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    La gestion des diffrences culturelles dans les fusions-acquisitions

    internationales : une comptence distinctive ?

    Christine CoisneEdhec Business School

    Cet article propose un cadre conceptuel permettant dclairer la problmatique culturelle dansles fusions-acquisitions transnationales. En effet, encore aujourdhui, plus de la moiti de cetype doprations chouent pour des raisons dites culturelles. Peu de progrs ont t constatsdepuis les annes 80 et dminents chercheurs regrettent labsence davance significative

    dans ce domaine. Les rsultats contradictoires issus des travaux relatifs au paradigme de ladistance culturelle fournissent le point de dpart de cette analyse: le paradigme de la distanceculturelle, qui englobe lensemble des analyses de mesure des diffrences entre cultureset alargement domin la recherche de ces trente dernires annes, na pas permis de tirer desconclusions claires et significatives sur les phnomnes de rapprochement culturel.

    Lanalysepropose de dpasser ce paradigme pour aborder le mode de gestion des diffrences

    culturelles par les organisations transnationales dans la phase dintgration. Elle a pourobjectif de formuler des pistes de rflexion et de recherche permettant denrichir lacomprhension des difficults rencontres dans la dynamique du rapprochement de deuxentits organisationnelles. Afin datteindre cet objectif, lanalyse propose de suivre uncontinuum qui progresse de la non-prise en compte la prise en compte des diffrencesculturelles et identifie des stratgies culturelles susceptibles dtre mises en uvre dans lesorganisations transnationales. La mise en perspective de ces stratgies privilgie une prise encompte active des lments constitutifs des ensembles culturels en prsence.

    La prise en compte active des caractristiques culturelles prsente un double avantage : ellepermet dallger les tensions lies aux factions culturelles et de capitaliser sur les

    bnfices drivs de la diversit des approches. Les processus dintgration socioculturelle,dune part, et organisationnelle, dautre part, sont facilits grce la mise en place dun

    management interculturel formalis reposant sur des dispositifs adapts. Le managementinterculturel de lintgration des fusions-acquisitions internationales est prsent comme unecomptence organisationnelle distinctive, capable de transformer les rsistances etincomprhensions mutuelles en cration de valeur pour lorganisation. Il procde dune tudedtaille des caractristiques culturelles des deux organisations ou audit culturel, qui va servirde fondement llaboration dune stratgie culturelle en lien avec les objectifs du

    rapprochement et se traduire en mcanismes formels dintgration culturelle sous-tendus parlapprentissage.

    Les bnfices dune gestion formalise des diffrences culturelles peuvent se rvlerconsidrables pour les chercheurs et praticiens : les dmarches qui consistent tourner la pagedu paradigme de la distance culturelle et aborder la diffrence sous langle de

    lenrichissement mutuel sont dignes dintrt.

    Mots-cls : diffrences culturelles - gestion intgration fusions et acquisitionsinternationales

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    La gestion des diffrences culturelles dans les fusions-acquisitions internationales : une

    comptence distinctive ?

    Introduction

    Ces trois dernires dcennies ont vu se multiplier les rapprochements internationaux de toutenature. Les fusions-acquisitions sont, ce titre, un mode dapproche privilgie de nouveaux

    marchspermettant aux entreprises daccder une taille et un rayonnement suprieurs et de

    gnrer de la rentabilit et de la croissance. Dans lanalyse des critres de performance, la

    recherche en fusions-acquisitions sest dveloppe lintrieur dechamps bien spcifiques.

    Les expertises financire et stratgique ont domin les courants de recherche dans les annes

    1980 et 1990 (Cartwright & Schoenberg, 2006). La cration de richesse (Agrawal & Jaffe,

    2000) ou lalignement stratgique entre les entits du rapprochement (Seth, 1990)ont focalislattention des chercheurs pendant deux dcennies. Peu peu, les critres organisationnels

    sont entrs en ligne de compte dans lanalyse de la performance, retenant lintrt de

    chercheurs spcialistes de la psychologie, du comportement organisationnel et de la gestion

    des ressources humaines (Buono & Bowditch, 1989; Cartwright & Cooper, 1992; Mirvis &

    Marks, 1992; Sales & Mirvis, 1984). Ltude des consquences du choix de la stratgie

    dintgration post-acquisition sur la performance (Haspelagh & Jemison, 1991; Cartwright &

    Cooper, 1993) ainsi que la mise en uvre du processus dintgration (Child, Faulkner &

    Pitkethly, 2001; Schweiger & Very, 2003) ont fait plus rcemment lobjet dun intrt

    croissant.

    La culture ayant t accuse de faire obstacle aux rapprochements internationaux et

    nationaux (Zollo & Meier, 2008), de nombreuses tudes se sont penches sur linfluence de

    la culture nationale aussi bien quorganisationnellesur la performance. Des rsultats pour le

    moins concluants issus de ces travaux ont renforc lintrt des chercheurs pour lnigme

    culturelle, certains dcrivant les bienfaits, dautres, les inconvnients des rapprochementstransnationaux. Les concepts d ajustement culturel (cultural fit : Weber, Shenkar &

    Raveh, 1996), de compatibilit culturelle (cultural compatibility : Cartwright & Cooper,

    1993), de distance culturelle (cultural distance : Morosini, Shane & Singh, 1998) et de

    similitude de style de management (management style similarity : Larsson & Finkelstein,

    1999) ont constitu divers angles dapproche du lien entre culture et performance qui nous

    intresse aujourdhui dans ses aspects contrasts et ambigus.

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    Une premire mta-analyse ralise par King et al. (2004) portant sur 93 tudes empiriques

    confirme lhypothse selon laquelle les facteurs de succs des fusions-acquisitions mritent

    plus ample attention : nos rsultats indiquent que la performance des fusions-acquisitions est

    modre par des variables non identifies par la recherche existante . Une deuxime mta-

    analyse mene par Stahl & Voigt (2004) sur limpact des diffrences culturelles sur la

    performance conclut la non-rsolution de la plupart des facteurs explicatifs de la variance

    culturelle. Des analyses postrieures proposent des pistes de recherche complmentaires.

    Very & Teerikangas (2006) suggrent que des biais conceptuels et mthodologiques ont altr

    le processus et les rsultats de la recherche. Stahl & Voigt (2008) se demandent si le rapport

    entre culture et performance est modr par les diffrences de culture ou par le mode de

    gestion de ces diffrences.

