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Depuis la fin de l’apartheid, l’émergence de l’Afrique du Sud surprend et fascine. On surnomme ce pays aux 11 langues officielles la « nation arc-en-ciel » pour faire écho à son incomparable diversité. Voilà une société qui compte parmi les plus complexes de la planète, façonnée par une histoire riche et mouvementée. Ce guide vous donne les clés essentielles pour comprendre l’Afrique du Sud.
• Comment s’intégrer dans la vie quotidienne ?• Comment cerner les nuances sociales et les particularités culturelles ?• Comment respecter les us et coutumes et favoriser les échanges ?• Comment faire des affaires avec ses interlocuteurs sud-africains ?
Comprendre l’Afrique du Sud permet de mieux saisir toutes les couleurs du pays de Nelson Mandela. Que votre voyage ait un but commercial, culturel ou touristique, il vous permettra de nouer des relations avec le peuple sud-africain et de décoder les subtilités d’une société aussi fascinante que diversifiée.
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l’COMPRENDREAfRiquE Du SuDl’
17,95 $ / 14 € ttc en france
ISBN: 978-2-89464-971-8
Ce guide est aussi disponible en format numérique (PDf et ePub)
ISBN 978-2-89665-041-5 (version PDF)
ISBN 978-2-89665-043-9 (version ePub)
L’auteure, Lucie Pagé, partage sa vie entre l’Afrique du Sud et le Québec depuis 1990. Journaliste, écrivaine et conférencière, elle a été correspondante pour Radio-Canada et pigiste pour divers médias durant toute l’ère Mandela (1990-1999) ainsi que dans les années 2000.
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AFRIQUE DU SUD
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COMPRENDREAfRiquE Du SuDl’
Lucie Pagé
My country is rich in the minerals and gems that lie beneath its soil, but I have always known that its greatest wealth is its
people, finer and truer than the purest diamonds.
Mon pays est riche en minéraux et pierres précieuses, mais j’ai toujours su que sa plus grande richesse était son peuple, meilleur
et plus vrai que les diamants les plus purs.
Nelson Mandela
Toute photocopie, même partielle, ainsi que toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, sont formellement interdites sous peine de poursuite judiciaire.
© Guides de voyage Ulysse inc.Tous droits réservésBibliothèque et Archives nationales du QuébecDépôt légal – Quatrième trimestre 2011ISBN 978-2-89464-971-8 (version imprimée)ISBN 978-2-89665-041-5 (version numérique PDF)ISBN 978-2-89665-043-9 (version numérique ePub)Imprimé au Canada
Auteure : lucie Pagé
Éditeur : Daniel Desjardins
Correcteur : Pierre Daveluy
infographistes : Pascal Biet, Annie Gilbert, Marie-France Denis (page couverture)
Cartographe : Philippe Thomas
Directeur des éditions : Claude Morneau
Photographies Première de couverture : Nelson Mandela © Halden Krog ; quatrième de couverture : le drapeau sud-africain © Dreamstime.com/Hongqi Zhang ; le Cap, au pied de la Table Mountain © Dreamstime.com/Jean-François Rivard ; jeune impala dans le parc national Kruger © Dreamstime.com/Chris Kruger.
Remerciements :
Je remercie Oliver Gougeon et Claude Morneau, des éditions Ulysse, de m’avoir confié l’écriture de ce livre et guidée tout au long du projet. Merci à mon amie, Céline-Marie Bouchard, qui a consacré des jours, des semaines à me conseiller, à me lire et à me corriger. Merci à mon mari sud-africain, qui me fait découvrir ce pays unique et tout à fait extraordinaire depuis 21 ans.
lucie Pagé
Guides de voyage Ulysse reconnaît l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour ses activités d’édition.
