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Pour le développement durable du papier et de l’imprimé N°29 / mai-juin 2018 Le dossier : Plaire et toucher Comprendre la couleur Jean-Gabriel Causse Marianne Guély Capter l'attention François Lamidon Serge Safran Faire confiance au papier Pierre-Yves Bournazel, Député Eric Toppan, Fransylva Pascal Haffner, GPV Papier&Culture Nà Luther, pastelliste Affiches : 1418, Pop Culture 94% des designers choisissent leur couleur avec un pantonier papier Bruce Abigail Grand témoin

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Pour le développement durable du papier et de l’imprimé N°29 / mai-juin 2018

Le dossier :Plaire et toucherComprendre la couleur Jean-Gabriel Causse Marianne Guély

Capter l'attention François LamidonSerge Safran

Faire confianceau papierPierre-Yves Bournazel, DéputéEric Toppan, FransylvaPascal Haffner, GPV

Papier&CultureNà Luther, pastellisteAffiches : 1418, Pop Culture

94% des designers choisissent leur couleur avec un pantonier papier

BruceAbigail Grand témoin

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« Le papier reste un support sensorielpour se démarquer et renforcer la duréede vie du catalogue chez le client » page 14

Julien Bruneau, Directeur artistique pour Compos Juliot

Culture PapierLe magazine pour le développement durable du papier et de l'imprimé N°29 / mai-juin 2018

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sommaireLe dossier Plaire et Toucher

4-5 Grand Témoin : Abigail Bruce, directrice marketing Pantone EMEA

6-7 Grand témoin : Jean-Gabriel Causse, designer couleurs

8-9 Comprendre la couleur : une affaire de perception ?

11-12-14 Comment l'édition capte l'attention des lecteurs ?

14 Les lauréats de la Nuit du Livre

Ils font confiance au papier15 Parole d’élus Pierre-Yves Bournazel Député

de Paris, vice-président de la Commission desaffaires culturelles et de l’éducation,

17 Un métier du papier L’enveloppe est unematière noble, Pascal Haffner, GPV

19 La filière communique Le bois, matériau etsource d’énergie responsable

20 Le chiffre à retenir 72 % des Françaisconsidèrent les échantillons comme descadeaux

21 Le papier innove Kiosque / Miaou / Editions Evalou

22 Agenda : Rendez vous les 30 mai et 21 juin

Papier&Culture23 Artiste de papier Nà Luther, pastelliste25 Lieux de papier Expositions 1418 – Pop

Culture26 Le web ne suffit plus Guide des grands

parisiens / Boden, creermonroman27 Bonnes adresses Les restaurants haut en

couleur28 Des livres et des idées

Culture Papier en actions29 Un engagement durable pour le papier :

Alain Kouck, Président de Culture Papier 30 Post AG : Culture Papier réaffirme que la

société peut toujours compter sur le papier

La Lettre Culture Papier N°29 - Mai-Juin 2018 Culture Papier, 68 Bd Saint Marcel 75005 Paris / Directeur de la publication : Alain Kouck [email protected] / Directeur de la rédaction : Olivier Le Guay [email protected] / Rédactrice en chef : Patricia de Figueiredo [email protected] / Rédacteur : Yoan Rivière / Pdf augmenté :www.pdfanimate.com / Studio de création : Vitamine-Z - www.vitamine-z.net / Papieret impression : Magazine imprimé par Fabrègue Imprimeur - www.fabregueimprimeur.fr -sur papier Reprint Matt, écolabélisé, 60% recyclé, fabriqué en France par ArjowigginsGraphic et distribué par Antalis - www.antalis.fr Enveloppes : GPV / Routage :Kalliste / Hébergement de Culture Papier : UNIIC / ISSN : 2493-3511 /www.culture-papier.com

« La couleur a beaucoup plusd’influence que ce que l’on peutimaginer sur nos autres sens : lavue, le toucher ou l’odorat. » page 6

« Il reste encore beaucoup de travailpour faire reculer les stéréotypes sur le papier, promouvoir ses valeurs sociétales » page 29

Alain Kouck, Président de Culture Papier

« Je ne veux pas que les kiosquesdisparaissent car ils sont l’âme de nosquartiers des points de culture. » page 15Pierre-Yves Bournazel

« Le graphisme dépasse le cadre du livre pour devenir un outil decommunication plus large. » page 11

François Lamidon, directeur artistique indépendant

« Les couleurs doivent faire surgirune entente, un équilibre,presque une évidence » page 9

Marianne Guély

Sources : Donnees Labelia Conseil pour l'empreinte carbone. Donnees European BREF pour le papier a fibres vierges.

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Quels services apportez-vous aux acteursde la filière papier ? Et quelles sont leursdemandes spécifiques, qu’elles émanentdes papetiers ou des imprimeurs ?

Nous voyons tous les couleurs d’une manièredifférente et, par conséquent, nous lesdécrivons de façons variées. A titre d’exem-ple, ma perception du rouge brique pourraitfortement s’éloigner de celle d’une autrepersonne. Cela peut poser problème auxentreprises, car les erreurs et incohérencesde couleurs de marque coûtent parfois trèscher, en particulier si elles sont commises àgrande échelle. En 1963, lorsqu’il a reconnula nature subjective de la couleur, le fondateur

de Pantone, Lawrence Herbert, a révolutionnél’industrie créative en créant le PANTONEMATCHING SYSTEM®, un outil novateurdestiné à sélectionner, communiquer etproduire des couleurs précises. Pour la première fois, les designers et lesproducteurs disposaient d’un langage pourla couleur qui leur permettait d’exprimerfidèlement et de reproduire précisément lesnuances, partout dans le monde. Ce systèmeorganisait les couleurs suivant une numéro-tation exclusive et les présentait sous formed’éventail, deux caractéristiques devenuesemblématiques de la marque Pantone.

En 1986, le Pantone Color Institute a étélancé, quelle est sa vocation ?

Le Pantone Color Institute enseigne, inspireet promeut la maîtrise du langage chroma-tique, en sa qualité de destination uniquepour tout ce qui a trait à la couleur. En par-tenariat avec nos clients, nous travaillons àl’intégration et à l’utilisation de la couleuren tant que ressource stratégique. Autoritémondiale en matière d’informations sur lacouleur par le biais de prévisions des ten-dances saisonnières, de solutions couleurpersonnalisées ou de sélections de paletteschromatiques pour l’élaboration de l’iden-tité d’entreprise et de produits, le PantoneColor Institute collabore avec des marquesinternationales afin de les aider à tirerparti du pouvoir, de la nature psycholo-gique et de l’émotion des couleurs dansleur stratégie de conception.

Que vous permettent les analyses de votrecahier « Fashion Color Report » ? Pensez-vous qu’il influence les créateurs ?

Chaque saison, l’équipe du Pantone ColorInstitute élabore le Pantone Fashion ColorTrend Report, véritable panorama chroma-tique mettant l’accent sur les couleursphares que les créateurs participant à laFashion Week de New York et de Londresferont figurer dans leurs collections pourla saison à venir. Les couleurs arborées surle podium représentent un indicateur clédes teintes susceptibles d’être utiliséesdans tous les secteurs du design, ce rap-port joue un rôle prépondérant dans lesecteur de la création et constitue un guidede référence facilement accessible des ten-dances majeures de la saison.

Pantone : la référencedu langage chromatique

Grand témoin

Le nom de Pantone est devenu au fil des décennies uneréférence en matière de couleurs.Abigail Bruce, directrice marketing de Pantone EMEA,dévoile toutes les facettes de cette entreprise qui propose unepalette universelle de couleurs pour les imprimeurs, baptiséePantone Matching System (PMS).

Abigail Bruce, directrice marketing de Pantone EMEA

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Comment Pantone a-t-il pris le tournantnumérique ?

Si le besoin de références de couleur phy-siques Pantone existe encore, les créateursdemandent davantage d’intégration numé-rique, ainsi que des formats plus dynamiqueset itératifs. Nous l’avons confirmé : même sila conception est dominée par le numérique,les références physiques sont encore néces-saires afin de garantir que le résultatcorrespond à la couleur imaginée. En fait,d’après une étude de marché commandéepar Pantone, 94 % des designers travaillentencore aujourd’hui avec une sortie physique.

Vous proposez des solutions de plusen plus pointues pour la productionnumérique ?

L’année dernière, le lancement de l’applicationPantone Studio a marqué le premier pas signi-ficatif vers le numérique effectué par Pantonedepuis quelques années, et a permis de rem-porter le prix de Bronze de la catégorie DigitalCraft du festival Cannes Lions 2017.Nous avons aussi récemment présenté Panto-neLIVE Design et Pantone Simulator Prints,double solution intégrée de flux de productionnumérique et physique destinée aux designersd’impression et d’emballage. Elle fait partie dusystème de bibliothèque de couleurs dématé-rialisée PantoneLIVE, qui permet une gestion

des couleurs numériques par les designerset les fournisseurs à chaque étape du flux deproduction. Ces intégrations ne constituent que les pré-mices de l’offre que nous envisageons, et nousnous réjouissons de présenter des solutionssupplémentaires au cours de l’année à avenir.

Depuis 2000, Pantone met à l’honneurune nouvelle couleur issue de son nuan-cier qui inspire tous les plus grandsindustriels et éditeurs. Sur quels critèresou analyses fondez-vous ce choix ? Etquelle est celle de 2018 ?

Le Pantone Color Institute a créé en 1999 leprogramme Pantone® Color of the Year, envue d’inculquer à nos clients la nature sym-bolique de la couleur et de les y sensibiliser,ainsi que pour illustrer la façon dont les choixde couleurs et la popularité de certainesnuances ou familles chromatiques reflètentdirectement les événements qui se dérou-lent dans notre culture à un moment donné.Nous choisissons comme PANTONE® Colorof the Year une couleur emblématique, àmême de communiquer le message chro-matique qui représente le mieux lesévénements se déroulant à un momentdonné dans notre culture mondialisée. C’estune couleur que nous observons à travers

les divers domaines de la création, unmoyen d’exprimer son humeur et son étatd’esprit. C’est une couleur qui reflète ce quel’on recherche, qui peut aider à répondreaux attentes ressenties.

Après des articles de papeterie, des mugs,des chaises ou des vêtements jusqu’àl’ouverture du Pantone Hôtel à Bruxelles,sur quoi se base votre stratégie de diver-sification ?

Notre stratégie pour Pantone Universe, nosproduits de consommation adaptés à notrestyle de vie, consiste à collaborer avec desmarques œuvrant dans le même esprit, afinde créer des collections et produits PANTONEStyle de vie dont pourront profiter les des-igners, les consommateurs et les amateurs.

Propos recueillis par Olivier Le Guay

Le dossier plaire et toucher PANTONE, LA RÉFÉRENCE DU LANGAGE CHROMATIQUE

« Pantone se concentre surl’intégration des standardsphysiques à des outilsnumériques adaptés auxméthodes de travail descréateurs contemporains.Notre offre de produitss’articule dès lors autour de ces derniers, en restantcentrée sur l’importanced’associer le physique aunumérique. »

Notre crédo est d’allertrouver les lecteurs à l’endroit où ils sont.

Il nous faut renforcer les complémentarités entreles différents supports et les différents formats.

PANTONE 18-3838, Ultra Violet, est la Couleurde l’Année 2018 (Pantone® Color of the Year 2018).Assurément provocante etinterpelante, la teinte violettePANTONE 18-3838 Ultra Violetexprime l’originalité, l’ingéniosité etune pensée visionnaire qui nouspropulse vers l’avenir. « Nous vivonsdans une époque placée sous le signede l’inventivité et de l’imagination.C’est cette inspiration créatrice quevéhicule la couleur PANTONE 18-3838 Ultra Violet, une teinte violetteà base de bleu qui éveille notreconscience et élève notre potentiel »rappelle Abigail Bruce, directricemarketing de Pantone EMEA.

