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Brésil 1840: la majorité anticipée del'empereur, un coup d'état conservateur?ESTEVÃO DE REZENDE MARTINS aa University of Brasília , BrazilPublished online: 12 Apr 2010.

To cite this article: ESTEVÃO DE REZENDE MARTINS (2002) Brésil 1840: la majorité anticipée del'empereur, un coup d'état conservateur?, Parliaments, Estates and Representation, 22:1, 125-136,DOI: 10.1080/02606755.2002.9522146

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BrCsil 1840: la majorit6 anticipCe de l’empereur, un coup d’Ctat conservateur?

ESTEVAO DE REZENDE MARTINS

SLJMMARY

On 22 July 1840 a handful of members of the Brazilian Imperial Parliament proclaimed the anticipated majority of the 14-year-old Emperor Pedro 11. Many contemporary actors in this major political change in the institutional life of the only South American monarchy considered this a necessary measure to prevent the process of ‘republicanization’ that they feared. This is a highly controversial issue in the present historiography, both on the role played by the parliament and on the question of the ‘republican’ character of the immediately preceding period of the Regency (1831-40). EstevPo de Rezende Martins makes three points on this issue: (a) the roots of the political problem of a minor emperor since 1831 are fundamental for understanding the event; (b) the problems and difficulties of an effectively ’republican’ way of governing in the period between 1831 and 1840; (c) the direct initiative of members of Parliament in the crisis of July 1840 and its importance for the consolidation of the monarchical regime in Brazil. This initia- tive, the circumstances under which the MPs acted and the institutional manner in which its results contributed to the consolidation of the Braganga Empire until 1889, allow the conclusion that the proclaimed majority was a conservative ma- noeuvre to keep public affairs under control.

Le 22 juillet 1840 une poignCe de parlementaires, sknateurs et deputes, rCunis au SCnat, ii Rio de Janeiro, proclament la majorit6 du prince htritier du BrCsil, Pedro I1 de Bragance, ‘alors PgC de 14 ans, sept mois et vingt et un jours’, et l’acclament empereur de plein droit, au nom de la prkservation de la stabilitk institutionnelle et d’une sorte de sauvetage in extremis du risque de ce que I’on appelait alors la ‘rkpublicanisation’ du regime. Comment en est-on arrivt la? Quelles ont C t t les conditions politiques du r81e jouC par les deux chambres composant 1’Assemblte GCnCrale de 1840, le SCnat ii vie et la Chambre des DtputCs, dans une proclama- tion nettement contraire ii I’article 172 de la Constitution de 1824, qui Ctablissait

Estevao d e Rezende Martins, University of Brasilia, Brazil.

Parliaments, Estutes and Representation 22, November 2002. Published for the International Commission for the History of Representative & Parliamentary Institutions by Ashgate Publishing Ltd, Gower House, Croft Road, Aldershot, Hampshire G u l l 3HR, Great Britain. 0 International Commission for the History of Representative & Parliamentary Institutions, 2002.

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expresstment la majoritt du souverain i 18 ans? Et ceci dans le cadre d’un dtbat constitutionnel tendu, les soi-disant forrnalistes htsitant 2 franchir ce pas P cause de l’article 121 de la mCme Constitution, exigeant un rnandat sptcifique des tlecteurs pour modifier le texte fondamental de I’empire.

Un court rappel des anttctdents nous permettra d’en tracer un tableau d’ensernble. Faisons-le en trois moments: les anttctdents plus tloignts, relatifs i la ptriode du premier rkgne, de 1822 i 1831; les anttctdents rtcents, concernant la periode de la regence, entre 1831 et 1840, et enfin le mois de juillet de 1840, oh le jeu politique entre conservateurs et libtraux est finalement dtcidt par ce que I’on appelle couramment le ‘coup d’Etat parlementaire de la rnajoritt’.

I L E PREMIER EMPIRE

Independant du Portugal depuis 1822, le Brtsil connut, sous Pedro Ier de Bragance, un premier rkgne assez rnouvementt. En effet, I’indtpendance de I’ancienne colonie portugaise de I’Atlantique sud occidental s’est produite d’une forme assez originale: la famille royale portugaise, qui s’ttait refugite au Brtsil en 1808 pour fuir I’invasion napoltonienne du Portugal, avait dO regagner Lisbonne en 1821. Quoique l’occupation franco-espagnole du Portugal flit terminee en 1814, Jean VI (regent du Portugal depuis 1798 et roi en 1816) et la famille royale n’ttaient rentrts qu’en 1821. Entre temps le Portugal ttait gouvernt par Beresford, htros rnilitaire anglais de la liberation du pays et ambassadeur de Grande Bretagne. L e retour de la farnille de Bragance fur impost5 par le mouvement liberal entam6 par la rtvolution de Porto en 1820, qui exigeait et finit par obtenir I’adoption d’une constitution politique du royaume du Portugal avec l’tlection d’un parlement (les Cortes de Lisbonne). En quittant Rio le 25 avril 1821, Jean VI avait par anticipation prCtC serment i la constitution en cours d’tlaboration par les Cortes et IaissC cornrne regent du royaume du Brtsil son fils aint, Pedro de Bragance et Bourbon, duc d’Alcantara, n t en 1798. Le roi avait cependant bien p e r y que les crises constantes entre Lisbonne et Rio depuis 1814 finiraient par provoquer la rupture. On lui attribue cette phrase, i I’adresse de son fils, au moment d’embarquer: ‘Si le Brtsil doit quitter le sein du Portugal, que ce soit ton oeuvre i toi, qui sauras me respecter, plut6t que celle d’un de ces nombreux aventuriers’. Le dur jugement d’ ‘aventuriers’ se rapportait aux hommes de la cour, surtout portugais metropolitains ou brtsiliens, qui entouraient le roi et dont la majoritt (autour de 4,000) est rentrte avec lui i Lisbonne.