    Ltude qui suit se propose dexaminer la pertinence du mode de gestion des diffrences

    culturelles ou management interculturel appliqu la gestion des fusions-acquisitions. Elle

    fournit un cadre conceptuel permettant dapprhenderla porte du management interculturel

    dans la gestion du processus dintgration sous langle des comptences distinctives. Son

    dveloppement sorganise en trois parties: la premire partie dessine le cadre conceptuel des

    travaux prsents en mettant en lumire les modes de gestion des diffrences culturelles ; la

    seconde identifie les enjeux culturels de la russite des rapprochements internationaux ; latroisime partie insre le cadre conceptuel dans une dynamique dintgration positive pour

    lorganisation.

    1- La gestion des diffrences culturelles dans les rapprochements internationaux

    Lobjet de cette premire partie est de mettre en vidence les lments de la problmatique

    culturelle dans les rapprochements dentreprises. Linternationalisation des conomies a

    favoris les contacts entre cultures: les formes les plus courantes de rapprochements telles que

    les alliances inter-organisationnelles, les partenariats dentreprises ou les fusions-acquisitions

    ont pos la problmatique culturelle en des termes concrets et mis au dfi chercheurs et

    praticiens didentifier les facteurs cls de succs des rapprochements. Dans une rcente tude

    du cabinet de conseil Bain &Co, mene en 2009 auprs de 10.000 cadres issus de 73 pays, la

    culture figurait au premier rang des proccupations managriales de russite, ex-quo avec la

    stratgie. Et pourtant, les performances affiches par ces combinaisons culturelles sont loin

    dtre satisfaisantes et continuent dalimenter les recherches et exprimentations.

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    Les processus et comportements organisationnels dans la phase dintgration des fusions-

    acquisitions ont fait lobjet dun intrt croissant ces 20 dernires annes. Les spcialistes du

    comportement organisationnel (Buono & Bowditch, 1989; Cartwright & Cooper, 1993;

    Mirvis & Marks, 1992; Sales & Mirvis, 1984 ; Berry, 1990 ; Nahavandi & Malekzadeh, 1988)

    se concentrent sur les facteurs humains de lintgration (taux de satisfaction, sentiment

    didentit partag dans la nouvelle organisation issue du rapprochement, degr

    dacculturation) alors que les experts du changement organisationnel ((Jemison & Sitkin,

    1986; Hunt, 1988; Shrivastava, 1986 ; Haspelagh & Jemison, 1991)) tudient les stratgies de

    rapprochement, transferts de comptences et partage de ressources. La conjonction des deux

    champs, rare ou inexistante, est dlaisse au profit dune fragmentation des problmatiques,

    que nous identifions comme une faiblesse dans la recherche actuelle.

    La problmatique culturelle quant elle sexprime en termes dcarts et/ou de mesures. On y

    recense un certain nombre de travaux. Lajustement culturelou cultural fit (Marks, 1992 ;

    Buono & Bowditch, 1989 ; Chatterjee et al, 1992) est dfini comme le degr de compatibilit

    peru entre deux systmes culturels. La distance culturelle ou cultural distance

    (Morosini et al, 1998 ; David and Singh, 1994 ; Larsson & Risberg, 1998) est relative lcart

    existant entre les caractristiques des systmes culturels. La compatibilit culturelle ou

    cultural compatibility (Cartwright and Cooper, 1993, 1996) est synonyme de culturalfit . Enfin, la similitude entre styles de management ou management style similarity (Datta,

    1991 ; Larsson & Finkelstein, 1999) sapplique au degr de compatibilit entre modes de

    management. Ces travaux visent tous mieux apprhender le degr dajustement requis pour

    que deux systmes culturels puissent fonctionner ensemble. Cependant, les rsultats

    contradictoires issus de ces recherches ne permettent pas de rsoudre lnigme culturelle : la

    diffrence est tantt perue comme une opportunit, tantt comme une menace et le dbat se

    trouve relanc sur lalchimie culturelle des rapprochements internationaux.

    Le processus qui consiste dpasser lanalyse des diffrences et similitudes culturelles entre

    entits du rapprochement na t queffleurpar la recherche. Ce vide acadmique dcoule

    vraisemblablement de limportance excessive accorde la description, la comparaison et

    par consquent la mesure des diffrences culturelles, une perspective qui a mobilis les

    experts ces vingt dernires annes et qui a trouv son origine dans un courant pistmologique

    positiviste de rification de la culture, sur la base des tudes menes depuis Hofstede

    (1980).

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    La perspective acadmique souffre donc dune fragmentation excessive et les chercheurs

    sattlent depuis peu ouvrir le champ des investigations au-del des tudes de mesure ou de

    similitude (Very & Teerikangas, 2006 ; Stahl & Voigt, 2008). Dans cette optique, nous

    pensons que le paradigme de la distance culturelle est rvolu et quil convient dadopter une

    approche autre que dterministe, dpassant le cadre de lexamen des donnes culturelles

    passes la moulinette du rapprochement pour aborder le traitement ou mode de gestion

    des diffrences culturelles. Deux raisons nous invitent adopter cette position : la premire

    mane de ltude des rapprochements interculturels qui dmontre que des diffrences

    culturelles gres efficacement peuvent produire des cultures hybrides (Shimoni, 2011)

    sources de comprhension et satisfaction mutuelles. La seconde nous est fournie par les

    conclusions de revues rcentes de la littrature (Stahl & Voigt, 2008) : mme si lexamen des

    dimensions culturelles est essentiel dans lapprhension des aspects statiques de lintgration,

    celui-ci doit tre combin lanalyse des variables modratrices du processus, telles que la

    gestion de ces dimensions.

    Nous alimentons cette approche par diffrents modles thoriques. La littrature de recherche

    amricaine sur la gestion de la diversit (Adler, 2002 ; Cox, 1993) a donn naissance un

    courant de recherche qui reconnat la diversit culturelle au sens large (origine ethnique,

    culture nationale, genre, ge,) comme source denrichissement pour lorganisation etsinscrit en faux contre le caractre nuisible de toute forme de diffrence (Adler, 2002). La

    non-prise en compte (ou la mauvaise gestion de la diversit) peut nuire la performance

    organisationnelle alors que la gestion de la diversit peut savrer tre un atout stratgique

    pour lentreprise (Cox, 1993). Une tude de McKinsey parue en Avril 2012 tablit que les

    quipes dirigeantes intgrant la diversit affichent des performances suprieures notamment,

    mais pas seulement, dans le cas duneinternationalisation.