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Comment en êtes-vous venu à devenircoloriste jusqu’à en faire votre métier ?

J’étais créatif en agence de pub BDB. Je voyaisque la couleur avait un pouvoir d’influencesubjective. J’avais travaillé pour voir quelleest la couleur exacte des yeux de Mona Lisa.C’est le tableau le plus connu au monde maispersonne ne fait attention à ses yeux, qui sontbruns caramel. En 1997, j’ai contre-typé avecla Nasa le bleu de la Terre. J’ai créé ainsi unegamme de couleurs un peu originale.

J’ai alors lancé la première agence de conseilen communication par la couleur, pour aiderles marques à communiquer à travers lacouleur, comme le sorbet framboise deBertillon, le vert de la 2 chevaux... Les T-shirtsque l’ai lancés comme des goodies ont énor-mément plu dans le monde du textile, ce quim’a valu d’être invité d’honneur dans plu-sieurs Fashion Week en Europe. Ces T-shirtsse sont retrouvés en vente chez Colette, auBon Marché, au BHV.

Puis, je suis devenu directeur artistique d’ungroupe textile japonais Onward pour lequel,j’ai géré une quarantaine de marques. Sur leconcept des couleurs, j’ai contre-typé des cou-leurs des tableaux impressionniste : chaquecouturier choisissait qui un Monet, qui unRenoir… On a transformé les grands magasinsjaponais en musée impressionnistes ! J’ai réa-lisé le portrait de Van Gogh avec 2000 polosaux couleurs exactes. Puis de retour enFrance, J’ai coloré un hôpital à Marseille.

Vous avez écrit un essai, L’étonnantpouvoir des couleurs puis un romanLes crayons de couleurs*, quels messagesvoulez-vous faire passer ?

J’ai fondamentalement deux messages. Lacouleur a beaucoup plus d’influence que ceque l’on peut imaginer sur nos autres sens :la vue, le toucher ou l’odorat. Écouter de lamusique dans une pièce bleue ne nous faitpas réagir de la même façon que dans unepièce rouge. Il faut les choisir avec soin selonle message que nous voulons faire passer.

Jean-Gabriel Causse : magicien des couleurs

Grand témoin

Avant d’être romancier, Jean-Gabriel Causse est designercouleurs. Son métier est de conseiller les entreprises dans la miseen œuvre de leur stratégie de communication par la couleur. Le marketing ne fait pas tout, les influences culturelles ontaussi leur importance.

La couleur a beaucoupplus d’influence que ceque l’on peut imaginer surnos autres sens : la vue, le toucher ou l’odorat.

Jean-Gabriel Causse, designer couleurs

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Malheureusement, en Occident depuis unevingtaine d’années, nous sommes dans unmode « dessalure ». La mode est au blanc, augris. Or nous avons besoin de couleursfortes. Avant les murs bancs n’existaient pas.Mettez de la couleur dans votre vie !

Un de vos personnages de votre romans’exclame : « La couleur n’est qu’uneillusion. » Que voulez-vous dire par-là ?

Dans le sens où c’est une interprétation denotre cerveau sur une longueur d’onde. Lesscientifiques ont identifié deux autresespèces animales qui auraient le mêmespectre de couleurs que nous, qui sont lesmusaraignes et les papillons. D’autresespèces ont un spectre moins large, plusdans les verts, comme les chevaux ou lesbovins, où à l’inverse, plus larges à l’imagedes poissons. Même en tant qu’être humain,nous n’avons pas tous la même perception.Les femmes les voient mieux et en teintesplus chaudes que les hommes.

Dans Les crayons de couleur, vous montrezcomment l’économie peut souffrir d’unmanque de couleur. Il faut mettre desteintes vives ou pastels partout ?

En termes de marketing, la couleur est fonda-mentale dans le packaging, quelques soientles produits. A titre d’exemple, dans le secteurde l’automobile, on n’a jamais eu autant dechoix de couleurs. Les marques attirent aveccet éventail même si au final, le conducteur neprend que du noir, du gris ou du blanc.

Vous revendiquez qu’il faut remettre de lacouleur dans les villes. Comment ?

Les banlieues devraient être beaucoup pluscolorées. Elles paraitraient beaucoup moinsinsécures. Elles subiraient moins de dégra-dations, les murs colorés sont moins dégradés. Dans beaucoup d’endroits dans le monde,au Mexique, dans des favelas au Brésil, enAfrique à Cape Town, des réalisations ontété faîtes et les résultats sont évidents. J’aiplusieurs projets en ce sens. Je ne désespèrepas de faire des quartiers très colorés.

Le rouge fait-il plus vendre ?

Cela dépend des produits et cela dépend dequel rouge. Les rouges foncés sont parfaitspour des produits plutôt luxueux. Dans le luxe,on trouve du métal, du noir ou du rouge foncé. Le rouge pompier peut marcher sur de l’en-trée de gamme. Le rouge sur un point devente favorise les achats d’impulsion, maisrepousse les achats réfléchis. Si vous avezune caisse rouge, cela peut influencer pourdes petits achats spontanés. Si vous voulezvendre du bio, vous ne vendrez pas en rouge.

Et personnellement, quelle est votrecouleur préférée ?

Cela peut varier selon les moments. Notregoût des couleurs évolue en fonction des sai-sons. En automne, nous allons préférer lesoranges, mais pas en été. Inconsciemment, onaime le cycle de la nature et on le suit. Enhiver, on préfère le gris, le noir car la natureperd elle aussi ses couleurs.

Propos recueillis par Patricia de Figueiredo*Voir Chronique du roman : Culture Papier n° 26 p 30

Le dossier plaire et toucher JEAN-GABRIEL CAUSSE

Le noir vous va si bien Le noir fut longtemps la couleur réservée à ceux quin’étaient pas dans la séduction – les veuves, les religieux,les domestiques…. Les femmes et les hommes du mondearboraient des verts émeraudes, des rouges, des bleus…jusqu’au milieu du 19ème siècle. On doit le noir au Princede Galles, Edouard VII. Sa femme lui reprochait ses tracesde cigare quand il rentrait de son club. Il s’est donc faitconfectionner un vêtement noir et blanc, un « smoking ».S’ il ressemblait à un domestique, cette tenue a fini pardevenir ‘chic’ de part et d’autres de l’atlantique. Lors de la première guerre mondiale, les femmes ontremplacé les hommes dans les usines et ont laissé lesvêtements de couleurs. Dans les années 20, est arrivéela mode des ‘garçonnes’, elles s’habillaient en noir pourêtre rebelles, puis, là encore, c’est devenu à la mode.Mais la couleur va peut-être revenir grâce à AnnaWintour, rédactrice en chef de Vogue qui hait le noir !

Le rose a une influence apaisante

Une université israélienne a fait lire à ses étudiants, deschroniques judiciaires de meurtres et de viols, puis ilsdevaient, en jouant le rôle de magistrats, en rendre comptesous forme de questionnaires sur papiers de couleursdifférentes. Les émotions de ces derniers étaient nettementplus réduites quand ils lisaient sur des questionnaires roses.

Il n’y a pas une couleur qui fait plus vendre que les autres, mais pourcertains produits, il y a des couleurs qui marchentmieux que d’autres.

En matière d’urbanisme, il y a un vrai travail decolorisation à effectuer.

Noir et jaune est le contraste le plusfort qui existe et qui se reconnait plus que blanc sur noir C’est pour cette raison que les taxis new-yorkais sont jaune etnoir, pour que les gens les voient et qu’il y ait moinsd’accidents. Cela a été repris à Singapour et le nombred’accidents a baissé.

www.jg-causse.com

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La relation de la couleur et dupapier compte beaucoup tant sur lerendu des couleurs que la sensationde prise en mains.

Le roman Les crayonsde couleurs est le pre-mier livre en Franceà utiliser le WibalinFlexcover de Winter &Company. « Cette carteinnovante est spéciale-ment conçue pour laréalisation d'ouvrages

brochés, explique Philippe Schaner, sonresponsable commercial. Elle associe unegrande flexibilité de l'objet livre sansrisque de casser l'encre dans le dos et untoucher sensuel du papier par l'absence depelliculage. Elle renforce le caractère na-turel du papier sans rupture entre le ca-hier intérieur pour une plus grandediversité d'émotions tactiles. »

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Le premier stéréotype que s’attache à fairetomber Jean-Gabriel Causse, coloriste etécrivain, auteur notamment de L‘étonnantpouvoir des couleurs, et Les crayons de cou-leur est certainement révélateur : « La couleurest une illusion subjective. A chaque fois qu’onme demande de l’orange, on me cite Hermèscomme référence. Mais justement : subjecti-vement, on aura toujours le sentiment que leorange Hermès est plus beau. »

D’où cette question légitime : voit-on la couleurpour ce qu’elle est ou lui applique-t-on déjà desfiltres culturels ? De toute évidence, c’est laseconde option qu’illustre Jean-Gabriel Causse,qui n’est pas avare d’exemples amusants – maisô combien éloquents – pour étayer son analyse.

Couleurs & subjectivité

Nous sommes évidemment tous porteursd’une vision largement codifiée des couleurs.C’est même ce qu’indiquent certaines expé-riences, dont celle effectuée par un grandlessivier dans les années 50 qui a entrepris defaire essayer, à un même échantillon d’indivi-dus, trois paquets de lessive aux propriétésrigoureusement identiques. Seule variable :leur coloration. « Après utilisation, une trèslarge majorité a estimé que la lessive aux pail-lettes rouges lavait très fort, que celle auxpaillettes jaunes lavait plus légèrement et quecelle aux paillettes bleues apportait du frais »note Jean-Gabriel Causse, pour illustrer à quelpoint « la couleur conditionne nos perceptions ».

Plus étonnant encore, les couleurs peuventlittéralement brouiller nos sens : « Quand onenlève le colorant du Coca Cola lui donnantun aspect translucide. Tous croient que c’estdu Sprite ». Pour autant, il faut bien com-

prendre que les couleurs ne disent rien – ousi peu – par elles-mêmes et que c’est par unjeu de miroir qu’on cerne très exactement larelation que nous entretenons avec elles. Si chacun pourra effectivement percevoirune marque différemment, selon qu’ellechoisira de se parer de telles ou telles cou-leurs, la réciproque peut tout à faits’appliquer : ce sont parfois les marques,dans ce qu’elles nous évoquent, qui nousinclinent à percevoir une couleur différem-ment. D’où le caractère changeant etdoublement subjectif de ce qui prend aussila forme de « tendances »… Et c’est peut-être là le signe (assez effrayant, en un sens)qu’une marque est devenue forte : parfois,c’est elle qui redéfinit la façon dont on peutvoir une couleur. Et les exemples sont nombreux, au-delà del’orange d’Hermès…

Comprendre la couleur :une affaire de perception?

Jusqu’où les couleurs contribuent-elles à influencer nos perceptionset nos émotions ? Et comment les marques en jouent-elles ?Yoan Rivière, Rédacteur en chef du magazine Acteurs de lafilière graphique a entendu le point de vue de quatre expertshauts en couleur, lors du dernier petit-déjeuner de Culture Papier.

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Uniic’Color, une solution collectivede standardisation colorimétrique

Une démarche en trois étapes :

• établir un diagnostic après audit ;• permettre la mise en place d’une stan-

dardisation conforme à la norme ISO12647-2 (pour le procédé offset) ;

• faire attester de sa validité auprès desorganismes certificateurs si l’entre-prise souhaite relever de la certification.

C’est Christophe Villar, Directeur de Projetchez Graphic Audit Consulting, MeilleurOuvrier de France “Technicien de plate-forme prépresse” 2015 et expert certifiéUGRA, qui accompagne les entreprises pourl’obtention de la certification PSO.

