ha Régina
3 (Paramaka) 12/10/92 1.935 ha Montsinery
4 Kali’na 01/12/93 82.000 ha Iracoubo
5 Arawak 04/07/95 5.425 ha Mana
6 Wayana-(Ndjuka-Aluku) Juillet 96 (oral) 100.000 ha Maripasoula-Papaïchton-Grand Santi-Apatou
7 Palikur 27/07/94 1.400 ha Saint-Georges
Certains PA de Guyane arrivent à avoir gain de cause
1989 : reconnaissance de la spécificité de trois villages (Awala, Yalimapo et Coswine)
Obtention d’un droit d’usage
Analyse des documents nationaux :Le décret de droit d’usage
Analyse des documents nationaux :Le code du domaine de l’Etat
Deux articles du code du domaine de l’état (R.170-56, R.170-58) et le décret D.34 reconnaissent un statut personnel aux Amérindiens de Guyane.
Mais l’adoption récente de l’ordonnance n°98-777 du 2 septembre 1998 modifie le code du domaine de l’état
Le Parc naturel :Rappel historique
1970 : émergence de la réflexion sur la création du Parc
Il faut attendre 1992 pour la mise en place effective
Le Parc naturel : 1993
Mise en place d’une mission d’étude
Caractéristiques de la proposition
La proposition est refusée par les PA de Guyane
Le Parc naturel : 1997
On inclut les PA dans les négociations
Découle sur un nouvel accord
Une prise en compte de la question autochtone
Le Parc naturel : des enjeux politiques locaux, nationaux & internationaux
Prise de conscience par les Etats des enjeux depuis 1992 (Sommet de Rio)
A cela s’ajoute différentes réflexions
La Parc naturel : place des PA dans cette réflexion
Les PA sont les principales populations touchées par la création des aires protégées
Cela est désormais pris en compte dans la mise en place du Parc en GF
Le Parc naturel : décisions en faveur des PA
Association des autorités coutumières à la gestion du territoire
Prise en compte de la spécificité culturelle
Maintien et valorisation des cultures matérielles et immatérielles en prenant en compte différents souhaits
La Parc naturel : décisions en faveur des PA
Actions en faveur de la pérennisation des pratiques de subsistance
Possibilité de mettre en place des activités économiques durables
Éradication des activités minières ayant lieu en amont et à proximité de leurs lieux de vie
Le Parc naturel : intérêt du projet
Il ne se contente pas de protéger le milieu
Il inclut les PA dans le projet
Le Parc naturel : une question non résolue
Le projet ne résout pas la question du droit à la terre et aux territoires
Un droit qui n’a jamais été reconnu aux PA de Guyane
Conséquences possibles
Cambior : une procédure juridique en cours
Le 4 septembre dernier dépôt d’une requête en annulation
Objet du recours« Demande d’annulation de la décision prise par le
Préfet de la Guyane de passer un acte de cession de 4 parcelles de terrain appartenant au domaine privé de l’Etat au profit de la Société CBJ CAIMAN, acte en date du 5 août 2005 »
Cambior : rappel des faits
La communauté Palikur de Favard détient un droit d’usage collectif sur un terrain
Caractéristiques du terrain
Cambior : le droit d’usage collectif
Il est régit par deux articles : Article R. 170-56 du code du domaine de l’Etat Article L. 172-4 du code forestier
Il permet aux Palikur d’exercer sur cette portion du domaine privé de l’Etat toute activité nécessaire à la subsistance des membres de la communauté
Cambior : la vente à la société CBJ CAIMAN
Le 5 août 2005 vente d’un immeuble situé sur la commune de Roura constitué de 4 parcelles
Parties signataires :- Etat représenté par Le Directeur des Services fiscaux (par une
délégation de signature donnée par le Préfet de Guyane)- La société CBJ CAIMAN
Cambior : la parcelle 1265
Caractéristiques de la parcelle
Cette bande de terrain traverse d’est en ouest la zone sur laquelle a été reconnue l’existence d’un droit d’usage au profit de la communauté amérindienne de Favard
Cambior : illégalité externe de la décision
Article L.62 du code du domaine de l’Etat
Situation
La décision du Préfet de les céder est parfaitement illégale
Cambior : illégalité interne de la décision
Situation de la parcelle
Rappel sur les droits d’usage collectifs
Cambior : illégalité interne de la décision
Les droits d’usage sont « constatés » et pas « concédés »
Conséquence : toute cession à une personne privée d’une zone concernée par les droits d’usage collectif porte atteinte à l’existence même de ces droits
Cambior : illégalité interne de la décision
La cession effectuée par le Préfet de la Guyane porte donc atteinte à l’existence des droits d’usage pour plusieurs raisons
Cambior : les atteintes à l’existence des droits d’usage
Le nouveau propriétaire de la parcelle cédée est en droit d’interdire le droit d’usage collectif de la communauté palikur de Favard
L’aménagement de la parcelle cédée va nécessiter son déboisement
La parcelle 1265 est une bande orientée ouest-est qui coupe en deux la zone où s’exercent les droits d’usages collectifs
Cambior : conclusion
Extrait de la requête en annulation :«la décision par le Préfet de la Guyane de céder cette parcelle de
terrain ne respecte pas les dispositions constatant au profit de la communauté amérindienne palikur de Favard l’existence des droits d’usage collectifs,»
Demande effectuée auprès du Tribunal administratif de Cayenne :
- Annuler la décision prise par le Préfet de la Guyane - Dommages et intérêts