apollonius de tyane
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I.a Bibliothque Thosophique se compose d'ouvrages
publis parle Comitdes Publications
Thosophique*%$9, avenuede La Bourdonnais (vu*).
OUVRAGESDJPUBLIS:
La Philosophie sotrlque de l'Inde {4*dition), parJ.-C. Chatterji.Le Christianisme sotrlque, par Annie Besant.
Les Lois de la destine, par le D' Th. Pascal.Le Credo chrtien, par C.-W. Leadbeater.Histoire de l'Ame, par R. A.Les Trois Sentiers (a*dition), par Annie Besant.Rincarnation, par Annie Besant.
La Thosophie est elle anti-chrtienne? par AnnieBesant.La Ncessit de la Rincarnation, par AnnieBesant,La Sagesse Antique (2*dition), par Annie Besant.Sur le Seuil, par X.Le Guide Spirituel, de Molinos.Le Temps et l'Espace, par Guribol.
Neuf Upanishads, traduction franaise de E. Marcault.La Thosophie et son oeuvre dans le monde, pa^,Annie Besant.
Les Formes-Penses, par Annie Besant et C.-WLeadbeater.
La Thosophie en quelques chapitres (2*dition),par le Dr Pascal.
L'A B G de laThosophie (2*dition), par
le D' Th.Pascal.
L'Esquisse de la Thosophie {2' dition), par C.-W.Leadbeater.
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BIBLIOTHQUETHOSOPHIQUE
APOLLONIUS DE TYANE
LK
PHILOSOPHE RFORMATEUR
PUI* SICLE DE NOTRE fiRE
Eludecritiquedesseulsdocumentsqui existentsur la vied'Apolloniusde Tyane;
Exposdesdiffrentesopinionsconcernantcephilosophe;Aperussur lesassociationsreligieuses
etsur les communautsduI" sicledenoirere;Influencepossibledela pensehindouesur lapensegrecque.
Par G. R. S. MEAD,B. A.; M.n. A. s. !>"".
! ;:'
TRADUIT DE L'ANGLAIS '
PARISPUBLICATIONS TIIOSOPHIQUKS
10, RUESAINT-LAZARE,10
1906
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CHAPITRE PREMIER
INTRODUCTION
Pour ceux qui tudient les origines du chris-
tianisme, il n'est pas de priode plus intres-sante dans l'histoire occidentale que le pre-
mier sicle de notre re. Cependant, nosdonnes sur celte poque sont peu prcises,et il en est peu. auxquelles on puisse se fier.C'est un constant sujet de regrets pour ceux
qui s'intressent ces questions, qu'aucuncrivain non-chrtien des
premierssicles de
notre re n'ait eu une suffisante intuition del'avenir pour consacrer, ft-ce une seule ligne,
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a l'origine et a l'oxpansion do la religion
quidevait devenir celle du monde occidental.
Nous sommes d'ailleurs tout aussi mal docu-ments en ce qui concerne les conditions re-
ligieuses et sociales de cette mmo poque.Les souverains,les hommes d'Etat, lesguerresde l'Empire semblent avoir absorb tout l'in-
trt des historiens des premiers sicles denotre re. Et cependant, mme sur ce terrain
particulier de l'histoire politique, il nous est
possible de connatre les actes publics des
Empereurs et de contrler nos renseigne-ments d'aprs des archives et des inscriptions;lorsque nous dsirons connatre les actesprivs de ces mmes Empereurs et les mobilesde leurs actes, nous nous trouvons, non plusdans le domaine de l'histoire, mais dans celuides prjugs, des scandales et de la spcula-
tion pure. Les aclcs politiques d'un Empe-reur ou d'un de ses officiers publics peuventtout au plus nous donner une faible ide del'tat gnral des conditions sociales d'une
poque, mais ils n'en donnent aucune concer-nant les conditions religieuses de cette poque,
sauf dans les cas o la religion touche au do-maine de la politique. Autant vaudrait tenter
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INTRODUCTION 3
do tirer du code civil ou des rapports des
dbats parlementaires do notre pays une con-ception de sa spiritualit et de sa religion,que de reconstituer un tableau de la vie reli-
gieuse du Ier sicle de notre re, d'aprs lesactes ou les rescrits impriaux. Les soi-disantdocuments qui nous sont parvenus sur Rome
ne peuvent donc pas nous aider nous faireune ide du milieu dans lequel Paul intro-duisit la foi nouvelle en Asie Mineure, en
Grce, a Rome, milieu dans lequel cette foiexistait dj en partie, notamment dans la
rgionde la cte
sud-estde la
Mditerrane.Ce n'est qu'en groupant laborieusement des
parcelles d'informations dissmines et des
fragments d'inscriptions que nous nous aper-cevons de l'existence, au commencement denotre re, de tout un monde d'associations re-
ligieuses et de cultes particuliers. Quoique,mme avec cette mthode, nous ayons peu denotions trs prcises sureequi sepassaitdansces associations, socits o confrries, le
peu que nous en apprenons suffit nous fairevivement
regretter l'impossibilito nous
sommes d'en savoir davantageCe champ, si dur labourer, est cependant
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excessivement fcond enintrt;
aussi est-ilfort regrettable qu'on l'ait, jusqu'ici, si peutravaill, ou que le travail accompli soit, pourla plus grande partie, inaccessible au lecteur.On peut se faire une ide des travaux accom-
plis jusqu'ici, concernant ce sujet spcial,
en se reportant au chapitre XVIII du prsentouvrage, dans lequel se trouve une liste delivres et d'articles ayant trait aux associations
religieuses parmi les Grecs et les Romains.Mais si nous voulons nous faire une ide gn-rale des conditions de la vie religieuse du
Ier sicle de notre re, nous nous trouvonssans aucun guide digne de confiance. Les livrestraitant ce sujet spcial tant fort rares et nenous apprenant rien en dehors de ce qui con-cerne ou semble concerner le christianisme,
alors que c'est au contraire sur l'tat du mondereligieux non-chrtien que dans ce cas spcialnous dsirerions tre renseigns.
Si, parmi les ouvrages d'histoire gnrale,on cousulte, par exemple, Hislory of IheRomans under Ihe Empire de Mcrivale
(Londres, dernire dition, 1863), on y liraau chapitre IV un. aperu de l'tat reli-gieux de cette poque jusqu' la mort de
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INTRODUCTION fl
Nron, maison n'y apprendra pasgrand'choso.Si on cherche dans Geschichlc der Whnischcnliaiscrreichs unier der ftegierung des Nero do
llcrmann Schiller (Rerlin, 1872), on y trouverade nombreux motifs d'abandonner les opinionscourantes au sujet des crimes monstrueux
imputs Nron. Ce mme point de vue serasuggr aussi par l'article anglais de G. II.
Lows, Was Nero a Monsler?{Cornhil Ma-
gazine, juillet 18(i3), on y verra aussi (liv. IV,
chap. III) un rsum gnral, beaucoup plusintelligent que celui de Merivalo, sur la reli-
gion et la philosophie des Romains. Mais toutcela est encore trs vague, laisse beaucoup
dsirer, et ne nous fait pas pntrer dans lavie intime des philosophes ni dans celle des
religieux des premiers sicles de notre re.
Quantaux
plusrcents
crivainsd'histoire
ecclsiastique, ils s'occupent uniquement des
rapports de l'Eglise chrtienne avec l'Empireromain, cl ce n'est que par hasard qu'ilsdonnent quelques renseignements sur le pointspcial qui nous intresse. Dans cet ordre
d'ides, l'ouvrage consciencieux de C.-J. Neu-mahn, Der rmische Siaalund die allgemeineKirche bis auf Dioclelian (Leipzig, 1890), est
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inlrossant. Par contro.le profosscur W.-M.
Rnmsny, dans son livre The C/mrch in ihe Ro-man Empire before A.D, 170 (Londros, 1893),so place un trange point de vue, en cher-chant expliquer l'histoire romaine d'aprsles documents du Nouveau Testament, docu-ments dont la plupart des dates sont si vive-
ment discutes.En quoi tout ce dbut concernc-t-il Apol-
lonius de Tyano, dira-t-on peul-lrc? En cela
qu'il vcut au Ier sicle do notre re et queson activit so porta toute sur les associa-
tions, les communauts et les socits dontnous venons de parler. Les connatre seraitdonc connatre le milieu dans lequel se passetoute la vie du Tyancn. Savoir quellestaient leurs conditions d'existence nous ai-derait peut-tre aussi comprendre les motifs
de l'oeuvre qu'Apollonius tenta de raliser.Cependant, si une telle connaissance avait
uniquement pour but d'clairer la vie etl'oeuvre d'Apollonius, elle expliquerait la
pauvret des documents que nous possdonssur ce sujet, car, ds le IVe sicle, le
Tyanen n'tait mme plus estim de la mino-rit ; quant la majorit, elle le considrait
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INTRODUCTION '
comme un charlatan ou comme un Antchrist.
Mais il n'en est pas ainsi, et. une connais-sance des associations et des confrries reli-
gieuses des premiers sicles mettrait enlumire l'volution premire du christianisme,non seulement dans les communauts Pauli-
niennes, mais encore dans ces coles con-damnes comme hrtiques par la suite.Aussi est-il fort tonnant qu'il n'existe pas detravaux satisfaisants sur un sujet si important.
On dira peut-tre que, si les informations
manquent, c'est qu'il e*t impossible de s'en
procurer. Ceci est vrai jusqu' un certain pointseulement, car on pourrait faire beaucoup plusde recherches qu'on n'en a fait jusqu'ici. On
pourrait, par exemple, rapprocher entre euxles rsultats de recherches sur un sujet sp-cial et dans des parties peu connues de l'his-
toire romaine, afin que tout lecteur (mmecelui qui ne s'est pas spcialis dans ces
tudes) puisse se faire une ide gnrale del'tat religieux de cette poque, et qu'il puissese dgager de l'opinion courante actuelle qui
condamne, dans l'Empire romain du I" sicle,tout effort moral ou religieux qui n'est ni
judaque, ni chrtien.
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On.dira peut-tre encore que les conditions
sociales et religieuses de celte poque taientdans un tat de grande confusion, car,ainsi qu'on le verra dans cet essai, la plusgrande partie de la vie d'Apollonius fut con-sacre tenter de rformer les institutions etles cultes de l'Empire. En effet, il y avait beau-
coup rformer, mais quelle poque en est-il autrement? Il y aurait non seulement
manque de gnrosit, mais encore vidente
injustice prtendre juger nos frres d'alors
uniquement.d'aprs un modle sublime demorale idale ou mme
d'aprsles vertus ou
les connaissances que nous nous imaginonspossder. L'essentiel, ce n'est pas qu'il n'yait rien eu rformer, mais simplement queles innombrables accusations d'immoralit oude dpravation portes contre cette poque
soient soumises d'impartiales investiga-tions.
Il est certain qu'il devait exister beaucoupde bons lments lors de l'apparition du chris-
tianisme, car, autrement, comment cette reli-
gionnouvelle aurait-elle pu exister?
