au secours, mon chien pète les plombs ! © gereso … · c’est un animal domestique, de la...

19
Quelques points intéressants... (extraits) Le chien c’est quoi ? Bizarre comme question. Tout le monde sait ce qu’est un chien ! C’est ce petit (ou gros !) truc poilu, attendrissant quand il était petit, et qui s’est transformé au fil du temps en usine à soucis. Certes, autrement vous n’auriez pas ce livre entre les mains. Mais un chien ce n’est pas que ça. Facile alors, me direz-vous ! C’est un animal domestique, de la famille des canidés, aboyeur quand quelqu’un arrive, qu’il faut nourrir au moins une fois par jour et sortir régulièrement. Un os à mâchouiller, un panier confor- table, quelques câlins, des vaccins à jour et hop tout devrait aller pour le mieux. Alors pourquoi cela ne fonctionne pas toujours ? Pour plusieurs raisons. Il paraît que le chien descend du loup, et au vu des dernières recherches sur son ADN, c’est fort probable. Comme son illustre ancêtre, le chien à l’état naturel vit avec des congénères. Dans la nature il est intéressant de remarquer que l’on ne constate pas les comportements erronés que l’on peut rencontrer chez le chien « civilisé ». Pourquoi ? Tout simplement

Upload: hoangngoc

Post on 11-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Quelques points intéressants... (extraits)

Le chien c’est quoi ?

Bizarre comme question. Tout le monde sait ce qu’est un chien ! C’estce petit (ou gros !) truc poilu, attendrissant quand il était petit, et quis’est transformé au fil du temps en usine à soucis. Certes, autrementvous n’auriez pas ce livre entre les mains. Mais un chien ce n’est pasque ça.Facile alors, me direz-vous ! C’est un animal domestique, de la famille descanidés, aboyeur quand quelqu’un arrive, qu’il faut nourrir au moins unefois par jour et sortir régulièrement. Un os à mâchouiller, un panier confor-table, quelques câlins, des vaccins à jour et hop tout devrait aller pour lemieux. Alors pourquoi cela ne fonctionne pas toujours ?

Pour plusieurs raisons.

Il paraît que le chien descend du loup, et au vu des dernières recherchessur son ADN, c’est fort probable. Comme son illustre ancêtre, le chien àl’état naturel vit avec des congénères. Dans la nature il est intéressant deremarquer que l’on ne constate pas les comportements erronés que l’onpeut rencontrer chez le chien « civilisé ». Pourquoi ? Tout simplement

parce que toute attitude contraire à l’intérêt de la meute est immédiatementsanctionnée. Un animal ayant un comportement trop agressif ou déséqui-libré est exclu du groupe.En retour, protégés par la vie de groupe, les animaux soumis à ces règlesne sont ni malheureux, ni stressés. En effet, les lois naturelles sont claires,et dans ce cadre bien défini – donc rassurant – le chien est libre de fairece qu’il veut, contrairement à celui des villes, soumis au rythme de vie età la façon de voir de son maître.

Par contre, dans la vie qu’il mène au côté des humains, de nos jours etmême s’il est domestiqué depuis des millénaires, il faut bien avouer queson atavisme est mis à rude épreuve.Il ne connaît que dans de rares cas la vie avec d’autres chiens. Sa repro-duction est sous contrôle humain, il ne chasse que sa gamelle ou s’assieddevant le placard renfermant les sacs de croquettes. Il marche le plussouvent attaché par une laisse et un collier. Certains même ne sont jamaislâchés, par peur de ce qu’ils pourraient subir en croisant d’autres chiensou leur faire subir ! Quel monde de solitude...Que feriez-vous si on vous interdisait systématiquement tout contact avecun humain, en vous obligeant à vivre sans arrêt dans un monde de chien ?Vous n’auriez pas envie vous, de sauter sur le premier congénère venupour discuter avec ?!

On attend aussi parfois d’un chien qu’il obéisse parfaitement, voire qu’ilremporte des trophées en concours d’éducation canine ou de beauté.

