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CMNS COMMISSION DES MONUMENTS, DE LA NATURE ET DES SITES RAPPORT DE LÉGISLATURE GENÈVE 2006-2010

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CMNSCOMMISSION DES MONUMENTS,DE LA NATUREET DES SITES

RAPPORT DE LÉGISLATUREGENÈVE 2006-2010

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CMNSCOMMISSION DES MONUMENTS,DE LA NATUREET DES SITES

RAPPORT DE LÉGISLATUREGENÈVE 2006-2010

Département de l’urbanisme Office du patrimoine et des sites

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134 Rapport des délégués au Fonds cantonaldes monuments, de la nature et des siteset à la Commission d’attribution de la subvention à la restauration des bâtimentsFonds cantonal des monuments, de la nature et des sites (FMNS) – Subventions à la restauration de bâtiments (SRB)

137 Rapport des délégués CMNS aux autrescommissions du DCTI Commission d’urbanisme (CU) – Commissiond’aménagement du territoire (CAT) – Grouped’experts Praille-Acacias-Vernets (PAV)

5Inventaires, études, bibliographie

140 Inventaires et études141 Bibliographie

106 Groupe «études d’aménagement»Adoption de plans de site – Plans directeurscommunaux et plans directeurs des cheminspour piétons – Plans directeurs de quartier(PDQ) – Plans localisés de quartier (PLQ) – Développement du périmètre PAV –Modification de limites de zone – Lignes detramways – Projet de parking sous-lacustre au centre-ville

4Rapports en annexe

116 Rapport de l’archéologue cantonalEn ville – A la campagne – Sites accessibles au public – La diffusion des connaissances

121 Rapport de la conservatrice cantonaledes monuments Trois conservateurs successifs – Requêtes et chantiers – Mesures conservatoires – Procéduresde classement – Subventions fédérale et cantonale – Publications et conférences – Journées du patrimoine

124 Rapport de l’historienne des monuments

127 Rapport du conservateur de la nature et du paysage

130 Rapport des délégués à la Commissiondu Vieux CarougeLa destination des anciennes maisonscarougeoises – L’esthétique des bâtiments – Nouvelles constructions de logements –Aménagement de l’espace public

Table des matières

32

Table des matières

29 Les toits de la ville: des terrains à bâtirLa loi sur les surélévations – L’aménagementdes combles en logements et bureaux

32 La loi sur l’énergie

33 Procédés de réclame, panneauxd’affichage et signalétique

34 La disparition des cafés et restaurantshistoriquesDeux cas significatifs

3L’ordinaire des sous-commissions

38 Sous-commission monuments et antiquités (SCMA)Monuments classés ou en voie de classement – Bâtiments inscrits ou en cours d’inscription à l’inventaire – Interventions dans la zoneprotégée de la Vieille-Ville et du périmètresud des anciennes fortifications – Le cas du Grand-Lancy: adoption d’une zone 4 Bprotégée

61 Sous-commission architecture (SCA)La ville : densification et adaptation –Interventions dans les ensembles et secteursprotégés du XIXe et du début du XXe siècle – Interventions dans les bâtiments despérimètres protégés – Du bâtiment à la rue,de la propriété privée à l’espace public –Les villages en zone 4 B protégée

95 Sous-commission nature et sites (SCNS)Nature et paysage – Les quais et les ports – La sécurisation des falaises du Rhône –Le coteau de Cologny: un site sacrifié –La renaturation des cours d’eau et des zones humides

5 Préface12 Abréviations

1Introduction

14 «La loi, rien que la loi»Les directives du chef du département – L’inégalité devant la loi – Le mode de travailde la CMNS – La répartition des tâches entre CMNS et SMS

17 Organisation, composition et fonctionnement de la CMNSLa nouvelle loi sur les commissions officielles –Organisation – Composition – Fonctionnement – Membres 2006-2010 – Délégations –Fonctions spéciales – Présidence

20 Un contexte en mutationPriorité au logement – La pression immobilière – Priorité aux transports publics – Le traficautomobile – Les économies d’énergie – Le renforcement de la sécurité –La protection des cours d’eau et du lac

2Des défis pour la sauvegarde du patrimoine

24 Les grands dossiers conflictuelsLe projet de Jean Nouvel pour le Musée d’art et d’histoire (MAH) – Le projet de port et de plage des Eaux-Vives (PPEV) et l’agrandissement du port de la Société nautique de Genève (SNG)

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tique, les dispositifs de sécurité, la publicité, etc.).Elle témoigne du succès de la politique cantonale derenaturation des cours d’eau, mais aussi des me -naces qui pèsent sur les rives du lac, trop attirantes.

Le travail de la Commission interagit avec celuide l’Office cantonal du patrimoine et des sites duDépartement de l’urbanisme en étroite collaborationet en bonne intelligence. Les acteurs de l’archéologiecantonale et de l’inventaire des monuments d’art etd’histoire, mais aussi de la conservation de la natureet du paysage du Département de l’intérieur, de lamobilité et de l’environnement sont impliqués. Lesconnaissances qui résultent année après année detoutes ces activités à la fois de gestion de projets,d’expertise et de recherche scientifique enrichissentnotre culture, notre mémoire.

Loin d’être accessoire dans le devenir de notrecadre de vie, la conservation des monuments, de lanature et des sites assure ainsi la pérennité de l’iden-tité de Genève, la beauté de notre environnementbâti et naturel. Elle est une carte maîtresse, irrem-plaçable, dans l’aménagement du territoire, dansl’invention de son futur.

François LongchampConseiller d’Etat

chargé du Département de l’urbanisme

Un beau territoire, mais exigu, une ville internatio-nale, attractive, donc convoitée, une agglomérationen expansion traversée d’un nouveau réseau detramways, mais une crise du logement aiguë: dansces conditions, même si le canton dispose d’un appa-reil légal de protection des monuments et des sitesexigeant, l’exercice de la sauvegarde du patrimoinereste difficile et les critiques ne manquent pas pourdéplorer, selon les intérêts des uns et des autres,tantôt les pertes tantôt les blocages. Malgré tous lesefforts déployés, l’action n’est pas toujours suffi-samment efficace.

L’utilité du présent rapport de législature de laCommission des monuments, de la nature et des sitespour les années 2006-2010 doit être expressémentsoulignée. Très circonstanciée, l’analyse montre lesprincipaux défis, les progrès réalisés (5 nouveauxclassements, 53 nouvelles inscriptions à l’inventaire,8 nouveaux plans de site, etc.), la recherche de com-promis dans les ajustements entre conservation dupatrimoine et modernisations nécessaires (nouveauxmodes de vie, nouvelles technologies, nouveaux be -soins, loi sur l’énergie, loi sur les surélévations, etc.),les principes guidant l’action, le sérieux des ap -proches, le casse-tête de la gestion harmonieuse desespaces publics (pris d’assaut par le trafic, la signalé-

5

Préface

Département de l’urbanisme Office du patrimoine et des sitesRue David-Dufour 5, Case postale 22, 1211 Genève 8Tél. +41 22 546 60 [email protected] www.ge.ch/patrimoine

RédactionErica Deuber ZieglerCecilia Maurice de Silva

Rapports annexesAlain Carlier, Babina Chaillot-Calame, Sabine Nemec-Piguet, Patrice Reynaud, Jean Terrier, Bertrand von Arx

Relecture Armand Brulhart, Babina Chaillot-Calame, Fabrice Jucker,Maurice Lovisa, Sabine Nemec-Piguet, Patrice Reynaud,Carmelo StendardoRelecture du chapitre SCNS: Françoise Chappaz, Chantal Scaler, Michel Strazza

Remerciements à Nadine Doublier, Anaïs Lemoussu, Yves Peçon, Isabelle Schmid Bourquin, Alexandre Wisard

GraphismePierre Lipschutz, promenade.ch

ImpressionAtar Roto Presse SA, Genève

© Etat de Genève, septembre 2012

Le présent rapport a fait l’objet d’un mandat de l’Office du patrimoine et des sites à Mmes Erica Deuber Ziegler et Cecilia Maurice de Silva,qui ont été chargées, au nom de la Commission desmonuments, de la nature et des sites, de sa conception,de sa rédaction et du suivi de sa réalisation.

Photos Babina Chaillot-Calame (page 8), Cecilia Maurice de Silva. �

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ACG Association des communes genevoisesAEG Archives d’Etat de GenèveAPV Action patrimoine vivantBIT Bureau international du travailCAT Commission d’aménagement du territoireCEVA Raccordement ferroviaire Cornavin-Eaux-Vives-

AnnemasseCFF Chemins de fer fédérauxCGI Chambre genevoise immobilièreCGN Compagnie générale de navigationCMNS Commission des monuments, de la nature et des sitesCU Commission d’urbanismeCVC Commission du Vieux CarougeDAEL Département de l’aménagement, de l’équipement

et du logement (ancien nom du DCTI, puis DU)DCTI Département des constructions et des technologies

de l’information (ancien nom du DU)DGNP Direction générale de la nature et du paysageDIM Département de l’intérieur et de la mobilitéDPS Direction du patrimoine et des sites

(ancien nom de l’OPS)DT Département du territoire (ancien nom du DIM)DTP Département des travaux publics

(ancien nom du DAEL, puis DCTI, puis DU)DU Département de l’urbanismeEMS Etablissement médico-socialFAI Fédération des architectes et ingénieursFMNS Fonds cantonal des monuments, de la nature

et des sitesICOMOS Conseil international des monuments et des sites ISOS Inventaire fédéral des sites construits d’importance

nationale à protéger en SuisseIVS Inventaire fédéral des voies de communication

historiques de la SuisseLAT Loi fédérale sur l’aménagement du territoireLCI Loi cantonale sur les constructions et installations

diversesLDTR Loi cantonale sur les démolitions, transformations

et rénovations de maisons d’habitationLGZD Loi cantonale générale sur les zones de

développementLPMNS Loi cantonale sur la protection des monuments,

de la nature et des sites

MAH Musée d’art et d’histoireOAC Office des autorisations de construireOCSTAT Office cantonal de la statistiqueOIG Organisations intergouvernementalesOIFP Ordonnance concernant l’Inventaire fédéral

des paysages, sites et monuments naturelsOMC Organisation mondiale du commerceONG Organisations non gouvernementalesOPS Office du patrimoine et des sitesPAC-MICA Périmètre d’aménagement coordonné

Mon Idée-Communaux d’AmbillyPACA Péri mètre d’aménagement concerté

d’agglomérationPAV Praille-Acacias-VernetsPDC Parti démocrate-chrétienPDQ Plan directeur de quartierPLQ Plan localisé de quartierPPE Propriété par étagePPEV Plage-parc des Eaux-VivesPS Parti socialisteRPMNS Règlement général d’exécution de la loi cantonale

sur la protection des monuments, de la nature et des sites

RPPMNF Règlement cantonal pour la protection du paysage,des milieux naturels et de la flore

SAP Société d’art publicSCA Sous-commission architectureSCANE Service cantonal de l’énergieSCMA Sous-commission monuments et antiquitésSCNS Sous-commission nature et sitesSDN Société des nationsSECOE Service de l’écologie de l’eauSGA Société générale d’affichageSIG Services industriels de GenèveSMS Service des monuments et sitesSNG Société nautique de GenèveSOVALP Société simple de valorisation de terrains

à Genève-La PrailleSRB Subventions à la restauration de bâtimentsTCOB Tramway Cornavin-Onex-BernexTPG Transports publics genevoisUDC Union démocratique du centreWWF World Wildlife Fund

12 13

1INTRODUCTION

Abréviations

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Lorsque la CMNS s’est faite l’écho de ces ré -flexions en séance plénière, M. Mark Muller lui-mêmes’en est expliqué4, rappelant que «l’un des objectifsprioritaires du Conseil d’Etat est de construire deslogements», un impératif motivant la concentrationdes moyens financiers sur le secteur du logement encrise. Il a par ailleurs rappelé la hiérarchie des prio -rités en matière de conservation du patrimoine:d’abord les objets classés, inscrits à l’inventaire ousitués dans un plan de site, ensuite le corpus desensembles du XIXe et du début du XXe siècle, les vil-lages protégés, enfin le patrimoine du XXe siècle (lesgrands ensembles comme Budé et Le Lignon plutôtque les cas isolés). Quant à la révision de la loi, il fal-lait «trouver un instrument de protection plus légerque l’inscription à l’inventaire». Outre la lourdeurde la procédure, cette protection équivalait, esti-mait-il, quasiment à un classement. Il annonçait àcette occasion un projet à l’étude visant à adopterun nouveau régime pour les villages protégés.

Le SMS a donc seul pris en charge les bâtimentsrecensés dignes de protection5 mais non inscrits à l’in -ventaire en dehors des zones protégées. Lorsque surgit

une demande d’autorisation de construire sur un objetdigne d’être protégé mais non inscrit à l’inventaire,le SMS doit, dans la règle, ouvrir une procédure de miseà l’inventaire. Mais l’usage de cette pratique, prévue àl’article 4 de la LPMNS, amène une nouvelle situationd’inégalité de traitement dans la mesure où la mise àl’inventaire d’un objet concerné par une simple de -mande en autorisation de construire peut engendrerdes délais allant jusqu’à 18 mois. Au surplus, les bâti-ments situés en «zone grise», non encore recensée,demeurent dénués de toute mesure de protection,si bien qu’il arrive que certains objets échappent à laprotection que leur qualité devrait leur assurer.

Il serait par ailleurs urgent que la radiographieopérée par le recensement architectural du canton àpartir de 1977, et qui a servi de base à l’élaborationdes valeurs du patrimoine bâti et aux inscriptions àl’inventaire, puisse être périodiquement révisée aurisque de devenir définitivement obsolète.

«La loi, rien que la loi»

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Les directives du chef du départementLa législature 2006-2010 s’est ouverte, pour la CMNS,sous le signe de la «stricte application de la loi». Dèssa première séance plénière de mars 2006, M. MarkMuller, conseiller d’Etat en charge du DCTI nouvelle-ment élu, a tenu à exprimer ses attentes en matièrede traitement des dossiers soumis à cette instance:• le département ne soumettrait désormais à l’ana-

lyse de la CMNS que les dossiers se référant à sesattributions spécifiques, telles que définies à l’ar -ticle 5 du règlement d’application de la loi sur laprotection des monuments, de la nature et dessites (LPMNS) ;

• la commission n’émettrait plus qu’un seul préavispour chaque procédure d’autorisation de construire;

• les préavis de la CMNS devraient être rendus dansle mois suivant l’enregistrement de la requête, enapplication de l’article 3 de la loi sur les construc-tions et installations diverses (LCI).

Cette nouvelle approche, que la CMNS s’estefforcée de respecter, a eu plusieurs conséquences.

L’inégalité devant la loiLa première conséquence, d’une certaine importance,ressortit de l’inégalité de traitement.

A Genève, la protection du patrimoine s’arti-cule sur deux lois cantonales principales:• la LPMNS, qui donne le cadre général et contient

les mesures de protection telles que le classement,l’inscription à l’inventaire et le plan de site ;

• la LCI qui comprend les zones protégées et à la -quelle est rattachée la protection des ensemblesbâtis du XIXe et du début du XXe siècle.

Jusqu’alors, la CMNS était saisie des dossiersd’autorisation de construire portant tout à la fois,premièrement, sur des objets effectivement protégéspar ces deux lois et, deuxièmement, sur des objets àprotéger, c’est-à-dire relevés dans le recensementarchitectural du canton1 comme étant susceptiblesd’être inscrits à l’inventaire, mais non encore ins-crits. Il faut savoir que les inscriptions à l’inventairequi auraient dû logiquement découler, village par

village, quartier par quartier, des recensements ef-fectués, restent aujourd’hui largement inachevées,les procédures ayant été suspendues dès les années1990, apparemment parce qu’elles exigeaient tropde temps et de moyens en personnel. Cette anoma-lie avait déjà été mise en évidence au cours de lalégislature précédente: «Cet état de fait provoque[…] une inégalité de traitement: par exemple, danstel village, les objets les plus remarquables ont étémis à l’inventaire, voire classés, dans tel autre, desobjets de même valeur ne bénéficient d’aucune pro-tection»2. Désormais donc, la CMNS ne devait plusêtre saisie de ces objets, le travail d’appréciationétant laissé au Service des monuments et sites (SMS)chargé, lui, d’initier cas par cas les inscriptions à l’in-ventaire, au gré de l’apparition des demandes dedémolition, de transformation ou de restaurationde tels objets.

La CMNS a souhaité s’accorder le temps d’uneréflexion sur ces questions, dresser un bilan aprèstrente ans de protection du patrimoine depuisl’adoption de la loi de 1976 et l’introduction du dis-positif de recensement et d’inscription à l’inventaire,et envisager les évolutions nécessaires. Elle a suscitéla création d’un groupe de travail LPMNS3 qui s’estnotamment penché sur l’inégalité de traitementjuridique des objets sur l’ensemble du territoire can-tonal et sur la possibilité de proposer des modifica-tions de la loi de nature à corriger ce défaut, voire àsimplifier les procédures d’inscription à l’inventaireou à leur substituer d’autres mesures de protectionplus générales, comme l’inscription des objets singu-liers à préserver dans une zone protégée. Le groupede travail LPMNS s’est réuni six fois au cours de l’an-née 2006, mais il n’a pas pu poursuivre son travail,ses observations demeurant dans les tiroirs…

1. INTRODUCTION

14

«La loi, rien que la loi»

1 Recensement commencé en 1977 sous l’égide du Service desmonuments et sites (SMS), soit le recensement des villages et de36 secteurs de la périphérie urbaine, ainsi que les recensementsthématiques suivants : maisons rurales, patrimoine industriel, loge-ments économiques, monuments militaires, patrimoine ferroviaire,patrimoine funéraire, cafés et restaurants historiques.

2 Commission des monuments, de la nature et des sites. Rap -port de législature 2002-2006, p. 63.

3 Didier Mottiez, juriste au DU, a participé à ce groupe de travail.

4 Séance plénière du 26 juin 2007.5 Jusqu’aux valeurs 4+ et 4 du recensement architectural du

canton.

Maison villageoise, route du Grand-Lancy 96, construite dans les années 1840, propriété de la commune de Lancy depuis 1979. Situéedans le périmètre classé des rives de l’Aire, de valeur 4+ au recensement architectural du canton sans que la procédure d’inscriptionn’ait été ouverte, elle a été démolie en 2011. L’immeuble qui lui fait face, chemin des Courtillets, a remplacé en 2007-2009 une maisonvillageoise de la même époque et de la même valeur. Photo Suzanne Kathari.

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crits dans le périmètre protégé de la Vieille-Ville etdu secteur sud des anciennes fortifications9 et, enprincipe, les objets inscrits dans un certain nombrede plans de site, sous réserve de ceux traités en SCA.Elle s’est occupée du patrimoine du XXe siècle, dupatrimoine industriel, ainsi que des demandes dedémolition, de recensement, de classement, d’ins-cription à l’inventaire et de plan de site.

La SCA a été saisie de tous les dossiers ayanttrait aux zones protégées suivantes : plan de site dela Rade, secteurs protégés de Coutance-Saint-Gervais,de Mont-Blanc-Cornavin et des ronds-points de Riveet de Plainpalais10, villages en zone 4 B protégée,hameaux et périmètre de protection des rives du lacsous réserve des attributions de la SCNS.

La SCNS a traité les dossiers relatifs aux sitesnaturels protégés, notamment aux périmètres pro-tégés des rives du lac, des cours d’eau, des forêts.

Le groupe «études d’aménagement» a exa-miné l’adoption de plans de site, plans directeurscommunaux (PDC), plans directeurs de quartier (PDQ),plans localisés de quartier (PLQ), modifications delimites de zone, lignes de tramways, etc. Il a aussiprocédé à la critique de la cartographie du potentielde surélévation des immeubles résultant de la loi surles surélévations.

Outre les délégations dans les autres commis-sions du DCTI mentionnées ci-dessous (cf. «Délé ga -tions»), la CMNS a siégé dans des groupes de travail,pour la mise au point de projets et le suivi de chan-tiers, comme ceux de la gare Cornavin ou de la salledu Conseil d’Etat.

Dans son précédent rapport de législature 2002-2006,la commission avait dressé son autoportrait, retracéson histoire et rappelé ses missions et leurs baseslégales. Celles-ci n’ont pas changé.

La nouvelle loi sur les commissions officiellesLe Grand Conseil a toutefois adopté en 2009 unenouvelle loi sur les commissions officielles7 qui a euentre autres conséquences de modifier le calendrieret la composition de la CMNS. Toutes les commis sionsofficielles de l’Etat de Genève commenceront désor-mais à siéger le 1er juin suivant le renouvellement duGrand Conseil et du Conseil d’Etat et rendront leurrapport le 31 juillet de l’année suivante. C’est ainsique les travaux de la CMNS, commencés en mars2006, ont été prolongés jusqu’au 31 mai 2010.

Le nombre des membres de la CMNS a été fixéà 208. La nouvelle loi insiste sur les devoirs des mem-bres: assiduité aux séances, secret de fonction, dis -ponibilité de temps pour effectuer les travaux exigéspar le traitement des dossiers soumis.

Organisation La CMNS a continué à déléguer ses pouvoirs aux troissous-commissions traditionnelles, monuments et an -tiquités (SCMA), architecture (SCA), nature et sites(SCNS) et au groupe «études d’aménagement»,émanation de l’assemblée plénière pour tout ce quitouche à l’aménagement du territoire. Elle a conti-nué à se retrouver en plénière une fois par mois,sauf en été, pour discuter d’objets d’intérêt général :recensements, inventaires, classements, plans direc-teurs communaux, projets d’une certaine ampleurtels que CEVA, MAH, PPEV, etc.

La répartition du travail entre les sous-commis-sions a subi plusieurs changements par rapport à lalégislature 2002-2006 et même en cours de législa-ture, changements surtout dictés par des considéra-tions pratiques et destinés à équilibrer les charges.

La SCMA a traité toutes les requêtes relativesaux objets protégés au sens de la LPMNS, soit lesobjets classés et inscrits à l’inventaire, les objets ins-

17

Le mode de travail de la CMNSLa deuxième conséquence des directives du chef dudépartement concerne le contenu des préavis de laCMNS, qui a dû changer quelque peu son mode detravail.

N’étant plus en mesure, comme par le passé, desuivre les dossiers d’autorisation de construire jus -qu’au projet définitif, elle a perdu le contrôle del’évolution des projets. La CMNS a dû émettre despréavis plus circonstanciés et documentés, pour mieuxprévenir d’éventuelles atteintes au patrimoine au filde l’évolution des dossiers, suivis et préavisés par leseul SMS6. En même temps, s’agissant d’objets pro-tégés, les requérants ont été amenés à solliciter plussouvent la CMNS pour une consultation en amontde la procédure de demande d’autorisation deconstruire afin d’éviter un premier préavis négatif etd’orienter d’emblée les projets dans un sens positif.

Quant à la rapidité de ses travaux, la CMNS s’estefforcée de répondre à cette demande tout à faitlégitime, mais qu’elle n’a pas toujours réussi à hono-rer dès lors qu’il s’agissait de dossiers particulière-ment complexes et litigieux.

La répartition des tâchesentre CMNS et SMSLa répartition des tâches s’est trouvée affectée parces changements.

Le travail du SMS a considérablement augmentépour le suivi des dossiers et des chantiers.

Pour un nombre de dossiers à peu près stable(2474 préavis en 2005 et 2524 en 2006), le nombrede préavis émis par les sous-commissions de la CMNSa diminué de 548 entre 2005 et 2006 et de 115 entre2006 et 2007; le nombre de préavis émis par le SMSa augmenté en proportion inverse de 598 entre2005 et 2006, de 117 entre 2006 et 2007.

Le travail de la CMNS ne s’en est pas pour au -tant trouvé diminué, de nouvelles lois (surélévations,énergie) étant venues au cours de la législature ren-dre plus complexes les dossiers soumis. L’ampleur etl’importance des enjeux de certains projets ont aussifortement contribué à charger la commission etl’ont contrainte à des analyses plus approfondies :Praille-Acacias-Vernets (PAV), Musée d’art et d’his-toire (MAH), plage-parc et port des Eaux-Vives (PPEV)et agrandissement de la Société nautique de Genève(SNG), raccordement ferroviaire Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse (CEVA), tramway Cornavin-Onex-Bernex(TCOB), bâtiment William-Rappart (OMC). Ces dos-siers compliqués, impliquant plusieurs lois, voire desdérogations aux lois en vigueur au nom de l’intérêtpublic prépondérant, ont nécessité des délégationsdans des groupes de travail ad hoc et n’ont pasmanqué de provoquer des discussions tendues, desvotes serrés, et de faire aboutir des préavis parti -culièrement détaillés.

1. INTRODUCTION

16

Organisation, composition et fonctionnement de la CMNS

7 Loi A 2 20 adoptée le 19 septembre 2009 et entrée en vigueurle 1er décembre 2009, en remplacement de la loi de 1965.

8 C’est en apparence moins que la commission précédente (24 membres, parmi lesquels 3 suppléants), mais en réalité le chiffrereste à peu près stable, soit 23, dans la mesure où les 3 membresde droit avec voix consultative (conservatrice des monuments,conservateur de la nature et du paysage et archéologue canto-nal) ont été sortis du compte.

9 Pour le secteur sud des anciennes fortifications, la SCMA apris le relais de la SCA en avril 2006. Cependant, les dossiersconcernant les ensembles protégés du XIXe et du début du XXe

siècle ainsi que les procédés de réclame qui leur sont attachés ontcontinué d’être traités par la SCA.

10 Le rond-point de Plainpalais, inscrit dans un plan de site,échoit à la SCMA quand l’objet n’appartient pas à un ensembledu XIXe et du début du XXe siècle.

6 Pour prendre connaissance du suivi des projets, la CMNS atoutefois eu un accès permanent aux préavis du SMS.

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DélégationsCommission du Vieux-Carouge (supprimée en 2010,

la surveillance de la zone protégée de Carougeétant désormais assurée directement par la CMNS):Babina CHAILLOT-CALAME, Cecilia MAURICE-DESILVA.

Fonds cantonal des monuments, de la nature et dessites et Commission d’attribution de la subventionà la restauration: Armand BRULHART, PatriceREYNAUD.

Commission d’urbanisme: Alain CARLIER.Commission d’aménagement du territoire: Anita FREI

(2006-2008), remplacée par Lauren BADDELEY(2009-2010).

Groupe d’experts PAV (constitué en 2008) : AlainCARLIER.

Fonctions spécialesBabina CHAILLOT-CALAME, historienne des monu-

ments.Pierre BAERTSCHI, conservateur des monuments (2006),

remplacé par Bernard ZUMTHOR (2007-2008),remplacé par Sabine NEMEC-PIGUET (2008-2010).

Jean TERRIER, archéologue cantonal.Bertrand VON ARX, conservateur cantonal de la

nature et du paysage.

PrésidenceDurant la législature 2006-2010, la CMNS a été pré-sidée successivement par Fabrice JUCKER (2006),Anita FREI (2007), Erica DEUBER ZIEGLER (2008) etCarmelo STENDARDO (2009-2010).

Membres 2006-2010Jacques BAUD, architecte, UDC (2006-2007) non rem -placé / Pierre BAERTSCHI, conservateur des monu-ments (2006), remplacé par Bernard ZUMTHOR(2007-2008), remplacé par Sabine NEMEC-PIGUET(2008-2010) / Philippe BEUCHAT, architecte, ACG /Alain CARLIER, architecte, FAI / Armand BRULHART,historien de l’art, APV / Dominique CERUTTI, entre-preneur, Fédération genevoise des métiers du bâti-ment / Babina CHAILLOT-CALAME, historienne del’art, Le Boulet / Françoise CHAPPAZ, politologue,WWF / Jean-Marc COMTE, architecte, PDC / IsabelleCLADEN, architecte, Patrimoine suisse Genève / EricaDEUBER ZIEGLER, historienne de l’art, APV / AnitaFREI, historienne et architecte, Les Verts (2006-2008)remplacée par Lauren BADDELEY, architecte / Jean-Noël GENÊT, architecte, ACG (2006-2007) remplacé parHubert DETHURENS, viticulteur / Gilbert HENCHOZ,architecte-paysagiste, ACG / Fabrice JUCKER, architecte,Parti libéral / Cecilia MAURICE-DE SILVA, historiennede l’art, Patrimoine suisse Genève / Roger MEYLAN,viticulteur, Chambre genevoise d’agri culture / Jean-Jacques OBERSON, architecte, WWF / Patrice REYNAUD,architecte, CGI / Chantal SCALER, architecte, Parti radi-cal / Françoise SCHENK-GOTTRET, juriste, PS / AthanaseSPITSAS, architecte, FAI / Carmelo STENDARDO, archi-tecte, FAI / Michel STRAZZA, architecte, MCG / JeanTERRIER, archéologue cantonal / Barbara TIRONE,architecte, Pro Natura / Bertrand VON ARX, conser-vateur cantonal de la nature et du paysage.

Organisation, composition et fonctionnement de la CMNS

19

CompositionNommée par le Conseil d’Etat, la commission acompté 24 membres selon la composition suivante:un membre par parti représenté au Grand Conseil etdésigné par lui, et trois membres proposés parl’Asso ciation des communes genevoises (ACG), dontun représentant de la Ville de Genève; les autres membres ont été présentés par des associationsd’importance cantonale actives dans la protectiondu patrimoine bâti ou naturel (Patrimoine suisseGenève, Action patrimoine vivant, Le Boulet, WWF,Pro Natura), ainsi que par les associations profes-sionnelles (Fédération des architectes et ingénieurs,Chambre genevoise immobilière, Fédération gene-voise des métiers du bâtiment, Chambre genevoised’agriculture). A l’archéologue cantonal et au (à la)conservateur/trice des monuments, est venu s’ajou-ter dès 2007 le conservateur cantonal de la natureet du paysage, tous trois membres de droit selon la LPMNS. L’historienne des monuments a été dési-gnée parmi les membres de la CMNS.

La CMNS a été assistée dans ses travaux, aveccompétence et diligence, par le SMS dirigé par SabineNemec-Piguet, remplacée mi-2009 par Maurice Lovisa.Les collaborateurs/trices du SMS ont assuré le secré-tariat de toutes les séances.

FonctionnementLa CMNS s’est réunie en séance plénière en principetous les derniers mardis du mois. Les sous-commis-sions se sont réunies en principe, pour la SCMA,deux ou trois fois par mois, pour la SCA une ou deuxfois par semaine, pour la SCNS deux fois par mois. Legroupe «études d’aménagement» s’est réuni unefois par mois, le premier lundi suivant la séance plé-nière. Selon les besoins, des visites sur place ont étéassurées par une délégation assistée d’un(e) colla-borateur/trice du SMS. Ces visites ont donné lieu àdes rapports écrits ou oraux, plus ou moins poussésselon les cas et illustrés par des photographies et desdocuments historiques. Dans tous les cas où cela aété nécessaire, notamment pour documenter unede mande de démolition, voire une proposition d’ins -cription à l’inventaire ou de classement, des étudeshistoriques ont été demandées, soit à l’historiennedes monuments, soit aux autres historien(ne)s del’art membres de la CMNS, soit à des collaborateurs/trices de l’Office du patrimoine et des sites (OPS),notamment parmi celles et ceux qui œuvrent à lapréparation des ouvrages des Monu ments d’art etd’histoire du canton de Genève, soit encore à desspécialistes extérieurs mandatés par le SMS.

C’est dire qu’au-delà des préavis touchant auxdemandes d’aménagement, construction, restaura-tion, rénovation, transformation ou démolition, letravail et les réflexions de la CMNS contribuent,année après année, à la connaissance générale dupatrimoine genevois. A ce sujet, un souhait est émispar la CMNS: que cette riche documentation soitcataloguée et tenue à sa disposition pour les be -soins de ses travaux.

1. INTRODUCTION

18

Page 12: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

Le trafic automobileLe trafic automobile n’a cependant pas été totale-ment négligé: des tranchées couvertes sont en chan-tier ou en projet sur deux grands axes de dessertetransfrontalière, route de Meyrin pour la traversée duvillage de Meyrin achevé17, route de Thonon pour latraversée du village de Vésenaz (approuvé par unvote référendaire populaire en 200918). Le projet deparking sous-lacustre de 850 places et 80 places deuxroues, rue Pierre-Fatio-Jardin Anglais-quai Gustave-Ador, refait surface à intervalles réguliers en demanded’autorisation de construire. Le projet présenté en 2007a suscité un préavis négatif de la part de la CMNS19.

Les économies d’énergieSi les coûts de l’énergie, les préoccupations envi -ronnementales et les principes du développementdurable ont accéléré le redéploiement des trans-ports publics, ils ont aussi conduit à l’adoption, dansl’ensemble de la Suisse, de nouvelles normes d’isola-tion des bâtiments et encouragé l’usage de capteurssolaires20. Le 7 mars 2010 était adoptée à Genèveune révision de la loi cantonale sur l’énergie21. Pré -cipitant le rythme des actions déjà engagées dans cedomaine, cette modification met notamment l’accentsur la consommation énergétique du parc immobiliergenevois où se trouvent les plus grands potentielsd’économie. L’enveloppe des bâtiments et le paysages’en trouvent évidemment affectés : changement oudoublement des fenêtres, isolation thermique desmurs, capteurs solaires sur les toitures. Un label dequalité MINERGIE destiné aux bâtiments neufs etrénovés a été créé. Le concept d’éco-quartier s’im-pose lentement.

Les besoins d’extension des organisations inter-nationales, la nécessité de procéder à la rénovation deleurs bâtiments, l’adaptation aux nouvelles normesénergétiques des monuments fondateurs, tels que lePalais des Nations et le premier bâtiment du Bureauinternational du travail (actuel bâtiment William-Rappart abritant l’OMC), ont par ailleurs retenu l’attention de la CMNS et contribué à développerdes solutions de protection patrimoniale compa -tibles avec le statut d’inviolabilité de ces bâtimentsau titre de l’accord de siège conclu entre les orga -nisations internationales qui les occupent et laConfédération.

Priorité aux transportspublicsAvec le développement de Genève, le seuil de tolé-rance de l’infrastructure routière s’est trouvé dépasséet le trafic en permanence engorgé. Genève dispo-sait au XIXe siècle d’un des réseaux de tramways lesplus performants d’Europe. L’ambitieux projet derendre à Genève ses tramways démantelés dans lesannées 1960 s’est poursuivi durant la législatureavec l’achèvement de la ligne Nations-Acacias-Lancy-Pont-Rouge-Palettes, la poursuite du chantier de laligne Cornavin-Meyrin-CERN et l’ouverture du chan-tier de la ligne Cornavin-Onex-Bernex (TCOB). Surles grandes radiales nord et ouest de la ville, maisaussi au centre, sur l’Ile où les ponts sont en voie dereconstruction, autour de la gare Cornavin, à Saint-Gervais, à Plainpalais, à la Jonction, ces projets d’in-génieurs transforment profondément le paysageroutier, sans beaucoup d’égards pour les aspects liésau patrimoine.

Il faut souligner ici que Genève fait fi sur cesgrands axes de l’Inventaire des voies de communica-tion historiques de la Suisse (IVS) et des recomman-dations techniques émises par la Confédération pourleur conservation. Il suffit de songer à la route deMeyrin et à la construction qui l’enjambe à la hau-teur de Balexert!

Le grand projet de liaison ferroviaire CEVA apassé en 2009 l’obstacle d’un référendum populaire16.

Un contexte en mutation

21

Priorité au logement

Au cours de la législature écoulée, Genève (282 km2)a largement passé le cap des 450 000 habitants sansavoir su répondre au besoin urgent de logements :fin 2009, elle comptait 457 628 habitants (dont189 313 en ville de Genève) et 261500 emplois,effectif le plus élevé jamais atteint dans le canton.

En dépit de la priorité accordée dans les texteset les paroles au logement, le nombre annuel delogements effectivement construits a atteint en 2008son chiffre le plus bas depuis des décennies : soit1083 logements, dont 29,9% subventionnés, 10,7%à loyers libres, 34,8% destinés à la vente (PPE) et23,8% de villas11. Fin juin 2009, le taux de vacancedes logements était de 0,21%. Les collectivitéspubliques n’ont pas réussi à enrayer cette pénurie etleurs propres investissements dans le logement sontdepuis dix ans en décroissance profonde12 contraire-ment à celles du secteur privé (immeubles en PPE,villas)13. La pénurie d’appartements à louer entraîneaujourd’hui une flambée des prix.

Les projets de logements esquissés au cours dela législature précédente ont peiné à entrer en phasede réalisation (La Tulette à Cologny) ou sont tou-jours en attente (Mon-Idée-Communaux d’Ambilly à Thônex). Pour faire face à la pénurie, le Conseild’Etat a mis en chantier de nouveaux grands projetsvisant à densifier la ville.

