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Comprendre le paranormal
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Comprendre le
Paranormal
Philippe Wallon
Comprendre le paranormal
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Introduction Comme le font remarquer les philosophes, nous n'avons jamais
accès à "la réalité", nous n'en avons qu'une image, une opinion.
Celle-ci repose sur quelques postulats, des concepts non
démontrés mais admis par tous, comme la causalité (la relation de
cause à effet). A partir de là, nos savants ont précisé un certain
nombre de règles, de "lois physiques". Celles-ci ont, peu à peu,
pris la place des "évidences". Le temps, par exemple, était
considéré comme une donnée intangible, jusqu'à ce qu'Einstein
précise sa nature et son caractère relatif.
L'idée que nous avons du monde repose sur notre expérience
sensible. Aussi nous admettons facilement certaines règles,
comme la "loi de la chute des corps" (gravitation). D'autres nous
sont difficilement accessibles parce qu'elles ne sont pas clairement
visibles dans notre expérience (comme la physique quantique).
Sans que nous nous en rendions compte, nous avons fait des lois
physiques de véritables dogmes, des objets de croyance "hors
desquels point de salut".
Cependant certaines lois gérant notre expérience, parmi les plus
élémentaires, ne sont pas admises par la physique : comment
expliquer qu'un paysan laboure, qu'un étudiant travaille avec
acharnement ? La réponse paraît simple : une bonne récolte pour
le premier, une profession valorisante pour le second. Or, cette
"cause" appartient au futur (ce qu'on appelle la "finalité"),
mécanisme que les sciences physiques ne reconnaissent pas.
Ainsi, nous vivons une sorte de "schizophrénie"
(étymologiquement "cerveau coupé en deux") : un monde
physique régi par la causalité, une vie quotidienne régie par la
finalité !
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Le "paranormal" fait partie de cette expérience que nous pouvons
vivre (souvent parfois), mais qui n'est pas reconnue par les
sciences : il nous arrive de savoir précisément ce que pense un
proche alors qu'il est loin de nous (télépathie) ou de prévoir un
fait, hors de toute logique (prémonition).
Cette opposition "normal / paranormal" n'est pas liée à la nature
des faits, mais à l'opinion que nous en avons. En effet, la
télépathie et la prémonition, quand nous la vivons, nous
apparaissent éminemment "normales", au point que nous nous
étonnons qu'elles ne soient pas encore expliquées. On peut donc
s'attendre à ce notre vision du monde change bientôt. Ce livre
voudrait agir dans ce sens...
Avant d'aborder les facultés paranormales, disons quelques mots
d'"Ouriel"
Le nom de "Ouriêl", dit encore "Uriel" est celui du premier ange de
l'Orient. Il est souvent invoqué dans les bénédictions et dans les
conjurations, pour découvrir les trésors cachés. Ce nom a été
choisi pour son caractère symbolique, car le "paranormal"
constitue encore à l'heure actuelle un trésor caché. Trésor parce
qu'il concerne des facultés très riches et intéressantes à tous
points de vue. Caché parce que, malheureusement, notre culture
continue à vouloir les ignorer, moins par incapacité à l'intégrer
dans son "corpus" que par une sorte de crainte, probablement
héritée de l'opprobre des siècles passés. Est-ce à dire que les
procès de sorcellerie sont encore dans tous les esprits ?
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I/ Les facultés paranormales A- La télépathie
La télépathie est probablement la faculté paranormale la plus
répandue, la plus accessible. On l’appelle parfois " transmission de
pensée ", mais ce terme est inexact. Il suppose l’existence d’une
transmission, c’est à dire le passage d’un " mobile " d’un sujet à
l’autre, ce qui n’a jamais été montré. C’est même l’inverse qui
semble attesté (expérience de la cage de Faraday). De plus, le
mot " pensée " se réfère généralement à un contenu mental
construit et conscient, or, la plupart des recherches s’oriente vers
l’idée que cette capacité repose sur l’émotion et émane de
l’inconscient.
Le terme " télépathie " paraît donc plus adéquat. Ce mot, qui date
du XIXème siècle, est formé à partir des mots grecs télé, la distance
et pathos, l’expérience subie, l’émotion de l’âme. Ces deux
éléments correspondent bien aux phénomènes : une fusion entre
inconscients, d’autant plus facile que les relations entre les
sujets sont plus fortes. Celle-ci apparaît préférentiellement
quand la conscience est amoindrie, durant le sommeil ou la
rêverie. Les cas spontanés sont parfois alors d'une précision
extraordinaire.
Il faut cependant distinguer la télépathie de la contagion affective,
et réserver le caractère de " paranormal " à des échanges entre
des sujets qui n’ont aucune possibilité matérielle de communiquer.
La distinction est cependant parfois subtile.
La télépathie est la faculté qui a fait l’objet du plus grand nombre
d’expériences scientifiques. Rhine l’a très largement mise en
évidence depuis les années 30, même si ses résultats sont d'une
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grande pauvreté par rapport aux cas spontanés. Ces
expérimentations ont cependant éliminé un certain nombre
d'hypothèses sur les mécanismes possibles de ces phénomènes.
Depuis, d’autres études ont confirmé ces travaux, avec des
méthodes plus sophistiquées, en particulier lors du sommeil. On a
en effet constaté que ces facultés étaient d’autant plus fréquentes
que la conscience était plus réduite (expériences du "ganzfeld").
Par l’utilisation de l’électro-encéphalographie qui permet d’éveiller
le dormeur immédiatement après son rêve, et d’éviter son oubli,
on a pu constater la fréquence des perceptions extra-sensorielles
pendant le sommeil.
On a souvent dit que la télépathie permettait une communication
instantanée entre deux sujets, plus rapides que la lumière. Ceci ne
correspond pas à l'expérience, qui montre, au contraire, que le
moment de l'émission du message et celui de sa réception sont
indépendants par rapport au temps (on peut émettre des
messages vers le passé ou vers le futur et en recevoir de même).
En conclusion, la télépathie dépasse donc les interprétations
actuelles en termes de sciences physiques.
1)Travaux de Rhine
Joseph Rhine a fait la plupart de ses expériences avec les cartes
de Zenner, un ensemble de 25 cartes, identiques 5 à 5, qui
portent chacune un symbole simple. Il a d’ailleurs utilisé ces
mêmes cartes pour explorer d’autres manifestations, telles
l'annonce d'une carte cachée et non connue de quiconque
(voyance) et la modification d’un tirage à distance (psychokinèse).
Il a répété ces expériences des milliers de fois. Il a fait entrer dans
le champ de l'expérimentation la télépathie, la voyance et l'action
de la pensée sur la matière. " Si les investigations de Rhine
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doivent être attaquées, il faut que ce soit sur d’autres bases que
celles de l'analyse mathématique ", dit l’Institut of Mathematical
Statistics (Honorton, 1975, cité par Varvoglis, 1992, p. 55)
Quelques ouvrages de Rhine :
Rhine, J.B., Extra-sensory perception, Boston, Bruxe Humphries,
1934.
Rhine, J.B., Le nouveau monde de l'esprit, Paris, A. Maisonneuve,
1955.
2) Télépathie et simultanéité
Mario Varvoglis (1992, p. 15) raconte qu’il fut réveillé dans la nuit
du 24 novembre 1976 par la voix de sa mère qui l’appela deux fois
par son prénom. Il fut troublé quelques minutes, car sa mère
vivait en Grèce, à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Le
lendemain matin il apprit qu’un tremblement de terre avait secoué
Thessalonique, où vivait justement sa mère.
On dit souvent que la télépathie permet de percevoir
instantanément une information, malgré une distance
considérable, mais ce n’est pas systématique. Beaucoup
d’exemples montrent un décalage important entre l’émission et la
réception. D’une manière générale, le message nous atteint quand
notre esprit est au repos, la nuit par exemple. Le moment de la
réception est alors sans rapport avec celui de son émission.
Ici, le moment de l’émission pourrait être celui de la secousse,
même si la mère ne se souvient pas avoir émis de message. Cela
n’est pas rédhibitoire, les télépathies les plus évidentes sont
souvent involontaires et parfois même inconscientes. On pourrait
discuter une prémonition de l’auteur portant sur sa mère, mais
l’un et l’autre phénomène reposent, en fin de compte, sur une
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sorte de " fusion affective ". Dans les cas spontanés, l’identification
d’un émetteur et d’un récepteur est souvent difficile, le
phénomène se présentant souvent comme une sorte de partage
d’émotion.
La simultanéité n’est donc aucunement un critère : la télépathie
est, dans son principe, aussi indépendante du temps qu’elle l’est
de l’espace.
3) Télépathie et rayonnements électromagnétique
On avait pensé que la télépathie pouvait être liée à des
rayonnements électromagnétiques, qui couvrent un large champ
depuis les rayons gamma jusqu’aux infrarouges, en passant par
les radiations visibles. Leur rôle était envisageable, puisque notre
corps émet de telles radiations, infrarouges notamment.
On a donc fait des expérimentations en plaçant le sujet émetteur
(ou le sujet récepteur) au sein d’une enceinte métallique (dite
" cage de Faraday ") ou d’épais murs de béton. Ces obstacles
arrêtent la plupart des rayonnements, sinon tous. Or, les résultats
ne mettent en évidence aucune diminution du phénomène dans
ces conditions (Jung, 1988, p. 34 ; Varvoglis, 1992...).
Par ailleurs, on sait que la puissance d’un rayonnement diminue
avec le carré de la distance. Or, les recherches, faites entre des
sujets parfois distants de plusieurs milliers de kilomètres, ne
montrent aucun amoindrissement de ces facultés. L’hypothèse
d’un rayonnement peut donc être laissée de côté, du moins sous
sa forme actuelle.
Pour tenir compte de la " remontée dans le temps " d’informations
télépathiques, on a imaginé qu’elles s’appuyaient sur l’antimatière,
car aucune particule matérielle n’a cette capacité. On a abandonné
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cette idée, car il ne saurait y avoir de contact avec la matière,
sans une mutuelle destruction immédiate avec un fort dégagement
de chaleur, ce qui n’a jamais été observé.
On a ensuite évoqué le rôle du tachyon, particule de vitesse
supérieure à la lumière imaginée par Feinberg dans les années 60
(avec Régis Dutheil, 1990), l’hypothèse de mondes parallèles à
flèches de temps inversées (avec Jean-Pierre Petit, 1993, p. 243).
On a enfin discuté l’idée de " champ " (avec Sheldrake, 1988)...
Aucune de ces conceptions n’apparaît véritablement propre à
expliquer la télépathie.
B- La voyance
On nomme "voyance" la perception directe, hors des moyens
habituels, de faits éloignés dans l'espace ou le temps. Ce terme,
consacré par l’usage, est inexact car le "cliché" n'est pas
forcément visuel. Il peut se présenter sous forme d'une voix ou
encore d'une odeur ou d'une sensation gustative. Les "divinations"
(du verbe latin "divinare" qui veut dire "deviner") peuvent se
présenter aussi comme des vertiges, une impression de froid ou
de chaud, une sensation particulière au niveau des organes.
Nous possédons tous ce "don". Nous pouvons vivre des
"prémonitions", des voyances sur notre propre avenir. Beaucoup
de témoignages suggéreraient que notre inconscient serait à
même de " balayer " (de " scanner ") notre existence, notre passé
et notre futur. Ce n’est pas une photographie du futur, mais un
ensemble d’images symboliques, issues de l’inconscient. La
conscience occulte habituellement ces manifestations. D’où l’usage
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des méthodes visant à annihiler la conscience, comme la transe,
utilisée depuis la plus haute antiquité.
Mais le cas plus courant est celui d'une voyance effectuée par une
personne habituée à une telle faculté. Dans ce cas, tout comme la
télépathie, la voyance se présente ainsi comme un partage
d'expérience, une fusion d'insconscients. Une voyante peut dire "je
sens une douleur au niveau des poumons, ne souffririez-vous pas
de là ?". Elle peut décrire avec précision le mal dont souffre le
consultant et l'orienter vers tel ou tel spécialiste médical. Cette
faculté est cependant si diverses dans ses manifestations qu'il faut
l'examiner, l'examiner à partir d'exemples.
Le voyant professionnel utilise souvent des cartes à jouer ou des
tarots, un pendule, ou encore une boule de cristal, le marc de
café. Il est cependant difficile de définir une syntaxe définie,
associant tel signe à telle signification (à la manière des mots
d’une phrase). Ce sont des " supports ", une simple aide pour une
intuition qui provient de son inconscient.
Certaines voyantes refusent d’annoncer l’avenir, elles préfèrent
éclairer le consultant sur sa dynamique profonde. La voyance, à
l’instar de la psychanalyse, révèle l’inconscient du sujet et les
tendances profondes qui l’animent. Comme la médium révèle
souvent brutalement et d’une manière souvent imagée ce qu’elle
perçoit, on a le sentiment que cet avenir est " écrit ". Il n’en est
rien, fort heureusement, toute action est libre, ou du moins elle
n’est conditionnée que par nos tendances profondes.
La prophétie est d’un tout autre ordre : c’est une annonce livrée à
des tiers, telle une bouteille à la mer, à propos d’événements dont
on ne sera jamais soi-même témoin. Celle-ci est exceptionnelle et
l’Histoire en garde souvent la trace.
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De nombreuses expérimentations (cf. Rhine) montrent que la
voyance est observable scientifiquement.
1) Prémonition
On appelle prémonition une "voyance sur soi-même". Elle n'est
pas forcément aisée à identifier car les "clichés" s'expriment de
manière symbolique : ils contiennent des images impénétrables,
incompréhensibles, que seul le contexte éclaire. En voici un
exemple personnel :
Je me souviens de m'être réveillé un matin avec deux intuitions,
que j'ai jugées immédiatement prémonitoires : la vision d'une
couleur noire, et un certain vague à l'âge. J'ai pensé qu'il ne
pouvait s'agir d'un deuil, car je n'étais pas vraiment triste. La
journée se passe tranquillement, mais, en quittant mon travail,
alors que j'étais chargé d'un gros paquet, j'accroche une veste de
cuir, à laquelle je tenais beaucoup et je la déchire. Cette veste
était d'un bleu si foncé qu'on pouvait la croire noire. J'en ai été
attristé...
Dans une prémonition, il est souvent nécessaire de s'interroger
avec soin pour découvrir le véritable contenu de son intuition. On
obtient généralement des éléments suffisamment précis pour
éliminer certaines hypothèses.
Ici, je savais d'emblée que, si le noir avait concerné un deuil, il ne
me toucherait pas directement, car ma tristesse était modérée.
Tout comme pour le rêve, on doit éviter une interprétation trop
rapide, et garder un certain recul. La tonalité émotionnelle d'un
cliché donne généralement des informations plus justes que ses
éléments formels (ce qui a trait à la forme du cliché, ici le noir, la
tristesse).
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Une prémonition peut aussi se traduire par un message venu de
l'Au-delà... ou simplement d'un "ailleurs" :
� Un ami testait un circuit électrique sous haute tension.
Son collègue était chargé de couper le courant, pendant qu’il
changeait la position d’éléments du circuit. Soudain, une
intuition, presque une voix : " Mets un fil à la terre ! ". Il
approchait du circuit l’extrémité d’un fil relié à la terre,
quand il est jeté en arrière par un énorme arc électrique.
Son collègue avait oublié de couper le courant ! "
Le plus souvent, nous attribuons ces informations à la bonne
fortune, ou encore à notre ange gardien :
� M. T. fait du tir sportif. N’ayant droit qu’à un nombre
limité de cartouches, il en fabrique lui-même. Il remplissait
soigneusement ses emballages : " Regarde si tu as bien
réparti la poudre. " La pensée surgit dans sa tête comme un
ordre. Il découvre que l’une d’elle renferme deux fois la
quantité normale. Il aurait fait sauter son arme, et lui avec. "
Je racontai cette histoire à une patiente dépressive, essayant
de l’éveiller à l’usage des intuitions positives. Elle répliqua
alors, avec un parfait naturel : " Moi, je ne prends jamais de
billet de Loto quand je sais que je ne vais pas gagner ! ".
2) Exemples de "clichés" de voyance
Toutes les sensations physiques peuvent véhiculer des
" divinations " : vertiges, impression de froid ou de chaud,
sensibilité des organes :
� Une voyante me racontait qu’elle sentait très précisément
sur elle le mal dont souffrait sa consultante. Elle pouvait
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donc le décrire, et orienter l’autre sur tel ou tel spécialiste
médical, et dire à l’avance quel type d’examen apporterait
les éléments diagnostiques. "
Ailleurs, on pourrait presque parler d’une " voyance motrice ",
l’inconscient s’exprimant directement au niveau de l’action :
� Mme K., à la terrasse d'un café, se sent poussée à parler
à une dame assise derrière elle. Sont alors sortis de sa
bouche des mots qu'elle ne contrôlait pas, et dont elle ne
garde aucun souvenir. La femme s'effondre en pleurs :
" Tout ce que vous avez dit est vrai ! " "
Le voyant professionnel utilise souvent des cartes à jouer ou des
tarots, un pendule, ou encore la boule de cristal, le marc de café.
Il s’agirait de " supports ", d’une simple aide pour des intuitions
qui proviendraient de son inconscient :
� Dans un centre où je venais de donner une conférence,
une médium faisait, avec le public, des voyances à partir
d’objets que lui avaient confiés les auditeurs (psychométrie).
J’écoutais avec un certain amusement ses annonces souvent
assez justes. A un moment, elle s’écrit : " A qui est ce
crayon ? " Aucune réponse. Elle se tourne vers moi : " Ce ne
serait pas à vous, Docteur ? " Je regarde, c’était
effectivement mon porte-mine. " Voulez-vous que je vous
fasse une voyance ? " Je réplique : " Ah non, ça jamais ! "
Elle rit et continue ses prédictions sur les spectateurs. Après
une dizaine de minutes, elle se tourne brutalement vers
moi : " Je n’en peux plus, il faut que je vous dise : vous allez
faire un livre d’ici la fin de l’année ! ".
Le cliché s’impose au médium, dépassant sa volonté, l’obligeant
parfois à agir, toutes affaires cessantes. Ailleurs, cependant, le
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cliché peut ne pas être identifié, même par ceux qui devraient
mieux le connaître. Rosana Nichols, voyante, raconte ainsi :
� Un jour, une femme d'une cinquantaine d'années est
venue pour connaître l'endroit où son mari rencontrait sa
maîtresse. Je lui répondis que je ne voyais absolument rien.
Mais un soir, sur le mur de notre salle de séjour, je vis se
graver en lettres capitales : "V...G...X. " Durant les deux
jours suivants, je n'ai vu que ces simples lettres. Le
troisième jour, pendant que je prenais mon petit déjeuner
avec mes enfants, d'un seul coup, j'entends :
"Vercingétorix ". Je trouvai ce mot tellement ridicule que je
n'en ai parlé à personne. Quelques jours plus tard, je
rencontre à nouveau cette personne, qui me repose la même
question. Je lui réponds : "Écoutez, franchement je ne vois
rien, mais j'ai entendu un mot idiot qui ne correspond à
rien : Vercingétorix ". Elle sursauta en disant : "Mais c'est
une station de bus que je connais, je vais aller voir. " Peu
après, elle retrouva son mari assis à la terrasse d'un café
avec sa maîtresse, face à cette station.
3) Lire dans les cartes
Texte d’Éliane Gauthier
Lorsqu’on possède le don de voyance, " lire dans les cartes "
revient à se livrer à une traduction simultanée d’un texte difficile.
Celui-ci se présente sous la forme de séquences de cartes, de
configurations symboliques, mais qui ne sont en rien aléatoires.
Bien que cela ne soit plus nouveau pour moi depuis longtemps, je
suis toujours fascinée par le retour des mêmes cartes d’une
consultation à l’autre. L’information majeure n’est pas démentie ;
elle se répète, enrichie de détails nouveaux. Il me reste à tenir
compte de ces modifications et à dévoiler tous les sens possibles.
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Donner une interprétation personnelle et catégorique revient à
s’emparer du pouvoir. Il faut plutôt restituer humblement ce qu’on
comprend afin que le consultant l’interprète à la lumière de son
expérience et de son passé. Je ne me lasserai pas de le répéter, le
" livre d’en haut " n’est pas immuable et écrit depuis toujours,
mais son contenu évolue, dépend pour une grande part de notre
effort sur nous.
Le consultant doit avoir la liberté de mettre ce qui lui est dit en
résonance avec sa propre clairvoyance. Encore faut-il qu’il soit
attentif à celle-ci. C’est ce qu’exigeait de lui l’oracle de Delphes :
"De quelle façon passerai-je le plus heureusement le reste de ma
vie ?" demanda, un jour, le roi Crésus à la Pythie. Elle lui répondit
: "C’est en cherchant à te connaître toi même, Crésus, que tu
vivras heureux."
Les informations issues des couches profondes en émergent par
fragments. C’est souvent après la consultation que ces fragments
se recomposent en un tableau cohérent. Alors seulement, la
véritable signification se dégage.
La formulation de la "prédiction" doit, avant toute chose, être
empreinte de prudence, de pudeur et de délicatesse. Quand on
parle aux gens de leur vie et de leurs problèmes, de ce qu’ils ont
de plus intime et de plus personnel, on risque toujours de paraître
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indiscret, brutal, et de les blesser. On ne s’approche de Psyché
qu’avec douceur et respect.
Personne ne vient voir une voyante par pure curiosité, désir de se
distraire ou de tuer le temps. Derrière cette démarche, il y a une
interrogation et, souvent, une angoisse, une souffrance. La
voyante peut dire des choses délicates, peu agréables à entendre,
mais à condition de prendre des ménagements, de ne pas faire
violence et, surtout, de ne rien présenter comme inéluctable. Car
la fatalité n’existe pas.
Il peut y avoir divers niveaux de lecture du message : un voyant
ne verra que le blocage, un autre ira au-delà, l’un verra le malheur
à venir et l’autre le malheur conjuré. Chaque voyant, selon sa
personnalité, ses centres d’intérêt, son passé, interprète de façon
différente les indications qu’il recueille. C’est tout le problème : là
se situe le danger le plus redoutable qui soit : la prise de pouvoir
par le voyant qui dispose de l’avenir du consultant.
En réalité, c’est le consultant qui porte en lui la réponse à la
question qu’il pose. Le voyant ne fait que lui permettre de la
rencontrer et de la reconnaître pour sienne. Mais c’est le voyant
qui la formule en mots, en "prédictions". Ce problème de la mise
en forme est capital. Les mots que j’emploie, s’ils donnent à
l’avenir une forme trop arrêtée, rigoureuse, contraignante, vont
emprisonner ou "braquer" le consultant. Seule la prédiction
formulée de façon nuancée, comme séquence d’événements
possibles mais non inéluctable, laisse subsister la liberté et permet
d’engendrer un avenir.
La voyance atteint à une dimension hors de l’espace et du temps.
Le consultant qui y pénètre avec le voyant prend de la hauteur à
l’endroit de ses problèmes et de sa souffrance. Il voit qu’elle peut
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être féconde, porteuse de sa transformation. Il s’en libère tandis
qu’ elle s’exprime symboliquement devant lui sous la forme de
petits cartons colorés. Il s’élève, en quelque sorte, dans les "paix
des cieux" pour gagner la "bataille humaine", comme dit la Jeanne
d’Arc de Péguy. Il brise le carcan de l’espace-temps qui nous
emprisonne, la causalité linéaire du monde de la matière. Qu’il
croie ou non en Dieu, il se hausse vers un monde supérieur.
4) Intuition et voyance
On nomme " intuition " la connaissance directe et immédiate, sans
le recours à un raisonnement. Or, ce sont souvent d'authentiques
"clichés de voyance".
Certains disent que la voyance n’existe pas, sinon elle
contribuerait à l’évolution des sciences, en révélant leur devenir.
On peut retourner cet argument : qu’est-ce qu’un grand savant, si
ce n’est un grand intuitif ? Einstein disait qu’il mettait parfois des
mois à formuler d’une manière scientifique une intuition qui
pouvait ne durer qu’une fraction de seconde (Kouznetsov, 1967).
Bohr dit avoir découvert le modèle atomique lors d’un rêve, alors
qu’il cherchait en vain depuis des mois. On raconte la même chose
de Kékulé, celui qui a découvert la structure spatiale du benzène.
De grands découvreurs donnent cependant tellement de poids à
leurs " clichés " qu’ils en perdent apparemment le souci de
scientificité. Des statisticiens américains ont ainsi calculé que
Mendel aurait menti : ses expériences sur les petits pois n’ont
jamais pu être aussi parfaites qu’il le prétend (Broad, Wade, 1987,
p. 37-39). On a récemment découvert qu’il en était de même pour
Pasteur : celui-ci a omis de prendre en compte dans ses
publications les résultats en faveur de la génération spontanée,
pourtant consignés dans ses carnets de laboratoire ! Il faut dire, à
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la défense de tous ces " voyants ", que le cliché offre le résultat
mais jamais le raisonnement :
A l’instar d’Einstein, l’intuition du résultat doit être amenée
logiquement, et cela seul le travail peut le réaliser. La voyance ne
porte jamais sur un raisonnement, une démarche rationnelle. Si
elle donne des informations d’allure conceptuelle (des chiffres par
exemple), c’est qu’elle s’appuie sur l’émotion. Belline (1975)
pouvait ainsi faire des prédictions chiffrées parce qu’elles
correspondaient à des émotions fortes, des gains financiers
importants par exemple…
5) Voyance et liberté d’action (cas rapporté par Louisa Rhine)
Souvent, le consultant a le sentiment que son avenir est écrit. Il
en tient pour preuve le fait que souvent, quoi qu’il fasse, la
prédiction se réalise. Or, quand l’annonce n’est pas évitée, c’est
souvent que nous manquons d’éléments pour l’interpréter. Il ne
s’agit en rien d’une loi générale :
� " Une mère rêva que, deux heures plus tard, un violent
orage allait éclater, et qu’un lustre tomberait sur la tête de
son bébé qui dormait dans son berceau juste au-dessous.
Dans le rêve elle vit le bébé tué. Elle réveilla alors son mari
qui s’exclama que c’était un rêve idiot. Le temps était si
calme. Elle alla chercher le bébé et le prit dans son lit. Deux
heures après, un orage causa la chute du lustre, à l’endroit
même où la tête du bébé se serait trouvée ; mais le bébé
n’était plus là pour être tué. " (d’après Louisa Rhine et
Hardy, 1989, p. 15)
Cette femme a identifié un rêve prémonitoire. Les détails en sont
limpides. Or, si nous examinons cet exemple, nous constatons que
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seuls les éléments sur lesquels cette femme n’a pu agir se sont
produits comme ils avaient été annoncés : le futur est
parfaitement déterminé. Mais la femme a pu intervenir, le futur
n’est en rien irrévocable. Ces éléments sont constamment
retrouvés. Face à une prédiction menaçante, il ne faut donc pas
rester passif, nous devons interroger le médium jusqu’à obtenir le
détail de la prédiction.
6) Les prophéties
La quasi totalité des voyances portent sur des faits dont le voyant
aura connaissance. On peut dire qu'il s'agit toujours de
prémonitions, c'est-à-dire des voyances sur soi-même. À l'inverse,
les prophéties portent sur des faits que le sujet ne pourra jamais
observer de lui-même.
Un certain nombre de prophéties historiques sont célèbres, celle
de la venue d'un Messie est parmi les plus connues. Or, le contenu
des prophéties est toujours extrêmement difficile à interpréter,
car, comme toute voyance d'ailleurs, il est symbolique : il utilise
des images et non des concepts analysables comme l'est notre
langage. Ainsi les Juifs attendent toujours le Messie, un Roi
d'Israël alors que les Chrétiens considèrent qu'il est déjà venu,
dans la personne de Jésus de Nazareth.
Le cas de Nostradamus est exemplaire. Les Centuries constituent
une suite de symboles curieusement agencés. Or, une étude
attentive révèle a posteriori des rapprochements étonnants. On
cite souvent l'histoire de la fuite à Varennes de Louis XVI. On ne
peut jamais décrypter ces vers. Si cela avait été possible, l'auteur
l'aurait fait. Il n'a pu aller plus loin que ces symboles parce qu'il
n'avait aucun élément de référence. Pour moi, Nostradamus a
menti en disant qu'il avait sciemment codé ses Centuries : il n'a vu
que ce qu'il a écrit, il n'a fait que mettre ses visions en vers.
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C- Les visions, les apparitions, les fantômes
Le terme de "vision", couramment employé, est inadapté car ce
phénomène dépasse largement le domaine de la vue ; le champ
couvert est celui des cinq sens. La grande question que pose la
"vision" est de savoir si elle correspond à une réalité quelconque.
Classiquement, il existe deux grands types de visions, les visions
religieuses, dont le type le plus achevé est la vision christique,
comme celle vécues quotidiennement par sainte Thérèse d'Avila,
et la vision de défunts.
Pour le médecin et le psychologue, il existe principalement deux
possibilités en dehors de la vue de la réalité ambiante : l'illusion ou
"perception déformée" et l'hallucination ou "perception sans
objet". Or la vision (ou l'apparition) ne se laisse pas réduire de la
sorte. Elle se trouve souvent confirmée par les faits, qu'il s'agisse
d'un simple rêve, d'une vision ou même, chose curieuse, d'une
hallucination.
Comment interpréter ces faits ? On peut penser à une
communication inconsciente et intense entre les sujets, sur le
mode d'une contagion affective, ce qui expliquerait la vision à
plusieurs. Il reste que certaines apparitions peuvent être
photographiées, filmées et enregistrées, c'est la
"transcommunication instrumentale".
La "réalité" d’une apparition pose des problèmes théoriques encore
non résolus, et qui ouvrent la question d’une coalescence de notre
monde matériel et de celui du rêve…
1) Apparition religieuse
L’Eglise catholique est probablement celle qui a le plus à faire face
à ces phénomènes, car la Vierge Marie constitue un des thèmes les
Comprendre le paranormal
20
plus fréquents (cf. Bouflet, Boutry, 1997). Voici un cas émanant
d’un croyant, que j’ai personnellement rencontré :
� Mr. S. me dit avoir vu la Vierge Marie de manière
distincte (en plein jour, alors qu’il était dans un état de
conscience normale). Elle lui a apporté un message qui, dit-
il, avait une portée personnelle, puis elle a disparu. Il me
relate ces faits comme s’ils étaient presque ordinaires. Cela
lui semble normal étant donné sa piété. A noter qu’il n’a
parlé de cela qu’à deux ou trois membres de son entourage.
Un tel récit est extrêmement fréquent, malgré l’apparence.
S’attachant aux " grands cas ", l’attitude des experts est souvent
passionnelle. Le catholicisme reste prudent : dans les derniers
vingt-cinq ans, seules quatre apparitions ont été considérées
comme authentiques par leurs évêchés respectifs. L’autorité
ecclésiastique s’appuie sur la qualité du culte qui y est rendu, ainsi
que le contenu du message marial. Mais l’Eglise ne donne pas des
règles " a priori ". Le cas de sainte Thérèse d'Avila, par exemple, a
longtemps été contesté par les autorités religieuses.
Pour interpréter les apparitions, il est essentiel de se pencher sur
leur contexte. L'apparition de Lourdes, par exemple, est survenue
chez une jeune fille très éprouvée (famille très pauvre, mère
brûlée gravement, père rendu presque aveugle par un accident de
travail, elle-même restée asthmatique d’un accès de choléra).
Bernadette rentrait d’une intense préparation à sa Communion,
elle était donc dans une situation prédisposant au mysticisme.
Dans d’autres cas, le cheminement est plus clair encore : une des
visions mariales les plus connues en France, celle de " la rue du
Bac " (Paris, 1830) s’est produite chez une jeune fille très pieuse
qui se coucha, ce soir là, " convaincue que son saint patron
exaucerait son désir (d’apparition) " (McClure, op. cit. p. 25 sq.).
Comprendre le paranormal
21
De plus, elle vivait dans un ordre religieux qui espérait ardemment
un tel événement. Le caractère " miraculeux " des visions doit être
parfois ramené à des dimensions plus psychologiques, sans que
cela doive diminuer la sainteté des lieux et des personnes.
D’une manière générale, on peut remarquer que la Vierge Marie
est toujours apparue dans les pays où le catholicisme était bien
implanté, mais également dans des pays en crise.
Le cas, contemporain, de Medjugorje est particulièrement
significatif, dans l’ex-Yougoslavie, où des centaines de milliers de
fidèles affluent sans discontinuer, depuis 1981, plusieurs jeunes
visionnaires y voyant la Vierge d’une manière presque continuelle.
Or, l’Église vient de prendre une position négative et sans
ambiguïté. Sans mettre en cause la sincérité des jeunes voyants,
ni d’ailleurs interdire la dévotion populaire, elle n’accorde pas sa
caution.
2) Sainte Thérèse d’Avila " voit " le Christ
Sainte Thérèse est interrogée par son confesseur :
� " - Mon Père. Notre Seigneur se tient près de moi. [...]
- Comment le voyez-vous ?
- Mon Père, je ne le vois point. [...]
- Alors comment savez-vous que c'est le Christ ?
- Je ne sais comment, mon Père. Mais je sais que c'est lui.
[...] Une lumière éclaire l'entendement sans nous frapper en
tant que lumière. [...]
- Une lumière qui n'en est pas une ?
- Non, car son éclat n'éblouit point [...]
- Qui vous dit que c'est Jésus-Christ ?
- Il me le dit lui-même. Mais avant qu'il me le dise,
l'entendement en moi le sait déjà. " (cité par Auclair, 1960,
p. 109 sq.)
Comprendre le paranormal
22
Cette vision constitue une sorte de " savoir " immédiat, hors de
toute perception, car cette vision n’a aucun caractère
d’" extériorité ". Elle persiste souvent à l’identique, que le sujet ait
les yeux ouverts ou fermés. La vue n’est donc pas en cause.
D’ailleurs, personne ne voit l’apparition, en dehors du visionnaire
lui-même, comme d’ailleurs le confirment tous les cas où une foule
était rassemblée autour du visionnaire (Lourdes, Fatima... et
jusqu’à Medjugorje). Il ne s’agit pas non plus d’une croyance,
puisque les enregistrements électro-encéphalographiques révèlent
des tracés équivalents à ceux notés lors d’une perception
habituelle. Est donc fausse la définition habituelle de la vision :
" chose surnaturelle que voient ou croient voir certaines
personnes ".
3) Visions de défunts
A l'opposé de ces visions mariales qu'on entoure d'une large
publicité, d'autres sont singulièrement plus "intimistes", ce sont les
visions de défunts. Elles évoquent souvent l'hallucination, du fait
de la facilité à les interpréter suivant un mode psychanalytique :
Mme F. est hospitalisée pour une tentative d'autolyse
médicamenteuse importante, à la suite du décès de son mari.
Après la sortie du coma, elle apparaît très déprimée. Il est difficile
de tirer d'elle le moindre mot. J’administre un traitement
d'antidépresseur. Dans les entretiens, elle s'exprime lentement,
avec un langage pauvre, d'une manière que n'expliquent pas
entièrement les circonstances, et ceci malgré une intelligence
apparemment normale et un contact correct. Cela dure plusieurs
mois. Je découvre progressivement qu'elle est en fait gênée par un
secret très lourd, et qu'elle n'arrive pas à livrer. Elle finit par me
révéler que son mari décédé est en fait toujours là.
Tous les soirs, dit-elle, elle le retrouve, dans leur ancienne
Comprendre le paranormal
23
chambre. Il est près de la tête de son lit, debout, quasiment
immobile. Il n'apparaît pas hostile à son égard. Dans un premier
temps, elle hésite à se coucher et à s'endormir. Elle décide de
mettre son lit dans une autre pièce, et elle ne le voit plus. Mais,
avec le temps et devant l’absence de réaction de son " mari ", elle
revient dans sa chambre, et elle n'y prête plus attention.
Si elle m'en parle, semble-t-il, c'est qu'elle voudrait refaire sa vie,
et qu'elle imagine mal recevoir un homme sous les yeux de son
mari ! Elle finit par déménager. Après quelque temps de
tranquillité, il réapparaît dans le nouvel appartement. Ce n'est
qu'au bout de deux ans environ de présence quasi quotidienne
qu'elle ne le voit plus...
Que les veuves et veufs aient une vision de leur conjoint décédé
semble assez fréquent. Beaucoup n'en disent rien, pensant : "Plus
personne ne croit à ces choses-là."
Mais les manifestations de défunts ne se limitent pas aux visions
subjectives. Ils peuvent aussi se révéler de manière matérielle, au
travers de la transcommunication instrumentale en particulier.
4) Fantôme ? Une expérience troublante
Je reçois un jour un homme, qui se présente incapable de parler,
très angoissé. La famille ne comprend pas. Il venait d’arrêter une
psychothérapie, qui semblait bien se dérouler. Je décide de
l’hospitaliser pour lui donner un antidépresseur en perfusion. L'état
du patient s'améliore, mais trop lentement à mon goût. Il semble
extrêmement réticent. Je découvre peu à peu l'existence d'un
secret que le patient voudrait partager. Il me raconte son enfance,
très misérable, marquée par la déchéance de son père. Les
derniers mois de sa vie furent pénibles : le père gémissait sans
arrêt, même la nuit. On avait confié à mon patient la charge de
Comprendre le paranormal
24
s'en occuper. Ce n'est qu'après bien des entretiens qu'il me
raconte l'épisode qui suit :
Une nuit, il est réveillé par des cris d'horreur, il trouve son père
dans un état de panique, les yeux rivés sur la fenêtre. Les volets
ne sont pas fermés ; dehors, un visage affreux, grimaçant, de
taille beaucoup plus grande que nature, sans consistance
matérielle, mais plus dense qu'une simple vapeur. Ce phénomène
a duré, selon le patient, plusieurs minutes. Le lendemain, son père
lui demande : "Tu as vu, toi aussi ?" Le fils nie en bloc...
L'évocation de cette scène, trente ans après, le plonge dans
l’effroi.
Ce récit serait probablement resté enfoui si une collègue de travail
n'avait exercé sur lui un harcèlement sexuel pressant et durable.
Très rigoureux sur le plan moral, il s'est déprimé. Voyant cela, il
engage une psychothérapie qui lui fait brutalement revenir à la
mémoire cet épisode. Entendant cela, le thérapeute semble avoir
perdu pied. Il alterne, rapidement et sans le justifier auprès du
patient, divers traitements sédatifs, neuroleptiques et
antidépresseurs. Il pensait probablement avoir, par erreur,
déclenché des hallucinations graves. Cette attitude désarçonne le
patient, qui vient alors me consulter pour une hospitalisation.
Je prends alors le parti de dire au patient que de telles choses ont
été décrites dans des ouvrages (qu'il ne lira pas). Rassuré sur son
expérience, il révèle tout à sa femme, qui ne savait rien. Celle-ci
s'affole, m’appelle. Je lui dis ce que j’ai dit à son mari. Ne me
croyant qu’à moitié, elle téléphone au frère, puis à la sœur de son
mari, qui confirment les faits. Désemparée, la femme s'adresse à
moi... Je la rassure comme je l’avais fait avec son mari, et tout
rentre dans l’ordre.
Comprendre le paranormal
25
Une telle histoire montre qu’un thérapeute n’a pas besoin
d’attester la vérité d’une expérience, mais seulement de permettre
à la personne de ne pas se sentir " folle ". Les références à des
livres, même non lus, semblent avoir suffi…
5) Rêve, vision et cauchemar
Le rêve habituel n'est, habituellement, jamais confirmé par la
réalité. Il reste que certains rêves apparaissent d'emblée différent,
par leur tonalité, leur contenu, leur message. Voici une expérience
personnelle :
� Une nuit, alors que j’étais reçu à l’étranger, je fais un
rêve. Celui-ci me surprend d’emblée par sa tonalité
particulièrement brillante. Ma grand-mère (décédée plusieurs
années auparavant) est là, assise sur un canapé, immobile,
comme une apparition. Je me fais la réflexion, au sein même
du rêve : " Claude Lecouteux dit que l’apparition d’un mort
annonce généralement un décès. " Je crie alors à ma grand-
mère : " Dis-moi qui tu viens chercher. " Celle-ci reste
immobile. Je me dis alors : " Lempérière écrit que le sujet
n’est jamais dans un état de conscience normale quand il a
une hallucination visuelle, or il s’agit d’une hallucination, et
je suis dans un état normal. " Puis je me reprends, et
constate : " Non, je ne suis pas dans un état de conscience
normale, puisque j’ai une énorme pression sur les oreilles. "
Je me dis alors : " Par la pensée, je vais repousser cette
pression. " J’y parviens et constate que l’apparition s’est
effacée. Je me réveille alors. Je suis assez frappé, mais pas
vraiment inquiet. Habitué aux prémonitions, je me fais la
réflexion que si mort il y a, elle ne devrait pas frapper un
membre de ma famille. Je me rendors. A neuf heures, je
retrouve l’ami qui m’avait invité. Il me dit aussitôt : " Tu sais
Comprendre le paranormal
26
ce qui est arrivé cette nuit ? Le mari de ta gardienne est
mort, brutalement, à quatre heures du matin ! " Cette
femme avait été absolument charmante avec moi, elle
habitait au rez-de-chaussée.