Guides de voyage Ulysse tient également à remercier le gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Guides de voyage Ulysse est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du québec et Bibliothèque et Archives CanadaPagé, Lucie, 1961- Comprendre l’Afrique du Sud (Comprendre) Comprend un index. ISBN 978-2-89464-971-8 1. Afrique du Sud - Guides. I. Titre. II. Collection : Comprendre (Éditions Ulysse).DT1017.P33 2011 916.804’66 C2011-941211-X
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SommairePréface 6
Civilisation sud-africaine 13
Un peu d’histoire 13Les Britanniques 15
Shaka Zulu 16
une roche, un métal et deux guerres 16
union d’Afrique du Sud 17
La rencontre qui a changé le monde 17
L’apartheid 18
Révolte armée 18
Le procès de Rivonia 18
Les émeutes de Soweto 19
Les jeunes s’organisent 19
Les syndicats 19
La transition 20
Le président Nelson Mandela 20
Thabo Mbeki et Jacob Zuma 21
Cadre géographique et culturel 22
Neuf provinces, trois capitales 22
Les autres grandes villes 23
Biodiversité 24
La faune 24
La flore 25
Arts et culture 26
Musique 26
Littérature 28
Architecture 29
Les religions 29
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La vie au quotidien 31
Les langues de la nation arc-en-ciel 31isiZulu 32isiXhosa 34Afrikaans 36Sotho du Nord (Sepedi, Sesotho sa Leboa) 37
Anglais 37Setswana 37Sotho du Sud 38Xitsonga 40SiSwati 41Tshivenda 41isiNdébélé 42
Les transports 42En voiture 43En autocar 44En taxi 45Le train, de l’esclavage d’hier au safari d’aujourd’hui 46
Avion 48
Les sports 48football (soccer) 49Rugby 49Cricket 50Du golf au saut à l’élastique 50
Éducation 50Éducation générale 51Éducation supérieure 51
Santé 52Le ViH/sida 52Système public-privé 53Les défis de demain 53Études médicales 53
Les télécommunications 54Téléphonie 55Radio 55Télévision 55Presse écrite 55internet 55Poste 56
La vie en société 57
Ubuntu 57
Le premier contact 58
La Constitution et la société 60L’homosexualité 61Les femmes 61
Jours fériés nationaux 62
L’art de vivre sud-africain 64La gastronomie 64Les expériences culinaires sud-africaines 64
Les boissons 65Cocktails et shooters 67Les festivals 67
Inventions sud-africaines 70
Le tourisme 72Tourisme d’affaires 72Le tourisme historique et culturel 73
Le tourisme écologique 73Le paléotourisme 73Le tourisme d’aventure 73Le tourisme sportif 75Le tourisme médical et le tourisme de mieux-être et de santé 76
La sécurité et la criminalité 78Conseils et précautions 78
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L’économie, les affaires et le travail 81
Portrait économique 81BRiCS 83La promotion économique des Noirs à base élargie (B-BBEE) 83
Principaux secteurs d’activité 84Les minéraux 84Les services financiers et bancaires 86
L’agriculture 86L’industrie automobile 87L’industrie chimique 87Les technologies de l’information et des communications (TiC) 88
L’énergie 89Les carburants synthétiques 90
Infrastructures 90Les ports et l’expédition 90Réseaux ferroviaire et routier 91
La couleur de l’économie 91Le secteur informel 91Les « diamants noirs » 91
Les conditions de vie 93Chômage 94
Les trois grands obstacles à la croissance économique 94
Faire des affaires 95La facilité à brasser des affaires 95Démarrer une entreprise 95Entrée des étrangers en Afrique du Sud 95
Création d’entreprises 96Les taxes 97Respect du code B-BBEE 97Réunions d’affaires 97Code vestimentaire 97Pourquoi investir en Afrique du Sud ? 97
Lutte contre la corruption 98Compétences 98Opportunités d’affaires 99La notation financière 99importance des syndicats 100
Où s’établir? 100Gauteng 100Le Cap, le nouveau Hollywood africain 101
Étudier en Afrique du Sud 101Som
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Épilogue 103
Bibliographie 104
Index 106
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PréfaceL’Afrique du Sud, terre de Mandela, intrigue. Le pays a été un paradis pour certains, un enfer pour d’autres et, pendant quelques décennies, le paria de la planète à cause de son régime raciste. En 1994, il a éveillé une curiosité sociale internationale : alors que tous les ingrédients étaient réunis pour que le pays sombre dans le chaos et la guerre, c’est plutôt un « miracle politique » qui a caractérisé sa transition vers la démocratie.
L’Afrique du Sud, c’est un pays naissant, qui n’a rien à voir avec celui d’avant 1994, moment de ses premières élections multiraciales et démocratiques. À cette époque, la vie se passait à l’intérieur : des édifices, des maisons, des murs, des centres. La rue, c’était pour la guerre. Aujourd’hui, les rues sont bordées de terrasses et de cafés. Les races se mêlent dans les cours d’école et les aires de travail comme dans les familles. Le pays est devenu la « nation arc-en-ciel », le laboratoire multiracial par excellence de la planète. Le dénouement politique de 1994 est une exception sur le continent africain, et dans le monde. Et tranquillement, les digues sociales s’ouvrent et les visi-teurs peuvent pénétrer dans un univers encore chaud, tout frais, nouveau.