Premier d’entre les grands projets : le PAV, pré-senté en 2007, soit le déploiement du centre-ville surle secteur Praille-Acacias-Vernets avec tours, mixitéactivités-logements, espaces publics, équipements,etc.

Seconde mesure adoptée: la loi sur les suréléva-tions. Comme sous l’Ancien Régime, quand le corsetdes fortifications et l’impossibilité de déployer laville à l’extérieur entraîna la surélévation des im -meubles pour y loger les habitants et leurs activités(cabinotiers), l’étroitesse du territoire cantonal et lestatut quasi sacré de la zone agricole (qui vaut àGenève d’avoir conservé une campagne à bien deségards remarquable) ont provoqué l’adoption par leGrand Conseil en 2008 d’une loi sur les surélévationsvisant à gagner du terrain en hauteur, exclusivementpour créer des logements. En cas de conflit entre

conservation du patrimoine et nouvelle construc-tion, la pesée des intérêts doit, dans l’esprit du pré-sident du DCTI, favoriser en général la construction,voire l’extension des bâtiments et, en particulier,leur surélévation et l’occupation des combles. Unpotentiel de près de 5000 appartements est avancé.On trouvera plus loin14 un chapitre consacré à cettequestion controversée.

La pression immobilièreSi l’essor de l’agglomération et la demande crois-sante de logements et d’infrastructures qui l’accom-pagne ont comme résultantes directes de fortesmutations du tissu urbain et rural, elles entraînentaussi des effets pervers sur la conservation des bâti-ments anciens, notamment sur les plus modestes àloyers bas. La loi sur les surélévations elle-même,supposée créer du logement, ne manque pas de pro-voquer une pression sur le bâti urbain le plus fragile.

Genève s’est révélée ces dernières années parti-culièrement attractive non seulement pour les or -ganisations internationales – actuellement Genèvecompte 25 organisations internationales gouver -nementales (OIG), 174 missions et représentationspermanentes et plus de 170 organisations interna-tionales non-gouvernementales (ONG) –, mais aussipour les entreprises de haute technologie et, sur-tout, pour le trading, donc pour les investisseursétrangers. Mais si la construction de surfaces d’acti-vités s’est redéployée en 2006-2007, elle est aussitôtredescendue, en 2008-2009, à son niveau le plus basdepuis des décennies15.

1. INTRODUCTION

20

16 Premier coup de pioche en novembre 2011, malgré des re -cours encore pendants pour le traitement de la gare de Champel.

17 Achevé en 2011.18 En chantier en 2011.19 Le Conseil d’Etat s’est déterminé en 2011 pour l’abandon

d’un nouveau parking sous-lacustre au profit d’un parking sous larue Pierre-Fatio.

20 L’article 9 de la loi fédérale sur l’énergie adoptée en 1998préconise que « les cantons créent dans leur législation des condi-tions générales favorisant une utilisation économe et rationnellede l’énergie ainsi que le recours aux énergies renouvelables».

21 En remplacement de la loi de 1986.

Un contexte en mutation

11 «Logements neufs construits, selon le type de bâtiment, de -puis 1985», Office cantonal de la statistique – OCSTAT, Statistiquedu parc immobilier, mise à jour le 11.03.2011.

12 Les chiffres des dépenses de l’OCSTAT indiquent, pour 2009,31 millions pour le logement contre 3609,8 millions pour les tra-vaux de routes et de génie civil. Voir «Dépenses pour la construc-tion, selon le type de maître d’ouvrage et la nature des travaux,depuis 1985», OCSTAT, Statistique suisse de la construction, miseà jour le 17.11.2010.

13 Ibid.14 Voir p. 29-31.15 «Surface d’activité utile des bâtiments neufs, mixtes et sans

logement, autorisés, en construction et construits, dans le cantonde Genève, depuis 1990», OCSTAT, Statistique du parc immobilier,mise à jour le 11.03.2011.

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23

Le renforcement de la sécuritéComme dans le reste du monde occidental, les me -sures sécuritaires se sont renforcées. Celles-ci ne selimitent pas au renforcement des forces de police et de surveillance, elles se manifestent aussi dansl’espace public et dans les bâtiments dont ellestransforment subrepticement les accès, la visite etl’aspect: vidéo-surveillance, alarmes, éclairage, grilles,chevaux de frise, fils de fer barbelés et blocs deciment autour des bâtiments des organisations inter-nationales, accès par cartes à puce, fermeture desentrées d’immeubles, des temples et des églises, fer-meture des estacades des ports, etc. La campagnen’est pas épargnée. Sur le coteau résidentiel deCologny, convoité pour ses vues imprenables sur lelac, les clôtures et les haies ont eu raison de cetavantage et le promeneur frustré ne rencontre plussur son parcours que de rares échappées entre lesobstacles de thuyas et de murailles enfermant lespropriétés. Le long de la route de Vandœuvres, pour-tant voie de communication historique recensée età protéger, l’emmurement des propriétés porteatteinte aux qualités du parcours et à la substancedes éléments d’accompagnement traditionnels de lachaussée22. Les mesures règlementaires contre le feuexercent aussi leurs ravages : à l’extérieur des bâti-ments, les tours d’escaliers de secours vont déparerles façades, comme à UNI-Bastions (1868-1872). Al’intérieur, elles obligent à cloisonner des espacesclassiques reliant les halls d’entrée aux escaliers etaux galeries : qu’il s’agisse d’UNI-Bastions, de laComédie (1911-1913) ou de l’Ecole des Beaux-arts(1904), les mêmes vitrages doivent en finir avec lesespaces ouverts déployés pour le confort et la qua-lité de vie des usagers. A l’intérieur du Palais de jus-tice (1707-1712), la CMNS a dû s’opposer fermementà un projet de double circulation sécurisée (visiteurs/détenus) qui aurait notamment détruit l’ordon-nance des escaliers et des paliers.

La protection des coursd’eau et du lacL’observation de l’actualité environnementale entre2006 et 2010 fait apparaître, sur un sujet prioritairede cette aube du XXIe siècle – le domaine de l’eau –une contradiction flagrante: l’Etat de Genève mène,après un siècle d’assèchement et de canalisation,une remarquable politique de renaturation des coursd’eau du canton par le biais d’un service ad hoc,avec un budget confortable et l’appui finalementacquis du monde agricole. Mais résistera-t-il auxdésirs de nouvelle emprise urbaine sur le lac que cesoit pour un nouveau parking sous-lacustre sur larive gauche, un parc-plage aux Eaux-Vives par com-blement du plan d’eau, l’extension du port et desbâtiments de la Société nautique de Genève, unencore un vaste pôle privé de détente et de loisirssur le site de Genève-Plage? Depuis longtempspareille pression ne s’était exercée à l’encontre de laRade et du Petit-Lac genevois.

1. INTRODUCTION

22

2DES DÉFIS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

22 Voir, par exemple, route de Vandœuvres 62-68, photos p. 57.

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Les grands dossiers conflictuels

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2. DES DÉFIS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

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Les grands dossiers conflictuels

Le projet de Jean Nouvel pour le Musée d’art et d’histoire (MAH)

La CMNS a été consultée en 2008, avant l’engage-ment par la Ville de Genève de l’étude du «projetd’intention» élaboré dix ans plus tôt23 pour la res-tauration et la transformation du MAH. La présencede l’architecte Jean Nouvel, prix Pritzker d’archi -tecture 2008, a paré cette consultation d’une auraparticulière.

La CMNS a soutenu la restauration du bâti-ment, mais un débat long et houleux l’a fortementdivisée sur le principe de l’installation, dans la courcentrale24, de grandes plateformes à structure d’acierancrées dans les façades existantes et surmontéesd’un restaurant panoramique émergeant au-dessusde l’ancien édifice 25. Les nouvelles circulations, lespasserelles de liaison entre l’ancien et le nouveaubâtiment, l’accès séparé au restaurant, les ascenseursont paru envahissants. Quant à la manière dont lesplateaux s’arrimeraient au bâtiment existant sanslui porter atteinte, l’étude restait à mener.

La CMNS a pris note de l’installation sur la pro-menade de l’Observatoire d’un parvis aménagé dansl’axe d’entrée du musée et doté d’un pavillon vitré(billetterie, information, magasin et buvette) etd’un parc de sculptures, mais a regretté que le pro-jet se contentât d’occuper la cour sans tenir comptedu statut urbain de l’îlot dans son intégralité, soitl’ensemble remarquable situé entre les promenadesde l’Observatoire et du Pin, relié par des ponts à laville et formé par des bâtiments dotés chacun d’unecour de part et d’autre du passage Burlamachi.

Le MAH est un des monuments majeurs deGenève par sa taille, le caractère exceptionnel deson architecture Beaux-arts inspirée du Petit-Palais,le site dans lequel il s’insère et sa fonction. Il n’est pasclassé, sa position dans la zone protégée du secteursud des anciennes fortifications ayant jusqu’à pré-sent paru une protection suffisante. La demande declassement, déposée par Patrimoine suisse Genèveen 2008, a reçu un préavis favorable de la SCMA,mais la CMNS, en plénière, a décidé de surseoir àson adoption26.

Au terme d’une analyse approfondie du projet,la CMNS s’est finalement déclarée à la majorité«confiante dans les vertus d’une architecture sédui-sante et spectaculaire venant occuper la cour d’unbâtiment ancien de haute valeur, pour l’aider enquelque sorte à survivre» 27 et favorable à l’engage-ment de l’étude du projet sous réserve d’une sériede recommandations. Elle a notamment préconiséde poursuivre l’étude du projet dans un esprit d’ou-verture et de réversibilité : d’étudier toutes les possi-bilités de sauvegarde des éléments anciens, delimiter l’impact des nouvelles structures sur le bâti-ment existant en étudiant des structures nouvellesautonomes, par exemple, pour les plateaux, un dis-positif autoporté préservant les façades existantes.

En tout état de cause, elle s’est déclarée favo -rable à l’excavation de la cour et à sa couverturevitrée, deux propositions préconisées par le cahierdes charges de l’appel d’offre de 1998.

Elle a enfin recommandé d’étudier la réorga -nisation générale du MAH sur la base d’un pro-gramme muséographique profondément renouvelé,répondant aux attentes scientifiques et culturellesde notre époque. La nouvelle direction du MAH aconstitué en 2010 un comité consultatif pour l’assis-ter dans sa tâche 28.

23 Résultat d’un appel d’offre lancé en 1998, à l’issue duquelfut choisi le projet proposé par le bureau J. Nouvel-Jucker-DVK.

24 La CMNS est en principe défavorable au noyautage des cours.25 L’art. 87 de la LCI relatif aux zones protégées de la Vieille-

Ville et du secteur sud des anciennes fortifications stipule que « legabarit de hauteur des constructions ne doit pas dépasser la hau-teur des bâtiments existants» et qu’une dérogation aussi impor-tante aux dispositions de l’alinéa 1 ne peut se justifier que d’une«amélioration esthétique».

26 Ce préavis favorable a finalement été adopté par la com-mission au printemps 2012. Le classement demandé par APV del’ensemble de l’îlot entre rue Charles-Galland et promenade du Pina également été préavisé favorablement.

27 Préavis adopté en séance plénière le 25 décembre 2008. 28 Cette commission consultative a rendu son rapport en 2011,

sans apporter de changement significatif au projet, dont la de -mande d’autorisation de construire définitive a été déposée ennovembre 2011 et soumise à la CMNS qui a émis un préavis favo-rable sous réserve d’un projet modifié.

Musée d’art et d’histoire, état actuel et projet d’extension de Jean Nouvel par remplissage de la cour et surélévation.Photos Cecilia Maurice de Silva. Elévation et coupe: Fondation pour l’agrandissement du Musée d’art et d’histoire.

Page 15: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

la quantité diminuerait de manière significative parla disparition de cette ressource alimentaire30.

Les projets se sont concrétisés à l’occasion d’unesérie de grands chantiers publics (CEVA, tranchéecouverte de Vésenaz), avec l’idée d’utiliser leurs dé -blais pour créer un parc-plage en remblais sur le lac.Depuis longtemps, la création d’une plage supplé-mentaire, l’accroissement des places d’amarrage dansles ports genevois, le désencombrement du port dela rive gauche de la Rade et la libération du quaimarchand étaient des revendications que les autori-tés cherchaient à satisfaire. De son côté, la SNG vou-lait agrandir son port pour lequel elle dispose d’uneconcession de l’Etat de Genève. En s’engageant àfinancer une nouvelle grande digue nord, la SNGrendait possible l’accroissement de son port de deuxtiers (1025 places) et, en aval, l’agrandissement duport public du Port-Noir (226 places pour bateaux et244 places pour dériveurs31) ainsi que la réalisationdu parc-plage des Eaux-Vives.

Après une première consultation de la CMNSen 2009, le projet conduit par l’Etat de Genève(PPEV) a subi une réduction et plusieurs réaménage-ments. Un an après, au prix d’une longue et difficilediscussion, envenimée par le caractère mensonger desimages de synthèse proposées par les requérants etlargement diffusées auprès du public, la CMNS a

Les grands dossiers conflictuels

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Le projet de port et deplage des Eaux-Vives (PPEV) et l’agrandissement du portde la Société nautique de Genève (SNG)

Ces projets sont ceux qui ont provoqué le travail leplus intense de la CMNS, en raison de l’ampleur deleur emprise sur le lac, de leur développement in -tempestif et des controverses qu’ils suscitent. Le siteest «hyperprotégé» (loi sur la protection généraledes rives du lac, LPMNS et loi sur les eaux) ; il im -plique des objets classés (sites archéologiques sous-lacustres, domaine de La Grange) ; il est inscrit àl’Inventaire fédéral des sites construits d’importancenationale (ISOS), voisin du périmètre du plan de sitede la Rade et du périmètre de la Rade et du Rhôneinscrit à l’Inventaire fédéral des paysages, sites etmonuments naturels d’importance nationale (OIFP).Le plan d’eau lui-même avec sa flore et sa faune estprotégé par la législation fédérale.

Les six projets qui ont été mis à l’enquête pu -blique – quatre demandes d’autorisation de construireet deux de démolir – visent à transformer radicalementl’aménagement, la topographie et l’usage de la rivegauche du lac entre le Jardin Anglais et Genève-Plage.Selon l’«Etude d’impact»29 fournie, l’emprise globaledes projets est de 27,39 ha: 13,29 ha pour les projetsde parc-plage, de quai et d’esplanade et 14,10 hapour les deux nouveaux ensembles portuaires – soitprès du tiers de la largeur du lac entre Eaux-Vives etSécheron ou plus de trois fois la surface de la plainede Plainpalais (8 ha). La perte de surface lacustre parsuite de ces comblements serait de 10,78 ha (dont6,31 ha émergents et 4,47 ha immergés).

La CMNS a dû procéder à une pesée d’intérêtsentre ces projets répondant, pour ce qui concerne laplage, à un intérêt public prépondérant, et ce patri-moine protégé, cher au cœur des Genevois et attraittouristique majeur : le «bout du lac» est universelle-ment connu et constitue la carte de visite de Genève.La zone littorale possède une importante végéta-tion aquatique, elle abrite poissons et oiseaux dont

2. DES DÉFIS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

26

29 «Etude d’impact sur l’environnement. Rapport d’enquêtepréliminaire (REP)», décembre 2009, p. 46.

30 «Etat écologique du Petit-Lac en 2008», DT-SECOE. 31 Le projet du Port-Noir se limite au déplacement des activi-

tés portuaires de la Rade vers la nouvelle infrastructure sans aug-mentation de sa capacité.

Projet de port et de plage aux Eaux-Vives devant les parcs. Plan Etat de Genève, DT, retouché en jaune pour indiquerl’emprise actuelle du quai et des ports sur le lac. Page de gauche: le plan d’eau concerné. Ci-dessous : le plan d’eau vu de La Grange. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Page 16: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

La loi sur les surélévations a requis tout au longde la législature l’attention de la CMNS, qui a dûémettre des préavis sur les cartes indicatives, puis exa-miner, cas par cas, les premières demandes de surélé -vation dont le rythme va désormais en s’accélérant.

Pour la cartographie, la CMNS a critiqué un dé -coupage arbitraire ne tenant pas compte de l’histoiredu développement urbain, notamment ni de la pré-sence de la puissante ceinture fazyste ni de la cohé-rence historique de chaque quartier. Elle a déploréque les objets et périmètres protégés ne figurent pasexplicitement sur les cartes.

L’élaboration des cartes s’est appuyée sur quel -ques critères simples : âge des immeubles, largeurdes rues, hauteurs maximales, existence d’ensemblesdu XIXe et du début du XXe siècle. Combinée demanière mécanique sans visite des lieux, cetteméthode a produit ici et là quelques aberrationsque la CMNS a épinglées.

La CMNS a pris note que la plupart des immeu-bles anciens du XIXe et du début du XXe siècle sonten principe exclus de surélévation, tandis que pra -tiquement tous les immeubles postérieurs à 1945sont donnés comme surélevables. Reste la difficilequestion de l’harmonie des rues, quand celles-cisont composites, avec des immeubles anciens et plusrécents.

Si les cartes dégagent le potentiel de suréléva-tion des immeubles, elles ne disent évidemment riende l’art ni de la manière de faire, chaque cas devantêtre étudié pour lui-même. Pour certains, il s’agitd’un attique en retrait, pour d’autres d’un étage ouplus. II faut tenir compte des critères que les cartesn’ont pas pris en compte, tels que l’architecture particulière des couronnements et des toitures,l’étroitesse des cours, l’ensoleillement et tout autreproblème de voisinage, l’harmonie des rues, la cohé-rence des îlots, les accents des carrefours, etc.

La CMNS a estimé que dans les cas d’architec-ture médiocre, comme dans certaines rues compo-sites des Pâquis, des reconstructions avec les infra -struc tures nécessaires seraient préférables à dessurélévations.

En conclusion, la CMNS regrette qu’alors ques’amorcent des surélévations parfois laborieusesdans le bâti historique du centre-ville, on continuede construire, en périphérie urbaine et dans les

La loi sur les surélévationsEn 2006, le Grand Conseil votait la loi sur les sur -élévations modifiant la LCI. Devant la menace d’unréférendum brandie par diverses associations (Asloca,syndicat SSP-VPOD, Patrimoine suisse Genève), desnégociations furent engagées par M. Mark Muller.Elles conclurent à la nécessité d’amender la loi votéeen inscrivant l’obligation d’établir des cartes indica-tives du potentiel de surélévation d’immeubles exis-tant en 2e et 3e zones urbaines, la Vieille-Ville et lesecteur sud des anciennes fortifications demeurantexclus de la loi. La loi ainsi amendée fut soumise en2008 à un nouveau vote du Grand Conseil. Restait àdéterminer, secteur par secteur, quels immeubles seprêteraient à une surélévation et lesquels ne pour-raient pas être touchés. C’est le sens des cartes indi-catives préparées par le DCTI au cours des années2008-2009.

Sauf exception, la loi sur les surélévations nes’applique pas aux zones protégées. En 2e zone, elle prévoit désormais (art. 23 et 27), deux étagessupplémentaires (soit 6 m) pour autant que la lar-geur de la rue le permette. A noter que ces hau-teurs étaient déjà possibles selon la LCI par le biaisde dérogations accordées cas par cas. La nouveauté,c’est que ces gabarits ont désormais un caractèreordinaire, qu’il s’agisse d’immeubles existants à surélever ou de nouvelles constructions, mais seu -lement pour autant qu’il s’agisse de construire des logements et que l’harmonie des rues soit préservée.

Les surélévations d’immeubles dans les zonesconcernées peuvent être demandées au titre de laloi sur les surélévations, mais aussi au titre d’une dé -rogation LCI dont la portée reste en vigueur. La loisur les surélévations ne supplante d’ailleurs pas lesautres lois régissant la construction et la conserva-tion du patrimoine, en particulier ni la LDTR qu’elleménage en rendant impossible le remplacement delogements existants par des logements acquis parsur élévation, ni les dispositions de la LCI sur les en -sembles du XIXe et du début du XXe siècle, ni laLPMNS, ni la loi sur les zones de développement(LGZD).

29

rendu un préavis favorable aux projets, sous réservede plusieurs modifications et compléments :• oui à la fouille de sauvetage de la station lacustre

de Plonjon, la plus vaste et la plus intéressante dela Rade (265 x 55 m), classée depuis 1923 et qui vadisparaître sous les remblais, ses quelque 3’000pilotis restants étant extraits pour étude32 ;

• oui au comblement du lac pour le parc-plage;• non à la destruction de la promenade exception-

nelle formée par le quai et de l’environnementpaysager des deux grands parcs La Grange et desEaux-Vives, avec l’ordonnancement étagé du pay-sage des rives : les maisons de maître à mi-pente,le quai, le bassin d’eau comme un miroir. Invi ta -tion à inscrire le projet dans la continuité histo-rique du lieu, en veillant à conserver le quai danstoute sa largeur et sa linéarité et à établir la plageen contrebas ;

• conformément à la loi fédérale sur les eaux, exi-gence d’une véritable compensation à la perte desurface lacustre;

• refus d’un bâtiment de vestiaires parallèle aurivage et obstruant les vues ;

• réduction de la longueur du môle du Port-Noir(285 m) et de l’étendue totalement exagérée de lagrande digue nord de la SNG (510 m);

• conservation du club house de Charles Liechti(1932-1933, surélevé en 2002) et demande de projet modifié, réduit, pour le port de la SNG, sesbâtiments et ses circulations ;

• demande de compléments pour l’aménagementde la place Alinghi, qui doit rester domaine pu blic,et pour le projet d’extension de Genève-Plage;

• conformément à la loi fédérale sur l’aménagementdu territoire (LAT), demande d’un plan directeurde la Rade et du Petit-Lac urbain;

• respect des qualités paysagères du site nocturne etdes normes fédérales environnementales d’éclai-rage, en évitant notamment de perturber la fauneet la vision nocturne paisible du plan d’eau33.

2. DES DÉFIS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

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Les toits de la ville : des terrains à bâtir

32 «Projet de fouille archéologique de la station littorale deGenève/Plonjon. Programme de sauvetage scientifique et devisestimatif pour les recherches des années 2009 à 2012», 2009, p. 5.La fouille a commencé en 2011 et le sort des pieux extraits resteincertain. Les autorités ont même envisagé – la presse s’est faitel’écho de cette idée – de les débiter et de commercialiser ces sou-venirs des temps préhistoriques…

33 En novembre 2010, le DCTI a délivré les autorisations, maisle WWF a interjeté recours. Le recours est toujours pendant.

Vue du Port Noir, la portion de lac à combler. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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Les toits de la ville : des terrains à bâtir

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communes suburbaines, dans des gabarits bas et àdévelopper la zone villas.

Réponse adéquate à la crise du logement?Risque de voir le centre-ville se densifier à outrance,perdre l’ensoleillement de ses rues et de ses cours,détruire son harmonie architecturale et urbaine,manquer d’espaces et d’équipements publics, s’en-laidir? Produire du logement trop cher? La légis -lature qui s’ouvre devra accorder une attentionextrême à ces questions.

L’aménagement des combles en logements et bureauxL’aménagement de logements et de bureaux dansdes combles et des surcombles qui ne s’y prêtent pas,particulièrement dans des bâtiments de la ceinturefazyste aux toitures à faible pente, mais aussi dans lesensembles de la fin du XIXe et du début du XXe siècle,a posé quelques difficultés à la CMNS. Celle-ci a-t-ellela possibilité de réserver son préavis quand le projetenfreint les dispositions de la LCI relatives au main-tien des gabarits des toitures des immeubles proté-gés ou situés en zone protégée ou à celles relativesà l’éclairage des combles34? L’Office des autorisa-tions de construire (OAC) ne devrait-il pas retenir lesdossiers non conformes? Comment émettre un pré -avis d’ordre esthétique quand manifestement unprojet est légalement irréalisable? La CMNS s’estrésolue à émettre dans ces cas des préavis négatifs,sauf exception (par exemple l’immeuble rue Saint-Victor 4 (v.1860-1870), où elle a admis une modifi -cation du gabarit de la toiture en raison de sa trèsfaible pente et de son aspect inesthétique).

Un débat sur l’habitabilité des surcombles auxtoits à faible pente et des toits à la Mansart a mobi-lisé une séance plénière en 2009. Exemples : rue du Mont-de-Sion 8 (v.1880), projet accepté pourune salle de conférence et une bibliothèque; rueFrançois-Bellot 9 (v.1880), projet refusé pour dulogement; rue du Devin-du-Village 15 (1923-1924),projet refusé, et rue des Charmilles 17 (1925-1926),projet accepté sous réserve, dans ces deux dernierscas pour éviter d’altérer l’unité des ensembles.

On a fait remarquer que la question de l’habi-tabilité n’était pas du ressort de la CMNS. Alors pour-quoi l’OAC ne résout-il pas la question avant de trans-mettre le dossier au SMS? L’OAC ne veut à aucunprix censurer la possibilité d’aménager les combles,mais le type de prises de jour en zone protégée ou dans des ensembles protégés (lucarnes, velux,tabatières, puits de lumière, etc.) dépend des sous-commissions qui doivent jouer pleinement leur rôle.Il arrive évidem ment aussi que le DCTI passe outrel’avis de la CMNS.

2. DES DÉFIS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

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34 Art. 130 du règlement d’application de la LCI : a) la base del’ouverture ne doit pas être située à plus de 1,50 m du sol ; b) lesommet de l’ouverture ne doit pas être situé à moins de 1,80 mdu sol ; c) ce type de jour ne peut être créé que sur un toit dont lapente est égale ou supérieure à 35° ; d) la surface de la projectionverticale de l’ouverture ne peut être inférieure au dixième de lasurface de la pièce ni, au minimum, à 1 m2 ; etc.

Surélévation de la toiture d’un immeuble de la ceinturefazyste pour rendre les combles habitables, rue Saint-Victor 4, avant et après travaux. Photos SMS/Carmen Alonso (haut), Cecilia Maurice de Silva (bas).

Deux exemples de surélévation: en haut, sur un immeuble moderne, rue des Délices 2, en bas sur une ancienne fabrique, rue de la Coulouvrenière 25. Photos SMS/ Jean-Charles de Bortoli (haut), Cecilia Maurice de Silva (bas).

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concept de plan directeur de l’affichage de la Villede Genève elle-même38.

Le projet de signalétique culturelle du site de lacathédrale et des monuments et sites touristiquesde la Vieille-Ville, même porteur des meilleuresintentions du monde, présente aussi des risquesd’invasion, surtout dans des rues et places relative-ment resserrées où la circulation et les vues se passe-raient bien de ces obstacles. La CMNS a exprimé sesréticences en demandant la réduction du nombre et de la dimension des poteaux. Il en va de même dela signalétique, avec panneaux et oriflammes, desbâtiments universitaires, des institutions culturelleset des salles de spectacles, sans compter les batteriesde caissettes à journaux, ces dernières ayant finale-ment obtenu l’aval de la CMNS39.

S’afficher, se distinguer, se rendre visible… pourexpliquer, orienter, se mettre en valeur, se vendre…sous-entend habituellement présence, contraste,forte visibilité, recherche d’un choc visuel. Cesbesoins entrent par définition en contradiction avecl’idée d’intégration au site, d’harmonisation avec lecontexte telle que préconisée notamment par lesrèglements applicables en zones protégées.

L’information et la publicité dans l’espace pu -blic ne méritent en effet pas moins d’attention queles bâtiments de la part de la CMNS. Ajoutées à lasignalisation indispensable au trafic urbain et, avecle retour des tramways, aux poteaux, câbles et caté-naires compliqués poussant le long des artèresgenevoises, elles ont tendance à être envahissanteset à brouiller le dessin des architectures et de l’urba-nisme. Il faut contrecarrer la surenchère et le gigan-tisme: limiter les enseignes et les marquageschromatiques (gare aux difficultés avec les pharma-cies au vert expansif!), tenir les inscriptions sous lescordons des rez-de-chaussée, contenir la grandeurdes toiles de tente pour laisser lisible l’architecturedes arcades et des entrées, confiner les inscriptionsaux lambrequins des toiles, rechercher la finesse desmécanismes, modérer la portée des éclairages etveiller au traitement équitable entre voisins. Mais laréférence aux précédents ne suffit pas, quand laCMNS souhaite justement faire évoluer les habitudesvers une meilleure intégration à l’environnement.Par exemple, place du Molard, les toiles de tentedevraient se conformer aux exigences récentes de laCMNS au vu des efforts d’aménagements intégrésréalisés par la Ville de Genève pour les terrasses descafés et restaurants.

A Genève, l’affichage commercial, comme l’af-fichage culturel, associatif et sportif relèvent d’uneconvention périodiquement renouvelée entre laVille et l’Etat de Genève d’une part et la Sociétégénérale d’affichage (SGA) d’autre part.

Un important dossier de nouveaux panneauxd’affichage de la Société générale d’affichage (SGA)a été examiné par la CMNS. Elle a évalué l’impactdes panneaux dans les sites protégés et contre desbâtiments protégés, où les dispositions légales etréglementaires offrent des moyens de maîtrise, etpréavisé défavorablement toute une série d’empla-cements en se référant aux règles fixées par le

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La cause était mal partie : capteurs solaires contreconservation des toitures, isolation thermique contreenveloppe traditionnelle des bâtiments, isolation desfenêtres contre substance matérielle d’origine desmenuiseries et des vitrages, etc. Mais nécessité fait loi.Au cours de la législature s’est faite jour cette évi-dence: la protection du patrimoine et l’améliorationénergétique des bâtiments (la réduction des déper-ditions d’énergie et des dépenses de chauffage) nesont pas incompatibles, pour autant que chacun com-prenne le point de vue de l’autre et fournisse uneffort, d’un côté pour accepter cette nouvelle tech-nologie dans les bâtiments anciens, de l’autre pouraméliorer l’aspect esthétique des dispositifs mis aupoint par l’industrie. Le dialogue s’est grandementamélioré à la suite d’une décision des services canto-naux compétents de réunir leurs expertises : le SMSet le Service cantonal de l’énergie (SCANE) ont prisl’habitude de confronter leurs points de vue sur lesprojets soumis à demande d’autorisation. Cas échéant,pour favoriser des solutions compatibles avec laconservation du patrimoine, des aides financièressont proposées par l’OPS en plus des aides du SCANE.

En consacrant en 2008 aux fenêtres anciennes unexcellent cahier de la série Patrimoine et architec-ture 35, l’OPS a contribué à l’information et lancé unappel aux architectes et aux métiers du bâtiment.Dans la foulée, un groupe de travail s’est constitué,avec les auteurs de cette publication (représentantPatrimoine suisse Genève, la Chambre genevoiseimmobilière, la Fédération genevoise des métiers dubâtiment, l’Union suisse du personnel de l’immobilier,le SCANE et l’OPS) en vue de trouver des moyenspour simplifier et accélérer des procédures touchantà l’isolation des fenêtres sur les bâtiments existants.

Cette demande de simplification est liée à unlitige au sujet du délai légal d’application de la miseaux normes de l’isolation thermique des fenêtres desbâtiments, fixé par l’Etat à 2011. Les propriétairesestiment ne pas avoir suffisamment de moyens pourles mettre en œuvre, a fortiori pour les interventionsdans les bâtiments protégés qui s’avèrent longues etsouvent coûteuses. Le chef du DCTI a donc confié àl’OPS la mission d’examiner un moyen de facilitercette mise aux normes. L’OPS a obtenu qu’il n’y aitpas de remise en question sur les matériaux (bois) etque la solution de la pose de doubles fenêtres, per-

mettant une amélioration de la situation et unepréservation des fenêtres anciennes, soit favorisée.Des questions se posent pourtant si un changementdes fenêtres s’avère nécessaire.

Le DCTI a décidé en 2009 qu’aucune autorisa-tion ne serait désormais nécessaire pour ces misesaux normes dans les bâtiments non protégés. Pourles bâtiments protégés, le DCTI préconise pour l’ave-nir une procédure facilitée, permettant aux requé-rants d’être dispensés d’un préavis de la CMNS pourautant que les détails d’exécution soient soumis àl’OPS. Affaire à suivre.

La CMNS s’est penchée à réitérées reprises sur laproblématique de l’impact esthétique des panneauxsolaires sur le paysage des toitures dans les villagesprotégés, sur des projets de remplacement ou d’iso-lation des fenêtres ainsi que d’isolation des murs36.Le traitement séparé d’immeubles faisant partied’un ensemble reste problématique. Exemple: rueThéodore-Flournoy 8 (1955-1956), un immeuble dessquares Montchoisy, désormais protégé par un plande site alors en cours d’adoption, où le remplace-ment des fenêtres ne doit pas introduire dans l’en-semble une dissonance matérielle, chromatique ouformelle. Nul doute que des compétences ont étéacquises et qu’à l’avenir la question de l’améliorationdu coefficient thermique sous un angle technique,par un examen systématique des solutions possiblesadaptées aux divers types de construction, y comprisaux bâtiments anciens dont la substance doit êtreconservée, devra faire partie des réflexes de laCMNS. Il y a un réel enjeu à faire comprendre auxtechniciens et ingénieurs le point de vue des conser-vateurs du patrimoine, mais aussi pour les archi-tectes et les conservateurs du patrimoine à acquérirdes compétences spécifiques en la matière.

La lecture des préavis dénote, au cours des quatre années écoulées, une approche cohérente deces questions par la CMNS37.

2. DES DÉFIS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

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La loi sur l’énergie Procédés de réclame, panneaux d’affichage et signalétique

35 Les fenêtres, vues sur un patrimoine, Patrimoine et archi-tecture, 16. Office du patrimoine et des sites DCTI, 2008.

36 Pour le détail, voir SCA, p. 69-70.37 En 2011, deux projets de loi ont été déposés au Grand Conseil

cherchant à faciliter les rénovations énergétiques des bâtimentsprotégés, par exemple à permettre l’installation de panneauxsolaires sur les monuments historiques en se passant de l’avis dela CMNS ou en modifiant la composition de ses membres.

38 Approuvé par le Conseil administratif le 3 mai 2006.39 Pour le détail, voir p. 74-77.

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La disparition des cafés et restaurants historiques

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Les cafés font l’Europe. Ils vont de l’établissement préféré de Pessoaà Lisbonne aux cafés d’Odessa, hantés parles gangsters d’Isaac Babel. Ils s’étirent descafés de Copenhague, dans lesquels passaitKierkegaard pendant ses promenades médi-tatives, aux comptoirs de Palerme […] Des -sinez la carte des cafés, vous obtiendrez l’undes jalons essentiels de la notion d’Europe.

Georges Steiner

Les menaces qui pèsent sur les cafés et restaurantshistoriques de Genève sont bien connues et ne man-quent pas d’inquiéter la CMNS, comme la Ville deGenève et les associations de protection du patri-moine. Sous la précédente législature, à la suite dela disparition en 2002 de l’aménagement intérieurde la brasserie Bagatelle, place des 22-Cantons, leSMS avait commandé un recensement de ces éta-blissements. Cet état des lieux a été réalisé et docu-menté avec, pour chaque établissement, des valeursindicatives que la CMNS doit encore entériner. Il de -vrait servir de référence pour contribuer à préserverl’existence et le cadre des plus intéressants d’entreeux40. Selon quels critères? L’ancienneté évidem-ment, la qualité de l’architecture et de l’aménage-ment intérieur, soit mobilier et décor, l’histoire del’établissement – souvent un lieu de mémoire lié aux événements dont il a été le théâtre –, sa valeursociale et symbolique. Quel type de protection?L’ins cription à l’inventaire, le classement sont desmesures fortes presque toujours condamnées à seheurter à la défense de la liberté de commerce.

Deux cas significatifsLe Relais de l’Entrecôte, rue du Rhône 49, a succédéà la brasserie Bavaria (1912, rénovée en 1942). Celle-ci était devenue célèbre au temps de la SDN, quandles séances plénières se déroulaient encore à la sallede la Réformation sise à deux pas. Chefs d’Etat,ministres, diplomates, délégués et journalistes dumonde entier se retrouvaient à la Bavaria, où deuxcaricaturistes hongrois, alors réfugiés à Genève,Derso et Kelen, contribuèrent au rayonnement de la brasserie en faisant les caricatures de ses célèbres

clients41. L’établissement est situé dans le périmètredu plan de site de la Rade. En 2006, l’exploitant areçu son congé de la part du propriétaire de l’im-meuble et a fait recours. La CMNS a été alertée. Lerèglement du plan de site de la Rade stipule (art. 8,al. 1) : «Les rez-de-chaussée des bâtiments sont, enrègle générale, destinés aux activités commercialesouvertes au public et compatibles avec le quartier, àl’exclusion des activités administratives et d’autresactivités qui ne s’intègrent pas au caractère deslieux. Les rez-de-chaussée des bâtiments affectés àdes activités qui contribuent directement à l’anima-tion des espaces publics, telles que boutiques, res-taurants, cafés ou autres commerces, conserventcette destination.» Il est apparu au cours de la pro-cédure devant les tribunaux que cette disposition negarantissait pas la pérennité d’un établissementpublic tel que restaurant ou café, tout commerceouvert au public, y compris une bijouterie, répon-dant à ce critère42. La CMNS, décidée à sauvegarderla dernière des brasseries Belle Epoque des Rues-Basses et des fronts du lac, a – fait exceptionnel –adopté en 2007 une résolution en séance plénièredemandant au Conseil d’Etat d’initier une procédurede classement du Relais de l’Entrecôte43 et de pren-dre les me sures de protection nécessaires afin degarantir la pérennité des cafés et restaurants histo-riques de Genève selon la liste indicative du recense-ment du SMS.

