article sur joelle prevot-madere

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  oëlle P évot Madère Une femme aux multiples responsab i lités N ée l e 21 se ptembre 1959  Cayenne d an s u ne f am il le a is ée e t t rè s c on n ue p ou rt ant d û s e b at tr e e t c on ti nu e  le f air e pour crée r sa propre richesse et participer  la const ruc t ion de son pays : la Guyane. Fe mm e d e c ar ac tère dotée d une vraie soif d a pp re nd re e t de pa rt a ge r s on sa vo ir on la retrouve dans plus i e ur s s tsuctures: association conseilrégional c hambre de commerc e.. . Mariée, mè re de qu a tre enfants , elle est ch ef d'ent repri se de puis plus d ' une dou zaine d'années. Joël le Pr évot-Madère a cé sa pre- mièr e soc iét é à33 ans ( Form'Espace , une structure de sport et de loisirs) et malgré les dif- ficultés, elle veut encore croire à sa survie. Mieux encore, depui s six ans, elle gèr e éga Ie- ment l es  Tra nsports Yves Pr évot  . Depui s jan- vier 2006, elle e st devenue la p atronne des patrons après avo ir ét é élue à la tê te de l a toute nouvelle CGPME Guy ane, une structur e qui regroupe uniquement des chefs d'entreprises patri moniales. Une nomination pour cette femme de talent , combat ive et courageu se qui se cache derrière un jo li min ois et une élégance de mannequin. Ent re deux réunions, Joëlle Prévot-Madè re, a a ccept é de le ver - légèr ement - le voil e sur son p assé, son pr ésent et son a venir. Avant de de ve ni r président e de la CGPME , qu' avez-vous fai t  Après l e bac, et un BTS de bi oc himie, j 'ai tra- vaill é pendant trois ans à l'INRA de Paris. Pui s, de ret our e n Guy ane, j' ai int égré un laboratoire médica l. Après la n aissance de mon p remier enfant, je suis rep artie en Mé tropole où j 'ai émannequin pendant plusieurs années. J'ai fi- lé pour différents grands couturie rs tant à Paris qu'à ltranger (USA et Italie) et j'ai beaucoup travaillé car je voulais me constituer un apport personnel (les 20 demand és par la banque) pour r éaliser le projet que je mûrissa is: l a ca- tion d 'un complexe sportif en Guyane. Avant de cr éer mo n entreprise,  Form'Espace e n 1994, j' étais dé l ég uée m édica le pour un groupe phar- maceut ique . En 2000 , je devi ens léguée consulaire à la Chambre de Comme rce et d'industrie d e la Gu yane (CCIG), puis en 2002 membre associé à la présiden ce de la commis- sion emploi formation. A ce titre, je de viens vice-psidente d e la missi on loc ale r égionale d e la Gu y ane, administrateur à IRIG-DE FIS, a dministrateur à l'IUT de Kourou , administra- teur à l'IESG, administrat eur à la fa cu lté de médecine des Antilles-Guyane. En200 4, j'ai été élue membre consula ire p our la périod e 2004- 2009 et e n mars d e la même année, conseillère gional sur une liste d'ouverture condui te par Léon Bertrand, actue l min istr du tou risme et maire d e Saint-Laurent du M aroni. Par ailleurs, en t a nt que secr é taire du SHRCG (syndicat de hôteliers, restaura teurs et cafetiers de Guyane), j'ai ég ale ment été vi ce-président e du (CTG) comité du tourisme d Guyane psi- dé p ar Jean-Elie P anelle, pui s sec ré taire du ST CG (secrétair e du S yndicat des Transporteurs e n Communs d e Guyane) . Dep uis janvi e r 2006, je pré side l a CGPME Confédérat ion Générale des P etites et Moyenne s Entre pr ises e Guyane). A tuel lement. j e gère deux e ntreprises qui me prennent beaucoup de te mps m ais la tâche es t pass ionnan e car il y a toujours quelque chose de nouveau. A  ans,vous av ez créé vot re pr emière entre- prise, qu e l s ouveni r gardez -v ous de cette p e- mi ère e xpérience  C' étai t un véritable pa rcours du combatta nt. D e l'acquisition d u terra in à l'obt en tion des pr êts, en pa ssant par un mauv ais c hif frage de la construction, j'ai failli abandonner le projet mais avec l'aide de pro ches, j'ai pu all e r jusq u'au bo ut our obt enir les prêtsbancaires. Malgré toute s les dif ficultés,je suis to utefois très heu- reuse de constater que nous av ons fin alement une chance d e nou s en sorti r. Il nous rest e encore s ix ans po ur te rmin er de re