Cet exemple, malgré ses paradoxes, appartient aux " songes ",
aux apparitions en rêve. Comme le dit Claude Lecouteux (1986, p.
86, et 1995a, p. 89), les peuples germaniques au Moyen âge
appellent ce type de rêve cauchemar ou " entité réveillant le
dormeur en l’oppressant ". L’évocation de Lempérière (1977, p.
28) est par contre inexacte, car sa remarque ne concerne que les
apparitions christiques et mariales.
Dans ce rêve, je parais mener un véritable raisonnement, comme
si j’assistais au rêve de l’extérieur. Je peux presque agir, à la
manière d’un " rêve éveillé ", chose souvent constatée dans ces
rêves qui laissent un souvenir particulièrement brillant (comme les
" rêves de vol ").
On peut remarquer que je ne me suis pas adressé à l’entité
comme je le faisais avec ma grand-mère. J’aurais agi comme avec
une " succube ", un démon féminin singeant un proche pour
tromper le dormeur. Selon certains auteurs anciens, il s'agirait
d'un " fantôme ", qui ne parle ni ne bouge, à l’inverse d’un
revenant qui peut se manifester bruyamment.
La discussion de la " matérialité " de l’apparition a toujours été
difficile. En Occident, nous nous rangeons derrière un point de vue
adopté très tôt par l’Eglise catholique : " Ce qui se manifeste, ce
n’est pas l’âme, mais la figure, la forme, l’aspect du défunt ",
comme le dit St Augustin, au IVème siècle de notre ère, ce qui est
conforme aux conceptions psychanalytiques.
Comprendre le paranormal
27
6) Réalité des apparitions
Depuis toujours, on s'interroge sur la réalité des apparitions. "La
Vierge est-elle vraiment venue à Lourdes, Fatima, Medjugorje..."
McClure fait remarquer que jamais la Vierge n'est apparue avec un
type sémite et un vêtement du début de notre ère, mais comme
une femme européenne habillée en blanc et bleu, d'une manière
presque stéréotypée.
Il reste qu'on ne peut rejeter d'un revers de main la réalité d'une
appartition. Dans le cas de Lourdes, par exemple, la simple illusion
peut être exclue. En effet, Bernadette, dans son comportement,
n'apparaît pas se conformer à l'attente du public. Elle va même à
son encontre : le 25 février, elle se mit en effet à gratter le sol, à
manger la terre qu'elle avait retirée, ainsi que quelques feuilles
d'une plante sauvage ! Devant le dégoût suscité par le geste, elle
dit que la Dame lui avait dit : "Va et bois à la source et lave-toi en
elle", puis : "Va et mange la plante qui pousse là." Curieusement
en effet, c'est à l'endroit même qu'elle avait gratté que, deux jours
plus tard, jaillit la célèbre source, point central du sanctuaire
actuel. Bernadette ne répond donc pas au cadre de la suggestion,
ni à rien d'approchant.
Souvent, quand on veut soutenir l’idée d’une " réalité " d’une
apparition, on remarque qu’elle concerne plusieurs personnes à la
fois. Or, souvent, celles-ci appartiennent, sinon à la même famille,
du moins au même village. Dans un tel contexte, des interactions
émotionnelles fortes s’installent presque automatiquement, par
contagion affective.
A Medjugorje, dans l’ex-Yougoslavie, des centaines de milliers de
fidèles affluent sans discontinuer, depuis 1981, plusieurs jeunes
visionnaires y voyant la Vierge d’une manière presque continuelle
(cf Laurentin, Rupcic). Des experts médicaux ont observé les
Comprendre le paranormal
28
enfants, et ont noté la synchronisation des
électroencéphalogrammes et des regards des visionnaires. Une
transmission d’informations habituelles étant exclue, peut-on faire
appel à des échanges incluant des perceptions sensorielles
subliminales, une contagion affective, à côté de perceptions extra-
sensorielles ? Ceci expliquerait que les visionnaires "voient" la
même chose.
Ceci étant dit, l’Église catholique vient de prendre une position
négative et sans ambiguïté (cf Bouflet, Boutry). Sans mettre en
cause la sincérité des jeunes voyants, ni d’ailleurs interdire la
dévotion populaire, elle n’accorde pas sa caution.
La vision dépasse largement le champ de l’hallucination, même si,
dans certains cas au moins, il est difficile de les distinguer.
7) Hallucination et réalité
Pour le médecin, l'hallucination est une "perception sans objet".
L'hallucination concerne au premier chef la folie (psychoses
hallucinatoires) et des intoxications (alcool, drogues
hallucinogènes). Mais elle peut survenir dans un état proche du
normal : fatigue extrême, privation de sommeil, à moins que ce
soit la classique "image hypnagogique", ces visions que nous
percevons alors que nous plongeons dans le sommeil. En d'autres
termes, elle ne correspond à aucune réalité, quelle qu'elle soit.
Est-ce toujours le cas ?
Or, tout comme les rêves et les apparitions, il arrive que certaines
"hallucinations" se trouvent bizarrement confirmées par la réalité.
Voici un cas qui m'a été relaté :
� Une nuit, une de mes collègues et amies a vu, dit-elle,
apparaître le Christ, alors qu'elle ne rêvait pas. Il a engagé
Comprendre le paranormal
29
une conversation avec elle. Il lui était alors évident que si
elle ne répondait pas à ses questions elle mourrait. Le
lendemain, lors d'une promenade dans les gorges du Tarn,
en prenant une photographie, elle s'est trop reculée, faisant
une chute de dix mètres. Au cours de cette chute, qui lui a
semblé durer très longtemps, elle dit avoir vu un paysage
particulier : des pâturages d'un vert tendre où paissaient des
vaches. Malgré la hauteur, elle n'a souffert que de fractures
bénignes. Elle pense encore actuellement que si elle n'avait
pas répondu à l'apparition elle serait morte.
Il s'agit de ce qu'on appelait, dans les temps anciens, un
cauchemar. Ce mot signifiait "entité, esprit, provoquant des
mauvais rêves" (ou "spectre nocturne"). Le revenant, ou l'entité,
apparaissait en songe et annonçait l'avenir, souvent une menace ;
l'interprétation de ces songes, était pris alors très au sérieux,
participait de la vie de la communauté. Ma collègue dit qu'elle ne
rêve pas, mais l'impression d'être éveillé est parfois trompeuse.
Sur le plan théologique, il n'est pas envisageable de penser que le
cauchemar de mon amie mette en jeu le Christ. Il n'a jamais
menacé de mort celui qui ne pourrait lui répondre. Il s’agirait de ce
qu’on appelait un " incube ", un démon masculin dont l’apparence
est trompeuse.
Ma collègue relate, durant sa chute, une autre réalité. Cette chose
est connue. Albert von Sankt Gallen Heim en a étudié une
centaine. Leur trait commun : "Il n'y avait ni anxiété ni trace de
désespoir, ni douleur, mais plutôt un sérieux plein de calme et une
acceptation profonde. [...] La personne qui avait fait une chute
entendait souvent une musique très belle et tombait dans un ciel
superbement bleu, rempli de nuées en forme de rosaces..."
Comprendre le paranormal
30
Osis et Haraldson, étudiant les expériences proches de la mort (ou
NDE) disent ainsi que, sur près de six cents avaient vu des êtres
humains, environ cent vingt avaient eu des visions de paysages
paradisiaques, enfin un peu moins de deux cents n'avaient pas eu
de visions mais avaient atteint une parfaite sérénité.
8) Transcommunication instrumentale, Images de défunts
a) Transcommunication
On appelle " transcommunication instrumentale " le fait qu’un
défunt se manifeste par un instrument. Le père François Brune a
écrit " Les morts nous parlent ", un ouvrage qui fait une recension
très complète de la littérature française et allemande sur le sujet :
une image de visage apparaît sur l’écran de télévision, une voix se
fait entendre à la radio, alors qu’ils ne devraient rien diffuser.
L’auditeur reconnaît un proche décédé, qui manifeste ainsi sa
survie au-delà de la mort.
Les critiques font remarquer qu’il s’agit souvent d’appareils
anciens dont la
syntonisation n’est
plus très précise. Un
témoin croyait
entendre une
musique d’outre-
tombe alors qu’il
s’agissait de la
radiodiffusion du
Miserere d'Allegri.
Ailleurs la soi-disant image d’un proche se révélait être celle d’un
personnage politique émise par une station lointaine.
Comprendre le paranormal
31
Il reste cependant quelques cas troublants. L’un d’eux m’a été
communiqué, enregistré à partir d'une caméra de surveillance
fonctionnant en continu. Un jour, visionnant la bande, l’intéressé
constata, durant quelques secondes, une silhouette fantomatique
blanchâtre, paraissant se déplacer sans contact avec le sol.
b) Images de défunts (ou d’esprits)
Parfois des visions, en particulier celle ayant trait à des boules
lumineuses, laissent une trace sur la pellicule. Il arrive même
qu’un cliché (photo, cinéma) révèle une image lumineuse
paradoxale alors même que les intéressaient n’avaient fait que
pressentir une
apparition.
La photo ci-contre est
tirée de l'ouvrage de
Rose Morandière (que
j'ai rencontrée
personnellement, et
qui m'a dit des choses
fort intéressantes et
juste sur mon propre
avenir). Cette photo montre des lignes sinueuses, traces de
lumières qui se seraient déplacées durant la réunion de qu'elle
animait (Noël 1976). Je n'ai pas, pour ma part, d'explication, à
ceci près que de telles manifestations me posent problème sur le
plan théorique .En effet, pour moi, le paranormal est lié aux
couches profondes de notre Mental. A ce niveau, nous serions en
contact avec les lois de la nature et éventuellement l'Outre-
monde. Il n'y a cependant aucune raison que des appareils, quels
qu'ils soient, aient cette possibilité. Cependant, on peut penser
que, dans certains cas, notre esprit ait la faculté d'imprimer la
Comprendre le paranormal
32
pellicule. Jean-Pierre Girard en a fait la démonstration à plusieurs
reprises.
9) Photographies de "corps subtils"
Parfois, la photographie révèle une tache lumineuse qui ne
correspondait à aucune perception
visuelle.
La photo ci-contre est tirée de
l'ouvrage de Rose Morandière (que
j'ai rencontrée, et qui m'a fait une
forte impression !). A ce moment-là,
elle est restée durant près de deux
mois dans ce qu'elle m'a décrit
comme un sommeil extatique (ou
extase). Selon le commentaire de
l'ouvrage, il s'agirait de la
manifestation de son "corps astral",
un des "corps subtils" qui
entourerait notre corps physique et qui serait susceptible de s'en
détacher ("voyage astral").
Qu’en penser ? Tout comme pour les images des défunts, je
penserait plutôt que, dans certains cas, notre esprit ait la faculté
d'imprimer la pellicule.
D- L'action de la pensée sur la matière
L'action de la pensée sur la matière comprend deux "grands
chapitres".
Comprendre le paranormal
33
1/ Le premier fait l'objet de recherches scientifiques, en
laboratoire ou non. On groupe ces manifestations sous le terme de
" psychokinèse " (en anglais " PK " pour " Psycho Kinesis "). Dans
ce registre, on différentie :
- la psychokinèse proprement dite, reconnue comme telle,
délibérée, " volontaire " et
- les poltergeists (mot issu de l’allemand et qui signifie " esprit
bruyant ") les manifestations " sauvages ", involontaires, parfois si
difficiles à interpréter qu’on les attribue à un " esprit ", issu de
l’Au-delà. On l’associe alors parfois à un éventuel fantôme identifié
dans les parages.
2/ Un chapitre beaucoup plus vaste, mais d'un abord difficile sur le
plan de la recherche et ce qu'on groupe sous le terme d'"action de
la pensée sur l'environnement". Dans ce registre, on peut identifier
la réalisation de souhaits, mais aussi de craintes... et d'une
manière tout ce qui peut concerner notre interaction consciente ou
non sur ce qui nous entoure. L'aspect "paranormal" est ici
beaucoup plus difficile à définir.
E- La psychokinèse
La psychokinèse est, étymologiquement, la capacité de faire
bouger des choses directement par l’esprit. Dans l’usage, on
réserve ce terme aux phénomènes contrôlés, où le sujet exerce,
plus ou moins sciemment, ses facultés, et on l’oppose aux
"poltergeists" (les "esprits frappeurs") quand les phénomènes
apparaissent spontanés et désordonnés. En effet, la plupart de ces
cas ont pu être attribués, non à esprit immatériel, mais au
fonctionnement psychologique d’un être humain, classiquement
une jeune fille à l’âge de la puberté.
Comprendre le paranormal
34
La psychokinèse peut être spontanée. Elle est plus fréquente qu'il
n'y paraît, beaucoup de cas ne sont pas ébruités. En effet, si la
télépathie et la voyance sont actuellement bien acceptées, la
faculté d'agir sur les faits matériels a encore de grands relents de
sorcellerie.
Etant fréquente, la psychokinèse a fait l’objet de nombreuses
recherches expérimentales. Celles-ci ont démontré le caractère
observable de la psychokinèse, mais les résultats ne sont
décelables qu'au prix d'analyses statistiques poussées. On est loin
de l'évidence des cas spontanés, et plus encore des poltergeists.
1) Psychokinèses spontanées
Comme le font remarquer nombre d’auteurs, la " chance " ne
serait-elle pas la forme la plus courante de psychokinèse ? De tels
phénomènes sont en effet souvent méconnus, même pour
l’intéressé accoutumé au paranormal :
Mme U., dont je connaissais les dons de voyance, me disait ne
plus supporter son interaction avec les appareils électriques. Un
jour elle m'appela au téléphone, elle riait : elle n'avait plus besoin
de télécommande pour sa télévision ! Dès qu'elle entrait dans son
salon, celle-ci s'allumait, et s'éteignait quand elle partait.
J'entrepris de la rassurer, alliant le conseil et une approche quasi
psychothérapique. Elle raccrocha, pour me rappeler quelques
instants après : je l'avais bien calmée, et les appareils ne
s'allumaient plus. Les phénomènes cependant se reproduisirent.
Son mari, chef d'entreprise, homme pragmatique s'il en est, me
déclara, bien plus tard, qu'il serait souhaitable que je fasse
quelque chose pour sa femme, il ne supportait plus de ne pas
pouvoir se raser tranquille en sa présence : la lampe de la salle de
bains clignotait dès qu'elle entrait !
Comprendre le paranormal
35
Si Mme U. n'était pas accoutumée au paranormal, et qu'elle n'eût
pas affaire à un psychiatre, on aurait déjà parlé d'esprit frappeur.
Elle a d'emblée conscience d'un chaos intérieur, d'un conflit brutal
de tendances contraires, et de sa relation avec ces manifestations
anarchiques. L'harmonisation de ces tendances provoque la
disparition des faits.
On peut exclure une explication électrique. D’ailleurs, la
psychokinèse peut porter sur des phénomènes tout autres,
associés aux précédents ou isolés, comme chez Willi Schneider,
âgé de dix-huit ans. Le cas est relaté par l'écrivain Thomas Mann
(1977), qui en a été témoin :
"La machine à écrire, posée là-bas par terre, commence à
cliqueter... Qui tape à la machine ? Personne... Les extrémités de
Willi sont maintenues. Avec son bras, à supposer qu'il pût libérer
son bras, il n'atteindrait pas la machine, du pied non plus… [...]
Déjà la ligne est achevée, on entend le chariot repoussé
bruyamment... [...] Mais, quand on regarde la feuille, il n'y a
qu'une suite sans signification de lettres minuscules et
majuscules..."
2) Psychokinèse expérimentale
La plupart des recherches scientifiques sur la psychokinèses se
sont orientées vers des analyses statistiques, étudiant l’effet de la
pensée sur des processus aléatoires, comme les tirages de carte
(avec Rhine, par exemple), la chute d’une balle dans une
" cascade mécanique aléatoire " (ou RMC, Nelson, cité par
Broughton, 1995, p. 243), le déplacement aléatoire d’un petit
robot (le tychoscope, Peoc’h, 1995) ou encore un phénomène
comme la période d’un corps radioactif (Schmitt, cité par
Broughton, id., p. 223). D’autres travaux étudièrent les effets de
la pensée sur la structure de la matière : Uri Geller, sous contrôle
Comprendre le paranormal
36
scientifique, rendit des cuillères " molles comme du chewing-gum
(Panati, cité par Broughton, p. 213)...
3) Peut-on croire Uri Geller ?
Uri Geller s’était rendu célèbre, dans années 70 par
d’innombrables expériences réalisées devant le public et qui
consistaient, en particulier, en des torsions de cuillères. On l’a pris
un jour à frauder, et il en a été déconsidéré. Mais qu’en penser
aujourd’hui ? Il s’est, semble-t-il, reconverti dans la recherche
pétrolière (utilisant la voyance sur plan en particulier) et en vivrait
fort bien.
Plutôt que d’épiloguer sur l’existence ou non de ses facultés, je
préférerais renvoyer à une anecdote qui m’a été racontée par
l’intéressé :
� À l’époque où Uri Geller officiait, un ami prestidigitateur
avait pensé pouvoir le ridiculiser. Lors d’une émission
télévisée, en accord avec le présentateur, il s’était fait
présenter comme un puissant médium. Il avait alors effectué
des torsions de cuillères, utilisant différents tours
d’illusionnisme classique. Mais aussitôt le téléphone du
studio se mit à sonner. Des auditeurs appelaient affolés :
regardant l’émission, ils avaient cherché, comme ils le
faisaient avec Uri Geller, à tordre eux-mêmes les cuillères.
Celles-ci s’étaient effectivement tordues, mais le phénomène
s’était étendu à d’autres objets, et cela devenait
catastrophique. Ils appelaient à l’aide.
Comment interpréter cette anecdote ? Dans le paranormal, il n’y a
pas d’observateur neutre. Le spectateur participe au phénomène,
qu’il le veuille ou non. L’"acteur" de ce processus semble ici
l’auditeur lui-même. Sur les centaines de milliers qu’ils étaient à
Comprendre le paranormal
37
regarder l’émission, de simples considérations statistiques
expliquent la révélation de sujets "doués". La puissance
d’évocation et de conviction du petit écran aurait fait jouer
fortement l’activité mentale de ces auditeurs, les orientant dans un
sens spécifique. Ces capacités étaient restées ignorées, rien
n’étant venu les susciter auparavant. De tels "artefacts" sont
redoutables, des personnalités fragiles pouvant sombrer devant
des faits dont la réalité est parfois incontestable.
Uri Geller suscitait, lui aussi, de tels phénomènes. On voit qu'il
n'était pas nécessaire qu'il ait de réels "pouvoirs".
F- Les poltergeists
"Poltergeist", en allemand, signifie "esprit bruyant". On réunit sous
ce nom un certain nombre de phénomènes, dès lors qu'ils ne sont
pas explicables par les moyens habituels : coups frappés, bruits
divers, déplacements, apports, disparitions d'objets, etc. Le terme
même d'esprit renvoie à l'idée d'une entité indépendante. Mais on
parvient souvent à identifier un auteur, ce qui fait rentrer le
processus dans la psychokinèse. L'usage prévaut cependant de
parler de poltergeist (pour un exemple, ) chaque fois que le
processus est mis en oeuvre de manière "sauvage", spontanée,
incontrôlée, et de psychokinèse dans les autres cas.
Comprendre le paranormal
38
L’hypothèse d’un poltergeist est fréquemment soulevée, mais
rarement vérifiée (le poltergeist d’Arcachon). Généralement, une
explication naturelle vient à bout de ces énigmes, mais ce n’est
pas toujours le cas.
Le sujet "répand au dehors" son énergie, comme s’il avait cassé un
objet. Le conflit intérieur, étant ainsi révélé, se résout comme
après une séance d’analyse. Dans le poltergeist, l’émotion,
s’exprimant de manière brutale, sauvage, atteint une puissance
que n’aurait jamais une psychokinèse ou une simple réalisation de
souhait.
Pour aller contre ces manifestations et "guérir d’un poltergeist", il
faut être un " catalyseur " de l’émotion du groupe.
La psychokinèse et le poltergeist illustrent l’action directe de la
pensée sur les faits. Ces manifestations évoquent des pulsions
inconscientes, difficilement contrôlables. Pour chaque individu,
elles ont une allure assez spécifique, utilisant préférentiellement
des voies déjà ouvertes : l’un fera tomber des pierres ou des
Comprendre le paranormal
39
clous, l’autre fera fonctionner des appareils électriques d’une
manière désordonnée... L’aspect anecdotique de ces
manifestations souligne, si besoin était, le désordre intérieur de
ces personnes, au moins lors des faits. A l’inverse, on ne notera
généralement pas de telles manifestations chez le sage ou le saint,
dont l’équilibre inconscient s’illustrera dans des actions sur la
matière cohérentes, riches et utiles.
1) Le poltergeist d’Arcachon, une habile manipulation
Le cas de la clinique d'Arcachon a défrayé la chronique, surtout
quand l'émission "Mystère" en a fait un reportage très
impressionnant à son sujet. Malheureusement, il ne s'est rien
produit de sérieux à cette époque là, d'après l'enquête très
poussée que l'un de nous a fait auprès des survivants, et l'un
d'entre eux en particulier, l'ancienne directrice elle-même. Celle-ci
est restée en contact avec de nombreux membres de son équipe,
et les avait intérrogés dès l'époque du tournage. Elle a
recommencé depuis, lors de notre enquête, ce qui a encore
confirmé on point de vue.
Il apparaît que le Docteur Cuénot a été manipulé par la seconde
des jeunes filles, soi-disant auteur des poltergeists, jeune fille qu'il
connaissait lui-même comme étant "hystérique".
Il est à noter que les éléments que nous relaterons ici étaient
connus de l'équipe de l'émission "Mystère", puisque cette
directrice, lorsqu'ils ont interviewé, leur a fait part de tous ses
doutes. Mais ils ont coupé son témoignage de manière à en
inverser le sens. Aucune menace de poursuite judiciaire ne les a
empêché de diffuser l'émission !
Voici ce qu'en disait le Dr Cuénot (Revue métapsychique, juin
1966), propriétaire depuis vingt-trois ans de l'établissement où
Comprendre le paranormal
40
eurent lieu les prétendus faits. De plus, le Pr Robert Tocquet
(1974, p. 102 sq.), éminent spécialiste du paranormal, a
personnellement enquêté sur ce cas, mais il n'a été témoin que
d'un seul élément, relaté ci-dessous, des coups frappés sur la
porte qu'il tenait :
� De la mi-mai jusqu'au début septembre 1963, la Clinique
orthopédique d'Arcachon fut harcelée par la projection de
cailloux, de morceaux de moellons et de fragments de
briques dont l'origine est demeurée inconnue. [...] Pendant
cette période, les malades, la plupart allongés sur des
voitures, reçurent approximativement deux à trois cents
cailloux de tous calibres. [...] Les trajectoires des pierres, la
direction du tir, la vitesse, le nombre et la nature des
projections furent très variables. L'horaire fut, lui aussi, très
capricieux [...], mais particulièrement à la nuit tombante.
Jamais il n'y eut de malades blessés et si deux d'entre eux
furent touchés, ils ne le furent que très légèrement. La seule
condition, apparemment nécessaire et suffisante, était la
présence dans les parages de Jacqueline R., âgée de dix-
sept ans, ce qui autorisait tous les soupçons la concernant
[comme agent du phénomène]. Mais, malgré l'étroite
surveillance de la part des autres malades, jamais rien dans
ce sens ne put être mis en évidence. Au contraire [...] elle
fut lapidée copieusement. [...]
Le Dr Cuénot signale que la chute des pierres commença au
moment où le personnel et les malades de la clinique
apprirent que celle-ci allait être fermée ou vendue. A cette
époque, une malade, Angélina M., était très visée par les
cailloux. Ce n'est qu'après le départ d'Angélina (le 7 juillet)
que Jacqueline prit en quelque sorte le relais. [...] Les chutes
de cailloux devinrent de plus en plus fréquentes avec une
Comprendre le paranormal
41
prédilection toujours marquée pour l'environnement de
Jacqueline... Il lui suffisait de se trouver quelques minutes
en un lieu quelconque des terrasses extérieures pour que les
cailloux se mettent à tomber autour d'elle. Si elle s'absentait
de la clinique, les jets de pierre cessaient. Dès qu'elle
réapparaissait, ceux-ci reprenaient après une latence de cinq
à dix minutes à chaque fois. En même temps le poids, la
force et le nombre des pierres lancées sur les malades
augmentèrent rapidement pour devenir inquiétants en juillet
et en août : certains jours, il y en eut une trentaine. "
Robert Tocquet, envoyé sur place pour enquêter, s'installe (en
septembre) dans la chambre contiguë à celle de Jacqueline. Il
écrit :
� " Au cours de la première nuit que je passai dans cette
chambre, à 4 heures du matin exactement, quatre coups,
relativement violents, séparés par des intervalles de cinq à
six secondes, furent frappés à la porte de ma chambre. Au
troisième coup, je me levai et j'ouvris brutalement la porte
qui donnait sur un couloir parfaitement éclairé par des
lampes électriques. Personne ne s'y trouvait. C'est alors que
retentit le quatrième coup comme s'il avait été produit par
un poing invisible, cependant que je sentais vibrer la porte
que je tenais de la main gauche. "
Nous pensions disposer ici d’un témoignage de première main,
donné par deux observateurs scientifiquement reconnus. Le cas
aurait été particulièrement intéressant, car il mettait en œuvre
deux jeunes filles, se succédant l'une l'autre sans intervalle dans le
même établissement (et qui plus est dans la même chambre). Cela
aurait été très étonnant, puisqu'il est statistiquement exclu que le
hasard ait ainsi réuni deux sujets présentant tous deux des
Comprendre le paranormal
42
capacités aussi fortes et aussi rares. Si on élimine l’idée d’un
" esprit ", on aurait été conduit à faire intervenir le personnel de la
clinique et les autres patients. Ceux-ci auraient quasiment "dicté
un rôle" aux deux jeunes filles.
Par contre, l'hypothèse psychologique que je développais dans les
versions précédentes de cette page reste vraie, aussi je contiuerai
à la mentionner. Il aurait été vraisemblable que la première
malade, Angélina, avait pu provoquer une chute de pierre, qui
aurait pu même avoir eu une origine normale. En effet, les
personnes présentes étaient dans une situation psychologique fort
instable : l’établissement allait fermer, les patients devaient donc
quitter un lieu où ils se trouvaient bien ; les membres du
personnel étaient inquiets pour leur emploi. La rumeur a donc
trouvé un terrain particulièrement favorable à la diffusion d'une
histoire de poltergeist.
Le Dr Cuénot remarque, durant son enquête : "J’ai pu noter cette
espèce de refus systématique qui est presque l’inverse d’une
suggestion collective : tout le monde se refusant à admettre une
explication irrationnelle, puis, devant l’impossibilité d'une
interprétation, s’efforçant de ne plus y penser en s'abstenant de
tout commentaire. " (ibid., p. 105). Certes, cela n'excluait rien, car
les psychanalystes savent qu’un refus conscient peut masquer
l’inverse, au niveau inconscient (et j'ai un curieux cas personnel à
ce propos), mais on peut aussi trouver une explication plus simple
encore : il ne s'était rien passé d'anormal !
Un tel cas invite à la prudence, surtout que souvent les
poltergeists ont pour cadre une situation psychologiquement
instable... Il faut se méfier de tout le monde, y compris des
scientifiques ! Mais, ce qui caractérise la science, c'est qu'elle
Comprendre le paranormal
43
reconnaît ses erreurs. Il importe ici de le faire, et de diffuser très
largement l'information.
2) Le poltergeist de Rosenheim
L’exemple le plus célèbre est probablement celui étudié par Hans
Bender (professeur à Fribourg, en Allemagne), connu sous le nom
du "poltergeist de Rosenheim". En voici le récit, tiré de Broughton,
p. 287.
"Par un matin froid de novembre 1967, la plupart des employés de
l'avocat Sigmund Adam se trouvaient déjà au travail dans son
étude de la ville bavaroise de Rosenheim. Une des dernières
personnes à arriver fut Anne-Marie Schneider, une secrétaire de
dix-huit ans récemment embauchée. Elle entra dans le hall et ôta
son manteau. Alors qu'elle passait sous une lampe suspendue,
celle-ci se mit à se balancer, mais la jeune fille ne remarqua rien
du phénomène. Elle se dirigea vers le vestiaire, et le mouvement
de la lampe s'amplifia. Soudain l'ampoule du vestiaire se mit elle
aussi à se balancer. Un employé qui l'avait surveillée à son entrée
lui lança : " Achtung ! Die Lampe ! " Anne-Marie se courba et
releva son manteau pour se protéger. Un instant plus tard,
l'ampoule située dans le hall explosa, projetant une pluie d'éclats
de verre dans la direction d'Anne-Marie. Le balancement du fil
cessa, et avec quelques mots de remerciements à l'employé qui
l'avait mise en garde, Anne-Marie prit un balai pour ramasser le
verre. Les autres membres du bureau se replongèrent dans leur
travail. Ils étaient habitués maintenant.
Néanmoins l'avocat était à bout de nerfs. Son bureau subissait une
autodestruction rapide et ses affaires ralentissaient
considérablement. Les tubes fluorescents fixés au plafond
tombaient sans cesse en panne. Une fois, il se produisit une forte
détonation et tout l’éclairage s’éteignit tout d’un coup. Lorsque
Comprendre le paranormal
44
l'électricien, grimpé sur son échelle, examina les tubes au néon, il
s'aperçut que ceux-ci avaient tourné de 90 degrés dans leur
logement, interrompant la connexion électrique. À peine les avait-
il tous remis en état de marche qu'un autre bruit violent se fit
entendre et que les lumières s'éteignirent toutes à nouveau. Même
lorsqu'elles n'étaient pas allumées, les ampoules à incandescence
explosaient sans que le filament soit endommagé. Les plombs
sautaient sans raison apparente, et parfois s’éjectaient tout seuls
de leur logement. Les dysfonctionnements du téléphone étaient
particulièrement graves. Les quatre combinés sonnaient en même
temps sans qu'il y eût personne à l'autre bout du fil. Les
conversations téléphoniques étaient souvent interrompues pendant
de courtes périodes, ou coupées carrément. Les factures de
téléphone atteignirent des montants aberrants, et nombre de
numéros jamais appelés étaient facturés. Le liquide de
développement, dans les machines à photocopier, jaillissait
fréquemment de son réservoir sans que l'engin fût touché.
Tout d'abord, Adam et ses employés soupçonnèrent une déficience
du système électrique. Des ingénieurs de la centrale électrique
municipale et du bureau de poste (qui s'occupait du système
téléphonique) furent appelés, et un équipement de contrôle
installé sur les lignes électriques afin de détecter tout changement
d'intensité du débit. Ces appareillages enregistrèrent de très
importantes fluctuations du débit, qui coïncidaient souvent avec
les phénomènes observés. On déconnecta l'étude de l'alimentation
électrique municipale et l'on apporta une batterie de secours
devant fournir un courant " sans perturbation ". Les écarts
d'intensité de courant et les phénomènes continuèrent.
Des appareils d'enregistrement furent également branchés sur les
téléphones pour garder trace de tout appel émanant des bureaux.
Presque dès leur mise en fonction, ils enregistrèrent des appels
Comprendre le paranormal
45
envoyés des bureaux alors que personne n'utilisait le téléphone.
Les enregistrements révélèrent un nombre considérable d'appels à
l'horloge parlante (qui en Allemagne n’est pas un service gratuit),
souvent six par minute. Le 20 octobre, quarante-six appels à
l'horloge parlante en quinze minutes furent enregistrés. [...]
Le professeur Hans Bender de l'université de Fribourg, enquêteur
chevronné en matière de poltergeists, arriva en compagnie de
quelques collègues le premier décembre. Une semaine plus tard,
ils furent rejoints par deux physiciens de l'Institut Max-Planck
spécialistes de la physique des plasmas, F. Karger et G. Zicha, qui
commencèrent à chercher des anomalies dans l'installation
électrique et téléphonique. L'équipe de Bender remarqua
rapidement que les phénomènes inexpliqués et les perturbations
de puissance ne se produisaient que durant les heures de travail.
Il devint également très vite évident que tous ces phénomènes
avaient pour centre la personne d'Anne-Marie. Souvent, la
première anomalie enregistrée par le matériel de surveillance se
produisait au moment où Anne-Marie franchissait le seuil des
bureaux le matin. Bender supposa qu'il s'agissait d'un cas de RSPK
dont la jeune fille était l'agent.
Dès leur arrivée, Karger et Zicha entreprirent d'examiner les
sources d'alimentation. Le 8 décembre, ils adjoignirent des
équipements supplémentaires à ceux déjà en place. Entre 16 h 30
et 17 h 48 ce jour-là, l'appareillage enregistra quinze variations
brusques du débit à intervalles irréguliers. À peu près au même
moment, des craquements très forts se firent entendre, similaires
à ceux qu'auraient produits des étincelles géantes, cependant
chaque variation électrique ne s'accompagnait pas
systématiquement de ces manifestations sonores. Tous les bruits
furent enregistrés sur un magnétophone. On ajouta encore des
appareils pour mesurer le potentiel électrique et le champ
Comprendre le paranormal
46
magnétique près des enregistreurs, ainsi que l'amplitude sonore
dans les bureaux. Sur la base de leurs recherches, les physiciens
jugèrent qu'ils pouvaient éliminer comme causes plausibles les
variations dans l'alimentation électrique, les voltages démodulés à
haute fréquence, les charges électrostatiques, les champs
magnétiques statiques externes, les effets ultrasoniques ou
infrasoniques (y compris les vibrations), les branchements
défectueux ou des défauts de fonctionnement des appareils
enregistreurs et, finalement, une intervention manuelle.
Lorsque Bender eut exposé sa conviction que les perturbations
étaient dues à la PK, l'activité de poltergeist s'intensifia. L'équipe
de Bender ainsi que les ingénieurs de la compagnie d'électricité et
les officiers de police virent des assiettes décoratives sauter des
murs et des tableaux se balancer et même tourner autour de leur
crochet d'attache. Bender captura sur bande vidéo les lampes qui
oscillaient et les bruits de détonation, mais il ne put enregistrer les
mouvements des tableaux. Un autre enquêteur, utilisant leur
équipement, put enregistrer un tableau effectuant une rotation de
320 degrés sur son axe. L'équipe de Fribourg observa des tiroirs
s'ouvrant d’eux-mêmes et des documents qui se déplaçaient seuls.
Certains tiroirs s'éjectèrent complètement des meubles. Par deux
fois, un classeur de quelque 150 kilos s'écarta du mur d'une
trentaine de centimètres. Tandis que se produisaient ces
phénomènes, les enquêteurs notèrent qu'Anne-Marie était de plus
en plus nerveuse. Finalement elle manifesta des contractions
hystériques des bras et des jambes. Lorsqu'elle partit pour prendre
une période de repos, les phénomènes cessèrent aussitôt. Peu
après elle trouva un emploi ailleurs, et l'avocat ne connut plus
aucune difficulté. Dans les bureaux où travaillait désormais Anne-
Marie quelques perturbations se produisirent, mais moins
spectaculaires et qui cessèrent avec le temps.
Comprendre le paranormal
47
[...] Sur plus de trente-cinq cas qu'il avait étudiés, le professeur
Bender a toujours affirmé que celui de Rosenheim était le plus
impressionnant."
4) Guérir d’un poltergeist
Le guérisseur dit à la famille : " Si vous n’y croyez pas, je ne peux
rien faire. Pour que je puisse l'arrêter, il faut absolument que tout
le monde ici y croie. " (Michelet, id., p. 54). Il a compris,
intuitivement, le processus. " Adhérer au discours des victimes
n’est pas simplement une tactique destinée à rassurer. [... C’est]
la condition sine qua non de l'action [des guérisseurs]. " (id., p.
42).
L’observateur fait partie intégrante du processus. S’il s’affole, il
encourage le processus. S’il intervient sans crainte, imposant son
calme, il l’amenuise et le fait disparaître. Son efficacité tient à son
propre vécu, plus qu’à une conviction d’ordre psychologique : il dit
souvent posséder un " secret venu des ancêtres ". C’est, pour lui
une manière d’entrer dans le processus : utilisant les mêmes
références que les victimes, il crée alors avec elles une symbiose,
moteur fondamental du retour au calme. A contrario, l’observateur
scientifique est mal placé : sa nécessaire froideur, glaçant les
protagonistes, stoppera le processus avant qu’il arrive, à moins
qu’il participe, à son insu, à son entretien. Le religieux doit croire
au Diable s’il veut agir, il ne doit pas se parer des plumes du
psychanalyste. Trop l’ont oublié.
4) L’armoire qui craque
(Jung, Ma vie, p. 182 sq.)
Quand on parle de "poltergeist", de manifestation sauvage de la
psychokinèse, on image souvent une jeune fille à l'âge de
Comprendre le paranormal
48
l'adolescence, au psychisme instable. Il est donc d'autant plus
intéressant de présenter un cas qui met en jeu un psychiatre,
psychanalyste et, de surcroît, très célèbre. Voici en effet un
épisode significatif qui s'est situé dans la vie de Jung. Il date du 25
mars 1909 et prit place dans la maison de Freud. On peut le
classer parmi les "poltergeists" :
" Quelques années s’écoulèrent avant que Freud reconnût le
sérieux de la parapsychologie [...]. Tandis que Freud exposait ses
arguments, j’éprouvai une étrange sensation : il me sembla que
mon diaphragme était en fer et devenait brûlant, comme s’il
formait une voûte brûlante. En même temps un craquement
retentit dans l’armoire-bibliothèque qui était immédiatement à
côté de nous, de telle manière que nous en fûmes tous deux
effrayés. Il nous sembla que l’armoire allait s’écrouler sur nous.
[...] Je dis à Freud : " Voilà ce que l’on appelle un phénomène
catalytique d’extériorisation. " - " Ah ! dit-il, c’est de la pure
sottise ! " - " Mais non, répliquai-je, vous vous trompez, Monsieur
le Professeur. Et pour vous prouver que j’ai raison, je vous dis
d’avance que le même craquement va se reproduire. " Et, de fait,
à peine avais-je prononcé ces paroles que le même bruit se fit
entendre dans l’armoire. J’ignore encore aujourd’hui d’où me vint
cette certitude. Mais je savais parfaitement bien que le
craquement se reproduirait. Alors, pour toute réponse, Freud me
regarda, sidéré. Je ne sais pas ce qu’il pensait ni ce qu’il voyait. Il
est certain que cette aventure éveilla sa méfiance à mon égard ;
j’ai le sentiment que je lui avais fait un affront. Nous n’en avons
jamais plus parlé ensemble. "
G- Autres actions de la pensée sur la matière
L'action de la pensée sur la matière est un sujet très vaste et aux
connotations très diverses. A côté de la psychokinèse, que nous
Comprendre le paranormal
49
venons de voir, il faut parler de la "réalisation de souhaits". On se
borne souvent à la constater avec étonnement, ou avec angoisse
quand il s'agit de réalisation de craintes.
Dans le cadre religieux, on situe cette action dans le cadre de la
prière, même si cette prière, dite "active" ou "utilitaire" est
souvent réprimée par les prêtres comme étant une forme
abâtardie de la "vraie" prière, la prière d'adoration.
Il faut en dernier lieu traiter de ce qui entre dans le registre de la
Magie et de la sorcellerie.
1) La réalisation des souhaits
La réalisation des souhaits est probablement la faculté la plus
banale. En effet, comme le dit Freud, nous façonnons notre
environnement avec notre inconscient. Sans que nous nous en
rendions compte, ce que nous vivons au fond de nous-même se
transmet à l'autre et l'influence, même à son insu (contagion
affective). Nos attitudes peu ou pas conscientes font que nous
profitons ou laissons passer des "chances" :
� Une amie me racontait qu'un jour, alors qu'elle était
assez déprimée, elle hésitait à aller à un cocktail mondain
auquel elle était invitée. Ne faisant rien de particulier, et
n'ayant donc rien à perdre, elle s'y rendit. Là, parmi d'autres
rencontres, elle se mit à parler à un homme d'un certain
âge. Chemin faisant, elle finit par lui avouer qu'elle avait
depuis longtemps un projet qui lui tenait à cœur. L'autre lui
demanda des précision et lui dit: "Madame, je viens de
vendre une affaire. J'ai un peu d'argent, je finance votre
projet."