Le pays a évolué, mais les images et la réputation de violence et de crime sont encore souvent le sujet de reportages. Oui, bien sûr, l’héritage de l’apartheid est encore visible avec la pauvreté, les bicoques en tôle ou en carton, les fils barbelés et les murs entourant les maisons. Mais au-delà de ces vestiges, tant a changé. Les membres des communautés unissent leurs efforts pour stop-per les bandes de voyous : on a compris la relation entre stabilité politique et sociale et développement économique. Une curiosité de bon aloi attire des millions de touristes chaque année, alors que les acteurs de l’apartheid sont encore vivants et que les victimes ont retrouvé une joie de vivre, où tous développent et construisent ensemble, Blancs, Noirs, Indiens et Métis dans une société réinventée qui grandit et évolue. w
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Les marchés culturels, économiques, technologiques sont en très forte crois-sance. Le pays est la figure de proue du continent grâce à ses infrastructu-res – réseaux routiers, ferroviaires et portuaires –, sa technologie de pointe, des systèmes bancaires et financiers parmi les plus avant-gardistes et perfor-mants de la planète. L’Afrique du Sud est membre du groupe des grands pays émergents – le BRICS, avec le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine – et aussi la porte d’entrée d’un continent où vivent un milliard de personnes. Ses secteurs de l’automobile, des produits chimiques, des produits manufactu-rés et des services performent bien et celui du tourisme galope. Les syndi-cats jouent un grand rôle dans la stabilité économique et politique. Le pays connaît cependant des problèmes d’approvisionnement en énergie à cause de la vétusté de ses centrales au charbon et des contraintes énergétiques qui accompagnent une bonne performance économique. L’Afrique du Sud fait face aussi à un haut taux de chômage et de pauvreté. Elle demeure toutefois un lieu d’investissement de choix, se classe au 34e rang mondial pour la faci-lité d’y brasser des affaires et au premier pour sa règlementation des bourses de valeurs mobilières. Et à cause de son infrastructure de communications sophistiquée et fiable, c’est le pays de prédilection sur le continent pour les conférences et les réunions d’affaires.
La Constitution (1996) est reconnue comme étant l’une des plus progressis-tes, sinon la plus progressiste au monde : elle garantit aussi bien les droits civiques que socioéconomiques et interdit toute discrimination; elle protège la liberté d’expression et interdit la peine de mort; elle protège les droits des femmes et ceux des personnes homosexuelles.
Des moyens originaux sont développés pour faire face à la horde de touris-tes qui choisissent l’Afrique du Sud comme destination de vacances. Oui, l’Afrique du Sud est maintenant un pays de plaisir. C’est le pays africain qui attire le plus de touristes, et Le Cap a remporté la palme à titre de destina-tion préférée au monde en 2011. Il est au premier rang continental pour le tourisme sportif : c’est le paradis des golfeurs entre autres, mais aussi des amateurs de tennis, d’équitation, de rafting, de randonnée, de saut à l’élas-tique, de soccer, etc. Des ornithologues de partout dans le monde y vien-nent pour ses milliers d’espèces d’oiseaux, d’autres visiteurs y observent les baleines, ou les phoques, ou les pingouins. Plusieurs sont attirés par l’expé-rience de la survie dans la brousse ou le désert; par des sites archéologiques w
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importants, comme le centre du « berceau de l’humanité » dans une région de 47 000 ha remplie de cavernes où l’on a découvert plus de 600 squelettes humanoïdes, des fossiles d’animaux, 9 000 outils qui datent de 2 à 3 millions et demi d’années. Le Cradle of Humankind, le berceau de l’humanité, est un des huit sites sud-africains du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Des fascinés d’histoire viennent visiter les champs de bataille historiques des guerres entre Zoulous et Boers, ou celles entre les Boers et les Anglais; ou pour visiter Robben Island, l’île où Nelson Mandela a passé 18 de ses 27 années d’incarcération et où des guides touristiques sont d’anciens prison-niers politiques. Les amateurs de vins sillonnent la Route des vins à travers les singulières montagnes aux sommets plats de cette région. D’ailleurs, ces montagnes sont parmi les favorites du monde pour le parapente. Les mordus d’écotourisme ont le choix entre différents climats, les plaines ou les montagnes, les aventures en camping dans le désert ou quelque part sur les 3 000 km de bord de mer. Les cinéphiles ne manquent pas le rendez-vous annuel du cinéma au Cap, un grand événement, comme son Festival de jazz, ou le Festival culturel de Grahamstown, un des plus importants au monde. Des amateurs de natation des cinq continents prennent part à la compéti-tion annuelle du Midmar Mile, une des plus importantes au monde.
Des villages traditionnels zoulous, ndébélés et xhosas accueillent les visi-teurs et les charment par leurs différences et leurs riches cultures et tradi-tions, musique, et danses. La musique est d’ailleurs un attrait majeur. Les chants de libération, ont dit Nelson Mandela et Desmond Tutu, deux Nobel de la paix, ont été une arme dans la lutte pour la libération et la chute du régime de l’apartheid. L’industrie du cinéma foisonne. Le Cap est le nouveau Hollywood du continent où des réalisateurs du monde entier viennent tour-ner leurs films.
Trois grands défis donnent du fil à retordre au gouvernement : endiguer la criminalité, répondre aux besoins en santé (six millions de porteurs du VIH) et développer son système d’éducation qui aujourd’hui ne parvient pas à fournir assez de finissants pour combler les postes nécessitant un haut niveau de compétences.
Malgré tout, la première génération de l’éducation accessible à tous étant sortie des écoles, on voit maintenant des femmes médecins noires, des ingé-w
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nieurs noirs, des avocats et des notaires, femmes et noirs, mais aussi des mendiants et des cireurs de chaussures blancs, toutes des réalités impen-sables il n’y a pas si longtemps. La pauvreté comme la richesse se démo-cratisent. La classe moyenne noire augmente et une nouvelle économie se dessine, une économie où les Noirs deviennent de plus en plus des acteurs et non des figurants impuissants et exploités.