Bref, cela fait si longtemps que le chien vit avec nous que le loup semblebien loin ! On pourrait penser que des millénaires de sélection et de domes-tication devraient nous donner un animal parfaitement adapté au mode devie humain. Alors qu’est-ce qui fait que la mécanique s’enraye à notrecontact ?

Premièrement, nous oublions un peu trop que malgré tous nos efforts desélection, le chien reste... un chien ! C’est-à-dire un animal doté de ce queles éthologues appellent un « éthogramme » autrement dit un ensemblede codes comportementaux propres à son espèce. C’est pour cette raisonque le chien sent les fesses des invités, se lèche sans gêne aucune lesparties intimes au milieu du dîner avec vos amis, ou commence toutes sesrencontres avec ses congénères par un petit rapport de force. Dans lemonde chien, ça fonctionne comme ça.

20 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

Et surtout, ce qui va peut-être vous hérisser, c’est que le chien domestiquereste un prédateur carnivore. C’est-à-dire un être prévu pour consommerde la viande crue, conservant malgré toutes ces années de domesticationun instinct de chasse développé. Il a certes arrêté de chasser pour soncompte, mais parfois, devant un vélo, un chat ou le facteur, le plaisir d’unepetite course refait surface.Il a également conservé les belles dents de son espèce, conçues pourdéchiqueter la viande et crocheter les proies. Et nous le rappelle parfoisun peu brutalement en nous montrant cette jolie dentition, lorsqu’il estimeque l’on dépasse les bornes en s’approchant de sa gamelle ou en le déran-geant dans son panier !

Notre chien fonctionne donc suivant des codes comportementaux qui luisont propres. Il ne possède pas la capacité de comprendre les intentionshumaines en se mettant à notre place. Il peut juste réagir avec nouscomme il le ferait avec un congénère... Et constater (tout comme nousd’ailleurs quand nous tentons de communiquer avec lui !) que le résultatobtenu n’est bien souvent pas du tout celui qu’il attendait ! Le problèmeest partagé, autant de son côté que du nôtre...

Deuxièmement, le chien vit dans un monde totalement différent de celuid’un humain. Son odorat et son ouïe sont très développés. La muqueuseolfactive d’un chien de bonne taille mesure 150 à 200 cm2. Chez l’hommeen revanche elle n’est que de 4 cm ! Inutile donc de dire qu’il saura bienavant vous si vous sentez des pieds...Ce flair infaillible explique pourquoi il peut être tenté par la poubelle duvoisin qui est pourtant à plus de 100 m de chez lui, ou tomber raide amou-reux de la chienne qui habite à plusieurs kilomètres ! Sniff... Sniff... Sniff !

Il faut savoir par ailleurs que s’il possède un nez exceptionnel, il a parcontre très peu de sens gustatif : il sélectionne ses aliments davantage àl’odeur qu’ils dégagent qu’au goût qu’ils ont. Les fabricants d’aliments l’ontbien compris et rajoutent des ingrédients « appétents » pour séduire le nezde votre compagnon bien plus que ses papilles. Par conséquent, ne vousfatiguez pas à lui concocter des plats raffinés : il ne les appréciera pas àleur juste valeur ! Et n’achetez pas des aliments pour chien « qui sententbon » mais lisez plutôt la composition...

Notre compagnon entend également les sons à des kilomètres : de quoidéclencher des aboiements en série pour nous informer que quelque

QUELQUES POINTS INTÉRESSANTS... 21

chose cloche. Et nous, pauvres sourds, plantés devant la télé nousn’entendons que le bruit qui sort de notre téléviseur... Et les aboiementsde ce sacré chien qui nous empêche de l’écouter ! D’un point de vue canin,l’humain reste une espèce handicapée au niveau des sens... et qui parailleurs a des goûts épouvantables en matière d’odeur ! Comment peut-onpréférer l’odeur de ces fleurs qui empestent (quel est leur nom... ah ouides roses !) à une bonne odeur de charogne qui fait saliver à des kilomè-tres. Quel manque de goût ! Et puis qu’y a-t-il de choquant à sentir lesfesses d’un copain qu’on croise en balade ? Cela donne un tas de rensei-gnements intéressants : son âge, son sexe, son état émotionnel, les ani-maux qui vivent avec lui, les endroits où il est passé avant de nous croiser...La gazette canine en fin de compte. Vous lisez les cartes de visite quel’on vous donne ? Pour votre chien c’est pareil sauf que la carte de visiten’a pas le même format...

