boulletin yougoslave - 14 (1916)

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Imprimé comme manuscrit. No 14, Paris, Août 1916 Bulletin Yougoslave Publié par le Comité Yougoslave de Londres (195, Queen's Gâte S.W.) Président : Dr ANTE TRUMBIC Le Bulletin Yougoslave parait, selon la nécessité, à de courts intercalles, en deuas éditions : anglaise à Londres et française à Paris. Le siège de l'administration à Paris est 2, rue Racine. Le Bulletin est destiné à donner des renseignements à la presse, aux hommes politiques et à tous les amis de la cause Yougoslave. Il est distribué gratuitement. On n'a, pour le recevoir régulièrement, qu'à s'adresser à l'Administration. LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVES Les Yougoslaves les Serbes, les Croateset les Slovènes—unis par le sang, la langue, les traditions les conditions économiques et politiques et les aspirations nationales, ne forment qu'une seule et même nation. Les Yougoslavesvivent en un groupe compact de cinq millions d'hommesdans les Royaumeslibres de Serbie et de Crna Gora (Monténégro), et en Autriche-Hongrieoù ils sont huit millions. En Autriche-Hongrie,ils sont soumis à deux dominations, l'allemande et la magyare, et divisés en dix provinces. Us y sont opprimés et persécutés au point ie vue national, civil, économique et leur civilisation propre y est menacée. 2.100.000 Yougoslaves vivent sous la domination allemande,à savoir : en Stvrie méridionale410.000, en Carintliie méridionale 120.000, en Carniole 490.000, en Goiïca-Gradiska 155.000, à Trst (Triest) 70.000, en Istrie 225.000, en Dalmatie 610-nno. Les Magyarsimposent îeui autorité à 3.200.000 Yougoslaves,à savoir: en Croatie-Slavonie 2.300.000, au sud et sud-ouest de la Hongrie (Medjumurje,le longde la frontière de la Styrie et de la Hongrie, fin Baranja, en Backa et dans 'e Banat) «OO.OuO. En Bosnie-Herzégovine, sous la domination commune austro-magyare, on compte 1.900.000 Yougoslaves. A l'ouest de Gorica, les Yougoslavesdébordent au nombre de 40.C00 dans le Royaume d'Italie. Enfin, un million de Yougoslavesvivent aux EtaiSrUnis, et dans l'Amérique du Sud et les colonies anglaises ou en compte un demi-million. Les Yougoslavesonttoujours aspiré à une vie nationale indépendante,libre de toute dominationétrangère (turque, vénitienne ou austro-magyare). Deux Etats yougoslaves, la Serbie et la Crna Gora, réussirent à réalis er leur indépendance,mais les efforts de leurs compatriotesdu Nord, en vue d'une unionmême partielle, et pour assurerleur existence nationale à l'intérieur des frontières austro- hongroises, restèrent vains. Tous les Yougoslavesd'Autriche-Hongriesont convaincus que les luttes glorieuses soutenues par la Serbie, la Crna Gora et leurs puissants alliés leur apporteront la délivrance complète de tout joug étranger et l'union avec leurs frères libres. Ils réclament l'application intégrale a leur profit du principe des nationalités afin qu'ils puissent former avec la Serbie et la Crna Gora un Etat unique et indépendant, comprenant tous les territoires qu'ils habitent depuis des temps immémoriaux. Le programmede la délivrance et de l'union de tous lès Yougoslaves a été solennellementapprouvé par la Skupstina, dans ses ordres du jour de novembre 1914 et d'août 1915 et le Gouvernement actuel serbe y a proclamé son adhésion à maintes reprises. Ce programme est conforme aux déclarations des représentants des grandes puissances alliées, qui ont toujours affirmé qu'un des buts principaux poursuivis dans la guerre actuelle était l'affranchissementdes petits peuples et la liberté pour euxde s'unira leur gré. Le programme national des Yougoslaves encore soumis à la domination étrangère a été développé dans le mémoire pré- senté par le Comité Yougoslave aux représentants de la Triple-Entente; il a été publié dans la Bibliollièque Yougoslave, éditée par les soins du Comité. Une déclaration du Prince Alexandre au « Matin » A la demande adressée par le Matin au Prince- héritier Alexandre de Serbie de lui dire l'écho qu'éveillait dans son coeur l'anniversaire des deux ans de guerre, celui-ci fit parvenir la réponse suivante : « A l'occasion du deuxième anniversaire de la guerre, le Matin désire connaître mes vues sur l'avenir et mes sentiments. Voici en quelques mots les unes et les autres : « Nous voulons nous battre, et ce sont les senti- ments qui m'animent en ce moment ainsi que tous mes soldats. « Nous voulons reconquérir la liberté de tous nos frères, et ce sont là-mes vues sur l'avenir. » Un rapprochement historique du prince héritier Alexandre à l'occasion de la présentation des lettres de créances du nouvel ambassadeur italien (Des Srpske Nooine, journal officiel du royaume de Serbie, du 15 juillet.) Monsieur le comte Carlo Sforza, ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotenlaire de S. M. le roi d'Italie, a présenté en audience solen- nelle ses lettres de créance à S. A. R. le prince Alexandre le 13 juillet à 11 heures 1/2 du matin. M. l'ambassadeur a été reçu avec tous les honneurs dus à ses hautes fonctions. Un détachement de la Garde royale 8veû le drapeau et la musique a dé- filé devant S. E.,à l'entrée et à la sortie du palais. Dans les circonstances difficiles que traverse le peuple serbe, S. M. le roi d'Italie a voulu insister sur son amitié cordiale et sincère pour le roi de Serbie, afin de raffermir les liens qui existent si heureusement entre les deux cours. Ces nobles sentiments à l'égard de l'auguste représentant de la nation serbe ont trouvé une digne expression dans les lettres de créance signées par le souverain italien. Dans sa réponse, S. A. R. le prince Alexandre a insisté sur le caractère élevé de ces paroles venant de la part du représentant d'un peuple qui, dans son histoire, n'a eu que trop d'occasionsde con- naître les obstacles énormes qui barrent la route vers l'idéal national. S. A. R. y voit la plus sûre garantie que les grands principes des nationalités, pour lesquels combattent les soldats serbes, tout comme ceux de leurs alliés, trouveront en Italie une compréhension complète ainsi qu'un appui franc et amical. Une déclaration à la Chambre des Communes sur les Yougoslaves d'Au- triche-Hongrie et leur traitement en Grande-Bretagne Le 29 juin, à la Chambre des Communes, le Secrétaire de l'Intérieur, M. H. Samuel, par- lant de la question des sujets ennemis, fit une déclaration pour laquelle tous les Slaves d'Au- triche-Hongrie résidant en Grande-Bretagne lui doivent la plus grande reconnaissance. Voici ce qu'il a dit : « Nous avons la classe des étrangers amis qui sont techniquement de nationalité allemande ou autrichienne et qui n'étant ni Allemands ni Autri- chiens dans le sens ordinaire du mot, loin d'être Allemands ou Autrichiens de sentiments, sont dans la majorité des cas, violemment hostiles à l'Allemagne et à l'Autriche. Ce sont les Tchèques, une assez considérable communauté, dont une grande partie s'est enfuie d'Autriche, étant de fait en révolte contre le Gouvernement autrichien. Il serait absurde, maintenant qu'ils sont venus chez nous, de les interner parce qu'ils sont de nationa- lité autrichienne- Il ya aussi un certain nombre de Polonais. Il y a des Italiens du Trentin,portant des noms italiens et parlant, l'italien, technique- ment de nationalité autrichienne, et qui sont parmi ces 22.000. Il y aussi des Yougoslaves qui viennent également d'Autriche, et gui sont peut-être plus hostiles au Gouvernement autrichien que personne dans toute l'Europe. La journée de Kossovo en Angleterre et la question yougoslave. Notre édition de Londres d'aujourd'hui écrit à ce sujet : La noble nation britannique a une fois de plus montré sa sympathie à la Serbie souffrante, elle a une fois de plus affirmé sa détermination de ne pas remettre l'épée au fourreau jusqu'à ce que tous les torts que cette guerre a causés à l'humanité soient réparés et que la liberté et l'indépendance soient données aux petites nations. Nous notons aussi avec une grande satisfaction que les célébrations de Kossovo ont de nouveau prouvé que la question yougoslave telle qu'elle est représentée par le Comité Yougoslave,et clairement exprimée par le Prince-héritier Alexandre dans sa déclaration historiquede Londres, a gagné des amis sans nom- bre et des défenseurs dans toutes les classes du public britannique et que les millionsde nos frères irrédentes ont de bonnes raisons d'espérer que leur libération et leur union avec la Serbiedans un État unique seront réalisées avec l'aide de la nation britannique et de ses héroïques alliés. Depuis plus de cinq siècles Kossovo fut la ban- nière de notre orgueil national, le sommet et la substance de notre unité nationale et tel il était alors, tel il est et tel il restera le symbole de chaque Yougoslavequ'il soft, le symboled'une race qui désire ardemment et demande sa place propre et le droit de gouverner sa propre destinée parmi les autres nations civilisées. Les célébrations de Kossovo furent marquées surtout par un grand nombre de conférences sur la Serbie et sur les Yougoslaves, traitant de leur histoire, de leur civilisation, de leur politique et de leurs aspirations. C'est un fait significatif que le plus grand nombre de ces conférencesfurent faites par des Anglais et des Anglaises exprimant leurs sympathies sur le sujet qu'ils traitaient, sympathiB qui ressemblait à de l'enthousiasme. D'innombrables articles dans les journaux quoti- diens, revues et magazines ont payé un ardent tri- but à la Serbie, et presque tous faisaient allu- sion à l'unité de tous les Yougoslaves. Des meetings en plein air furent donnés auxquels assistaient des milliers de gens, écoutant avec sympathie les discours des orateurs Anglais et Yougoslaves. * journée de France en Angleterre et les Yougoslaves A l'occasion de la journée de France, la colonie yougoslave prit part au grand meeting de Hyde Park, portant une bannière avec l'inscription « A bas l'Autriche-Hongrie, Bastille des Yougoslaves opprimés ». Des discours furent prononcés au nom des Yougoslaves par M. Hinkovié, membre du Sabor Croate et du Comité Yougoslave, et par M. Janié, président de la Société « Yougoslavie » ; M. Iïinkovic fut aussitôt élu membre de la députa- tion quiprésenta la résolutiondu meetingà l'ambas- sadeur de France. Pendant la réception à l'Ambas- sade française, M. Cambon a dit à M. Hinkovié qu'il appréciait beaucoup la bannière portée par les Yougoslaves et au cours de cette conversation M. Hinkovié eut l'impression que M. Cambon était excessivement bien informé au sujet de la question yougoslave. Opinions et Commentaires Une nouvelle lettre de M. W. Steed sur les Italiens et les Slaves de l'Adriatique M. W. Steed, directeur de la politique étran- gère au Times, a adressé au journaliste italien M. Franco Caburi, une lettre en réponse à un article de cet écrivain récemment paru dans le Giornale d'Italia, sur les Slaves de l'Adriatique. Le Giornale d'Italia, dans son numéro du 30 juil- let, reproduit intégralement cette lettre de l'émi- nent publiciste. La voici : « Cher Ami, « Rien qu'un mot à propos de la lettre ouverte que vous m'avez aimablement adressée par le Giornale d'Italia. « En répondant au député Torre, je n'avais pas l'intention de susciter des polémiques ou de m'y engager. Je voulais dire ma profonde conviction que les amis de l'Italie, aussi bien que les Italiens clairvoyants, pouvaient et devaient soutenir la cause de l'unité yougoslave.En aidant les Yougo- slaves à s'unir, les Italiens et les amis de l'Italie poseront en même temps les fondements d'une alliance italo-yougoslave forte et durable, et ils bâtiront un rempart solide de paix et d'équilibre dans l'Europe future. « Vous croyez que je n'ai pas prêché et que je ne prêche pas la modération aux Yougoslaves. Vous vous trompez. J'ignore quelles sont les rai- sons qui vous induisent à penser que cette phrase : « Les pires ennemis de l'Italie et des Yougo-

