comment aborder et traiter des questions socialement vives...
TRANSCRIPT
HAUTE ÉCOLE LÉONARD DE VINCI
ECOLE NORMALE CATHOLIQUE DU BRABANT WALLON
Comment aborder et traiter des questions
socialement vives en classe de sciences
sociales ?
Un ensemble d’outils à destination de l’ensemble des enseignants
Exemple avec une séquence sur les réseaux sociaux
Année académique 2014-2015
Site de Louvain-la-Neuve
Voie Cardijn, 10
1348 Louvain-la-Neuve
Travail de fin d’études présenté en vue de
l’obtention du grade de Bachelier-Agrégé de
l’Enseignement Secondaire Inférieur en
Sciences Humaines par Benjamin
VANDENHOOFDEN
Promoteur : Monsieur Philippe SOUTMANS
1
Remerciements
Je tiens, tout d’abord, à remercier mon promoteur,
Monsieur Philippe SOUTMANS pour m’avoir
soutenu, aiguillé dans ma démarche et mes recherches
ainsi que pour son intérêt par rapport à ce travail de
fin d’études.
Je remercie ensuite, Madame Annick Detry,
Messieurs Christophe Dozin et Jacques Cornet pour
m’avoir chacun accordé une interview, qui aura servi
de base principale à la création de mon outil à
destination des enseignants en sciences sociales.
Je remercie également les professeurs de sciences
sociales qui ont participé de manière anonyme à mon
sondage et qui m’ont également aidé à la création de
mon outil.
Enfin, je remercie mon papa pour son intérêt et pour
la relecture de ce travail.
2
Table des matières
Introduction ................................................................................................................ 4
I. Observation de départ .......................................................................................... 6
I.1. Intérêt................................................................................................................ 6
I.2 Sur quoi repose la question ? .............................................................................. 6
II. Concept théorique de question socialement vive .................................................. 7
II.1. Quelle est l’origine d’une question socialement vive ? ..................................... 7
II.2. Qu’est-ce qu’une question socialement vive ? .................................................. 7
II.3. Ma définition ................................................................................................... 8
II.4. Pourquoi aborder des QSV dans des séquences de cours ?................................ 8
II.5. Intérêt de travailler des QSV plutôt que simplement des QS ? .......................... 9
II.6. Distinction entre QSV et action sociale ?.......................................................... 9
III. Hypothèses de départ...................................................................................... 10
III.1. Pourquoi les professeurs n’abordent pas de questions socialement vives en
classe de sciences sociales ? ...................................................................................... 10
III.2. Quels sont les risques pour le professeur ? .................................................... 10
III.3. Quels sont les risques pour les élèves ? ......................................................... 12
IV. Sondage ......................................................................................................... 14
IV.1. Démarche ..................................................................................................... 14
IV.2. Réalisation.................................................................................................... 14
IV.3. Questions posées aux enseignants ................................................................. 15
IV.4. Limites du sondage ....................................................................................... 16
IV.5. Qu’en est-il des résultats ? ............................................................................ 17
IV.6. Conclusion du sondage ................................................................................. 18
V. Interviews d’experts .......................................................................................... 19
V.1. Personnes interrogées .................................................................................... 19
V.2. Questions posées............................................................................................ 20
V.3. Retranscription des éléments saillants des interviews ..................................... 21
V.4. Conclusion des interviews.............................................................................. 26
VI. Liens avec le cadre scolaire, le programme et le manuel de sciences sociales . 27
VI.1. Y a-t-il une place dans le programme pour ces questions ?............................ 27
VI.2. Le programme laisse-t-il la possibilité d’exploiter ces questions ? ................ 27
3
VI.3. Est-ce possible de dégager une ou plusieurs questions socialement vives avec le
1er tome du manuel « pratique des sciences sociales » ?............................................. 27
VII. L’outil en lui-même ........................................................................................ 28
VII.1. Description et explication de l’outil ............................................................. 28
VII.2. Démarche de réalisation .............................................................................. 28
VII.3. Composition de l’outil ................................................................................. 30
VII.4. Public cible ................................................................................................. 30
VII.5. Originalité de l’outil .................................................................................... 30
VIII. Séquence choisie pour l’outil : Les réseaux sociaux .................................... 31
VIII.1. Pourquoi cette séquence ? .......................................................................... 31
VIII.2. Quels outils sont à ma disposition ?............................................................ 31
VIII.3. Les fils rouges types selon chaque modèle ................................................. 32
VIII.4. Fiche « Balises » ........................................................................................ 35
VIII.5. Pistes ludiques ........................................................................................... 36
VIII.6. Grille de lecture sur les QSV ...................................................................... 38
VIII.6.1. ............................................................................................................ 38
VIII.6.2. Exemple de grille à destination des élèves en sciences sociales ........... 39
VIII.6.3. Comment analyser les résultats ? ......................................................... 40
IX. Proposition de sujets....................................................................................... 41
IX.1. Les sujets de type général. ............................................................................ 41
IX.2. Les sujets d’actualité .................................................................................... 42
IX.3. Les sujets abordables à l’aide du manuel « Pratique des sciences sociales » .. 42
X. Réflexion sur l’outil .......................................................................................... 43
X.1. Quels apports et avantages ? .......................................................................... 43
X.2. Quels manques sont encore perceptibles ? ...................................................... 43
X.3. En faudrait-il plus ? ....................................................................................... 43
XI. Limites du travail réalisé sur cet outil ............................................................. 44
XI.1. Pour la réalisation et la conception ? ............................................................. 44
XI.2. Pour le test en classe ? .................................................................................. 44
Conclusion ................................................................................................................ 45
Bibliographie ............................................................................................................ 47
Table des annexes ..................................................................................................... 49
4
Introduction
Pour commencer, j’ai choisi de travailler sur cette thématique sur la base d’une
réflexion personnelle qui était « Que devrais-je faire si je me retrouvais face à un sujet
sensible dans ma classe ? ». Certains répondraient que vous n’êtes pas équipé pour
parler de ces sujets. D’autres diraient que vous n’êtes pas formé pour les aborder
correctement ou vous déconseilleraient vivement d’en parler pour des raisons
institutionnelles. Il est vrai que ces questions dites « socialement vives » (QSV1) sont
difficiles à aborder et à traiter aux premiers abords mais est-ce pour autant impossible ?
Cher lecteur, je vous le dis, il existe plusieurs manières d’aborder et de traiter ces
questions dans les classes de sciences sociales. L’objectif principal de mon travail a été
de concevoir un outil à destination de ces professeurs pour qu’ils puissent faire des
séquences construites autour de ces QSV.
L’outil que vous allez découvrir, parcourir (et sans doute critiquer aussi) est le seul à
avoir été réalisé à ce jour pour créer des séquences autour de ces questions sensibles.
Jusqu’ici, nous disposions de documents théoriques qui nous parlaient des questions
socialement vives d’un point de vue réflexif et distant. Les enseignants d’aujourd’hui
sont en attente de concret pour leur pratique professionnelle. Mon travail va dans ce
sens : du concret, de l’applicable et du transférable.
Dans son ensemble, l’outil élaboré repose sur une multitude de ressources créées sur la
base de mes recherches, de mes rencontres et de mon sondage. Ces ressources sont
notamment des fils rouges, des scénarios méthodologiques, des fiches présentant des
balises mais aussi des pistes ludiques praticables en classe ainsi qu’une grille de lecture
à destination des enseignants et des élèves en sciences sociales.
Vous devez vous dire que ce sont des ressources que vous connaissez déjà et vous vous
demandez quelle est l’originalité de ce travail ?
Ce travail va vous montrer que, quelle que soit votre personnalité, votre expérience ou
encore votre pratique des questions socialement vives, vous trouverez de la satisfaction
dans les ressources que je vous propose.
1 Abréviation signifiant « question socialement vive »
5
La démarche de recherche entreprise consistait tout d’abord à faire des recherches sur
la théorie liée aux QSV. Il va de soi qu’il faut être au clair avec ce qu’on va devoir
traiter. La difficulté rencontrée dans cette étape, fut le manque de sources car peu de
travaux ont été réalisés sur le sujet. Très tôt dans cette démarche, j’ai été à la rencontre
de didacticiens considérés comme experts en la matière. Leurs interviews ont consolidé
mes références théoriques et ont également permis la création de mon outil à destination
des enseignants en sciences sociales. Plus tard, j’ai établis un questionnaire sous forme
de sondage pour constater les attentes des professeurs en sciences sociales. Peu d’entre
eux ont participés mais malgré cela, j’ai tout de même réussi à créer un outil viable qui
leur servira d’une manière ou d’une autre.
Le travail est organisé en deux parties distinctes. La première se centre sur la théorie et
la démarche de recherche où je reprends les interviews et l’enquête. La seconde se
concentre sur l’outil où je décris son utilisation et où je montre son application dans une
séquence sur un thème du manuel de sciences sociales2.
Il me reste à vous souhaiter, cher lecteur, chère lectrice, une agréable lecture. J’espère
que vous prendrai autant de plaisir à lire et à découvrir ce travail que moi-même en le
rédigeant.
2 J.CORNET, A.MARTIN, S.NAVARRE et Ph.SOUTMANS, Pratique des sciences sociales, Ed Erasme
sous la marque Didier Hatier, Namur, 2014
6
I. Observation de départ
I.1. Intérêt
Lors de l’examen de sciences sociales durant la session de janvier 2014, il nous était
demandé de présenter une séquence de cours en sciences sociales utilisant un support
vidéo. J’avais choisi d’aborder la question de l’extrême droite et du racisme au travers
d’un sketch de Philippe Chevallier et Régis Laspalès3. Suite à cette présentation face à
M. Soutmans, nous avons eu une réflexion sur ce sujet qui est socialement vif de prime
abord. Mon examen s’est terminé sur la proposition de réaliser un travail de fin d’études
sur les questions socialement vives.
Suite à cette proposition, j’ai pris du recul par rapport à mes expériences de stage et il
est un fait, plutôt, mes maîtres de stage ne m’ont jamais demandé de traiter de sujets
« chauds » avec les élèves. En effet, les sujets que j’ai eus en stage ont toujours été
proposés sous un point de vue global et détaché (exemple : Qu’est-ce que
l’enseignement obligatoire ? Comment fonctionne la justice belge ? ETC).
J’aurais pu penser, dans un premier temps, que c’était pour une raison de manque
d’expérience. En tant que futur jeune enseignant, nous ne sommes pas prêts pour
aborder et traiter ces questions. Cependant, je pense que ce n’est pas cette raison qui fait
que les maîtres de stage ne donnent pas ce type de sujets. Il me semble qu’on préfère
tout simplement éviter ces sujets pour être plus tranquille dans nos classes.
I.2 Sur quoi repose la question ?
La question repose essentiellement sur le constat suivant : « Les enseignants n’osent pas
aborder ces questions chaudes4 ». Pourtant ces questions sont souvent présentes dans les
médias. Le rôle de l’enseignant n’est-il pas, comme l’article 6 du Décret Missions5
nous le dit : « Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de
contribuer au développement d'une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte
aux autres cultures ».
Je suis convaincu que ces QSV permettent de donner un sens à cet article. C’est cette
conviction qui m’a motivé à réaliser ce travail. J’invite le lecteur à découvrir le concept
théorique de « question socialement vive ».
3 Chevallier et Laspalès, Le racisme, sur « https://www.youtube.com/watch?v=fhz_JsWpKQ8 », extrait
du spectacle « Chevallier & Laspalès au théâtre des nouveautés », Paris, 1991 4 Entendez par là, des questions qui suscitent des réactions fortes chez les élèves. 5 Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique, Décret Missions, Communauté Française, 1997
7
II. Concept théorique de question socialement vive
II.1. Quelle est l’origine d’une question socialement vive ?
Ce type de question et de concept sont assez récents. En effet, nous ne prenons
conscience de ce type de question que depuis les années 1970/80.
Selon Wellington6, une question socialement vive trouve son origine dans :
Les questions controversées
La mise en concurrence de valeurs et d’intérêts divergents
Le politiquement sensible
L’intervention des émotions (et donc invite à prendre inconsciemment parti7)
L’approche d’un sujet complexe
Une question d’actualité
La QSV a donc une multitude d’origines. Cependant, dans les six origines développées
par Wellington (étude publiée en 1986), une d’entre elles retient spécialement mon
attention : l’intervention des émotions. Les émotions sont au centre de la question
socialement vive. Ce sont elles qui vont rajouter une difficulté pour le professeur
lorsqu’il va devoir aborder la QSV avec ses élèves. A cause de ce facteur, certains
professeurs ne veulent pas aborder de QSV, de peur de ne pas savoir gérer leur classe.
L’outil que je leur propose leur permettra de pouvoir aborder ses questions socialement
vives plus facilement et de limiter l’ampleur de l’intervention des émotions chez les
élèves.
II.2. Qu’est-ce qu’une question socialement vive ?
Concrètement, la question socialement vive, c’est quoi ? En quoi, une question peut-elle
être socialement vive ? Que signifie ce « socialement vif » ?
Selon Alain Legardez8, la QSV est triplement vive :
1. Elle est vive dans la société : une telle question interpelle les pratiques sociales
des acteurs scolaires (dans et hors de l'institution) et renvoie à leurs
représentations sociales et à leurs systèmes de valeurs ; elle est considérée
comme un enjeu par la société (globalement ou dans certaines de ses
6 http://www.unige.ch/fapse/SSE/teaching/eat1/partenariat/coformation/CoFopresentation.pdf 7 C’est moi qui rajoute la note entre parenthèses
8 A.CAVET, L'enseignement des « questions vives » : lien vivant, lien vital, entre école et société ?,
http://ife.ens-lyon.fr/vst/LettreVST/27-mai-2007.php, consulté le 7/08/2014, mis en ligne en mai 2007
8
composantes) ; elle fait l'objet d'un traitement médiatique tel que la majorité des
acteurs scolaires en ont, même sommairement, connaissance. Sa production
sociale dans la société la rend donc vive dans un premier sens.
2. Elle est vive dans les savoirs de référence : il existe des débats (des
“controverses”) entre spécialistes des champs disciplinaires ou entre les experts
des champs professionnels. [...] De plus, les références sont [...] souvent à
chercher dans des pratiques sociales, culturelles, politiques, éthiques... en butte
aussi à des débats (souvent des “polémiques”) [...]. Sa production sociale dans
les milieux scientifiques ou professionnels, dans les mouvements sociaux,
politiques et cultuels la rend donc vive dans un second sens.
3. Elle est vive dans les savoirs scolaires : la question est d'autant plus
potentiellement vive [...] qu'elle renvoie à une double vivacité des deux autres
niveaux de savoirs. Les élèves y sont alors directement confrontés, ainsi que les
enseignants qui se sentent souvent démunis pour aborder un type de
questionnement étranger à leur modèle pédagogique de référence.