Le café-bar Cristallina, sis rue du Rhône 29, afait en 2007 l’objet d’un changement d’affectationau profit de l’agrandissement de la bijouterie voi-sine. Parce que cet établissement était égalementsitué dans le périmètre du plan de site de la Rade, ce

2. DES DÉFIS POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE

34

La disparition des caféset restaurants historiques

40 Inventaire des cafés et restaurants genevois, Etat de Genève,Service des monuments et des sites, 2005. Patrimoine suisse Genèvea consacré à ce sujet un excellent dossier paru dans Alerte, 110,automne 2009.

41 En 1942, la brasserie a subi une rénovation par l’architecteJean Falciola et l’ensemblier Louis Amiguet. Le décor de boiseriesà panneaux et rosaces sculptées et le nouveau mobilier sontconservés, mais les célèbres caricatures qui ornaient la brasseriesont aujourd’hui propriété d’un collectionneur privé genevois.

42 L’arrêt du Tribunal administratif du 19 octobre 2004 au sujetde l’installation d’une agence bancaire à la place d’un café aurond-point de Rive fait jurisprudence: il admet que les différentescatégories d’activités énumérées dans le règlement sont « inter-changeables» dans la mesure où elles sont ouvertes au public.

43 Le Conseil d’Etat a adopté le classement, mais le propriétairea interjeté recours.

Relais de l’Entrecôte, rue du Rhône 49, avec ses boiseries, vestiges de l’ancienne brasserie Bavaria.Photos SMS/Martin Widmer.

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dossier a également soulevé la question de l’inter-prétation des termes du règlement du plan de site.

On peut évidemment avoir une opinion diffé-rente de celle du Tribunal administratif et considé-rer qu’un restaurant ouvert au public le jour et unepartie de la nuit répond mieux au souci d’animationde l’espace public qu’un commerce destiné à uneclientèle plus ponctuelle, telle une bijouterie, uneagence bancaire ou une boutique. S’il est possiblede modifier l’affectation des établissements publicsdans cette zone protégée, notamment au motif deperspectives de rendement plus favorables, celasignifie que les demandes de changement d’affec -tation peuvent s’opérer au profit des commerces lesplus rentables au risque de créer une «monoculturemarchande». Or, tel n’était pas, une fois encore,l’objectif recherché par le Conseil d’Etat en adoptantce règlement. En conclusion et sous peine de viderde leur substance les prescriptions légales et règle-mentaires édictées dans le but de maintenir lecaractère et l’animation typiques de certains quar-tiers protégés de notre ville, on devrait interpréteret appliquer ces prescriptions de manière plutôt restrictive.

Si finalement la bataille a été perdue pour leCristallina, désormais disparu, la CMNS se félicite dumaintien de l’ancien café des Marins, quai Gustave-Ador 55, et de la bonne réhabilitation de la façadede l’immeuble qui l’abrite.

Elle souligne aussi l’intérêt pour l’agrément ur -bain du foisonnement des terrasses qui a profondé-ment modifié, ces dernières années, l’atmosphèredes rues dès l’arrivée du printemps. La Ville deGenève, comme Carouge, s’efforcent d’en contrôlerla qualité esthétique et de contenir leur emprise surle domaine public.

Restaurant Quai 55, quai Gustave-Ador 55, ancien café des Marins après rénovation. Photos Cecilia Maurice de Silva.

3L’ORDINAIRE DESSOUS-COMMISSIONS

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Sous-commission monuments et antiquités (SCMA)

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La SCMA s’est réunie 115 fois au cours de la légis lature.

Monuments classés ou en voie de classement

Depuis l’adoption de la LPMNS en 1920, les monu-ments et sites classés sont les « joyaux de la cou-ronne» patrimoniale. L’accès à ce statut privilégié,assurant l’entrée dans la longue durée, n’est pasexempt de conflits, certains pouvant mener jusqu’auTribunal fé déral, comme ce fut le cas ces dernièresannées du classement du complexe immobilier avant-gardiste de Marc-J. Saugey, Mont-Blanc Centre (1951-1954), arrêté par le Conseil d’Etat en 2004 maisencore en procédure de recours.

Procédures de classement23 procédures de classement se sont trouvées

en cours d’instruction durant la législature écoulée,dont 13 initiées pendant la législature44. Seules 5 ontété menées à terme jusqu’à l’arrêté de classementdu Conseil d’Etat:• domaine de La Gara à Jussy (XVIIIe-XIXe siècle),• église du Sacré-Cœur à Genève (1858-1860),• domaine de Courtenod (Courtenaud) à Céligny (1842),• ancien domaine de Ruth (Notre-Dame-du-Lac) à

Cologny (XVIIIe-XIXe siècles),• villa Leclerc à Carouge (1904-1905, recours rejeté).

La demande de classement du Centre WilliamRappard (ancien BIT, 1923-1926)45 a été transforméeen convention de conservation liant le Canton etl’OMC, propriétaire et utilisatrice du bâtiment. Cellede la cité-jardin d’Aïre (1926-1927)46 a été transfor-mée en plan de site incluant tout le secteur de LaConcorde (encore à l’étude).

3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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Sous-commissionmonuments et antiquités (SCMA)

44 La majorité des demandes de classement émanent des asso-ciations de sauvegarde du patrimoine (Patrimoine suisse Genève,Action patrimoine vivant et Association pour le patrimoine indus-triel), quelques-unes émanent de la CMNS et de l’OPS. La Ville deGenève a demandé le classement du Relais de l’Entrecôte conjoin-tement à la CMNS.

45 Demande émanant d’Action patrimoine vivant.46 Demande émanant de Patrimoine suisse Genève et Action

patrimoine vivant.

Villa Leclerc, chemin du Bief-à-Dance 14 à Carouge,avant restauration. Photo SMS/Pierre Baertschi.

Ancien domaine de Ruth (Notre-Dame-du-Lac) à Cologny. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Domaine de Courtenod à Céligny, avant et après restauration. Photos SMS/Yves Peçon (haut), Verena Best-Mast (bas).

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Sous-commission monuments et antiquités (SCMA)

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3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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Ensemble immobilier de Mont-Blanc Centre, rue de Chantepoulet 1-5. Centre William Rappart, ancien BIT, peinture sur toile dans le hall d’entrée, signée et datée G.L. Jaulmes 1940, «Le travail dans l’abondance». Photos Cecilia Maurice de Silva.

Domaine de La Gara à Jussy, «grange musique», après transformation. Photos Verena Best-Mast.

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nance, jusqu’aux modes de mise en œuvre et auchoix des couleurs, destiné à orienter les propriétairessouhaitant entreprendre des travaux dans leurappartement48, enfin d’un colloque de l’ICOMOS49.S’agissant d’un immeuble classé, l’Etat peut exercerson droit de préemption en cas de vente d’un ap -partement. La SCMA a regretté qu’en dépit de plu-sieurs préavis favorables, l’Etat n’ait pas cherché àacquérir un appartement-pilote pour le tenir, d’unemanière ou d’une autre, à la disposition des visiteurs.

Au collège Calvin (1558-1559, agrandi en 1902-1904), la restauration de la vaste toiture et des com-bles du bâtiment sud-ouest avec leur magnifiquecharpente et leurs étonnantes lucarnes du XVIe siècle,s’est déroulée sous de bons auspices : bonne docu-mentation historique, expertise des solives et destuiles (échelonnées du XVIe au XXe siècle), décou-verte, sous les ferblanteries de la restauration du

La vingtaine de procédures en cours, dont cer-taines sont à l’évidence «plantées» – Musée d’art etd’histoire (1906-1910), salle de gymnastique de la ruedu Tir (1951-1953), villas florentines route de Chêne35/avenue Godefroy 2 (1910), domaine de Chapeau -rouge à Russin (XVIIe-XIXe siècles), gare Cornavin(1926-1932), etc. – n’a pas empêché une très grandevigilance de la CMNS à l’égard de ces objets menacés,directement ou dans leur environnement immédiat.

Interventions Contrairement à certaines idées reçues, le clas-

sement n’empêche aucunement des transformations,parfois même importantes. Sur la totalité des 264objets classés du canton, 75 ont été soumis à desinterventions au cours de la législature écoulée, soitentre le tiers et le quart d’entre eux. La plupart desprojets ont exigé une visite sur place et des de-mandes de compléments et de modifications.

Les interventions se déroulent parfois avec bon-heur. Elles constituent alors des moments de véritépar excellence, la mise à nu des murs favorisantl’étude des structures, les découvertes archéologiqueset le dévoilement de vestiges dissimulés (peintures,anciennes couleurs de crépis et de badigeons,papiers peints et matériaux oubliés). Le plaisir peuts’accroître de l’étude historique menée en parallèle.Chaque cas est particulier, par son âge, sa destina-tion, les vicissitudes de son histoire et les interven-tions subies au fil du temps. Ces quatre dernièresannées, la SCMA a connu le meilleur et le pire.

Quelques cas exemplairesDans le meilleur figure l’immeuble Clarté (1931-

1932), premier immeuble genevois du XXe siècle àêtre classé et candidat, avec l’œuvre de Le Corbusier,au Patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.Le rapport de la conservatrice des monuments47

souligne l’exemplarité des chantiers successifs de cemonument privé, en propriété par étage (PPE), qua-lité impossible sans une préparation minutieuse, desfinancements publics, des architectes et des corps demétier compétents, sans oublier l’enthousiasme desconservateurs successifs des monuments et de laCMNS. L’immeuble revenait de loin! Il a fait l’objetd’une étude historique, de sondages, d’un relevédétaillé assorti d’un cahier des charges de mainte-

Sous-commission monuments et antiquités (SCMA)

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3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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47 Voir p. 121.48 Atelier d’architectures Laurent Chenu, «CLA immeuble

Clarté, cahier d’inventaire», Genève, DCTI, DPS, mars 2006. Il fau-drait un semblable travail pour l’immeuble classé de Marc-J. Saugey,Miremont-le-Crêt, également en PPE et soumis à des interventionsponctuelles répétées.

49 «L’immeuble Clarté de Le Corbusier. Mise en valeur du patri-moine bâti. Chercher et trouver des solutions», colloque du 2-3 no -vembre 2007, Genève, Musée d’art et d’histoire.

Immeuble Clarté, façade nord et hall d’entrée après restauration. Photos Cecilia Maurice de Silva

Collège Calvin, éléments d’origine de la toiture, soit les lucarnesaux joues peintes en faux appareil de brique et la charpentemise à nu. Photos SMS/Olivier Zimmermann.

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2008 grâce à l’accord rapide du propriétaire ; la mai-son principale a été restaurée avec succès; la restau-ration des dépendances est en cours.

A Pregny-La-Tour, soit château de l’Impératriceà Pregny-Chambésy (XVe siècle, agrandi aux XVIIe-XVIIIe siècles, partiellement reconstruit en 1751-1760),propriété de la Ville de Genève louée à la missiond’Italie auprès de l’ONU, la restauration a posé quel -ques problèmes techniques du fait des exigences dela bureautique et de la sécurité. Elle a toutefois étéparticulièrement satisfaisante pour les remarquablesdécors du grand salon (toiles peintes50 et stucs51) dugrand salon et de la salle à manger (dessus de portepeints52, boiseries et stucs53). A noter qu’une excel-lente étude historique a préparé le chantier54.

Des interventions complexesCertaines interventions complexes ou contes-

tées ont exigé des délégations répétées de la SCMAsur les chantiers. C’est le cas de la maison Tavel où,par mesure (excessive?) de prévention, on a procédé

XIXe siècle, des joues anciennes des lucarnes encolombage enduites de rouge à joints blancs pourimiter la brique. Le rafraîchissement intérieur dubâtiment a commencé et sera suivi de la restaura-tion des façades et des sculptures du porche.

La restauration du théâtre de l’Orangerie duparc La Grange (1854) est achevée. La SCMA, à tra-vers l’intervention de la conservatrice des monumentset un subside du fonds cantonal de conservation desmonuments, de la nature et des sites, a pu obtenirde justesse le replacement sur ce petit joyau desvitrages à l’ancienne. La SCMA ne s’est pas opposéeà la création d’une cafétéria de facture résolumentcontemporaine dans l’espace, clos de murs, des serreset des couches et a suggéré que celui-ci, désormaisdésaffecté par le Service des espaces verts et de l’en-vironnement de la Ville de Genève, retrouve unefonction liée à la culture florale ou à la pédagogiebotanique.

Au parc La Grange, la SCMA a aussi préaviséfavorablement le projet d’abattage de 64 arbres etl’élagage de 17 arbres dans les cordons boisés. Cesabattages inaugurent une nouvelle politique deconservation et de remplacement des arbres desparcs publics de la Ville de Genève, fondée sur desplans de gestion à long terme (15 à 20 ans) et surdes études sanitaires, environnementales, écolo-giques, paysagères et historiques. La compensationsystématique d’un arbre abattu par un autre, pré-vue par le règlement touchant à la conservation dupatrimoine arboré sans prise en compte des poussesnaturelles et des emplacements, avait fini par alté-rer le dessin du parc et les vues.

Le domaine de Courtenod (Courtenaud) àCéligny appartient aux découvertes heureuses. Jamaisrelevé dans aucun recensement, probablement parsa position en limite du canton de Vaud dans l’enclavede Céligny, il était pourtant mal parti. Une visiteeffectuée en 2006 par une délégation de la SCMA,suite à une demande d’autorisation de construire,amena à constater que des travaux urgents d’assai-nissement du sous-sol y étaient en cours et qu’unedalle avait été coulée en infraction, sans égard pourla valeur patrimoniale du bâtiment. La villa et sesdépendances de 1842, dont l’aménagement et lesmatériaux d’origine se trouvaient dans un état deconservation exceptionnel, ont pu être classées en

Sous-commission monuments et antiquités (SCMA)

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3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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50 D’après Joseph Vernet (1714-1789) et son graveur Jean-Philippe Le Bas (1707-1783).

51 Des frères stucateurs Peter Anton (1732-1806) et Andreas(1722-1787) Moosbrugger.

52 D’après François Boucher (1703-1770).53 Des mêmes frères Moosbrugger.54 Véronique Palfi, «Pregny-La-Tour ou domaine de l’Impéra -

trice. Rapport historique pour le service de la conservation du patri-moine de la Ville de Genève», automne 1996.

Collège Calvin, aile sud-ouest, avant et après restauration. Photos Cecilia Maurice de Silva (haut), SMS/Olivier Zimmermann (bas).

Orangerie du parc La Grange après restauration. Photo SMS/Nadine Doublier.

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d’un plus grand respect pour ce haut lieu de l’his-toire genevoise, l’organisation d’un concours.

Des préavis défavorablesD’autres bâtiments publics classés sont dans le

collimateur des interventions, notamment le Palaisde justice (1707-1712), corset devenu trop étroitpour l’institution judiciaire actuelle et qui risque deperdre sa substance s’il se prête à une adaptationcontinue aux besoins. La SCMA a préconisé uneétude apte à dégager une vision d’ensemble et s’estnotamment opposée au projet d’ascenseurs dans lescages d’escalier du XVIIIe siècle et de circulationcomplexe propre à nuire à l’ordonnance classiquedes lieux. La SCMA se félicite de l’abandon de cesprojets qu’elle a préavisés défavorablement57.

Il faut relever que l’Etat a tendance à maltraiterses bâtiments en développant des projets dans l’ur-gence des besoins des services utilisateurs. Il occupe,ou met à disposition de tiers, des bâtiments pres -tigieux dans lesquels les transformations se dé ve -loppent de manière intempestive, alors qu’ellesdevraient impérativement se fonder sur une bonneconnaissance des lieux et des cahiers des charges deconservation – on y gagnerait du temps et de l’ar-gent! C’est ainsi que dans l’ancien hôtel particulier

de Tournes (1715), rue de la Taconnerie 7/rue del’Hôtel de-Ville 11, la SCMA s’est opposée à l’aména-gement de WC dans la grande galerie arrière duXVIIIe siècle, mais n’a pas été entendue, et qu’à LaPastorale (1830-1835), elle s’est opposée au déclas-sement du bûcher et à sa transformation en salle deconférences en demandant une affectation et uneréhabilitation mieux adaptées à ce type de bâti. Lesutilisateurs font qu’il se passe à La Pastorale deschoses incontrôlables, comme l’aménagement de sur-faces de parking entre les dépendances, des atteintesaux boiseries intérieures pour la mise aux normesdes équipements d’électricité et de sécurité ou ladisparition d’éléments de souches de cheminée enterre cuite lors de la réfection des toitures. Suite auxproblèmes rencontrés au cours de la précédentelégislature sur le chantier de la salle Mozart à la TourBaudet et sur l’immeuble sis rue de l’Hôtel-de-Ville 6,un protocole de collaboration avait pourtant étémis au point entre l’Office des bâtiments du DCTI et

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Un groupe de suivi a aussi accompagné le ré -aménagement – contesté, imposé, mais réversible –de la salle du Conseil d’Etat sise dans la tour Baudet,à l’Hôtel de Ville. Celui-ci a été rondement mené enété 2010 pour améliorer le confort de cette salle de1488-1489, restaurée en 1901-1902, insuffisammentchauffée et mal éclairée et que ne supportaient plusnos conseillers. Les boiseries ont été restaurées maisl’ensemble remarquable de peintures du XVIe siècle,d’avant et d’après la Réforme, était encore en coursd’étude et de nettoyage56 à la fin de la législature.Après le refus de la CMNS de laisser ouvrir une baiesupplémentaire dans une des façades de la tour etmalgré ses réticences, les fenêtres et le mobilier ontété changés et un faux-plafond lumineux mur-à-mur en plexiglas opalescent et un parquet en boislazuré anthracite ont été posés sur les structurescréées par la restauration du début du XXe siècle.L’importance historique, symbolique et patrimo-niale de cette salle aurait pourtant justifié, à défaut

à la dépose des dix figures sculptées et polychro-mées ornant la façade gothique (après 1334), enréalité dix gros blocs porteurs dont les figures neformaient que la face extérieure. Les blocs entiersont été remplacés par des copies en pierre (sable etciment) à partir de moulages en plâtre des figuresremontant à 191155. Sur les façades, les badigeonsanthracite à joints blancs, recréés lors de la restaura-tion de 1981-1986, ont été refaits à l’identique.

D’autres projets ont exigé la participation à desgroupes de travail dirigés par la conservatrice desmonuments. C’est ainsi qu’un groupe de travailcontinue de suivre l’important projet de rénovationde la gare Cornavin de Julien Flegenheimer (1926-1932). Les parties historiques les plus dignes de pro-tection, soit les façades, le hall central, le quai no 1,les vestiges de l’ancien buffet et les peintures «tou-ristiques», seront préservées sans empêcher lestransformations souhaitées par les CFF. La réfectiondes portes de ferronnerie disparues a été confiée àl’artiste Carmen Perrin. La CMNS a par ailleurs pré-conisé, jusqu’à présent en vain, que les abords im -médiats de la gare, appartenant au domaine publicde la Ville de Genève ou relevant de la Fondationdes parkings, soient également réhabilités en vérita-ble place urbaine digne de son importance.

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55 Moulages conservés au Musée d’art et d’histoire.56 Dépoussiérage, enlèvement des dépôts crasseux, colmatage

des trous, fixage des soulèvements de l’enduit par injection dechaux.

57 Les développements nécessaires des juridictions pénales etciviles ont finalement amené les autorités à décider en 2010 dedéménager la justice pénale hors de la ville, au Petit-Lancy, dansun immeuble naguère occupé par le Crédit Suisse.

Hôtel de Ville, Tour Baudet, salle du Conseil d’Etat relookée. Photo Cecilia Maurice de Silva. La Pastorale, route de Ferney 106, dépendances rénovées. Photo SMS/Yves Peçon.

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au monument classé de ne pas être déprécié par lapromiscuité de la nouvelle construction.

Autre exemple: au Château Rothschild (1858-1859), propriété de l’Etat restée à l’usage usufruitierdes donateurs et soumis à une procédure de clas -sement non encore aboutie, la SCMA a préavisédéfavorablement le projet de piscine et de spaenterrés sous le perron du château, côté parc, qui acependant été autorisé. A noter toutefois qu’il n’apas été réalisé à ce jour.

La CMNS attire l’attention sur les difficultésrencontrées dans la procédure de classement et larestauration du complexe de Mont-Blanc Centre avecson cinéma, Le Plaza (1951-1954). A l’expérimentationque suppose sa restauration en raison de techniquesconstructives propres aux années 50 s’ajoute laquestion de la rentabilité de l’espace du cinéma désaffecté. Saisi par un recours du propriétaire, leTri bunal fédéral a entériné le classement des es pacescommuns du bâtiment administratif et commercial

XIXe siècle), démantelé entre plusieurs propriétaireset dont la demande de classement, portant sur laseule maison de maître et sa cour, a été initiée en2005 à la suite d’une demande d’autorisation deconstruire. A cette occasion, la CMNS a préconiséqu’un soin particulier soit apporté à l’exceptionnellequalité des dépendances (la plupart inscrites à l’in-ventaire), à la conservation, voire au rétablissementde l’ensemble de la cour et des murs qui l’enfer-ment, aux espaces entre les bâtiments et à leur arti-culation les uns par rapports aux autres, ainsi qu’auxvues et aux perspectives59. Un PLQ a, hélas, ouvert lapossibilité de construire deux immeubles perpendicu-laires à la maison de maître côté jardin, très près desa façade arrière (le premier achevé en 2008) ; et ladépendance d’habitation, sise dans le prolongementsud de la maison de maître, a été entièrement vidéede sa substance, en infraction. Quand donc cessera-t-on à Genève de sacrifier l’assiette de protectiondes monuments classés à des PLQ envahissants?60 En2010, soit 23 ans après le classement de la maison de Saussure à Grange-Canal (début XVIIIe siècle),s’ouvrait la fosse d’un immeuble à ériger au droit dela façade d’une des dépendances du domaine. LeDCTI n’a pas voulu entrer en matière pour la défini-tion d’une assiette de protection qui aurait permis

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l’OPS. Un réel effort devrait maintenant se déployerpour établir un dialogue entre acteurs des diffé-rents offices du DCTI.

La Ville de Genève est, quant à elle et depuisdeux décennies, plus respectueuse de son patrimoine.Elle a récemment renoncé à transformer l’Alhambra(1918-1920) en «Maison de toutes les musiques»,projet sur lequel la SCMA avait exprimé toutes sesréticences en préconisant le maintien de la jaugeactuelle et une restauration dans les règles de cettesalle de variétés, de théâtre et de cinéma, la plusancienne de Genève conservée. La SCMA est tou-jours dans l’attente du traitement du décor inté-rieur, dont elle a conseillé de conserver les vestigesArt Déco et de s’en inspirer pour le choix des maté-riaux et des couleurs des murs et du plafond.

Parmi les préavis défavorables émis par la SCMA,citons encore les refus successifs d’un projet de sallede réunion souterraine sous le parvis de l’Eglise russeet d’un projet de parking souterrain de 148 placessur la parcelle classée de l’église Saint-François, ruePrévost-Martin.

Les monuments classés les plus en vue de laVieille-Ville ne sont pas épargnés par les demandesd’ascenseurs, d’occupation des combles, de multipli-cation du nombre des salles de bain au mépris destypologies anciennes, en particulier des circulations,des espaces d’accueil et du caractère imposant dessuites, comme à l’hôtel Lullin-de Saussure (1707) ouà l’hôtel sis rue Calvin 9 (1702).

La SCMA reste préoccupée du sort de certainsgrands domaines classés, comme celui du Grand-Malagny à Genthod (milieu XVIIIe siècle), soumis àun vaste projet de réhabilitation/transformation dugroupe horloger Franck Muller Watchland SA, oucelui de Ruth (Notre-Dame-du-Lac) à Cologny (XVIIe-XIXe siècles), dont les bâtiments ont été amputés deleur espace de jardin pour un lotissement de villasparticulièrement resserré, admis par un plan de sitediscutable initié par la commune au profit d’un pro-moteur immobilier58, ou encore celui de Chapeau -rouge à Russin (entre 1506 et 1768, dépendances

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59 Voir photos p. 86.60 En 2011, un projet de 4 immeubles affecte le jardin du do -

maine, dans l’axe de la façade principale de la maison de maître,sur l’autre versant de la route des Molards, obstruant les vues.Des recours des propriétaires sont en cours.

58 Voir aussi p. 106-107. A noter que la magnifique grange duXVIIIe siècle de ce domaine classé et son pigeonnier tombent enruine, un fait sur lequel la CMNS attire l’attention depuis unetrentaine d’années.

La Pastorale, une des deux dépendances avant et après rénovation,avec un escalier intérieur nouvellement créé. Photos SMS/Yves Peçon (haut), Cecilia Maurice de Silva.

Ensemble immobilier de Mont-Blanc Centre, hall d’entrée resté dans son état d’origine. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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mais a rejeté celui du cinéma jugé non rentable. Leconservateur des monuments a fait établir un inven-taire de la substance d’origine de toutes les partiesclassées du complexe et un cahier des charges deleur conservation. La CMNS a soutenu l’option, dansles espaces communs, d’interventions respectueusesde l’état d’origine (typo logie des circulations, revê-tement des sols, huisseries, matériaux et couleurs),mais il reste difficile de convaincre le propriétaire,comme d’habituer les commerçants à l’idée d’unclassement patrimonial interdisant de chamboulerles typologies des arcades et des entrées. Le pro -priétaire a adressé au DCTI une demande de dé -classement de l’ensemble, que la CMNS a pré aviséedéfavorablement. La procédure, particulièrementâpre, est en cours.

Les infractions ne font pas défaut jusque dansles monuments classés. Quand le mal est fait, il estensuite difficile sinon impossible de revenir en arrière.L’immeuble place du Bourg-de-Four 5, d’originemédiévale, appartient à l’ensemble classé de la place.Il est le dernier de la ville à posséder encore desbancs en bois – au sens ancien du terme d’étal cou-vert – établis contre le rez-de-chaussée de la façadede part et d’autre de l’entrée de la cave. Pendantdes travaux de transformation, suivis par les diffé-rents services de l’OPS, plusieurs éléments anciensont été mis au jour à l’intérieur, dont des peintures àmotifs de rinceaux sur les murs et sur le plafondentre les solives. Pour des travaux d’assainissementet de protection contre les eaux pluviales, les bancsen bois de la devanture ont été massacrés : dispari-tion des volets et des subdivisions des vitrages, cou-leur crème sur les menuiseries et pour le badigeondu crépi encadrant l’entrée, renvois d’eau en alu -minium, espaces des vitrines occupés par des photo-copieuses éclairées nuit et jour. Les demandesréitérées de restitution de l’état antérieur formuléespar la CMNS sont restées lettre morte.

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Ensemble immobilier de Mont-Blanc Centre, garde-corpsextérieurs et intérieurs en acier et verre armé. Photos Cecilia Maurice de Silva.

«Bancs» de l’immeuble place du Bourg-de-Fourg 5, avant et après rénovation. Photos SMS (haut), Cecilia Maurice de Silva (bas).

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Bâtiments inscrits ou en cours d’inscription à l’inventaire

Procédures d’inscription à l’inventaireMi 2010, le canton comptait 1006 objets inscrits

à l’inventaire, parmi lesquels 53 ont été adoptés parle Département au cours de la législature écoulée.L’inachèvement de l’opération résultant du recense-ment architectural du canton exige, comme il a étédit61, de procéder à des inscriptions cas par cas, au grédes demandes de transformation et de démolition.A la fin de la législature, 37 bâtiments étaient encours d’instruction, auxquels il faut ajouter plusieursdizaines de bâtiments du XXe siècle dont l’instruc-tion est restée en panne.

Les raisons et les circonstances de ces mises sousprotection, moins contraignantes que le classementmais obligeant néanmoins au maintien des bâti-ments, sont multiples : pour les associations de sau-vegarde du patrimoine, la CMNS et le SMS, plusrarement les propriétaires, l’inscription à l’inventaire,qui s’applique à des objets moins importants que ceuxqui appellent le classement, permet d’éviter unedémolition, de préserver la substance patrimonialed’un bâtiment en cas de projet d’intervention, desauvegarder l’œuvre d’un architecte, voire les spéci-mens remarquables d’une époque ou d’un type deconstruction, des lieux de mémoire sociale, destémoignages d’une histoire. Pour les propriétaires,elle permet d’échapper à l’interdiction de construireen zone agricole, puisque la loi fédérale sur l’amé-nagement du territoire prévoit une dérogationpour les bâtiments protégés, qui peuvent ainsi êtretransformés; elle permet aussi d’obtenir une déro-gation pour la mise aux normes énergétique d’unbâtiment, quand celle-ci est de nature à nuire à sescaractéristiques architecturales et à son esthétique.

Dans nombre de cas, ce n’est pas le maintien dubâtiment qui est mis en cause, mais sa substance patri-moniale ou son environnement immédiat. Exemples:la Maison de la Tour à Saconnex-d’Arve (XVIe-XVIIIe

siècles), en cours de transformation et de procédured’inscription à l’inventaire demandée par la SCMA;le domaine Dugerdil à La Plaine (XVIIIe siècle), avec

des bâtiments autour d’une cour, inscrits à l’inven-taire et dont l’une des propriétaires, par souci decohérence de l’ensemble à la suite de la vente del’une des dépendances, demandait aussi l’inscrip-tion des jardins, requête refusée par le DCTI.

Les bâtiments menacés par des projets d’amé-nagement et proposés à l’inscription à l’inventairefont évidemment l’objet de pesées d’intérêts. C’est lecas des bâtiments des voyageurs des gares des Eaux-Vives et de Chêne-Bourg (1888)62, du site de Genève-Plage (1931-1932), du domaine de la Gene vrière àOnex (maison de maître de 1833-1835, transforméedès 1902) ou du «château» de Versoix (XVIIIe siècle,1942), tous en cours de procédure d’inscription mi 2010. La plupart des demandes de démolitiond’objets recensés avec des valeurs d’inscription à l’in -ventaire (notamment 3 et 4+), mais non effectivementinscrits, ont nécessité la consul tation de l’historiennedes monuments63 et la commande d’études histo-riques pour motiver son préavis64. Si la SCMA aaccepté la démolition du temple de la Roseraie(1960-1961), elle a refusé celle de la jolie villa loca-tive chemin de la Petite-Boissière 36 (1856), sansêtre pour autant suivie par le DCTI qui l’a autorisée.

61 Voir p. 14-15.62 Voir photos p. 112.63 Voir son rapport, p. 124-126.64 Voir p. 18.

Interventions dans des bâtiments classés : temple de Chêne-Bougeries pendant et après restauration;mairie de Vandœuvres, ancien domaine de Clairefontaine, route de Vandœuvres 104, après restauration; chapelle de la maison forte d’Adda, à Corsinge, Meinier, décor peint en grisaille du XVIIe siècle, après restauration; château de Tournay à Pregny, façade nord-ouest, avant et après restauration. Photos Jacques Berthet (a, b), Philippe Calame (c), SMS (d, e), Cecilia Maurice de Silva (f).

La Petite-Boissière, chemin de la Petite-Boissière 36, démolie en 2007. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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Rouge 6 (XIVe-XVIIIe siècles), propriété de Rolex, situéedans le périmètre de la gare CFF (projet SOVALP), aété restaurée et son environnement immédiat remisen valeur. Dans le beau domaine de Pierre-Grise, àGenthod (1858-1860), aux mains de l’Hospice généralet occupé par un internat pédago-thérapeutique dela Fondation officielle de la jeunesse, la maison demaître, déjà transformée naguère avec un pro-gramme privilégiant l’accueil et la sécurité auxdépens de la substance patrimoniale, a subi unenouvelle augmentation de sa jauge d’accueil et sesdépendances ont été transformées dans le mêmesens, alors que la SCMA préconisait plutôt une nou-velle construction sur la parcelle.

L’inscription à l’inventaire n’évite ni dommages,ni même saccages. On citera l’exemple navrant de la détérioration, en 2009, durant un chantier placésous la surveillance du SMS, d’une partie du décordes salons de l’ancienne Société littéraire, rue de laCorraterie 19 (1869), pourtant inscrits à l’inventaireen 2008: les riches boiseries de chêne verni foncé,accordé aux frises et médaillons peints des murs et

Interventions Les interventions sur les bâtiments inscrits ou

en voie d’inscription à l’inventaire ont été un peuplus nombreuses que sur les objets classés. Les pro-jets soumis ont suscité de nombreuses visites surplace, quelquefois un préavis favorable avec ou sansles réserves d’usage concernant les détails d’exécu-tion (matériaux, couleurs, analyses, etc.), presquetoujours des demandes de modification ou de com-pléments, beaucoup plus rarement des refus.

Les tendances sont les mêmes que pour lesmonuments classés. Ainsi, les bâtiments universitaires,devenus vétustes, sont soumis à la pression desbesoins d’espace et de réhabilitation: la vénérableUniversité des Bastions (1868-1872) sera finalementrestaurée et augmentée d’une salle souterraine sousle parvis, sans la surélévation que la SCMA avait dés-avouée; l’ancienne Ecole de chimie (1878-1879) serarestaurée, tout comme l’ancienne Ecole de méde-cine (1875-1876) qui s’étendra toutefois en occu-pant la cour au prix d’un difficile accrochage auxfaçades existantes. La Tour de Lancy, rampe du Pont-

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des plafonds, ont été décapés et peints en blanc demanière irréversible. Ces infractions, dûment signaléesmais soumises à amendes dérisoires, sont heureuse-ment rares. Citons encore des travaux désastreuxeffectués sans autorisation à l’intérieur du châteaude Bourdigny (1773), transformé depuis une ving-taine d’années par une société de promotion immo-bilière et vendu par étage (PPE) : dalle de bétoncoulée sur les sols existants, surélevant ceux-ci de 12cm et noyant les bases des cheminées, faisant dispa-raître les plaques de fonte des foyers, obligeant àdécouper toutes les boiseries intérieures des portes,des socles, des armoires, sans compter l’abais sementdes plafonds et des appuis de fenêtres qui en estrésulté. La SCMA a demandé la restitution de l’étatancien, en particulier la démolition de la dalle, et lareconstruction dans les règles de l’art des partiesbasses de toutes les portes et boiseries.

La Tour de Lancy, maison forte d’origine médiévale, rampe du Pont-Rouge 6, restaurée, puis flanquée d’un immeuble de bureaux.Photo Cecilia Maurice de Silva.

Anciens salons de la Société littéraire, rue de la Corraterie 19, avant travaux. Les boiseries en chêne ont depuis lors étéirrémédiablement altérées par l’application, en infraction,d’une peinture blanche indélébile. Photos SMS.

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Interventions dans des bâtiments inscrits à l’inventaire : Clos Voltaire, rue de Lyon 49A, après restauration; orangerie du parc Mon Repos après restauration; grange de l’ancien presbytère de Chancy avant et après transformation; cure de Bernex après restauration et extension. Photos SMS (a, c), Cecilia Maurice de Silva (b, d, e, f).

La Chandoleine, Fondation Hardt pour l’étude de l’Antiquité classique, chemin Vert 2 à Vandœuvres, orangerie et serre de 1860-1863par Samuel Darier, après restauration; villa mauresque, route de Sous-Moulin 3 à Chêne-Bourg, avant et après restauration; route de Vandœuvres 62-68, entrée de l’ancien domaine du Petit-Chougny, état ancien et après rénovation. Photos Cecilia Maurice de Silva (a, c, f), SMS (b), Jean-Marc Comte (d), Emmanuel Foëx (e).

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tente pour délivrer les autorisations dans le domaineprécis des enseignes et inscriptions, mais qui, pourles zones et les bâtiments protégés, doit re quérir lepréavis de la CMNS, a systématiquement entreprisdes démarches de mise en conformité, y compris àtitre rétroactif sur des objets non autorisés67.

