l’usage de l’aromatherapie dans les soins hospitaliers
Post on 18-Jun-2022
8 Views
Preview:
TRANSCRIPT
1
Présenté et soutenu par : Blandine BARROIS
L’USAGE DE L’AROMATHERAPIE DANS LES SOINS HOSPITALIERS
Mémoire de fin d’études présenté en vue de la validation de l’UE 5.6. S6 « Analyse de la
qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles »
Préparé sous la direction de : Madame Carine SENE
Promotion 2017-2020 Rendu le 04 mai 2020
2
3
Remerciements
Je souhaite remercier ma guidante, madame Carine Sene, pour son accompagnement et sa
bienveillance, tout au long mon travail.
Un grand merci également aux professionnels de santé qui m’ont accordée du temps et ont
accepté de répondre à mes questions en me délivrant des informations et des conseils
précieux.
Mes remerciements vont également à mes amis pour leur soutien et leurs encouragements,
qui m’ont permis de mener à terme ces études.
Je remercie plus particulièrement ma maman et mes beaux-parents pour leur appui qui a
facilité mon quotidien avec les enfants et sans lesquels la réalisation de ma formation aurait
été encore plus délicate. J’ai aussi une tendre pensée pour mon papa.
Enfin je tiens à remercier mon mari et mes enfants de m’avoir soutenue pendant ces 3 années,
et de m’avoir permis d’aller au bout de mon souhait de devenir infirmière à 40 ans.
4
Table des matières Remerciements ................................................................................................................. 3
INTRODUCTION ............................................................................................................ 5 Présentation du thème et situation d’appel ............................................................................................... 5 Présentation du questionnement initial ..................................................................................................... 5 Justification de l’importance du phénomène et pertinence du questionnement .......................................... 6
1 PHASE EXPLORATOIRE ....................................................................................... 8 1.1 L’aromathérapie .........................................................................................................8 1.2 Les médecines complémentaires .................................................................................8 1.3 Les huiles essentielles ..................................................................................................9 1.4 Premier entretien et analyse ..................................................................................... 10
1.4.1 L’aromathérapie comme outil .............................................................................................. 10 1.4.2 Des conseils sur les huiles essentielles mais pas de prescription ........................................... 11 1.4.3 Le vécu des patients ............................................................................................................ 11 1.4.4 Le ressenti des soignants ..................................................................................................... 11
1.5 Deuxième entretien et analyse................................................................................... 14 1.5.1 Rôle de la pharmacie en service d’oncologie pour les patients bénéficiant de thérapies orales anticancéreuses ................................................................................................................................. 14 1.5.2 Interactions des MAC avec les médicaments anticancéreux ................................................. 15 1.5.3 Provenance et coût des MAC .............................................................................................. 16 1.5.4 Prescripteurs des MAC ....................................................................................................... 16 1.5.5 Les MAC et le centre hospitalier ......................................................................................... 16
1.6 Présentation de mon questionnement à l’issue de l’enquête exploratoire ............... 18 2 PHASE D’APPROFONDISSEMENT.................................................................... 19
2.1 Méthodologie de la phase d’approfondissement ...................................................... 19 2.2 Synthèse et analyse des entretiens ............................................................................ 20
2.2.1 Intérêt de l’aromathérapie à l’hôpital ................................................................................... 20 2.2.2 La gestion des mauvaises odeurs : « le cheval de Troie » ..................................................... 22 2.2.3 Le financement ................................................................................................................... 23 2.2.4 Un travail en équipe pluridisciplinaire ................................................................................. 23 2.2.5 Les protocoles ..................................................................................................................... 25 2.2.6 L’aromathérapie scientifique ............................................................................................... 26 2.2.7 Les formations en aromathérapie ......................................................................................... 29 2.2.8 Le développement de l’aromathérapie au sein de l’hôpital ................................................... 32
3 CHEMINEMENT VERS LA QUESTION DE RECHERCHE .............................. 35 CONCLUSION ............................................................................................................... 36
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................... 38 ANNEXES ...................................................................................................................... 42
Annexe 1................................................................................................................................. 42 Annexe 2................................................................................................................................. 43 Annexe 3................................................................................................................................. 44 Annexe 4................................................................................................................................. 45 Annexe 5................................................................................................................................. 50 Annexe 6................................................................................................................................. 51
5
INTRODUCTION
Présentation du thème et situation d’appel
Ce travail de fin d’études, aborde le thème de l’usage de l’aromathérapie dans les
soins hospitaliers.
C’est un sujet qui m’intéresse tout particulièrement car d’une part, j’ai pu constater une
démocratisation de l’utilisation des plantes en automédication dans mon entourage
personnel, et d’autre part, j’ai été interpellée par une situation particulière lors d’un stage
quant à l’usage d’huiles essentielles par une patiente.
En effet, atteinte d’un cancer du sein, une patiente ne souhaitait se soigner qu’avec
l’aromathérapie. Esthéticienne à domicile, elle avait bénéficié de formations quant à l’usage
des huiles essentielles afin d’élargir son offre de soins et s’était prise de passion pour cette
pratique. Lors de l’apparition de son cancer, malgré la douleur, et l’évolution rapide de ce
dernier, elle n’a pas souhaité faire appel à la médecine conventionnelle. Elle est décédée,
dans le service, à l’âge de 51 ans.
Pendant sa prise en charge palliative, à l’hôpital, les ressentis dans l’équipe soignante étaient
partagés face aux pratiques de cette patiente. J’ai pu observer de l’agacement, chez certains
soignants, de la voir utiliser ses huiles essentielles dans sa chambre : odeur très présente,
non-respect des protocoles pour la réalisation de ses pansements (car elle souhaitait que les
soignants appliquent des huiles essentielles sur ses plaies liées aux œdèmes) … .Aussi, ils
faisaient part de leurs incompréhensions, face à son refus de bénéficier d’antalgique de
pallier 3 au profit d’huiles essentielles qui ne semblaient pas pouvoir calmer ses douleurs.
D’autres étaient plus ouverts à ce genre de pratique et demandaient des informations à la
patiente sur les vertus de l’aromathérapie.
Présentation du questionnement initial
Cette situation a fait débat dans l’équipe et m’a questionnée par rapport à l’usage de
l’aromathérapie, et plus particulièrement son utilisation en milieu de soins : qu’est-ce que
l’aromathérapie exactement ? Existe-t-il une réglementation, une autorisation préalable de
mise sur le marché comme pour les médicaments ? Son action est-elle prouvée ? Est-ce que
l’aromathérapie peut soigner ?
6
Aussi, je me suis interrogée sur son usage en établissement de santé, certains
soignants mentionnaient le fait que l’aromathérapie commençait à être utilisé à l’hôpital :
mais qu’en est-il exactement ? Quel service l’utilise ? A quelles fins ? Pour quels patients ?
Fait-elle l’objet d’une prescription ?
Et puis, en tant que future infirmière quel sera mon rôle dans son usage ? Pourrais-je
améliorer ma prise en charge grâce à l’aromathérapie ? Est-ce que les soignants peuvent
l’utiliser librement dans leurs pratiques (pansement, relaxation …) ? Quels ressentis, ou à
priori éventuels, ont-ils à ce sujet ? Que savent-ils vraiment de son usage et de son
efficacité ? Leurs représentations sont-elles justes ?
Justification de l’importance du phénomène et pertinence du questionnement
Ainsi, face à cette situation et à mes questionnements, j’ai décidé d’approfondir le sujet
en l’abordant lors de mon travail de fin d’études. Je pense que cela peut intéresser les
professionnels de santé puisqu’il questionne un phénomène de plus en plus présent dans la
société, celui de l’usage de la médecine non conventionnelle, en particulier de
l’aromathérapie.
En effet, il est observable que de plus en plus de personnes ont recours aux médecines
dites naturelles, non conventionnelles, dont l’aromathérapie fait partie. Souvent utilisées en
première intention et en automédication, les huiles essentielles sont en vente libre en
pharmacie ou en magasin et grâce aux quelques conseils de vendeurs, de proches ou d’un
naturopathe, les patients ont recours à leur usage pour soigner leurs maux.
Est-ce lié à une nouvelle mouvance qui prône le retour à l’usage de produits naturels,
considérés plus sains, plus écologiques ?
Ou est-ce un manque de confiance dans la médecine conventionnelle qui incite les usagers
à essayer de se soigner par eux-mêmes (avec donc des thérapeutiques non soumises à
prescription comme les huiles essentielles) ? Les derniers scandales sanitaires ne seraient
pas étrangers à cette tendance.
Aussi, je pense que l’usage des huiles essentielles n’est pas anodin, il faut les
manipuler avec précautions. Le fait qu’elles soient vendues en libre-service peut envoyer un
faux message sur le côté inoffensif de ces produits. Ainsi, je m’interroge sur les réelles
précautions à prendre avec les huiles essentielles.
Enfin, du côté des soignants, d’après mon observation personnelle, ils peuvent poser
un regard septique sur ces médecines dites non conventionnelles, et auraient tendance à
7
douter de leurs efficacités. Dans ce cas, comment établir une relation favorisant l’alliance
thérapeutique avec le patient qui utilise ces méthodes ?
Est-ce en lien avec leurs formations ? Abordent-ils ce type de « traitement » pendant
l’apprentissage de leurs métiers ? Quelle formation est proposée aux soignants à ce sujet ?
C’est dans le but de répondre à ces questions que je souhaite investiguer cette thématique
dans ce mémoire de fin d’études.
8
1 PHASE EXPLORATOIRE
1.1 L’aromathérapie
L’homme utilise la phytothérapie depuis la préhistoire : l’usage de plantes et
d’extraits de plantes, pour soigner et prévenir les maladies, est la plus ancienne des
médecines.
L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie, qui fait appel aux propriétés des huiles
essentielles extraites de plantes aromatiques.
Le terme aromathérapie, provient du latin « aroma », qui signifie arôme, et du grec
« therapeia », traitement. Ce mot a été utilisé pour la première fois par le français René
Maurice Gattefossé (1881-1950), ingénieur chimiste. D’après le docteur en pharmacie et
aromatologue Michel Faucon, auteur d’ouvrages de référence en matière d’aromathérapie,
« l’aromathérapie est une thérapeutique utilisant les essences, les huiles essentielles et les
hydrolats aromatiques extraits des parties aromatiques des plantes médicinales. » (Faucon,
2017, p.25).
1.2 Les médecines complémentaires
L’aromathérapie est souvent qualifiée de médecine douce, naturelle, parallèle, non
conventionnelle, ou encore médecine alternative ou complémentaire.
La médecine traditionnelle est le terme retenu par l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) :
C’est la somme de toutes les connaissances, compétences et pratiques reposant sur
les théories, croyances et expériences propres à différentes cultures, qu’elles soient
explicables ou non, et qui sont utilisées dans la préservation de la santé, ainsi que dans la
prévention, le diagnostic, l’amélioration ou le traitement de maladies physiques ou mentales.
(OMS, 2013, p.15).
En France, la direction générale de la santé utilise le terme de Pratique de Soin Non
Conventionnelle (PSNC) lorsqu’on aborde l’aromathérapie, du fait de l’absence d’études
cliniques systématiques, en opposition à la médecine conventionnelle qui s’appuie sur une
validation scientifique par des essais cliniques et/ou un consensus de la communauté
professionnelle (Ministère des Solidarités et de la Santé, 2017).
9
Il existe plus de 400 pratiques répertoriées par l’OMS qui sont réparties en 4 catégories :
- Les thérapies biologiques : utilisant des produits naturels issus des plantes, de
minéraux ou d’animaux (dont l’aromathérapie fait partie)
- Les thérapies manuelles : axées sur la manipulation (ostéopathie, chiropraxie…)
- Les approches corps-esprit (hypnose médicale, méditation, sophrologie…)
- Les systèmes complets : reposant sur des fondements théoriques et pratiques propres
(acupuncture, homéopathie…).
En France, seules 4 d’entre elles peuvent faire l’objet de titres et mentions, sur les plaques
et ordonnances, par le Conseil de l’Ordre des Médecins : l’homéopathie, l’acupuncture, la
mésothérapie et l’ostéopathie (Conseil National de l’Ordre des Médecins, 2015).
1.3 Les huiles essentielles
L’huile essentielle (HE) est l’essence même de la plante.