Naviguer dans ce pays aux 11 langues officielles (l’anglais est le véhicule prin-cipal), avec autant de peuples, de cultures et de traditions, demande quelques notions de base. Certaines choses, comme le sport et la philosophie d’Ubuntu, unissent ces peuples partageant un nouveau drapeau à six couleurs, qui, depuis 1994, reflète un patriotisme commun. D’autres éléments différen-cient les peuples, comme la religion, ou les séparent toujours, comme la classe sociale. Ce livre brosse un tableau social, économique, politique et culturel de tous ces peuples, et du pays en tant qu’entité. L’Afrique du Sud est un pays unique, par son histoire complexe et houleuse, parce qu’il a réussi la plus grande révolution négociée de l’histoire contemporaine, grâce à sa musique et son art bien particuliers. Unique aussi en regard des défis extra-ordinaires qui lui restent à surmonter.
Que votre but soit de développer des relations d’affaires, d’étudier, de faire des safaris ou de découvrir la Route des vins, ce livre vous offre les princi-paux outils pour interagir avec les différents peuples et réussir votre séjour en Afrique du Sud.
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Quelques données...
... généralesSuperficie : 1 219 090 km2
Capitale administrative : Pretoria
Capitale judiciaire : Bloemfontein
Capitale législative : le Cap
Métropole : Johannesburg
Monnaie : rand (ZAR), taux de change flottant
... démographiquesPopulation (estimation 2011) : 50 millions
Densité : 33 hab./km2
Langues officielles : isiZulu, isiXhosa, afrikaans, sotho du Nord, anglais, setswana, sotho du Sud, xitsonga, siSwati, tshivenda, isiNdébélé
Religions : christianisme, islam, hindouisme, judaïsme et les religions traditionnelles
Espérance de vie : 50,24 ans pour les hommes et 48,39 ans pour les femmes (est. 2011)
Taux de prévalence ViH/sida : 12% (2011)
Taux d’alphabétisation des adultes : 90% (2009)
Population active : 17,1 millions (2011)
Taux de chômage : 23,3% (2011)
Principales agglomérations : Johannesburg (4 millions), le Cap (3,6 millions), Durban (3,5 millions), Pretoria (2,3 millions), Port Elizabeth (1 million) (2011)
... économiquesPiB : 524 milliards de dollars US (2010)
PiB/hab. à parité de pouvoir d’achat : 10 700 $uS (Canada : 39 400 $US - France : 33 100 $US) (2010)
Les exportations : or, diamants, platine, ferrochrome, charbon, palladium et autres minéraux et métaux; machinerie, fruits et légumes
Les importations : machinerie et équipements, produits pétroliers, instruments scientifiques
Télévisions pour 1 000 hab. : 135 (Canada : 655 – France : 574)
Téléphones cellulaires pour 1 000 habitants : 1 100 (Canada : 676 – France : 920)
utilisateurs d’internet pour 1 000 hab. : 139 (Canada : 792 – France : 692)
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Lucie Pagé
Journaliste, écrivaine et conférencière, lucie Pagé partage sa vie entre l’Afrique du Sud et le Québec depuis 1990. les auditeurs de Radio-Canada et les lecteurs de revues et magazines québé-cois ont suivi l’ère Mandela (1990-1999) à travers ses reportages. Elle a réalisé et produit plusieurs documentaires, notamment sur les chants de libération d’Afrique du Sud et la violence faite aux femmes. Elle a été directrice du département de radiotélédiffu-sion à l’Institut pour l’avancement du journalisme à Johannesburg. Elle a publié quatre ouvrages (tous chez libre Expression) trai-tant de l’Afrique du Sud, du continent africain, du racisme et de la justice sociale dans le monde. Deux sont des récits, de l’apartheid qu’elle a vécu à la démocratie qu’elle a vue naître et grandir : Mon Afrique (2001) et Notre Afrique (2006). Deux sont des romans : Eva (2005), un roman historique de l’Afrique du Sud des années 1964 à 1990; et Encore un pont à traverser, une fable sociale occidentale à saveur sud-africaine. Elle est mariée à Jay Naidoo, ministre sous Nelson Mandela, et considère ses trois enfants comme ses plus grands chefs-d’œuvre.
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La protée royale (Protea cynaroides)
Vous trouverez, au fil des pages de ce livre, un élément décoratif récurrent. Il s’agit d’une fleur de la protée royale (Protea cynaroides), plante emblématique de l’Afrique du Sud. les protées, dont la hauteur varie de 30 cm à 1 m, parfois plus, poussent principalement le long de la côte sud, dans la province du Cap-Occidental.