Baccarat avec de beaux rouges -réalisation Studio Marianne Guely

Compte rendu Atelier Culture Papier

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Une marque est reconnuepar sa couleur à 80%

Si Alain Caradeuc, coprésident d’lmprim’Luxeet consultant stratégique rappelle que « larépétition crée la réputation » (il y a eneffet le gris de Dior, le noir & blanc de Chanel,le rouge de Cartier ou plus récemmentLouboutin, le bleu de Thierry Mugler, etc.).Aucune marque ne prendra le risque deperturber ses codes couleurs de marque sansune réflexion intensive en amont ». Même sidéterminer ce qui fait l’air du temps et y coller -voire l’anticiper - demeure une préoccupationcontinuelle des marques…

Couleurs & tendances

« Quand on me demande ce qui fait les ten-dances, je réponds souvent qu’il faut essayerde pousser les couleurs qui sont délaissées,justement parce qu’on ne les voit plus, » sug-gère Jean-Gabriel Causse. Plus encore, lecoloriste reconnaît que l’ère numérique, etle triomphe des écrans et des réseauxsociaux poussent vers des tendances deplus en plus spontanées, voire volatiles etéphémères : « Les choses vont de plus en plusvite et durent de moins en moins longtemps.Il suffit qu’une blogueuse influente s’habilleen vert pomme pour créer une tendance quis’évanouira vite », illustre-t-il. De là à penser que les modes s’enchaînentfrénétiquement sur des critères aussilégers, c’est oublier que les « codes » ontparfois le vernis dur [comme le confirme lapérennité de Pantone, qui « objective » lescouleurs – voir entretien] et de fait n’appel-lent pas toujours à être cassés. « Jecommence toujours mes journées avec desnuanciers papier. confie Marianne Guély,

artiste-artisan, fondatrice dustudio de création éponymepour son inspiration créative. Je tiremon inspiration de ce réflexe, etmême si nous avons de plus en plusde teintes à notre disposition, j’aitoujours cette volonté de respecterles codes. Je ne peux pas ignorerl’omniprésence du rouge dans lesecteur du luxe par exemple. »

Codes & couleurs

Un bon réflexe que le sien en l’occurrence,puisque si l’expression « casser les codes » estdevenue un irritant lieu commun, s’appliquerà déjouer les règles un peu trop au pied de lalettre peut aussi mener tout droit à des désas-tres marketing. « Notre rapport aux couleurs estévidemment extrêmement codifié » confirmeJean-Gabriel Causse, qui n’a aucun mal à illus-trer la chose. Si vous essayez, en France, devendre du lait écrémé autrement qu’avec dublanc et du bleu, vous allez vous planter. Parceque vous allez perdre votre cible ».

Cela n’interdit évidemment pas des position-nements subtils, voire singuliers, à conditionde mesurer les risques et d’adapter sonapproche en connaissance de cause. « Il estessentiel de bien connaître les gens et les uni-vers pour lesquels on travaille » soulève eneffet Marianne Guély, qui dit avoir parfoisrecours à des « couleurs du terroir très liées àdes territoires géographiques très précis etidentifiés », l’important étant bien de ne rienfaire sans bonne raison. Car les goûts et lescouleurs – qu’ils se discutent ou non – ne jus-tifient qu’exceptionnellement des choixstrictement arbitraires et c’est bien là qu’unéchange constructif doit s’instituer entre leprofessionnel et son client, pour dépasser lesclivages subjectifs j’aime/j’aime pas.

Le langage des couleurspermet le consensus

« Notre travail, c’est de convaincre » confirmed’ailleurs Jérôme Liniger, co-fondateur duStudio Irrésistible, agence conseil en com-munication visuelle, reprenant à son compteles célèbres propos de Steve Jobs suggérantqu’« un client ne sait pas toujours ce qu’il veut,avant d’avoir vu le produit ». Pour soulignerqu’« il faut incarner le spirituel dans la couleurà la manière des Maîtres chinois de l'encre"immatérielle". » Entre arguments techniques(précision colorimétrique, contrastes, lisibi-lité…) et débats de fond (image renvoyée,symboliques des couleurs, connaissance de lacible visée…), les tests multiples, c’est finale-ment souvent la force de conviction que portela couleur elle-même qui fera consensus. « Les couleurs doivent faire surgir une entente,un équilibre, presque une évidence » estime eneffet Marianne Guély, focalisée pour sa partsur le langage graphique et artistique. Or,peut-être y parviennent-elles parce que lescouleurs ont cet étrange pouvoir de convo-quer et fédérer dans un même élan lessubjectivités des uns et des autres. Ce neserait pas là le moindre de leurs atouts. Ni leseul, à vrai dire…

Yoan Rivière, Rédacteur en chef du magazine Acteurs de la filière graphique

09Le dossier plaire et toucher COMPRENDRE LA COULEUR

« Aucune marque ne prendra le risque de perturber ses codescouleurs de marque sans une réflexionintensive en amont » Alain Caradeuc, coprésident d’lmprim’Luxe

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Vitrine Dior, réalisation Studio Marianne Guely

Vitrine Occitane avec de beauxjaunes de chez Favini

Réalisation : Studio Marianne Guely

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« Il ne suffit plus de proposer un roman ou unessai mais de proposer une histoire avantmême d’ouvrir l’ouvrage, » annonce enpréambule Bénédicte Beaujon, directriceartistique du Livre de Poche et de Préludes.Avec plus 400 nouveautés par an, Le Livre dePoche a toujours été précurseur en designgraphique. A l’origine, dans les années 50,il s’est inspiré des paperback américains.Puis, les années 60 et 70 ont imposé plusde sobriété et de systématisme, avec deschartes graphiques plus uniformes. L’arrivéed’internet et des réseaux sociaux a induit desmodes différents de consommation, le livrepapier et la littérature n’ont pas échappé àcette transformation. « Il a fallu aller cher-cher les lecteurs qui étaient sollicités pard’autres tentations ludiques, que ce soit avecles jeux vidéos, les séries télévisées ou les jeuxen ligne » souligne Bénédicte Beaujon.

Les lecteurs doivent vite repérer leurs auteurs favorisL’imagination et la mise en avant de la cul-ture visuelle sont ainsi revenues au premierplan, tout comme une attention particulièreà une fabrication soignée. Le choix des cou-leurs est important, le lecteur doit vitecomprendre la sensibilité du livre. « Ainsi,pour Lorraine Pouchet nous sommes sur labienveillance avec ce bleu vif, le visuel en noiret gris de Nicolas Lebel intrigue, le jaune deGaël Faye surprend, enfin pour Pascal Lenoir,c’est la joie qui domine. Nous travaillons àdévelopper une charte graphique par auteur,même si nous devons aussi bien identifier lescollections comme les Polars ou les Thrillers,dont les visuels sont largement inspirés par lecinéma ou les séries. » L’un des meilleursexemples dans cette marque visuelle d’au-teur s’incarne avec Aurélie Valognes et sonmotif vichy décliné en plusieurs tons et surtous les formats. Pour les éditions collectorsdédiées à Stephen King ou Agatha Christie,« nous faisons preuve de plus de fantaisiedans ces chartes. » Cette liberté est saluée parles pairs puisque l’édition Stephen King a reçule Prix de la Nuit du Livre 2018 dans la caté-gorie : Livres de Poche.Autre défi, attirer de nouveaux lecteurs surles classiques où la concurrence est encoreplus rude, puisque le contenu intrinsèque nechangera pas d’une maison d’édition à uneautre. « Il nous faut donc démultiplier l’ima-gination visuelle. Et c’est très stimulant. »conclut Béatrice Beaujouan.

Le travail visuel devientun enjeu de marqueFrançois Lamidon a commencé sa carrièredans la publicité, avant de choisir l'indépen-dance, il a exercé son métier aux EditionsEyrolles et chez Flammarion. Dans ses deuxfonctions, il créé des champs d’expérimenta-tion, et fait évoluer les chartes graphiquesde maisons aux longues histoires éditoriales :« Le cas Raphaëlle Giordano est représentatifde l’évolution du métier, détaille-t-il. Si sonpremier roman a eu un succès confidentiel,son « Ta deuxième vie commence quand tucomprends que tu n'en as qu'une » lançait lemarché du « feel good book ». La couverturetrès graphique autant que le titre ont beaucoupcontribué à l’émergence du livre. Ce fut un travailglobal réalisé par la maison d’édition et en étroitecollaboration avec l’éditrice et l’auteure. »

Autre exemple remarquable de l’attractivitéexercée par l’originalité de la couverture :« Le pouvoir des gentils » avec en couverture« de vrais poils de nounours qui ressortent etque chacun peut caresser », précise son créa-teur ! « Cette initiative a beaucoup fait parleret nous avons bénéficié de nombreusesretombées médiatiques. J’avais voulu appor-ter l’idée de gentillesse par un rendu sensuelet affectif par rap-port à l’objet. Leslecteurs y sont sen-sibles. Certes le coûtpour un éditeur estréel, mais le jeu envaut la chandelle, etc’est de moins enmoins un frein. »

Comment l'édition capte-t-ellel'attention des lecteurs ? Du papier à la couverture, de la couleur à l'illustration, la forced'un livre ne tient plus uniquement à son auteur, mais aussi àsa mise en scène comme objet de séduction. Quatre témoinsont fait part de leur expérience créative, lors de cette tableronde organisée par Culture Papier lors du Salon Livre Paris.

« Nous avons adapté le livre aux codes visuelsde nouvelles pratiquesculturelles et induit unrevirement, un jeu deséduction entre le lecteuret le livre » Bénédicte Beaujon, directrice artistique du Livre de Poche

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Jacques Taquoi , Bénédicte Beaujon, Serge Safran, François Lamidon

Compte rendu Atelier Culture Papier

Le dossier plaire et toucher

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Le dossier plaire et toucher COMMENT L’ÉDITION CAPTE-T-ELLE L’ATTENTION DES LECTEURS

C’est notamment en pensant aux journa-listes et aux relais d’opinions que FrançoisLamidon aborde son métier de créatif : « Jeme demande comment le lecteur va réagir,comment la presse va en parler. Il existe tou-jours un aléa créatif mais quand il estmaitrisé, cette disruption est très efficacepour attirer le regard sur un productionéditoriale. Comme pour « Sunday, Monday,Happy Days » avec une dorure à chaud surle titre et le bandeau. » De même chezLarousse, maison à l’image référentielle, quise lance dans le roman. Ici, l’éditeur choisitdes solutions graphiques proches de l’ex-pression d’éditeurs de livres de poche etpartiellement en rupture avec son identitévisuelle originelle.Autre exemple d’une réflexion forte surl’identité visuelle dans l’activité d’un éditeur :Les presses de l’école des hautes études ensanté publique. « Il faut penser le design dulivre de façon globale, insiste le directeurartistique indépendant car il faut penseraussi déclinaison visuelle : conférences etcommunication web. »

Les couvertures illustréesconstituent un investisse-ment économique

« Dans les années 90, le graphisme des couver-tures n’était pas une préoccupation majeure »rappelle Serge Safran, éditeur indépendantdepuis plus de 20 ans. Après avoir co-crééles éditions Zulma, il a fondé, depuis quelquesannées, les éditions qui portent son nom.« Je suis admiratif de voir toute cette créativité,pourtant, le contenu m’a toujours intéressé

en premier lieu. Quand j’ai fondé les éditionsSerge Safran, la question de la couvertures’est posée. J’ai alors fait appel à une amiemaquettiste ». Les premiers romans restentclassiques, sortent avec une couvertureblanche, sobre, symbole selon lui de la vraielittérature « avec juste le petit logo en formede poudre de safran, qui pouvait aussi évoquerune tache de sang ».