L'Empire romain lait alors l'apoge desa puissance,et, s'il n'y avaiteu dans les cercles
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INTRODUCTION
gouvernementaux des hommes suprieurs,
d'admirables administrateurs, une semblablegrandeur politique n'aurait jamais pu treatteinte. A cette poque, comme dans toute
l'antiquit du reste, la libert de pensetait absolue. 11 faut donc attribuer desmotifs purement politiques, cl non thologi-
ques, les perscutions des rgnes de Nronet de Domiticn par exemple. Laissons dcotela question, discute d'ailleurs, de la perscu-tion des chrtiens sous Domiticn, mais il estcertain que les perscutions de Nron furent
dirigescontre
peux quele
gouvernementimprial considrait, en matire politique,comme des rvolutionnaires judasants. Lorsdonc qu'on bannissait de Rome ou qu'on em-
prisonnait les philosophes sous les rgnes deces deux Empereurs, ce n'tait pas pour leurs
ides philosophiques, mais cause de leuridal politique. Cet idal, pour la plupartd'entre eux, tant le rtablissement de la
Rpublique, on les accusait donc aismentd'tre des mcontents en politique et de com-
plter activement contre la majeslas de l'Em-
pereur.11faut reconnatre cependant qu'Apollonius
1.
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fui toujours un partisan sincre du rgime
monarchique. Ainsi donc, lorsque nous enten-dons parler de .l'emprisonnement pu du ban-nissement des philosophes, nous devons noussouvenir qu'il n'y eut jamais de perscutiongnrale de la philosophie dans tout l'Empireromain. De mme, si l'idal de quelques-uns
fut de rtablir la Rpublique, nous devonsnous souvenir aussi que la majorit des philo-sophes et surtout les disciples des coles de
philosophie religieuse s'abstinrent de toute
politique active.
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CHAPITRE II
MiS ASSOCIATIONSET COMMUNAUTESDU PREMIERSICLEDE NOTREERE
Il est certain que, dans le domaine de lareligion, la presque totalit des cultes d'Elatet des institutions nationales de l'Empire setrouvait dans une position prilleuse, et
qu'Apollonius consacra une grande partie deson temps et de ses efforts au rveil et la
purification de ces cultes. Les institutionsreligieuses avaient, depuis longtemps, perduleur force et tout en elles se rduisait des pra-tiques extrieures. Ce n'est pas dire qu'il yet alors absence de \'ic religieuse, car au con-
traire, mesure
quele culte officiel et les insti-
tutions anccstralcs cessaient de satisfaire rel-lement les aspirations religieuses du peuple,
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celui-ci se tournait avec une dvotion toujoursplus ardente vers les cultes particuliers, se
plongeant avec ferveur dans le torrent d'en-thousiasme religieux qui se dversait, sanscesse grandissant, de l'Orient. 11 y eut, sans
doute, dans ccltefermenlation religieuse beau-
coup d'excs et de graves abus, mais il est cer-
tain aussi qu'un grand nombre d'Ames y trouv-rent la satisfaction cherche leurs motions
religieuses. Si nous exceptons ds l'abord lescultes dont l'immoralit n'est pas douteuse,nous verrons dans les cercles populaires de
cette poque un spectacle analogue celui
que nous offrent certains phnomnes reli-gieux de nos jours, qui se manifestent parexemple chez les Shakers ou les Rantcrs, oudans les runions de rveils religieux desmasses populaires.
Il ne faut cependant pas croire que tous
les cultes particuliers ou les pratiques reli-
gieuses du Ier sicle puissent tre compars ces tats d'esprit modernes; loin de l. Il yavait des socits religieuses, des confrries,des communauts (ihiasis^erani et orgeones)
de toutes sortes et de toutes conditions. Ilexistait aussi des socits : de secours mu-
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luels, d'enterrement, d'agapes fraternelles,
prototypesde nos loges maonniques, des
OddfellowSf etc. Ces socits taient prives,non seulement parce qu'elles toient indpen-dantes de l'Etat, mais encore parce qu'ellesgardaient le secret sur ce qu'elles faisaient.Ce dernier fait est peut-tre la raison pour
laquelle nos informations leur sujet sontsi imparfaites.Parmi ces cultes, il faut comprendre non
seulement les diverses formes infrieures duculte mystique, mais encore les cultes plusnobles : Mystres phrygiens et bachiques,
Mystres d'isis et de Mythra, rpandus danstout l'Empire. Quant aux Mystres d'Eleusis,ils se trouvaient encore sous l'gide de l'Etal.
Aussi, leur qualit de culte officiel les rdui-
sait-ils, malgr leur clbrit, des pratiques
purementextrieures.
Il ne faut pas croire que tous les grandscultes mystiques dont nous venons de parlerfussent d'un type uniforme. 11y avait parmieux non seulement des grades et des degrsdiffrents, mais trs probablement aussi plu-
sieurs formes de chaque branche de tradi-tion, une bonne, une mauvaise et une moyenne,
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Nous savons, par exemple, qu'il tait de
rigueur pourtout
respectable citoyend'Ath-
nes d'tre initi aux Mystres d'Eleusis, ilest donc supposer que les preuves nedevaient pas en tre trs rigoureuses. Tandis
que, dans un rcent ouvrage sur ce sujet,/Je Apuleio fsiacorum Mgsleriorum Teste
(Leydc, 1900), le Dr K. IL E. de Jong d-montre que, dans une certaine forme du culte
d'Isis, l'aspirant tait amen l'initiation au
moyen d'un rve, ce qui prouve que ce candi-dat devait, avant son admission, tre psychi-quemcnl impressionable.
Nous reconnaissons donc Pexislence, dansla vie religieuse de cette poque, d'une vastezone intermdiaire entre les formes populairesles moins disciplines des cultes privs, et lesformes les plus sublimes de ces cultes, formes
dcsqucllcsonncpouvaitapprocherqu'aumoyende la discipline et de l'entranement de la vie
philosophique. Ce que ces institutions et ces
mystres avaient de plus sublime suscita l'en-thousiasme de tout ce que l'antiquit compte de
plus lev au point de vue intellectuel. Les plus
grands penseurs, les plus grands crivains deRome et de la Grce lourent sans restriction
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ces diffrentes formes de culte. Nous pouvonsdonc en dduire que des hommes instruits
trouvrent en elles satisfaction leurs besoins
religieux, et qu'elles furent ncessaires non
seulement ceux qui ne pouvaient atteindre les
rgions de la raison pure, mais aussi ceux
qui s'taient levs assez haut pour pouvoir
entrevoir l'au-del.A de tels hommes les cultes officiels taientnotoirement incapables de donner celle satis-faction. Us ne furent,'[d'ailleurs, tolrs
par eux que pour le bien du peuple et dansle but de la conservation des traditions de la
cit ou de l'tat.On reconnat universellement que tous ceux
qui, hommes ou femmes, menrent en Grcela vie la plus vertueuse furent les membresdes coles pythagoriciennes. Aprs la mortde Pylhagorc, ses disciples semblent s'tre
gra-duellement confondus avec les communauts
orphiques. La vie orphique tait d'ailleursle terme courant exprimant l'ide d'une viede puret et de renoncement. Nous savonsaussi que les Orphiques (et les Pythagoriciens
aussfpar consquent) s'occuprent activementde rformer et de reconstituer entirement les
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rites bacho-leusinicns. Par cette reconstitu-tion et cette rimportation des mystresbachiques, les Orphiques semblent avoir faitrevivre la partie la plus pure du culte ba-
chique. Il est vident d'ailleurs qu'un cultede forme infrieure n'aurait pu suffire ceux
qui menrent une vie si austre et qui furent de
si grands penseurs. L'influence des Orphiquesse rpandit donc partout dans les milieux
bachiques.Cette influence se retrouve dans les paroles
suivantes, qu'Euripide fait dire par unchoeur d'initis bachiques: Vtu de blanches
robes, je quitte la gense des hommes mor-tels, et je n'approche plus du vase de la mort,car je ne mange plus d'aliment qui renfermaune Ame (1). De telles paroles conviendraient un ascte brahmane ou bouddhiste, impa-tient
d'chapperaux entraves de Samsara.
On ne .peut, raisonnablement, mettre ceshommes au rang des viveurs dbauchs, selon
l'image moniale qu'inspire gnralement lemol bachique .
(1) IVngniontlesCretois. Voir VAglaophanvi*de Lo-liock, p. 022,
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On dira peut-tre qu'Euripide, les Pythago-riciens, les Orphiques ne sont pas de pro-
bants exemples en ce qui concerne le Ier sicleet que, malgr l'lvation d'esprit de cescoles ou ces communauts, leur influencedevait avoir cess depuis longtemps lors de
l'apparition du christianisme. Ces objectionssont rfutes par toutes les preuves que nous
avons. C'est ainsi que Philon, qui crivaitvers l'an 25 de notre re, dit qu'il existait, son poque, rpandus par tout le monde,de nombreux groupes d'hommes qui men-rent tous gards une vie religieuse, aban-
donnant leurs biens, se retirant du mondeet se dvouant entirement la recherchede la sagesse ainsi qu' la pratique de lavertu.
Dans son Irait De la vie contemplative %Philon crit en effet : Dans plusieurs parties
du monde habit, en Grce et ailleurs, setrouve une catgorie d'hommes participantau bien parfait. Il yen a un grand nombreen Egypte, dans chaque province, ou nomecomme on les appelle, et spcialement Alexandrie. C'est l un trs
importanttmoignage, car, s'il y eut cette poque tant
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de fervents de la vie religieuse, c'est qu'il ne
rgnait pas une dpravation absolue, ainsi
qu'on le dit souvent.Il ne faudrait pas Croire, cependant, que
ces communauts furent loules de mme
nature, d'une seule et mme origine,et qu'ellesne se composaient que de Thrapeutes oud'Essnicns. Afin de nous convaincre de la
grande diversit des efforts faits au Ier sicle
pour raliser la vie religieuse et philoso-phique, nous n'avons qu' nous 1rappeler les
origines diverses des doctrines professespar les innombrables coles classes sous le
nom de gnostiques , telles que je les aiesquisses dans mon rcent ouvrage : Frag-ments of a Failh forgolten (1), et con-sulter les beaux traits des coles hermti-
ques.Nous ne sommes cependant pas de ceux
qui croient qu'on pourrait faire remonter l'ori-
gine des communauts thrapeutes mention-nes par Philon ctpar Josphe une influence
orphique ou pythagoricienne. Cette question
(1)Thcosophlcal publishing Society, 161, New-Bondslrccl, Londres.
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de l'origine prcise de ces.'communautsest encore hors de la porte des recherches his-
toriques. Nous ne sommes pas non plus deceux qui amplifient un fait isol jusqu' crifaire une source universelle. Cependant, nousne pouvons nous empcher d croire qu'ilexistait, en plusieurs parties de l'Empire ro-
main,l'influence d'une
rigoureusevie reli-
gieuse, lorsque nous nous rappelons l'exis-tence de toules ces communauts si rpanduesau Ier sicle, et quand nous tudions lesannales (imparfaites, mais si importantes) desnombreuses coles et confrries semblables,
qui eurent d'intimes rapports avec les origiricsdu Christianisme.