Les HE sont définies ainsi par la Pharmacopée européenne (VIème édition) :
Produits odorants, généralement de composition complexe, obtenus à partir
d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement par la vapeur
d’eau, soit par distillation sèche, ou par un procédé mécanique approprié sans chauffage.
L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique
n’entraînant pas de changement significatif de sa composition (cité par Faucon, 2017, p.29).
C’est cette définition qui est également retenue par l’Agence Nationale de Sécurité du
Médicament et des produits de santé (ANSM). Selon elle, les huiles essentielles médicinales
sont des huiles essentielles au sens de la Pharmacopée européenne, possédant des propriétés
médicamenteuses. Des HE ayant des propriétés médicamenteuses peuvent avoir d’autres
usages, notamment alimentaires, cosmétiques, biocides… Selon leur utilisation et leur
revendication, elles seront soumises à la réglementation des produits cosmétiques, des
biocides (sprays assainissants), ou des médicaments à base de plantes.
En France, la majorité des huiles essentielles sont en vente libre.
Les HE à visée thérapeutique n’ont pas besoin d’une autorisation de mise sur le marché mais
doivent être enregistrées auprès de l’ANSM. Elles ne sont pas considérées comme des
médicaments.
Toutefois une quinzaine d’entre elles, spécifiées dans l’article L. 4211-1 du Code de Santé
Publique (CSP), ne peuvent être dispensées qu’en pharmacie car elles ont un rapport
10
bénéfice/risque négatif (Cf. Annexe 1). De plus, l’article L. 3322-5 du CSP mentionne une
liste d’HE qui ne peuvent être dispensées que sur ordonnance car elles peuvent servir à la
fabrication de boissons alcoolisées (Cf. Annexe 2).
1.4 Premier entretien et analyse
Le premier entretien est un entretien libre, réalisé auprès d’une somatothérapeute
psychocorporelle, auparavant infirmière, exerçant au sein d’un Centre d’Étude et de
Traitement de la Douleur (CETD) dans un centre hospitalier.
Une rencontre avec cette professionnelle de santé m’avait été suggérée, car elle utiliserait
les huiles essentielles dans sa prise en charge à l’hôpital.
Avant l’entretien, je me suis renseignée sur la fonction exacte de mon interlocutrice, qui
m’était inconnue. Le terme somatothérapie vient du grec « somato » qui signifie « corps ».
Dans un article, Muriel Besson, aide-soignante et somatothérapeute définit la somatothérapie
comme « l’ensemble des pratiques corporelles à visée thérapeutique (relation d’aide par le
toucher) » (Rioufol, 2013, p.15). A ne pas confondre donc avec la stomathérapie !
L’entretien d’une heure s’est déroulé dans son bureau. J’ai enregistré ses propos, grâce à
mon téléphone portable, et effectué une prise de notes pendant notre entrevue.
1.4.1 L’aromathérapie comme outil
Tout d’abord, elle m’explique que sa pratique s’appuie sur plusieurs techniques
(sophrologie, massages, relaxation, verbalisation…) et qu’elle utilise l’aromathérapie
comme un outil parmi d’autres, lorsqu’elle juge son usage approprié.
En effet, elle peut proposer l’utilisation des huiles essentielles aux patients en diffusion ou
en massage pendant la séance. Elle peut également donner des conseils sur leurs usages,
leurs propriétés… le but étant que le patient puisse les utiliser de manière autonome à
domicile.
11
1.4.2 Des conseils sur les huiles essentielles mais pas de prescription
Elle s’enquiert toujours de prévenir le patient que la consultation d’un médecin ou
d’un pharmacien est indispensable, afin qu’il puisse éventuellement compléter ses conseils,
ajuster le dosage, des huiles essentielles qu’elle préconise.
En effet, elle explique qu’en tant que somatothérapeute elle n’a pas le pouvoir de
prescription. Seul le médecin peut prescrire, même quand il s’agit d’huiles essentielles. Elle
encourage les patients à devenir acteurs de leur santé en se renseignant par eux-mêmes et en
expérimentant : « Ce qui fait du bien à mon voisin, ne me fait pas forcément du bien à
moi ! ».
Ses conseils ne concernent d’ailleurs que l’usage externe (par massage ou diffusion). Elle ne
proposera jamais à un patient d’ingérer une huile essentielle, car elle estime que cela ne
rentre pas dans ses fonctions et son domaine de compétence.
1.4.3 Le vécu des patients
Les patients qui la consultent sont plutôt ouverts aux médecines non
conventionnelles, et sensibles aux méthodes qui peuvent améliorer leur bien-être et leur
confort de vie, le plus souvent en complément d’une médecine allopathique.
Le plus important, d’après elle, est d’accompagner le patient et de respecter son choix. Qu’ils
soient plutôt axés vers la sophrologie, l’énergétique, les huiles essentielles… ou qu’ils soient
des fervents adeptes des traitements médicamenteux, l’important est de pouvoir conseiller
les patients au mieux, en prenant en compte leurs décisions, leurs croyances, car « avant tout,
le seul soin qui agira sera celui auquel le patient croit ! ».
Selon elle « être soignant, c’est accompagner l’autre quel que soit son choix de traitement ».
1.4.4 Le ressenti des soignants
Pour les soignants justement, d’après son expérience, accepter que le patient souhaite
se soigner autrement qu’avec la médecine conventionnelle demande de l’ouverture d’esprit.
La formation en faculté de médecine, en institut de formation en soins infirmiers ou en
institut de formation d’aides-soignants, ne propose que peu, voire aucune, notion de
phytothérapie par exemple. Ainsi, beaucoup de professionnels de santé sont sceptiques quant
à ce genre de pratique, peut-être par prudence ou par peur, souvent par méconnaissance.
12
Ainsi, elle explique que souvent, si le patient utilise un traitement non conventionnel, il aura
tendance à ne pas en parler aux soignants, de peur d’être jugé, stigmatisé, mal compris …
Alors le rapport soignant-soigné s’en trouve asymétrique ; et dans ce cas comment parler
d’alliance thérapeutique ?
La somatothérapeute propose aussi des formations aux pratiques psychocorporelles au
personnel soignant, lorsqu’ils ont inscrit cette thématique dans leur projet de service. Les
méthodes psychocorporelles sont : « des thérapeutiques à médiation corporelle ayant une
action sur le psychisme et les émotions » (El Khiari, 2018, p.11). Beaucoup d’équipes ont
déjà été formées dans ce centre hospitalier. Suite à l’usage répété de ces pratiques par les
soignants dans les services, elle a constaté que certains médecins, initialement réfractaires,
ont évolué du « si ça ne te fait pas de bien, ça ne te fera pas de mal » à un constat bénéfique
sur le bien-être de leurs patients.
Pour conclure, d’après la somatothérapeute, le soin est un ensemble de propositions
qui cohabitent : allopathie, diététique, massage, hygiène de vie, sophrologie …il n’y a pas
de solution unique.
Ainsi, suite à cet entretien, je constate qu’à priori, d’après mes lectures, bien que
l’aromathérapie fasse peu à peu son entrée à l’hôpital, pour l’instant dans ce centre
hospitalier, sa seule pratique ne s’exerce que via la somatothérapeute.
Je pensais qu’un usage plus « poussé » des huiles essentielles serait mis en place, par le biais
de protocoles établis par les médecins pour aider à la cicatrisation des plaies, ou pour calmer
les nausées…
En effet, plusieurs articles relatent des expériences réussies dans des services hospitaliers
quant à l’usage de l’aromathérapie dans les soins (même si en France, l’essor de
l’aromathérapie clinique à l’hôpital se fait plus discret que dans nos pays voisins).
Un article de la revue Soins Gérontologie en fait état : dans plusieurs unités travaillant
auprès de personnes âgées, des huiles essentielles sont utilisées de différentes
manières (diffusion, toucher massage…) pour agir sur différentes indications : perte
d’appétit, douleurs articulaires, toux sèches, anxiété… Autant de maux que peut soulager
l’aromathérapie en complément ou en relais des traitements conventionnels (Lostein et
Marinier, 2014).
Selon l’article, les résultats de ces utilisations sont positifs à tous niveaux, tant d’un point de
vue du patient que de celui des soignants. Une baisse de la consommation de médicaments
a même pu être observée de manière significative dans différents établissements.
13
La fondation Gattefossé encourage ces initiatives et décerne chaque année un prix et une
bourse. Cette fondation, qui rend hommage à l’un des fondateurs de l’aromathérapie, René-
Maurice Gattefossé, soutient au niveau européen l’utilisation des huiles essentielles comme
approche thérapeutique complémentaire dans les services hospitaliers ou institutionnels.
Aussi, l’article mentionne que l’adhésion de toute l’équipe médicale et une formation des
professionnels de santé à l’usage des huiles essentielles sont des prérequis pour proposer des
soins utilisant l’aromathérapie sans danger. En effet, l’usage des huiles essentielles n’est pas
anodin. Il faut maitriser leurs effets indésirables, leurs contre-indications et leurs interactions
médicamenteuses.
De plus, rares sont les études qui prouvent l’efficacité réelle des huiles essentielles. De
nombreux projets d’observations cliniques sont en cours dans différents établissements, afin
de pouvoir crédibiliser les actions des huiles essentielles dans le milieu médical.
Un autre reportage rédigé à ce sujet (Attal, 2014), confirme qu’à l’hôpital de
nombreuses techniques complémentaires font leur entrée et figurent dans les plans
stratégiques de certains établissements. Les préconisations de l’Académie nationale de
médecine tentent de tempérer cet engouement et estiment que les thérapies complémentaires
« doivent rester à leur juste place : celle de méthodes adjuvantes pouvant compléter les
moyens de la médecine » (Attal, 2014, p.25).
De ce fait, cela questionne sur le fait que l’aromathérapie ne soit pas utilisée dans
l’hôpital dans lequel j’ai réalisé mon premier entretien : est-ce par ce qu’il s’agit d’un
mouvement encore précurseur et peu connu ou s’agit-il d’un réel scepticisme de la part des
équipes soignantes quant à l’efficacité de l’aromathérapie ? Ou bien est-ce lié à une difficulté
de mise en place de tels protocoles en établissement de soins (disponibilité des produits à la
pharmacie ? coût financier des huiles essentielles ? ...) ? Ou encore est-ce la peur de proposer
aux patients une approche différente qui n’est pas d’usage en centre hospitalier (peur d’être
décrédibilisé ?) ?
Aussi, cet entretien m’a permis de réaliser que les patients peuvent avoir peur
d’aborder le sujet des médecines non conventionnelles avec les équipes soignantes, de
crainte d’être jugés et mal considérés par ces dernières. Les soignants sont-ils réellement
réfractaires à ce genre de pratique au point de ne pas pouvoir réaliser une prise en soins
respectueuse et adaptée ?
14
1.5 Deuxième entretien et analyse
Le second entretien libre a eu lieu avec une pharmacienne exerçant dans le même
centre hospitalier que précédemment. J’avais eu écho que cette professionnelle de santé
s’intéressait à l’aromathérapie, et s’était inscrite à un diplôme universitaire dans ce domaine.
Ainsi, peut être que cet établissement s’intéressait-il davantage que je ne l’imaginais à
l’aromathérapie ?
Le pharmacien est le spécialiste des plantes médicinales. Il est historiquement responsable
du lien entre le savoir traditionnel et l’usage contemporains des plantes.
C’est, donc, dans ce contexte que j’ai décidé de rencontrer cette professionnelle de santé.
L’entretien de trente minutes s’est déroulé dans son bureau. Le recueil des propos s’est fait
par enregistrement sur téléphone portable.
1.5.1 Rôle de la pharmacie en service d’oncologie pour les patients bénéficiant de thérapies orales anticancéreuses
Tout d’abord, la pharmacienne explique que les patients suivis en oncologie dans ce
centre hospitalier, ont la possibilité d’être accompagné par une équipe de soins de supports
composée de diététicienne, psychologue…. En tant que pharmacienne, elle s’est immiscée
dans cette offre de soins.