Mais il fallait pourtant la différencier sur lesétals des libraires. Ce fut l’apport du bandeau« La Comédie Française sous l’occupation »pour le roman « Bérénice 34-44 » d’IsabelleStibbe. Serge Safran prend vite conscience quecela ne suffit pas : « Gallimard ou POL habillentaussi leur couverture blanche d’un bandeau. »

La première démarcation aura lieu avec l’es-sai sur Sempé qui lui donnera un dessin. Puisse décide un tournant par l’usage d’une monocouleur : orange pour rappeler le safran dansun premier temps, et puis le noir. Résultat :« Les couvertures se repéraient bien mais nepermettaient pas de différencier les auteurs !Les couvertures illustrées posent un problèmeéconomique, il y a la création, la maquette,le passage couleur… Mais mon directeur desventes m’a fortement incité à changer la cou-verture. J’ai commencé avec « Mon mari et moi »d’Elisabeth Jacquet : une couverture noire, avecun papier soft touch très doux mais qui n’a plusle désagrément de laisser des traces de doigts !Les retours ont été très positifs. J’ai gardé lepistil de safran en bas à droite mais la nou-veauté aussi vient du visuel qui est différentà chaque ouvrage. Pour « La Fille du Van » deLudovic Ninet, l’image est très travaillée avecce visage qui se reflète sur la route. Le livre arencontré son public et a été sélectionné dansde nombreux prix. » conclut Serge Safran.

Le papier est un objet deséduction, tant lorsqu’ilparfait une couverture,que lorsqu'il habillel’intérieur d’un livre

Pour Jacques Taquoi, président de la Nuitdu Livre®, le livre est bien un objet deconvoitise : « Si nous nous inquiétons derécompenser le métier de fabricant de livre,cette cérémonie met avant tous les plus beauxlivres de l’année en compétition. C’est à l’écoleEstienne, que se réunit le jury. Les couvertures,les qualités d’impression et les techniques defaçonnage doivent convaincre et doivent sedépartager. » S’il est vrai que le premierréflexe d’un lecteur est de tenir entre sesmains, de « toucher » un livre, son achat estavant tout une histoire de séduction. C’estun coup de cœur. Le feuilletage de soncontenu, le visuel extravagant de sa couver-ture ou la typographie originale de sonintérieur ont leurs plaisirs spécifiques, leursesthétiques propres. Le livre comme objet de séduction n’est certespas chose nouvelle. Jacques Taquoi précise : « Le livre objet a toujours existé. À la fin du 19esiècle, les livres pour enfants étaient déjà desmodèles du genre. Puis au fil du temps, lescontraintes économiques notamment le coût dela main d’œuvre ont fait partir beaucoup deréalisations hors de France, dans des pays où lecoût du travail est bien plus attractif. » Maisnotre époque se distingue par la façon dontelle s’est émancipée des traditions. JacquesTaquoi poursuit : « Les progrès techniques desmatériels, dus à l’ingéniosité des industriels,permettent aujourd’hui des impressions en 5 ou6 couleurs (quadrichromie + 1 PMS ou + 2 PMS)sur des papiers de création, très difficilementimprimables il y a encore quelques années. Desinnovations rendues possibles notamment parle développement du procédé UV. »

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« Le graphisme dépasse lecadre du livre pour devenirun outil de communicationplus large. » François Lamidon, directeur artistiqueindépendant

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Peu d'objets peuvent se targuer de tellespossibilités d’inventivités. Pour JacquesTaquoi, « Le petit traité d’éducation lubrique »,aux éditions Points, est un bel exemple de cemélange d’élégance et de subtilité avec sacouverture que l’on déshabille laissantdécouvrir un nu de Modigliani. La Nuit duLivre® se soucie de récompenser les ouvragesles plus spectaculaires. Primé lors de cettecérémonie « 10 chaises », un 100% pop-upétait le Grand prix du jury de l’année dernière.Les lauréats Livre de poche de Ken Folletavec un jaspage sur tranche argent, etd’Agatha Christie avec un flocage sur lamoustache de la couverture sont tantd’exemples d’avancées. Tout comme l’ou-vrage en Leporello avec une découpe auxéditions Apeiron, réalisé par un imprimeurfrançais d’exception.

« S’il y a une chose admirable, c’est que la créa-tivité du livre objet n’a pas de limites. Portéeet stimulée par les techniques d’aujourd’huiseule l’économie peut freiner l’inventivité », seréjouit Jacques Taquoi. Le beau se retrouvedésormais dans toutes les collections et danstoutes les catégories de livres, pour le plusgrand bonheur des lecteurs. »

Couverturesde presse : la couleur a un coût

« Il ne faut jamais oublier que le défid’une couverture de magazine estd’arriver à se distinguer au milieu dedizaines d’autres dans un kiosque depresse. » insiste Patrice Cuvelier,directeur de production de ComposJuliot. La couverture reste le premiersupport de vente. » Le paradoxe vientque pour des raisons de coût, leséditeurs de presse s’appuient de plusen plus sur des images de banquesd’images qu’il incombe aux agences detransformer. « Cette expertise n’est plusen interne chez les éditeurs » complètePhilippe Eckert, responsable Imagede Compos Juliot. Elle exige demultiples valorisations : de la retouchephoto, à la gestion colori-métrique, de laconformité des couleurs au rendu surpapier. D’autant que la couleur a uncoût. Les rendus de couleurs, l’utilisationde couleurs Pantone ou créatives (Fluo)et les ennoblissement (vernis sélectifspar exemple), sont déterminants pourcapter la curiosité des lecteurs etfavoriser les taux d’ouverture. »

« Le beau se retrouvedésormais dans toutes lescollections et dans toutesles catégories de livre, pour le plus grand bonheurdes lecteurs. » Jacques Taquoi, président de la Nuit du Livre®

Le point de vue de Culture Papier

Le livre est un objet donnant un accèsprivilégié à de nouvelles générations à labande dessinée, au manga, et à l’évasionlittéraire. Même si en la matière c’est lelecteur qui remet les pieds sur terre auxéditeurs. L’ennoblissement se positionnecomme un enjeu de séduction économiquequ’il convient de relocaliser en France.Avec des offres créatives et des tech-niques appropriées, d’autant que la filièrerespecte les règles d’éco-conception à lafois rigoureuses et efficaces.

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« La première de couv, c’est unevitrine insiste Yvelise LEBON,directrice générale de ComposJuliot, qui a pour vocation decapter l’attention du client poten-tiel en quelques secondes pourlui donner envie d’aller plus loin.La première de couv parle direc-tement à l’imaginaire, séduit, faitrêver. L’acronyme « CAPTIVER »symbolise bien ses fonctions prin-cipales : C comme Cibler, A commeApparence pour installer la mise enscène, P comme Premier élémentvisible pour le client, T commeTitres, I comme Information dis-ponible, V comme Visuel, E commeEquilibrer la chromie, les couleurs,R comme Retoucher les photos. »Le travail de l’agence doit intégrer

la charte graphique et le territoirede marque du client et doitporter une attention toute par-ticulière à l’univers choisi, àl’équilibre des titres et des visuels,à leur positionnement dans lapage, au rendu des couleurs, àla typo... faisant intervenir demultiples métiers et expertises.« Il faut savoir anticiper lesmodifications de perception descouleurs du passage de l’écranau papier. » rappelle JulienBruneau, Directeur artistiquepour Compos Juliot. Le papierreste aussi un support sensorielpour se démarquer et renforcerla durée de vie du catalogue chezle client. »

Couvertures de catalogue :anticiper la perception descouleurs de l’écran au papier

La Nuit du Livre > Lauréats 2018

Prix Bandes dessinées et Mangas

Les chevaliers d'Héliopolis « Nigredo » BD Empher ÉditionsFabricant : Jean-Marc PinonIllustrateur : Jérémy PetiqueuxAuteur : Alexandro Jodorowsky

Prix Albums JeunesseLa bataille des grenouilles et des souris Éditions AmaterraFabricante : Guénolée AndréAuteur : Daniele Catalli

Prix Livres sur papiers recyclés

Mai 68, Révolution essentielleÉditions Aldacom

Fabricant : Alain d'AmatoAuteurs : Alain d'Amato &

Jean Hillaireau

Prix Livres animésLa déclaration universelle

des droits de l'hommeÉditions Albin Michel

Fabricante : Alix WillaertAuteur : Jean-Marc Fiess

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Quel est votre rapport et vos usages dupapier ?

Je suis attaché aux livres papier. Ils permet-tent un rapport charnel, physique. J’aime lescorner, les souligner. La lecture sur papierpermet une liberté plus grande. J’ai essayé delire sur une tablette mais je n’y suis pas arrivé. Au niveau de l’écriture, nous fonctionnonsbeaucoup par mail. Cependant aux gens quim’écrivent des lettres, je me fais un devoir deleur répondre de façon manuscrite. Person-nellement, je prends des notes à la main. Mapensée se forme plus facilement au rythme dustylo. Il est démontré qu’il faut savoir écriresoi-même, former les lettres avec son stylo.

Quel regard portez-vous sur la politiquedu ministre de l’Éducation nationale,Jean-Michel Blanquer et notamment savolonté de faire de l’apprentissage de lalecture une priorité ?

L’essentiel est l’orientation générale, c’est-à-dire l’apprentissage des fondamentaux que jesoutiens. L’école, c’est l’égalité des chances.Sans fondamentaux, les enfants ne peuventpas avoir la capacité de réussir dans l’en-seignement secondaire et dans leur vieprofessionnelle. Lire, écrire, compter, nécessite

de donner plus au départ à ceux qui ont moins.Le dédoublement des classes, dans les coursélémentaires premières années dans les zonesprioritaires d’éducation renforcée, puis dansles zones prioritaires est une bonne démarche.

Des associations comme « Lire et fairelire » sont utiles ?

Nous avons besoin de ce type d’associations,de soutiens scolaires, à tous les âges de la vie.Vous avez des personnes qui arrivent enFrance qui ne maîtrisent pas la langue. Orsans la langue, il n’y a pas d’intégration possi-ble, ni de voisinage, ni sur le marché du travail,ni de comprendre les valeurs d’un pays. A titre d’exemple, dans ma circonscriptionaux portes de Montmartre, s’est déroulé enavril le Salon du livre pour la jeunesse soli-daire avec un éditeur qui vend des livres à80 centimes. C’est une porte d’entrée à lalecture pour tous. Je soutiens ce type d’ini-tiative citoyenne. Tout comme le travail deBiblionef. Apprendre c’est comprendre,comprendre c’est accepter les différences.

Les bibliothèques de Paris sont ouvertes38 heures par semaine à Paris, vous sou-haitez des plages horaires plus larges ?

A titre de comparaison, elles ouvrent 78 heuresà Londres, 98 heures à Copenhague, 88 heuresà New-York. Il est évident qu’il est nécessaired’ouvrir plus tard le soir, le dimanche.

J’ai suggéré également qu’il soit possible auxprimo-arrivants ou à des personnes adultes quine maîtrisent pas ou peu la langue française derecevoir du soutien dans l’apprentissage.

On accuse le papier de détruire la forêt,pourquoi cette méfiance envers cettematière ?

Cela dépend de quel type de papier. Il y a eudans le passé des abus, je pense que cela

vient de là. Mais désormais, Il existe unpapier équitable. Il doit y avoir un effortd’information et de pédagogie. Il ne faut pashésiter à utiliser la version papier, respec-tueuse de l’environnement.

Les kiosques à Paris, et plus généralementles marchands de presse, sont un maillonessentiel dans le tissu de proximité,quelles démarches devrait-on entrepren-dre pour les soutenir ?

Il faut leur permettre de devenir des entrepre-neurs. Ils doivent pouvoir continuer à diffuserde la presse quotidienne, des magazines,dans la diversité et la pluralité nécessaire àla démocratie. Il faut leur permettre dansleur point de vente d’élargir leurs offres carmalheureusement ils ne peuvent plus vivreseulement de la vente de la presse.