Interventions dans la zoneprotégée de la Vieille-Villeet du périmètre sud desanciennes fortifications

Dans ces deux secteurs très protégés, les demandesd’ascenseurs, d’occupation des combles, de surélé-vations65, d’excavations des terrasses, de nouvellessalles de bains et de penderies, voire de spas, vontbon train. La SCMA doit contribuer à trouver descompromis pour diminuer les atteintes à l’aspectgénéral des façades et des toitures et éviter que lesnouvelles exigences des modes de vie ne détruisentla substance patrimoniale des intérieurs.

La restauration des façades de l’immeuble rueRené-Louis-Piachaud 1 (après 1666-XVIIIe siècle) s’estaccompagnée de l’aménagement de deux apparte-ments dans les combles et d’un ascenseur. Rue de laCité 13 (XVIIIe siècle) et rue de la Tour-de-Boël 5(XVIIIe siècle), des projets de surélévation avecascenseur ont été également acceptés66. Quai de laPoste 2-4 (1872-1873), dans l’ancien immeubleBoissonnas, les deux étages de surélévation deman-dés ont été limités à un seul. Pour ne pas créer deprécédents, un projet de spa dans les caves rueBeauregard 8 (1774-1778) a été préavisé défavora-blement par la CMNS mais malheureusement auto-risé par le DCTI. Sous la terrasse surplombant la ruede la Tertasse, un garage a été autorisé dans lamuraille à l’usage de l’hôtel particulier place duGrand-Mézel 3 (début XVIIIe siècle) mais pas le projet de bibliothèque déposé dans la foulée. L’ins -tallation d’un bar à vin a été acceptée à l’étage de laTour du Molard (1591, restauré en 1906-1907).

Notons que des dégâts d’eau Grand-Rue 34(XVe siècle) ont nécessité la réfection d’un plafondpeint du XVIIe siècle et amené la SCMA à demanderl’établissement d’un inventaire des décors peintsanciens subsistant dans la Vieille-Ville.

Enfin, la SCMA a préavisé un très grand nombrede demandes de transformations d’arcades commer-ciales dans la Vieille-Ville touchant à l’éclairage et auxenseignes, inscriptions, vitrines, stores, etc. En effet,depuis quelques années, la Ville de Genève, compé-

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65 Voir aussi p. 31.66 L’ascenseur autorisé Tour-de-Boël 5 ne desservira cependant

pas l’étage des combles.67 Sur ce point particulier, voir aussi p. 33.

Domaine agricole des Poses Basses à Jussy, bâtiment de grange, écurie et étable inscrit à l’inventaire et transformé en logement. Photos SMS/Olivier Zimmermann.

Immeuble rue René-Louis-Piachaud 1, après restaurationet rénovation partielle. Photo Cecilia Maurice de Silva.

Plafond peint, Grand-Rue 34. Photo SMS/Paula Bozonnet.

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Interventions dans les ensembles et secteursprotégés du XIXe

et du début du XXe siècle

Les demandes d’autorisation concernant des bâti-ments appartenant à des ensembles protégés (art. 89et suivants de la LCI) ont constitué la partie la plusimportante des dossiers traités par la SCA: entretiencourant, occupation des combles, installation d’ascen-seurs, transformation ou adaptation à de nouveauxbesoins, mise aux normes thermiques, surélévations.

Entretien courant des bâtimentsL’altération des bâtiments, due notamment aux

conditions ambiantes (intempéries, pollution), rendnécessaire leur entretien. Les pierres naturelles (calcaires, molasses) et les menuiseries sont les plusfortement touchées. Toute mesure conservatoire im -plique la préservation de l’«authenticité» des édifices,d’où l’importance fondamentale d’une protectionpréventive des ouvrages, avant que la dégradationn’intervienne. L’intervention doit rester aussi modesteque possible et avoir pour but premier de permettreun ralentissement de cette dégradation, non la re -constitution d’une «jolie surface» d’apparence neuve.

La perte de substance patrimoniale est souventle fait d’interventions d’entretien répétées au coursdu temps et qui finissent par décomposer la cohé-rence d’une architecture. Ce constat est particulière-ment visible dans tous les bâtiments d’une facturetrès composée, avec décors subtils jusque dans lamatérialité de leur réalisation et la hiérarchie deleur disposition (couleurs, frises peintes, cartouches,sculptures, traitement de surface des pierres detaille, ferronneries, menuiseries, lambrequins destores, carrelages de ciment des halls d’entrée, lumi-naires, etc.).

En matière de restauration, la SCA désavoue:• l’application de crépi isolant extérieur avec efface-

ment des modénatures des façades, en particulierdes encadrements de fenêtre et de porte,

La SCA s’est réunie 195 fois au cours de la législature.

La ville: densification et adaptationLa modification du patrimoine construit de la villes’effectue par l’action de multiples facteurs, essentiel-lement, ces dernières années, par la densification dela ville et l’adaptation des bâtiments et des espacespublics à de nouveaux besoins, ceux-ci en nombretoujours croissant.

La densification se manifeste dans l’occupationdes combles, dans la subdivision et la réorganisationdes logements existants mais aussi dans des surélé-vations de bâtiments toujours plus nombreuses, demême que dans l’occupation d’espaces urbains,telles les cours intérieures des îlots, qui n’étaient pasforcément destinés à recevoir des constructions.Prenons l’exemple très significatif du projet – aber-rant – de construire un bâtiment disproportionnéau cœur d’un ensemble déjà très dense de neuf im -meubles de logement (divers architectes, 1912-1932)établi entre la rue de Lausanne et la voie ferrée. à lahauteur de la rue des Garages. Le plan d’ensembled’origine, conçu par Maurice Braillard, comporte enson centre deux grandes cours conçues en jardins sus-pendus, qui surmontent des garages et sont desser-vis par un double escalier monumental. La CMNS aémis un préavis défavo rable au projet de remplace-ment d’un des jardins intérieurs de l’îlot construitpar Jean Camoletti, avenue Blanc 2-4 /rue du Valais2-4 /rue des Garages 3 (1927-1929), par un bâtimentsupplémentaire qui aurait compromis l’équilibreharmonieux entre le bâti et ses espaces libres. LeDCTI a toutefois délivré l’autorisation, réfutée en -suite pas le Tribunal fédéral suite au recours déposépar la Ville de Genève qui a initié l’élaboration d’unplan de site.

Ces questions sont examinées ci-après secteurpar secteur. L’adaptation constante et nécessairedes espaces commerciaux et publics est développéeau chapitre des espaces publics69.

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Le cas du Grand-Lancy:adoption d’une zone 4 Bprotégée

Il arrive que certaines demandes de démolition ré -vèlent de graves lacunes dans le dispositif légal deprotection: telle maison est trop modeste pour êtreclassée ou même inscrite en tant que telle à l’inven-taire, alors même qu’elle fait partie d’un ensemblevillageois ancien. Le village ne se trouvant pas enzone 4 B protégée, les tentatives de plan de sitemenées jusqu’à présent pour protéger ce type deconstruction n’ont pas abouti. C’est ce qui est arrivéau Grand-Lancy, absent de la liste des villages à pro-téger lors de l’adoption en 1961, dans la LCI, des dis-positions sur les zones protégées. Les projets de lacommune d’agrandissement de ses locaux adminis-tratifs sur le parc de sa mairie classée, la multiplica-tion des demandes de démolition de la part de lacommune et de privés, les études historiques néces-saires à instruire ces demandes ont fini par conduireà une démarche groupée de l’OPS et de la CMNS:une présentation du patrimoine immobilier du Grand-Lancy à la commission d’aménagement du Conseilmunicipal, de nombreuses discussions et, enfin, l’an-nonce reçue avec une grande satisfaction en 2010,de l’acceptation par ce même Conseil de la créationd’une zone 4 B protégée pour une des portions bâtiesles plus anciennes de la commune, située à l’ouestde la route du Grand-Lancy, sur la crête du vallon del’Aire, au lieu-dit «Village du Grand-Lancy»68.

Subsiste un regret : que cette zone de protec-tion bienvenue ne s’étende pas à l’ensemble de cevillage, anciennement constitué par noyaux sur le vastequadrilatère du plateau dominant la confluence del’Aire et de la Drize.

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68 Zone 4 B protégée adoptée à l’unanimité du Grand Conseilen 2011, qui n’a pas manqué de relever l’incongruité de la lacune. 69 Voir p. 73-83.

Portion du village du Grand-Lancy nouvellement inscrite en zone 4 B protégée. Détail du haut : maisons route du Grand-Lancy 8-26.Photos Cecilia Maurice de Silva (haut), Google Maps (bas).

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moniale des installations existantes n’est pas excep-tionnelle, elle accepte leur remplacement sousréserve, par exemple, d’une exécution entièrementvitrée préservant les qualités spatiales de la caged’escalier et la diffusion du jour naturel tombant dela verrière zénithale. Elle peut demander égalementque les revêtements et les décors de la cage d’esca-lier (maçonnerie, ferronneries, revêtements décora-tifs) soient maintenus, et recommande l’adoptiond’un langage fidèle à l’existant en cas de mise auxnormes de la cage d’ascenseur (rehaussement desgrillages, prolongement des ferronneries). Lorsquela typologie de l’édifice ne permet pas l’installationd’un ascenseur intérieur, elle préconise la mise enplace de dispositifs extérieurs, de préférence vitrés,qui ménagent au mieux les montées d’escaliers etleurs prises de jour.

Le problème des toituresL’occupation des combles pose souvent des pro-

blèmes d’habitabilité (espace, vide d’étage, éclai-rage71, équipement, etc.), mais elle pose surtouttoujours celui des percements de la toiture et deleur traitement architectural : lucarnes, châssis detoiture, verrières, exutoires. Voir l’exemple très dis-cuté du boulevard Jaques-Dalcroze 7 (v.1880-1890).La SCA examine le rapport des nouvelles ouverturesavec la composition des façades (par exemple: unelucarne centrale flanquée de lucarnes latérales dis-posées dans l’axe des fenêtres situées à l’aplomb) etavec le volume général de la toiture. Si le bâtimentappartient à un ensemble, elle peut demander uneexécution identique à celle des bâtiments contigus,comme elle l’a fait à l’avenue Théodore-Weber 24(1930-1931) ou à la rue Emile-Yung 1 (1931-1932), etrecommander le rétablissement d’ouvertures anté-rieures plus en phase avec l’architecture. Dans tousles cas, elle proscrit désormais les terrasses négatives(«baignoires») du type de celles réalisées naguère àrue Charles-Galland 15, et les doubles registres d’ou-vertures, étrangers au vocabulaire architectural local.

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• des nettoyages abrasifs agressifs pour la pierre,tels qu’hydro-gommage, sablage (exclus pour lespierres tendres),

• l’usage de peintures à deux composants (imper-méables et isolantes) sur des enduits traditionnels,

• l’application de peinture sur des éléments de pierrenon peints à l’origine (simili, encadrements, sou-bassements, etc.),

• l’application de crépi ciment sur des maçonneriesanciennes.

Elle recommande généralement:• la conservation de l’authenticité historique des

éléments d’origine (la commission joint à sonpréavis la liste des éléments caractéristiquesdignes de protection),

• des procédés de ravalement traditionnels ou unsimple brossage à l’eau, selon les règles de l’artpréconisées par la charte de l’Association romandedes métiers de la pierre70, qui recommande notam-ment l’emploi de matières premières conformes auxspécificités des modes de bâtir traditionnels de nosrégions et compatibles avec les matériaux existants,

• la restauration ou la restitution dans les règles del’art des décors extérieurs et intérieurs avec unrespect scrupuleux des matériaux, techniques etteintes d’origine,

• le recours éventuel à un atelier spécialisé dans cedomaine, assorti du conseil au requérant de faireune demande de subvention à la restauration,

• la conservation des volets et des fenêtres en boiset des ferronneries d’origine,

• l’application d’enduits traditionnels à la chaux etde peintures minérales de type microporeuses surles enduits à base de chaux,

• de vérifier si des traces de peintures anciennessubsistent sur les fonds de façade, lesquelles pour-ront servir de référence,

• un remplacement des seules zones dégradées del’enduit.

Transformations d’appartements: le problème des typologies

Lors de changements d’affectation successifs, latypologie des appartements est souvent détruite. LaSCA demande fréquemment que soit conservée ladistribution principale d’origine dans la mesure oùle programme le permet (alcôves ou, au moins, leur

mouluration au plafond, cuisine, garde-manger, etc.),ce qui évite notamment la perte des modénaturesdu décor intérieur.

La commission préconise la conservation et laréparation des éléments d’origine – murs avec leurspercements, sols et parquets, cheminées encore enplace, corniches et moulures de plafond, boiseries ethuisseries, armoires (souvent utilisées pour fairepasser des conduits et gaines mais qui permettentde reconnaître les dispositifs originaux), le maintiendes anciens galandages ou au moins de leur disposi-tion d’origine en cas de remplacement, la limitationdes nouveaux percements.

Pour les bâtiments inscrits à l’inventaire, elle de -mande notamment le maintien (volume et surface)des pièces maîtresses, de la superposition des piècesd’eau et des chambres, de la structure porteuseancienne, qui doit rester libre d’intervention, et desplafonds anciens qui peuvent être cachés sous desfaux-plafonds réversibles.

Si le bâtiment a une valeur patrimoniale impor-tante, la SCA peut refuser des modifications induitespar un projet inadapté et joindre à son préavis laliste des éléments dignes de protection. Cela a étéfait dans le cas de programmes trop lourds, commel’installation d’un cabinet médical rond-point dePlainpalais 5 (1871-1873), autorisée malgré le pré -avis défavorable de la CMNS, ou celle d’un institutde radiologie route de Florissant 1 (1909-1910), l’uneet l’autre particulièrement destructrices par la multi-plication des points d’eau, le déplacement des galan-dages, l’effacement des éléments des décors d’origine.La SCA ne s’oppose toutefois pas toujours à des réu-nions de pièces ou à des inversions typologiques.

L’occupation des comblesLes occupations de combles s’accompagnent

presque toujours d’installations d’ascenseurs à créerou à remplacer. La SCA apprécie d’ordinaire que lesinstallations anciennes de qualité soient conservées,voire adaptées. Quand le remplacement des ascen-seurs est conçu de manière à en assurer l’accès à despersonnes à mobilité réduite et que la valeur patri-

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70 «Charte d’éthique et de bienfacture pour la réfection demonuments et de bâtiments», ARMP, Groupe romand des ser-vices de conservation du patrimoine bâti, Lausanne, 2001.

Exemple à ne pas suivre: «baignoire» en toiture, rue Charles-Galland 15. Photo Cecilia Maurice de Silva.

Lucarne, avenue Miremont 33, vue intérieure pendant travaux. Photo SMS/Gil Chuat.

71 La somme des largeurs des lucarnes ne doit pas excéder letiers de la façade, conformément aux dispositions réglementaires,art. 130 du règlement d’application de la LCI. En cas de pente detoit insuffisante (<35°) et pour garantir une bonne habitabilitédes combles, la SCA recommande la mise en place de lucarnesplutôt que des châssis de toiture.

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3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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• d’éviter de crépir les souches de cheminée enbriques apparentes,

• lors de la création de terrasses ou d’une interven-tion significative en toiture entraînant une modi-fication des gabarits, d’étendre un même principeà tous les immeubles d’un ensemble (boulevarddes Tranchées 14/route de Florissant 1, 1909-1910,avenue de Sainte-Clotilde 15, œuvre de Léon Bovy,1900, rue des Maraîchers 40, 1911-1912).

Surélévations: le problème des ensemblesAu motif d’une «requalification» ou d’une «mise

en valeur» des édifices, des demandes de plus enplus nombreuses concernent des ensembles qui nepeuvent en principe, de par la loi (au sens des art. 89et suiv. de la LCI), pas être surélevés. Pour les suréle-ver, il s’agit donc de prouver qu’ils n’en sont pas.C’est ainsi que la notion d’ensemble, que le législa-teur s’était attaché à définir à travers une liste indi-cative d’exemples très bien documentés72, se trouve

La SCA recommande généralement:• de ménager les charpentes et l’intégrité des toi-

tures (nombre et largeur réduits des ouvertures ou,a contrario, leur regroupement en un élément plusimportant, évitant la multiplication des chevêtres),

• d’adapter les prises de jour aux qualités architec-turales du bâtiment et non l’inverse,

• d’aligner les nouvelles ouvertures sur les fenêtresexistantes, d’en harmoniser les proportions et deveiller à leur exécution la plus fine (ferblanteries,menuiseries verre et métal) ou la plus élégante pos -sible (Stebler) pour atténuer la visibilité des nou-veaux percements (pose affleurée à la couverture)tout en favorisant l’apport de lumière (joues vitrées),

• de les disposer de façon adéquate: pas de grandeslucarnes (rue Verte 11, 1904-1905), a fortiori surune toiture d’angle ou une tourelle (avenue deMiremont 33, 1910-1911), une distance suffisanteaux noues, aux arêtes et aux émergences,

• d’aligner les nouvelles lucarnes en retrait de lafaçade,

• de remplacer les vitrages par des verres de faibleépaisseur pour affiner le détail (quai des Bergues25, 1833-1835),

72 Répertoire des ensembles du XIXe et du début du XXe siècle,Genève, SMS, DTP, 1991.

Grande variété de lucarnes : boulevard Jaques-Dalcroze 7 et angle rue Ferdinand-Hodler 5/boulevard Helvétique 15. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Immeuble place Claparède 1-3 : les nouvelles lucarnes aux vitrages agrandis acceptés par la SCA ont cependant altéré le dessin des avant-corps en toiture. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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ment les plans et la demande d’autorisation d’ori-gine, que les deux immeubles ont bel et bien étéconçus en 1899 comme un ensemble par l’architecteLéon Bovy74. Autre exemple: la SCA a jugé non rece-vable la surélévation sans augmentation du nombredes appartements de deux immeubles avenue de laGrenade 6-8 (1876-1878), partie de l’ensemble de la rue de la Grenade de Francis Gindroz. Ses argu-ments : leur parfaite identité (même si l’un a subi, en1923, une surélévation par Adrien Peyrot et AlbertBourrit, à l’occasion de laquelle la charpente origi-nale a été replacée), ainsi que l’harmonie particulièrede la rue (symétrie en miroir) et du quadrilatère. Lerequérant a fait recours. Autre exemple: la suréléva-tion de trois immeubles place des Philosophes 12-14(1865-1866) et 16 (1932-1933), compris dans la zoneprotégée de la Vieille-Ville et du secteur sud desanciennes fortifications, préavisée négativementpas la CMNS et néanmoins autorisée, ce qui a suscitédes recours de la part des associations de sauve-garde du patrimoine75. Autre exemple encore, rueJean-Jaquet 1 (1936-1937), où la surélévation deman-dée, au motif de la création d’un appartement, im -pliquait un dépassement du gabarit légal de natureà rompre l’homogénéité parfaite de cet ensemblemoderniste, à la silhouette «achevée», composé de3 étages sur rez couronnés par un étage en retrait,lui-même déjà surmonté d’un attique en retrait.

L’argumentation des détracteurs de la protec-tion du patrimoine se veut délibérément juridiqueet non architecturale, même devant l’évidence d’en-sembles constitués ou d’objets isolés d’une qualitépatrimoniale qui justifierait amplement une misesous protection (comme à la rue des Voisins 3, d’HenriGarcin et Charles Bizot, 1911). Certaines demandesposent le problème grave du précédent : si le DCTIautorisait la surélévation illégale des immeubles rue du Château 4-6 (Charles Bizot, 1905) situés dansun ensemble urbain de 5 îlots et 25 bâtiments, toutrequérant pourrait s’en prévaloir par la suite.

au centre d’un débat juridique récurrent, exacerbépar la pression immobilière et économique et qu’illustrent quelques dossiers emblématiques. Lestatut d’ensemble a par exemple été dénié à deuximmeubles rue de la Scie 5-7 (1899-1900), au profitd’un projet de surélévation qui constitue un vérita-ble cas d’école au vu de la loi sur la surélévation desimmeubles. Prenant nettement le contre-pied dupréavis défavorable de la CMNS, le DCTI a estiméqu’il ne s’agissait pas d’un ensemble d’immeubles àprotéger au sens des art. 89 et suivants de la LCImais d’un seul immeuble et en a donc autorisé lasurélévation73. Il s’avère pourtant, comme le confir-

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3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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73 Le recours de Patrimoine suisse Genève a été rejeté.74 Demande d’autorisation de construire (AEG, Travaux A 116,

p. 82 et annexe 172) «deux immeubles pour le compte de laSociété Genevoise de l’Epargne immobilière».

75 La chambre administrative de la Cour de justice a annulé en2011 les autorisations délivrées par le DCTI.

Immeubles rue de la Scie 5-7, surélévation autorisée, mais non encore réalisée. Photo Cecilia Maurice de Silva.

Immeubles place des Philosophes 12-16, autorisations de surélever cassées par la chambre administrative de la Cour de justice. Façades arrière des immeubles rue de la Servette 43-49, surélévations réalisées pour des logements. Photos Cecilia Maurice de Silva.

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sous forme d’APA79, ce qui ne constitue pas toujoursun mode adéquat pour traiter de ce problème.

La SCA recommande de toujours envisager, enpriorité, la conservation et la réparation des fenêtresd’origine existantes afin de conserver l’homogénéitédes façades et le décor intérieur, surtout si l’édifices’inscrit dans un ensemble mais aussi pour pérenni-ser son caractère architectural. Elle demande uneréversibilité des interventions et émet des préavisdéfavorables au remplacement des fenêtres en boispar des dispositifs en PVC, aluminium ou «bois-métal». Il en va de même du traitement des volets.Des améliorations peuvent souvent être obtenuespar le remplacement des verres et la pose de joints.Des mesures d’accompagnement telles qu’un sur -vitrage intérieur, la pose d’une double fenêtre (avecadaptation du système de store), un ajustage aveccalfeutrage constituent également de bonnes solu-tions, répondant aux exigences d’isolation phoniqueet thermique mais présentant l’avantage d’une inter-vention réversible qui préserve la fenêtre d’origine.

La question de la subdivision des vitrages pardes petits bois reste sujette à controverse. Face à unimportant nombre de divisions et dès lors que l’at-teinte portée à la fenêtre d’origine constituerait unmoindre mal par rapport au principe d’un remplace-ment complet avec évacuation des fenêtres exis-tantes, il arrive parfois que la SCA admette, dans desbâtiments d’intérêt secondaire et lorsque l’architec-ture le permet, que le verre soit posé d’une seulepièce avec des intercalaires à l’endroit des petits bois.

Quand les fenêtres existantes ne peuvent êtreréparées, la SCA recommande un remplacement quire conduise les dimensions des sections, la compo -sition et la structure des vitrages, le matériau et la

La plupart des projets soulèvent la question dutraitement du ou des étages ajoutés qu’il s’agissedes matériaux, des couleurs, du rythme des ouver-tures, etc. (rue des Délices 2, 1951-1953), quand ilsne se heurtent pas simplement à l’impossibilitélégale d’une intervention d’ensemble suffisammentrentable (rue de l’Athénée 31-35, 1931-1933).

Si l’ensemble des dossiers de la Vieille-Ville etdu secteur sud des anciennes fortifications a ététraité par la SCMA, la SCA a cependant continué àrecevoir certains dossiers pour lesquels elle avait étéconsultée précédemment, tel celui de la transforma-tion de l’ancienne Caisse d’Epargne, actuellementbanque Paribas (rue de la Corraterie 4, 1972-1974).Une très longue procédure, un projet qui a beau-coup varié dans le temps, six consultations pourcette seule législature, un préavis défavorable auxlocaux techniques en toiture et à la surélévation76, lenon respect du préavis de la SCA et des conditionsde l’autorisation77 ont abouti à un résultat qui n’a niconvaincu ni satisfait la CMNS: les nouvelles façadessont peu respectueuses du contexte très particulierde la rue de la Corraterie, notamment par la teintediscordante – mais «à la mode» – de leur nouvelle«peau» de verre (pour laquelle aucun échantillonn’a été soumis à la CMNS avant exécution) et parl’exclusion de l’expression d’une hiérarchie de fa -çade, que la grande cohérence de cette zone proté-gée aurait pourtant dû imposer.

La SCA a suivi attentivement l’évolution du pro-jet de réfection des façades et de surélévation dubâtiment jouxtant le Victoria Hall, rue Bovy-Lysberg 2de John Camoletti (1877-1878) dévolu à des bu -reaux. Moyennant une dérogation selon l’art. 87 al. 2 de la LCI, elle a préavisé favorablement ce pro-jet malgré son expression contemporaine en netterupture (claustra de béton) avec l’expression des toi-tures à la Mansart du front bâti environnant. Cettesurélévation au traitement fortement contrasté sus-cite aujourd’hui des avis pour le moins partagés.

Mise en conformité thermiqueL’exigence légale d’une mise en conformité ther-

mique la plus stricte et rapide possible des bâtiments78

a provoqué une multiplication des demandes impli-quant une modification parfois substantielle de l’enve-loppe du bâti. Les dossiers sont fréquemment déposés

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3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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76 L’article 87 LCI alinéa 1 stipule que « le gabarit des hauteursde constructions ne doit pas dépasser la hauteur des bâtimentsexistants».

77 Le préavis de la CMNS du 11 octobre 2005 demandait que lacommission suive les étapes successives de ce dossier «en validantles différents échantillons avant la réalisation», le choix des maté-riaux et de leur teinte étant jugé fondamental pour l’expressiondes différentes strates du bâtiment, notamment le socle, qui devaitêtre en rapport avec ceux des bâtiments voisins. Les travaux ontdébuté sans qu’aucune demande n’ait été effectuée dans ce sens.

78 Voir p. 32.79 La demande d’autorisation par procédure accélérée s’accom-

pagne de dossiers la plupart du temps insuffisamment documentéspour ce type de travaux.

Immeuble place du Cirque/rue Bovy-Lysberg 2, surélévation réalisée pour des bureaux. Immeuble rue des Délices 2, surélévationréalisée pour des logements. Photos Cecilia Maurice de Silva (haut), SMS/ Jean-Charles de Bortoli (bas).

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couleur des fenêtres d’origine. Un remplacementponctuel ou, en dernier recours, de l’ensemble desmenuiseries doit faire l’objet d’un rapport justifi -catif accompagné du relevé des fenêtres existantes.

Cette exigence permet de préserver l’homogé-néité des façades d’un ensemble de bâtiments. Uneinformation pour les régies ou les représentants descopropriétés peut s’avérer très utile80.

Un cas d’école : à saint-Jean, rue d’Erme non -ville 9 et avenue Devin-du-Village 15-17 formant un en semble avec ceux contigus de l’avenue De-Warens, les projets soumis par un même architecteprévoyaient une rénovation des façades avec rem-placement des fenêtres d’origine par des fenêtresen PVC. La commission a d’emblée relevé la qualitéde cet ensemble de six bâtiments, d’architecture par-faitement identique, conçus et bâtis par les archi-tectes Peyrot, Bourrit et Henssler (1927-1933) et ademandé un projet modifié. Cet ensemble, commeceux des rues voisines, montre précisément une par-ticularité en ce qui concerne les fenêtres, composéeschacune de 16 volumes de verre (8 par vantail) avecpetits bois structurels d’une grande finesse. Celle-cirendait complexe une intervention d’améliorationde l’isolation thermique qui ne modifiât pas leur as -pect caractéristique; les fenêtres, vues de l’intérieur,étaient en très bon état et leur face extérieure nenécessitait qu’une restauration usuelle. La conserva-tion/restauration avec pose de joints et remasticages’avérait la solution optimale pour l’édifice. Malgréune mise au point avec le SMS et une subventionaccordée au propriétaire, ce principe n’a pas été ap - pliqué à l’ensemble des me nui series, dont certainesont été remplacées par d’épais et laids encadrements.

Interventions dans les bâtiments despérimètres protégés

L’attribution des dossiers touchant à ces domainesayant varié au cours de la législature, entre SCMA,SCA et SCNS, ceux-ci sont regroupés, pour ce quiconcerne les bâtiments, dans le présent chapitre,qu’ils aient été traités par l’une ou l’autre des sous-commissions.

Plan de site de la RadeLes pourtours de la Rade de Genève sont évi-

demment très exposés tant aux attentes des usagersles plus divers qu’aux projets de rénovation pério-diques, en particulier en ce qui concerne le parcimmobilier hôtelier. Les hôtels des quais ont toussubi ces dernières années de nombreuses transfor-mations, restaurations, mises aux normes et au goûtdu jour. Citons la longue et exemplaire restaurationde l’hôtel Beau-Rivage (1864-1865) avec rehausse-ment de la toiture, les travaux intérieurs et la trans-formation mineure du dispositif d’entrée de l’hôtelMétropole (1852-1854), la rénovation de la toiture del’hôtel Longemalle (ancien Touring-Balance, 1905),les travaux d’actualisation de l’hôtel Richemond(1925-1926) où la nouvelle superstructure abrite unétage de chambres, la modification de la toiture del’hôtel d’Angleterre (1871-1872, agrandi en 1910),où la superstructure abrite le groupe froid avec carrossage. C’est l’hôtel des Bergues (1829-1834) qui a subi les transformations les plus radicales : contrai-rement aux dispositions en vigueur (art. 7 du règle-ment du plan de site de la Rade), le toit a été refaitet surélevé, les combles ont été modifiés pourl’aménagement d’un spa, les lucarnes ont changéde forme et se sont multipliées.

Des bâtiments de logement se voient aussi trans-formés, parfois de façon importante, comme lors dela réunion de deux appartements dans le bâtimentd’Eugène Corte, quai Wilson 39 (1904-1906), devantdemeurer réversible pour garantir à nouveau leurusage indépendant dans le futur, mais qui n’en a pasmoins entraîné de fortes modifications typologiques.Comme au Palais Schaefer de Marc Camoletti, quaiWilson 43 (1895-1896), où, en l’absence d’une do -cumentation suffisante pour une rénovation d’ap-partement de cette qualité, la CMNS a de mandél’inventaire des éléments caractéristiques dignesd’être conservés. Quai Gustave-Ador 54 (1954-1955),le projet de réfection de l’enveloppe du dernierbâtiment conçu par Marc-J. Saugey, visant à amélio-rer ses qualités techniques et énergétiques et à réaf-fecter partiellement des surfaces de bureaux en

logements, a fait l’objet d’une mise au point at ten -tive avec les mandataires: composition et détails tech-niques de la façade pour une nouvelle envelopperespectueuse de la modénature existante et de sonexpression architecturale, respect du socle et ducouronnement, maintien et mise en valeur des élé-ments dignes d’intérêt tels que retraits dans le socle,œuvre artistique au rez-de-chaussée (malgré celadémontée), escalier monumental hélicoïdal, autori-sation de fermer le rez-de-chaussée pour un usagecommercial, etc.

D’une manière générale, la CMNS se félicite del’état de conservation des fronts bâtis de la Rade.Mais les changements d’affectation des établisse-ments publics préoccupent la CMNS autant que laVille de Genève: ceux-ci sont évoqués au chapitre descafés et restaurants81. Ils affectent le plan de site dela Rade, dont l’objectif est au moins autant la pré-servation de la qualité du patrimoine bâti que celuide son usage public et de l’animation de la ville.

Le présent rapport consacre ci-après82 un longpassage aux problèmes de la dégradation des espacespublics dont la maîtrise est de plus en plus problé-matique. Le pourtour de la Rade est concerné aupremier chef.

Plan de site de Coutance-GrenusLa restauration systématique des immeubles du

périmètre s’est poursuivie avec des hauts et des bas.A la réussite des restaurations des propriétés de laVille de Genève, rue des Etuves (XVIe-XVIIe siècles),fait écho la catastrophe de l’immeuble rue de

Coutance 10/place Grenus 5 (1826-1827). Le cas vautla peine d’être analysé, tant il est vrai que tous leséléments étaient réunis pour réussir l’intervention,qu’il s’agisse de la connaissance historique du bâti-ment, de la compétence spécifique de l’architectemandataire ou de l’attention du conservateur desmonuments et de la CMNS. Or, les travaux ont étéentrepris avant la réalisation de l’appartement-testexigée par la CMNS et en contravention avec toutesses recommandations. L’immeuble comprend quatreniveaux de colonnes toscanes superposées soute-nant les galeries de liaison entre les deux corps d’ha-bitation entourant la belle cour intérieure. Les sixappartements avaient conservé leur typologie d’ori-gine, avec des boiseries, portes et embrasuresremarquables, ce qui imposait le maintien de l’amé-nagement existant. Or, cet exceptionnel ensemblenéoclassique a été détruit quasiment sous le nez desobservateurs. Et les injonctions de la CMNS de resti-tuer, sur la base de la riche documentation exis-tante, les espaces et la typologie d’origine, ainsi queles boiseries et les décors dans les trois étages dignesd’être conservés, sont restées lettre morte. Lesvitrines du rez-de-chaussée et les ouvertures en toi-ture n’ont pas non plus été réalisées en conformitéavec les plans visés ne varietur. Menace de plaintepénale, amende, il n’empêche que la perte patrimo-niale est irréversible.

Au terme de la législature se profilait, enfin, laréhabilitation de l’alignement, si important dans le

3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

70

80 Voir la publication consacrée à la question en vue d’uneinformation à tous les milieux concernés : Les fenêtres, vues surun patrimoine, Patrimoine et architecture, 16. Office du patrimoineet des sites DCTI.

81 Voir p. 34-35.82 Voir p. 73-83.

Immeubles rue des Etuves 3-5, propriété de la Ville de Genève, démolition/reconstruction voisinant avec une restauration dans ce tissu médiéval protégé par un plan de site. Photos Cecilia Maurice de Silva.

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L’arcade commerciale: allégeance à l’architecture

Si l’arcade n’a de cesse de se métamorphoserpour s’adapter à des exigences commerciales tou-jours nouvelles, ses modifications doivent cependantrespecter le caractère architectural pérenne desbâtiments protégés en évitant toute interventionsusceptible de porter atteinte au caractère d’ensem-ble et à l’homogénéité du bâti.

La SCA désavoue toute intervention (peintureou revêtement) susceptible de masquer ou d’inter-rompre la lecture des éléments architecturauximportants, tels que modénatures, socles, jambages,cordons, piédroits, pilastres, bossages de pierre,décors sculptés, embrasures, ferronneries, etc. Elle de -mande une bonne inscription des éléments rapportés.

Pour ce qui concerne les stores, la SCA recom-mande le maintien des anciens mécanismes lorsquecela est possible ou la discrétion des nouveaux. Afinde garantir les vues sur les procédés de réclame per-pendiculaires, elle proscrit la pose de stores en cor-beille, peu adaptés à l’architecture du XIXe et dudébut du XXe siècle et occultant les perspectives lelong des façades, recommandant plutôt la pose destores à projection droite de dimensions adaptéesau support architectural.

Les procédés de réclame ne doivent pas occulterles prises de jour; ils doivent être circonscrits généra-lement à l’environnement immédiat de l’arcade etfixés de préférence sur les marquises ou sur les élé-ments de la vitrine prévus à cet effet.

Pour limiter l’impact des procédés d’éclairagepublicitaires, notamment afin de préserver le confortdes habitants, la SCA proscrit leur pose aux étagesd’habitation et recommande de les maintenir audessous du cordon de telle sorte que celui-ci restelisible. Elle est toujours défavorable à la superposi-tion de caissons lumineux en potence, l’ensembledes procédés ne devant pas outrepasser les dimen-sions légales.

linéarité du dispositif à la hauteur de l’embarcadèredes Eaux-Vives, alors même que les quais se pour -suivent au-delà selon le même dessin remarquable.

L’extension de l’OMC a fait l’objet d’une vota-tion référendaire municipale. Si la CMNS a préconiséde protéger le bâtiment ancien du BIT (1923-1926)au titre de monument historique, ce qui est désor-mais fait par une convention liant l’Etat de Genèveet l’OMC86, le peuple a accepté le principe d’uneextension empiétant sur le parc Barton et le change-ment d’affectation de la zone de verdure en zonede construction.

A Versoix, place Bordier, le long de la route deSuisse à la hauteur de Port-Choiseul, soit dans lepérimètre de protection des rives du lac, la construc-tion de quatre immeubles de logements et locauxcommerciaux avec garage souterrain a été préaviséedéfavorablement par la CMNS. Le projet, qui impli-quait un changement de zone, est resté sans suite.

Les autres interventions dans le périmètre pro-tégé des rives du lac, notamment tout le traitementdu coteau de Cologny, relevant de la compétence de la SCNS, elles sont analysées au chapitre de l’ordi-naire de cette sous-commission87. Le cas du domainede La Malvande (XVIIIe siècle) à Pregny-Chambésyest exposé au chapitre du groupe «études d’amé -nagement»88.

Du bâtiment à la rue – de la propriété privée à l’espace public

La Ville de Genève est propriétaire de son «domainepublic», mais « l’espace public», bien qu’en constantrenouvellement, est également soumis à certainescontraintes imposées à la propriété privée.