Les QSV sont donc, selon l'actualité, l'avancement de la recherche, les acteurs
impliqués... porteuses d'incertitudes, de divergences, de controverses, de disputes, voire
de conflits. »
II.3. Ma définition
Pour moi, une QSV est une question touchant à l’actualité ou un sujet sensible plus
général où chaque élève possède sa propre opinion et où il peut être amené à la défendre
via une argumentation constructive au sein de la classe. De plus, une question
socialement vive peut être traitée à l’aide de la démarche des sciences sociales car elle
donne plus de sens à la séquence qu’un thème traditionnel.
II.4. Pourquoi aborder des QSV dans des séquences de cours ? De mon point de vue, il est plus intéressant et pertinent d’aborder ces questions dans le
cadre de séquences de type long. Elles seront idéales pour travailler une bonne partie
voire l’ensemble de la démarche scientifique des sciences sociales. De plus, je trouve
que cette question a du sens pour les enseignants et pour les élèves. Elles peuvent
permettre un investissement plus conséquent dans le suivi du cours. Cependant, les
questions socialement vives sont sujettes à plusieurs risques dans le cas où l’approche et
le traitement ne sont pas mûrement réfléchis à l’avance.
9
II.5. Intérêt de travailler des QSV plutôt que simplement des QS ? Les questions sociales peuvent être intéressantes mais elles ne vont pas interpeller les
élèves personnellement. Une question socialement vive va pointer un élément qui peut
faire mal, mais elle touche et elle fait réagir l’ensemble des élèves. Très peu d’élèves
vont rester insensibles à cette question et/ou ne se prononceront pas. La QSV peut et
doit mettre en avant les compétences appliquées lors du cours. Le travail fait par
l’enseignant ne sera pas d’ « imposer » ses réponses mais de faire évoluer la qualité de
l’argumentation des élèves par rapport à cette question. Si, en début de cours, le
discours tenu par l’élève sera, généralement, rempli de clichés et de propos simplistes.
En fin de cours, le point de vue de l’élève n’aura peut-être pas changé mais il sera
capable de dépasser ses représentations et tenir des arguments qui ont une base
documentaire.
II.6. Distinction entre QSV et action sociale9 ?
Il faut bien faire attention à ne pas confondre ces deux notions. Le traitement d’une
QSV : c’est pouvoir utiliser la démarche des sciences sociales pour montrer les acteurs,
les enjeux, les faits qui se cachent derrière cette question. La QSV est abordée de
manière objective. L’action sociale, est comme elle l’indique, c’est-à-dire active et lutte
sur le terrain contre les inégalités sociales. Lors du cours, nous pouvons être amenés à
proposer des pistes d’actions sociales possibles mais nous aurons rarement le temps de
pouvoir les réaliser lors des cours. Par contre, nous pouvons faire appel à des
intervenants extérieurs, qui sont acteurs dans l’action sociale et ce, à différents niveaux
(curatif, préventif et palliatif).
9 L’action sociale contribue à lutter contre les inégalités sociales par l’agrément et le financement des
services d’insertion sociale, relais sociaux, services de médiation de dettes, services d’aide sociale aux
justiciables et centres de service social qui travaillent au quotidien avec les personnes en difficulté
sociale ou en grande précarité. Source : DEPARTEMENT DE L’ACTION SOCIALE, Qu’est-ce que l’action
sociale ?, http://socialsante.wallonie.be/?q=action-sociale/action-sociale, consulté le 17/04/15.
10
III. Hypothèses de départ
III.1. Pourquoi les professeurs n’abordent pas de questions
socialement vives en classe de sciences sociales ?
3 pistes explicatives sous la forme de questions :
1. Question d’épistémologie
On pense avec une logique positiviste ? On ne veut pas s’impliquer ?
2. Question du politique à l’école
Est-ce que le politiquement correct est viable à l’école ?
3. Question de l’équation personnelle
Est-ce que l’enseignant est à l’aise avec ça ?
III.2. Quels sont les risques pour le professeur ? Je pense que le professeur peut sortir de sa zone de confort en abordant des questions
socialement vives. Comme explicité ci-dessus, il y a plusieurs niveaux qui posent
problèmes. Je reformule ces niveaux à l’aide de la grille d’Ardoino10
. Cette grille a été
établie pour régler la gestion de conflit mais ici, je m’en sers pour analyser les risques
que pourraient encourir les enseignants en abordant et traitant des questions socialement
vives dans leur classe de sciences sociales.
Schéma de la grille d’Ardoino
10 J.HARDY, Cours de Sociologie et de politique de l’éducation, ENCBW, 2014-2015. Grille d’Ardoino
11
1. Niveau personnel : On peut y retrouver la question de l’équation personnelle.
C’est-à-dire, est-ce que l’enseignant s’estime comme étant suffisamment
compétent, à l’aise, pour aborder cette matière. Je pense que nous n’avons pas
une formation qui tient compte de ces questions socialement vives dans nos
cours à la Haute École. Cependant, nous sommes formés à la démarche
scientifique des sciences sociales qui, si elle est appliquée avec rigueur, peut
servir comme première base au travail de l’approche et du traitement des QSV.
Je pense qu’au-delà de cette question de formation, il subsiste une peur
d’aborder ces sujets qui est en lien avec les deux niveaux suivants.
2. Niveau relationnel : Les QSV peuvent poser problème avec plusieurs acteurs du
milieu scolaire. En abordant des QSV d’une mauvaise manière, je pense que les
enseignants peuvent avoir des problèmes avec certains élèves (les plus concernés
en terme d’atteinte par la QSV à leurs valeurs personnelles), les parents des
élèves (en lien avec le contexte, l’éducation et le milieu familial), les collègues
(qui ont peur d’aborder ces questions dans leur classe), la direction (qui peut
prendre des sanctions si il y a des plaintes des autres acteurs ou qui, lors d’une
visite en classe, constate un problème) et l’inspection (qui peut désapprouver
et/ou sanctionner en cas de dérive avec le cadre scolaire légal, c’est-à-dire les
différents décrets).
3. Niveau groupal : La gestion du groupe-classe peut probablement poser problème
de plusieurs manières.
Premièrement, si la classe a une forte réaction vis-à-vis de la QSV abordée, je
pense qu’on a peur de perdre son autorité. Cette forte réaction sera sans doute
due à l’atteinte des valeurs ayant une importance émotionnelle chez certains
élèves ou de leurs vécus.
Deuxièmement, la classe peut réagir de manière inappropriée (mots choquants,
amalgames, insultes) ou elle peut tenir des propos simplistes (clichés,
généralisation, …).
Troisièmement, des conflits pourraient naître au sein de la classe à cause des
divergences entre les opinions des élèves.
4. Niveau organisationnel : Je pense que la disposition des bancs dans les locaux ne
permet pas un échange constructif d’opinions entre les élèves.
12
De plus, le règlement d’ordre intérieur laisse la liberté à l’enseignant de juger du
comportement d’un élève lors de son cours. C’est-à-dire que le professeur est le
seul à disposer ce droit de sanctionner un élève en cas de dérapage.
5. Niveau institutionnel : Le Décret Missions et le Décret Neutralité (propres à
l’enseignement officiel) ont été établis pour donner du sens au cours et une
manière de le travailler. Le premier demande de former des citoyens
responsables, conscients d’être des acteurs de la société et pour cette raison, le
travail sur les QSV est un très bon exemple pour donner du sens à ce décret. Le
second impose une objectivité de la part du professeur, tant dans son cours que
dans les propos qu’il peut tenir. Je pense que c’est ce second décret ou cette
neutralité imposée qui bloque les enseignants dans l’approche et le traitement
des QSV. Ce niveau pose un constat évident : être responsable signifie
« s’engager », avoir une opinion. Ce qui est à l’opposé de la neutralité ! Dès lors,
une question se pose : quel doit-être le statut du professeur dans cette situation ?
Si l’analyse faite à l’aide de la grille d’Ardoino met en évidence une série de risques
pour le professeur, il ne faut pas oublier que l’approche et le traitement des QSV montre
une série d’avantages. Selon moi, le premier est que la QSV donne du sens à notre cours
et à la démarche des sciences sociales. Le second est la concordance directe avec
l’article 6 du Décret Missions11
qui nous demande de « préparer tous les élèves à être
des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d'une société
démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures ».
En résumé, malgré un ensemble de risques, ne faudrait-il pas avoir peur de se jeter à
l’eau pour en ressortir avec ces bénéfices ?
III.3. Quels sont les risques pour les élèves ? J’ai mis en avant un certain nombre d’hypothèses au sujet des professeurs mais il en va
de même pour ceux qui sont concernés indirectement par ce travail, les élèves.
Tout d’abord, je dirais qu’on ne peut pas traiter de tous les sujets avec n’importe quel
public. Si je prends, par exemple, le sujet « Israël / Palestine », qui est encore un sujet
chaud à l’heure actuelle, les réactions des élèves vont dépendre de plusieurs facteurs.
1. L’éducation
2. Le contexte familial
11 Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique, Décret Missions, Communauté Française, 1997
13
3. L’origine
4. Sa religion
5. Son intérêt personnel pour la question (en dehors du cours)
L’ensemble de ces facteurs va déterminer le niveau et l’intensité de la réaction de
l’élève face à la question socialement vive. Plus les différents facteurs sont mobilisés,
concernés par la QSV, plus la réaction sera intense. Par contre, si un seul ou aucun des
facteurs n’est mobilisé, la réaction sera plus faible.
Les effets de groupes vont également ressortir lors de l’approche de ces QSV. Je dirais
qu’on peut identifier à l’oral dans la phase d’approche de la QSV, trois groupes
d’élèves : les « pour », les « contre » et les « sans avis ». Je vous propose ci-dessous un
tableau issu de mon hypothèse
Groupe Pour Contre Sans-avis
Expression Ils n’hésitent pas à s’exprimer et cherchent à
s’imposer
Très peu voire aucune
Qualité des
arguments
Subjectifs, ils prennent chacun parti Objectifs vis-à-vis du
sujet
Peur(s) et
effet de
groupe
Raillerie, phénomène de bouc émissaire,
insultes, … (si on ne cadre pas bien le groupe)
Timidité ou volonté de
ne pas prendre parti
face aux autres
Pour une question d’épistémologie par rapport au « débat en classe » et à la prise de
représentations, je pense qu’il faut laisser le choix aux élèves de s’exprimer ou pas
oralement. Cependant, il faut toujours garder une trace écrite de ces représentations.
Pour cela, il faut qu’ils puissent avoir un temps pour mettre par écrit et argumenter leurs
représentations de manière individuelle.
Dans le chapitre suivant, vous allez voir que j’ai établis un sondage à destination des
professeurs en sciences sociales. Va-t-il confirmer ou déconstruire mes hypothèses ?
14
IV. Sondage
IV.1. Démarche
Pour pouvoir réaliser l’outil à destination des enseignants en sciences sociales, il fallait
que je me base sur des expériences concrètes déjà vécues par ces professeurs. De sorte à
créer un outil performant et qui réponde réellement aux attentes de ces derniers.
Pour cela, j’ai établi un questionnaire repris sous forme de sondage pour l’ensemble des
enseignants de sciences sociales en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le sondage est
ouvert à tous ces professeurs et ce quels que soient leurs réseaux et leurs années
d’expérience.
Pour les contacter, j’ai demandé l’aide de mon promoteur, Philippe Soutmans, qui a
accepté de me donner les adresses mail pour contacter les écoles qui disposent de cours
de sciences sociales. J’ai donc adressé un mail aux directions des établissements
secondaires, précisant l’objet de mon travail et leur demandant de transférer le lien du
sondage à leurs professeurs de sciences sociales.
J’ai pu également contacter des professeurs personnellement par le biais de mes propres
connaissances et de mes camarades de classes qui avaient effectué un stage en sciences
sociales en novembre et décembre 2014 pour leur stage 3.1.
Le sondage a été envoyé à plus de 40 directions d’écoles et à une quinzaine de
professeurs directement.
IV.2. Réalisation Pour réaliser ce sondage, j’ai utilisé le site : « https://www.sondageonline.com/ ». Ce
site permet de créer gratuitement un sondage, de le mettre en ligne et de l’envoyer de
manière ciblée par mail. Le sondage reste en ligne pendant un mois à partir du moment
de son activation.
La réalisation de ce sondage m’a pris quelques jours car je tenais à avoir le retour de
mon promoteur pour pouvoir le publier et pour avoir un sondage de qualité pour les
enseignants en sciences sociales.
15
IV.3. Questions posées aux enseignants Voici les questions importantes
12 posées aux professeurs de sciences sociales.
Avez-vous déjà abordé une question socialement vive dans votre classe en
sciences sociales ?
Pensez-vous que c'est votre rôle, en tant qu'enseignant, d'aborder ce genre de
question ?
Selon vous, aborder des questions socialement vives en classes de sciences
sociales permettrait-il de donner plus de sens à l'article 6 du Décret Missions ?
Oui/Non, pourquoi ?
Pensez-vous pouvoir conserver cette neutralité, personnellement et
professionnellement, lorsque vous aborderez ces questions avec vos élèves ?
Si vous abordiez ces questions socialement vives avec vos élèves, auriez-vous
peur de la réaction ... (De la classe ? (gestion du groupe) ; De certains élèves en
particulier ? Des parents des élèves ? De vos collègues ? De votre direction ? De
l'inspection ? Réponse par oui ou non pour chacun des éléments)
Pensez-vous, à l'heure actuelle, être suffisamment formé et équipé (ou
expérimenté) pour pouvoir aborder ces questions ?
Si vous aviez une boite à outils à votre disposition, quelles ressources aimeriez-
vous y trouver ?
Si vous aviez un tel outil à votre disposition, aborderiez-vous des QSV dans vos
classes de sciences sociales ?
Souhaiteriez-vous être tenu au courant de la publication d'un outil permettant
l'approche et le traitement d'une question socialement vive en classe de sciences
sociales ?
L’ensemble de ces questions sont fermées. Cependant le sondage laisse souvent
l’occasion aux répondants de pouvoir expliciter leurs réponses voire leur opinion. Ces
questions sont réparties sur huit pages disposant chacune de deux à quatre questions. Ce
sondage dispose d’un total de 22 questions axées sur la perception, l’approche et le
traitement des QSV en classe de sciences sociales. Le sondage est une base pour établir
12 L’ensemble des questions du sondage sont disponibles dans les annexes.
16
le diagnostic de la situation actuelle, mettre en avant les problèmes rencontrés et
proposer des pistes pour régler ces problèmes.
IV.4. Limites du sondage Malheureusement, le sondage a été complété par deux personnes seulement. Celui-ci
permettant normalement une analyse quantitative, il est difficile, de par le peu de
répondants, de pouvoir se faire une idée de la situation réelle rencontrée par les
professeurs de sciences sociales aujourd’hui.