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Boulletin Yougoslave 14 (1916)

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  • Imprim comme manuscrit. No 14,

    Paris, / Aot 1916Bulletin YougoslavePubli par le Comit Yougoslave de Londres (195, Queen's Gte S.W.)

    Prsident : Dr ANTE TRUMBICLe Bulletin Yougoslave parait, selon la ncessit, de courts intercalles,

    en deuas ditions : anglaise Londres et franaise Paris. Le sige del'administration Paris est 2, rue Racine. Le Bulletin est destin donnerdes renseignements la presse, aux hommes politiques et tous les amisde la cause Yougoslave. Il est distribu gratuitement.On n'a, pour le recevoirrgulirement, qu' s'adresser l'Administration.

    LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVESLes Yougoslaves

    les Serbes, les Croateset les Slovnesunis par le sang, la langue, les traditions les conditions conomiqueset politiques et les aspirations nationales, ne forment qu'uneseule et mme nation.

    Les Yougoslavesvivent en un groupe compactde cinq millionsd'hommesdans les Royaumeslibres de Serbie et de Crna Gora (Montngro), et en Autriche-Hongrieo ils sont huit millions.En Autriche-Hongrie,ils sont soumis deux dominations, l'allemandeet la magyare, et diviss en dix provinces. Us y sont opprims et perscuts au point ie vue national, civil, conomiqueet leur civilisationpropre y est menace.

    2.100.000 Yougoslavesvivent sous la domination allemande, savoir : en Stvrie mridionale410.000, en Carintliie mridionale 120.000, en Carniole 490.000, en Goica-Gradiska 155.000, Trst(Triest)70.000, en Istrie225.000, en Dalmatie 610-nno.Les Magyarsimposent eui autorit 3.200.000 Yougoslaves, savoir: en Croatie-Slavonie2.300.000, au sud et sud-ouestde la Hongrie (Medjumurje,le longde la frontire de la Styrie et de laHongrie, fin Baranja, en Backa et dans 'e Banat) OO.OuO.En Bosnie-Herzgovine,sous la domination commune austro-magyare,on compte 1.900.000 Yougoslaves.A l'ouest de Gorica, les Yougoslavesdbordentau nombre de 40.C00 dans le Royaume d'Italie.Enfin, un million de Yougoslavesviventaux EtaiSrUnis,et dans l'Amrique du Sud et les colonies anglaises ou en compte un demi-million.Les Yougoslavesont toujours aspir une vie nationale indpendante,libre de toute dominationtrangre (turque, vnitienneou austro-magyare). Deux Etats yougoslaves,la Serbie et la CrnaGora,russirent ralis er leur indpendance,mais les effortsde leurs compatriotesdu Nord,en vued'une unionmmepartielle,etpourassurerleurexistence nationale l'intrieur des frontires austro-hongroises, restrent vains.Tous les Yougoslavesd'Autriche-Hongriesont convaincusque les luttes glorieuses soutenues par la Serbie, la CrnaGora et leurs puissants allis leurapporteront la dlivrance complte de toutjoug tranger et l'union avec leurs frres libres. Ils rclament l'application intgrale a leur profit du principe des nationalits afin qu'ils puissent former avec la Serbie et la Crna Gora unEtat unique et indpendant, comprenant tous les territoiresqu'ils habitentdepuis des temps immmoriaux.Le programmede la dlivrance et de l'union de tous ls Yougoslavesa t solennellementapprouv par la Skupstina, dans ses ordres du jour de novembre 1914 et d'aot 1915 et le Gouvernement

    actuel serbe y a proclam son adhsion maintes reprises.Ce programme est conforme aux dclarationsdes reprsentants des grandes puissances allies, qui ont toujours affirm qu'un des buts principaux poursuivis dans la guerre actuelle taitl'affranchissementdes petits peupleset la libert pour euxde s'uniraleur gr. Leprogrammenational des Yougoslavesencore soumis la dominationtrangrea t dvelopp dans le mmoire pr-sent par le Comit Yougoslaveaux reprsentants de la Triple-Entente; il a t publi dans la Bibliollique Yougoslave, dite par les soins du Comit.