    Dune manire gnrale, la prise en compte de la diffrence a pour effet denrichir

    lorganisation de multiples opinions, avis, interprtations, rpertoires de significations qui

    favorisent ainsi une plus grande tolrance aux autres, une ouverture, une flexibilit et

    crativit accrues, et la naissance de nouvelles comptences distinctives (Adler, 2002 ; Mirvis

    & Marks, 2003). A linverse, la non prise en compte de la diffrence culturelle gnre des

    difficults de comprhension, dexcution, de prise de dcision, retarde le processus et laisse

    la place lambigut, la confusion, la complexit occasionnant frictions, incomprhensions et

    dfauts de communication de tous ordres (Adler, 2002 ; Cox, 1993).

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    Dans ltude des orientations affiches par les entreprises confrontes la diversit, trois

    types de stratgies culturelles sont positionns par Adler (2002) sur un continuum allant de

    linvisibilit culturelle ( cultural invisibility ) aux synergies drives de la culture.

    Lentreprise de type paroissial ( parochial ) ignore les problmatiques culturelles dans la

    mesure o la diversit culturelle nest pas considre comme pertinente.Lentreprise de type

    ethnocentrique ( ethnocentric ) minimise les diffrences culturelles car celles-ci

    reprsentent une menace pour lorganisation alors que lentreprise de type synergique

    ( synergistic ) gre les problmatiques de culture afin de transformer les diffrences en

    valeur ajoute pour lentreprise. Cette typologie peut tre rapproche de celle de Cox (1991)

    qui diffrencie les entreprises de type monolithique, pluriel et multiculturel ( monolithic,

    plural and multicultural organizations ). Lentreprise monolithique ignore ou dcourage

    activement la prise en compte de la diversit culturelle. Lentreprise plurielle, selon le cas,

    ignore ou tolre la diversit tandis que lentreprise multiculturelle valorise la diversit.

    Lentreprise dite synergique (Adler, 2002) ou multiculturelle (Cox, 1991) est comparable

    lentreprise gocentrique selon Heenan et Perlmutter (1967) dans laquelle la culture est

    considre comme une opportunit plutt quune menace et qui capitalise sur la diversit

    culturelle pour en faire un levier de russite (Schneider & Barsoux, 2002). Dans louvrage

    originel de Heenan & Perlmutters (1967), les stratgies de gestion des diffrences culturellessont ancres dans la nature des relations entre siges et filiales et varient en fonction du degr

    croissant dinternationalisation des entreprises, processus semblable celui que parcourt un

    individu dans la prise de conscience progressive des diffrences culturelles.

    Ce processus est dcrit par Bennett (1986, 1993b) dans ses travaux sur le dveloppement

    interculturel (Development Model of Intercultural Sensitivity). La sensibilit interculturelle

    est apprcie selon un processus de dveloppement de la conscience, drive de lexprience

    des diffrences culturelles qui dbouche sur la comptence interculturelle ( cross-culturalcompetence ) dfinie comme la capacit voluer de manire approprie dans diffrents

    systmes culturels (Bennett, 1986, 1993b).

    Les tapes du dveloppement de la comptence interculturelle sont rsumes dans le tableau

    ci-aprs (tableau 1) : elles incluent les implications individuelles ainsi quorganisationnelles

    du modle.

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    Stade de dveloppement et

    dfinition

    Implications pour lindividu Implications pour lorganisation

    DNIDenial: ones culture is

    experienced as the only real one

    La culture de lindividu est la seule

    qui soit. Les diffrences culturellessont ignores

    La prise en compte dautres

    cultures est inexistante

    DFENSE

    Defense: ones culture isexperienced as the only good one

    La culture de lindividu est la seule

    qui soit lgitime. Les diffrencesculturelles sont minores et la priseen compte dautres cultures est

    biaise

    Une entreprise de ce type se

    caractrisera par des attitudesngatives envers la diffrence quiconstitue une menace pourlorganisation.

    MINIMISATIONMinimization: ones culture is

    experienced as universal

    La culture de lindividu est

    universelle. La diffrence culturelleest nie, les autres cultures sontsimilaires la culture de rfrence

    Une entreprise de ce type prtendtre tolrante : cependant, cest laculture de lorganisation dominantequi simpose et absorbe les autres

    composantesACCEPTATIONAcceptance: other cultures are

    included in experience as equallycomplex but different constructions

    of reality

    Les autres cultures sont peruescomme des approches diffrentesmais tout aussi complexes de laralit.

    Une entreprise de ce type fera desefforts de recrutement et demaintien dun personnel divers.

    Elle encouragera les cadres

    reconnatre la diffrence mais neles y formera pour autant pas.

    ADAPTATIONAdaptation: ability to shift

    perspective in and out of anothercultural worldview is possible

    La capacit changer deperspective culturelle partir dun

    autre systme culturel est intgreet facilite par lexprience de cette

    autre culture.

    Une entreprise de ce typeencourage ses cadres acqurir lesconnaissances et comptencesinterculturelles notamment par laformation.

    INTGRATIONIntegration: ones experience of

    self is expanded to includemovement in and out of culturalworldviews

    Lexprience permet lindividu

    de naviguer travers les diffrentssystmes culturels.

    Une entreprise de ce type est uneentreprise internationale etmulticulturelle. Chaque politique,chaque problmatique, chaquemesure est prise en compte au

    regard de ses incidencesculturelles.

    Tableau 1: modle de Bennett (1986, 1993b)

    La gestion des diffrences culturelles dans les rapprochements internationaux oscille entre

    deux ples et peut donc tre apprhende sous la forme dun continuum:

    Non prise en compte (neglect) Pr ise en compte (attenti on)

    Figure 1. Continuum de la gestion des diffrences culturelles dans les rapprochements internationaux

    Ce continuum met en lumire les enjeux de la gestion des diffrences culturelles et permet

    dclairer les cas rels tudis par les chercheurs. En effet, lattention porte aux diffrences

    de culture ou la capacit prendre en compte ces diffrences ont t identifies comme des

    moteurs du processus dintgration, par opposition lattention porte dautres enjeux du

    rapprochement et au dfaut de prise en compte des phnomnes de culture (Ashkenas &

    Francis, 2000). Il est fait rfrence aux exemples fameux de myopie culturelle o le non-traitement des diffrences sest traduit par des checs retentissants. La fusion Daimler &

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    Chrysler en est trs certainement la meilleure illustration (Badrtalei & Bates, 2007). Est

    galement cit lchec de la fusion Renault-Volvo en exemple du paradoxe de la distance

    psychique (Evans et al, 2000), o la perception errone de la similitude culturelle a entrav

    le rapprochement (dIribarne, 1998). A linverse, dans leur analyse de la construction du

    rapprochement des entits franaises, espagnoles et allemandes dEADS, Barmeyer &

    Mayrhofer (2007) soulignent la prise en compte mticuleuse des caractristiques culturelles

    de chacune des composantes du nouveau consortium. La myopie culturelle dans le cas de

    Daimler-Chrysler comme le dfaut de prise en compte des diffrences culturelles dans le cas

    de Renault/Volvo entranent les gestionnaires de lintgration dans une spirale de la

    ngligence des diffrences identitaires qui conduit sous-estimer limportance de la culture

    dans la dynamique dintgration. Le continuum ainsi positionn (figure 1) et rapproch des

    typologies de Bennett, dAdler et de Cox (tableau 2), permet de distinguer deux cas de figure

    relatifs la prise en compte des diffrences culturelles quil nous parat intressant de

    souligner pour notre tude. La considration de la diversit pourra seffectuer de manire

    passive, sous forme de simple reconnaissance (libre ou contrainte), ou revtir une forme

    active de prise en compte. Celle-ci pourra tre soit individuelle et reposer sur le bon vouloir et

    la comptence des individus, soit institutionnelle et sarticuler autour dune vritable politique

    de prise en compte de la diffrence.