Mes hypothèses concernant le peu de répondants sont dues à deux éléments. Le premier
étant lié à la période où j’ai envoyé mon sondage (entre le 17 avril 2015 et 17 mai 2015)
où les enseignants n’ont probablement pas le temps de le compléter. La deuxième, le
manque de communication entre les directions et leurs enseignants.
Les résultats auraient pu me permettre de perfectionner mon outil à destination des
professeurs car il aurait été créé sur la base de leurs besoins. Suite à ce manque, j’ai
choisi de me baser sur les interviews réalisées plus tôt dans ma démarche pour pouvoir
réaliser un outil qui ne va pas correspondre aux besoins uniquement didactiques,
ludiques et pédagogiques mais qui va sans doute correspondre à des personnalités
différentes.
17
IV.5. Qu’en est-il des résultats ? Malgré le peu de répondants, voici quelques-unes de leurs réponses.
Question Répondant n°113
Répondant n°2
Profil Femme, 5 ans d’expérience, réseau libre,
général de transition
Homme, 18 ans d’expérience, réseau libre,
général de transition, ancien professeur de
sciences sociales
Avez-vous déjà abordé une question
socialement vive dans votre classe en
sciences sociale ?
Oui
Non
Pouvez-vous expliquez vos réponses ? 14
Parfois certains élèves n'ont pas la maturité
pour remettre en cause des opinions qu'ils ont
reçu et vivent cela comme une "violation" de
leurs droits … pour certains parents, ouvrir
d'autres horizons est parfois source de peur et
d'incompréhension..; mes collègues et ma
direction ont fait des choix similaires ...
J'ai un public facile. Sur certaines
problématiques avec un certain public cela
peut être plus chaud.
13 Je tiens à rappeler au lecteur que le sondage a été fait dans le plus strict anonymat 14 En référence à la question : avez-vous peur de la réaction de … la classe ? Certains élèves ? La direction ? Les parents ? L’inspection ?
18
Pensez-vous, à l'heure actuelle, être
suffisamment formé et équipé (ou
expérimenté) pour pouvoir aborder ces
questions ? + Si vous avez répondu "non",
où se situe ce manque selon vous ?
Non.
Parfois du matériel pédagogique "clé sur
porte" serait un bon point de départ pour
aborder ces questions ...et permettrait aussi
de veiller à cette neutralité demandée
Non.
Dans des formations de qualité, longues où le
transfert est favorisé.
Si vous aviez une boite à outils à votre
disposition, quelles ressources aimeriez-
vous y trouver ?
Fiches savoirs pour le professeur
Grille de lecture sur les QSV
Pistes ludiques15
Exemple de séquences
Documents (sources)
Fiches savoirs pour les élèves
Pistes didactiques
Pistes ludiques
Exemple de séquences
IV.6. Conclusion du sondage
Ce que ces réponses mettent en avant, c’est qu’il ne s’agit pas d’une question d’expérience pour aborder les QSV et qu’il y a une demande
d’outils pour permettre d’aborder et de traiter ces questions. Ce que je retiens pour mon outil, c’est la demande de fiches avec des exemples de
séquences et une proposition de pistes ludiques pour aborder ces thématiques.
En parallèle de ce sondage, j’ai également interviewé trois enseignants spécialisés dans les QSV et qui les ont déjà traitées et abordées dans leurs
classe. Je propose au lecteur de les découvrir dans le chapitre suivant.
15 C’est moi qui surligne.
19
V. Interviews d’experts
V.1. Personnes interrogées Lors du mois de juillet 2014, j’ai contacté par mail trois personnes étant considérées
comme expertes en matière de QSV dans le milieu scolaire. Suite à leurs réponses
positives, j’ai pu les interviewer en septembre de cette même année. Je pense que si
j’avais interrogé plus tard les différents experts, mes questions auraient été plus pointues
et axées différemment. L’outil n’aurait sans doute pas été le même. Cependant le fait
d’avoir réalisé tôt ces interviews, sans connaissance véritable de toute la théorie, me
permet de dire qu’elles sont accessibles pour toute personne voulant en savoir plus sur
le sujet et sur la méthode de chaque expert.
Voici les personnes interviewées, dans l’ordre chronologique :
1. Monsieur Christophe Dozin :
Professeur depuis 12 ans en sciences sociales à l’Institut Saint-Joseph de Ciney
et également collaborateur à l’agrégation (AESS). Durant son parcours dans le
supérieur, il avait d’abord commencé des études d’assistant social à Namur.
Ensuite, il a étudié la sociologie et passé l’agrégation à Louvain-la-Neuve.
2. Madame Annick Detry :
Assistante à l’UCL et responsable de l’agrégation (AESS) en sciences sociales et
professeur à l’ENCBW. Avant d’être engagée à l’UCL, elle a donné cours en
sciences sociales et sciences sociales appliquées pendant une année.
3. Monsieur Jacques Cornet :
Professeur dans le secondaire pendant plusieurs années et professeur à
l’HELMo16
en tant que didacticien (AESI). Il a étudié la sociologie à Leuven
suivi de deux ans d’antipsychiatrie et par après, huit ans en enseignement
permanent.
Ces trois personnes ont toutes déjà abordées et traitées des questions socialement vives
et ont chacune une approche légèrement différente. Ces dernières seront analysées dans
la conclusion des interviews et elles seront développées plus en détails dans la partie
consacrée à l’outil.
16 Haute Ecole Libre Mosane. Formation d’AESI.
20
V.2. Questions posées Voici quelques questions posées aux experts :
1. Si vous avez déjà abordé des QSV, comment avez-vous procédé ? Si non,
pourquoi ?
2. À votre avis, quelles sont les difficultés rencontrées par les enseignants pour
aborder ces questions ?
3. Quels thèmes aborderiez-vous en classe pour traiter une question socialement
vive avec vos élèves ? Quels thèmes éviteriez-vous ?
4. Selon vous, peut-on aborder tous les sujets avec tous les publics ?
5. Comment clôtureriez-vous le sujet sachant que chacune des personnes à son
propre avis sur la question ?
6. Quelles règles donneriez-vous aux élèves avant d’aborder la question
socialement vive avec eux ?
7. Si vous aviez un conseil à donner à un jeune enseignant qui veut aborder une
question socialement vive avec ses élèves, que lui diriez-vous ?
Je n’ai sélectionné que la moitié des questions qui sont présentes dans l’interview.
J’invite le lecteur à aller consulter l’intégralité de ces dernières dans les annexes à la fin
de ce travail. L’ensemble des questions sélectionnées ci-dessus s’intéressent à :
- La méthodologie de l’enseignant
- Son rapport à l’aspect « vif » des questions (équation personnelle)
- Sa neutralité (en tant statut professionnel)
- Sa personnalité
- Son côté pédagogue et didactique
Les réponses à ses questions ont été une base solide pour la construction des outils à
destination des enseignants en sciences sociales.
21
V.3. Retranscription des éléments saillants des interviews17
Expert
QSV
Annick Detry
Professeur et assistante à
l’UCL à Louvain-la-Neuve
Christophe Dozin
Professeur de sciences sociales à
l’ISJ de Ciney
Jacques Cornet
Didacticien en sciences sociales à
l’HELMo à Liège
Définir
avec leurs
mots
Le mot le définit déjà. « Socialement »
renvoie au mot « social ». « Vive » fait
référence à un enjeu idéologique,
émotif.
C’est une question délicate à aborder
et qui est chargée idéologiquement et
émotivement.
C’est une question qui suscite des
débats, qui touche à de fortes valeurs
ainsi qu’à un aspect émotif et qui est
liée à des faits divers (exemples : Que
faire des pédophiles ? débat sur la
peine de mort,…).
Ce sont des questions qui renvoient à
des craintes ou des peurs. Les médias
y jouent un rôle important, ce sont des
questions qui font vendre.
C’est ce sur quoi les gens sont prêts à se
battre car ils ont des réflexes identitaires.
Le travail est difficile pour certaines
personnes voire impossible car chacun a
son expérience de vie et familiale.
Ce sont aussi des questions où les partis
politiques aiment se battre.
En résumé, je dirais qu’une question
socialement vive est présente lorsque
l’altérité rencontre l’identité.
Approche
Il faut varier les points de départ et les
supports. Il ne faut pas être fixe dans
l’approche. Il faut faire des liens avec
l’actualité.
Permettre aux élèves de s’exprimer,
Je n’ai pas de mode opératoire fixe.
Pour en donner quelques-uns, je peux
partir des représentations ou de faits
divers. Je peux prendre aussi des
sujets plus « softs » et aborder ces
Personnellement, je ne commence pas
par les représentations mais par un
problème à résoudre.
Ensuite, je mobilise les représentations et
17 L’ensemble de ces éléments saillants sont mis en gras (par mes soins) dans les interviews
22
accepter ce qu’ils disent mais à
vérifier.
questions de manière plus générale et
moins polémique.
je leur montre qu’elles ne marchent pas.
Traitement
J’amène des documents
contradictoires et je travaille
également sur la critique des sources.
Je montre également qu’il ne peut pas
y avoir de solutions toutes simples
(pas de « il n’y a qu’à … »)
Une nouvelle fois, je n’ai pas de
mode opératoire fixe, c’est suivant le
feeling car j’ai une multitude d’outils
pour traiter le sujet.
Il faut faire comprendre aux élèves
qu’il y a des temps à respecter : un
temps de représentations, un temps
d’analyse, de discussion, …
Comme évoqué plus tôt, on distingue
et on classe ce qui ressort du
jugement et des représentations.
Soit on s’arrête à la situation-problème
ou alors on continue avec les axes de
tension. Il y a plus d’informations de ce
côté-là. On essaye de comprendre les
différentes actions avec les documents.
Lorsqu’on parle d’un sujet, je n’hésite
pas à « agresser» 18
mes élèves pour faire
sortir leur avis, cependant avant de le
faire, je donne un rôle de « casque bleu »
à un élève pour qu’il m’arrête si je vais
trop loin.
Clôture
Je clôture généralement avec des
colonnes pour comparer justement
les différences de faits, de dires et les
arguments évoqués.
J’aime bien utiliser la rubrique dans
Pour les thèmes polémiques, je fais un
retour sur les représentations. Les
élèves répondent à la question avec ce
qu’ils ont entendu au cours mais leur
réflexion est plus argumentée.
Je clôture avec une production où on
peut construire un concept ou un axe de
tension.
Il n’y a pas de recette définitive
cependant pour donner quelques
18 Je tiens à préciser au lecteur qu’il s’agit du terme utilisé par Mr Cornet dans le sens où il pousse les élèves à donner leur avis. Rassurez-vous, il ne mord pas.
23
le journal « La Libre Belgique » plutôt
« pour » ou « contre » par rapport à
une question avec 2 personnes ayant
des points de vue différents.
Il faut avoir de l’humilité (certaines
choses changent, d’autres non).
On voit les points de vue qui ont
changés ou non et comment les élèves
en discutent entre eux. Ils arrivent à
sortir du préjugé et à prendre position
sur la base d’apprentissage.
exemples, on peut faire une lettre, une
affiche, un article.
On peut également inviter des politiques
pour faire un débat (ceci dit, c’est plus
intéressant en dehors de la période
électorale car il y a moins d’enjeux).
Besoins
C’est d’un projet qui sort de la
monotonie, qui permet de sortir du
texte et qui permet de faire vivre des
choses aux élèves.
Il faut montrer ce qu’on peut faire
facilement en classe.
On a besoin d’outils avec du contenu
sur les thèmes avec une proposition
de plusieurs moyens pour les aborder.
Le jeu de rôle est une bonne idée mais
il faut varier les approches.
Je suis un peu mal à l’aise vis-à-vis de ça,
je pense qu’une majorité de ces jeux sont
plutôt là pour sensibiliser que pour
aborder ou traiter les questions.
Personnellement, je ne l’utiliserai pas en
classe.
Idées Essayer de voir aussi ce qui existe
déjà et qui peut être appliqué sans
mal.
J’ai déjà vu des fiches avec des
phrases toutes faites (exemple : on
accueille toute la misère du monde) et
les élèves devaient répondre en se
positionnant devant le tableau séparé
en 5 colonnes (Non / Plutôt non /
Neutre / Plutôt oui/ Oui)
Par exemple, avec l’immigration, je
prends 20 photos de personnalité
(Fabiola, Philippe Gilbert, …), je leur
demande de classer ces personnes en au
moins 2 catégories (dont 1 sera la
catégorie « immigré ») ensuite on fait
sortir les caractéristiques et on fait une
24
définition.
Statut du
professeur
Il faut apporter des nuances, dire « il
me semble que … », « quand je lis cet
auteur là et celui-là, je pense que, …
».
Je pense qu’il faut savoir rester plutôt
neutre dans ces sujets.
Dans l’absolu, nous ne sommes
jamais neutres vis-à-vis du sujet.
Pour avoir ce statut neutre, il est
indispensable de bien connaître son
sujet.
Avec les élèves plus jeunes, je suis
neutre mais je pose des balises sur la
base des valeurs fondamentales au
fondement du décret mission
(pluralité, ouverture, démocratie, …)
et de notre société (non-
discrimination, tolérance, …).
Avec les plus grands, on peut prendre
position mais il faut dire au nom de
quoi on s’exprime. Il faut faire la part
des choses, distinguer le discours de la
personne et du professeur.
Je suis opposé à la neutralité. Les jeunes
ont besoin d’adultes solides, des gens qui
acceptent de dire « non ». Il faut se
permettre de prendre position mais aussi
de faire prendre position par les élèves.
Il faut aussi faire un travail personnel
d’acceptation par rapport aux faits mais
également sur le fait que les avis
changeront ou pas.
25
Je ne donne pas mon avis aux élèves
quand ça concerne la politique.
Conseil
pour les
jeunes
enseignants
Avoir du sens critique, connaître son
sujet de manière approfondie et
surtout étudier le cas par lui-même.
Je reprends un peu tout ce que j’ai dit,
donc : avoir ses balises, ses règles,
savoir ce qu’on accepte ou pas
comme propos dans sa classe, bien
connaître son sujet et sa classe
Il doit être lui-même engagé, pour
former à être citoyen, il faut être soi-
même un citoyen, prêt à bouger. Ouvrir
sa classe, c’est en rencontrant qu’on
apprend à connaître les autres.
26
V.4. Conclusion des interviews Pour conclure l’ensemble de ces interviews, je dirais qu’elles ont été fortement
bénéfiques pour la réalisation du travail et ont servis de base pour la conception de
l’outil.
Elles ont confirmé mes hypothèses par rapport à la peur, au manque de moyens19
et, de
fait, à la difficulté rencontrée par les enseignants pour aborder ces QSV. Elles mettent
en évidence l’importance de la personnalité de l’enseignant, pour certains plus soucieux
de rester neutres, pour d’autres plus engagés face aux questions soulevées en classe.
La richesse de ces interviews met également en avant les problèmes que posent les QSV
et insiste sur la nécessité de créer des outils pour venir en aide aux enseignants sur le
terrain.
