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Notes sur Cournot et Bergson Author(s): Arnold Reymond Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 148 (1958), pp. 371-372 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41089758 . Accessed: 10/01/2014 13:06 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger. http://www.jstor.org This content downloaded from 129.199.59.249 on Fri, 10 Jan 2014 13:06:06 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Page 1: bergson

Notes sur Cournot et BergsonAuthor(s): Arnold ReymondSource: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 148 (1958), pp. 371-372Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41089758 .

Accessed: 10/01/2014 13:06

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Page 2: bergson

ν Notes sur Cournot et Bergson

En souvenir d'Arnold Reymond et en hommage à sa mémoire, nous publions ces quelques notes inédites, conclusions de leçons faites aux étudiants de Lausanne , et retrouvées par sa fille, Mme Virieux, qui nous les a communiquées.

Cournot

La philosophie de Cournot ne fut guère appréciée du vivant de son auteur. Seuls Walras (Lausanne) et Jewons s'en occupèrent. Vers 1870, Taine, Renouvier, Vacherot en parlent avec éloges; puis l'étoile -de Cournot pâlit à nouveau pour ne briller qu'au xxe siècle.

Malgré l'attitude prudente que Cournot observe vis-à-vis du problème métaphysique, sa philosophie présente quelques contradictions par le fait qu'il ne voulut jamais la systématiser. Que valent en particulier les idées maîtresses de cette philosophie : ordre, hasard, simplicité des lois de la nature?

L'idée d'ordre comporte deux sens bien différents (mathématique et esthétique) ; par suite la raison des choses peut signifier cohésion logique ou finalité esthétique, Cournot accorde à ces deux sens la même impor- tance, mais philosophiquement ce n'est guère possible. Il faut ou bien attribuer à la cohésion logique la prééminence et considérer la finalité comme illusoire, ou bien la finalité est l'ordre vrai des choses et la cohésion logique n'est que superficielle. Il faudrait en tout cas subor- donner la cohésion logique au pouvoir appréciatif de la raison et mon- trer que cette cohésion est compatible avec des points de départs diffé- rents (causalité efficiente et causalité finale).

De même la distinction entre les faits rationnels et les faits contingents (rencontre des séries rationelles) n'est que partiellement fondée. On ne voit pas où placer exactement cette distinction, car tout fait renferme des éléments rationnels et contingents tout à la fois et c'est par abstrac- tion que nous séparons ces caractères. Pour éviter la difficulté, il faut ou admettre la liberté, cause de ce que nous appelons fortuit, ou admettre que le fortuit est illusoire.

Cournot enfin propose comme critère de Vordre l'idée de la simplicité. Une loi naturelle simple est, par là même, vraie ; mais les découvertes modernes semblent condamner ce postulat (la mécanique newtonienne est simple, cependant elle n'est vraie qu'approximativement). Le fonds de la nature nous échappe et il n'est pas sûr qu'elle se conforme à nos besoins d'ordre rationnel et de simplicité.

Ce qui a manqué à la philosophie de Cournot, c'est une théorie de la connaissance, Cournot n'a abordé le problème de la connaissance que de biais par le calcul des probabilités, mais son œuvre philosophique n'en est pas moins féconde et originale, car ells met au jour des idées nouvelles.

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Page 3: bergson

372 REVUE PHILOSOPHIQUE

A bien des égards Cournot est le précurseur de Poincaré, de Bou- troux et même, en physique, de la nouvelle mécanique des quanta.

Le bergsonisme et la philosophie contemporaine

La philosophie de Bergson est l'aboutissement d'un courant de pensée qui est issu de Ravaisson (dynamisme d'Aristote), passe par Lachelier pour aboutir à Boutroux.

Opposition au positivisme d'Auguste Comte, à l'empirisme anglais et, sur plus d'un point, à Kant.

Bergson rejette le darwinisme et en outre le transformisme lamarckien. Il adopte une position vitaliste analogue à celle de Driesch et prouve cette position par la dégradation de l'énergie mécanique utilisable (sens inverse du développement de la vie).

En ce qui concerne Y évolutionnisme, Bergson se rapproche de Spencer en un sens : pour tous deux, évolution = passage de l'homogène à l'hétérogène ; mais, pour Spencer, l'homogénéité est mécanique, pour Bergson, c'est l'homogénéité de l'élan vital. C'est un finalisme de ten- dance plutôt que d'un but défini.

Il se sépare de Kant : Bergson veut jeter un pont entre la science et la métaphysique et, pour cela, il désavoue la critique de la Raison pure. Pour Kant, le temps est homogène comme l'espace, pour Bergson le temps est non homogène - preuve par le mouvement (qui est indécom- posable en parties de temps et d'espaces, un et indivisible) - mais le mouvement a des intensités variables, il commence et finit, donc il a des parties.

La phénoménologie de Husserl a des rapports avec la position de Bergson : dans les deux cas, il y a saisie de l'immédiat. Mais, pour Husserl dans l'immédiat, les essences sont enveloppées (un peu comme les quiddités de Thomas d'Aquin). Pour Bergson, l'immédiat est une position de l'Absolu, saisie en dehors de toute pensée conceptuelle.

Pour moi, l'intuition est consciente, elle est interpénétration d'un contact et d'une activité de pensée, l'intuition étant synthèse de juge- ments.

L'élan vital n'est pas sans analogie avec la conception de Schelling sur l'esprit avec son pôle opposé de la matière.

Mais l'Évolution créatrice se rapproche étonnamment du Welt als Wille und Vorstellung de Schopenhauer, que Bergson ne cite d'ail- leurs pas :

Analogies frappantes : Élan vital et vouloir ; rôle trompeur de l'Intel- ligence ; opposition de l'Instinct et de l'Intelligence ; primauté de l'in- tuition artistique.

Différences : Schopenhauer reste inféodé à Kant (question du temps, parallélisme psycho-physiologique). Vouloir vivre, tendance obscure, pessimisme. L'élan vital aboutit à la Spiritualité.

Arnold Reymond.

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