La grande difficult vient de ce que ces
communauts, confrries ou associations, de rares exceptions prs, setenaient l'cart
du monde cl qu'elles ne laissrent aucun do-
cument la postrit, ou, si elles en laissrent,ces documents furent dtruits ou perdus. Noussommes donc obligs, la plupart du temps,de nous baser sur des indications gnralesextrmement vagues.'Mais ceci ne nous auto-rise "aucunement nier leur existence ni la
vigueur de leurs cfforls, L'historien qui, omet-
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tant ce sujet essentiel, prtendrait tracer un
tableau du Ier sicle chouerait srement danssa tentalive.C'est donc au milieu de ces communauts
que vcut Apollonius, et cependant son bio-
graphe rie semble gure s'en tre dout. Phi-
lostratc, en vrai rhteur qu'il est, apprcie
la vie philosophique du'dehors, mais aucu-
nement la vie spirituelle. La biographied'Apollonius, telle qu'elle nous est connue,ne jette donc qu'indirectcmentquclque lumiresur ces trs intressantes communauts.
Mais, chaque rayon de clart, mme for-
tuit, est prcieux l o tout est tnbres. Siseulement il tait possible d'entrer dans lammoire vivante d'Apollonius, de voir parses yeux les choses au milieu desquelles ilvcut il y a mil neuf cents ans, combien int-
ressante serait la page de l'histoire du mondequ'on pourrait retrouver !
Non seulement Apollonius traversa tous les
pays o la foi nouvelle prenait racine, maisencore il vcut des annes dans la plupart deces pays, et il connut intimement les nom-
breuses communauts mystiques d'Egypte,d'Arabie et de Syrie. Il n'est pas douteux
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qu'il visita aussi quelques-unes des premires
communauts chrtiennes, peut-tre mmeaura-t-il convers avec un des
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CHAPITRE III
PENSEE HINDOUEET PENSEEGRECQUE
11y
a encore une autre raisonpour laquelleApollonius nous intresse : c'est qu'il fut un
enthousiaste admirateur de la sagesse hin-doue. Ici encore se rvle nous un sujet pleind'intrt. Quelle influence le Rrahmanismeet le Rouddhisme eurent-ils sur ics opinions
de l'Occidenl pendant les premires annesde notre re. Quelques-uns affirment positi-vement que celte influence fut grande, d'autresla nient non moins catgoriquement. Aucuneinformation incontestable n'existe d'ailleurs ce sujet. Dans la constitution des communauts
essniennes et thrapeutes, les uns voudraientvoir une influence pythagoricienne, d'autres
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en rattachent l'origine une propagande
bouddhique. Ces derniers, d'ailleurs, voientune fnfluence bouddhique, non seulement dansles dogmes et les mthodes des Essnicns,mais encorcdansla doctrincgnralcduChrist,donnant ainsi aux enseignements de Jsus une
origino bouddhique. D'autres encore affirment
que l'Inde exera par l'intermdiaire de Pytha-gore une forle et durable influence sur la
pense do la Grce, deux sicles mme avant
que des relations suivies fussent tabliesentre ces deux pays par les conqutcsd'Alexandre.
Celte question ne peut tre rsolue ni parune affirmation, ni par une ngation galementirrflchies, car elle demande non seulementde trs amples connaissances en matiresd'histoire gnrale, et une minutieuse tude
des indications parscs et vagues louchant lesides et les pratiques religieuses de cos po-ques, mais encore une subtile apprciation del'exacte valeur des informations indirectes,les informations directes ne renfermant, il fautbien le reconnatre, aiicune preuve absolue
ce sujet. Notre ambition ne prtend pas d'aussi hautes vises, elle se borne simple-
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ment chercher donner quelques indica-
tions trs gnrales ce sujet.Les anciens Grecs affirmrent positivementque Pythagore visita l'Inde, mais cette asser-tion ayant t faite aprs la mort d'Apolloniuspar des crivains no-pythagoriciens et no-
platoniciens, on objecte celte affirmation que
ce furent les voyages du Tyancn qui sugg-rrent ce dtail (ainsi que quelques autres) dansla biographie du grand Sa mien. Peut-tre
Apollonius, dans sa Vie de Pythagore, fut-il le premier faire natre cette hypothse. La
grandecsscmblancedcplusieurs
traits essen-
tiels de la discipline ainsi que de la doctrine
pythagoriciennes avec la pense et les prati-ques indo-aryenne, nous fait hsiter repous-ser absolument l'hypothse d'un voyage de
Pythagore dans l'antique Aryavarta.
D'ailleurs, mme si l'on nie la possibilitde relations directes et personnelles entre
Pythagore et les Hindous, il faut admettre ce
fait, que Phrcydcs, matre de Pythagore, a
pu, lui, avoir t instruit de quelques-unesdes principales ides de la sagesse vdique.
Phrcydes tait probablement d'origine per-sane; il enseignait, Ephsc, une philosophie
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PENSEEHINDOUEET PENSEGRECQUE 25
mystique, et sa doctrine avait pour base
J'ido de la rincarnation; nous pouvonsflonc admettre avec vraisemblance que cesavant asiatique possdait quelque connais-
sance, directe ou indirecte, de la pense indo-
aryenne.Les relations entre la Perso et l'Inde de-
vaient tre fort anciennes, car lors de la mortde Pythagore, sous le rgne de Darius, fils
d'IIystaspes (fin du VIe ou commencementdu Ve sicle avant notre re), eut lieu l'ex-
pdition de Scylax, gnral persan, sur l'In-
dus; et nous apprenons aussi, par Hro-dote, qu' cette poque l'Inde (c'est--dire le
Punjab) formait la vingtime satrapie du
royaume persan. Dans l'arme do Xercs, il
y eut des troupes hindoues, ce furent elles
qui envahirent la Thessalic et se battirent
Plate; A partir du rgne d'Alexandre, il y eutdes relations continues et directes cnlre
l'Aryavarta et les royaumes des successeursde ce grand conqurant.
Beaucoup de Grecs crivirent sur ce myst-rieux pays, mais nous chercherions en vain,dans tout ce qui nous est parvenu de ces crits, dcouvrir autre chose que des indications
2
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2l APOLLONIUSDE TYANE
plus que vagues sur le systme de pense des
philosophes hindous.Il serait contraire tout ce que nous savons
d'eux, que les Brahmanes do celte poqueeussent permis aux Vavanas (Ioniens, nom
gnral dsignant les Grecs dans les archives
hindoues) dlire leurs livres sacrs. Les Va-vanas taient certainement Mlechchhas, c'est--dire considrs comme trangers par les
Aryens; tout ce qu'ils pouvaient savoir de la
BrahmA-VidyA (ou Thosophie) tait, sans nul
doute, d des observations purement ext-
rieures.L'activit religieuse qui dominait dansl'Inde celle poque tait bouddhiste, et sinous voulons chercher-les points de contact
qui rapprochrent l'Inde et la Grce, nousdevons tenir compte de la protestation du
Bouddhisme contre les distinctions si rigidqs,de castes et de races, cres par l'orgueilBrahmanique, ainsi que de l'tonnante nou-veaut d'une ardente propagande religieuseparmi toutes les classes et races, tant dans
l'Inde que les autres nations.Par exemple vers le IIIe sicle avant J.-C,nous trouvons, dans le treizime dit d'Azoka,
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PENSEHINDOUEETPENSEGRECQUE 27
ipie cet empereur bouddiste do l'Inde, ce Cons-
tantin do l'Orient, envoya des missionnaires Antiochus II de Syrio, Ptolmo II d'Egypte, Anligone Gonalas do Macdoine, Magasde Cyrnc et Alexandre II d'Epire.
Trouver dans un pays dont les archives sontaussi
imparfaites quecelles de
l'Inde,des
preuves aussi nettes et indiscutables quecelles-ci, fait juger bien extraordinaire le
manque absolu d'informations de sourceoccidentale au sujet d'une si vigoureuse acti-vit de propagande religieuse.
Quoiqu'il nous paraisse peu sr do faire desgnralisations (tant donn le nant completd'informations de source grecque sur ce point),nous pouvons cependant conclure, d'aprsnotre connaissance gnrale de l'poque, queces pionniers xhiDharma ne firent pas grandesensation dansVOccidcnt. Il semble de touteprobabilit que ces Bikshus bouddhistesn'exercrent aucune influence, ni sur les sou-
verains, ni sur le peuple. Peul-n cependantaffirmer que cette mission fut absolument sans
ffetfcou encore que l'activit de ces mission-naires en Occident cessa compltement par lasuite?
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28 APOLLONIUSDE TYANE
C'est, notre sens, dans l'obscur mystre des
communauts religieuses quo gt la solutionde ce problme. Il ne faut cependant passuivre l'exemple de ceux qui, pour trancher cenoeud gordien, affirment dogmatiquement queles communauts asctiques de Syrie et
d'Egypte furent fondes par ces missionnaires
hindous ; car, cette poque, existaient enGrce non seulement les communauts pytha-goriciennes, mais aussi les communauts
orphiques qui taient plus anciennes encore,
Pythagore n'ayant pas tabli quelque chosede
nouveau, croyons-nous,mais
pluttdve-
lopp ce qui existait dj avant lui.La prsence en Grce de semblables com-
munauts nous fait supposer qu'il devait enexister du mme genre en Syrie, en Arabie,en Egypte, pays dont la population s'adon-
nait bien plus aux pratiques religieuses queles Grecs sceptiques et moqueurs.D'ailleurs, la propagande bouddhique ne
pouvait trouver un auditoire plus attentif et
plus sympathique que celui de ces communau-ts. Il n'en est que plus trange, d'ailleurs, que.cette propagande n'ait laiss, dans ce pays,aucune trace directe et netlcdesonpassage.il y
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PENSEEHINDOUEET PENSEEGRECQUE 2(1
eut donc, entre l'Inde et l'Empire des succes-
seurs d'Alexandre, de constantes communica-tions, soit par mer, soit par terre, par cara-vanes. 11 est probable que si nous pouvionsretrouver un catalogue de la bibliothqued'Alexandrie, nous y verrions, parmi tous lesrouleaux ou parchemins des crits du monde
entier, des manuscrits hindous.On trouve, dans les traits les plus anciens
de la littrature Hermtique Trismgisliquo,des phrases qui correspondent si exactement des textes des Upnr.ishads et de la Bhagavad-GitA,
qu'onest tent de croire
queleurs au-
teurs avaient quelque connaissance du con-tenu gnral des. crits brahmaniques. Laressemblance qui existe entre les enseigne-ments Vdantins et la sublime mtaphysiquemystique du docteur gnostique Basilidc (qui
vcut la fin du Ier ou au commencementdu IIe sicle) est encore plus frappante. Ilfaut remarquer, de plus, que les coles Her-
mtiques, de mme que les cols Basili-diennes et leurs prdcesseurs immdiats,
s'appliquaient la recherche d'une discipline
svre* et des tudes profondes de philoso-phie. Elles taient donc disposs accueillir
2.
