hoffding - bergson
TRANSCRIPT
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
1/184
B
2430
.
B43H63
1917
U
dVof OTl
m
39003000970938
-
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-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
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from
University of
Ottawa
littp://www.archive.org/details/laphilosopliiedebOOIif
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7/26/2019 Hoffding - Bergson
4/184
LIBRAIRIE
FLIX
ALCAN
OUVRAGES
DU
MME
AUTEUR
TRADUITS
EN
FRANAIS
Morale.
Essai
sur les
principes
tlioriques
el leur
application
aux
cir-
constances
particulires
de
la
vie.
Traduit
d'aprs
la
a* dition
alle-
mande
par L. Poitevin,
professeur
de
philosophie
au collge
de
Nantua,
3
dit.
1907,
i vol.
in-8
10
fr.
Esquisse
d'une psychologie fonde
sur
l'exprience.
Trad.
Poitevin. Prface de
PierreJA.NET. indit.
igoS.
i vol.
in-8
del
Bibliothque de
philosophie
contemporaine
7 fr.
50
Histoire
de la philosophie moderne.
Trad. de
l'allemand
par
P.
BoRDiER. Prface de
M. V.
Delbos,
matre
de
confrences
la
Sorhonne.
2
dit.
1908.
a vol. in-8
de
la Bibliothque
de
phi'
losophie
contemporaine, chacun
10
fr.
Les
philosophes
contemporains,
a*
dit.
1908.
Traduit
par
A.
Tremesat6ues.
1
vol.
in-8 de
la
Bibliothque
de
philosophie
contemporaine
3
fr.
75
Philosophie
de
la
religion.
Trad. par J. Scblegel,
professeur
au
lyce d'Alenon.
1908.
i vol. in-8
de
la
Bibliothque
de
philo-
sophie
contemporaine
7
fr.
50
La pense
humaine.
Ses
formes,
ses
problmes.
Trad.
par
J.
de
CoussANGE.
Avant-propos
de
E.
Boutroux,
de
l'Acadmie
franaise.
1911.
I
vol. in-8
de
la
Bibliothque
de
philosophie
contemporaine.
7
fr.
50
Jean-Jacques
Rousseau et
sa
philosophie.
Traduction
et
avant-propos
par
J.
de
Coussange.
1912.
i
vol.
in-i6
de
la
Bibliothque de
philosophie
contemporaine
2
fr.
50
OUVRAGE
DU TRADUCTEUR
La Scandinavie.
Le NatiojiaUime
Scandinave,
i
vol. in-
16
(Pion
Nourrit).
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
5/184
''''s
1972-
LA
PHILOSOPHIE
DE
BERGSON
EXPOS ET
CRITIQUE
PAR
HRALD
HOFFOiNG
Professeur
l'Universit
de
Copenhague,
Correspondant
de
l'Institut.
TRADUIT
D'APRS
L'DITION DANOISE
AVEC UN
AVANT-PROPOS
Par
JACQUES
DE
COUSSANGE
SUIVI
d'une lettre de
m.
HENRI BERGSON
a
l'auteur.
DEUXIEME
EDITION
REVUE
PARIS
LIBRAIRIE
FLIX
ALGAN
I08,
BOULEVARD
S
A I
N
T
-
G E
R
M
I
N
,
I08
Tous
droits
de
reproduction et
d'adaptatioo
rjiervt
pour tous
pa^rt.
-
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/
/
/
/
j
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
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AVANT-PROPOS
DU
TRADUCTEUR
Il
existe
chez
nous,
et
sans
doute ce n'est
pas
fini,
bien des
exposs
de
la
philosophie
de
M.Bergson,
de
valeur
diverse
et
quisontinspi-
rs
par
des
sentiments
diffrents.
On
a cru
qu'il
ne
serait pas
inutile
qu'on
entendt
dans
ce
concert
une voix venue
de
l'tranger
o
le
prestige
et
l'influence
de
M.
Bergson
sont
au-
jourd'hui
aussi
grands
qu'en
France.
Le
petit
livre
que
l'on m'a
demand
de
traduire
repro-
duit
un
cours que
M.