    Type dentreprise Orientation culturelle Stratgie culturelle

    Entreprise de type paroissial (Adler)

    Entreprise de type monolithique (Cox)

    Dni des diffrences (Bennett) Non prise en compte desdiffrences culturelles :

    perception des variationsculturelles inexistante

    Entreprise de type ethnocentrique (Adler)

    Entreprise de type pluriel (Cox)

    Dfense et minimisation (Bennett) Rejet des diffrencesculturelles : refus de priseen compte des diffrencesculturelles par craintedinfluence ngative

    Entreprise de type pluriel (Cox) Acceptation (Bennett) Reconnaissance desdiffrences culturelles :

    prise en compte passivedes variations culturelles

    Entreprise de type synergique (Adler)

    Entreprise de type multiculturel (Cox)

    Impact positif

    Adaptation, Intgration (Bennett)

    Prise en compte active desdiffrences culturelles :intgration des diffrencesculturelles dans le but degnrer des synergies

    Tableau 2Types dorganisationset stratgies culturelles

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    Nous dfinissons donc le management interculturel comme la prise en compte formelle des

    diffrences culturelles dans la gestion dune organisation. Il est une comptence distinctive

    (Barney, 1991) exerce par une organisation dsireuse de transformer les diffrences ou

    variantes culturelles en synergies pour son dveloppement.

    2- Lintgration culturelledes fusions-acquisitions internationales

    De nombreuses tudes saccordent pour dire que la phase dintgration qui fait suite aux

    ngociations et la conclusion de laccord de rapprochement est juge la plusprilleuse

    (Haspelagh & Jemison, 1991). Cest lors de cette tape que vont tre mises en uvre les

    synergies attendues pour gnrer de la valeur ajoute et transformer lessai. Or, une

    intgration russie suppose de runir au pralable les lments ncessaires son excution

    (Morosini et al, 1998). De nombreuses oprations de fusions-acquisitions chouent en raison

    dune excution dsastreuse, qui nglige les caractristiques intrinsques des systmes en

    prsence, quils soient dailleurs nationaux ou transnationaux.

    La mise en uvre du processus dintgration suppose que lon prenne donc en compte les

    implications positives (crativit, diversit positive, enrichissement mutuel) et ngatives(incomprhensions, rsistances, tensions) drives du rapprochement de deux systmes

    culturels (Reus & Lamont, 2009). Comme lindiquent Zollo and Singh (2004), la gestion des

    tensions entre les implications positives et ngatives du processus dintgration ncessite le

    dveloppement de comptences appropries. Selon Blanchot (2007), la compensation des

    forces centrifuges de la coopration par les forces centriptes conditionne la mise en uvre

    dun management interculturel enrichi. Nous allons plus loin en proposant que, bien plus

    quun phnomne compensatoire, le management interculturel de lintgration se veut tre

    une approche formalise de la gestion du changement qui transforme les dfis du

    rapprochement en avantages pour lorganisation. Cette approche formalise se rvle dautant

    plus pertinente que la diversit culturelle constitue bien une arme double tranchant, les

    enjeux culturels de la russite des fusions-acquisitions internationales se situant au niveau de

    lintgration socioculturelle ou humaine (human integration) et de lintgration

    organisationnelle (task integration).

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    La prominence de ces deux sous-processus complmentaires et interdpendants a t mise en

    vidence par la recherche de multiples reprises (Birkinshaw, Bresman & Hakanson, 2000;

    Stahl & Voigt, 2008):

    - Le degr dintgration socioculturelle ou humaine fait rfrence la mesure dans

    laquelle les employs expriment un sentiment de satisfaction vis--vis de la nouvelle

    entit et renvoie aux phnomnes didentit culturelle.

    - Le degr dintgration organisationnelle ou partage des tches fait rfrence la

    mesure dans laquelle des synergies oprationnelles sont obtenues et renvoie aux

    considrations de structure, de systmes et de procdures.

    La recherche dmontre quune intgration russie est le rsultat dun processus interactif

    combinant donnes socioculturelles et organisationnelles. Un processus dintgration

    socioculturelle mdiocre entravera le processus dintgration organisationnelle et vice-versa

    (Schweiger, 2002). La dynamique culturelle de lintgration mrite donc toute notre attention.

    Le dfi de lidentit culturelle est probablement le plus dlicat relever: il est li la fonction

    principale que remplit la culture dans une organisation qui est une fonction de cohsion, de

    ciment, dagrgation de significations partages: culture is central to a groups identityand

    view of reality (Olie, 1990).Il est rendu difficile du fait de la complexit des phnomnes de

    culture. En tudiant les diffrences de cultures, les chercheurs prsupposent lexistencedensembles relativement homognes et cohrents permettant de dlimiter les contours de

    systmes culturels. Or, lhomognit des systmes est largement mise en pril par la

    cohabitation de sous-systmes culturels dans lorganisation (national, rgional, professionnel,

    fonctionnel) ; de la mme faon, la cohrence est fonction des influences diverses dans le

    temps et lespace qui faonnent les modes de fonctionnement de lorganisation.La dfinition

    de la culture organisationnelle par Schein (1985) reflte ces donnes : la culture est le

    rsultat de ladaptation interne et externe de lorganisation. Les analyses sociologiques des

    organisations contemporaines mettent en exergue un univers culturel htrogne, dcoulant de

    lhtrognit nationale, rgionale, sociale, professionnelle des diffrentes catgories de

    personnel (Cuche, 2004). De la mme manire, les modes de fonctionnement de

    lorganisation sont constamment remis en question par lacclration des bouleversements

    conomiques contemporains qui menacent son quilibre, ce qui rend lintgration dautant

    plus dlicate.

