boulletin yougoslave - 15 (1916)

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Imprimé comme manuscrit. ÎS. Paris, Septembre 1916 Publié par le Comité Yougoslave de Londres (44, Stanhope Gardens, S.W.) Président : Dr ANTE TRUMBIC Le Bulletin Yougoslave parait, selon la nécessité, à de courts intervalles, en deua> éditions : anglaise à Londres et française à Paris. Le siège de l'administration à Paris est 17, rue Cadet. Le Bulletin est destiné à donner des renseignements à la presse, auec hommes politiques et à tous les amis de la cause Yougoslaee. Il est distribué gratuitement. On n'a, pour le recevoir régulièrement, qu'à s'adresser à l'Administration. LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVES Les Yougoslaves les Serbes, les Croates et les Slovènes—unis par le sang, la langue, les traditions, les conditions économiques et politiques et les aspirations,;nationales, ne-formentqu'une seule et même nation. Les Yougoslavesvivent en un groupe compact de cinq millions d'hommes dans les Royaumes libres de Serbie et de Orna Gora (Monténégro), et en Autriche-Hongrie où ils sont huit millions. En Autriche-Hongrie, ils sont soumis à deux dominations, l'allemande et la magyare, et divisés en dix provinces. Ils y sont opprimés et persécutés au point de vue national, civil, économique et leur civilisation propre y est menacée. 2.100.000 Yougoslaves vivent sous la domination allemande, à savoir : en Styrie méridionale 410.000, en Carinthie méridionale 120.000, en Carniole 490.000, en Gorica-Gradiska 1:5.000, en Istrie 225.000. en Dalmatie 610,000. Les Magyarsimposent leur autorité à 3.200.000 Yougoslaves, à savoit' : en Croatie-Slavonie 2.300.000, au sud et sud-ouest de la Hongrie (Medjumurje, le long de la frontière de la Styrie et de la Hongrie, en Baranja, en Backa et clans le Banat) 900.000. En Bosnie-Herzégovine, sous la domination commune austro-magyare, on compte 1.900.000 Yougoslaves. Enfin, un million de Yougoslaves vivent aux Etats-Unis, et dans l'Amérique du Sud et les colonies anglaises on en compte un demi-million. Les Yougoslavesont toujours aspiré à une vie nationale indépendante, libre de toute domination étrangère (turque, vénitienne ou austro-magyare). Deux Etats yougoslaves,la Serbie et la Crna Gora, réussirent à réaliserleur indépendance, mais les efforts de leurs compatriotes du Nord, envue d'une union même partielle et pourassurer leur existence nationale à l'intérieur dès frontières austro- hongroises,restèrent vains. Tous les Yougoslavesd'Autriche-Hongrie sont convaincus que les luttes glorieuses soutenues par la Serbie, la Crna Gora et leurs puissants alliés leur apporteront la délivrance complète de tout joug étranger et l'union avec leurs frères libres. Ils réclament l'application intégrale à leur profit du principe des nationalitésafin qu'ils puissent former avec la Serbie et la Crna Gora un Etat unique et indépendant, comprenant tous les territoiresqu'ils habitent depuis des temps immémoriaux. Le programme de la délivrance et de l'union de tous les Yougoslaves a été solennellement approuvé par la Skupstina, dans ses ordres du jour de novembre 1914 et d'août 1915 et le Gouvernement actuel serbe ya proclamé son adhésion à maintes reprises. Ce programme est conforme aux déclarations des représentants des grandes puissances alliées, qui ont toujours affirmé qu'un des buts principauxpoursuivis dans la guerre actuelle était l'affranchissement dés petits peuples et la liberté pour eux de s'unira leur gré. Le programme national des Yougoslaves encore soumis à la domination étrangère a été développé dans le mémoire pré- senté par le ComitéYougoslave aux représentants de la Triple-Entente; il a été publié dans la Bibliothèque Yougoslave, éditée par les soins du Comité. Le grand Meeting tchèque et yougoslave de Londres pour la liberté et l'indépendance Le 11 août dernier, les colonies tchèque et you- goslave, à Londres, se réunirent dans un gradd meeting national qui eut lieu au Tottenham Court Road, "pour commémorer l'anniversaire de la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne à l'Autriche-Hongrie. Le meeting, qui réunit aussi un grand nombre de nos amis britanniques, eut un grand succès à tous égards. Le président était le vicomte Templetown, et parmi les orateurs figu- raient : Mr J. A. Seddon, Dr. Seton-Wàtson, M. la professeur.T..Mnsàry.ket.M. H- Hinkoviii... Lé président lut la résolution suivante : « Cette réunion désire appeler l'attention du Gouvernement de Sa Majesté sur la nécessité du démembrement de l'Autriche-Hongrie pour garan- tir la paix future en Europe, et de l'établissement de l'indépendance des peuples slaves qui lui sont soumis, indépendance en accord avec leurs droits nationaux et historiques. « L'indépendance de ces populations slaves de l'Autriche et de la Hongrie, poussées contre leur volonté dans cette guerre par une dynastie peu scrupuleuse, et par leurs oppresseurs Allemands et Magyars, mettra l'Êtat-major allemand pour toujours dans l'impossibilité d'accomplir ses plans néfastesd'agression, etd'expansion vers les Indeset l'Egypte. » Cette résolution a été appuyée par un discours vigoureuxet fier de M. SEDDON dont voici quelques citations : « Le traitement que l'Autriche-Hongrie fait subir aux races qui lui sont assujetties, a claire- ment démontréqu'elle ne peut aspirer à aucune autre prétention qu'à celle d'être elle-même exter- minée. J'ai un sincère respect pour toutes les petites nations, dont les caractéristiques distinctes leur donnent une place à part dans l'ensemble des nations, et je dis que toute nation, si petite soit- elle, qui a contribué au progrès de l'humanité, devient créditeur de tous les autres peuples si grands qu'ils puissent être. Ces petites nationsont fait du reste du monde leurs débiteurs. » Après avoir fait l'éloge de la Serbie et de ses fils héroïques, il en arrive à parler de l'empereur François-Joseph qui semble faire preuve de fai- blesse par le gouvernement « inconstitutionnel » de son pays. Non seulement il conserve son trône sans les consentements habituels, mais il déclare même la guerre sans l'approbation de son parle- ment. En effet, de tous les belligérants engagés dans cette grande guerre, seule l'Autriche n'a pas appelé son Parlement pour obtenir son approba- tion à l'action de son cabinet, ni pour en contrôler le CQurs. C'est une preuve que l'empereur,et ceux qui ont la responsabilité de cette guerre, agissent en désaccord avec la volonté des peuples de ce pays. En disant, ensuite, que les atrocités commises au cours de cette guerre par l'Autriche-Hongrie dépassent en cruautécellescommisesparla Prusse, il conclut i ... « Pour cette raison, pour ses crimes, pour ses négligences, et pour le manque de respect aux lois établies par la société humaine moderne ainsi que pour l'usurpationd'un trône que l'empereur n'au- rait pas occuper, j'insiste à dire que nous sommes arrivés, en politique européenne, à un point où il nous faut des hommes d'État d'une empreinte moderne. Nous voulons une nouvelle race d'hommes d'État. Nous avons besoin d'hommes d'État qui comprennent ceci : que chaque petite nation a des droits et une individua- lité, que le rétablissement de la paix, de l'ordre et d'un bon gouvernement en Europe ne peut être obtenu qu'en donnant à ces petites nations la possibilité de s'organiser elles-mêmes en confor- mité avec leurs traditions, leur race et leur "Tangue, Far conséquent, je pose comme pi-iùcipo ; l'inaliénable droit d'un peuple à la souveraineté, à l'intérieur de ses frontières géographiques, stratégiques et politiques ; chaque nationalité, dans les limites raisonnables, doit décider de la forme du gouvernement sous lequel son peuple veut vivre ; dans un peuple, aucune partie essentielle, et consciente de sa nationalité, ne doit être remise à une nation étrangère contre sa propre volonté:l'aspiration dominante doit déci- der ; toute réunion desnationalités, ou fédération, doit être basée sur un mutuel assentiment et sur le principe de propre conservation. Ceci, selon moi, doit constituer les bases de la réorganisation des petites nationalités, en ce qui concerne l'Eu- rope. » M. le professeur MASAR-ÏK prononça ensuite un éloquent discours, qui fut souvent interrompu par d'enthousiastes applaudissements. En observant qu'en Angleterre on est toujours incliné à croire, dans certains milieux, que l'Au- triche-Hongrie aurait été pousséedans cette guerre malgré elle et contrainte par l'Allemagne, l'orateur cherche à démontrer combien cette opinion est fausse. L'Autriche-Hongries'est volontairement et consciemmentalliée à l'Allemagne,et à l'Europe Centrale Pangermanique, elle est son avant-garde dans les Balkans et en Turquie. Quand on dit « Berlin-Bagdad » on ne doit pas oublier que cette politique a trouvé plein consentement et ac- ceptation volontaire en Autriche-Hongrie, l'empereur François-Joseph a abdiqué son autorité de monarque. On le croit chef suprême de l'armée en Autriche-Hongrie ; or, le vrai maître c'est Hindenburg, en ce moment. « Vous comprendrez donc, que nous autres Tchèques, nous ne pouvons accepter un tel empereur ou tel roi en Bohême... » « Il faut se rappeler que l'Autriche-Hongrie ne fait pas seulement la guerre à la Russie et à la Serbie, mais encore à ses propres peuples. Elle est en guerre contre les Tchèques, les Ruthènes, les Roumainset les Yougoslaves depuis un demi- siècle,c'est-à-dire depuis que la monarchie dualiste a été créée. 11 n'est pas exagéré de dire que cette guerre est une forme aiguë de celle que l'Autriche faitaux Slaves et aux nationalités non-allemandes. L'Autriche-Hongrie donne comme cause de cette guerre contre la Serbie son existence menacée par celle-ci. Mesdames et Messieurs, s'écrie l'orateur, je me demande très souvent si cette soi-disant ; Europe pense ou ne pense pas? Un État de quatre millions d'hommes est-il un danger pour une soi- disantgrandepuissancede 51 millions? Le croyez- vous? Pouvez-vous le croire? «On sait déjà commentl'Autriche-Hongrieagis- sait envers les Yougoslaves : Serbes, Croates et Slovènes.On sait comment l'annexionde la Bosnie- Herzégovine a été accomplie sans se soucier des autres signataires du Congrès de Berlin. On connaît les falsifications de l'Autriche-Hongrie exécutées sur commande par sa légation à Bel- grade, afin de fournir une justification à l'annexion de la Bosnie-Herzégovine. L'homme d'État italien, M. Giolitti, nous a confirmé que l'Autriche-Hon- grie méditait ce coup contre la Serbie dès 1913. On se rappelle que la Serbie accepta presque toutes les demandes de l'Autriche-Hongrie, dè- -•naxxrLXêèa'~~L-écJla3;&oa -oontroiroo & tous IGB us&ge8 et au droit international par le professeur Liszt, juriste de Berlin, cependant. C'est seulement l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie qui désiraient la guerre, l'Allemagne ayant accepté les vues de l'Autriche-Hongrie. Mais cette dernièren'était pas préparée à la guerre comme l'Allemagne l'espérait. Elle a été battue non seulement par la Russie, mais même par la petite Serbie, et si elle se tient encore debout, c'est grâce à l'effort de l'Allemagne qui la soutient. «Aucun principe de nationalité ni de démocratie ne peut exister pour l'Autriche Hongrie, c'est pour cette raison que nous demandons son démem- brement afin de délivrer les peuples qui lui sont soumis : Polonais, Tchèques, Slovènes, Yougo- slaves, Ruthènes, Roumains, Italiens, et les Magyars aussi. C'est seulement ainsi que l'on peut espérer détruire le plan pangermanique de la Prusse. » L'orateur conclut : « Ce n'est pas seulement pour ces principes d'humanité que nous nous bat- tons, mais en tant qu'hommes nous avons nos intérêts économiques et autres, et il est de l'intérêt de l'Angleterre, ainsi q ue de la Russieet des Slaves, que l'Autriche-Hongrie soit démembrée, parce qu'elle est le point faible de l'Allemagne. Aussitôt que l'Allemagne ne pourra plus se servir des 51 millions d'Autrichiens,aussitôt que l'Allemagne sera exclue des Balkans et de l'Asie-Mineure, la Grande Bretagne n'aura plus à craindre le mili- tarisme prussien. C'est une noble tâche, une très noble idée de terrasser le militarisme prussien, mais comment y arriver? La défaite de l'Allemagne, c'est la destruction du militarisme prussien et vaincre l'Allemagne signifie au surplusdémembrer- l'Autriche-Hongrie ». M. HINKOVIÔ, parlant des Yougoslaves, a traité la question du démembrement de l'Autriche en démontrant que l'Allemagne n'était pas le seul ennemi, l'Autriche-Hongrie, son instrument docile, n'étant pas moins dangereuse. Il conclut que non seulement l'Autriche-Hongrie devrait être brisée, mais encore qu'on ne devrait pas' même laisser un trône de peu d'importance à la néfaste Maison des Habsbourgs. Parlant de la duplicité magyare, M. Hinkovié a dit : « Longtemps, dans le passé, les Magyars ont joui d8ns la crédulité naïve de l'Europe d'une ré-: ; putation de champions dela liberté contrela tyran-: , nie germanisatrice de l'Autriche. Mais depuis leur ' accord avec l'Autriche, par lequel les Allemands et

