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Les accidents
d’exposition au sang
Docteur Mohamed ELRAKAAWI
Responsable régional des prélèvements
Établissement Français du sang
Pyrénées Méditerranée
Définition :
Un accident d’exposition au sang: AES, se
définit comme tout contact avec du sang, ou
du liquide biologique contenant du sang, et
comportant :
soit une effraction cutanée ( piqûre
d’aiguille, blessure par des instruments
tranchants..),
soit la projection sur une muqueuse
(bouche, œil), ou sur une peau lésée.
L’AES concerne qui ?
Le personnel soignant
Les laborantins
Les agents de nettoyage des voiries
Le personnel de la collecte et le traitement
des déchets ménagers
Le personnel de l’assainissement
Les chercheurs
Ce qui est redouté :
La transmission d’agents infectieux, cela
concerne l'ensemble des germes véhiculés par le
sang ou les liquides biologiques :
Bactéries
Virus
Parasites
champignons
Prion ?
Autres ?
Mais en particulier :
Le risque de contamination par :
Le V.I.H : virus de l’immunodéficience humaine
Le V.H.B : virus de l’hépatite B
Le V.H.C : virus de l’hépatite C
Cette crainte est liée à la possibilité d’une virémie
prolongée et à la gravité et chronicité des infections
engendrées
Quel Risque ? (I)Évaluation du risque de transmission virale par V.H.B, V.H.C et V.I.H après AES1
Virus
Le risque de transmission suivant le type d'AES
Le risque suivant le type de liquide biologique
Accident percutané
Accident par exposition cutanéo-
muqueuseProuvé Possible Nul
V.H.B de 2 à 40% ?Sang, liquide
biologique contenant du sang
Sperme,Sécrétions vaginales,
Salive
Urines,Selles
V.H.C de 2 à 3% ?Sang, liquide
biologique contenant du sang
Sperme,Sécrétions vaginales,
Salive
Urines,Selles
V.I.H 0,3% 0,04%Sang, liquide
biologique contenant du sang
Sperme,Sécrétions vaginales,
LCR,Liquide pleural,
Liquide amniotique
Salive,Urines,Selles
1: rapport Jean DARMONT
Quel Risque ? (II)Les virus ayant donné lieu à une transmission professionnelle par AES
Dengue
FH argentine (virus Junin)
FH bolivienne (virus Machupo)
FH vénézuélienne (virus Guanarito)
Herpès simplex 1
Simian Foamy virus
Stomatite vésiculaire épizootique
Virus Amaril (Fièvre Jaune)
Virus B (Herpes 1)
Virus Crimée-Congo
Virus de l’Hépatite D
Virus de l’Hépatite G
Virus de la Fièvre de la Vallée du Rift
Virus de la Vaccine (recombinant)
Virus de Lassa
Virus de Marburg
Virus Ebola
Virus Hendra
Virus Immunodéficience Simienne
Virus Kyasanur
Virus Sabia
Virus Zona Varicelle (VZV)
West Nile Virus
Quel Risque ? (III)Les Bactéries et rickettsioses décrites comme ayant été
transmis suite à un AES
Brucella abortus
Burkholderia mallei
Corynebacterium diphteriae
Corynebacterium striatum
Leptospira icterohaemorragiae
Mycobacterium leprae
Mycobacterium marinum
Mycobacterium tuberculosis
Mycoplasma caviae
Neisseria gonorrhoeae
Orientia (ou Rickettsia)
tsutsugamuchi
Pasteurella multocida
Rickettsia rickettsii (Fièvre des
Rocheuses)
Rickettsia typhi (typhus)
Staphylococcus aureus
Streptocoque â-hemolytique (S.
pyogenes)
Streptocoque A (fasciite nécrosante)
Treponema spp.
Quel Risque ? (IV)
Les Parasites décrits comme ayant été transmis suite à un AES
Leishmania spp.
Plasmodium cynomolgi
Plasmodium falciparum
Plasmodium malariae
Plasmodium vivax
Toxoplasma gondii
Trypanosoma brucei
Trypanosoma cruzi
Les agents fongiques décrits comme ayant été transmis suite à
un AES
Blastomyces dermatitidis
Cryptococcus neoformansSporotrichum schenkii
Les facteurs de risque de contamination :
Le risque de contamination est plus élevé quand :
La blessure est profonde
La virémie du patient source est élevée
L'aiguille est utilisée pour un geste intraveineux ou intra-artériel
L'aiguille est souillée par du sang à l’œil nu
L'aiguille est de gros calibre
Les accidents causés par une tierce personne peuvent
également être graves car le mouvement de retrait de l’objet
tranchant est moins immédiat
Deux structures jouent un rôle important dans la prévention et la coordination des
actions menées :
Le comité de lutte contre les infections nosocomiales (C.L.I.N.)auquel le médecin du travail doit être associé, a pour rôle d'établir le programme
de prévention, d'étudier les moyens techniques à mettre en œuvre (formation,
matériel, procédures...), et les critères d'évaluation des actions entreprises.
Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail
(C.H.S.C.T.) doit formuler un avis sur ce programme et apporter son concours à
sa mise en œuvre.
Prévention des AES: (I)
Prévention des AES: (II)
La prévention des AES est l’affaire de tous, repose sur :
La vaccination du personnel,
Les MESURES UNIVERSELLES d’hygiène,
L'utilisation d'un matériel adapté et sécurisé,
La mise en place d'un dispositif de prise en charge des
A.E.S,
L'information et la formation du personnel,
Prévention des AES: (III)
La vaccination du personnel :
1. Obligatoire : L’article L. 3111-4 du code de la santé publique
arrêté du 15 mars 1991 modifié par l’arrêté du 29 mars 2005
et l’arrêté du 6 mars 2007 : qui dresse la liste des études qui
imposent une obligation vaccinale mais aussi qui fixe les
conditions d’immunisation contre l’hépatite B
Toute personne exposée à des risques de contamination doit être
immunisée contre : l‘hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la
poliomyélite
2. Recommandée : Vaccin de la grippe, Vaccin contre la rubéole…
Mesures universelles d’hygiène :
Port de gants dans
les situations de
risque de contact
avec un liquide
biologique contenant
du sang ou du
matériel souillé
Mesures universelles d’hygiène :
Port de gant pour
tout soignant
porteur de lésion
cutanée des mains
Mesures universelles d’hygiène :
Port d'une surblouse,
d'un masque étanche,
de lunettes dans les
situations avec risque
de projection de sang
ou de liquide
biologique
Mesures universelles d’hygiène :
Transport des
liquides biologiques
dans des sacs
plastiques jetables
Mesures de prévention:
Utiliser chaque fois que possible du matériel à usage unique
et sécurisé
Ne pas compacter les conteneurs DASRI
Vigilance lors de toute manipulation d'instruments piquants
ou tranchants potentiellement contaminés
Prévention des AES: (IV)
La prise en charge de l’AES :
1. Mise en place d’un mode opératoire définissant la
conduite à tenir, ce MOP doit être facile à lire, affiché
et connu de tout les acteurs. (peut être fait sous la
forme d’un logigramme)
Prévention des AES: (IV)
La prise en charge de l’AES :
2. La CAT (I):1. Réaliser les premiers soins immédiatement :
En cas de piqûre, blessure, contact avec une peau lésée :
stopper l’activité en cours, laisser saigner, nettoyer à l’eau et au savon, rincer
abondamment, sécher;
réaliser l’antisepsie de la plaie par trempage 10 minutes dans du Dakin, ou alcool à 70°;
En cas de projection sur les muqueuses ou l’œil, rincer abondamment à l’eau ou au sérum
physiologique durant 10 minutes.
2. Rechercher le statut sérologique du patient source, avec son consentement
tests rapides de dépistage du VIH;
sérologie VIH;
sérologie VHC;
sérologie VHB
Prévention des AES: (IV)
La prise en charge de l’AES :
2. La CAT (II):3. Contacter immédiatement un médecin référent pour la prophylaxie du
sida en lui donnant éléments suivants afin qu’il évalue le risque infectieux :
type d’exposition;
profondeur de la blessure;
type d’aiguille ou de matériel en cause;
nature du liquide biologique;
statut sérologique et clinique du patient source.
Un traitement prophylactique pourra être proposé à la victime, il devra être
débuté dans les heures qui suivent l’accident.
4. Réaliser les examens biologiques chez la victime d’AES et mettre en
place un protocole de suivi à réaliser (J15, J30, M2,M3,M4 et M6 après
exposition
Prévention des AES: (IV)
La prise en charge de l’AES :
2. La CAT (III):5. Déclarer l’accident du travail
Déclarer l’accident du travail, au plus tard dans les 24h à l’ employeur
L’ employeur transmettra sous 48h la déclaration d’accident du travail à la Caisse
d’assurance maladie, du lieu de résidence du salarié.
6. Faire établir impérativement le certificat médical initial par un médecin,
afin d’obtenir la prise en charge au titre d’un accident du travail.
7. Contacter le médecin du travail pour la mise en place du suivi clinique et
la réalisation des examens biologiques (sérologies) adaptés.
Quelques chiffres :
Le nombre* d’AES en Languedoc Roussillon recensés en 2010 est
de 3 798
Le nombre moyen d’AES pour 100 lits est de 6.38% (3 700 / 57 988)
Le nombre moyen d’AES pour 100 admissions est de 0.11% (3 657 /
3 308 838)
Le nombre moyen d’AES pour 1000 journées d’hospitalisation est de
0.24 ‰ (3 658 / 15 563 168).
Répartition selon la nature de l’exposition sur cette période :
Piqûres 67%
Projections 19%
Coupures 10%
* Source GERES (groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux)
Contamination par AES entre 1983 et 2009* :
VIH 49 cas
VHC 65 cas
VHB 0 cas (déclaré depuis 2005)
20 cas d’HVI auraient été évitables par le
respect des mesures de prévention
universelle
* Source InVS
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