Par ailleurs, le chien ne parle pas et ne comprend pas le langage humainque ce soit le français, le japonais ou l’allemand. Vous pouvez donc luiconfier vos plus grands secrets, ils seront bien gardés ! Étonnant, maisquand vous communiquez avec votre chien ou lorsque vous lui donnezun ordre, c’est l’intonation utilisée qui lui permet de vous déchiffrer, bienplus que le mot lui-même.Retenez bien ce détail, car il a son importance et nous y reviendrons dansles chapitres ultérieurs : en effet, ceci explique quelques erreurs d’inter-prétation que le maître a souvent des réactions de son canidé favori...

Heureusement, même si le chien ne comprend pas ce que vous lui racontez,il communique très bien avec les autres individus de son espèce. Entreautres par aboiements, grognements et autres gémissements ainsi que pardes attitudes corporelles. Mais là c’est nous qui avons du mal à suivre.

Entre eux ils se comprennent sans problème. Les accents et les languesdifférentes n’existent pas dans le monde canin : ils parlent tous l’espé-ranto. C’est extrêmement pratique, car si vous partez à l’étranger, votrechien n’aura aucun problème à draguer une chouette petite chihuahuamexicaine ou à se pousser courtoisement devant un imposant dogue duTibet. Ils se comprennent quels que soit la race et l’endroit du monde oùils se trouvent. Ah si l’humain pouvait faire pareil...

Nous sommes donc d’accord jusque-là pour constater que le chien vit dansun monde où les codes de communication et les informations reçus sont

22 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

totalement différents de ceux que nous percevons en tant qu’humain. Maishélas... toutes ces particularités canines, nous cherchons à les gommerde façon plus ou moins expéditive depuis la nuit des temps, en humanisantnotre chien. Nous l’habituons à une nourriture aux antipodes de sa vienaturelle, à un habitat différent, un rythme de vie parfois chaotique pourson espèce, etc.

Toujours prêt ! Mais à quoi sert ce truc ?

Prenons par exemple cette absurde idée humaine de changer l’aspectphysique de notre compagnon en coupant oreilles et queue pour d’obs-cures raisons esthétiques ou pratiques. Comment voulez-vous qu’ils’explique clairement auprès de ses congénères avec ça ? Il ne peut plusremuer les oreilles et encore moins positionner la queue comme il le sou-haite car un stupide humain n’en a laissé qu’un moignon pour s’exprimer...Et si l’on vous coupait les bras et que l’on vous mettait un Scotch sur labouche hein ? Vous communiqueriez comment vous ?!

QUELQUES POINTS INTÉRESSANTS... 23

Heureusement, maintenant, c’est interdit : nos chiens vont pouvoir de nou-veau discuter tranquilles...

La coupe d’oreilles ? Z’êtes malades ?! Pas concernée ouf !

Troisièmement donc, non content de couper... tout ce qui dépasse, noussélectionnons aussi les races et modifions l’apparence de nos compa-gnons pour les rendre plus conformes à nos besoins. Plus mignons, plusattirants, plus doux au toucher, plus faciles à transporter... Demandez doncà un bouledogue ce qu’il en pense, quand il peine à respirer à cause deson gros nez écrasé !

En effet, nous recherchons de plus en plus des chiens ayant des carac-tères « néoténiques ». Vous ne savez pas ce que c’est ? Hé, hé ! c’estnormal, il faut bien pour un peu de sérieux que l’on mette des noms savantsdans ce livre, sinon nous allons passer pour des rigolotes !