Le prince Pedro, devenu htritier du Portugal par la mort, i 1’4ge de six ans, de son frkre aint en 1801, n’avait r e y aucune formation politique ou intellectuelle sptciale. Arrive i Rio i 1’4ge de 10 ans, il fut laisst plus ou rnoins libre de ses mouvements par ses parents royaux. Ayant grandi dans le milieu d’une ville tropicale subitement transformte en sikge de la cour e t vivant beaucoup d’apparences, Pedro de Bragance devint un jeune adulte ballottt entre les at- taches qu’il y avait dtvelopptes et son appartenance P la dynastie qui rtgnait au Portugal depuis 1640, sous forte influence, pour ne pas dire con tde , des Anglais. Cette ambigui’tt des rapports personnels et politiques de Pedro Ier ainsi que de son entourage devait jouer un r61e important pendant son rkgne et mkrne aprks, jusqu’au dtnouernent de 1840.

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La rivalitt entre brtsiliens et portugais, c’est 8 dire entre ceux qui ttaient n t s et avaient grandi au Brtsil e t ceux qui venaient de la mttropole, accentute depuis les mouvements rtvolutionnaires de 1789 au Minas - d’ailleurs rudement rtprimts par la couronne portugaise - devint une affaire d’Etat pendant le stjour du roi au Brtsil. Ces tensions et rivalitts se reproduirent aux Cortes de 1821. Celles-ci avaient dtcidt que les brtsiliens ne pouvaient occuper que 72 des 181 si2ges. La minoritt forcte 5 laquelle les brtsiliens ttaient rtduits provoqua de fortes reactions et cristallisa les deux grands courants politiques qui devaient s’entrechoquer pendant les anntes suivantes: le ‘parti’ portugais, dit des ‘rein6is’ (fidkles au royaume portugais) et le ‘parti du progrks et de l’autonomie’, c’est 8 dire, les brtsiliens.

La crise entre la mttropole et le jeune royaume du Brtsil fut fortement aggravte par le vote du 7 mars 1821, par lequel les Cortes - oh n’ttaient presents que 46 des 72 dkputts brtsiliens, compte tenu des contraintes du voyage depuis Rio - dtcidkrent de dissoudre le royaume du Brtsil, de rtorganiser sa division adminis- trative, qui dks lors dtpendrait directement de Lisbonne et d’ordonner au roi et au prince htritier de se presenter sans dklai. Les Cortes entendaient circonscrire les pouvoirs du roi par une constitution parlementaire inspirte par la constitution espagnole de 1812 (connue comme ‘la constitution de Cadiz’) et mCme largement copite sur celle-ci. Les Cortes estimaient de plus que le prince royal ttait une sorte de brute ignorante et grossihe, qui ne devait pas fouler le sol de la patrie avant d’avoir fait un voyage d’ttudes en Angleterre, en France et en Espagne, ‘en vue de parfaire son tducation [sic] et de pouvoir un jour occuper dignement le tr6ne’ portugais. Si le roi se soumit aux Cartes et rentra, le prince n’en fit rien. Nommt regent du Brtsil par son p2re et fortement soutenu par les tlites politiques et tconomiques brtsiliennes - elles-mCmes appuytes par la Grande Bretagne - qui craignaient en tout premier lieu la recolonisation du Brtsil, clairement tbauchte dans les dtcisions des Cortes de Lisbonne, Pedro resta. I1 s’ttablit un climat de forte tension entre les hommes d’affaires portugais 2 Rio, 8 SHo Paulo, 5 Bahia, au Pernambouc, les troupes portugaises resttes sur place, et les leaders politiques du Brtsil, presque tous formts 2 CoYmbre 8 partir de la fin des anntes 1790, et dtsireux de faire entendre raison au prince quant P I’irrCversibilitt du chemin parcouru par le Brtsil depuis 1808.

La pression croissante des Cop-tes et leurs injonctions au prince, d’obtir et de revenir 8 Lisbonne entrain2rent alors de vives reactions parmi les brtsiliens. Le rtgent Pedro se vit enjoindre de rester dkfinitivement au BrCsil par une requCte du conseil municipal de Szo Paulo, 8 h i prtsentte par le ministre Jost Bonifbcio de Andrada e Silva le ler janvier 1822, et par le manifeste de Rio, sign6 par plus de 8,000 personnes - un chiffre significatif pour le Rio de l’tpoque. Convaincu par le ton de ces pttitions le prince dtcida, le 9 janvier 1822, de rester, en rkpondant aux brtsiliens qui lui promettaient de verser leur sang pour rksister 8 Lisbonne et pour prottger leur prince: ‘Si c’est pour le bien de tous et pour le bonheur gtntral de la nation, dites au peuple que je reste.” La rupture du regent

Plusieurs des textes s’y rapportant - y compris la correspondance de la princesse Marie Leopoldine de Habsbourg, Cpouse du regent et franchement favorable au maintien de I’autonomie, 3 I’indtpendance

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avec ‘le parti portugais’ ttait alors une question de temps. En effet, deux jours plus tard, le 11 janvier, le gtntral portugais Avilez, en obtissance P Lisbonne, voulut faire embarquer le prince de force. Mais d’autres troupes et des hommes du peuple en armes prCtkrent assistance P Dorn Pedro et forckrent Avilez P reculer.