mbours er les dettes fiscales. Pour moi, le sacrifice - pas d e salaire ju squ'à ce jour - n'aura pas été ain, pui sque j'au rai ussi à ma intenir l es neuf e mplois, dir ects et indirects, de la structure jusqu ' à ce jour. Referiez-v ous la mê me ch ose si vous deviez ouvr ir une no uv el le en trepri se? Après une tell e expér ience, vous vous dout ez bie n que ce que j' ai re tenu, c'e st qu e l'o n atou- jours quelqu e chose à a ppr endre, et qu' il serai t vaniteux de croireque l' on po ssède toute la connaissance nécessaire à l'application d'une activité ou d 'une profession . Aussi , de puis, il n e se pa sse pas une ann ée sans que je ne suiv e une formation qui concerne directement mes entr eprises ou une de m es au t res ac tivités. Je ne veux plus r efaire les m êmes erreurs. Qu els sont les difficultés e t le s points positi fs qui vous perme t tent d'espérer un lendemain meil leur après lespériodes devaches ma igres ? Le s difficult és é taien t nombreuses : trésorerie insuffisant e, formation inadéquate et donc insuffisante sur certains plans, petitesse du mar- ché, région e n grand e difficult é économique, car n'oubl ions pa s que le  Sport et le oisir son t des activités qui p assent , non p as au se cond pl an, ais carrément en arrière plan dans les si tu ati ons é conomiques dégradées; ce qui e st logique d 'ailleurs. Conce rnant l es points p o sitifs, il faut noter : un soutie n familial à toute épreuve, une foi infaillible, la néce ssité d 'une formation complé- mentaire, finalement, l'amour du co mbat, et la sage sse d 'accepter l'inévitable. Dans tous l es cas, j'ai mainte s fois expérimenté cett e maxi me qui dit qu e:  en toute chose, d'apparence négative, il en ressor t, obligatoire- ment quelque chose de positif . Depuis quelq ues mois vous êtes présidente de XI la CGPME en Guyane . Pourq uoi les patrons vous ont-il s choisie? Tou t sim ple ment p arce qu'aucun d'entre eux ne souhaitait accepter cette présidence par r apport à leurs propres cont raintes professionnelles, ce qui veut dire que j ' ai to utes m es preuves à faire. Etait-ce impo rtant po ur vous d'avoir été instal- lée par les instances nationales avant t oute médiatisation  En réalité, nous pensions d 'abord, qu'il y avait une n éc essité de cr éer un syndicat patronal local, car p our nous , les p roblématiques guya- naises étaient à l 'opposé de ce lles rencont rée par les chefs d'entrepr ise d e l'Hexagone. Il a fallu qu e l es responsab les s ur le pl an national nous d émontrent qu'il pouvai t y avo ir un e inter- action entre le régiona l et eu x, po ur qu e nous puissions accepter c ette idée . L' installation p ar les in st ance s nati onales, a é, à partir de ce constat, nécessaire pour bl oqu er toute tentative de stabilisati on ou de putch qui s'est pré- sent ée dès notre création. Est-ce u ne marque de confiance qui vous a pe r- mis d'affirmer vo tre autorit é vis-à -vi s de vos pairs? J'aimerais c roire qu es i, autorit é il y a, ell e vient de ce que mes pairs p erçoivent de moi , en tant qu'individu, mais, j'ai appris à ê tre alist e et à conclure que, très certainement , ce tte m arque de confi ance a uneconséquence e xacte s ur cette autori té . Il est évide nt qu e je m'attacher ai à prouve r à mes pairs qu e mon  a utorité peu t tout simpl e- ment prov e nir d e mo n honn êtet é et de mon amour de ce ays . Vous attendie z- vous unjour à v ous retrouver à la tête d ' un e st ru cture patr o nal e de cegenre? Alors l à, pas du out. Rappelez-vous ce que je vous ai dit q uant à m a tim idi. Et re lapremière femme à occ uper ceposte cela représe nt e quoi po ur vous et quelles sont vos attributions? La question ne s'est jamai s posé e pour moi sous c e t angle. C e qui importe da ns un syndicat patronal , ce n 'est pas l'individu. Ce sont les idées et les co mbats que c e syndicat va préconi- ser et défend re. Mon i ntérêt : c'e st l'amélioration de l'environnemen t financ ier de ce ux qui t ra- tur es et cela com mence par la mise en place d'aid es pour les e nt reprises en difficulté. ------- ; •• Suite en page XII N 435 AMI NA 2 6