    Une dclaration du Prince Alexandreau Matin

    A la demande adressepar le Matin au Prince-hritier Alexandre de Serbie de lui dire l'choqu'veillait dans son coeur l'anniversaire des deuxans de guerre, celui-ci fit parvenir la rponsesuivante :

    A l'occasiondu deuxime anniversaire de laguerre, le Matin dsire connatre mes vues surl'avenir et mes sentiments. Voici en quelques motsles unes et les autres :

    Nous voulonsnous battre, et ce sont les senti-ments qui m'animent en ce momentainsi que tousmes soldats.

    Nous voulons reconqurir la libert de tousnos frres, et ce sont l-mes vues sur l'avenir.

    Un rapprochement historiquedu princehritier Alexandre l'occasion de laprsentationdes lettresde crances du

    nouvel ambassadeur italien(Des Srpske Nooine,journal officiel du royaumede Serbie, du 15 juillet.)Monsieur le comte Carlo Sforza, ambassadeur

    extraordinaire et ministre plnipotenlaire deS. M. le roi d'Italie, a prsent en audiencesolen-nelle ses lettres de crance S. A. R. le princeAlexandre le 13 juillet 11 heures 1/2 du matin.M. l'ambassadeur a t reu avectousleshonneursdus ses hautes fonctions. Un dtachement de laGarde royale 8ve le drapeau et la musique a d-fil devant S. E., l'entre et la sortie du palais.

    Dans les circonstances difficiles que traverse lepeuple serbe, S. M. le roi d'Italie a voulu insistersur son amiti cordiale et sincre pour le roi deSerbie, afin de raffermir les liens qui existent siheureusement entre les deux cours. Ces noblessentiments l'gard de l'auguste reprsentant dela nation serbe ont trouv une digne expressiondans les lettres de crance signespar le souverainitalien.

    Dans sa rponse, S. A. R. le prince Alexandrea insistsur le caractrelev de ces parolesvenantde la part du reprsentant d'un peuple qui, dansson histoire, n'a eu que trop d'occasionsde con-natre les obstaclesnormes qui barrent la routevers l'idal national. S. A. R. y voit la plus sregarantie que les grandsprincipesdes nationalits,pour lesquels combattent les soldats serbes, toutcomme ceux de leurs allis, trouveront en Italieune comprhension complte ainsi qu'un appuifranc et amical.

    Une dclaration la Chambre desCommunes sur les Yougoslaves d'Au-triche-Hongrie et leur traitement enGrande-BretagneLe 29 juin, la Chambre des Communes, le

    Secrtaire de l'Intrieur, M. H. Samuel, par-lant de la question des sujets ennemis, fit unedclaration pour laquelle tous les Slaves d'Au-triche-Hongrie rsidant en Grande-Bretagne lui

    doivent la plus grande reconnaissance. Voici cequ'il a dit :

    Nous avons la classe des trangers amis quisont techniquement de nationalit allemande ouautrichienne et qui n'tantni Allemandsni Autri-chiens dans le sens ordinaire du mot, loin d'treAllemands ou Autrichiens de sentiments, sontdans la majorit des cas, violemment hostiles l'Allemagneet l'Autriche. Ce sont les Tchques,une assez considrable communaut, dont unegrande partie s'est enfuie d'Autriche, tant de faiten rvolte contre le Gouvernement autrichien. Ilserait absurde, maintenant qu'ils sont venus cheznous, de les internerparce qu'ils sont de nationa-lit autrichienne- Il y a aussi un certain nombrede Polonais. Il y a des Italiens du Trentin,portantdes noms italiens et parlant, l'italien, technique-ment de nationalit autrichienne, etqui sont parmices 22.000. Il y aussi des Yougoslaves qui viennentgalement d'Autriche, et gui sont peut-tre plushostiles au Gouvernement autrichien que personnedans toute l'Europe.

    La journe de Kossovo en Angleterreet la questionyougoslave.

    Notre dition de Londres d'aujourd'hui crit ce sujet :

    La noble nation britanniquea une fois de plusmontr sa sympathie la Serbie souffrante,elle aune fois de plus affirm sa dtermination de ne pasremettre l'pe au fourreau jusqu' ce que tous lestorts que cette guerre a causs l'humanit soientrpars et que la libert et l'indpendancesoientdonnes aux petites nations. Nous notons aussiavec une grande satisfaction que les clbrationsde Kossovo ont de nouveau prouvque la questionyougoslave telle qu'elle est reprsente par leComit Yougoslave,et clairement exprimepar lePrince-hritier Alexandre dans sa dclarationhistoriquede Londres, a gagn desamissans nom-bre et des dfenseurs dans toutes les classes dupublic britannique et que les millionsde nos frresirrdentes ont de bonnes raisons d'esprer que leurlibration et leur unionavec la Serbiedans un tatunique seront ralises avec l'aide de la nationbritannique et de ses hroques allis.

    Depuis plus de cinq sicles Kossovo fut la ban-nire de notre orgueil national, le sommet et lasubstance de notre unit nationale et tel il taitalors, tel il est et tel il restera

    le symbole dechaque Yougoslaveo qu'il soft, le symboled'unerace qui dsire ardemment et demande sa placepropre et le droit de gouverner sa propre destineparmi les autres nations civilises.

    Les clbrations de Kossovo furent marquessurtout par un grand nombre de confrencessur la Serbie et sur les Yougoslaves, traitant deleur histoire, de leur civilisation, de leur politiqueet de leurs aspirations. C'est un fait significatifquele plus grandnombre de cesconfrencesfurentfaites par des Anglais et des Anglaisesexprimantleurs sympathies sur le sujet qu'ils traitaient,sympathiB qui ressemblait de l'enthousiasme.D'innombrables articles dans les journauxquoti-

    diens, revues et magazinesont pay un ardent tri-but la Serbie, et presque tous faisaient allu-sion l'unit de tous les Yougoslaves. Desmeetings en plein air furent donns auxquelsassistaient des milliers de gens, coutant avecsympathie les discours des orateurs Anglais etYougoslaves.*

    L journe de France en Angleterreet les Yougoslaves

    A l'occasion de la journe de France, la colonieyougoslave prit part au grand meeting de HydePark, portant une bannire avec l'inscription Abas l'Autriche-Hongrie, Bastille des Yougoslavesopprims. Desdiscours furentprononcsau nomdes Yougoslaves par M. Hinkovi, membre duSabor Croate et du Comit Yougoslave, et parM. Jani, prsident de la Socit Yougoslavie ;M. Iinkovic fut aussitt lu membre de la dputa-tion quiprsenta la rsolutiondu meetingl'ambas-sadeur de France. Pendant la rception l'Ambas-sade franaise, M. Cambon a dit M. Hinkoviqu'il apprciait beaucoup la bannire porte parles Yougoslaves et au cours de cette conversationM. Hinkovi eut l'impression que M. Cambontait excessivement bien inform au sujet de laquestionyougoslave.

    Opinions et CommentairesUne nouvelle lettre de M. W. Steed

    sur les Italiens et les Slavesde l'Adriatique

    M. W. Steed, directeur de la politique tran-gre au Times, a adress au journaliste italienM. Franco Caburi, une lettre en rponse unarticle de cet crivain rcemment paru dans leGiornale d'Italia, sur les Slaves de l'Adriatique.Le Giornale d'Italia, dans son numro du 30 juil-let, reproduit intgralement cette lettre de l'mi-nent publiciste. La voici :

    Cher Ami, Rien qu'un mot propos de la lettre ouverte

    que vous m'avez aimablement adresse par leGiornaled'Italia.

    En rpondant au dput Torre, je n'avaispasl'intention de susciter des polmiques ou de m'yengager. Je voulais dire ma profonde convictionque les amis de l'Italie, aussi bien que les Italiensclairvoyants, pouvaient et devaient soutenir lacause de l'unityougoslave.En aidant les Yougo-slaves s'unir, les Italiens et les amis de l'Italieposeront en mme temps les fondements d'unealliance italo-yougoslave forte et durable, et ilsbtiront un rempart solide de paix et d'quilibredans l'Europe future.

