actes du 3e colloque · 2012. 10. 23. · colloque spécialisé en sciences de l’information...

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ACTES DU 3 e COLLOQUE SPÉCIALISÉ EN SCIENCES DE L’INFORMATION (COSSI) Management de l’information : défis et tendances 8-9 juin 2011 Université de Moncton, Campus de Shippagan Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada

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  • ACTES

    DU 3e COLLOQUE

    SPÉCIALISÉ EN SCIENCES DE

    L’INFORMATION (COSSI)

    Management de l’information :

    défis et tendances

    8-9 juin 2011

    Université de Moncton, Campus de Shippagan

    Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada

  • Colloque Spécialisé en Sciences de l’information (COSSI)

    Université de Moncton, Campus de Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada, 8-9 juin 2011

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    3e Colloque Spécialisé en Sciences de l’Information (COSSI)

    Management de l’information : Défis et tendances

    8 et 9 juin 2011

    Université de Moncton, Campus de Shippagan, 218 Boulevard J.-D.-Gauthier,

    SHIPPAGAN, Nouveau-Brunswick, Canada, http://www.umoncton.ca/umcs/COSSI Le colloque En cette année de célébrations du 50e anniversaire de la formation postsecondaire dans la Péninsule Acadienne, l’Université de Moncton, Campus de Shippagan, aura le plaisir d’accueillir la 3e édition du « Colloque Spécialisé en Sciences de l’Information (COSSI) ». Cette manifestation réunira des représentants de la Francophonie canadienne et internationale, dont les intérêts de recherche et de pratique se concentrent sur les nombreux enjeux posés aux organisations et aux acteurs du marché du travail par l’évolution de la société de l’information et de l’économie de la connaissance. Problématique et axes de réflexion L’invitation au débat est lancée aux chercheurs et professionnels de la communauté canadienne et internationale, dont les intérêts de recherche et de pratique se concentrent sur les nombreux enjeux posés aux organisations et aux acteurs du marché du travail par l’évolution de la société de l’information et de l’économie de la connaissance. Le comité organisateur sollicite des propositions originales portant sur des réflexions théoriques, sur des projets professionnels ou des études de cas abordant les problématiques informationnelles auxquelles les organisations de tout type sont confrontées actuellement, ainsi que les nouveaux concepts, théories, méthodes et outils en matière de management de l’information, en tant qu’éléments de réponse { ces défis. Les communications seront regroupées sous deux axes suivants : A. Gestion de l’information et des connaissances : méthodologies, normes et politiques, traitement et diffusion des documents, supports et documents numériques, questions de déontologie, cycle de l’information, Web en évolution, nouveaux publics et services, éducation et compétences informationnelles, bibliothèques proactives, collections numériques, travail collaboratif, … B. Gestion stratégique de l’information : culture informationnelle, repérage d’information critique, réseautage professionnel et social, veille stratégique, accès et droit { l’information, protection de l’information, intelligence économique et territoriale, communication stratégique, prospective, …

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    Comité scientifique du COSSI 2011

    - Lucie Bégin, École de Management de Normandie, France

    - François Brouard, Université Carleton, Ottawa, Canada

    - Carol Couture, Conservateur et directeur général, Bibliothèque et Archives nationales du

    Québec, Canada

    - Viviane Couzinet, Institut Universitaire de Technologie, Université Toulouse-III, France

    - Jacqueline Deschamps, Haute École de Gestion de Genève, Suisse

    - Viviane du Castel, Institut Supérieur Européen de Gestion, Paris, France

    - Raja Fenniche, Institut Supérieur de Documentation, Univ. de la Manouba, Tunisie

    - Marcel Lajeunesse, École de Bibliothéconomie et des Sciences de l’Information, Univ. de

    Montréal, Québec, Canada

    - Vincent Liquète, IUFM Aquitaine, Université de Bordeaux IV, France

    - Monica Mallowan, Univ. de Moncton, Campus de Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada

    - Dominique Maurel, École de Bibliothéconomie et des Sciences de l’Information, Univ. de

    Montréal, Québec, Canada

    - Christian Marcon, Institut de la Communication et des Technologies Numériques, Univ. de