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SO APOLLONIUSDE TYANE
avec empressement un philosophe ou un mys-
tique venant d'Extrme-Orient.Mais, nous no sommes pas de ceux qui
se condamnent expliquer par quelque re-lation directe une analogie d'ides ou mmode phrases. Mme en admettant qu'il y ait do
grandes ressemblances entre la doctrine du
Dharma de Bouddha et celle de l'vangilo duChrist (doctrines pntres l'une et l'autred'un mme sentiment de douceur et d'amour),il n'est pas ncessaire de chercher les causesd'une pareillcsimilitudcdansune transmission
purement orale de ces doctrines. De mmepour d'autres coles et pour d'autres instruc-teurs. Des conditions semblables produisentncessairement des phnomnes semblables.
L'analogie des efforts produit l'analogie des
ides, des expriences et des rsultats. Ceci
n'est pas seulement vrai dans un sens gnral,mais parce que telle est la volont des minis-
tres, des vritables gardiens de la vie reli-
gieuse de ce monde.La question de transmission orale n'a donc
pasuneimportanceprimordiale,pasplusqu'ellen'en ont les preuves de copies ou d'empruntsfaits entre les doctrines. L'esprit humain,
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lous ses degrs d'volution, est plus ou moins
le mme dans tous les pays et travers tous lesAges.Son expricnccestunchampcommun,qui,aprs avoir t labour et sarcl, reoit la se-
mence du grain. La bonne semence vient toutedu mme grenier. Ceux qui la sment ne s'atta-chent aucunement aux extrieures distinctions
de races ni de sectes, cres par l'homme seul,Ainsi donc, si difficile qu'il soit de prouver,
par d'incontestables assertions historiques,une influence directe des ides hindoues sur lescoutumes de quelques-unes des communauts
religieuses et des coles philosophiques del'Empire romain ; et, d'autre part, si peu n-cessaire qu'il soit d'attribuer une similituded'ides une transmission orale directe, nous
pouvons pour ainsi dire affirmer qu'avantla venue d'Apollonius il existait en Grce cer-
taines connaissances des enseignements gn-raux de la Vdanta et du Dharma. Quant
Apollonius, si nous ne nous en rapportionsqu' une faible partie de ce qui a t dit de lui,il semble que son ide unique fut de rpandre,parmi les confrries et les institutions reli-
gieuses de l'Empire, une part de sagessequ'il avait rapporte de l'Inde.
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HJ APOLLONIUSDE TYANE
Si nous trouvons, la fin du I,r ou nu
commencement du IIe sicle, parmi des
associations mystiques, telles que les colesHermtiques et Gnostiques, des ides rappe-lant vivement la thosophie des Upanishadsou l'thique raisonnc des Suttas, c'est qu'ilest possible qu'Apollonius ait visit cescoles et
qu'il yait
longuementdiscouru sur
la sagesse hindoue. L'influence d'Apolloniusse fit sans doute sentir pendant do longuesannes dans ces cercles. C'est peut-lrc elle
que Plolin, le coryphe du soi-disant no-pla-tonisme, dut d'lre si pris de la sagesse de
l'Inde, d'aprs ce qu'il en avait entendu dire Alexandrie, qu'il partit en a4a ovcc m nia^"heureuse expdition de Gordien, dans l'espoirde parvenir cette terre de la philosophie.Plolin fut d'ailleurs oblig de revenir, jamaisdsabus de son espoir, aprs l'insuccs de
l'expdition et l'assassinat de l'Empereur, v.11 ne faudrait pas s'imaginer qu'Apollonius
chercha rpandre Ja philosophie hindoue la manire d'un missionnaire de nos jours quiprche sa propre conception de l'Evangile.
Apolloniussemble
pluttavoir tch d'aider
ses auditeurs, quels qu'ils fussent, suivant la
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PENSEEHINDOUEET PENSEEGRECQUE 83
manire la mieux adapte aux besoins de cha-
cun. Il no disait pas : Ce que vous croyez estfaux ; pour le salut de votre Ame, il vous faut
adopter immdiatement mon systme de sa-lut ; mais il lAchait simplement de purifieret d'clairer les croyances et les pratiquesreligieuses de chacun.
Nous n'avons aucune difficult croirequloTyancn fut soutenu dans son inces-sante activit par un pouvoir extrieur lui-mme. Pour ceux qui cherchent percer lesbrumes des apparences, il est d'un profondintrt do
penser quenon seulement un
Paul,mais un Apollonius furent spirituellementaids et dirigs dans leur oeuvre sur terre.
Le jour n'est pas encore venu o l'tat d'es-
prit gnral en Occident permettra d'abordercelte question avec une absence de prjugs
admettant l'ide qu'au point de vue spirituel,Apollonius fut, autant que Paul, un discipledu Seigneur , dans le vritable sens du mot ;alors qu'au premier abord leurs oeuvres sem-blent dissemblables, voire mme entirement
opposes, si on les considre uniquement
travers les prjugs thologiques.Heureusement, il existe, ds prsent, des
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34 . ' APOLLONIUSDE TYANE
penseurs, dont le nombre va sans cesse gran-
dissant, qui, non seulement no sont pas cho-qus par uno telle assertion, mais qui de plusl'accueillent joyeusement, comme l'aube d'unsoleil do justice ; soleil qui, pour illuminerles divers modes religieux de notre humanit,fera plus que tout le pharisasme de n'imporloquelle seclo exclusive.
C'est dans un semblable esprit do charitet de tolrance, que nous voudrions que le lec-teur aborde cette lude del vie et des oeuvres
d'Apollonius. El non seulement celte tude,
mais aussi l'tude de la vie cl des oeuvres detous ceux qui, travers le mondo entier, sosont efforcs de venir en aide leurs sem-blables.
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CHAPITRE IV
OPINIONSDESANCIENSSURAPOLLONIUS
Apollonius de Tyane fui, au Ier sicle
de notre re, le plus clbre philosophe dmonde grco-romain. Sa longue vie fut consa-cre la purification des divers cultes de
l'Empire romain et l'instruction des prtresde ses diverses religions. Hormis le Christ,
aucune figur plus intressante pour le mondeoccidental n'apparut cette poque de l'his-toire.
Les opinions concernant Apollonius sontaussi nombreuses que contradictoires, le rcitde sa vie nous tant parvenu plutt sous la
forme d'un conte merveilleux, que sous celled'une simple biographie. Ce fait a sa cause
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36 APOLLONIUSDE TYANE
dans la vie retire que menait Apollonius
(exception faite de son enseignement public),vie dans laquelle mme son disciple favorin'tait pas admis. Pendant ses voyages loin-
tains, on le perdaitde vue des annes entires ;et lorsqu'il pntrait dans les sanctuaires les
plussacrs des
templesou dans le cercle
troit des communauts les plus exclusives,ce qui s'y passait demeurait un mystre pourtous. C'est de ce mystre et de cet inconnu quesont nes toutes les lgendes fantastiquesforges par ceux qui taient incapables de
comprendre une pareille vie. Dans celtetude, nous tenterons de prsenter une courte
esquisse du problme pos par les lgendes et
les traditions de la vie du clbre Tyancn.Avant de nous occuper de la Vie dfApol~
lundis crite par Flavius Philostrate, au
commencement du IIIe sicle de notre re,nous allons donner ici un bref rsum "des
documents que l'on peut trouver, concer-
nant Apollonius, dans les auteurs classiqueset dans les Pres de l'glise. Nous mention-
nerons aussi ce qui, dans la littrature plusrcente, a trait ce mme sujet, ainsi que les
diverses opinions et les discussions souleves
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OPINIONSDESANCIENSSURAPOLLONIUS 37
par la vie du Tyancn dans ces quatre der-
niers sicles.Commenons par les rfrences trouves
dans les auteurs classiques et dans les Presde l'Eglise.
Lucien, le spirituel crivain de la premire
moitidu 11
sicle, prit, pour sujetd'uno
de ses salires, l'lve d'un disciple d'Apol-lonius, un de ceux qui connaissaient toutela tragdie (1) de sa vie.
Apule, un contemporain de Lucien, met
Apollonjus, ainsi que Mose et Zoroaslrc, au
rang des clbres Mages de l'antiquit (2).A peu prs vers la mme poque, dans un
ouvrage intitul Qtuesliones et responsiones adOrlhodoxos (ouvrage qui fui d'abord attribu Justin Martyr cl qui eul un grand retentis-sement vers le milieu du IIe sicle), nous
trouvons l'intressant renseignement suivant: Question 24 : Si Dieu est l'auteur et le
matre delacralion,comment lestalismans(3)d'Apollonius possdent-ils un pouvoir sur les
(1)Alexondersive l'ecuddnianlis, VI.(2)l)mayi, XC(dition llildcbraml, 1812,11,CM).(3)ttXfopxti. Telesmatait un objet onsacre. Les
Arabes ont fait de ce mot leisam (talisman).8
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3S APOLLONIUSDE TYANE
(divers) ordres de celle cration ? car, ainsi
que nous le voyons, ces talismans calment lesvagucscn fureur, limitent'le pouvoir des vents,le pullulement de la vermine et les attaquesdes btes fauves (1).
Dion Cassius, dans l'histoire qu'il crivitde 211 222 de notre re (2), raconte
quel'empereur Caracalla (211-216) leva une
chapelle la mmoire d'Apollonius. C'est decelte mme poque (216) que date la Vie
d'Apollonius, compose par Philoslrale lademande de Julie Domna, mre de Cara-
calla, document qui servira de base notretravail.
Lampride, qui crivait vers le milieu duIIP sicle, nous apprend que l'empereurAlexandre Svre (222-235) plaa dans son
lararium, ct de l'image du Christ; d'A-
braham cl d'Orphe, une statue d'Apollo-nius (3).
Vopiscus, dont les crits datent de laderniredcade du IIIe sicle, nous dit que rcm-
(1) Justin Martyr, Oiuvrcs,dition OUo(2"
dition;lna, 181),111,32.
(2) Livre LXXV1I,18.(3) 17ed'AlexandreSvre,XXIX.
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pcrcur Aurlicn (27o-275) ddia un temple
Apollonius, le Tyancn lui tant apparu ensonge, pendant qu'il faisait le sige de Tyane.Vopiscusparled'Apolloniuscommed'unsagedont la renomme et l'autorit s'tendaient au
loin ; comme d'un philosophe, d'un vritableami des dieux . Plus encore, il en fait unevritable manifestation de la divinit. Car,
parmi les hommes , dit cet historien, otrouver un tre plus saint, plus digne de res-
pect, de vnration, plus semblable Dieu?11rendit la vie aux morts, et ses paroles
comme ses actes dpassrent les pouvoirshumains (1). Ce mme Vopiscus, dans sonenthousiasme pour Apollonius, se promitd'crire en latin une courte biographie du
Tyancn, tous les rcits existant jusqu'alorssur ce philosophe ayant t crits en grec (2).Vopiscus dsirait que les actes et les parolesd'Apollonius puissent tre connus de tous. Ilne put raliser ce projet.
C'est de cctle mme poque que datent les
(1) Vied'Aurlien,XXIV.'
(2) Quaequi velil nosie, groecosleqat libroi qui deejm vila conscripltsunl. Ces rcils taient sans douteles livres de Maxime,de Mieragenc,de l'hilosti-atc.
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40 APOLLONIUSDE TYANE
Vie d%Apollonius, de Sotcrichus (1) et de
Nichomachus. Peu aprs, Tascius Victoria-nus crivit aussi une biographie du Tyanenbiographie dont il puisa les documents dansNichomachus (2). Aucun de ces crits ne nousest parvenu.