Des caractéristiques néoténiques ce sont tout simplement des traits phy-siques de bébé. Des gros yeux, un crâne rond, des petites oreilles arron-dies... Certains spécialistes pensent d’ailleurs que c’est ainsi que la

24 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

domestication du chien a commencé : suite peut-être à la mort de leurmère, des chiots sauvages auraient été récupérés par un humain primitif,attendri par la bouille de ces bébés sans défense. Ayant grandi dans unmilieu humain, ils se seraient donc adaptés à leur nouvel environnement.Puis l’homme aurait découvert l’immense intérêt d’avoir un chien au foyerpour l’aider à la chasse et monter la garde.

Donc si vous craquez sur les gros yeux ronds de votre chien ne culpabi-lisez pas : l’homme de Néandertal se faisait déjà avoir !

Les caractéristiques néoténiques : on craque non ?

QUELQUES POINTS INTÉRESSANTS... 25

Mon chien est pot de colle (extraits)

Votre chien est un vrai pot de glue : on le surnomme Sécotine ! Il ne peutse passer de vous et il vous colle aux talons à longueur de journée.

Vous adorez votre chien et le fait qu’il vous suive n’est, la plupart du temps,pas gênant, bien au contraire... Cela vous a certainement fait rire au débutet même rendu un peu fier : « Ce chien m’aime vous voyez. »

Cela devient un handicap quand vous ne pouvez plus aller aux toilettes sansqu’il gratte à la porte, s’il se met à trembler maladivement à la moindre de vosabsences, et si vous ne pouvez pas recevoir vos amis sans qu’il soit scotchésur vos genoux, même à table (dans la mesure où sa taille l’y autorise !).Sans compter que ce comportement l’épuise, car au lieu de se reposerdurant des périodes de la journée, comme font la plupart des chiens, levôtre passe son temps à guetter vos déplacements avec anxiété et à seprécipiter sur vos talons.En général le chien pot de colle aura du mal à s’adapter à toutes nouvellessituations et ne supportera pas la solitude. Tout l’univers de votre chientourne autour de vous, et son niveau d’anxiété fait qu’il n’est pas capablede faire face à cette situation qui pour lui est angoissante : en effet il esthabité en permanence par le cauchemar de vous voir disparaître.

On entend souvent dire que le chien est pot de colle car on n’a pas dûpratiquer le détachement. Mais c’est quoi le détachement ?

Quand il naît, le chiot est attaché à sa mère, pas avec une laisse évidem-ment, mais par un lien invisible qui est indispensable au bon équilibre futurde l’individu. En grandissant le chiot se libère de cet attachement, pour lerecréer avec d’autres membres du groupe social dans lequel il vit.

Cela peut être avec l’humain et dans ce dernier cas de figure, le chiot auratendance à suivre de très près une personne de sa nouvelle famille et enson absence à manifester une angoisse par des cris ou autres signes.Rien d’anormal jusque-là, tous les chiots traversent plus ou moins unepériode similaire.Mais cette angoisse peut perdurer chez certains individus et devenir unegêne pour les maîtres et pour lui.Vous n’y êtes en général pour rien, le fait de l’avoir beaucoup câliné nedoit pas vous rendre coupable. Il y a beaucoup de chiots qui ont été dor-lotés, adorés voire adulés sans jamais devenir aussi pot de colle que levôtre. C’est comme ça, c’est juste que la roulette russe n’a pas tourné àvotre avantage.

Comment résoudre le problème ?

Pour commencer, vous devez prendre de la distance par rapport àl’affection démesurée que vous porte votre animal. Évitez l’anthropo-morphisme : si vous considérez votre chien comme un humain vousvous comporterez avec lui d’une façon qui ne sera pas cohérente. Il nevit pas les évènements de la même façon qu’un humain ! Contrairementà ce que l’on pourrait croire, trop le chouchouter peut lui être néfaste,car vous le privez de son autonomie et le maintenez à l’état de « chiotpermanent ».

Par conséquent, vous devez gérer les contacts même si cela vous fendle cœur. Lorsqu’il demande des caresses, de l’attention et que vous yrépondez vous aggravez le phénomène. Alors, bien au contraire, prenezvotre courage à deux mains et ignorez toutes ses demandes. Ne leregardez pas quand il met sa patte sur votre cuisse et pousse votre coudeavec son museau, ne riez pas quand il fait le pitre avec sa balle... et surtoutne le câlinez pas quand il couine de désespoir !