Ainsi, elle propose des entretiens aux patients bénéficiant de thérapies orales
anticancéreuses. Son rôle est de donner des explications et des informations sur les
traitements prescrits par l’hôpital, mais aussi de faire le point sur l’ensemble des traitements
que prend le patient, dont les Médecines Alternatives et Complémentaires (MAC). Elle
questionne toujours le patient « est-ce que vous consommez d’autres thérapeutiques que vos
traitements prescrits ? ».
D’après elle, le sujet des MAC est « tabou » pour les patients, ils ont souvent peur d’en parler
aux médecins, l’intérêt est d’ouvrir le dialogue à ce sujet.
En effet, selon Bernard Andrieu (2014), philosophe et chercheur, la position du pharmacien
vis-à-vis du malade est différente de celle du médecin, avec lequel la relation est considérée
parfois comme descendante et paternaliste. Ainsi, le dialogue pour parler de ce type de sujet
serait facilité.
L’infirmier tient également ce rôle de confident privilégié dans cette question. Catherine
Boisseau, cadre de santé, explique dans un article, que beaucoup de patients parlent plus
15
volontiers aux infirmiers qu’aux médecins de leurs traitements alternatifs ou
complémentaires (Dujardin, 2017).
1.5.2 Interactions des MAC avec les médicaments anticancéreux
La pharmacienne va proposer au patient de faire des recherches sur les MAC qu’il
consomme, afin de s’assurer qu’il n’y ait aucune interaction avec leur traitement
anticancéreux oral.
Le but n’est pas de dire au patient : « vous ne pouvez rien prendre en complément de vos
traitements prescrits » et d’engendrer de la frustration, mais bien d’essayer d’accompagner
le patient dans sa prise de décision, en lui fournissant suffisamment d’informations pour
qu’il puisse prendre lui-même une décision libre et éclairée.
« Pour le patient qui utilise les MAC, elles ont souvent beaucoup d’importance. » explique-
t-elle.
Leur attester de l’intérêt, le met en confiance. Lui proposer l’expertise du service de
pharmacologie va le rassurer. Et lorsque la pharmacienne revient vers le patient avec les
résultats, il est très à l’écoute et prend en considération son avis.
Certaines MAC ne perturberont pas l’efficacité du traitement, d’autres seront incompatibles.
La pharmacienne conseillera au patient de les arrêter, mais sa demande sera toujours fondée
sur des recherches scientifiquement prouvées, qu’elle proposera de mettre à la disposition
du patient.
Afin d’acquérir plus de connaissances sur les MAC, et au vu de l’importance du
nombre de patients qui en font l’usage, 40% selon elle, la pharmacienne a décidé de se
former par le biais d’un diplôme universitaire de phytothérapie et aromathérapie, en 2020 à
Besançon.
En effet, en France, près de 4 français sur 10 déclarent avoir recours aux thérapies
complémentaires et plus particulièrement l’homéopathie, l’ostéopathie et la phytothérapie.
En Europe, ce taux atteint 80% chez les patients souffrant de cancer (Attal, 2014).
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer l’émergence importante de ces médecines :
un souhait de prendre moins de médicaments afin d’échapper aux effets secondaires, une
prise en charge plus humaine, le sentiment d’être mieux compris et écouté…
Une étude réalisée pour les entreprises du médicament mentionne que 63% des Français font
confiance à la phytothérapie, 45% disent y avoir recours et 28% lui donnent la priorité devant
la médecine classique (Bedeau et Piquandet, 2011).
16
1.5.3 Provenance et coût des MAC
Le rôle de la pharmacienne est aussi de sensibiliser les patients sur les provenances
des produits qu’ils consomment. Elle questionne sur le lieu d’achat : boutique, internet, en
France, à l’étranger … et les met en garde sur l’importance de choisir des produits de qualité.
L’ANSM (2013) procède depuis 2009, à des achats de produits de santé sur internet, de
manière anonyme, pour en évaluer la qualité et collabore avec les services compétents
spécialisés dans la cyber délinquance. L’analyse en laboratoire de ces produits a mis en
évidence des non-conformités majeures qui peuvent mettre la santé des patients en danger.
La pharmacienne met en garde également sur le coût des MAC : des patients dépensent
des centaines d’euros chaque mois. Il existe un véritable marché autour des thérapies
alternatives ou complémentaires, surtout pour la maladie cancéreuse.
En effet, le marché mondial de la médecine traditionnelle est estimé à plusieurs dizaines de
milliards d’euros par l’OMS et est en très forte croissance (Attal, 2014).
1.5.4 Prescripteurs des MAC
Les prescripteurs sont souvent des naturopathes. La pharmacienne prévient le patient
qu’il ne s’agit pas d’un professionnel de santé, qu’il ne bénéficie pas de formation médicale.
Ainsi, selon elle, pour une personne en bonne santé, les traitements proposés par le
naturopathe pourraient être sans danger, si les conseils de prise sont respectés. Pour une
personne avec un traitement médicamenteux en cours, cela est différent : le naturopathe n’est
pas formé aux interactions possibles.
Effectivement, la formation de ces derniers n’est la plupart du temps pas réglementée, ainsi
les niveaux de formation des praticiens sont très inégaux et peuvent même laisser place à
des dérives sectaires (Attal, 2014).
La Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires
(Miviludes) enregistre sur l’ensemble des signalements reçus, que près de 42% des dérives
sectaires proviennent du domaine de la santé (Miviludes, 2018).
1.5.5 Les MAC et le centre hospitalier
La pharmacienne s’en tiendra là dans ses conseils : elle ne souhaite pas prôner
l’utilisation des MAC, car ce n’est pas ce qui est souhaité dans l’établissement et elle ne
s’estime pas encore suffisamment formée pour le faire. Elle rajoute que sa mission n’est pas
17
de dire aux patients que les MAC sont efficaces ou non, mais de les recentrer sur leurs
traitements conventionnels.
Elle indique avoir déjà réussi à obtenir la confiance des oncologues qui lui permettent
d’aborder le sujet des MAC avec les patients, pour la vérification des interactions, c’est dès
lors une étape.
Les médecins sont souvent démunis pour parler de ces sujets avec les patients, car ils
manquent d’informations. Ainsi, le fait que la pharmacie propose de prendre en charge cette
question, les soulage.
D’ailleurs, l’une des propositions émises par le centre d’analyse stratégique du
gouvernement français est d’offrir aux étudiants des filières médicales et paramédicales, des
modules facultatifs d’initiation aux médecines non conventionnelles, pour qu’ils puissent
informer leurs futurs patients sur les avantages et risques éventuels (Reynaudi, 2012).
La pharmacienne explique que dans certains services, des soignants auraient utilisé des
huiles essentielles dans leurs pratiques, sans être encadrés : sans autorisation préalable, sans
protocole établi. La direction de l’établissement y aurait mis fin rapidement.
Une fois formée, la pharmacienne pourrait proposer la mise en place de protocoles quant à
l’usage des huiles essentielles et de la phytothérapie, afin d’encadrer ces pratiques, mais le
centre hospitalier ne souhaite pas investir ce genre de pratique, qu’il juge, selon elle, inutile
et sans efficacité prouvée.
D’après elle, son rôle doit donc s’en tenir à l’écoute du patient sur ce qu’il consomme et aux
mises en garde sur les éventuelles interactions avec les traitements prescrits par les médecins.
Elle ne donnera pas d’information sur les posologies, les voies d’administration, les atouts
de telles ou telles plantes qui auraient pu être complémentaires par rapport au traitement
conventionnel du patient, car ce n’est pas ce qui est attendu par sa direction.
Pourtant, la pharmacienne est convaincue que ces thérapies peuvent être source de confort
et bien-être et pourraient être proposées comme soins de support, mais cet établissement,
pour le moment, refuse d’aller dans ce sens.
Un laboratoire avait lancé un appel à projet sur l’aromathérapie en centre hospitalier, pour
lequel une équipe composée d’une infirmière, d’un médecin et d’un pharmacien aurait
souhaité répondre, mais la direction n’a pas souhaité donner suite.
Pourtant les responsables de cet hôpital savent que l’usage des MAC existe, et qu’il peut être
problématique quant aux interactions, c’est dans ce but qu’ils ont autorisé le financement du
DU de la pharmacienne.
Mais seulement dans ce but.
18
Pourtant une alliance thérapeutique pourrait être créée avec le patient si les professionnels
de santé de l’établissement pouvaient conseiller et accompagner les patients dans leurs
démarches vers les MAC. Cela permettrait, entre autres, de prévenir le glissement de certains
malades dans une dérive sectaire. « Plus de 75% des patients ne mentionnent pas à leur
équipe soignante qu’ils se tournent vers ces médecines, par peur de déplaire ou de se les
voir déconseiller » (Reynaudi, 2012).
On peut se demander si le fait de former des professionnels de santé sur les MAC pourrait
effectivement limiter les dérives liées à leurs usages ?
1.6 Présentation de mon questionnement à l’issue de l’enquête exploratoire
Aujourd’hui, dans plusieurs centres hospitaliers de France, les MAC et
particulièrement l’aromathérapie ont un rôle à jouer.
L’intérêt de proposer une prise en soin diversifiée est réel. Les limites des traitements
conventionnels et la prise en compte du bien-être et du confort du patient sont aujourd’hui
autant de raisons qui poussent les établissements à proposer des traitements
complémentaires, dont l’usage des huiles essentielles.
Mon interrogation porte alors sur les éléments facilitateurs de la mise en place de
l’aromathérapie dans ces établissements.
Quel rôle peut avoir l’infirmière dans les établissements qui utilisent les HE ?
En quoi l’usage des HE peut améliorer la prise en soin des patients ?
Comment accompagner au mieux ces patients qui décident d’utiliser les HE en
complémentarité de leur traitement conventionnel ?
19
2 PHASE D’APPROFONDISSEMENT Pour la phase d’approfondissement, rencontrer des soignants qui exercent dans des
établissements utilisant l’aromathérapie me permettrait de découvrir les raisons, les
motivations de ces structures à intégrer les huiles essentielles dans les soins.
Un autre but serait aussi de pouvoir répondre au questionnement sur le rôle infirmier quant
à l’usage des huiles essentielles et de mettre en lumière une éventuelle évolution de la prise
en soins avec l’apport de nouvelles compétences.
De plus, cela permettrait de recueillir les ressentis des soignants quant à l’usage des
médecines complémentaires dans leurs pratiques, mais aussi les questionner sur les réactions
des patients face à cette nouvelle proposition de soins.
C’est dans l’objectif de répondre à ces questions que le guide d’entretien a été construit (Cf.
Annexe 3).
L’objectif général de ce guide est d’en savoir davantage sur la mise en place et l’usage de
l’aromathérapie dans les services hospitaliers.
2.1 Méthodologie de la phase d’approfondissement
Le premier entretien de la phase exploratoire est réalisé avec une infirmière, exerçant
au sein d’une équipe mobile d’accompagnement et de soins palliatifs, dans un centre
hospitalier universitaire (CHU). Le choix de cette infirmière s’est fait après la lecture d’un
article mentionnant sa mobilisation pour introduire les huiles essentielles dans l’hôpital où
elle exerce.
L’échange d’environ 30 minutes s’est déroulé au téléphone, étant donné l’éloignement
géographique. Le guide d’entretien a servi de base à la discussion. Dans cet écrit, je
l’appellerai « infirmière n°1 ».
Pour le deuxième entretien, le choix de l’interlocutrice a été également consécutif à
une lecture. En effet, un article mentionnait qu’un service d’un centre hospitalier venait de
recevoir le Prix d’Aromathérapie Clinique Naturactive. Ce prix soutient les personnels
soignants du milieu hospitalier suivant des protocoles innovants à base d’huiles essentielles.
Ainsi, ce deuxième entretien téléphonique d’une trentaine de minutes s’est déroulé avec une
infirmière, également praticienne en santé naturelle, du service de soins palliatifs primé.
Le guide d’entretien a été une nouvelle fois le support de notre échange. Dans cet écrit, je
l’appellerai « infirmière n°2 ».