C!cst de cette mme poque aussi (fin du
IIIe et du commencement du IVe sicle) quedatent Jes traits de Porphyre et de Jambliqucsur Pythagore et son Ecole. Porphyre et
Jambliquc cilent Apollonius comme une auto-rit. Il semble mme trs probable que lestrente
premiersalinas du
trait de Jambliqucsoient textuellement emprunts Apollo-nius (3).
Nous arrivons maintenant l'crit qui fit dela personnalit d'Apollonius la proie des pol-
(1)Pote pique gyptien qui crivit plusieurs pomeshistoriques en grec, vers la dernire dcade du III' sicle.
(2) Sidoine Apollinaire, Lpp. VIII, 3. Voir aussi laVied'Apolloniusde Tyane par Lcgrand d'Aussy (Paris,1807),p. -17.
(3)Porphyre, De Viia Pythagorx, ch. II (d. Kicssling,Leipzig,181C); Jambliquc, De Vila Pylhajorica. ch. XXV
(d. Kicssling,Lelpsig,1813).Voirspcialementles notespages il et suivantes. Voiraussi Porphyre, Fragments.DeSlyge, d. Holst, p. 235.
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miqUes chrtiennes ; polmiques qui durrent
jusqu' l'poque actuelle. Ilirocls, le philo-sophe qui fut successivement gouverneur de
Palmyre, de Bithynie et d'Alexandrie, crivit,vers 305,un ouvrage en deux volumes intitul:Avis sincre aux chrtiens, ou sous une forme
plusconcise : l'Ami de la vrit. Cet ouvrage
avait pour but de critiquer certaines prten-tions des chrtiens. L'auteur semble s'tre ins-
pir des ouvrages antrieurs de Cclse et de
Porphyre (1); mais il y introduit un nouveau
sujet de controverse : aux miracles du Christ,
miracles dont les chrtiens prtendaient s'at-tribuer le monopole, pour y trouver la preuvede la divinit de leur Matre, Hirods opposeles miracles d'Apollonius, et il se sert pourcela de la Vie d''Apolloniusde Philostratc.
Eusbede Csarc rpondit immdiatement
celte critique dilirocls par un trait, quiexiste encore de nos jours, et qui est intitul.:Contra I/ieroclem (2). Tout en admettant
(l) Voir Duchesnc prpposdcs ouvrages de MacariusMagnes, rcemment dcouvcrls (Paris, 1877).
(a)l.e texte le meilleur est celui de Gaisford (Oxford,18*>2),RttsebtiPamphili contra llleroclem.Cet crit a t
joint h un grand nombre d'ditions de Philostrate. Il
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42 APOLLONIUSDE TYANE
qu'Apollonius ait pu lrc un homme sage et
vertueux, Eusbe nie que les oeuvres merveil-leuses qui lui sont attribues aient, t relle-ment accomplies; ajoutant que, si mme ondevait admettre la ralildcccs miracles, ce ne
pourrait tre qu'en tant qu'oeuvre du dmon,d'Eusbc mais non comme oeuvr de Dieu. Ce
trait est fort intressant; ls dires de Philos-Iratc y sont scrupuleusement analyss. Si letalent de critique, de tout premier ordre, dontce trait fait preuve et t exerc sur lesdocuments de l'glise (donl il fut le premier
historien),l'ternelle reconnaissance de la
pos-trit et t acquise Eusbe. Malheureuse-
ment, en sa qualit d'apologiste, ne voyantqu'une face des choses, Eusbe demeure
tranger l'ide de justice en tout ce quiconcerne le Christianisme. Il et considr
comme un blasphme d'employer ses facultscritiques sur les documents relatant les
en existe deux traductions en latin, une en italien, uneen danois, toutes adjointesAta Viede Philostrate, et uneen franais dite a part : Discoursd'Kusbe,uquede
Csare,louchant tes miraclesattribuspar les paens Apolloniusde Tyane. (In 12 Ir. p. Cousin, Paris, 1851,p. 13.*>et suiv,).
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OPINIONSDESANCIENSSUn APOLLONIUS 43
miracles de Jsus. Et cependant, ainsi que
l'avait fait observer Ilirocls, ce problme.du miracle est le mme pour Jsus que
pour Apollonius, cl il demeure le mme pournous actuellement.
Au XVI 0 sicle, la controverse ce su-
jet reprit avec ardeur. L'hypothse du dmon
auteur de tous les miracles accomplis endehors de l'Eglise perdant de sa valeur,par suite des progrs de la pense scientifi-
que, les miracles d'Apollonius redevinrentd'une explication fort difficile. Une nou-
velle hypothse se fil jour : celle du plagiai,et on tenta de faire de la vie d'Apollonius une
copie paenne de la vie de Jsus. Voil ce
qu'Eusbc et les Pres de l'Eglise qui lui suc-cdrent n'avaient jamais souponn. 11 cslvrai d'ailleurs, qu' leur poque, la rfutation
d'une pareille assertion eut t trop facile.Pas un mot du livre de Philoslrale ne nouslaisse supposer que la vie de Jsus lui ftconnue. D'autre part, si attrayantes quepuissent paratre certains les thories ten-
dancieuses de Raur, nous dironsqu'entanl que plagiaire de l'histoire vanglique,
Philoslratc a compltement chou. 11 crivit
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44 APOLLONIUSDETYANE
en effet non pas le drame de la Divinit incar-
no accomplissant en elle toutes les proph-ties failes depuis l'origine du monde, mais
simplement la vie d'un homme sage et bon,
ayant pour mission d'enseigner, auquel la
prosprit reconnaissante attribua de nom-breux miracles.
Vers 315, Lactance attaqua, lui aussi, letrait d'Hirocls, qui semble avoir mis en lu-mire quelques critiques trs justifies sur ce
sujet. Ce Pre de l'Eglise ne put s'empcher dereconnatre qu'Hirocls cite tant d'enseigne-
ments intrieurs (intima) de l'Eglise qu'ildevait avoir t soumis, un moment ou unautre de sa vie, la discipline (disciplina) chr-tienne. Ce qui n'empche pas Lactance d-dire : C'est en vain qu'Hirocls cherche
prouver qu'Apollonius accomplit les mmes
miracles que Jsus, ou de plus grands encore^car si les chrtiens proclament la divinit de
Jsus, ce n'est pas cause des miracles qu'ilaccomplit, mais parce qu'il ralisait en sa per-sonne tout ce que les prophtes avaientannonc
(1). En
plaantla
questionsur ce
(I) Lactance,/M'//,?Instiltilionex,V,2 et 3, d. l'rilsche,(Leipzig, 1812),p. 233,23
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OPINIONSDESANCIENSSUIlAPOLLONIUS 45
terrain, Lactance mieux qu'Eusbc avait jug
combien le miracle , en tant que preuve,tait insuffisant.
Arnobc, le professeur de Lactance, quicrivit avant celle controverse, vers la fin duIIIe sicle, parle d'Apollonius et le classe
simplement parmi les Mages, de mme queZoroaslrc et d'autres, qu'Apule mentionnedans le passage auquel nous avons dj faitallusion (1). Aprs la controverse dont nousvenons de parler, les opinions des Pres dif-frent grandement les unes des autres. Jean
Chrysostome q alific avec amertume Apol-lonius d'tre menteur et malfaisant, cl d-clare les vnements de sa vie dnus de fon-dement (2). Au contraire, vers la mme po-que, Jrme parle favorablement de notre
philosophe, car, aprs avoir lu Philoslrate, il
crivit qu'Apollonius trouvait en touleschoses matire s'instruire et s'amlio-
(1) Arnobc, Adversusnaliones, I, 2, d. llildchrand(Halle, 1814),p. 86. CePre de lglisc, cependant, aveccet exclusivisme de vues, particulier aux judo-chr-tiens, omet Mosedans sa liste des Mages.
(2)Jean Chrysostome, Adversusjudieos, V,3 (p. C31).DeLaudibusSancll l'aull, Apost. Ilomil. IV (p. 4!>3.d.Montfaucon).
3.
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rcr(l). Augustin,audbutdu Vesicle, tout en
tournant en drision toute comparaison pos-sible entre Apollonius et Jsus, constate quela rputation du Tyancn, quant la vertu,tait bien suprieure celle, attribue
Jupiter (Jovc) (2).Isidore de Pluse, qui mourut vers /|50, nia
brutalement qu'il y ait jamais eu aucun fon-dement l'affirmation de certain (qu'il n
dsigne pas plus clairement) qu'Apolloniusde Tyane ait consacr certaines places, encertaines parties du monde, pour le salut de
leurshabitants
(3).11est intressant de comparer celle ngationd'Isidore avec le passage dj cit du Pseudo-Justin. L'auteur de Questions cl Rponsesaux Orthodoxes ne pouvait, au IIe sicle,trancher la question par une brutale ngation.
11l'admit donc, mais pour la discuter sur upautre terrain, c'est--dire : l'intervention du
(1)Saint Jrme, Ep. ad Paullinum,53 (texte d'aprsKayser, Prface IX).
(2)Saint Augustin, lptlres, CXXXVIII(texte d'aprs
Lcgrnnd d'Aussy, op. cit., p. 294),(3)Isidorede Pelusc, Kpp.,p. 133,d. J. Billius (Paris,1585).
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OPINIONSDESANCIENS.SURAPOLLONIUS 47
diable. Aucun critique impartial ne peut
d'ailleurs prendre au srieux l'argument quece ft par la magie qu'Apollonius accom-
plit ses miracles, alors que d'ignorants chr-tiens ont, par un seul mot, opr de miracu-leuses gurisons (1). Non seulement aucune
preuven'a
putre
apporte queces mthodes
furent celles employes par Apollonius, maisau contraire le Tyancn lui-mme, ainsi quePhilostratc, se dfendirent toujours nergi-quement de cette accusation de magie.
Quelques annes plus lard, Sidoine Apol-
linaire, voque de Clbrmont, parla du Tyancnen termes trs logieux et traduisit en latinla Vie d'Apollonius, pour Lon, conseillerdu roi Euric. 11 crivit en ces termes sonami : Lisez la vie d'un homme qui, sans
parler du ct religieux, vous ressemble en
bien des points : recherch des riches sansles avoir jamais recherchs; aimant la sagesseet mprisant l'or; frugal au milieu'des festins;habill de toile parmi ceux qui se revotaientde pourpre, austre au milieu des volup-
tueux.*, enfin, sincrement parler, je doute
(1)VoirArnobc,op. cit.
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48 APOLLONIUSDE TYANE
qu'un historien puisse trouver dans l'antiquit
un philosophe dont la vie gale celle d'Apol-lonius (I).Nous voyons donc, d'aprs loul ceci, que,
s'il y avait,parmi les Presde l'Eglise, diverses
opinions au sujet d'Apollonius, les philo-sophes le louaient unanimement.
Ammien-Marcellin, le dernier citoyen deHome qui composa une histoire profane enlatin et qui fut ami de l'cmpcrcur-philosopheJulien, fail allusion au Tyancn comme au plus renomm des philosophes (2). Quel-
ques annes plus tard, vers la fin du IVesicle, Eunapc, lve de Chrysanthius, un desmatres de Julien, crivait qu'Apollonius fui
plus qu'un philosophe, un intermdiaire, en
quelque sorte, entre les dieux et les hom-mes (3).