Les librairies aussi peuvent être menacées…

La dernière enquête de l’APUR pointe ladisparition de 152 points de vente deslibrairies-marchands de journaux entre2014 et 2017. C’est un recul inquiétant.Il est essentiel de les défendre et notamment,dans le cadre du projet de la diversificationcommerciale, c’est-à-dire dans certains quar-tiers où s’est installé de la mono-activité.Nous devons, par un volontarisme politique,créer des zones protégées avec des portionsde rues qui permettent de remettre des acti-vités à vocation culturelle et notamment deslibrairies, en particulier dans les quartierspopulaires où il ne reste plus rien. De même,dans des quartiers plus favorisés, il faut deslocaux préemptés ou à loyers modérés pouréviter que les grandes enseignes ne monopo-lisent les pas-de-porte. Faire vivre des lieuxde culture dans chaque quartier, c’est l’es-sence même de Paris .

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Maintenir des lieuxà vocation culturelle

Député de Paris, vice-président de la Commission des affairesculturelles et de l’éducation, Pierre-Yves Bournazel promeutla lecture sur papier et défend ces lieux de proximité culturelleoù le public peut apprécier la sensualité du support papier.

Les bibliothèques sont unlieu de culture, d’appren-tissage, de partage.

Je ne veux pas qu’ilsdisparaissent car ils sontl’âme de nos quartiers,des points de culture.

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Pierre-Yves Bournazel, député de Paris, Vice-président dela Commission des affaires culturelles et de l’éducation.

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L’enveloppe est une matière noble

L’enveloppe a pris de plein fouet la diminution de la baisse ducourrier et des budgets de marketing direct. Pascal Haffner,directeur général de GPV France, reste positif, persuadé quel’enveloppe sort de dix années de secousses pour répondre auxopportunités offertes par l’économie responsable.

Dans un contexte de raréfaction du cour-rier, quelle est la situation du secteur del’enveloppe ?

Nous résistons à une baisse structurelle dumarché depuis 2008 de 5 % par an, année qui,en plus de l’arrivée d’internet en 2000, a vuéclater une crise financière d’une ampleurmajeure. Cela a conduit les entreprises à baisserleurs budgets marketing avec, mécaniquement,une diminution de l’utilisation du courrierpapier et une augmentation de la dématériali-sation. Enfin s’est ajoutée une crise dans la VPCdu Nord. Mais désormais, la régression se faitplus lente et je pense que dans 5 ans, nousallons nous rapprocher d’un socle.

Comment GPV France se positionne sur cemarché plus tendu ?

Nous avons la chance d’avoir un actionnairefamilial, le groupe allemand Mayer-Kuvert-Network, qui souhaite défendre son métier etcontinuer à pérenniser la filière. Il faut êtrede plus en plus compétitif en développant unmaximum de services. Nous travaillons surdu marchandising, nous offrons une préconi-sation et des mises en marché à nos clients.Deuxièmement, notre site internet proposedu B to B et nous avons été parmi les pre-miers à proposer ce service en ligne.Enfin le troisième axe concerne l’innovationet la diversification des produits, toujoursautour de la correspondance, de l’emballageet de la sacherie. Cette activité à travers notremarque GPV Pack’n Post® correspond àprès de 20 % de notre offre catalogue.L’interdiction du sac plastique représenteune opportunité pour notre secteur.

Le marché des enveloppes en papier recy-clé est-il développé ?

Il reste confidentiel. Nous avons une gammeGPV Green ERA Pure® en papier 100 % recy-clé et extra blanc, et aussi du recycléstandard, du recyclé scolaire et enfin GPVGreen® ECO, une gamme écologique et éco-nomique. Mais l’ensemble ne correspondqu’à 10 % de nos demandes. Le Grenelle del’Environnement avait accéléré la prise deconscience mais depuis, l’élan s’est tassé.

Etes-vous attentif à l’écoresponsabilitéet comment concevez-vous votre poli-tique RSE ?

Nous la développons sur 5 axes qui se com-plètent : la certification, la labellisation, lesdémarches qualité, les démarches environne-mentales et enfin les ateliers protégés avec letravail manuel de personnes handicapées.Nous sommes certifiés et labélisés : ISO9001, ISO 14 001, NF, FSC®, PEFC et nousutilisons plusieurs axes pour réduire notreempreinte carbone. Nous sommes trèsengagés à faire passer le message à nos col-laborateurs et à nos clients.Nous développons une vraie démarche RSE ;70 % de nos produits sont certifiés et nouspasserons à 80 % dans 5 ans. Nous dévelop-pons également un programme de diminutioncarbone de 2,1 % de tonnes de CO2 par mil-lions d’enveloppes produites par an. Nousachetons du papier issu de forêts gérées dura-blement à 94 % et nous passerons à plus de95 % dans les 5 ans. Nous agissons sur l’impactde nos déchets avec par exemple une diminu-tion de 5 % de tonnes de déchets dangereuxproduits par million d’enveloppes par an.

Si vous aviez un message à fairepasser aux élus sur le papier et survotre secteur en particulier, quelserait-il ?

Notre industrie a réalisé beaucoupd’efforts pour devenir propre, écolo-gique et contrôlée. Alors que nousn’entendons pas de critiques sur lesimpacts de la numérisation et lestockage des données qui ne sont pasneutres au niveau carbone. Nous necombattons pas le numérique, nousvoulons simplement que les citoyensconservent le choix de recevoir leursinformations sur papier ou par inter-net. L’Allemagne, le Royaume-Uni,

l’Espagne laissent une plus grande liberté auconsommateur. Le prétexte de supprimer lepapier est économique pas écologique.

Pourquoi soutenez-vous Culture Papier ?

Acteur majeur de la correspondance postale,GPV France soutient Culture Papier dans sesmissions visant à placer le papier au cœurdes enjeux de notre société.Nous croyons fortement en l’avenir du papier.Nous soutenons toutes les initiatives qui oeu-vrent pour la valorisation de la filière.Matière propre, renouvelable, noble, sécuri-sée et efficace, le papier cumule des qualitésmultiples. A l’ère du digital, le courrier papiera cette force qui permet de se démarquer,d’interpeller, de susciter l’intérêt…Les nombreuses études sur le sujet démon-trent invariablement que les consommateursy restent très attachés et ont toujours autantde plaisir à recevoir du courrier dans leurboîte aux lettres. C’est pourquoi il est primordial d’en assurersa promotion et son développement. PdF

Il faut arrêter de dénigrer etde détruire l’image d’unematière première ultra-propre, ultra-sécurisé.

Nous défendons une matièrenoble qui va continuer àexister et qui va muter endevenant intelligente, tout ense combinant au numérique.

GPV en France• 1872 est la date de son origine.• Filiale du groupe familial alle-

mand Mayer-Kuvert-Network,leader de l’enveloppe en Europesous différentes marques dans20 pays.

• GPV France : 250 collaborateurs sur 3 sites : Saint-Amarin, Strasbourg, Annonay.

• LION ENVELOPPE sn, filiale de production baséeprès de Roanne : 30 personnes.

• + de 3 milliards de produits par an.• + de 50 millions d’euros de CA.

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Un métier du papier

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Page 18: Comprendre la couleur Capter l'attention - culturepapier.orgculturepapier.org/wp-content/uploads/2018/06/Magazine_Culture_Papier_29.pdf · « Le papier reste un support sensoriel

18Suivez la trace des artistes celebres qui ont apporte leurtalent pendant des siecles pour les grandes causes natio-nales et les appels publics a l’epargne ; comme Poulbot,Chavannaz, Colin, Savignac, Leroux, Droit, Hansi, Seignac,Faivre, Miercoles, Jonas, Broders, Capiello, Eric, Trez, etc.

Participez au 1er concoursd’affiches sur le thème de : La Finance, amie ou ennemie ?Concours ouvert à tous les dessinateurs, graphistes,illustrateurs, peintres, professionnels ou non.

Depot des dessins du 04 avril au 28 juin 2018 a la Maison del’Épargne (20, rue Cujas, 75005 Paris, les mardi, mercredi etjeudi de 10h a 18h) ou par courrier, au 5 rue Frederic Bas-tiat 75008 Paris.Culture Papier est partenaire de ce concours dont les résul-tats seront dévoilés le 25 septembre à la Maison de l’Épargne.Le jury présidé par Gérard Auffray, est composé de : Gérard Auffray, Président, fondateur et mécène de la Maison del’Epargne Marie Bastille, Agent d’illustrateurs PhilippeGeluck, Dessinateur, auteur de la bande dessinée Le ChatAlain Gesgon, Président du CIRIP Alain Kouck, Présidentde Culture Papier Didier Pasamonik, Directeur de col-lections, commissaire d’exposition, spécialiste de la BDPatrice Tardif, fondateur d’Ultra-book Thierry Verret,Directeur artistique, consultant du titre chez Challenges, Evéne-mentiel, Sciences et Avenir, Bien Vu, Liaisons Sociales Magazine...

Voir modalités du règlement sur www. www.maisondelepargne.fr ou sur le site www.concours-affiches.fr

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Le bois, matériau etsourced’énergie responsable

Est-ce bien nécessaire de faire une cam-pagne pluricanal (télévision, radio, presse,web) pour promouvoir la consommationdu bois ?

Il faut sortir des poncifs et rappeler la réalitéet les qualités responsables d’une ressourcenaturelle et le faire savoir. Les Françaisméritent mieux qu’un pseudo « retour à lanature » ou la lutte contre « la souffrance duvégétal » ! La forêt pour s’épanouir a besoind’être gérée et cultivée. Au-delà du poidséconomique important, 60 milliards d’eurosde chiffre d’affaires et plus de 400 000emplois pour l'essentiel au cœur de nos ter-ritoires, il s’agit de valoriser une ressourcenaturelle renouvelable indispensable pournotre économie, pour capter le carbone etlutter contre le réchauffement climatique.Sortons aussi de la contre - vérité d’une « destruction » de la forêt française : ellea doublé en 2 siècles (155.000 km2

aujourd’hui vs 75.000 km2), et regorge debois (1er stock de bois en forêt de l’UE) !

Le grand public ignore souvent quecultiver le bois, c’est participer à lagestion durable des forêts. Expliquez-nous cette réalité ?

Elle est très simple ! Lors de la photosyn-thèse, les arbres émettent l’oxygène que nousrespirons. Durant leur croissance, ils séques-trent ainsi le CO2 gaz responsable de l’effet deserre. La forêt française stocke chaque année87,9 millions de tonnes de CO2. Un arbre encroissance séquestre une tonne de CO2 parmètre cube de bois produit. Récolter lesarbres à maturité permet d’éviter qu’ils sedégradent en forêt et ne rejettent alors le CO2emmagasiné durant leur croissance. La filièrevalorise la forêt tout le long de son entretien.Ainsi, les coupes d’éclaircies indispensablesau développement des arbres sont la matièreessentielle au papier. Sans la filière papier-carton, l’entretien des forêts n’est pluséconomiquement viable…

Quelles sont les valeurs ajoutées d'uneculture raisonnée du bois ?

Toute la filière Forêt-Bois contribue à réduirel’effet de serre tout en favorisant la diversitéde la biodiversité. Hors de la forêt, le stockagedu CO2 se prolonge au sein même des produitsbois ou à base de bois ! Enfin, il existe aussiun effet de substitution résultant de l’usagedu bois en remplacement d’énergie ou dematériaux plus émetteurs de gaz à effet deserre. Au total la séquestration en forêt, lestockage et l’effet substitution représentent

129,8 millions de tonnes de CO2 par an, soit26% de nos émissions nationales.Il ne faut pas là aussi se tromper de combat ;une utilisation accrue du bois, provenant deforêts gérées durablement, la renforce. Il fautfavoriser la transformation du bois : boisconstruction, bois emballage, bois énergie,mobilier et métiers d’art... autant d’utilisationsfaibles en carbone, aussi passionnants pourles innovations qu’elle suscite pour les savoirsfaire qu’elle transmet. OLG

Vous ne pourrez pas la manquer. C’est toute une filière Forêt-Bois qui s’engage dans une campagne de communicationspectaculaire pour la culture et la consommation du bois.L’enjeu sociétal est majeur, rappelle Eric Toppan, adjoint au Directeur Général de Fransylva.

