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Approche socio-anthropologique des avortements à Ouagadougou – Burkina Faso Réunion semestrielle PASSAGE Cameroun, 21-23 janvier 2009 1 Cas de trois maternités CMA du secteur 30 CMA de Pissy Hôpital Yalgado

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Page 1: Approche socio-anthropologique des avortements à Ouagadougou – Burkina Faso Réunion semestrielle PASSAGE Cameroun, 21-23 janvier 2009 1 Cas de trois maternités

Approche socio-anthropologique des avortements à Ouagadougou – Burkina

Faso

Réunion semestrielle PASSAGE

Cameroun, 21-23 janvier 2009

1

Cas de trois maternités CMA du secteur 30

CMA de Pissy Hôpital Yalgado

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Plan de présentation

Objectifs Méthodologie Perceptions et utilisation des contraceptifs… Description des signes… Avortements dits spontanés Avortements provoqués (Quelles femmes… ? Motivations)

- Circuits et modalités- Acteurs de l’information et de la prise en charge financière- Relations avec les prestataires de soins…- Des effets secondaires des avortements?

Projets de procréation

Conclusion 2

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Objectifs de l’étude

étudier les facteurs favorisant le recours à l’avortement

appréhender les circuits de demande d’avortements des femmes

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Aspects méthodologiques

Recrutement des femmes: Maternités (CMA du secteur 30, de Pissy et CHNYO)

Guide d’entretien individuel semi-structuré Femmes ayant avorté, rétention d’œuf mort, mort-né macéré Personnels de santé

Lieux des entretiens Maternités avec les personnels de santé Domicile avec les femmes

Autres lieux choisis par les femmes enquêtées Durée de l’enquête : 45 jours

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Difficultés de l’enquête

sensibilité du sujet Difficile de s’entretenir avec les personnes

concernées

non disponibilité et le refus des femmes à participer à l’étude

non prise en compte des points de vue d’autres informateurs dont les

discours seraient pertinents pour une compréhension approfondie du

phénomène

• Les partenaires/conjoints

• Les prestataires de cabinets de soins privés, tradipraticiens

• Des responsables de services du ministère de la santé et de l’action sociale

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Échantillon et caractéristiques des femmes interrogées

56 cas d’avortements notifiés 16 entretiens réalisés avec des femmes ayant avorté

6 cas provoqués (IVG) 9 spontanées 1 cas de rétention d’œuf mort

4 femmes mariées 12 célibataires âge: 16-37 ans

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Perception et utilisation des contraceptifs par les patientes interrogées

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Perception et utilisation des contraceptifs

« Il faut prendre les contraceptifs. Il y a les pilules, le norplant, le stérilet, et même les condoms. Si l’homme se protège seulement là, on peut éviter tout cela »(institutrice, mariée, 37 ans).

« Il y a plusieurs méthodes pour éviter les grossesses. Il y a les méthodes contraceptives, maîtriser son cycle, les calculs…Je n’ai jamais utilisé. Je n’aime pas cela. Les produits, je n’aime pas. C’est le préservatif seulement qu’on utilisait. Mais, cette fois on n’a pas utilisé, parce que je n’aime pas » (élève, concubinage, 20 ans)

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Perception et utilisation des contraceptifs

« Comme je n’avais jamais eu d’enfants, je me suis mise en tête que cela pouvait me causer des problèmes de stérilité. Donc, j’ai opté pour le préservatif qui peut protéger contre les grossesses et le VIH/SIDA », (élève, célibataire, 21 ans)

Les discours mettent en évidence une préférence pour le préservatif au dépens d’autres méthodes contraceptives susceptibles d’effets secondaires néfastes.

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Perception et utilisation des contraceptifs

Des conjoints réticents à l’usage des méthodes contraceptives

« …comme lui-même il ne veut pas que j’utilise les contraceptifs, je ne lui en parle pas. Il ne veut pas que je fasse la planification. Lorsque je suis allée insérer le norplant après la naissance de ma fille, je l’ai fait clandestinement sans lui dire. Mais après je lui ai dit. Il n’a pas réagit. Et deux ans après, il m’a dit d’aller enlever, jusqu’à ce qu’il faisait la bagarre à cause de ça. Donc j’étais obligée d’aller enlever. Après avoir enlevé le norplant, je suis tombée sérieusement malade. mon mari même m’a dit que c’est à cause de ça. (enquêtée, mariée, 31 ans)

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Les avortements

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Description des signes d’alerte…

Les saignements

« C’est au moment où j’ai commencé à saigner que j’ai su que c’était

la grossesse qui était entrain de couler. Le sang a commencé à

couler depuis la maison. C’est lorsque les caillots de sang ont

commencé à sortir que j’ai su que la grossesse était entrain de

couler » (vendeuse, célibataire, 18 ans)

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Description des signes d’alerte…

Les saignements

« …Entre temps, j’ai senti qu’il y avait quelque chose qui a éclaté.