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Boulletin Yougoslave 15 (1916)

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  • Imprim comme manuscrit. N S. Paris, / Septembre 1916

    Publi par le Comit Yougoslave de Londres (44, Stanhope Gardens, S.W.)Prsident : Dr ANTE TRUMBIC

    Le Bulletin Yougoslave parait, selon la ncessit, de courts intervalles,en deua> ditions : anglaise Londres et franaise Paris. Le sige del'administration Paris est 17, rue Cadet. Le Bulletin est destin donner

    des renseignements la presse, auec hommes politiques et tous les amisde la cause Yougoslaee. Il est distribu gratuitement. On n'a, pour le recevoirrgulirement, qu' s'adresser l'Administration.

    LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVESLes Yougoslaves

    les Serbes, les Croateset les Slovnesunis par le sang, la langue, les traditions, les conditions conomiques et politiques et les aspirations,;nationales, ne-formentqu'uneseule et mme nation.

    Les Yougoslavesvivent en un groupe compact de cinq millions d'hommesdans les Royaumes libres de Serbie et de Orna Gora (Montngro),et en Autriche-Hongrie o ils sont huit millions.En Autriche-Hongrie, ils sontsoumis deux dominations, l'allemande et la magyare, et diviss en dix provinces. Ils y sont opprims et perscuts au point de vue national, civil, conomiqueet leur civilisation propre y est menace.

    2.100.000 Yougoslavesvivent sous la domination allemande, savoir : en Styrie mridionale410.000, en Carinthie mridionale 120.000, en Carniole 490.000, en Gorica-Gradiska1:5.000,en Istrie225.000. en Dalmatie 610,000.Les Magyarsimposent leur autorit 3.200.000 Yougoslaves, savoit': en Croatie-Slavonie2.300.000, au sud et sud-ouest de la Hongrie (Medjumurje,le long de la frontire de la Styrie et de laHongrie, en Baranja, en Backa et clans le Banat) 900.000.En Bosnie-Herzgovine,sous la domination commune austro-magyare, on compte 1.900.000 Yougoslaves.

    Enfin, un million de Yougoslavesvivent aux Etats-Unis, et dans l'Amrique du Sud et les colonies anglaises on en compte un demi-million.Les Yougoslavesont toujours aspir une vie nationale indpendante, libre de toute dominationtrangre(turque, vnitienne ou austro-magyare). Deux Etats yougoslaves,la Serbie et la CrnaGora, russirent raliserleur indpendance,mais les efforts de leurs compatriotesdu Nord,envued'une unionmmepartielle et pourassurerleurexistence nationale l'intrieur ds frontires austro-hongroises,restrentvains.