150 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

Si vous arrivez à faire cela, vous tenez le bon bout. Gardez quand mêmeavec lui des moments de câlins, mais pas à un instant où lui réclame.Choisissez un moment où il ne fait pas attention à vous. Et surtout faites-luides câlins brefs sans vous attarder des heures, puis relancez-le sur uneautre activité, genre une balle à aller chercher ou un Kong fourré de frian-dises pour détourner son attention de vous.

Certains arrivent à s’occuper seuls... mais pas tous !

Attention néanmoins, le chien pot de colle peut être facilement confonduavec le chien capricieux, eh oui...

Il nous arrive assez souvent de recevoir des maîtres à la limite de la crisede nerfs car confronté à ce genre de petit tyran.

« Bahia, petite chienne de 9 mois croisée caniche est restée pendant deux heures dans le

cabinet à aboyer après ses maîtres. Deux heures à hurler pour attirer leur attention. Ce

qu’elle fit de façon époustouflante d’ailleurs après nous avoir crevé les tympans. Là ce n’est

plus le chien pot de colle mais le chien capricieux qui a bien compris qu’en agissant de la

sorte elle les ferait craquer et elle atterrirait sur les genoux de l’un deux. Gagné !

MON CHIEN EST POT DE COLLE 151

Elle a bien compris que ses maîtres ne résisteraient pas longtemps. Après l’avoir disputée,

menacée, ils finiraient par céder à ses exigences. »

Là est la vraie différence d’avec le chien pot de colle. Dans le cas du chiencapricieux, dès que ce dernier en aura marre il descendra de vos genouxsans un regard de regret et ira réclamer autre chose. Alors que le chienpot de colle, lui, n’en a jamais assez : les bras, rien que les bras, ou votreprésence, s’affaler sur vos chaussons... S’il le pouvait, il vivrait dans unsac à dos collé contre vous !

Ah... Manger des artichauts sur les genoux de maman : j’adore !

Pour gérer un chien capricieux, la seule et unique solution reste de résisterà ses exigences. En sachant qu’au début, un chien habitué à voir sesmaîtres lui céder peut, comme Bahia, réclamer des heures et des heures !Armez-vous de patience pour en venir à bout. En sachant qu’il n’y a qu’enl’ignorant que vous résoudrez le problème.

Pour en revenir à notre chien pot de colle, apprenez-lui également à resterseul. Pour cela, il faut lui montrer que la solitude n’est pas une expériencedouloureuse. Procédez par étapes successives, doucement, à son rythme.

152 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

On commence par lui apprendre sa place, puis on le fait rester à sa place10 secondes et petit à petit on augmente la durée et la distance le séparantdu maître.Si vous voulez que cela marche, sachez aussi qu’il faudra le récompenserà chaque fois qu’il réussit à se tenir éloigné de vous : on n’a rien sansrien ! Dans ce cas-là, posez-lui la récompense dans son panier et nel’appelez pas pour la lui donner car autrement, il enregistrera de nouveauque c’est se précipiter vers vous qui est agréable...

Les chiens pot de colle sont souvent d’un naturel angoissé : dans ce cas,mieux qu’un panier, offrez-lui une niche d’intérieur, c’est-à-dire un dômeen tissu ou carrément une caisse de transport dont vous enlèverez laporte. Cette niche doit être adaptée à sa taille (trop grande il ne se sentirapas rassuré, trop petite il sera à l’étroit). Cela lui rappellera une tanière etle rassurera. Mettez à l’intérieur un tissu imprégné de votre odeur etrangez-y ses jouets, bref faites le maximum pour qu’il se sente en sécuritédans sa cabane.Puis pendant qu’il est dans son petit univers, on l’occupe avec des jouets,des mâchouilles pour chiens. Et pendant qu’il est plongé dans son activitépréférée, le grignotage, on entre, on sort des pièces. Puis on entre, onsort de la maison sans un mot ni un regard pour lui.