Harald
Hffding
a pro-
,f
j(
fess
l'Universit
de
Copenhague
pendant
l'hiver
igiS-igid
;
le
fait
que
l'minent
philo-
sophe
danois
l'ait
consacr
M.
Bergson
est
dj
par
lui-mme
significatif
et
intressant.
Les
dfinitions
et les
analyses
qu'apporte
M.
Hffding, avec
son
esprit
clair
et
pn-
trant,
dissiperont
peut-tre
quelques-unes
des
imprcisions
qui
se
manifestent
dans
-
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8/184
VI
LA
PHILOSOPHIE
DE
BERGSON
l'interprtation
de
la
philosophie nouvelle
.
Il
semble
qu'elles
puissent faire justice
par-
fois
des
apprciations
inexactes qu'on
en
a
donnes
et
des
consquences
exagres
qu'on
en
a
voulu
tirer. L'admiration
qu'-
prouve
le
traducteur
de
ce
livre
pour
le
phi-
losophe
qui s'y
trouve
expliqu
et
jug
ne
pouvait
donc
l'empcher de contribuer
ainsi,
comme
il
se
permet du
moins
de
le
croire,
la
comprhension
de
son
uvre
en rendant
accessibles
au
public franais
les
critiques
d'un
autre
philosophe dont
la mthode
et
les'
procds
sont
diffrents.
Il n'y
a
pas
de
plus
grand
service
rendre
un
philosophe,
mme
si
l'on
parat
quelquefois
l'adversaire
de sa
philosophie,
que de l'exposer
et
de
le
discuter
de
cette faon.
Il
ne
serait
pas
juste d'ailleurs
de
dire
que
M.
Hffding
est
ici,
pour
M.
Bergson
dont
il
montre
bien l'importance
et
la
place,
un
adversaire. Les lecteurs franais
retrouve-
ront
dans
ces
pages
les
qualits
qui
ont
fait
chez nous
le
succs
des
livres prcdents
de
M.
Hffding,
qu'il
traitt de
l'histoire
-
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AVANT-
PROPOS
DU TRADUCTEUR
VII
de
la
philosophie,
de
la
psychologie
ou
de
la
morale,
ou qu'enfin il rsumt
ses thories
gnrales
et ses
ides
dans
l'ouvrage
d'en-
semble
qu'il
a
intitul La
'pense
humaine.
Il
fait
del
pense
le centre
de
la vie
psychique;
on
peut
par
l
pressentir
sur quel terrain
se
manifesteront,
entre sa philosophie
et
celle
qu'il
prsente
avec
pntration
et
fidlit,
les
divergences. On
remarquera qu'il
dfendi,/
la
philosophie
de
M.
Bergson
contre
le
re-
proche
d'anti-intellectualisme qu'on
lui
a
fh^ff^
souvent
adress.
X
Cette
tude
sur
l'uvre d'un philosophe
dont
il est
l'an
prouve que
l'ge
n'a
pas
ralenti la
vigueur de
la
pense
ni
la
puis-
sance
de
travail
chez
M.
Hffding.
C'est
tou-
jours
avec la
mme
ardeur, comme
il
l'a
dit
lui-mme,
qu'il
examine les
nouveaux
pro-
blmes
qui
se
posent
la
philosophie.
Quel-
que utile
qu'ait
pu
tre
la jeunesse
sa
lon-
gue
carrire de
professeur,
l'exemple
de
sa
belle
vie
fconde,
modeste
et
srieuse,
a
t
le
plus
fructueux
des enseignements.
Et
il
nous
plat
de
remarquer
que l'autorit
que
lui
Hffding.
Bergson.
h
-
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10/184
VII
LA
l'IlILOSOPUlE
DE
BERGSON
valaient
ses
travaux et
les
honneurs
dont
il
taitcombl,
il
l'a
employe
dans
ces
dernires
annes,
rpandre
et
soutenir
en
Danemark
le sentiment
national.
Dans
un pays
o les
ides,
que
l'on
croyait
modernes,
de
paci-
fisme
et
d'internationalisme
taient
trop
g-
nralement
acceptes,
il
a
fait
partie
du
groupe
des
hommes qui
ont
voulu
oprer
une
raction
et
fortifier
le
patriotisme.