L‘tlite brtsilienne qui eut alors gain de cause auprks du prince n’avait rien de rtvolutionnaire dans le sens de la Rtvolution FranGaise. Tout au contraire, les lettrts et proprittaires terriens qui composaient cette t l i te avaient de la Rtvolution une bien p i h e image (forternent marqute par les relations d e la Terreur) e t tendraient plut6t P donner raison au jugement d’Edrnund Burke, dont les textes circulaient P Rio et 2 Siio Paulo.z Leur intention ttait de prtserver les acquis politiques et tconomiques du Brtsil et d’y instaurer une monarchie constitutionnelle. L‘opposition ou la rupture dtfinitive avec le Portugal n’ttait pas directement envisagte, car certains songeaient P un grand empire luso- brtsilien qui comprendrait, en outre, les possessions en Afrique et en Asie. L‘ttablissement d’un nouveau lien colonial ttait cependant inimaginable et inacceptable. L‘ambiance latino-amtricaine ttait d’ailleurs tout 5 fait favorable aux rnouvements d’indtpendance, mais les hommes politiques et homrnes d’affaires brtsiliens - surtout les lettr ts de formation europtenne et les proprittaires terriens (et d’esclaves) - ne voyaient pas d’un bon ceil le dtmocratisme rtpublicain qui triomphait dans les anciennes colonies espagnoles. 11s firent alors ce que I’on est convenu d’appeler une rtvolution conservatrice, en anticipant sur d’tventuelles revendications d’autres groupes. Allits au prince royal, Jose Bonifficio et les autres conservateurs brtsiliens crtkrent 1’Empire constitutionnel du Brtsil sur la base de I’tconomie esclavagiste du caft. Le contentieux avec le parti portugais dit ltgitimiste n’ttait cependant pas r tgl t pour autant. Au contraire, les combats de la guerre d’indtpendance c o m e les troupes portugaises ne cesseront qu’en 1826, avec la reconnaissance officielle du nouveau pays par I’ancienne mttropole, par I’entremise de l’intvitable Grande Bretagne - P laquelle de fortes sommes d’argent ttaient dtjP dues.

La rntfiance politique envers le ‘parti portugais’ devait pour ainsi dire ernpoisonner les rapports entre I’ernpereur Pedro Ier et le Parlernent. L‘assemblte constituante de 1823 fut dissoute par l’empereur aprks quatre rnois et derni de travail, sous l’accusation d’insournission et d’anarchie. Ce qui n’ernpCcha pas Pedro Ier d’octroyer au Brtsil en 1824 une constitution dont la structure ne difftrait gu2re du projet que prtparait I’assernblte. Toute la ptriode du premier rkgne devait Ctre rnarqute par les tendances divergentes entre le pays en formation et le souverain, centralisateur et autoritaire. Pedro Ier n’ttait certes aucunernent un despote mais son gofit du

meme du Brtsil, sont transcrits dans Tavares de Lyra, Insrirui~~espoliricas do Irnpeir‘o (ColeqHo Bernard0 Pereira de Vasconcelos, Strie Estudos Hist6ricos, vol. 16, Brasilia, 1978), pp. 55-67.

A titre d’exemple des lectures courantes chez les hommes politiques brtsiliens, on peut rappeler la petite annonce apparue dans le journal 0 Especrador, h Rio, le 12 avril 1826, par laquelle un libraire mettait h la disposition du ‘public averti’ des ouvrages de Fox, Pitt, Bentham, Blackstone, Mirabeau, Condorcet, Montesquieu, Mably, Volney, Helvttius, Adam Smith, Jean-Baptiste Say, ainsi que Guizot et Casimir Ptrier, aprks Pedro Calmon, Vida de Born Pedro I. (ColeqHo Brasiliana, vol. 226, Rio de Janeiro, 1943). pp. 222-6, 230-35.

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pouvoir profitait en bonne partie i I’aristocratie agraire brksilienne. Les anntes 1823-30 connurent cependant plusieurs mouvements sCditieux et kpublicains. La repression menke par le gouvernement servit i consolider un regime centralist, qui frustrait de plus en plus les provinces Cconomiquement fortes mais politiquement peu reprtsenttes. Au sein du parlement, install6 depuis 1826 sous la forme d’un Sknat i vie et d’une Chambre des Dtput ts Clue au suffrage censitaire pour quatre ans, s’tlevait, de plus en plus forte, la voix des rtformes, dites ftdCralisantes, destintes i renforcer les droits des provinces et i instaurer un systkme municipal opkrationnel. Ces rtformes devaient Stre mises en chantier par la rkvision de la Constitution. Les critiques i I’tgard du gouvernement de Pedro Ier, tant quant B la lusophilie de certains de ses ministres qu’au dtlabrement des finances publiques, s’accumulaient, rendant les rapports entre parlementaires, militaires et I’empereur de plus en plus difficiles.