Petit à petit il prendra ainsi de l’assurance et peut-être même que ce seravous à la fin le plus désenchanté de constater qu’au final, il vit très biensans vous !

Par ailleurs, les chiens qui agissent ainsi sont souvent des animaux quimanquent d’exercice et d’espace. Toute leur tension nerveuse est alorscentrée sur leur maître, et ils développent des comportements maladifs.Alors sortez-le souvent et donnez-lui l’occasion de se défouler.

MON CHIEN EST POT DE COLLE 153

Mon chien est fugueur (extraits)

Voilà bien un souci insoluble pour la majorité d’entre nous. Quel que soitle soin que vous prenez de votre chien et la hauteur du mur, il ne peutpas s’empêcher à la première occasion d’aller traîner dehors. Certainschiens disparaissent parfois des semaines entières ! Nous connaissonsune personne qui a vu son chien revenir après deux mois d’absence. Oùétait-il passé ? Mystère !

« Quand j’avais 25 ans, j’avais recueilli durant un mois un gros chien noir, croisé labrador

très sympathique. Je l’avais surnommé Albert, en attendant de lui trouver un nom plus

canin.

Il m’a pris de vitesse : il a commencé à répondre à cette appellation quasiment tout de

suite !

Qu’auriez-vous fait à ma place ? J’ai continué à l’appeler ainsi. Et je vous assure que quand

vous criez autoritairement : “Albert aux pieds” à un gros toutou noir à l’allure débonnaire,

vous n’avez pas l’air futé ! »

Ce chien était expert en balades solitaires. Rien ne l’arrêtait, ni les clôtures, ni les laisses :

même attaché il arrivait à prendre la poudre d’escampette. Je le surveillais mais il réussis-

sait toujours à trouver une occasion de s’enfuir.

Le garde champêtre me l’a ramené une première fois, puis (comme je l’avais équipé d’un

collier avec mon numéro de téléphone) j’ai reçu une série d’appels dont voici un échantillon :

« Bonjour, votre chien est en train de faire les poubelles de l’école, merci de venir le

récupérer. »

« J’ai recueilli votre chien, pouvez-vous venir le chercher ? »

« Votre chien a bon appétit, il a fini tous les restes de notre buffet de mariage (!) »

Sans compter les remarques de gens du village, du style : « Ha, c’est ton chien que j’ai vu

dormir entre les chaises du bar du village ? Ça doit lui plaire, il y est tous les soirs ! »

Avouez que ça fait sérieux !

Au final, j’ai dû lui trouver un maître capable de stopper ses velléités de balades et surtout

possédant un jardin mieux clôturé que le mien !

Pourquoi votre chien fugue t-il ?

Plusieurs explications :

Il s’ennuie

Tout d’abord, si votre chien ne voit personne de la journée parce que voustravaillez et qu’à la première occasion il file par le portail ouvert, c’estpeut-être tout simplement parce qu’il s’ennuie ou qu’il a envie de voir lescopains et d’avoir des nouvelles du quartier. Nous entendons souventceci : « Vous comprenez, il a un hectare pour lui tout seul, il n’est quandmême pas à plaindre ! »

Non c’est sûr qu’il n’est pas à plaindre mais cela ne l’empêche pas des’ennuyer dans son hectare !

66 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

Avec de grandes balades à plusieurs dans les bois,pas besoin de fuguer !

Paradoxalement, souvent les gens ayant des chiens en appartement s’enoccupent plus, car ils sont obligés (normalement !) de le sortir plusieursfois par jour.Alors que les propriétaires terriens oublient parfois le « truc » qui flâne toutseul dans le jardin. Comme si le fait de disposer d’un espace assez grandévitait l’ennui ! Essayez, vous, de rester tout seul des jours entiers dansune chouette propriété, sans piscine, sans Internet, sans téléviseur, sanstéléphone et surtout... sans amis ! Et on verra si vous ne mourrez pasd’ennui.Inutile de vous le rappeler, un chien seul se morfond à mourir. Si vousavez ce cas de figure, prendre un autre chien peut s’avérer utile. À lacondition que les deux loulous n’en profitent pas pour prendre la poudred’escampette ensemble...