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Civilisation sud-africaineUn peu d’histoireSi Adam et Ève avaient eu un passe-port, il aurait bien pu être sud-africain. Contrairement à ce que l’on nous a fait croire pendant des siècles, l’histoire de la civilisation de la pointe australe de l’Afrique commence bien avant l’arrivée du Hollandais Jan van Riebeeck en 1652. L’Afrique du Sud recèle le plus impor-tant bassin de fossiles d’hominidés au monde, particulièrement dans la région des cavernes de Sterkfontein, près de
Johannesburg. Ce territoire de 500 km2, baptisé le « berceau de l’humanité » (Cradle of Humankind), est inscrit parmi les sites du Patrimoine mondial depuis 1999 pour sa richesse paléoanthropo-logique qui remonte à plus de quatre millions d’années!
Les Khoisans d’aujourd’hui (enfin, les quelques centaines qui restent), qui vivent dans le nord-ouest de l’Afrique du Sud, en Namibie et au Botswana,
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Un peu d’histoire
constituent le groupe humain qui a le plus de similitudes génétiques avec les habitants du paléolithique supé-rieur et moyen. Khoisan est un terme utilisé pour désigner deux groupes très proches : les Sans (parfois appe-lés Bushmen ou Bochimans) et les Khoikhois (littéralement « hommes des hommes »). Les Sans habitaient déjà l’Afrique australe il y a 20 000 ans. Ces chasseurs nomades se déplaçaient par petits groupes et vivaient de gibier et de fruits sauvages. Les Khoikhois, eux, étaient des groupes pastoraux qui habitaient, entre autres, le long de la côte occidentale de l’Afrique du Sud (et de la Namibie), il y a de cela 2 000 ans.
Les Khoikhois et les Sans partageaient des caractéristiques physiques ou linguistiques telles que les « clics », des sons palataux obtenus en claquant la langue sur les dents ou sur la voûte du palais (30 sortes en tout et 90 phonè-mes!). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Hollandais les avaient baptisés « Hottentots », un terme péjo-ratif qui veut dire « bégayer ».
Les Khoisans, établis dans la région actuelle du Cap, voient passer les premiers vaisseaux européens : les bateaux portugais, celui du comman-dant Bartolomeu Dias en 1486, celui de Vasco de Gama en 1497, puis celui
d’Antonio Saldanha en 1503. Chaque fois, les étrangers s’approprient une baie, une pointe, une colline. Dias baptise l’endroit Cabo das Tormentas (« cap des Tempêtes »). Plus tard, pour plaire au roi du Portugal, on lui donne le nom plus optimiste de « cap de Bonne Espérance », car il faut, contre vents et marées et avec l’aide de beau-coup de prières, se rendre en Asie. Saldanha, lui, nomme la montagne plate qu’il a escaladée Montanha da Mesa (Table Mountain).
Les Khoisans accueillent ces étran-gers chez eux, à Camissa (le C est un clic – voir le tableau des clics, chapi-tre 2), le nom millénaire de l’endroit (« lieu des eaux douces » en khoi). Les étrangers font le plein d’eau, parfois restent à manger, mais repartent toujours. Jusqu’à l’arrivée, le 5 avril 1652, de trois vaisseaux desquels débarquent 90 colons calvinistes et le commandant Johan Anthonisz Jan van Riebeeck, de la Compagnie hollan-daise des Indes orientales. Ces visi-teurs ne veulent pas que faire le plein d’eau. Ils veulent tout Camissa. Ils veulent du bétail aussi, des terres, des esclaves, et beaucoup de main-d’œu-vre pour remplir le mandat qui leur est assigné : établir un poste permanent de ravitaillement pour les vaisseaux qui font la navette entre l’Europe et l’Asie. Mais les Khoisans refusent de travailler pour eux. La guerre éclate, et Jan van Riebeeck emprisonne les leaders khoikhois à Robben Island, une île située à 7 km de la côte. Dès lors, et pendant près de 400 ans, elle devient l’île des exclus, des lépreux, des fous, des criminels. Et des révolu-tionnaires. Van Riebeeck réussit quand même à esclavager certains Khoikhois, surtout des femmes. Pour le sexe. Il importe des esclaves de Malaisie, de Madagascar, d’Angola, de l’Inde, du Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka), de
La découverte de « Malapa » (2008)
Grâce à la découverte de « Malapa », un des plus importants sites paléoanthropologiques mis au jour, deux squelettes de deux millions d’années ont été trouvés dans le « berceau de l’humanité », au cœur de la mystérieuse et critique période de la transition entre l’Australopithecus africanus et l’Homo erectus.
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Un peu d’histoire
l’Indonésie : le melting pot de ce qu’on appellera les Métis, une des quatre « races » officielles de l’apartheid.