Vers la fin de 1830, I’assassinat du journaliste Libero Badar6, i Siio Paulo, catalisait I’opposition entre le souverain et la presse. La rkaction dure et fort peu diplomatique de Pedro Ier i ce qu’il appelait le ‘parti de la dksagrkgation’, dans lequel il renvoyait p&le-mele tous les oppositionnels, fut la goutte d’eau qui fit dtborder le vase politique brksilien pendant le premier trimestre de 1831. L‘ambiance politique Ctait d’ailleurs fort peu toltrante envers les souverains qui durcissaient le jeu: Justiniano Jost da Rocha rappellera, vers la fin du XIXe sikcle, qu’i partir de dtcembre 1830, i Rio, I’kcho de la Rtvolution de Juillet, qui avait renverst Charles X, l’activitk d’innombrables clubs politiques plus ou moins se- crets, le dtveloppement de la presse dkmocratique, I’insatisfaction des armtes, humilikes par une campagne malheureuse contre ]’Argentine entre 1825 et 1827, qui avait d’ailleurs conduit i I’indtpendance de ]’Uruguay en 1828, et I’aversion croissante de I’opinion publique pour le parti portugais, allaient grandissant.3 Ce

Justiniano Jost da Rocha, Acpio, reacGio, transacp2o. ed. Rodrigues de Paiva apres TristHo de Alencar Araripe e Aurelino Leal, 0 golpe parlomentar do maioridade (ColeGHo Bernard0 Pereira de Vasconcelos, Strie Estudos Hist6ricos, vol. 8, Brasilia, 1978). p. 49. L‘tpisode de la majoritt, en 1840, suscite une vive discussion dans I’historiographie. Le caracttre conservateur des mesures lites i la majoritt est mis en paralklle avec le processus m&me de I’indtpendance en 1822. Boris Fausto [HistciriO do Bras2 (SHo Paulo, 199.5)) souligne le caracttre conservateur en soi de cette initiative, tmanant cependant d’hommes politiques libtraux. Hamilton de Mattos Monteiro [in M. Y. Linhares, ed., Histbria Geral do Brasit (Rio de Janeiro, 1996)] met I’accent sur I’origine commune des factions de I’tlite imptriale. L‘aspect politique et culture1 de cette communautt est mis en avant par Jose Murilo de Carvalho [Elite and state-building in imperial Brazil (Stanford University Press, 1974); A constm@o da ordem. A elite politica imperial (Rio de Janeiro, 1980); 0 teatro das sombras. A poljtica imperial (SHo Paulo/Rio de Janeiro, 1988)l. Carvalho soutient la thtse que la similitude des hommes politiques de I’Empire rendait la distinction entre libtraux et conservateurs bien moins dtcisive que I’on ne veut I’admettre, suivant ainsi la ligne de penste adoptte par Nestor Duane [A ordempnwada e a organizogio politica nacional (SHo Paulo, 1939)] et Raymundo Faoro [Os donos do podet: FormapFo do patronato poljtico brasileiro (Porto Alegre, 1958)]. Carvalho, ainsi que L. F. Alencastro [Imphio: a Corte e a modernidade nacional (Sao Paulo, 1997)l ou L. M. Pereira Neves [O ImpLrio do Brasit (Rio de Janeiro, 1999)], tout en reconnaissant le conservatisme de 1840, ne lui attribuent pas d’importance majeure, compte tenu d’une certaine homogtntitt! politique gkntrale quant A la monarchie, tout du moins au milieu du XIXtme sitcle. Ce m&me langage Ctait dtjh prtsent chez Emilia Viotti da Costa [Da Monarpuia a Repriblica (SHo Paulo, 1979)l. Richard Graham [Patronage and Politics in Nineteenth- Century Brazil(Stanford University Press, 1990)] ainsi que Roderick J. Barman [Brad: The Forging of

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dernier point Ctait accentut par le fait qu’en 1826 Pedro Ier avait htr i t t du tr6ne portugais suite au dtcks de son pkre, le roi Jean VI. Bien qu’ayant abdiqut en faveur de sa fille ainCe Maria, en dtsignant regent du Portugal son frkre Miguel, Pedro IV du Portugal et Ier du Brtsil suivait de prks les affaires portugaises. Cette prtoccupation quant aux destintes du Portugal alimentait bien sOr les rumeurs constantes que Pedro Ier se dtsinttresserait du Brtsil, car Miguel avait entre temps renverst sa trks jeune nibce et usurp6 le trbne. De plus, Miguel, qui avait aid6 son pkre 21 faire plier les Cortes en abrogeant la Constitution portugaise de 1820, ttait connu pour soutenir la formule absolutiste de gouverner, une attitude que les hommes politiques brtsiliens - certainement 2I tort - craignaient que Pedro Ier ne v h t 2I adopter. La dure rCaction de I’empereur entre dCcembre 1830 et janvier 1831 - il dtclara notamment qu’il ttait dispost i ‘tout faire pour le peuple, mais non par le peup1e’- dtclencha une crise politique dont le dCnouement ne pouvait Ctre que l’abdication, le 7 avril 1831, au btntfice du trks jeune prince imptrial Pedro 11, alors Pgt de cinq ans. Une abdication p e r p e comme la victoire du ‘parti des patriotes’, qui pourrait enfin prendre en main les destintes du pays.4 Ce n’ttait assurtment pas si simple. La monarchie constitutionnelle avait ttt maintenue par l’tloignement du monarque. Aux hommes politiques, maintenant, de donner suite aux rtformes constitutionnelles et de veiller 2 la consolidation politique du pays. Vingt-six d tput t s et trente-six stnateurs, malgrt le nombre insuffisant d’aprbs le rkglement, dtcidbrent de parer au plus presst: rtunis le 8 avril 1831 au palais du Stnat, ils tlirent un conseil de rtgence provisoire compost de trois stnateurs. Le parti liberal et nationaliste Ctait au pouvoir, par le biais d’un quasi coup d’Ctat.