En prise directe avec la rue, les rez-de-chausséedes édifices sont, par la nature même de leur affec-tation, tout aussi dynamiques et fluctuants quecelle-ci. Afin de garantir une relation privilégiéeentre l’espace commercial privé et l’espace public, laSCA proscrit d’emblée les vitrines mortes ou aveu-gles et veille au maintien de l’activité commerçanteinstallée dans les rez-de-chaussée.

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paysage des quais, des immeubles quai des Bergues9-17/rue des Etuves 10-12 bis (façades harmoniséesen 1840-1846), laissés vides après avoir été déstruc-turés, certains reconstruits mais tous convertis enbureaux dans les années 70 et qu’il aurait été telle-ment avantageux de rendre au logement…83

Plan de site du rond-point de PlainpalaisDans ce périmètre, c’est le projet de démolition

du petit bâtiment de l’ancienne mairie de Plainpalais(1853), d’un étage sur rez-de-chaussée, qui a retenul’attention de la CMNS. Depuis longtemps, celui-ciabritait un café. En préavisant favorablement sonremplacement par un nouveau bâtiment, la CMNSn’a pas pu empêcher l’adoption d’un projet relative-ment médiocre et l’octroi d’une dérogation autori-sant un gabarit nettement supérieur à celui du frontconstruit le long de la plaine de Plainpalais84. Dansle même périmètre, rue de Carouge 1, et en dépitdu règlement du plan de site, la CMNS a dû accepterla disparition d’un commerce au profit d’une agencebancaire aux vitrines sans intérêt, et par-dessus lemarché aveugles.

Périmètre Mont-Blanc-Cornavin protégé par un règlement spécial

Le règlement spécial Mont-Blanc-Cornavin sti-pule que les gabarits sont déterminés de manière àpermettre un raccord harmonieux avec les bâti-ments contigus (art. 7, al. 3). L’îlot square Pradier etrue Pradier 4 présente un gabarit général homo-gène entre anciennes et nouvelles constructions.Dès lors, la SCA n’a pas pu entrer en matière pour lasurélévation proposée de l’hôtel Cristal (1978).

Périmètre Rôtisserie-Pélisserie protégé par un règlement spécial

Certaines transformations d’envergure sont ac -cueillies favorablement par la CMNS dès lors qu’ellespeuvent revaloriser de manière significative desensembles urbains. Tel a été le cas de l’îlot rue de laRôtisserie, notamment les nos 2-8 (1922-1923), unensemble maintenu au sens de l’art. 89 de la LCI,divisé en trois parcelles mais propriété unique, auplan en forme d’anneau ouvert ancré sur une fortedéclivité. Cet îlot très préservé (agrégation, volu -métrie d’origine, mixité des affectations) a ététransformé par un unique mandataire. La CMNS aexaminé attentivement les propositions de modifi-cation de gabarit, notamment en regard de l’impactsur les façades qui se retournent au-dessus d’unbâtiment central bas à l’arrière, et demandé notam-ment une harmonisation générale des lucarnes. Leprojet, réussi, a restitué les verrières assurant l’éclai-rage zénithal de la galerie marchande; la suréléva-tion vitrée de deux niveaux de son élément le plusbas à l’arrière a préservé la césure significative entreles deux corps de bâtiments, de même que la lumi-nosité de leur cour.

Périmètre de protection générale des rives du lac

Le périmètre protégé des rives du lac a essuyéquelques tempêtes, à commencer par l’importantprojet de parc-plage et de nouveau port public auxEaux-Vives, ainsi que d’agrandissement du port dela SNG présenté au chapitre des dossiers conflic-tuels85. La CMNS a pu se rendre compte à cette occa-sion que la loi de protection générale des rives dulac visait essentiellement à préserver les rivagescontre des bâtiments intempestifs, sans effet sur lerivage en lui-même ni sur le lac. On ne peut queregretter que la protection des quais historiquess’arrête aux limites du plan de site de la Rade etlaisse ouverte la possibilité d’une rupture dans la

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83 Le projet mis en œuvre dès 2011 reste hélas entièrementdévolu à des bureaux.

84 Fin 2011 et suite à un blocage émanant d’un propriétaire voi-sin, le projet de remplacement a été abandonné au profit du main-tien et de la transformation de l’ancienne mairie en agencebancaire.

85 Voir p. 26-28.

86 Voir aussi p. 20 et 38.87 Voir p. 98-100.88 Voir p. 108.

La «dent creuse» de l’ancienne mairie de Plainpalais, sur le rond-point de Plainpalais. Photo Babina Chaillot-Calame.

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échange de la garantie d’une remise en conformitéde ces dispositifs lors de prochains changementsd’enseignes (le procédé perpendiculaire composéde 13 éléments lumineux empiétant sur l’étaged’habitation rue de Berne 11/rue Chaponnière 6,1858-1859, ne pourra être reconduit, de même queles procédés de réclame illégaux rue Chaponnière 5).

Le mobilier urbain La loi prescrit que pour préserver l’aménage-

ment et le caractère architectural original des quar-tiers protégés, les enseignes, attributs de commerce,panneaux, réclames, vitrines mobiles et autres objetssoumis à la vue du public doivent s’harmoniser avec lecaractère des quartiers. Pallier les nuisances visuelles,prévenir ou limiter l’encombrement incontrôlé del’espace public induisant une vision chaotique etconfuse du paysage urbain, valoriser ses espacespublics par un équipement représentatif sont égale-ment les objectifs déclarés du concept directeur dumobilier urbain de la Ville de Genève. Cette dernièrea établi un catalogue d’objets recommandés répon-dant aux critères de son Plan directeur cantonal :banc «Genève», bacs d’orangerie, caissettes à jour-naux uniformisées, supports d’expositions, balisestouristiques et culturelles, bancs, poubelles, etc.

préconisé, priorité étant donnée à l’affichage cultu-rel (panneaux trapézoïdaux, banderoles éphémères,oriflammes, affichage sur palissades de chantier etautres formes d’affichage temporaire) et aux plansde ville avec un contrôle très strict de l’affichagecommercial «pour compte propre» en principe cir-conscrit au lieu où s’exerce l’activité annoncée.

Si la nécessité de protection de la Vieille-Villeest à cet égard indiscutable, le secteur du plan desite de la Rade, avec l’avantage évident que consti-tue sa forte visibilité pour y installer de la publicité,est aussi fortement sollicité et le contrôle des procé-dés de réclame y est d’autant plus nécessaire. Il enva de même pour les plans de site et autres secteursprotégés à très forte activité commerciale comme leMolard, le secteur Mont-Blanc-Cornavin ou le rond-point de Plainpalais.

Une exception: la rue Chaponnière Une densité commerciale particulièrement forte

(restaurants, vie nocturne), le caractère pittoresquedu secteur concerné (Pâquis, secteur de la gareCornavin), la difficulté de faire appliquer rétroactive-ment la loi en respectant une égalité de traitementet plusieurs recours interjetés auprès du Tribunaladministratif ont motivé certaines dérogations en

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Un cas exemplaireDans le cas d’ensembles de très grande qualité,

tels que celui de la rue de Rive 2-8 (1923-1924), laSCA s’applique à encourager et diligenter les inter-ventions permettant un retour progressif des arcadesvers leur unité et leur structure d’origine.

Ainsi la transformation de l’arcade du cinémaHollywood en espace Apple rue de Rive 4 s’inscrit-elle dans une opération de réhabilitation généralede l’îlot par la restauration et le complément deséléments en boiseries situés au-dessus des vitrinesdu rez-de-chaussée, la conservation/restaurationdes fenêtres du 1er étage dont les vides de jour sontrestés libres d’enseignes, celles-ci ayant été inté-grées aux panneaux de bois prévus à cet effet. Lerésultat s’avère très satisfaisant.

La signalisation dans l’espace publicComment satisfaire aux besoins de signalisation

pratique, commerciale, culturelle, etc. tout en pré-servant équilibre et harmonie dans les sites urbains,tant pour l’image esthétique des rues, des places,des espaces verts et des plans d’eau, que pour lasécurité, l’intégrité et le confort des différents usa-gers du domaine public (piétons, cyclistes, trans-ports collectifs, transport motorisé individuel)?

La législation cantonale (RLPR du 9 juin 2000) aété complétée, le 3 mai 2006, d’un concept direc-teur de la Ville de Genève intégré au Plan directeur

communal, qui propose une coordination des prin-cipes généraux d’implantation des procédés deréclame et d’affichage. Il vise notamment à limiteret coordonner « l’affichage papier» publicitaire etles «panneaux peints» de l’affichage culturel89. Lamise en conformité (avec effet rétroactif) des pro -cédés de réclame qu’a entraînée cette modificationde la loi a amené la SCA à examiner 1004 dossiersdurant cette législature (sans compter ceux concer-nant la Vieille-Ville et le secteur sud des anciennesfortifications examinés par la SCMA90).

La loi impose de traiter de manière différenciéel’affichage commercial, publicité à caractère privé,et l’affichage culturel, associatif ou sportif, plusdense au centre ville, qui revêt de manière prépon-dérante un caractère d’intérêt public.

L’implantation des panneaux d’affichage doitpréserver l’harmonie des lieux et prendre en compteleurs caractéristiques topographiques et urbanis-tiques pour éviter d’obstruer les vues des bâtimentset des sites protégés (lac, parcs, places et squares) etde rompre le rythme des alignements d’arbres,d’entraver la circulation piétonne et les accès auxbâtiments et de menacer la sécurité routière. Leuresthétique doit respecter les lignes directrices de laVille de Genève concernant le mobilier urbain etl’éclairage public, leur harmonisation et leur com -patibilité réciproque: poubelles, arbres, bancs, ter-rasses de café, distributeurs de billets, poteaux designalisation des arrêts, horaires des TPG, respect dela transparence des abribus, colonnes Morris. Leurformat doit être adapté au contexte: simplicité etneutralité des formes, déclinaison du modèle en dif-férentes tailles et formes, cohérence esthétique. Prio -rité est donnée aux panneaux sur piètement évitantdes fixations à des supports existants possibles maisinadéquats (murs, grilles, poteaux, candélabres,etc.). Quand leur implantation autonome est impos-sible, il faut utiliser un support constituant un fondhomogène.

D’une manière générale, dans les zones proté-gées où un affichage trop abondant dégraderaitl’environnement, un regroupement de celui-ci est

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89 Règlement d’application de la loi sur les procédés de réclamedu 11 octobre 2000. Voir aussi p. 33.

90 Voir p. 59.

Transformation de l’arcade du cinéma Hollywood en espace Apple rue de Rive 4. Photo Cecilia Maurice de Silva.

Panneau lumineux devant la Maison des arts du Grütli, rue du Général-Dufour 16. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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Considérant néanmoins le foisonnement de sup -ports de toutes sortes, leur impact négatif sur le pay-sage urbain, notamment par la perte de lisibilité desinformations essentielles, la commission a dû fré-quemment réitérer sa demande d’un concept géné-ral qui considère aussi l’ensemble de l’affichagepublicitaire et culturel et des autres supports d’infor-mations: «panneaux peints» trapézoïdaux de l’affi-chage culturel temporaire, panneaux d’informationsde la Ville de Genève, indicateurs touristiques, etc.Des projets concernant l’installation de totems WiFisur la promenade des Bastions, la plaine de Plain -palais et le pourtour de la Rade lui ayant été soumis,La CMNS a émis des réserves quant à une proliféra-tion de ce genre de mâts de repérage.

Si un réel effort a été consenti par la Ville pourla gestion de ses déchets, la CMNS s’est néanmoinsdéclarée défavorable à la mise en place d’espaces derécupération dans la promenade des Bastions, auJardin Anglais ou sur l’esplanade de Saint-Antoine enraison de la sérieuse atteinte que le type de conte-neur et les emplacements choisis porteraient à desespaces figurant parmi les plus beaux de la ville. LaCMNS a considéré qu’un même type d’installations’adapte difficilement à toutes les situations ur baines(rues, carrefours, parkings, parcs et sites d’exception,proximité de monuments historiques, édifices patri-moniaux). Pour les parcs et promenades, elle a pro-posé à la Ville d’étudier une solution spécifique quisoit à même de s’intégrer dans ces lieux sensibles enrespectant leurs qualités spatiales et patrimoniales.

Aménagements viaires et dispositifs de modération de trafic

La commission a salué le projet d’aménagementde la place Longemalle et de la rue Neuve-du-Molard, qui permettra de relier cet espace importantde la ville avec celui, magnifiquement requalifié, dela place du Molard, et s’est interrogée sur l’impactd’un tel aménagement sur le plan de circulation duquartier et sur les espaces urbains adjacents. Elle aregretté que le parcage des deux roues, prévu aucœur de la place, entre en conflit avec l’arborisationexistante, les vues et les accès à la place, et n’ait pasété prévu à ses entrées, rue du Rhône et rue de Rive,ou même hors de ses limites, de façon à véritable-ment libérer l’espace pour les piétons.

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Place Neuve, à l’entrée de la promenade des Bastions, avant adoption de nouvelles caissettes à journaux. Place du Bourg-de-Four, aprèsadoption de nouvelles caissettes à journaux (avec panneaux d’affichages de votation). Rue des Terreaux-du-Temple, caissettes àjournaux recto et publicité sur les tramways. Rue des Alpes, caissettes à journaux verso. Route de Chêne à Chêne-Bourg, abribus desTPG. Rues-Basses, banc et poubelle à un arrêt des TPG. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Panneaux indicateurs recto-verso, place Neuve, à l’entrée de la rue de la Corraterie, zone protégée(désormais supprimés).Photos Cecilia Maurice de Silva.

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Elle a demandé une requalification complètede la place de Hollande à la géométrie actuellementmal définie, traversée par une voie de circulationdoublée d’une ligne de tram rendant le parcours dupiéton problématique, et disqualifiée par une dissé-mination d’infrastructures techniques (poteaux,armoires SIG, trappes, regards).

La commission a toujours insisté sur le fait quela qualité d’un quartier et sa valeur patrimonialesont autant dues aux bâtiments qu’aux espacespublics. Par ailleurs, elle estime que ces installations(notamment les dispositifs «zone 30») qui ont un fortimpact sur l’espace de la rue ne tiennent souventaucun compte de la proximité de bâtiments ou dezones protégées, les projets soumis ne s’inscrivantpas non plus toujours dans une réflexion sur l’es-pace urbain qu’ils modifient.

Les aménagements de modération du trafic ontfréquemment reçu un accueil défavorable de la partde la SCA, compte tenu de la multiplicité des dispo-sitifs qu’ils impliquent (monticules d’asphalte, seuils,totems, panneaux de signalétique routière, bacs àfleurs et à arbres, marquages de sécurité multicolores,sur-épaississement des revêtements routiers, etc.).

La SCA a par exemple jugé que le projet d’amé-nagement de la place des Alpes était entrepris horsde toute vision d’ensemble, et a vivement regrettéque ce soient des dispositifs routiers qui marquent etorganisent l’espace urbain, avec leur seule logique,sans tenir compte de la qualité du lieu: elle a refusé,à proximité immédiate du monument Brunschwick(1877-1879), la pose de provi-blocs de couleur jauneet noire à l’aspect de finition «provisoire» et re -commandé de les remplacer par des mini-seuils gris, des bordures et des trottoirs de type «Ville deGenève».

Une gestion délicate: l’espace public des bords de la Rade

A côté du front bâti des quais, l’espace publiccorrespondant au périmètre du plan de site de laRade fait l’objet d’une attention constante.

La CMNS se félicite de la réfection très réussiedu pont de la Machine et de la passerelle de l’ancienbarrage avec l’ajout de nouveaux éléments : uneplateforme en bois inscrite dans le projet «Le Fil duRhône» pour favoriser les bains de soleil et l’accès àl’eau, ainsi qu’un débarcadère pour les Mouettesgenevoises. Elle a suivi de près ce chantier, se sou-ciant en particulier de la qualité des matériaux et duvocabulaire formel des nouveaux aménagements.Elle a insisté sur l’importance du maintien de la guirlande lumineuse du pont.

Emanant d’un groupe privé et promis à uneexistence éphémère, le projet de relookage du pontdu Mont-Blanc a été, lui, très controversé: il nerépondait pas aux normes admises quant à la lar-geur des voies ; il posait des problèmes d’accrochagedes pistes cyclables prévues en encorbellement surle fleuve, sans compter leur raccord à la circulationgénérale environnante; il proposait des formes demâts d’éclairage sans lien avec les dispositifs exis-tants, etc. La CMNS a déploré une vision insuffisanteet à très court terme. Elle a recommandé une miseau concours de ce projet qui puisse mieux l’inscriredans une vision élargie et cohérente de l’aménage-ment global de la Rade.

Après un interminable débat public, les pavil -lons des glaciers ont enfin trouvé dans les modèlesproposés en 2010 par la Ville de Genève une solutionsimple, qui a satisfait la majorité et, pour certains,

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Stationnement des véhicules, avenue de la Gare-des-Eaux-Vives.Photo Cecilia Maurice de Silva.

Pont de la Machine et passerelle de l’ancien barrage après restauration, avec une nouvelle plateforme pour lézarder au fil du Rhône.Photos Cecilia Maurice de Silva.

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de nouveaux emplacements au ras de l’eau, sur lesanciens quais marchands.

La SCA a suivi la restauration de la pittoresquebuvette du monument Brunschwick, ancienne cabanerustique du gardien du monument (v. 1880, restauréen 1907). Elle a préconisé, pour l’instant en vain, untraitement adéquat des abords immédiats, passable -ment malmenés, de ce charmant édifice (niveau etmatérialité du sol à motifs décoratifs de pavés griset rouges, parasols, paillottes, débarras).

Des travaux ont été entrepris dans le port lui-même. On a rénové et assaini le pavillon des Mouettesgenevoises, sur le quai marchand des Pâquis, dans le respect de ses matériaux, formes et dimensions. A cette occasion, la commission a demandé que lasituation et la signalétique à cet endroit du quaisoient clarifiées, que soit enlevés le container accoléau pavillon et l’édicule de vente de billets situé surle quai promenade. Le résultat s’avère satisfaisant.La CMNS a accueilli favorablement le projet de nou-veau bâtiment pour la police sur le quai marchanddes Eaux-Vives mais elle a émis toute réserve sur lasuppression des autres activités portuaires à l’inté-rieur de la Rade sur la rive gauche, redoutant leurremplacement par des activités strictement mar-chandes et touristiques. On trouve l’expression decette préoccupation au chapitre des dossiers conflic-tuels91, avec la demande expresse de la CMNS d’unplan directeur pour les rives du lac en ville.

La SCA a partagé avec la SCNS92 la préoccu -pation suscitée par la fermeture des estacades duport. Mise devant le fait accompli et pour limiter lesdégâts, la SCA a préconisé pour ces barrières dumétal galvanisé pour les poteaux et une finitionmate des câbles et filets métalliques garantissantune meilleure homogénéité avec les autres élémentsexistants sur les estacades (échelles, barrières)93.

Craignant qu’à l’instar des dispositifs d’exposi-tion de la Ville de Genève au quai Wilson94, les ins-tallations éphémères ne tendent à se pérenniser, laCMNS a formulé à réitérées reprises des réserves surdivers projets situés dans le périmètre du plan de

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91 Voir p. 26-28.92 Voir p. 97.93 Voir photo p. 97.94 Voir p. 96-97.

Nouveaux pavillons des glaciers, quai Gustave-Ador et quai du Mont-Blanc. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Au bord de la Rade: buvette du monument Brunswick, place des Alpes ;baraquements au port des Mouettes, quai du Mont-Blanc.Photos Cecilia Maurice de Silva.

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site de la Rade (création des « Iles de la Rade», expo-sition temporaire «Génome» sur l’Ile Rousseau).

La Rade et son jet d’eau, scintillant la nuit detoutes leurs lumières, symbolisent Genève en tantque métropole internationale. La nécessité de limi-ter et de contrôler cet éclairage, de maintenir l’équi-libre visuel le long des rives du lac ont suscité l’adop -tion par la Ville de Genève d’un «Plan lumière» dontles cinq principaux critères guident l’ensemble desprojets et études touchant à l’espace public : «conce-voir une stratégie globale d’urbanisme lumière, va -loriser le cadre et l’image de Genève, éclairer mieux,consommer moins, coordonner et collaborer».

Les propositions d’éclairage nocturne des édi-fices situés dans le périmètre protégé du plan desite de la Rade ont donc retenu plus particulière-ment l’attention de la SCA, qui a demandé de limi-ter ces éclairages. Ainsi le cordon lumineux autourde la Rade doit-il être préservé dans sa continuitéavec une couleur et une intensité constantes (leremplacement de l’ensemble de ses ampoules parde nouvelles ampoules économiques conformes auxnouvelles normes énergétiques doit se faire selonles recommandations de la commission) ; l’éclairagedes immeubles locatifs et commerciaux doit quant à lui toujours se subordonner à celui des monu-ments classés tels que le temple de la Fusterie (JeanVennes, 1713-1715), ou des bâtiments présentantun intérêt patrimonial particulier, tels que le PalaisWilson (Jacques-Elysée Goss, 1873-1875).

Quelques dissonances demeurent: lorsque l’hôtelPrésident Wilson (196395) a revu l’illumination de sonrez-de-chaussée, la CMNS s’est déclarée défavorableaux 33 projecteurs posés au sol sur le domainepublic et privé. Installés en infraction, ces procédésd’éclairage diffusant durant la nuit des lumièresmulticolores sont toujours en place en dépit desdemandes de la CMNS.

95 L’hôtel a été agrandi en 1993, entièrement rénové en 2003,puis partiellement en 2008.

Embarcadère des Mouettes, quai du Mont-Blanc.Un bar improvisé quai Wilson.Pavillon de glacier en hiver et chantier naval, quai Gustave-Ador. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Eclairage nocturne : hôtel Beau Rivage au quai du Mont-Blanc ; cordon lumineux de la Rade au quai Gustave-Ador.Photos Cecilia Maurice de Silva.

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• le respect des façades: adaptation de l’expressiondes portes de grange, traitement adéquat desnouvelles baies au rez-de-chaussée pour éviternotamment l’effet d’arcades commerciales,

• le respect des fenêtres : pas de PVC, finesse d’exé-cution, maintien des partitions des fenêtres exis-tantes (petits bois structurels), préservation desmodénatures volets bois,

• la préservation du paysage des toitures mis enpéril par l’occupation généralisée des combles etla transformation des granges en logements : limi-tation, en nombre et en dimension, des percementsen toiture, pas de châssis de toiture importantspour éclairer des espaces secondaires, pas de dou-ble registre, cas échéant verrière plutôt que multi-plication de lucarnes, pas de terrasses négativesdites «baignoires», maintien de la finesse des bordsde toits et des ferblanteries,

• l’adéquation des matériaux, des sections et descouleurs lors de l’adjonction de vérandas et d’an-nexes (abris de jardin, couverts à voitures, etc.),

• le maintien d’espaces extérieurs de qualité : pas de cloisonnements, de haies et de végétationinappropriés (essences locales préconisées), coursouvertes, revêtements de sol perméables, pas demodification importante de la topographie natu-relle (creusements de cours, de caves et décaisse-ments excessifs, etc.).

Pour les nouvelles constructions, la SCA préconise:• la préservation de la silhouette villageoise et des

vues lointaines,• la limitation du nombre des châssis de toiture et

leur positionnement régulier à l’exclusion du dou-ble registre,

• pas de privatisation excessive des espaces exté-rieurs peu compatible avec le contexte villageois,et qui donne une image propre à la zone villas enfermant visuellement tout rapport à la rue,

• un aménagement d’espaces extérieurs communs,• le regroupement des places de parking et un

traitement approprié des parkings souterrains,notamment de leurs rampes d’accès et de leursémergences,

• un traitement des limites (murs, clôtures, haies)qui soit en harmonie avec les caractéristiquesenvironnantes.

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Les villages en zone 4 B protégéeL’évolution des villages et de leur paysage peut aisé-ment se mesurer le temps d’une législature: en l’es-pace de quatre ans, la densification et l’adaptationdu bâti à de nouveaux besoins ont entraîné de nom-breuses communes dans une redéfinition des basesde leur existence, dans une nouvelle histoire, dans la transformation progressive mais significative deleur environnement.

En ce qui concerne la conservation, l’ère del’em paillage est dépassée. Depuis plusieurs années,la sub stance patrimoniale des villages se décline entermes de structure porteuse, typologie de l’habitatet des bâtiments ruraux, rapport des pleins et desvides en façade et en toiture, harmonie et adéqua-tion des ma tériaux et des couleurs, espaces exté-rieurs, cours, jardins, terrasses, vergers, seuils, limites,murs, murets, portails, haies, préservation des vuesproches et lointaines.

Des problèmes inédits apparaissent avec la mul-tiplication de nouveaux types d’équipement tels quepiscines, déchetteries, téléphonie mobile, parkings,mesures de modération de trafic, sans compter lescapteurs solaires et les isolations thermiques, indispen-sables mais générateurs de nouvelles perturbations.Pour les piscines et les constructions annexes en parti-culier, la SCA regrette la prolifération de ce typed’équipements privés au détriment d’installationscol lectives. Elle préconise des installations peu visi-bles du domaine public, exécutées en harmonie avecles qualités esthétiques des villages (teintes sobres sansrevêtement intérieur bleu, matériaux traditionnels,ossature bois, couverture en tuile, ferblanterie encuivre, teintes en rapport avec le tissu bâti à proxi-mité). Pour les déchetteries publiques, elle recom-mande leur regroupement dans des zones dé robéesà la vue en évitant les espaces publics les plus plai-sants des villages96. La même pré occupation dicte lespréavis de la SCA en matière de téléphonie mobile :pas d’objets in habituels et inadaptés aux spécificités villageoises, solutions avec mât fortement réduit, em -placements peu visibles, éventuellement arborisés.

La préservation de la substance architecturale desbâtiments reste toutefois l’objectif majeur de la SCA,

même lorsque ceux-ci sont modestes, dans la mesureoù la relation des bâtiments entre eux, le rapportqu’ils entretiennent avec le domaine public, leur volu-métrie, leur implantation, l’image traditionnelle desfaçades, la présence d’une cour et d’un mur d’en-ceinte déterminent la qualité du tissu villageois. Enrègle générale, la commission se réfère aux va leursdu recensement, mais elle constate souvent quecelles-ci, établies il y a vingt ou trente ans, devraientêtre révisées.

Pour les transformations, la SCA préconise:• le respect des structures horizontales et verticales :

limitation des percements dans la maçonnerie d’ori-gine, maintien du solivage traditionnel avec chapecollaborante, pas de dalles en béton armé sur unbâtiment de valeur 4+,

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96 Voir Choulex, p. 90-91, où une déchetterie a été créée à laplace d’une fontaine publique au centre de la rue villageoise, enface du café des Amis.

Modeste dépendance, chemin des Fours 8 à Cologny, avant et après transformation. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Russin, chemin de la Croix-de-Plomb 2, renouvellement des boiseries de la porte de grange.Photo Cecilia Maurice de Silva.

Russin, route des Molards 4, transformation d’une ancienne ferme.Photo Cecilia Maurice de Silva.

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Meinier, dont le développement s’est amorcédès les années 60, continue son essor en se densi-fiant et en s’étendant, tout en se souciant de laconservation de son patrimoine bâti et naturel. Lesvives contestations qui ont pu accom pagner, encoredans les années 80, la sauvegarde de la Tour n’au-raient plus cours aujourd’hui. La restauration atten-tive du mas sis route de Covéry 1 (XVIIIe siècle,transformé et agrandi au XIXe siècle) est un bonexemple de cette évolution.

La tenue d’un concours d’architecture pour unensemble de logements et un centre intergénéra-tionnel, route de la Repentance/route de Gy/che-min du Stade 8 à 22, a engendré une réalisation quela SCA a jugée d’un grand intérêt architectural : unlangage résolument atypique, une implantation ori-ginale et souple, la qualité des espaces col lectifs,enfin une bonne intégration au site et une valeurajoutée à la vie sociale de la commune.

Cas d’école: Gy, Meinier, ChoulexLe recensement systématique des projets dépo-

sés dans les trois communes limitrophes de Gy,Choulex et Meinier pendant la dernière législaturefournit une bonne illustration des problèmes ren-contrés et des principes d’intervention préconiséspar la SCA.

Dans ce petit territoire rural de la rive gauche,éloigné de la ville et fidèle à sa vocation agricole,amplement ouvert sur des champs labourés et desvues imprenables sur le lointain, se rencontrent tousles cas de figure énoncés précédemment. Ainsi seremodèlent, s’étendent et se densifient ces villages,subrepticement ou de façon très visible, mais entous cas avec une constance particulièrement remar-quable durant ces dernières années et en changeantde manière significative leur physionomie.

Gy, des trois la plus petite commune, se montrela plus volontariste : elle a délibérément décidéd’augmenter son parc immobilier dans son centre etsur sa périphérie, afin d’attirer une nouvelle popula-tion tout en consolidant ses équipements publics.

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Russin, Grand-Cour, route des Molards 12-18, traitements différenciés après subdivision du domaine : parking, haie et panneau de contrôle électrique SIG (ce dernier non autorisé)dans la cour commune altérée, piscine dans le jardin des dépendances privatisé. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Russin, château Fazy, chemin de la Croix-de-Plomb 28, avant et après obturation du portail. En dessous, dans l’axe, portail du jardinde l’ancien billard du château Fazy qui garde, lui, sa transparence. Par comparaison, ouverture de la cour de la ferme Penet, chemin de la Croix-de-Plomb 16-22. Photos Erica Deuber Ziegler (a), Cecilia Maurice de Silva (b, c, d).

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A Gy, Résidence Quatre Epis, quatre nouveaux immeubles villageois en PPE au chemin de l’Egalité. Réussitearchitecturale desservie par la brutalité du traitement de l’entrée du parking souterrain. Photos Cecilia Maurice de Silva.

A Meinier, mas route de Covery 1, avant et après restauration et transformation. Photos Cecilia Maurice de Silva.

A Meinier, immeubles de logements et centre intergénérationnel en construction, route de la Repentance/route de Gy/chemin du Stade 8-22. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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Choulex fait également preuve d’un beau dyna-misme, animé tant par les autorités communalesque par une vigoureuse émulation entre promo-teurs. De nouvelles constructions s’étendent le longde la route de Choulex, grignotent le bas du coteautout autant que le centre qui se transforme lui-même de manière irréversible : modernisation radi-cale du café des Amis (XVIIe-XVIIIe siècle) qui a perduson âme, destruction programmée du splendidebâtiment villageois qui abritait autrefois l’épicerie-café Zurcher, projet de remplacement ab surded’une des fontaines de la rue principale par unedéchetterie (refusé par la CMNS), démolition de sesplus anciens murs de pierre. Souvent la commissionne peut que déplorer le manque de vision de cesnouveaux développements, le caractère incohérentdes implantations en deuxième rang, dé pour vues dedessertes planifiées et qui défigurent le village, sasilhouette, son inscription dans le territoire et sonidentité.

A Choulex, route de Choulex 129, accès à de nouveaux immeubles aux dépens d’un mur ancien et d’un environnement maltraités. Photos Cecilia Maurice de Silva.

Le Café des Amis, route de Choulex 132, avant et après rénovation. En face, la fontaine marquant l’arrivée de l’eau potable au villageaprès 1900, à l’emplacement d’un puits du XVIIIe siècle, a été démolie au profit d’une déchetterie (un «éco-point sans tri» avec goulotteet container enterré) et remplacée par une simple borne en fonte. Panneau de contrôle électrique, bacs à fleurs et banc complètentl’aménagement de cette petite place publique. Photos Cecilia Maurice de Silva (a, b, c), Muriel Décaillet (d).

Façade pignon de la ferme qui abritait l’ancienne épicerie-café Zurcher, route de Choulex 162.Photo Cecilia Maurice de Silva.

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Difficultés, échecs, réussites, questionsIl y a l’adaptation forcée d’un programme à un

bâtiment qui ne le supporte pas: par exemple, àPresinge, l’EMS La Louvière (fin XIXe siècle). Il y a ladifficulté à donner un visage à notre nouvelle archi-tecture villageoise, comme en atteste à Bardonnex,place de Brunes, le projet d’immeubles locatifs surl’ancienne campagne Wettstein (1747).

Il y a des «accidents», comme à Versoix, routede Suisse 70, l’effondrement d’une maison du XVIIIe

siècle inscrite dans l’alignement historique dubourg, par suite de percements excessifs et nonautorisés dans l’ancienne structure porteuse (rem-placée par une nouvelle construction d’expressioncontemporaine).

Heureusement, il y a aussi de belles réussites :comme sur les flancs du coteau de Villette, route de Villette 26, à côté de la maison de maître néo-classique de Château-Blanc (1851), la constructiond’une villa résolument contemporaine et l’heureuseaffirmation de la modernité dans un contexte trèspréservé; ou encore, dans le centre du vieux hameaud’Anières, rue de l’Aspergière 2-4, la transformationtrès convaincante de deux bâtiments contigus(XVIIIe siècle) comportant une subtile surélévationde toiture et une très bonne intégration de l’inter-vention contemporaine.

Il y a des sauvetages heureux: comme celui dela maison Bianchi (avant 1718-XIXe siècle), occupantune position stratégique au centre du vieux villagede Vandœuvres, conservée grâce à une meilleureadap tation du nouveau programme au bâtimentexistant.

Certaines malfactures, comme, à Troinex, la restauration ratée d’un boîton néo-gothique (avant1812, transf. autour de 1900), certains acharnementsthérapeutiques (que la commission s’est du resterefusée à cautionner), comme à Chêne-Bourg lecombat d’une association d’habitants pour la pré-servation d’une petite bergerie très dégradée etirréparable au détriment de la construction d’un en -semble de logements doivent susciter une réflexionde la CMNS sur la légitimité de tout conserver et leslimites à ne pas dépasser dans la sauvegarde.

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Ancienne campagne Wettstein, place de Brunes à Bardonnex, livrée à un lotissement de petits immeubles.Photos Cecilia Maurice de Silva.

Nouvelle construction, route de Suisse 70 à Versoix. Villa,chemin de Villette 26, au cœur du vieux village de Villette.Rénovation d’un mas, chemin de l’Aspergière 2-4 dans levieil Anières. Sauvetage de la maison Bianchi au cœur deVandœuvres, chemin du Manoret 2. Photos Cecilia Maurice de Silva (a, b, c), Babina Chaillot-Calame (d).

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La SCNS s’est réunie 82 fois au cours de la légis -lature.

Nature et paysage

Dans son écrin de montagnes, toutes françaises, lebassin genevois offre la douceur de ses rives lacustres,de ses pentes et de ses coteaux, le charme et l’uti-lité97 de ses multiples rivières et vallons, mais aussi ledanger de ses falaises, celles du Rhône, de l’Arve etde l’Allondon. Les cordons boisés des cours d’eau, lesgrands bois frontaliers de Jussy et de Versoix entre-tiennent en marge du territoire agricole une réserveprécieuse d’oxygène, de flore et de faune. La mis-sion de la SCNS concerne tous ces trésors naturels etpaysagers. Pourtant, depuis 2006, elle n’est plusconsultée que sur des projets touchant à des objetsdûment protégés (« la loi, rien que la loi»).

La surveillance de la SCNS concerne aussi lesgravières, dont la mise à jour du Plan directeur luiest soumise. (Elle n’a hélas aucun pouvoir face à l’al-tération outrageuse du Salève par l’effet de l’exploi-tation de ses carrières).

La SCNS examine attentivement la distance desconstructions par rapport aux forêts protégées par laloi, une question non négligeable, tant il est de venumalaisé de la faire respecter depuis qu’elle a été ra -menée à 10 m. Il s’agit là à la fois d’un vrai problèmepaysager, les propriétaires s’accaparant ces espaces,les clôturant et les utilisant jusque dans les ravins(cabanes de jardin, composts, dépôts d’objets, etc.),et d’un problème plus grave de survie de la faunequand cette utilisation frauduleuse entre en contra-diction avec le tracé des corridors biologiques98.

Pour les mêmes raisons, la SCNS s’occupe dupaysage nocturne et refuse les excès d’éclairage, parexemple sur les giratoires des zones protégées, selonles recommandations de l’Office fédéral du paysage etles directives émises dans les documents cantonauxsur les impacts des éclairages nocturnes sur la faune.

Dans les zones protégées, elle veille au patri-moine des arbres99 et s’inquiète de la qualité desplantations, notamment des haies, toujours plushautes, avec toujours plus de thuyas et de lauracéesau lieu d’espèces indigènes et toujours plus de com-pléments de canisses et de bâches en plastique

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97 Voir Les moulins à eau du bassin genevois. Patrimoine et ar -chitecture, 17. Office du patrimoine et des sites DCTI, 2009.