    Vous croyez que je n'ai pas prch et que jene prche pas la modration aux Yougoslaves.Vous vous trompez. J'ignore quelles sont les rai-sons qui vous induisent penser que cette phrase :

    Les pires ennemis de l'Italie et des Yougo-

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    slaveset les meilleurs amis des Austro Allemandssont ceux qui suscitent ou maintiennent vif, lesmalentendus et les haines entre les Italiens et lesSlaves

    soit adresse seulement aux Italiens.Elle est adresse aux uns et aux autres et tousceux qui entrent avec des passions locales ou desrancunes d'origine autrichienne, dans une discus-sion o il s'agit d'abord d'tablir les faits etensuite d'en tirer de saines conclusions.

    Ces faits sont d'ordre ethnographique, poli-tique, conomique et stratgique. Aucun de cesfaits ne'doittre pris en Considrationsparment ;c'est pourquoi je n'arriv pas comprendrel'importance qu'on donne en Italie certainescartes gographiques que les Yougoslovesmettenten circulation . Je ne sais pas avec prcisionquellessont les cartes gographiques auxquellesvous faites allusion. Certes, je connais' une cartegographique yougoslave gui rend compte, peut-tre sans ls nuances ncessaires, de la diffusiondes populationsyougoslaves. Il est vrai que celtecarte signale l'existence d'une population slovnedans les frontires mmes du royaume d'Italie,population qui arriverait jusqu'aux environsd'Udine. Pourquoi les Italiens devraient-ils sefcher cause de cetteconstatation? Les Slovnesy sont ou ils n'y sont pas ? Selon les informationsque j'ai reues, il y a quelques annes, d'ItaliensUdine mme, les Slovnes y sont; et, sauf erreur,ils sont appels Russes dans la localit. S'il enest ainsi, pourquoi unecarte yougoslavene devrait-t-elle pas signaler le fait ?

    Je comprendrais les susceptibilits italiennes siderrire les constatations ethnographiques, lesYougoslaves cachaient des prtentions politiquescontre l'intgrit territorialedu Royaume d'Italie.Vous savez merveille que cela n'a pas, et ne peutpas avoir lieu. D'ailleurs, si les cartes ethnogra-phiques yougoslaves pochent par inexactitudesubstantielle, le remde est extrmement simple.Veuillent les Italiens faire de leur ct des cartesgalement ethnographiques d'une exactitude sirigoureuse qu'elle ne laisse pas lieu aux contesta-tions. Tt ou tard, on devra s'adresser aux faitsethnographiques comme la base principale desdiscussions politiques ; et ce sera autantde gagnsi'le public italien est d'avance pourvu de cartesscientifiquementexactes de toutes les rgions dontl'avenir politiquedoit tre dtermin.

    La question politiqueestxle beaucoupplus^diffi-cile. Elle doit tre examine et traite de part etd'autre avec srnit d'ame et avec un esprit deconciliation. Malheureusement, une solution quine laisse pas de minorits slaves en territoire ita-lien, et rciproquement, n'est pas concevable.Beaucoup de choses dpendront de la faon dontces invitables minorits seront envisages ettraites : soit en lments ennemis, soit en lments amis.

    Ce qui me tient tant au coeur, c'est que l'amiti,ou plutt l'alliance Halo yougoslave soit si bienfonde qu'elle puisse ouvrir les coeurs des Italiensaux Yougoslaves,et ceux des Yougoslaves lalangue, la civilisation, l'influence,au commerceitalien. Ces populations ont besoin d'une autreculture ct de la leur, car une culture propre,elles l'ont ! Et je crains fort que si cette culturen'est pas l'italienne, elle pourraitbien tre, par laforce des choses, allemande. Vous avez d consta-ter le progrs inquitant de la langue et de l'in-fluence allemandes sur l'autre cte pendant cesdix dernires annes.

    La grande majorit des Yougoslaves,ycompristous, leurs chefs politiques influents, sont favo-rables la culture et l'influence italiennes. Ceserait, selon moi, une faute inexcusable de ne pastirer de ces bonnes dispositions tous les fruitspossibles.

    Pas un seul Yougoslaveinfluent de ma connais-sance, et j'en connais pas mal, ne met en questionla ncessit de la prdominance italienne dansl'Adriatique;pas un seul d'entre eux ne refuse l'Italie les moyens indispensables pour s'assurerla prdominance. Des extravagances et des exag-rations des jingoes yougoslavesou italiens, peum'en chaut.

    Avec une politique sage nous aurons raison desuns comme des autres. Je connais les desiderataexprims aux gouvernements allis par les chefsdesYougoslavesresponsables,etje m'en tiens eux.Ils sont modrs, et ils sont inspirs par un puis-sant sentiment de justice, par un esprit d'amitisincre envers l'Italie. Ce qui importe, c'est queles honntes gens, les gens de bonne foi de part etd'autre, se mettent d'accord pour le bien de tous.L'Italie a une grande mission accomplir,un grand devoir envers elle-mme et enversl'Europe. Cette mission peut tre accomplie si elley accde dans un esprit moderne et en tenant

    comptedu fait que nous nesommesplus aux tempsde l'Empire Romain ni de la Rpublique Vni-tienne et que le mme principe des nationalits,inconnu alors, mais fondamentalpour la troisimeItalie, travaille aujourd'hui encore en faveur desraces non encore runies. Une politique colonialeest impraticable dans l'Europe actuelle, des popu-lations conscientes de leur personnalit ethniquene peuvent pas tre comprimes, ni absorbes.Puisse l'exprience de la Prusse en Posnanieservir d'enseignement!

    Je ne crois pas que le peuple italien soit entr enguerre pour quelque chose de plus qu'unparreekio quelconque.Des calculs de ce genre nesuffisentpas soutenir l'esprit d'une nation pen-dant une preuve si difficile, ni expliquer l'lanmagnifiquedes hros italiens. L'Italie est entreen guerre pour prendre sa place entre les grandesnations libratrices de l'Europe, et elle combat ct des Allis pour la mme cause, pour une causesacre. Comme eux, elle a droit au prix de sessacrifices

    de pouvoir vivre dans ses frontiresnaturelles et ethnographiques, et de se,dvelopperdans tous les sens, l'abri de toute menace, dansune Europe libre de toutes les hgmonies.Ainsisoit-il.

    WICKHAM STEED.## *

    Nous n'avons pas l'intention d'ajouter aucuncommentaire cette nouvelle lettre de M. Steed,lettre inspire des sentiments les plus levs et lesplus nobles. Cependant, nous ne pouvonspas nousempcher d'exprimer notre satisfaction d'y voirtraiter aussi nettement une toute petite questionde dtail qui nous valut tant de reproches : celle dela carte publie par notre comit, annexe nosbrochures et qui fut donne, en rduction, dansnotre bulletin. L'interprtation qu'en donneM. Steed est la seule juste et nous espronsque laquestion est ainsi mise au point.

    Un discours de M. Trumbi la DiteDalmateen 1903sur le danger panger-maniste et sur la ncessit de l'uniondes peuplesmenacs.(A propos des vnementsde la mme anne en

    Croatie).En1903, la Croatietait agite par unmouvement

    national tendant la dlivrer de la tyrannie ma-gyare reprsenteparle comte Khuen Hedervary.Les dsordres qui se produisirent en Croatie cette date, avec des incarcrations en masseet desexcutions nombreuses, sous un rgime de courmartiale, eurent leur contrecoupen Dalmatie, enIstrie et dans les pays Slovnes ; l'ide de- la soli-darit yougoslave et de l'unit nationale serbo-croate et slovneen sortit plus vigoureuse et pluspalpitante. Le ddain de S. M. Franois-Josephqui ne daigna pas recevoiren audience les dputsde la dite dalmate demandant l'abolition de lacour martiale, eut pour consquence d'aiguiser lavolontde dlivrance et la haine contre l'Autrichequi voulait imposer la langue allemande la Dal-matie mcontente.