    Tous les Yougoslavesd'Autriche-Hongrie sont convaincusque les luttes glorieuses soutenues par la Serbie, la Crna Gora et leurs puissants allis leur apporteront la dlivrance complte de toutjoug tranger et l'union avec leurs frres libres. Ils rclament l'application intgrale leur profit du principe des nationalitsafin qu'ils puissent former avec la Serbie et la Crna Gora unEtat unique et indpendant, comprenanttous les territoiresqu'ils habitent depuis des temps immmoriaux.Le programme de la dlivrance et de l'union de tous les Yougoslavesa t solennellementapprouv par la Skupstina, dans ses ordresdu jour de novembre 1914 et d'aot1915 et le Gouvernement

    actuel serbe y a proclam son adhsion maintes reprises.Ce programme est conforme aux dclarations des reprsentants des grandes puissances allies, qui ont toujours affirm qu'un des buts principauxpoursuivis dans la guerre actuelle taitl'affranchissement ds petits peuples et la libertpour euxde s'unira leur gr. Leprogrammenational desYougoslavesencore soumis la domination trangre a t dvelopp dans le mmoire pr-

    sent par le ComitYougoslaveaux reprsentantsde la Triple-Entente; il a t publi dans la Bibliothque Yougoslave,dite par les soins du Comit.

    Le grand Meeting tchque et yougoslavede Londres

    pour la libert et l'indpendanceLe 11 aot dernier, les colonies tchque et you-

    goslave, Londres, se runirent dans un graddmeeting national qui eut lieu au Tottenham CourtRoad, "pour commmorer l'anniversaire de ladclaration de guerre de la Grande-Bretagne l'Autriche-Hongrie.Le meeting, qui runit aussiun grand nombre de nos amis britanniques,eutungrand succs tous gards. Le prsident tait levicomte Templetown, et parmi les orateurs figu-raient : Mr J. A. Seddon, Dr. Seton-Wtson,M. la professeur.T..Mnsry.ket.M. H- Hinkoviii...L prsident lut la rsolution suivante :

    Cette runion dsire appeler l'attention duGouvernementde Sa Majest sur la ncessit dudmembrementde l'Autriche-Hongrie pourgaran-tir la paix future en Europe, et de l'tablissementde l'indpendance des peuples slaves qui lui sontsoumis, indpendance en accord avec leurs droitsnationauxet historiques.

    L'indpendance de ces populations slaves del'Autriche et de la Hongrie, pousses contre leurvolont dans cette guerre par une dynastie peuscrupuleuse, et par leurs oppresseurs Allemandset Magyars, mettra l'tat-major allemand pourtoujoursdans l'impossibilit d'accomplir ses plansnfastesd'agression,etd'expansionvers les Indesetl'Egypte.

    Cette rsolution a t appuye par un discoursvigoureuxet fier de M. SEDDONdontvoici quelquescitations :

    Le traitement que l'Autriche-Hongrie faitsubir aux races qui lui sont assujetties, a claire-mentdmontrqu'elle ne peut aspirer aucuneautre prtention qu' celle d'tre elle-mmeexter-mine. J'ai un sincre respect pour toutes lespetites nations, dont les caractristiquesdistinctesleur donnentune place part dans l'ensemble desnations, et je dis que toute nation, si petite soit-elle, qui a contribu au progrs de l'humanit,devientcrditeur de tous les autres peuples

    sigrands qu'ilspuissent tre. Ces petites nationsontfait du reste du monde leurs dbiteurs.

    Aprs avoir fait l'loge de la Serbie et de ses filshroques, il en arrive parler de l'empereurFranois-Josephqui semble faire preuve de fai-blesse par le gouvernement inconstitutionnel de son pays. Non seulement il conserve son trnesans les consentements habituels, mais il dclaremme la guerre sans l'approbation de son parle-ment. En effet, de tous les belligrants engagsdans cette grande guerre, seule l'Autriche n'a pasappel son Parlement pour obtenir son approba-tion l'action de soncabinet, ni pour en contrlerle CQurs. C'est une preuve que l'empereur,et ceuxqui ont la responsabilit de cette guerre, agissenten dsaccord avec la volont des peuples de cepays.

    En disant, ensuite, que les atrocits commisesau cours de cette guerrepar l'Autriche-Hongriedpassent encruautcellescommisesparlaPrusse,il conclut i

    ...

    Pour cette raison, pour ses crimes, pour ses

    ngligences, et pour le manque de respect aux loistablies par la socit humaine moderne ainsi quepour l'usurpationd'un trne que l'empereur n'au-rait pas d occuper, j'insiste dire que noussommes arrivs, en politique europenne, unpoint o il nous faut des hommes d'tat d'uneempreinte moderne. Nous voulons une nouvellerace d'hommes d'tat. Nous avons besoind'hommes d'tat qui comprennent ceci : quechaque petite nation a des droits et une individua-lit, que le rtablissement de la paix, de l'ordre etd'un bon gouvernement en Europe ne peut treobtenu qu'en donnant ces petites nations lapossibilitde s'organiser elles-mmes en confor-mit avec leurs traditions, leur race et leur

    "Tangue, Far consquent, je pose commepi-icipo ;1 l'inalinable droit d'un peuple la souverainet, l'intrieur de ses frontires gographiques,stratgiques et politiques; 2 chaque nationalit,dans les limites raisonnables,doit dcider de laforme du gouvernement sous lequel son peupleveut vivre ; 3 dans un peuple, aucune partieessentielle, et consciente de sa nationalit, nedoit tre remise une nation trangrecontre sapropre volont:l'aspiration dominante doit dci-der ; 4 toute runiondesnationalits, ou fdration,doit tre base sur un mutuel assentiment et surle principe de propre conservation.

    Ceci, selonmoi, doit constituer les bases de la rorganisationdes petites nationalits, en ce qui concerne l'Eu-rope.

    M. le professeur MASAR-K pronona ensuite unloquent discours, qui fut souvent interrompupar d'enthousiastes applaudissements.

    En observantqu'en Angleterre on est toujoursinclin croire, dans certains milieux, que l'Au-triche-Hongrieauraitt poussedans cette guerremalgr elle etcontrainte par l'Allemagne, l'orateurcherche dmontrer combien cette opinion estfausse. L'Autriche-Hongries'est volontairementet consciemmentallie l'Allemagne,et l'EuropeCentrale Pangermanique, elle est son avant-gardedans les Balkans et en Turquie. Quand on dit Berlin-Bagdad on ne doit pas oublier quecette politique a trouv plein consentement et ac-ceptation volontaire en Autriche-Hongrie, ol'empereur Franois-Josepha abdiquson autoritde monarque. On le croit chef suprme de l'armeen Autriche-Hongrie ; or, le vrai matre c'estHindenburg, en ce moment. Vous comprendrezdonc, que nous autres Tchques, nous ne pouvonsaccepter un tel empereur ou tel roi en Bohme...

    Il faut se rappeler que l'Autriche-Hongrienefait pas seulement la guerre la Russie et laSerbie, mais encore ses propres peuples. Elleest en guerre contre les Tchques, les Ruthnes,les Roumainset les Yougoslaves depuis un demi-sicle,c'est--dire depuisque la monarchie dualistea t cre. 11 n'est pas exagr de dire que cetteguerre est une forme aigu de celleque l'AutrichefaitauxSlaves et aux nationalitsnon-allemandes.L'Autriche-Hongrie donne comme cause de cetteguerre contre la Serbie son existence menace parcelle-ci. Mesdameset Messieurs, s'crie l'orateur,je me demande trs souvent si cette soi-disant

    ; Europe penseou ne pense pas? Un tat de quatremillionsd'hommes est-il un danger pourune soi-

    disantgrandepuissancede 51 millions? Le croyez-vous? Pouvez-vous le croire?