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Mariée, mère de quatre enfants, elle est chef d’entreprise depuis plus d’une douzaine d’années. Joëlle Prévot-Madère a créé sa première société à 33 ans (« Form’Espace », une structure de sport et de loisirs) et malgré les difficultés, elle veut encore croire à sa survie.Mieux encore, depuis six ans, elle gère également les « Transports Yves Prévot ». Depuis janvier 2006, elle est devenue la patronne des patrons après avoir été élue à la tête de la toute nouvelle CGPME Guyane, une structure qui regroupe uniquement des chefs d’entreprises patrimoniales....

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Jolle Prvot -MadreUne femme aux multiples responsabilitse le 21 septembre 1959 Cayenne dans une famille aise et trs connue en Guyane, Jolle Prvot-Madre a pourtant d se battre et continue le faire pour crer sa propre richesse et participer la construction de son pays : la Guyane. Femme de caractre, dote d'une vraie soif d'apprendre et de partager son savoir, on la retrouve dans plusieurs stsuctures: association, conseil rgional,chambre de commerce...

N

de Guyane), j'ai galement t vice-prsidente du (CTG) comit du tourisme de Guyane prsid par Jean-Elie Panelle, puis secrtaire du STCG (secrtaire du Syndicat des Transporteurs en Communs de Guyane). Depuis janvier 2006, je prside la CGPME (Confdration Gnrale des Petites et Moyennes Entreprises de Guyane). Actuellement. je gre deux entreprises qui me prennent beaucoup de temps mais la tche est passionnan e car il y a toujours quelque chose de nouveau. A 33 ans, vous avez cr votre premire entreprise, quel souvenir gardez-vous de cette premire exprience ? C'tait un vritable parcours du combattant. De l'acquisition du terrain l'obtention des prts, en passant par un mauvais chiffrage de la construction, j'ai failli abandonner le projet mais avec l'aide de proches, j'ai pu aller jusqu'au bout pour obtenir les prts bancaires. Malgr toutes les difficults, je suis toutefois trs heureuse de constater que nous avons finalement une chance de nous en sortir. Il nous reste encore six ans pour terminer de rembourser les dettes fiscales. Pour moi, le sacrifice - pas de salaire jusqu' ce jour - n'aura pas t vain, puisque j'aurai russi maintenir les neuf emplois, directs et indirects, de la structure jusqu' ce jour. Referiez-vous la mme chose si vous deviez ouvrir une nouvelle entreprise? Aprs une telle exprience, vous vous doutez bien que ce que j'ai retenu, c'est que l'on a toujours quelque chose apprendre, et qu'il serait vaniteux de croire que l'on possde toute la connaissance ncessaire l'application d'une activit ou d'une profession. Aussi, depuis, il ne se passe pas une anne sans que je ne suive une formation qui concerne directement mes entreprises ou une de mes autres activits. Je ne veux plus refaire les mmes erreurs. Quels sont les difficults et les points positifs qui vous permettent d'esprer un lendemain meilleur aprs les priodes de vaches maigres? Les difficults taient nombreuses: trsorerie insuffisante, formation inadquate et donc insuffisante sur certains plans, petitesse du march, rgion en grande difficult conomique, car n'oublions pas que le "Sport et le loisir" sont des activits qui passent, non pas au second plan, mais carrment en arrire plan dans les situations conomiques dgrades; ce qui est logique d'ailleurs. Concernant les points positifs, il faut noter: un soutien familial toute preuve, une foi infaillible, la ncessit d'une formation complmentaire, finalement, l'amour du combat, et la sagesse d'accepter l'invitable. Dans tous les cas, j'ai maintes fois expriment cette maxime qui dit que: "en toute chose, d'apparence ngative, il en ressort, obligatoirement quelque chose de positif". Depuis quelques mois vous tes prsidente de la CGPME en Guyane. Pourquoi les patrons vous ont-ils choisie? Tout simplement parce qu'aucun d'entre eux ne souhaitait accepter cette prsidence par rapport leurs propres contraintes professionnelles, ce qui veut dire que j'ai toutes mes preuves faire. Etait-ce important pour vous d'avoir t installe par les instances nationales avant toute mdiatisation ? En ralit, nous pensions d'abord, qu'il y avait une ncessit de crer un syndicat patronal local, car pour nous, les problmatiques guyanaises taient l'oppos de celles rencontres par les chefs d'entreprise de l'Hexagone. Il a fallu que les responsables sur le plan national nous dmontrent qu'il pouvait y avoir une interaction entre le rgional et eux, pour que nous puissions accepter cette ide. L'installation par les instances nationales, a t, partir de ce constat, ncessaire pour bloquer toute tentative de dstabilisation ou de "putch" qui s'est prsente ds notre cration. Est-ce une marque de confiance qui vous a permis d'affirmer votre autorit vis--vis de vos pairs? J'aimerais croire que si, autorit il y a, elle vient de ce que mes pairs peroivent de moi, en tant qu'individu, mais, j'ai appris tre raliste et conclure que, trs certainement, cette marque de confiance a une consquence exacte sur cette" autorit". Il est vident que je m'attacherai prouver mes pairs que mon "autorit" peut tout simplement provenir de mon honntet et de mon amour de ce pays. Vous attendiez-vous un jour vous retrouver la tte d'une structure patronale de ce genre? Alors l, pas du tout. Rappelez-vous ce que je vous ai dit quant ma timidit. Etre la premire femme occuper ce poste cela reprsente quoi pour vous et quelles sont vos attributions? La question ne s'est jamais pose pour moi sous cet angle. Ce qui importe dans un syndicat patronal, ce n'est pas l'individu. Ce sont les ides et les combats que ce syndicat va prconiser et dfendre. Mon intrt: c'est l'amlioration de l'environnement financier de ceux qui travaillent pniblement pour maintenir leurs structures et cela commence par la mise en place d'aides pour les entreprises en difficult.