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Un important dispositif multimédia jusqu'au 31.08.2018.avec pour objectif d'augmenter en volume la consommation

de bois en France et accroître les parts de marché pour laproduction française.

La filière communique

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20 Le chiffre à retenir

72 % des Français considèrent leséchantillons comme des cadeaux**

Les Français souscrivent aux qualités de l’échantillon publicitaire Le point de vue de Culture Papier

Toutes les études concordent,l’échantillon est perçu comme un vecteurd’engagement. Il permet aux marquesd’apporter les preuves tangibles desbénéfices de leur produit. D’autant qu’enintégrant des critères qualitatifs dans sonéco-conception, l’échantillon renforceune démarche aussi efficace queresponsable de l’émetteur ; comme parexemple, limiter les perturbateurs(impression jet d’encre, pelliculage, filmsPEBD, …) et les suremballages, favoriserle vernissage, la micro-perforation desfilms, l’emballage mono-matière, … pour mieux recycler et économiser les ressources.

Sources : *CSA- Base « ont déjà reçu par ce canal » - Mars 2016**Mediaprism – Juillet 2013

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apprécient les échantillons gratuitsvecteur de partage ente la marque et le consommateur**

74%pensent que les marques qui distribuentdes échantillons en imprimés publicitaires sont généreuses*.

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ont déjà acheté en magasin après avoirtesté un échantillon reçu dans leur boîteaux lettres de façon adressée*.

68%ont déjà acheté en magasin le produit pourlequel ils avaient reçu un échantillon auformat imprimé publicitaire*.

> non intrusif89 %

aimeraient recevoir des échantillons plus régulièrement**.

72%considèrent les échantillons comme des cadeaux**.

> responsable88%

estiment qu’en distribuant des échantillons, les marques montrent qu’elles ont confiance en leurs produits*.

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21Le papier innovePreuves à l’appui, le papier, décliné sous ses diverses formes,n’arrête pas d’être dynamique et de susciter de nouvelles créations.

Nouveaux KiosquesParis se dote de nouveaux kiosques, plusgrands, plus conviviaux. D’ici à l’été 2019,360 kiosques seront modernisés et designéspar Matali Crasset et 49 seront rénovés etconservés en l’état.La Mairie de Paris souhaite maintenir et valo-riser l’activite de vente de la presse surl’espace public, et soutenir la profession deskiosquiers, en apportant des améliorations aleurs conditions de travail et leurs ressources.La gestion est confiée à Mediakiosk.Le premier modèle a été installé Place d’Alésia,puis dans le 12e, 13e et 18e arrondissement.Le concept inédit de libre-service permet dedécouvrir agréablement les titres de presseainsi qu’une offre de produits variés et deservices utiles et pratiques, pour se dépanneren mobilité. Par ailleurs, une centaine dekiosques sera équipée, en extérieur, d’un écrannumérique tactile, permettant aux citadinsd’accéder à des informations et à des servicesgéolocalisés par quartier.Une bouffée d’oxygène pour un métier enmutation.

Éditions EvalouBienvenue à cette nouvelle maison d’édi-tion jeunesse créée par un ancienbibliothécaire, David Ribet, qui met l’accentsur les questionnements de l’enfance, abor-dés avec humour et légèreté. Les thèmesautour de l’acceptation de soi, le respect dela Nature ou l’amitié seront les plus sou-vent traités. Les premiers dans la collection« Savane » font la part belle à l’illustration.Le Lion et le Pélican, Le Chasseur et leLézard, sont sortis en avril.

MiaouLe groupe Prisma croit au papier et surtout aubeau papier ! Après Flow, voici donc Miaou,qui est largement inspiré de son modèle. « Larevue pour ronronner de bonheur » comme leclame le sous-titre de ce Mook, qui navigueentre livre et magazine. Ce feel-good book « pour les amoureux des chats et du papier »vise le haut de gamme. Par son papier juste-ment, épais, avec une belle prise en main, soncontenu-photos de qualité, ses textes, supervi-sés par Isabelle Colin, spécialiste ès relationsfélines et pour le premier numéro un témoi-gnage d’Anny Dupérey ou un article sur unhôtel pour félins urbains !170 pages « de félinothéraphie » auxquelless’ajoute une frise-déco dépliante et unedizaine de goodies papier, notamment desfiches, des cartes postales, des stikers ou descarnets. Avec un prix élevé, ce mook de « presse de niche grand public » comme lesurnomme Arnaud Sagnard de L’Obs, est unpari sur la qualité.Trimestriel. 9,99€. Prisma

www.mediakiosk.fr www.evalou-editions.fr

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La Nuit du Livre> Lauréats 2018

Prix Livres Responsables

Johnny Hallyday,6E SENS ÉditionsFabricants : Marie-Laurence Vieillard & Gérard PonsonAuteur : André Bercoff

Le papier innove

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À vos agendasÉVÈNEMENTS - ATELIERS : CULTURE PAPIER

Atelier Culture Papier30 mai - Palais de Luxembourg (8h30-10h) Le papier est-il une matière recyclable comme les autres ?La France a mis en place l'un des outils de recyclage dupapier usagé le plus performant en Europe. Pourtant lepapier sous toutes ses formes ne cesse d'être accusé degaspillage. N’est-ce pas oublier les qualités de recyclabilitéde cette ressource naturelle et renouvelable ? Intervenants confirmés : Laure Berranger (Stora Enso),Déborah Dorosz (Antalis), Gabriel Langlois (Norske Skog),Philippe Groulez (Paprec)

Atelier Culture Papier21 juin - (8h30-10h)Le média courrier n'a pas dit son dernier mot :proximité, efficacité, pertinence et responsabilitéComplémentaire du digital, le média courrier reste plébiscitépar les français, comme le montre les résultats de Balmétrie2018 (baromètre de l’audience de la boîte aux lettres).C'est aussi un média efficace pour les marques et lescommerces locaux : le media courrier favorise lafréquentation des magasins et sur les sites e-commercegrâce notamment à l’émotion qu’il suscite.

Le média courrier est également un media responsable.L'atelier réunira experts et annonceurs pour qui le média courriera un bel avenir devant lui.

AUTRES ÉVÉNEMENTS4ème Festival Quartier du Livre du 23 au 30 maiParrainé par David Foenkinos, et organisé à l’initiative de FlorenceBerthout, maire du 5ème arrondissement, la 4ème édition regroupe 250événements autour de la littérature sous toutes ses formes au cœurdu Quartier Latin. Anniversaire de Mai 68 oblige, de nombreusesrencontres seront dédiées à cette commémoration historiquewww.quartierdulivre.fr

2018-2020 Lancement de la campagne Ensemble pour un pays de lecteurs.Mobilisation pluriannuelle pour le livre et de la lecturesouhaitant développer l’action de Lire et faire lire à laquelleCulture Papier s’associe convaincue qu’il est urgent de susciterl’envie de lire chez les enfants et les jeunes à travers lamultiplication de bénévoles. Plus d’infos : www.lireetfairelire.org

Japan Expo du jeudi 5 au dimanche 8 juillet Porte de Versailles www.japan-expo-paris.com

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Unique élève du maître pastelliste, RogerMilhomme (1913-1999), Nà Luther a apprisdans son atelier du Lot pendant plusieursannées tous les secrets de ce matériau, àmi-chemin de la peinture et du dessin, etla technique si fascinante de n’utiliser queses doigts pour étaler la poudre de pastelsur le papier. C’est de cette estompe de centaines de cou-leurs (plus de 700 teintes de batônnets secs)si minutieusement caressées que nait cettesensualité incomparable pour capter lalumière et restituer toutes les matières.

« Le pastel pourtant n’est pas un outil, insistece natif du Laos aux origines indo vietna-miennes, en France depuis sa jeunesse, quifusionne l’imaginaire de deux cultures, c’estde la couleur que naissent les formes. »Comme tout artiste, il a refait toute la généa-

logie de son art. Nourri des natures morteséclairées à la lumière des bougies desgrands européens du XVII et XVIIIème siècles,c’est tout naturellement que son catalogues’est constitué de magnifiques séries de « Poteries », de « Fleurs », de « Coquillages »,de « Fruits », de « Légumes » et … de « Livres ».

Pour son travail, Nà Luther a essayé beau-coup de nature de papier, « certains étaienttrop doux, trop poudrés, trop velours d’autrestrop abrasifs. Après j’ai dessiné sur un papierà dessin classique mais il était alors troprêche, car j’estompe avec les doigts. Le papier,marouflé sur un épais carton non acide, doitabsorber assez de matière et je souffle trèsfort pour enlever le surplus de poudre avantd’être mis sous verre. J’ai trouvé un papierpastel mat que l’on trouve dans tous lesmagasins de Beaux-Arts. »

Mais il a tenu à développer son propre univers,avec sa série de « Carnets de voyages » où ilassocie, piqués sur la feuille, ses souvenirs -cartes postales, photographies, lettres, plumes,coquillages comme autant d’associationspoétiques. Le réalisme est total sauf quand ils’approche du tableau, l’amateur constatera desimperfections, l’illusion apparait alors délicate-ment humaine. « De la beauté le pastel a l’éclatet la fragilité » écrivait déjà en 1760 Claude-Henri Watelet dans son poème L’art de peindre.

Un nouveau pas est franchi par Nà Luther avecses incroyables « Reliquaires de voyages » encréant des livres faits de carton et vieuxpapier, aux couvertures patinées; ouvert, cha-cun laisse entrevoir sous une petite plaque deverre des décors tout en papier façonnés à lamain et colorés au pastel ou à l’aquarelle :associations de fleurs et de plumes, de petitspaysages, de portraits et d’objets du quotidien(un bouton de chemise, une lettre déchirée,une clé...) qui illustrent le voyage que nousécrit Nà Luther dans chacun de ses trèsprécieux petits livres . L’illusion est délicate,fascinante tant est réaliste la fabricationexclusivement en papier de tous les élémentscomposant ces petits tableaux de vie secrèteet intime. Pour léguer des traces mémoriellesfragiles et sensibles défiant l’éternité. OLG

Pour tout contact : Pierre Stéphan - agent worldwide [email protected]

Nà Luther : une dramaturgie de pastel sur papier

Sa maîtrise confondante du pastel lui permet d’imiter toutesles textures - de la carte postale au livre -pour créer un universen trompe l’œil très personnel. Avec ses récents « Reliquairesde voyages » il poursuit l’illusion mémorielle, cette fois entrois dimensions.

Les « Reliquaires de voyages » racontent des histoires à travers des objets de papier

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Cité internationale des arts POP MUSIC 1967-2017du 14 juin au 13 juillet 2018

1967, l’année de sortie de Sergent Peper desBeatles, du premier concert de Jimi Hendrix…la pochette de disque devient une œuvre d’art etde reconnaissance…Après le centre graphisme d’Echirolles, l’exposi-tion du centre international des arts se proposed’établir sur un demi-siècle une typologie musicaleet visuelle des styles à travers deux parcours : lepremier rapproche les styles et mouvementsgraphiques à l’occasion d’une classification liéeaux matériaux employés (illustration, collage,photographie, typographie) mais aussi aux réfé-rences et symboles qu’elle propose, le secondplus musicologique que graphique, met en valeur,sans être exhaustif, une cinquantaine d’albumsou CD qui ont marqué l’histoire de la musique pop.

Avec en toile de fond, la fascination pour le disquevinyle qui fut le support de tant de créations, quienterré trop vite renait de ses centres…, le conte-nant devenant aussi sensoriellement importantque le contenu. Le catalogue édité par les éditions du Limonaireet le centre du graphisme d’Echirolles est imprimépar le groupe Prenant.