    Onsaitdj commentl'Autriche-Hongrieagis-sait envers les Yougoslaves : Serbes, Croates etSlovnes.Onsait commentl'annexiondela Bosnie-Herzgovine a t accomplie sans se soucier desautres signataires du Congrs de Berlin. Onconnat les falsifications de l'Autriche-Hongrieexcutes sur commande par sa lgation Bel-grade, afin de fournirunejustification l'annexionde la Bosnie-Herzgovine.L'homme d'tat italien,M. Giolitti, nous a confirm que l'Autriche-Hon-grie mditait ce coup contre la Serbie ds 1913.On se rappelle que la Serbie accepta presquetoutes les demandes de l'Autriche-Hongrie, d-

    -naxxrLXa'~~L-cJla3;&oa -oontroiroo & tous IGB us&ge8 etau droit international par le professeur Liszt,juriste de Berlin, cependant. C'est seulementl'Allemagne et l'Autriche-Hongriequi dsiraientla guerre, l'Allemagne ayant accept les vues del'Autriche-Hongrie.Mais cettederniren'tait pasprpare la guerrecommel'Allemagne l'esprait.Elle a t battue non seulement par la Russie,mais mme par la petite Serbie, et si elle se tientencore debout, c'est grce l'effort de l'Allemagnequi la soutient.

    Aucun principe de nationalitni de dmocratiene peut exister pour l'AutricheHongrie, c'estpour cette raison que nous demandons sondmem-brement afin de dlivrer les peuples qui lui sontsoumis : Polonais, Tchques, Slovnes, Yougo-slaves, Ruthnes, Roumains, Italiens, et lesMagyars aussi. C'est seulement ainsi que l'on peutesprer dtruire le plan pangermanique de laPrusse.

    L'orateur conclut : Ce n'est pas seulementpour ces principes d'humanitque nous nous bat-tons, mais en tant qu'hommes nous avons nosintrts conomiqueset autres,et il est de l'intrtde l'Angleterre, ainsique de la Russieet desSlaves,que l'Autriche-Hongrie soit dmembre, parcequ'elle est le point faible de l'Allemagne. Aussittque l'Allemagne ne pourra plus se servir des51 millionsd'Autrichiens,aussittquel'Allemagnesera exclue des Balkans et de l'Asie-Mineure, laGrande Bretagne n'aura plus craindre le mili-tarisme prussien. C'est une noble tche, une trsnoble ide de terrasser le militarisme prussien,maiscomment y arriver? La dfaitede l'Allemagne,c'est la destruction du militarisme prussien etvaincre l'Allemagne signifieau surplusdmembrer-l'Autriche-Hongrie.

    M. HINKOVI, parlant des Yougoslaves, a traitla question du dmembrementde l'Autriche endmontrant que l'Allemagne n'tait pas le seulennemi, l'Autriche-Hongrie, son instrumentdocile, n'tant pas moins dangereuse.Il conclutque non seulement l'Autriche-Hongrie devraittre brise, mais encore qu'on ne devrait pas'mme laisserun trne de peu d'importance lanfaste Maison des Habsbourgs.

    Parlant de la duplicit magyare,M. Hinkovi adit : Longtemps, dans le pass, les Magyars ontjoui d8ns la crdulitnave de l'Europe d'une r-:; putation de champions dela libertcontrela tyran-:,

    nie germanisatricede l'Autriche.Mais depuis leur' accord avecl'Autriche,par lequel les Allemands et

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    les Magyars se sont assur la dominationsur lesautres populations de la Monarchie, cette libertest devenueentre leurs mains la libert d'opprimeret d'exploiter les autres nationalits.

    Les Magyars ont toujours cherch et trouv Berlin un appui pour leurs gots imprialistes,de mmequ'ils ont toujourst considrsen Alle-magne comme un des facteurs se prtant le mieuxau projet de Hambourg-Bagdad.

    A ct de cela, parmi toutes les nations d'Au-triche-Hongrie, ce sont les Magyars qui, seuls,ont approuvconstitutionnellementet par leurpar-lement, la guerre comme tant leur guerre. Tousles partis, aussi bien du Gouvernementque de l'op-position, et mme le parti de l'Indpendance, leplus radical de tous,rclamaient l'union sacre.

    Mais l'apparition des Cosaques sur les pentesdes Carpathes en Hongrie pendant l'hiver de 1914-1915 jeta l'alarme parmi ces artisans de l'unionsacre .

    Lorsqu'ils virent leur territoire menac, lesMagyars mirent en scne une impudente comdiepolitique pour duper le monde et pour prparer lechamp de la future indulgence des Allis. Enmme temps que le comte Tisza entreprenait levoyagede Berlin pour implorer l'aide du Kaisercontre les Russes, il patronait la cration d'uneopposition contre son propre Gouvernement.Cette opposition devait feindre des sympathiespour les Allis et commencer une campagnepourl'arrt des hostilits, pour plaider une paix spa-re pour la Hongrie, et, s'il tait ncessaire, fairetomber le cabinet Tisza. C'tait une parfaitema-chination, tout fait dans l'esprit de la diplomatiede Bismarck

    en ralit une porte de sortie dansle cas o les Empires Centraux seraient vaincus.Ces prtendues sympathies pro-allies avaienten vue la conservation aux Magyars de tous lesterritoires hongrois et leur domination sur lesraces non-magyares.

    Mais lorsque, au printemps 1915, Mackensenobligea les Russes se retirer des Carpathes,cette oppositionartificielleet le gouvernementre-devinrent bons amis, et quant aux sympathies en-vers la France et l'Angleterre, elles ne furent plusque l'objet d'un plaisant souvenir.

    Ce n'est que le 5 juin dernier que le comteTisza loua ouvertement, au Parlement hongrois,le loyalisme de l'opposition, qui lui permit deconfier les plus grands secrets politiques et mili-taires aux chefs de l'opposition et de demanderleurs avis.

    Mais l'inattendu se produisit de nouveau. En-core une fois le galop des chevaux cosaques r-sonna dans les Carpathes, et les Magyars pr-parrent une deuxime dition de leur premirecomdie.

    Le comte Karoly, prsident du parti de l'In-dpendance, publia le 9 juillet une lettre annon-ant sa retraite de son propre parti, afin;crivait-il,de reprendre 3a libert d'action,et son exemple futsuivi par trente dputsdu parti de l'indpendance.

    Cependant, le comte Karoly et son parti ontt depuis le commencementde la guerre un l-ment essentiel de l'union sacre . En plusieursoccasions, ils raffermirent leur solidarit danscette guerre avec le Gouvernement allemand etles Austro-Allemandsen gnral. Dans une occa-sion, en particulier, il dclaraau nom de son partique l'alliance avec les Allemandsdevraittre ren-force aprs la guerre tant donn que les int-rts des deux pays ne se heurtaient sur aucunpoint . Mieux encore. Ce mme comte Karolys'enrla dans l'arme comme volontaireet renditdes services comme simple soldat sur les diversfronts,videmmentpour stimuler par son exemplel'enthousiasmede sesco-nationaux pour la guerre.

    A prsent que les Russes font sentir leur me-nace qui s'avance vers la Hongrie, les Magyarstournent de nouveau un oeil vers les Allemands,et l'autre vers les Allis pour s'assurerleur indul-gence... Le comte Andrassy, membre de l'opposi-tion, se tourne du ct du Kaiser pendant que lecomte Karoly devient pacifiste... Les Magyars,ne fois de plus, confessent hypocritement leurssympathiesimaginairespour les Allis, prtendantqu'ilsn'attendent quele momentpropice pour pro-clamer l'indpendance de la Hongrie et pour sedgager de l'treinte de fer de l'Allemagne.

    Naturellement, un pareil soulvementou unepaix spare, soit de l'Autriche-Hongrie, soit dela Hongrie seule, est une impossibilit, attenduque toute la Monarchiese trouve dans les griffesde l'Allemagne. Il y a quelquesmois, des ngocia-tions furent engagespour arriver l'unificationdu contrle militaire allemandet autrichien et dela politiquetrangre. Dernirement,Hindenburgfut nomm gnralissime de l'arme austro-hon-groise sur le front oriental.