    En outre, dans les oprations de fusions-acquisitions internationales, la dualit culturellecomplexifie lintgration. En effet, culture nationale ou culture du pays dorigineet culture

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    organisationnelle ou culture de lorganisationsont inextricablement mles et ne peuvent faire

    lobjet dun dcoupage artificiel. Chaque organisation est un condens de cultures

    nationale et organisationnelle. La culture nationale, tout comme la culture organisationnelle,

    repose sur les artefacts, normes et valeurs communes aux membres dunesocit nationale ou

    dune organisation, qui procdent des croyances et hypothses de base ayant forg le devenir

    de la socit ou de lorganisation (Weber, Shenkar & Raveh, 1996 ; Buono, Bowditch &

    Lewis, 1985 ; Schein, 1985). De nombreuses recherches mettent en vidence limpact des

    cultures nationales sur les cultures organisationnelles. Des entits issues de la mme

    entreprise et fonctionnant dans des pays diffrents utilisent des systmes culturels diffrents

    ((DIribarne, 1998). Lencastrement des pratiques organisationnelles dans les croyances

    nationales est abondamment dcrit (Hofstede, 1980). Les analyses montrent que les valeurs

    dominantes de la culture nationale (la partie cache de liceberg) teintent fortement les

    pratiques organisationnelles (la partie visible de liceberg). Lancrage des pratiques et

    comportements organisationnels dans les valeurs et croyances permet de mettre en perspective

    adaptations socioculturelles et organisationnelles. Dans une organisation, le manager qui

    dtient les cls de la comprhension culturelle sait relier pratiques et croyances et identifier

    les rfrentiels ou significations partages de plusieurs systmes culturels la fois. La

    comptence interculturelle drive de cette comprhension confre lorganisation une valeur

    ajoute dans la gestion de lintgration.

    Le rapprochement des identits duales des deux organisations va invitablement gnrer des

    tensions, abondamment scrutes par la littrature de recherche. Les thories de lidentit

    sociale (Social Identity Theory, Tajfel, 1974) et de la catgorisation (De Dreu and Weingart,

    2003) facilitent la comprhension des implications ngatives du rapprochement. Le

    phnomne de lidentit sociale explique pourquoi la cration dune nouvelle identit, cest--

    dire le dpassement des obstacles et antagonismes lis la diffrence dappartenance , est un

    dfi de taille qui doit tre relev par les gestionnaires de lintgration. La thorie de lidentit

    sociale (Tajfel, 1974) tablit lantagonisme driv de lappartenance au groupe dorigine vis-

    -vis du groupe tranger (ingroup vs outgroup), en raison de la prservation du statut du

    groupe dorigine. Cet antagonisme se trouve renforc par lexistence dune menace extrieure,

    comme dans le cas des fusions-acquisitions, et/ou par la perception dune diffrence

    importante, comme dans le cas des fusions-acquisitions entre systmes culturels perus

    comme dissemblables. Le modle de la ligne de dmarcation ( faultline model , Lau and

    Murnighan, 1998, 2005) confirme les implications de la thorie de lidentit sociale en

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    12

    dmontrant que les identits culturelles fortes au sein des quipes multiculturelles sont

    prjudiciables lintgration.Dans le mme ordre dides, la perspective de la catgorisation

    sociale (De Dreu and Weingart, 2003) dmontre que les quipes culturellement homognes

    sont moins sujettes aux tensions et aux conflits. Le dpassement des obstacles et

    antagonismes lis la diffrence dappartenance peut natre du rassemblement des deux

    groupes dappartenance contre un ennemi pralablement identifi, un concurrent majeur

    ou lagrgation de menaces extrieures. Dans ce cas, la communication de la vision,

    fondamentale dans lalliance des deux groupes, doit sappuyer sur les synergies

    organisationnelles anticipes, exprimes en objectifs oprationnels.

    Les synergies organisationnelles sont mises en vidence par la recherche relative au

    traitement de linformation(van Knippenberg and Schippers, 2007) qui tablit que les quipesculturellement diverses ou htrognes gnrent de meilleurs rsultats grce au plus grand

    nombre de comptences, connaissances et avis quelles sont amenes partager (Adler,

    2002). Culture is central to a groups identity and view of reality (Olie, 1990). Dans ce

    domaine galement, linfluence de la culture dorigine est considrable : comme lindique la

    recherche, les modes dapprentissage faonnent les connaissances, les comptences sont

    teintes culturellement, les avis refltent les normes et valeurs contenues dans les orientations

    culturelles des populations du rapprochement (Kluckhohn and Strodtbeck, 1961; Hofstede,1980; Trompenaars and Hampden-Turner, 1997). Les processus de commandement, de prise

    de dcision, de ngociation, de communication et de motivation varient dunhritage culturel

    lautre. Les tudes interculturelles abondent dexemples de frictions et conflits drivs

    dattitudes diffrentes face au pouvoir, la prise de dcision, la conduite de runion, ou la

    rcompense. Lattitude vis--vis de la hirarchie varie entre lapplication inconditionnelle ou

    lacceptation ngocie des dcisions prises. La communication est tantt ascendante, tantt

    descendante, tantt mixte. Certains systmes culturels intgrent des niveaux de formalit

    importants, la diffrence dautres systmespour qui laversion au risque est plus faible. Les

    systmes de promotion au mrite contrastent avec les systmes de promotion lanciennet.

    Certains groupes culturels affichent leur prfrence pour la rcompense individuelle, dautres

    pratiquent lvaluation collective. Il ne sagit donc pas seulement de prendre acte de cette

    diversit : les bnfices quelle est cense engendrer ainsi que les frictions et conflits qui

    peuvent naturellement en dcouler doivent pouvoir tre abords de manire constructive afin

    denrichir la nouvelle organisation de modes de fonctionnement viables. Les divergences de

    pratiques doivent dabordtre recenses et reconnues afin dtre dpasses ou transformes.

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    Sans conscience pralable des implications ngatives et positives de ces enjeux, des stratgies

    de contournement seront utilises : les travaux de Sylvie Chevrier (2003) sur le management

    interculturel dtaillent ces stratgies. Lindividu en situation de coopration interculturelle

    reconnat lexistence de diffrences mais nest pas rellement capable de les prendre en

    compte, utilisant ses qualits interpersonnelles (tolrance, ouverture desprit) pour atteindre

    ses objectifs. Une seconde approche relate un processus dexprimentation collectif. Les

    quipes apprennent travailler ensemble : dans ce cas, la prise en compte des diffrences

    culturelles est carte au profit dinteractions efficaces bases sur de bonnes relations

    personnelles. Une troisime approche consiste en la mise en place de cultures transnationales

    de type professionnel ou organisationnel. Les diffrences de culture nationale sont dpasses

    grce lutilisation de ciments professionnels, cest--dire de codes de comprhension lis

    au mtier ou de routines organisationnelles communes. Aucune de ces stratgies nest drive

    dune orientation formelle ou institutionnelle de gestion des diffrences culturelles. Elles

    procdent toutes, au contraire, dune approche empirique guide par le pragmatisme et

    lefficacit et ne permettent pas de capitaliser sur la dure, a contrario dune reconnaissance

    claire des diffrences culturelles apprivoises par une gestion formalise.