En 1688, des huguenots français fuyant la persécution religieuse de Louis XIV arrivent, avec des vignes qui, dans ce climat propice, donnent de l’excellent vin. Et puis, d’autres Hollandais arri-vent, des Allemands aussi. Tous les groupes adoptent collectivement le nom d’Afrikaners et deviennent des Boers (fermiers) puis des trekboers (fermiers voyageurs). Ils étendent tranquillement leur territoire, établissent des pâturages, construisent des fermes et rencontrent les Xhosas dans l’est du pays. Ils veulent leurs terres, et ce sera la guerre. À partir de 1779, et pour un siècle, les Xhosas combattront les colons boers, puis britanniques.
Les BritanniquesLe 7 juillet 1795, en pleine ère de l’avan-cée napoléonienne, une escadrille britan-nique de 450 soldats arrive au Cap avec pour objectif de s’en emparer avant la France. Il leur faudra neuf ans de conflit avec les Hollandais pour contrôler défi-nitivement Le Cap. Leur empire s’étend ensuite jusqu’à la côte est, au Natal. Les gouverneurs britanniques imposent leurs lois, entre autres celle abolissant l’esclavage en 1833. Des Khoisans et
autres esclaves en profitent pour se libé-rer de l’emprise des Boers. Et lorsque les Britanniques remplacent le hollandais (déjà devenu l’afrikaans) par l’anglais comme langue d’usage, les Boers plient bagage. Douze mille d’entre eux quittent Le Cap et entreprennent leur Grand Trek.
En 1820, les Britanniques installent 5 000 nouveaux colons sur des terres occupées par les Xhosas dans le sud-est du pays. Ils continuent le cycle des guerres de frontières commencé par les Boers, neuf en tout entre 1779 et 1879. Après une guerre avec les Zoulous, ils contrôlent le Natal et le Zululand.
Les Britanniques établissent des plan-tations de canne à sucre qui nécessi-tent de grands espaces et beaucoup de travailleurs. Les Zoulous ne veulent pas travailler dans les champs de canne à sucre. Les Britanniques importent donc, à partir de 1860, des masses de travailleurs de l’Inde (plus de 150 000), créant ainsi ce qui deviendra la plus grande diaspora indienne au monde. C’est dans ce contexte de communauté indienne bien établie que débarque, trois décennies plus tard, à Durban, un jeune avocat indien du nom de Mohandas Karamchand Gandhi. L’histoire du pays sera profondément marquée par son séjour de deux décennies (voir l’encadré à la page suivante).
Le Grand Trek, 1834-1854
Douze mille Afrikaners partent de la région du Cap avec leurs chariots tirés par des bœufs, à travers savanes et montagnes, sécheresses et pluies diluviennes, avec femmes et enfants, leurs esclaves bien sûr, et beaucoup de poudre noire pour affronter les Bantous* sur le chemin. Ils voyageront pendant 20 ans, se cherchant un endroit, un territoire qu’ils pourraient gouverner eux-mêmes. Ils fondent la South African Republic, ou Transvaal, en 1852, et l’État libre d’Orange en 1854. leurs constitutions stipuleront qu’« aucune égalité ne sera permise entre les Blancs et les non-Blancs ».
*Voir l’encadré « Bantou : tabou », chapitre 2.
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Un peu d’histoire
Shaka ZuluDe 1818 à 1828, le roi Shaka Zulu trans-forme la nation zouloue en une forte puis-sance et étend son territoire vers l’ouest et le sud. Shaka, un homme brutal et un génie militaire, forme des amabuthos, des régiments de jeunes Zoulous. Il combat les Tembous et les Pondos. Il sème la terreur chez les Ngunis, les Swazis, les Sothos et les Xhosas. Il tue les vieux, garde les femmes, pratiquant une forme d’eugénisme pour créer un peuple puis-sant. Les jeunes ont la vie sauve à condi-tion de devenir des impis (des soldats-guerriers), d’abandonner leur langue et leur culture, et de parler et « devenir » de vrais Zoulous. En quatre ans, Shaka conquiert un territoire plus vaste que la France. En 10 ans, il constitue un empire qui change le destin et la carte géopolitique et sociale de l’Afrique du
Sud, et même australe. Il est assassiné, en 1828, par son demi-frère Dingane, qui devient roi des Zoulous. Lorsque les Voortrekkers arrivent en territoire zoulou, Dingane fait assassiner leur chef Piet Retief, ainsi que tous ses conseillers. Andries Pretorius (d’où le nom de Pretoria) prend la relève et organise une riposte. Le 16 décembre 1838, avec 400 hommes contre 13 000 Zoulous, il atta-que. Les Zoulous sont défaits, et 3 000 d’entre eux meurent dans ce qui sera baptisé la « bataille de Blood River ». Le 16 décembre, encore aujourd’hui férié, a été rebaptisé « Journée de la réconcilia-tion » en 1994.
Une roche, un métal et deux guerresEn 1867, un jeune garçon trouve « une roche sur laquelle le succès du pays sera
Mohandas Karamchand Gandhi (1869-1948)
En 1893, une entreprise indienne établie en Afrique du Sud propose au jeune avocat indien Mohandas Karamchand Gandhi de venir y défendre une cause. Il devait y rester un an. Son séjour durera plutôt 21 ans! Il gagne le procès en question et, choqué par la discrimination raciale qui s’exerce contre les siens, il entreprend aussi-tôt la lutte pour leurs droits civiques.