Marie, mre de quatre enfants, elle est chef d'entreprise depuis plus d'une douzaine d'annes. Jolle Prvot-Madre a cr sa premire socit 33 ans ("Form'Espace", une structure de sport et de loisirs) et malgr les difficults, elle veut encore croire sa survie. Mieux encore, depuis six ans, elle gre gaIement les "Transports Yves Prvot". Depuis janvier 2006, elle est devenue la patronne des patrons aprs avoir t lue la tte de la toute nouvelle CGPME Guyane, une structure qui regroupe uniquement des chefs d'entreprises patrimoniales. Une nomination pour cette femme de talent, combative et courageuse qui se cache derrire un joli minois et une lgance de mannequin. Entre deux runions, Jolle Prvot-Madre, a accept de lever - lgrement - le voile sur son pass, son prsent et son avenir. Avant de devenir prsidente de la CGPME, qu'avez-vous fait ? Aprs le bac, et un BTS de biochimie, j'ai travaill pendant trois ans l'INRA de Paris. Puis, de retour en Guyane, j'ai intgr un laboratoire mdical. Aprs la naissance de mon premier enfant, je suis repartie en Mtropole o j'ai t mannequin pendant plusieurs annes. J'ai dfil pour diffrents grands couturiers tant Paris qu' l'tranger (USA et Italie) et j'ai beaucoup travaill car je voulais me constituer un apport personnel (les 20% demands par la banque) pour raliser le projet que je mrissais: la cration d'un complexe sportif en Guyane. Avant de crer mon entreprise, " Form'Espace" en 1994, j'tais dlgue mdicale pour un groupe pharmaceutique. En 2000, je deviens dlgue consulaire la Chambre de Commerce et d'industrie de la Guyane (CCIG), puis en 2002 membre associ la prsidence de la commission emploi formation. A ce titre, je deviens vice-prsidente de la mission locale rgionale de la Guyane, administrateur IRIG-DEFIS, administrateur l'IUT de Kourou, administrateur l'IESG, administrateur la facult de mdecine des Antilles-Guyane. En 2004, j'ai t lue membre consulaire pour la priode 20042009 et en mars de la mme anne, conseillre rgional sur une liste d'ouverture conduite par Lon Bertrand, actuel ministre du tourisme et maire de Saint-Laurent du Maroni. Par ailleurs, en tant que secrtaire du SHRCG (syndicat de hteliers, restaurateurs et cafetiers

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