    Poitiers, France

    - Sabine Mas, École de Bibliothéconomie et des Sciences de l’Information, Univ. de Montréal,

    Québec, Canada

    - Florence Ott, Univ. de Moncton, Campus de Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada

    - Shabnam Vaezi, Institut Universitaire de Technologie, Université de Tours, France

    Comité organisateur

    - Monica Mallowan, présidente, Univ. de Moncton, Campus de Shippagan,

    Nouveau-Brunswick, Canada

    - Florence Ott, membre, Univ. de Moncton, Campus de Shippagan,

    Nouveau-Brunswick, Canada

    - Hélène McLaughlin, membre, Univ. de Moncton, Campus de Shippagan,

    Nouveau-Brunswick, Canada

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    Table des matières

    Marthe ROBICHAUD Carrefour de l’apprentissage – un modèle ................................................................................................... 6 Esther OLEMBE; Emmanuel MBEDE Le Knowledge Management et le partage des savoirs scientifiques en Afrique { l’épreuve du terrain des institutions universitaires : une expérience de recherche dans les universités publiques du Cameroun ...................................................................................................................................... 8 Fabrice PAPY; Corinne LEBLOND Continuité documentaire du lycée { l’Université : résultats d’une expérimentation originale de formation { l’information entre documentalistes de lycées, bibliothécaires en universités et chercheurs en Sciences de l’Information .............................................................................................. 20 Diane NADEAU L’évolution de la taxonomie du site Web au Gouvernement du Nouveau-Brunswick ............. 30 Clarisse HOLIK Les bases d'un réseautage réussi : étude comparative de deux groupes de travail, convergence dans le mode de gouvernance ............................................................................................. 38 Adel LABIDI Crédibilité de l’information sur Internet : de l’autorité { la fiabilité ............................................... 52 Pierre GOGUEN L’évaluation de la crédibilité des ressources en ligne ........................................................................... 62 Florence OTT; Charlotte L'HEUREUX-LEMIEUX Comment faire de l’information en santé une préoccupation commune entre la gestion documentaire et la science infirmière ? ...................................................................................................... 63 Christian MARCON De la communication stratégique maîtrisée à la communication collective intelligente. Le cas de la stratégie Twitter d’un institut de formation ........................................................................... 76

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    Ihtesham RASHID La veille stratégique au sein de Bibliothèque et Archives Canada : leçons tirées de l’expérience ............................................................................................................................................................ 87 Sékouna KEITA Médias publics en Afrique de l’Ouest : enjeu de prise et de conservation du pouvoir ............. 97 Camille ALLOING; Christophe DESCHAMPS Veille stratégique et internet participatif : les usages des agents-facilitateurs remettent-ils en en question le concept de signal faible ? ........................................................................................... 106 Florence CHERIGNY Les préoccupations concurrentielles liées aux pratiques de Google : l’avis de l’Autorité française de la concurrence .......................................................................................................................... 121 Louis-René DESSUREAULT Le grand défi des professionnels de l'information : un défi technologique ou humain?.......134 Isabelle HARE; Mahsa YOUSEFI DARANI Communication stratégique et blogs durant la guerre de Gaza (2008-2009) : l’Etat israélien et l’enjeu de l’information ............................................................................................................................. 134 Monica MALLOWAN; Yves de CHAMPLAIN La cartographie des connaissances pour la modélisation opérationnelle d’un outil de planification pédagogique transdisciplinaire – phases I et II .......................................................... 153

    Note : Ce document contient les textes des communications présentées au Colloque Spécialisé en Sciences de l’Information (COSSI) 2011, tels que soumis par leurs auteurs. Pour les textes ne figurant pas dans ces actes, veuillez prendre contact avec les auteurs. Dans un souci de diffusion des résultats de la recherche, ces textes sont mis en ligne sur le site de l’Université de Moncton, Campus de Shippagan, www.umoncton.ca/umcs/recherche.

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    Carrefour de l’apprentissage – un modèle

    Marthe Robichaud1 Doyenne des études par intérim, professeure de comptabilité,

    Université de Moncton, campus de Shippagan

    _________________________________________________________________________________________________________ Résumé : Présentation de la mise en place d’un Carrefour de l’apprentissage { l’Université de Moncton, campus de Shippagan ainsi que de la réflexion menée pour offrir un nouveau lieu aux étudiants afin de faciliter leurs études et développer leurs compétences.