    Les Puissances allies ne se laisseront pasduper par cette hypocrisie magyare. Elles ne per-mettront jamais que les Hongrois, Slaves et Rou-mains restent sousl'odieuse oppressionmagyare.Traitant ensuite du programme yougoslave etdes rcentes dclarations du Prince hritier deSerbie, M. Hinkovic dit : que ces dclarationsexpriment le programmenon-seulementde la Ser-bie, mais de notre peuple tout entier .

    a La simplersurrection de la Serbie serait unereconstitution de la situation d'avant la guerre.Pourquoi sommes-nousplongsdans cette horribleguerre? Parce que la Serbie s'opposait au Panger-manisme qui visait Constantinopleet

    tra-vers l'Autriche-Hongrie

    Salonique. La Serbiea t trop faiblepour rsister. Comment pouvez-vous imaginer qu'elle serait plus forte aprs l'ago-nie qui a dvast son pays et dcim un quart desa population?

    D'autres encore pensent qu'un agrandisse-ment de la Serbie seraitune rcompensepour sessacrifices^surhumains apports la cause com-mune et pour les infortunes tragiques qu'elle asubies. Mais commentest-ilpossible de compenserde tels sacrificeset de telles souffrances?

    La Serbie a assum la tcheglorieuse de dli-vrer toute notre race, Serbes, Croateset Slovnes,du joug tranger. Il ne s'agit plus pour elle d'unequestion de conqute, d'un agrandissement terri-torial plus ou moins considrable, de dbouchsde plus ou moins grande importancevers la mer.Il est question de l'union et de la libration denotre race tout entire sous la couronneglorieusede Pierre Ier, roi de tous les Croates, Serbes etSlovnes.

    En conclusion,M. Hinkovi dit : Grce la France et la Grande-Bretagne,

    une grande partie de l'hroque arme serbe a tsauve du dsastre albanais. Restaure et recons-titue, elle brle du dsir de chasser l'ennemi deson pays natal et de dlivrer ses frres du jougtranger. De toutes leurs forces et de toute leurme, les Allis doivent l'aider achever sa tcheglorieuse, crer la Yougaslavie,et cela non-seu-.lement pour l'honneur d'une promesse faite pareux alors qu'ils entraienten lice, mais encore poursauvegarder la civilisation contre les assauts du

    ,

    Pangermanisme. Une Tchco-slovaauieindpen-dante, une Pologne autonome,doiventtre la pre-mire ligne de dfense, et la Yougoslavie doit trela seconde. Plus complet sera l'tat yougoslave,plus efficacesera sa rsistance. Se rfrant au discours d'un prcdentorateur,M. SETON-WATSONaccentue le faitquecetteguerren'est pas exclusivement faite par les Allemandsmais aussi par les Magyars, ce qu'il faudra serappeler au moment du rglement des comptes.La Serbie a t attaque, ainsi que la Belgique, cause de sa positiongographique, parce qu'ellebarrait la route de Constantinople-Salonique,cequ'on sait bien aujourd'hui. Il rappelle la rponsefaite par un professeur allemand bien connu, etconfidentintime de Guillaume II, aprs l'incidentd'Agadir, en 1911, un diplomate franais nonmoins bien connu. Celui-ci, se flicitantde l'heu-reux accordpacifiqueobtenu qui assurait, d'aprslui, la paix de l'Europedans un prochain avenir,reut du professeurallemand cette rponse, faiteen se tapant jovialement le genou : VotreExcel-lence oublie une chose: quand on aura besoin detroubles en Europe, ils pourront toujours tresou-levs propos de la Serbie .

    La vieille Europe a fait son temps, conclut-il,je neveuxpas la plaindreet vousnon plus, je crois.Mais nous avons besoin d'une Europe rajeunieetcette Europe ne peut tre base que sur les dmo-craties slaves libres de l'Europe centrale, et surla libration des Yougoslaveset des Tchques.

    Lord Cromer et les YougoslavesC'est avec la plus grande satisfaction possible

    que nous nous permettons de compteraujourd'huiparmi nos amis Lord Cromer, le grand hommed'tat, qui doit tre considrcomme l'un des ar-bitres les pluscomptentsdes questionsd'Orient etd'Extrme-Orient. Dans son compte-rendu del'admirable livre de M. Seton-Watson: German,Slav and Magyar , lord Cromerplaidela solutionde la question yougoslave avec des termes quirchauffent nos coeurs tous. En raison de lagrande importance qui s'attache l'opinion delord Cromer, nous reproduisons ici quelques-unsdes passagesprincipaux de son compte-rendu:

    Certains petits pays doivent surtout leurimportance dans le monde la position o lehasard les a placs. La Serbie est dans ce cas. LaSerbie occupe une positionde la plus haute impor-

    tance stratgique et politique. On ne pourrait pasdire assez clairement combien le Drang nachOsten constituait le fondementdes principes surlesquels toute la politique moderne allemandetait base. Le fait qu'au dbut de la guerre tousles efforts de l'tat-Major allemand semblaientexclusivement tre dirigs contre Paris, attnuaquelque peu cette impression sur la question...Mais le vrai caractre de cette guerre apparutmanifeste ds que le roi Ferdinand de Bulgarielaissa tomber son masque et que les vnementsse droulrent en Msopotamie. L'objectif rel dugouvernementallemand fut alors rvl, objectifexprim par de nombreux Allemands longtempsavant que la guerre clatt.

    En examinant les diffrentes faons par les-quellesces sinistres et ambitieuxprojetsallemandspourraient tre combattus, lord Cromercontinue :a Une des manires les plus efficaces seraitd'adopter la politique propose par le Dr Seton-Watson, et dfinie ainsi par le prince Alexandrede Serbie : l'union dans une seule patrie de tousles Serbes, Croateset Slovnes, qui sont un peuplede mmes traditions, de mme langue, de mmestendances, mais qui ont t sparspar un sortmalheureux.

    La cration d'un fort tat Yougoslave, quiformerait un rempart contre l'agression teutonne,ne devrait trouver aucune opposition en Italie. Sacration serait visiblement favorable aux int-rts italiens. Les Magyars seront naturellementopposs une telle combinaisonpolitique.L'espritdont les Magyars sont encoreet toujours animsest le mme que celui proclam par Kossuth, quin'tait libral que lorsque les intrts magyarstaientdirectementen jeu et qui a dit : Je ne con-nais pas de nationalit croate. A cette oppositioncependant, on ne doit pas permettre de porterobstacle la ralisation du projet. Pour des rai-sons de sentiment et d'intrt la fois, la ralisa-tion d'une confdration Yougoslave^ mrite nonseulement la sympathie, mais le plus vigoureuxappui du gouvernement Britannique. Ainsi que ledit M. Seton-Watson : La Serbie du pass,petite[et ferme de toutes parts, sera transformeen un tat yougoslavefort et unifi sur la riveorientale de l'Adriatique, non plus agit d'unefivre excite sans arrt par un gouvernementtyrannique magyar en Croatie, et touff par destarifs conomiquesautrichiens, mais libre enfinde dvelopper une vie nationalequi a su rsisterpendant cinq sicles l'oppression turque. Deplus, par l'adoptionde ce plan, non seulementseraitaccompli un acte de justice, mais surtout seraitassure une trs prcieuse garantie pour la paixfuture du monde.

    Les Slaves d'Adriatiqueet la route continentale

    vers ConstantinopleNous avons tropbrivementsignalcette sance

    de la Socit royalede Gographiede Londres, du10 janvier 1916, et il conviendrait d'analyserendtail, sinon de citer in extenso, l'admirableexposde Sir ArthurEvans, dont nous trouvons le textedans le GeographicalJournal du mois d'avril. Lathse est neuve,et d'intrt capital : il s'agit, pourles nations occidentales, d'assurer l'existenced'une voie territoriale directe et rapide versl'Orient, sans emprunter les territoires germa-niques.Ceci ne constitue mme pas de la guerreconomique : c'est la dfense de nos plus lmen-taires scurits. Or la voie cherche,elle est toutetrace : au sortir de France, par le Simplon, elledbouche vers les plaines italiennes,convoitesenvain dsormais par l'impuissance autrichienne.Traversant Milan, touchant Venise par l'embran-chement de Meslre, le rapide atteint Gorica etpntre en territoire yougoslave (il n'a quittParis que depuisvingt-quatreheures) et par Lju-bljana, Zagreb et la plaine croate, rejoint Bel-grade la ligne actuelle de l'Orient-Express. Terrefranaise, suisse, italienne, yougoslave: pas unpouce qui ne soit terre amie ou allie.