En
igi/i,
au
cinquantenaire
de
la
perte
du
Slesvig
o
l'on
avait
rassembl
Copenhague
les
vt-
rans
de
la
guerre
de
i864, si
honorable
et si
douloureuse
pour le Danemark,
il fut
charg
de
prononcer
le
discours,
ce
qu'il
ft
avec
la
noblesse et
la
dignit
qui
convenaient
cette
crmonie.
Ce volume
devait paratre au
moment
o la
guerre
a clat.
En
le publiant
aujourd'hui,
nous
ne
croyons
pas
qu'il
nous
soit
interdit
de
relever
ici,
en
mme
temps
que
le
patriotisme
danois
de
M.
HofTding,
ses sym-
pathies
pour
une
cause
qui
est la
notre.
Si
la
situation
qu'il
occupe
lui
impose
une
attitude
rserve
qui
est conforme la
neutralit
de
-
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AVANT-PROPOS
DU
TRADUCTEUR
IX
son
pays
et
la
politique
de son
gouverne-
ment,
il
ne
les
laisse pourtant
pas ignorer.
En
plus
de tout
ce qui
l'attire
vers
la France,
il
sait,
ainsi
que
le
savent
les Danois, que
la
France
combat
pour
la libert et
la
justice,
pour
l'indpendance
des
petites nations
comme
le
Danemark.
Ces
sympathies,
qui lui
sont
communes
avec
la
plupart
de
ses
compatriotes,
peuvent
tre
chez
le
philosophe
danois,
qui
nous
connat bien,
qui
est depuis longtemps connu
et estim
parmi nous, plus
raisonnes.
Nous
aimons qu'elles
se
manifestent
cette
heure
par
la publication
d'une
tude, crite avant
la guerre, consacre
un
philosophe
qui
en
a
dgag
pour
nous
le sens
et
la
significa-
tion.
La
renomme
et
l'influence
d'un Bergson
sont
vraiment,
devant l'tranger,
en
parti-
culier
pour
les
pays
Scandinaves,
o on
les
trouve
partout,
notre
plus
haute
propagande
;
elles
reprsentent ce qu'il
y
a
de
plus
lev
dans
la
culture et
la
pense
franaises.
Jacques
de Coussange.
-
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-
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CHAPITRE
PREMIER
LE
PROBLME
DE
LA
PHILOSOPHIE
HFFDiNG.
Bergson.
-
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-
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15/184
LA
PHILOSOPHIE
DE
BERGSON
CHAPITRE PREMIER
LE
PROBLME
DE LA
PHILOSOPHIE
Pendant
la
dernire
partie
du
xix*
sicle
la
doctrine de
l'volution
a
pntr
dans
les
,:^i^
diffrentes
branches
de
la science
et
elle
aA^
[c,
fourni
de
nouvelles
ides au sujet
de
l'origine
et
de la
valeur de la
connaissance.
Lorsque
l
^^
^
Faust
de
Gthe,
mcontent
de la
traduction
que
l'on
donne
de
la
premire ligne
de
l'van-
gile
de
Saint
Jean, met,
la place
du
mot
verbe
celui
de
pense
,
puis,
songeant
que
ce
n'est ni
la
pense
ni
l'ide
qui cre
tout,
prononce
enfin
ces
paroles :
Au
com-
mencement
tait l'action
,
il
exprime
le
principe
mme
de
l'volution.
Quelque
pen-
se,
quelque
ide que
nous
ayons,
elle
est
ne
de
la
discipline de
la ralit
s'exerant
au
-
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4
LA
PHILOSOPHIE
DE BERGSON
moyen
des
actions
qu'elle
nous
oblige
d'ac-
complir. La
valeur
de
la
science
a
son
fon-
dement
dans le
fait
qu'elle est une
ralisa-
tion
des
hypothses
dont les hommes
doivent
partir
pour
que
leurs actions
les
mnent
aux
rsultats
qu'ils
souhaitent
d'atteindre.
La
n-
cessit
pratique
est
la
base
de
la
ncessit
thorique
et elle
en
prouve
la
valeur.
Aprs
que les
discussions
souleves
parla
thorie de
l'volution
se
furent
apaises,
ce
qu'on
a ap-
pel
le pragmatisme
a
dvelopp cette
pense
au point de vue psychologique
et
historique.