    Des chefs de ce mouvement, les uns sont dansles prisons autrichiennes, les autres sont l'abride la perscution viennoise, l'tranger o ilscontinuent l'oeuvre d'union et de dlivrance. Ledput Trumbi, qui est aujourd'huiprsident duComit Yougoslave,a prononcpendant ces vne-ments (le 7 novembre 1903) la dite dalmate undiscours retentissant o il a mis en lumireles pro-cds que l'Autricheemploie pour isoler la Dalma-tie du reste des pays serbo-croates.

    En critiquant les manoeuvresde l'Autriche, quivoudrait imposer la langueallemande,M. Trumbidit: Nous ne voulons pas de langue trangre.Les droits, les sentiments, les aspirations de lanation s'y opposent,et exigent qu'on fasse place la langue nationale dans les bureaux et dans l'ad-ministration de l'Etat. Le sentiment nationalne souffre pas la sujtion l'tranger. Les aspi-rations nationales ne nous conduisent pas versle germanisme, mais vers la libert... On veutnous imposer la langue allemande sous prtexted'unification de l'administration de l'Etat. Maispour un tal qui veut avoir des fondementssainset solides il ne peut y avoir d'autres besoins queceux du peuple. Malheur l'Etat dans lequel lesintrts de l'Etat ne sont pas identiques ceux dupeuple!

    Le germanisme menace de rendre impossiblesles aspirations nationalesdes croates. La grandeAllemagnes'oriente vers le Sud de l'Europe pourasservirsous son jougces beaux pays qui sontnotrepatrie, nous Croates. L'Allemagnemenacede ses

    plans de conqute tout le Sud de l'Europe : c'estune vrit que toute l'Europe reconnat, exceptl'Autriche. L'Allemagnemenace les Croates oppri-ms aussi bien que les Magyars oppresseurs qui,enivrs par leur ide panmagyare ne voient pointqu'ils sont l'instrument des Teutons qui lesrejetterontaprs s'en tre servi. L'Allemagne me-nace non seulement les peuples non germaniquesdel'Autriche et des tats balkaniques,mais aussi unegrandenation du Sud de l'Europe, l'Italie voisine.Quelle est la leon ncessaire qui se dgage dece danger ? La seule leon est de s'unir et demarcher cte cte, de rsister contre le prilcommun par notre concorde,depuis les Alpesjus-qu' la Maritza.

    Il est indispensable que les Croates cherchentl'appui moral des peuples trangers, tant donnque dans cette monarchie o nous sommes isolset opprims nous cherchons vainement une aide.L'appui moral des peuples trangers pourrait nousaider mieuxqueles canons. L'assistance des autresnations, la convictionde l'Europe que notre lutteest juste, que nos revendications sont saintes ethumaines puisqu'elles ressortentdudroit l'exis-tence et la vie, peut seule changer la destine denotre peuple qui en cette monarchie, depuis destemps immmoriaux, n'a vu que l'injustice et lasouffrance. Cette monarchie qui devait tre unasile de petits peuples au coeur de l'Europea trahisa mission. Au lieu d'tre une maison de libertdes peuples et d'aider leur dveloppement et leurs progrs elle n'est qu'un march d'esclaves.On cre des conflitsentre les peuples, ou inventedes fauxbesoinsdel'administrationquisontdirigscontre le bonheur des peuples dans le seul butde prolonger cet tat de choses. On dirait que cettat est ingurissable. L'Autriche, seule, oppri-mait les peuples tant qu'elle pouvait suffire labesogne; se voyant insuffisante, elle a cr ledualisme en livrant aux froces caprices des Ma-gyars les peuples qui habitent l'autre partie dela monarchie, tandis qu'elle continuait son oeuvrenfastedans la sienne.

    Les vnements rcents qui viennent d'avoirlieu dans la patrie croate sont faits pour dsen-chanter compltement jusqu'aux vieux lutteursqui espraientque la monarchiefinirait par mettreses intrts d'accord avec ceux du peuple croate.Hlas, tous ces beaux rves sont passs, et cesvieux lutteurs sont au dsespoir : comme si touttait fini, parce que l'Autriche ne consent pas tre juste. Mais ce dsespoir est dplac tant quele peuple vit, et si nous tions obligs de dire :Dans cette monarchie, il n'y a pas dejusticepourle peuple croate, nous ajouterionsimmdiatement :ce peupl a existe avant la monarchie, il existeraaprs elle. (Unevoix : et dans la monarchie et. endehors d'elle!)

    La violence fera son temps, et tant qu'il y auraune nation vivante son foyer, tant qu'elle nesera pas morte, il y aura un espoir de succs. Lajeune gnration rveillant l'esprance dans lecoeur du peuple et cherchant dans le peuple lui-mme i'appui et la force, et l'tranger l'aide mo-rale, continuera son oeuvre d'mancipation etnous arriverons notre but, qui est de faire dupeuple croate un peuple qui s'appartienne. Jefinirai ce discours par les paroles dites par le chefdes insurgs de Krivosije, Milan Samardzic, ensigne de bienvenue au gnral autrichien Rodic : Veuille Dieu donner l'Autriche tout ce qu'elledsirepour nous autres Croates .

    Voil ce qu'a dit M. Trumbi il y a treize ans,aux applaudissementsde la dite dalmate.

    Les Slovnes du Sud-Ouest

    Dans le Slovenec du 10 juillet, J. Kotar vient depublierune intressante tude sur les Slovnesdesterritoires du sud-ouest, notamment du territoirede Gorioa-Gradiska et de l cte entre Devin(Duino) et Triesle. Nous relevons ici quelquespassages importants :

    Un des plus anciens monuments de notre lit-trature est l'vangile de Sveti Ivan, ainsi d-nomm cause du monastre et du lieu situs prsdu Timave (se jetant dans la mer prs de Devin)o il fut gard pendant longtemps. Le manus-crit, dont l'origine remonte au vmc-xu oieele, esttrs prouv par l'humidit. Sur la marge de celivre, on lit distinctement les noms des bienfaiteurset donateurs du monastre dont voici quelques-uns : "Nepokor, Braslav, Stregoinil, Zelebor,Zventipolk, Pribina, Boleslav, Kocelj, etc., ainsique les noms fminins : Milena, Zalislava, Sven-tizizna, Misislava, etc.

    Au territoire de Gorica confine de l'autrect do la frontire la partie slovne de la

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    Vntie, peuple aujourd'hui par environ 40.000Slovnes. A Udine, il y a un manuscrit catholiquedatantde l'an 1497, crit dans un dialecte sloveno-vnitien semblableau patois parlaujourd'huiauxenvirons de Sveti Petar (sur la Natisone). Ilne diffre de celui-ci que par quelques passsindfinis (aoristes) qui sont en usage dans le dia-lecte vnitien voisin. L'orthographeest italienne.

    Ces documents sont aussi intressants,parcequ'ils nous prouvent que la langue slovne taitanciennement cultive et garde dans l'glise dela rgion de Vntie, fait qui a grandementcon-tribu a sauver les Slovnes de cette rgion de ladisparition. En ce temps-l, elle avait mme ledroit de publicit, toutefois plus-tard elle dut se.retirer dans l'glise et y vivre.

    Vers l'an 700, les Slovnes firent irruptiondans la Vntie, dfirent toute l'arme lombardeet dracinrentla noblesse de la Furlanie. Imm-diatement, l'lment slovne acquit une influence.Dans toute la contre furlanaise, la langue slovnefut gnralise et mme parle la cour des ducsde Lnmbardie Cividale. Dans cette ville, lepatriarcheBertrandvoulut fonder une universitpour les Italiens, les Slovnes, les Allemands etles Magyars. (Glaser : Zgodovina slovenskegaslovslva). On voit donc combien les Slovnestaientestims dans l'obscur Moyen-ge.