Nous avons eu plusieurs clients dont les chiens fuguaient ensemble. L’unétait l’heureux propriétaire de deux magnifiques Labradors noir et cho-colat. Un autre avait un Labrador et une croisée Rottweiler. Un troisièmeun croisé de Beauceron et un croisé Husky. Dans les trois cas les chiensavaient facilement transformé « l’occasion » de se promener en habitude.

MON CHIEN EST FUGUEUR 67

Face à leur créativité pour passer les clôtures, ils ont tous eu droit aucollier anti-fugue !

De la même façon, si vous possédez un chien que vous attachez à lon-gueur de journée, il se sauvera dès que possible. Mettez-vous à sa place :une vie de bagnard enchaîné, quelle misère...

Avec cette technique, vous obtiendrez un chien qui, à peine détaché, semet à courir d’autant plus vite que vous essayez de le rattraper. Et qui desurcroît fait la sourde oreille à tous vos appels. Très rapidement, vousn’oserez plus le lâcher et là on s’enfonce dans un cercle vicieux...

Il est d’une race prédisposée à ça

Inutile de vous faire des illusions si vous possédez un chien du genre racenordique, husky, malamute ou autre. Ce genre de chien, assez indépen-dant, supporte très bien de faire sa vie de son côté.Les chiens de chasse, habitués à patrouiller à la recherche du gibier ontaussi du mal à rester en place. Les propriétaires de Beagles et de Labra-dors en savent quelque chose... En prime ce sont en général des chiensnerveux qui ont besoin de courir et de se dépenser quand ils sont jeunes(voire jusqu’à un âge avancé). Ne vous étonnez pas de les voir quitter ledomicile dès que l’occasion se présente. Les Montagnes des Pyrénées(les célèbres « patous ») conçus pour gérer toute la journée des troupeauxen parfaite autonomie seront aussi tentés de faire leur vie sans leur maître.

Il est obsédé par le sexe

Eh bien oui, il y a des chiens qui passent leur vie à fuguer pour allerau-devant de conquêtes féminines ou masculines ! Pour certains cela vireà l’obsession ! Ce phénomène touche aussi bien les chiens de race queles bâtards et les corniauds. Ils sont alors capables de faire 20 kilomètreset de disparaître plusieurs jours pour les beaux yeux de la belle que l’ins-tinct ou l’odorat leur a fait découvrir... Et ils reviennent souvent avec dejolies cicatrices des combats qu’il leur a fallu mener pour décrocher lesfaveurs de l’intéressée.

68 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

À titre d’exemple, voilà une anecdote. J’étais sur le bord de mer il y a pas mal d’années,

en été, et je promenais ma jeune chienne. Celle-ci était tout étonnée de découvrir pour la

première fois une étendue d’eau aussi grande et oh surprise, salée. Elle pataugeait avec

insouciance et petit détail, elle était en chaleur. Soudain, venu d’on ne sait où, un corniaud

de taille moyenne qui ne ressemblait vraiment à rien arrive au galop. Sans s’embarrasser

des présentations d’usage, ce dernier saute directement, dans l’eau, à califourchon sur ma

chienne ! Et paf ! J’avoue que ce n’est pas délicat, mais à l’époque, j’ai juste eu le temps

de fermement décrocher les fesses de l’intrus d’un joli revers du pied droit pour éviter à

ma chienne de se retrouver à la tête d’une portée de magnifiques et incasables bébés

corniauds !

Un peu plus tard, en remontant la rue, je passe à côté d’un habitant qui me dit avec un

grand sourire (et pas fâché du tout de ce que j’avais fait subir à son chien) : « Alors vous

avez fait connaissance avec Tac Tac ? – Pardon ? – Oui, c’est mon chien, je l’appelle

comme ça parce que c’est le chien le plus rapide de l’Ouest... Il a le record du plus grand

nombre de coups de pied aux fesses de toute la région ! Il a fait des petits à toutes les

chiennes à 12 kilomètres à la ronde... »

Un comme ça, son maître ne devait pas le voir à la maison bien souvent !