Quand je me suis levée tout mon pagne était du sang. C’est à deux

mois et trois jours que j’ai saigné. Mais ce n’est pas comme ça. Je

suis allée dans une clinique. Moi, mes grossesses sont à risque »,

(Institutrice, mariée, 37 ans).

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Description des signes d’alerte

La douleur physique

« J’ai senti que ça allait mal se passer là; quand j’ai expliqué à la grande sœur, elle m’a dit que ce n’est pas normal. Que ce sont des signes d’accouchement, puisque j’avais mal aux reins; j’avais des contractions qui me faisaient très mal, et qui s’arrêtaient souvent. Je ressentais une forte douleur et à un moment ça me lâche. Donc c’est là maintenant je suis allée à l’hôpital. Je ne savais pas que ça allait être grave » (enquêtée, 30 ans)

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Avortements dits spontanés expliqués par les femmes

La prise d’un médicament non prescrit par un soignant (automédication)

« C’est moi-même qui ai acheté le médicament. Comme ça faisait mal,

j’ai payé pour pouvoir calmer les douleurs» (enquêtée, célibataire, 30).

« Je ne se savais pas que j’étais enceinte et j’ai utilisé des médicaments

de la rue dont les effets secondaires ont conduit à l’avortement »

(enquêtée, célibataire, 24 ans).

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Avortements provoqués

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Quelles femmes recourent à l’avortement?

« Généralement  » : les jeunes filles et les femmes célibataires! « Pour les IVG, ce sont généralement des filles ou des femmes célibataires. On ne le dit pas franchement, mais c’est sûr que tout est lié au statut matrimonial. On n’est pas mariée, donc on a dû prendre la grossesse comme ça. Et le gars refuse la prise en charge. Ou bien beaucoup font des études. Généralement c’est chez des personnes

comme que ça arrive… 

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Quelles femmes recourent à l’avortement?

…   « rarement » des femmes mariées!

…les femmes mariées sont qu’en même rares. En tout cas dans ce

service je n’ai pas encore rencontré. Mais quand j’étais au CSPS du 19, c’est une seule femme mariée que j’ai vue. Justement, la grossesse n’était pas de son mari. Son mari avait voyagé. Donc pour vous dire que ce sont des cas rares », (maïeuticien d’État).

L’âge et le statut matrimonial : des facteurs pertinents dans le recours à l’avortement provoqué?

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Motivations du recours à l’avortement ?

L’avortement comme la réaction à une déception sentimentale

« Il a pris la maison, venir ramasser ses affaires amener là-bas et il a

pris une autre fille mettre dedans. Il ne dormait plus dans sa famille. J’ai

appris qu’il avait vivait une autre femme. Je voulais m’évanouir » (élève,

célibataire, 21 ans).

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Motivations du recours à l’avortement ?

L’avortement comme une conduite anticipative à la honte induite par le regard des autres

« C’est pour éviter la honte que j’ai tenté d’avorter clandestinement. Il y a

eu beaucoup de filles qui ont piqué des grossesses et qui sont parties.

Les gens ont trop insulté ces filles et moi j’ai entendu. A cause de tout

cela j’ai vu que si je n’avortais pas, cela allait être une honte et gâter le

nom de ma grande sœur.» (commerçante, célibataire, 18 ans).

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Motivations du recours à l’avortement ?

Un projet de vie contrarié

« J’ai avorté parce que je ne suis pas marié et puis j’étudie toujours. » (Étudiante, célibataire, 21 ans, 1 grossesse)

« La grossesse ne m’a pas surprise. Mais entre temps quand j’ai pensé vraiment, j’ai vu que la grossesse ne m’arrangeait pas » (élève, célibataire, 22 ans, 1 grossesse)

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Motivations du recours à l’avortement ?

La crainte d’un rejet familial,…

« Moi j’avais déjà un enfant et mon père m’a dit que si je tombe enceinte encore il va me chasser de la cour » (enquêtée, 21 ans, 2 grossesses…)

« J’ai avorté à cause de mon père et puis j’étudie aussi, surtout que je suis en session » (Étudiante, célibataire, 19 ans, 1 grossesse).