M.
Henri Bergson l'a
adopte
son
tour,
mais
en
refusant
d'accepter
les
conclusions
que
l'on
en
tire.
La
ncessit de
disposer
ses
reprsentations d'une
certaine
manire ne
prouve
ses
yeux aucunement
la
valeur de
la
connaissance
laquelle
on
parvient
ainsi.
Pour
lui,
c'est
mme
tout le
contraire.
Loin
que
la
pratique
mne
la thorie
exacte,
les
ncessits
de
l'existence,
le combat pour
la
vie
sous
toutes les
formes, l'effort
perptuel
tent
pour
forcer
les
choses
servir
l'homme
produit une faon de
penser
mcanique.
-
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-
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LA
PHILOSOPHIE DE
BERGSON
convaincu
que
la philosophie
moderne
ne
s'est
pas,
ce
point
de
vue,
libre de
l'antique;
je
reviendrai
sur
ce
point dans
la
suite.
La
philosophie grecquela
plus ancienne
s'en tenait
de
trs
prs
l'intuition
comme
reprsentant les
choses
d'une
faon
imm-
diate
;
elle supposait que
des
lments
acces-
sibles
aux sens
pouvaient,
par
une
transfor-
mation
ou
un changement,
passer
d'autres
3*^
lments.
Mais
avec
Parmnide
d'Ele
la
philosophie
est
entre dans
la
voie
qu'elle
n'a
depuis
jamais abandonne. La
critique
du
concept
de
changement
que firent
les
Elates
et la
faon
dont
ils
affirmrent
que
l'immuable
pouvait seul
tre
connu
avec
vrit
eurent
pour
consquence
que
le
pur
(concept
concentra
toute
l'importance
aux
dpens
de
l'intuition
;
on
prit
l'habitude
de
se
mouvoir
dans le
monde des
abstractions,
des
gnralisations
et
des
conclusions
au
lieu
de
pntrer
dans ce
que
contiennent
la
perception
et
la
conscience
immdiate.
Dans
sa
philosophie
des
ides,
Platon
re-
garde
les
purs
concepts
comme l'essence
-
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19/184
LE
PROBLME
DE
LA
PHILOSOPHIE
7
intrieure
de
l'existence
en
opposition
avec
le
continuel
changement
auquel
est soumis
le
monde
de
l'exprience et
de
l'intuition
des
sens\
Et, d'aprs
M.
Bergson,
la
philosophie
a
depuis
toujours
march dans
le
mme
sens.
De
l
est
ne, toujours d'aprs
lui,
u-ne
grande
erreur au
sujet
de
la
signification
de
la
philosophie
qui
s'est
tendue sur
toute
son
histoire.
Son
rle
consiste
justement,
afrme-t-il,
librer
la
pense
et
la
vie
de
Tme
de son penchant
pour ce
qui
ne change
^
pas,
pour
ce qui
se
rpte
continuellement,
s^
pour
le fixe
et
le
mcanique
que
provoque \
l'habitude
de traiter
pratiquement les
choses
|
matrielles.
Jusqu'ici la
science
et la
philo-
sophie
sont restes au service
d'un
but pra-
tique,
et, par
suite, ont
fait
des
tentatives
toujours
renouveles et
toujours
vaines
pour
comprendre
les
changements
en
partant
de
1.
Pour les
ides
de
M.
Bergson sur
la
philosophie
grecque
et
ses
consquences,
yoir
La
perception
du changement^
Oxford,
191
1,
p.
6,
et
Uvolution
cratrice
^
Paris,
igoS,
p.
333-3^7.
Sur
Parmnide,
voir
mes
Mindre
Arbejder (Petits
travaux ).
deuxime
srie, p. i/lii-i49,
sur
Platon,
Mindre
Arbejder,
troisime
srie,
p.
82-101.
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
20/184
8
LA
PHILOSOPHIE
DE BERGSON
Tinchangeable,
ce
qui
est
perceptible en
partant des
purs
concepts.
La
philosophie
a
pour
vraie
tche
de retrouver
l'unit
imm-
diate et
la continuit intrieure de
la
vie de
notre
me
dont
nous
loigne
la
vie
pratique
au
service
de laquelle
sont
la
langue
et les
sciences
de
la
nature.