20
Pour le troisième entretien, le choix est fait de rapporter les propos d’une infirmière,
qui par l’intermédiaire de son livre, et d’une conférence filmée mise à disposition sur
internet, témoignait de son parcours avec les huiles essentielles. Cette infirmière, et
désormais aromathérapeute, a commencé à intégrer l’aromathérapie dans les soins il y a dix
ans, au sein du service d’oncologie et hématologie dans lequel elle travaillait. Aujourd’hui,
référente en aromathérapie dans l’hôpital au sein duquel elle exerce, elle est titulaire de
plusieurs prix pour son travail à ce sujet, dont le prix de la fondation Gattefossé qui
récompense annuellement une équipe hospitalière pour son approche scientifique et clinique
de l’utilisation des huiles essentielles comme thérapie complémentaire. Le guide d’entretien
a servi de support pour cet échange téléphonique d’une quarantaine de minutes. Dans cet
écrit, je l’appellerai « infirmière n°3 ».
Les « prix » sont des distinctions qui valorisent les actions des équipes au regard de la
communauté soignante, mais ils sont aussi intéressants d’un point de vue financier, car ils
sont souvent assortis d’une dotation pour soutenir leurs recherches.
Le point commun de ces trois infirmières est leur contribution à la mise en place de
l’aromathérapie dans leurs services. Ainsi, elles pourront répondre à mon questionnement
quant aux éléments qui ont permis d’instaurer l’aromathérapie à l’hôpital, mais aussi sur
l’usage qu’elles font des HE et les raisons qui les incitent à les utiliser auprès des patients.
Un tableau résume le compte rendu des entretiens réalisés auprès de ces trois infirmières
(Cf. Annexe 4).
2.2 Synthèse et analyse des entretiens
2.2.1 Intérêt de l’aromathérapie à l’hôpital
Les trois infirmières se sont toutes intéressées, en premier lieu de manière personnelle,
à l’usage de l’aromathérapie. Par simple attrait des médecines dites naturelles, ou pour
essayer de répondre aux impasses thérapeutiques de la médecine conventionnelle qu’elles
rencontraient personnellement, elles ont toutes expérimentées les HE.
Convaincues par leurs propriétés bienfaisantes, elles ont cherché à en savoir davantage sur
l’aromathérapie. De nombreuses lectures, des formations, des rencontres les ont confortés
dans l’intérêt de la pratique de cette médecine complémentaire.
Déterminées, elles ont décidé d’en faire bénéficier les patients de leurs services.
21
Dans chacun de leur service (oncologie et soins palliatifs), le terme « soins de support »
prend tout son sens. Les soins de support sont définis par I. Krakowski, F. Bourreau, R.
Bugat, et al., comme « l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades,
parallèlement aux traitements spécifiques lorsqu’il y en a, tout au long des maladies
graves » (cité par Pascal et Fossé, 2006, p.43).
Ils ont pour mission d’améliorer la qualité de vie des patients.
C’est dans ce but que les trois infirmières ont décidé de proposer l’aromathérapie dans les
services, comme une proposition de soins complémentaires aux traitements allopathiques.
Selon Monique Formarier (2009), le concept de qualité de vie est un concept relativement
nouveau dans le vocabulaire médical et infirmier. Il est lié à l’augmentation des maladies
chroniques et au vieillissement de la population. L’OMS donne la définition suivante « c’est
la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et
du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses
normes et ses inquiétudes » (cité par Formarier, 2009, p.234).
Et ces trois infirmières avaient bien l’intention, grâce à l’usage des huiles essentielles, de
contribuer à améliorer cette perception.
D’autant que la Haute Autorité de Santé (HAS) stipule que le rôle des professionnels de
santé ne se limite pas uniquement à soigner (cure), mais aussi à « prendre soin » (care). Elle
identifie que : « Prendre soin vise, au-delà de la technicité du geste, à soulager les
symptômes, diminuer la souffrance et donc favoriser l’autonomie et le confort de la
personne. » (HAS, 2016, p.6).
Lucile Barré (2015), infirmière ressource douleur, témoigne dans son article intitulé
« l’aromathérapie en hébergement pour personnes âgées dépendantes », de sa volonté
d’instaurer une prise en soins plus humaniste et d’allier modernité et soins traditionnels.
Valérie Chevallier (2018), cadre de santé et chef du projet « aromathérapie », explique dans
la revue Soins Aides-Soignantes, que son choix de proposer une approche préventive,
thérapeutique et complémentaire par l’intermédiaire des huiles essentielles, s’inscrit dans le
désir de contribuer à améliorer la qualité des soins et le bien-être au travail.
L’ensemble de ces raisons a incité ces infirmières à vouloir partager leurs connaissances en
aromathérapie avec leurs collègues et en faire bénéficier les patients.
22
Mais qu’est ce qui leur a permis de réussir leur entreprise ? Quels arguments ont-elles
utilisés pour décider les responsables de service à adhérer à leur projet ? Quelles étapes ont-
elles dues franchir ?
La pharmacienne et la somatothérapeute interrogées dans la phase exploratoire ont fait part
des freins, et des difficultés à la mise en place de l’aromathérapie à l’hôpital, Alors...
comment ces trois infirmières ont-elles pu parvenir convaincre ?
2.2.2 La gestion des mauvaises odeurs : « le cheval de Troie »
Dans chacun de leur service, les infirmières ont progressé par étape.
Les infirmière n°1 et n°3 ont tout d’abord proposé de mettre en place l’aromathérapie pour
gérer les mauvaises odeurs. En effet, les huiles essentielles ont des propriétés odorantes,
mais elles peuvent aussi créer une atmosphère antiseptique, tonique ou relaxante (Faucon,
2017) qui peuvent être intéressantes pour un usage hospitalier. Ainsi, comme le spécifie
l’infirmière n°1, le postulat de départ « ça ne sent pas bon à l’hôpital » a servi de « cheval
de Troie » pour faire entrer les huiles essentielles dans le service. La diffusion n’avait pas
un objectif thérapeutique, mais plus un objectif d’assainissement de l’air ambiant.
L’infirmière n°3 précise que dans son unité, son projet était de remplacer l’usage du papier
d’Arménie (papier parfumé à la résine de benjoin du Laos) utilisé pour purifier l’air ambiant
par la diffusion, jugée plus agréable, d’huiles essentielles.
Décidées à proposer l’aromathérapie pour gérer les mauvaises odeurs, elles devaient
maintenant convaincre ...
Fortes de leurs formations en aromathérapie et études scientifiques à l’appui, les infirmières
n°1 et n°3 ont argumenté leurs projets lors d’un entretien avec leurs chefs de service ou ont
dû rédiger un projet et le soutenir devant la direction des soins et toutes les instances de
l’hôpital.
Pour l’infirmière n°2, cette démarche n’a pas été nécessaire car la chef de service, elle-même
formée en aromathérapie, avait déjà commencé à introduire l’usage des huiles essentielles
dans l’unité.
Au travers de mes lectures, j’ai pu constater que la mise en place de l’aromathérapie est
grandement facilitée si elle est initiée par un médecin ou un pharmacien. Leurs formations
cartésiennes reconnues leur donnent une légitimité à instaurer des nouvelles pratiques.
23
2.2.3 Le financement
Une fois les accords de principe obtenus, la question du financement a été une autre
étape importante à laquelle chacune a reçu une réponse différente : un financement par le
CHU a été autorisé pour l’une d’entre elles, pour une autre le financement a été proposé par
une association de patients et pour la dernière, aucun financement n’a été possible dans un
premier temps, elle a donc acheté les huiles essentielles sur ses fonds propres.
Le côté financier évoqué par mes interlocutrices est un obstacle important dans l’instauration
des médecines complémentaires à l’hôpital. Effectivement, même en cas d’accord de la
direction sur le principe de proposer des thérapeutiques issues de médecines
complémentaires ou des soins de confort et de bien-être, la question « qui va payer ? » est
un enjeu sérieux.
Pourtant en France, la mise en place des soins de support est soutenue par les mesures des
plans cancer. En effet, le plan cancer 2003-2007 (e-cancer.fr) mentionnait déjà dans une de
ses mesures : « Accroître les possibilités pour les patients de bénéficier de soins de support,
en particulier prise en compte de la douleur et soutien psychologique et social ».
Ensuite, le plan cancer « 2014-2019 » intègre dans ses objectifs l’amélioration de la qualité
de vie par l’accès aux soins de support (e-cancer.fr).
Ainsi, les centres hospitaliers ont des directives précises concernant l’intégration des soins
de support dans leurs offres de soins et des fonds sont octroyés pour ces missions. Mais ils
ne semblent pas suffisants. En effet de nombreux soins de support sont financés par des
associations, comme la ligue contre le cancer, ou par des réseaux plus locaux.
2.2.4 Un travail en équipe pluridisciplinaire
D’après mes interlocutrices, acquérir le soutien des responsables et des médecins du
service est un élément indispensable pour la réussite du projet. Aussi, leur confiance et leur
ouverture d’esprit sont des éléments facilitant leurs adhésions à la proposition de l’usage de
l’aromathérapie.
Comme le stipule Lucile Barré (2015), la mise en place de l’aromathérapie est un travail
complexe qui nécessite de progresser avec des « partenaires de soins ».
Le pharmacien est un collaborateur important dans cette entreprise. Cependant, au sein
de plusieurs établissements dans lesquels les huiles essentielles ont été proposées, la
pharmacie n’a pas souhaité prendre part à ce projet.
24
Effectivement, les huiles essentielles, comme nous l’avons déjà vu, ne sont pas des
médicaments. Pour cette raison la pharmacie a, dans certains hôpitaux, refusé l’achat de ces
produits. D’autres ont parfois accepté de les acheter, mais ont alors refusé de réaliser les
synergies.
Une synergie est « un phénomène par lequel plusieurs huiles essentielles mises en mélange
agissent ensemble pour créer un effet global plus favorable que si les huiles essentielles
étaient utilisées séparément. » (Lobstein, A. , Malaquin-Pavan, E., et al., 2018, p.10).
L’infirmière n°2 confirme « qu’utilisée en synergie, chaque HE voit ses propriétés
décuplées ». Ainsi, les HE sont souvent utilisées sous cette forme.
Je me suis questionnée sur la raison du refus des pharmaciens : pourquoi refusaient-ils de
réaliser ces préparations ?
Les huiles essentielles sont considérées par le Code de la santé publique comme des
« préparations à base de plantes » (article R5121).
Lorsque le pharmacien réalise lui-même une synergie, les huiles essentielles ainsi préparées
et délivrées, changent de qualification et deviennent des « médicaments à base de plantes ».
Cette préparation est dite « préparation magistrale ».
Les préparations sont donc des médicaments préparés en pharmacie pour les besoins
spécifiques d’un ou plusieurs patients. Leur réglementation et leur sécurité sont assurés par
l’ANSM. Elles sont réalisées et délivrées sous la responsabilité du pharmacien et dans le
respect des bonnes pratiques de préparation.
Ainsi, la responsabilité du médecin qui la prescrit, et celle du pharmacien qui la prépare et
la délivre, sont engagées.
Il ne s’agit pas pour le pharmacien de s’engager sur l’efficacité d’une préparation, mais d’en
juger son éventuel danger... et il s’agit donc d’être suffisamment formé pour pouvoir engager
sa responsabilité sans prendre de risque.
À la lumière de ces nouveaux éléments, je comprends mieux pourquoi certaines pharmacies
hospitalières ne souhaitent pas réaliser les synergies, ce n’est effectivement pas un acte
anodin dénué d’engagement.
Aussi, le travail en équipe prend une place prépondérante dans une autre étape de la
mise en place de l’aromathérapie dans les services de soins : l’élaboration de protocole.
25
2.2.5 Les protocoles
Les trois infirmières interrogées ont toutes été à l’initiative de l’instauration de
protocoles pour utiliser les huiles essentielles dans leur pratique.
Elles les ont rédigés, puis les ont soumis à validation aux médecins responsables des
services, en devant prouver une nouvelle fois leur efficacité et leur innocuité.
Selon le ministère de la santé, « les protocoles de soins constituent le descriptif de techniques
à appliquer et/ou de consignes à observer dans certaines situations de soins ou lors de la
réalisation d’un soin » (cité par Pellinghelli, 2009, p.30).
Dans les soins, il existe différentes catégories de protocoles :
- Les protocoles sur prescription médicale : traitements médicamenteux, préparations
pour des examens, surveillance post examen ...
- Les protocoles issus du rôle propre infirmier : soins d’hygiène, éducation ...
- Les protocoles administratifs : conduites à tenir en cas de décès, conduites à tenir
lors d’un don d’organes ...