V(1)Sidoine Apollinaire,ftpp*,VIII, 3. Voir aussi Fa-
bricius, DibliolhecaGrieea, pp. 61),505(d. Maries).L'ouvrage de Sidoine sur Apollonius est malheureuse-ment perdu.
(2)Amplissimusillephilosophus{X\\l\,7).Voiraussi XXI14 et XXIII.10.
(3)tt Otvt v.x\M}
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OPINIONSDESANCIENSSUHAPOLLONIUS 4'J
Non seulement Apollonius pratiquait la phi-
losophie pythagoricienne, mais il en per-sonnifiait tout la fois le ct le plus divinet le ct le plus pratique . En ralit, Philos-trate aurait d intituler'sa biographie : Le
Sjour d'un Dieu parmi les hommes (l). Cetenthousiasme en
apparencevient de ce
qu'Eu-nape appartenait une cole connaissant lanature des pouvoirs attribus Apollonius.
En effet, au Ve sicle on trouve un cer-tain Volus'icn, proconsul d'Afrique, descen-dant d'une ancienne famille romaine et trs
attach la religion de ses anctres, qui vn-rait Apollonius comme un tre surnaturel (2).Mme aprs la dcadence de la philosophie,
Cassiodorc, qui termina sa longue vie dans
gal aux dieux. Les Grecs appelaientdamonun tel tre.Ce mol de damon,grce de sectaires et aprs discus-sions, n longtempst dtourn de son sens primitiflevqui correspondait ce que nous appelons vulgairementange . Voir Platon,Symposium,XXIII, r.iv xi aijiwovfmattxi 0O3xi xat OVTJO,toutce quiest dainionicnsetrouve entre Dieu et l'homme.
(1) L'unapc, ViloePhjfosophorumProcemium,VI; d.loissonadc (Amsterdam,1822),p. 3.
(2)Apolloniusde Tyane,Rville,p. 50.Il m'a t mal-heureusement impossible de dcouvrir sur quelle auto-rit se base celte assertion.
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RO APOLLONIUSDE TYANE
un monastre, parla d'Apollonius comme
d'un philosopho renomm (1). Les crivainsbyzantins partagent ccllo unanimit au VIIIesielo. Le moine Georges Syncells, qui,dans ses crits, fait do frquentes allusions noire philosophe, non seulement n'met pas lamoindre critique son sujet, mais encore le d-
clare le premier et le plus illustre do tous lespersonnages illustres qui vcurent sous l'Em-
piro romain (2). Tzelzcs, le critique gram-mairien, lui aussi, appelle Apollonius le 1res
sage qui a la prescience de toutes choses (3).Au
XIe sicle,si le moine
Xiphilin,en
note de son Abrg de Vhistoire romaine deDion Cassius, qualifie Apollonius de magicienet d'adroit escamoteur (f\), Cdrnus, lamme poque, dcerne notre philosophe letitre assez flatteur d' adeple de la philo--
sophie pythagoricienne (5) , et il relate cer-
(1)Insignisphilosophus.Voir son Chronicon,crit versl'an 519.
(2)Dans sa Chronographia.Voir Lcgrand d'Aussy, op.cit., p. 313.
(3)Chiliades,II, 60.
(4)Cit par Lcgrand d'Aussy,op. cit., p. 286.(5) *ltX5io
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OPINIONSDESANCIENSSURAPOLLONIUS M
tains incidents qui se passrent Byzanceo le
Tyancnfit
preuvede l'efficacit de ses
pouvoirs. D'ailleurs, si nous en croyons Nice-
tas, il existait encore Byzance, au XIIIe
sicle, certaines portes de bronze consacres
par Apollonius, et qui durent tre fondues, car
elles taient devenues, mme pour les Chr-
tiens, un objet de superstition (1).Si, de mme que toutes les autres biogra-
phies d'Apollonius, celle de Philostrate avait
disparu, les passages que nous venons de citerseraient les seuls documents que nous poss-derions concernant le Tyancn (2), Si cela est
peu de chose en regard de la remarquable per-sonnalit de notre philosophe, c'en est assez
cependant pour dmontrer que la majoritdes suffrages do l'antiquit lui fut acquise.
j'ai,traduit par
adepte veut dire : celui
quia tous
les lments sous son pouvoir .(1)Lcgrand d'Aussy, op. cit., p. 308.(2)Exceptionfaito de lettres douteuses et de quelques
extraits d'une des oeuvresperdues d'Apollonius.
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CHAPITRE V
TEXTES,TRADUCTIONSET LITTERATURE
Nous allons examiner maintenant notre su-
jetdans les textes, les traductions et la littra-
ture des temps plus modernes. Aprs de longssicles d'oubli et d'obscurit, le souvenir
d'Apollonius revint au monde, mais sous debien mauvais auspices.
La controverse Hirocls-Eusbe fut reprise
son origine. Des rgions calmes de la, phi-losophie et de l'histoire, celle discussiontomba dans l'arne des pres et violcnls pr-
jugs religieux. Aldus hsita longtemps
imprimer le texte de Philostrate, encore ne lefit-il (en 1501) qu'en y ajoutant en appendicele texte d'Eusbe, afin, disait-il, que l'anti-dote accompagnt le poison . En mme temps
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TEXTES,TRADUCTIONSET LITTERATURE .13
parut, do cet ouvrage, une traduction latine
du Florentin Binuccini (I).Au XVI 0 sicle, on fit, outre la version
latine, une traduction italienne (2) et uneInduction franaise (3) de cet ouvrage.
A Yedilio princeps d'Aldus, fut substitueun sicle plus lard une dition de Morel (i),
dition qui fut elle-mme suivie, un sicleaprs, par celle d'Olcarius (5). Un sicle et
(1)Philostratus, De Vila AppolloniiTyanei,Libri octo,tr. par A. Hinuccinus,et litisebius contra Uieroclem,tr.par 7.. Aceiolus (Venise, 1501-04,fol.). La traduction deHinucoifut revue et
corrige parHeroaldus,et
imprirnie Lyon en 1501,puis a Cologneen 1534.(2)F, Ba'dolli,FiloslraloLemniodlia Vila di Apollon
nio Tianeo(Florence,1349,in-8).(3)niaise de Vignrcs,/a Vied'Apolloniuspar Pltilos-
Irale (Paris, 1596,1599,161!}.La traduction de n. de Vi-gnrcs fut, par la suite, corrigepar FrdricMorel,puis,plus lard encore, par Thomas Artus.sieur d'Kmbry,qui
y ajouta des notes ampoulesattaquant violemmentlesprodiges attribus Apollonius.Ily eut encore une tra-duction franaise de Th. Sibilcl vers 1560,mais celle-cine fut jamais imprime. Le Ms. en tait conservdansla Bibliothque Impriale. Voir Miller,Journal des Sa-vants,1849,p. 625(cit par Chassang,op. cit., p.'iv).
(4) F. Morcilus,PMlostraliLemniiOpra,grec cl latin
(Paris, 108).(5) G. Olearius, Philoslralorumqu.v supersunl Omniagrec cl latin (Leipzig,1709).
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81 APOLLONIUSDETYANE
demi plus tard cncoro, le texte d'Olearius fut
remplac parcelui de
Kayscr (quifui lo
pre-mier texte critique). La dernire dition decet ouvrage contient les plu?, rcentes cri-
tiques concernant ce sujet (1). Toutes les in-formations relatives au manuscrit se trouventdans les Prfaces latines de Kayscr.
Afin que le lecteur soit mis bien au courantde tous les dtails bibliographiques de cette
guerre d'opinions, nous allons tcher mainte-nant de donner une ide gnrale des opi-nions que l'on trouve dans la littrature plusrcente concernant Apollonius. Si le lecteur
impatient aspire quelque chose de plusintressant, il peut aisment interrompre sa
lecture; mais, s'il est un amant de la voie
mystique et s'il ne so complat point dansla controverse querelleuse, qu'il veuille aumoins
sympathiseravec
l'auteur, qui, avant(1)C, L. Kayscr,Flavii Philoslrali quoesupersunl,etc.
(Zurich,1844,in-4).A. Wcstcrmann dita aussi en 1849un texte : Philoslralorum et Callislrali Opra dans l'di-
'
lion Didot: Scriplorum Grsecorum IVibliolheca(Paris,1849,in-8).En 1853,Kayscr publia une nouvelle dition,
puis, plus tard,une 3e dans la IiibliothecaTeubnerianu
(Leipzig, 1870), avec de plus amples renseignementsdans la prface.
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TEXTES,TRADUCTIONSET LITTERATURE 55
de pouvoir se former une opinion personnelleet consciencieuse, a du prendre connais-
sance do tous les ouvrages du sicle dernier,sans compter une bonne douzaine de ceuxdes sicles prcdents.
Toutes les opinions antrieures au XIXesiclo sont entaches de prventions sec-
taires (1) contre Apollonius, Entre tous lesouvragos, consacrs spcialement ces con-
troverses, nous citerons ceux des abbs
Dupin (2) et de Tillemont (3). Ce sont deviolentes attaques l'adresse du Tya-ncn, crites dans le but de rserver le mo-
nopole des miracles au Christianisme. Lesouvrages des abbs Ilouttcvillc (/|) et Lttdei6 APOLLONIUSDETYANE
son fils Caracalla.Tous trois, Scptime Svre,Caracaila et Julie
Domna,tudiaient les arts
occultes, pour lesquels on se passionnait cette poque. Aussi le sceptique Gibbon, dansson esquisse sur Svre et sa clbre pouse,crit-il :
De mme que la plupart des Africains, S-
vre s'adonnait avec passion aux vaincs scien-ces de la magie et de la divination. Il tait trsvers dans l'interprtation des songes et des
prsages, ainsi que dans la science de l'astro-
logie judiciaire (I), qui, de tous temps, hormisle tcmpsprscntjinlluencrcntsifortement l'es-
prit humain. Svre perdit sa premire femmelorsqu'il tait gouverneur de la Gaule lyon-naise. Dans le choix de sa seconde femme, ilne voulut contracter alliance qu'avec une per-sonne favorise par la fortune, et aussitt qu'il
dcouvrit qu'une jeune dame d'Einse en Syrietait de nativit royale (2), il sollicita sa mainet l'obtint.
Julie Domna (3), c'tait son nom, taitdignc
(1)Il est Ici question de science astrologique, d'horo*
scope,etc.
'N.D.
R.(2)Ces italiques sont de Gibbon.(3)Plus correctement: DomnhJulie, Domnan'tait pas
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LE UIOfiRAPtlED'APOLLONIUS *'7
de lout ce que les astres avaient pu lui pr-
dire. Jusque dans un ge avanc, ello conser-va les sductions de la beaut (1). Elle unissait une vive imagination un esprit ferme et un
jugement sur, qualits rares chez une femme. Si ces dons aimables curent peu de puis-
sance sur le caractre sombre et jaloux do
Svre (2), il n'en fut pas de mmo pour Cn-racalla ; car, sous le rgne de son fils, JulioDomna administra les principales affaires de
l'Empire avec une prudence qui soutint l'auto-rit de l'Empereur et une modration qui cor-
rigea parfoisses folles
extravagances.Julio
s'occupa,avec un certain succs, de littrature^et de philosophie, et elle y acquit une granderputation. Elle patronnait tous les arts etelle tait l'amie de lout homme de gnie (3).