    La cration dune nouvelle identit capable de fonctionner partir de deux ensembles

    culturels distincts est une tche colossale qui se conjugue mal avec les contraintes de tempsquimpose le rapprochement, do la ncessit dune prise en compte claire et formalise.

    La recherche acadmique et empirique insiste ainsi sur la ncessit de raliser les principales

    adaptations dans les cent premiers jours qui suivent lannonce de lopration. Cette

    contrainte suppose que la formalisation du processus dintgration ait t conue largement en

    amont de son excution. Pour rpondre aux exigences defficacit dexcution du processus

    dintgration, la comprhension des diffrences culturelles sera consigne dans un audit de

    culture (cultural due diligence) qui constitue la premire tape de gestion du rapprochement.

    Proposition (1) : le management interculturel de lintgration prend appui sur un audit de

    culture qui vise identifier les caractristiques des deux systmes culturels en prsence.

    La spcificit du management interculturel consiste, ce stade, se servir de laudit de

    culture, cest--dire de lattention porte aux diffrences de culture, pour pouvoir combiner ou

    transformer des rfrentiels diffrents (faits de valeurs et croyances nationales distinctes)

    partir de pratiques organisationnelles clairement identifies. Cette procdure de traduction

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    (Holden, 2001) des rfrentiels en pratiques utiles par la nouvelle organisation va constituer le

    matriau de base de la stratgie culturelle dfinir en fonction des impratifs conomiques.

    Les raisons qui ont prsid au rapprochement conomique entre les deux organisations vont

    galement dicter le degr dintgration culturelle. Laccord sur le degrdintgration

    culturelle dans la phase daudit des systmes culturels va permettre de clarifier les positions et

    attentes des deux entits, de dsamorcer dventuelles querelles de pouvoir(fusion ou

    acquisition), et de positionner le rle de chaque parti dans la nouvelle organisation. Les

    gestionnaires de lintgration ont, selon le degr de rapprochement stratgique, le choix entre

    4 types dintgration culturelle( cultural end-state , Marks & Mirvis, 2011 ; Nahavandi &

    Malekzadeh, 1988) :

    -

    Prvalence ou domination de lun des deux systmes culturelssur lautre: les

    impratifs stratgiques commandent labsorption de lun des deux systmespar

    lautre, une situation frquente dans le cas des fusions-acquisitions horizontales ; dans

    quelques cas de figure, il peut arriver que la socit absorbe impose son rfrentiel

    lacqureur (reverse takeover , Marks & Mirvis, 2011).

    - Prservation des deux systmes culturels : les impratifs stratgiques ne ncessitent

    quune mise en commun minimale des ressources des deux organisations ; des

    fertilisations croises sont attendues dventuelles collaborations ponctuelles.

    - Combinaison-adaptation des deux systmes culturels : des oprations de concentration

    gographique ou industrielle, guides par des conomies dchelle, visent lintgration

    complte quelles ralisent partir dune combinaison-adaptation des cultures.

    - Transformation des deux systmes culturels : les transformations industrielles et

    technologiques sont loccasion dune rorganisation complte desrfrentiels des

    cultures en prsence. Afin dtre comptitives, les organisations regroupes

    rinventent leur culture en intgrant le nouveau primtre concurrentiel.

    Laudit de culture va permettre de guider ce choix; celui-ci reste cependant sujet adaptation

    durant la phase dintgration pendant laquelle les deux entits apprennent travailler

    ensemble (Marks & Mirvis, 2011).

    Proposition (2) : llaboration dune stratgie culturelle en lien avec la nouvelle identit

    culturelle voulue (cultural end-state) constitue la deuxime tape dun management

    interculturel formalis.

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    15

    3-

    Dynamique dintgration et management interculturel

    Jusquici laprise en compte formelle des diffrences culturelles a fait lobjetdun nombre

    limit de recherches dans la littrature portant sur les fusions-acquisitions internationales: lestravaux dtaills ci-aprs sarticulent tous sur la formalisation de lapprentissage interculturel,

    un ncessaire pralable la coopration.

    Chevrier (2003), dans ses travaux sur les quipes multiculturelles, aborde la gestion

    formalise des diffrences culturelles sous langle du dveloppement dune comprhension

    commune de la nouvelle donne culturelle. Cette orientation est mise en uvre par un

    mdiateur culturel charg de lapprentissage ncessaire la coopration.

    Cette perspective est galement reprise dans lexprience mene par Schweiger & Goulet

    (2002) qui dmontrent que lapprentissage interculturel approfondi formalis ( deep cultural

    learning ) par opposition lapprentissage superficiel limit ( surface cultural learning )

    ou labsence dapprentissage (no cultural learning ) gnre des rsultats bnfiques pour

    lintgration et amliore la performance de manire significative. Tous les indicateurs

    dintgration socioculturelle sont positifs lissue de cette exprimentation: satisfaction

    mutuelle, engagement affirm, coopration renforce au service de la nouvelle organisation.

    Ces travaux font cho ceux de Holden (2001) qui propose de prolonger les dispositifs

    dapprentissage interculturel par la mise en place dun systme de gestion des connaissances

    (knowledge management) : the mere management of cultural differences is less important

    than creating environments, structures and procedures for facilitating cross-cultural learning

    and knowledge sharing, soulignant ainsi le rle fondamental et permanent de lapprentissage.

    Dans ces diffrentes tudes, la mise en place des structures dapprentissage subordonne la

    nomination de gestionnaires permanents de linterculturel dont la tche est dinitier la

    coopration par la comprhension, et de runir ensuite rgulirement les acteurs de

    lentrepriseconcerns par lintgration,afin de mettre jour les expriences partages et de

    capitaliser sur les connaissances acquises. Le tableau rcapitulatif suivant relie la prise en

    compte active des diffrences culturelles lexistence dun management interculturel

    formalis (tableau 3).