11 LA REGENCE: 183140

L‘espoir de consolidation et de stabilisation par le biais de rtformes constitution- nelles et de la parlementarisation du rtgime de gouvernement ne s’est realist que partiellement. Les divergences naturelles entre les factions politiques et leur transformation graduelle en partis, les tendances autonomistes des provinces,

a Nation, 1798-1852 (Stanford University Press, 1988); Citizen Emperor: Pedro II and the Making of Brad, 1825-1891 (Stanford Unversity Press, ZOOl)] prtsentent une approche globale du r81e des Clites dans le jeu politique et tconomique de I’Empire, sans entrer dans le dttail de I’tpisode de la majoritt. Ainsi, la question du caracttre conservateur tvident de cet episode, comme sa formalitt en tant que coup d’ttat, sont surtout mis en perspective, de faCon gtntralement succinte, dans le cadre politique global.

4 L e Marquis de Barbacena, Felisberto Caldeira Brant Pontes, Stnateur de la premihe heure (lettre patente imptriale du 26 avril 1826). homme politique de grande influence et autoritt, respect6 et trts franc, a tvalut la crise avec une ttonnante prtcision dans une dure lettre adresste A I’empereur, pour essayer de le raisonner et de garantir la survie institutionnelle de la monarchie: ‘[la rtvolution est imminentel ... mais V.M. peut encore I’tviter ... changez de systtme, prenez une autre direction, identifiez-vous avec les brtsiliens; tloignez de votre auguste personne et de votre maison cette bande de portugais qui vous rendent I’ennemi de la nation ... Ne soyez pas I’instrument aveugle de la faction ennemie du Brtsil ... [V. M.] emploie les mots constitution et brtsilianisme ... mais est toujours restte portugaise et absolutiste dans votre coeur ... [si vous persistez sur cette voie] la disgrace sera intvitable et la catastrophe ... se produira en peu de mois, peut-&re meme pas six!’ Cf. August0 de Aguiar, Vida do Murqds de Barbacenu. aprts Araripe et Leal, Ogo(pe maioridade, p. 49.

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notamment dans le nord-est et dans le sud, rendirent cette ptriode trks instable e t tourmentte. La vie politique qui commenGa en avril 1831 fut, comme I’tcrit Armelle Enders, ‘l’kre des rtvolutions’. Cette phase ne sera surmontCe qu’en 1848, huit ans aprks la majoritt anticipte de Pedro 11.

En I’absence d’un titulaire actif du ‘pouvoir moddrateur’, revenant 2 I’empereur, clef de voOte du systkme politique, 1’Assemblte gCntrale devint la source de la ltgitimitt pour I’exercice du pouvoir au nom du souverain. E l k dtfinit les attri- butions du conseil de rtgence, auquel elle prit soin de retirer les aspects rtgaliens, en vue de prCserver l’autoritt modtratrice en principe rtservte au seul empereur. Ainsi les rCgents n’avaient-ils pas le pouvoir de dissoudre la Chambre. Le parti ‘portugais’ (les ‘caramums’) perdit son soutien avec le dCcks du duc de Bragance, Pedro Ier, en 1834, 2 Lisbonne. Ayant rtussi 2 rttablir sa fille sur le tr6ne du Portugal, I’ex-empereur du Brtsil mourait trente-six ans. Les ltgitimistes lusophiles du Brtsil se disperskrent donc dans le scenario politique de la rtgence. Les tiraillements politiques au sein de 1’AssemblCe et entre les diverses provinces finirent par accentuer une sorte de force centrifuge au sein de l’empire, dont la structure ttait cependant centralis&. Des tmeutes et des rtvoltes tclatkrent un peu partout, avec la participation croissante d’unitts des forces armtes. Une Garde nationale fut c r t t e 2 l’initiative du Ministre de la Justice, le pkre Diogo AntBnio Feij6, pour mettre 2 la disposition de la RCgence des troupes fiables. Au demeurant le gouvernement ne pouvait se passer de I’armte. E l k ttait ntcessaire pour combattre, par exemple, I’importante rtvolte de la Cabanada (1832, Pernambouc et Alagoas), inspirte par les Itgitimistes lusophiles. Entre 1831 et 1840, le pays connut dix-neuf mouvements stditieux, dont certains ne seraient pacifits que plusieurs anntes aprks I’intronisation de Pedro 11.