- Les protocoles d’urgence
Les protocoles de soins infirmiers sont des « documents rédigés par des équipes soignantes
et avec la représentation de l’autorité médicale ou institutionnelle » (Pellinghelli, 2009,
p.30).
L’article R4311-3 du CSP mentionne « Il (l’infirmier) peut élaborer, avec la participation
des membres de l'équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son
initiative. »
La rédaction d’un protocole a plusieurs objectifs : harmoniser les pratiques professionnelles,
évaluer la qualité des soins infirmiers, développer et valoriser les compétences du savoir
infirmier, garantir un cadre juridique, encourager la recherche en soins infirmiers ...
Le protocole se distingue de la prescription médicale car il peut s’appliquer à une pluralité
de patients, au contraire de la prescription médicale qui s’adresse obligatoirement à un
individu.
Ainsi la rédaction de protocoles, pour la mise en place de l’aromathérapie dans les services
hospitaliers, a de nombreux avantages et implique l’ensemble de l’équipe soignante.
Aussi, la mise en œuvre de ces protocoles nécessite l’usage de la clinique infirmière.
La démarche clinique infirmière comprend cinq étapes : l’observation, l’analyse et
interprétation des données (diagnostics infirmiers), l’élaboration de stratégies d’actions, la
réalisation des activités et l’évaluation des résultats (Formarier, 2009).
26
De ce fait, l’usage de protocole prescrit et d’un raisonnement clinique pertinent sont des
prérequis à un usage sécuritaire des huiles essentielles auprès des patients.
Comme l’indique une des infirmières interrogées : « chaque fois que les huiles essentielles
sont utilisées, il y a une traçabilité, une évaluation et un retour, mais surtout il y a un
protocole bien validé et respecté ».
Cependant, pour participer à la rédaction d’un protocole qui permet l’usage des huiles
essentielles, il faut maitriser les bases de l’aromathérapie scientifique.
2.2.6 L’aromathérapie scientifique
Les trois infirmières ont eu à justifier l’efficacité de l’aromathérapie, pour l’introduire
dans leurs pratiques, en basant leurs argumentations sur les recherches en aromathérapie
scientifique.
C’est Pierre Franchomme qui fonde l’aromathérapie dite scientifique en introduisant la
notion de chémotype. Un chémotype est une race chimique qui permet de donner une
véritable « carte d’identité chimique » à chaque huile essentielle (Faucon, 2017). Ce terme
caractérise les huiles essentielles botaniquement et chimiquement. Pour chaque plante,
plusieurs chémotypes peuvent exister, selon leur origine géographique, leur stade
d’avancement dans la saison, leur biotope (climat, altitude, ensoleillement...) ...
Cette découverte des années 1970 fut donc une grande avancée pour l’aromathérapie, qui
pouvait désormais prouver scientifiquement les propriétés des huiles essentielles.
Du chémotype, de leur composition chimique, va donc découler les propriétés
thérapeutiques des huiles essentielles. Les molécules qui les composent vont donner aux
huiles essentielles leurs propriétés singulières. Elles sont regroupées en plusieurs grandes
familles biochimiques auxquelles sont attribuées des propriétés pharmacologiques (Cf.
Annexe 5) :
- Les terpènes : monoterpènes, sesquiterpènes, diterpènes, triterpènes
- Les phénols et terpénols : monoterpénols, sesquiterpénols, diterpénols
- Les alédhydes
- Les acides
- Les esters
- Les éthers
- Les cétones
- Les oxydes terpéniques
27
- Les coumarines
- ...
Pour le romarin par exemple (rosmarinus officinalis), les spécificités biochimiques (noté
s.b.), ou chémotypes, peuvent être les suivants :
Chémotype et
Dénomination
française
Composition
biochimique
Origine Propriétés
thérapeutiques
Rosmarinus
officinalis sb 1,8
cinéole
Appelé Romarin
officinal à cinéole
Oxydes : 50% (cinéole)
Monoterpènes : 25%
Cétones : 10%
Monoterpénols : 6%
Sesquiterpènes : 5%
...
Tunisie
ou
Maroc
Usage pour les
pathologies
bronchopulmonaires
Propriétés fluidifiante et
exporante
Rosmarinus
officinalis sb acétate
de bornyle,
verbénone
Appelé Romarin
officinal à acétate de
bornyle, verbénone.
Monoterpènes : 50%
Cétones : 13%
Oxydes : 12%
Esters : 10%
...
Corse Usage pour les
pathologies hépatiques
Rosmarinus
officinalis sb
camphre
Appelé Romarin
officinal à camphre.
Monoterpènes : 40%
Oxydes :30%
Cétones : 30%
...
Provence
ou
Sud de
l’Espagne
Facilite l’effort
musculaire et l’activité
cardiaque
Michel Faucon souligne que l’apport des connaissances en biochimie dans le domaine de
l’aromathérapie s’est avéré indispensable « tant pour augmenter la sécurité des patients que
pour assurer la qualité des soins qui leur sont prodigués » (Faucon, 2017, p.152). Cette
28
contribution scientifique a ainsi pu promouvoir l’aromathérapie et assurer aux prescripteurs
« une efficacité, une fiabilité et une sécurité d’emploi certaine » (Faucon, 2017, p.152).
Cependant, Michel Faucon constate qu’aujourd’hui la classification des HE en fonction de
leurs propriétés biochimiques a ses limites. En effet, les attributs des molécules identifiées
dans les HE ne pourraient pas expliquer à eux seuls toutes leurs propriétés, ni même toutes
leurs toxicités potentielles. D’après lui, la fonction chimique ne doit plus être considérée
comme le seul critère d’efficacité. D’autres éléments sur les HE seraient encore à découvrir
et à prendre en compte : prise en considération de la forme géométrique complète des
molécules, de leur fréquence d’émission et de résonance ... . Des recherches sont en cours à
ces sujets.
Aussi, le pouvoir odorant des huiles essentielles est également à considérer. En effet,
il aurait la capacité de modifier notre comportement. L’utilisation des HE pour cet usage
s’appelle l’olfactothérapie.
L’infirmière n°3 en fait l’usage. Il s’agit d’utiliser les propriétés émotionnelles des huiles
essentielles. « On part du principe qu’une HE correspond à une émotion. Avec les huiles
essentielles, on va pouvoir concevoir un parfum thérapeutique. ». Elle indique que pour cette
utilisation, on se trouve dans une sphère très émotionnelle, « mais l’émotion fait partie du
vécu de la maladie », elle est donc également à prendre en compte.
Selon Michel Faucon, l’olfactothérapie scientifique utilise les méthodes d’imagerie
cérébrale pour observer les zones du cerveau activées pendant l’application de stimulus.
D’après lui, « elle représente un vaste champ de recherche dont l’avenir est prometteur... »
(Faucon, 2017, p.254).
Les bienfaits observés de l’aromathérapie peuvent également impliquer d’autres
causes sans lien avec les huiles essentielles en elles-mêmes. En effet, l’usage de
l’aromathérapie auprès des patients nécessite une relation soignant/soigné privilégiée, qui
engage des valeurs comme l’empathie, impose de prendre du temps avec le patient et de le
considérer dans sa globalité. Cette prise en soins de qualité impacterait positivement le
soulagement des malades et permettrait d’obtenir « une potentialisation réelle des
thérapeutiques synergiques mises en œuvre. » (Faucon, 2017, p.240).
Selon Carl Roger l’alliance thérapeutique est « la perception par le patient de la capacité
d’empathie du thérapeute, qui influence le travail thérapeutique » (cité par Formarier, 2009,
p.66). Les effets bénéfiques de l’aromathérapie peuvent ainsi également peut-être
29
s’expliquer du fait de l’alliance thérapeutique forte induite par l’usage des huiles essentielles
comme soin de support auprès du patient.
2.2.7 Les formations en aromathérapie
Les infirmières interrogées ont toutes réalisé de nombreuses heures de formation.
Deux d’entre elles (infirmières n° 1 et 3), ont été formées, entre autres, par l’intermédiaire
du diplôme universitaire (DU) d’aromathérapie clinique de la faculté de pharmacie de
Strasbourg. D’après elles, cette formation leur a donné une légitimité et des connaissances
reconnues par leurs pairs.
Aussi, l’infirmière n°1 stipule que les formations requièrent beaucoup de travail personnel,
les connaissances pharmaceutiques et chimiques nécessaires pour manipuler les huiles
essentielles étant importantes et pointues.
En France, il existe plusieurs diplômes universitaires en phytothérapie et
aromathérapie. Ces formations ont beau toutes porter le même titre de diplôme universitaire,
elles n’en sont pas moins très différentes. Un diplôme universitaire est un diplôme délivré
par une université. Cette formation est gérée de manière autonome par l’université qui la
propose, et ainsi peut prendre diverses formes (formation de quelques heures à plusieurs
années) et s’adresser à des publics très différents. De ce fait un diplôme universitaire, n’est
pas un diplôme d’état.
Par exemple, le diplôme d’université d’aromathérapie clinique de Strasbourg est ouvert à
tout professionnel de santé diplômé et prioritairement à ceux qui ont un projet de mise en
place de protocoles d’aromathérapie dans leur service ou leur établissement. La formation
propose un programme en 3 modules et 105 heures de formation en un an.
Le DU de phytothérapie et d’aromathérapie de Besançon est quant à lui réservé aux
médecins et pharmaciens et est composé de 80 heures d’enseignement, réparties sur 2 mois.
A Dijon, l’université de Bourgogne propose le DU d’aromathérapie scientifique à visée
clinique. Il est dispensé aux médecins, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, masseurs-
kinésithérapeutes et ergothérapeutes. La formation contient 62 heures d’enseignement sur
une année universitaire.
Je peux donc constater que les diplômes en aromathérapie sont nombreux, sans compter ceux
octroyés par des établissements privés...chacun a sa spécificité, son coût, mais aussi sa
renommée.
30
L’infirmière n°2 a suivi, quant à elle, la formation de praticien en santé naturelle de
l’École Internationale Santé Bien-Être de Toulouse. Cette formation de plus de 600 heures
propose d’acquérir des compétences en médecine chinoise, naturopathie (dont
l’aromathérapie et la phytothérapie) et techniques manuelles (réflexologie, nursing touch...).
Des professionnels de santé déjà engagés dans la pratique de l’aromathérapie se sont
réunis pour travailler sur la réalisation d’un consensus d’experts dont le titre est :
« L’aromathérapie scientifique : préconisations pour la pratique clinique, l’enseignement et
la recherche » (Lobstein, A. , Malaquin-Pavan, E., et al., 2018).
Dans cet écrit, ils ont, entre autres, analysé les formations existantes actuellement et dégagé
4 niveaux principaux de compétences dans lesquelles ces formations pourraient être classées,
pour proposer une pratique clinique sécuritaire (Cf. Annexe 6).
Dans chacun de ces niveaux sont détaillés :
- les objectifs pédagogiques,
- les compétences visées,
- le public,
- la durée et la forme,
- le contenu pédagogique recommandé
- et les compétences en aromathérapie scientifique clinique des formateurs et/ou
enseignants.
Selon leur proposition, les infirmiers diplômés d’état peuvent accéder à chacun de ces
niveaux, voire même au statut de « formateur/enseignant » qui nécessite 140 heures de
formation de plus que le niveau 4 (soit environ 280 heures de formation au total).
Selon le consensus d’experts, les détenteurs du niveau 2, intitulé « Utilisateur en
aromathérapie scientifique », peuvent réaliser la mise en œuvre opérationnelle des
protocoles HE validés au sein de la structure. Seul le niveau 4 « Expert en aromathérapie
scientifique clinique » est jugé apte à élaborer et rédiger des protocoles de soins aromatiques
(en partenariat avec un médecin pour les paramédicaux et les rééducateurs).
Ainsi le type de formation choisi est primordial. La diversité des enseignements
actuellement proposés est telle qu’il est difficile de s’y retrouver. Une standardisation des
contenus enseignés serait d’un grand intérêt pour les professionnels de santé comme pour
les instances de direction. En effet, elle serait un gage de sérieux, de qualité et de sécurité,
pour les responsables des établissements de santé qui n’auraient plus à douter de la
31
qualification de l’interlocuteur qui leur présente un projet de mise en place de
l’aromathérapie.