    Le savant anglais, dans son expos, a repris lesnotions gographiques et historiques maintenantfamilires nos lecteurs,et insistsur le caractreindivisible de la Dalmatie et de son hinterland(p. 247). Reconnaissant les droits incontestablesde l'Italie des garanties srieuses contre toutesprdominances trangres dans l'Adriatique(p. 248), reconnaissant les droits ethniques desItaliens sur les points o domine leur langue etleur nationalit,il arriveensuite la notion d'Etatyougoslaveindpendant,et toutde suite se dclare,aussi nettement que possible, partisan de la for-mation de cet tat. Un solide boulevardcontre la

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    puissance allemandeou austro-hongroisedans cesfgions, boulevard constitu par une puissanceamie, ceci sera naturellement ralis par l'exis-tence d'un tat sud-slave uni (p. 249).

    Sir A. Evans dveloppe alors la constitutionethnique des territoires yougoslaves, et constatela volont de runion nationale (p. 252) qui animeees membres d'un mme corps. Il reconnat leparalllismetroit qui existe entre la revendica-tion actuelle des Serbes, des Croates et des Slo-vnes, et les exigences nationales que manifes-taient, voici soixante ans, les patriotes deLombardieet de Vntie. Il ne s'agit pas plusd' annexions proprementdites en faveur de laSerbie, que la constitution de l'Italie actuellen'aconstitu un agrandissement du Pimont . Etd'autre part, le dbouchmaritime n'est point unefaveur qu'il s'agisse d'accorder la Serbie. LaSerbie est dj sur la mer

    la mer qui baigneles ctes de Dalmatie et du Montngro . Nes'agissait-il, au temps du Risorgimento, que de- donnerau Pimont un corridor vers l'Adriatique; travers la Lombardieet la Vntie! (p. 255.)

    Non, il importe de crer le contrepoids nces-saire aux ambitionsnavales des Germains. Cettefonction, la Dalmatiela remplissaitdj du tempsde l'empire romain. Alors, la route continentaleprconise ici servaitefficacement. Depuis, les Al-lemandset les Magyars, au profit de leurs int-rts particuliers, ont dnatur le trafic et faussses directionsnormales.

    Les routesmridionales,jadis prospres,ont tTuines par les mthodes politiques faisant despays slaves et musulmans de simples colonies deVienneou de Pest. Le trafic entre Bosnieet Ser-bie, ces deux nations-soeurs,est peu prs an-uiul par l'absence de toute voie ferre, malgr lalongueur de la frontire commune. Il en vapresque de mme entre Bosnie et Dalmatie, entreDalmatieet Croatie par consquent... C'est aussilien conomiquementque les Habsbourgs ontdivis pour rgner. Mais arriveront-ils diviserternellement?... Sauront-ils dsormais diviserce qui veut tre uni?

    A la suite de la communicationde Sir ArthurEvans, la savante socit entendit prononcer parle Dr Seton-Watson quelques mots, o le grandprotagoniste.del'ide,yougoslave, avec autant demodestie que d'-propos, vint apporter l'appuide la thse du confrencier,quelquesconstatationspolitiques du plus haut intrt. L'initiative poli-tique, dit en substance M. Seton-Watson, a t duct de nos ennemisdans ce vaste plan de domi-nation de Hambourg Bassora (1). C'est pouravoir t place, par son destin, en travers del'excutiond'un tel plan, que la Serbie a t atta-que. C'est pour en paralyser le retour, que nousdevons crer une Yougoslavie puissante, commeaussibien une Bohmeet une Pologneprospres.

    Enfin, le Prsident de la Socit royale arappel, toujours l'appui de la thse prsentepar sir Arthur Evans, les ides du grand poli-tique Mazzini, sur l'avenir des nations balka-niques, ides exposes dans des lettres publiespar les journaux italiens en 1857 et 1871, et.reprises par Sir James Stansfeld dans la Fort-nightly Reviewen avril 1877.[Le Bulletin yougoslave, dans son n 4, a dj-cit diverspassagesde Mazzinisur ce sujet.)Le GeographicalJournal, dans ce mme nu-v-mro d'avril, publie la remarquable carte eihno-graDhique de Sir Arthur Evans : celui-ci, ayantsjourn pendant plusieurs annes dans les paysyougoslaves, a recueilli sa documentationavec le-maximum de garanties d'objectivit,et reconnatscrupuleusementet impartialement chacun sondomaine ethnique.-:gB^

    . rLes Yougoslavesen Colombie britannique

    C'est un fait consolant, en mme temps qu'une..preuve irrfutable du vritable esprit yougoslave que, dans toutes les parties du monde o les You-goslaves sont disperss, et partout o ils jouissentde la libert d'exprimer leurs sentiments, ils segroupent avec enthousiasme autour du drapeaunational avec la devise : Yougoslavie contreAutriche-Hongrie . Nos migrs qui sont lesmieux qualifis pour comparer la libert nouvel-

    lementtrouve, et les misresde l'esclavagelaissesderrire eux dans leur paysnatal, n'ont pas cessde donner des preuves de leur patriotismeet deleur profonde loyaut envers la cause des Allis.Leurs nombreuses colonies aux Etats-Unis et

    dans l'Amrique du Sud se sont distingues parleur admirable organisation, ont noblement r-pondu l'appel du Comit Yaugoslave et doiventtre regardescomme une grande armenationale.Ces colonies sont prtes offrir leurs vies et leursbiens pour la cause sacre de la libert, de l'ind-pendance et de l'unit nationale. Leurs frresdans les Dominionsbritanniques d'outre-mer nesont pas, il est vrai, si nombreux, mais l'espritdont ils sont anims n'est pas moins admirableetleur dvouement la cause commune, pas moinsenthousiaste. C'est avec une grande satisfactionet un grand orgueil que nous constatonsce fait,d'autantplus que la grande majorit des compo-sants de ces colonies sont de simples ouvriers etpaysans auxquels une claire comprhensionet unsensapprofondide notrecausedevraienttremoinsfamiliers qu' nos intellectuels.C'est une preuveconsolantede leur maturit politique et nationale,et une garantie pour l'avenir.

    Nous avons eu maintes reprises l'occasion designaler des manifestationspatriotiquesqui se sontproduites parmi nos compatriotes de toutes lesparties du monde. Les petitescoloniesyougoslavesd'Australie, de Nouvelle-Zlande, de l'Afrique duSud, on fait de leur mieux, non seulement pourprouver et affirmer leur dvotion la causeyougo-slave, mais encore pour offrir leur assistancematrielle ceux qui souffrent,et cela principale-ment par des offrandes aux Croix-Rouges serbeet britannique. Aujourd'hui, nous avons signa-ler un nouvel vnement : Les YougoslavesCroates, Serbes et Slovnes

    de la Colombiebritannique ont organis eux-mmes et ont tenuun grand meeting Vancouver, qui eut tousgards un parfait succs. Le meeting, auquelassistaient un grand nombre de nos amisbritan-niques, a t dcrit en dtail par les feuilles an-glaises de Vancouver, et la sympathie tmoigne notre cause par la presse, a t remarquable-ment exprime.A ce meeting, la situationactuelledes Yougoslaves en Autriche-Hongrie et leursefforts pour la libration et l'unification, furentprsents, aprs quoi une rsolution fut passedemandant la librationde tous les Croates,Serbeset Slovnesd'Autriche-Hongrieet leur unificationavec la Serbie dans un seul tat indpendant. Destlgrammes exprimant leur loyalisme l'gardde leur terre d'asile et pour la cause des Allis,furent envoys S. A. R. le duc de Gonnaught,et Sir Robert Borden, le Premier du Canada, Mr. W. J. Bowser, le Premier de la Colombiebritannique, et M. Pupin, consul gnral deSerbie aux Etats-Unis.Sir Robert Borden envoya la rponsesuivante :

    J'ai reu avec beaucoup de satisfaction la d-pche des Yougoslaves : Serbes, Croates et Slo-vnes,rsidant Vancouveret Britannia, assurantle Gouvernement de leur fidlit envers le paysdans le grandconflit o les Allis se battent aujour-d'hui pour la libert et la justice. Je vous prie deleur transmettre nos meilleurs remerciementspour cette assuranceet pour leurs bons voeux,

    (sign) R. L. BORDEN.