Nous voyons ainsi, mmo en tenant compte
du jugement quelque peu malveillant de Gib-bon, que Julie Domna tait une personnalitremarquable, dont les actes publics tmoi-
un diminutifde Domina,mais le nom syrien de l'imp-ratrice.
(1) Kllc*mouruten 217de notre re.(2)Lo contraire est soutenu par certains historiens.(3)Gibbon,Dclineand Fait, I, VI.
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68 APOLLONIUSDE TYANE
gncnt de desseins bien dfinis, d'une volontbien rflchie, et dont lavic
priven'avait
pasd'histoire. ,Ce fut sa requte que Philoslralc crivit la
Vie d'Apollonius, et ce fut elle qui lui donna,comme canevas un certain manuscrit qu'ellepossdait; car celte ravissante fille de Bas-
sianus (prtre du soleil Emse) faisait col-lection de livres de toutes les parties du
monde, principalement de manuscrits de phi-losophes ou de notes biographiques concer-nant tous ceux qui avaient tudi le senscach des choses.
Philoslralc tait-il rellement la hauteurde la tche qui lui tait confie? On en peutdouter. S'il csl vrai qu'il tait homme de let-tres plein de talent, au style parfait, critiqued'art et antiquaire passionn, ainsi' que sesoeuvres en font
foi,il tait
cependant ftUittun sophiste qu'un vritable philosophe. Fana-
tique de Pythagore et de son cole, il les ad-mirait distance, travers le prisme de savive imagination. Hlait sduit par l'atmos-
phre merveilleuse qui s'en dgageait, mais
n'avait aucune notion personnelle de In disci-pline de celte cole, ni aucune connaissance
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LE BIOGRAPHEDAPOLLONIUS 69
pratique des forces internes de l'amc dont
s'occupaientses
adeptes.Il en parle donc
comme' d'une chose examine superficielle-ment, mais non pntre dans sa nature in-
time.
Quant aux sources d'o il a tir ses docu-
ments sur Apollonius, Philostrate les expose en
ces termes (1) : J'ai tir mes documents desvilles qui ont aim Apollonius, des templesdont il a rtabli les rites et les rgles tombsen dsutude. J'ai recueilli ce que les uns et
les autres m'ont dit de lui et j'ai consult ses
propres lettres (2). Voici cependant comment
j'ai obtenu des informations plus dtailles.Dans l'ancienne cil de Ninus (3) vivait autre-
fois un homme instruit, nomm Damis. Ce
(1)Je me suis servi, d'un bout n l'autre, du texte de
Kayscr, ditions 181Get 1870.(2) Une partie de ces lettres (pas toutes) appartenaient l'empereur Hadrien (117-138)5elles talent dposesdans son palais d'Antlum(VIII,20).Ceci prouve ta granderenommedont jouissait Apollonius, peu aprs sn dis-parition du monde, et pourquoi sn mmoire tait toit-jours vivante,llappclons-nus qu'Hadrien tait un souve-rain
clair-,un
grand voyageur,un
esprit1res
religieuxet qu'il tait initi aux mystres dlcu3is.(3)Nlnlve.
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70 APOLLONIUSDE TYANE
Damis fut disciple d'Apollonius. Il raconta
les voyages qu'ils entreprirent ensemble, ci-tant, au cours de son rcit,,les ides, les
maximes, les prdictions de son matre. Cecahier de notes (1), jusqu'alors inconnu, avaitt apport l'Impratrice Julie par un parentde Damis. Comme je faisais partie de l'entou-
rage de celle Impratrice qui aimait et encou-rageait toutes les oeuvres littraires, elle me
chargea de transcrire ces esquisses en en cor-
rigeant la forme, carie style du Ninivitc, s'iltait toujours clair, tait peu correct. J'ai pris
galementconnaissance d'un livre de Maxime
d'Ege (2) contenant le rcit des actes d'Apol-lonius Ege (3). De plus, Apollonius alaiss un testament qui nous montre qu'ildifiait presque la philosophie (h). Les quatre
(1)ti< &
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LE BIOGRAPHEDAPOLLONIUS 71
volumes de Moeragne sur Apollonius (1) ne
mritent aucune attention, les principaux faitsde la vie du Tyancn tant inconnus cet
auteur. (I, 2, 3.)Telles sont donc les sources o Philoslralc
puisa ses informations. A l'exception de quel-
ques
lettres peut-tre, ces documents ne sont
malheureusement plus noire disposition.Pour les recueillir, Philoslralc ne recula de-
vant aucun effort. Il nous dit lui-mme, dans
les dernires pages de son livre (VIII, 31),avoir voyag dans presque toutes les contres
du monde et avoir entendu redire partout lesparoles inspires (2) d*Apollonius. Il con*naissait dans tous ses dtails le temple lev
aux frais du trsor imprial et'consacr lammoire d'Apollonius, ( les empereurs
ayant jug le Tyancn digne des mmes
honneurs qu'eux ), temple dont les prtres,avaient d, sans nul doute, recueillir le plusde renseignements possible sur Apollonius.
Une analyse parfaitement critique de l'clt'ort
*(1) Cette vie pot' Mceragncest mentionne par hasard
dans Origine, Contra Celsum,VI, {i, d. Lommatzsch(Hcrlin,18',i),II, 3;3.
(2)XO'YOIJ&at;j.ovto'..
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72 APOLLONIUSDE TYANE
littraire de. Philoslralc devra donc tenir
compte de ces facteurs divers et tcher defaire remonter chaque pisode sa sourceinitiale. Malgr cela, cependant, le travail del'historien sera forcment incomplet, car ilest trs clair que Philostrate a considrable-ment embelli sa narration, en y ajoutant
des notes et des discours composs par lui.Les auteurs anciens n'ayant pas l'habitude
de sparer les notes des textes, il faut liretrs attentivement la biographie de Philos-
lralc, pour ne pas confondre les documents
originauxet les commentaires de l'auteur
(I).De plus, Philoslralc, lorsqu'il mentionne unnom ou un fait, y trouve matire montrerses propres connaissances, connaissances qui,la plupart du temps, sont d'une nature pluttfantastique et lgendaire. Ce cas se prsente
surtout pour la description du voyage d'Apol-lonius dans l'Inde. L'Inde, cette poque, et
longtemps aprs encore, fut considre commela fin du monde, et de nombreux contesde voyageurs et fables mythologiques circu-
(1) Il y en a peu de preuve aussi nette que dansl'exemple suivant : Ce qui suit, est ce que fat pu ap-prendre, sur Dabylonc. (I, 25.)
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LE BIOGRAPHEDAPOLLONIUS 73
laienl son sujet. On n'a qu' lire les rcits
crits depuis Alexandre sur l'Inde (1) pour ytrouver l'origine des faits tranges raconts
par Philoslralc comme lant survenus
Apollonius. Pour ne citer qu'un exemple entre
mille, Apollonius eut traverser le Caucase
(nom indtermin sous lequel on dsignait le
grand systme de montagnes qui sert dlimiteseptentrionale TAryavarla). Depuis des si-
cles, on enseignait aux enfants que Promlhctait mort sur le Caucase.
Si donc Apollonius avait travers le Caucase,il devait avoir vu les chanes de
Promthc,et c'est ce que Philoslralc affirme (11, 3). Nonseulement cela, mais il s'arroge, de plus, ledroit d'affirmer ne pouvoir dire en quoi ellesliaient faites ! Une altcnlivc lccluro de M-
gasthne rduira singulirement les intermi-
nables proportions du rcit de ce voyage dans
(1)Voir E. A. Schwanbcck, MegasthenesIndka (Bonn,I8l6),cl J.-W. M'Crindlc,AncienlIndia as destrlbedby Me-gasthenesand Arrian (Calcutta, Bombay, Londres, 1S77).TheCommerceand Navlgallon'ofIhe Erythrean sea (1879)
AncienlImliaasdescrtptedbyKtestas(iBS-i),AnctentIndiaasdescripledby Plolemy(Londres, 1885)cl The InvasionofIndia by AlexanderIhe Great (Londres, i8y3,iSyti).
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APOLLONIUSDE TYANE
l'Inde(I, Al, III, 58)etmontreraqucleslongues
pages de Philostrate ne sont qu'un larcin failaux nombreux livres sur l'Inde que cet auteur
fut mme de consulter (I).Selon les auteurs de ces traits, Porus (2)
(le Bajah vaincu par Alexandre) tait, de
temps immmorial, rqi de l'Inde. A cette
poque, lorsqu'il tait question de l'Inde oude toute autre contre lointaine, les auteursse figuraient tre obligs d'intercaler toutesles lgendes ayant trait aux pays dont ils
parlaient, de crainle de n'tre pas lus. Ils
secroyaient
tenus de la couleur locale,et cela dut tre surtout le cas dans un effort
de rhtorique technique comme celui de Phi-lostrate.
Il tait de mode aussi d'insrer des dis-cours composs que l'on faisait prononcer
de clbres personnages en de certainescirconstances historiques. Thucydide et lesA des des Aptres nous en offrent de nom-breux exemples, et il est donc naturel que
(i) Un bon exemple de cette manire de procder se
trouve dans les recherches faitespar Philoslralc sur leslphants dons Yllislotrede Lybiepar Juba (II, i3 et iG).(a) Pcul-trc un titre, peut-tre le roi des Pourui.
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LE BIOGRAPHEDAPOLLONIUS 75
Philoslrale se soit conform cet usage.
Quoique nous ayons rdig des notes surtous ces points, nous n'insisterons pas davan-
tage sur cette partie du sujet, car ce ne serait
plus une esquisse, mais un fort volume qu'ilnous faudrait crire. Ces quelques remarquesont seulement pour but de montrer l'lu*-
diantla distinction qu'il est ncessaire dfaireentre le texte de Philostratc et les textesdes documents employs par lui (1).
Quoique nous reconnaissons loute l'impor-tance d'une critique srieuse l ou il s'agit de
faits historiques, il faut nous garder cepen-dant de tout juger d'aprs nos conceptionsactuelles.
De toutes les littratures religieuses de l'an-
tiquit, la littrature judo-chrtienne seule asu veiller les sympathies de l'Occident; avec
elle seule nous sommes familiariss par notreducation. Aussi, tous les ouvrages antiques,parlant religion, dans un sens diffrent du sens
(1)Non que Philoslralc se cache aucunement de sesembellissements(voyezII,17)quand il dit : Permettez-
moi do remettre a une autre fois ce que J'ai a dire ausujet des serpents, sur la manire de les chasser, ma-nire dont Damis donne une description.