Cité internationale des arts18 rue de l’hôtel de ville – 75004 Paris

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Des affichespour se souvenir

www.echirolles-centredugraphisme.com

www.citedesartsparis.net

Centre du graphisme d’Echirolles.

1918, l’affiche surles chemins de£l’Histoiredu 19 mai au 28 septem-bre 2018

Plus réflexive que commé-morative, l’exposition montrel’introduction des codes de lapublicité dans les communica-tions étatiques. Jusqu’en 1914,les affiches émanant des autoritésétatiques étaient sobrement typo-graphiées et sans illustration.Face à l’enlisement dans uneguerre de tranchées, et à la mor-talité effarante due aux progrèstechniques des armes, les états-majors ont rapidement recours àl’affiche illustrée comme pour lapublicité. C’est cette naissance del’affiche de propagande que sau-ront mettre à profit les régimesdictatoriaux par la suite.

Centre du Graphisme Place de laLibération 38130 Echirolles

Affiche « TOGETHER WE WIN » 1918,Auteur : James Montgomery Flagg

Collection : Bibliothèque de laCommunauté d’Agglomération duGrand Verdun

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26 Le web ne suffit plus

BodenLa marque anglaise de prêt-à-porter s’amuseavec les codes royaux pour ses promotions deprintemps. Ses clients ont reçu un courrieradressé, faisant un clin d’œil à l’anniversairede la Reine Elisabeth et à la naissance du 3e

enfant de Kate et Williams. Une façon ludiqueet princière de relancer ses ventes.

Être un personnagede roman ! Devenir le docteur Watson aux côtés deSherlock Holmes dans le roman d’ArthurConan Doyle, tomber amoureuse d’unhomme mystérieux dans La Maison duLoch, d’Anne Morton, ou enquêter sur unedisparition au cœur d’un tournage sur uneîle paradisiaque dans Silence ça tourne !de Gildas Chevalier : une très bonne idée decadeau tout trouvé, pour la fête des mèresou des pères, ou pour donner, à votre ado,l’envie de lire des romans. Plusieurs caté-gories sont ainsi disponibles, que ledestinataire soit une femme, un homme, unadolescent ou un enfant. Mais égalementdes livres de loisirs : cuisine, jardinage…Pour l’avoir testé il y a quelques années, lerésultat fait toujours son petit effet. Vousremplissez un questionnaire sur le site et lelivre vous est envoyé sous 72 heures.

Creermonlivre.com, créé en 2008 parAngéline Dubois-Coubry, imprime enFrance. De 30 € à 39,90 € suivant les titres.

Comment les éditeursjouentdes complémentaritésdu papier

Les raisons qui vous ont poussé à sortirun guide papier ?

Les Magasins généraux sont un centre decréation grand parisien situé à Pantin. Cettelocalisation représente depuis notre instal-lation en 2016 une opportunité de participerconcrètement à l'énergie et à l'émergence duGrand Paris. L’an dernier déjà, à l’occasiondu Mois de la Photo, nous avions accueilliune exposition photos sur et avec les GrandsParisiens. Cette année, l’édition de ce guideest donc pour nous une suite logique allantdans ce sens : continuer à construire le récitdu Grand Paris.

Créé en 2013, Enlarge your Paris est un médiaen ligne traitant autrement de la banlieueet qui s’est imposé comme une source deréférence sur le Grand Paris. Ce guide estl’occasion pour Enlarge your Paris d’apporterau grand public l’étendue de son expertiseet de passer du numérique au papier après4 ans d’existence.

Ainsi, les journalistes d’Enlarge your Paris etl’équipe des Magasins généraux sont partisd’un constat commun : le Grand Paris est un

immense territoire qui regorge de près de1 200 lieux de spectacle, plus de 300 muséeset centres d’art, des milliers de bars et derestaurants… mais aucun guide pour fairedécouvrir et mettre en avant tous ces atouts.Ce guide est une nouvelle manière de parlerdu Grand Paris en parlant de ce qu’on y fait,voit, découvre pour une meilleure appro-priation par les habitants eux-mêmes.

Quel public visez-vous par rapport àvotre audience web ?

Le fait d’avoir un guide papier diffusé large-ment renforce notre prise de parole sur leGrand Paris. Le guide étant distribué enlibrairies, kiosques et dans les boutiquesRelay des gares et aéroports, cela nous permetégalement de toucher une audience différente.

Au niveau du contenu, quelles sont lesdifférences majeures entre les deuxsupports ?

La différence majeure est que le contenu surle site Enlarge Your Paris est rangé par thé-matiques : Culture, Société, Art de vivre…Dans le guide, nous avons classé les adressesrépertoriées selon une nouvelle cartographiebasée sur huit Grands Quartiers qui s’affran-chissent du découpage administratif et dupériphérique pour créer les contours d’unGrand Paris à l’image de ceux qui le viventet le pratiquent. C’est donc l’expérience quistructure ici notre récit. Notre acte est dedonner une 1ère vision de ce territoire enpleine mouvance.

Le guide des Grands Parisiens3 questions à Alexis Bourely, directeur de projets des Magasins Généraux

www.magasinsgeneraux.com www.creermonlivre.com

www.boden.fr

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27Bonnes adresses

La GazetteBleu pétrole et or ! « Notre déco-ratrice nous avait proposé duvert ou bleu, mais je n’aime pasle vert, ainsi avec mon associéHugo Hussein Salami, noussommes partis sur un bleu pro-fond » déclare François Moussié,dont le grand-père avait créé leBistrot 121. Deux salles avecdes fauteuils qui ajoute unetouche déco. Ce restaurant,entre Etoile et Porte Maillot,offre un métissage chic etdécontracté qui se retrouvedans les assiettes, par les ori-gines grecques du chef et desproduits choisis avec soin :

Chair de tourteau au caviard’aubergines, houmous au yuzu& ficoïde glaciale ; Thon ausésame, Pak choï & sauce citron-nelle et excellent millefeuilles àla vanille et bananes séchées. Lacarte change suivant les heures,avec des formules à 23€ et 29€au déjeuner et des plats à l’ar-doise le soir. Salon de thé dans l’après-midiet service jusqu’à 23h. Fermésamedi midi et dimanche.

La Gazette28 rue Duret - 75116 Paris Tel : 01 45 00 45 20.www.lagazetteparis.com

Des restaurants hauts en couleur

Le Vaisseau vert Vert amande et beige ! Moins employécomme couleur dans les restaurants,l’établissement, près de Pigalle, a ététotalement conçu par l’artiste PhilippeAngot qui l’a voulu comme une sculptureet proche de la Nature. Une partie dumobilier et des murs sont en chênenaturel. « La couleur verte des murs,specialement travaillee dans l’atelier dePhilippe Angot, mon mari, a Nogent surMarne, repond a la lumiere orangee quidonne cette chaude luminosite le soir a lasalle avec un eclairage specialement concupour creer une lumiere diffuse qui vousenveloppe » détaille Stéphanie Dobbs,diplômée en histoire de l’art, qui accueilleles clients, avec son frère Erwan. Une large

toile de l’artiste complète le décor. C’estaussi lui qui a créé les plats : Croquettesd'andouillettes bio coulis de pommes augingembre, carottes violettes marinées ;Gambas Obsiblue, Nouvelle-Calédonie,mangue poêlée, riz noir Venere, basilicthaï, huile d'olive extra vierge de Sicile ettiramisu à l’orange. La carte en papier a étédessinée par la fille de la maison. Unevéritable histoire de famille d’artistes.Service avant et après théâtre le soir.Fermé le dimanche.

Le Vaisseau vert10 rue de Parme - 75009 ParisTel : 06 70 48 69 19www.le-vaisseau-vert.fr

Le Petit CélestinRouge ! Tables rouges pétantes, serviettes àcarreaux rouge et blanc, banquettes bor-deaux, Le Petit Célestin joue les codes despetits bistrots et des produits « canailles ».« Les tables sont de cette couleur depuis lesannées 50 et quand nous avons repris lerestaurant, nous les avons laissées et nosclients adorent », explique Yanice Mimoun,le patron. La carte suit et offre les classiquesavec une touche créative : terrine d’agneauaux girolles ; œuf poché, fond d’artichaut,crème de pleurotes ; bavette de Salers auxéchalotes ; île flottante. La Seine en point de mire pour ce restau-rant situé tout près de la Cité internationaledes arts (idéale pour les expos qui s’y tien-nent cf p 25). Fermé lundi et mardi.

Le Petit Célestin 12 quai des Célestins - 75004 ParisTel : 01 42 72 20 81www.lepetitcelestin.fr

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28livres des idéesetDes

AleksandraLunLes PalimpestesÉditions du sous-sol.128 p. 15 €. Roman.

Pour avoir écrit un pre-mier roman « Wampir »en langue antartique,

Czeslaw Przçsnicki se retrouve à l’asile psy-chiatrique de Liège, « dans un pays sans gou-vernement depuis un an » pour subir de lapart d’une doctoresse impassible un traitement« Bartlèbien », du nom d’un personnage créépar Herman Melville. Malgré tout, il récidiveavec le récit « sur une doublure polonaise,qui, le jour, faisait des sauts dans le vide, et, lanuit, écrivait un roman dans un observatoired’astronomie ». Dans les couloirs il croised’autres écrivains qui, comme lui, n’utilisentpas leur langue maternelle pour leurs créationslittéraires : Beckett, Cioran, Blixen, Nabokov,Ionesco…, au grand dam de la doctoressequi s’efforce de les remettre dans le droitchemin linguistique. On l’aura compris ce brefroman est loufoque, décalé, inventif. L’auteure,Aleksandra Lun, est née en Pologne mais écriten espagnol, nous tend son propre miroir etdéclare sa flamme à la littérature qui se veutun art universel.

Françoisd’Epenoux Le Presque Éditions Anne Carrière.250 p. 18 €. Roman.

Marc, 54 ans, a toutapparemment pour êtreheureux : une femme,Chloé, deux filles, un

chien, un métier. Sauf qu’il a soudain l’im-pression d’être passé à côté de sa vie. D’avoir« presque » réussi : « Quand on ne croit plusdans son époque et dans le monde dans lequelon vit, on finit par ne plus croire en sa proprevie. » Ses meilleurs amis, Paula, Yann et Pierrene parviennent pas à lui ôter se sentimentd’être juste un ‘Presque’. Chloé va alors lui offrirla possibilité de faire un break, de lui permettrede réaliser son rêve de jeunesse. Mais n’est pasécrivain ou aventurier qui veut. A force de vouloirune vie qu’il n’a pas, Marc ne finira-t-il pas partout perdre ? François d’Epenoux tisse avec brio une toileoù son personnage va peu à peu s’emmêler,telle une araignée dans son propre piège.Une réflexion sur le bonheur et sur ce « tou-jours plus » qui gangrène la vie de beaucoupd’entre nous.

Isabelle Stibbe Le Roman Ivre Robert Laffont, 180 p.17€. Roman.

Camille, jeune avocate, s’apprêteà passer le concoursd’éloquence de la Conférence

du barreau de Paris. Mais en rentrant chez elle,elle est sauvagement attaquée. Elle est secouruepar Athos, l’une des quatre fines lames des TroisMousquetaires d’Alexandre Dumas, romanpréféré de Camille. Grâce à une faille dans le murde son immeuble, elle entreprend un « voyagepas dans le temps mais dans un espace-tempsparticulier qui serait celui de la fiction ». Isabelle Stibbe a écrit un roman bondissant etmalicieux, fait de rebondissements, entrainantson lecteur, dans des duels de cape et d’épéeen 1630 et dans la vie réelle de l’avocate, mêlantles histoires comme des poupées russes et sautantallégrement les époques. Un bel hommage auxromans et à ce qu’ils peuvent apporter à la réalitéet à la vie de chacun.

GuillaumePitron La guerredes métaux raresLes liens qui libèrent,296 p. 20€. Essai.