Suite à ces interviews, je peux dégager trois grandes tendances dans la manière
d’aborder les QSV par chacun des intervenants. Le schéma ci-dessous interprète les
différentes méthodes et permet de les situer en termes didactiques.
19 Au niveau outil didactique, ludique, pédagogique et en terme de formation
Approche
neutre Approche
engagée
Peu de balises
Beaucoup de
balises
A.Detry
J.Cornet
C.Dozin
27
VI. Liens avec le cadre scolaire, le programme20 et le manuel
de sciences sociales
VI.1. Y a-t-il une place dans le programme pour ces questions ? Dans le programme de sciences sociales, on ne mentionne à aucun moment les
questions socialement vives. Il est surtout question des concepts à aborder, des
compétences, des axes de tension à identifier, de la démarche scientifique des sciences
sociales, … La QSV, comme toute autre question de recherche en sciences sociales,
reste un « prétexte » pour arriver à analyser le fait social qui se cache derrière. Pour
rappel, en sciences sociales, il faut toujours penser aux trois axiomes21
:
- On travaille le social par le social
- Le social est nécessairement complexe et global
- Le social est nécessairement conflictuel
VI.2. Le programme laisse-t-il la possibilité d’exploiter ces questions ? Bien sûr, le programme laisse une marge de liberté de moyens au professeur.
L’important est, comme cité au paragraphe précédent, de respecter la démarche des
sciences sociales qui, pour rappel, se présente de la manière suivante :
1. Faire émerger et travailler les représentations
2. Observer les faits sociaux
3. Formuler une question et une ou plusieurs hypothèse(s)
4. Rechercher des informations, réactiver et construire des concepts
5. Analyser le fait social
6. Proposer des conclusions et éventuellement des solutions
VI.3. Est-ce possible de dégager une ou plusieurs questions socialement
vives avec le 1er tome du manuel « pratique des sciences sociales » ? Il est effectivement possible de faire émerger des QSV à l’aide du manuel. À ce propos,
je vous propose à la page 41 de ce travail, un tableau reprenant l’ensemble des thèmes
du manuel avec, pour chacun d’entre eux, une à trois QSV possibles pour aborder en
classe.
20 A-F.DESIRANT, F.LAROCHE, L.LAURENT, A.MARTIN, Ph.SOUTMANS et M.TONUS, Programme de
sciences sociales. Option de base.2e et 3e degrés. Humanités générales et technologiques, FESEC,
Bruxelles, 2001 21 Ph.SOUTMANS, Cours de sciences sociales et didactique, notes de cours non publiées, ENCBW,
Louvain-la-Neuve, 2012-2013
28
VII. L’outil en lui-même
VII.1. Description et explication de l’outil Dans l’idéal, mon outil se présentait sous la forme d’une boite à plusieurs tiroirs sous le
modèle schématisé ci-dessous :
Chaque tiroir correspond à un thème exploitant une QSV et dans chacun de ces
différents tiroirs vous pourrez retrouver les fiches suivantes :
1. « Balises et précautions » à destination du professeur et, par extension, des
élèves.
2. « Pistes ludiques » à destination du professeur, pour introduire et/ou traiter la
QSV de manière plus interactive
3. « Documents consultables » à destination du professeur et des élèves
4. « Grille de lecture d’une QSV » à destination du professeur et des élèves
VII.2. Démarche de réalisation Dans les faits, pour une plus grande facilité dans ce travail, j’ai choisi de faire trois
scénarios méthodologiques que je vais proposer aux enseignants. Chacun d’entre eux
proposant une approche différente mais néanmoins centré sur la même thématique.
Chacun de ces scénarios offre une méthode spécifique et une QSV pour la classe.
Vous devez vous demander, pourquoi trois scénarios ? Quel est l’intérêt ? Je vais
répondre simplement à cette question en disant que chaque enseignant à une manière de
procéder qui est différente. De plus, je rappelle au lecteur que dans la conclusion de la
retranscription des interviews22
, j’avais pu mettre en évidence trois modèles distincts de
pratique didactique.
22 Voir la page 25 de ce travail
Look
Famille
Conflits / Guerres
QSV d’actualité
Justice
Réseaux sociaux
29
Chacun d’entre eux dispose d’un statut qui correspond aux attitudes suivantes :
Attitude Description
1
Neutre
On aborde le sujet de manière purement objective et le professeur
maintient la neutralité qu’on attend en général de sa part.
Ce modèle se base sur la pratique de madame Detry.
2
Retenu
On pose bien les balises et les précautions avec les élèves avant de se
lancer dans le vif de la question.
Cette approche se base sur la pratique de monsieur Dozin.
3
Engagé
On pose peu de balises et va chercher les élèves directement. Dans ce
scénario, il faudra pouvoir distinguer le point de vue de l’enseignant en
tant que personne (citoyen responsable) et en tant que professionnel
(professeur de sciences sociales).
Cette technique se base sur la pratique de monsieur Cornet.
Vous aurez remarqué que chacune de ces attitudes possède un code couleur bien
spécifique. En effet, plus la couleur est chaude (rouge), plus la manière d’aborder et de
traiter est frontale et directe vis-à-vis des élèves. Inversement, plus la couleur est froide
(bleu), plus l’approche est neutre et détachée avec les élèves.
Comme expliqué à la page précédente, je propose trois scénarios qui ont chacun une
approche différente. Il faut tenir compte du fait que nous avons chacun, en tant que
professeur, notre personnalité et notre mode de fonctionnement. Ces différentes
manières de procéder permettront à chaque enseignant en sciences sociales de pouvoir
se retrouver dans ces scénarios.
Cependant, je remarque que par soucis de temps et de moyens, j’ai dû me résoudre à
travailler sur seulement un tiroir. J’ai choisi de travailler sur la thématique des réseaux
sociaux.
30
VII.3. Composition de l’outil Comme annoncé plus tôt nous retrouvons dans cet outil :
- Trois scénarios méthodologiques23
développés en fonction de chacun des
modèles identifiés (« neutre », « retenu » et « engagé »)
- Une fiche « balises » reprenant les règles à installer en classe avant l’approche
et/ou pendant le traitement de la QSV pour chacune des approches.
- Une fiche avec des pistes ludiques, ces dernières sont basées sur des exercices
d’improvisation théâtrale, en lien avec les intelligences multiples et les concepts
utilisés dans les scénarios proposés
- Deux grilles de lecture sur les QSV. La première est à destination des
enseignants et la seconde, pour les élèves.
VII.4. Public cible Cet outil est à destination des enseignants en sciences sociales qui veulent aborder ces
QSV ou qui les ont déjà abordées dans leurs classes et qui voudraient trouver une
nouvelle manière de traiter le sujet. Il s’adresse également aux professeurs qui ne savent
pas comment traiter ce genre de contenu (manque d’expérience, pas à l’aise, …) mais
qui voudraient néanmoins tenter une fois l’expérience.
VII.5. Originalité de l’outil Je pense que mon outil est original du fait qu’il est le premier réel outil à destination des
enseignants de sciences sociales pour ce type de questions. Il met en pratique les
théories développées par les pédagogues et sociologues reconnus (Legardez,
Wellington, …) mais il est combiné à la pratique d’experts sur le terrain.
De plus, l’ensemble des pistes ludiques proviennent de ma propre formation en
improvisation théâtrale. Je tiens à préciser au lecteur que je pratique cet art de la scène
depuis 2008 et que depuis 2014, je coache des équipes adultes débutantes.
23 Ces scénarios méthodologiques sont disponibles dans les annexes à la fin de ce travail. Le lecteur
trouvera la table des annexes à la page 48 et, de la page 49 à 57, lesdits scénarios.
31
VIII. Séquence choisie pour l’outil : Les réseaux sociaux
VIII.1. Pourquoi cette séquence ?
Premièrement, j’ai choisi cette thématique car elle est exploitable avec le manuel de
sciences sociales. Le point positif de cet ouvrage, il met à disposition une série de
documents répartis en quatre grandes familles : les faits, les témoignages, les actions et
les expertises.
Deuxièmement, c’est un thème qui touche nos élèves24
en sciences sociales. Il s’agit
d’un élément presque incontournable pour la socialisation des jeunes d’aujourd’hui. Ce
sujet est tellement présent autour de nous qu’il serait regrettable de ne pas l’aborder en
classe.
Troisièmement, cette thématique soulève beaucoup de questions qui relèvent du
socialement vif. Pour citer un exemple lié à l’actualité : régulièrement, on entend parler
de cas de harcèlements à l’école qui sont accentués par l’utilisation des réseaux sociaux.
Malheureusement, ces situations ont souvent un dénouement tragique.
VIII.2. Quels outils sont à ma disposition ? L’enseignant trouvera dans ce travail les outils suivants :
- Les trois fils rouges « types » développés en fonction de chacun des modèles
(« neutre », « retenu » et « engagé »)
- Les trois scénarios méthodologiques proposant des tâches, productions,
documents, …
- Une fiche « balises » reprenant les règles à installer en classe avant l’approche
et/ou pendant le traitement de la QSV
- Une fiche avec des pistes ludiques, ces dernières sont basées sur des exercices
d’improvisation théâtrale, en lien avec les intelligences multiples et les concepts
utilisés dans les scénarios proposés
N.B : Il me semble important de rappeler au lecteur que ces outils sont des pistes et des
ressources disponibles. Je ne cherche pas à imposer ma manière de procéder.
24 En 3ème secondaire, les élèves ont entre 14 et 16 ans. L’inscription sur un réseau social (ex : Facebook)
peut se faire dès l’âge de 13 ans.
32
VIII.3. Les fils rouges types selon chaque modèle Modèle A : Neutre
Phase Méthodologie de l’enseignant Implication des élèves Documents Étapes démarche Note personnelle
Approche - Il faut faire des liens avec
l’actualité.
- Permettre aux élèves de
s’exprimer.
- Accepter ce qu’ils disent.
Les élèves ont ce temps pour
dévoiler leur opinion aux
autres et pour implicitement
exposer leurs représentations
au professeur. Mais il n’y a
pas de réel débat.
Documents
d’actualité.
Faire émerger et travailler
les représentations
+
Formuler des hypothèses.
La démarche
globale est assez
froide dans ce
modèle, c’est-à-
dire qu’on ne va
jamais perdre le
contrôle de la
situation car on
laisse le sujet
devenir bouillant.
C’est un modèle
qui peut
rassurer et qui
conviendrait à
un jeune
enseignant.
Traitement - Critique des sources.
- Relativisme ambiant.
- Renvoie au tiers objet.
- Mise en évidence qu’il ne
peut pas y avoir de solutions
toutes simples.
L’élève analyse, de manière
« détachée » l’ensemble du
fait social.
Documents
antagonistes,
d’experts,
témoignages
écrits.
Observer les faits sociaux
+
Rechercher des
informations, réactiver et
construire des concepts +
Analyser le fait social.
Conclusion - Production finale : Tableau à
double entrée pour
comparer les différences
de faits, d’opinions et les
arguments évoqués.
Les élèves se retrouvent au
final avec différents points
de vue mis en comparaison
mais on ne revient pas sur
leur opinion propre.
Rubrique du
journal « La
Libre Belgique
» « pour ou
contre ».
Proposer des conclusions
et éventuellement des
solutions.
33
Modèle B : Retenu
Phase Méthodologie de l’enseignant Implication des élèves Documents Étapes démarche Note personnelle
Approche - Départ des représentations
ou d’un fait d’actualité.
- Mise en place de balises
avant de commencer.
Les élèves sont lancés via la
question et peuvent débattre
une 1ère
fois sur le sujet après
une réflexion individuelle.
Article ou
actualité ou
représentation.
Faire émerger et travailler
les représentations
+
Formuler des hypothèses.
La démarche
entreprise laisse
plus de place pour
l’expression des
élèves. Cette
dernière est
encadrée par les
balises du
professeur qui se
réserve le droit
d’intervenir si
elles sont
franchies. Ce
modèle convient
aux enseignants
cadrans et
calmes.
Traitement - Représentations.
- Distinction et classement
entre jugement et
représentations.
- Analyse.
- Discussion.
Les élèves analysent les
documents mais il y a
toujours un temps pour
parler, échanger ses
opinions sur ce qu’on
découvre.
Témoignages,
analyse de
faits, de
chiffres, …
déconstruisant
les évidences.
Observer les faits sociaux
+
Rechercher des
informations, réactiver et
construire des concepts +
Analyser le fait social.
Conclusion - Retour sur les
représentations.
- On laisse la parole pour
une réflexion plus
argumentée.
- On voit les points de vue
qui ont changés ou non.
Les élèves peuvent
argumenter entre eux en
arrivant à sortir du préjugé
et à prendre position sur la
base de ce qui a été vu au
cours.
Pas de
documents
mais un retour
sur soi et son
opinion pour
voir son
évolution.
Proposer des conclusions
et éventuellement des
solutions
+
Retour sur l’évolution des
représentations.
34
Modèle C : Engagé
Phase Méthodologie de l’enseignant Implication des élèves Documents Étapes démarche Note personnelle
Approche - Problème à résoudre.
- Mobilisation des
représentations.
- On fait sortir l’avis des
élèves.
- Déconstruction des
évidences.
Les élèves sont tous
sollicités par le professeur.
L’un d’entre eux est nommé
responsable pour rappeler
à l’ordre l’enseignant en
cas de participation très vive
de ce dernier.
Article ou
vidéo.
Faire émerger et travailler
les représentations
+
Formuler des hypothèses
+
Observer les faits
sociaux.
La démarche
entreprise laisse
de la place pour
l’expression des
élèves mais aussi
du professeur.
C’est un modèle
qui convient aux
enseignants
engagés et qui
veulent
participer
activement au(x)
débat(s).
Traitement - Arrêt à la situation-
problème ou poursuite avec
les axes de tension.
Les élèves analysent les
documents et dégagent des
axes de tensions
perceptibles.
Témoignages,
analyse de
faits, de
chiffres, …
Rechercher des
informations, réactiver et
construire des concepts +
Analyser le fait social.
Conclusion - Production où on peut
construire un concept ou
un axe de tension. Ex :
Lettre, affiche, article, …
- Invitation d’homme(s)
politique(s) pour débattre.
Création de fiches ou
préparation de questions.
Témoignages,
expertises,
analyse de
faits, de
chiffres, …
Proposer des conclusions
et éventuellement des
solutions.
35
VIII.4. Fiche « Balises »
Modèle
Balises
« Neutre »
« Retenu »
« Engagé »
Pour
l’approche
de la QSV
- Ne pas interrompre.
- Le professeur ne donne jamais
son propre avis à la classe pour
conserver son statut « neutre ».
- Les réponses ne peuvent pas
être de l’ordre du : « il n’y a
qu’à … ».
- Si des valeurs fondamentales sont en jeu
(ex : la démocratie, …), le professeur peut
intervenir de manière « institutionnelle ».