    L'opinion russeet la question yougoslave

    La Rietch publie d'intressantes dclarations duprofesseur A. V. Vassilieff, qui faisait partie de ladlgation envoye par la Douma dans les paysallis,surlesimpressionsrapportespar les dputsrusses de ce voyage.

    En ce qui concerne notamment la questionyougoslave, le professeurVassilieff a dclar :

    Le mouvement yougoslave est devenu, cestempsderniers, trs populairedans tous les pays del'Entente,et l'ide de l'union dans un mme tatdes Serbes et des Croates gagne de plus en plus departisans, spcialementen France, commej'ai pum'en rendre compte par mes conversations avecles hommes politiques les plus influents.

    LesYougoslavesenAmrique

    Pour la liaison entre les associationsYougoslaves

    Le Clevelandska Amerika, journal slovne,paraissant Cleveland,..crit dans le numro du19 juin :

    Plusieurspatriotes Slovnes, croates et serbes,sont arrivs la convictionqu'il est indispensablepour notre cause communede cooprer plus troi-tement dans le but d'affirmer par des faits quenous sommesune seule nation de mme race et demme langue. Dans la runion conscutive desmembres reprsentant les associations croatesSlovnes et serbes, un comit fut lu dont la tcheconsiste tablir les rgles de 1' Uniondes soci-ts yougoslaves , pour les soumettre ensuite l'approbation des dlgusdes diffrentes socitsqui vont se runir Cleveland le 19 juillet. Uneinvitation sera remise touies les associations enmme temps qu'une copie du programmede l'Union constituer. Le but est de raliser un lien communentre toutes les associations croates, Slovnes etserbes lienqui n'existemaintenantpasplusentrelessocits croates elles mmesqu'entre les Slovnes,en organisantdes sances et d'autres runions ol'on discuteraitles questions socialeset politiques,ainsi que du bonheur de la nation yougoslave etdes migrs yougoslavesen gnral.

    Les Slovnes en AmriqueLe 28 avril dernier, un grand meeting slovnefut tenu Cleveland (U.S.A.) dans lequel 500 dl-

    gus reprsentrent les 30.000 Slovnes migrsdans l'Amriquedu Nord. Le meetingadopta unersolution qui fut envoye au prsident Wilson etdans laquelle il tait dit :

    Nous, Slovnesde Cleveland et des environs,runis dans un grand meeting national, nousconsidrons, tant donn les conditions prsentesexistant entre les tats-Unis et l'empire allemand,qu'ibest de notre patriotique devoircomme bonscitoyens amricains, d'affirmer notre loyaut illi-mite la constitution et aux lois des tals-Unis,et nous exprimons nos loyaux et sincres remer-ciements au prsident W. Wilson pour sa noble

    dfense de l'humanit, de l'honneur et du salutdes citoyens amricains.

    Nous exprimons aussi notre cordiale grati-tude ceux qui combattent pour la vritabledmocratie et la libert des petites nations oppri-mes et nous remercions la noble France et sesallis, car nous voyons dans leur victoire la lib-ration de nos frres souffrant sous la dominationinhumaine des Austro-Hongrois, dont nous avonsfui la tyrannie au del de l'Ocan dans la terre dela libert d'or.

    Unis par des liens de sang, par la langue etpar la souffrance aux Croates et Serbes, nous res-sentons les sacrifices et les douleurs de la Serbiecomme notre propre souffrance et nous espronsdu fond de notre coeur la libration et l'union denotre nation dans un tat indpendant et dmo-cratique : la Yougoslavie.

    L'initiative patriotiquedes colonies yougoslaves

    dans les deux Amriques(De la Jugoslovenska Driava, organe central

    des organisations yougoslaves dans l'Amriquedu Sud) :

    Les Yougoslaves de l'Amrique du Sud ontfait tout ce qui tait dans la mesurede leurs forces,depuis le dbut des hostilits jusqu' l'heureactuelle,pour donner satisfaction leur consciencenationale et aux besoins urgents du peuple. Dansl'impossibilit o se trouve la patrie asservied'accomplir l'oeuvre qui s'impose, ce sont lesYougoslavesmigrs qui, dans ces pays loigns,ont pris sur eux toute initiative pour la ralisa-tion de la pense d'union et de la dlivrance.

    Ayant claire conscience de la gravit dumoment, ils ont, libres des prjugs et des spa-ratismes, saisi le problme national dans touteson tendue. Bien qu'ils soient presque tousCroates, originaires de Dalmatie, ils ont, d'unamour et d'un intrt gaux, suivi la sainte luttede la Serbie, secouru par des souscriptions impor-tantes les blesss et les orphelins serbes et mont-ngrins. Ils savaient que l'unique moyen de salutpour les Croates, les Serbes et les Slovnesasser-vis l'Autriche-Hongrie, tait de travailler pourl'unit absolue de ce peuple aux trois noms, etc'est pourquoi ils ont embrass, unanimement etsans aucune hsitation, l'ide yougoslave.

    La manifestation publique des Yougoslavesde l'Amrique du Sud, le Congrs d'Antofa-gasta, a retenti partout en provoquant-une appro-bation gnrale, un intrt passionn. Nous nepouvons que remercier du fond du coeur nosfrres et nos amis, qui ont bien voulu, par leurcollaboration, prter assistance ce succs. Unisdans une action incessante, nous nous sentironsrenforcs, et puissants par notre concorde. Lesmigrs dans l'Amrique du Nord aussi bien quedans celle du Sud, doivent conduire bonne finl'oeuvre qui leur est chue par le destin. Le peupleet la patrie attendent de nous l'accomplissementdel'oeuvre qui leur est impossible,et c'est au peupleet la patrie que cette dception doit tre par-gne de voir ses fils libres rester inactifspendantcette lutte dcisive pour la libert.

    Nous sommes srs que les Yougoslaves,dansles deux Amriques, feront ce qu'on attend d'eux.

    Le retentissement de notre grande assemblenemanquera pas de provoquer dans l'Amrique duNord, un mouvementanalogue.Le pouvoirexcutifdu Congrs de Chicago ralisera, nous n'en dou-tons pas, son programme tout entier; elle aideranos reprsentantsen Europe accomplir tout cequ'ils ont promis la nation impatientede voir sesrves raliss. La presse yougoslave aux tats-Unis, les patriotes qui guident nos migrs, nousdonnent la conviction qu'ils ne se montreront pasinfrieurs leur tche. Et avec cette foi, aveccette persvrance, nous vaincrons !

    Les PerscutionsLes perscutions en Bosnie

    Le correspondant d'Odessa du Russkoje Slovoa eu rcemment une interview avec un minentSerbe ayant russi s'chapper de Bosnie et quilui donna beaucoup de dtails intressants au su-jet du rgime de terreur autrichien dans cette pro-vince. Le gouvernement autrichien a dcidd'expulser toute la population serbe de Bosnie-Herzgovine.Cet ordre est excut d'une manireinconnue mme aux barbares des sicles passs.Les autorits travaillent haute pression, et bien-

    tt il n'y auraaucunSerbe en Bosnie-Herzgovine.Les prisons sont combles, et les baraques mili-taires et les coles ont t converties en prisons.Dans ces prisons, les conditions sanitaires et disci-plinaires sont calcules de faon acclrerl'extinction des prisonniers. Il n'y a paslongtemps,un ordre tait publi, informant que les soldats denationalit serbe dans l'arme autrichienne se ren-daient en masse l'ennemi toutes ls fois que l'op-portunit leur en tait donne. Dans l'avenir,chaque homme qui serait pris sur le fait seraitpendu sans jugement, et quant ceux qui neseraient pas pendus,leurs parents, et spcialementleurs femmes et leurs enfants, devraient payerpour eux.

    Le cas du dput Tresic-PaviiLes journauxsuisses viennent de communiquer

    la nouvelle de l'acquittement du dput dalmateM. Tresi-Paviic, accus de haute trahison.Le dput Tresi-Pavicic avait t accus desmmes actes que le D' Kramarz. L'action politiquedes deux minentschefs slavesd'Autriche-Hongrietait dirige dans le mme sens, et s'est dveloppedans les mmes milieux.