    Une socit Anglo-Serbeavec programmeyougoslave

    Nous apprenonsavec grand plaisir la fondation Londres d'une socit appele Socit serbede Grande-Bretagne (The Serbian society ofGreat Britain),dont le but est :

    1 Etablir des relations troites avec la Serbieet la nation yougoslaveconsidrecomme un toutunique.

    2 Rendre claire l'importance d'un Etat yougo-slave uni, comme sauvegarde permanente dela libert en Europe.

    3 Travaillerala ralisationd'une entente ami-cale entre les Yougoslaves,l'Italieet la Roumanie.

    4 Travailler pour l'unit yougoslave:a) comme lment essentiel de la politique des

    Allis pour la scurit des droits et liberts despetitesnations;

    b) Comme garantie contre les tentatives ger-maniques dans l'avenir pour obtenir la matrisepolitiqueet conomiqueen Europe et en Orient;

    c) comme tant la base la plus sre pour la paixde l'Adriatiqueet des Balkans.

    5 Cooprer avec toutes les associations de cegenre au dedans et au dehors de la Grande-Bre-tagne.

    Les membresde la socit ne peuvent tre quedes sujets britanniques.

    On nous apprenden mme temps que le comitcomprend plusieurs minentespersonnalits bri-tanniques.

    Une arme de volontaires YougoslavesParmi les troupes russes entres en Roumanie

    et qui ont dj pris contactavec les Bulgares dansla Dobroudja, nous pouvons maintenant donnerl'heureuse nouvelle de l'entre en action d'uneforte division yougoslave. Le haut commande-mentde ces troupes est compos d'officiers serbes ;le corps d'officiers est en grande partie composdes volontaires yougoslaves, Serbes, Croates etSlovnes d'Autriche-Hongrie, tandis que le grosdes troupes est form par des volontairesyougo-slaves d'Autriche-Hongrie, l'exceptiond'un con-tingent restreint de Serbes rfugis en Roumanieet enrls dans cette arme. Ces troupes sont in-corpores dans l'arme serbe oprant sous lesordres de l'tat-major des armes russes dans laDobroudja.

    Il est peinencessairede mentionner la grandeimportance moralequ'a ce fait, aussi bien pour lacause Yougoslaveque pour celle des Allis. Ellenous prouve ce qu'est l'Autriche-Hongrie,et cetteimposante manifestationd'armes est la meilleureexpression de la volont des Yougoslaves de laMonarchie des Habsbourgs. En effet, c'est unevritable insurrection de Yougoslaves rvoltscontre l'oppresseur criminel qui les avait pous-ss dans une guerre fratricide. S'tant rendusaux Russes, ils se sont enrls comme vo-lontaires dans l'arme serbe o ils combattentcontre l'esclavage d'hier. Ils doivent se tournercontre les Bulgares,unis leurs oppresseurs,pourleur apprendre que le prussianisme n'a point deplace dans les Balkans et que les Yougoslaves ontdroit leur libert et leur unification.Il est inutilede dire que ces soldats se battront comme deslions, car ils savent qu'il ne leur reste plus qu'unealternative : vivre libres ou mourir.

    Le Comit Yougoslave a rempli galement samission ici. Il a eu sa part dans l'initiative dela formation de ce corps volontaire de prison-niers yougoslaves,et son appel les hros accou-rurent de toute part, de Russie, pour accomplirleur devoir sacr. C'est ainsi que les Yougoslavespouvant disposer d'eux-mmes

    soldats pri-sonniersvolontairesdesRusseset des Serbes,aussibien que ceux qui ont travers la mer pours'enr-ler dans l'arme serbe

    offrent leur vie la noblecause de libert et d'indpendance. D'autres sebattent encore dans les rangs franais et anglais,tandis que desdizainesde milliers travaillentdansles fabriques de munitions en Amrique, Franceet Angleterre.

    Voil la meilleurerponse a ceuxqui demandentsi les Croates et les Slovnes dsirent rellements'unir aux Serbes. Les volontaires yougoslavesqui sont entrs en Roumanie, et ceux qui, de tousles cts possibles, accourent Salonique pouraccrotre le nombre des combattants serbes, r-pondent la questiond'unemanire incontestable.Ils sont tous prts mler leur sang celui deleurs frres Serbes, dans un enthousiasmecom-mun pour leur patrie commune,pour leurs com-muns idals nationaux.

    Un Croate tomb au Champ d'honneureh France

    Beaucoupde Yougoslaves se sont engagsdansla Lgion trangre franaiseet combattentvail-lamment aux cts des Franais hroques. Onnous informe qu'ils sont d'excellents soldats, quiont t maintes reprises l'objet de grands logesde la part de leurs chefs. L'un d'eux, ThomasGoriki, a t rcemmentbless mortellement etvient de succomber la suite de ses blessures.C'tait un intrpide et vaillant soldat et il futdcor pour sa valeur. Le Temps du 8 fvrierdernier publia la note suivante sur lui, envoyepar un de ses correspondants:

    ThomasGoricki,de Virovitica(Croatie), soldatdans le rgiment de marche de la Lgion tran-gre, actuellementen permission Paris, vint mevoir et me raconta ce qui suit :

    Je me suis trouv en France au momentde la dclaration de guerre, et je me suis empressde m'enrler dans la Lgion trangre. La m-daille que vous voyez sur ma poitrine m'a trcemmentdcernepar Sa Majest le Tsar. Plu-sieurs de mes compatriotes,qui se sont distinguspar des actions de courage et d'hrosmesur lechamp de bataille, ont t galement dcors.Nous autre Yougoslaves, nous sommes mlsavec les Tchques, et c'est l la raison pourlaquelle les Franais ne savent mme pas quenous combattons aussi leurs cts. Nous nousbattons avec enthousiasme pour les Franaisparce que leur victoireest la ntre, parce que la

    (1) V. aussi a oe sujet l'ouvrage rcent de M. AndrChradame : Le Plan pangermaniste.

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    consquence finale de cette victoire doit tre ledmembrementde l'Autriche-Hongrie et par con-squent la libration de toute la race Yougoslavedu joug austro-magyar et notre unification avecla Serbie ressucite.

    L'infidlit des peuples en Autriche

    (Discoursdu comte Andrssy, du 6 septembre,au Parlement hongrois.)

    La question est d savoir si, dans les circons-tances actuelles, on peut procder la convoca-tion des Dlgations,et s'il n'y a pas de difficultsd'ordre technique. Voyons avant tout ce que c'estque la question des dangers . Je ne nie pasqu'un dlgu puisse faire une dclarationqui neserait pas dans l'intrtde la Monarchie. Je ne niepas non plus, sans l'affirmer cependant, qu'il y aitdes dlgusqui fassentune politiquede trahison.

    Je n'en aurai pas eu peur une minute. Avecdes tratres, il faut en finir ici ou l, n'importequand, cependant je ne comprendspas qu' causedequelques tratres, on veuille arrter tout le m-canisme constitutionnel et punir ainsi un peupleentier. Nous ne devons pas faire une politiqued'autruches. Il est hors de doute que la majeurepartie des peuples en Autriche soient avec nous,mais on ne peut pas nier

    et les Russes le saventmieux que nous

    qu'ily a certainesnationalits,des parties de nationalits, qui sont infidles. Maison ne peut pas permettre qu'en raison de ces diffi-cults, la vie constitutionnelle de l'Autriche cessed'exister.

    Pour empcher la fuitedes prisonniers de guerre

    Le Slovenski Narod publie dans le numro du1er septembrecet avertissement :

    On rappelle trs srieusement au publicl'avertissement du commandement militaire su-prieur portant dfense d'offrir aux prisonniersde guerre en fuiteni gte,ni nourriture, ni secoursd'aucune sorte.