- Le professeur gère le débat en tant
qu’animateur (relance, questionne, …).
- L’argumentation prime sur l’opinion
défendue.
- Il faut avoir de l’humilité.
- Le professeur participe en
tant que citoyen actif et
responsable (statut ≠).
- Nommer un élève « casque
bleu » pour arrêter le
professeur au cas où il
s’emporte de trop.
Règles d’Or
durant la séquence
1. Laisser le droit à la parole à chaque membre de la classe qui souhaite participer.
2. Écouter le point de vue de l’autre.
3. Respecter l’opinion de chacun, que vous soyez d’accord ou non.
4. Lorsqu’on s’exprime, il est souhaitable de donner une référence et/ou d’argumenter.
5. Le professeur ne peut pas user de l’influence due à son statut pour convaincre les élèves.
6. Il faut connaître le sujet abordé et accepter que certains points de vue ne changent pas.
36
VIII.5. Pistes ludiques
Il va de soi que vous devez connaître vos élèves avant d’appliquer ces pistes. Pour
chaque activité, vous avez des indications sur la disposition des élèves dans la classe, le
principe de l’exercice, une variante possible et la durée totale de cette activité sur votre
période de cours.
Concepts Activités IM25
Réseau
social
Disposition : les élèves sont en cercle. (si vous
avez un grand groupe, vous pouvez faire 2 à 3
cercles).
Principe : à l’aide de ficelles de différentes
couleurs (dans l’idéal, une couleur par
participant), les élèves doivent se relier entre eux
suivant leurs amitiés entre eux (au sens virtuel).
Variante : même exercice mais avec l’amitié
réelle.
Durée : 10 min.
Interpersonnelle
Socialisation Disposition : laisser de la place devant votre
tableau pour l’ensemble du groupe.
Principe : l’enseignant divise son tableau en 3
parties. Ex : Oui (partie gauche du tableau), ne se
prononce pas (partie centrale du tableau) et non
(partie droite du tableau). Il lance une question
fermée. Ex : êtes-vous sur Facebook ?
2 à 3 groupes vont se former à chaque question.
Variante : c’est un exercice qui peut fonctionner
comme un sondage quantitatif.
Durée : 5 à 10 min.
Kinesthésique
Contrôle
social
Disposition : deux élèves assis sur leurs chaises
face à face au-devant de la classe.
Principe : il s’agit d’improviser une petite saynète
de +/- 2 min où le pitch de départ serait : les
retrouvailles de deux amis. Avant de démarrer, les
Interpersonnelle
25 IM : Intelligences Multiples. Théorie développée par H.GARDNER.
37
deux élèves se créent chacun un personnage en
notant leurs informations sur le tableau (Nom,
prénom, situation amoureuse, une publication
récente, …). Avant de commencer, ils vont tous
les deux regarder ce qu’ils ont écrit avant de jouer
la scène.
Le but de l’exercice est de montrer qu’on est
responsable de ce qu’on met sur les réseaux
sociaux et que tout le monde peut le voir.
Variante : créer un seul personnage fictif et les
autres élèves font des personnages qui le croisent
par hasard dans la rue (ex : famille, amis,
collègue, connaissance, ami d’un ami, inconnu).
Durée : 10 min.
Exclusion
sociale
Disposition : en cercle, tourné vers l’intérieur,
épaules contre épaules sauf un qui est en dehors
du cercle.
Principe : l’élève seul doit essayer d’intégrer le
groupe (sans recourir à la violence physique).
Variante : seul face aux autres, l’élève doit essayer
de convaincre les autres de le laisser intégrer le
cercle.
Durée : 5 min.
Kinesthésique
38
VIII.6. Grille de lecture sur les QSV J’ai créé deux grilles de lecture pour les QSV. La première est à destination des
enseignants et la seconde pour les élèves. Elles permettent aux enseignants de faire leur
équation personnelle26
ainsi qu’un diagnostic de la classe face à la QSV. Théoriquement
le mieux serait de proposer ces grilles en début de séquence voire même pendant le
cours précédent.
VIII.6.1. Exemple de grille à disposition pour le professeur en sciences
sociales
Niveau Question :
Gestion de
la classe
La question abordée fait-elle réagir
les élèves ?
o Faiblement (0)
o Modérément (1)
o Fortement (2)
Fait-elle appel à leurs valeurs ? o Oui (1)
o Non (0)
Crée-t-elle des divergences, des
contradictions, … au sein du
groupe ?
o Oui (1)
o Non (0)
Personnel
Suis-je à l’aise face à cette
question ? (personnellement et par
rapport au contenu)
o Oui (1)
o Non (0)
À quel point ma position de
neutralité est-elle en jeu ?
o Je me sens capable de
conserver ma neutralité mais
je ne veux pas rentrer dans
le débat (A)
o Je me sens capable de rester
neutre mais je veux pouvoir
donner mon opinion (B)
o Je ne me sens pas capable de
rester neutre et je veux
pouvoir participer (C)
26 Ce terme à déjà été développé dans la partie « hypothèses » de ce travail.
39
VIII.6.2. Exemple de grille à destination des élèves en sciences sociales
Consigne : Complète le tableau ci-dessous par rapport à la question qui nous anime au
cours pour l’instant. Ce tableau se complète individuellement, est strictement anonyme
et est à me remettre une fois remplis. Il me servira à choisir la meilleure méthode pour
travailler cette question avec vous.
Niveau Question : Auto-
évaluation
Personnel
La question abordée me fait
réagir ? Suis-je interpellé
par cette question ?
o Oui (1)
o Non (0)
… / 1
Elle provoque chez moi …
o Une vive émotion (1)
o Une réaction propre à
ma culture / mon
éducation (1)
o Une indifférence
totale (0)
… / 1
Fait-elle appel à mes valeurs
et/ou à mes convictions ?
o Oui (1)
o Non (0) … / 1
Me donne-t-elle envie d’en
savoir plus à son sujet ?
o Oui (1)
o Non (0)
… / 1
Avec ma
classe
Suis-je d’accord avec les
opinions de tous mes
camarades de classe ?
o Oui (0)
o Non (1) … / 1
Face à la
classe
Ai-je peur de donner mon
opinion publiquement ?
o Oui (0)
o Non (1)
… / 1
Total
…/6
Commentaire éventuel :
……………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………
40
VIII.6.3. Comment analyser les résultats ?
Pour que ce soit efficace et que les grilles vous aident au mieux, vous devez avoir le
résultat de votre grille mais aussi celui des élèves. Pour garantir l’anonymat des élèves,
précisez tout d’abord que les points sont fictifs (un peu comme dans les tests dans les
magazines) et demandez leurs de laisser un signe distinctif dans le coin de leur feuille
pour qu’ils puissent la récupérer par après.
Enseignant Élève
Gestion de la classe :
- Si vous avez 0 point, la question que
vous avez posée n’est pas
suffisamment vive pour eux. Essayez
de l’adapter à votre groupe-classe.
- Si vous avez entre 1 et 3 points, la
question a un effet sur votre groupe
mais peut encore être plus vive
- Si vous avez 4 points, votre groupe
réagi de manière claire, vous êtes
réellement en face d’une QSV au sein
de votre classe. Félicitations.
Personnel :
- Si vous avez 0 point, la question vous
met sans doute mal à l’aise ou vous
n’êtes pas sur de tout savoir sur le
sujet.
- Si vous avez 1 point, lancez-vous.
Ma neutralité :
- Si vous avez choisi A, je vous
propose le scénario « neutre »
- Si vous avez choisi B, je vous
propose le scénario « retenu »
- Si vous avez choisi C, je vous
propose le scénario « engagé »
Personnel :
- Si l’élève a 0 point, la question ne
l’intéresse pas où elle ne fait pas appel
à ses valeurs.
- S’il a entre 1 et 3 points, la question
ne va pas le laisser indifférent et il va
vouloir participer
- S’il a 4 points, il y a de grandes
chances qu’il soit tenté de réagir et il
va participer activement à votre cours.
Avec ma classe :
- S’il est d’accord avec l’ensemble de
sa classe, c’est qu’il n’a probablement
pas d’idée sur le sujet
- S’il n’est pas d’accord avec
l’ensemble de sa classe, c’est qu’il a
une opinion à défendre
Face à la classe :
- S’il a peur, gardez en tête qu’il faut
que l’initiative de participer vienne
des élèves.
- S’il n’a pas peur, n’hésitez pas à le
solliciter.
41
IX. Proposition de sujets
IX.1. Les sujets de type général.
Voici une liste reprenant plusieurs sujets de type général qui peuvent être repris sous
forme de QSV en classe de sciences sociales étant adaptés à l’année d’étude des élèves.
Année Thèmes QSV Possibles
3ème
année
Look
Immigration
Développement durable
Pour ou contre l’uniforme à
l’école ?
Faut-il modifier les menus scolaires
ou les congés pour satisfaire des
élèves de confessions différentes ?
Seriez-vous prêt à renoncer à venir
en voiture à l’école ?
4ème
année
Chômage
Discrimination
Élections
Faudrait-il avoir des allocations de
chômage à durée limitée pour
réduire le nombre de chômeurs ?
Un élève avec un potentiel différent
peut-il bénéficier d’un aménagement
spécifique par rapport aux autres ?
Les délégués ont-ils été élus
démocratiquement ?
5ème
année
Guerre
Paix
Relations Nord-Sud
Face à l’Etat Islamique, on déclare
une guerre ou on négocie ?
Seriez-vous prêt à payer plus pour
avoir un produit équitable ?
6ème
année
Racisme
Homosexualité
Accepterais-tu qu’un membre de ta
famille soit en couple avec une
personne qui n’a pas la même
couleur de peau et/ou la même
origine et/ou la même orientation
sexuelle que toi ?
42
IX.2. Les sujets d’actualité
Ces sujets ne vont pas être développés comme les thèmes généraux. Ceci dit, l’actualité
peut rejoindre un ou plusieurs thèmes généraux mis en évidence à la page précédente.
On retiendra des sujets d’actualité qui ont ou qui auraient pu conduire à des QSV dans
les classes de sciences sociales comme :
- Seriez-vous prêt à aider un SDF durant l’hiver ?
- Les attentats contre le journal satirique français « Charlie Hebdo »
- Avez-vous peur des actes de terrorisme lié à l’islamisme radical ?
- …
IX.3. Les sujets abordables à l’aide du manuel « Pratique des sciences
sociales » Je reprends ici sous forme de tableau, l’ensemble des thématiques traitées par le manuel
et pour chacune de ces dernières, je propose une ou plusieurs QSV pouvant être traitées.
Dossiers thématiques QSV possibles
Trop fortes, les filles ?
(le genre et le système
éducatif)
- Les filles sont-elles meilleures que les garçons à
l’école ?
- En tant que garçon, pourrais-tu envisager de faire
des études de puériculture ?
- En tant que garçon, pourrais-tu envisager de
devenir maçon sur un chantier ?
Tous des geeks ?
(Les pratiques culturelles)
- Est-ce possible pour une fille d’être geek ?
- Les garçons sont-ils tous des geeks ?
Seuls ensemble ?
(Les réseaux sociaux)
- Pour ou contre les réseaux sociaux ?
- Quand je m’inscris sur un réseau social, je
renonce en partie à ma vie privée ?
- Un ami sur Facebook est-il vraiment un ami dans
la vie de tous les jours ?
J’ai le droit !
(les droits de l’enfant)
- Accepterais-je de me marier avec quelqu’un qui
m’est imposé par ma famille ?
Belgique, terre d’accueil ?
(Vivre ensemble dans une
société multiculturelle)
- Peut-on accueillir tout le monde, quelle que soit
son origine, dans notre classe ?
Trop injuste !
(La justice et les prisons)
- Suis-je d’accord avec la libération de Michèle
Martin ?
Une famille en or - Le mariage homosexuel, bonne ou mauvaise
chose ?
- Pour ou contre l’adoption pour des couples
homosexuels ?
Tous profiteurs ?
(la pauvreté)
- Faut-il un salaire équivalent pour tout le monde ?
43
X. Réflexion sur l’outil
X.1. Quels apports et avantages ?
Ce travail, cet outil apporte de nouvelles pistes pour les enseignants de sciences sociales
qui peuvent se sentir démunis face à ces QSV. L’avantage majeur n’est autre que la
proposition des trois fils rouges possibles qui sont adaptés de pratiques didactiques,
pédagogiques et institutionnelles complètements différentes. C’est ce qui rend l’outil à
la fois intéressant mais également transférable pour d’autres séquences.
Suite à ce travail, j’ai constaté qu’aujourd’hui, les enseignants sont en attente de pistes
concrètes pour pouvoir travailler au mieux. Je ne présenterais pas mon outil comme une
« solution miracle » ou une « baguette magique » car il faut rester lucide. Cet outil
conviendra aux professeurs qui veulent tenter l’expérience ou qui veulent explorer de
nouvelles pistes.
X.2. Quels manques sont encore perceptibles ?
Il est clair que pour l’instant, je n’ai développé qu’une seule séquence pour ce travail. Je
pourrais tout à fait imaginer pouvoir concevoir d’autres séquences avec ces modèles
didactiques. Le travail mériterait d’être étendu à d’autres séquences car la QSV est
porteuse de sens pour les élèves, comme pour les professeurs. Elle invite également à la
réflexion et à la remise en question de nos représentations ainsi que de notre société.
Il est vrai que dans mon outil, je n’ai pas créé de fiches concepts (outre la grille de
lecture des QSV). Je pense que ça n’en valait pas la peine vu les autres outils créés. La
formation de base en Sciences Humaines nous a déjà donné les moyens pour y parvenir
par nous-mêmes, je laisse donc le soin aux enseignants de faire leurs fiches par eux-
mêmes.
X.3. En faudrait-il plus ?
Dans l’absolu, je ne suis pas capable de trancher. D’un côté, je dirais « oui » car on
aime toujours avoir un exemple pour tout. Cependant, je vais dire « non » car je pense
qu’avec les propositions de thèmes, les conseils, les grilles de lecture, les fils rouges, les
scénarios méthodologiques et les balises, l’enseignant est suffisamment compétent que
pour utiliser ces outils à bon escient et comme bon lui semble.
44
XI. Limites du travail réalisé sur cet outil
XI.1. Pour la réalisation et la conception ?
Le rythme de l’année scolaire en 3ème
Bac en Sciences Humaines laisse peu de temps
pour travailler durant l’année. Effectivement, nous sommes sollicités par des projets,
des travaux, nos stages, … Et comme le tout s’enchaine sans cesse, le temps manque
pour approfondir davantage.
Vous l’aurez remarqué dans la partie où je vous présente l’outil, je dis « dans l’idéal »
car il est vrai qu’au début de ce travail, j’ai été fort ambitieux. Mais ne prenez pas ce
mot comme un aveu de faiblesse, même si on voit trop grand, on peut toujours réduire,
faire des choix et s’adapter au temps imparti.