La qualité de la formation des soignants qui proposent l’aromathérapie à l’hôpital
semble indispensable. Mais qu’en est-il de la formation et des qualifications des
« thérapeutes » qui exercent en libéral ? Comme déjà cité en première partie, les
prescripteurs sont souvent des naturopathes. Ils ne sont pas tous des professionnels de santé.
Leur formation n’étant pas réglementée, il est difficile pour les patients de savoir qui
consulter.
C’est ce que rapporte un nouvelle fois, les infirmières interrogées. Pour elles, il est
indispensable de maitriser le fonctionnement du corps humain, la physiopathologie, les
pathologies, la pharmacologie... pour proposer un usage sécuritaire des HE :
« L’aromathérapie, c’est très tendance, c’est un business ! » (Infirmière n°2).
Enfin, il y a l’auto-formation des patients aux huiles essentielles, et l’automédication...
L’infirmière n°1 a eu connaissance d’une thèse en pharmacie qui recense tous les incidents
et accidents liés au mésusage de l’utilisation de l’aromathérapie. La première HE incriminée
est la lavande... pourtant elle est considérée comme atoxique... « sauf qu’il existe plusieurs
sortes de lavande et si on utilise la mauvaise, on peut envoyer un enfant en réanimation ! ».
Les huiles essentielles peuvent être dermocaustiques, photo sensibilisantes, neurotoxiques,
néphrotoxiques, hépatotoxiques....
L’infirmière n°3 spécifie qu’une goutte d’HE correspond à l’équivalent de 75 bols de tisanes
en termes de principes actifs : « donc ce n’est pas de l’eau, comme certains peuvent le croire,
les HE sont à manier avec précautions ! ».
Le manque de formation et l’aspect non nocif, naturel et à la mode des huiles essentielles
peuvent être un réel fléau. En effet, les infirmières ont rapporté être régulièrement appelées
par des médecins pour vérifier l’innocuité ou la toxicité possible d’une huile essentielle
utilisée par leurs patients « La plupart des gens se lancent dans l’utilisation d’HE sans
réfléchir. » (Infirmière n°3).
Du côté des soignants, il peut être tentant de succomber à cette médecine naturelle, qui
semble facilement accessible et de vouloir la proposer aux patients. Un service d’un CHU a
contacté l’infirmière n°1 car les soignants souhaitaient proposer l’aromathérapie à tous leurs
patients : les enfants, les adolescents... cette dernière a dû freiner leur engouement. Un tel
projet doit se préparer : il faut l’écrire, étudier les HE qui pourraient éventuellement être
32
utilisées pour les enfants (« il faut être très précautionneux, d’autant qu’il s’agit d’enfants
malades ! ») ... .De plus, personne dans le service ne paraissait être formé à l’aromathérapie :
ainsi le projet semble, d’après l’infirmière, très difficile à réaliser ! « L’équipe pensait peut
être qu’en achetant un livre de Dominique Baudoux (auteur de référence sur le sujet de
l’aromathérapie), elle pourrait mettre en place facilement cette pratique dans le
service...mais ça ne marche pas comme ça ! ». Selon elle, les livres sont de bonnes bases,
mais il ne faut pas se limiter à cela. « Une formation sérieuse est indispensable si on veut
être crédible sur le sujet. »
L’infirmière n°2 indique que dans son service utilisant les huiles essentielles en diffusion, il
a fallu revoir les règles. En effet, elle avait constaté que les soignants, ou les agents de service
hospitalier, avaient tendance à mettre en route les diffuseurs à chaque fois qu’ils passaient
devant. L’usage de la diffusion à forte dose peut être nocif, l’air peut rapidement se saturer
en composés volatiles toxiques et ainsi provoquer plus de mal que de bien. En effet, les HE,
même de qualité médicale, sont riches en terpènes qui peuvent libérer des composés
organiques volatiles (Faucon, 2017). A la suite de cette constatation, une fiche de suivi du
temps de diffusion a été mise en place, après un rappel des bonnes pratiques de diffusion des
huiles essentielles. Ainsi, la formation des soignants se doit d’être continue et réévaluée
régulièrement.
2.2.8 Le développement de l’aromathérapie au sein de l’hôpital
Une fois l’aromathérapie installée dans leurs services, l’évolution de leurs projets
éveille l’intérêt. Qu’en était-il à ce jour ? Au travers de lectures, il apparait que dans certains
hôpitaux, l’établissement entier utilise l’aromathérapie. Qu’en était-il pour ces trois
infirmières ? Avaient-elles pu propager l’usage des huiles essentielles aux autres services ?
L’infirmière n°2 stipule qu’à ce jour l’usage de l’aromathérapie reste spécifique à son
unité. De nouveaux protocoles sont régulièrement validés afin de répondre aux besoins des
patients. Mais, peut être en lien avec le financement venant exclusivement de l’association
liée au service, elle n’a pas cherché à partager sa pratique aux autres services de l’hôpital.
Quant à l’infirmière n°1, elle a étendu la diffusion d’huiles essentielles à une
quarantaine de services de son CHU.
Soutenue par le chef de service et la cadre de santé, elle avait écrit un projet pour utiliser des
synergies d’huiles essentielles en diffusion dans trois services de l’hôpital, qui bénéficiaient
33
de lits dédiés aux soins palliatifs : la pneumologie, l’oto-rhino-laryngologie (ORL) et la
médecine interne. Ce projet pilote nommé « Diffusion » a permis, sur trois ans, l’évaluation
de sept huiles essentielles utilisées dans trois synergies différentes.
La première synergie avait pour mission de neutraliser les mauvaises odeurs en général, la
deuxième de supprimer les odeurs d’urine en particulier et la troisième de créer une
ambiance relaxante.
Un questionnaire a été soumis aux soignants avant et après le projet.
Au bout des trois années, l’analyse des questionnaires, réalisée avec l’aide des ingénieurs
qualité du CHU, a permis à l’infirmière de proposer un compte rendu des résultats à la
direction des soins infirmiers : la grande majorité des réponses était très positive !
La propagation à l’ensemble de l’établissement était lancée.
L’infirmière a créé un « Kit Aroma » : il s’agit d’un classeur incluant les conditions
d’utilisation, les protocoles de création des synergies, le protocole de nettoyage de l’appareil
élaboré par le Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN), les fiches
d’évaluation et la procédure pour commander les huiles essentielles.
Pour qu’un service bénéficie de ce kit, le cadre concerné doit en faire la demande. Ensuite,
l’infirmière responsable de ce projet se déplace dans le service, et forme, ou plutôt
sensibilise, pendant 45 minutes, deux soignants qui seront les référents de l’unité.
A ce jour, la difficulté principale de l’infirmière est de se dégager du temps pour continuer
à contrôler, évaluer, les pratiques des services qui utilisent le Kit Aroma.
Aussi, elle souhaiterait pouvoir proposer un autre usage des huiles essentielles, plus
personnalisé, qui permettrait de répondre à d’autres besoins des patients (soulager les
nausées, cicatrisation des plaies...) ... mais elle est en recherche de financement pour pouvoir
développer cette pratique.
L’infirmière n°3 indique qu’à ce jour, cinquante services utilisent l’aromathérapie au
sein de son établissement et ils ne se limitent plus à un usage par diffusion atmosphérique.
D’une simple gestion des mauvaises odeurs au sein de son service d’oncologie, l’infirmière
a, progressivement, décidé d’aller plus loin dans sa démarche et de proposer un usage
médical et thérapeutique des huiles essentielles. Elle souhaitait répondre aux nouveaux
besoins des patients. En effet, elle avait remarqué un changement dans les habitudes des
patients qui rentraient pour hospitalisation avec, en plus de leur valise de vêtements, une
valise de vitamines, d’homéopathie, de compléments alimentaires, d’huiles essentielles...
Ainsi, les établissements de santé commençaient à utiliser les thérapies complémentaires,
34
mais ils n’étaient pas les seuls à succomber à cette « mode ». « Aujourd’hui, les patients sont
dans une demande constante de prise en charge différente de l’allopathie » explique-t-elle.
De plus, régulièrement, l’infirmière entendait dans son service d’oncologie : « j’en ai marre
de votre poison, je ne veux plus de tout ça !». Le patient sait pourtant qu’il a besoin de ses
traitements, mais quand il peut éviter de prendre un comprimé supplémentaire, il le fera et
cherchera une solution plus « naturelle » ...qu’il confond souvent à tort avec atoxique. C’est
à partir de ces constats que le service a commencé à réfléchir à ce nouveau besoin des
patients : comment y répondre de manière sécuritaire et efficace ?
Ainsi, cette infirmière en oncologie, soutenue par les médecins de son service, forte de ses
formations et s’appuyant sur des études scientifiques, a débuté la rédaction de protocoles
pour traiter les effets indésirables des traitements par chimiothérapie. Elle a commencé par
le traitement des nausées, puis la constipation, la douleur, l’angoisse, la prévention des
infections virales ...
Les patients témoignaient des bienfaits des huiles essentielles, les soignants appréciaient
leurs manipulations, les médecins ne pouvaient qu’attester de leurs vertus.
Ainsi, à la demande des patients et des autres services, l’infirmière a présenté un projet global
pour permettre son intervention sur l’ensemble de l’hôpital. Un avis favorable et
enthousiaste lui permet aujourd’hui d’être la référente aromathérapie de son établissement.
Elle intervient dans tous les services qui lui en font la demande pour proposer des protocoles
adaptés aux patients.
35
3 CHEMINEMENT VERS LA QUESTION DE RECHERCHE
Comme exposé dans ce dossier, l’aromathérapie est un soin de support qui peut être
utilisé en complément des médecines conventionnelles à l’hôpital.
A ce jour, il est reconnu que l’association d’approches médicamenteuses et complémentaires
peut répondre à un certain nombre de problèmes de santé.
De nombreux facteurs encouragent le développement de ces pratiques à l’hôpital ou en
milieu médico-social. Tout d’abord, plusieurs plans nationaux de santé, concernant par
exemple l’amélioration de la prise en charge de la douleur, le cancer ou encore les maladies
neurodégénératives, préconisent leurs recours. Aussi, les patients sont en réelle demande de
ce genre de prise en soins.
L’aromathérapie répond donc à un réel besoin de la part des patients et des institutions.
Sa mise en place dans les établissements de santé nécessite du personnel ayant reçu une
formation de qualité, sérieuse et reconnue, pour proposer des usages sécurisés et efficients
des huiles essentielles pour les patients.
Le constat est que la formation continue proposée aux soignants à ce sujet est très diversifiée.
Aussi, la formation initiale au sujet des médecines complémentaires dont bénéficie les
soignants est, de manière générale, succincte, voire inexistante. De plus, pour intégrer
l’aromathérapie à l’hôpital, il faut savoir convaincre, preuve à l’appui, des bienfaits de cette
dernière et donc bénéficier de solides connaissances en aromathérapie scientifique.
En conséquence, cela questionne sur le lien entre la qualité de la formation en aromathérapie
scientifique du soignant qui la propose et sa mise en place en milieu hospitalier.
Ainsi la question de recherche est la suivante :
En quoi la qualité d’une formation en aromathérapie scientifique effectuée par les soignants
impacte-t-elle le déploiement de l’usage des huiles essentielles dans l’hôpital ?
Voici les hypothèses :
- Une formation en aromathérapie de qualité fournit aux soignants la connaissance et
la maitrise des éléments scientifiques nécessaires à l’argumentation de leur projet de
mise en place de l’aromathérapie à l’hôpital.
- La maitrise de connaissances pointues en aromathérapie scientifique par les
soignants, liée à une formation de qualité, impacte de manière positive la décision
des dirigeants sur l’instauration de l’usage des huiles essentielles à l’hôpital.
36
CONCLUSION
Ce travail de fin d’études m’a permis d’approfondir un sujet qui m’intéresse
particulièrement : celui de l’aromathérapie.
Mon attrait pour les médecines complémentaires et leur usage de plus en plus fréquent ont
été mes premières motivations pour en apprendre davantage à leurs sujets, et plus
particulièrement sur l’utilisation des huiles essentielles.
Ce mémoire, par les lectures et les rencontres, m’a ainsi permis d’acquérir des connaissances
sur les thérapies complémentaires, et l’aromathérapie.