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juif ou du sens chrtien, nous paraissent-ils
tranges,voire mme
antipathiques, pourpcuqu'ils soidnt obscurs ou extraordinaires. C'estdans le style le plus lev, illumin par la
plus haute pense de l'poque, que les actescl les enseignements des prophtes juifs, deJsus et des Aptres ont t relats, tandis
que les faits et gestes des autres, prophtes oudes autres instructeurs ont t la proie de la
critique la plus malveillante, la plus dter-mine rtc pas essayer de comprendre cettemanire de voir. Le monde et- progress en
sympathie, en largeur d'esprit, en connais-
sance de Dieu, de la nature de l'homme et decelle de l'Ame, si toutes les littratures reli-
gieuses avaient t indistinctement consid-res dans un mme esprit de justice.
Rappelons-nous donc, en lisant In vie
d'Apollonius, quenous ne
devons pasla voir
avec nos yeux de juifs, de protestants ou de
catholiques; mais avec les yeux d'un Grec.De mme que l'Un ou le Tout, le Nombre
doit nous sembler une manifestation authen-
tique du Divin, car les Dieux existent
en vrit malgr les commandements et lescroyances particulires. Si les Saints, les Mor-
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LE BIOGRAPHEDAPOLLONIUS 77
tyrs et les Anges semblent remplacer les
Hros,les Dmons et les
Dieux,ce
sontchan-
gements de noms et de points de vue humains
qui n'affectent que peu les faits invariables.Sous les noms sans cesse diffrents donns
par les hommes, raliser le fait de la ReligionUniverselle, comprendre et sympathiser avec
les craintes, les esprances qui agitrentchaque phase de l'esprit religieux> lire pourainsi dire dans les vies passes de nos mes c'est l une lche difficile, et cependant,tant que nous ne saurons pas comprendre le
pointde vue des autres, nous ne serons,
capables d'apercevoir qu'un seul ct de laVie Infinie de Dieu.
Celui qui tudie les religions compares nedoit pas s'effrayer des termes, il ne doit nifrissonner nu mot polythisme , ni reculer
d'horreur celui de dualisme , ni prouverune satisfaction exagre celui de mono-thisme . II ne prononce pas le nom de Yahwch avec vnration, ni ce'ui de Zeus avec mpris. Lp mot dmon ne doit
pas plus, lui reprsenter un satyre que le mot
ange une crature aile d'une idale beaut.Pour lui, hrsie ni orlhodoxic ne doivent
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78 APOLLONIUSDE TYANE
exister. Il ne doit considrer que son me, se
purifiant lentement elle-mme travers sespropres expriences, et contempler la vie detous les poinls de vue possibles, de sorte
qu' la fin il puisse voir le tout et, ayant vu le
tout, devenir un avec Dieu.Pour Apollonius, la simple forme de la foi
d'un homme n'tait pas une choso essentielle.Se trouvant l'aise dans tous les pays, danstous les temples, il avait pour tous des parolesd'encouragement. Son intime connaissancedel faon de voir de tous lui permit doremettre chacun dans le droit chemin. Detels tres sont rares, les traces, qu'ils ontlaisses sont prcieuses et se passent desembellissements des rhtoriciens.
Nous allons d'abord tcher de reconstituerla vie publique d'Apollonius pendant, sa jeu-
nesse et ses voyages (en les dgageant desadditions de Philostrate), ensuite nous consi-drerons le genre de mission qu'il accomplit,la nature de la philosophie qu'il chrissait et
qui fut sa religion, enfin, nous essaierons, sicela nous est possible, de comprendre la di-
rection de sa vie intrieure,
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CHAPITRE VII
JEUNESSE DAPOLLONIUS
Apollonius naquit Tyane, ville du sud de
In Cappadocc, dans les premires annes dol're chrtienne (1). Ses parents taient d'uneancienne famille possdant une fortune consi-drable (I, h). Ds ses plus jeunes annes, onle vil dou d'une mmoire prodigieuse, et
plein d'ardeur pour l'tude. Il tait remar-
quable par sa beaut. A quatorze ans, il futenvoy par ses parents Tarse (centre inlcl-
lectuel, le plus important de cette poque)pour y terminer ses tudes. Mais Apollonius
(1)Il circule de nombreuses lgendes sur les mer-
veilles survenues nu moment de sa naissance, elles sontde la mme nature que toutes les autres lgendes con-cernant la naissance des grands tres.
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ne larda pas aller Ege (ville silue sur la
cte l'est de Tarse), la vie A'cole, rensei-gnement purement rhtorique el littrairedonn Tarse convenant peu son caractresrieux. A Ege, le milieu rpondant mieux ses besoins, il se mit avec ardeur tudierla philosophie. Il fut admis dans l'intimit des
prlrcs du temple d'Esculape (lemplc o se
produisaient des gurisons), et il jouit de lasocit et du savoir des lves et des matresdes coles philosophiques platonicienne, sto-
cienne, pripatticienne et picurienne. Tout
en tudiant avec soin ces divers systmesde pense, ce fut pour les leons de l'cole
pythagoricienne qu'il montra une extraordi-naire profondeur de comprhension (1), quoi-que son matre, Euxnc, ne pratiqut pas lui-mme cette discipline et qu'il en rptt les
doctrines la faon d'un perroquet. Cet ensei-gnement suffit cependant l'ardent espritd'Apollonius, grce la merveilleuse mmoire
qu'il avait, et qui sut infuser In vie dans leslernes paroles d'Euxnc et les stimuler. A
l'gede seize uns,
Apollonius s'orienta dfini-
(1)afJTJtwttvfwt\.t JVVAIC.
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tivcmcntvcrsla vie pythagoricienne, guid, non
par Euxnc, mais par un plusgrand matre (I).Il conserva cependant une grande affection
pour celui qui lui avait montr la voie, et il le
rcompensa gnreusement (I, 7).Quand Euxnc demanda Apollonius cont-
inent ilcomptait
commencer son nouveau
genre de vie, celui-ci lui rpondit : Commeles mdecins qui commencent par purger leursmalades. A partir de ce moment, Apolloniusrefusa de manger rien de ce qui avait eu vie,disant qu'une telle nourriture paissit l'esprit
et le rend impur, cl que la seule nourriturepure est celle produite par la terre : lc.4 fruitset les lgumes. 11 s'abstenait aussi de vin, carle vin, quoique produit par un fruit, troublerallier (2) dans l'me et dtruit le calme de
l'esprit, disait-il. H s'en alla, d'ailleurs, nu-
pieds, laissa pousser ses cheveux et ne se vtitplus que de lin. II'commena par vivre dansle temple, admir des prtres, approuv par Es-
culape (3). 'Son asctisme et sa pit le rendi-rent si rapidement clbre que certaine parole
(1)Asavoir: la mmoirequi tait en lutou son damon.(2)Cet ther est, sans doute, la matirementale.(3)Cela veut dire sans doutequ'il tait encourag dans
Bpsefforts par ces aides invisibles du temple, qui op-
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des Cilicicns son sujet devint un proverbe (1).
A l'ge de vingt ans, il perdit son pre (samre tait morte depuis quelques annes
dj). Celui-ci laissait une fortune consid-
rable, qu'Apollonius dut partager avec sonfrre an, jeune homme de vingt-trois uns,dissolu et dissip. Apollonius tant encore
mineur, continua vivre Ege, o le lemplcd'Esculapc tait devenu un centre d'ludsd'une vie inlcnse, faisant retentir le monde del'cho des discours de la plus haute philo-sophie. Ce n'est que lorsqu'il fut majeur
qu'il retourna Tyane, dans le but d'essayerd'arracher son frre la vie vicieuse dans
laquelle il avait gaspill la plus grande partiede son hritage. Apollonius lui abandonna lamoiti de ce qui lui appartenait, et, par sestendres exhortations, finit par le rendre sa
dignit d'homme. Tout nous porte croirequ' ce moment Apollonius consacra une
partie de son temps arranger ses affaires defamille. C'est alors qu'il distribua le reste de
raient les gurisons au moyen des songes, cl de l'aide
psychique ou magntique.(1)O courez-vous si vile? Allez-vousvoir lejeune
homme 7
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l'hritage de son pre entre quelques-uns de
ses parents, ne gardant qu'une part insigni-fiante pour lui : J'ai peu de besoins, disait-
il, et je ne me marierai jamais. (1,13.)Ce fut cette poque qu'Apollonius fit voeu
de silence pour cinq ans. Il avait rsolu den'crire aucun
ouvragede
philosophieavant
de s'tre soumis celle salutaire discipline.Il passa ces cinq annes principalement en
Pamphilic et en Cilicic. Il voyagea de ville en
ville, ne s'enfermant pas dans un monastre,
quoiqu'il consacrai l'lude la plus grande
partie de son temps. Il fut bien des fois violem-ment tent de rompre son voeu. Son trangeapparence attirait l'attention, et ce philosophesilencieux devint le point de mire des railleriesde la populace moqueuse. A cette grossiret,il n'opposait que la dignit de son maintien et le
regard de ses yeux qui lisaient maintenant dansl'avenir et dans le pass. Lorsqu' quelque in-sulte plus forlc ou quelque mensonger com-
mrage, il manquait clater, il se contenait
par ces mots : Sois patient, mon coeur, et toi,
ma langue, demeure silencieuse (I).
(1,14.)
(1)Comparez: Odysse,XX,18.
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La privation de la parole ne l'empcha pasde faire le bien. Mme alors il commena
rprimer des abus, se faisant comprendre pardes mouvements de tle et par ses yeux. Une
fois, Aspcndc, en Pamphylic, il rprimaune meute, au temps de la moisson, imposant
silence la foule par ses gestes imprieux,crivant ensuite sur ses tablettes ce qu'il avait dire (I, 15).
Pour loulc celte priode, ou pcul-trc seu-lement pour celle qui s'coula jusqu'au dpartd'Ege, Philoslratc semble s'en tre rapport
au rcit de Maxime d'Ege. La narration con-tient ensuite une grande lacune. Pour les
.quinze ou vingt annes (I) suivantes, nous netrouvons dans Philoslralc que deux courts cha-
pitres*, traitant de vagues gnralits (I, 10; 17),
jusqu'ce
quecommencent les notes de Damis.
Aprs ses cinq annes de silence, c'est
Antiochc, qui parat n'tre qu'une tape dans
(!) Je serais dispos a croire qu'Apollonius tait en-tore un jeune homme quand il partit pour l'Inde. Quel-
ques auteurs disent qu'il devait avoir alors quarante-sixans. Malheureusement,les difficultsde l'exactitudechro-nologique sont presque insurmontables pour la plupartdes faits de la vie d'Apollonius,
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une longue priode de voyages et de travail,
que nous retrouvons Apollonius. Si Philos-lralc nous parle d'Antiochc, c'est sans doulc
parce que le peu qu'il nous dit de celle poquede la vie du Tyancn, il l'avait recueilli danscelle ville trs frquente. Plus lard, incidem-
ment, Philoslralc nous dit qu'Apollonius avaitpass quelque lemps parmi les Arabes et
qu'il avait t instruit par eux. Le nom d'Ara-bie dsigne ici le sud de la Palestine, quitait alors une vritable ppinire de commu-nauts mystiques. Les endroits qu'Apollonius
visitait, taient,non pas des villes peuples etbruyantes, mais des lieux retirs, encore em-
preints de l'esprit de recueillement, car, disait-
il, il lui fallait pour auditeurs *
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