Comprendre le paranormal
50
Un homme vient me voir, désespéré. Il était licencié le
lendemain et sa femme venait de lui annoncer qu'elle le
quittait. Il me demande de l'aide. Je lui propose de faire un
"bilan" écrit de sa vie actuelle. La semaine suivante, il
revient, hilare. Je m'étonne. Il me raconte qu'il était payé
par au Smic. Écrivant son "papier", il se rappela qu'un ami,
producteur agricole, lui avait proposé, longtemps
auparavant, de prendre une "carte" pour lui. Il l'appelle
aussitôt. Celui-ci confirme sa proposition, ne lui demande
aucune exclusivité, ce qui permet à mon patient de s'établir
VRP multicarte. Le fixe qu'il lui donnait atteignant presque
son salaire antérieur, mon patient dit le lendemain à son
employeur : "Ne vous donnez pas la peine de me licencier,
je vous donne ma démission". Là-dessus, sa femme lui
rétorque : "Tu es un type bien, je reste avec toi !"
Nous nous laissons aller parfois au désespoir, oubliant que la
chance est là, à deux pas de nous. Un simple bilan permet parfois,
j'ai pu le constater, de prendre conscience d'ouvertures
"miraculeuses".
Freud, en bon rationaliste et laïque de principe, traitait la
réalisation des souhaits de "pensée magique". Pour lui, il était
impossible d'obtenir une chose rien qu'en le pensant.
Effectivement, la "toute-puissance du désir" n'existe pas.
Cependant, comme l'explique le modèle du Mental, les désirs qui
nous occupent habituellement appartiennent aux couches les plus
superficielles de notre pensée. Mais les mystiques, les sages et les
saints, montrent bien que l'accès aux couches plus profondes de
notre "Mental" permettent des facultés particulières, dites
"paranormales", la réalisation directe des souhaits en particulier.
Des expériences simples permettent de tester cette faculté.
Comprendre le paranormal
51
2) La " pensée magique "
On appelle pensée magique : " l'idée que de penser quelque chose
est la même chose que de le faire. Elle est courante dans les
rêves, dans certains désordres mentaux, et chez les enfants. "
(Freedman, Kaplan, Sadock, 1976, p. 1313). " La pensée magique
se réfère à la croyance que des pensées spécifiques, la
verbalisation, les gestes associés, ou les postures peuvent, d'une
façon mystique, conduire à l'accomplissement de certains désirs
ou à prévenir certains maux. Les jeunes enfants sont enclins à
cette forme de pensée, comme conséquence de leur capacité
limitée à comprendre la causalité.. C'est l'aspect le plus
remarquable de la pensée obsessive-compulsive. Elle atteint son
expression la plus extrême dans la schizophrénie. " (id. page 385).
Ailleurs, (id. p. 632), les auteurs ajoutent : " Dans le phénomène
de la pensée magique, la régression découvre des modes de
pensée précoces plus que des impulsions. L'omnipotence de la
pensée est inhérente à la pensée magique. Le patient sent que,
simplement en pensant à un événement dans le monde extérieur,
il peut faire en sorte que cette événement arrive sans le moyen
d'une action matérielle. "
Pour le médecin, celui qui croit à la réalisation directe de sa
pensée est soit immature (proche de l'enfant) soit fou. Le médecin
ignore-t-il la prière, et son efficacité ? Il y a des médecins croyant
comme d'autres qui ne le sont pas. Mais ils constatent tous que les
patients vivent la pensée magique avec une grande angoisse. S'ils
les laissent persister dans ce cheminement, cela risque de les
entraîner vers un délire grave, dont on ne pourra les sortir que
difficilement. La meilleure solution est alors de les éloigner de
cette pratique.
Comprendre le paranormal
52
3) Foi et réalisation des souhaits
La réalisation des souhaits, "foi" dans les ouvrages d'origine nord-
américaine, est probablement la forme de paranormal la plus
banale et la mieux partagée. Elle apparaît souvent spontanée :
nous constatons que nos espérances, ou nos craintes se réalisent
sans même que nous l'ayons voulu. De nombreux livres parlent de
la force de la foi, de la puissance de l'optimisme, jusqu'à réaliser
nos projets les plus "fous" (cf. Robbins). Néanmoins, quand on
exploite cette faculté d'une manière systématique, on découvre
des dangers contre lesquels notre éducation nous a mal préparé.
J'ai longuement abordé cette question dans "Montagne lève-toi".
Néanmoins, cette possibilité est évoquée, et avec précision, dans
les textes les plus classiques, tels les Évangiles :
� "En vérité, je vous le dis, celui qui dirait à cette
montagne "Lève-toi et jette-toi dans la mer" et qui
n'hésiterait pas dans son coeur mais croirait que ce qu'il dit
arrive, cela lui arrivera." (Marc, XI, 23)
En trente mots, cette citation résume à peu près tous les
problèmes épistémologiques que pose la réalisation du souhait : la
possibilité qu'une pensée occasionne directement, sans
intermédiaire, un fait matériel. Même relatant les paroles du
Christ, ce texte est plus méthodologique que religieux. Il n'est pas
conforme aux dogmes occidentaux, et gêne beaucoup de
chrétiens. Le christianisme dit en effet qu'il faut prier Dieu, qui
choisit, ou non, d'exaucer le souhait. Ici, rien de tout cela : un
sujet vit une expérience sensible, au niveau de son "coeur", des
couches profondes de son être, c'est-à-dire l'inconscient ; s'il n'a
plus d'hésitations à ce niveau, le fait matériel arrive,
obligatoirement. Dieu n'intervient pas !
Comprendre le paranormal
53
La possibilité de la concrétisation de la pensée est niée par les
sciences, et pourtant elle ne s'oppose en rien à leurs prémisses,
car elles ont été définies dans des conditions "neutres". Voici un
court exemple pour mieux comprendre cette discussion.
On raconte qu’au Moyen âge un moine voulait bâtir une église en
pleine montagne. Il pria, un éboulement de terrain se produisit, et
le moine bâtit son église.
Sur le plan des faits, les sciences ne trouvent rien à redire, elle
énonce leur caractère profondément naturel. Le moine ne conteste
pas cette vision, il n’ignore pas que certaines montagnes sont
fragiles, il pose seulement que son souhait a été exaucé, très
précisément. Le savant se trouve assez démuni, car il lui aurait été
impossible de dire avec précision le jour ou l’heure d’un
effondrement, ni même son déroulement exact. Il n’y a donc pas
d’antagonisme entre l’explication du savant et celle du croyant. Ce
dernier n’attendait pas un fait anormal, mais un événement qui
permette son projet. Il en est de même dans le " miracle " : le
miraculé ne souhaite pas une guérison anormale, mais simplement
la guérison, la sienne.
Lors de sa prière, le croyant n’examine pas les faits extérieurs.
Souvent, il se retire à l’écart, dans un lieu fermé, supprimant toute
perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec
intensité, son activité s’inscrit dans les faits, même si
apparemment il s’en écarte en s’isolant dans sa cellule. Il fusionne
avec le fait, corps et âme. Il " est " le fait, comme l’énoncent les
orientaux ou les mystiques. A l’inverse, le savant examine le fait
du dehors. Jamais (du moins dans la physique), il ne doit
s’impliquer personnellement dans son déroulement. Il reste
" objectif " : le fait est un objet qu’il manipule de l’extérieur. Il
procède à une analyse du fait, sa division en éléments connus
Comprendre le paranormal
54
(Descartes). Cette analyse, le croyant n’en a cure, il traite les
événements d’une manière globale : il s’intéresse à leur
signification dans un cadre spécifique (ici la construction d’une
église) et ne se préoccupe pas du reste. Le croyant et le savant
opèrent donc d’une manière radicalement différente.
Quand le croyant se réjouit de voir son souhait exaucé, le savant,
lui, hausse les épaules : il invoque le hasard, la " coïncidence ", le
croisement opportun de deux chaînes causales... Contrairement à
l’apparence, cet argument n’en est pas un, car il ne constitue pas
l’énoncé d’un savoir.
Comment faire intervenir la pensée dans les chaînes causales de
ces événements ? Il faut tout d’abord remarquer que la causalité
n’est pas une donnée physique mais un postulat qui comporte
deux aspects : ontologique (comme principe) et expérimental, au
niveau de l’observation.
Examinons tout d’abord l’aspect "ontologique" : un fait résulte
d’un ensemble de causes, dont il constitue l’effet. Le principe de
causalité dit que " si les causes sont présentes, l’effet doit
nécessairement se réaliser ". Quand nous lâchons un objet pesant
et qu’il ne tombe pas, nous invoquons l’existence d’un facteur, que
nous devons obligatoirement trouver : un courant d’air
suffisamment puissant pour empêcher la chute, une force
magnétique repoussant l’objet (pôles de même nature), ou encore
un lien invisible auquel serait attaché l’objet. Si nous avons pu
éliminer une loi connue, nous sommes tentés de parler de
" lévitation ", d’action de la pensée. Sur le plan du principe, on
peut dire que les lois physiques constituent, en fin de compte,
qu’une mise en forme de notre observation.
Comprendre le paranormal
55
Ceci nous fait aborder le second aspect, expérimental, de la
causalité. Rhine, le premier, a montré que la pensée pouvait
influer les faits, ceux-ci ne suivaient plus alors une répartition " au
hasard ". Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en évidence
l’effet de la pensée, au sein même des conditions expérimentales
strictes (cf. Roux).
H- La prière
Il peut paraître curieux dans un tel site de traiter de la prière. Mais
il ne faut pas oublier que la première en date, probablement il y a
plus de trois millions d'années, a dû être une imploration des
"Forces" (ou du "Divin"). Il s'agit de ce qu'on appelle actuellement
la "prière active".
De nombreux livres parlent de la force de la foi, de la puissance de
l'optimisme, jusqu'à réaliser nos projets les plus "fous" (cf.
Robbins). Néanmoins, quand on exploite cette faculté d'une
manière systématique, on découvre des dangers contre lesquels
notre éducation nous a mal préparé. J'ai longuement abordé cette
question dans "Montagne lève-toi". Néanmoins, cette possibilité
est évoquée, et avec précision, dans les textes les plus classiques,
tels les Évangiles :
� "En vérité, je vous le dis, celui qui dirait à cette
montagne "Lève-toi et jette-toi dans la mer" et qui
n'hésiterait pas dans son coeur mais croirait que ce qu'il dit
arrive, cela lui arrivera." (Marc, XI, 23)
La possibilité de la concrétisation de la pensée est niée par les
sciences, et pourtant elle ne s'oppose en rien à leurs prémisses,
car elles ont été définies dans des conditions "neutres". Voici un
court exemple pour mieux comprendre cette discussion.
Comprendre le paranormal
56
� On raconte qu’au Moyen âge un moine voulait bâtir une
église en pleine montagne. Il pria, un éboulement de terrain
se produisit, et le moine bâtit son église.
Sur le plan des faits, les sciences ne trouvent rien à redire, elle
énonce leur caractère profondément naturel. Le moine ne conteste
pas cette vision, il n’ignore pas que certaines montagnes sont
fragiles, il pose seulement que son souhait a été exaucé, très
précisément. Le savant se trouve assez démuni, car il lui aurait été
impossible de dire avec précision le jour ou l’heure d’un
effondrement, ni même son déroulement exact. Il n’y a donc pas
d’antagonisme entre l’explication du savant et celle du croyant. Ce
dernier n’attendait pas un fait anormal, mais un événement qui
permette son projet. Il en est de même dans le " miracle " : le
miraculé ne souhaite pas une guérison anormale, mais simplement
la guérison, la sienne.
Lors de sa prière, le croyant n’examine pas les faits extérieurs.
Souvent, il se retire à l’écart, dans un lieu fermé, supprimant toute
perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec
intensité, son activité s’inscrit dans les faits, même si
apparemment il s’en écarte en s’isolant dans sa cellule. Il fusionne
avec le fait, corps et âme. Il " est " le fait, comme l’énoncent les
orientaux ou les mystiques. A l’inverse, le savant examine le fait
du dehors. Jamais (du moins dans la physique), il ne doit
s’impliquer personnellement dans son déroulement. Il reste
" objectif " : le fait est un objet qu’il manipule de l’extérieur. Il
procède à une analyse du fait, sa division en éléments connus
(Descartes). Cette analyse, le croyant n’en a cure, il traite les
événements d’une manière globale : il s’intéresse à leur
signification dans un cadre spécifique (ici la construction d’une
église) et ne se préoccupe pas du reste. Le croyant et le savant
opèrent donc d’une manière radicalement différente.
Comprendre le paranormal
57
Quand le croyant se réjouit de voir son souhait exaucé, le savant,
lui, hausse les épaules : il invoque le hasard, la " coïncidence ", le
croisement opportun de deux chaînes causales... Contrairement à
l’apparence, cet argument n’en est pas un, car il ne constitue pas
l’énoncé d’un savoir.
Comment faire intervenir la pensée dans les chaînes causales de
ces événements ? Il faut tout d’abord remarquer que la causalité
n’est pas une donnée physique mais un postulat qui comporte
deux aspects : ontologique (comme principe) et expérimental, au
niveau de l’observation.
Ceci nous fait aborder le second aspect, expérimental, de la
causalité. Rhine, le premier, a montré que la pensée pouvait
influer les faits, ceux-ci ne suivaient plus alors une répartition " au
hasard ". Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en évidence
l’effet de la pensée, au sein même des conditions expérimentales
strictes (cf. Roux).
I- Le dédoublement
Le dédoublement pose avec une particulière acuité une question
jamais résolue, en Occident tout au moins : la pensée est-elle liée
au corps physique ?
Le mot " dédoublement " n’est pas exact : voyant au loin son
corps physique, le sujet ne se perçoit pas pour autant dans un
" second " corps. Il existe cependant différentes formes de
dédoublement, dont certaines, comme le rêve de vol, sont
extrêmement banales. Le dédoublement est en effet fréquent,
mais on en parle peu, tant il parait hors de raison. En Europe, les
différentes Eglises ont largement contribué à cette opinion, depuis
l’époque médiévale en particulier, l’assimilant à la sorcellerie.
Comprendre le paranormal
58
Depuis peu, l’idée s’en est largement banalisée, sous le nom de
NDE.
La question de la matérialité du double peut néanmoins se poser
dans la forme la plus achevée (et la plus rare), la bilocation, le fait
d’être à plusieurs endroits à la fois. Mais, même chez des sujets
aussi coutumier du fait (comme, au cours de ce siècle, Yvonne-
Aimée de Malestroit), le dédoublement ne reste jamais prolongé,
tout au plus quelques instants.
Le dédoublement a fait l’objet d’approches expérimentales
nombreuses. Néanmoins, on n'a jamais pu valider au cours de ces
expériences la "réalité" du double à l'aide d'instruments, même les
plus sensibles (jauges de contrainte). Ceci donne toutes leurs
forces aux théories qui en font une sorte de production mentale,
issue de l'inconscient.
La "sortie du corps" peut être provoquée par un choc émotionnel
très fort, un accident ou une grande fatigue. Une règle assez
générale peut ainsi être établie : plus l’altération de la conscience
est importante, plus les faits observés s’avèrent exacts. La sortie
du corps ne présente aucun danger quand elle est spontanée.
Cependant, certaines personnes abusent du dédoublement (ou des
tentatives dans ce sens), ce qui est à l’origine d’illusions ou même
d’états proches du délire, d’où une abondante littérature autour du
" voyage astral ". Il existe une sorte de toxicomanie du
dédoublement .
Quant au corps physique, lors du dédoublement, son apparence
n’est pas non plus " normale ". Il est en effet fréquemment
immobile, prenant l’apparence du sommeil, de la transe ou même
de la mort. La raison en est simple : pour que se produise le
phénomène, la conscience doit être aussi réduite que possible.
Comprendre le paranormal
59
Il faut cependant garder à l’esprit que la suppression de la
conscience n’entraîne pas forcément de sortie du corps. Il existe
d’importantes variations individuelles. Même le chaman n’est pas
capable de faire un " voyage " chaque fois qu’il le souhaiterait (cf.
de Rosny, 1987). L’inconscient demeure, quoi qu’on fasse,
incontrôlable.
Le dédoublement est spontané, dès lors qu'un certain nombre de
conditions sont remplies. C'est pourquoi il est connu depuis l'aube
de l'Humanité. Il constitue même un rite dans les cultures
chamaniques.
En dernier lieu, il importe de parler des possibilités d'un double
animal appelé encore "garou". Cette éventualité a fait couler
beaucoup d'encre et, au Moyen âge, a fait condamner beaucoup de
gens et brûler pour sorcellerie.
1) Les différentes types de dédoublements
L’exemple probablement le plus typique est celui où le sujet lui-
même se retrouve " ailleurs " que dans son corps. C’est la
classique NDE :
� Le Dr L., à la suite d'une intervention cardiaque grave,
s'est "retrouvé" au plafond de la salle de réanimation. Il
observait, dans la plus grande sérénité, les médecins et
infirmières s'agitant autour de son corps, changeant les
flacons de perfusion et tenant divers propos. Il put vérifier
l'exactitude des comportements et des dires, en même
temps qu’il apprenait qu’il avait échappé de peu à la mort.
Cet " ailleurs " peut être visualisé, ou du moins ressenti, par un
tiers. Il peut avoir l’allure d’une simple intuition :
Comprendre le paranormal
60
� Mme U., une nuit, sent une présence à côté d'elle, dans
son lit. Il s'agit d'un homme, qu'elle connaît bien. Le
lendemain matin cet homme l'appelle au téléphone : il a
rêvé d'elle pendant la nuit.
Dans de très rares cas, il peut avoir une allure matérielle. Mais ce
n’est qu’une simple apparence, qui d’ailleurs change d’un instant à
l’autre :
� " C'est Mère Yvonne-Aimée, en civil, qui descend
précipitamment et qui, l'air effrayé, me lance à mi-voix ces
quelques mots :
- Prie ! Prie ! Si tu ne pries pas assez, on m'embarque en
Allemagne ! Ne le dis à personne ! Avant même que je
puisse répondre, elle était devenue à nouveau invisible. "
(Laurentin et Mahéo, id., p. 55).
Le témoignage est du Père Labutte, l’épisode se situe à Paris dans
le métro. La sœur était alors prisonnière de la Gestapo, dans
l’attente d’un éventuel transfert. Le double disparaît dès lors que
le message est passé. Ici encore, l’émotion (angoisse de mort)
apparaît avoir un rôle évident dans sa production. La soudaine
dissolution du double est une chose souvent reconnue. On la
retrouve d’ailleurs dans d’autres productions psychiques, comme
les ectoplasmes, comme le montre ce texte de William Crookes
(1923, p. 162), concernant le médium Daniel Dunglas-Home :
� " J'ai vu plus d'une fois un objet se mouvoir d'abord, puis
un nuage lumineux qui semblait se former autour de lui et,
enfin, le nuage se condenser, prendre une forme, et se
changer en une main parfaitement faite. [...] Au toucher, ces
mains paraissent quelquefois froides comme de la glace et
mortes ; d'autres fois, elles m'ont semblé chaudes et
Comprendre le paranormal
61
vivantes et ont serré la mienne avec la ferme étreinte d'un
vieil ami. J'ai retenu une de ces mains dans la mienne, bien
résolu à ne pas la laisser échapper. Aucune tentative ni
aucun effort ne fut fait pour me faire lâcher prise, mais, peu
à peu, cette main sembla se résoudre en vapeur, et ce fut
ainsi qu'elle se dégagea de mon étreinte. "
2) Le rêve de vol
" La nuit, je vole comme un oiseau, j’arrive à me déplacer dans
des lieux inconnus... " J’en ai fait moi-même l’expérience à de
nombreuses reprises, mais les recoupements que j’ai pu mener
avec les lieux (en principe) visités ont été vains, je ne faisais que
des voyages imaginaires.
Catherine Lemaire (1993) me disait ainsi avoir, lors d’un
dédoublement, visité un pays qu’elle ne connaissait apparemment
pas. Elle en était ravie, car elle cherchait depuis longtemps une
preuve de la réalité matérielle de ses déplacements. Las, peu de
temps après, elle découvrait, dans un livre de sa bibliothèque, une
illustration correspondant très exactement à sa vision.
De tels voyages sont souvent associés à des rêves de chute
interminable, telle celle racontée par Lewis Caroll dans son livre
" Alice au Pays des merveilles ", ainsi qu’à de pénibles impressions
de paralysie des membres (Muldoon et Carrington, 1980). Aucune
explication médicale n’a cependant été fournie pour ce type de
rêves qui, comme ceux concernant des apparitions, laissent un
souvenir particulièrement brillant.
3) La NDE
Le terme NDE vient de l’anglais " Near Death Experience ", en
français " Expériences proches de la mort ". Comme l’ont bien
montré le psychiatre américain Raymond Moody (1990) et ses
Comprendre le paranormal
62
continuateurs, cette expérience est particulièrement fréquente
dans les états de " mort clinique ", mais elle est loin d’être
constante. Certains parlent d’expérience de l’Après-vie (Hardy,
1986), bien que nous ne puissions faire aucun rapprochement
sérieux à ce sujet. Je n’utiliserai pas non plus le mot de " voyage
astral ", car il fait référence à une thèse, inspirée de l’Orient (par
Leadbeater, Powell…) et controversée, d’un " corps astral ",
habituellement superposé au corps physique et qui se détacherait
dans certaines conditions, réversibles ou irréversibles (la mort).
4) Bilocation ou dédoublement "physique"
Malgré l’usage des mots dédoublement, double, on n’a jamais posé
que l’individu se diviserait en deux êtres physiques équivalents. Le
double n’est en aucune façon équivalent au corps physique. C’est
tout au plus une manifestation temporaire, sujet aux variations
psychologiques du sujet qui le produit. Voici un récit, assez
extraordinaire, datant du XIXe siècle et observé par l’archevêque
d’Upsal, en Norvège (cité par Lecouteux, 1992, p. 53 sq.) :
� " Peter Lärdal, le magicien, alluma des herbes et tint sa
tête au-dessus de cette vapeur narcotique et nauséabonde.
En quelques minutes, son visage eut la blancheur de la mort,
son corps s'affaissa dans le fauteuil après avoir été agité de
quelques soubresauts, et resta immobile, semblable en tout
point à celui d'un défunt. [...] Au bout d'une heure [...] les
couleurs revinrent lentement. [...] Peu après, Lärdal se
tourna vers moi et me dit : "A cet instant votre femme est
dans sa cuisine. [...] Pour vous prouver que je m'y suis
rendu véritablement, j'ai caché l'anneau nuptial de votre
épouse au fond de la corbeille à charbon, car elle l'avait
retiré pour préparer un plat." J'écrivis aussitôt chez moi. [...]
Ma femme me répondit qu'à l'heure dite, elle confectionnait
Comprendre le paranormal
63
un mets à base de farine, que jamais elle n'oublierait cette
journée, car elle avait perdu son anneau nuptial. [...] Il lui
semblait qu'un homme le lui avait dérobé, qui s'était
brièvement montré dans la cuisine, vêtu comme un riche
Lapon, mais qui s'était éloigné sans dire un mot, quand elle
lui avait demandé ce qu'il désirait. Plus tard, on retrouva
l'anneau dans la cuisine de l'archevêque, dans la corbeille à
pain. "
Aussi incroyable que puisse être ce récit, il n’atteint pas ceux
rapportés au sujet de Sœur Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-
1951), la personne qui a probablement manifesté les formes de
dédoublement les plus diverses et les plus solidement attestées de
notre siècle :
� " Yvonne était [alors] postulante [...]. Un matin, [...] elle
était dans ce qu'on appelle la laiterie, et elle travaillait. [...]
Elle m'a très bien accueillie, mais j'ai eu tout de suite
Comprendre le paranormal
64
l'impression qu'elle n'était pas là. Ça ne l'empêchait pas de
continuer son travail. [...] Alors Sœur Saint-Jean est
montée. [...] Elle l'a trouvée assise à sa table, écrivant sa
lettre. " (Mère Marie-Anne, déposition n° 102, faits datés du
21 juillet 1927, in Laurentin et Mahéo, 1990, p. 29)
A la différence du cas précédent, la sœur effectuait un travail
tant au niveau de son double (dans la laiterie) que de son
corps physique (dans sa cellule, à l’étage). Un tel cas, tout à
fait exceptionnel, était néanmoins, semble-t-il, assez courant
chez Yvonne-Aimée, étonnante personnalité, fondatrice et
Supérieure de l’ordre des Augustines hospitalières.
5) Approche expérimentale du dédoublement
On a pensé que le dédoublement pouvait faire l’objet d’un contrôle
scientifique, mais la plupart de ces expériences s’avèrent
décevantes. Morris (cité par Hardy, 1986, p. 72 sq.), par exemple,
utilisa un jeune chat qui cessait de miauler en présence de son
maître. Durant les sorties du corps, il cessa effectivement de
miauler, mais ne se dirigea pas pour autant dans la direction
présumée du double. Osis (idem, p. 67) employa des jauges de
contraintes qui n’ont pu, malgré leur très grande précision,
enregistrer la moindre pression.
On peut cependant se demander si le résultat décevant de ces
expériences n'est pas lié aux conditions expérimentales, car de
nombreux récits soulignent qu'un double peut avoir une action
matérielle.
Ces observations montrent combien nos conceptions habituelles
sont encore loin de cerner ces observations.
Comprendre le paranormal
65
6) "Toxicomanie" du dédoublement
Comme toute expérience paranormale, le dédoublement comporte
de réels dangers. La fascination qu'il exerce peut conduire à une
véritable "toxicomanie du dédoublement". Voici quelques cas qui
m’ont été personnellement relatés :
* Une collègue racontait ainsi utiliser le dédoublement, d’une
manière quasi quotidienne, pour rencontrer outre-monde son
amant décédé. Elle n’a arrêté ces expériences qu’au bord de la
folie.
* Mme H. est hospitalisée pour une dépression. A l’interrogatoire,
elle finit par avouer que, depuis très longtemps, elle quitte son
corps. Adolescente, elle était plus souvent dans ses voyages que
sur terre. Après son mariage, son mari n'a pas tardé à s'en
apercevoir. Il lui a demandé de s'arrêter, ce qu'elle a fait, mais
récemment la tentation est revenue. Fidèle à son engagement, elle
lutte contre, mais l’effort la conduit jusqu’à la dépression, et c’est
ainsi qu’elle m’est adressée. Je la rassure, et lui suggère de
prendre conseil auprès de personnes de confiance. Ce qu’elle fait.
Peu après, son médecin généraliste m’appelle, surpris de cette
amélioration aussi brutale que spectaculaire.
Il existe alors un réel danger psychologique. Le risque physique
est plus grave encore, car le dédoublement vérifiable requiert
souvent une perturbation grave du fonctionnement cérébral. Ceux
qui le cherchent avec les méthodes chimiques s’exposent à la
mort, qui survient d’ailleurs parfois. On ne saurait s’en étonner,
car le principe même du dédoublement (l’indépendance par
rapport à la personne et à l’espace) témoigne d’un accès à des
zones profondes de l’inconscient. Le dédoublement constitue donc
une méthode lourde, ce qui contraste avec d’autres facultés
paranormales, telles que la voyance ou la télépathie.
Comprendre le paranormal
66
7) Dédoublement et chamanisme
Comme Éliade (1968) le rappelle, les chamans sont choisis parmi
les enfants sujets à ces pertes de conscience. Cela est noté par
tous ceux qui côtoient ces populations. Saint-Clair (1973, p. 22)
note ainsi, chez les Indiens d’Amazonie : " Le jeune qui montre
des dispositions pour tomber facilement en transe et qui parle
avec les esprits est formé par le sorcier-guérisseur pour lui
succéder… ". Le futur chaman (sorcier) doit posséder deux
" qualités " que nous considérerions habituellement comme signes
de maladie : enfants susceptibles de faire des syncopes, des
lipothymies (évanouissements), ou même des crises d’épilepsie,
ou encore des enfants que nous qualifierions d’" hystériques " ou
de " nerveux " (sujets au " spasme du sanglot " par exemple). Le
fait de pouvoir parler aux esprits évoque également pour le
médecin l’enfant à tendances mystiques, ou sujet aux visions
(hallucinations), voire confinant à la psychose.
Ces crises ne sont cependant pas toutes d’origine naturelle. Les
sorciers et chamans utilisent largement la pharmacopée à leur
disposition. On en retrouve des exemples dans tous les textes
anciens, en Occident comme ailleurs. Celui de Jean de Nynauld,
daté de 1615 (cf. 1990, p. 79), par exemple, mentionne de
nombreuses substances, parmi lesquelles des plantes toxiques
(comme la ciguë), probablement utilisées parce qu’elles amènent
un état proche de la mort, et d’autres qui suscitent les visions
(l’opium). Cette liste, inspirée par Jean Wier (III, 17) et par les
auteurs antiques (Agrippa, Pline, etc.), reflète la complexité du
dédoublement sur le plan théorique : imagination ou vision
paranormale de la réalité. La Datura est à ce titre très éloquente.
Cette plante commune, couramment citée pour le dédoublement,
est très toxique et hallucinogène. De plus, l’odeur épouvantable de
sa décoction, la faisant appeler " bouillon du Diable ", a largement
Comprendre le paranormal
67
servi la diabolisation du dédoublement. Dans les cultures
chamaniques, sont utilisées des plantes locales dont les
caractères, et même le nom, nous sont très largement inconnus.
Castaneda (1972), observant les sorciers mexicains, parle, entre
autre, des cactus contenant de la mescaline (Agave americana) ou
le peyotl (Lophophora williamsi), bien connus comme
hallucinogènes.
8) Les doubles animaux ou " garous "
Le double-animal est un des
sujets qui a le plus passionné
l'homme, probablement depuis
ses origines. Le plus connu est
certainement le "loup-garou" qui
est un pléonasme, car le terme de
garou (de warou, issu du francique wari-wulf) signifie déjà
homme-loup.
Certain récits laisseraient entendre que
le loup-garou est un homme devenu
loup, comme le laisserait entendre la
gravure de Cranach ci-contre. Il s'agit
d'une pure légende, car le corps
physiques ne saurait se transformer.
Cette "transformation" n'affecte que le
double.
Il ne faut pas non plus confondre la
lycanthropie (ce qui concerne les loups-garous)
avec l'hirsutisme, une affection consistant en
un accroissement anormal du système pileux,
comme l'illustre ce tableau ancien.
Comprendre le paranormal
68
Le loup-garou n'est pas non
plus un
être qui s'habille
simplement d'une peau de bête.
Lors de procès de
sorcellerie, certains accusés
auraient dit qu'ayant vêtu cette peau, ils n'ont pu la retirer. Ceci
évoquerait plutôt une affection psychiatrique...
Revenons au loup-garou. Il s'agit donc d'une variété de
"dédoublement" tel que nous l'avons vu dans les pages
précédentes. Il concerne le "corps de rêve" et lui seul et possède
donc ses caractères. Nous ne pouvons donc en représenter aucune
photographie.
À côté du loup, on trouve dans les témoignages les formes
animales les plus diverses : mammifères (souris, chiens, renards),
oiseaux (aigle, corbeau) et même insectes. Depuis les temps les
plus anciens. On connaît de tels récits dans toutes les civilisations.
Castaneda dit en avoir rencontré un, au Mexique [1972, p. 12] :
� "Je roulais de nuit en compagnie de deux amis indiens
lorsqu'un animal, qui me parut être un chien, traversa la
route. L'un de mes compagnons fit observer qu'il ne
s'agissait pas d'un chien mais d'un coyote géant. Je ralentis
et arrêtai la voiture le long de la chaussée pour observer la
bête. Pendant quelques secondes elle demeura dans le
faisceau des phares puis s'enfuit. Sans aucun doute nous
avions affaire à un coyote, mais deux fois la taille commune.
Très excités, mes amis convinrent de l'aspect inusité de
l'animal et l'un d'eux avança que cela pourrait être un
diablero [c'est-à-dire un sorcier]." :
Comprendre le paranormal
69
Avons nous des témoignages de sujets "dédoublés" ? Laissons de
côté ceux des procès de sorcellerie, peu crédibles dans l'ensemble,
pour examiner ce qu'en dit Castaneda, dans le même ouvrage, il
raconte (p. 227) :
� "Je me souvenais d'avoir "ouvert mes ailes et volé". Je
me sentais solitaire, isolé dans ce vol à travers l'espace, me
dirigeant avec peine droit devant moi. L'impression se
rapprochait davantage de la marche que du vol. Mon corps
s'épuisait. Aucune sensation de liberté dans ce vol, non plus
que d'exubérance. [...] Trois oiseaux argentés [...]
émettaient une lumière métallique brillante comme celle de
l'acier inoxydable, mais plus intense, agitée et vivante.
J'aimais ces oiseaux et nous nous mîmes à voler de concert."
Castaneda s'est interrogé sur la réalité de cette expérience. Il posa
la question "des dizaines de fois" à Don Juan, son Maître indien :
"Je voulais savoir si je m'étais physiquement transformé en
corneille ou si j'avais simplement pensé et senti comme cet
animal. Il m'expliqua qu'un déplacement du point d'assemblage
vers la région du bas aboutit toujours à une transformation
totale..."
Comment reconnaître un "garou" ? Des erreurs révèlent les
lacunes de l'imagination du sujet dédoublé. En Haïti, Claude
Planson [1974, p. 239] dit avoir rencontré une vache-garou :
� "La route était si difficile qu'il n'était pas question d'aller
autrement qu'au pas. Je faillis pourtant, à un tournant,
percuter une vache qui se tenait couchée au milieu du
chemin. Eclats de phare, coups d'avertisseur, rien n'y fit. Elle
était là, comme un bloc de pierre noire, nous regardant de
ses gros yeux vides. Je voulus sortir pour la chasser.
Comprendre le paranormal
70
Mathilda [ma femme] me retint par le bras et me dit
sèchement : "Assez de bêtises ! Reste où tu es ! Tu ne
comprends donc pas que tu n'as pas affaire à une vache,
qu'il s'agit d'un être humain métamorphosé !" [...] Il faut
avouer que j'étais à bout de nerfs. Je la repoussai
brutalement et j'ouvris la portière. J'entendis alors un rire
strident, un rire de folle qui se répercuta au loin, tandis que
la vache disparaissait, happée par la nuit."
Bien des récits disent qu'il persiste des relations fines entre le
double animal et le sujet. Toute blessure infligée au double, légère
ou grave, se répercute sur le sujet lui-même. Voici un cas, issu de
Jean Boguet et reproduit par Jules Michelet dans La sorcière :
� "Un chasseur avait été envoyé par un gentilhomme quérir
du gibier. A l'entrée d'un bois, il est attaqué par une grande
louve. De son coutelas, il lui coupe la patte, et la met dans
sa gibecière. Dégoûté de la chasse ce jour-là, il retourne au
château, et raconte au gentilhomme son aventure. Comme
preuve il fouille sa gibecière [...] et en tire [...] une main de
femme, fine et blanche, portant une bague armoriée ! Le
gentilhomme la reconnaît comme appartenant à sa femme.
Il appelle celle-ci, qui apparaît cachée dans son manteau. Le
mari écarte le manteau, et découvre la main coupée. [...]
Impitoyable, il dénonce sa femme. Elle fut brûlée à Riom."
[1966, note p. 147]
La fréquence d'une telle remarque doit nous interroger. Castaneda
[1972, p. 14] rapporte, de même, son dialogue avec une femme
mexicaine, Dona Luz :
� "- Je connaissais une femme, me répondit-elle. On l'a
tuée. J'étais petite fille. Cette femme, disait-on, se
Comprendre le paranormal
71
transformait en chienne. Une nuit une chienne est entrée
dans la maison d'un homme blanc pour y voler du fromage.
D'un coup de fusil, l'homme l'a abattue, et précisément au
moment où la chienne expirait dans la maison de l'homme
blanc, la femme mourait dans sa cabane. Sa famille s'est
réunie et a décidé d'aller trouver l'homme blanc pour lui
demander de l'argent. L'homme blanc a payé beaucoup pour
l'avoir tuée.
- Comment ont-ils pu lui demander de l'argent alors qu'il
n'avait tiré que sur une chienne ?
- Ils ont dit que l'homme savait très bien qu'il ne s'agissait
pas d'une chienne parce qu'il n'était pas seul et comme les
autres il avait bien vu la chienne dressée sur ses pattes de
derrière - comme un homme - pour attraper le fromage
placé sur un plateau pendu au plafond..."
Il est difficile d'accepter l'idée d'un double animal. Il est peu
d'expériences contrôlées à ce propos.
N.B. Toutes les images de cette page sont tirées du très
intéressant ouvrage de Geneviève Carbone "La peur du loup",
dans la collection "Gallimard Découvertes", qui resitue
parfaitement l'histoire du loup-garou dans son contexte.
J- Autres facultés paranormales
Plutôt que de nous disperser parmi des dizaines de facultés aussi
rares que particulières, nous avons préféré nous concentrer sur
quelques facultés :
- La guérison non médicale,
- La résistance aux agents physiques, tels que la marche sur le feu
et la résistance au feu,
- La possibilité de contrer les lois de la gravitation : la lévitation et
Comprendre le paranormal
72
l'hyper-gravité,
- Les stigmates.
1) La guérison non médicale
La médecine soigne des maladies de plus en plus graves et de plus
en plus diverses. L’espérance de vie s’allonge sans cesse dans les
pays développés. On tient, dans la presse et les média, un
discours triomphaliste. Tous les jours on nous parle de nouvelles
découvertes, la biologie explique maintenant telle maladie, la
synthèse chimique est parvenue à élaborer un nouveau
traitement, plus efficace et mieux supporté. Ces avancées font
qu’on ne craint plus la maladie comme il y a cent ans. L’état
d’esprit a radicalement changé : on voit défiler dans la rue les
malades du SIDA réclamant la mise sur le marché de nouvelles
molécules, dès qu’elles se révèlent suffisamment actives ; on
demande une loi autorisant l’euthanasie active, pour aider à
mourir un patient qui souffre d’une maladie incurable et trop
pénible…
La réalité quotidienne est-elle vraiment cela ? En tant que
médecin, je la vis d’une manière toute différente. J’entends une
femme dire qu’on l’a traitée pour son cancer du sein, mais qu’elle
en ressort avec un bras grossi, douloureux et qu’elle ne peut pas
lever plus haut que l’horizontale. Je vois un homme qu’on a opéré
du dos, mais sans le prévenir qu’il aurait une rééducation très
longue et pénible, l’empêchant d’exercer sa profession durant des
mois. J’en vois encore qui disent que les antibiotiques n’agissent
plus sur leurs enfants parce qu’ils en en trop pris, qu’ils sont
malades une semaine sur deux ou presque… J’en viens à me
demander ce que je ferais moi-même si j’étais atteint d’une
maladie grave, et à dire autour de moi : " Moins on voit de
médecins, mieux on se porte " !
Comprendre le paranormal
73
Il est donc temps d'examiner des possibilités "alternatives" pour
guérir. Nous allons étudier dans ce livre :
* Le magnétisme
* Les guérisons miraculeuses
* Les guérisons par l'esprit
* Les guérisons par les groupes de prière
* D'autres méthodes seront abordées par la suite,
2) Le magnétisme
Le mot "magnétisme" est un
raccourcissement du terme "magnétisme animal" imaginé par
Messmer, il y a plus de deux cents ans. Beaucoup d'auteurs, et
Messmer en premier lieu, l'ont rapproché du magnétisme
physique, celui concernant les aimants. Yves Rocard [1989],
physicien français et père de l'ex-premier ministre a cru pouvoir le
démontrer, mais ses expériences ne sont pas reproductibles.
Pour la magnétiseuse Edith Acédo, ce terme devrait être associé
au mot "main", en le faisant remonter à un dialecte ancien, où
"magne" signifierait "main".
Comprendre le paranormal
74
"Magnétisme" serait une sorte de "don des mains". C'est au
travers de ses mains que le magnétiseur dit qu'il voit et qu'il agit.
Acédo dit cependant qu'elle peut déterminer les troubles du
patient, avec une précision quasi radiologique.
Cependant la voie sensorielle paraît n'être qu'un épiphénomène,
sans importance quant au mécanisme du processus. Je connais
Mme C., qui se dit voyante et avoir une voyance "radiologique".
Collaborant directement avec un cabinet médical, elle "voit"
également le remède (homéopathique) à proposer dans ce cas, et
qu'elle fait fabriquer dans un laboratoire indépendant. Elle semble
agir d'une manière très proche d'Acédo qui, elle, refuse le
qualificatif de voyante.
Je soigne par " imposition des mains "
(extrait de " Guérir l’âme et le corps ")
a) Témoignage de Gérard Thomassin
Je n’aime pas le mot " guérisseur " ; quand on me pose la
question, je réponds que je soigne par imposition des mains. Ma
grand-mère avait déjà quelques dons : elle enlevait le feu, mais
elle n’en faisait usage qu’avec les membres de sa famille et ses
proches. Il a fallu que mon père ait un problème très grave pour
que je me rende compte qu’il fallait vraiment que je fasse quelque
chose pour les autres. En juin 1984, mon père a été victime d’un
infarctus. Transporté d’urgence à l’hôpital d’Avignon, il sombra
dans le coma. On diagnostiqua une péricardite. Le médecin-chef
que vit ma mère ne lui laissa aucun espoir que mon père sorte du
coma. Celle-ci m’a donc téléphoné, et je me suis rendu à l’hôpital.