Il se sauve juste devant chez vous pour courser les voitures

Ça n’est pas une fugue, mais plutôt l’instinct de prédation qui se réveille.Mettez-vous à la place de votre gaillard : il aboie, et l’intrus s’enfuie. Çamarche à tous les coups ! Et ça fonctionne aussi sur les mobylettes, lesvélos, les joggers, le facteur... Quel pied pour votre chien : vainqueur sansrisques tous les jours !Cela nous est ainsi arrivé de voir un bichon haut comme trois pommescourser rageusement notre voiture, persuadé qu’il la faisait fuir !

Il se sauve pour faire le tour du propriétaire

Pas vraiment de la fugue mais plutôt une extension de territoire !

MON CHIEN EST FUGUEUR 69

Baïkal, compagnon d’Isis et pro de l’escapade...

« Une dame est venue consulter avec Baïkal un mâle Husky très sûr de lui et Isis une

femelle croisée Husky et Berger Allemand. Une vraie beauté d’ailleurs avec sa robe noire

et feu, et ses yeux bleus en amande.

Ses chiens avaient pris l’habitude de partir en promenade tous les jours dans les environs

de leur maison. Au début tout se passait bien mais plus le temps passait et plus ils s’éloi-

gnaient. Pour finir ils faussaient immédiatement compagnie à leur maîtresse en partant à

toute allure, puis revenaient plusieurs heures après l’attendre à l’endroit même où elle avait

garé sa voiture ! Ils n’étaient pas perdus mais le côté agréable des promenades était bel

et bien fini. À force de faire la même promenade tous les jours, ce couple de chiens avait

fini par l’insérer dans son territoire : ils en connaissaient tous les détails ! La balade servait

alors à vérifier si tout allait bien dans la zone, à rencontrer les nouveaux arrivants, puis ils

retrouvaient leur lieu d’habitation ! »

70 AU SECOURS, MON CHIEN PÈTE LES PLOMBS !

Ce cas était typiquement le cas d’Albert, notre gros chien noir du début. Albert, paradoxa-

lement, avait un excellent rappel : si on le croisait dans la rue au moment où il partait et

qu’on le rappelait, il revenait aussi sec, ravi d’avoir un câlin... Et repartait un peu plus tard,

quand il était seul. En fait il adorait faire le tour du quartier !

« Mon oncle avait un chien, répondant au doux nom de Dimitri pour avoir été trouvé le jour

du saint du même nom. Cet impayable ratier, dès que l’occasion se présentait, passait le

portail, prenait le large et partait faire le tour du propriétaire. Et sans se soucier de son petit

gabarit, il collait de vigoureuses raclées à tous les chiens qui osaient rentrer sur ce qu’il

estimait être « son » territoire, bien plus vaste que le jardinet de son maître. Puis il faisait

quelques poubelles et finalement rentrait, avec quelques cicatrices et accompagné d’un

délicieux effluve de charogne... »

Il se sauve par peur

Le chien pris de panique devant un orage, un feu d’artifice peut prendrela fuite par peur et ne plus revenir. Dans ces cas précis reportez-vous auchapitre page 169 parlant des phobies.

Comment résoudre le problème ?

Pour commencer, un premier point élémentaire mais avec lequel tout lemonde commet l’erreur : ne hurlez pas sur votre chien à son retour.Cela ne sert à rien, au contraire. Le chien n’associe pas sa fugue avecla punition différée, c’est le retour à la maison qui devient alors syno-nyme de remontrances. Alors, même s’il revient à la maison cinqheures après son départ et que vous avez alerté la police municipale,la fourrière, la SPA et tous les vétérinaires de votre région, faites-lui lafête !Pour gronder votre animal, il faut toujours le surprendre sur le fait : doncau moment du départ et au moment précis où il passe le portail, afin qu’ilcomprenne bien que « la fugue c’est mal ! ».

MON CHIEN EST FUGUEUR 71