    M. Tresic-Pavicic a t, comme le Dr Kra-marz, l'me des congrs nosleves qui se sonttenus, quelquesannes avant la guerre, Prague, Ptrogradet Sofia. C'est un des plus grandscrivains serbo-croates vivants, et il entretient denombreuses relations avec les meilleurs crivainsitaliens et franais.

    A l'poque de la crise balkanique de 1913, quandle gouvernementde la monarchie dualiste tramaitl'attaque contre la Serbie victorieusedes Turcsetdes Bulgares, le dput Tresic Pavici a tenuaux Dlgationsautrichiennes, Vienne,un granddiscours dans lequel il a condamn la politiqueantiserbe du gouvernementautrichien et a affirmla pleine solidaritde la population serbo-croatedela Dalmatieavecses frres serbes.Aprs lesguerresbalkaniques, M. Tresi-Pavici a visit les terri-toires serbes librs, et en a tir le sujet de sonpome Osoeceno Kossovo (le Cossovo veng).

    Le gouvernement autrichien lui avait gardrancune pour son attitude serbophile, et lorsque laguerre europenne clata, il le fit arrter. Lespremiers mois, M. Tresic-Pavii fut gard

    i comme otage par l'autorit militaire. Puis il futenferm dans les prisons de Marbourg, et c'estseulement ces derniers temps qu'un procs enhaute trahison lui fut intent. Comme base de sonaccusation, l'autorit militaire avait pris les dis-cours que le dputdalmate avait prononcs,avantla guerre, au Parlement de Vienne, la Dite deDalmatie et aux diffrents congrs et assemblespolitiquesdans le pays mme et l'tranger.

    Le procs s'est droul devant le tribunal deGraz, et a dur 14jours.Commepourle Dr Kramarz,l'autorit militaire a exig la condamnation. Maispar gard pour l'opinion publiquedespaysneutres,o le verdict draconiencontre le D1'Kramarz avaitprovoqu une grande indignation et donn lieu des apprciations peu flatteuses pour le rgimeaustro-hongrois, le gouvernement avait jug utilede contenir la fureur militaire.

    C'est ainsi que le dput Tresic-Pavisic,contre lequel, du reste, aucune autre preuve n'apu tre apport, fut acquitt par le tribunal deGraz. Cependantl'autorit militaire n'a pas permisque le dput dclar innocent ft mis en libert,aprs 23 mois d'emprisonnement, mais a ordonnson internement.

    D'autres dputs serbo-croates de la Dalmatie,MM. Smodlaka, Cingria, Voukotic, Drinko-vic, etc., ont subi le mme sort et sont interns l'intrieur de la monarchie. Le dput Tresic-Pavisi reprsente au Parlement de Vienne les lesdalmates: Brac (Brazza), Hvar (Lsina), Vis(Lissa).

    Un procs politiquecontre un journaliste croate

    Un nouveau procspolitiquevientdesedroulerdevant le tribunal de Graz. La victime est M. Ni-colas Bartulovic, rdacteur du journal croateSloboda, de Spalato. M. Bartulovic fut arrtau commencement de la guerre par l'autoritmilitaireautrichienne, avec plusieurs autres jour-nalistes serbo-croates de Dalmatie. Aprs deuxannes^ d'emprisonnement, on lui a intent unprocs en haute trahison pour son action politiqued'avant la guerre. Ls dbats, qui avaient com-menc le 16 juillet, ont fini parla condamnationde M. Bartulovic cinq ans d'emprisonnement.

    Le journal Sloboda, auquel le condamn colla-bor, avait t supprimds juillet 1914.

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    Le procs contre le dput croate Lupis

    UObzor, du 15 juillet, annonce que le procsintent contre le dput de Korcula (Dalmatie),M. Ivo Lupis, pour haute trahison, aura lieu versla fin du mme mois Graz devant un snat d-lgu par le tribunal de Trieste. La dfense del'accus sera prise par le docteur Matko Laginjaqui avait dj plaid dans le procs contre MM.Tresic-Paviciet Niko Bartulovic.

    Les condamnationsmilitairescontre les Slovnesde Styrie

    On lit dans le Tagespost du 14 juillet : Ivana Kutnik, de Slovenska Bistrica, fut

    mise en tat d'accusationparle tribunal de guerrepour crime prvu par les paragraphes197 et 199.Ayant t appele comme tmoin devant le tri-bunal militaire de Graz, elle avait cherch att-nuer la significationdes dclarationsserbophilesfaites en public par le maire de Kerschbach,M. Simon Pusnik, condamn dj pour ce crime,en contradiction avec les dpositions faites parelle-mme devantla gendarmerie,ainsi que devantle juge d'instruction de Slovenska Bistrica, etconcordantavec les dpositions des autres tmoins.Elle a t condamnepar le tribunal militairedeMarburg six semaines de prison.

    Confiscations et condamnationsLeTribunalprovincialde Zadarvientd'ordonner

    la saisiede tous les biens mobiliers et immobiliersde M. Stphan Srzentic, rsidant Budva, pro-pritaire et autrefois maire de la mme commune.Lesbiensservirontd'indemnitpour les dommagescauss j l'tatpar l'acte dont il s'est rendu cou-pable en temps de guerre, et pour lequel il a tCondamn

    ainsi qu' titre de rparationpour ledroit outrag.

    Le mme Tribunala prononcla saisie des biensde Milo et Mitar Radovanovi,de Visnjevo, et deVase et Drago Stojanovi, de Djenovici,en Dal-matie, pour des actions qualifies haute trahison.

    Le Tribunal provincial de Trieste, actuellement Volosko-Opatija, vient d'mettre un jugementordonnant la saisiedes biens du peintreacadmi-cien croate M. Ivan Marin,qui estaccus d'outragecontre la force arme de l'tat, ainsi que dehaute trahison.

    Rays de la liste des AvocatsLe Tribunal d'appel pour le littoral, sur la de-

    mande du procureur d'tat a ray de la liste desavocatscroates MM. Ulikse Stanger de Trieste etDinko Trinajstic de Pazin (Istrie).

    D'aprs le JournalOfficieldu 11juillet, est rayde la liste des avocats pour la Bosnie-HerzgovineM. Milan Srski, celui-ci ayant t condamnantrieurement la perte de ses droits de citoyenbosniaco-herzgovinien.

    Saisie de biens, mesures arbitrairesLe journal Ujvideki Hirlap vient d'treinform

    de Zagreb que l'tude et les biens du riche avocatdeMitrovica,M. GigaAranicki, onttconfisqus, parcequ'onavaitapprisque les Serbes lui avaientdonn la libertalorsqu'il avaitt fait prisonnier;et par consquent il n'a pas subi le calvaire desautresofficiersd'Autriche-Hongrie.Aprs l'offen-sive, il se serait rfugi en Suisseo sa famille l'arejoint. Conjointement cette affaire, une arres-tation intressante a t faite : celle de M, NikolaIlic, directeur de la Caisse d'pargne de Mitro-vica, qui aurait envoy de l'argent en Suisse M. Aranicki. Plus tard, Ili a t relch, maisquoiquetant tuberculeux la dernirepriode ettoujoursexempt de servicemilitaire,il a t imm-diatement envov sur le front.

    Il n'y a plus de Novi Sad,Subotica Metc.Le gouvernementcroate informe les communes

    que la poste hongroisede l'autre ct do la Draveet du Danube ne reoit plus les lettresni les autresenvois, s'ils portent les noms croates des villes.Ainsi, par exemple, il n'y aura plus de Novi Sad,mais seulement Ujvidk, la place de Subotica ily aura seulement Szabadka, Cakovac deviendraCsktornya, etc.

    Chez l'ennemi

    Le point de vuedu nouveau parti hongrois

    et son chauvinisme magyar.