Une fois dans la chambre, j’ai ressenti que je pouvais intervenir.
Comprendre le paranormal
75
J’ai donc passé ma main droite dans le dos de mon père, et ma
main gauche sur son cœur. Il ne m’a pas fallu plus de deux à trois
minutes pour commencer à transpirer. Mon oncle, qui était présent
dans la chambre, était obligé de m’éponger le front sans arrêt. J’ai
imposé les mains environ vingt minutes avant que mon père, qui
respirait et râlait très fort, commence à se calmer. J’ai ôté mes
mains, j’étais épuisé. Il m’a d’ailleurs fallu une journée entière
pour récupérer. Je suis rentré à Cavaillon, et le lendemain matin
ma mère m’a appelé, très heureuse : mon père était sorti du
coma. Pour toute conclusion, le médecin dit à ma mère que " le
malade l’avait beaucoup aidé ". Aujourd’hui, mon père vient
d’avoir quatre-vingt cinq ans, il se porte très bien. J’ai alors décidé
d’ouvrir ma porte aux personnes qui avaient besoin d’aide.
Quand j’entre dans la salle d’attente, je vois déjà si c’est grave ou
non. Les indications sur les patients me parviennent par le regard,
sous forme de flash. J’ai soigné un jour un monsieur que je savais
être président de société, père de trois enfants. Or en passant les
mains autour de sa tête, j’ai ressenti que ce monsieur était prêtre
! Je me suis permis de le questionner, et il me répondit, fort
surpris, qu’en effet il était allé au petit séminaire avant de changer
de voie...
Il n’y a pas de magie là-dedans : il faut que j’arrive à comprendre
le problème de la personne, après c’est déjà à 70 ou 80% guéri. Je
lui explique ce qu’elle doit faire pour se remettre sur pieds.
Je fais allonger la personne sur ma table, sur le dos et je
commence par une imposition des mains d’environ cinq minutes
sur la tête, ce qui permet à l’esprit de se détendre. Je viens alors
sur le coté droit et je travaille sur le plexus solaire. Bien souvent
les gens ont une sorte de boule au niveau de l’estomac qui
remonte jusqu’à la gorge, ce qui est d’origine nerveuse. Dès la
Comprendre le paranormal
76
première séance je parviens généralement à leur enlever cette
boule, parfois en les massant avec des huiles au niveau du plexus
solaire. Ensuite je travaille sur les jambes, la circulation du sang.
Enfin j’exécute quelques passes au dessus du corps pour terminer
la séance qui dure en moyenne entre vingt et trente minutes selon
l’état de réceptivité du patient.
Depuis quinze ans que j’exerce, j’ai obtenu, par la pratique et la
régularité des résultats, beaucoup de réponses, qui m’ont paru
d’une logique évidente. Je pense maintenant qu’il y a surtout deux
sortes de maladies : les maladies d’ordre mécanique telles que
fractures, rhumatismes, arthrose, et les maladies d’ordre
psychosomatique telles que maladies de peau, eczéma, zona,
psoriasis, même si ces maladies ont des causes très diverses.
Quelle que soit la maladie, il est important de poser mes mains sur
la partie atteinte. Pour un zona, je commence alors à ressentir,
ainsi que le patient, une forme de chaleur, puis me viennent des
picotements dans les doigts. Suivant ce que je traite, je ressens
une douleur parfois si violente au niveau de l’épaule droite que je
suis obligé d’interrompre le contact quelques secondes, pour
pouvoir récupérer. J’absorbe la douleur du patient : si le zona ne
fait que débuter, je transpire légèrement ; pour un zona avancé,
je vais transpirer pratiquement sur tout le corps.
Je ne pense pas avoir eu d’échec. En 48 heures la douleur
disparaît et toutes les plaies sont séchées. Après quinze ans de
pratique je suis toujours étonné de ce résultat.
Pour bon nombre de symptômes, le meilleur guérisseur c’est soi-
même. Très souvent je dis à mes patients : " Je peux vous aider,
mais aidez-moi ".
Comprendre le paranormal
77
Réflexions autour du magnétisme
(extrait de " Guérir l’âme et le corps ")
b) Édith Acédo
Le magnétisme est affaire de " mains ". L’origine du mot est
souvent rapportée à Magnésie, ville d’Asie Mineure où les Grecs
découvrirent la pierre d’aimant. Ma théorie berrichonne, qui
n’engage que moi, me plaît davantage… ¨Pour moi,
" magnétisme " vient de magner, donc de main
Aux portes de l’an 2000, nous ne sommes guère plus éclairés que
ne l’étaient les gens du Moyen Âge. Praticienne de longue date, je
n’ai aucune explication rationnelle au phénomène. Pour moi, le
magnétisme est cette force colossale qui émane en permanence de
tout ce qui existe et vit sur notre planète
Lorsque je dis : " Ma grand-mère, ma mère étaient guérisseuses ",
chacun s’imagine des personnages d’envergure et de renom. Pas
du tout. Qui n’est guérisseur en ce terroir du Berry ? Quasiment
tout le monde, au moins en ce temps-là, savait soigner, guérir, ne
fut-ce qu’un seul mal, une seule misère.
Ma sensibilité personnelle me fit très vite éprouver des sensations
lorsque mes mains évoluaient au dessus du corps des consultants.
Je m’attachais à démêler cet enchevêtrement de stimuli.
Chaque être vivant " possède " du magnétisme, mais tous les
humains n’en sont pas pourvus de manière égale, ni en quantité,
ni en qualité. Quel ingrédient faut-il donc ajouter pour manifester
des aptitudes à devenir magnétiseur ? Les magnétiseurs sont
toujours gens de foi. Existe-t-il un nombre plus important de
charlatans et de brebis galeuses en cette profession qu’en
Comprendre le paranormal
78
n’importe quelle autre ? Pour supprimer ou diminuer les
contrefaçons et les abus, peut-être conviendrait-il de démystifier le
sujet. Existe-t-il des techniques propres au magnétisme ?
L’importance du procédé est infiniment moindre... que la relation
au malade. Le magnétiseur est un personnage sensible, sensitif,
de grande acuité intuitive. Faisant confiance à son dieu, à son don,
à ses qualités de cœur et à ses mains, le magnétiseur suit ce qu’il
ressent ou pressent intuitivement. Ses mains vont et viennent au-
dessus du mal " au feeling ". Rien à voir avec le travail d’une
infirmière ou d’un chirurgien. Cela étant, rien n’empêche non plus
d’apprendre au moins un minimum d’anatomie et de physiologie
humaines. Cela permet de comprendre les maladies ou
dysfonctions, donc d’avoir une meilleure approche générale des
malades et d’avoir un langage commun avec les médecins...
Comment se donne le soin magnétique ? Chacun suit son instinct,
ses intuitions, ses croyances et ses mains. Pour la majorité, les
soins sont donnés aux malades assis ou debout. Mais de plus en
plus nombreux sont les magnétiseurs qui allongent leurs patients
sur une table confortablement matelassée.
Combien de séances sont nécessaires ? A quelle fréquence
convient-il de les donner ? L’appréciation est affaire de bon sens :
tout dépend de la nature de l’affection à traiter et de la valeur du
praticien. Les malades habitent rarement à proximité du domicile
du magnétiseur, du moins à Paris ou dans les grandes villes. Il
n’est tout de même pas aisé de faire parcourir des centaines de
kilomètres à quelqu’un dont les forces sont affaiblies par la
maladie, voire par la souffrance.
Pourquoi espacer les séances de trois semaines plutôt que les
donner tous les jours ou tous les deux jours ? D'abord, par respect
de la Vie à l'œuvre chez les malades : lui donner le temps de
Comprendre le paranormal
79
rassembler son potentiel d'expression, d'y inclure ce que nos
mains, notre cœur, notre esprit viennent d'y induire, et la laisser
traduire elle-même l'amélioration... à sa manière.
Actuellement, chez tout praticien correct, on peut admettre une
séance, voire deux, pour un zona, autant pour les algies et
douleurs diverses. Parfois il faudra trois à cinq séances de
magnétisme pour venir à bout de certains troubles chroniques ;
évidemment plus lorsqu’il s’agit d’accompagner des malades en
cours de traitements médicaux longs et fatigants. Tout cela est
affaire de jugement et d’évaluation, selon les cas à traiter.
*
* *
Édith Acédo a exercé toute sa vie comme magnétiseuse. Elle a
écrit plusieurs livres, dont " Ces mains qui lisent les corps " et une
autobiographie sous le titre " Mémoire d’une sorcière berrichonne,
le plombier du Bon Dieu ", tous deux aux Éditions Trigramme. Elle
est actuellement retraitée en pleine campagne, dans le centre de
la France.
Les " leveurs de maux "
(extraits de " Guérir l’âme et le corps ")
c) Dominique Camus
Face à la maladie, à la douleur physique, une seule chose compte :
que cesse au plus vite l’intolérable. Cependant, bon nombre de nos
concitoyens estiment que vouloir guérir selon les règles édictées
par la médecine officielle n’est pas toujours la façon la plus rapide,
la plus sûre et la moins coûteuse qui soit. Il n’est pas nécessaire
d’arpenter en tout sens nos campagnes et nos villes pour
Comprendre le paranormal
80
rencontrer des personnes qui préfèrent requérir les services
d’individus qui ont un " don " en la matière, une capacité reconnue
comme telle par leurs compatriotes. Parmi les différentes pratiques
de guérissage ayant cours dans notre pays, je ne parlerai ici que
de celle des " leveurs de maux ", ces gens qui ont la faculté de "
lever " du corps des humains ou des animaux les maux qui les
affligent. Ils y parviennent en effectuant simplement quelques
gestes, c’est pourquoi on les appelle bien souvent les " toucheurs".
Les motifs les plus fréquemment invoqués pour justifier le choix de
ce genre de cure sont le caractère aléatoire des thérapeutiques
présentées par les médecins et les limites de leur savoir. C’est
notamment le cas lorsqu’il s’agit de traiter certaines dermatoses
comme les verrues, le zona, l’eczéma ou le psoriasis. On met
généralement en avant la brièveté de la séance de soins et ses
effets très rapides. C’est bien parce qu’il n’avait pas " les moyens
de traîner comme ça " avec son affection que notre chauffeur
routier s’est fait examiner par Yvon Legalais : " C’est pas le tout,
moi quand je roule pas, j’suis pas payé ". Ces propos nous
rappellent que, pour bon nombre de nos concitoyens, le corps est
un incontournable instrument de travail, fait que nous avons
tendance à oublier. Il est donc hors de question qu’il ne puisse
fonctionner correctement.
Il est également des situations où la raison impose d’agir
promptement. On recourt aux services d’un leveur de maux,
sachant que de toutes façons " ça ne fait pas de mal ", et que
l’intervenant en question " a toujours su y faire ". Ceci est souvent
le cas lorsqu’il faut contrevenir aux ardeurs du venin inoculé par la
morsure d’une vipère ou faire cesser la douleur d’une piqûre
d’abeille, d’une entorse ou d’une brûlure. Dans le cas, bien
improbable, où le don se trouverait pris en défaut " il sera toujours
temps d’appeler le docteur ".
Comprendre le paranormal
81
Chahutant dans la cuisine avec son frère, une enfant reçut le
contenu d’une friteuse bouillante sur le côté du visage, le cou et le
torse. Irène Calmel nous dit : " Qu’est-ce que vous vouliez que je
fasse ! La petite, elle hurlait tout ce qu’elle pouvait. Alors je m’y
suis mise. On a vite déshabillé la gosse et j’ai soufflé. Comme elle
était salement brûlée, ça m’a bien pris dix minutes. J’étais
complètement saoule après. Il m’a fallu plus de temps pour
récupérer que la gamine. Elle, ça a été une affaire de quelques
minutes. Moi j’avais les poumons qui me brûlaient, et puis la gorge
aussi. Mais ça c’est une autre affaire. "
La mère de l’accidentée déclare qu’elle a " agi comme ça, sans
réfléchir. Je savais qu’Irène [qui est sa voisine de palier] a le don
pour le feu, alors j’ai fait ni une ni deux... Le plus incroyable de
l’affaire c’est que je serrais Catherine dans mes bras et qu’elle ne
disait rien. Elle sentait plus rien. Quand on a appelé le docteur le
lendemain matin, il n’en revenait pas. Quand je lui ai raconté ce
qui s’était passé, il a juste dit "vous avez bien fait". Il m’a
simplement prescrit une lotion pour que ça cicatrise sans faire de
marques. C’est tout... On peut dire que ça lui a mis des points
d’interrogations plein la tête. "
Si tout un chacun peut espérer voir mettre fin à ses souffrances en
s’en remettant aux bons soins d’un de ces guérisseurs, le succès
de la cure suppose le respect de certaines règles.
En premier lieu, il ne faut pas douter de l’issue de l’entreprise.
Comme la plupart de ses homologues, Pierre Couteux en fait un
préalable à la consultation : " Si une personne vient pour se faire
soigner et qu’elle s’en fout, il y a de grandes chances pour que ça
ne marche pas. Alors après on a bonne mine ! Moi, les j’m’en
foutistes je ne les soigne pas. Il y en a qui viennent en rigolant,
sans y croire, ni rien. Et bien, je n’y fais rien. " En exprimant cette
Comprendre le paranormal
82
nécessité, les leveurs de maux ne demandent aucunement à leurs
patients de croire en eux personnellement. Ils doivent simplement
avoir confiance dans l’efficacité du rituel.
L’abstinence alimentaire est parfois l’une des clauses de la cure,
notamment lorsqu’elle porte sur les verrues et les dermatoses "
humides ". Ne pas nourrir le mal, l’attaquer lorsqu’il est affaibli par
le manque de nourriture, est la base de cette règle, que suivent
aussi les intervenants. Ils sont ainsi assainis par le jeûne. Là
encore ils n’entendent pas que leurs consultants se dérobent à
cette exigence. Madame Paumelin affirme : " Écoutez, moi je me
prive de déjeuner, il n’y a pas de raison que la personne fasse pas
de même. C’est pas sérieux. Ceux qui veulent pas respecter les
règles ils ont qu’à aller voir ailleurs. C’est ce que je leur dis. "
Lorsqu’il s’agit d’intervenir sur les brûlures, le zona, les dartres,
voire les entorses, l’emploi d’une pommade est proscrit. Rien ne
doit faire écran entre le " pouvoir " du guérisseur et le mal. Celui-
ci doit, en quelque sorte, être " vierge ". Madame Durant
conseille : " Lorsque quelqu’un se brûle, il se forme une cloque
d’eau. Moi je le panse et dans la minute qui suit, hop, la cloque se
met à suppurer et l’eau s’en va. C’est terminé. Au bout d’une
journée, on ne voit plus de cicatrice, rien du tout. Le problème
c’est que souvent quelqu’un qui se brûle met de la pommade
dessus ou va voir un docteur et c’est le lendemain ou le
surlendemain qu’il apprend qu’on pouvait le panser. Dans ce cas,
ça donne plus de mal et la réaction du malade n’est pas pareille.
La brûlure ne part pas si vite et ça se cicatrise pas si bien. Il reste
toujours une marque. Là le pansement n’est pas si efficace. Il
faudrait que le brûlé ne mette absolument rien dessus et vienne
tout de suite. "
Comprendre le paranormal
83
Le guérisseur délimite la zone du corps où il va opérer. Il utilise
l’index de la main droite, le doigt qui accuse, ou parfois le pouce,
que certains considèrent comme " le doigt le plus fort ". Il sépare
les parties saines de celles qui sont affectées par le tracé d’un
cercle, généralement effectué dans le sens de la révolution solaire.
Il empêche ainsi le mal de s’étendre, le prenant au piège. Il ne lui
reste alors plus qu’à le détruire en faisant usage de l’arme de la
conjuration par excellence : la croix. Si ces personnes utilisent ce
signe lié au religieux, c’est faute de mieux. Leurs facultés ne
résultent pas de l’acquisition d’un savoir. C’est, comme le dit Joël
Joubert, " sur le tas " qu’ils ont appris à les mettre en œuvre.
L’officiant utilise souvent sa salive, substance qui symbolise
l’énergie vitale du soignant. Ce geste exprime une volonté forte de
vaincre l’adversité. Ainsi est-ce le cas pour combattre par l’humide
un excès de chaleur provenant d’un zona, de brûlures ou d’une
envenimation. Les patients déclarent alors éprouver une sensation
de fraîcheur, comme si déjà le venin perd de sa virulence ou le feu
s’apaise. A l’inverse, ceux dont les verrues ou les furoncles en sont
humectés en ressentent immédiatement les effets corrosifs. La
plupart la compare à de l’acide. Sous l’effet de sa causticité les
furoncles éclatent et les verrues se dessèchent.
Le souffle, qui représente la puissance interne de l’officiant, peut
être mis à contribution, notamment pour annihiler l’ardeur d’une
brûlure ou d’une inflammation musculaire. Sous le souffle " froid "
de messieurs Rouvel et Legalais, les entorses, foulures et autres
luxations " disparaissent comme par enchantement ", " les nerfs
rentrent dans leur tracé ".
Quand ces guérisseurs n’agissent pas directement sur le corps de
leurs consultants, ils utilisent des matériaux sur lesquels la
maladie est transférée et dont ils se débarrassent ensuite. Ils
Comprendre le paranormal
84
partent du principe que toute chose qui touche une personne
s’imprègne de ses propriétés et donc de ses maux. Toute action à
l’encontre de cet objet, qui constitue dès lors un substitut de
l’individu, se répercute sur lui. Le choix de l’objet de substitution
s’effectue en fonction de son analogie avec les caractéristiques
présentées par l’altération organique. Pour traiter les fièvres,
madame Guilever demande de lui faire parvenir un foulard rouge
que le sujet aura apposé sur son front et de lui indiquer son nom
et son prénom. Après avoir trituré quelques instants le tissu, le
temps qu’il s’imprègne de " sa force ", elle le soumet à l’action
lénifiante du vent en l’accrochant à un branchage. Dans le même
registre, d’autres enterrent au pied d’un tremble une mèche de
cheveux du souffrant ou un linge imbibé de sa sueur. Le tremble,
qui n’est autre que le peuplier, est choisi par analogie de nom
évoquant les tremblements du fiévreux.
3) Les guérisons miraculeuses
Autre discussion qui a remué le catholicisme, les guérisons
miraculeuses, celles de Lourdes en particulier. Certes, la plupart
sont encore incompréhensibles sur le plan médical. Mais
l’explication n’est pas forcément très loin. Je voudrais prendre
pour exemple le 65ème miracle de Lourdes, car il m’apparaît très
significatif :
� Delizia Cirolli, une jeune Sicilienne de 11 ans, souffre
brutalement de douleurs au genou, qui se révèlent provenir
d’une tumeur cancéreuse (un sarcome d'Ewing). Elle est
hospitalisée, et sa survie est alors évaluée à trois mois. Le
chef de service propose aux parents une amputation qui
devrait entraîner une amélioration du confort et une survie
de quelques mois. Les parents décident de la sortir de
l'hôpital contre avis médical, et la ramènent chez eux. Ayant,
Comprendre le paranormal
85
sur ces entrefaites, entendu parler de Lourdes, ils décident
de l'y emmener. Mais ils n'ont pas d'argent. Aussi tout le
village se mobilise-t-il pour recueillir la somme nécessaire.
Quelques semaines après le pèlerinage, la tumeur a régressé
puis a disparu, ce que l'équipe médicale a confirmé, radios à
l'appui (en 1976). Il n'y a pas eu de rechute depuis. La
Commission chargée d'enquêter sur les miracles de Lourdes
a conclu à une guérison surnaturelle, ce que l'Eglise a
entériné (en 1989).
On dit qu’il y a eu environ 6000 guérisons à Lourdes, parmi
lesquelles près de 2000 dossiers ont été instruits. Depuis 1947,
sur 1 300 dossiers ouverts, 57 ont donné lieu à la qualification de
guérison et 47 ont été présentés aux évêques pour les examiner
sur le plan religieux. Seuls 18 ont abouti à la dénomination
" miracle ". Les critères actuels sont : (1) La maladie décrite par le
(ou les) certificat(s) existait-elle avec certitude au moment du
pèlerinage à Lourdes ? (2) La maladie a-t-elle été brusquement
arrêtée alors qu'il n'y avait pas de tendance vers l'amélioration ?
(3) Y a-t-il guérison ? A-t-elle eu lieu sans l'emploi de
médicaments ? (4) Y a-t-il lieu de surseoir à conclusion ? (5) Une
explication médicale de cette guérison est-elle susceptible d'être
donnée ? (6) Échappe-t-elle aux lois naturelles ?
Dans ce 65ème miracle, les trois premiers points sont acquis, mais
je ne pense pas que les trois suivants le soient. On dit qu'un
organisme sain parvient à détruire quotidiennement environ 1 000
cellules anormales, précancéreuses. C'est la baisse des défenses
qui laisserait croître le cancer. Dans le cas présent, on imagine ce
qu'a pu représenter, pour des paysans pauvres, de s'opposer par
la force aux médecins, de prendre en charge, par eux-mêmes, la
survie de l'enfant, et enfin de réunir une somme pour eux très
importante, tout ceci au nom de la foi religieuse. Cette famille et
Comprendre le paranormal
86
ce village ont véritablement communié psychologiquement
pendant plusieurs semaines, en une sorte d’Égrégore : la venue à
Lourdes a pu constituer une image mentale très forte, qui a
focalisé positivement la vie émotionnelle de ce groupe, à l’instar
des "groupes de guérison" actuels. L'enfant n'a eu qu'à s'insérer
dans ce bain, ce qui explique à mon sens l’évolution positive. S'il
n'y avait pas eu de pèlerinage, cette histoire aurait-elle jamais été
considérée comme un miracle ?
Pour moi, le critère (6) pose une grande question. En effet, la
progression des sciences élargira progressivement le champ des
"lois naturelles". Ce critère doit être manié avec la plus grande
précaution. La guérison miraculeuse sera probablement un des
chapitres du paranormal qui entrera le plus tôt dans les sciences.
En effet, il ne pose aucune question ni sur le temps, ni sur
l’espace, ni même sur la causalité...
La guérison miraculeuse s'inscrit dans un cadre plus large. En
effet, bien des exemples montrent que notre psychisme est
capable, par lui-même, de susciter la guérison du corps. Cette
faculté est encore accentuée quand un groupe se réunit pour
obtenir une guérison.
4) Les guérisons par le psychisme
Cette question a fait l’objet, pour les cancers en particuliers, de
nombreux travaux scientifiques. "La psychothérapie peut-elle
retarder la mort par cancer ?" La réponse semblerait a priori
positive. Différentes recherches montrent un taux de survie
multiplié par deux à la suite d'une psychothérapie. En France,
Jasmin souligne une différence d'évolution très significative dans
les cancers du sein suivant le type de fonctionnement psychique.
Mais, comme le souligne Alain Dorra, ces travaux ne sont pas
vraiment fiables sur le plan scientifique, et il semblerait qu'"il
Comprendre le paranormal
87
existe actuellement dans le domaine de la psycho-oncologie autant
d'études mettant en relation psychisme et prolifération tumorale
que de travaux qui arrivent à la conclusion opposée."
Cependant, tous ces travaux, favorables ou défavorables à
l'hypothèse d'une action des mécanismes psychiques sur le cancer,
ne souffrent-ils pas d'un même handicap : ils se limitent au
conscient, dont on peut supposer, a priori, le peu d'action sur ces
processus ? Aussi, malgré toute la prudence qui s'impose dans ce
domaine très discuté, je pense qu'on doit examiner l'hypothèse
selon laquelle on peut solliciter mentalement les défenses de
l'organisme, et guérir de cette façon les maladies les plus
redoutables. J'aborderai, tout à la fois, la capacité qu'ont certaines
personnes de guérir les autres, les guérisons spontanées, hors
d'une intervention médicale, ainsi que celles dites inexpliquées,
voire miraculeuses. En effet, ces différentes manifestations
semblent faire un tout, même si toutes n'entrent pas dans le cadre
paranormal, loin de là :
� Mme R. a présenté, il y a plus d'une décennie, un cancer
bilatéral des seins, métastasé. Après son intervention, son
médecin lui prévoyait une survie ne dépassant pas trois
mois. Là-dessus, comme parfois cela se produit quand
l'échéance est proche, elle réalise la vanité de sa vie. Son
mari est parti avec sa secrétaire, ses enfants sont odieux et
ingrats avec elle... Sur les conseils d'une amie, elle jette tout
aux orties et se rend dans un centre de méditation aux USA.
Là, on lui dit que son cancer est lié à un excès de rigidité...
Elle y restera plusieurs années, et son cancer ne fera plus
parler de lui.
Beaucoup de femmes (ou d'hommes) ont ainsi, au seuil de la
mort, changé brutalement leur vie. Cette prise de conscience
Comprendre le paranormal
88
semble avoir été un facteur important de leur évolution favorable.
Les travaux statistiques, dont les résultats varient largement
suivant les études, montreraient surtout la difficulté d'identifier
des critères scientifiques de ce changement de vie.
� On se souvient de Chichester qui, lors d'un examen
radiologique des poumons, a découvert qu'il était condamné
par un cancer à moins de six mois de survie. Préférant
mourir en mer que dans son lit, il a pris son bateau, toutes
affaires cessantes, et a réalisé les exploits qu'on lui connaît.
Il est mort depuis, mais près de deux décennies après, et de
tout autre chose.
En dehors d'une possible erreur médicale, on évoque l'hypothèse
que les vagues déferlantes auraient suscité massivement, et de
manière quasi constante, ses corticosurrénales, et donc les
corticoïdes endogènes, dont le rôle est connu dans l'évolution des
cancers. N'auraient-ils pas détruit le cancer d'une manière
naturelle ? Les Japonais font appel à des hypothèses similaires,
lorsqu'ils proposent à leurs cancéreux l'ascension du Mont-Blanc...
5) Guérison par les groupes de prière
Lors d'une émission de télévision, une femme racontait qu'un
jour, alors qu'elle était au stade terminal d'un cancer, elle entra,
par hasard, dans une église où se tenait une réunion de prière
d'un groupe charismatique. Elle observait le groupe et entendit le
prêtre dire qu'il y avait parmi eux une femme en stade terminal
d'un cancer, et qu'elle serait guérie. Il demanda à la personne
qu'elle veuille bien lever le bras. Sans même y penser, elle leva le
bras. Peu de temps après cette prière en groupe, ses examens se
normalisaient complètement. A ce jour, elle n'a pas eu de rechute.
Comprendre le paranormal
89
Ces groupes se multiplient actuellement. Et j'entends des gens,
que je supposais loin de tout cela, me dire qu'ils en font partie.
Parfois ils se réunissent autour d'une personnalité marquante,
douée d'un charisme particulier. L'attitude du prêtre révèle une
intuition proche de la voyance. Il a senti l'arrivée de cette femme
étrangère au groupe et sa maladie. Par cette annonce très lourde,
le groupe, préparé à une communion mentale positive, s'est
brutalement focalisé sur cette personne. A joué une sorte de
synchronie, une contagion affective, organisant fortement les
émotions sur un thème spécifique : "En visualisant le malade
guéri, ils émettent une force de pensée bienfaisante", dit Maguy
Lebrun, animatrice de groupes de prière, et auteur d'un ouvrage
[1987]. Le prêtre, par son attitude, a réalisé de plus une sorte
d'"étiquetage", comme on dit actuellement : il a désigné cette
femme au groupe. Qu'elle soit étrangère a facilité les choses, car
aucune relation affective préalable n'interférait négativement avec
le processus. La disant mourante, il a eu un effet mobilisateur
immédiat, presque explosif, une sorte de "cri mental". La
rémission a suivi...
Dans les groupes de prière, bien des gens témoignent : "Ce n'est
pas un miracle que les gens viennent chercher, c'est de l'amour."
La détresse morale est la première cible. On retrouve des
éléments déjà vus : "Nous sommes les capteurs, les transmetteurs
aux malades de l'énergie développée par la prière de tous."
L'individu disparaît, et même l'individualité du groupe, dans une
soumission à une Entité, même si elle n'est pas explicitement
nommée. Le cadre religieux n'est pas précisé : il s'agit d'une
"forme d'amour qui, mêlée aux formes d'amour des autres, se
fond avec celles des "guides" pour devenir une somme. Au nom de
Dieu ou des forces cosmiques, c'est la même chose". Ceci évoque,
intimement mêlés, l'ésotérisme et de vagues intuitions
Comprendre le paranormal
90
chrétiennes. Les dogmes habituels cadrent mal avec ce que
ressentent les participants. Une animatrice, telle Maguy Lebrun, dit
ne pas se situer dans la foi catholique. Elle ajoute : "Dieu, c'est
l'ensemble des vibrations humaines astrales, c'est la quintessence
de l'esprit, c'est peut-être l'ensemble de toutes les forces
terrestres, de la nature, des énergies. C'est la vibration parfaite."
Cette accumulation de termes témoigne qu'elle cherche ses
références, mais on retrouve, à peine cachée, l'idée de Mental. Le
père Godel, qui connaît Maguy, le dit bien : "Sa conception de Dieu
est loin de la foi chrétienne, c'est un Dieu Impersonnel, un peu à
la manière hindouiste."
K- La résistance aux agents physiques
Notre organisme a la capacité de résister à des conditions
extrêmes. Nous avons tous entendus parler de fakirs, en plein
Himalaya capables de sécher sur eux-mêmes des draps gelés, par
la simple force de leur esprit.
Plus près de nous, nous savons que certains sont capables de
marcher sur le feu ou de résister au feu et à l'eau bouillante.
1) La marche sur le feu
Il existe actuellement de nombreuses écoles de marche sur le feu.
Ici la méthode fait appel à une transe
auto-induite. Elle s'inspire du Japon, où
M. R. l'a apprise auprès d'un Maître qui,
dit-il, se situait dans un cheminement
mystique. D'autres pratiquants, tel Tony
Robbins aux Etats-Unis, se placent dans
un cadre plus occidental, la
Programmation neuro-linguistique, par
exemple. Voici ce qu'en dit David
Comprendre le paranormal
91
Russel : "Quand je posai le pied sur les charbons, je n'avais
aucune idée de ce que serait mon expérience. Tout en traversant
le lit de charbons ardents, je n'eus que la vague notion de marcher
sur quelque chose de chaud." Ce sujet avait, semble-t-il, mis en
veilleuse sa pensée rationnelle, état induit par le Maître, et de ce
fait contrôlé par lui. Bob Audrey, toujours sous la direction de
Robbins, dit : "A la dernière seconde, avant de rejoindre le rivage
[le bord du feu], agacé par ce mystère, j'ai fortement pressé un
pied sur une pierre, un peu comme si j'écrasais un mégot de
cigarette, et je me suis grièvement brûlé."
� M. R., ingénieur CNRS, a effectué sous mes yeux (et
devant une nombreuse assistance) une marche sur le feu
d'une distance de cinquante mètres (deux fois vingt-cinq
mètres sans étape intermédiaire). Avant de commencer, il
s'arrête quelques instants sur un tas de sel, destiné à
assécher la plante de ses pieds. Il pousse un cri guttural.
Puis il part d'une manière mécanique. Faisant un rapide
demi-tour en bout de piste, il reprend le même chemin, en
sens inverse. Il s'arrête en fin de course un instant, lance le
même cri, avant de reprendre une attitude normale. Il
montre ses plantes de pieds à quelques observateurs. Après
les avoir brossées pour enlever les cendres, on constate
qu'elles ne sont en rien lésées. Cependant, une braise s'est
malencontreusement placée entre deux de ses orteils, le
brûlant gravement.
Une telle expérience ne se situe pas vraiment dans un cadre
paranormal dans le sens habituel. M. R. est d'esprit rigoureux.
Travaillant dans un laboratoire de neurophysiologie humaine, il est
à même de connaître les capacités de l'organisme. Pour lui, le pied
ne brûle pas parce que le temps de contact est trop court pour
qu'il arrive à la température critique. Il se met en état de transe
Comprendre le paranormal
92
(ce dont témoigne le cri) pour supprimer les hésitations. Laisser
gérer l'opération par des automatismes permet d'obtenir des
temps strictement constants. Le niveau d'inconscient qu'évoque M.
R. est superficiel, comme le manifesterait d'ailleurs la brûlure
entre les orteils.
Illustration : marche sur le feu (col. privée.)
2) Résister au feu
L'être humain peut présenter la faculté de résister au feu, au-delà
de l'imaginable. J'ai moi-même assisté à une séance avec un
chaman qui laissait ses mains sur la flamme d'une bougie plusieurs
minutes sans apparemment en ressentir la moindre brûlure.
L'émission "Mystères" a présenté une démonstration de
maniement du feu par Mario Mercier, chamans et auteur de
plusieurs ouvrages [1977...]. Celui-ci prenait des braises, si
chaudes que le présentateur disait ne pas pouvoir les approcher.
On lui avait adjoint un prestidigitateur, à titre d'expert. Mercier a
donc pris les braises à pleines mains, les a brisées dans ses doigts,
réduites en cendres, puis a ouvert les mains. Après avoir frottées
celles-ci ensemble, pour en dégager la cendre, aucune trace de
brûlure ! Et l'expert de confirmer la capacité étonnante du
chaman, attestant qu'il avait vérifié l'absence de prestidigitation.
Mercier expliquait ses facultés en disant qu'il était entré en contact
avec l'esprit du feu. Ainsi les braises ne le brûlaient plus.
Il arrive que cette insensibilité au feu surgisse de manière
sporadique, hors d'un apprentissage et de la vie mystique. La
résistance au feu est connue depuis la plus haute antiquité, dans
toutes les civilisations. Si la marche sur le feu apparaît fréquente
et de pratique relativement facile, le fait de rester durablement
dans les flammes et d'en ressortir intact, corps et vêtements, est
très rare.
Comprendre le paranormal
93
Thurston lui consacre un chapitre entier ("Salamandres
humaines"), il rappelle l'histoire du martyr chrétien saint Polycarpe
de Smyrne (vers l'an 156) :
� "Il fut condamné à être brûlé vif. Les piles de bûches
allumées flambaient violemment : les flammes, formant une
voûte, encerclèrent doucement le corps du martyr sans lui
faire aucun mal ; si bien que ses persécuteurs, pour en finir
avec lui, dépêchèrent un homme d'armes lui percer la
poitrine d'un fer de lance. Le jet de sang éteignit
l'embrasement, mais quand saint Polycarpe eut expiré, le
bûcher fut rallumé et son corps, sauf les os, fut réduit en
cendres." (p. 209)
Malgré l'exagération toujours possible, l'incombustibilité apparaît
liée à la vie du sujet, et donc à son état mental. Dès que cette vie
cesse, le corps subit la loi habituelle de la matière. Cette
résistance au feu concerne le corps mais aussi les vêtements.
Cette résistance au feu se communique à un tiers non entraîné,
par une contagion affective, d'inconscient à inconscient. Thurston
écrit ainsi, de François de Paule (p. 214) :
� "On avait édifié auprès de là un four à chaux... et il était
déjà allumé, quand on vint dire au saint qu'il s'effondrait.
Sur quoi François ordonna à un moinillon... de prendre un
bâton qu'il lui donna et de le planter à l'intérieur. Il dit au
jeune garçon de ne pas avoir peur, et en vérité il ne souffrit
aucun mal, et le four fut sauvé."
Quand le sujet se soumet "corps et âme" au Maître compétent, il
ne court pas de risque. C'est l'esprit du Maître qui,
instantanément, lui communique ses capacités. Il n'a besoin
d'aucune formation, mais, de ce fait, il n'acquiert rien. S'il s'extrait
Comprendre le paranormal
94
de cette relation, il perd tout : "Si vous me lâchez la main, vous
allez brûler horriblement", le prévient-on d'avance. Il faut
distinguer radicalement l'apprentissage habituel, qui porte sur des
rudiments, d'une transmission immédiate de la maîtrise la plus
accomplie.
Cette capacité est étrangère à l'intelligence, elle se réfère à un
fonctionnement mental "primaire", archaïque, largement
inconscient.
� "Le Frère François [de Paule] répondit : "Il est tout à fait
vrai que je suis un rustique, et si je ne l'étais pas, je ne
pourrais pas faire des choses comme cela." Et ce disant, il se
pencha vers le feu qui était bien grand et brûlait à belles
flammes. Il remplit ses mains de tisons et de charbons
ardents et les garda ainsi, et se tournant vers le chanoine, il
dit : "Vous voyez, je ne pourrais faire cela, si je n'étais un
paysan."" (Thurston, ibid., p. 212.)
On pourrait opposer à cette "incombustibilité" le phénomène de la
"carbonisation spontanée", décrite depuis très longtemps. On en
découvre régulièrement de nouveaux cas, et ils se ressemblent
tous.
L- Contrer les lois de la gravitation
Les lois de la gravitation nous semblent les plus parmi les plus
incontournables, et pourtant divers témoignages attestent qu'il est
possible de lui échapper. Le cas le plus connu est le fait de s'élever
physiquement et de voler comme le ferait un oiseau, c'est la
lévitation. On ignore souvent que l'inverse existe et qu'il est
possible de devenir si lourd que personne ne peut plus nous
déplacer, c'est l'hyper-gravitation.
Comprendre le paranormal
95
1) La lévitation
On appelle " lévitation " le fait qu'un sujet échappe
momentanément aux lois de la pesanteur, jusqu'à s'élever parfois
fort haut. C'est une des manifestations paranormales les plus
spectaculaires. Sa réalité semblerait peu discutable. Elle est
décrite dès les temps les plus anciens, dans toutes les religions.
D'innombrables témoignages ont été recueillis dans les procès de
canonisation. Bouflet [1992, chap. 1] relate sa fréquence chez les
mystiques, même récents. Il avance le chiffre de 10 % (21 cas)
sur les deux cents personnes mortes au xixe et au xxe siècle qui
ont été béatifiées ou canonisées (p. 31). Il note (p. 41), à propos
de Marie d'Agreda (1602-1665) :
" Le corps était privé de l'usage des sens comme s'il eût été mort.
[...] Il était un peu élevé de terre et aussi léger que s'il n'eût
aucun poids naturel, de sorte que par un seul souffle on le
remuait, même d'assez loin, comme une plume légère. " Ailleurs
(p. 47), il parle des visionnaires de Garabandal (près de
Santander, en Espagne, entre 1961 et 1965) : " Entre elles, elles
Comprendre le paranormal
96
se soulèvent avec une très grande facilité ; mais deux hommes
vigoureux arrivent à peine à en remuer une. "
Le plus connu des saints "lévitants" est sans conteste saint Joseph
de Cupertino (1603-1663). Prosper Lambertini (Benoît xiv),
(pape sous le nom de Benoît XIV), Promotor Fidei (l'Avocat du
Diable) lors du procès de béatification, écrit : " Des témoins
oculaires, d'une honnêteté indiscutable, portèrent témoignage des
fameuses élévations au-dessus du sol..." Elles ont été observées
plus d'une centaine de fois, et ce par des témoins aussi importants
que sceptiques :
" Quand, en 1645, l'ambassadeur d'Espagne auprès de la cour
papale, le grand amiral de Castille, traversa la ville d'Assise, il vint
saluer Joseph de Cupertino dans sa cellule. [...] Son épouse
exprima le désir de jouir du même privilège. [...] A cela il [Joseph]
répondit : "J'obéirai, mais je ne sais si je pourrais lui parler." En
réalité, dès qu'il pénétra dans l'église, son regard se posa sur une
statue de Mère Immaculée qui se dressait sur l'autel : il s'éleva à
l'instant d'une douzaine de pieds au-dessus de la tête des
personnes présentes jusqu'au pied de la statue. Après avoir rendu
hommage pendant un moment, il poussa son cri accoutumé, vola
en arrière et retourna tout droit à sa cellule, laissant l'amiral, sa
femme et la brillante suite qui les accompagnait muets
d'étonnement. " (Thurston, p. 26 et suiv.)