En tant que future professionnelle de santé, ce travail m’a aussi permis de connaitre les
raisons qui motivent les professionnels de santé à instaurer l’usage des huiles essentielles
dans leurs pratiques, mais aussi les difficultés et les contraintes qu’ils rencontrent pour ce
faire.
Cet exercice m’a également fait prendre conscience que l’usage de l’aromathérapie nécessite
une solide formation en aromathérapie scientifique pour proposer un usage sécurisé au
patient, mais aussi pour convaincre les dirigeants de l’adopter dans leur établissement.
Cette utilisation impose également une capacité d’analyse critique d’articles de recherche
sur l’usage des huiles essentielles. En effet, l’aromathérapie est en plein essor, et de
nombreuses propriétés des huiles essentielles restent encore à prouver et sont en cours
d’études.
Aussi, il aiguise le sens de la démarche clinique infirmière qui doit être le préalable
indispensable à l’usage de l’aromathérapie auprès d’un patient. En effet, il ne s’agit pas de
vouloir utiliser l’aromathérapie dans les soins sous n’importe quel prétexte mais bien de
l’utiliser à bon escient, après une observation clinique et une analyse pertinente de la
situation propre à chaque patient.
Enfin, en plus de toutes les nouvelles connaissances acquises, ce travail a décuplé mon
intérêt à me former à l’aromathérapie. Les huiles essentielles peuvent à mon sens, se révéler
être de véritables outils pour contribuer au bien-être du patient. L’usage de l’olfactothérapie
m’intéresse plus particulièrement, car il trouve un réel intérêt dans le domaine de la
psychiatrie, secteur dans lequel je souhaite exercer une fois diplômée. Les odeurs stimulent
la mémoire, suscitent des émotions... mes lectures et rencontres ont aiguisé ma curiosité à
ce sujet que je souhaiterai approfondir, puis, pourquoi pas, proposer dans ma pratique.
37
Pour conclure, les travaux de recherches, les questionnements et remises en question, les
quêtes de nouveaux savoirs afin d’enrichir les connaissances, ont guidé les infirmières
rencontrées, et leur ont permis de maitriser le sujet et de pouvoir argumenter leurs projets.
Cela a rendu nos échanges profonds, investis et pertinents. Ces professionnelles ne restent
pas sur leurs acquis, elles se nourrissent de nouvelles pratiques pour leur permettre de donner
encore plus de sens à leur métier. Ainsi, je retiendrai l’importance de rester toujours en veille
de savoirs, ouverte à nouvelles pratiques afin d’améliorer sans cesse ma posture
professionnelle et mes compétences.
38
BIBLIOGRAPHIE
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. (2013). Vente de
médicament sur Internet hors du circuit légal : Attention aux falsifications. Repéré à
https://www.ansm.sante.fr/S- informer/Points-d-information-Points-d-
information/Vente-de-medicament-sur- Internet-hors-du-circuit-legal-Attention-
aux-falsifications-Point-d-Information
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Médicaments à. Base
de plantes. Repéré à https://www.ansm.sante.fr/Activites/Medicaments-a-base-de-
plantes/Les-huiles-essentielles/(offset)/3
Andrieu, B. (2014). Pourquoi le recours croissant aux médecines naturelles ? Les cahiers
de l’Ordre national des pharmaciens. Cahier thématique 5, 4. Repéré à
http://www.ordre.pharmacien.fr/content/download/160923/784735/version/4/file/Ca
hier+th%C3%A9matique+5+-+Le+pharmacien+et+les+plantes.pdf
Attal, N. (2014). Médecines alternatives ce qu’en dit la science. Science et santé, 20, 24-
25. Repéré à https://fr.calameo.com/read/005154450d80217f19a44
Barré, L. (2015). L’aromathérapie en hébergement pour personnes âgées dépendantes. Soins.
797, 10-12.
Bedeau, L.,Piquandet,J. (2011). Observatoire sociétal du médicament. Repéré à
https://www.leem.org/sites/default/files/1525_0.pdf
Chevallier, V. (2018). Aromathérapie en établissements de santé. Soins Aides-Soignantes.
83, 24-25.
39
Circulaire du 11 février 1999 relative à la mise en place de protocoles de prise en charge de
la douleur aiguë par les équipes pluridisciplinaires médicales et soignantes des
établissements de santé et institutions médico-sociales (DGS/SQ2/DH/DAS n° 99-
84). Repéré à https://solidarites-sante.gouv.fr/fichiers/bo/1999/99-08/a0080531.htm
Code de santé publique.
(https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665
)
Conseil National de l’Ordre des Médecins. (2015). Quelle place pour les médecines
complémentaires ?. Webzine. Repéré à https://www.conseil-
national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/webzine/2015-
07/www/index.html#/page-2
Dujardin, O. (2017). Les huiles essentielles apaisent les patients en soins palliatifs.
ActuSoins Magazine. 27. Repéré à https://www.actusoins.com/304779/les-huiles-
essentielles-apaisent-les-patients-en- soins-palliatifs.html
El Khiari, I. (2018). Que sont les approches complémentaires en soins ?. Soins Aides -
Soignantes. 82, 10-12. Repéré à
https://www.empremium.com/showarticlefile/1215001/main.pdf
Faucon, M. (2017). Traité d’aromathérapie scientifique et médicale Les huiles essentielles
(3è éd.). Paris, France : Éditions Sang de la Terre
Formarier, M., Jovic, L. (2009). Les concepts en sciences infirmières. Lyon, France :
Éditions Mallet Conseil
Fossé, E., Pascal, A. (2006). Des soins infirmiers au service des soins de support. Soins.703,
43-48. Repéré à https://www.em-premium.com/article/85295/resultatrecherche/7
40
Haute Autorité de Santé. (2016). Note méthodologique et de synthèse documentaire Mise
au point sur la démarche palliative. Repéré à https://www.has-
sante.fr/upload/docs/application/pdf/2016-
12/mc_247_note_methodo_demarche_palliative_web.pdf
Institut National du Cancer (https://www.e-cancer.fr/)
Lobstein, A., Marinier, F. (2014). Soins infirmiers et huiles essentielles en gériatrie. Soins
gérontologie. 108, 29-32.
Lobstein, A., Malaquin-Pavan, E., et al. (avril 2018). "Aromathérapie scientifique :
préconisations pour la pratique clinique, l'enseignement et la recherche ;
consensus d'experts destinés aux professionnels de santé et aux décideurs
exerçant en milieu de soins". Repéré
àhttps://afedi.com/Documentation/Article/108
Ministère des Solidarités et de la Santé. (2017). Les pratiques de soins non
conventionnelles. Repéré à https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/qualite-
des-soins-et-pratiques/securite/article/les-pratiques-de-soins-non-conventionnelles#
Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. (2018).
Rapport d’activité 2016 et 1er semestre 2017. Repéré à https://www.derives-
sectes.gouv.fr/sites/default/files/publications/francais/rapport_miviludes_2017_web_
v2_0.pdf
Organisation Mondiale de la Santé. (2013). Stratégie de l’OMS pour la médecine
traditionnelle pour 2014-2023. Repéré à
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/95009/9789242506099_fre.pdf;jsess
ionid=33834CC3C6F7AF5DDB09F9DB58FFBA3D?sequence=1
Pellinghelli, C. (2009). Les protocoles de soins. La revue de l’infirmière, 156, 30-32.
Repéré à https://www.em-premium.com/showarticlefile/234054/index.pdf
41
Reynaudi, M. (2012). Quelles réponses des pouvoirs publics à l’engouement pour les
médecines non conventionnelles ? La note d’analyse, 290, 10-11. Repéré à
http://archives.strategie.gouv.fr/cas/system/files/2012-10-02-
_medecinesnonconvetionnelles-na290_0.pdf
Rioufol, MO. (2013). Parcours d’aides-soignantes. Soins Aides Soignantes, 50, 12-15.
Repéré à https://www.em-premium.com/showarticlefile/791155/main.pdf
42
ANNEXES
Annexe 1
Article D4211-13 Code de la Santé Publique
• Modifié par Décret n°2007-1198 du 3 août 2007 - art. 1 JORF 8 août 2007 rectificatif JORF du 18 août 2007
La liste des huiles essentielles mentionnées au 6° de l'article L. 4211-1 est fixée ainsi qu'il suit : Huiles essentielles de :
- grande absinthe (Artemisia absinthium L.) ;
- petite absinthe (Artemisia pontica L.) ;
- armoise commune (Artemisia vulgaris L.) ;
- armoise blanche (Artemisia herba alba Asso) ;
- armoise arborescente (Artemisia arborescens L.) ;
- thuya du Canada ou cèdre blanc (Thuya occidentalis L.) et cèdre de Corée (Thuya Koraenensis Nakai), dits "cèdre feuille" ;
- hysope (Hyssopus officinalis L.) ;
- sauge officinale (Salvia officinalis L.) ;
- tanaisie (Tanacetum vulgare L.) ;
- thuya (Thuya plicata Donn ex D. Don.) ;
- sassafras (Sassafras albidum [Nutt.] Nees) ;
- sabine (Juniperus sabina L.) ;
- rue (Ruta graveolens L.) ;
- chénopode vermifuge (Chenopodium ambrosioides L. et Chenopodium anthelminticum L.) ;
- moutarde jonciforme (Brassica juncea [L.] Czernj. et Cosson).
43
Annexe 2
Article L3322-5 Code de la Santé Publique
Il est interdit à un producteur ou fabricant d'essences pouvant servir à la fabrication des boissons alcooliques, telles que les essences d'anis, de badiane, de fenouil, d'hysope, ainsi qu'aux producteurs ou fabricants d'anéthol, de procéder à la vente ou à l'offre, à titre gratuit desdits produits à toutes personnes autres que les fabricants de boissons ayant qualité d'entrepositaires vis-à-vis de l'administration des contributions indirectes, les pharmaciens, les parfumeurs, les fabricants de produits alimentaires ou industriels et les négociants exportateurs directs.
La revente de ces produits en nature sur le marché intérieur est interdite à toutes ces catégories à l'exception des pharmaciens qui ne peuvent les délivrer que sur ordonnance médicale et doivent inscrire les prescriptions qui les concernent sur leur registre d'ordonnances.
Sans préjudice des interdictions mentionnées au 2° de l'article 1812 du code général des impôts, sont fixées par décret pris en conseil des ministres les conditions dans lesquelles les essences mentionnées à l'alinéa premier du présent article ainsi que les essences d'absinthe et produits assimilés ou susceptibles de les suppléer, peuvent, sous quelque forme que ce soit, être importées, fabriquées, mises en circulation, détenues ou vendues.
44
Annexe 3
GUIDE D’ENTRETIEN
Thèmes Questions Objectifs
Mod
alité
s de
mise
en
plac
e de
l’ar
omat
héra
pie
en c
entr
e
hosp
italie
r
1De quelle façon l’aromathérapie est-elle entrée dans
votre établissement ?
Ø Qui l’a introduite ? dans quel contexte ?
Ø Quels ont été les freins ? les éléments
facilitateurs ?
Ø Comment (mise en place de protocoles ?) ?
2Comment utilisez-vous l’aromathérapie dans votre
établissement ?
Ø Quel service ? Quel usage ? Quels patients ?
Mettre en évidence les
éléments qui ont pu
permettre la mise en
place de
l’aromathérapie dans
l’établissement et
l’usage qui en est fait.
Apr
iori
s, f o
rmat
ion
et
conn
aiss
ance
s des
soig
nant
s
3Connaissiez-vous au préalable l’aromathérapie ? si oui,
comment ?
4Que pensez -vous de l’instauration des MAC à
l’hôpital ?
5Avez-vous été formé à l’aromathérapie par
l’établissement à son usage ? Si oui, comment ?
6 Avez-vous déjà reçu une formation quant aux MAC
(pendant vos études, ou formation continue…) ?
Connaitre le niveau de
connaissance et de
formation des
soignants, mais aussi
leurs représentations
sur les MAC à
l’hôpital
Évol
utio
n de
la p
ris e
en so
ins
7Trouvez-vous un intérêt à l’usage de
l’aromathérapie dans votre pratique ?
8Pensez-vous que l’aromathérapie a amélioré votre prise
en charge des patients ? si oui, comment ?