XI.2. Pour le test en classe ?
Malheureusement, je n’ai pas pu concevoir cet outil avant la fin du mois de mai, ce qui
est assez regrettable quant au travail fourni et aux efforts déployés durant l’année. Il
s’agit de mon seul regret dans l’évaluation de ce travail.
Cependant, j’ai contacté au début du mois de juin Mr Dozin pour tout de même avoir
l’occasion de tester ma grille de lecture sur les QSV avec sa classe de sciences sociales
à l’Institut Saint-Joseph à Ciney. Les résultats de ce test seront présentés lors de la
défense orale de ce travail.
45
Conclusion
Mon travail ne m’a pas laissé indifférent. J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler sur ce
sujet. Si bien, que c’est presque devenu une passion pour moi. Mon intérêt pour ce
travail était motivé par un constat qui était « Si je venais un jour, à me retrouver face à
un sujet sensible en classe, comment ferais-je pour l’aborder ? ». Aujourd’hui, ce travail
m’a permis d’apporter une réponse à ce constat ainsi que des pistes d’actions concrètes
pour ma pratique future.
Le fait d’avoir eu mon sujet de TFE très tôt (Janvier 2014) m’a permis de développer
une longue réflexion qui a nourri ce travail. Il m’a permis de rencontrer des
professionnels en matière de didactique disposant chacun de leur propre personnalité et
de leur propre vision des QSV. Sans eux, mon travail aurait certainement été différent,
voire même moins crédible.
En effet, outre la rencontre de ces enseignants, je ressors de ce travail avec un sérieux
bagage en mains et avec une certaine expertise par rapport à la thématique des QSV.
Les apports de ce travail au niveau professionnel sont rassurants car j’ai à ma
disposition un réel outil de travail. Au niveau personnel, j’ai le sentiment d’être mieux
équipé pour faire face à ces situations dans mes futures classes de sciences sociales et
c’est, pour moi, une source d’assurance.
La démarche suivie a été concluante même si au départ elle était fort ambitieuse. J’ai
tout de même réussi à créer un outil qui, je pense, pourra aider bon nombre de jeunes
enseignants en sciences sociales mais aussi les professeurs plus expérimentés.
Finalement, je suis fier du travail réalisé car ce n’est pas un travail « pour faire un
travail » et il pourra aider d’autres personnes.
La multiplicité des outils proposés, à savoir, les fils rouges, les scénarios
méthodologiques, les fiches « balises » et « pistes didactiques » ainsi que les grilles de
lecture à destination du professeur et des élèves, constituent la force de ce travail. Je
pense que ces outils vont être considérés comme des ressources permettant de faire
évoluer l’apprentissage de la citoyenneté.
46
Même si il n’a pas encore pu être testé « tel quel », mon outil est performant dans la
mesure où il s’adapte à trois styles de personnalité d’enseignants.
Pour la suite, je pense que ce travail pourrait être étendu à d’autres thématiques ou alors
encore plus approfondis. Le plus plausible serait de réaliser le test dans mes futures
classes ou alors il pourrait servir de ressources pour les futurs étudiants de 3ème
Bac en
Sciences Humaines qui devront aborder des QSV dans leur stage 3.1 ou 3.2.
Pour finir, je dirais qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer dans les QSV, elles sont le
reflet de notre société : elles dérangent mais ne serait-ce pas au professeur de sciences
sociales d’aborder ces questions ? Grâce à sa paire de lunettes, sa démarche scientifique,
il est le plus compétent pour aider les jeunes à y voir clair ! C’est ce regard disciplinaire
qui fait notre force !
47
Bibliographie
Ouvrages et cours
- J.CORNET, A.MARTIN, S.NAVARRE et Ph.SOUTMANS, Pratique des sciences
sociales, Ed Erasme sous la marque Didier Hatier, Namur, 2014.
- A-F.DESIRANT, F.LAROCHE, L.LAURENT, A.MARTIN, Ph.SOUTMANS et
M.TONUS, Programme de sciences sociales. Option de base.2e et 3
e degrés.
Humanités générales et technologiques, FESEC, Bruxelles, 2001.
- J.HARDY, Cours de Sociologie et de politique de l’éducation, notes de cours
non publiées, ENCBW, Louvain-la-Neuve, 2014-2015.
- Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique (SeGEC), Décret Missions,
Communauté Française, 1997.
- Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique (SeGEC), Décret Neutralité,
Communauté Française, 2003.
- Ph.SOUTMANS, Cours de sciences sociales et didactique, notes de cours non
publiées, ENCBW, Louvain-la-Neuve, 2012-2013.
Article
- J.CORNET, Chaud devant, à paraître dans la revue Traces n°218, Liège, 2014.
Webographie
- Y.ALPE et A.BARTHES, De la question socialement vive à l’objet
d’enseignement : comment légitimer des savoirs incertains ?, sur
http://dse.revues.org/95#tocto1n3, Les dossiers des sciences de l’éducation [En
ligne], 29 | 2013, mis en ligne le 28 novembre 2013, consulté le 18/06/2014.
- Auteur inconnu, Questions socialement vives, sur http://www.didaquest.org/wiki
/Questions_socialement_vives, mis en ligne le 5/12/2010, consulté le
18/06/2014.
- A.BEITONE, Enseigner des questions socialement vives. Note sur quelques
confusions, sur http://www.eloge-des-ses.fr/pages/textes-en-
ligne/qsvconfusions-ab-2004.pdf, consulté le 4/08/2014, rédigé en 2004.
- A.BEITONE, Educations à…. Ya basta !, sur http://www.skolo.org/IMG/pdf/
education_a_ya_basta.pdf, mis en ligne en 2014, consulté le 18/06/2014.
48
- A.CAVET, L'enseignement des « questions vives » : lien vivant, lien vital, entre
école et société ?, http://ife.ens-lyon.fr/vst/LettreVST/27-mai-2007.php,
consulté le 7/08/2014, mis en ligne en mai 2007.
- CHEVALLIER et LASPALES, Le racisme, sur « https://www.youtube.com/watch
?v= fhz_JsWpKQ8 », extrait du spectacle « Chevallier Laspalès au théâtre des
nouveautés », Paris, 1991.
- DEPARTEMENT DE L’ACTION SOCIALE, Qu’est-ce que l’action sociale ?,
http://socialsante.wallonie.be/?q=action-sociale/action-sociale, consulté le
17/04/15.
- A.LEGARDEZ, Transposition didactique et rapports aux savoirs : l’exemple des
enseignements de questions économiques et sociales, socialement vives,
http://www .persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-
7807_2004_num_149_1_3169, consulté le 7/08/2014, publié en 2004.
- SANS CHICHIS, Internet. Mes parents, mes profs et moi, sur http://www.
rtbf.be/tv/emission/detail_sans-chichis/rubriques/famille/article_ internet-mes-
parents-mes-profs-et-moi?id=7974294&emissionId=38, mis en ligne le
3/12/2014, consulté le 31/05/2015.
49
Table des annexes
En lien avec l’outil :
1. Scénario méthodologique « Neutre » p50
2. Scénario méthodologique « Retenu » p53
3. Scénario méthodologique « Engagé » p56
En lien avec le travail :
4. Intégralité de l’interview d’A.Detry p59
5. Intégralité de l’interview de C.Dozin p62
6. Intégralité de l’interview de J.Cornet p65
7. Questionnaire complet du sondage p68
50
1. Scénario « neutre »
Temps Démarche Tâches + consignes Compétences Productions Concepts
mobilisés
Documents du
manuel
2h 1. Faire émerger
et travailler les
représentations
QSV de départ : Pour ou contre les
réseaux sociaux ?
- Écris ton opinion personnelle sur
une feuille (individuellement et
anonymement).
- Sur chacun des 2 post-it, donne
un mot en faveur et en défaveur
des réseaux sociaux.
- Analyse le sondage de la classe.
(pour/contre, raisons majoritaires)
C1 : Formuler, à
partir d’une
QSV, une/des
question(s) de
recherche et
énoncer l’une ou
l’autre
hypothèse de
départ.
- Opinion
argumentée sur la
base des
représentations.
- Ensembles avec
les
représentations.
- Graphiques des
représentations
de la classe.
Réseau social.
Socialisation.
Témoignages 4 &
6.
3h 2. Observer les
faits sociaux
Construis un schéma mettant en
relation les acteurs utilisant les
réseaux sociaux, leurs motivations et
ce qu’ils publient.
C2 : Réaliser
une démarche de
recherche.
Schéma fléché où on
peut identifier le fait
social : on publie
notre vie privée sur
les réseaux sociaux.
Faits 1 & 3.
Fiche savoir-
faire :
« construire un
schéma ».
51
2h 3. Formuler une
question et
émettre une ou
plusieurs
hypothèses
- Suite au schéma formule une
question de recherche.
- A ton avis, quel serait la
réponse à cette question ? (tu
peux avoir plusieurs
réponses).
C2 : Réaliser
une démarche de
recherche
- Question de
recherche sous la
forme « pourquoi
… alors
que … ? ».
- Proposition d’une
ou plusieurs
hypothèses.
Socialisation.
Fiches méthode
n°4 : « pour bien
cibler sa
recherche » +
fiche savoir-faire
« émettre des
hypothèses » +
documents
précédents.
3h 4. Rechercher des
informations,
réactiver et
construire des
concepts
- Crée une fiche concept
personnelle sur la socialisation.
- Réalise une interview des
membres de sa famille (comment
se socialisent-ils aujourd’hui et
quand ils avaient ton âge ?).
- Fiche concept.
- Retranscription
de l’interview de
chacun des
membres de la
famille.
Fiche concept n°1
« Socialisation ».
Pistes ludiques.
Interviews
4h 5. Analyser le fait
social
- Comment expliquer l’utilisation
des réseaux sociaux ?
C3 : Confronter
les résultats
d’une recherche
avec des
modèles
- Synthèse écrite
sur l’utilisation
des réseaux
sociaux.
Expertises 4 & 6
52
- Synthétise le fait social à l’aide de
l’axe de tension « public / privé ».
explicatifs. - Schéma de
synthèse sur la
base de l’axe de
tension.
Axe de tension
public/privé.
Fiche tensions
« collectif
individuel ».
4h 6. Proposer des
conclusions et
éventuellement
des solutions
- Suite à l’ensemble du cours, que
peux-tu dire sur l’utilisation des
réseaux sociaux aujourd’hui ?
- Par groupes de 2, rédiger une
charte de ce qu’on peut publier
sur un réseau social et ce qu’il
vaudrait mieux s’abstenir de
publier.
C4 :
Communiquer le
résultat de sa
recherche.
- Réseau
conceptuel
synthétisant le
cours et la
recherche.
- Charte (format
A3) présentée
sous la forme de
tableau à double
entrée à exposer
oralement à la
classe. (Les plus
complets seront
exposés dans le
local ou le
couloir).
Voir documents
précédents.
53
2. Scénario « retenu »
Temps Démarche Tâches + consignes Compétences Productions Concepts
mobilisés
Documents du
manuel
2h 1. Faire émerger
et travailler les
représentations
QSV de départ : Vivrait-on mieux
sans les réseaux sociaux ?
- Écris ton opinion personnelle sur
une feuille (individuellement et
anonymement). Consigne
supplémentaire : Si tu le souhaite,
donne ton avis à la classe*.
- Dans les avis échangés, distingue
les opinions des faits
C1 : Formuler, à
partir d’une
QSV, une/des
question(s) de
recherche et
énoncer l’une ou
l’autre
hypothèse de
départ
- Opinion
argumentée écrite
(+ orale) sur la
base des
représentations
- Tableau à double
entrée séparant
« fait » et
« opinion »
Fait / Opinion.
Réseau social.
Socialisation/
Contrôle
social.
Faits 1 & 3.
Fiche
« balises »*.
Fiche méthode
« se méfier de
soi-même ».
3h 2. Observer les
faits sociaux
- Construis un schéma mettant en
relation les acteurs utilisant les
réseaux sociaux, leurs
motivations et ce qu’ils publient.
C2 : Réaliser
une démarche de
recherche.
- Schéma fléché où
on peut identifier
le fait social : On
publie sa vie
privée, voire celle
des autres, sur les
réseaux sociaux.
Témoignages 4 &
6.
Fiche savoir-
faire :
« construire un
schéma ».
54
2h 3. Formuler une
question et
émettre une ou
plusieurs
hypothèses
- Suite au schéma formule une
question de recherche.
- A ton avis, quel serait la
réponse à cette question ? (tu
peux avoir plusieurs
réponses).
- Question de
recherche sous la
forme « pourquoi
… alors
que … ? ».
- Proposition d’une
ou plusieurs
hypothèses.
Socialisation.
Contrôle
social.
Fiches méthode
n°4 : « pour bien
cibler sa
recherche » +
fiche savoir-faire
« émettre des
hypothèses » +
documents
précédents.
4h 4. Rechercher des
informations,
réactiver et
construire des
concepts
- Conçois et réalise une enquête
auprès de 10 amis (en dehors de
la classe) : Sont-ils sur un réseau
social ? Quel genre
d’informations publient-ils ?
- Analyse tes résultats sous forme
de graphiques.
- 3 à 4 questions
permettant une
analyse
quantitative pour
la suite.
- Un graphique
circulaire pour
les utilisateurs et
un en bâtonnets
pour les
publications.
Fiche méthode
n°10 :
« questionner,
interviewer,
observer, … ».
55
- Crée une fiche concept sur le
contrôle social.
- Fiche sous la
forme de réseau
conceptuel.
Pistes ludiques.
4h 5. Analyser le fait
social
- Synthétise le fait social observé à
l’aide de l’axe de tension « public
/ privé ».
- Comment expliquer le recul,
voire la disparition, de cette
frontière ?
C3 : Confronter
les résultats
d’une recherche
avec des
modèles
explicatifs.
- Schéma de
synthèse sur la
base de l’axe.
- Schéma
identifiant les
acteurs, leurs
motivations, l’axe
de tension ainsi
que des dérives
(faits).
Axe de tension
public/privé.
Fiche tensions
« collectif
individuel ».
2h 6. Proposer des
conclusions et
éventuellement
des solutions
- Reprends la feuille où tu avais
écrit ta première opinion. Es-tu
toujours en accord avec cette
opinion ? Argumente à l’aide de
tes nouvelles connaissances.
C4 :
Communiquer le
résultat de sa
recherche.
- Réflexion
argumentée qui
pose le constat
d’une évolution
(ou pas) des
représentations
de départ.
Prise des
représentations
de début de
séquence.
56
3. Scénario « engagé »
Temps Démarche Tâches + consignes Compétences Productions Concepts
mobilisés
Documents du
manuel
2h 1. Observer les
faits sociaux
QSV de départ : Comment éviter les
dérives liées aux réseaux sociaux ?