L'extase se révèle par le cri, qui jalonne souvent chez lui ces
épisodes. La lévitation cesse sitôt que la transe se termine, comme
souvent :
" S'étant élevé, il se posa sur une haute branche d'arbre qui ne
plia pas. Mais quand l'extase prit fin, elle menaça de se rompre, et
Joseph étant incapable de redescendre, il fallut utiliser une échelle
pour le sortir de ce mauvais pas. " [Guitton et Antier, 1994,
p. 178]
Comprendre le paranormal
97
Au décours de la transe, dès lors que la conscience réapparaît, le
phénomène cesse, définitivement. Ce n'est cependant pas le cas
de tous les saints. Sainte Sainte Thérèse d'Avila, autre
" lévitante " bien connue, dit ainsi :
" Mon âme était enlevée et même ordinairement ma tête suivait ce
transport sans qu'il y eût moyen de la retenir : quelquefois même
le corps tout entier était emporté, lui aussi, et ne touchait plus
terre. [...] Lorsque je voulais résister au ravissement, il me
semblait que des forces si puissantes que je ne sais à quoi les
comparer me soulevaient par les pieds. [...] J'avoue même que,
dans les débuts, j'étais saisie d'une frayeur très vive en voyant
mon corps ainsi élevé de terre." [1985, p. 195-196]
Parmi les laïcs, le médium Dunglas-Home est sans doute le plus
connu des lévitants. Il faut cependant remarquer, comme le
souligne Thurston (p. 11), que la plupart de ses démonstrations
étaient réalisées dans un demi-jour, propre à la supercherie...
On la rencontre également chez chez les "possédés" par le Diable.
Voici deux cas : le premier, en 1907, se situe au Natal (Afrique du
Sud), relaté par le chanoine François Gaquère, à propos d'une
jeune possédée de dix-sept ans, Claire-Germaine Cèle :
" Le suprême exorcisme fut fait par l'évêque en personne, Mgr
Henri Delalle, oblat de Marie Immaculée, originaire d'Apremont,
près de Metz, en Lorraine. Au cours de la cérémonie, il se produisit
un épisode qu'on aurait de la peine à croire s'il n'avait pas eu de
nombreux témoins. Après deux heures et demie de prières, tout à
coup la possédée s'envola à deux mètres de hauteur, et de là, elle
s'écria à l'évêque stupéfait : "Eh bien, l'évêque, qu'as-tu à me
regarder tout ébahi ? Imite-moi donc !" " Planson [1978, p. 230]
Comprendre le paranormal
98
Le second cas s'est produit en Italie, le 21 mai 1920 à 14 heures
et comporte une part de glossolalie :
"Il s'agit encore d'une malheureuse jeune femme livrée à ce
véritable supplice moral qu'est l'exorcisme, pratiqué cette fois par
le père Pier Paulo, en accord avec l'évêque Mgr Pellizari, du
couvent de Santa Maria de Campagna, près de Florence : "Soudain
retentissent, en latin, les premières paroles de l'exorcisme
(prononcées par la possédée) Exorcizo te, immundissime spiritu,
omne phantasma, omnis legio... A ces mots, la possédée,
saisissant de ses deux mains les pointes de ses pieds, s'enleva du
sol."" (Planson, ibid.)
L’inverse de la lévitation (augmentation anormale du poids) est
souvent appelée " hyper-gravitation ".
2) L’"hyper-gravitation"
A l'inverse de la lévitation, on a décrit l'" hyper-gravité ",
l’augmentation anormale du poids. Bouflet (p. 63) cite le cas de
sujets qui ont, lors d'une extase, pris un tel poids qu'ils devenaient
impossibles à déplacer. En voici deux exemples récents et qui
semblent bien attestés. Le premier concerne Alexandrine-Marie da
Costa (1904-1955), dont le poids normal était de 40 kg :
� "Le Dr Azevedo invita un jour à soulever Alexandrine du
pavé : à ce moment précis, elle revivait la montée du Christ
au Calvaire avec la croix sur les épaules. Le prêtre, homme
très robuste, la prit sous les aisselles, mais tous ses efforts
furent vains. Il murmura : "En y mettant toute ma force, je
n'y arrive pas !"" (Bouflet, 1991, p. 64)
Une telle particularité a été décrite chez cette femme, à maintes
reprises. Le sujet a l'impression de ployer sous un poids énorme,
Comprendre le paranormal
99
celui de la croix de la Passion. On a constaté le même phénomène
chez une autre religieuse, Catherine-Aurélie Caouette (1833-
1905) :
� "J'ai essayé à diverses reprises et par divers moyens de
la soulever de son siège. Je n'ai pas pu donner le moindre
ébranlement à son corps et, en essayant de la soulever, j'ai
éprouvé l'effet d'un poids énorme qui fatigue celui qui veut
le mouvoir." (Bouflet, id., p. 65)
3) Les stigmates
On appelle "stigmate" des plaies du côté gauche du thorax, des
paumes et des pieds ainsi que du cuir chevelu, ces plaies évoquant
celles subies par le Christ le jour de sa Passion (couronne d’épines,
supplice de la croix). Un de leurs caractères les plus spécifiques
est qu’ils apparaissent subitement, souvent le vendredi (jour
anniversaire du supplice), et disparaissent d’une manière aussi
inexplicable le dimanche (jour de sa résurrection).
Ces lésions sont parfois transfixiantes (ils transpercent le membre
de part en part), elles ne s’infectent pas (à l’opposé de lésions
Comprendre le paranormal
100
communes chez le même sujet) et présentent parfois des
écoulements sanguins qui ne respectent pas forcément les lois de
la pesanteur, pour l’Allemande Thérèse Neumann, en particulier.
Le premier a avoir présenté des stigmates est St François d’Assise.
Il sont apparus subitement, lors d’une transe (en 1226, soit deux
ans avant sa mort). Depuis St François, un nombre important de
sujets ont présenté des stigmates (Bouflet, 1996). Comme le fait
remarquer Bouflet, François d’Assise a présenté une forme
nouvelle d’adoration : il s’est assimilé au Christ, ce que personne
ne s’était permis auparavant.
La chose n’est pas innocente sur le plan psychologique. Les
manifestations paranormales illustraient, parfois d’une manière
très précise, des contenus inconscients. Ceci permet d’établir une
continuité entre les stigmates des saints et d’autres
manifestations, comme la dermographie des hystériques. S’il y a
une évidente différence d’échelle, il pourrait exister une certaine
parenté dans le mécanisme.
M- La Magie, la sorcellerie
La Magie est souvent confondue avec la
sorcellerie. Selon le dictionnaire Rey, la
"sorcellerie" serait une "Magie primitive",
opinion qu'on retrouve dans presque tous
les ouvrages sur le sujet. Toutes deux,
dans leur principe, consistent en une
action directe sur la nature grâce à des
procédés dits "occultes".
Ainsi, le sorcier peut faire tomber la pluie
(ou le prétend, comme l'indique
l'illustration) ainsi que d'autres calamités. Il peut répandre le
Comprendre le paranormal
101
mal... sous toutes ses formes. C'était, avec l'art de guérir, un des
propos du chamanisme.
Lors des grands procès, une des accusations les plus courantes
était celle d'avoir participé à un Sabbat de sorcière, avoir établi
une relation intime avec le Diable. Mais ce qui amenait devant le
tribunal était probablement bien plus souvent l'allégation
d'envoûtement, encore courante aujourd'hui.
1) La sorcellerie
On considère traditionnellement la sorcellerie comme une Magie
qui aurait régressé vers les aspects
les plus abjects et les plus primitifs.
Pour le Moyen âge, elle s'appuyait
sur un commerce avec le Diable,
qu'attestait parfois un "pacte" (ci-
contre celui d'Urbain Grandier, brûlé
pour sorcellerie).
Actuellement, le terme de Magie
étant tombé en désuétude (trop
marqué par la Magie noire et du fait
d'une certaine confusion avec
l'illusionnisme), le qualificatif de
"sorcier" est de plus en plus revendiqué (Carlos Castaneda en est
l'exemple récent probablement le plus connu).
De fait, la sorcellerie recouvre des pratiques très contrastées. La
"basse sorcellerie", celle des campagnes, et une approche
chamanique de la nature, une recherche des lois qui relieraient la
pensée aux faits matériels (comme Castaneda le montre, d'une
manière assez lyrique).
Comprendre le paranormal
102
Même si la pratique sorcière survit de nos jours, elle appartient à
l'Histoire, au moins en Europe.
Illustration : col. privée
a) Le Diable
Une personne vient me voir : " Dites-moi si je suis possédée par le
Diable. C’est ma plus grande
angoisse. Je passe mon temps à faire
des rituels pour éviter cela… " La peur
du Diable n’est plus très courante et
c’est, d’une certaine façon, bien
dommage… Encore faut-elle qu’elle ne
conduise pas, comme pour cette
pauvre femme, à des troubles
obsessionnels-compulsifs (dits
" TOC ").
Durant tout le Moyen âge, la crainte du Diable était si monnaie
courante que, même durant les procès, on évitait soigneusement
d’évoquer les méthodes de sorcellerie et de Magie, quelle qu’elle
soit. Le " Marteau des sorcières ", manuel des juges lors des
Grands procès, écrit par Institoris et Sprenger était édité en petit
format pour pouvoir être ouvert sans être vu !
L’idée de " Diable " est, paradoxalement, récente dans l’Histoire de
l’humanité. Il apparaît dans le Nouveau Testament sans avoir
jamais été " présenté ". En effet sa création apparaît dans la Bible
au niveau du Livre d’Enoch, texte issu de la littérature apocryphe
apocalyptique juive (Esséniens), entre 210 et 60 avant J.C., dont
nombre d’ouvrages ont été retrouvés à Qumran. Dans le Nouveau
Testament, le Diable est omniprésent. La multiplication des cas de
Comprendre le paranormal
103
possession donne l’occasion au Christ de manifester ses pouvoirs
d’exorciste.
Antérieurement, comme d’ailleurs dans toutes les religions dites
" primitives " et des religions polythéistes comme l’hindouisme, la
Divinité n’est jamais entièrement mauvaise. Kali et Shiva, par
exemple, ont, tout à la fois, des aspects négatifs et positifs.
" Lucifer " est couramment confondu avec l’Esprit du Mal. Or,
comme le souligne la Bible, il était avant l’ange le plus proche de
Dieu, qui l’a déchu pour avoir voulu L’égaler. Quand à Satan (stn
en hébreu signifie " l’opposant, celui qui met obstacle "), il
personnifie le Mal.
L’imagerie populaire montre le Diable sous forme d’un bouc
debout. Or, cette représentation apparaît directement issue de
celle de Pan, Dieu du désir sexuel et des forces de reproduction.
Ce rapprochement n’est pas vain…
Notes :
L'illustration : le "Diable" de Rennes-le-Château (en fait une statue
d'Asmodée)
Les informations de cette page sont tirées du Que sais-je ? " Le
diable " n° 3423, excellent ouvrage, complet et d’abord assez
facile.
Mettre une majuscule au Diable peut paraître paradoxal. Nous ne
voulons faire aucune discrimination entre les différentes Divinités,
de quelque religion que ce soit. Le personnage du Diable est
d’ailleurs d’origine si trouble qu’elle justifie cette particularité.
Comprendre le paranormal
104
b) La sorcellerie des campagnes
La sorcellerie des campagnes persiste bel et bien, quoi qu’on
puisse dire. En France, on la dit plus fréquente dans l’Ouest
(Normandie, Bretagne, Poitou-Charentes) mais c’est probablement
parce qu’elle a été étudiée là plus qu’ailleurs. On la retrouve sous
des aspects très divers, qu’on pourrait schématiser de la manière
suivante :
* La première forme, assez sordide, consiste dans le combat
incessant entre un soi-disant " envoûteur " et un " désenvoûteur ".
Comme l’a bien montré Jeanne Favret-Saada, dans son livre " Les
mots, la mort, les sorts ", le mécanisme de cette sorcellerie est
des plus complexe. Un sujet note des faits dont la répétition ou le
caractère inopportun l’inquiète. Il pense qu’on lui a jeté un sort. Il
consiste alors un désenvoûteur qui confirme et utilise diverses
méthodes pour le dégager. L’" agent ", celui qui a mobilisé
l’envoûteur, est souvent un proche, un habitant du même village.
On ne saurait cependant oublier la part de l’entourage qui renforce
l’" ensorcelé " dans sa conviction et joue un rôle important dans
son affaiblissement. Cette forme de sorcellerie fait partie
intégrante des conflits de proximité, si fréquents entre voisins. Elle
prend un tour " magique " du fait des traditions qui n’ont jamais
cessé, malgré l’Inquisition et les Procès.
* La seconde forme n’implique nullement un " ensorceleur ". Le
sujet qui vient consulter souffre de divers maux dont l’origine peut
être attribuée au " hasard ", à la " mauvaise fortune ". Ce peut
être des maladies, accidents, etc. La méthode pour libérer le sujet
est, en fin de compte assez proche de la précédente, sauf qu’ici on
n’accuse pas un tiers. La prière, religieuse ou non, utilisant un
rituel connu ou secrète, a ici une grande part. Les saints sont
Comprendre le paranormal
105
souvent invoqués. Dominique Camus a fait de nombreux travaux
sur ce thème, en Bretagne.
* Une troisième forme confine au travail du guérisseur. C’est le
" leveur de maux ", également bien étudié par Camus. Ici, nous
vivons une sorte de miracle au quotidien, la guérison obtenue
restant souvent inexplicable pour les sciences. Ici encore, le secret
règne et nous sommes proches du religieux, dans un contact direct
avec les " forces de la
nature ".
c) La sorcellerie et l'histoire
Depuis 1450, et jusqu'en 1850
dans certaines contrées
d'Europe, les Procès de
sorcellerie endeuillé l’Europe.
On a brûlé d’innombrables
femmes et hommes, pour
l’essentiels issus de la campagne, mais aussi des notables, des
prêtres en particulier. Ces procès se déroulaient généralement de
manière expéditive. Certains condamnés étaient exécutés dans les
heures qui suivaient le
jugement. La défense était,
souvent, inexistante. De plus,
comme le souligne Mandrou,
les accusés avouaient souvent
sans même avoir été torturés.
L’accusation de sorcellerie
portait sur des faits très
divers. Mais on retrouve dans les procès, d’une manière de plus en
plus stéréotypée, outre l’accusation d’avoir utilisé des méthodes
Comprendre le paranormal
106
occultes pour agir sur autrui, la participation à un Sabbat de
sorcière.
Illustrations : collection privée
d) Le Sabbat de sorcières
Beaucoup de sorcières ont été brûlées
pour avoir participé à des Sabbats, à
des rencontres où elles étaient sensées
avoir adoré le Diable sous forme d’un
bouc. Cette idée date des premiers
procès, comme en témoigne l’image ci-
contre. Curieusement, cette adoration
concerne toujours l’arrière-train de
l’animal. Contrairement à l’apparence,
il ne s’agit pas de ridiculiser davantage
la sorcière. En effet, de très anciens cultes (ceux que les procès
condamnaient, sans le dire) concernaient justement l’adoration de
sculptures en forme de fesses (culte
assimilé à celui de Bacchus).
Durant ces sabbats, lesdits sorciers
étaient censés se livrer à toutes les
ignominies, égorger des enfants, avoir
des pratiques sexuelles " contre nature ",
en particulier avec le diable " dont le
sexe était froid et la semence brûlante ",
etc. La danse et la nudité y avaient une
grande place.
En comparant les motifs des
condamnations et des pratiques
magiques actuelles, en particulier dans
Comprendre le paranormal
107
les peuples dits " primitifs ", on constate que l’intelligentsia de
l’époque jugeait des faits souvent exacts à partir de principes
moraux, sans se soucier de comprendre " de l’intérieur ".
L’amalgame était la règle. D’où un discours de plus en plus
stéréotypé. Une étude plus approfondie, à partir de témoignages
récents, nous permet cependant de resituer et comprendre les
faits.
Illustrations : Grandes Heures du Duc de Berry (Musée de
Chantilly)
et collection privée.
e) La vraie nature des Sabbats de sorcières
Lors des procès de sorcellerie, les prévenus étaient souvent
accusés d’avoir participé à des Sabbats de sorcières. Selon la
tradition, il s’agissait de réunions se tenant cachées, sur le
sommet d’une montagne (le classique " mont chauve ") ou dans la
clairière d’une forêt. Ont été ainsi condamnées des rencontres de
paysans, probablement un peu rebelles, mais qui n’avaient pas de
vrais rapport avec la sorcellerie.
Comprendre le paranormal
108
Beaucoup plus sérieuse
était l’accusation que la
gravure ci-dessus
résume à la manière
d’une " bande
dessinée ". Une femme
s’enduit le corps d’un
onguent (comme le
montre bien la seconde
gravure, ci-contre). Elle
s’envolait alors, passant
par la cheminée, allant
au Sabbat perchée sur
un balais. La formule de
l’onguent varie. On en
trouve une liste, assez complète dans l’ouvrage de Jean de
Nynauld. S’y mêlent des substances narcotiques, hallucinogènes et
de véritables poisons, tels la ciguë. On retrouve ici des éléments
bien connus, ceux permettant le dédoublement.
Tout porte donc à croire que, même à l’époque, les érudits
n’avaient aucun doute sur la véritable nature de ce cheminement
vers le Sabbat. Il s’agissait d’un voyage en rêve. De pauvres
femmes étaient ainsi brûlées parce qu’elles avaient rêvé !
De nombreux témoignages récents l'attestent, en premier lieu
l'ethnologue américain Carlos Castaneda, qui dit avoir "volé" après
avoir, quant à lui, fumé un ensemble d'herbes.
Pour plus d'information, se reporter à "Expliquer le paranormal",
chapitre B et C.
Illustrations : collection privée.
Comprendre le paranormal
109
2) La Magie
La Magie est (selon le Rey) l’art de
produire des phénomènes par des
procédés occultes (je mets un grand
" M " pour la distinguer de
l’illusionnisme). Elle est probablement
aussi vieille que l’homme, et se
retrouve dans les écrits les plus
anciens (la Bible en particulier). Ainsi,
les faiseurs de tempête (cf.
illustration) ont probablement existé
de tout temps.
Au sein de la Magie, on distingue
habituellement la " Magie blanche ", se situant dans le Bien (en
principe) et la " Magie noire ", opérant dans le Mal.
En fin de compte, l’une et l’autre sont bien proches, au moins par
leurs procédés :
- l’utilisation de matériaux spécifiques : objets " bénéfiques " dans
la Magie blanche (reliques saintes, croix, épée consacrée) ; objets
" maléfiques " (clous de cercueil, terre de cimetière…) dans le cas
de la Magie noire. Bien souvent, ce sont d’ailleurs les mêmes qui
servent dans les deux cas (hostie consacrée, objets liturgiques),
- l’usage de formules spécifiques : prières religieuses (ou
apparentées) dans le cas de la Magie blanche ; prières modifiées
ou détournées de leur objet, " formules magiques "
(malédictions…) dans le cas de la Magie noire.
Je ne saurais conseiller la lecture d’ouvrage de Magie noire.
Néanmoins, on peut consulter l’ouvrage du R.P. Johannès pour
avoir une idée des rites.
Comprendre le paranormal
110
Il faut enfin parler du plus connu des ouvrages de Magie, " Le
Grand et le Petit Albert ", recueil de secrets attribués à Albert le
Grand, et qu’on peut trouver facilement en librairie… mais en
édition expurgée (et, de ce fait, difficile d’emploi !).
Illustration : collection privée.
a) Magie noire
Dans un site consacré au
paranormal, il importe de
parler de Magie noire. Mon
propos n’est pas de la
promouvoir, en aucune
façon, mais de donner des
informations sur la manière
dont on peut la comprendre.
Le premier principe, c’est
que la Magie noire repose, comme tout le paranormal, sur notre
capacité à mettre en branle les lois de l’Univers. Le modèle du
Mental, et ses niveaux profonds permet de donner un cadre à
cette hypothèse. De ce fait, il y a lieu de prendre la Magie noire,
comme la Magie dans son ensemble, avec le plus grand sérieux.
Ceci ne veut pas dire qu’il faut en être la victime, et surtout pas la
victime consentante.
Combien de fois ai-je vue de consultant me dire : "On m'a dit que
j'étais envoûté". L'envoûtement est en effet la pratique la plus
fréquente en Magie noire, mais, fort heureusement, ce n'est
souvent qu'une illusion. Il s'agit de réagir. Et pour cela, il faut
comprendre comment fonctionne la Magie noire.
Comprendre le paranormal
111
Sur le plan pratique, la Magie noire repose sur un certain nombre
de pratiques, que nous ne décrirons pas ici, mais qui toutes, en fin
de compte, visent à susciter des images mentales très fortes et à
mobiliser la pensée autour d’un but néfaste. La Magie noire
s’entoure donc d’un cérémonial qui vise à mettre la pensée dans
les dispositions souhaitées. Les objets, poudres et philtres, n’ont
pas d’autre but.
On ne peut pas la pratiquer impunément, car, même si au début
" on n’y croit pas ", les premiers effets, perceptibles par tous les
pores de la peau, font que le processus échappe à la volonté et à
la raison. En effet, le " moteur " de la Magie (noire ou blanche) ne
se situe pas au niveau du conscient mais de l’inconscient profond,
et plus particulièrement la part de nous-même qui prend en
compte la réalité environnante (notre cerveau " animal "). Or,
nous ne contrôlons pas ces instances (pas plus que nous ne
contrôlons le fonctionnement de notre cœur…).
Les effets de la Magie noire ? Plutôt que de répondre de manière
moraliste, on peut s’inspirer du témoignage de Sonia Lazareff " La
sorcière blanche " : initiée à la Magie noire, elle se trouve
embarquée dans une spirale infernale, où les deuils et les
malheurs se succèdent jusqu’à ce qu’elle soit obligée de rentrer en
France.
Comment résister à la Magie noire ?
Illustration : dessin personnel.
Résister à la Magie noire
Comprendre le paranormal
112
Contrairement à ce qu’on croit, il est
parfaitement possible de résister à la Magie
noire.
La première chose, et la plus importante, est
de savoir maintenir son esprit dans le Bien.
Toute idée de vengeance, et même de crainte, suscite chez nous
des " lieux de fragilité " sur lesquels viendra " s’accrocher " la
Magie noire. De fait, les clous de protection qu'indiquent cette
figure me semblent une chose difficile à manier et peu profitable,
au moins dans son principe.
Un patient me raconte qu’une de ses collègue de travail est venue
lui dire : " Tu es très protégé ! ". Son ton, et le contenu de la
conversation signifiaient, c’était pour lui une évidence, qu’elle avait
cherché à l’atteindre d’une manière magique. " Protégé ? ", il
l’était peut-être, mais il a surtout pensé que la protection à
laquelle cette femme faisait allusion venait de son état d’esprit
positif.
Si vraiment vous ne vous sentez pas à même de résister à ce que
vous pressentez, n’hésitez pas à demander conseil. Mais n’oubliez
pas que vous n’êtes peut-être pas blanc.
Un collègue m’envoie une femme. Celle-ci me téléphone : " Je
reviens du Maghreb. Je participais à une fête traditionnelle. J’ai vu
une tente. J’ai compris qu’il s’agissait de celle du marabout.
Comme il n’était pas là, je suis entrée. Mais, quand je suis
ressortie, il était là, furieux. Il m’a lancé ce que j’ai compris être
une malédiction. Depuis, je ne m’en sors plus. J’ai eu des
problèmes dès l’avion du retour, et depuis ça ne s’arrête pas. J’ai
vu des quantités d’exorcistes, et ils ne peuvent rien faire pour
moi " J’ai dit à cette femme qu’étant en province, elle pourrait voir
Comprendre le paranormal
113
le Dr V., tout à fait à même de comprendre ce qu’elle avait, et
éventuellement de l’adresser à une exorciste compétent. Elle me
demande si c’est un psychiatre. Quand je lui réponds : " Oui,
aussi ", elle me dit qu’elle n’a pas besoin de ça !
Pour moi, cette femme n’était pas folle. Outre un problème
vraisemblablement bien réel, elle s’auto-envoûtait et avait donc
besoin d’une aide sur différents plans…
N’allez pas voir n’importe quel exorciste. Il y en a de bons, mais
surtout beaucoup de mauvais… C’est un domaine où n’importe qui
peut se donner ce " titre ".
Illustration : col. privée.
b) Envoûtement
Notre propos, dans ce
site, n’est pas
d’indiquer comment
faire un envoûtement,
mais de dire en quoi il
consiste et comment
se protéger contre lui.
Fort heureusement,
l’allégation
d’envoûtement est bien plus fréquente que l’envoûtement réel.
� Un ami sonne à ma porte, un matin : "Ma femme
est malade depuis hier soir, je suis sûr que c'est ce
qu'elle a mangé hier, au dîner, chez vous!" Curieuse
entrée en matière... Je le fais asseoir, et le
questionne : il a planté hier une haie, et cette haie a
été écrasée pendant qu'il était chez nous. En outre, il a
Comprendre le paranormal
114
trouvé, sur la pente bétonnée menant à sa maison, un
chien mort... Je n'ai pas besoin d'aller plus loin.
Derrière ce discours qui pourrait paraître agressif, c'est
un homme aux abois : il est ensorcelé, ou du moins il
le croit. Comme nous étions en Martinique, mon ami
avait immédiatement pensé à un quimbois (un sort, en
langue créole). Je l'interroge plus avant : il me révèle
que sa haie était près d'un arrêt d'autobus. La nuit
tombant vers 18 heures, une foule importante est
encore susceptible de passer là, et des gens non
prévenus ont pu piétiner sa plantation, récente donc
fragile. Quant au chien, probablement est-ce un animal
errant, venu mourir là. De toute façon, il ne portait
aucun des ornements habituels du quimbois...
Malheureusement, parfois l’envoûtement semble plus
vraisemblable :
� Le Dr M. me racontait qu'une de ses patientes était
venue le voir, dans un grand syndrome dépressif.
Cette femme rapportait son état à un envoûtement.
suite à une jalousie amoureuse. Chaque fois qu'elle
ressentait un malaise, immédiatement un appel
téléphonique de l'épouse éconduite lui demandait
comment elle se sentait... Les traitements
psychothérapiques et chimiothérapiques étaient sans
effet. L'intervention d'un prêtre exorciste eut, lui, un
résultat immédiat. Mais le départ de l'exorciste pour un
long voyage fut l'occasion d'une rechute grave, avec
reprise des accès, chaque fois suivis de nouveaux
coups de téléphone. Le prêtre, de retour, fut à
nouveau requis et soulagea la malade par un lourd
exorcisme. La patiente apprit peu de temps après que
Comprendre le paranormal
115
l'épouse avait été victime d'un grave accident. Ce
qu'elle attribua au classique " choc-en-retour ".
Combien de voyantes ont dit à la personne venue les consulter :
" Vous êtes envoûté ". Il faut alors comment réagir. La première
chose à savoir est que la première personne qui nous envoûte,
c’est nous-même. L’auto-envoûtement est extrêmement fréquent,
et d’ailleurs des plus banal. C’est le fait de se dire qu’on est né
sous une mauvaise étoile, et de " broyer du noir ". Ceci étant dit,
si on a de sérieuses raisons de croire qu'une tierce personne vous
a envoûtée, par des méthodes utilisant la Magie noire, on peut
utiliser les mêmes méthodes.
Illustration : découverte d'une poupée utilisée pour un
envoûtement (collection F-W. S.).
N- Exorcisme
L’exorcisme est,
étymologiquemen
t, le fait de
délivrer du
Démon. Il
constitue une des
attributions du
prêtre. Dans
l’Église
catholique, cette
fonction était tombée en désuétude Dans les années soixante-dix,
on pouvait compter sur les doigts d’une main les prêtres exorcistes
français. Aujourd’hui, ils sont entre 80 et 90 : pratiquement un par
diocèse en moyenne, et souvent avec des équipes
d’accompagnement. Signe des temps !
Comprendre le paranormal
116
L'exorcisme est requis dans tous les cas où on suppose que le
sujet est occupé par un esprit mauvais. Mais, comme le remarque
Georges Minois dans son Que sais-je ? sur le Diable, l'idée
d'exorcisme semble être apparue dans les sectes apocalyptiques
juives peu avant le Christ. Celui-ci apparaît, dans le Nouveau
Testament, très souvent dans ce rôle : "à en croire les Evangiles,
la possession par le Diable est aussi courante que le rhume, et
n'étonne personne" (p. 25). Georges Minois note qu'en dehors du
christianisme, cette possession par le Diable est exceptionnelle. Il
en déduit qu'elle serait très largement induite par l'attitude du
clergé et la crainte du Diable qu'il développe (souvent, semble-t-il,
pour des raisons politiques).
Il faut cependant remarquer que la possession n'est nullement
l'apanage du christianisme. Les religions traditionnelles, en
particulier celles qui reposent sur le culte des esprits (cultes
d'origine africaine en particulier) considèrent la possession comme
courante. Elle fait partie d'ailleurs du culte lui-même, sous la
forme de l'incorporation. Cependant, ces religions ignorant le
Diable (un esprit qui serait totalement mauvais), elles ne peuvent
pas reconnaître de possession de cet ordre.
Ceci étant dit, les rituels d’exorcisme sont, en principe, très
codifiés, et ce depuis les temps les plus anciens. Le rituel actuel
date du 17ème siècle et n'a été que tout récemment modifié. On
connaît bien le début du "Grand exorcisme" de l’Église catholique :
"Exorciso te, immundissime spiritus, omnis incursio adversarii,
omne phantasma, omnis legio, in nomine Domini nostri Jesu
Christi, eradicare, et effugare ab hoc plasmate Dei."
Les réactions à l’exorcisme sont assez variables, parfois très
fortes, ce qui fait que le canon prescrit que l'exorcisme se face en
huis clos.
Comprendre le paranormal
117
Illustration : exorciste en action (collection F-W. S.).
A consulter : " Manuale exorcismorum ", Anvers, Plantin, 1626
(rééd. " Manuel d’exorcisme de l’Église ", en latin et français, Paris,
Ed. Communication prestige, 1995).
1) Possession par un esprit et exorcisme
La réaction d'un sujet "possédé" à un exorcisme est assez
variable. Le sujet peut être menaçant :
� " Un psychiatre m’adressa Serge, dix neuf ans. Prostré
sur sa chaise, il regardait fixement le ciel en émettant des
grognements. Je commençai mon exorcisme. Soudain les
grognements s’accentuent, Serge tourne sa tête vers moi et
me "fusille" d'un regard meurtrier, les yeux exorbités striés
de filets de sang, l'écume aux lèvres. Il se lève et les mains
en avant, se précipite sur moi en criant avec rage, cherchant
à m'étrangler. Je saisis ma fiole d'eau bénite et je l'asperge.
Il s'arrête net et se roule par terre en écumant de rage. Il se
redresse brutalement, me fixe dans les yeux. Il se précipite
vers moi pour me mordre. Deuxième aspersion d'eau bénite,
il s'écroule à terre comme foudroyé. Je ne lui laisse pas le
temps de se relever. Crucifix en main gauche, je saisis de la
main droite mon épée d'exorcisme et je commence le rituel
d'exorcisme. Au bout d'une heure de ce combat, l'entité du
mal qui possède Serge est plus excitée que jamais. Je
concentre toute mon énergie sur les mots du rituel et je
trace sur son front l'esquisse d'un signe de croix avec le
crucifix. Il hurle, empoigne avec ses deux mains mon avant-
bras. Je lâche le crucifix, mais de l’épée que je tiens de la
main droite, je touche son poignet. Il lâche mon bras et se
recule, stupéfait. Je prononce les paroles du rituel. Mon épée
tient momentanément en respect le possédé. Une paix
Comprendre le paranormal
118
s'installe en moi, ma voix s'affermit. Tout devient plus facile,
comme si une force supérieure se manifestait à travers moi.
Après huit heures de combat éreintant, je le laisse,
rejoignant mon domicile pour dormir. Le lendemain, je
ressens des douleurs dans tout le corps, et j’ai l’impression
qu'une partie de mon énergie vitale me manque. Nous
arrivons alors aux tests ultimes. Il est capable d'accepter
une hostie consacrée sans la vomir ou la recracher. Il
supporte l'eau bénite, il accepte les onctions d'huile et récite
en même temps que moi les prières usuelles. Je trouve dans
son regard une expression amicale, sans aucune lueur
provenant d'une autre présence en lui. "
Ce récit rappelle le film "L’exorciste", mais il ne renferme aucun
élément véritablement paranormal.
Ce n'est pas toujours le cas. Voici un exemple, rapporté par un
témoin digne de foi, qui comporte une lévitation. Il date de 1907
et se situe au Natal (Afrique du Sud). Il est relaté par le chanoine
François Gaquère, à propos d'une jeune possédée de dix-sept ans
(Planson, 1978, p. 230) :
� " Le suprême exorcisme fut fait par l'évêque en
personne, Mgr Henri Delalle, oblat de Marie Immaculée,
originaire d'Apremont, près de Metz, en Lorraine. Au cours
de la cérémonie, il se produisit un épisode qu'on aurait de la
peine à croire s'il n'avait pas eu de nombreux témoins. Après
deux heures et demie de prières, tout à coup la possédée
s'envola à deux mètres de hauteur, et de là, elle s'écria à
l'évêque stupéfait : "Eh bien, l'évêque, qu'as-tu à me
regarder tout ébahi ? Imite-moi donc !" "
Comprendre le paranormal
119
O- L'Occultisme
Le terme "Occultisme" vient du mot
"occulte" qui veut dire "caché". Il
participe à l'ésotérisme, enseignement
caché (en opposition à "l'exotérisme",
enseignement public).
Le contenu de l'Occultisme dépasse ledit
"paranormal", même si ces deux
domaines ont des points communs. On
peut s'interroger sur les raisons qui ont conduit à maintenir
longtemps cachée toute cette partie du savoir humain. Une des
premières raisons est probablement pratique. Très longtemps, du
fait de l'absence puis de la rareté des textes écrits, l'essentiel des
enseignements étaient oraux, et donc transmis de personne à
personne. C'est le cas du chamanisme en particulier.
Par ailleurs, tous ceux qui ont accédé à un certain savoir (quel qu'il
soit) savent combien il est difficile de le transmettre à quelqu'un
qui n'a pas une formation préalable, parfois très poussée. Il était
donc nécessaire d'opérer une rude sélection parmi les postulants
et de les empêcher de transmettre à n'importe qui ce qu'ils
acquéraient.
Dans le domaine "paranormal" il ne faut pas oublier (ce qu'on fait
trop souvent, surtout dans les milieux scientifiques) qu'en plus de
la connaissance "technique" elle-même, il importe d'avoir des
attitudes de pensée très spécifiques. En effet, le maniement direct
des lois de la nature, que constitue la Magie ou la sorcellerie,
comporte de grands risques, non seulement pour celui qui les met
en oeuvre, mais aussi pour celui qui transmet le savoir.
Comprendre le paranormal
120
Il reste qu'il existe une certaine "fascination du secret", qui n'est
pas toujours justifié. Le Christ n'a-t-il pas dit que la chandelle ne
devait pas être gardée "sous le boisseau", mais mise sur l'étagère
pour qu'elle éclaire toute la pièce. Cette phrase résume le principe
d'ouverture du christianisme, principe qui n'est probablement pas
pour rien dans son acharnement à éradiquer tout savoir secret, en
le considérant, globalement, comme de la Magie noire, un
commerce avec le Diable.
Illustration : le serpent Ouroboros, selon un manuscrit de saint
Marc.
P- Chamanisme
Le chaman (mot issu du toungouse
shaman) est, traditionnellement, le
" medecine-man ", le sorcier
chargé, dans les populations
primitives de l'Asie centrale de
l'Amérique ou de l'Océanie, tout à
la fois de faire tomber la pluie... et
de soigner les maladies de tous
ordres.
Il est caractérisé par sa faculté de se mettre en transe et, dans cet
état, d'aller consulter l'Autre monde et les entités qui y habitent
pour traiter avec elles et résoudre les problèmes de la
communauté. C'est ce qu'on appelle actuellement le
"dédoublement " (ou OBE).
Très longtemps, on a considéré les chamans avec une curiosité
mêlée de commisération. Actuellement, depuis une ou deux
décennies, au contraire, le chamanisme est à la mode, et tout un
Comprendre le paranormal
121
chacun se dit avoir fait une expérience chamanique ou pratiquer
cette discipline.
L'attitude raisonnable consiste à se maintenir entre ces deux
excès. Le chamanisme constitue, à n'en pas douter, une
expérience particulière, l'accès au " niveau où les faits se décident
". Mais, à l'inverse, la pratique assidue du dédoublement peut
mener, comme nous l'avons vu ailleurs, à l'illusion ou la folie.
L'Occidental peut-il pratiquer le chamanisme ? N'est pas chaman
qui veut. Traditionnellement, on ne choisit pas de devenir chaman.
Un événement, souvent grave, en décide (chute de la foudre,
maladie comportant des crises...). Le postulant doit alors passer
des épreuves redoutables dans la solitude, où il vit son propre
dépeçage, sur un mode intermédiaire entre le rêve et la réalité (cf.
Éliade). Cette épreuve peut entraîner la mort.
Certains Occidentaux visent à une expérience semblable en
prenant, sous le contrôle d'authentiques chamans, différentes
drogues. Cette expérience, dangereuse, est faite sous contrôle
médical strict.
Comprendre le paranormal
122
II/ Comprendre le paranormal Bien des explications ont été proposées pour comprendre le
paranormal. Nous les étudierons en quelques rubriques :
- les explications, normal et paranormal
- les explications scientifiques,
- les explications psychologiques,
- les explications religieuses et traditionnelles
A- Explication, normal et paranormal
Avant de parler d’expliquer scientifiquement le paranormal, il
faudrait parler de l’explication du normal, car on ne peut pas
demander au paranormal ce qu’on ne demande pas au normal.
Pour " expliquer " le paranormal comme on l’a fait du " normal ", il
faut énoncer des lois de " co-variation " : plus on lâche une bille
haut (dans le vide), plus elle va vite (accélération constante). La
difficulté pour le paranormal est qu’on ne peut quantifier les
variations du facteur-clé (voir plus haut) : la pensée.
Rhine a fait une étude scientifique du paranormal (comme ses
successeurs), mais il n’a pas défini pour autant la " pensée ". Il
s’est limité à demander à ses expérimentateurs de " penser ".
Comme on le sait maintenant, l’essentiel du processus est
" inconscient ", il est donc pratiquement incontrôlable. En
témoignent les difficultés qu’ont les grands " médiums " à mettre
en œuvre à la demande leurs facultés (cf. Ury Geller, Girard…
après les médiums du début du siècle). À l’heure actuelle seul un
contrôle " qualitatif " peut être obtenu, même si une vague
quantification peut parfois être.
Comprendre le paranormal
123
Quelles sont les perspectives d’avenir ? De nombreux chercheurs
se penchent sur ce sujet. Dans les grandes lignes, on peut dire
que des conditions matérielles précises sont susceptibles d’induire
un fonctionnement inconscient spécifique, dont les variations
pourraient être quantifiées. L’énorme enjeu de cette question, et
les conséquences qui pourraient résulter d’une utilisation perverse
de ces facultés imposent une certaine discrétion.
Cependant, pour ma part, je pense que, pour la personne
directement concernée par l’expérience paranormale, celle-ci ne
saurait se situer que dans une démarche inspirée par le Bien et, si
possible, une évolution spirituelle.
1) L'explication du "normal"
L’explication du monde actuel passe par un certain nombre de
" lois physiques ".
Comment construit-on une loi physique ? On prend un fait, par
exemple laisser tomber une lourde bille. On fait alors des mesures,
par exemple à chaque instant de la chute de la bille sa place et sa
vitesse. On en tire alors une loi, ici la " gravitation " permettant de
prévoir à chaque instant les paramètres de la bille, moyennant une
accélération constante " g ", valant approximativement 9,81 m/s².
Cette loi n’est jamais prouvée. Elle est seulement validée dans
certaines conditions : vitesse initiale nulle, bille assez lourde pour
pouvoir négliger les frottements de l’air (à moins de faire
l’expérience dans un tube à vide), etc. On aura aussi soin d’éviter
des perturbations (électromagnétiques en particulier).
On tente alors une explication. Avant Newton, on parlait
d’accélération de la pesanteur. À partir de lui, on a parlé de
" gravitation universelle ", qui consiste en l’attraction mutuelle de
Comprendre le paranormal
124
tout corps (nous attirons la terre à nous !). Avec Einstein et sa
théorie de la Relativité générale, on parle de " courbure de
l’espace-temps " Dans quelques décennies, ou quelques siècles,
une théorie plus générale viendra prendre sa place.
Il faut observer le comportement de certains savants et les lois en
cours de construction pour comprendre le caractère très intuitif et
peu rationnel de la démarche scientifique. On a montré (cf " La
souris truquée ") que Mendel avait inventé une bonne partie des
expériences qu’il a présenté à l’appui de sa théorie de la
génétique. Récemment, on a constaté que Pasteur avait
délibérément masqué ses propres expériences quand elles allaient
dans le sens de la " génération spontanée ". Einstein a introduit
dans sa théorie de la Relativité générale un artifice de calcul, car il
ne pouvait pas admettre certaines de ses conclusions. Cette
constante a longtemps été retirée des traités, arguant qu’il
s’agissait d’une fraude. Actuellement, on est en train de la
réintroduire car elle semble fournit des résultats plus conformes à
l’observation (en particulier sur l’expansion de l’univers). Ne
parlons pas des interprétations de la physique quantique dont
aucune ne convainc la totalité des experts.