Il fonde le Natal Indian Congress en 1894 et travaille comme avocat jusqu’en 1899, quand commence la Seconde Guerre des Boers ou deuxième guerre anglo-boer, durant laquelle il se bat du côté des Britanniques et organise un corps d’ambu-lanciers volontaires, une des seules unités médicales qui portent secours aux Sud-Africains noirs. Gandhi est lui-même porteur de civière. Il fonde le journal Indian Opinion en 1904 et s’installe à Phoenix, un quartier indien en banlieue de Durban.
En 1906, le gouvernement du Transvaal vote une loi qui exige l’enregistrement de toute la population indienne dans le but de contrôler de près ses activités. Gandhi organise une manifestation à Johannesburg, y adoptant, pour la première fois, sa méthodologie du satyagraha, une forme de protestation non violente. Pendant sept ans, il mène cette lutte au cours de laquelle des milliers d’Indiens sont emprisonnés, dont Gandhi lui-même à plusieurs reprises. Finalement, le 30 juin 1914, le général Jan Smuts, secrétaire colonial du Transvaal, et Gandhi signent un accord sur l’abrogation d’une grande partie des lois raciales contre les Indiens. le 18 juillet 1914, Gandhi quitte l’Afrique du Sud pour toujours et rentre en Inde, qu’il changera grâce à son expérience sud-africaine. Il a dit : « Je suis né en Inde, mais j’ai été fait en Afrique du Sud. »
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Un peu d’histoire
construit », dit le secrétaire colonial britannique de l’époque, Sir Richard Southey. La roche est un diamant de 21,25 carats qui sera baptisé Eureka. Le pays change du jour au lendemain. Des masses d’Européens, surtout des Britanniques, arrivent en Afrique du Sud en quête de diamants. Ils enva-hissent les républiques boers, ce qui déclenche la Première Guerre des Boers ou première guerre anglo-boer (1880-1881). En 1886, on découvre l’or, et une deuxième guerre anglo-boer s’enclenche, plus longue (1899-1902), plus sanglante aussi. Les colons font appel aux forces de l’Empire britannique, et le Canada est alors sollicité : près de 8 000 hommes et 16 infirmières participent au conflit, et 300 Canadiens y perdent la vie. Les Britanniques « concentrent » les prison-niers dans des camps qui seront ainsi désormais baptisés « camps de concen-tration ». Près de 28 000 femmes et enfants boers et 15 000 Noirs y sont morts.
Union d’Afrique du Sud En 1910, l’Union de l’Afrique du Sud est fondée, et les quatre colonies blan-ches (Le Cap et le Natal des Anglais ; l’État libre d’Orange et le Transvaal des Afrikaners) forment un dominion de l’Empire britannique où tout non-Blanc est exclu du pouvoir.
Deux ans plus tard, en 1912, le South African Native National Congress – qui deviendra peu après le Congrès national africain (ANC) – est fondé et exige, dès cette époque, ce que le pays obtiendra en 1994 : le principe de « une personne, un vote ». Mais la marche vers la liberté sera longue…
En 1913, la célèbre loi du Native Land Act, la pierre angulaire de l’apartheid, accorde 87% des terres, les plus fertiles, aux 13% de Blancs. Une série de lois est ensuite adoptée ; elles limitent les lieux de résidence, l’éducation, le travail, les
déplacements même des Noirs. Devant l’avalanche de législation, l’ANC, jeune mouvement de libération mal organisé, s’essouffle et perd du terrain. Mais une rencontre fortuite changera le cours de l’histoire de l’ANC, du pays et du monde.
La rencontre qui a changé le mondeEn 1941, un charmant et élégant jeune homme de 23 ans, tiré à quatre épingles comme toujours, entre dans le modeste bureau de l’agence immobilière de Walter Sisulu (voir l’encadré ci-dessous). En le voyant, Sisulu comprend que cet homme portera le destin d’un peuple sur ses épaules. Nelson Mandela s’était sauvé de son village pour fuir un mariage arrangé. Il se cherchait du travail, de l’argent pour ses études. Walter Sisulu lui offre les deux ; il lui déniche un emploi dans une firme d’avocats. Mandela et Sisulu, avec Oliver Tambo (voir l’encadré « Oliver Tambo », chapitre 2), raviveront l’ANC, une organisation que Mandela avait qualifiée de « sclérosée et flegmatique ». Ces trois hommes forment la ligue de la
Walter Sisulu (1912-2003)
Walter Sisulu, qui a passé 26 ans en prison avec Mandela, était un pilier, un protagoniste de la lutte contre l’apartheid, une « encyclo-pédie vivante » et la « locomotive silencieuse » de l’ANC, un homme d’une affabilité extraordinaire. « Si nous, comme mouvement de libé-ration et comme nation, n’avions le choix de raconter qu’une histoire de vie, cette histoire devrait être celle de Walter Sisulu », a écrit Nelson Mandela dans la préface de la biographie de Walter et d’Albertina Sisulu, son épouse pendant 60 ans. Mandela pèse toujours ses mots…
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Un peu d’histoire
jeunesse de l’ANC et donnent des dents à l’organisation.