    Les personnes surprises en tat d'infraction cet ordre seront juges selon le 327 de la loipnale militaire pour crime contre la puissancemilitaire de l'Etat, et punies de pendaison.

    Les Perscutions

    L'autonomie de l'gliseserbe-orthodoxeen Bosnie-Herzgovine est abolie

    Fidle son systme de perscutioncontre lesYougoslaves, l'Autriche-Hongrie vient d'ajouterun nouvel outrage la liste de ses, mfaits. Parune ordonnance du 3 juillet, le GouvernementdeBosnie-Herzgovinea aboli l'autonomiede l'gliseserbe-orthodoxeen Bosnie-Herzgovine.Cette au-tonomiede l'glise qui avait t respecte mmepar les Turcs pendant leur domination dans cespays,tait l'orgueilde la populationserbe dans cesprovinces,et un instrument de libre instruction etde progrs parmi le peuple serbe orthodoxe. Maisla vraie culture et le dveloppementspirituel nesont pas tolrs dans l'empire des Habsbourg :ceux-ci ne peuvent rgner que dans une atmos-phred'obscurantisme.Et c'est ainsi qu'une fois deplus, une vieille et vnrable institution a t sa-crifie aux intrts de la vilenie austro-magyare.

    I II. !.. . I - I .11..

    Patriote Yougoslavependu par les Autrichiens

    Nous lisons dans le Neues Wiener Journal ladouloureusenouvellede l'excutionpar pendaisondu maire de Budva (Dalmatie mridionale),M. Gjuro Zenovic. Ce nouveau crime, dont laconscience dsormais accable des Habsbourgsvient de se charger,a t commissur un vieillardde 76 ans !

    Le dfunt, originaire de Pastrovii dans lesBouches de Cattaro, tait apparent la familleroyale de Montngro par sa femme, cousine duroi Nicolas. Il laisse trois fils. Ardent patriote, ilavait pris part la vie publique en Dalmatie. Sonseul crime est d'avoir t, au moment de l'occu-pation montngrine, nomm par le roi Nicolasmaire de Budva et prfet du district environ-nanl"occup. Amen par les Autrichiens devanttribunal de guerre, il fut condamn mort pourhaute trahison, et excut le 29 juillet dernier.

    Perscutions contre les Serbesen Dalmatie

    Une condamnation mortet trois pendaisons

    Une information de source sre nous apprendque l'ancien maire de Budva et dput la ditedalmate Stevo Srzenti, a t condamn mort,puis graci et sa peine rduite 20 ans de r-clusion.

    A Grbalj,ont tpendustrois prtresorthodoxes.Leur crime tait d'avoir collabor avec les auto-rits montngrines pendant l'occupation mont-grine.

    Les pendaisons en Bosniesont toujours l'ordredu jour

    Dans la BosnischePost du 5 septembre : Le 21 juillet, le paysan Andrija Gresbic de

    Celabic, du district de Foca, comparaissaitdevant le tribunal militaire de Sarajevo pour yrpondrede l'accusation de haute trahison ( 334 dela loi pnale). L'accus qui, en aot 1914, taitpass l'ennemi pour combattre contre l'armeaustro-hongroise, a t reconnu coupable et con-damn la mort par pendaison. L'Arme-ober-kommando ayant approuv la condamnation, leverdict a t excuthier neuf heures du matin,dans la cour de la prison militaire, par la maindu bourreau Aloys Siegfried.

    Procs contre un ancien dput serbe

    On annonce de Sarajevo que le 3 octobre auralieu devant le Tribunal provincial de cette villele procs intent l'ancien dput la Dite deBosnie-Herzgovine, Stephan Grdji, professeuren retraite. Il est inculp du crime de lse-majest.

    Les confiscations des biens

    Le Sarajeceki List, organe du gouvernementaustro-hongrois en Bosnie-Herzgovine, lesNarodne Novine, organe du gouvernement enCroatie-Slavonie, le Slovenec, journal slovnepa-raissant Ljubljana, et Smotra Dalmatinska, or-gane du gouvernement dalmate, publient quoti-diennement des verdicts de tribunaux de toutesces provinces de la Double-Monarchie,dcernantla confiscationdes biens de sujets de nationalityougoslave.

    Tousces arrts sont motivspar 1' intelligenceavec l'ennemi , par le passage l'tranger oula participation active dans les rangs du groupede belligrants hostile aux Empires Centraux .Les biens confisqus des patriotes yougoslavesdeviennentproprit de l'tat, ce qui rduit inexo-rablement de nombreuses familles une ruinefatale.

    La rponse des Slovnesaux insinuations autrichiennes

    Revues

    Le Mystre de Sarajevo.

    JULES CHOPIN.Le Mercure de France (lar aot 1916J.

    Aucun doute ne subsiste aujourd'hui sur lecaractrede l'attentatde Sarajevo; le mondeentiersaitqu'ila t non la cause de laguerreeuropenne,mais le prtexte pour dchaner l'effroyable cata-

    h'Edinost du 30 aot reproduit d'aprs l'offi-cieuseInformationun article sur les prtentionsitaliennes, affirmant que dans le pays occup parles Italiens, les Slovnes sont une immense ma-jorit.

    Cet aveu de la part d'un journal autrichienallemand est enregistr par la gazette slovnequile commente de la manire suivante :

    Les Allemandseux-mmescommencenten cemoment pleurer la perte de ces provinces qu'ilsreconnaissent Slovnes en majorit. Leurs consta-tations sont parfaitement vraies, mais il faut sedemanderpourquoi on ne voulait pas entendre nosplaintes avant ces jours-ci?Non seulementon avaitbouch ses oreilles; on avait mme conclu l'al-liance avec ceux qui sont appels tratres aujour-d'hui,etcollaboravec euxau nomde la culture!

    clysme que Guillaume II et Franois-Ferdinand;d'Autriche croyaient ncessaire la ralisation deleurs ambitions. Cependantsi on est d'accord pourreconnatre qu'aucune responsabilitn'incombe la Serbie, on ignore encore la personnalit desvrais instigateurs de l'attentat et les dtails dudrame restenttoujours dans l'ombre. On sait seu-lement que cette affaire a des dessous, et qu'ilsne sont srement pas l'honneur de la Maisond'Autriche.

    En attendantque des rvlationsprcisesfassentla pleine lumire sur cette tragdie historique,plusieurs hypothses ont t mises sur les ma-noeuvres politiques qui ont abouti au meurtre del'archiduc Franois-Ferdinand. Nous avons djfait connatre noslecteursl'une des plus srieuses,celle de M. Steed, qui attribue la mort de l'hritierimprial de louches intrigues de la cour autri-chienne. Notre ami, M. Jules Chopin, qui est tou-jours si bien inform sur la politique austro-hongroise, expose, dans le numro du 1er aot duMercure de France, une nouvelle version de l'as-sassinat de Franois Ferdinand, et il l'appuie dedocumentsqui la rendent fortvraisemblable.Pourlui, comme pour M. Steed, c'est au cours del'entrevue de Konopischt que la guerre a tdcide. Guillaume II et Franois-Ferdinand s'ysont mis d'accordsur la ligne de conduite suivrepolitiquement et militairement. Pour mnagerl'opinion europenne,ils auraienteu recours un>attentat fictif destin rejeter toute la responsa-bilitsur la Serbie.

    Le drame de Sarajevo comporterait ainsi deux;actes, le premier maniganc par l'archiducpourfaire croire un complotserbe contre lui, et con-sistant en la manifestationinoffensive de Cabrino-vi, le second, l'assassinat proprement dit, et.accompli par un jeune exalt, agissant de sa-propre initiative, isolmentet sans prmditation.Les raisons que M. Jules Chopin donne pour d-fendre sa versionsont des plus impressionnantes..Il s'appuie surtout sur les diffrents rapports-contradictoires du drame du 28 juin qui ont paru^dans la presse autrichienne. Il en ressort qu'il y a