Il n’y a donc pas d’" explication " du normal. Il y a des
interprétations qui rendent provisoirement compte des faits,
jusqu’à ce qu’une théorie plus générale apparaisse (comme la
conception du temps à la fin du 19ème siècle).
Chaque " loi " est en fait une représentation commode de la
réalité, qui " tient " tant qu’elle n’est pas " rejetée ".
On dit souvent, à l'encontre du paranormal : "C'est une
coïncidence". Or, contrairement à l'apparence, ce n'est pas une
Comprendre le paranormal
125
explication, car le hasard est, avant tout, une absence
d'explication.
2) Le hasard n'est pas un savoir
La définition du hasard est : " Combinaison de circonstances
indépendantes de nous, que nous ne pouvons ni prévoir ni
empêcher, et dont nous ignorons la cause ". Faire appel au hasard
est donc l’aveu d’une ignorance. Depuis Pascal, nous connaissons
les " lois du hasard ", mais ce mot n’est qu’une image : les
manuels de statistiques peuvent même ne pas le mentionner (cf.
Lazar, 1967). L’étude des probabilités ne s’appuie pas sur ce
concept. Un dé à jouer, s’il est parfait, présente chaque face avec
une probabilité de 1/6 : si on jette ce dé un nombre suffisant de
fois, la fréquence observée s’approchera de cette valeur. Les
statistiques calculent la probabilité d’une éventualité si aucun
facteur extérieur n’interfère (hypothèse " nulle " ou H0). Si on
observe une répartition différente, on invoque l’hypothèse
" alternative " (ou H1), dont on mesure la possibilité en terme de
" risque ". Les méthodes statistiques, maintenant très
sophistiquées, reposent toujours sur ce principe. Elles reflètent les
" lois des grands nombres ", l’examen d’une collection suffisante
de faits identiques (relativement au facteur causal recherché).
Elles ne portent jamais sur un cas unique. Dire que l’éboulement
de la montagne relève du hasard ne signifie rien. La complexité du
phénomène est telle qu’aucune probabilité ne pouvait être
calculée.
B- Les explications scientifiques
Quand on traite de l’explication scientifique du paranormal, on a
tendance à chercher des théories susceptibles d’expliquer
immédiatement le paranormal. Or, nous ne disposons d’aucune
théorie adéquate. Il faut donc se pencher sur les prémisses même
Comprendre le paranormal
126
de notre vision du monde : il existe un " trou " dans lequel s’insère
parfaitement le paranormal. Celui-ci n’oblige donc pas à modifier
nos lois physiques.
Le temps a toujours posé un problème à la physique et en pose
encore, au point que les colloques les plus scientifiques font encore
une large part à la philosophie. Comme le prévoyait la physique
quantique (paradoxe E.P.R.), l'expérimentation a montré (Aspect,
1985) que le temps et l’espace ne peuvent plus être considérés
comme des données physiques.
Le temps apparaît comme réversible et l'espace sans consistance.
Le paranormal pourrait constituer un champ privilégié
d’observation de ces paradoxes. En effet, la pensée représente un
phénomène non-matériel, elle ne serait donc soumise ni au temps
ni à l’espace. On comprendrait ainsi les paradoxes de la télépathie
et de la voyance (par exemple), qui ignorent leurs contraintes.
Le paranormal introduit une relation entre un état psychique et un
fait (la télépathie et la voyance, qui concernent le rapport entre
deux pensées, se réfèrent en fin de compte à un fait, celui vécu
par le tiers). Or, les sciences physiques ne disposent d’aucune
définition de la pensée qui leur permette de la faire intervenir dans
les faits.
Un point mérite cependant une discussion plus approfondie, c’est
celui de la succession dans le temps de la cause et de l’effet.
Les sciences " dures " peuvent donc nous aider dans l’abord du
paranormal. Mais il ne faut pas se précipiter sur les lois actuelles,
qu’elles concernent la physique " classique ", la physique
relativiste ou quantique. Elles ne nous apprennent encore rien.
Cependant l’examen des principes des sciences laisse une place
pour examiner les relations entre les faits et la pensée. Il n’y a
Comprendre le paranormal
127
aucune " terra incognita ", source d’effroi, comme on a pu le
croire…
1) Le "paradoxe EPR"
On doit dire quelques mots de la " non-séparabilité " de la matière.
Plusieurs physiciens y ont vu un fondement possible du
paranormal. On parle souvent, à ce propos, du " paradoxe EPR ",
du nom d’Einstein et de ses deux élèves, Podolsky et Rosen.
Dans un article commun datant de 1935, ils identifièrent une
propriété nouvelle déductible de la théorie quantique, appelée
généralement la " non-séparabilité ". Cette propriété prévoit que
deux particules issues d’une même réaction restaient non-
séparées quelle que soit leur distance apparente. Pour Einstein,
une telle conclusion signifiait la disparition du temps et de l’espace
en tant que " données physiques ", ce qu’il ne pouvait admettre.
En posant ce paradoxe, il pensait montrer d’une manière évidente
la fausseté de la physique quantique. Or, Alain Aspect, au
Laboratoire de physique d'Orsay, en 1985, démontra
expérimentalement la véracité de ce paradoxe. Cette non-
séparabilité constitue un modèle de relation indépendante de la
distance.
Cependant, ce phénomène ne permet pas à des observateurs
d’échanger des informations, objectives et physiques, plus vite que
la lumière. Néanmoins certains modèles de la conscience y voient
une possibilité d’amorce d’une explication de la télépathie.
2) Le temps et l'espace
L' "homme de la rue" vit un temps irréversible, allant d'une
manière permanente et continue du passé vers le futur. Le présent
constituant un point ("moment sans épaisseur") se déplaçant sur
Comprendre le paranormal
128
cette ligne. Or, la physique ne vérifie pas vraiment cette
conception.
La physique " classique ", celle de Newton, énonce un temps
réversible. Tout phénomène peut être décrit dans un sens ou dans
un autre sans que les lois changent : un pendule en haut de sa
course repart en sens inverse, et cela indéfiniment si on fait
abstraction des frottements. Il y a une stricte équivalence entre
énergie potentielle et énergie dynamique : on peut passer de l’une
à l’autre et réciproquement.
Le temps " irréversible " n’est apparu qu’avec le Second principe
de la thermodynamique de Carnot (en 1824). Le temps réversible
de la dynamique newtonienne correspond à une situation
exagérément simplifiée (Prigogine, 1996, p. 43).
La réversibilité disparaît dès que les situations se complexifient, ce
qu’avait déjà énoncé Poincaré au début du siècle. Du Second
principe est issue la notion d’entropie (ou " désordre d’un
système "). On sait que celle-ci croît constamment dans un
système isolé. L’idée d’un monde évoluant obligatoirement vers un
" désordre " a longtemps constitué un paradoxe. Or Prigogine, en
particulier, souligne le caractère universel de l’entropie.
Certains, comme Eddington (cité par Prigogine, op. cit., p. 27)
avaient déjà entrevu cette possibilité, et avaient posé qu’entropie
et temps n’étaient que les deux faces d’un même processus. En
termes moins théoriques, cela soulignerait que le temps serait un
caractère intrinsèque de la matière et qu’il n’aurait pas d’existence
propre (cf. Cohen-Tannoudji, 1990, p. 110) : pas de matière, pas
de temps ! La discussion est un peu plus complexe à propos de
l’espace, mais on arriverait à des conclusions du même ordre. On
ne peut oublier qu’Einstein avait relié étroitement le temps à
Comprendre le paranormal
129
l’espace (Relativité restreinte), et ceux-ci à la matière (Relativité
générale).
3) Relation entre la pensée et les faits
Jung a montré que le paranormal était constitué par l'ensemble
des faits reliés à une pensée par le biais d'une signification
(concept de synchronicité).
Or on ne dispose pas encore d’une théorie qui rende compte de la
relation entre la matière (cérébrale) et la pensée – et donc, a
fortiori, des rapports entre la matière et la pensée, en général.
On peut, certes, imaginer que la matière aurait, intrinsèquement,
une double nature, matérielle (suivant le sens habituel) et
spirituelle. L’approfondissement de cette question constitue certes
une voie de recherche, mais tous les problèmes ne seraient pas
résolus pour autant. En effet, elle ne dirait pas comment introduire
la pensée dans les " chaînes causales ".
On pourrait se demander pourquoi on n’observe pas plus souvent
l’intervention de la pensée dans les expériences scientifiques. Les
raisons en sont multiples, mais cela n’a rien d’impossible, a priori.
4) La nature spirituelle de la matière
Selon certaines théories, la nature aurait un double aspect,
matériel et spirituel. Ce second aspect serait encore ignoré par les
sciences au niveau élémentaire, faute d’hypothèses appropriées. A
mesure de la complexification croissante de la matière, celle-ci
révélerait sa seconde nature, l’" esprit ", sous forme d’une pensée
primaire chez les animaux, puis de plus en plus élaborée au
travers de l’hominisation. Cette idée, défendue par Teilhard de
Chardin sur un plan philosophique, donnerait en même temps une
caractérisation physique des conditions de production de la
Comprendre le paranormal
130
pensée, ainsi que de ses contenus informationnels. Elle permettrait
une mise en relation des faits matériels et de cette pensée, quelle
qu’elle soit.
5) Pensée et causalité
Comment faire intervenir la pensée dans les chaînes causales de
ces événements ?
Il faut tout d’abord remarquer que la causalité n’est pas une
donnée physique mais un postulat, qui comporte deux aspects :
ontologique (comme principe) et expérimental, au niveau de
l’observation.
* Examinons tout d’abord l’aspect ontologique :
Un fait résulte d’un ensemble de causes, dont il constitue l’effet.
Le principe de causalité dit que " si les causes sont présentes,
l’effet doit nécessairement se réaliser ".
Quand nous lâchons un objet pesant et qu’il ne tombe pas, nous
invoquons l’existence d’un facteur, que nous devons
obligatoirement trouver : un courant d’air suffisamment puissant
pour empêcher la chute, une force magnétique repoussant l’objet
(pôles de même nature), ou encore un lien invisible auquel serait
attaché l’objet. Si nous avons pu éliminer une loi connue, nous
sommes tentés de parler de " lévitation ", d’action de la pensée.
Est-ce envisageable, sur le plan du principe ? Parfaitement, même
s’il est inutile de se jeter sur une théorie existante (aucune d’elles
n’explique ce phénomène). En effet, les lois physiques n’ont été
définies que dans un cas " neutre ", celui où aucun médium (ou
sage, ou saint) n’est présent. Sur le plan du principe toujours, rien
n’empêche de dire qu’à proximité d’un tel sujet les lois physiques
Comprendre le paranormal
131
auraient été différentes. Celles-ci ne constituent, en fin de compte,
qu’une mise en forme de notre observation.
* Ceci nous fait aborder le second aspect, expérimental, de la
causalité.
Rhine, le premier, a montré que la pensée pouvait influer les faits,
ceux-ci ne suivaient plus alors une répartition " au hasard ".
Depuis, de nombreux chercheurs ont mis en évidence l’effet de la
pensée, au sein même des conditions expérimentales strictes
(Peoc’h, 1995 ; cf. aussi Roux…).
6) Paranormal et sciences
Il ne faut pas s'étonner que le "paranormal" n'apparaisse pas dans
les sciences.
Tout d’abord, il faut rappeler que le paranormal résulte de
l’émotion. Or, les sciences visent, en premier lieu, à la maintenir
éloignée des laboratoires, froids et calmes par essence.
Les sciences expérimentales visent, comme une sorte de
préalable, à éviter tout rapport affectif entre le chercheur et son
observation : le chercheur doit toujours conserver une attitude
neutre face à ses observations. On peut dire que Rhine et ses
successeurs se sont ainsi placés dans les pires conditions qui
soient. Il est donc parfaitement compréhensible que les effets
paranormaux alors mis en œuvre aient pu seulement être
identifiés après des calculs statistiques complexes. On ne peut, de
même, s’étonner que ces effets aient même diminué jusqu’à être
indécelables (" fading "), ou même qu’ils aient été plus mauvais
que le hasard strict.
Le paranormal est ignoré, en outre, des sciences parce qu’il est
appelé sous d’autres noms, celui d’" intuition " en particulier. Nous
Comprendre le paranormal
132
avons vu que celle-ci joue un grand rôle dans les sciences. Les
découvertes importantes tiennent pratiquement toutes à une
méthodologie inductive (intuitive) et non pas déductive, issue
d’une démarche rationnelle. A l’image d’Einstein, travaillant des
semaines une intuition fugitive, le raisonnement se limite
généralement à donner à l’idée une forme qui l’insère dans le
cadre général des sciences.
Enfin, la construction même des lois physiques, statistiques,
gomme le fait paranormal. En effet, un chercheur s’appuie sur la
répétition de ses propres observations, une convergence de
résultats. Les résultats " erratiques " sont ignorés. Or, les facultés
paranormales, émanation de l’inconscient, interviennent d’une
manière incontrôlable, inopinée. Leurs effets sont donc, a priori,
ignorés dans une série de chiffres dont on ne retient que la
moyenne.
Il est cependant possible qu’un chercheur ait un tel désir d’obtenir
un résultat qu’il oriente inconsciemment l’ensemble de ses
expérimentations (nous l’avons vu avec Mendel et Pasteur). Ceci
est largement reconnu : on exige d’un chercheur qu’il décrive
précisément les conditions de son expérience, on peut ainsi, en les
répétant, en tester la validité.
On peut donc dire que les bases de la méthodologie scientifique
ont été de définir les lois physiques dans des conditions
psychologiques qu’on pourrait appeler "neutres". Sur un plan
théorique, on ne sait rien de l’aspect qu’elles pourraient prendre si
la pensée intervenait. Ces conditions "actives" sont cependant
accessibles sur un plan expérimental classique, comme l’ont
montré tous les travaux réalisés dans ce cadre, ceux de Rhine en
particulier. Introduire la pensée dans la causalité consistera à
examiner ces variations, leur nature et leur étendue.
Comprendre le paranormal
133
7) Lois physiques, Conditions "neutres" contre "médiums"
Les lois physiques ont toujours été définies dans des conditions
"neutres", hors de la présence d'un "médium".
Une loi est énoncée à partir d'un certain nombre d'observations
convergentes. Or, le paranormal, est difficile à contrôler. S'il
apparaît lors d'une expérimentation, il ne sera pas pris en compte,
car ses manifestations seront gommées par les statistiques
(fondées sur la moyenne des observations). Même si un
expérimentateur parvenait à produire constamment de forts effets
paranormaux, ses résultats ne seront pas pris en compte parce
qu'ils ne seront pas confirmés par d'autres laboratoires travaillant
dans les mêmes conditions matérielles.
Enfin, pour valider une hypothèse, il faut la poser. Or, Rhine et ses
continuateurs, en posant l'hypothèse d'une intervention de la
pensée dans les faits, sont parvenus à la valider dans les mêmes
conditions que celles utilisées pour des phénomènes "normaux".
Les travaux de Rhine apportent cependant un élément essentiel :
ils montrent que le paranormal est observable dans les conditions
scientifiques habituelles. Il est même testable : les
expérimentations étaient suffisamment précises pour que l'idée de
l'action de la pensée sur les faits puisse être exclue. On sait en
effet que certaines hypothèses (comme celle de la psychanalyse)
ne sont pas testables.
On peut donc dire que l'idée d'une action de la pensée sur les faits
ne peut être exclue. En effet, elle n'est pas "prouvée", car aucune
hypothèse n'est jamais prouvée. Suivant les résultats
expérimentaux, elle peut seulement être rejetée (si les résultats
Comprendre le paranormal
134
sont contraires à cette hypothèse) ou ne pas l'être (si les résultats
sont en faveur).
8) Introduire la pensée dans les "chaînes causales"
On croit qu'il est impossible d'introduire la pensée parmi les
chaînes causales des faits. Plutôt que de discuter au niveau
théorique, étudions la réalisation du souhait :
On raconte qu’au Moyen âge un moine voulait bâtir une église en
pleine montagne. Il pria, un éboulement de terrain se produisit, et
le moine bâtit son église.
Les sciences reconnaissent l'éboulement, qu'elles considèrent
comme "naturel".
Le moine n’ignore pas que certaines montagnes sont fragiles, il dit
seulement que son souhait a été exaucé, d'une manière très
précise.
Le savant se trouve assez démuni, car il lui aurait été impossible
de dire avec précision le jour ou l’heure d’un effondrement, ni
même son déroulement exact.
Il n’y a donc pas d’antagonisme entre l’explication du savant et
celle du croyant. Ce dernier n’attendait pas un fait anormal, mais
un événement qui permette son projet. Il en est de même dans le
" miracle " : le miraculé ne souhaite pas une guérison anormale,
mais simplement la guérison, la sienne.
Lors de sa prière, le croyant n’examine pas les faits extérieurs.
Souvent, il se retire à l’écart, dans un lieu fermé, supprimant toute
perception du monde. Il se concentre sur son souhait avec
intensité, son activité s’inscrit dans les faits, même si
apparemment il s’en écarte en s’isolant dans sa cellule. Il fusionne
Comprendre le paranormal
135
avec le fait, corps et âme. Il " est " le fait, comme l’énoncent les
orientaux ou les mystiques.
A l’inverse, le savant examine le fait du dehors. Jamais (du moins
dans la physique), il ne doit s’impliquer personnellement dans son
déroulement. Il reste " objectif " : le fait est un objet qu’il
manipule de l’extérieur. Il procède à une analyse du fait, sa
division en éléments connus (Descartes). Le croyant et le savant
opèrent donc d’une manière radicalement différente.
Quand le croyant se réjouit de voir son souhait exaucé, le savant,
lui, hausse les épaules : il invoque le hasard, la " coïncidence ", le
croisement opportun de deux chaînes causales... Contrairement à
l’apparence, cet argument n’en est pas un, car il ne constitue pas
l’énoncé d’un savoir. Dire que l’éboulement de la montagne relève
du hasard ne signifie rien. La complexité du phénomène est telle
qu’aucune probabilité ne pouvait être calculée.
9) Souhait et inversion du temps
Bien des phénomènes paranormaux témoignent d’une " inversion "
dans le temps. La moindre réalisation du souhait nous confronte à
une action de la pensée sur des faits en cours ou appartenant déjà
au passé :
� Un jour, durant une consultation, je m’aperçois que j’ai
fait une grosse erreur dans mes rendez-vous. J’ai
complètement oublié Monsieur B., qui devrait arriver d’un
instant à l’autre. Il va introduire un retard insupportable
pour les autres patients. Je finis avec mon patient, ouvre la
porte, il n’est pas là ! Je prends le patient suivant. Deux
heures après, alors que j’ai pris un peu d’avance dans mes
rendez-vous, je trouve Monsieur B. dans la salle d’attente,
qui vient d’arriver. Il se confond en excuses. Il ne comprend
Comprendre le paranormal
136
pas, sa route s’est trouvée complètement bouchée par un
accident. Il n’a pas pu m’appeler...
Même si une telle situation constitue typiquement un " non-fait "
pour le témoin extérieur, celui qui la vit la ressent comme un
véritable choc. Or de telles constatations sont absolument
courantes, dès qu’on se penche sur la réalisation de souhaits.
L’Histoire nous confronte à nombre de miracles qui " inversent " le
temps d’une manière plus manifeste encore : le Christ,
ressuscitant Lazare après trois jours, irait à l’encontre de tout ce
que nous savons sur la décomposition des corps après la mort. Ici
encore, en tant que savant, nous ne devons pas déclarer forfait, ni
invoquer une loi physique connue. Nous pouvons cependant
remarquer une règle absolument générale. Quand nous faisons un
souhait, notre pensée précède toujours l’information que nous
avons sur sa réalisation :
� Mme B. me dit qu’un jour elle provoqua une lésion grave
chez son compagnon. Très croyante, elle se mit à prier
ardemment. Intérieurement, elle lutta contre l’évidence de la
lésion, dont elle percevait de visu tous les signes. Peu après,
le médecin consulté leur annonça que l’accident était sans
conséquence, la lésion apparente résultant d’une anomalie
de naissance, mise en évidence à cette occasion. La
déformation disparaîtrait en un à deux jours, quand la
contusion s’effacerait.
Le souhait porte ici sur l’absence de conséquence de l’accident.
L’information suit, de quelques heures, le souhait. La succession
cause-effet est parfaitement respectée. Est-ce un jeu de l’esprit ?
Non, car le " fait paranormal " ne peut jamais être décrit qu’en
fonction de son acteur. Aussi curieux que cela puisse paraître, il en
est de même dans toutes nos sciences, même si nous avons trop
Comprendre le paranormal
137
tendance à l’oublier. Cette discussion, fondamentale, sera
poursuivie dans le dernier chapitre de cet ouvrage, car elle
nécessite de reprendre les principes de l’observation à leur base.
C- Les explications psychologiques
L’interprétation psychologique du paranormal repose
essentiellement sur l’idée d’inconscient. En effet, tous ceux qui ont
l’expérience d’une faculté paranormale ont compris que la volonté
n’a qu’une prise très modeste, voire quasi nulle sur elle. Réfléchir
sur ces facultés a tendance à les annihiler. Il existe donc une
antinomie entre le paranormal et l’activité mentale dite " de
veille ", celle qui est la nôtre au quotidien, appelée aussi " la
conscience ".
La notion d’" inconscient " est des plus vagues. Une pensées
consciente peut devenir inaccessible l’instant d’après, et donc être
" inconsciente ". L’inverse est tout aussi évident.
L’inconscient a été bien exploré par les psychanalystes, mais Freud
n’a reconnu, au sein du paranormal, que la télépathie. Il a ignoré
(ou même rejeté) toutes les autres formes. Cependant, Freud a
été membre de la Society for Psychical Research, la société
britannique d'étude des phénomènes paranormaux. Jung, quant à
lui, s’est intéressé toute sa vie au paranormal. Un "poltergeist"
exemplaire semble avoir été d'ailleurs l'occasion de leur rupture.
Comme Freud l’a montré, l’inconscient n’obéit pas aux mêmes
règles que le conscient. Il ignore le temps et l’espace, les
délimitations entre les personnes... ce que nous avons souvent
retrouvé dans les manifestations paranormales. Les règles
élucidées par la psychanalyse peuvent donc servir de base au
décryptage de ces facultés.
Comprendre le paranormal
138
Les théories psychologiques, et en particulier psychanalytiques
ouvrent donc la possibilité d'expliquer les pouvoirs psychiques (cf.
les ouvrages d’E. Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed). Des
conceptions, telle que la "contagion affective", en continuité
directe avec les théories psychanalytiques, constitue une des
bases de bien des phénomènes paranormaux.
Mais les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes, au
moins dans leur ensemble, refusent encore souvent les
témoignages d’expériences paranormales.
1) L'inconscient
"Inconscient", dans le langage courant veut dire "non conscient".
On sait combien cela est labile, une pensée, un souvenir peuvent
être présents un instant et impossible à rappeler l'instant d'après.
On a l'habitude de décrire notre activité inconsciente comme une
suite de "couches" allant de la plus superficielle, la conscience
claire, jusqu'à des profondeurs d'autant plus insondables que les
mystiques le font aller jusqu'au Plan Divin (le modèle du Mental).
Coué et ses successeurs, principalement Nord-américains, ont
parlé du "subconscient" pour désigner la "partie" toute superficielle
de l'inconscient.
Plus profondément, on situerait l'"Inconscient" (avec un I
majuscule, par convention), celui des psychanalystes. Pour Freud,
le contenu de l'Inconscient serait en majeure partie le "refoulé" ce
que nous ne pouvons admettre dans notre conscience.
Jung est allé plus loin encore, en acceptant que l'inconscient
renferme des pensées qui n'ont jamais été conscientes, par nature
(comme des perceptions trop petites ou de durée trop courte,
dites "sub-liminales". Il pose que l'inconscient serait, en partie au
Comprendre le paranormal
139
mons, constitué d’" archétypes ", des constructions symboliques
élémentaires qui se retrouvent dans les mythes les plus anciens ou
les plus éloignés de notre culture.
Actuellement, rares sont les psychanalystes freudiens qui
acceptent les témoignages de paranormal. La psychanalyse
apporte cependant des clés.
2) Paranormal et inconscient
L’interprétation psychologique du paranormal repose
essentiellement sur l’idée d’inconscient. En effet, tous ceux qui ont
l’expérience d’une faculté paranormale ont compris que la volonté
n’a qu’une prise très modeste, voire quasi nulle sur elle. Réfléchir
sur ces facultés a tendance à les annihiler. Il existe donc une
antinomie entre le paranormal et l’activité mentale dite " de
veille ", celle qui est la nôtre au quotidien, appelée aussi " la
conscience ".
L’inconscient a été bien exploré par les psychanalystes. Comme
Freud l’a montré, l’inconscient n’obéit pas aux mêmes règles que
le conscient. Il ignore le temps et l’espace, les délimitations entre
les personnes... ce que nous avons souvent retrouvé dans les
manifestations paranormales. Les règles élucidées par la
psychanalyse peuvent donc servir de base au décryptage de ces
facultés.
Cependant, Freud n’a reconnu, au sein du paranormal, que la
télépathie. Il a ignoré (ou même rejeté) toutes les autres formes.
Cependant, Freud a été membre de la Society for Psychical
Research, la société britannique d'étude des phénomènes
paranormaux.
Comprendre le paranormal
140
Actuellement, rares sont les psychanalystes freudiens qui
acceptent les témoignages de paranormal. La psychanalyse
apporte cependant des clés. Freud avait montré que l’inconscient
produit des " images ".
Jung, quant à lui, s’est intéressé toute sa vie au paranormal. Un
"poltergeist" exemplaire semble avoir été d'ailleurs l'occasion de
leur rupture.
Les théories psychologiques, et en particulier psychanalytiques
ouvrent donc la possibilité d'expliquer les pouvoirs psychiques (cf.
les ouvrages d’E. Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed). Des
conceptions, telle que la "contagion affective", en continuité
directe avec les théories psychanalytiques, constitue une des
bases de bien des phénomènes paranormaux.
Mais les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes, au
moins dans leur ensemble, refusent encore souvent les
témoignages d’expériences paranormales.
3) Clés de la psychanalyse pour le paranormal
Freud a ainsi souligné l’indépendance de l’inconscient vis à vis du
conscient. On ne s’étonnera donc pas que nombre de facultés
paranormales soient attribuées à l’" extérieur ", comme les
apparitions ou les poltergeists, et qu’une action psychologique
puisse néanmoins les faire cesser, désignant ainsi l’origine réelle.
Freud a posé une sorte de " frontière " entre conscient et
inconscient. Chez le sujet normal, les pulsions issues de
l’inconscient sont suffisamment " filtrées " pour qu’elles troublent
peu le conscient : le paranormal est rare, ou considéré comme de
simples intuitions. Chez le névrosé obsessionnel (ou phobique), la
barrière est si totale que le sujet est comme " coupé " de son
Comprendre le paranormal
141
inconscient : il peut alors ignorer le paranormal. Chez le sujet
psychotique (le schizophrène en particulier), à l’inverse, cette
frontière est fragile, le sujet est menacé, presque en permanence,
par les contenus inconscients : le paranormal apparaît dans sa vie
quotidienne, la " pensée magique " constitue une forme de pensée
presque habituelle (avec cependant peu de méthodologie, ce qui
en diminue la crédibilité). L’hystérique se situe à un niveau
intermédiaire, et nombre des médiums ont été considérés comme
appartenant à ce registre.
A l’inverse, la continuité entre conscient et inconscient, explique
pourquoi nos intuitions confinent parfois au paranormal : la pensée
à propos d’un être cher à la télépathie, l’intuition sur l’avenir à la
voyance, le rêve à la vision ou au dédoublement. Nous passons du
plus banal au plus extraordinaire sans véritablement savoir si nous
avons quitté le " normal ". C’est d’ailleurs toute la difficulté des
expérimentations scientifiques.
Comme Freud l’a montré, l’inconscient n’obéit pas aux mêmes
règles que le conscient. Il ignore le temps et l’espace, les
délimitations entre les personnes... ce que nous avons souvent
retrouvé dans les manifestations paranormales. Les règles
élucidées par la psychanalyse peuvent donc servir de base au
décryptage de ces facultés. Mais Freud et les analystes n’ont pas
vraiment développé cette argumentaire, pour préserver, semble-t-
il, une certaine scientificité à une approche alors très controversée.
Néanmoins, des travaux plus récents, comme les ouvrages d’E.
Laborde-Nottale et de D. Si Ahmed, montrent que la psychanalyse
peut rendre compte de l’essentiel des observations.
La crainte des psychanalystes n’est cependant pas seule à
expliquer l’ignorance des facultés paranormales qui devraient
émerger durant une cure. La clientèle de la psychanalyse, souvent
Comprendre le paranormal
142
faite de patients aux tendances phobiques ou obsessionnelles, est
probablement la moins confrontée au paranormal.
En outre, Freud est parti des mêmes prémisses que les sciences
" dures ", c’est à dire une vision " décentrée " du monde, sans
point d’observation particulier. Nous verrons au chapitre 9 qu’une
telle vue des choses gêne l’interprétation du paranormal.
Il faut enfin rappeler que Freud a une idée assez restrictive de
l’inconscient : celui-ci serait, pour l’essentiel, le résultat du
" refoulement ", du rejet de ce qui n’est pas acceptable par le
conscient. Freud ignore donc, presque par principe, ce qui n’entre
pas dans ce registre. Jung a été donc amené à ouvrir le champ de
l’inconscient, il a pu alors y inclure le paranormal.
Jung, avec ses deux conceptions de l'Inconscient, ouvre un abord
du paranormal. C’est l’Inconscient culturel, l'idée que notre
inconscient contiendrait des mythes universels. Il nous en donne
des exemples, dont le plus connu est le "Scarabée d’or". Il en fit
un exemple-type de la synchronicité.
Pour expliquer la télépathie et la voyance, il utilise le concept
d’Inconscient collectif, emprunté à l’Orient.
Directement issue des théories psychanalytiques, la " contagion
affective " constitue probablement une des bases les plus
significatives des phénomènes paranormaux. La contagion
affective ne rend pas compte de l’ensemble du paranormal, mais
elle offre un premier abord de compréhension.
Ainsi les théories psychologiques, et en particulier
psychanalytiques ouvrent une perspective intéressante
d’interprétation des pouvoirs psychiques.
Comprendre le paranormal
143
4) Le scarabée d’or
(Texte de Jung : Synchronicité et Paracelsica, Paris, Albin Michel,
1988, p. 39)
" Il y a longtemps déjà que le problème de la synchronicité
m’occupe : de façon sérieuse, plus précisément, depuis le milieu
des années vingt, le temps où, étudiant les phénomènes de
l'inconscient collectif, je rencontrais sans cesse des connexions
séries ou termes groupés - que je ne parvenais plus à expliquer
par le hasard. Il s'agissait en effet de "coïncidences" dont
l'apparition présentait un tel caractère de "sens" que dans leur cas
l'improbabilité, d'un hasard ne pourrait s'exprimer que par un
nombre d'une grandeur immense.
Je citerai, simplement à titre d'exemple, un cas que j'ai observé.
Dans un moment décisif de son traitement, une jeune patiente eut
un rêve où elle recevait en cadeau un scarabée d'or. Tandis qu'elle
me racontait son rêve, j'étais assis le dos tourné à la fenêtre
fermée. Soudain, j'entendis derrière moi un bruit, comme si
quelque chose frappait légèrement à la fenêtre. Me retournant, je
vis qu'un insecte volant à l'extérieur heurtait la vitre. J'ouvris la
fenêtre et attrapai l'insecte en vol. Il offrait avec un scarabée d'or
l'analogie la plus proche qu'il soit possible de trouver sous nos
latitudes : c'était un scarabéidé de la famille des lamellicornes,
hôte ordinaire des rosiers : une cétoine dorée, qui s'était
apparemment sentie poussée, à l'encontre de ses habitudes
normales, à pénétrer juste à cet instant dans une pièce obscure. je
suis bien obligé de dire qu'un tel cas ne s'était jamais présenté à
moi auparavant ni ne s'est représenté par la suite ; de même ce
rêve qu'avait eu ma patiente est resté unique en son genre dans le
champ de mon expérience."
Comprendre le paranormal
144
5) La " contagion affective "
Les émotions sont contagieuses, on le perçoit dans l'expérience
quotidienne. Qui n’a pas participé à l'émotion de l'autre comme si
c'était la sienne. Dans un enterrement, il nous arriver de pleurer
même si nous ne connaissons pas le défunt ni même la famille.
Si nous observons cette émotion, elle paraît venir du plus profond
de nous-même, de notre intimité. Or ceux qui sont avec nous la
perçoivent également comme venant d'eux-mêmes. Nous
participons tous à la même expérience.
Cette constatation est si banale que nous nous l’expliquons par
l’"évidence". Or, sur le plan strictement logique, c'est un paradoxe
: comment considérer comme personnel ce qui appartient ne
même temps à tout le monde ?
Les psychanalystes connaissent bien ce type de communication,
qu'ils appelle "anobjectale" : elle ne différentie pas, comme la
conversation habituelle (dite "objectale"), le sujet (celui qui dit
"je") de l'objet (l'autre, "tu" ou "il").
Comment expliquer ce paradoxe ? L'Evolution (de Darwin) nous a
légué les "cerveaux" de nos ancêtres. Ceux-ci continuent à assurer
leur fonction, sous l'hégémonie des fonctions supérieures,
proprement humaines. Or, l'émotion semble siéger dans les zones
centrales du cerveau, que nous possédons en commun avec les
animaux. Au niveau émotionnel, nous vivrions comme nos proches
"cousins", ignorant la notion de personne. La contagion affective
serait une manifestation de ce fonctionnement ancien, permanent
mais inconscient.
Comme le soulignent les psychanalystes Spitz et Bowlby, l’animal
doit, pour survivre, savoir avec une extrême précision ce que
Comprendre le paranormal
145
" pense " l’être vivant qu’il a en face de lui. On ne saurait donc
s’étonner que, malgré son apparence primitive, ce mode de
perception amène des informations surprenantes de justesse.
Il n’est pas inintéressant de se souvenir que cette région est
également celle de l’humeur (gaieté, tristesse) et celle des réflexes
conditionnés, ce qui expliquerait l’efficacité de certaines méthodes
et leurs paradoxes (méthode d’auto-suggestion, méthode Coué…).
Une telle contagion affective est susceptible d'être le lit de la
télépathie et de la voyance sur autrui, comme d'expliquer les
"visions à plusieurs", ce qui a pu faire croire à leur réalité.
6) Le modèle du Mental (ou du Moi), Un cadre explicatif pour le paranormal ?
Selon le modèle des niveaux du " Mental " (ou du " Moi ") notre
" esprit " serait composé de sept plans (ou niveaux). Le premier
plan serait notre conscience claire et le septième et dernier le plan
Divin. Cette conception est très largement répandue. Elle concerne
le bouddhisme, zen en particulier, mais aussi l’hindouisme, ainsi
que les mystiques, quelle que soit leur religion.
Cette hypothèse est certes religieuse, traditionnelle. Mais elle
pourrait constituer un cadre logique intéressant, car elle pourrait
relier les théories scientifiques et psychologiques. En effet, l’idée
d’un Divin, doué de capacités infinies est issue de l’expérience des
mystiques, des sages et des saints. La progression vers des plans
de plus en plus profonds se traduit par des capacités de plus en
plus brillantes. Le Christ, par des pouvoirs psychiques tout à la fois
puissants, utiles et adaptés aux circonstances. A l’opposé, les
malades ou les sujets fragiles accéderaient aux plans profonds par
accident. Ils présentent des capacités peu contrôlées, inutiles et
Comprendre le paranormal
146
surtout rigides. Ils témoigneraient de l’ouverture de " voies "
neuronales établies par hasard.
7) Ego, Mental et facultés paranormales
Les mystiques appellent "ego" (du latin qui veut dire "moi") ou
encore "petit je" la partie la plus superficielle de leur psyché, celle
qui leur permet de dire "je". Plus ils approfondissent la
connaissance d'eux-mêmes, plus ils se fondent dans le Divin, plus
cette notion de "je" disparaît.
Le Mental ne considère pas les facultés paranormales comme des
entités indépendantes. Elles ne font qu'exprimer les " qualités
divines ", dont témoignent et que relatent ceux qui s’approchent
du Divin.
L’augmentation d’étendue et de puissance dans les facultés
paranormales témoignent, pour eux, d’un rapprochement des
niveaux profonds. Elle s’accompagne obligatoirement d’une perte
du " je " (il ne s'agit pas d'un choix). D’ailleurs, les sujets familiers
du paranormal sur une longue période (voyants, guérisseurs…)
témoignent d’une diminution sensible de leur ego, même quand ils
ne souhaitent nullement embrasser une vie religieuse. Ils se disent
"simple passage" d'une force qui les dépassent. À l’inverse, plus ils
ont de " désir ", plus ils mettent en jeu leur volonté, moins ils
peuvent mettent en œuvre leurs facultés.
Cette même contrainte expliquerait un paradoxe : les Églises
humilient systématiquement les sujets présentant les capacités les
plus éminentes. Elles ont, empiriquement, constaté que la
diminution de l’ego est indispensable à l’équilibre psychique de ces
sujets. À l’inverse, l’enthousiasme des savants amène le " fading ",
la diminution progressive des facultés du sujet d’expérience si ce
n’est la folie.
Comprendre le paranormal
147
8) Modèle du Mental, sciences "dures" et psychologiques
Le modèle du Mental étend l’inconscient des psychanalystes
(relativement superficiel) sur le " supra-mental " religieux et
permet d’utiliser les hypothèses psychanalytiques. Un simple
exemple : les stigmates. Beaucoup ont souligné la parenté avec la
dermographie des hystériques (cf. Lhermite, 1952), jusqu’à dire
que les stigmatisés étaient hystériques. Il paraît cependant difficile
d’interpréter les manifestations d’un esprit qui dépasse la normale
(le saint ou le sage) par des conceptions relatives à des sujets aux
capacités plus limitées que le sujet normal.
Le Mental propose une vision du monde centrée sur l’observateur,
car il situe la référence ultime, la Vérité (Dieu), comme le niveau
le plus profond. Une telle conception se retrouve dans la
psychanalyse, qui étudie tout au travers du discours du sujet. Les
sciences, malgré l’apparence, adoptent ce point de vue. En effet,
elles sont dites " universelles " parce qu’elles ne privilégient aucun
point de vue particulier, les disant tous équivalents. Mais la
description scientifique en elle-même est bien centrée sur
l’observateur. Les règles de passage d’un observateur à un autre
n’ont rien de facile. C’est ce qu’on appelle la " relativité ", initiée
par Descartes et complétée par Einstein, laisse augurer de
l’extraordinaire complexité d’une éventuelle description universelle
de la " réalité ", si même elle est envisageable.
La vision " centrée " du Mental a un intérêt fondamental, car elle
permet l’étude théorique du paranormal. En effet, la simple
logique nécessite qu’on ne puisse mettre en relation que des
choses qui appartiennent à un même plan. La synchronicité de
Jung, si elle permet une description unitaire des phénomènes
paranormaux, ne permet aucune analyse sur un plan logique. Le
Comprendre le paranormal
148
Mental le permet. En effet, le sujet " actif " dans le phénomène
paranormal est à même de " décrire " d’une part sa pensée (même
s’il ne peut avoir un accès indirect, du fait qu’elle se situe dans
l’inconscient) et, d’autre part, de décrire le " résultat ". Celui-ci
constitue, pour lui et pour lui seul, une autre " pensée " (comme
toute observation, quelle qu’elle soit). De fait, il met en relation
deux pensées, et peut énoncer des règles logiques entre elles,
leurs similarités par exemple.
Cette observation centrée, que redécouvre la physique moderne
(la physique des quanta), est cependant d’un maniement difficile.
En effet, elle suppose que tout observateur est en même temps
participant. Or, bien des facultés paranormales sont d’obtention
difficile. On est alors conduit à les observer de l’extérieur, en en
perdant le sens.
Bien des fraudes sont liées à ce paradoxe. L’observateur veut des
preuves. Celles-ci sont d’autant plus manifestes que la
manifestation est plus extraordinaire, donc plus improbable,
difficile à obtenir. La volonté étant antinomique du paranormal, le
risque d’échec est alors majeur : la fraude est tentante pour
l’" agent " qui ne veut pas se déconsidérer. Ailleurs, les
expérimentateurs s’appuient sur la répétition à l’identique de faits,
pour constituer une collection statistiquement exploitable. Du fait
du " fading ", de tels impératifs constituent les pires conditions qui
soient.