L‘instabilitt gouvernementale n’a toutefois pas empCcht une oeuvre de reforme politique qui aboutit B la loi constitutionnelle de 1834 - ‘1’Acte additionnel’, premikre et finalement seule grande rtforme de la charte imptriale de 1824, tant souhaitte avant 1831. Cette rtforme renfoqait considtrablement I’autonomie des provinces, en transformant leurs conseils consultatifs en assembltes ltgislatives de plein droit. Un rttquilibrage indispensable du partage des ressources financikres et l’introduction d’un ordonnancement fiscal entre empire et provinces parachevaient ce que, dans le temps, on avait qualifit de ‘rtpublicanisation’. Cette tendance fut cependant mise 2 profit par la Rtgence, qui gardait le contrBle du fonctionnement ltgislatif de I’Assemblte gtntrale. Les libtraux y dktenaient la majoritt qui devait adopter 1’Acte abolissant entre autres le Conseil d’Etat, forteresse du conservatisme. La dtcentralisation introduite par 1’Acte additionnel rendait les conflits locaux bien plus aigus. Pour les clans qui dominaient les socittts rtgionales, la maitrise des emplois publics, surtout ceux lies B la Justice ou 2 la police, ttait un enjeu vital. E lk garantissait d’une part que la loi serait toujours de leur cBtt en permettant, d’autre part, l’entretien d’une vaste clientkle par la distribution de prkbendes. Une tventuelle dtfaite tlectorale aurait prtsentt le risque de ruiner toutes les positions acquises anttrieurement par les vaincus au profit des vainqueurs et se serait ainsi rtpercutte du haut en bas de l’tchelle sociale.

Les troubles armts les plus graves tclatkrent entre 1835 et 1838. Un certain nombre de raisons semblent communes 2 tous les mouvements de rtbellion de

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cette tpoque: la situation tconomique difficile, l’aversion pour les marchands portugais, le dtsordre du gouvernement central joint 2 ce qui paraissait un excks de centralisme.s Ce malaise gtntral fut renforcC par I’adoption en 1834 d’un seul regent tlu par les assembltes ltgislatives pour quatre ans. Si le mode d’tlection par un college compost des dkltguts des dix-huit assembltes semblait aller dans le sens du ftdtralisme, la concentration du pouvoir dans les mains d’un seul individu allait certainement dans la direction opposte. D’autant que le regent t lu en 1835, Feij6, tout en appartenant au camp liberal, gouvernait d’une main forte. Son tchec dans I’effort de mater les seditions lui valut une opposition impitoyable 2 la Chambre des Dtput t s qui le contraignit 2 dtmissionner en 1837. L e marquis de Olinda, Stnateur Pedro de Aralijo Lima, fut alors tlu rtgent par 15 des 18 provinces. Malgrt son talent incontestt d’administrateur, il ne rtussit pas davantage 2 ramener l’ordre principalement dans le sud du pays, oh la guerre dite des Farrapos (des loques) faisait rage depuis 1836. On ttait all6 trop loin dans le ftdCralisme. En mai 1840 la majoritt conservatrice de la Chambre vota une ‘loi interprttative’ de 1’Acte de 1834, mettant fin 2 la libtralitt ftdtralisante et renforqant les tendances centralisatrices autour de la ICgitimitt monarchique. La personne du souverain ttait de plus en plus considtrte comme indispensable au retour au calme et i la pacification de I’empire. L‘essai de transftrer h la soeur ainte de Pedro 11, Dona Januiria, en 1836, la condition d’htritiere du trBne, n’avait pas donnt le rtsultat escomptt, celui de ltgitimer le pouvoir de la rtgence en la personne de la Princesse Imptriale. La crise de gestion publique, les diver- gences entre la Chambre et le SCnat quant 2 la manikre de gouverner, les interminables stances de 1’Assemblte gtntrale, ponctutes d’impitoyables cri- tiques aux regents successifs, particulikrement par la voix du Stnateur Bernard0 Pereira de Vasconcellos, firent des six premiers mois de I’annte 1840 le cadre d’un coup d’ttat parlementaire qui allait mettre les institutions devant un fait accompli de nature populaire: I’tmancipation civile du jeune Pedro I1 de Bragance bien avant la date Itgale, le 2 dtcembre 1843.

111 LA MAJORITB ANTICIPEE: 1840

La crise parlementaire et gouvernementale entraina la fondation, le 15 avril 1840, d’une sociCtC secrkte, le ‘Club de la Majoritt (Clube Maiorista), dont I’objectif ttait ‘d’obtenir du pouvoir ltgislatif la suppltance d’fige de I’empereur pour qu’il soit investi dans le gouvernement de I’Etat immtdiatement’. Son manifeste de crtation proclamait que personne n’y serait admis sans avoir donnt tout d’abord ‘sa parole d’honneur, pour les parlementaires, de voter en faveur de la majoritt de l’empereur, et pour les personnes exttrieures au corps Itgislatif, d’employer toutes leurs forces 2 gagner des voix 2 cette fin’. Cette socittt, pas si secrkte puisqu’elle agissait ouvertement, adopta un titre plus formel: Socittt Promotrice de la Majoritt de 1’Empereur Dom Pedro 11. L‘article 4 de ses statuts stipulait: ‘L‘objectif de la Socittt est d’obtenir la dtclaration, au plus tBt, de la majoritt de I’Empereur, comme moyen de maintenir la monarchie constitutionnelle, pour l’heure menacte.

FrCdtric Mauro, Histoire du Brksil (Paris, 1994).