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    16

    Tableau 3Stratgies culturelles et management interculturel

    Dans les trois tudes cites prcdemment (Chevrier, 2003; Holden, 2001; Schweiger &

    Goulet, 2002), le management interculturel est indissociable de la mise en place de dispositifs

    dapprentissage permanent. Lapprentissage culturel est prsent comme le moyen de

    lintgration culturelle. Lapprentissage est partie intgrante de la gestion

    institutionnelle/proactive des diffrences culturelles et conditionne la cration

    denvironnements de travail, de structures et de procdures pour la transformation des

    menaces culturelles en opportunits. La mise en uvre de lapprentissage interculturel est

    lune des responsabilits premires du gestionnaire de lintgration ou du mdiateur culturel.

    Ce dveloppement met en lumire le rle prpondrant que joue lapprentissage dans lacomprhension et la connaissance de lautre. Il est difficile, voire impossible, de cooprer

    avec lautre quand on ne le comprend pas; la barrire de la langue symbolise mais nenglobe

    pas toutes les barrires la comprhension interculturelle. Il est difficile de cooprer avec

    lautre sans le connatre: en tmoignent les multiples difficults recenses par la littrature de

    recherche dans le fonctionnement des quipes internationales et notamment de celles qui

    travaillent distance. Le processus dapprentissage permet de rsoudre le double dfi de la

    comprhension et de la connaissance.

    Orientation culturelle Stratgie culturelle Management

    interculturel

    Dni (Bennett) Non prise en compte desdiffrences culturelles :

    perception des variations

    culturelles inexistante

    Nant

    Dfense et minimisation (Bennett) Rejet des diffrencesculturelles : refus de priseen compte diffrencesculturelles par craintedinfluence ngative

    Nant

    Acceptation (Bennett) Reconnaissance desdiffrences culturelles :

    prise en compte passivedes variations culturelles

    Non formalis : mise enuvre de procdures

    individuelles, de processusdessai-erreur ; utilisationdes codes mtier et

    routines organisationnelles

    Adaptation, Intgration (Bennett) Prise en compte active desdiffrences culturelles :intgration des diffrencesculturelles dans le but degnrer des synergies

    Formalis : apprentissagedes diffrences culturelles

    par la formation au sein destructures de facilitation etde partage

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    Lincomprhensionet la mconnaissance de lautre et sont au cur des blocagesconstats

    dans les rapprochements dentreprise. Quand ils sajoutent aux peurs et incertitudes

    engendres par le changement, les rsultats sont catastrophiques et risquent de provoquer la

    paralysie de lorganisation (Sales & Mirvis, 1984). Dans le cas defusions-acquisitions

    internationales, la prise en compte formalise ou active de la diffrence va permettre de

    dsamorcer les peurs, les tensions et mettre fin aux rumeurs de tous genres en organisant le

    rassemblement physique des deux entits. Conjugue une communication claire, pertinente

    et rapide sur le bien-fond de la fusion-acquisition, elle va contribuer instaurer un climat de

    confiance gnrateur dengagement envers la nouvelle organisation issue du rapprochement

    (Ashkenas et al, 1998; Buono and Bowditch, 1989; Haspelagh and Jemison, 1991; Horwitz et

    al, 2008; Marks, 1982; Sales and Mirvis, 1984; Shrivastava, 1986).

    Pour satisfaire aux exigences de la comprhension, il est donc indispensable quune fois les

    cultures en prsence identifies par lebiais de laudit culturel, les cls de la comprhension

    des cultures soient donnes aux acteurs du rapprochement, cest--dire tous les personnels

    viss par les synergies oprationnelles (Angwin, 2000 ; Horwitz et al, 2008), par les quipes

    dintgration dans les instances dapprentissage.

    La russite des phases visant faciliter la comprhension et engager la coopration

    conditionne lalignement entre stratgie et tactiques oprationnelles: il sagit de mettre en

    place des mcanismes de partage de tches et de comptences et de mise en commun de

    connaissances et de ressources pour une fertilisation croise. Selon les cas et selon les

    besoins, il pourra sagir de structures de prise de dcision bicphales, dquipes de travail

    mixtes, de rotations ou de transfert de personnel, relayes, le cas chant, par des instances de

    traitement constructif des conflits.

    Le processus de coopration engag partir de la communication formelle de la vision pour la

    nouvelle entit et de la mise en commun des objectifs oprationnels organise donc la

    formalisation des changes entre units regroupes par la cration despaces et de temps de

    co-construction de significations partages. Ce processus de co-construction, li lessence

    mme de la culture (Cuche, 2004), se rvle tre un puissant moteur dengagement au service

    de la nouvelle entit.

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    Le tableau suivant dresse la liste des antcdents dune intgration russie (Ashkenas et al,

    1998; Buono and Bowditch, 1989; Haspelagh and Jemison, 1991; Horwitz et al, 2008; Marks,

    1982; Sales and Mirvis, 1984; Shrivastava, 1986). Il est le fil conducteur de llaboration et de

    la mise en place des dispositifs de management interculturel, reflets dun environnement

    (Mitleton-Kelly, 2006) o coopration et collaboration favorisent la co-construction

    permanente de rfrentiels de sens inscrivant les entits issues du rapprochement dans une

    dynamique positive.

    Intgration organisationnelle Intgration socioculturelle

    Dfinition de la structure organisationnelle et desresponsabilits managriales

    Mise en uvre dun leadership visible et cohrent

    dans le dveloppement dune vision partage

    Dfinition des objectifs et plans daction de

    lintgration

    Nomination des quipes dintgration ad-hoc

    Alignement et rationalisation des systmes et desprocdures

    Dfinition prcoce et claire des flux dinformation et

    de communication

    Identification et rtention des employs-cls Gestion de lincertitude

    Constitution des comptences organisationnelles:partage de ressources et transfert de connaissances

    Instauration de la confiance, du respect et de ladignit grce linstitution de la collaboration, la

    coopration et lengagement immdiats

    Promotion de lapprentissage Gestion du changement culturel incluant laconstruction dune nouvelle identit et linstauration

    dattitudes positives travers la cration dun universde sens partag, fait de dcisions et dactionscommunes

    Tableau 4Les antcdents dune intgration russie

    Outre la formalisation des structures de formation, les dispositifs de management interculturel

    varient selon le degr dintgration culturelle choisie et intgrent, selon le cas, des runions

    rgulires des personnel, des quipes de projets mixtes, des transferts de personnel, des

    rotations dquipes,des communications interdpartementales institutionnalises, des comits

    de veille de lintgration(Haspelagh and Jemison, 1991; Sales and Mirvis, 1984; Shrivastava,

    1986 ; Horwitz et al, 2002).