98 «Sans mesures volontaristes et ciblées, le développementurbain en cours dans le bassin genevois menace la survie d’unegrande partie des espèces animales et végétales sauvages et, indi-rectement, le cadre de vie de la population de l’agglomération trans -frontalière». «Corridors biologiques», Monitoring du plan directeurcantonal, no 3, Domaine Nature, paysage, agriculture, Genève, 2008.

99 La politique de la Direction générale du domaine nature etpaysage du canton de Genève en matière de patrimoine arboré aété présentée en séance plénière de la CMNS le 15 décembre 2008.

Boiton néo-gothique, chemin Jacques-Ormond 8 à Troinex, avant travaux, et après une restauration ratée. Photos SMS (haut), Benoît Dubesset (bas).

Le coteau de Bernex, vue sur la plaine de l’Aire et le Salève à partir du point culminant du canton. Table d’orientation.Photos Cecilia Maurice de Silva.

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conflictuels100, notamment pour ce qui concerne ledéplacement du port historique des Eaux-Vives horsde la Rade, protégée pourtant par un plan de site etinscrite à l’Inventaire fédéral des paysages, sites etmonuments naturels d’importance nationale. LaSCNS a par ailleurs demandé à réitérées reprises quesoient enlevés les panneaux que la Ville de Genèvealigne durant la belle saison sur les quais de la rivedroite entre la jetée des Pâquis et le parc MonRepos, qui déparent le quai Wilson et cachent lepanorama. S’ils ne sont pas à proprement parler illé-gaux, ils sont en revanche profondément attentatoiresà la qualité exceptionnelle du rivage. Suggérant dené gocier l’abandon de cette pratique pour préserverles quais et la Rade, la SCNS a soutenu la demanded’un plan directeur des rives urbaines du lac com-prenant l’usage des quais.

La décision d’autoriser la fermeture des esta-cades portuaires sur le lac à Genève et dans d’autrescommunes riveraines (Versoix et Anières) pour assu-rer la sécurité des bateaux de plaisance n’a pas étébien accueillie par la CMNS qui en avait préavisé défa-vorablement le projet en 2007101. Ne s’acheminait-onpas vers une privatisation déguisée de l’espace public?Ces portails barrant les pontons ont effectivement unimpact désagréable dans le site lacustre et posent laquestion de l’intérêt public prépondérant, seul motifde dérogation possible à de telles constructions dansle plan de site de la Rade et le périmètre protégédes rives du lac. Pour la SCNS, ils ne constituent pasune réponse adéquate aux déprédations commisessur les bateaux, qui restent accessibles par l’eau peuprofonde ou par contournement des obstacles.

La sécurisation des falaises du RhôneLa SCNS a suivi les arrachages et les déboisementsréalisés sur les hauteurs des rives du Rhône en avalde la Jonction. Elle n’a pas manqué de soulignerleur impact impressionnant sur le paysage urbain.Pour les falaises de Saint-Jean, elle s’est inquiétée de l’aspect du nouveau dispositif de sécurisation misen place, comprenant barrières, treillis, poteaux dechêne tous les 10 mètres, que la végétation recou-vrira à terme. Au vu des impératifs de sécurité, la

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coloré! La SCNS a proposé que soit entreprise unecampagne cantonale de mise en conformité.

La SCNS s’oppose généralement à l’intrusiond’installations inappropriées dans les sites protégésou cherche au moins à en réduire l’impact. Ainsi, auSignal de Bernex, elle a préconisé la minimalisationd’une table d’orientation dans ce site classé, défigurépar des aménagements subreptices (goudronnagedes chemins, prolifération des panneaux indicateurs,poubelles, barrières, haies, bordures en pavés debéton). Son préavis n’a cependant pas été suivi parle DCTI et le projet a été exécuté tel que déposé. Lademande de la CMNS de mise en ordre du site n’estquant à elle pas restée sans suite et les lieux ont re -trouvé une certaine cohérence. A Genthod, route deMalagny 22, dans le périmètre de protection des rivesdu lac, la SCNS a demandé un plan détaillé et un pland’aménagement paysager pour les radiers de fonda-tion des halles d’exposition projetées par Watchland.A Satigny, chemin de l’Ardère 25, elle a préavisé défa-vorablement la construction d’une porcherie dans unpérimètre figurant à l’Inventaire fédéral des paysages,sites et monuments naturels d’importance nationale.

Les quais et les portsLes quais du bord du lac sont devenus une préoc cu -pation permanente de la SCNS. On trouve évidemmentl’écho de cette inquiétude au chapitre des dossiers

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SCNS a admis les dérogations nécessaires pour laréalisation de ces ouvrages, sous réserve que luisoient fournis des détails d’exécution et des échan-tillons des barrières proposées. Le projet ayant étéréalisé dans l’urgence, la SCNS n’a malheureusementpas pu suivre les travaux.

La SCNS a demandé que la réfection par la Villede Genève de la passerelle de la promenade duBois-de-la-Bâtie soit l’occasion d’imaginer un projetplus élégant que l’ouvrage actuel. Une étude et desprototypes de barrières ont été réalisés pour l’en-semble de ce grand parc public avec des variantesde mise en œuvre. Pour minimiser l’impact dans lesite, la SCNS s’est prononcée en faveur du modèle le plus léger, modulable en fonction des objectifs de sécurité, sur la passerelle, aux abords des falaisesou le long des chemins pédestres.

100 Voir p. 26-28.101 Voir p. 81.

Le quai Wilson, admirable en hiver, s’anime chaque été de laids panneauxd’exposition dégradant les vues.Photos Cecilia Maurice de Silva.

Grille fermant une estacade sur le quaiGustave-Ador. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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«études d’aménagement» de la CMNS, appuyée surun reportage photographique éloquent, mettait enévidence la nécessité de reformuler l’article 7 de laloi, en remplaçant la limitation des hauteurs expri-mée en termes de niveaux – deux niveaux avec toi-ture plate ou un niveau avec toiture habitable – parla limi tation du gabarit maximal des faîtes à 9 m –soit deux niveaux de 4 m posés sur un socle de 1 m.Elle mettait également en question l’orientationobligée des faîtes parallèlement au lac, en constatantque celle-ci n’était pas forcément un bon facteur d’in -tégration104. Ces conclusions ont été approuvées en2006 par la CMNS et transmises au DCTI en vue d’unemodification de la loi. Le débat a mis en évidence lafaiblesse des dossiers de demande d’auto risation deconstruire dans le périmètre et une anomalie, pourne pas dire un vice de fonctionnement. Difficile dansces conditions de mener une politique de sauvegarded’ensemble, prenant en compte l’histoire, l’environ-nement, la topographie, les qualités paysagères, lebâti existant, les matériaux, les couleurs, les vues, lesterrassements, les murs, l’impact de la végétation, leshaies, la voirie, etc., bref tout ce qui est précisémentvisé par le concept de périmètre de protection.

Mais ces propositions sont restées dans les tiroirs ;c’est même un des grands échecs de la législature.Mais, avec l’accélération des demandes de construc-tion, le problème récurrent de demandes de déroga-tion pour le nombre d’étages, en parti culier quand leterrain présente une forte déclivité, et l’occupationaccrue des sous-sols, il est urgent de les en ressortir.Le bilan après presque vingt ans d’appli cation de laloi est en effet alarmant. Certaines réalisations sur lecoteau de Cologny ont bénéficié de dérogations im -portantes et quelques-unes sont franchement détes-tables. Le sort calamiteux de l’ancien domaine deRuth (Notre-Dame-du-Lac, XVIIIe-XIXe siècle)105 illustre

Le coteau de Cologny: un site sacrifiéDepuis 2006, dans le périmètre protégé des rives dulac, la SCNS n’est plus saisie que des projets exigeantune dérogation à la loi102. Or, le grignotage du coteaude Cologny va bon train et il arrive même que desbouchées doubles laissent durablement des plaiesbéantes sur son flanc. La SCNS consacre une grandepartie de son temps à ces dossiers de villas à construireen dérogation, à Cologny, accessoirement à Collonge-Bellerive, Anières et Hermance, soit sur la rive gaucheprivilégiée du lac, tenue à l’abri des nuisances du che-min de fer et des avions. Les projets soumis comportentun nombre important de parkings souterrains, piscineset pool-houses, avec re mo delages topographiques,terrassements, levées de terre, murs de soutènement…

Les dossiers de requête en autorisation deconstruire sont souvent vagues, voire carrémentincorrects sur le calcul de la densité, l’indication desniveaux du terrain naturel et celle de l’occupationdes sous-sols qui figurent pourtant parmi les élé-ments majeurs de l’intégration d’un volume dans lesite. A ce sujet, la SCNS a reçu du Service de l’ins pec -tion de la construction les clarifications suivantes :• En 5e zone, la surface de sous-sol ne peut excéder

20% de la surface de la parcelle, néanmoins ledépartement peut admettre une surface de sous-sol non comprise dans le calcul du rapport de sur-faces si la construction de garages au sous-solpermet de renoncer à l’édification de garages ensurface (art. 59 de la LCI). Ce calcul est systémati-quement vérifié par l’OAC.

• En règle générale, les locaux en sous-sol, pour au tantqu’ils soient chauffés et éclairés, sont considéréscomme habitables, mais c’est la défi nition du localtelle qu’indiquée par l’architecte sur les plans d’au -torisation qui permet de l’affirmer. Ces intitulés sontsystématiquement vérifiés par l’OAC lors de la de -mande d’autorisation de construire, mais ils ne sontpas remis en cause ni contrôlés après construction.

Dans son Rapport de législature 2002-2006103, laCMNS avait rendu compte de la réflexion engagéesur les règles d’intervention induites dans ce secteurpar la loi sur la protection générale des rives du lacdu 4 décembre 1992. L’étude menée par le groupe

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102 Loi sur la protection générale des rives du lac, art. 13: «Si lescirconstances le justifient et que cette mesure ne porte pas atteinteau but général poursuivi par la présente loi, le département peutdéroger aux articles 6 à 11 de la présente loi après consultation dela commune, de la commission des monuments, de la nature et dessites, le cas échéant de la direction générale de la nature et du pay-sage et de la commission consultative de la diversité biologique.»

103 Voir p. 55-56.104 «Réflexions sur la loi de protection des rives du lac», CMNS,

sept. 2006.105 Voir p. 48 et 106.

Coteau de Cologny: villa en construction, chemin de Ruth 28, et projet de villa abandonné (le «trou»), chemin de Bellefontaine 28.Photos Cecilia Maurice de Silva (haut), Patrice Reynaud (bas).

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favoriser la migration des poissons et garantir la stabi-lité de la rive droite opposée à l’usine et, en particulier,des talus. L’ob jectif des défenseurs du patrimoinein dustriel : maintenir et restaurer le barrage, la prised’eau du canal des Usiniers, les vannes existantes. Dif -férents projets ayant été soumis en consultation, lavariante prévoyant le maintien du barrage et de laprise d’eau a finalement été retenue, car elle avaitaussi l’avantage pour les ingénieurs de garantir lastabilité des rives en aval. Dans ses préavis, la SCNSs’est montrée soucieuse d’éviter une renaturation tropartificielle (enrochements bétonnés), de trouver dessolutions de refuge et de déplacement aisés pour lafaune, ainsi que des moyens de peuplement piscicole.L’opération a pu s’appuyer sur l’excellent recen se mentdu patrimoine hydraulique de la Versoix menée parle SMS111, qui ne souligne pas seulement les caracté-ristiques exceptionnelles du patrimoine du passé, maisaussi le potentiel énergétique précieux de la rivièredans l’avenir. Malheureusement, en phase de réalisa-tion, cette belle unanimité a capoté: l’intervention amassacré ce qui restait du patrimoine industriel,notamment le canal des Usiniers à la hauteur de lacentrale hydroélectrique de la papeterie. A son em -bouchure dans le lac, au lieu-dit la Bécassine112, larenaturation de la Versoix impliquait au contraire la disparition d’installations passées (murs, terrasse etport de l’Institut F.-A. Forel de l’Université de Genève)au profit de la reconstitution d’un delta plus naturel,facilitant la migration des poissons, tout en conservantles accès publics au lac et les espaces de baignade.En 2008, la SCNS a accepté le projet de renaturationet d’aménagement du parc public en demandant queles travaux soient suivis par le SMS notamment pourla restauration et la mise en valeur du mur de l’an-cienne propriété Bartholoni voisine. La réhabilitationde l’ancien potager, l’aménagement de places deparking et l’implantation de sanitaires sont toujoursà l’étude et sont suivis par le SMS.

Mais c’est de loin la Seymaz qui a retenu le plusl’attention de la SCNS. Pour l’étape no 3 de la renatu-

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les difficultés d’une protection efficace. Il faut impé-rativement une législation plus claire qui propose,pour le périmètre de protection des rives du lac106 :• un gabarit maximal à 10 m107 à partir du terrain

naturel sans distinction de traitement architectural(toiture plate ou toiture à pans),

• pour chaque projet, un plan des aménagementsextérieurs prenant en compte le voisinage im -médiat, en particulier la couture avec les terrainsadjacents (reportage photographique de la par-celle et de son proche environnement),

• le préavis de la CMNS sur les couleurs des nouveauxbâtiments,

• un règlement d’application pour les créations deterrasses et de murs de soutènement,

• la suppression de la notion de faîtages parallèlesau lac qui génère, en l’état, un paysage des plusennuyeux,

• la clarification de la notion de taux d’occupationqui entre dans le calcul du rapport de surface limité,sans dérogation possible, à 0,2108,

• une implantation des maisons en fonction du terrainnaturel (il arrive qu’on propose des projets de mai-sons pour terrain plat à implanter dans la pente!),

• la pose de gabarits avant l’octroi d’autorisation.

La renaturation des coursd’eau et des zones humidesLa renaturation de cours d’eau et de rivages, de plansd’eau et de zones humides, ainsi que la remise à cielouvert partielle de nants se poursuivent avec succès.

On doit ces résultats très satisfaisants à unepolitique au long cours, à l’unanimité des autoritéscantonales et communales (tous les plans directeurscommunaux de la législature comportent un volet «re -naturation des cours d’eau»), à des moyens financiersimportants (plus de 45 millions de francs investis à cejour), à la faveur de la CMNS, au savoir-faire acquisdans ce domaine par les services publics et les entre-prises privées, à la complicité des associations desauvegarde (Pro Natura et WWF), à l’engagement desagriculteurs et, enfin, à la coopération avec la France oùtous les cours d’eau principaux du canton, à l’excep tionde la Seymaz et du Rhône, prennent leur source.Depuis la signature en 1997 du Protocole d’accord

transfrontalier pour la revitalisation des rivières franco-genevoises, les contrats de rivières109 couvrent au jour -d’hui les principaux cours d’eau genevois. Ils com -prennent assainissement, lutte contre les crues, gestiondes ressources, revitalisation des cours d’eau, maisaussi remise en valeur paysagère, préoccupation pourla faune et la végétation, accès et promenades. En2007, la SCNS a préavisé favorablement la nouvellecarte des surfaces in construc tibles dans le canton deGenève en rapport avec la loi sur les eaux110.

Le conservateur cantonal de la nature et dupaysage est devenu en 2007 membre de droit de laCMNS, au même titre que la conservatrice cantonaledes monuments et l’archéologue cantonal. La colla-boration plus étroite établie avec les services del’Etat, dont la Direction générale de la nature et dupaysage et celle de l’eau (en particulier le Service derenaturation des cours d’eau), a permis de nourrirfructueusement les avis de la SCNS sur les questionsliées à l’eau, mais aussi sur celles liées aux forêts. Ceséchanges sont importants et permettent de mieuxcomprendre les intérêts parfois antagonistes entreconservation du patrimoine bâti et naturel et detrouver des conciliations.

En 2005, le groupe «études d’aménagement»avait estimé que les projets de renaturation de laVersoix, d’importance cantonale, voire nationale, de -vaient être privilégiés. La renaturation de la Versoix àla prise d’eau du canal de la Papeterie de Versoix està cet égard intéressante, parce qu’elle met aux prisesl’usine utilisatrice de l’eau, la défense du patrimoinehydraulique de la Versoix, la protection des eaux, despoissons, du paysage et du patrimoine bâti. L’objectifdes ingénieurs : limiter les crues et les débordementsdans le bourg, augmenter la dynamique alluviale enamont du barrage, créer un nouveau lit en aval pour

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106 En 2011, le projet de modification de la loi était prêt à êtresoumis à M. Mark Muller.

107 Hauteur moyenne entre les façades aval et amont.108 Loi sur la protection générale des rives du lac, art. 3.109 Il s’agit d’une procédure d’origine française impliquant des

accords techniques et financiers. Les contrats de rivières portent surl’ensemble d’un bassin versant d’une ou plusieurs rivières ; ils sontpassés entre les collectivités locales concernées (maîtres d’ouvrage)et leurs partenaires: l’Etat, la Région, le Département, l’Agence del’eau (organisme public dépendant de l’Etat) ainsi que les usagers(industriels, agriculteurs, fédérations de pêche, associations écolo-giques, etc.)

110 Remplaçant celle de 1975.

111 Ce recensement a fait l’objet d’une publication : BénédictFrommel, La Versoix patrimoine hydraulique, SMS, DAEL, 2005.

112 La Bécassine (selon Lacroix) ou Bécassière (selon Barde), du nom de la maison que Charles Bartholoni, bâtisseur de la villa deSans-Souci au bord du lac, sur la rive droite de la Versoix, fit bâtiren 1883 pour loger la gouvernante et le précepteur de la maison.

Travaux de renaturation de la Versoix jusqu’à son embouchure dans le lac et réaménagement de la plage de la Bécassine.Photos DIM/Service de renaturation (a, b), Cecilia Maurice de Silva (c, d).

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corps), installation d’un système de répulsion despoissons à la sortie du canal de fuite de Vessy, etc. LaSCNS a soutenu ce projet de réhabilitation du site,de transformation du barrage et d’aménagementspiscicoles. Elle s’est préoccupée de la matérialité desfaçades des nouvelles constructions et a souhaité latransparence de la façade de la maison Rœsgen à re -construire et son intégration dans le site «comme unesorte de signal». Le conservateur cantonal a suivi cechantier complexe, mené en plusieurs étapes.

ration de la Haute-Seymaz, en aval de la plaine deSionnet, sur les communes de Choulex et de Puplinge,entre les ponts de Chevrier et de Bochet, la SCNS ademandé que les travaux d’extension de la prison deChamp-Dollon soient coordonnés avec ceux de la re na -turation de la rivière et du chemin pédestre qui la longe.Suite aux oppositions des propriétaires riverains, leprojet tel que soumis en de mande d’autorisation dé -finitive a été abandonné. Pour assurer la continuitédu programme, un nouveau projet doit être étudié.

Le site de l’ancienne usine de pompage de Vessysur l’Arve est un autre exemple réussi de réhabilitationsur la base d’une collaboration entre des forces initia-lement contraires: réhabilitation et changement d’af -fectation du barrage et des bâtiments, création d’uncomplexe muséographique relevant du patrimoineindustriel, remplacement de deux bâtiments annexes,sécurisation pour l’accès au public (parking, garde-

La Seymaz à Sionnet, avant et après les travaux de renaturation. Photos DIM/Service de renaturation.

Le nant de Couchefatte, chemin du Moulin-Roget à Avully, avant et après les travaux de renaturation. Photos DIM/Service de renaturation.

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Sous-commission nature et sites (SCNS)

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3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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• remise à ciel ouvert du bief du Petit-Céard àVersoix,

• création d’une nouvelle passe à poissons à la centrale hydroélectrique de la Vieille-Bâtie sur laVersoix,

• entretien de la réserve naturelle de la Pointe-à-la-Bise à Collonge-Bellerive,

• nouvelle estacade pour les Mouettes à la Perle-du-Lac,

• comblement du lac aux Eaux-Vives pour un parc-plage (PPEV) et agrandissement des ports du Port-Noir et de la Société nautique de Genève,

• construction du pont Hans-Wilsdorf sur l’Arve, à laplace de la passerelle de l’Ecole-de-Médecine,

• création d’un bassin de baignade à Port-Gitana, àBellevue, considéré comme un envahissement duplan d’eau – on rêve quand on pense au PPEV (laSCNS a finalement admis exceptionnellement unedérogation pour ce projet en recommandant qu’ilne serve pas d’exemple pour d’autres interventionsriveraines),

• aménagement d’un étang (biotope) au Centre deLullier à Jussy,

• aménagement de la réserve naturelle de Mategnin-les Fontaines à Meyrin,

• création de plusieurs biotopes dans les bois de Jussy.

Cours d’eau traités pendant la législature Renaturations :• la Laire et le bief du Moulin de la Grave, • la Drize à Grange-Collomb et le nant de la Bisto -

quette,• la Versoix, le barrage des Usiniers, son embouchure

et ses affluents,• l’Aire, 2e étape, la sécurisation de Lully,• l’Hermance, l’embouchure et le tronçon de 725 m

entre le Pont-Neuf et le Pont-des-Golettes, • la Seymaz, tronçon entre les ponts de Chevrier et de

Bochet et le tronçon urbain à travers Chêne-Bourg,• le nant de Cartigny, • le nant d’Arnais à Satigny,• le nant de Pré-Gentil à Satigny,• le nant du Petit-Saint-Loup et ses milieux humides

à Versoix. Autres interventions :• remise à ciel ouvert du nant de Couchefatte à Avully,• construction d’un bassin de rétention du ruisseau

Le Marquet à Collex-Bossy, • aménagement d’un biotope à Dardagny, aux abords

du nant des Charmilles, • aménagement du ruisseau des Eaux-Froides,

l’Allondon au pont de Russin,• aménagement de l’étang Blanchet, Teppes du

Biolay à Russin,Le nant de Cartigny, avant et après les travaux de renaturation. Photos DIM/Service de renaturation.

Le nouveau pont Hans-Wilsdorf sur l’Arve coupe le quai Ernest-Ansermet au carrefour de la rue de l’Ecole-de-Médecine. Photo Cecilia Maurice de Silva.

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Groupe «études d’aménagement»

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Adoption de plans de site

La CMNS a demandé, encouragé et suivi l’adoptionde plusieurs nouveaux plans de site113. L’outil duplan de site a été inscrit en 1976 dans la LPMNS pourassurer une protection à un ensemble de bâtiments,à leurs abords, à leur assise territoriale. Le premierplan de site adopté en 1978 fut celui de la Rade,objet, aujourd’hui, de nombreuses attaques. Ontsuivi les plans de site d’Hermance et de Dardagny,ajoutant une protection supplémentaire à celle dela zone 4 B protégée, puis les plans de site deCoutance-Grenus, du rond-point de Plainpalais, etc.Sur les 11 plans de site à l’étude au cours de la législature écoulée, 8 ont été adoptés dont 3 sonten force après avoir fait l’objet de recours. Il s’agit des sites suivants :• hameau de Chevrens, Anières (avec modification

de zone),• squares de Montchoisy, Genève (1927-1954, recours

rejeté),• Grange-Canal, Chêne-Bougeries (XVIIIe-début XXe

siècle, recours rejeté),• ancien domaine de Ruth (Notre-Dame-du-Lac),

Cologny,• Le Lignon, Vernier (1964-1967),• cité-jardin du Mervelet, Genève (1921-1925),• cité-jardin du Bouchet, Genève (1933-1934),• hameau de la Petite-Grave, Cartigny (avec modifi-

cation de zone, recours rejeté).La CMNS a en outre préavisé favorablement les

plans de site de Budé (1958-1964), de Meyrin-Parc(1960-1964), de la cité-jardin d’Aïre-La Concorde(1920-1923), du hameau de Vessy, ainsi que de l’en-semble résidentiel, avenue Blanc/rue des Garages /rue de Lausanne (1927-1929)114, tous encore en coursd’instruction. Les conditions d’adoption d’un plande site peuvent être plus ou moins favorables.

L’ancien domaine de Ruth à Cologny (XVIIIe-XIXe siècle) est l’un des domaines les plus anciens et,jusqu’à récemment – et en dépit de la perte d’unegrande partie de ses terres agricoles – les mieux pro-tégés de la région. Il est compris dans le périmètrede protection générale des rives du lac. Bien que lesbâtiments aient subi quelques transformations audébut du XXe siècle, ils ont gardé une substance archi-

tecturale remarquable. Pour répondre au projet d’unpromoteur d’achat de la parcelle et de lotissementde sa partie non bâtie, la commune de Cologny ainitié l’étude d’un plan de site, comme le prévoit lerèglement du périmètre de protection. Son but: favo-riser une opération immobilière, tout en maintenantla présence de l’Institut international Notre-Dame-du-Lac, locataire des bâtiments. Les négociations ontété serrées. La CMNS s’est considérablement inquié-tée de l’impact des nouvelles constructions avec parkings souterrains et terrasses, accès véhicules,murs, haies et barrières qui risquaient de détruire laperception de l’ancien espace domanial et ses déga -gements sur le lac et la Rade. Elle a préconisé le classement des bâtiments115 et la définition, dans leplan de site, d’une assiette suffisante à l’arrière de lamaison de maître jusqu’à mi-coteau. Aujourd’hui,même si les bâtiments ont été classés, le plan de siteadopté ne répond, hélas, pas à ces demandes etl’environnement des bâtiments classés est dévasté.

A l’inverse, le plan de site des squares deMontchoisy, intervenu après qu’un refus conserva-toire eut été opposé à une demande de suréléva-tion, remplit totalement son objectif. Rappelons quecette opération d’urbanisation de l’ancien domainede Montchoisy à partir de 1927 a eu lieu dans lecadre de l’«appel pour la Grande Genève» sous l’im -pulsion de Camille Martin et du promoteur H.-LouisWakker. Pour les quatre squares ouverts largementarborisés, prenant en compte le stationnement desvéhicules auto mobiles dans des garages souterrains,il y avait ur gence: les demandes d’intervention semultipliaient – surélévation avec atteinte à la cohé-rence de l’ensemble des gabarits et modificationinadaptée de l’expression du couronnement des im -meubles, fermeture des balcons au profit de véran-das, mise aux normes énergétiques des fenêtres,réfection des façades. Le plan de site a créé lesconditions d’un respect à long terme de l’architec-ture de l’ensemble, avec une information aux pro-priétaires indiquant les procédures à suivre en cas

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Groupe «études d’aménagement»

113 Pour les interventions dans les périmètres des plans de siteexistant, voir p. 70-72, 78-83.

114 Voir p. 61.115 Classement obtenu par la Société d’art public (Patrimoine

suisse Genève) en échange de son acceptation du plan de site (unmarché de dupes!).

Plan des Town Houses du domaine Notre-Dame du Lac.Imodeco SA

Promotion d’une huitième villa coupant la vue du lac à laterrasse de la maison de maître. Equinoxe Investments SA

L’ancien domaine de Ruth à Cologny est dévasté par le chantier de sept villas de luxe en ordre serré. Photos Cecilia Maurice de Silva.

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Groupe «études d’aménagement»

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Plans directeurs communaux et plans directeurs des chemins pour piétons

Plusieurs plans directeurs communaux ont fait l’ob-jet de présentations détaillées aux séances plénièresde la CMNS de la part des représentants des autori-tés municipales et de leurs mandataires. Ces présen-tations, souvent longues, ont occupé entre un tierset la moitié du temps des séances plénières. Il s’agitde ceux d’Aire-la-Ville, Avully, Bardonnex, Bernex,Carouge, Chancy, Chêne-Bourg, Collex-Bossy, Cologny,Corsier, Genève, Hermance, Jussy, Laconnex, Lancy,Meyrin, Plan-les-Ouates, Pregny-Chambésy, Presinge,Puplinge, Satigny, Thônex, Vernier et Veyrier.

Les discussions, relativement brèves, ont nourriles réflexions plus substantielles du groupe «étudesd’aménagement», dont les rapports ont été entéri-nés par la plénière. Les commissaires ont notammentrelevé les problèmes suivants :

Nécessité de travailler dans une dimensionintercommunale

L’exercice du plan directeur communal, exigépar la loi cantonale sur l’aménagement du terri-toire, s’il fonctionne assez bien dans les communesrurales vivant dans un relatif isolement, au milieude paysages agricoles, ne se conçoit pour les autres,plus proches de la ville ou carrément parties de l’ag-glomération urbaine, qu’en relation avec les com-munes voisines. C’est en particulier le cas de Vernier,Lancy, Meyrin ou Thônex, confrontés, hors de leurnoyau villageois primitif, au continuum souventdésordonné de leur tissu urbain avec celui de leursvoisins, à la hiérarchie du réseau routier régional, autrafic de transit, etc. Or, ces plans directeurs sont trai-tés chacun pour lui-même, la plupart du temps sanscoordination avec les communes voisines concernées.

Nécessité de prendre en compte le Projet d’agglomération

Cette coordination s’imposerait pourtant d’au-tant plus qu’existe le Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, qui vient de remporter le 8e Grandprix européen de l’urbanisme 2010. Celui-ci concerne

204 communes, 770 000 habitants et 50 000 travail-leurs transfrontaliers. Il associe les partenaires trans-frontaliers dans une charte d’engagement, signéeen 2007, pour plus de solidarité, de cohésion etd’équité dans la planification des développementsfuturs, qu’il s’agisse d’urbanisation, de mobilité, delogement, d’économie, de formation, d’environne-ment, d’agriculture, de santé, de social et de culture.Or, la plupart des plans directeurs analysés par laCMNS n’en tiennent tout simplement pas compte,même dans le cas de communes frontalières.

Difficulté des projets d’extensionLes communes suburbaines devraient piloter de

réels projets de ville, plutôt que de poursuivre desdéveloppements additionnels dans les différentsquartiers. Mais, hélas, les communes ne peuventagir que sur les secteurs dont elles ont la maîtrise.Comme le démontrent les cas de Vernier ou deMeyrin, il n’existe la plupart du temps plus de grandsterrains disponibles et les marges de manœuvresont aujourd’hui trop faibles pour réaliser des pro-jets d’envergure.

Résistance des communesEt quand ces terrains disponibles existent, il

arrive que les communes refusent de les prendre enconsidération. C’est ainsi que dans son plan direc-teur, la commune de Puplinge refuse d’entrer enmatière sur l’aménagement voisin du secteur descommunaux d’Ambilly (PAC-MICA), dont l’image està ses yeux « inacceptable» à l’exception du couloirvert prévu. La CMNS estime que Puplinge devraitintégrer les enjeux transfrontaliers du PAC-MICA,dont le développement pourrait se poursuivre surPuplinge dans les secteurs de Mon Idée et desGrands-Prés.

Nécessité de prendre sérieusement en comptele patrimoine architectural et urbain

Les rapports existant entre protection du patri-moine et développement sont diversement posés.Le plan directeur de Lancy n’a pas de place pourl’analyse des tissus anciens et aucune démarche demesure de protection n’y est abordée («L’aspect pittoresque du bâti ancien n’a pas été retenu commeune donnée essentielle»). Le patrimoine bâti devrait

3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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Plans de site adoptés : la cité du Lignon (Vernier), la cité-jardin du Bouchet (Genève-Petit-Saconnex), les squares de Montchoisy (Genève-Eaux-Vives) et Grange-Canal (Chêne-Bougeries).Photos SMS (a), Google Maps (b, c, d).

de travaux d’entretien courant (peintures dans lescages d’escalier, interventions sur les fenêtres, lesbalcons, etc.)

Un petit nombre de cas, toujours à l’étude, sesont prêtés à une valse hésitation.

La protection, très attendue, du domaine de LaMalvande (XVIIIe siècle) à Pregny-Chambésy piétine.Les promoteurs d’un grand projet hôtelier, adminis-tratif et résidentiel sur cette parcelle malmenée parson étranglement entre la voie ferrée et la bretellede l’autoroute du Vengeron ont demandé unemodification du périmètre de protection généraledes rives du lac pour en exclure complètement ledomaine. La CMNS, relevant la position incongruede la limite de ce périmètre qui passe entre la mai-son de maître et ses dépendances, et convaincue del’opportunité d’un projet hôtelier dans cette zone, a accepté le principe de cette modification à condi-tion de sauvegarder, par l’élaboration d’un plan desite, l’ensemble des bâtiments anciens inscrits à l’in-ventaire et de maîtriser leurs abords, soit cour, salled’arbres, esplanade, murs, plantations et vues, ainsique de contrôler les nouvelles implantations. Enoutre, la zone de fond étant la 5e zone villas, il fal-lait en changer pour disposer de plus de liberté dansl’aménagement de la parcelle. Ce plan de site devaitconstituer un préalable à la présentation au GrandConseil du projet de loi créant une zone 4 B destinéeà un établissement hôtelier, à des activités admi -nistratives et à l’habitat et modifiant le périmètre de protection générale des rives du lac autour dudomaine de La Malvande.

Quant à la mise sous protection de l’ensembleindustriel de la SIP (dès 1860) à Plainpalais, les pro-priétaires ont préféré, à l’hypothèse d’un plan desite, l’inscription à l’inventaire d’une partie des bâti-ments désormais en cours.

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Groupe «études d’aménagement»

111

pourtant être pris en compte dans la planificationdu territoire, aussi impérativement que les coursd’eau, les jardins et autres biotopes. Les documentssoumis par Puplinge, Collex-Bossy, Chancy et mêmeGenève présentent les mêmes lacunes, se dispensentde la lecture de la morphologie des tissus anciens etnégligent la question du patrimoine. Les plansdirecteurs devraient intégrer un plan de conserva-tion du bâti ancien et de ses qualités architecturales,une analyse et une mise en valeur des objets sin -guliers, des bâtiments publics, des commerces, dessites culturels, du tissu bâti et des espaces (rues etchemins, places, cours, jardins, vergers, espaces detransition, murs, seuils). Ces éléments devraient per-mettre de définir des principes de développementavec des projets plus ambitieux que de combler lesvides et de densifier les zones villas. Exemple: àCollex-Bossy, qui se considère comme rurale, maisest en réalité une poche dans un secteur frontalieren pleine urbanisation, les promoteurs cherchent àdensifier la zone à bâtir sans prendre en compteaucun objectif de protection. La pertinence des exi-gences de la zone 4 B protégée est ainsi mise en crisedans tous les villages ayant subi un fort développe-ment et dont les éléments anciens sont minimisés.

Pour la préparation de leurs plans directeurs, laplupart des communes associent à leurs mandataires,architectes et urbanistes, des bureaux d’étude de lamobilité et du trafic, ainsi que de l’environnementnaturel. Il en résulte une lecture très attentive de cesdomaines dans les documents. Pour le patrimoinebâti, les plans directeurs s’appuient presque exclusi-vement sur les données du recensement architectu-ral du canton, souvent vieilles de vingt à trente ans,sans tenir compte des inventaires et des travaux plusrécents. Il en résulte une lecture indigente du patri-moine. Le sentiment de la CMNS à cet égard est quesa réflexion et sa délibération arrivent trop tard,quand l’étude est bouclée et que la consultation n’aque peu de prise sur l’issue finale.

Pour corriger ce défaut, la CMNS préconised’inscrire désormais dans le cahier des charges desplans directeurs l’obligation de recourir aux servicesde spécialistes de l’histoire de l’architecture et duterritoire aptes à faire le point sur les questions dupatrimoine bâti.

Bonne prise en compte de la protection de l’environnement

Par contraste, tout ce qui touche à l’environne-ment naturel est la plupart du temps remarquable-ment traité dans les plans directeurs et suscite lacomplète adhésion de la CMNS, tant du point devue de l’analyse que des propositions, voire desactions en cours (eaux, nature et paysage, sols etagriculture). Le développement durable est désor-mais inscrit dans les esprits, il reste à y faire entrercomme un bien culturel et un gage de qualité de viele patrimoine bâti.

Plans directeurs de quartier (PDQ)Lancy-Les Semailles

C’est le deuxième plan directeur des Semaillessoumis à la CMNS, le premier s’étant heurté au refusdu Conseil municipal de Lancy. L’urbanisation duplateau qui s’étend à l’ouest du village du Grand-Lancy, commencée dans la deuxième moitié du XIXe

siècle, a fait apparaître un lotissement de villas individuelles ou locatives au carrefour chemin desSemailles /chemin des Rambossons, dont certainesont retenu l’attention de la CMNS (en particulier che-min des Semailles 17 et 20). La commission a jugénécessaire de reconsidérer les valeurs attribuées àces maisons dans le recensement architectural dusecteur des Semailles et a recommandé d’intégrerces villas dans le projet de rond-point prévu dans lePDQ sur ce carrefour afin qu’elles servent de repèrehistorique. Elle a mis en garde contre l’insuffisancefuture du réseau de transit et de desserte dans cesecteur à densifier, en particulier depuis que l’ave-nue des Communes-Réunies a été largement dévo-lue au tramway.