« Si ma famille avait su, on allait me chasser de la maison. Donc c’est à cause de cela que j’ai tout fait pour que la grossesse coule. ma famille est wahhabite » (élève, célibataire, 21 ans, 1 grossesse).

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Motivations du recours à l’avortement ?

La crainte d’un rejet familial,…

« Oui, ma mère le connaît, mais mon père est méchant. S’il savait que

j’étais enceinte il allait me chasser. C’est à cause de ça que ma

mère m’a amenée avorter » (Élève,16 ans, 1 grossesse).

« Souvent tu as peur, et puis si la famille te rejette tu ne sais pas où

partir ; le gars aussi dit qu’il ne veut pas de la grossesse. Tout ça

peut faire peur. Ah, moi, je ne voulais pas du gars. Mes cousines

m’ont dit d’avorter pour avoir la paix », (enquêtée, 30 ans,

célibataire).

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Motivations du recours à l’avortement ?La vulnérabilité économique…

« C’est surtout le problème financier… » (enquêtée, célibataire, 21 ans).

« Il a simplement dit qu’il n’est pas encore prêt pour s’occuper d’une

femme et d’un enfant. Qu’il ne peut pas entretenir une femme et un

enfant » (enquêtée, célibataire, 18 ans).

« ce sont généralement les grossesses non désirées et surtout la

pauvreté des filles. Elles sont souvent abandonnées par les auteurs de

la grossesse. Ce qui fait qu’elles font des interruptions volontaires de

grossesses », (sage femme).

La combinaison de plusieurs situations encouragent le recours à l’avortement : la précarité économique, l’anticipation de la fécondité sur le mariage, la crainte de l’autorité parentale (l’exclusion familiale),projet de vie,…

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Des ‘circuits’ et des modalités pour avorter

Une connaissance dans l’entourage

« Puisque ce n’était pas la première fois que je partais là-bas; il y avait

une femme à côté de chez nous qui a accouché. Cela ne valait même

pas deux mois, qu’elle est tombée enceinte encore. C’est elle qui m’a

amenée là-bas. Sinon je ne connaissais pas là-bas. C’est elle que

j’avais accompagnée faire l’avortement, et cela a réussi pour elle »

(élève, célibataire, 21 ans)

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Des ‘circuits’ et des modalités pour avorter

• « J’ai consulté les vieilles filles du quartier. Elles m’ont amenée chez une

femme qui m’a donnée un produit traditionnel qu’on introduit dans le

vagin. Ça ressemble à du gingembre. Lorsque j’ai introduit ce produit

dans le vagin, au lieu que le fœtus sorte là, il est resté pourrir dans le

ventre. Et c’est ça qui me faisait mal partout.», (commerçante,

célibataire, 18 ans)

• « …Et je sais qu’on ne fait pas des abdominaux quand on est enceinte.

Mais je l’ai fait pour me débarrasser de la grossesse. J’ai vu ça dans un

feuilleton à la télé, télénovelat » (élève, célibataire, 20 ans, 1 grossesse)

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De l’information à la prise en charge financière : quels acteurs? Patiente Parents (mères, sœurs, tantes)

• « Mes sœurs et mes tantes m’ont aidée à faire l’avortement, car c’est elles qui m’ont donnée l’argent, 25 000 F »  (Étudiante, célibataire,19 ans).

auteur ou conjoint

« C’est l’auteur de la grossesse qui m’a donnée 10.000 F » (vendeuse, célibataire,18 ans).

« C’est lui qui a assuré les dépenses. Cela vaut 60.000 FCFA », (secrétaire, 31 ans, 1 grossesse).

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De l’information à la prise en charge financière : quels acteurs?

« Non, je n’ai pas informé mon père, puisque quand j’ai pris la

grossesse là, ce n’était pas facile. J’étais gênée. Comme il ne

connaissait pas mon copain et je ne suis jamais allée le présenter,

c’était difficile. Même quand j’ai dit à la vieille, je ne savais pas

quelle réaction elle allait avoir. Mais ma maman, elle est simple. On

s’entendait. Il n’y avait pas de problème » (secrétaire, célibataire, 31

ans, 1 grossesse).

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Relations prestataires/patientes: un dilemme?

De la crainte du mauvais accueil…

« Parce que j’entends des femmes qui parlent que là-bas ça ne va pas.

Que quand tu arrives là-bas, tu es mal accueillie ; donc vraiment….