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E l k emploiera 2 cette fin toutes le mesures Itgales disponibles et toutes les initiatives raisonnables possibles’. Les membres de la socittt itaient en partie aussi des parlementaires, qui s’itaient engagts i prtsenter les projets de rtsolution tlaborts au sein du club i leur chambre respective. Pour ne pas s’exposer au risque de voir leurs efforts contrts par un tventuel refus de 1’Empereur d’accepter la charge de l’investiture, ils ttablirent des contacts avec la maison de Pedro 11. Les signes ttaient positifs. Le club avanqait donc dans ses projets. Le 12 mai 1840, un premier essai fut fait au Stnat. Le projet prtpart par le club fut prtsentt le 13 mai par le Stnateur Hollanda Cavalcanti, vicomte d’Albuquerque, homme trks respecti, malgrt ses deux candidatures malheureuses au poste de regent en 1835 et 1838. Le Stnat n’ttait cependant pas la chambre idtale pour faire dtbuter ce projet, m&me si son prtsident, le marquis de Paranagus, descendu du fauteuil prtsidentiel, l’avait dtfendu de la tribune en rappelant l’intelligence de Pedro 11, la fatigue de la nation ‘qui souffre tant de maux depuis la fatale abdication de Dom Pedro I d , la faiblesse du gouvernement de la rtgence, etc.6

De fait, le risultat du vote au Stnat, le 20 mai 1840, fut contraire au projet: 16 voix pour, 18 contre. La majoritt du Stnat t t a i t encore i ce moment, formaliste et traditi~naliste.~ Plus 2gts en moyenne que les dtputts, les Stnateurs, tous titulaires i vie, beaucoup nommts dks la premikre heure, en 1826, ttaient encore assez attentifs aux arguments constitutionnels avancts par les oppositionnels, qualifiant de grave entorse i la Constitution la proclamation anticipte de la majoritt de Pedro 11, ffit-ce par rtsolution des deux Chambres. L‘ambiance n’ttait alors pas encore favorable i un changement de vues, comme I’indique le dtbat i la Chambre des Dtput ts , le 7 mai prtctdent, autour du projet de rtponse de la Chambre i la Proclamation de la Couronne lors de l’ouverture de la ltgislature, selon lequel: ‘La Chambre voit avec joie s’approcher la majoritt de Sa Majestt Imptriale.’ Cette phrase suscita un trks vif dtbat, qui conduisit i sa suppression et i la prtsentation d’un projet de rtsolution portant mandat, pour les tlections privues pour 1841, de rtforme de l’article 121 de la Constitution, en vue d’anticiper tventuellement la majoritt. Au d tbut du mois de juillet de 1840 les dtbats allaient bon train tant i la Chambre qu’au Stnat. Les esprits commenqaient i se fatiguer de l’inertie politique de la rtgence et des difficultts croissantes du proc- essus dtliberatif de 1’Assemblte. Les projets de resolution ou d’indication dans le sens de la proclamation anticipte de la majoritt s’accumulaient. Le 21 juillet la proposition d’une commission mixte de dtput ts et de stnateurs pour tlaborer un projet commun requt l’avis favorable de la commission ad hoc qui l’avait examinee. La stance houleuse qui s’ensuivit conclut i l’examen immidiat du projet d’anticipation. La discussion du projet fut ouverte. A peine avait-elk commenck que lecture fut donnte d’un dtcret du rtgent ajournant les chambres au 20 novembre sous prttexte de ‘l’ttat de perturbation dont la Chambre [ttait] prise’. Un colossal tumulte en rtsulta. Les dtputts, furieux, clamkrent i la calomnie, i la trahison, accusant le gouvernement de conspiration.

Araripe et Leal, Ogo/pe maioh’ade. p. 89. Cf. Vamireh Chacon, Histo‘ria Insrazun’onatdo Senado do Brasit (Brasilia, 1997), esp. pp. 46-52.

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Mise devant le fait accompli, la Chambre ttait diviste. Dans I’impossibilitt d’ignorer le dtcret d’ajournement, les d tput t s ne parvinrent pas 2 prendre de dtcision. Un certain nombre suivit finalement le d tpu t t Andrada Machado, qui s’ttait exclamt: ‘Ceux qui sont patriotes et brtsiliens qu’ils me suivent au Stnat. Abandonnons cette Chambre prostitute.’8 L‘enceinte du Stnat, malgrt la lecture officielle du dtcret d’ajournement, ne se dtsemplit pas. Renforcts par les dtput ts Venus les rejoindre, les stnateurs dtcidkrent d’envoyer une dtltgation 2 1’Empereur pour recueillir sa dtcision quant 2 sa majoritt anticipte, compte tenu de la tournure des tvtnements. Cinq stnateurs et trois d tput t s se rendirent chez 1’Empereur. L e d tput t Antonio Carlos parla au nom de la dtltgation et soumit 2 1’Empereur un jugement accablant du comportement du gouvernement, et particulikrement du rtgent Aradjo Lima. L‘Empereur fit convoquer le rtgent et le ministre de I’Inttrieur. Aprks dtlibtration en s tpar t avec le rtgent, 1’Empereur fit rentrer la dtltgation pour tcouter les explications du gouvernement. Le rtgent affirma avoir ajournt les chambres juste pour permettre de proclamer la majoritt le 2 dtcembre 1840, date du quinzikme anniversaire de Pedro 11. Ara6jo Lima dtclara en outre avoir constat6 la forte commotion provoquCe par les tvtnements des dernikres semaines, plus intense dans les dernikres heures, et se soumettre 2 la dtcision de 1’Empereur d’accepter la proclamation de la majoritt immtdiatement.