L’apartheidEn 1948, le Parti national afrikaner de Daniel Malan gagne les élections et, fidèle à sa promesse électorale, instaure le régime du « développement séparé », apartheid en afrikaans. La loi du Population Registration Act, qui clas-sifie les gens dans un des quatre grou-pes raciaux – Blancs, Noirs, Indiens ou Métis — et celle du Group Areas Act, qui assigne un lieu de résidence selon sa classification raciale, deviennent deux des trois piliers (avec le Land Act raffiné) de l’apartheid. Les équipements collec-tifs (comme les toilettes, les parcs et les plages) sont ségrégués ; l’éducation, la santé, le travail, même les relations sexuelles sont réglementées ! Le gouver-nement blanc veut dépouiller les Noirs de leur citoyenneté sud-africaine et leur accorder plutôt une nationalité propre à chacun, selon son origine ethnique. Ainsi, 10 bantoustans sont créés, un pour chacune des ethnies noires du pays. Quatre seront déclarés indépendants, mais aucun pays au monde ne recon-naîtra l’existence légale de ces « pays » bantoustans.
Les syndicats sont bannis ; la littérature, la musique et le théâtre sont censurés. Les forces de sécurité ont des pouvoirs extra-ordinaires. En 1952, l’ANC demande au gouvernement d’abroger toutes les lois racistes ou de faire face à une « campagne de défis ». Les protestations de masse sont pacifiques, basées sur le principe de non-violence de Gandhi. Mais la riposte du gouvernement est sans merci.
Révolte arméeLe 21 mars 1960, à Sharpeville, près de Johannesburg, la police tue 69 person-nes qui manifestaient pacifiquement. Dix-huit mille personnes sont arrêtées.
Le gouvernement bannit toutes les orga-nisations antiapartheids.
Le 31 mai 1961, à la suite de son expul-sion du Commonwealth à cause de son régime raciste, le pays devient une république. L’ANC organise une grève nationale en signe de protestation. Le gouvernement riposte avec des lois plus sévères. L’ANC forme alors, en décembre 1961, l’Umkhonto we Sizwe (la « lance de la nation »), la branche armée de l’ANC, qu’on surnomme le MK. Nelson Mandela en est le commandant en chef. Au cours des deux années suivantes, le MK procé-dera à 200 actes de sabotage visant les installations et bureaux gouvernemen-taux. Nelson Mandela est arrêté en 1962 et condamné à cinq ans de prison.
L’apartheid est un crime contre l’humanité.
Déclaration des Nations Unies, 1973
Le procès de RivoniaEn 1963, on arrête les leaders de l’ANC (et du MK), et c’est le début du célèbre procès de Rivonia qui condamnera à vie Nelson Mandela (même s’il n’était pas sur les lieux de l’arrestation – il était en prison –, des documents portant son écriture y ont été trouvés) et sept de ses collègues, dont Walter Sisulu. Lors de ce procès, Nelson Mandela prononce un discours dans lequel il dira (et qu’il répétera la journée de sa libération) : « J’ai combattu la domination blanche. J’ai combattu la domination noire. J’ai chéri l’idée d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivent ensemble en harmonie et sur un pied d’égalité. C’est un idéal pour lequel je vis et que j’espère attein-dre. Mais s’il le faut, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir… »
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Depuis la fin de l’apartheid, l’émergence de l’Afrique du Sud surprend et fascine. On surnomme ce pays aux 11 langues officielles la « nation arc-en-ciel » pour faire écho à son incomparable diversité. Voilà une société qui compte parmi les plus complexes de la planète, façonnée par une histoire riche et mouvementée. Ce guide vous donne les clés essentielles pour comprendre l’Afrique du Sud.
• Comment s’intégrer dans la vie quotidienne ?• Comment cerner les nuances sociales et les particularités culturelles ?• Comment respecter les us et coutumes et favoriser les échanges ?• Comment faire des affaires avec ses interlocuteurs sud-africains ?
Comprendre l’Afrique du Sud permet de mieux saisir toutes les couleurs du pays de Nelson Mandela. Que votre voyage ait un but commercial, culturel ou touristique, il vous permettra de nouer des relations avec le peuple sud-africain et de décoder les subtilités d’une société aussi fascinante que diversifiée.
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L’auteure, Lucie Pagé, partage sa vie entre l’Afrique du Sud et le Québec depuis 1990. Journaliste, écrivaine et conférencière, elle a été correspondante pour Radio-Canada et pigiste pour divers médias durant toute l’ère Mandela (1990-1999) ainsi que dans les années 2000.
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