9Quels inconvénients, difficultés avez-vous rencontré
par rapport à l’usage de l’aromathérapie ?
Identifier une
évolution éventuelle
dans la pratique des
soignants
Les p
atie
nts e
t les
MA
C
10Comment les patients accueillent-ils la proposition de
soins à base d’huiles essentielles ?
11Est-ce que vous avez l’impression que les patients
abordent plus facilement le sujet des MAC avec vous ?
Recueillir les ressentis
des patients sur
l’usage des MAC à
l’hôpital
45
Annexe 4
Compte rendu des entretiens et analyses de ma phase d’approfondissement :
Infirmière n°1 Soins palliatifs
(Entretien téléphonique)
Infirmière n°2 Soins palliatifs
(Entretien téléphonique) Prix d’Aromathérapie Clinique Naturactive
Infirmière n°3 Service oncologie-hématologie
(Entretien téléphonique) Prix infirmier Any d’Avray
Prix de la fondation Gattefossé
Découverte de leur intérêt pour l’aromathérapie
Intérêt personnel pour les médecines complémentaires Usage familial des huiles essentielles
Intérêt personnel pour les médecines complémentaires Usage familial des huiles essentielles
Porteuse d’une maladie et impasse thérapeutique, l’infirmière s’est tournée vers les médecines naturelles et plus particulièrement l’aromathérapie. Ses bienfaits l’ont surprise, elle en a développé un usage personnel et familial.
Formations réalisées
DU aromathérapie clinique de la faculté de pharmacie de Strasbourg Autres formations plus courtes en aromathérapie
Formation de praticienne en santé naturelle de l’École Internationale de Santé Bien-Être de Toulouse Formation aromathérapie clinique
DU aromathérapie clinique de la faculté de pharmacie de Strasbourg Formation en phytothérapie (Hyppocratus)
Usage initial de l’aromathérapie dans leur service
Gestion des mauvaises odeurs, assainissement de l’air ambiant « ça ne sent pas bon à l’hôpital »
Gestion des mauvaises odeurs (diffusion) Calmer les nausées (stick)
Gestion des mauvaises odeurs : remplacement du papier d’encens utilisé pour assainir l’atmosphère
Étapes de la mise en place de
l’aromathérapie dans leurs
services
Rédaction par l’infirmière d’un projet pilote pour utiliser 7 huiles essentielles 3 synergies dans 3 services de l’hôpital qui bénéficient de lits dédiés aux soins palliatifs.
Des protocoles ont commencé à être mis en place dans le service par la cheffe de service qui est médecin et aromathérapeute.
L’infirmière a demandé un entretien au chef de service et au cadre, dans le but de proposer l’usage des HE pour remplacer l’utilisation de l’encens utilisé pour assainir l’atmosphère, études scientifiques à l’appui.
46
Étapes de la mise en place de
l’aromathérapie dans leurs
services (suite)
Présentation du projet à la direction, à la direction des soins infirmiers, au CLIN, au CLUD, à la sécurité incendie... bref à toutes les instances du CHU ! Accord des différentes instances Financement accordé par le CHU Le projet « diffusion » a duré 3 ans, puis après évaluation, a été développé dans de nombreux services. Aujourd’hui les HE sont achetées par la pharmacie de l’hôpital et les synergies sont réalisées par les soignants directement dans les services.
Puis 2 infirmières formées à la pratique en santé naturelle ont rejoint l’équipe, ce qui a permis de continuer la dynamique déjà mise en place et de proposer de nouveaux protocoles. Aucun accord n’a été demandé à la direction de l’hôpital Projet aromathérapie financé entièrement par l’association du service Les huiles essentielles sont achetées par l’association et les synergies réalisées par les soignants formés à l’aromathérapie. Les IDE réalisent les protocoles sur leur temps personnel, l’hôpital ne les rémunère pour cette activité.
Après obtention de leurs accords, l’infirmière a acheté les HE sur ses fonds propres Tout d’abord : utilisation de quelques gouttes sur un mouchoir qui diffusait une odeur agréable et assainissant dans l’infirmerie. Puis les patients sentant l’odeur dans le couloir, ont demandé à en bénéficier dans leurs chambres. Ensuite, l’infirmière a décidé d’aller plus loin dans sa démarche et de proposer un usage médical et thérapeutique des huiles essentiels en répondant aux besoins des patients du service et à leurs maux liés aux chimiothérapies. Projet + ambitieux : car le but était maintenant de soigner ! Donc l’infirmière a dû solliciter à nouveau le chef de service. Il lui a demandé de formuler un projet écrit et argumenté scientifiquement. L’infirmière a reçu l’accord pour l’utilisation des HE à visée thérapeutique en hématologie, contre l’angoisse, les troubles du sommeil et les nausées. Elle a élaboré des protocoles qui ont été validés par différentes instances. Elle a formé le personnel soignant à l’usage de ces protocoles
47
A la demande des patients des autres services => généralisation à l’ensemble de l’hôpital =>Présentation projet global à la direction du CH Accord de l’hôpital. L’infirmière est nommée pilote pour la mise en place de l’aromathérapie à l’ensemble des services intéressés. Elle est également consultante dans ce domaine à titre privé.
Éléments facilitateurs à la mise en place de l’aromathérapie
dans l’hôpital
Soutien du chef de service et de la cadre de santé Pratique initiée par la chef de service Service assez indépendant de l’hôpital : -géographiquement éloigné du reste de l’hôpital -et financièrement indépendant car la pratique de l’aromathérapie est entièrement subventionnée par une association
Confiance et ouverture d’esprits des médecins Avancée par étapes, conséquents aux résultats positifs des prises en charge réalisées avec l’aromathérapie Infirmière cherche à convaincre les médecins et les soignants par des preuves : recherches, études scientifiques, efficacité observée dans les services qui l’utilisent déjà au sein de l’hôpital
Freins à la mise en place de
l’aromathérapie dans l’hôpital
Contraintes du CLIN pour la mise en place des diffuseurs brumisateurs. Non coopération de la pharmacie : ne souhaite pas réaliser les synergies. Le chef de service soutient l’infirmière dans sa démarche, cependant il n’est pas formé à l’aromathérapie L’aromathérapie nécessite une formation de haut niveau pour la maitriser en toute sécurité
La pharmacie n’a pas souhaité s’investir dans ce projet et réaliser les synergies. Limite : Les soignants non formés à l’aromathérapie ont tendance à vouloir user et abuser de la diffusion sans prendre en compte les effets potentiellement nocifs : ils allument le diffuseur à chaque fois qu’ils passent devant, pour que ça sente bon !
Long chemin ! Patience, diplomatie, détermination. L’aromathérapie scientifique et médicale ne peut se comprendre et s’apprendre qu’en se formant très sérieusement. Manque de formation du personnel médical qui provoque scepticisme et incrédulité face à l’aromathérapie.
48
Freins à la mise
en place de l’aromathérapie
dans l’hôpital (suite)
Financement : le CHU ne finance que le projet diffusion mais de nombreuses autres pratiques de l’aromathérapie pourraient être proposées Aspect non nocif et à la mode de l’aromathérapie : d’autres services sont séduits et souhaitent la mettre en place mais n’ont pas les formations suffisantes pour l’utiliser en tout sécurité et peuvent commettre des imprudences
Quelle utilisation aujourd’hui ?
Aujourd’hui, la diffusion d’HE est utilisée dans une quarantaine de service du CHU. Création d’un Kit Aroma et sensibilisation des soignants qui bénéficient de ce kit. Difficulté à évaluer la continuité des bonnes pratiques des services qui utilisent ce kit, manque de temps
Aujourd’hui, l’usage de l’aromathérapie reste spécifique à leur service. Les soignants ont un nouveau protocole pour les mycoses buccales (bain de bouche) et travaillent l’usage des huiles essentielles sur les plaies pour bénéficier de leurs propriétés cicatrisantes.
A ce jour, 49 services utilisent les HE au sein du CHU. L’infirmière répond aux besoins de chaque service de façon personnalisé, selon les besoins des patients, après concertation avec l’équipe. Chaque fois que les HE sont utilisés : traçabilité, évaluation, retour et surtout protocole bien validé et respecté.
Quel projet pour demain ?
Proposer l’aromathérapie de manière plus personnalisée. L’infirmière souhaiterait proposer des protocoles individualisés, mais elle n’est pour l’instant pas financée pour cette mission.
Le développement dans le reste de l’hôpital est assez complexe, car le personnel formé à l’aromathérapie n’a pas de temps dédié pour développer cette activité. Le développement des protocoles dans le service est déjà du temps de bénévolat, elles ne sont pas rémunérées pour cette mission. Cela limite donc le développement de l’aromathérapie dans le CH.
Créer un lien entre hôpital et libéral, afin de réaliser une continuité des soins et de partage de savoir. Ce travail collaboratif permet l’utilisation de protocoles utilisables pour le patient à l’hôpital et à la maison de façon à assurer une continuité de soins. Développer sa pratique de l’olfactothérapie
Les patients et les MAC
Retours très positifs des patients... et de leur entourage !
Les patients apprécient énormément toutes les prises en charges complémentaires aux traitements allopathiques. Le service est d’ailleurs réputé pour cela.
Aujourd’hui les patients utilisent les MAC, ils arrivent avec à l’hôpital.
49
Les patients et les MAC (suite)
L’entourage trouve aussi des avantages non négligeables à l’usage des huiles essentielles, les mauvaises odeurs ne sont plus un frein à venir visiter leur proche.
60% des patients atteints de cancer se tournent vers les médecines complémentaires : c’est donc un phénomène important ! La moitié des patients qui utilisent l’aromathérapie à l’hôpital continuent à l’utiliser seuls, une fois rentrés chez eux : il y a donc intérêt à ce que ce soit cadré et sécurisé !
50
Annexe 5
Résumé des propriétés pharmacologiques des principales familles biochimiques
(Faucon, 2017, p.156)
51
Annexe 6
Préconisations pour la formation en aromathérapie scientifique à visée clinique
(Lobstein,A.,Malaquin-Pavan,E.,etal.,2018,p.87)
Auteur : Blandine Barrois Titre : L’usage de l’aromathérapie dans les soins hospitaliers Mots clés : Aromathérapie, huiles essentielles, pratique soignante, médecine alternative et complémentaire, législation de l’aromathérapie, formation des soignants, soins de support. Résumé : Ce travail de fin d’études traite de l’aromathérapie et de son instauration en milieu hospitalier. Il s’intéresse, tout d’abord, à la définition de termes importants qui serviront de base à ce travail, tels que l’aromathérapie, les huiles essentielles et les médecines complémentaires. Les entretiens et analyses d’articles de la phase exploratoire témoignent que l’usage des médecines complémentaires, et de l’aromathérapie, est en plein essor mais peut engendrer des dérives qui compromettent la sécurité des patients. Un établissement hospitalier propose à ses patients une consultation pour vérifier que les traitements complémentaires qu’ils consomment n’interfèrent pas avec les traitements prescrits par l’hôpital. De nombreux autres centres hospitaliers ne s’arrêtent pas à ce simple contrôle, et développent la pratique de l’aromathérapie dans leurs services, comme soin de support aux thérapeutiques conventionnels. La phase exploratoire de ce travail démontre, par l’expérience de 3 infirmières exerçant dans des établissements différents, que l’usage de l’aromathérapie peut effectivement être pratiqué à l’hôpital. Ces infirmières expliquent les motifs qui les ont incitées à proposer l’aromathérapie dans leur pratique hospitalière, énoncent les différentes étapes qui ont permis leur instauration et les difficultés rencontrées. Ce travail se conclut par une question de recherche : En quoi la qualité d’une formation en aromathérapie scientifique effectuée par les soignants impacte-t-elle le déploiement de l’usage des huiles essentielles dans l’hôpital ? Les hypothèses suivantes sont émises : Une formation en aromathérapie de qualité donne aux soignants la connaissance et la maitrise des éléments scientifiques nécessaires à l’argumentation de leur projet de mise en place de l’aromathérapie à l’hôpital. La maitrise de connaissances pointues en aromathérapie scientifique par les soignants, liée à une formation de qualité, impacte de manière positive la décision des dirigeants sur l’instauration de l’usage des huiles essentielles à l’hôpital.
top related