Il
faut
que
la
vie de
la
pense
devienne
tout
fait
dsintresse
pour
arriver
rsoudre
ce problme,
pour
arriver
dcouvrir ce
qui est
rellement
donn,
pour
distinguer
le
fondement
de
ce
que
la langue
tche
d'exprimer, de
ce
que
la
science
cherche
formuler.
Le
titre
de
l'ouvrage
de
M.
Bergson
qui
le
premier
attira l'attention
et
qui,
pour
moi,
demeure
son
meilleur
livre,
VEssai
sur
les
donnes
immdiates de
la
conscience,
1889,
est
trs
caractristique
ce
point
de vue.
M.
Henri
Bergson
est
n
Paris
en
1869;
son
uvre
la
plus
importante a
donc
paru
quand il
avait trente ans.
Nous
n'avons
pas
de dtails
particuliers sur
sa
vie.
Ses
ouvra-
ges
marquent
les
tapes
de
son
existence.
Aprs
sa
sortie de
l'Ecole
normale,
il
devint
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
21/184
\
LE
PROBLME DE
LA
PHILOSOPIIIE
9
professeur
dans
des
lyces
de
province
et
de
Paris,
puis il
enseigna
l'Ecole
normale
de
1898
1900;
depuis l'anne
1900,
il
oc-
cupe une
chaire
au collge
de
France.
C'est
un crivain
brillant,
souvent
tince-
lant et il
doit
tre un
orateur
remarquable.
Ses
cours
sont
trs
suivis
;
il
semble
que
ce
soit
devenu
une
mode
dans
la
bonne
socit
intel-
ligente
d'aller l'entendre. Il n'a
point
cherch
cette
sorte
de
succs.
Extrieurement,
sa
personne
donne
une
impression
de
tran-
quillit.
Sa
physionomie
fine est
agrable.
Pour
ma part,
je
me
rappelle
avec
plaisir
la
conversation
que
nous
avons
eue
ensemble
Paris,
il
y
a quelques annes,
sur
des
questions
philosophiques.
J'avais
dj
fait
connatre
les
diffrences
qui
me
sparent
de
lui
dans
un
aperu historique
;
rcemment,
dans
mon
livre
La
pense
humaine^
j'ai
examin
et cri-
tiqu
plusieurs
points de
sa
doctrine*.
I.
Dans l'automne
de
l'anne
1906,
j'ai
tudi
devant un
petit
nombre
d'lves Les
donnes
immdiates.
En
1907,
j'ai
rsum la
doctrine
de
M.
Bergson
et
j'en ai
fait la
critique
dans
Lehrbuch
der
Geschichle
der
nueren
Philosophie
;
cette
tude
a t
depuis
tiaduite en
anglais.
Dans
La
pense
-
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\
.
de
Vvolution
cratrice
quelque
chose
de plus
prcis
et
I.
Pages
54
et
suiv.
HFFDiNG.
Bergson.
1
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
174/184
l63
APPENDICE
t
aussi
de
plus
probant
que
vous
ne
le dites*.
^L'argument essentiel que
je
dirige
contre
le
\''
mcanisme
en
biologie
est qu'il
n'explique
>.',
pas
comment
la
vie
droule une histoire,
c'est--dire
une
succession o il
n'y
a
pas
de
rptition,
o
tout
moment
est
unique
et
porte
en
lui
la
reprsentation
de
toutle
pass.
Cette
ide
commence
trouver
quelque faveur
auprs
de
certains
biologistes, si mal dis-
poss
que
soient
l'gard
du
vitalisme
les
bio-
logistes
en
gnral
:
ils
y
voient donc
autre
chose
que
l'expression
d'une
admiration
et
d'un
tonnement
.
D'une
manire
gnrale,
celui qui
a
ressaisi
l'intuition
de la
dure
ne
pourra
jamais
plus
croire
au
mcanisme
uni-
versel;
car, dans
l'hypothse
mcanistique,
le
temps rel
devient
inutile et
mme impossible.
Or
la
dure
est le
plus
indiscutable des faits
pour
celui
qui
s'est
replac
en
elle.