A l’heure d’un greenwas-hing accéléré contre le

réchauffement climatique, certes légitime maispas toujours à bon escient – la forêt faisantl’objet de tous les fantasmes – il est temps derappeler que pour immatérielles qu’elles soientperçues, les NTIC (smartphones, tablettes,ordinateurs) produisent « 50% de plus de gazà effet de serre que le transport aérien ».L’enquête de terrain de Guillaume Pitronsous-titrée La Face cachée de la transitionénergétique et numérique bouscule bien desidées reçues ; les métaux rares dont se gaventles greens techs (de la pile à l’éolien, du panneausolaire au véhicule électrique) constituentun risque « avec des impacts environnementauxencore plus importants que ceux générés parl’extraction pétrolière ». L’aveuglement surles enjeux géostratégiques vient que l’extractionet le raffinage de ces ors du XXIème siècle sefait dans des pays prêts à sacrifier leur environ-nement pour doper leur économie, au premierrang desquels la Chine. Pour constituer lesvéritables cloaques inavouables de la transitionénergétique. Quelle solution prône le lanceurd’alerte ? « Rien ne changera radicalement tantque nous n’expérimenterons pas, sous nos fenêtres,la totalité du coût de notre bonheur standard. »

Thérèse Collins,Daniel Andler(sous la direction) La cognition. Du neurone à la société.Folio essais. 736 p.14,90€. Essai

L’homme neuronal a-t-il triomphé définitivementde l’homme sociétal ? A maints égards, cetteintroduction approfondie aux enjeux dessciences cognitives donne le vertige ; par lacomplexité des champs scientifiques abordés(pratiquement tous, de la psychologie auxdatas), par les différentes « échelles spatiales »qu’elle associe (du biologique à l’informatique)et enfin par les « promesses » qu’elle annonce :la compréhension de nos affects et comportements. Même si l’approche est très pédagogique,bourrée de graphiques et d’encadrés, lelecteur ne peut qu’être pris d’inquiétudequand les « avancées » de cette « cognition »deviennent le « baromètre » de nos compor-tements comme le constate le sociologueAlain Ehrenberg dans son éclairant LaMécanique des passions (Odile Jacob,2018) : « Si la psychanalyse rappelle l’êtrehumain à sa limite, les neurosciences cognitivesl’invitent à les dépasser ». En appelant sanscesse aux vertus du cerveau comme uniquedynamique personnelle et sociale, nous faisonsle lit d’un transhumanisme où le cyber resteplus performant que l’humanité.

Denis OlivennesMathiasChichportichMortelle transparenceAlbin Michel. 17€. Essai.

On les croyait polémiquesou réactionnaires endénonçant le diktat de la

transparence. Au contraire, ils fournissent lagrille conceptuelle et juridique pour mieuxappréhender les scandales Facebook ou ledévoiement communautariste ou populistedes réseaux sociaux. Ce mépris de l’intimité etde la démocratie raisonnée est la conséquenced’une négligence politique et culturelle. Lesauteurs militent pour une prise de consciencecollective sur la nécessité d’une protectionde la vie privée, d’une auto-organisationautour de codes de bonnes conduites, brefplus d’éducation des utilisateurs et plusd’éthique des entreprises. Sinon c’est un enferqui se « profile ».

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Un engagement durable pourle papier

A l'occasion d'un rendez-vous presse,Alain Kouck a répondu aux questions desjournalistes et a pu mesurer l'intérêt qu'ilsportaient aux actions de l'association.

Qu’est-ce que Culture Papier ?

C’est le papier qui rassemble, dans notreassociation, des acteurs économiques, dessyndicats professionnels, des personnalitésqualifiées aussi divers. Une filière indus-trielle, riche de ses particularités, se mobilisepour déconstruire les idées reçues sur lepapier, célébrer son rôle et ses qualités, etrappeler à la fois l’attachement de chacun aupapier, et la modernité de celui-ci, qui sait sefaire aujourd’hui intelligent et connecté.

Dans un monde qui change, le papierévolue-t-il aussi ?

Nos métiers ont été profondément modifiéspar l’arrivée rapide des usages d’internet etpar le développement du numérique. L’exer-cice est délicat, qui consiste à accueillir ceschangements, à tirer parti des opportunitésdes progrès technologiques, sans perdre devue les apports et les qualités indépassablesde certains des usages que ces progrès vien-nent bousculer. Ne pas tourner le dos à ce qui advient, ne pasnon plus abandonner les bénéfices et les avan-tages de ce qui demeure, voire les redécouvrir,lorsque l’enthousiasme technologique seteinte d’inquiétude, face à certaines consé-quences de la dématérialisation.

Est-il besoin de « défendre le papier » ?

Il est nécessaire de rappeler les bienfaits dupapier, ses qualités pour tout ce qui toucheà la conservation des informations, à laconfidentialité et au respect de la vie privée.La plupart des consommateurs, utilisateurs,clients, sont attachés à ce support, et enparlent avec affection. Le papier s’adresseau toucher, le plus archaïque et le plusintime de nos cinq sens. Tourner les pagesd’un livre ou d’un journal est une expériencesensorielle qui inscrit la lecture dans lamémoire du corps.

Plus la filière se montre vertueuse etéco-responsable, plus elle est sur lebanc des accusées, comment sortir dece malentendu ?

Revenir aux fondamentaux ! le papier estissu de l’entretien des forêts, est économeen eau et énergie, n’étouffe pas les mers,capte le CO2, se recycle plus de 7 fois… Il fautrevendiquer ses performances en matière

d’économie circulaire, de recyclage, de l’atti-tude éco-responsable adoptée par l’ensembled’une filière qui fournit des emplois nom-breux dans différents domaines économiquesdynamiques. La dynamique locale que l’Assemblée géné-rale de Culture Papier vient de conforter avecl’intégration des Délégations régionales dansles statuts va permettre de sensibiliser unpublic plus large, sur le terrain. N’oublionspas que la filière papier concerne pourl’essentiel des emplois non délocalisables ;des producteurs de bois aux distributeursd’imprimés publicitaires en passant parles imprimeurs et les acteurs du recyclage,tous indispensables aux performancesd’éco-circularité d’une ressource naturelle,renouvelable et recyclable.

Qu’attendez-vous de Culture Papier ?

Il reste encore beaucoup de travail pourfaire reculer les stéréotypes sur le papier,promouvoir ses valeurs sociétales : attention,transmission, proximité et responsabilité.Nous souhaitons accueillir toujours plus demembres, dans une association très diverse, oùse côtoient des métiers variés, où les échangessont d’une grande richesse et témoignent decette pluralité des plus fertiles.

Quel produit universel,vecteur de création et deprogrès, porteur de valeurset de savoirs, sait aussi serendre utile dans les actesles plus concrets de la viequotidienne ? Le papier, bien sûr.

Il se dit et s’écrit de tropnombreuses contre-véritésau sujet du papier, contre-vérités que les rapports, les déclarations, les faitsscientifiquement établisparviennent difficilement à contrer.

Malgré ses qualités, il estutile de se mobiliser pour lepapier, ce à quoi s’emploieCulture Papier, depuisbientôt dix ans.

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www.culturepapier.org

Alain Kouck, Président de Culture Papier et Président d’Editis

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Rien ne semble arrêter les excès d’igno-rance et de zèle pour déclasser le bois, lepapier et l’imprimé, pourtant, au cœur desenjeux d’une économie basse en carbone.Culture Papier se fixe quatre chantiersprioritaires pour valoriser cette ressourcenaturelle, renouvelable et recyclable.

1ere ambition : Valoriser le fait que la sociétépeut toujours compter sur lepapier et l’imprimé#Stopaupapierbashing, pour #Valoriserlepa-pierpower avec l’association TwoSides enFrance, Printpower et Intergraf en Europe.L’objectif est de construire et diffuser col-lectivement un KIT d’éléments de langagecommun autour des 5/6 chiffres les pluspertinents. Ce kit sera décliné selon lesprescripteurs prioritaires : groupes d’étudesparlementaires et les influenceurs RSE etCommunication, notamment à l’occasion deses évènements tout au long de l’année.« Plus la filière se montre vertueuse et éco-res-ponsable, plus, elle est accusée des pires méfaitsen matière de destruction et de gaspillage desressources naturelles, rappelle Alain Kouck,président de Culture Papier. Malgré ses qualitésqu’il semble inutile de démontrer, il est essentielde se mobiliser pour le papier. Il nous faut par-ler de l’économie circulaire, du recyclage, del’attitude éco-responsable adoptée par l’ensem-ble de la filière. Il est nécessaire de rappeler lesbienfaits du papier, ses qualités pour tout ce quitouche à la conservation des informations, à laconfidentialité et au respect de la vie privée. »

2ème ambition : S’ouvrir le plus largement à la société en s’appuyant sur tous les ambassadeurs personnalités culturelles ou économiques,blogueurs, pour développer les argumen-taires concernant les qualités éco-responsableset l’usage responsable du bois et du papier ;

utiliser les réseaux sociaux et notammentFacebook ; regrouper les « amoureux dupapier » avec le #Valoriserlepapierpower etLINKEDIN ; sensibiliser les acteurs écono-miques, en ciblant aussi les « déçus » dunumérique, tout en battant en brèche lasoi-disant dimension « immatérielle » de latransition numérique et énergétique.

3ème ambition : Accroître l’impact du Colloqueannuel avec une thématique sociétale Deux angles sont prévus pour la journée dedécembre : • « Papier dans la Cité » : impact du papier

dans les activités locales et la vie descitoyens ; collecte de bois, imprimeurs deproximité, impact du papier dans la vieéconomique, éco conception,

• « Papier & Santé » : les angles sont multi-ples et passionnants : impact du papierdans les activités cognitives (attention),sécurité et responsabilité.

4ème ambition : Participer à une cause nationale« Ensemble pour un pays de lecture » avec le soutien notamment de « Lire et fairelire », « Biblionef », et « La Semaine de lapresse et des médias à l’Ecole ». Il s’agit d’apporter un autre regard sur lesqualités sociétales du papier en soutenant lesMobilisation en faveur du livre et de la lecturesoutenue par les Ministères de l’Educationnationale et de la Culture, et d’inscrire la valo-risation du papier dans ces grandes actionspubliques. Concrètement, Culture Papiermobilise ses adhérents.

Culture Papier réaffirme que la société peut toujourscompter sur le papier

A l’issue de son Assemblée Générale du 11 avril, l’Association CulturePapier s’assigne des objectifs ambitieux de mobilisation en faveurde la filière papier et des valeurs du papier pour les trois prochainesannées. Avec en ligne de mire, celui d’être reconnu d’intérêt général.

Bureau (au 11 avril 2018)

• Alain Kouck, Président• Muriel Caniez (Norske Skog),

Trésorière• Cécile Aligon-Dardé (MEDIAPOST)• Pierre Barki (Barki Agency)• Philippe Groulez (PAPREC)• Pascal Lenoir (Gallimard, CCFI)• Gilles Peltier (UNIIC)• Michel Wiener (La Poste)

Conseil d’administration (incluant le bureau au 11 avril 2018)

• Laurent de Gaulle (Présidentd’honneur)

• Bruno Barbier (Imprifrance)• Presstalis• Virginie Clayssen (Editis)• Philippe Di Marzio (Culture Presse)• GMI (représenté par Christophe

Lartigue)• Jean-Marc Gabouty (Sénat)• Pascal Genneviève (Véolia)• Jacques Krabal (Assemblée

Nationale)• Guillaume Le Jeune (Stora Enso), • Jan Le Moux (Copacel, Two Sides

France)• Dima Mallem (SAPPI)• Dominique Pace (Biblionef)• Hervé Pelletanche (Gramméo)• Athènais Rigault (UDA)• SIPG (représenté par Michel

Dumarché)• Bernard Trichot (IDEP)• Denis Turrier (Groupe Lourmel)• François Veyssière (CTP)

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Suite CA & AGE-AGO du 11 avril 2018

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