(harcèlement, …).
- Lis et analyse les textes qui te
sont proposés. Identifie le(s)
problème(s).
C1 : Formuler, à
partir d’une
QSV, une/des
question(s) de
recherche et
énoncer l’une ou
l’autre
hypothèse de
départ.
Tableau à double
entrée où on identifie
le fait social : le
réseau social arrive à
exclure socialement.
Réseau social.
Socialisation.
Exclusion
sociale.
Faits 2 & 6.
Actions 4 & 7.
2h 2. Faire émerger
et travailler les
représentations
- Écris ton opinion et tes arguments
(individuellement) en vue du
débat qui va nous animer.
- Argumente oralement ton opinion
(si l’élève le souhaite).
Échange d’opinions
argumentées sur la
base des
représentations de
chacun (Exposition
du point de vue des
élèves qui
réagissent).
Fiche
« balises »*.
2h 3. Formuler une
question et
émettre une ou
- Suite au schéma formule une
question de recherche.
- Question de
recherche sous la
forme « pourquoi
Fiches méthode
n°4 : « pour bien
cibler sa
57
plusieurs
hypothèses
- À ton avis, quel serait la réponse
à cette question ? (tu peux avoir
plusieurs réponses).
… alors
que … ? ».
- Proposition d’une
ou plusieurs
hypothèses.
Socialisation.
Exclusion
sociale.
recherche » +
fiche savoir-faire
« émettre des
hypothèses » +
documents
précédents.
3h 4. Rechercher des
informations,
réactiver et
construire des
concepts
- Crée une fiche concept sur
l’exclusion sociale.
- Réalise une interview auprès de 5
personnes de ton entourage (hors
de la classe) : Sont-ils sur un
réseau social ? Ont-ils déjà vécu
ou connaissent-ils des personnes
qui ont vécu une dérive liée à
l’utilisation des réseaux sociaux ?
- Fiche concept
sous forme de
schéma.
- Retranscription
des interviews et
partage des
situations vécues
(de manière
anonyme).
Fiche concept n°9
« cohésion
sociale,
intégration et
exclusion sociale
(…) ». +
pistes ludiques.
4h 5. Analyser le fait
social
- Schématise le fait social à l’aide
de l’axe de tension « public /
privé ».
- Comment expliquer ces dérives ?
C3 : Confronter
les résultats
d’une recherche
avec des
modèles
explicatifs.
- Schéma de
synthèse sur la
base de l’axe de
tension.
- Tableau à double
entrée.
Axe de tension
public/privé
Fiche tensions
« collectif
individuel ».
Expertises 6, 7 &
8.
58
3h 6. Proposer des
conclusions et
éventuellement
des solutions
- Suite à l’ensemble du cours,
rédige quelques questions à
l’attention de l’intervenant qui va
venir en classe et qui est un
spécialiste des réseaux sociaux
(Ex : Christophe Butstraen27
).
- Réaliser une affiche A3 pour
sensibiliser les élèves plus jeunes
aux dangers des réseaux sociaux.
C4 :
Communiquer le
résultat de sa
recherche.
- Ensemble de
questions pour la
rencontre.
- Affiche de
sensibilisation sur
les dangers liés
aux réseaux
sociaux.
Actions 3, 4 & 8
27 Mr Butstraen est un médiateur scolaire spécialisé dans les réseaux sociaux. Pour plus d’informations, je vous invite à voir son interview à l’émission : SANS CHICHIS,
Internet. Mes parents, mes profs et moi, sur « http://www.rtbf.be/tv/emission/detail_sans-chichis/rubriques/famille/article_internet-mes-parents-mes-profs-et-
moi?id=7974294&emissionId=38 », mis en ligne le 3/12/2014, consulté le 31/05/2015
59
4. Interview d’Annick Detry
Objectif : Dans le cadre de mon TFE portant sur les questions socialement vives, je veux créer
un outil à destination des enseignants en sciences sociales pour les aider à aborder ces dites
questions dans leurs classes.
1. Tout d’abord, quel est votre parcours professionnel ?
Déjà à la période où je faisais des études, j’étais attirée par l’enseignement, j’ai passé ensuite
l’agrégation. J’ai enseigné ensuite pendant une année des sciences sociales et des sciences
sociales appliquées. Ensuite j’ai été engagée comme assistante à l’UCL comme « assistante
d’assistant » pour l’agrégation en tant que personne ressource. J’ai appris le métier grâce ma
participation. En parallèle, j’ai postulé à l’ENCBW en primaire. Ce travail est complémentaire
à celui que j’ai à l’UCL. Je fais cela depuis plus de 30 ans.
2. Pouvez-vous me donner votre définition du concept de question socialement vive ?
Le mot le définit déjà socialement social. « Vive » fait référence à un enjeu idéologique,
émotif. C’est une question délicate à aborder et qui sont chargées idéologiquement et
émotivement.
3. Avez-vous déjà abordé une/plusieurs question(s) socialement vive(s) dans vos
classes ?
Oui / Non
4. Si oui, comment avez-vous procédé ? Si non, pourquoi ?
Je rentre dans le dialogue avec les élèves, ne pas imposer mon point de vue car on ne change
pas leur opinion. Il faut de la souplesse dans son raisonnement (anecdote : J’ai connu une
élève en stage, qui, lorsqu’elle a dû parler d’immigration en classe, elle niait que derrière le
statut de belge, il pouvait y avoir une diversité d’origines. Pour elle, ils sont belge, un point
c’est tout). Il faut expliquer d’où viennent nos sources. Il y a des questions avec des enjeux
juridiques non négligeables. Il faut montrer la complexité de notre société actuelle aux élèves.
Il y a des choses qu’on accepte aujourd’hui et pas autrefois et inversement.
5. À votre avis, quelles sont les difficultés rencontrées par les enseignants pour aborder
ces questions ?
Il y a la question du rôle du professeur (« Est-ce à moi d’aborder ça ? »). Selon moi, il faut
éviter de donner son avis, sa pensée par rapport à ses élèves. Éviter le débat entre les élèves
car ils prennent position. Pas facile à éviter non plus suivant les origines des élèves. Si on
touche à la situation familiale, on peut créer des conflits et des tensions dans la classe. Il peut
y avoir des menaces d’accusation de la part d’élèves.
60
6. Quels thèmes aborderiez-vous en classe pour traiter une question socialement vive
avec vos élèves ? Quels thèmes éviteriez-vous ?
Peuvent être abordé
Par exemple, les nouvelles technologies, la
mobilité, la politique, la démocratie, la
dictature, l’alimentation, les médias, …
Devraient être évité
La question de l’immigration car c’est
idéologiquement vif (si on le voit, il faut le
prendre du point de vue formel), la famille
(car touche au privé donc émotionnellement
vif)
7. Selon vous, peut-on aborder tous les sujets avec tous les publics ?
C’est délicat mais si on en reste au factuel, oui, sans jugement et sans émotion.
Théoriquement oui, mais beaucoup de sujets sont glissants. C’est presque nécessaire mais en
abordant tous les points de vue et accepter que tout n’est pas blanc ou noir.
8. Comment introduiriez-vous le sujet ?
Il faut varier les points de départ et les supports. Il ne faut pas être fixe dans l’approche. Il faut
faire des liens avec l’actualité. Permettre aux élèves de s’exprimer, accepter ce qu’ils disent
mais à vérifier.
9. Comment traiteriez-vous le sujet une fois lancé ?
J’amène des documents contradictoires et je travaille également sur la critique des sources. Je
montre également qu’il ne peut pas y avoir de solutions toutes simples (pas de « il y a qu’à …
»)
10. Lorsque que nous parlons du sujet en classe, quel doit être le statut du professeur ?
Plutôt neutre ou partial ou un peu des deux ?
Il faut apporter des nuances, dire « il me semble que … », « quand je lis cet auteur là et celui-
là, je pense que, … ». Je pense qu’il faut savoir rester plutôt neutre dans ces sujets.
11. Comment clôtureriez-vous le sujet sachant que chacune des personnes à son propre
avis sur la question ?
Je clôture généralement avec des colonnes pour comparer justement les différences de faits,
de dires et les arguments évoqués. J’aime bien utiliser la rubrique dans le journal « La Libre
Belgique » plutôt pour ou contre par rapport à une question avec 2 personnes ayant des points
de vue différent.
61
12. Quelles règles donneriez-vous aux élèves avant d’aborder la question socialement vive
avec eux ? (ex : Pas de jugement entre vous, chacun à son avis)
Distinguer leur ressentit des faits, faire un effort d’écoute pour éviter de crier et de s’emporter,
pas de grossièretés, injures. Ne pas porter atteinte à l’autre. Faire un pas dans son
apprentissage pour nuancer
13. Dans l’outil que je veux créer à destination des enseignants, je compte faire une série
de jeux (encore à déterminer précisément) accompagnés de fiches à destination des
professeurs et des élèves pour aborder la questions socialement vive et surtout le
thème auquel elle va toucher. Une hiérarchisation des thèmes serait également
proposée pour adapter la sensibilité du sujet par rapport aux élèves.
Qu’en pensez-vous ? Auriez-vous des idées ou des suggestions par rapport à ce futur
outil ?
C’est un projet qui sort de la monotonie, qui permet de sortir du texte et qui permet de faire
vivre des choses aux élèves. Tu dois apporter ta propre patte, montrer ce qu’on peut faire
facilement en classe. Essaye de voir aussi ce qui existe déjà et qui peut être appliqué sans mal.
Vises-là où sont tes forces.
14. Pourquoi ne voit-on pas des questions socialement vives dans le programme ?
En fait le programme est trop ouvert, on parle de courants et de concepts. Pour aborder le
concept, il faut le placer dans un contexte. Il y a effectivement, une absence de thèmes et de
faits socialement vifs mais ils peuvent être abordés dans certaines séquences.
15. Si vous aviez un conseil à donner à un jeune enseignant qui veut aborder une question
socialement vive avec ses élèves, que lui diriez-vous ?
Avoir du sens critique, connaître son sujet de manière approfondie et surtout étudier le cas par
lui-même.
Interview réalisée le 6/09/2014 à UCL à Louvain-la-Neuve.
62
5. Interview de Christophe Dozin
1. Tout d’abord, quel est votre parcours professionnel ?
Je suis enseignant depuis 12 ans en sciences sociales à l’institut saint Joseph de Ciney. Au
début de ma carrière, j’ai fait plusieurs intérims.
Concernant mes études, j’ai d’abord fait assistant social à Namur, ensuite la sociologie et
l’agrégation à Louvain-la-Neuve.
2. Pouvez-vous me donner votre définition du concept de question socialement vive ?
C’est une question qui suscite des débats, qui touchent à de fortes valeurs ainsi qu’à un aspect
émotif et qui sont liés à des faits divers (exemples : Que faire des pédophiles ? débat sur la
peine de mort,…).
Ce sont des questions qui renvoient à des craintes ou des peurs. Les médias y jouent un rôle
important, ce sont des questions qui font vendre.
3. Avez-vous déjà abordé une/plusieurs question(s) socialement vive(s) dans vos
classes ?
Oui / Non
4. Si oui, comment avez-vous procédé ? Si non, pourquoi ?
Je pars des représentations où je laisse un temps pour laisser la place à la parole libre et
spontanée chez les élèves. Ensuite, on structure ces représentations et on les confronte avec
des documents. Avant cette confrontation, on distingue et on classe ce qui ressort plus du
jugement, de l’émotion et du fait. On laisse également un temps pour faire évoluer ces
représentations.
5. À votre avis, quelles sont les difficultés rencontrées par les enseignants pour aborder
ces questions ?
Au niveau macro, je dirais qu’on est un peu « seul contre tous ». Il faut savoir également que
derrière les représentations des élèves, il y a celles des parents et celles des médias (on peut
parler d’un formatage des médias).
Le professeur est l’équivalent d’un intermédiaire dans l’approche de ces questions.
6. Quels thèmes aborderiez-vous en classe pour traiter une question socialement vive
avec vos élèves ? Quels thèmes éviteriez-vous ?
Peuvent être abordé
Tous les sujets peuvent être abordés mais il
faut avoir ses armes.
Devraient être évité
63
7. Selon vous, peut-on aborder tous les sujets avec tous les publics ?
Oui, mais il ne faut pas le faire dans la naïveté. Il faut savoir évaluer et connaître son groupe.
Il faut le sentir.
8. Comment introduiriez-vous le sujet ?
Je n’ai pas de mode opératoire fixe. Pour en donner quelques-uns, je peux partir des
représentations ou de faits divers. Je peux prendre aussi des sujets plus « softs » et aborder ces
questions de manière plus générale et moins polémique.
9. Comment traiteriez-vous le sujet une fois lancé ?
Une nouvelle fois, je n’ai pas de mode opératoire fixe, c’est suivant le feeling car j’ai une
multitude d’outils pour traiter le sujet. Il faut faire comprendre aux élèves qu’il y a des temps
à respecter : un temps de représentations, un temps d’analyse, de discussion, …).
Comme évoqué plus tôt, on distingue et on classe ce qui ressort du jugement et des
représentations.
10. Lorsque que nous parlons du sujet en classe, quel doit être le statut du professeur ?
Plutôt neutre ou partial ou un peu des deux ?
Dans l’absolu, nous ne sommes jamais neutres vis-à-vis du sujet. Pour avoir ce statut neutre, il
est indispensable de bien connaître son sujet.
Avec les élèves plus jeunes, je suis neutre mais je pose des balises sur la base des valeurs
fondamentales au fondement du décret mission (pluralité, ouverture, démocratie, …) et de
notre société (non-discrimination, tolérance, …). Avec les plus grands, on peut prendre
position mais il faut dire au nom de quoi on s’exprime. Il faut faire la part des choses,
distinguer le discours de la personne et du professeur. Je ne donne pas mon avis aux élèves
quand ça concerne la politique.
11. Comment clôtureriez-vous le sujet sachant que chacune des personnes à son propre
avis sur la question ?
Pour les thèmes polémiques, je fais un retour sur les représentations. Les élèves répondent à la
question avec ce qu’ils ont entendu au cours mais leur réflexion est plus argumentée. Il faut
avoir de l’humilité (certaines choses changent, d’autres non).
On voit les points de vue qui ont changés ou non et comment les élèves en discutent entre eux.
Ils arrivent à sortir du préjugé et à prendre position sur la base d’apprentissage.
12. Quelles règles donneriez-vous aux élèves avant d’aborder la question socialement vive
avec eux ?
Essentiellement des consignes de savoir-être : l’écoute de l’autre, le non jugement, le respect
de la diversité de chacun, … Je nuance en disant qu’il y a des points de vue qu’on peut
entendre et ceux où on peut se permettre de réagir.
64
13. Dans l’outil que je veux créer à destination des enseignants, je compte faire une série
de jeux de rôle accompagnées de fiches à destination des professeurs et des élèves
pour aborder la questions socialement vive et surtout le thème auquel elle va toucher.