CEVA – Plan de quartier Gare des Eaux-Vives,Master plan de la gare de Chêne-Bourg

Dans le cadre du projet de liaison ferroviaireCEVA, deux projets d’aménagement particuliers ontété soumis à l’appréciation de la CMNS: celui de lagare des Eaux-Vives et celui de la gare de Chêne-Bourg. Le CMNS a souhaité que les gares souter-raines de Jean Nouvel intègrent la création de

3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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Nouvelle attention accordée aux plans de cheminement des piétons et aux chemins de randonnée pédestre : chemin des Secrets àCologny inauguré en 2007; quai de Corsier (commune de Collonge-Bellerive) où les haies bouchent la vue du lac pour assurer l’intimitédes propriétaires des embarcadères. Photos Cecilia Maurice de Silva.

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Groupe «études d’aménagement»

113

Plans localisés de quartier(PLQ)

La CMNS s’est prononcée sans réserve en faveurdu PLQ des Vergers à Meyrin.

Mais elle a émis deux préavis contradictoires dansle cas du PLQ du Pré-Collomb à Versoix prévoyant ladémolition de plusieurs bâtiments de l’alignementde l’ancien bourg de Versoix-la-Ville sur la route deSuisse 119-133. Une étude historique et un rapportde l’historienne des monuments, fondés sur la valeurindividuelle de ces bâtiments, fortement remaniésau cours du temps, ont conclu à la possibilité de leurdémolition. Une visite sur place et un rapport de laSCA ont conduit à un avis inverse en montrant com-ment ces maisons, dont plusieurs figurent déjà sur lepremier plan de 1774 de la ville neuve conçue parChoiseul, avaient été intégrées dans le projet dontelles demeuraient des témoins indispensables. L’avisde la SCA était de les préserver dans le cadre d’unprojet de remise en valeur de l’axe routier traver-sant Versoix, tenu comme d’importance nationalepar l’Inventaire fédéral des voies de communicationhistoriques de la Suisse (IVS). Le plan directeur deVersoix de 2007 précise par ailleurs l’importance duplan Choiseul avec son système viaire, son rondeau,son port et ses vestiges plus ponctuels, notammentcertains bâtiments, et indique: «Bien que le déve-loppement ultérieur de l’urbanisation ait passable-ment brouillé la composition générale, ces traceshistoriques n’en constituent pas moins un magni-fique héritage culturel […] il existe un potentielimportant de mise en valeur des éléments les plussignificatifs du plan d’origine.» La commune s’est,pour sa part, opposée à ces démolitions.

Développement du périmètre PAVEn ce qui concerne le développement du périmètrePraille-Acacias Vernets (PAV), la CMNS a pris acte del’inventaire des bâtiments mené par le SMS sans seprononcer. Elle a salué le projet d’étendre la ville surcette portion du territoire favorisée par sa largeouverture, soulignant la nécessité de respecter le

3. L’ORDINAIRE DES SOUS-COMMISSIONS

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paysage de la moraine de Lancy par rapport audéveloppement intensif de tours, particulièrementdu projet SOVALP, et a rappelé l’attention à porter àla présence de la Drize et de l’Aire canalisées et dusite palafitte préhistorique de la plaine de la Drize.Elle a enfin désigné un délégué dans l’organe deconsultation associé au suivi du projet116.

Versoix-la-Ville, groupes de maisons du XVIIIe siècle, vestiges du plan Choiseul, route de Suisse entre 119 et 133, menacés parles immeubles-barres du PLQ du Pré-Colomb. En face (à droitesur la photo du haut), les maisons contemporaines 128-150 sont inscrites dans le périmètre protégé des rives du lac. Photos Cecilia Maurice de Silva.

«fenêtres sur la ville», notamment par une trans -parence des équipements et une descente de lalumière naturelle dans les gares enterrées, et queles esplanades des gares deviennent des espacespublics de grande qualité, d’où sa demande d’assu-rer la conservation des vieux bâtiments des voya-geurs de 1888. Elle a sévèrement critiqué le projetde plan de quartier Gare des Eaux-Vives pour sonmanque d’ampleur, la médiocrité de la solution dutunnel d’accès aux trains à partir de la route deChêne, le triste alignement de barres d’immeublessur l’avenue de la Gare-des-Eaux-Vives, des émer-gences trop marquées, la boucle de rebroussementdu tram disqualifiant l’espace urbain… Le Masterplan de la gare de Chêne-Bourg a reçu un accueilplus favorable, la CMNS acceptant le principe d’undéplacement du bâtiment des voyageurs pour lamise en valeur de l’espace de la place.

Grand-Lancy, maison de maraîcher, chemin des Semailles 18,et villas périurbaines de qualité, chemin des Semailles 20 et 17,menacées par le PDQ Lancy-Les Semailles.Photos SMS/Philippe Calame.

Les bâtiments des voyageurs des gares PLM des Eaux-Vives et de Chêne-Bourg.Photos Cecilia Maurice de Silva.

116 Voir son rapport p. 138.

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114 115

4RAPPORTS EN ANNEXE

été donnée à la résolution technique des tracés audétriment de la qualité des espaces publics, la lar-geur des voies réservées au tramway, les impacts dessupports de câbles, la lourdeur des mâts et des caté-naires, leur fixation sur les immeubles, les aménage-ments au sol, les préséances portent en nombred’endroits une atteinte grave aux perspectives desrues et des places, à l’usage hiérarchisé du réseauviaire historique. Cette approche fait fi des recom-mandations fédérales en matière de conservationdes voies de communication historiques.

Projet de parking sous-lacustre au centre-ville Le projet de construction d’un parking sous-lacustrede 850 places et 80 places deux roues au centre-ville(rue Pierre-Fatio-quai Gustave-Ador-Jardin Anglais),dans le périmètre du plan de site de la Rade et de laceinture fazyste, de surcroît un site IFP d’importancenationale, a rencontré une nouvelle fois l’oppositionde la CMNS, qui s’était déjà exprimée en 2005 surune demande préalable. Ce projet, avec ses émer-gences, trémies d’accès, concentration de véhicules,va à l’encontre de toutes les recommandationsvisant à libérer les centres urbains de l’emprise del’automobile et de réaménager l’espace public pourmettre en valeur sa dimension patrimoniale etd’usage. Le périmètre de la Rade est un des espacesles plus représentatifs de Genève, qui attend delongue date un projet global d’aménagement apteà lui rendre une qualité d’ensemble à la hauteur deson histoire et de sa valeur.

Les autres grands dossiers traités par le groupe«études d’aménagement» sont exposés dans les cha -pitres qui précèdent : Port et plage des Eaux-Vives(PPEV)-Agrandissement du port de la Société nau-tique de Genève (SNG)118, mise en valeur du poten-tiel de surélévation d’immeubles119 et création d’unezone 4 B protégée-village du Grand-Lancy120.

Modification de limites de zoneLes modifications de limites de zone sont l’affaire duGrand Conseil et passent par l’adoption d’une loi.Outre le cas de la Malvande à Pregny-Chambésy, évo-qué ci-dessus au chapitre des plans de site117, la CMNSa préavisé favorablement une proposition de modi-fication du périmètre de protection des rives du lacautour du Centre William Rappard à Genève pourpermettre l’extension de l’OMC, à condition que lesbarrières nécessaires à la clôture du site soient inté-grées dans des aménagements paysagers de grandequalité et que le bâtiment historique de l’ancien BIT(1923-1926) fasse l’objet d’une mesure de protection.

Plusieurs projets de construction ont exigé desmodifications de limites de zone, que la CMNS apréavisées favorablement : ainsi à Plan-les-Ouates,route de Saint-Julien-chemin des Vuattes, et à Lancy-Trèfle-Blanc, pour la densification de ce secteurcontigu au Bachet-de-Pesay.

Dans d’autres cas, comme à Russin, chemin desChristophes, ou à Peney-Dessus (Satigny), chemin deChâteauvieux, des projets de construction ont étésoumis en limite de zone 4 B protégée et de zoneagricole. Des projets de qualité auraient exigé unedérogation ou la modification de la limite de zone,deux solutions préconisées par la CMNS, mais refuséespar le DCTI. C’est regrettable car, dans ces deux cas,la limite tracée il y a cinquante ans passe en diagonaledans les champs sans tenir compte ni de l’orthogo-nalité du tissu bâti du village ni de la topographieparticulière des promontoires.

Lignes de tramwaysLa CMNS a examiné les dossiers d’approbation desplans des nouvelles lignes de tramways : nos 12 et 17,tronçon place Neuve-rue de la Confédération, projetsitué dans le périmètre de la zone protégée de laVieille-Ville et du secteur sud des anciennes for tifi -ca tions, et TCOB (Cornavin-Onex-Bernex)-secteur desDeux-Eglises. Pour la rue de la Corraterie à Genèveet pour la place des Deux-Eglises à Onex, la CMNS ademandé avec in sistance l’élaboration de projetsrespectueux des sites. Partout ailleurs, priorité ayant

117 Voir p. 108.118 Voir p. 26-28.119 Voir p. 29-31.120 Voir p. 60.

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Rapport de l’archéologue cantonal

117

Le rôle du Service cantonal d’archéologie consiste àrechercher, dégager, étudier et documenter le patri-moine archéologique genevois. Une mission délicateà l’heure où se dessinent de vastes projets d’aména-gement qui bouleverseront le sous-sol du canton.Dans ce contexte, il apparaît primordial de renforcerune politique prospective afin d’anticiper les grandschantiers à venir. La carte archéologique du canton,intégrée au Système d’information du territoire deGenève (SITG), favorise la mise en œuvre d’une telleapproche. Sur cette base, des sondages sont régu -lièrement entrepris en fonction des réalisationsfutures, dont les plus ambitieuses sont répertoriéesdans le Plan directeur cantonal, outil indispensableà l’orientation des travaux de prospection.

Parmi les nombreuses interventions nécessitéespar la multiplication des chantiers ouverts sur le ter-ritoire du canton, l’activité des archéologues s’estdéployée autour de quelques thèmes particulière-ment intéressants.

En villeDans le périmètre de la cité, les découvertes réaliséesdans la cour du collège Calvin et sur l’esplanade deSaint-Antoine laissent entrevoir le fort potentiel offertpar ces deux projets d’aménagement urbain qui per-mettront d’explorer de grandes surfaces lorsqu’ils seréaliseront. Les recherches dans cette zone situéesur le tracé des anciennes fortifications viendraientcompléter les résultats obtenus lors des fouilles réa-lisées dans le parking souterrain de Saint-Antoine, àl’ancienne prison et dans l’enceinte du Palais de jus-tice. Des origines du quartier, situées en l’état actueldes recherches dans le Second âge du Fer, jusqu’audéploiement des fortifications bastionnées après laRéforme, c’est tout un pan de l’histoire genevoise donton espère ainsi pouvoir enrichir la documentation.

Le projet d’aménagement d’une plage artificielleempiétant sur le lac, le long du quai Gustave Ador,implique la fouille exhaustive de la station littorale dePlonjon dans le cadre d’un programme de fouilles réa -lisées par l’Université de Genève qui devrait se termineren 2012. Cette intervention permet de sauver une do -cumentation exceptionnelle qui serait, même sans cechantier, vouée à une disparition irrémédiable par l’ef -

fet de la forte érosion subie par cette zone. Elle fourniraune image détaillée du mode de vie des agriculteursqui s’installèrent à Genève au cours du Bronze final,entre les années 1000 à 850 avant notre ère.

A la campagnePlusieurs chantiers ont élargi nos connaissances surles origines, l’organisation et le développement desétablissements antiques qui jalonnaient notre ter -ritoire. La poursuite des fouilles de la villa gallo-romaine de Vandœuvres, l’intervention d’urgencedéployée sur la pars urbana du domaine antique àl’origine du village de Perly et le démarrage d’unprogramme ambitieux à Corsier, où l’église médié-vale est édifiée dans l’environnement immédiat deconstructions romaines, sont autant d’interventionsvisant à restituer le cadre de vie du monde ruraldurant l’Antiquité. La continuation du vaste pro-gramme déployé autour du château médiéval deRouelbeau offre chaque année son lot de découvertes.Il s’agit d’un chantier unique associant le sauvetagedes ruines de la forteresse à l’étude des vestiges d’unebâtie en bois plus ancienne édifiée sur le mêmeemplacement. Ce dossier est d’autant plus précieuxqu’il s’attache à la mise en valeur d’un patrimoine

4. RAPPORTS EN ANNEXE

116

Rapport de l’archéologue cantonal

Fouilles dans les ruines du château de Rouelbeau, Meinier. A côté des trous de poteaux d’une palissade de protection de la première bâtie en bois de 1319, mise au jour d’un corps de logis adossé au mur d’enceinte. Photo Service cantonal d’archéologie /Michelle Joguin Regelin.

Fouilles d’une villa gallo-romaine du Bas-Empire (IIIe-Ve siècle) à côté du temple de Vandœuvres, place de Vandœuvres.Photo Service cantonal d’archéologie /Denis Genequand.

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gie qui se doit de porter ses activités à la connais-sance de tous. Dans cette perspective, plusieursdécouvertes ont été conservées et sont désormaisaccessibles à un public élargi.

Le site aménagé sous la cathédrale Saint-Pierre,dont la nouvelle présentation muséographique aété inaugurée à l’automne 2006, a été honoré deuxans plus tard de la Médaille Europa Nostra dans le cadre du Prix du patrimoine culturel de l’Unioneuropéenne. La cérémonie de remise officielle decette distinction s’est tenue à Genève le 4 novembre2008 en présence du président d’Europa Nostraentouré des représentants des autorités fédérales,cantonales et municipales. Le week-end de portes ou -vertes qui a suivi, avec un stand présentant les activi-tés du Service cantonal d’archéologie ainsi que desvisites commentées du site, a rencontré un très vifsuccès. Le 27 avril 2009, le nouveau site archéologiquesous le temple de Saint-Gervais était inauguré enprésence de M. Mark Muller. La présentation des dé -couvertes relatant l’histoire antique de ce quartier dela rive droite est fondamentale: le site correspondant

global intégrant les recherches archéologiques ausein du vaste programme de renaturation des sourcesde la Seymaz. En effet, il devient plus que nécessaireaujourd’hui de jeter des ponts entre les différentescomposantes qui façonnent notre environnementde vie, le cadre naturel ne pouvant être séparé de sadimension culturelle et de la relation que l’hommeentretient avec lui. Nous espérons bientôt pouvoirprésenter un projet de conservation et de mise envaleur de ce site exceptionnel qu’il s’agira donc d’in-tégrer au sein du biotope marécageux restitué. Undernier exemple est donné par une interventionréalisée sur le coteau de Choully. Dans ce cas, la miseen œuvre d’un réservoir d’eau a révélé des traces d’oc -cupation remontant à des périodes reculées, celle duNéolithique final étant de loin la plus intéressante.

Pour obtenir une vision plus complète de toutesles interventions menées par le Service cantonald’archéologie, nous renvoyons le lecteur à notre siteInternet qui met en ligne les chroniques archéolo-giques annuelles121.

Sites accessibles au publicLa mise en valeur du patrimoine archéologique ainsique sa diffusion auprès du public font égalementpartie des missions du Service cantonal d’archéolo-

Rapport de l’archéologue cantonal

119

4. RAPPORTS EN ANNEXE

118

121 Terrier Jean. Découvertes archéologiques dans le canton deGenève en 2006 et 2007. Genava, 56, 2008, 85-106. www.ge.ch/patrimoine/sca/docs/pub/Genava_2006-2007_intro.pdfTerrier Jean. Découvertes archéologiques dans le canton de Genèveen 2008 et 2009. Genava, 57, 2010, 149-182. www.ge.ch/patrimoine/sca/docs/pub/Genava_2008-2009_intro.pdf

Dégagement des vestiges d’un établissement antique à Perly, chemin du Village-de-Perly 21-23. Découverte d’un four de tuiliers gallo-romain dans les bois de Chancy, sentier du Bois de Fargout.Photos Service cantonal d’archéologie /Denis Genequand (haut), Gaston Zoller (bas).

Temple de Saint-Gervais, vue partielle du site archéologique inauguré en 2009. Photo Service cantonal d’archéologie /M. Berti.

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d’office et à l’initiative de l’Etat, s’est poursuivi demanière exemplaire par les rénovations successivesdes appartements en PPE123. Ces interventions se sontappuyées, notamment, sur l’important travail d’inven -taire réalisé en 2006124, dont les recommandationsportant sur la sauvegarde des typologies et de lasubstance intérieure ont été incluses dans le règle-ment de copropriété de l’immeuble (une première!).Par ailleurs, Clarté a pu bénéficier d’un colloque del’ICOMOS tenu en 2007 en complément de l’impor-tant volume des travaux préparatoires qui ont fait decette intervention un modèle. Les conser vateurs can-tonaux des monuments successifs lui ont consacrébeaucoup d’énergie en veillant à la fois au respectde l’œuvre architecturale de Le Corbusier et à l’ob-tention de subventions publiques exceptionnelles,tant de la part du canton que de la Confédération125.

Le chantier du collège Calvin s’est ouvert en été2008 par une discussion sur le choix des tuiles pourla vaste toiture du bâtiment sud-ouest (1560-1561,restauré et agrandi en 1887-1889). La conservatrice,d’entente avec la CMNS et après expertise d’unespécialiste des tuiles de Suisse romande, est revenuesur l’idée d’un remplacement général des tuiles an -ciennes par des tuiles plates rouges et a préféréfaire fabriquer à la tuilerie de Bardonnex un produitplus adéquat, de couleur jaune. Le maître d’œuvre aprocédé à la dépose des tuiles existantes et à larécupération de toutes les tuiles anciennes encoreen état de remplir leur fonction. Un tel chantiernécessite une adaptation des solutions à chaquenouvelle étape.

Des groupes de travail sont parfois mis en placepour accompagner le suivi de projets ou de chantiersparticulièrement délicats. Le(la) conser va teur(trice)a ainsi participé à plusieurs groupes concernant desimmeubles classés, ou en cours de classement, commel’ancien domaine de Ruth (Notre-Dame du Lac), objetd’un morcellement commandé par un plan localisé

Trois conservateurs successifsFait exceptionnel, la législature a vu défiler troispersonnes au poste de conservateur cantonal desmonuments. En novembre 2006, Pierre Baertschi, enfonction depuis 1991, soit pendant presque seizeans, a été remplacé par Bernard Zumthor. Premierconservateur dans une fonction désormais celle d’unemployé de l’Etat, comme dans la plupart des autrescantons, en lieu et place du précédent statut privé,Pierre Baertschi s’est consacré à la sauvegarde dupatrimoine cantonal et, par de nombreuses publi -cations, à la diffusion du savoir auprès du public.Bernard Zumthor étant parvenu à l’âge de la retraiteen juin 2008, c’est Sabine Nemec-Piguet, jusqu’alorscheffe du SMS, qui a repris la charge, devenant lapremière conservatrice cantonale des monuments àGenève.

L’autre particularité de cette période a été laréunion des postes de conservateur des monumentset de directeur de l’Office du patrimoine et des sites(OPS) au moment de la nomination de BernardZumthor. Ces passages de témoin ont généré desdistributions de rôles transitoires et une intenseactivité d’adaptation des acteurs à leurs nouvellesfonctions dans l’ensemble de l’organisation de l’OPSet du SMS, lui-même repourvu d’un directeur en2009 en la personne de Maurice Lovisa.

Requêtes et chantiersLe (la) conservateur(trice) est membre de droit de laCMNS et assiste donc à ses séances, notamment auxséances plénières et à celles de la SCMA. Le contrôledu bon état de conservation des monuments classéset la surveillance des chantiers qui les touchent luiincombent. Depuis 2008, la conservatrice est assistéepar Yves Peçon, conservateur adjoint.

C’est ainsi qu’au cours de la législature, une cin-quantaine de chantiers se sont déroulés sous soncontrôle, certains encore en cours. Rappelons les plusimportants, également évoqués au chapitre de laSCMA122.

Le chantier de restauration de l’immeuble Clartéde Le Corbusier (1931-1932), commencé en 2004 parl’enveloppe extérieure après une menace de travaux

121

à l’une des occupations sédentaires connues les plusanciennes du territoire genevois, vers 4000 avantnotre ère. La population genevoise est encore venueen nombre aux portes ouvertes organisées à cetteoccasion et sollicite régulièrement le Service cantonald’archéologie pour l’organisation de visites guidées,le site étant accessible uniquement sur demande.

D’autres lieux permettent de matérialiser despages d’histoire de la cité par l’intermédiaire de vestiges particulièrement intéressants. Ainsi, l’églisede La Madeleine dont les origines sont liées à l’éta-blissement d’un cimetière vers la fin de l’époqueromaine; ou encore le parking de Saint-Antoine quiintègre un immense pan des fortifications bastion-nées du XVIe siècle, celles précisément qui subirentla tentative d’escalade des troupes du duc de Savoieen 1602. Enfin, des promenades archéologiquessont proposées aux visiteurs, à l’instar de l’ancienprieuré de Saint-Jean dont les vestiges sont conser-vés dans un petit parc public de la rive droite duRhône, à côté du pont Sous-Terre. Il en va de mêmedes recherches réalisées sur la somptueuse demeureantique du parc La Grange dont les résultats sontprésentés dans le cadre d’un concept paysagercontemporain.

La diffusion des connaissancesDans le cadre de notre collaboration avec le Muséed’art et d’histoire, la réalisation de salles d’archéolo-gie régionale, en germe dès la fin des années 90, aenfin abouti en 2009. Elles offrent un parcours allantdes premiers témoignages du Paléolithique en13 000 avant notre ère jusqu’au développement desparoisses rurales dès l’an Mil et invitant les visiteursà poursuivre leur périple à travers le temps à ladécouverte des sites archéologiques ou verts aupublic en ville. Une convention signée en 2011 parMM. Mark Muller, président du DCTI, et PatriceMugny, conseiller administratif de la Ville de Genèveen charge du Département de la culture, définitprécisément les axes de travail et les rôles du Servicecantonal d’archéologie et du Musée d’art et d’his-toire, dès lors engagés, chacun selon ses compé-

tences, à défendre le patrimoine archéologiquegenevois.

Enfin, le dynamisme de l’archéologie genevoiseet la qualité des résultats obtenus, tant sur le planscientifique que dans le domaine de la mise envaleur des sites, ont incité le comité d’Archéologiesuisse, association regroupant plus de 2200 membres,à tenir son assemblée générale annuelle à Genève le13 juin 2009. A cette occasion, un numéro spécial dela revue publiée par cette association a été consacréaux récentes découvertes réalisées dans la campagnegenevoise122. C’est le même intérêt qui a conduit leGroupe de travail suisse pour l’archéologie du MoyenAge et de l’époque moderne, organisme qui ras-semble tous les acteurs de la profession, à organiserson assemblée générale à Genève en octobre 2009.

4. RAPPORTS EN ANNEXE

120

Rapport de la conservatricecantonale des monuments

122 Voir p. 38-60.123 Une publication de l’OPS est à paraître, sous la direction

de l’architecte Jacques-Louis de Chambrier.124 Atelier d’architectures Laurent Chenu, «CLA immeuble Clarté,

cahier d’inventaire», Genève, DCTI, DPS, mars 2006.125 Pour un montant des travaux de 14 millions de francs, la

restauration des façades et des parties communes a bénéficié desubventions cantonale et fédérale d’un montant de 2,7 millionsde francs.

122 L’archéologie en territoire genevois. Archéologie suisse, 2,2009.

Page 63: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

Rapport de la conservatrice cantonale des monuments

123

gramme» entre la Confédération et le canton pourla période 2008-2011, accordant un montant globalde 949 939 francs de subventions à des tiers et auxfouilles archéologiques.

FMNSLe montant des subventions à des tiers sur le Fondsdes monuments, de la nature et des sites pour lapériode 2006-2010 s’est élevé à CHF 2 066 390 pour 27 bâtiments, dont 19 appartenant à des collecti -vités publiques ou privées et 8 à des particuliers.

SRBLes subventions à la restauration des bâtiments ontété, quant à elles, réparties comme suit :

montants annuels nombre d’objets

2006 464 475.– 112007 797 855.– 252008 1 760 016.– 212009 1 879 115.– 302010 1 288 765.– 20

Publications et conférencesDurant la législature écoulée, un effort tout particu-lier a été fourni pour transmettre les résultats derecherches historiques, présenter des chantiersexemplaires et les expertises qui les accompagnent,publier le résultat de recensements thématiques,ouvrir enfin un espace de discussion et de débatsdestiné aux différents acteurs – notamment les asso-ciations professionnelles – impliqués dans la sauve-garde du patrimoine. Grâce à des partenariats,plusieurs publications ont ainsi pu voir le jour.

L’Office du patrimoine et des sites a conduitl’édition de trois cahiers de la série qu’il dirigedepuis 1996, Patrimoine et architecture (chez Infolioéditions), ainsi qu’un numéro hors série :• Les fenêtres, vues sur un patrimoine (mai 2008), • Le temple de Chêne, 1758-2008 (hors série,

novembre 2008), • Les moulins à eau du bassin genevois (mai 2009), • Restaurer et créer. Le traitement créatif de la lacune

en peinture murale (avril 2010).

Sous l’égide de l’Office, la connaissance de l’ar-chitecture contemporaine a été complétée grâce àla parution de l’ouvrage L’architecture à Genève1976-2000 de Jean-Marc Lamunière (Infolio, 2007).

Conjointement avec les auteurs, Suzanne Kathariet Natalie Rilliet, l’Office a participé à l’Histoire etGuide des cimetières genevois (Slatkine, 2009), per -mettant au public de prendre connaissance de l’im-portant travail de recensement des cimetières entaméen 2004.

Toujours dans un esprit de partage des connais-sances historiques du patrimoine bâti et de son adap-tation aux temps modernes, l’Office, en partenariatavec la Fédération des architectes et ingénieurs deGenève et la Fédération des métiers du bâtiment, amis en place en 2008 un cycle de conférences tenuesdésormais traditionnellement au printemps. Sous letitre de «Recenser, conserver, transformer le patri-moine», les interventions ont abordé les thèmes suivants : «Le patrimoine industriel du canton deGenève» (mai 2008), «Le patrimoine rural du cantonde Genève» (avril 2009), «Grands domaines, serreset orangeries» (avril 2010).

Journées du patrimoineL’Office du patrimoine et des sites est un des parte-naires principaux de la manifestation annuelle desJournées du patrimoine. Les thèmes abordés au cours dela législature ont largement associé nature et culture,paysage et architecture, environnement et société:

2006 – Les jardins, cultures et poésie2007 – Le bois2008 – Lieux de délices2009 – Au fil de l’eau2010 – Cycles de vieDepuis leur création, le succès des Journées du

patrimoine ne s’est pas démenti.

4. RAPPORTS EN ANNEXE

122

Immeuble à l’abandon, route des Franchises 28 : dernier vestigede la Cité Vieusseux dont le classement demandé par Patrimoine suisse Genève a été refusé. Photo Cecilia Maurice de Silva.

Pregny-La-Tour, château de l’Impératrice, chemin de l’Impératrice 10, salon avec décor intégré de toiles peintes,inspirées des marines de Joseph Vernet, dont l’œuvre a été largement diffusée par les gravures de Jean-Philippe Le Bas, et de stucs attribués aux frères Peter Anton et Andreas Moosbrugger. Photos SMS/Sandra Pointet.

de quartier, la gare Cornavin, en cours de transfor-mation, ou encore la salle du Conseil d’Etat à la TourBaudet soumise à une rénovation/restauration.

Mesures conservatoiresParmi les charges liées à la fonction de conservateur,les mesures conservatoires126 méritent d’être relevées.

Au cours de la législature, l’Association pour lepatrimoine industriel (API) a introduit auprès duConseil d’Etat une demande de mise sous protectionde l’atelier de reliure-dorure de feu Pierre-LouisWermeille en octobre 2008, afin d’éviter la destruc-tion de ce matériel par l’Office des faillites qui sou-haitait restituer les locaux vides au propriétaire del’immeuble, la commune de Lancy. Des mesuresconservatoires ont été immédiatement ordonnéesafin de sauvegarder l’atelier et l’API s’est portéeacquéreuse du fonds.

Procédures de classementIl incombe également au conservateur de mener lesprocédures visant au classement des immeubles patri-moniaux exceptionnels. Durant la législature, 14 pro -cédures de classement ont été initiées (dont uneprocédure demandant le renoncement à un classe-ment) et 5 ont été menées à terme127.

Ce chiffre peut sembler faible au regard desprocédures ouvertes ou en cours. On peut toutefoisremarquer que le rythme des adoptions du Conseild’Etat en matière de classement a varié au cours deson histoire et que les années 90 ont connu un certainralentissement.

Il reste à évoquer le cas d’un recours, celui del’immeuble sis route des Franchises 28 (FrédéricMezger, 1928-1932), au Petit-Saconnex, dernier ves-tige de la «Cité Vieillesse» à Vieusseux. L’associationPatrimoine suisse Genève a recouru contre une déci-sion du Conseil d’Etat de rejeter le classement, maisn’a pas obtenu gain de cause.

Subventions fédérale et cantonaleUn changement s’est opéré en 2008 en matièred’octroi de subventions fédérales pour la conserva-tion des monuments historiques. Le conservateur,de concert avec les services fédéraux, s’est attelé à la mise en place de la première «convention-pro-

126 Selon l’art. 5 de la LPMNS: «En cas d’atteinte ou de dangerimminent, l’autorité compétente prend les mesures de sauvegardeappropriées. Elle peut notamment ordonner l’arrêt immédiat destravaux et, le cas échéant, le rétablissement de l’état antérieur deslieux».

127 Voir la liste au chapitre de la SCMA, p. 38.

Page 64: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

Rapport de l’historienne des monuments

125

Bien qu’inscrit dans la loi, le statut de l’historien/nedes monuments est mal connu. Dans le règlementd’application RPMNS, il est dit «Un des membres de la commission, désigné par le Conseil d’Etat,exerce la fonction et porte le titre d’historien desmonuments»128.

L’historien/ne des monuments, tout comme lesautres délégués de la commission, traite les objetssoumis à la LPMNS, mais il a également latitude, surdemande du SMS, d’établir des rapports concernantdes objets qui ne sont pas au bénéfice d’une mesurede protection mais «présentant un intérêt histo-rique»129. Dans ce dernier cas, essentiellement desdemandes de démolition, il s’agit de documenterscientifiquement les dossiers et d’orienter le SMS versune éventuelle demande de mise sous protection

(classement, mise à l’inventaire, plan de site) ou, àl’inverse, vers une autorisation de démolir, voire versune documentation de l’objet avant démolition.

L’activité de l’historien/ne des monuments estliée à une législature. En principe, l’historien/ne desmonuments est déléguée à la SCMA, mais il est ar -rivé lors de la législature 2006-2010 qu’elle soit appe-lée à documenter et à présenter des dossiers traitésdans d’autres sous-commissions.

4. RAPPORTS EN ANNEXE

124

Rapport de l’historienne des monuments

128 Règlement général d’exécution de la loi sur la protection desmonuments de la nature et des sites, RPMNS, Chapitre 1, Organed’exécution, Section 3, Tâches spéciales, art. 10, Historien desmonuments.

129 Ibid.

Chemin Sur-Beauvent 3 à Confignon Avenue de Miremont 17 à GenèveRue de Genève 82 à Chêne-Bourg Photos Babina Chaillot-Calame

Rue de Bernex 261 à Bernex. Photo Babina Chaillot-Calame

Avenue des Allières 4 à GenèveChemin Charles-Borgeaud 2 à OnexChemin de la Fruitière 16-18 à Collex-BossyPhotos Babina Chaillot-Calame

Page 65: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

volet nature et paysage de la LPMNS. Pendant lalégislature, il a notamment lancé le projet de miseen conformité des périmètres de réserves naturellesafin d’en améliorer la protection et d’en préciser lagestion, notamment du point de vue de leur usagepar le public. Il a aussi contribué à l’élaboration d’unnouveau règlement de protection du paysage, desmilieux naturels et de la flore (RPPMNF) entré envigueur en 2007 en remplacement de différents outilslégaux obsolètes. Une activité importante consiste àidentifier les richesses naturelles parmi les espècesde la flore et de la faune. A ce titre, il s’est agi d’iden-tifier en les listant les espèces indigènes de la flore,ainsi que le degré de menace qui pèse sur celles-ci.Cet exercice mené avec les experts botaniques,notamment des Conservatoire et Jardin botaniquesde la Ville de Genève par le biais d’une convention decollaboration, a permis d’aboutir en 2006 à une listerouge, puis plus récemment à une liste des espècesprioritaires. Des inventaires et listes rouges sembla-bles sont en cours pour les mousses et les lichens.

Sur le terrain, de nombreux sites dont la ges-tion avait été délaissée depuis une décennie ont puêtre revitalisés, notamment grâce aux contributionsfinancières issues du programme de relance del’économie de la Confédération. Il s’agit principale-ment des sites marécageux en forêts de Jussy et deVersoix qui ont bénéficié d’un agrandissement subs-tantiel pour leur permettre à terme d’obtenir lareconnaissance «d’importance nationale». Parmi les sites existants d’importance nationale, comme le marais des Prés-de-Villette, l’ancienne boucle duRhône au Moulin-de-Vert et les vallons de la Laire etde l’Allondon, les interventions ont consisté à assu-rer le maintien de la fonctionnalité de ces milieuxsecs ou humides. De nombreux autres projets derevitalisation ou de gestion sont menés pour amé-liorer la qualité des habitats naturels et renforcerleur mise en réseau. A noter que le Fonds cantonaldes monuments, de la nature et des sites (FMNS)finance également une partie de ces projets, notam-ment ceux d’importance nationale.

Au sein de la SCNS, la tâche consiste principa le -ment à alimenter les discussions avec les connaissancesde terrain et les projets en cours. Comme support, le«Bilan Nature» établi par la DGNP identifie l’étatexistant sur la base des activités des dix dernières

La mission générale du conservateur de la nature etdu paysage consiste à assurer le maintien et le déve-loppement de la flore et de la faune sauvages etindigènes de notre canton au bénéfice de la popula-tion. Il s’agit notamment de garantir une protectionefficace et une gestion appropriée des sites les plusriches en biodiversité, soit les réserves naturelles. Lamise en réseau et le maintien des connections entreces «réservoirs» doivent également être garantispour permettre un échange génétique entre lespopulations animales et végétales, facteur incon-tournable pour la conservation de notre biodiver-sité cantonale. Enfin, une attention doit aussi êtreapportée à la nature «banale» qui joue un rôle im -portant dans le bon fonctionnement à long termede cette nature représentant notre cadre de vie, cequ’une grande partie de la population semble avoiroublié. Enfin, la pérennité et le renouvellement dupaysage naturel font également partie de ses tâches.

La forêt couvre près de 13% de la surface ducanton, autant que le lac et les cours d’eau, l’espacerural encore près de 40%. Ainsi, dans notre «canton-ville», l’espace urbain et périurbain ne représentequ’un tiers du territoire. Néanmoins, contrairementà ce qu’on a coutume de penser, ces lieux abritentaussi une partie de la faune et flore indigènes (la«nature en ville»), certaines espèces ayant trouvéauprès des aménagements de l’homme des habitatsde substitution, compensant ceux perdus naguèrelors des remaniements des espaces naturels.

Le conservateur de la nature et du paysage estrattaché à la Direction générale de la nature et dupaysage (DGNP) au sein du Département de l’inté-rieur et de la mobilité (DIM). Cette situation lui permet d’apporter une vision transversale dansl’analyse des dossiers pour une meilleure intégra-tion des aspects liés à la conservation de la nature etdu paysage. A noter au passage que la compositionde la SCNS est très variée, ce qui favorise un examendes dossiers sous de nombreux angles différents etpermet l’obtention d’une plus-value certaine pourles requérants… pour autant que les préavis soientpris en compte dans la synthèse finale des services.

L’essentiel des activités du conservateur est exé-cuté au sein de son propre département, mais encollaboration avec les autres départements, notam-ment avec le DCTI dans le cadre de l’application du

127

Ce statut «double», qui permet à l’historien/ne detraiter des objets soumis à la LPMNS, mais égalementdes objets non protégés, génère parfois certainesincompréhensions de la part des mandataires exté-rieurs qui peuvent voir leur dossier traité par la mêmepersonne à plusieurs stades de la consultation: lorsd’une visite avec le SMS, lors de l’établissement d’unrapport, lors de l’analyse du dossier en sous-commis-sion et éventuellement à l’occasion de sa demandede mise sous protection.

Durant la législature 2006-2010, la pression im -mobilière a engendré une forte augmentation desdemandes de démolition sur des objets non proté-gés, notamment entre 2008 et 2009. Afin de ne pastrop ralentir le traitement de ces dossiers, qui né -cessitent d’être documentés rapidement, plusieursétudes historiques ont été confiées en parallèle àdes historiens de l’art indépendants. Chacune de cesétudes a servi à l’établissement d’un rapport de l’his-torienne des monuments sur lequel le SMS s’estappuyé, soit pour autoriser la démolition des bâti-ments concernés, soit pour demander l’ouvertured’une mise sous protection.