C'est
pourquoi j'ai
dit
qu'elle
nous
fournit
une
rfutation
empirique,
dfinitive,
de
la
philo-
sophie
mcanistique.
I.
Pag^e
92.
-
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175/184
APPENDICE
l63
D'autre
part,
votre
remarque sur
rintuition,
l'instinct
et
l'intelligence',
mconnat le
fait
que,
selon
moi,
la
connaissance
pratique est
vritablement
une
connaissance
de
la
ralit
en
soi,
de
la
ralit
absolue,
l
o
elle
reste
dans son
domaine
elle.
Ainsi
l'intelligence,
qui
a
pour rle
de
matriser la
matire inor-
ganise,
est
capable
de
connatre absolument
(quoique incompltement)
cette
matire.
De
mme,
l'instinct,
qui
est
fait
pour
utiliser
la
vie, connat
absolument
et
du
dedans,
quoi-
que
incompltement et
peine
consciem-
ment,
la
vie.
Donc
rintuition
Immaine,
qui
pro-
longe,
dveloppe
et
transpose
en
rflexion
ce
q^ui reste
d'instinct
chez
l'homme, est
capable
d'embrasser
la
vie
de
plus en
plus
complte-
ment. La
connaissance,
soit
intellectuelle
soit
intuitive,
ne
devient
relative
que lorsque
la
facult
de
connatre
s'applique
ce
pour
quoi
elle
n'tait
pas
faite.
Telle
est la
connais-
sance
de la
vie
que
prtend
nous
donner
l'in-
telligence
conceptuelle
(mcanisme);
et telle
I.
Pages
^2
et
SUIT.
-
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176/184
l64 APPENDICE
fut
aussi, jadis,
la
reprsentation
de
la
ma-
tire
qu'on
se
donnait
avec
les
images
tires
du monde
de
la
vie (hylozosme).
Ma
lettre
est
dj
longue; et pourtant
j'aurais
l'allonger encore
normment
si
je
voulais
vous
crire
tout ce que votre
livre
,
me
suggre.
Je crois
que, si je
pouvais
cau-
/
T'ser
avec vous
et
carter tous
les malentendus,
j'carterais
du
mme coup
la
plupart des
1^^
critiques
et
des
objections.
J'espre
que
vous
c
m'en
fournirez
l'occasion.
Je
ne
puis
vous
dire
quel
bon et
vivant
souvenir
je garde
de
la
conversation
que nous
emes
jadis
ensemble.
Il faudra
que
nous
trouvions
moyen
de
la reprendre un jour.
Vous
ne
serez
pas
sans revenir en
France,
quand
nous
aurons
retrouv
le calme
ncessaire
la
spculation
philosophique.
En ce moment
la
[
France
combat
pour
la
justice,
pour
le
respect
1/
du droit
des
individus
et
du droit
des
peuples,
petits
ou grands.
Elle
sert
donc
encore
dans
,
cette
guerre,
o
elle
n'apporte
aucune proc-
cupation d'gosme,
d'ambition
ou d'intrt
^
vi{
I
matriel,
la
cause des ides,
auxquelles
elle
\
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TABLE
DES MATIRES
Avant-propos DU
TRADUCTEUR
v
Chapitre
I.
Le
problme de
la
philosophie.
.
i
II.
L'intuition
25
III.
Psychologie
et
physiologie. ... 65
JV.
La philosophie de
l'volution.
.
,
85
V.
La psychologie
de
la
volont
et du
rire
,
107
VI.
Essai
de
mtaphysique
lag
APPENDICK.
Lettre
de
M. Henri
Bergson
M.
Harald
Hdffding
CHARTRES.
IMPRIMERIE
DURAND, RUE
FULBERT.
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
180/184
6538)(5
r?
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
181/184
CE B
2430
.B43H63
1917
CGC HOEFFOING,
H
PHILCSOPHIE
ACC/^
1C14200
-
7/26/2019 Hoffding - Bergson
182/184
Bibliothques
Universit
d'Ottawa
Echance
Libraries
University
of
Otta\
Date
Due
mAR
1988
MAR3
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62001
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7/26/2019 Hoffding - Bergson
183/184
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