Quand tu arrives on va t’insulter, on va te malmener. C’est comme

si tu étais un enfant. Moi-même quand je suis en grossesse là, pour

aller là-bas c’est compliqué…Mais hier là, j’ai pris mon courage pour

aller et puis voir ce que cela va donner… », (enquêtée, mariée, 37

ans, 4 grossesses, 2 avortements).

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Relations prestataires/patientes: un dilemme?

…à l’expérience d’un bon accueil/chaleureux

« Mais en tout cas j’ai été bien accueillie. Et mon mari a appelé à ‘’afférage’’

(émission radiophonique) même ce matin pour les remercier. Quand je

suis arrivée, elles m’ont dit de rentrer, elles vont voir. Et quand elle a

commencé à faire même manuellement là, elles me disaient ma chérie,

ça fait mal, mais ça ira. En tout cas moi je trouve qu’elles me

soutenaient. Mais selon les gens en tout cas, avant là ce n’était pas

comme cela,…Et je remercie vraiment la sage femme, parce que mon

sang même qui a coulé, elle a pris du coton et puis nettoyer cela par

terre.» (enquêtée, mariée, 37 ans).

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Des effets néfastes de l’avortement?

« J’ai mal au bas ventre. On m’a dit d’aller faire une échographie.

Donc je suis allée. On m’a dit qu’il y a des débris et qu’il faut faire le

lavage (AMIU). Je suis allée. On a fait ça premièrement. Les saletés

continuaient à sortir. On a refait le lavement encore. Je saignais

tellement, jusqu’à des caillots de sang qui sortaient. Je suis repartie

et on m’a dit qu’il y avait toujours des débris. Et on a refait le

lavement une troisième fois. Et cette fois-ci ça a réussi. Maintenant,

c’est ma poitrine qui me fait mal et le bas-ventre aussi. Même quand

les règles passent et ça fait toujours mal », (élève, célibataire, 21

ans).

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Des effets néfastes de l’avortement?

«L’avortement amène toujours des problèmes. Comme moi par

exemple, cela fait combien de mois que je souffre ? C’est moi qui

n’ai pas mon argent, je n’ai pas mon enfant, je n’ai pas moi-même.

J’ai tout perdu. Je ne sais pas si je serai sauvé ou pas. Depuis

combien de mois je souffre de cela, demain, c’est autre chose…»

(élève, célibataire, 21 ans).

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Des effets néfastes de l’avortement?

Et oui, la mort!!!

«…ces derniers temps nous avons reçu beaucoup d’avortements,

surtout des cas graves. On a référé à l’Hôpital Yalgado. Elles sont allées

mourir là-bas. Rien que le mois passé, on a eu deux ou trois cas de

décès suite à des avortements clandestins.», (sage femme, maternité)

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Projet de procréation…

L’usage des contraceptifs est mis en lien avec un projet de procréation« Oui, je veux encore des enfants, mais tout dépend de Dieu. Si Dieu

me donne encore je veux. Et cela lorsque je serai mariée parce que

c’est mieux. Je comptais insérer le norplant. Mais j’attends d’être

complètement rétablie avant d’aller faire. Cela me permettra d’éviter

une éventuelle grossesse avant d’être mariée», (commerçante,

célibataire,18 ans)

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Projet de procréation…

L’usage des contraceptifs est mis en lien avec un projet de

procréation

« … en tout cas je ne peux pas dire que je ne veux plus d’enfants, comme c’est Dieu qui donne. Sinon si cela ne tenait qu’à moi, ce que j’ai dit à mon mari même, moi les deux là, j’allais laisser comme cela. Parce que pendant la grossesse, je souffre. On dépense trop. Je pense qu’on va utiliser les préservatifs. Je n’aime pas les autres méthodes contraceptives », (institutrice, mariée, 37 ans).

« oui ! Je me disais que si je faisais les examens et que y avait pas de problème, on allait faire un autre enfant. Je veux deux enfants. Je préfère les préservatifs aux autres méthodes », (secrétaire, célibataire,

31 ans) 35

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Conclusion

Suggestions des enquêtés Prestataires informer les groupes cibles sur les conséquences qui peuvent

subvenir chez une femme en cas d’interruption volontaire de grossesse;

légaliser l’avortement tout en mettant en place des conditions bien précises afin d’éviter les abus;

sensibiliser davantage les usagers sur l’utilisation des contraceptifs. Patientes sensibiliser davantage les femmes et les hommes donner plus d’informations sur les effets secondaires néfastes de

l’utilisation des contraceptives (implant, pilules, etc.) accompagner les jeunes filles à la recherche de l’aide en cas de

grossesse non désirée, ne pas les abandonner.36