    Le Pesti Hirlap, dans son numrodu 9 juillet,approuve l'attitude rcemment prise dans leparlement hongrois par le comte Karoly qui,second par quelques dputs, a quitt le parti del'opposition magyare, et remarque qu'ils pourrontainsi, devant le parlement, revendiquerouverte-ment ce qu'ilest dfendu d'exprimerdans la presse,c'est--dire que la Hongrieespre de cette guerreune double victoire : l'une, en commun avec l'Au-triche, pour la Monarchie, et une autre, indivi-duelle, dans la Monarchie mme, pour les Magyars,et ventuellement contre l'Autriche...On ne pourrapas empcher la libert deparolepardesoprationssecrtes, comme le voudrait le comte Andrassydans sa proposition. Nousferonsde telle sortequela volontmagyarearrive unepleineetvigoureuseexpression de ses buts, parce que nous voulonsqu'au moment de la conclusion de la paix et duremaniementde la carte d'Europe, nos demandessoientrespectes.Cela nous serapossibleseulement condition que nous fassions entendre, par leparlement, nos allis aussi bien qu' nos enne-mis, quels sont nos droits et nos aspirations.

    Voil ce que dit le mme journal du 13 juilletdans son article de fond sur le devoir de l'oppo-sition :

    Tout le monde, commencer par le roi etmmenos ennemis, ont reconnuauxMagyars leursqualits qui seules garantissent l'existence del'tat, raffermissent le. trne et apportent lesvictoires. En ce moment, ce qui est le plus impor-tant, plus importantque les questions de politiqueextrieureet de suffrage dmocratique,c'est d'ta-blir les consquences lgitimesde ces troisvertus.Nous nous attendons pour cela de la part desdputs de l'opposition, une politique radicalemagyare et de race. Pour cela nous rappelons auxsparatistesde 48 qu'il faut runir toutes les forcesmagyaresdisperses en ce moment en vue d'assu-rer, par des mesures propices et par la loi, lepouvoir des Magyars.

    Les scandalesdans les socitspatriotiques magyares.

    Les Magyars,en vue de magyariserles nationa-lits hongroises,ont fond plusieursassociationsde culture : pour la propagandeparmi les Slo-vaques ils ont L'Association de culture pour laHongrie du Nord(lS,. M. K.), pour la propagandeparmi.les Serbes ils ont L'Associationde culturepour la Hongrie du Sud (D. M. K). Dans lescomits de ces associations, ct des magnats,des capitalistes, des prlats, des hauts fonction-naires pullulentles nobles dchuset les arrivistesqui font carrireavec leurpatriotisme.Ces socits,pour satisfaire leurs frais qui ne sont pas petitset pour lesquels les souscriptions prives nesuffisent pas, puisent la source intarissabledescaisses d'tat : ces subventionsserventaussibien remplir les poches de quelquessecrtairesinsa-tiables qu' faire de la propagande en faveur dumagyarisme.

    D'ordinaire,on essaie de cacher les affaires dedtournementet d'abusde confiancequi se passentdans ces socits patriotiques; nanmoins, il estimpossible que quelquefois les scandales rptsne parviennent pas au public. Les journauxmagyarsdu 30 juillet annoncentque le secrtaired'E. M. K., M. EugneGallovich, a t condamn trois ans de travaux forcs pour avoir maniincorrectement l'argent de la socit. Sontcondamns commes complices : M"" Gallovich,vingt jours de prison et deux cent couronnesd'amende, Naudor ntal deux ans de travauxforcs, Aladar Szantesix mois de prison. Az Estcommente ce verdicten ajoutantque le secrtariatdes socits culturelles est l'affaire la plus avanta-geuse pour ceux qui veulent s'enrichir facilement

    M.Oscar Jaszi, dans le leaderdu Vilag, examinel'influence morale de ces associationsqui n'ont eud'autre but que de creuser un abme entre lesMagyarset les autres nationalits hongroises. Iladmet qu'elles pouvaient travaillerau service del'gosme sacrde la nation rgnante,en fortifiantses positions ; mais au lieu de cela, elles n'ont faitqu'attiser la dmagogie, susciter la haine, faire desbanquetset organiser les provocations entre natio-nalits dans la priode lectorale. Ce sont des

    organisations pour l'avancement des marchandspolitiques.

    La plupart de nos associations culturelles,poursuivant avec impatience une magyarisationhtive, n'ont faitque crer des dangers incessants la patrie. En traquant le prtendu ennemi int-rieur l'aide du mcanisme administratif, ellesont oubli les vrais besoinsdu peuple magyar, sadpression conomique et morale. Elles dnon-aientau gouvernementles Slovaques pour avoirouvertune salle de lecture. Ellesdonnaientalarmequand les instituteurs roumains voulaient traiterde leur situation matrielle dans un congrs. Ellestrouventtout le temps qu'on n'est pas assez svrepour les nationalits. La socit magyare, le gou-vernementmagyar,ont prt leur appuiabondant ces associations qui absorbaient des nergiesprcieuses dans une action non seulement strile,mais dcidment nuisible.

    Mais il faut, nousdit-on, pardonnerces fautes nos frresMagyars,sinon, nous serions mangs par les Slaves ou lesValaques. Et voil pourquoi il faut donner l'abso-lutionmme un parricide,s'il s'agitde la dfensedu magyarisme...

    Solution de la question yougoslave Die Drau, journal paraissant Osijek (Slavo-

    nie), en langue allemande, et qui soutient lesvues du gouvernement austro-hongrois, publiesous ce litre un article de fond, qui laisse entre-voir que certains milieux de la monarchieaustro-hongroisesont aussi proccups de la solutionduproblme yougoslave, malgr les rserves qu'ondoit faire sur la sincritdes opinions mises :

    Dans le Sabor croate, on a entendu desdiscours sur la solution de la question yougoslaveavec l'appui de la Hongrie. Ces discours qui, bienentendu, pendant la dure de la guerre, n'ontaucun intrt immdiat et pratique, ne sont pasdnus d'intrt pour l'avenir. La solution duproblme yougoslavepar une collaboration troitede la Hongrie et de la Croatie semble chose sinaturelle qu'il serait oiseux de rpondre auxobjections.

    Notre ennemie sculaireest la Serbie; l'enne-mie de la Hongrie, c'est la Russie. Cette hostilitne date pas d'hier,et une guerre malheureuseeffa-cerait l'individualitpolitique de la Croatie, quis'enlizerait dans la boue de l'Orient chauvin etarrir. Gette perspective nous menaait aumoment o les Russes dominaient les Carpatheset o les Serbes franchissaient la Save et leDanube. La menace de cet esclavage a redonn nos soldats la force de librer le territoire.

    Chez l'ennemi, on avait une conception toutediffrentedu problme yougoslave. Les statuts dela Narodna Odbrana de Belgradenous ont donnl'ide d'un tat yougoslave, englobant tous lesSerbes, Croates, Slovnes, depuis l'Adriatiquejusqu'au Danube, de Velebit aux monts Balkans,sous le sceptre du roi Pierre.

    La solution que nous opposons ce plan pan-serbe, est la constitution d'une Croatie puissanteet satisfaite, rempart dress contre l'Orient. Sacration est invitable, puisque toutes les condi-tionsexistent pour son avnement; mais, et c'estessentiel, le problme yougoslave ne peut trersolu qu'en collaboration avec la Hongrie. Dansce but-l, les liens entreces deuxpays doivent treresserrsafin que la confiance rciproque devienneune amiti cordiale.

    Les Hongrois, actuellement,sont dans les meil-leures dispositions l'gard des Croates, donttoutes les aspirations lgitimes sont envisagesavec sympathie. Les petites bouderies d'antan ontdisparu ; les relationsd'une politique de grandeslignes les ont remplaces dignement. Ces sagesprocds ne rendrontque des services la pensede l'tathongrois qui va devenirde plus en pluspopulairedans les masses croates. La solution duproblme yougoslave avec la Hongrie, et par laHongrie, ayant pour but le renforcement del'union fonde sur la justice, la bonne entente etl'harmonie intrieure, doit tre notre but tous. Les relations entre la Hongrieet la Croatiedoivent tre scelles par la devise : Indivhibi-liter ac inseparabiliter !

    Le Grant; L. MATHIEU.

    Imp.des Bcaui-ArU (A. Muller), 79, rue Daretu,Paris