D- Les explications traditionnelles
On considère généralement les explications traditionnelles comme
le fruit de l’ignorance et de la confusion. Or, si on les examine
attentivement, on s’aperçoit qu’au contraire elles pourraient
fournir des bases d’interprétation tout à fait intéressantes.
Comprendre le paranormal
149
Nous allons donc examiner ces interprétations traditionnelles,
successivement :
* Les forces de la nature, l’animisme (le shintoïsme)
* Les morts, les Esprits, le chamanisme
* Transe et possession, cultes africains
* Le polythéisme, l’hindouisme
* Le monothéisme et les religions occidentales
* L'hypothèse du "Mental", le mysticisme et le bouddhisme
1) Les forces de la nature, l’animisme � Un homme racontait, lors d'une émission de
télévision, qu'à chaque présentation d'avions en vol à
laquelle il assistait, un avion s’écrasait près de lui. Il
prévenait ses amis, car, disait-il, ces catastrophes ne
le mettaient jamais en danger, mais elles risquaient de
toucher ceux qui l'auraient accompagné.
Combien de fois avons-nous invoqué la loi des séries ? Quand nous
disons, avec plus ou moins de conviction, " jamais deux sans
trois ", nous n’imaginons pas une Entité, encore moins Dieu ou
Diable, mais simplement une intention, ce qu’on rapporterait
facilement à des Forces, celles de la nature.
Je remarquai un jour qu’un de mes amis japonais, professeur de
faculté, portait des amulettes avec lui. Il me dit très
naturellement : " En France, la nature est calme, immobile. Au
Japon, elle bouge : cyclones, tremblements de terre, éruptions
volcaniques... On la sent vivre, constamment ". L’animisme ne
saurait donc être réduit à une croyance de peuples primitifs. Au
Japon, il est partout, sous la forme de la religion traditionnelle, le
" shintoïsme " et concerne même les intellectuels les plus adaptés
et les plus subtils. Certes, le shintoïsme, par sa subtilité, ne
Comprendre le paranormal
150
saurait résumer l’animisme. Mais il nous permet de ne pas voir
dans cette interprétation de la nature une croyance primitive.
D’ailleurs cette croyance est-elle vraiment absente des religions
monothéistes, que nous pensons " évoluées ". Dans le
christianisme, par exemple, il est d’usage de dire que le simple
regard du non-initié suffit à profaner le saint des saints d’un lieu
de culte. Si le catholique ou le protestant l’ont un peu oublié, le
pope orthodoxe conserve encore caché ce qu’il a de plus sacré. Il
en est de même dans le judaïsme où les rouleaux de la Torah
restent soigneusement enfermés en dehors des offices. Le texte
sacré doit rester caché du regard profane (comme la Mezouza
dans la maison, ou les batim pour la prière). Dans le cadre de
l’islam, la Kaaba, le rocher sacré, est toujours enfermé, invisible
derrière une énorme tente noire.
Le recours à l’animisme est ainsi parfois une sorte de clause de
prudence, si ce n’est un simple recours à l’efficacité :
� M. A. doit être mis en invalidité. Il y a deux ans, alors
qu’il circulait en voiture pour son travail, un camion le
percute de l’arrière. Il subit une torsion cervicale (le " coup
du lapin "), qui entraîne six mois d’arrêt de travail. Trois
mois après sa reprise, sur l’autoroute, il évite un bouchon
devant lui, mais la voiture qui le suit le tamponne, nouveau
" coup du lapin " et six mois d’arrêt. Quelques mois après sa
reprise, alors qu’il était dans l’appartement de son père, une
fuite de gaz entraîne une explosion, il voit arriver la flamme
sur lui, il a le temps de se protéger le visage. Il n’est brûlé
(gravement) qu’aux mains et aux bras. Il portait une
chemise de Nylon qui, dit-il, est devenu comme une
carapace rigide après l’incendie qui a dévasté
l’appartement…
Comprendre le paranormal
151
Le sujet a-t-il sa part de responsabilité dans cette étonnante
succession de catastrophes ? Les compagnies d’Assurances
connaissent bien la " victimologie " : certains assurés ont en effet
une fâcheuse tendance à être des victimes innocentes… Pour
Freud, notre inconscient gère notre environnement très au-delà de
ce que nous imaginons (cf. la réalisation des souhaits). Le
sychiatre recherche une tendance morbide profonde.
2) Les morts et les Esprits, le chamanisme
Dans les temps anciens, le contact était quotidien avec les Esprits
incorporels (jamais incarnés) comme avec les morts (ou
désincarnés).
� " Maman, le colonel a dit que nous allions mourir dans un
quart d’heure. " Ma collègue, médecin d’urgences, sort à
peine de son sommeil qu’elle voit devant elle ses deux
enfants (11 et 9 ans), répétant ce message sibyllin. Elle se
lève et découvre que ses deux bambins opéraient avec un
oui-ja, une tablette divinatoire. La mère se fâche, raisonne
les enfants, puis les recouche. Une demi-heure, après ils
réapparaissent, hilares : " Le colonel nous a dit qu’il nous
avait fait une farce ! "
Qui n’a pas fait (ou tenté de faire) se déplacer un verre en face
d’une baguette portant lettres et chiffres, ou encore un guéridon ?
Avec l’" écriture automatique ", laissant cheminer la main sur le
papier, certaines personnes ont ainsi tracé des phrases dont la
facture reproduit la graphie et le style d’un proche disparu ou d’un
personnage célèbre.
Depuis l’apparition des appareils électroniques, s’est développée la
transcommunication (cf. Brune, 1988). Des images sont
accompagnées de paroles, alors que l’on ne devrait en principe
Comprendre le paranormal
152
rien capter. Ailleurs, une caméra de surveillance relève le
mouvement d’un fantôme.
M. Éliade (1968) a décrit les chamans, ces medecine-men qui font
profession de rencontrer les esprits lors de leurs extases, de leurs
sorties du corps. J’ai rencontré à Paris Emahó, un Amérindien qui
exerçait une profession classique quand il eut une vision, alors
qu’il circulait en voiture. Peu après, il eut une convulsion et un
diabète se déclara, s’aggravant progressivement jusqu’au coma. Il
eut alors le sentiment qu’ayant tout perdu, il pouvait " donner sa
vie ". Quand il se réveilla, il était guéri, et n’en a plus jamais
souffert. Il suivit alors l’enseignement d’un lama tibétain. En 1991,
alors qu’il était en Grande-Bretagne et qu’il avait réuni un petit
groupe pour un enseignement, il découvrit, progressivement qu’il
pouvait laisser ses mains sur la flamme d’une bougie sans en
ressentir de brûlures, et guérir par une sorte d’imposition des
mains. Depuis, il parcourt le monde, et j’ai pu ainsi l’observer.
Une telle histoire est typique. Le sujet devient chaman après être
" mort " et que son corps ait été " reconstitué os par os ", et qu’un
Esprit ou un défunt lui soit apparu en rêve. Parfois, il rencontre
successivement tous les " esprits des maladies " lors d’une extase
durant quelquefois plusieurs jours.
L’interprétation en terme d’Esprit, ou de défunt, correspond donc à
une expérience vécue de tous temps. Ceci ne saurait valider pour
autant la " réalité " de l’apparition, mais empêche de renvoyer ces
témoignages au rang de simples croyances.
3) Transe et possession, cultes africains
Le troisième type d’interprétation repose en effet sur la transe. En
Occident, on parle d’" état altéré de conscience ", ou encore d’état
hypnotique. Cette transe peut s’accompagner d’une modification
Comprendre le paranormal
153
physique du sujet, parfois considérable. On parle alors souvent de
" possession " si elle est subie, ou d’" incorporation ", si elle est
délibérée. L’Esprit (ou la Divinité) ne se manifeste pas comme
extérieur au sujet, mais au travers du sujet qui peut acquérir des
facultés nouvelles, psychiques (médiumnité) ou physiques
(manger des braises…).
Ce sont probablement les cultes outre-Atlantique d’origine
africaine qui ont été les plus explorés de l’intérieur, le Vaudou
haïtien, le Candomblé afro-brésilien, etc. Ce sont des religions où
les choses sont données à " voir ", la réflexion abstraite y a peu ou
pas de place. Ces transes ne sauraient être mimées :
� Lors de l’initiation, par exemple, pour vérifier si la transe
est véritable, on passe une bougie sur les bras nus du
médium. S’il apparaît la moindre brûlure, on conclut à la
simulation (Bramly, p. 61).
Le rôle du médium est d’offrir volontairement son corps au Dieu
par la transe. Lors de l’incorporation, le sujet présente des
capacités sans commune mesure avec ce qu’il peut faire
habituellement, ou même ce qu’un humain peut faire : une jeune
femme peut ainsi boire quatre litres d’eau de vie en un temps très
court. C’est l’incorporation par Exù, qui cherche toujours à
s’enivrer. A noter que dès la fin de la cérémonie, elle n’est plus
saoule " Elle-même n’a rien bu. C’était son Dieu. "
On peut donner de tout cela une interprétation psychologique.
Chaque sujet, présentant un fonctionnement mental particulier,
est susceptible d’entrer en transe sur un mode identifiable comme
l’incorporation par un Dieu.
En Occident, on ne pratique guère l’incorporation, mais l’allégation
de possession est fréquente. Les manifestations en sont parfois
Comprendre le paranormal
154
bruyantes, justifiant un exorcisme. La plupart des allégations de
possessions ne comportent, fort heureusement, pas de telles
manifestations. Cependant, l’Eglise catholique a été conduite, ces
dernières années, à porter une attention toute particulière à la
fonction d’exorciste, longtemps tombée en désuétude.
En résumé, l’idée de possession par une Entité rend compte de
manifestations parfois bruyantes, même en Occident. Les cultes
d’origine africaine (ou équivalents) sont centrés sur l’incorporation
volontaire. Ils ont acquis un contrôle efficace sur ces
manifestations qui semblent dépasser les interprétations
psychologiques.
4) Le polythéisme (l’hindouisme)
Polythéisme ne veut pas dire " adorer tous les Dieux ". Si on en
croit l’hindouisme par exemple, chacun, par inclination personnelle
ou familiale, ira davantage vers l’une ou l’autre des Divinités du
panthéon hindou. Mais, à l’instar du temple " au Dieu inconnu ",
relevé à Athènes par saint Paul, le fidèle veillera à ne laisser aucun
Dieu de côté ; on ne le négligera pas, de peur qu’il ne se retourne
contre vous.
Pour l’hindou, le paranormal est la marque du Divin. Pour
Ramakrishna, le grand mystique hindou du XIXème siècle, celui
qui accède au Divin acquiert par là même des pouvoirs
extraordinaires (Herbert, 1972, n° 1158). Les huit pouvoirs
psychiques sont :
(1) devenir aussi petit qu’un atome, (2) devenir aussi grand
qu’une montagne, (3) devenir aussi léger que du coton, (4)
devenir aussi lourd que du fer, (5) pouvoir toucher n’importe quoi
du doigt, aussi loin que ce soit, (6) réaliser tous ses désirs, (7)
créer, (8) être parfaitement maître de tous les éléments (ibid., p.
188, n. 2).
Comprendre le paranormal
155
Ces pouvoirs n’apparaissent pas ici comme le " don " d’un Dieu
extérieur, mais comme le résultat d’une fusion avec le Divin, ce
qui se rapproche du bouddhisme.
Les pouvoirs paranormaux seraient donc des témoins d’une
évolution spirituelle. Certaines écoles hindoues se sont ainsi
centrées sur l’acquisition de pouvoirs, comme les fakirs, des yogis
se livrant publiquement à des exercices ascétiques. Cependant,
comme le souligne Ramakrishna (Herbert, n° 558), " il faut éviter
les pouvoirs miraculeux. Ils viennent d’eux-mêmes par la vertu
des disciplines (sâdhanâs) et des maîtrises des sens
(samyanama). Mais l’homme qui fixe son esprit sur les pouvoirs ne
pourra pas monter plus haut, il y restera embourbé ".
5) Le monothéisme et les religions occidentales
L’Occident s’est orienté depuis deux mille ans vers le
monothéisme. Mais cette évolution ne s'est pas faites avec ledit
paranormal. Cette lutte cachait de grands intérêts. Les Grands
procès de sorcellerie, par exemple, ont consisté pour une bonne
part en une lutte entre la bourgeoisie chrétienne des villes et la
campagne paysanne, encore très largement animiste, " magique ".
L’idée reste encore aujourd'hui très présente. On lit par exemple,
dans Le Petit Robert, au mot sorcier " personne qui pratique une
magie de caractère primitif, secret et illicite ". Cette définition
suggère qu’il y aurait une magie évoluée, licite et qui s’étalerait au
grand jour. Est-ce le citadin ou le prince qui condamne le paysan
ou, plus précisément, la paysanne ? Le monde scientifique perdure
dans cette attitude, même si ses raisons ne sont plus les mêmes.
Cette lutte apparaît spécifique au monde occidental.
Ceci dit, la valeur du surnaturel est reconnue : le christianisme, le
judaïsme et l’islam vénèrent les sages et les saints. Ces facultés
Comprendre le paranormal
156
sont considérées comme témoins de leur spiritualité et de leur
intimité avec le Divin, et ceci depuis les temps les plus anciens.
Pour le catholicisme, c’est Dieu qui est à l’origine du miracle. Si un
être présente des facultés paranormales, l’Église examine
principalement leur contexte. S’il s'accompagne d'une spiritualité
évidente, elle considère que ces facultés procèdent de Dieu. Si ces
facultés coexistent avec une spiritualité pauvre ou nulle ou, pire
encore "schismatique", sa position est des plus réservée. Il n’y a
pas si longtemps, elle concluait à l’origine diabolique de ces
manifestations. Actuellement, elle s’abstient le plus souvent de
porter un jugement.
Parmi les manifestations paranormales, outre les apparitions déjà
étudiées plus haut, j’aimerais discuter deux cas, les stigmates et
les guérisons miraculeuses.
Le christianisme pose généralement Dieu comme extérieur à
l’homme. De fait, le surnaturel apparaît comme un " don ", une
chose donnée. Sur le plan pratique, cela ne pose pas de difficulté.
Mais la réflexion logique n’y trouve pas forcément son compte.
6) Le mysticisme et le bouddhisme
Le mysticisme et le bouddhisme sont probablement parvenus à
l'hypothèse la plus sophistiquée qui soit, en ce qui concerne le
Divin et, partant, l'interprétation du paranormal. Il s'agit de
l’hypothèse des niveaux du " Mental " (ou du " Moi ") selon
laquelle notre " esprit " serait composé de sept plans (ou niveaux),
en une gradation continue de notre conscience claire au plan Divin.
En Orient, cette conception est très largement répandue. Elle
concerne principalement le bouddhisme, le zen en particulier : " La
Vacuité… est au-delà de toute perception, au-delà de toute prise...
au-delà de l'être et du non-être... [Elle] est constamment avec
Comprendre le paranormal
157
nous et en nous, elle conditionne toute notre connaissance, tous
nos actes, elle est notre vie même. " (Suzuki, 1970, p. 87). On
retrouve cette idée dans l’hindouisme. Ramakrishna dit ainsi :
" Quelques âmes évoluées ont pu atteindre le septième plan, le
plan le plus haut du samâdhi, et se sont ainsi plongées dans la
conscience de Dieu... " (Herbert, 1972, n° 185). Les niveaux du
Mental ne sont pas spécifiques à l’Orient. Ils sont aux fondements
de l’expérience mystique, qui cherche le Divin au fond de soi,
comme l’expose sainte Thérèse d'Avila, dans " Le château de
l’âme " (cf. 1985, p. 807 sq.).
Le sujet, parvenu au niveau Divin, présente d’étonnantes capacités
paranormales. C’est le cas du Christ, mais aussi de sage orientaux,
tels que Milarépa, ascète tibétain du XIème siècle de notre ère et
personnalité essentielle du bouddhisme mahâyâna. Sa biographie
(p. 256) relate l’apparition de divers phénomènes, dont la
lévitation et la capacité de se transformer en n’importe quelle
forme désirée.
Certes, bien des grands saints (tels saint Bernard, saint Bruno,
saint Vincent de Paul…) n’ont jamais présenté de capacités
paranormales. Le paranormal étant manifestation de l’émotion, les
êtres d’une parfaite égalité d’humeur ont peu de chance de
produire de manifestations brillantes. Mais ils peuvent vivre le
paranormal au quotidien. Combien de sages ont ainsi dit que le
monde extérieur répondait à leur vie intérieure, comme un
véritable miroir.
Dans l’interprétation du paranormal, les niveaux du Mental
introduisent une subtilité nouvelle, la notion du Dieu impersonnel.
Dans les religions monothéistes, Dieu est prié comme une
personne extérieure, un Dieu personnel, le classique Deus ex
machina. Ce Dieu impersonnel n’est certes pas ignoré des religions
Comprendre le paranormal
158
monothéistes. C’est l’Esprit-Saint de la chrétienté. Mais, comme le
dit très bien Giraud dans le " Guide des religions " (p. 42), il
constitue une sorte de " Dieu inconnu ", pour les catholiques tout
au moins. Sa particularité est d’être " sans forme " (les Evangiles
le présentent, suivant les passages, comme une colombe ou une
pluie de flammes). L’Orient est, par contre, familier avec cette
notion.
III / Evaluation de vos facultés paranormales Voici quelques exercices simples et sans danger pour évaluer vos
propres facultés et surtout vous familiariser avec vos intuitions
profondes, qui dépassent largement notre vision " rationnelle " du
monde et de nous-mêmes. Un certain entraînement peut être
nécessaire, mais il est à la portée de tout le monde.
téléphone : écouter votre correspondant sans
décrocher le combiné.
Lorsque le téléphone sonne, ne décrochez pas, faites le silence
dans votre esprit et attendez quelques secondes. Vous allez
ressentir si votre correspondant est amical ou hostile, et même le
degré d’intimité que vous avez avec lui. Vous pouvez même sentir
la nature du message qui va vous être apporté.
Vous pouvez vous exercer également à savoir si un correspondant
que vous appelez va répondre ou non. Mais c’est un peu plus
difficile, car ici l’effet d’" attente " joue et risque de gêner votre
perception.
Courrier : lire le contenu d’une lettre sans l’ouvrir
Variante de l’exercice précédent. Tenez la lettre dans vos mains,
ou simplement regardez là, sans penser à rien. Vous allez voir, de
Comprendre le paranormal
159
même, si ce courrier vous annonce une bonne ou une mauvaise
nouvelle. Les plus compétents auront les détails de la lettre
comme si l’enveloppe était ouverte !
Prémonition active (voyance sur soi-même)
Vous aurez d’autant plus de résultats que vous interrogez un
avenir proche, de l’ordre d’une journée. Cet exercice étant plus
complexe, il nécessite quelques explications. Pour poursuivre ( voir
ci-dessous chap. prémonition active)
Réalisation de souhaits simples
La meilleure règle pour obtenir un résultat, est de se fixer des
objectifs qui vous sont nécessaires. Ainsi, tout votre corps
adhérera facilement à votre objectif. Ne faites jamais un exercice
" pour voir ", l’échec est assuré. Pour poursuivre, voir chapitre
suivant.
Comprendre le paranormal
160
A- Prémonition active
Vous allez tenter de prévoir le contenu de votre journée, l’issue
d’une rencontre par exemple, la réussite d’une action…
Premier point fondamental : se défier du désir, de toute forme de
souhait. Faire le silence dans son esprit.
Avec un peu d’entraînement, on perçoit alors la prémonition, sous
la forme d’une intuition d’une authenticité dépassant la raison. Il
s’agit d’un " message " simple, positif ou négatif, généralement
sans détail, donnant la connotation " affective " de l’événement
prévu.
Parfois, il faut " aider " la prémonition. Nous avons, sur
l’événement prévu, une idée générale qu’il faut préciser. " Lisez "
alors cette intuition en la comparant à des événements connus :
� Un matin, en me levant, je sens une tristesse que je vois
liée à la couleur noire. Banal, direz-vous : un deuil ! Je me
suis interrogé, en profondeur. La tristesse paraissait bien
modérée par rapport à une mort. L’après-midi, je déchirais
malencontreusement un blouson bleu nuit !
Autre exemple : je devais affronter une rencontre très
importante pour moi et qui se présentait vraiment très mal.
Mon inconscient me livra, avec une constance curieuse, le
message (en anglais !) : " no problem ". Effectivement, mon
adversaire me tira d’affaire d’une manière incompréhensible
pour moi, et contre son propre intérêt.
Un certain entraînement est néanmoins nécessaire pour distinguer
le désir (le souhait) de la prémonition.
Comprendre le paranormal
161
B- Réalisation de souhaits simples
Première règle, indispensable à respecter : vous ne faites pas de la
" recherche ", vous tentez de mener votre vie de la manière la plus
adéquate possible. Ne faites donc pas d’expérience pour
l’expérience, mais limitez-vous à des souhaits nécessaires. Par
ailleurs, s’il existe un moyen simple d’obtenir ce que vous
souhaitez, utilisez-le. Cette méthode ne s’applique que pour des
objectifs inaccessibles par les méthodes habituelles (sauf à utiliser
des moyens peu compatibles avec vos possibilités habituelles).
� Une amie me disait ainsi qu’elle n’avait jamais besoin de
s’inquiéter pour une place de parking. Elle en trouvait
toujours en face du lieu où elle se rendait.
Le souhait peut porter sur tout ce qui vous est nécessaire. Ne vous
préoccupez pas de sa possibilité sur le plan matériel. Vous serez le
premier étonné de voir les moyens extrêmement simples mis pas
le " Ciel " dans sa réalisation.
Il faut donc s’interroger sur ce que vous voulez réellement, ce dont
vous avez besoin. Ce peut être tout et n’importe quoi :
� Une amie avait besoin d’un ordinateur et n’en avait pas le
premier sous. Elle pria intensément. Elle reçut alors un
courrier d’une personne à qui elle avait rendu service des
années auparavant, lui disant à peu près : " Madame, vous
m’avez beaucoup aidé alors que j’étais dans le besoin.
Maintenant que je suis sorti d’affaire, veuillez recevoir
l’expression de mon remerciement. " Était joint un chèque
correspondant à la somme nécessaire à l’achat de
l’ordinateur.
Comprendre le paranormal
162
Il faut donc porter sur ce souhait la plus grande intensité. Un
moyen classique, vieux comme le monde, consiste à prier (Dieu,
un Dieu… quel que soit le nom qu’on Lui donne). C’est le meilleur
moyen de se mettre en position de " recevoir ".
Trois écueils :
* confondre désir et souhait. Un désir est l’œuvre de la conscience
superficielle, inefficace. Le souhait, portant sur une nécessité,
touche les profondeurs de notre être.
* s’attribuer le mérite du résultat. Il n’y a pas de meilleur moyen
pour se ridiculiser, ou même pour devenir fou. La " toute-
puissance " est probablement l’idée la plus répandue dans les
délires.
* chercher la " preuve " que le souhait a bien été exaucé (et que
ce ne soit pas le fait du hasard). Cette preuve n’existe pas et
n’existera jamais. Il ne faut pas oublier que la relation de cause à
effet, base de la preuve, n’est jamais définie pour un seul fait (sa
définition n’est que statistique) et qu’elle l’est seulement de
manière rétrograde (on retrouve toujours la cause, une fois l’effet
survenu). Dans le cas précédent, il était impossible à un qui que ce
soit de dire que le chèque arriverait à point nommé.
Un conseil : remercier le Ciel une fois le souhait obtenu et, si
possible, en faire profiter votre entourage. Le Ciel n’oubliera pas
votre générosité !
Des développements théoriques et pratiques de cette question ont
été faits dans mon ouvrage " Montagne lève-toi, l’expérience de la
foi "
Comprendre le paranormal
163
IV/ AQ sur le paranormal (questions les plus fréquemment posées)
(questions " E " = relatives à l’Expérience, questions " T " =
approche Théorique)
E1/ Est il " normal " de n’avoir jamais vécu aucun phénomène
paranormal ?
E2/ Est-il " anormal " de vivre des phénomènes paranormaux ?
E3/ Comment reconnaît-on une faculté paranormale chez autrui ?
E4/ Comment reconnaît-on une faculté paranormal chez soi-
même ?
T1/ Y a-t-il un lien entre la folie et le paranormal ?
T2/ Sommes-nous tous " paranormaux " ?
T3/ Qu’appelle-t-on " sujet psi " ?
T4/ Y a-t-il une preuve de l’existence du paranormal ?
T5/ Y a-t-il une place pour le paranormal dans le monde défini
actuellement par les sciences ?
T6/ Les lois scientifiques actuelles doivent-elles être transformées
pour accepter le paranormal ?
T7/ Le paranormal constitue-t-il un lien entre les sciences et les
religions ?
T8/ Les miracles des saints sont-ils du " surnaturel " ou du
" paranormal " ?
Comprendre le paranormal
164
T9/ Pourquoi les saints présentent-ils plus de facultés
paranormales que les sujets " lambda " ?
E1/ Est il " normal " de n’avoir jamais vécu aucun
phénomène paranormal ?
Il faut tout d’abord faire la différence entre " n’avoir jamais vécu "
et " n’avoir jamais reconnu en soi " un phénomène paranormal.
Beaucoup de gens vivent quotidiennement des faits paranormaux
mais ne les reconnaissent pas comme tels. Une femme me disait
ainsi : " Je ne prends jamais de billet de Loto si je sais que je ne
vais pas gagner ". Quand je lui ai fait remarquer qu’il s’agissait
d’un faculté " paranormale " (voyance), elle a répliqué vivement :
" Non, c’est parfaitement normal ", ajoutant : " Je sais qu’il y a
une explication à ça. " Personnellement, j’attends toujours ! La
plupart des personnes qui vivent le paranormal constatent qu’il n’y
a aucune différence entre des intuitions très banales, par exemple
une pensée à propos d’un être cher, et le " paranormal " typique
(ici la télépathie).
En second lieu, certaines personnes, très intuitives, proches de
leur corps et de leurs intuitions profondes, sont plus à même de
vivre et de reconnaître le paranormal que d’autres, plus
Comprendre le paranormal
165
intellectuelles, tournées vers le concret. Il faut aussi faire la part
de la crainte de l’irrationnel, de ce qui ne s’explique pas clairement
ou de ce qui sort du cadre habituel de notre vision du monde.
E2/ Est-il " anormal " de vivre des phénomènes
paranormaux ?
Il faut, ici, faire la différence entre vivre de tels phénomènes dans
l’harmonie et l’équilibre et les subir dans la crainte et l’angoisse. Je
connaissais une femme qui disait percevoir, sitôt entrée dans un
autobus ou un métro, la vie des gens qu’elle côtoyait. Celle-ci
défilait comme un film dès qu’elle regardait la personne concernée.
Elle se disait oppressée par cette faculté, qu’elle identifiait
parfaitement comme de la voyance. Je l’ai aidée à se protéger et à
ne plus " voir " d’une manière inconsidérée.
Par contre d’autres personnes constatent, pour leur plus grand
bonheur, la nature leur offrir des " messages " répondant aux
questions qu’elles se posent ou réalisant leurs souhaits sans
qu’elles aient besoin de s’en préoccuper. Elles vivent
quotidiennement un échange avec la nature sain, souple et
enrichissant.
E3/ Comment reconnaît-on une faculté paranormale chez
autrui ?
Un certain nombre de gens prétendent avoir des facultés qu’ils
n’ont pas. À l’inverse un nombre probablement encore plus grand
en possèdent qu’ils ignorent, tant elles font partie de leur
" normalité ". Même les plus grands sujets " psi " ont
généralement mis du temps à appréhender l’ensemble de leur
capacité (si même ils l’ont jamais fait - cf. le Français Jean-Pierre
Girard). Aussi le plus grand flou règne en ce domaine. Il faut
cependant se souvenir que, dans le principe, nous avons tous la
Comprendre le paranormal
166
possibilité de présenter des facultés paranormales. Le plus
souvent, il s’agit de facultés très ténues : pensées à propos d’un
être cher qui se vérifient (télépathie), prémonitions (voyance),
réalisation de souhaits…
D’une manière générale, le problème n’est pas tant de
" reconnaître " une faculté chez autrui, mais de la vivre dans
l’harmonie et l’équilibre, ce qui peut être difficile si elle se
manifeste fortement et fréquemment.
E4/ Comment reconnaît-on une faculté paranormal chez
soi-même ?
Comme nous avons tous en nous-mêmes la possibilité d’en
présenter, le problème se pose surtout de contrôler ces facultés et
d’en faire bon usage. Il faut en effet se garder des illusions.
Combien j’ai vu de sujets disant avoir fait des " voyages astraux "
et n’avoir finalement fait qu’un rêve de voyage, analogue au rêve
habituel. Cependant, comme je l’ai dit dans mes ouvrages, nous
pouvons être confrontés brutalement à une expérience
" anormale " qui nous confronte à une vision du monde
radicalement différente. (Exemple : le cas du fantôme page 21)
T1/ Y a-t-il un lien entre la folie et le paranormal ?
On rejette souvent le paranormal en disant que ceux qui disent
avoir de telles facultés sont parfois " pas très nets " s’ils n’ont pas
fréquenté assidûment les hôpitaux psychiatriques. Les
psychotiques (en particulier les autistes) sont réputés pour
présenter des facultés paranormales.
La question est plus difficile qu’il n’y paraît. En effet, Freud et les
psychanalystes ont montré que la psychose révélait une fragilité
de la barrière conscient-inconscient. Or, les facultés paranormales
Comprendre le paranormal
167
étant aussi issue de l’inconscient, ceux qui peuvent en faire usage
seraient aussi ceux dont la " barrière " serait la plus ténue. Il y
aurait donc une évidente parenté entre les " fous " et ceux qui
sont coutumier du paranormal.
Il ne faut cependant pas oublier que les saints, et les plus grands
(le Christ en particulier) ont manifesté les facultés les plus
évidentes et les plus diverses. On peut donc dire que les facultés
paranormales ne sont en aucun cas un témoin de folie… même s’il
existe des liens.
T2/ Sommes-nous tous " paranormaux " ?
Comme l’explique le modèle du Mental, en particulier, nous avons
tous, au fond de nous-mêmes, la faculté de manifester des
capacités paranormales. Elles sont cependant évidentes que chez
certaines rares personnes. Elles peuvent témoigner d’un
déséquilibre psychique, mais aussi de sainteté (c’est d’ailleurs
pourquoi les Églises, dans leur ensemble, n’ont jamais considéré le
pouvoir paranormal comme un critère de sainteté). Un
entraînement peut permettre d’augmenter ses facultés (réalisation
du souhait, télépathie, voyance). Mais, comme je l’ai montré dans
un ouvrage, cela n’est pas sans risque, la folie n’étant jamais très
loin.
T3/ Qu’appelle-t-on " sujet psi " ?
On nomme ainsi un sujet présentant des facultés paranormales
évidentes. Ne pas confondre avec " psy ", qui désigne un
thérapeute (psychiatre, psychologue, psychothérapeute,
psychanalyste…).
T4/ Y a-t-il une preuve de l’existence du paranormal ?
Comprendre le paranormal
168
Paradoxalement, non. Il n’existe aucune " preuve " du paranormal
et n’en existera probablement jamais. En effet, il n’existe
discontinuité entre un fait " normal " et un fait " paranormal ". Si
je tire les bon numéros du Loto, c’est un fait rare, mais on ne peut
plus " normal ". Si par contre je coche les cases parce que je les ai
vus dans un rêve (ou une vision), le fait s’inscrit dans le
" paranormal ". Or, l’annonce n’appartient pas au fait lui-même,
mais à ma façon de le vivre. Certes quand J.P. Girard tord des
barres de métal ou en modifie la structure interne, on peut dire
" on ne comprend pas ", mais cela ne veut pas dire que dans
cinquante, cent ou deux cents ans, ce fait demeurera inexpliqué. Il
n’est donc pas " paranormal " par essence. C’est tout l’intérêt de la
notion de synchronicité de Jung, qui relie le fait à une pensée par
le biais d’une signification. Ceci peut constituer le point commun à
tous les faits paranormaux. Ici, dans l’exemple du loto, le fait est
le tirage, la pensée est ladite " prémonition ", la signification est
(entre autres choses) l’espoir de " gain " qu’il représente.
Il n’y a donc pas de " preuve " du paranormal puisque le fait lui-
même ne sort jamais du " normal ", même s’il peut être
extrêmement rare (comme la lévitation)
T5/ Y a-t-il une place pour le paranormal dans le monde
défini actuellement par les sciences ?
Oui, certainement, et sur deux plans.
* Rhine a, parmi les premiers, montré que la méthode scientifique
s’appliquait au paranormal, jusque dans ses outils de validation.
Les conditions expérimentales ne sont certes pas les meilleures qui
soient pour que s’exprime le paranormal, mais elles ne sont pas
foncièrement inadaptées. De plus, il a montré qu’à condition de
poser l’hypothèse de l’action de la pensée (ce que les scientifiques
Comprendre le paranormal
169
ne font pas habituellement), on pouvait l’attester dans les mêmes
conditions qu’on le fait pour les lois scientifiques.
On sait en effet que pour établir une loi scientifique, il faut poser
une hypothèse qu’on teste avec l’expérience pour voir si on doit ou
non la rejeter. Si on ne la pose pas, on ne peut pas la tester. Il est
donc faux de dire que les lois physiques ne peuvent accepter
l’action de la pensée sur la matière. Il faut juste étudier les
variations au niveau des " faits " et voir s’ils peuvent être corrélés
à une variable (dite " contrôlée) qui pourrait être nommée
" pensée " (même si la pensée ne peut encore être définie que de
manière relative).
* Second point, qui découle du précédent. Les lois physiques n’ont
été définies, de fait, que dans des conditions " mentalement
neutres " et n’ont jamais pris en compte ce qu’on pourrait
considérer comme les conditions " mentalement actives " dans
lesquelles s’exerce le paranormal. En effet, supposons un savant
qui observe une série de résultats pour une expérience donnée.
Pour tester son hypothèse, il va en faire la moyenne. Le
paranormal, étant peu contrôlable (puisqu’issu de l’inconscient),
s’il apparaît, ce sera de manière anecdotique, rare. Sa
manifestation sera donc perdue dans la masse des résultats,
gommée par la moyenne. On ne pourra le mesurer, même s’il est
apparu.
Plus encore, supposons un chercheur suffisamment " sujet psi "
pour que tous ses résultats découlent d’une action de la pensée.
On sait qu’une nouvelle loi scientifique n’est jamais admise
d’emblée. On demande à une équipe indépendante de refaire les
mêmes observations. Si elle les fait, on considérera les résultats
du premier chercheur comme erronés, et ils seront mis de côté. De
Comprendre le paranormal
170
ce fait, seuls les résultats " neutres " seront pris en compte, et les
lois physiques établies sur ces bases.
T6/ Les lois scientifiques actuelles doivent-elles être
transformées pour accepter le paranormal ?
Non, les lois scientifiques présentent l’aspect " neutre " des
relations entre les faits matériels. C’est donc un cas particulier,
simplifié, des lois de la nature, une référence en quelque sorte.
Que dire des lois dans un cadre " mentalement actif " ? Elles
présenteraient probablement des aspects très divers. On sait, par
exemple, que la période d’un corps radioactif est constante.
Diverses expériences ont montré qu’un sujet pouvait la modifier
grâce à l’action de sa pensée. On peut donc supposer que la
période " neutre " correspondrait à un résultat statistique " plus
probable " autour duquel s’organiserait d’autres possibilités,
d’autant moins probable qu’elles nécessitent une action mentale
plus forte… Une sorte de " tendance forte ", un peu (c’est une
image) comme le pendule a tendance a rester immobile dans le
sens vertical (position d’équilibre, " la plus probable "), alors que
toute action (ici matérielle) peut le déplacer vers des positions
d’autant plus loin de la position d’équilibre que l’action est plus
forte.
Comment " expliquer " ces variations ? Elles ne sont pas plus
" explicables " que les lois habituelles, qui représentent, en fin de
compte, seulement une description de notre environnement, dans
les conditions " neutres " mentalement (voir Question T5). Mais
ceci n’est qu’une supposition
T7/ Le paranormal constitue-t-il un lien entre les sciences
et les religions ?
Comprendre le paranormal
171
Avant de répondre, il faut probablement préciser les mots
" sciences " et " religions ".
* Sans vouloir donner une définition générale aux sciences, on
peut dire qu’elles constituent une description précise, organisée,
logique, du monde environnant. Les sciences " dures " traitent du
monde matériel. Les sciences humaines s’intéressent à l’humain
dans ses aspects psychologiques, sociaux…
Les religions nous permettent d’accéder, par notre foi, à la
Divinité, quel que soit le nom que nous lui donnions (un Dieu,
plusieurs Dieux, des Esprits, des Forces…). Par un échange avec la
Divinité, nous tentons de mieux vivre dans notre environnement.
On peut donc dire que les religions constituent une manière, tout à
fait personnelle, d’appréhender le monde environnant par notre
pensée.
* Le paranormal est constitué par la mise en relation de la pensée
et des faits (la synchronicité de Jung). Il est donc très proches des
religions. Mais il appartient également aux sciences, du fait qu’il
est analysable avec les méthodes scientifiques habituelles (cf. les
travaux de Rhine et de ses successeurs).
On peut donc dire qu’il constitue un trait d’union entre les sciences
et les religions.
T8/ Les miracles des saints sont-ils du " surnaturel " ou du
" paranormal " ?
L’idée de " surnaturel " renvoie à celle d’une " sur-nature ", d’une
autre nature, différente de celle que nous connaissons. Or, rien ne
vient, jusqu’à présent, confirmer cette idée. Entre les miracles les
plus évidents et le normal, on peut observer tous les
intermédiaires. Par ailleurs, certains faits exceptionnels, tels que la
lévitation, sont autant l’œuvre de saint que de laïcs ou même de
Comprendre le paranormal
172
" possédés " par le Diable (en tout cas éloignés de toute sainteté).
Ainsi le concept de " surnaturel " ne semble pas pertinente, du
moins d’un point de vue rationnel, scientifique.
Ceci étant posé, l’idée de " paranormal ", qui pose une limite
d’avec le " normal " et qui ne prend pas en compte la spiritualité
de la personne et ne semble pas, de ce fait, tout à fait adaptée.
T9/ Pourquoi les saints présentent-ils plus de facultés
paranormales que les sujets " lambda " ?
Les saints, au même titre que les mystiques et les grands sages,
ont appris à entrer en contact avec les profondeurs de leur être.
De ce fait (voir " Le modèle du Mental "), ils accèdent à des
niveaux où la " pensée " devient active. Cependant ces facultés
s’intègrent harmonieusement à l’ensemble de leur être et de leur
vie. Elles ne constituent pas de simples " artefacts ", stéréotypés
et inutiles, à la différence de certains " sujets psi ". C’est ce qui
révèle l’harmonie de leur fonctionnement, en tous points, leur
spiritualité.
Comprendre le paranormal
173
Glossaire sur le paranormal
* Autisme : forme particulièrement grave de psychose, qui se
caractérise par un début extrêmement précoce (premiers mois ou
premières années de la vie). On a souvent décrit chez eux des
facultés paranormales particulièrement évidentes (poltergeists,
voyance, calculateurs prodiges). Malheureusement, l’instabilité et
le déséquilibre de leur personnalité n’en font généralement pas
des sujets intéressants pour l’étude du paranormal.
* Barrière conscient-inconscient : dans notre expérience
quotidienne, nous n’avons pas, en principe, accès au contenu de
notre inconscient (en dehors des rêves, des lapsus… ou d’autres
circonstances, rares). Les psychanalystes expliquent cela par
l’existence d’une sorte de " barrière " qui empêcherait le contenu
de l’inconscient d’envahir le conscient. Cette barrière se serait
lentement édifiée au cours de l’enfance. Il faut savoir que
l’inconscient est " rempli " de phantasmes, souvent brutaux et
menaçants. Les maladies mentales révéleraient des anomalies de
cette " barrière ". Elle serait inexistante dans les psychoses (la
" folie ") et la névrose hystérique, exagérée (mais fragile) dans les
névroses phobiques et obsessionnelles.
* Camus (Dominique) : ethnologue breton (de Rennes), qui a
consacré à la "sorcellerie des campagne" de nombreux ouvrages.
Il montre combien celle-ci est vivace, même si elle est cachée,
refusant toute publicité, se fermant à l'habitant des villes,
incapable d'en comprendre les secrets.
* Castaneda (Carlos) : ethnoloque américain, connu pour avoir
présenté une Thèse à l'UCLA sur les plantes hallucinogènes au
Mexique. Il aurait suivi l'enseignement d'un sorcier Yaqui, nommé
Don Juan, qui lui aurait transmis des secrets millénaires. Il les
Comprendre le paranormal
174
relate dans de nombreux ouvrages qui ont eu un succès dans le
monde entier.