    Proposition (3) : la stratgie culturelle se traduira en intgration socioculturelle et

    organisationnelle dcline en dispositifs spcifiques et sous-tendue par lapprentissage.

    Une intgration russie nest pas un processus fig dans sa dfinition, excutable en ltat ;

    une intgration russie est un ensemble de dispositifs dont linteraction doit pouvoir tre

    surveille troitement afin de dtecter dventuelles frictions ou incomprhensions

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    19

    nouvelles et les corriger. Les verbes contrler et surveiller sont utiliss avec des

    guillemets dans ce dveloppement car la nouvelle donne culturelle rsultant dune co-

    construction de significations partages ne saurait tolrer des processus contraints. Elle lui

    prfrera le terme de rgulation. Ainsi, lintgration organisationnelle compltera les

    dispositifs de gestion des ressources humaines par des mcanismes de rgulation.

    Proposition (4) : les processus dintgration socioculturelle et organisationnelle sont rguls

    par des comits de suivi de lintgration chargs dapprcier les progrs raliss et de mettre

    en uvre les ajustements ncessaires.

    Le schma ci-dessous inspir des travaux de Stahl et Voigt (2008) eux-mmes tirs de

    lanalyse de Birkinshaw, Bresman & Hakanson (2000), retrace les tapes-cls du processus

    dintgration modr par un management interculturel formalis.

    Figure 2. Le management interculturel de lintgration: un modrateur cl du processus

    Le management interculturel de lintgration est une comptenceorganisationnelle distinctive

    qui sexerce chaque tape du processus: la prise en compte de la dualit culturelle dans la

    due diligence sert de fondement la formulation dune stratgie culturelle approprie mise en

    uvre dans lintgration des hommes et des tches et value dans le processus de contrle de

    qualit de lintgration.Cest un ensemble de dispositifs qui rsultent dune approche claire

    de management enrichi capable de crer de la valeur partir dune prise en compte formalisede la diversit culturelle.

    Ngociationet conclusiondu march

    Due

    diligence

    culturelle

    (1)

    Mise en uvre du

    processus dintgration

    culturell e (3)

    Et de lintgration

    organisationnelle

    Dfinitiondune

    stratgie

    Formulation

    de la

    stratgi e

    culturelle

    (2)

    Evaluationde la qualitdu processus

    Contrle de

    lintgration

    culturelle

    (4)

    Le management interculturel de lintgration (1)(2)(3)(4)

    Mise en uvre de

    lintgration

    socioculturelle

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    20

    Nous formulons donc la proposition rcapitulative suivante : la qualit de lintgration

    repose sur la capacit des gestionnaires de lintgration ou quipes dirigeantes grer la

    dynamique culturelle ds le lancement de la phase dintgration, par la mise en place dun

    environnement et dinfrastructures propices la comprhension mutuelle et lamlioration

    permanente, dont lapprentissage est un des lments charnires. Ce processus que nous

    dsignons comme le management interculturel de lintgration est driv de la prise en

    compte active et formalise des composantes culturelles de la nouvelle entit issue du

    rapprochement et est une comptence organisationnelle distinctive.

    Les enjeux sont considrables: il sagit encore une fois pour les gestionnaires de lintgration

    de transformer les menaces socioculturelles (identit sociale) et organisationnelles (pratiques

    diffrencies) en leviers de succs pour lorganisation. Nous allons par consquent au del dela position qui consiste considrer quun processus dintgration bien conu minimise les

    tensions inter-organisationnelles et interculturelles. Nous considrons quune gestion

    formalise des diffrences culturelles qui prend ses racines dans une procdure de due

    diligence culturelle et se dploie selon un plan daction en cohrence avec la stratgie de

    lentreprise facilite et amliore les conditions du rapprochement (Angwin, 2001). Cette

    gestion formalise des diffrences culturelles accrdite la thse selon laquelle la

    problmatique du rapprochement nest pas celle de lajustement (do we fit ? ) en lien avecle paradigme de la distance culturelle mais celle de la volont dajustement (are we willing

    to fit ? , Gaertner et al, 1989) en cohrence avec la gestion proactive des diffrences

    culturelles.

    Conclusion

    Cet essai trouve son origine dans lnigme non rsolue de linfluence de la culture dans lesrapprochements internationaux. Les tensions et lacunes persistantes renforcent lintrt pour

    cette question de recherche et incitent les chercheurs et praticiens explorer plus avant les

    raisons de ces carences. La culture serait-elle responsable de la majorit des checs des

    oprations de rapprochement ?

    Une revue de la littrature de recherche portant sur la culture dans les fusions/acquisitions

    permet de distinguer de nombreux axes dapprofondissement culturel : comment faciliter

    linteraction entre lintgration socioculturelle et lintgration organisationnelle afin de

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    gnrer des synergies (Birkinshaw et al., 2000), comment favoriser le transfert de

    comptences, le partage de ressources et lapprentissage grce aux diffrences culturelles

    (Bjorkman et al. 2007), comment crer une nouvelle culture et une nouvelle identit aprs une

    fusion (Larsson & Lubatkin, 2001), comment grer les diffrences culturelles afin de mieux

    apprhender les facteurs de succs (Stahl & Voigt, 2008).

    La gestion des diffrences culturelles est le point de dpart dune analyse qui identifie une

    typologie des modes de gestion de la culture et positionne cette typologie sur un continuum

    appliqu au processus dintgration des fusions-acquisitions transnationales. Cette analyse

    dbouche sur la proposition que la qualit de lintgration repose sur des stratgies culturelles

    formalises dployes par des dirigeants ou gestionnaires de lintgrationqui transforment les

    obstacles culturels en avantages concurrentiels pour lentreprise.

    Il peut savrer quun lment facilitateur de cette mise en uvre soit la comptence

    interculturelle. Les quipes de direction ou gestionnaires de lintgration ayant acquis la

    comptence interculturelle sont capables dinteragir efficacement avec des individus issus de

    diffrentes cultures, un savoir-faire acquis et exerc au cours de multiples expositions

    transnationales. Cette agilit culturelle (Caligiuri et al, 2010) facilitatrice du rapprochement

    pourra faire lobjet de recherches complmentaires.

    Les limites de cet article rsident dans sa nature conceptuelle. Le lien entre management

    interculturel et qualit de lintgrationmrite dtre test: il doit permettre de srier la validit

    des dispositifs facilitant la mise en uvre des rapprochements transnationaux.

    Lexamen des modes de gestionformalise des diffrences culturelles pourrait se rvler utile

    la rsolution de lnigme culturelle en incitant les dirigeants reconnatre limportance

    stratgique de la prise en considration de la variable culturelle.

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    22

    Bibliographie

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