Moyennant la mise en place de certaines règles(visites en présence de l’historien de l’art mandatéaccompagné de l’historienne des monuments et duSMS, suivies d’échanges entre toutes les parties) cettesolution a été, dans la majorité des cas, concluante.Elle a permis de réduire le temps de traitement desdossiers, de faire appel, si possible, à des historiensspécialisés dans des domaines particuliers (patri-moine XVIIIe, XIXe et XXe siècles, patrimoine indus-triel, patrimoine rural, villages ou sites spécifiques)et de décharger l’historienne des monuments, qui,comme tous les autres membres de la CMNS, se doitde conserver son activité professionnelle en dehorsde la commission.

A l’exception de deux objets (chemin desTroënes 3 à Lancy et rue des Délices 12bis à Genève),les demandes de mise sous protection recomman-dées par l’historienne des monuments ont été suiviespar l’administration. Il s’agit essentiellement de de -mandes de mises à l’inventaire, pour lesquelles on peutciter les dossiers suivants : chemin Sur-Beauvent 3 à Confignon, av. des Allières 4 à Genève, avenue deMiremont 17 à Genève, chemin Charles-Borgeaud 2à Onex, rue de Genève 82 à Chêne-Bourg.

A l’occasion de la législature 2006-2010, l’histo-rienne a été appelée à documenter et à présenterplusieurs dossiers traités en SCA: la demande de dé -molition-reconstruction du bâtiment du rond-pointde Plainpalais 2A130 et celui de la banque UBS aupassage des Lions / rue du Rhône/rue de la Confédé -ra tion/rue du Commerce.

En zone 4 B protégée, les recommandations pourle maintien de plusieurs bâtiments ont égalementété suivies par la SCA: rue de Bernex 261, chemin de la Fruitière 16-18 à Collex-Bossy et chemin duManoret 2 à Vandœuvres.

4. RAPPORTS EN ANNEXE

126

Rapport du conservateur de la nature et du paysage

Chemin du Manoret 2 à VandoeuvresPhoto Babina Chaillot-Calame

130 Voir photo p. 72.

Page 66: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

D’autres éléments qui peuvent avoir des im -pacts importants hors du périmètre analysé ne sontpas non plus intégrés dans l’analyse des dossiers. Onpeut citer la production de remblais par les construc-tions souterraines faramineuses, notamment dans lepérimètre de protection des rives du lac à Cologny.La destination des déblais produits ne faisant paspartie du dossier à analyser, la problématique n’enest que déplacée ailleurs dans le canton, au détri-ment du paysage en zone rurale notamment. Dansle même registre, l’absence répétée d’une visionsupra-parcellaire lors de modifications importantesde terrain conduit à des aberrations qui impactentle paysage et le cadre de vie de nombreux citoyensbien au-delà du seul dossier concerné.

En conclusion, le plus grand enjeu de la partici-pation du conservateur de la nature et du paysageaux séances de la SCNS reste de faire prendreconscience que la bonne santé des «petites fleurs etgrenouilles» n’est que la pointe de l’iceberg de cequ’on appelle «nature», qui représente finalementnon seulement notre cadre de vie quotidien, maisaussi l’un des attraits principaux de notre cantonauprès des partenaires économiques et touristiques.

Rapport du conservateur de la nature et du paysage

129

années et propose des perspectives pour les années àvenir. Ce document permet donc de vérifier et de pré-ciser les objectifs en lien avec les demandes analysées.

Parmi les difficultés récurrentes identifiées dansles dossiers soumis, on retrouve constamment l’ab-sence d’une vision globale. Chaque dossier est jugépour lui-même, alors que les impacts, notammentsur le paysage, sont toujours d’ordre plus général.

Ainsi, par exemple, lors de constructions nécessitantl’abattage d’arbres, l’impact ne concerne pas seule-ment la perte de tel ou tel individu plus ou moinsremarquable, mais c’est toute une image, parfoistypique du canton, notamment avec ses vieux chênesou l’arborisation des rives du lac qui est en jeu. Laprocédure actuelle rend possible un saucissonnagedes demandes aux dépens d’une approche globale.

4. RAPPORTS EN ANNEXE

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Noyer à Meinier. Orchidée Ophrys araneola. Le flambé. Falaises du Moulin-de-Vert en hiver, Aire-la-Ville. Le Rhône et le Fort-l’Ecluse vus du bois de la Grille, Vernier. Salamandre tachetée. Photos DGNP.

Le castor est présent. Ci-dessous : crapaud commun en migration printanière. Photos DGNP.

Page 67: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

Rapport des délégués à la Commission du Vieux Carouge

131

La Commission du Vieux Carouge (CVC) s’est réunieune quarantaine de fois pendant la législature écou-lée, à raison de 8 à 10 séances par année, soit moinsd’une fois par mois. Elle a eu pour tâche d’analyserles dossiers d’autorisation de construire concernantles bâtiments et les aménagements publics comprisdans le périmètre du plan de site du Vieux Carouge.Pour rappel, le plan de site du Vieux Carouge,adopté en 1982, fait état de trois catégories de bâti-ments classés en raison de leur intérêt architecturalou historique: les bâtiments maintenus, en catégo-rie A, qui ne «peuvent faire l’objet que de travauxd’entretien ou de transformations utiles à une amé-lioration des locaux» et ceux en catégorie B, qui«peuvent être transformés si les éléments intéres-sants de leur substance architecturale sont sauve-gardés». Les transformations sur les bâtimentsappartenant à la catégorie «autres» doivent répon-dre aux différents articles du plan de site (conditionsparticulières, gabarit, esthétique des bâtiments, toi-tures et destinations)131.

Les interventions sur les bâtiments au bénéficed’une mesure de classement ou d’inscription à l’in-ventaire n’ont pas été traitées par la CVC, cettecompétence relevant de la seule CMNS.

Les bâtiments du centre historique de Carougeprésentent une certaine homogénéité et l’analysedes dossiers soumis à la CVC met en relief la récur-

rence de plusieurs types d’interventions. Le rapportde cette dernière législature se subdivise ainsi encinq thèmes:

La destination des anciennes maisons carougeoisesRez-de-chaussée commerciaux

Le rez-de-chaussée est en principe «destiné àdes activités artisanales et commerciales»132. Les ar -cades commerciales de Carouge sont de plus en plusexploitées par des cafés-restaurants ou par des acti-vités du secteur tertiaire. Dans le premier cas, cesexploitations engendrent de nombreuses demandespour des aménagements saisonniers (terrasses,cabanons à glace, sas d’entrée) pour lesquels la CVCa souvent dû émettre des préavis négatifs dans lebut d’éviter l’envahissement du domaine public etde préserver l’espace des rues et le dégagement des places qui font la spécificité du Vieux Carouge.Dossiers traités : place du Marché 4 et 20, rue Saint-Joseph 42, place du Temple 5.

Dans le deuxième cas, la réhabilitation des ar -cades en bureaux ou agences bancaires a pour consé-

4. RAPPORTS EN ANNEXE

130

Rapport des délégués à la Commission du Vieux Carouge

maisons ou bien les transformer en logement unifa-milial. Ces transformations entraînent la disparitionde la typologie d’origine de la maison, l’adjonctionde systèmes de circulation verticaux intérieurs au dé -triment de l’usage des coursives extérieures ainsi quela fermeture et la privatisation des cours. Exemples :rue Ancienne 23, rue Joseph-Girard 4. En règlegénérale et bien que dans certains cas divisée sur cesujet, la CVC s’est opposée à tout noyautage descours, tentant ainsi de pré server l’ouverture, l’accèset la qualité de ces espaces caractéristiques et privi-légiés du Vieux Carouge. Exemples : rue du Marché10A, rue Ancienne 53, place du Temple 5.

Combles La maison carougeoise est relativement petite

et basse, généralement de 2 étages sur rez. Les amé-nagements et transformations de combles sont donctrès fréquents. Ils posent des questions récurrentes :nombre et dimension de jours en toiture qui ontune incidence sur les conditions d’habitabilité de cesespaces et l’esthétique des toitures. L’exclusion desouvertures en double registre permet de préserverl’aspect du paysage des toitures et de faire respecterle règlement selon lequel « l’aménagement de plusd’un niveau dans les combles est interdit». Si lesouvertures sous forme de lucarnes traditionnellessont largement admises dans le Vieux Carouge, enrevanche leur réalisation doit souvent être affinée(épaisseur des jambages, profil des chapeaux, sectionde la menuiserie et des petits bois, adaptation de la ferblanterie). Exemples : rue de Veyrier 2 / rueVautier 27, rue Saint-Joseph 39, rue du Collège 3,rue Jacques-Dalphin 20.

L’esthétique des bâtimentsBien que le règlement du plan de site prévoie desfaçades dont les «matériaux et teintes [sont] en har-monie avec ceux des constructions existantes» et que

quence des requêtes pour des transformations devitrines, des remplacements de serrurerie ou encoredes obturations d’éléments vitrés. Il faut égalementrelever la difficulté de rendre ces arcades accessiblesaux personnes handicapées (seuil surélevé, largeurdes ouvertures). Afin de conserver la substance desvitrines anciennes et caractéristiques du centre his-torique de Carouge, de faire perdurer l’activité com-merçante des rues et d’éviter les vitrines mortes, laCVC a également demandé la modification de plu-sieurs projets. Dossiers traités : place du Marché 20/rue Jacques-Dalphin 23, rue Vautier 43, rue Saint-Victor 23, rue Ancienne 86.

De manière générale, les arcades commercialesde Carouge changent souvent d’exploitant, d’où lesnombreuses demandes d’autorisation et de mise enconformité portant sur la signalétique des com-merces: taille et emplacement des potences ou en -seignes murales, réunion de plusieurs arcades sousune seule toile de tente, coloris, inscriptions et tailledes toiles de tente. Nombre de ces éléments peu-vent altérer fortement la lecture architecturale desfaçades ou créer une rupture d’échelle. Exemple:rue Jacques-Dalphin 29. La CVC a rencontré des dif-ficultés dans le traitement de dossiers concernantdes chaînes de magasins ayant pour habitude des’installer avec leur propre signalétique qui s’avèresouvent trop intrusive dans le cadre d’un site protégé,notamment des pharmacies dont l’image publicitairea un impact visuel trop fort dans le Vieux Carouge.Exemples: pharmacies Plus et Amavita, rue Ancienne84 et place du Marché 1.

Etages et cours Les étages des maisons carougeoises sont «prin-

cipalement destinés à l’habitation». Les maisons tra-ditionnelles sont la plupart du temps subdivisées parétage, chacun abritant un logement desservi parune coursive extérieure située côté cour. Durant cettedernière législature, plusieurs propriétaires ont sou-haité développer l’affectation commerciale de ces

131 Plan de site du Vieux Carouge, Règlement du 21 juillet 1982.132 Ibid. Cette référence vaut pour toutes les citations suivantes.

Place du Temple 5 après restauration.Photos Babina Chaillot-Calame.

Rue Saint-Joseph 42 après restauration. Rue Ancienne 86.

Rue de Veyrier 2/rue Vautier 27, après restauration avec de nouvelles lucarnes disproportionnées. Photo Cecilia Maurice de Silva.

Rue des Moraines 2bis, les façades malencontreusementdépouillées de leur crépi. Photo Babina Chaillot-Calame.

Page 68: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

Rapport des délégués à la Commission du Vieux Carouge

133

«le département peut exiger la présentation d’échan-tillons», on doit constater que cette disposition n’estpas toujours respectée dans la pratique. Le choix desteintes donne lieu à des interprétations subjectives,les échantillons sont difficiles à obtenir et ils dif -fèrent souvent de la réalisation finale. Dans le dos-sier rue Saint-Victor 23, la CVC a bien accueilli leprojet de restitution de l’harmonie d’origine de lafaçade en supprimant les interventions malheureusesde 1946 (traitement symétrique des deux arcades,suppression des prises de jour en double registre).

Le règlement stipule que «les murs sont crépisselon les règles de l’art» ; à ce jour, malgré unedénonciation pour infraction et des interventionsrépétées, la CVC n’a toutefois pas été en mesured’obtenir la restitution du crépi des façades du bâti-ment rue des Moraines 2bis.

Nouvelles constructions de logementsLa CVC a suivi avec grand intérêt deux projets decréation de logements. Rue Ancienne 67, diversesconsultations, visites et demandes de complémentsont permis de développer, pour la communautéd’Emmaüs, un projet de logements de grande qua-lité en lieu et place d’anciens hangars. Citons égale-

ment le projet de réhabilitation en logements desanciennes halles désaffectées, rue Vautier 43.

Aménagement de l’espace publicLa CVC a accueilli favorablement le projet de valori-sation de l’espace public pour la zone comprise entrela rue Jacques-Dalphin, la place du Temple et la placedu Marché. Elle a en effet relevé que le projet contri-buait à mettre en valeur une partie de l’espace com-pris dans le plan de site du Vieux Carouge au moyende la création d’une zone piétonne, l’aménagementde zones 20 et 30 km/h, le déplacement des usagersde la circulation routière et du stationnement etfinalement la simplification des aménagementspublics, en permettant de dégager les rues, les bâti-ments et leur accès.

4. RAPPORTS EN ANNEXE

132

Anciennes halles, rue Vautier 43, avant, pendant et après restauration et transformation.Photos Boris Siebold (sauf première image de la page 132, Cecilia Maurice de Silva).

Page 69: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

135

Fonds cantonal desmonuments, de la natureet des sites (FMNS)

Le FMNS est alimenté par des subventions fédéraleset cantonales constituant ensemble un patrimoineannuel d’environ 4 millions de francs. Il est destiné àtrois entités différentes :• au patrimoine bâti classé pour subventions à la

restauration, études, documentation,• à l’archéologie cantonale pour fouilles, études,

documentation (travail en partie planifié, en par-tie incertain du fait des interventions dites de sauvetage),

• au patrimoine naturel et paysager pour subven-tion à des projets de sauvegarde et de réhabilita-tion, études, documentation.

Sur le montant global, 25% vont au patrimoinebâti et 75% sont partagés, selon une clé de répartitionqui varie en fonction des projets, entre l’archéologieet la nature. Les subventions peuvent aller directe-ment à des services de l’Etat (monuments et sites,nature et paysage, archéologie), à des communes, àdes institutions (y compris les Eglises), et à des privés.A noter que, dès 2008, a été mise en œuvre dans lecadre de la Réforme de la péréquation financière etde la répartition des tâches entre la Confédérationet les cantons (RTP), une convention-programme2008-2011 entre la Confédération (OFC) et le Cantonde Genève (OPS) incluant un plan quadriennal.

Le Conseil consultatif comprend le/la conserva-teur/trice des monuments, le conservateur de lanature et du paysage, le directeur du domainenature et paysage du Département du territoire,l’archéologue cantonal et deux délégués de laCMNS. Il se réunit 3 ou 4 fois par an. Sa mission: pro-poser la répartition des montants et voter le budgetannuel ; prendre connaissance des projets, chacunamenant sa liste de travaux pouvant être subven-tionnés ; se tenir informés de l’utilisation des fonds ;contrôler les comptes.

La liste des objets subventionnés pendant la lé gislature correspond à une partie des chantiers – dubouclement des comptes des plus anciens au lan -cement des nouveaux – suivis par la SCMA, la SCNS,

le/la conservateur/trice des monuments, le conserva-teur de la nature et du paysage et l’archéologuecantonal. Signalons-en quelques-uns, particulière-ment significatifs : le temple de Chêne-Bougeries,les orgues de plusieurs églises et temples (Sainte-Croix, Saint-Germain, Hermance, Fusterie), les clochesde la cathédrale, la maison Tavel, le domaine deChandoleine, Fondation Hardt pour l’étude de l’An -tiquité classique, à Vandœuvres, la maison forted’Adda à Corsinge, les fouilles de Rouelbeau àMeinier, la renaturation de diverses rivières (Seymaz,Versoix, Aire), la replantation d’arbres à Evordes età Corsier, le réaménagement du Signal de Bernex,les plans de gestion des Mouilles d’Onex et duMoulin de Vert, des bois de Jussy et de Versoix.

Certains chantiers, comme celui de Rouelbeau,sont à la fois subventionnés comme site naturel etarchéologique, d’autres, comme la fouille de la sta-tion littorale de Plonjon, sont pris en charge sur unautre budget de l’Etat, en l’occurrence celui duCEVA et du projet de parc-plage aux Eaux-Vives.

Subventions à la restauration de bâtiments (SRB)

La sous-commission SRB dispose annuellementd’un montant d’environ 1,8 million de francs. Elleest chargée d’attribuer des subventions à la restau-ration de bâtiments – uniquement de logement –aux mains de particuliers. Elle se compose de deuxreprésentants de la CMNS, ainsi que de représentantsdes associations patronales et syndicales de l’Indus -trie genevoise de la construction, des régies et duRas semblement pour une politique sociale du loge-ment. Elle se réunit une fois par mois.

Sous la présidence de Patrice Reynaud, au coursde la législature écoulée, elle a mis au point un système précis, applicable aux demandes d’autorisa-tion de construire concernant les immeubles qui dis-posent d’une mesure de protection (inscription àl’inventaire, plan de site, ensemble du XIXe et débutXXe siècle, village en zone 4 B protégée). Précisonsque seules les restaurations sont subventionnées,mais que ce principe a été quelque peu modifié ces

4. RAPPORTS EN ANNEXE

134

Rapport des délégués au Fonds cantonal des monuments, de la nature et des sites et à la Commission d’attribution de lasubvention à la restauration des bâtiments

Rapport des délégués au Fonds cantonal des monuments, de la nature et des sites et à la Commission d’attribution de la subvention à la restauration des bâtiments

Immeuble, rue Charles-Giron 1, façade après restauration. Photo Cecilia Maurice de Silva.

Page 70: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

Dans les opérations d’urbanisme soumises à laCU apparaissent presque toujours des contraintesdécoulant de l’histoire des lieux et du bâti, et que lesconcepteurs des projets doivent prendre en compte.Le rôle du délégué de la CMNS à la CU a été de rap-peler et de défendre cette dimension patrimonialedans le processus de fabrication des «morceaux deville» que sont les plans localisés de quartier.

Commissiond’aménagement du territoire (CAT) La CAT regroupe une cinquantaine de membres issusd’organismes concernés par la planification territo-riale (partis politiques, représentants des communes,associations diverses, groupements de propriétaires,milieux patronaux et syndicaux, agriculteurs). Elle a pour mission de participer, avec le département, àla «définition des projets de concept de l’aménage-ment cantonal et de schéma directeur cantonal»ainsi qu’au «développement du Projet d’agglomé-ration franco-valdo-genevois». Pendant la législa-ture écoulée, elle s’est réunie en plénière sous laprésidence de M. Mark Muller. Après avoir assuré le suivi du Plan directeur cantonal et sa né cessaireadaptation aux besoins émergents, comme le projetde développement urbain de Bernex, elle a, dès2009, porté son activité sur l’étude et la validationdu processus de projet pour le nouveau plan direc-teur cantonal 2015-2030.

Rappelons que le Plan directeur cantonal est,conformément à la loi fédérale sur l’aménagementdu territoire, la pierre angulaire de l’aménagementterritorial cantonal. C’est un document de référenceet de coordination, qui définit les grandes orienta-tions et les conditions de leur mise en œuvre. Il en -gage les autorités.

Les membres de la CAT ont pris part à diversesséances à caractère informatif (présentation de sta-tistiques démographiques, projection des besoinsen termes de logements et d’activités, présentationdes grandes orientations du projet, etc.) et ontpoursuivi la réflexion en sous-commissions ad hoc.Le travail a surtout porté sur l’évaluation des fiches

Commission d’urbanisme(CU)La commission d’urbanisme compte 13 membres.Un délégué de la CMNS en est membre titulaire.

La CU examine les projets de planification direc-trice, les plans localisés de quartier, les demandes derenseignements et les plans directeurs communaux.Les dossiers importants déposés au DCTI sont sou-vent soumis à la fois à CMNS et la CU, les préavis respectifs des deux commissions devenant alorscomplémentaires. Ils peuvent se rejoindre dans leurconclusion, en particulier pour ce qui touche à l’as-pect paysager des sites. L’approche de chacune desdeux commissions étant très spécialisée, le rôle dudélégué de la CMNS y revêt une certaine impor-tance, sa mission visant à expliciter et à rendre plusconcrets les préavis de chacune d’elles.

La mise en convergence des différents préavisreste toujours dévolue à l’administration afin queles projets qui lui sont soumis puissent évoluer d’unemanière dynamique. Lui incombent aussi la gestionproprement dite des projets et les médiations néces-saires entre les parties. Les grands projets nécessi-tent l’engagement dans les services d’architectescoordinateurs.

Quelques dossiers importants soumis aux deuxcommissions pendant la législature écoulée:• les gares CEVA (Pont Rouge, Bachet-de-Pesay,

Champel-Hôpital, Eaux-Vives et Chêne-Bourg), • les nouvelles lignes de tramway (notamment la

ligne TCOB entre la place Cornavin et Bernex), • les projets d’urbanisation des communaux d’Am -

billy, de la Chapelle-Les Sciers et de Meyrin-LesVergers,

• le parc-plage public des Eaux-Vives (PPEV), l’ex-tension du Port-Noir et du port de la Société nau-tique de Genève (SNG),

• différents plans directeurs communaux avec leurplan directeur des cheminements piétons,

• la reconstruction du site Artamis (ancien site SIG),• la surélévation de l’ensemble immobilier Constel -

lation Grande Ourse à la pointe du plateau deSaint-Jean, rue du Devin-du-Village 8-10/rue duVicaire-Savoyard 1, 2-14, d’Honegger Frères et RenéParodi (1953-1958).

137

4. RAPPORTS EN ANNEXE

136

Rapport des délégués CMNS aux autres commissions du DCTI

dernières années, dans la mesure où sont désormaisaussi prises en considération des rénovations defenêtres lorsque le requérant se donne la peine deles remplacer par des modèles en bois de facture traditionnelle. Le système est le suivant : la sous-commission SRB prend en compte, sur le devis géné-ral, les montants destinés à la restauration (crépis,peintures, menuiserie des fenêtres, tuiles, aménage-ments extérieurs et fondations – jusqu’alors non prisen compte –, échafaudages, relevés, documentation,etc.). Ces montants peuvent être subventionnés dansune proportion qui varie de 5 à 20%, pouvant allerexceptionnellement jusqu’à 50% pour des dé corspeints par exemple. Le SMS vérifie ensuite les fac-tures et établit une fiche illustrée et chiffrée. En casde dépassement supérieur à 10% du montant prévu,le dossier repasse devant la sous-commission SRB.

Citons quelques exemples : restauration des fa -çades et de la cage d’escalier rue Ferdinand-Hodler7 (1897) ; restaurations extérieures rue Liotard 37(1903), rue de la Tour-Maîtresse 4-6 (1899), rueBaulacre 5-11/rue du Vidollet 23-27 (ensemble deBeaulieu, Honegger Frères, dès 1947), rue Charles-Giron 1 (1911), rue de la Tour 4 (vers 1880). De loin,le montant le plus important a été attribué à l’im -meuble Clarté de Le Corbusier.

Immeuble, rue Ferdinand-Hodler 7, après restauration.Photos SMS/Gil Chuat.

Page 71: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

139

de mesures du projet de nouveau Plan directeurcantonal, préalables à l’élaboration des schémascartographiques. Quelques séances spéciales ont eupour objet une thématique plus généraliste, telleque l’évaluation de l’opportunité de la planificationde tours (PAV, centres périphériques, bordures dezone agricole).

En parallèle, les membres de la CAT ont pris unepart active dans la démarche participative initiéepar le projet d’agglomération franco-valdo-genevois,en assistant, dans la mesure du possible, aux diversestables rondes organisées dans le cadre des «péri -mètres d’aménagement concerté d’agglomération»(PACAs ou axes de développement régionaux).

Les réflexions et les débats ont ensuite permis :• de s’assurer de la prise en compte des questions

relatives à la protection du patrimoine dans lesplanifications à large échelle ainsi que de la pour-suite d’une politique cantonale de sauvegardeefficace. Les bases institutionnelles, législatives etpratiques permettant une réelle capacité de ges-tion et d’intervention doivent être maintenues,tandis que la systématisation et l’objectivation des questions relevant du patrimoine doivent être un but poursuivi par les milieux concernés –une meilleure définition et une clarification, enamont, de ce que l’on entend par «protection»(et éléments qui en relèvent) limitant, sans doute,les antagonismes.

• de militer pour la conservation et la valorisationdes éléments relevant d’une importance patrimo-niale ou paysagère majeure. La protection desgrandes entités «rurales» et «naturelles», celledes rives du lac et des cours d’eau, le maintien dessecteurs ou objets protégés et de leur cohérence(grands domaines, hameaux, villages) ainsi que lavalorisation des espaces publics et des centres ontfait l’objet d’une attention toute particulière.L’opportunité de s’inspirer de la substance patri-moniale présente pour hiérarchiser les interven-tions et dégager de la qualité dans le projet dedéveloppement du canton a été mise en exergue.

• de proposer une réflexion quant à la qualitéurbaine et à la formalisation de la croissance (nou-veaux quartiers et densification), son aboutissementse trouvant dans une utilisation parcimonieuse du territoire et dans la cessation des mutations

territoriales à caractère périurbain (objectif nonatteint).

• D’un point de vue plus informel, la CAT a permisaux délégués de la CMNS d’échanger et de dialo-guer avec les représentants des différents groupesd’intérêts actifs dans la région. Le processus estconstructif, nonobstant le nombre d’acteurs enprésence qui rend difficile l’émergence d’un consen-sus et d’une influence clairement définissable.

Groupe d’experts Praille-Acacias-Vernets(PAV)Dans le cadre de l’avancement des études pour l’ur-banisation des quartiers Praille-Acacias-Vernets, ladirection générale PAV a souhaité en 2009 que chacune des 3 commissions consultatives du DCTI(CU, CAT et CMNS) délègue un représentant pourparticiper au groupe d’experts du dossier.

Etant donné l’aspect urbanistique des projetsen cours sur ce vaste secteur, le rôle du délégué de laCMNS reste relativement modeste. Le recensementdu patrimoine bâti réalisé en 2006 par le SMS (29objets dignes d’intérêts recensés) a servi de base audélégué pour rappeler aux urbanistes l’intérêt queprésentent un certain nombre de bâtiments au titrede patrimoine culturel de ces anciens quartiers debanlieue.

Le délégué a essayé de faire valoir ces «éner-gies qui dorment» dans le patrimoine et à défenduune prise en compte d’un environnement large oùchaque objet digne d’intérêt puisse être intégrédans le projet d’urbanisme. Les contradictions et ten-sions entre programme et site devraient conduire àrevisiter le secteur afin que les objets patrimoniauxtrouvent leur place dans le futur PAV.

Cette mission du délégué de la CMNS devraêtre poursuivie dans le groupe d’experts. Il seranécessaire de faire comprendre l’intérêt d’un projetde transformation du territoire plutôt que de destruc-tion/reconstruction (table rase), puisque le secteurde Praille-Acacias-Vernets forme déjà aujourd’huiun paysage urbain attachant.

4. RAPPORTS EN ANNEXE

138

5INVENTAIRES, ÉTUDES,BIBLIOGRAPHIE

Page 72: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

2007Bischoff Christian, Isabelle Claden et Erwin Oberwiler.

Paul Waltenspühl, architecte, 1917-2001. Archi -tecte, ingénieur, professeur. Gollion: Infolio.

Bonhôte Philippe et al. Genève 2020. Co-habitations.Concours international d’architecture et d’ur ba -nisme. Densification du secteur Praille-Vernets-Acacias à Genève. Genève: FAS Genève/Gollion:Infolio.

Brunier Isabelle. «Un ouvrage défensif peu connu.L’éphémère fort d’Arve (1589-1596)». Genava, 55,159-168.

Chaillot-Calame Babina, Mairie de Vandœuvres : res-tauration des dépendances. Vandœuvres : Com -mune de Vandœuvres.

Le Foron. Fiches rivières no 8, 2e éd. Genève: DT,Service de renaturation des cours d’eau.

Lamunière Jean-Marc. L’architecture à Genève 1976-2000. Essai de répertoire. Genève: DCTI /Gollion:Infolio.

Lescaze Bernard. Au bonheur de l’eau: histoire deGenève-Plage. Genève: Association Genève-Plage/Slatkine.

Marchand Bruno et Philippe Meier. Jean-MarcLamunière, architecte. Genève: FAS Genève.

Marchand Bruno (dir.). Jean-Marc Lamunière: regardssur son œuvre. Gollion: Infolio.

Patrimoine genevois. Etat des lieux. Textes réunis parLeïla El-Wakil. Gollion: Infolio.

Schätti Nicolas. «Jean Prindale et l’activité des ate-liers de sculpture franco-flamands à Genève et enSavoie au tournant des XIVe et XVe siècles». Art +architecture en Suisse, 58, 13-22.

La Versoix. Fiches rivières no 2, 3e éd. Genève: DT,Service de renaturation des cours d’eau.

Walker Corinne. La rue de Beaumont. Un squareentre ville et campagne. Genève: Thierry Lombard.

2008Amsler Christine, Isabelle Bovay, Miltos Thomaïdes

(dir.). Jardin, jardins. Trois siècles d’histoire des jar -dins à Genève. Genève: Institut et musée Voltaire,28 mai-1er nov. 2008/Gollion: Infolio.

Buyssens, Danielle. La question de l’art à Genève: ducosmopolitisme des Lumières au romantisme desnationalités. Genève: La Baconnière.

2006Aballéa Sylvie, Nicolas Schätti. «“Le premier vitrail

digne de ce nom que nous possédions à Genève“.Les cartons de Jean-Henri Demole pour le vitrailde l’Escalade au temple de Saint-Gervais à Genève(1904)». Genava, 54, 151-164.

Courtiau Catherine. Zschokke: un nom, une renom-mée. Gollion: Infolio.

Deuber Gérard. «La maison Tavel au Moyen Age.Une résidence aristocratique à Genève, XIIIe-XVIe

siècle», Genava, 54, 3-97.La Corbière, Matthieu de. «Les fortifications de Genève

au Moyen Age». Genava, 54, 109-125.Lassalle Victor. «Quelques sources d’inspiration des

sculpteurs de la cathédrale Saint-Pierre de Genève».Genava, 54, 127-149.

L’ingénieur Nicolas Céard (1745-1821) et la route duSimplon. Textes de Livio Fornara, Michel Lechevalier,François Dubosson, Léopold Pflug. Genève: LaBaconnière.

Keller Silvio, Maurice Lovisa. Monuments militairesdans les cantons de Vaud et Genève. Inventairedes ouvrages de combat et de commandement.Berne: Département fédéral de la défense, de laprotection de la population et des sports.

Le Nant d’Avril. Fiches rivières no 11. Genève: DT,Service de renaturation des cours d’eau.

Roland Isabelle, Isabelle Ackermann, Marta Hans-Moëvi, Dominique Zumkeller. Les maisons ruralesdu canton de Genève. Bâle: Société suisse des tra-ditions populaires /Genève: Slatkine.

Rue Rousseau 16, rue Lissignol 9. Genève: Ville deGenève, Département de l’aménagement, desconstructions et de la voirie.

Sigel Brigitt, Catherine Waeber et Katharina Midici-Mall (dir.). Utilité et Plaisirs. Parcs et jardins histo-riques de Suisse. Gollion: Infolio.

Terrier Jean. «Découvertes archéologiques dans lecanton de Genève en 2004 et 2005». Genava, 54,p. 325-364.

Victoria Hall, rénovation 2006. Genève: Ville de Genève,Département de l’aménagement, des constructionset de la voirie.

Vision Praille-Acacias. Journal de bord. Ateliers deprojet IAUG 2004-2006. Genève: Institut d’architec-ture de l’Université de Genève/Gollion: Infolio.

141

Les activités de la CMNS, comme toutes celles quitouchent à la sauvegarde du patrimoine, génèrentet stimulent études et inventaires. Le nombre, laqualité et la richesse des parutions présentées ici nereprésentent qu’une partie des travaux menés pourdocumenter, informer, analyser les monuments etsites du canton. La CMNS souhaiterait que l’OPStienne à jour un catalogue des travaux comman -dités dans le cadre des activités du département. Ce catalogue, qui devrait être accessible aux cher-cheurs, pourrait être complété par la liste desétudes commandées par l’unité de conservation dupatrimoine architectural de la Ville de Genève, voirepar les autres communes genevoises. Les membresde la CMNS tireraient grand bénéfice et gain detemps de la possibilité de pouvoir consulter un telrépertoire et les études elles-mêmes.

Ces études et inventaires sont de diverse impor-tance. Les études peuvent servir à documenter unmonument classé avant travaux, à justifier un plande site, à motiver l’opposition à une démolition et àengager une procédure d’inscription à l’inventaire.Les inventaires ont une portée plus grande, parexemple la mise en valeur de l’œuvre d’un archi-tecte, le recensement d’un type d’installations, debâtiments ou encore de décors sur l’ensemble duterritoire cantonal. Ces tâches sont confiées à descollaborateurs de l’OPS ou à des mandataires privés.Il est impossible de les relever ici dans leur totalité.

Les inventaires des Monuments d’art et d’his-toire du canton de Genève, des maisons rurales, des

monuments militaires, des cimetières sont publiés etfigurent dans la bibliographie ci-après. Il en va demême de l’étude «Honegger frères : inventaire, éva-luation qualitative et recommandations» (2006),commandée par l’OPS et menée par Franz Graf,Philippe Grandvoinnet et Yvan Delemontey.

Ces dernières années, l’OPS a confié à BénédictFrommel, assisté d’Enis Arikok, l’inventaire du «SecteurPraille-Acacias-Vernets» (2006). C’est aussi ce colla-borateur des Monuments d’art et d’histoire du cantonde Genève, auteur de différentes études relatives aupatrimoine industriel et ferroviaire de Genève, lesunes publiées et citées ci-dessous, les autres inédites(moulins, pont de la Machine, site Sodeco, gares desEaux-Vives et de Chêne-Bourg, etc.) qui a été chargépar l’OPS de l’inventaire du périmètre de la SIP(2006). Christine Amsler est actuellement engagéedans l’inventaire des grands domaines du canton.

Les études monographiques utiles à la conserva-tion du patrimoine sont nombreuses : hormis cellesconfiées à l’historienne des monuments, BabinaChaillot-Calame132, citons, entre autres, l’analyse et l’in -ventaire minutieux de Cecilia Maurice de Silva sur lecomplexe de Mont-Blanc Centre, les études récentesde Catherine Courtiau sur l’Alhambra, l’ancienne Ecolede chimie, l’Université Bastions, La Console, la basiliqueNotre-Dame, ou encore l’étude confiée à Frédéric Elsigdes peintures murales de la salle du Conseil d’Etat àla Tour Baudet parue en 2012.

5. INVENTAIRES, ÉTUDES, BIBLIOGRAPHIE

140

132 Voir son rapport p. 124-126.

Inventaires et études Bibliographie

Page 73: cmns commission des monuments, de la nature et des sites rapport

La conservation des voies de communication histo-riques. Guide de recommandations techniques.Berne: Confédération suisse, Office fédéral desroutes, Commission fédérale des monuments his -toriques, Commission fédérale pour la protectionde la nature et du paysage.

Graf Franz, Christian Bischoff, Giulia Marino. Un chefd’œuvre de l’architecture des années 1950 à Ge -nève: les salles de sport de la rue du Stand. PaulWaltenspühl, architecte, 1951-1953. Lau sanne: EPFL.

Les fenêtres, vues sur un patrimoine, Patrimoine etarchitecture, 16. Genève: Office du patrimoine etdes sites DCTI.

L’Hermance. Fiches rivières no 4, 2e éd. Genève: DT,Service de renaturation des cours d’eau.

Lapaire Claude et al. Emotion(s) en lumière: le vitrailà Genève. Genève: APAS/La Baconnière.

Matos-Wasem Rafael (dir). Genève à pied. 10 parcoursà thèmes. Genève: Ville de Genève/Slatkine.

Nemec-Piguet Sabine (dir.). Le Temple de Chêne, 1758-2008. Genève: Office du patrimoine et des sites /Gollion: Infolio.

Terrier Jean. «Découvertes archéologiques dans le can-ton de Genève en 2006 et 2007». Genava, 56, 85-106.

2009L’archéologie en territoire genevois. Archéologie

suisse, 2, 2009.Frommel Bénédict. A la découverte du patrimoine

hydraulique de la région genevoise : une sélec-tion de 12 destinations. Genève: Musée d’histoiredes sciences.

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Voir aussi :• les parutions annuelles des Journées européennes

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SITG: www.sitg.ch

5. INVENTAIRES, ÉTUDES, BIBLIOGRAPHIE

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