* Causalité (relation de cause-à-effet) : les sciences dans leur
ensemble se sont appuyées sur l’idée qu’un fait (appelé " effet ")
était toujours lié à un autre (appelé " cause ") qui l’a précédé dans
le temps. Ceci ne veut pas dire que la cause ait toujours été
reconnue, identifiée, mais on suppose qu’un jour, prochain ou
lointain, on la découvrira. Cette cause doit, selon l’usage, être
découverte dans le même " registre " que l’effet : on ne peut
expliquer un fait matériel que par un autre. Toute la difficulté se
situe alors dans l’articulation entre la matière et la pensée,
problème posé par Descartes (" dualisme ") et jamais encore
élucidé. La causalité s’oppose à ladite " finalité ". Le paranormal a
ceci de particulier que le lien entre la " cause " (pensée) et l’effet
(matériel ou non) n’obéissent pas aux règles habituelles (voir à
" synchronicité "). Dans le mot " relation de cause-à-effet ", il y a
le terme de " relation ", ce qui laisse entendre qu’il existe un
" lien " entre la cause et l’effet. Or, ce lien n’a jamais été mis en
évidence. Plus on approfondit la connaissance de la matière, plus
on trouve de phénomènes, mais aucun n’apparaît encore comme
" élémentaire ", indivisible. Ainsi, il existe entre les faits, une
relation " statistique " : si je lâche une boule sans lui imprimer de
mouvement, elle a toutes les chances de tomber vers le bas. Mais
elle peut aussi aller vers le haut. C’est très rare, mais cela a été
observé. En France, Jean-Pierre Girard, par exemple, en a fait la
démonstration avec différents objets : on appelle ce phénomène
" lévitation ".
Il importe donc de considérer la " relation de cause-à-effet "
comme une description des faits, la plus probable qui puisse être,
mais non comme un absolu, une nécessité exclusive, encore moins
comme une explication.
Comprendre le paranormal
175
Ainsi, on ne saurait demander la " cause " des phénomènes
paranormaux, puisque la " cause " des phénomènes normaux n’est
pas encore élucidée.
* Cause (des saints) : procès destiné à définir sur la personne
est susceptible d’être béatifiée ou canonisée. A récemment été
supprimé pour accélérer la procédure. Il est toujours nécessaire
que la personne ait suscité au moins un miracle pour être béatifié.
* Difficultés psychiques : on parle souvent de " dépression "
pour désigner l’ensemble des difficultés psychiques. Or, pour le
psychiatre, la dépression est caractérisée par une association (à
des degrés divers) de tristesse, d’angoisse, d’inhibition et de
douleur morale. À notre époque, beaucoup de gens souffrent
psychologiquement. Les causes en sont multiples : éclatement de
la famille, exode rural, perte des cadres sociaux... auxquels il faut
ajouter une désillusion devant les sciences. Celles-ci ont apporté
un bien-être matériel, mais pas de solution aux principaux
problèmes de la vie quotidienne. De plus, ces sciences, dans leur
recherche d’une crédibilité, rejettent une bonne part de
l’expérience de tous les jours, dès lors qu’on ne peut pas
intégralement l’expliquer. La part du " normal " se restreint ; des
phénomènes d’une certaine banalité apparaissent ainsi
paranormaux, alors qu’ils ne le sont en rien. (voir aussi " folie ")
* Einstein (Albert) : Physicien américain d'origine allemande
(Ulm 1879 - Princeton 1955), dont l' œuvre a radicalement
marqué la physique et la pensée scientifique du XXe siècle. Il est à
l'origine des théories de la Relativité restreinte qui étend le
principe galiléen de relativité aux phénomènes
électromagnétiques. Il généralise la théorie de la relativité
restreinte en y intégrant les phénomènes liés à la gravitation
(Relativité générale).
Comprendre le paranormal
176
* Enfant : le paranormal apparaît comme une émanation de
l’inconscient. L’enfant vit beaucoup plus avec ses intuitions que
l’adulte. Chez lui, la barrière conscient-inconscient est plus faible,
voire inexistante. De ce fait, on ne s’étonne pas de voir des
facultés exister chez l’enfant et disparaître à mesure que l’âge
avance. Certaines s’éteignent dès trois-quatre ans, d’autres plus
tard. À l’inverse, les poltergeists sont réputés liés à des
adolescents (souvent des filles). Par ailleurs la " pensée magique "
est à la base de la pensée de l’enfant.
* Expérimentations : Depuis Rhine, dans les années 30, de
nombreux scientifiques ont étudié le paranormal à l’aide des
méthodes scientifiques habituelles. Certes, ces conditions
semblent loin d’être les meilleures. Rhine, par exemple, constatait
un rapide " fading " (diminution) des facultés de ses sujets ou
même des résultats plus " mauvais " que le hasard. Mais ces
expérimentations ont eu le mérite de " prouver " l’existence de
liens entre la pensée et la matière.
* Favret-Saada (Jeanne) : ethnologue française d'origine
tunisienne, maître de recherche au CNRS, est principalement
connue pour son excellent livre "Les mots, la mort, les sorts",
décrivant par le menu sa recherche sur la sorcellerie dans le
Bocage de l'Ouest. Elle montre, avec une grande finesse
d'observation, le mécanisme de la sorcellerie, associant par des
liens subtils et combien pervers l'ensorceleur, la victime et son
voisinage et le dés ensorceleur.
* Finalité : conception selon laquelle un fait peut être expliqué
par un autre qui lui fait suite dans le temps (à l’inverse de la
causalité ou l’explication, dite " cause " doit toujours l’avoir
précédé). Dans les sciences de la matière, la finalité n’a, en
principe, aucune valeur explicative. Par contre, on ne saurait
Comprendre le paranormal
177
rendre compte du comportement de l’homme (et probablement
des êtres vivants dans leur ensemble, au moins à partir d’un
certain moment de l’Évolution) sans faire appel à la finalité :
l’effort de l’étudiant n’est pas explicable par l’achat de livres (par
exemple), mais par l’obtention d’un diplôme (futur), celui de
l’employé par l’arrivée d’un salaire à la fin du mois (entre autres
choses), etc.
* Folie : les troubles mentaux (graves) sont de nature diverses.
Ceux que voient habituellement le psychiatre sont de deux
ordres : névroses et psychoses. D’autres troubles ne donnent pas
lieu à consultation. C’est la justice qui y est confrontée, au travers
des actes délictueux : personnalités perverses et les sociopathies…
dont la demande de soin est rare ou inexistante. Le paranormal
est souvent associé à " folie ", car, pour des raisons qui ne doivent
rien au hasard (voir aussi " barrière conscient-inconscient ").
* Fraude : le paranormal, probablement plus que tout autre
domaine d’observation, est le lieu de prédilection de la fraude et
de l’illusion. La demande du public va de pair avec la difficulté
d’obtention des phénomènes. Même les plus chevronnés des
" sujets psi ", devant la demande de reproduire à l’envi leurs
facultés, se sont laissés aller à la fraude. Ce qui ajoute à la valeur
de l’observation personnelle (" observateur participant ") qui,
seule, permet une réelle compréhension du paranormal. (voir " le
modèle du Mental ")
* Freud : médecin autrichien (1858-1939), fondateur de la
psychanalyse. Il est un des premiers à avoir compris que
l’inconscient avait un fonctionnement continu. Il a énoncé les
règles de base de son fonctionnement. Même s’il n’admettait que
la télépathie, les règles qu’il a découvertes sont fondamentales à
connaître pour comprendre le paranormal (voir en bibliographie les
Comprendre le paranormal
178
ouvrages de Laborde-Nottale, Si Ahmed et de Ph. Wallon). Il a par
contre souvent dit que notre inconscient façonnait notre
environnement. S'il pensait aux attitudes positives ou négatives,
proches du conscient, on peut étendre cette idée à notre
inconscient profond et à son action sur la réalité.
* Hallucination : pour le psychiatre, c’est une " perception sans
objet ". Elle est caractéristique de la psychose hallucinatoire, dont
elle est le symptôme central. Mais elle existe aussi chez le sujet
normal : la fatigue, le manque de sommeil, les toxiques (LSD,
hachisch, alcool) peuvent les provoquer. Elle est aussi normale
(mais parfois surprenante) dans la période transitoire entre veille
et sommeil (" image hypnagogique "). Certaines hallucinations
sont aussi le fait de circonstances exceptionnelles : accident, chute
dans le vide… (voir hallucination et réalités)
* Inconscient : dans le langage banal, on appelle ainsi ce qui
n’est pas conscient. Mais on sait que ce qui n’est pas conscient à
un moment donné peut l’être à l’instant suivant. Freud a ainsi
distingué le " subconscient ", dont le contenu peut devenir
facilement conscient, de l’" inconscient ", habituellement
inaccessible. Il a expliqué cette impossibilité par le refoulement,
une force que nous mettions en place parce que nous ne pouvions
supporter de voir apparaître en nous telle image, telle pensée…
Même si cette idée n’est pas rejetée à l’heure actuelle, on
considère, avec Jung et ses successeurs, que le contenu de
l’inconscient ne se résume pas au " refoulé ". Certaines pensées
sont inconscientes par nature (comme celles qui ont trait à notre
fonctionnement biologique interne), certaines perceptions sont
inconscientes parce qu’elles sont de taille trop petite ou qu’elles
sont trop brèves (elles sont dites " sub-liminales "). Les orientaux,
avec le modèle du Mental (ou du Moi) vont plus loin. Le conscient
Comprendre le paranormal
179
ne serait que le niveau le plus superficiel de notre " activité
psychique ", dont le plus profond serait le Plan divin.
"Inconscient collectif" : Jung explique certains phénomènes
paranormaux (télépathie, voyance) par le fait que les couches
profondes de notre inconscient ne nous seraient pas
"personnelles". Nous aurions accès à ce niveau à l'inconscient
d'autrui.
"Inconscient culturel" : Jung constate que souvent les rêves ne
sont interprétables que si on connaît les mythes. Il constate même
que certains patients semblent avoir directement accès à des
mythes complètement étrangers à leur culture d'origine. Il postule
que l'inconscient serait susceptible de contenir, sous la forme
d'archétypes, les grand mythes de l'humanité.
* Jung (Carl-Gustav) : psychiatre suisse (1875-1961), il a
développé les hypothèses de Freud sur l’inconscient. Il a énoncé,
en particulier, l’idée que notre inconscient ne nous était pas
personnel. Nous pouvions le partager avec d’autres (Inconscient
collectif). Dans certains cas, nous pouvons même avoir
directement accès à des notions anciennes ou étrangères à notre
culture (Inconscient culturel). (Œuvres de Jung sur le paranormal)
* Lazareff (Sonia) : nièce de Pierre, l'ex-directeur de France-
Soir, à Abidjan, elle se fait initier à la magie et la sorcellerie à la
sorcellerie et la Magie africaine. Elle pratique durant de
nombreuses années. Dans son ouvrage "La sorcière blanche", elle
nous montre quels sont les effets, et surtout les aléas, d'une telle
pratique. Elle est actuellement à Paris, où elle travaille comme
médium.
* Mental (ou Moi) : théorie orientale qui postule l’existence, au
sein de notre activité psychique de sept niveaux (ou plans), dont
Comprendre le paranormal
180
le plus superficiel est notre conscient et le plus profond le plan
Divin. Cette théorie constituerait un modèle intéressant pour
expliquer le paranormal .
* Marche sur le feu : faculté plus fréquente qu’on ne le croit, on
trouve souvent des stages proposant de telles marches. Antony
Robbins, en particulier dit que dès le premier soir d’un stage de
trois jours 95 % des participants acceptent de marcher avec lui et
le réussissent. Il est évident que cette faculté ne s’acquiert pas
pour autant. Elle est directement liée à une " relation affective "
forte avec le "meneur de jeu".
* Miracle : d’une façon générale, on appelle " miracle " un
phénomène inexpliqué qui se situe dans un cadre religieux,
souvent en relation avec un lieu (saint) ou un personnage d’une
haute spiritualité. Pour les guérisons miraculeuses, un certain
nombre de critères ont été énoncés (Lourdes) comme étant (1) La
maladie décrite par le (ou les) certificat(s) existait-elle avec
certitude au moment du pèlerinage ? (2) La maladie a-t-elle été
brusquement arrêtée alors qu'il n'y avait pas de tendance vers
l'amélioration ? (3) Y a-t-il guérison ? A-t-elle eu lieu sans l'emploi
de médicaments ? (4) Y a-t-il lieu de surseoir à conclusion ? (5)
Une explication médicale de cette guérison est-elle susceptible
d'être donnée ? (6) Échappe-t-elle aux lois naturelles ?
* Modèle : on appelle " modèle " une représentation simplifié de
la réalité, dans le but de pouvoir l’analyser. On vérifie alors,
expérimentalement, les déductions élaborées sur le modèle, pour
en tester la validité.
* Naïf (simple d’esprit) : le " naïf ", paradoxalement, tient une
des premières places dans le paranormal, tant l’intelligence et les
facultés conscientes semblent antinomiques avec ses
Comprendre le paranormal
181
manifestations. Le Christ ne disait-il pas dans son Sermon sur la
montagne : " Heureux les pauvres en esprit, car ils verront
Dieu " ? On a tenté de traduire de multiples manières cette
phrase, tant elle choquait. Or, il n’est qu’à regarder nombre de
disciplines spirituelles, en particulier le zen, qui cherche à
retrouver la simplicité de l’enfance. " Naïveté " ne doit pas être
confondu avec " crédulité ", le fait de croire n’importe quoi sans
analyse. L’étude du paranormal a trop souffert d’une telle attitude.
* Névrose : maladie psychologique caractérisée par un conflit
intérieur. Le névrose reconnaît la nature pathologique de son
trouble, mais il ne peut pour autant le faire disparaître. Freud a
été l’un de ceux qui ont le plus aidé à en comprendre le
mécanisme. Parmi les névroses, les plus connues sont les
" névrose d’angoisse ", les " névroses phobiques ", les " névroses
obsessionnelles " et les " névroses hystériques ". On décrit
maintenant différentes formes de transition avec les psychoses.
Les névroses hystériques, chez qui la barrière conscient-
inconscient est faible, sont ceux qui présentent le plus de facultés
paranormales. À l’inverse, les névroses phobiques et
obsessionnelles, chez qui cette barrière est trop " forte " ignorent
jusqu’à la possibilité de tels phénomènes.
* Normal : caractère de ce qui est " dans la norme ". Le mérite de
ce mot est qu’il se réfère clairement à une construction artificielle
et provisoire, contingente à l’époque. De ce fait, des facultés
comme la télépathie ou la voyance sont, suivant l’observateur,
normales ou paranormales (voir explication, normal, paranormal).
* Objectif, subjectif : on appelle " objectif " ce qui se réfère à un
" objet " par opposition au " subjectif " qui concerne le " sujet ".
Les sciences de la matière et de la vie ont toujours veillé à être
" objectives ", c’est-à-dire à maintenir l’observateur en dehors de
Comprendre le paranormal
182
l’observation. Elles pensaient pouvoir donner du monde qui nous
entoure une représentation " universelle ", une réalité
indépendante de l’observateur. Or, la " relativité " montre bien la
vanité d’une telle entreprise, la physique des quanta probablement
davantage encore. Ledit paranormal ne peut cependant être
totalement défini que de manière subjective. Voir à ce sujet " le
modèle du Mental ".
* Paranormal : Ce mot, d’origine anglo-saxonne, qui signifie
étymologiquement " à côté du normal " (du grec " para " =
" auprès de ") et désigne un certain nombre de phénomènes (qs)
n’appartenant pas à la " norme " habituelle de nos sciences,
principalement les sciences dites " dures ". Cette norme est
récente (au XVIIème siècle, Descartes et Newton, par exemple,
considéraient Dieu comme " faisant partie " des sciences).
Cependant l’idée d’une " norme " n’est pas mauvaise en soi, le
paranormal établissant un lien " physique " entre l’objet habituel
des sciences (la matière) et notre pensée, il ne saurait entrer dans
la démarche habituelle (cf. synchronicité)
* Pensée : Il paraît impossible, a priori, de définir la pensée pour
permettre de la relier à un fait (synchronicité). C’est d’ailleurs une
des raisons qui maintiennent le paranormal en dehors des théories
scientifiques. En effet, le paranormal concernant des faits
(matériels ou non), il importe de trouver une définition
" opératoire " de la pensée, c’est-à-dire qui permette de la faire
entrer dans un raisonnement de type scientifique. Or, depuis
Descartes, personne n’est parvenu à le faire (d’où le " dualisme "
pensée-matière). Rhine et ses continuateurs ont contourné cette
difficulté en se contentant d’observer la différence statistique entre
les faits tels qu’ils auraient dû survenir " au hasard " (sans
influence extérieure) et l’observation réelle. Cette approche
expérimentale, on le conçoit bien, ne permet aucune ouverture
Comprendre le paranormal
183
théorique quant à la relation pensée-fait (par contre, le modèle du
Mental permet cette relation).
* Phantasmes : contenu inconscient assez élémentaire et
souvent brutal, de connotation sexuelle, agressive… ou d’amour.
Ils se révèlent dans toute leur ampleur dans les rêves ou les
cauchemars, mais nous les percevons parfois, sous une forme
filtrée (cf. barrière conscient-inconscient), dans des conditions
particulières de notre vie. Ils peuvent nous surprendre au point
que nous ne les reconnaissons pas comme nôtres.
* Planson (Claude) : ancien directeur du Théâtre des Nations, il
découvre le vaudou haïtien lors d'une mission. Il consacrera à
cette religion plusieurs ouvrages où il parle en tant qu'initié, ce qui
est rare pour un Occidental.
* " Psi " (sujet) : on appelle ainsi une personne susceptible de
présenter une faculté paranormale, surtout s’il manifeste une
certaine maîtrise.
* " Psy " : il importe de distinguer, parmi les différents
thérapeutes :
- le " psychiatre " qui est toujours, du moins en France, un
médecin spécialiste, interne des hôpitaux ou titulaire du CES de
psychiatrie (titres protégés par la loi),
- le " psychologue ", qui est (selon la loi) obligatoirement titulaire
du DESS de psychologie (5 ans d’études). Les études de
psychologie se tiennent à la Faculté de Lettres et sont issues
(historiquement) de la philosophie.
- le " psychothérapeute ", qui est, à la différence des deux
précédents, simplement une fonction (dont le nom n’est pas
protégé par la loi), celle de soigner (en principe) au travers de la
parole,
Comprendre le paranormal
184
- le " psychanalyste ", également une fonction non protégée par la
loi. Le psychanalyste doit avoir, en principe, fait une psychanalyse
personnelle.
* Psychose : maladie psychologique caractérisée par un trouble
majeur de la relation avec la réalité. Elle peut être liée à la prise
d’un toxique (LSD, haschich, alcool…) ou non. Elle est alors dite
" psychogène ". Parmi les psychoses classiques, on peut citer la
schizophrénie, la paranoïa… Les psychanalystes attribuent la
psychose à l’irruption permanente des contenus issus de
l’inconscient, ce qu’ils interprètent comme une fragilité de la
barrière conscient-inconscient. Le paranormal, émanation de
l’inconscient, apparaît donc assez fréquent chez les sujets
psychotiques, mais il est encore plus souvent allégué. Ladite
" pensée magique " est une des bases de la pensée du psychotique
(voir aussi névrose).
* Pouvoirs psychiques : on appelle parfois ainsi les facultés
paranormales, en ce qu’elles fournissent un " pouvoir " sur la
matière. Ce mot recouvre en fait une illusion, ceux qui pratiquent
le savent bien, car la simple idée de pouvoir personnel, et donc de
" je ", est antinomique aux facultés paranormales, quelles qu’elles
soient.
* Qualitatif, quantitatif : on appelle " observation qualitative "
celle qui permet d’observer les qualités d’un fait, sans qu’on puisse
définir d’identité entre deux faits (ce qui permet de les rassembler
en collections). La psychologie, pour l’essentiel, fait l’objet
d’observations qualitatives. À l’inverse, on parle d’observation
" quantitative " quand on peut faire intervenir un chiffrage. Celui-ci
n’intervient que si on peut définir l’équivalence de deux
observation, et donc effectuer des collections d’observations
identiques (par rapport à l’élément considéré). À partir de là, on
Comprendre le paranormal
185
peut tenter de définir des comparaisons (plus grand, plus petit)
dont la valeur est dite " objective ", indépendante de
l’observateur.
* Quanta (physique des) : initiée par Einstein avec l’effet
photoélectrique, elle est l’œuvre d’une multitude de savants
éminents. Si, sur le plan pratique, elle n’est plus contestée, elle
est d’une telle complexité théorique qu’aucune interprétation n’a
vue encore le jour. L’" interprétation de Copenhague ", souvent
mise en avant, n’est qu’un " plus petit dénominateur commun " et
ne se réfère qu’à des généralités, encore pas toujours admises. Il
est inutile de préciser que, contrairement à l’apparence, la
physique des quanta est incapable d’expliquer le paranormal (cf.
les explications scientifiques)
* Ramakrishna : sage hindou (1836-1886) d'origine brahmane
qui fut probablement une des plus grandes âmes de l'Inde durant
ces derniers siècles. Il explora mentalement toutes les grandes
religions. Son enseignement, exclusivement oral, fut pieusement
recueilli par ses disciples et édité en français par Herbert.
* Rationnel : on dit d’une logique qu’elle est " rationnelle " quand
elle correspond à un certain nombre de règles, dont les principales
sont le " tiers-exclu " et la " causalité ". Par une extension abusive,
on considère comme rationnel ce qui est conforme au sens
commun. Les sciences, durant toute leur histoire, ont obligé à des
remaniements bien peu " rationnels " dans ce sens (rotation de la
Terre autour du Soleil, Relativité, physique quantique…). Le
paranormal obéit à un certain nombre de règles logiques qui sont
cependant fort éloignées de ce sens commun (l’ensemble de ce
site en fournit de nombreuses illustrations).
Comprendre le paranormal
186
* Relativité : contrairement à ce qu’on pense souvent, la
relativité a été initiée par Descartes, avec ses " repères ". Il a,
probablement un des premiers, compris qu’on ne pouvait décrire
les phénomènes de manière adéquate qu’en fonction d’un
" repère " à trois dimensions (x, y, z). Il avait énoncé les règles de
passage entre deux observateur immobiles l’un par rapport à
l’autre. Einstein a, quant à lui, énoncé, dans la Relativité
restreinte, les règles de passage entre deux observateurs dont la
vitesse relative était constante. Dans la Relativité générale, il a
énoncé les règles permettant de passer entre deux repères
présentant une accélération relative constante. On ignore tout des
règles de passage entre deux repères quelconques. La complexité
extrême de la Relativité générale laisse deviner l’extraordinaire
difficulté de l’énoncé de telles règles. De fait, l’idée d’une " réalité "
unique reste un postulat, largement fondée sur l’expérience, mais
encore non vérifiée de manière scientifique. Le sera-t-elle jamais ?
Il est probablement inutile de rappeler que la Relativité est
incapable d’expliquer le paranormal, du moins dans ses aspects
actuels et ses extensions prévisibles.
* Rhine (Joseph Banks) : professeur de psychologie, travailla, avec
son épouse Louisa, sur la parapsychologie dès 1927, à l'université
de Duke à Durham (Caroline du Nord, USA). A l'aide des tests les
plus rigoureux, et sur des milliers d'expériences, ils attestèrent de
la réalité (statistique) de l'influence de la pensée sur les faits (ainsi
que la télépathie et la voyance). Ils publièrent de nombreux
travaux scientifiques.
* Saint : depuis les temps les plus anciens, on a identifié des
sujets dont la vie et l’action témoignaient d’une très grande
spiritualité. Certaines Églises, dont le catholicisme ont défini des
critères de sainteté. Un véritable procès (dit " cause ") est instruit
pour définir si la personne peut être vénérée comme telle. On se
Comprendre le paranormal
187
doute cependant que bien des saints éminents n’ont jamais été
canonisés (l’Histoire récente le montre bien) alors que d’autres
l’ont été pour des raisons bien étrangères à leur vie (si même ils
ont vécu, comme saint Georges qui n’a jamais existé et était en
fait une divinité gauloise). Ces saints ont souvent, mais pas
toujours, présenté des pouvoirs paranormaux.
* Spiritualité : étymologiquement " ce qui a trait à la vie
spirituelle " et donc au Divin. Mais il n’y a probablement pas de
mot plus difficile à définir, d’autant plus que la vraie spiritualité
échappe à l’intelligence, et donc aux mots. Néanmoins ceux qui
ont connus des êtres profondément spirituels n’ont eu aucun doute
sur leur évolution. Une grande spiritualité s’accompagne souvent,
mais pas toujours, de phénomènes paranormaux. Saint Bernard,
saint Benoît, etc. n’ont présenté (en apparence tout au moins),
aucune faculté particulière.
* Stigmates : on appelle ainsi des traces qui apparaissent sur la
peau, et qui concernent généralement des sujets mystiques,
profondément religieux. Ils figurent la Passion du Christ et se
composent, suivant les cas, des marques de clous dans la paume
des mains (ou aux poignets) et le dos du pied. Parfois, ils
s'accompagnent des traces évoquant la Couronne d'épine et la
blessure reçue au côté gauche par le Christ. Ces lésions peuvent
être "transfixiantes", c’est-à-dire qu'elles constituent un trou
passant au travers du membre, laissant parfois voir le jour. Ces
lésions ne suppurent pas (à l'inverse d'autres lésions chez le
même individu) et se jouent même de la pesanteur, remontant le
long du corps (cf. Thurston, Bouflet).
* Synchronicité : on entend généralement par ce mot la
survenue, au même moment ou dans un instant bref de faits
(matériels ou psychologiques) porteurs de la même signification,
Comprendre le paranormal
188
sans qu’on puisse établir entre eux de relation de cause-à-effet.
Jung en a fait le prototype de la " relation acausale " (c’est-à-dire
" sans cause "). Dans son œuvre, il a donné plusieurs définitions
de ce mot, mais toutes se rejoignent autour de la conception de :
" une relation entre un fait et une pensée par le moyen d’une
signification ". Cette définition paraît tout à fait propre à fournir un
cadre au paranormal. En effet, ce qui le caractérise, en fin de
compte, c’est d’établir une relation entre un fait (matériel ou non)
et une pensée, ce qu’aucune science n’a jamais pris en compte, du
moins jusqu’à présent. D’où le terme de " paranormal ". La
" norme " représentant la description habituelle de ces sciences
(sciences de la matière et de la vie, sciences humaines).
Comprendre le paranormal
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195
* Wallon, Ph., Montagne lève-toi, l’expérience de la foi, Paris, Le Dauphin, 1990.
* Wallon, Ph., La relation thérapeutique et le développement de l’enfant (la contagion affective), Toulouse, Privat, 1991 (ouvrage qui traite de la " contagion affective, malheureusement épuisé, disponible sur commande)
* Wallon, Ph., Expliquer le paranormal, Paris, Albin Michel, 1996.
* Wallon, Ph. Le paranormal, Paris, PUF, 1999 (col. Que sais-je ? n° 3424)
Warcollier, R., La télépathie, Paris, Felix Alcan, 1921.
Winkin, Y., La nouvelle communication, Paris, Le Seuil, col. Points, 1981.
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Ouvrages de Philippe Wallon sur le paranormal
" Le paranormal ", Paris, PUF, col. Que sais-je ? (n° 3424), 2002, 2ème édition, 7ème mille
Ouvrage court (128 pages) et accessible à tout public, présentant les facultés paranormales les plus courantes, l'approche scientifiques qui en ont été faites, ainsi que les interprétations. Cette nouvelle édition est illustrée, montrant une lévitation, différents aspects de la psychokinèse (de Jean-Pierre Girard) ainsi que plusieurs fantômes. Toutes ces photographies, inédites pour la plupart, ont bien entendu toutes les garanties de sérieux nécessaire. Cet ouvrage montre ce
qu'un esprit rationnel peut penser du paranormal, en restant à l'écart des illusions et des erreurs (ainsi que des passions) trop fréquentes dans ce domaine. (prix public : 6,5 euros ; 42 francs)
" Expliquer le paranormal, les niveaux du Mental ", Paris, Albin Michel, 1996
Cet ouvrage analyse d’une manière approfondie les principales facultés paranormales au travers d’un nombre important de cas cliniques issus des collection de l’auteur et de la littérature. Des interprétations détaillées sont données qui permettent de comprendre comment on peut actuellement interpréter le paranormal à partir des théories largement admises actuellement. (Prix public : 15 euros ; 98 francs TTC)
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Montagne lève-toi, l’expérience de la foi, Paris, Ed. du Dauphin, 1990
L’auteur expose, à partir de son expérience personnelle et d’une analyse approfondie de la littérature, le contexte et les mécanismes de l’action de la pensée sur les faits. Il en montre les risques, souvent méconnus et généralement non abordés pas les ouvrages sur le sujet, et les manières d’y remédier. (Prix public 13,60 euros, 89 francs)
" Guérir l'âme et le corps, au delà des médecines habituelles", Paris, Albin Michel, 2000
fOuvrage collectif rassemblant dix-neuf contributions, émanant de médecins, prêtres, psychanalystes, thérapeutes, universitaires (ethnologues, historiens...), journalistes ainsi que des praticiens (sophrologues, voyante, magnétiseur...). On découvre ainsi que nous avons tous en nous la faculté de guérir, mais qu'elle doit être sollicitée, car elle appartient à l'inconscient dont nous n'avons pas la maîtrise. Dans un style clair, accessible à tous, cet ouvrage fait le point sur le sujet, tant controversé des modes de la guérison non médicale (prix public 15 euros ; 98 francs).
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" La contagion affective, ou le domaine complexe, subtil, de l'empathie", Paris, Le Dauphin, 2000
Ouvrage traitant d'un phénomène particulièrement curieux et ignoré du grand public, quoi que constaté quotidiennement, la "contagion affective". Nous percevons ce que vit un intime comme si cela émanait de nous-même, nous sommes envahi par ce ressent celui qui nous fait face, au point que nous avons le sentiment d'être un seul être... Comment expliquer l'angoisse que nous transmet l'un, la dépression de l'autre, ou encore le "coup de foudre" ? Ouvrage destiné en premier lieu au professionnel de la relation, thérapeute, avocat, mais aussi tous
ceux qui veulent mieux comprendre leurs rapports aux autres et, en fin de compte, leur propre fonctionnement psychologique (prix public 13,70 euros ; 90 francs).
" Maîtriser sa vie, les 7 niveaux du Mental ", Genève, Jouvence, 2001
Maîtriser sa vie, est-ce possible ? Par des exercices précis et expliqués simplement, ce livre guide un approfondissement que nous pouvons mener par nous-même et sans risque. Des forces nouvelles naîtront en nous, nous utiliserons les aléas de notre vie comme source de savoir, nous découvrirons le monde dans sa dynamique intime, nous vivrons son déroulement avec sérénité et ne craindrons plus le futur et ses incertitudes. À la portée de tous les publics, ce livre n’a pas la prétention de remplacer un thérapeute ou un médecin, mais il permet de voir plus clair, d’utiliser au
mieux notre potentiel, au-delà même de ce que nous aurions jamais imaginé (prix public : 12,90 euros ; 84,62 francs).
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" Dieu voici comment les Français te prient", Paris, Fayard, à paraître en avril 2002
Réflexion sur la prière dans les religions présentes en France Collectif sous la direction d'Alexandra Demarigny et Philippe Wallon
Si la pratique religieuse officielle a diminué, la prière n’a jamais été aussi vivante, vibrante, nécessaire qu’aujourd’hui. Le monde a changé, les progrès technologiques se sont imposés à tous, le raisonnement scientifique est enseigné dès l’école, mais c’est par une prière intime que l’homme exprime ses émotions, ses doutes, ses espoirs, ses colères, ses remerciements, sa tristesse. Cet ouvrage est un guide pour celui qui s’interroge sur sa foi, sa pratique ou sa
vie. Une grande force, une profonde sérénité et une étonnante poésie se dégagent des paroles de ces hommes et de ces femmes issues des différentes religions. Malgré les apparences, nous prions tous le même Dieu. La prière relie les humains, par-delà les croyances, les dogmes et les conflits (prix public 20 euros ; 131,19 francs).
Ouvrages d'Eliane Gauthier sur la voyance
Eliane Gauthier, comédienne de formation, était la "Julie" de la célèbre série télévisée "L'Ile aux enfants". Une expérience personnelle de la psychanalyse, acquise après la découverte de son "don", l'ont amenée à comprendre que la voyance reposait sur la communication d'inconscients, sur la faculté de saisir l'autre. Par
trois ouvrages, elle nous fait profiter de son expérience.
"Voyance, de la dépendance à la liberté", Paris, Ed. Albin Michel, 1995
Dans ce premier livre, Eliane Gauthier, médium atypique, raconte comment elle a découvert par hasard et récusé, avant de l'accepter non sans peine au terme d'une psychanalyse, son "don". Celui-ci peut s'avérer très bénéfique. A la
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condition de n'être pas une "diseuse de bonne aventure" irresponsable et de ne pas prendre le pouvoir. Car "notre avenir n'est pas préfabriqué. Il nous appartient et il faut user de la voyance sans abdiquer sa liberté". Alors seulement, la voyance peut être d'une aide précieuse
"La voyance et votre destin, la fatalité n'existe pas", Paris, Ed. Pygmalion / Gérard Watelet, 1998
L'auteur développe ses conceptions de la voyance, entièrement opposée à celle, simpliste, d'une "Madame Irma". Si on éclaire le chemin du consultant sans prendre le pouvoir, en lui révélant ce qu'il sait "sans savoir qu'il sait", il pourra échapper à un passé qui obscurcit son avenir et l'empêche d'accéder à la liberté. Car notre avenir n'est pas écrit " en dehors de nous". La voyance ne consiste pas à
le lire et à s'y résigner, mais à aider à le forger.
"Voyants, mode d'emploi", Paris, Buchet/Chastel, 1999
Ce petit guide pratique (qui n'a pas d'équivalent) donne aux personnes qui consultent des voyants - il y en a des millions en France - des conseils sur la façon de tirer le meilleur parti de leurs consultations. Il aide à comprendre comment fonctionne la voyance et comment, souvent sans que le voyant s'en rende compte, elle peut devenir dangereuse si on ignore tout d'elle.. Enfin, le livre il propose au lecteur de "tester"
rapidement son propre don, car celui-ci existe, à des degrés divers, chez chacun d'entre nous.
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Table des matières
I/ Les facultés paranormales __________________________________________ 2
A-La télépathie _____________________________________________________ 4 1)Travaux de Rhine ____________________________________________________ 5 2)Télépathie et simultanéité______________________________________________ 6 3)Télépathie et rayonnements électromagnétique____________________________ 7
B-La voyance_______________________________________________________ 8 1)Prémonition _____________________________________ Erreur ! Signet non défini. 2)Exemples de "clichés" de voyance______________________________________ 11 3)Lire dans les cartes __________________________________________________ 13 4) Intuition et voyance _________________________________________________ 16 5) Voyance et liberté d’action (cas rapporté par Louisa Rhine) _______________ 17 6) Les prophéties______________________________________________________ 18
C-Les visions, les apparitions, les fantômes______________________________ 19 1) Apparition religieuse ________________________________________________ 19 2) Sainte Thérèse d’Avila " voit " le Christ ________________________________ 21 3) Visions de défunts __________________________________________________ 22 4) Fantôme ? Une expérience troublante __________________________________ 23 5) Rêve, vision et cauchemar ____________________________________________ 25 6) Réalité des apparitions ______________________________________________ 27 7) Hallucination et réalité ______________________________________________ 28 8) Transcommunication instrumentale, Images de défunts ___________________ 30
a) Transcommunication______________________________________________________ 30 b) Images de défunts (ou d’esprits) _____________________________________________ 31
9) Photographies de "corps subtils" ______________________________________ 32 D- L'action de la pensée sur la matière _________________________________ 32
E- La psychokinèse _________________________________________________ 33 1) Psychokinèses spontanées ____________________________________________ 34 2) Psychokinèse expérimentale __________________________________________ 35 3) Peut-on croire Uri Geller ? ___________________________________________ 36
F- Les poltergeists __________________________________________________ 37 1) Le poltergeist d’Arcachon, une habile manipulation ______________________ 39 2) Le poltergeist de Rosenheim __________________________________________ 43 4) Guérir d’un poltergeist ______________________________________________ 47 4) L’armoire qui craque _______________________________________________ 47 (Jung, Ma vie, p. 182 sq.) _______________________________________________ 47
G- Autres actions de la pensée sur la matière ____________________________ 48
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1) La réalisation des souhaits ___________________________________________ 49 2) La " pensée magique " ______________________________________________ 51 3) Foi et réalisation des souhaits _________________________________________ 52
H- La prière_______________________________________________________ 55
I- Le dédoublement _________________________________________________ 57 1) Les différentes types de dédoublements_________________________________ 59 2) Le rêve de vol ______________________________________________________ 61 3) La NDE ___________________________________________________________ 61 4) Bilocation ou dédoublement "physique" ________________________________ 62 5) Approche expérimentale du dédoublement _____________________________ 64 6) "Toxicomanie" du dédoublement______________________________________ 65 7) Dédoublement et chamanisme ________________________________________ 66 8) Les doubles animaux ou " garous " ____________________________________ 67
J- Autres facultés paranormales ______________________________________ 71 1) La guérison non médicale ____________________________________________ 72 2) Magnétisme_____________________________________ Erreur ! Signet non défini.
a) Témoignage de Gérard Thomassin ___________________________________________ 74 b) Édith Acédo ____________________________________________________________ 77 c) Dominique Camus________________________________________________________ 79
3) Les guérisons miraculeuses ___________________________________________ 84 4) Les guérisons par le psychisme________________________________________ 86 5) Guérison par les groupes de prière ____________________________________ 88
K- La résistance aux agents physiques _________________________________ 90 1) La marche sur le feu ________________________________________________ 90 2) Résister au feu _____________________________________________________ 92
L- Contrer les lois de la gravitation ____________________________________ 94 1) La lévitation _______________________________________________________ 95 2) L’"hyper-gravitation"_______________________________________________ 98 3) Les stigmates_______________________________________________________ 99
M- La Magie, la sorcellerie__________________________________________ 100 1) La sorcellerie _____________________________________________________ 101
a) Le Diable______________________________________________________________ 102 b) La sorcellerie des campagnes ______________________________________________ 104 c) La sorcellerie et l'histoire _________________________________________________ 105 d) Le Sabbat de sorcières ___________________________________________________ 106 e) La vraie nature des Sabbats de sorcières______________________________________ 107
2) La Magie _________________________________________________________ 109 a) Magie noire ____________________________________________________________ 110 b) Envoûtement ___________________________________________________________ 113
N- Exorcisme_____________________________________________________ 115 1) Possession par un esprit et exorcisme _________________________________ 117
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O- L'Occultisme __________________________________________________ 119
P- Chamanisme___________________________________________________ 120 II/ Comprendre de paranormal 119
A- Explication, normal et paranormal_________________________________ 122 1) L'explication du "normal" __________________________________________ 123 2) Le hasard n'est pas un savoir ________________________________________ 125
B- Les explications scientifiques _____________________________________ 125 1) Le "paradoxe EPR"________________________________________________ 127 2) Le temps et l'espace ________________________________________________ 127 3) Relation entre la pensée et les faits ____________________________________ 129 4) La nature spirituelle de la matière ____________________________________ 129 5) Pensée et causalité _________________________________________________ 130 6) Paranormal et sciences _____________________________________________ 131 7) Lois physiques, Conditions "neutres" contre "médiums" ________________ 133 8) Introduire la pensée dans les "chaînes causales" ________________________ 134 9) Souhait et inversion du temps________________________________________ 135
C- Les explications psychologiques ___________________________________ 137 1) L'inconscient______________________________________________________ 138 2) Paranormal et inconscient___________________________________________ 139 3) Clés de la psychanalyse pour le paranormal ____________________________ 140 4) Le scarabée d’or___________________________________________________ 143 5) La " contagion affective " ___________________________________________ 144 6) Le modèle du Mental (ou du Moi), Un cadre explicatif pour le paranormal ? 145 7) Ego, Mental et facultés paranormales _________________________________ 146 8) Modèle du Mental, sciences "dures" et psychologiques ___________________ 147
D- Les explications traditionnelles____________________________________ 148 1) Les forces de la nature, l’animisme ___________________________________ 149 2) Les morts et les Esprits, le chamanisme________________________________ 151 3) Transe et possession, cultes africains __________________________________ 152 4) Le polythéisme (l’hindouisme) _______________________________________ 154 5) Le monothéisme et les religions occidentales____________________________ 155 6) Le mysticisme et le bouddhisme ______________________________________ 156
III/ Evaluation de vos facultés paranormales 155
A- Prémonition active ______________________________________________ 160
B- Réalisation de souhaits simples ____________________________________ 161 IV/ AQ sur le paranormal 160