La dtltgation - mtfiante 2 I’tgard des mouvements du rtgent - exigea que le gouvernement prenne immtdiatement deux dtcrets: l’un annulant I’ajournement et I’autre convoquant 1’Assemblte gtntrale pour le lendemain. Ces dtcrets furent effectivement pris, mais entre temps le president du Stnat - compte tenu de I’insuffisance du nombre de parlementaires prtsents - dtclara que le SCnat - avec les dtput ts qui s’y trouvaient - ttait en rtunion populaire, que 1’Empereur Ctait reconnu majeur et qu’il ttait donc investi du pouvoir de gouverner. La journte du 22 juillet 1840 se termina par un rtsultat politique de fait: une poignte de stnateurs et de deputes avait rtussi, dans la foulte des mouvements de I’opinion publique et sous les vivats populaires, ce que le vote formel du 20 mai n’avait pu accomplir. Un quatrain alors trks en vogue disait en effet:

Nous voulons Pedro I1 quoiqu’il n’ait pas I’ige la nation fait fi de la loi et vive la rnajoritk!’

Le lendemain, 23 juillet 1840, les Chambres furent rtunies officiellement en assemblte gtntrale. A dix heures et demi du matin le Marquis de ParanaguP, president du Stnat, proclama Pedro I1 majeur et en plein exercice de ses droits constitutionnels. L‘aprks midi, ?I quinze heures trente, le jeune empereur de

Ardripe et Leal, Ogolpe maioridade, p. 99. Queremos Pedro Segundo embora nLo tenha idade; a na@o dispensa a lei, e v i va a Maioridade!

Aprts Araripe et Leal, Ogolpe maioridade, p. 116.

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quinze ans incomplets se prtsenta h 1’Assemblte et prsta le serment requis par I’article 103 de la Constitution comme empereur constitutionnel et dtfenseur perpttuel du Brtsil. Les Chambres approuvkrent alors une proclamation i la nation, dans laquelle e lks affirmaient que les circonstances exceptionnelles de la faillite gouvernementale rtcente et les difficultts croissantes rencontrtes par le Brtsil avaient ament les parlementaires 5 prendre les rCnes des dtcisions et 2 proclamer la majoritt de 1’Empereur par anticipation.

Les rtformes ltgislatives adopttes au long de l’annte 1840, la ltgitimitt monarchique incarnte par Pedro 11, la centralisation h nouveau pratiqute depuis la loi d’interprttation de 1’Acte additionnel, le rttablissement de la pratique de la quadripartition du pouvoir, avec le retour du pouvoir modtrateur imptrial, et toute une sCrie de mesures prises i partir d’ao0t 1840 permettent de considtrer ce vrai coup de force parlementaire comme le retour d’un certain conservatisme politique, msme si les principaux protagonistes en furent des hommes politiques dits libtraux. Mais les partis politiques au sens moderne ne commenckrent rtellement h se profiler au Brtsil qu’2 partir de cet tpisode de la majoritt. Une chose est en somme toute certaine: l’investiture de Pedro I1 a effectivement apportt I’accalmie politique que la rkconciliation militaire et le dtveloppement tconomique ntcessitaient.’O Presque cinquante ans d’un rtgime politique de style parlementaire h I’anglaise et de culture h la fraqaise s’ouvraient, enfin, sur une sorte de coup d’ttat.

I ” Armelle Enders, Histoire du Brisif (Paris, 1997), esp. pp. 31 ss; Mauro, Histotre du Brisif, p. 75, considbre m&me que I’avtnement de Pedro 11, n& au BrCsil, a parachevt la ‘brtsilianisation’ du gouvernement.

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Repkres chronologiques (1807-40)

1807 29 novernbre 1808 22 mars 1815

1816 1820

1821 25 avril 1822 9 janvier 13 rnai 7 septembre ler dtcembre 1823 3 rnai 12 novernbre 1824 25 mars 1825 29 aoiit 2 dtcernbre 1826 29 avril

1831 7 avril

1834

1835 25 janvier

1836

1840 23 juillet

La Cour portugaise quitte Lisbonne pour le Brtsil

La Cour s’installe ii Rio de Janeiro Le Brtsil est t l ev t au rang de royaume uni au Portugal et ii 1’Algarve Mort de Maria I. Avknement de Jean VI ConquCte de la Banda Oriental (= Uruguay) par les troupes luso-brtsiliennes

Retour de Jean VI et de sa cour au Portugal

Pedro, regent, dtclare rester au Brtsil Pedro est proclarnt ‘dtfenseur perpttuel du BrCsil’ Proclamation de I’indtpendance Couronnement et sacre de Pedro Ier

Ouverture de 1’Assemblte constituante Dissolution et dispersion de I’AssemblCe ‘Octroi’ de la Constitution ConftdCration de I’Equateur (rnouvement stditieux)

Trait6 de reconnaissance et amitit entre le Portugal et le Brtsil Naissance du prince Dom Pedro (11)

Installation du Stnat et de la Charnbre des Dtput ts Pedro Ier abdique la couronne du Portugal en faveur de sa fille Maria da G16ria(Maria I1 du Portugal)

abdication de Pedro I institution de la Rtgence (triade) crCation d’une Garde nationale Acte additionnel ii la Constitution La Rtgence est r6duite i un seul titulaire

Rtvolte des Males ii Bahia Stcession du Rio Grande do Sul (Farrapos) Les Farrapos proclament la rtpublique au Rio Grande do Sul (Rtpublique de Piratini)

MajoritC anticipCe de Pedro I1 et dCbut de son rQne personnel (jusqu’au 15 novembre 1889 [= proclamation de la Rtpublique]). Loi interprttative de 1’Acte additionnel.

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