Une hiérarchisation des thèmes serait également proposée pour adapter la sensibilité
du sujet par rapport aux élèves. Qu’en pensez-vous ? Auriez-vous des suggestions par
rapport à ce futur outil ?
J’ai déjà vu des fiches avec des phrases toutes faites (exemple : on accueille toute la misère du
monde) et les élèves devaient répondre en se positionnant devant le tableau séparé en 5
colonnes :
Non Plutôt non Neutre Plutôt oui Oui
On a besoin d’outils avec du contenu sur les thèmes avec une proposition de plusieurs
moyens pour les aborder. Le jeu de rôle est une bonne idée mais il faut varier les approches.
À froid comme ça, on pourrait réaliser un jeu de l’oie avec des phrases toutes faites à chaque
case. Si la réponse de l’élève est bonne, il avance, s’il est sans avis, il reste sur place et si sa
réponse est erronée, il recule d’une case.
14. Dans le programme, on ne parle pas une seule fois des questions socialement vives,
cependant avec une QSV, nous pouvons travailler chacune des compétences et la
démarche des sciences sociale. Pensez-vous que dans une prochaine version du
programme de sciences sociale devrait figurer le concept de QSV et un exemple sous
forme de bref scénario méthodologique ?
On peut prendre l’exemple dans le scénario méthodologique concernant le fait social pour
aborder les questions socialement vives.
15. Si vous aviez un conseil à donner à un jeune enseignant qui veut aborder une question
socialement vive avec ses élèves, que lui diriez-vous ?
Je reprends un peu tout ce que j’ai dit, donc : avoir ses balises, ses règles, savoir ce qu’on
accepte ou pas comme propos dans sa classe, bien connaître son sujet et sa classe.
Interview réalisée le 4/09/2014 à l’institut saint-Joseph à Ciney.
65
6. Interview de Jacques Cornet
1. Tout d’abord, quel est votre parcours professionnel ?
J’ai tout d’abord étudié la sociologie à Leuven, j’ai ensuite fait 2 ans en antipsychiatrie où
j’étais notamment responsable d’un centre d’hébergement. Par après, j’ai fait 8 ans en
éducation permanente à Bruxelles où là je m’occupais d’une asbl de formation à
l’alphabétisation pour des immigrés avec une coopérative d’imprimerie et de bâtiment basées
sur le maoïsme. J’ai enseigné dans le secondaire et ensuite ici à l’HELMo. J’ai fait également
10 ans d’engagement politique.
2. Pouvez-vous me donner votre définition du concept de question socialement vive ?
C’est sur quoi les gens sont prêts à se battre car ils ont des réflexes identitaires. Le travail est
difficile pour certaines personnes voire impossible car chacun a son expérience de vie et
familiale. Ce sont aussi des questions où les partis politiques aiment se battre. En résumé, je
dirais qu’une question socialement vive est présente lorsque l’altérité rencontre l’identité.
3. Avez-vous déjà abordé une/plusieurs question(s) socialement vive(s) dans vos
classes ?
Oui / Non
4. Si oui, comment avez-vous procédé ? Si non, pourquoi ?
Au niveau des sujets abordés, l’identité sexuelle (hommes et femmes), l’identité de classe
socio-professionnelle/classe sociale, le rapport à ce qu’on est et ce qu’on n’est pas et enfin
l’âge. Je peux parler également des identités ethniques, la différence entre valide et non
valide. En bref on peut voir toutes les différences.
5. À votre avis, quelles sont les difficultés rencontrées par les enseignants pour aborder
ces questions ?
Pour moi, il y a 5 raisons pour lesquelles les enseignants n’abordent pas ces questions :
- L’interdiction morale (qui pour certain est de l’ordre du « péché » pour utiliser un
terme catholique) et qui le véhicule (pas de politique à l’école)
- La gestion du groupe et de leur réaction
- Les enseignants manquent de formation pour aborder ces sujets (en termes de contenu)
- Les enseignants ont peur du conflit donc, on évite d’en parler
- Les enseignants ne connaissent pas toutes les organisations, organismes, asbl prêts à
témoigner.
66
6. Quels thèmes aborderiez-vous en classe pour traiter une question socialement vive
avec vos élèves ? Quels thèmes éviteriez-vous ?
Peuvent être abordé
On devrait pouvoir, …
Devraient être évité
… mais on ne pourra pas tout aborder (car
les directions, parents, milieux, … feront que
ça ne se fait pas)
7. Selon vous, peut-on aborder tous les sujets avec tous les publics ?
Oui mais de nouveau, je suis d’accord avec ça sur un plan intellectuel et pédagogique mais il
faut tenir compte et faire attention à l’institutionnel et au politique.
8. Comment introduiriez-vous le sujet ?
Personnellement, je ne commence pas par les représentations mais par un problème à
résoudre. Ensuite, je mobilise les représentations et je leur montre qu’elles ne marchent pas.
Par exemple, avec l’immigration, je prends 20 photos de personnalité (Fabiola, Philippe
Gilbert, …), je leur demande de classer ces personnes en au moins 2 catégories (dont 1 sera la
catégorie « immigré ») ensuite on fait sortir les caractéristiques et on fait une définition.
9. Comment traiteriez-vous le sujet une fois lancé ?
Soit on s’arrête à la situation-problème ou alors on continue avec les axes de tension. Il y a
plus d’informations de ce côté-là. Je peux te renvoyer aussi à l’article que je t’ai envoyé. On
essaye de comprendre les différentes actions avec les documents. Lorsqu’on parle d’un sujet,
je n’hésite pas à « agresser » mes élèves pour faire sortir leur avis, cependant avant de le faire,
je donne un rôle de « casque bleu » à un élève pour qu’il m’arrête si je vais trop loin.
10. Lorsque que nous parlons du sujet en classe, quel doit être le statut du professeur ?
Plutôt neutre ou partial ou un peu des deux ?
Je suis opposé à la neutralité. Les jeunes ont besoin d’adultes solides, des gens qui acceptent
de dire « non ». Il faut se permettre de prendre position mais aussi de faire prendre position
par les élèves. Il faut aussi faire un travail personnel d’acceptation par rapport aux faits mais
également sur le fait que les avis changeront ou pas.
11. Comment clôtureriez-vous le sujet sachant que chacune des personnes à son propre
avis sur la question ?
Je clôture avec une production où on peut construire un concept ou un axe de tension. Il n’y a
pas de recette définitive cependant pour donner quelques exemples, on peut faire une lettre,
une affiche, un article. On peut également inviter des politiques pour faire un débat (ceci dit,
c’est plus intéressent en dehors de la période électorale car il y a moins d’enjeux).
67
12. Quelles règles donneriez-vous aux élèves avant d’aborder la question socialement vive
avec eux ? (ex : Pas de jugement entre vous, chacun à son avis)
Je me donne surtout des règles à moi-même. On travaille d’abord en individuel, puis en sous-
groupe et enfin, un représentant du groupe donne les avis du groupe anonymement de manière
à libérer la parole dans la classe et à permettre de se cacher par rapport aux autres. Je dirais
qu’il ne faut pas être moraliste car ça stimule l’agressivité (derrière celle-ci, nous trouvons le
sentiment d’injustice). 2 choses importantes : Il faut savoir prendre les élèves au sérieux sans
les juger et il faut savoir ouvrir sa classe par rapport aux personnes extérieures pour favoriser
la rencontre et le dialogue.
13. Dans l’outil que je veux créer à destination des enseignants, je compte faire une série
de jeux (encore à déterminer précisément) accompagnés de fiches à destination des
professeurs et des élèves pour aborder la questions socialement vive et surtout le
thème auquel elle va toucher. Une hiérarchisation des thèmes serait également
proposée pour adapter la sensibilité du sujet par rapport aux élèves.
Qu’en pensez-vous ? Auriez-vous des idées ou des suggestions par rapport à ce futur
outil ?
Je suis un peu mal à l’aise vis-à-vis de ça, je pense qu’une majorité de ces jeux sont plutôt là
pour sensibiliser que pour aborder ou traiter les questions. Personnellement, je ne l’utiliserai
pas en classe.
14. Pourquoi ne voit-on pas des questions socialement vives dans le programme ?
Il ne faut pas toucher au programme car on risque d’y ajouter des idées moratoires et je tiens à
ce qu’en sciences sociales, on garde une certaine liberté.
15. Si vous aviez un conseil à donner à un jeune enseignant qui veut aborder une question
socialement vive avec ses élèves, que lui diriez-vous ?
Il doit être lui-même engagé, pour former à être citoyen, il faut être soi-même un citoyen, prêt
à bouger. Ouvrir sa classe, c’est en rencontrant qu’on apprend à connaître les autres.
Interview réalisée le 6/09/2014 à l’HELMo à Liège.
68
7. Sondage à destination des professeurs de sciences sociale
Aborder des questions socialement vives en classe de sciences sociales
Page 1
Dans le cadre de mon travail de fin d'études, je travaille sur la manière d'aborder et de traiter
des questions socialement vives en classes de sciences sociales et ce, dans le but de créer des
véritables séquences de plusieurs cours basées sur ce type de question.
L'objectif de ce travail est de créer un outil proposant des conseils, des pistes et des exemples
de séquences à des jeunes enseignants qui peuvent être confrontés à ce type de questions et
qui ne savent pas comment s'y prendre avec ces questions souvent jugées comme étant
délicates, sensibles voire même dérangeantes.
Les questions socialement vives (QSV) se définissent comme étant des questions qui nous
font réagir, qui nous interpellent et sur lesquelles tout le monde a une opinion (exemple: les
attentats du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo). Nous pouvons qualifier ces questions
comme étant "sensibles" et "délicates à aborder en classe".
Ces questions socialement vives peuvent être centrées sur des thèmes et concepts généraux
propres aux sciences sociales (ex: Vivre ensemble, normes et valeurs, ...), sur des thèmes
abordés par le manuel de "pratiques des sciences sociales" paru l'année dernière ou encore sur
des thèmes d'actualité (ex: Je suis Charlie, ...).
Pour me permettre de mener à bien mon travail, j'ai besoin de voir les difficultés rencontrées
par les enseignants pour aborder ces questions en sciences sociales et de connaître les besoins
qui pourraient leur/vous permettre d'aborder ces questions dans leur/vos classes. L'ensemble
de vos réponses à ce questionnaire (strictement anonyme) me donnera une base solide pour
pouvoir créer cet outil d'aide à l'approche et au traitement des questions socialement vives en
classes de sciences sociales.
Je vous remercie d'avance pour votre contribution à ce travail de fin d'étude et à la création de
cet outil.
Benjamin Vandenhoofden
Etudiant en 3ème année en sciences humaines à l'ENCBW à Louvain-la-Neuve
Page 2
- Avez-vous déjà abordé une question socialement vive dans votre classe en sciences
sociale ? *
Et ce dans le but de réaliser une séquence entière (exploitant la démarche scientifique des
sciences sociales) sur cette question
o oui
o non
- Si oui, quels moyens aviez-vous mis en place ? quelles difficultés aviez-vous
rencontrées ?
- Si non, pouvez-vous expliquer pourquoi vous choisissez de ne pas les aborder ? (outre
une question de temps)
Page 3
- Pensez-vous que c'est votre rôle, en tant qu'enseignant, d'aborder ce genre de
question ? *
o oui
o non
69
- Pourquoi pensez-vous que c'est votre rôle (ou pas) d'aborder ces questions
socialement vives ?
Page 4
- Selon vous, aborder des questions socialement vives en classes de sciences sociales
permettrait-il de donner plus de sens à l'article 6 du Décret Missions ? Oui/Non,
pourquoi ?
Rappel de l'article 6: préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de
contribuer au développement d'une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux
autres cultures
- Lorsqu'on aborde des questions socialement vives, la neutralité de l'enseignant peut
être mise à rude épreuve. D'un point de vue professionnel, le Décret Neutralité
impose à l'enseignant de rester neutre et de rester le plus objectif possible.
Pensez-vous pouvoir conserver cette neutralité, personnellement et
professionnellement, lorsque vous aborderez ces questions avec vos élèves ? *
Page 5
- Si vous abordiez ces questions socialement vives avec vos élèves, auriez-vous peur de
la réaction ... *
Oui Non
De la classe ? (gestion du
groupe)
De certains élèves en
particulier
?
Des parents des élèves ?
De votre direction ?
De vos collègues ?
De l'inspection
- Pouvez-vous expliquez vos réponses ?
Pourquoi avez-vous peur de la réaction de ... ? / Pourquoi n'avez-vous pas peur de la réaction
de ... ?
- Pensez-vous, à l'heure actuelle, être suffisamment formé et équipé (ou expérimenté)
pour pouvoir aborder ces questions ? *
o oui
o non
- Si vous avez répondu "non", où se situe ce manque selon vous ?
Formation ? Matériel ? Expérience ? Peur ? Réaction ?
70
Page 6
- Si vous aviez une boite à outils à votre disposition, quelles ressources aimeriez-vous y
trouver ? *
(Vous pouvez cocher plusieurs propositions)
o Fiches savoirs pour le professeur
o Fiches savoirs pour les élèves
o Grille de lecture sur les QSV
o Propositions de thèmes à aborder
o Pistes didactiques
o Pistes pédagogiques
o Pistes ludiques
o Conseils déontologiques
o Exemple de séquences
o Documents (sources)
- Si vous aviez un tel outil à votre disposition, aborderiez-vous des QSV dans vos
classes de sciences sociales ? *
o oui
o non
- Si vous avez répondu "oui", quelles questions socialement vives choisiriez-vous
d'aborder avec vos élèves ?
- Si vous avez répondu "non", pourquoi ?
Page 7
- Trouvez-vous que ce projet est ... *
(pour votre pratique des sciences sociales)
-- pas du tout
- sans avis + ++ tout à fait
Utile
Motivant
Viable
Innovant
Une bonne
idée
- Pouvez-vous expliquer vos réponses ?
Pourquoi est-ce utile ? / Pourquoi ce n'est-il pas utile ? ...
- Auriez-vous des suggestions par rapport à la création de cet outil ?
Page 8
- Souhaiteriez-vous être tenu au courant de la publication d'un outil permettant
l'approche et le traitement d'une question socialement vive en classe de sciences
sociales ? *
o oui
o non
71
- Si oui, laissez votre adresse mail dans l'encadré ci-dessous et je reprendrai contact
avec vous une fois mon travail terminé et validé
Page 9
- Vous êtes ? *
Veuillez choisir ...
o Un homme
o Une femme
- Votre profil *
Années d'expérience
Réseau d'enseignement
Type d'enseignement
Page 10
Merci pour votre participation au sondage et pour l'aide que vous avez apportée dans la
réalisation de ce travail de fin d'étude et dans la conception de cet outil, à destination des
enseignants, permettant l'approche et le traitement des questions socialement vives en classe
de sciences sociales.»