    Mots-clés : Carrefour de l’apprentissage, espace intégré, vie universitaire _________________________________________________________________________________________________________

    1 Marthe Robichaud a été à la direction générale de Manoir Édith B. Pinet, inc., centre de soins prolongés, et Centre de santé de Paquetville, inc. de 1986 { 2003 avant son entrée { l’Université de Moncton, campus de Shippagan (UMCS). Elle a une solide formation en administration des affaires et en administration publique en plus de satisfaire aux exigences de l’Ordre des Comptables généraux accrédités (CGA) du Nouveau-Brunswick. Marthe Robichaud travaille pour l’Université de Moncton, campus de Shippagan (UMCS) comme professeure et chargée de cours depuis de nombreuses années. En plus d’avoir tenu le poste de chef de secteur Gestion de l’UMCS de 2003 { 2007, elle a occupé pendant trois ans le poste de doyenne adjointe. Ses fonctions comme chef de secteur et doyenne adjointe lui ont permis de travailler directement aux nombreux projets d’appui { la réussite des étudiantes et étudiants. Pour l’année universitaire 2011-2012, elle a accepté d’agir en tant que doyenne des études par intérim. Ses fonctions au sein du Comité de gestion de Carrefour de l’apprentissage sont résumées dans les quelques lignes qui suivent. Marthe Robichaud gère les aspects des services offerts au Carrefour qui relèvent des affaires académiques. Elle travaille en étroite collaboration avec les responsables des secteurs académiques ainsi qu’avec les membres des instances et de la communauté universitaire pour coordonner les décisions et réalisations de l’Université en matière d’instauration d’un climat et d’activités propices { l’apprentissage. Certains facteurs à favoriser sont : présence marquée de professeures et professeurs, implications des secteurs académiques, appels à des projets de classe ou de groupes de travail académiques en incitant le décloisonnement disciplinaire et la coopération entre les secteurs académiques. Mettre à la disposition des espaces de communication, d’échanges et de diffusion des productions est important, mais ce n’est pas tout. Le soutien réel { l’acquisition de connaissances garanti par une liaison beaucoup plus étroite avec les enseignantes et enseignants, dès la mise en œuvre du projet, est primordial.

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    Mandat du carrefour de l’apprentissage Développer et réaliser un espace intégré devant contribuer de manière décisive à l’enrichissement de l’enseignement, notamment par l’offre de services favorisant l’intégration { la vie universitaire, la persistance aux études et l’acquisition de réflexes de réussite. Le mandat consiste à développer un modèle de service intégrant les quatre (4) dimensions fondamentales de l’expérience universitaire : la socialisation et la participation, la collaboration et la création, l’accès { l’information, le soutien { l’apprentissage et le développement personnel. Ces quatre (4) dimensions intégrées doivent fonctionner dans un espace physique ainsi que dans un espace virtuel. Le résultat attendu est la création d’un environnement global où la rencontre avec la connaissance et l’expérience universitaire seront vécues de manière intégrée dans la vie quotidienne des étudiantes et des étudiants. Ce nouvel environnement d’apprentissage leur permettra de développer des réflexes de réussite durables { l’aide d’approches individualisées et collaboratives. Le mandat va au-delà d'une simple reconfiguration des espaces puisqu'il engage dans un processus de redéfinition de l'expérience universitaire telle qu'elle se vit { l’UMCS. Modèle Lors de la conception des espaces dynamiques et interactifs que touche le modèle proposé, il fallait se poser les bonnes questions. Au lieu de concentrer l’attention sur le plan d’aménagement et l’ameublement, il y avait davantage intérêt { s’interroger sur le type d’activités que les usagers y exerceront et les services { assurer. Une fois qu’on a trouvé réponse { ces questions, on peut commencer { prendre des dispositions pour trouver les partenaires sur le campus, choisir la situation des espaces de services requis et déterminer les différents types de personnels de soutien dont il faudra disposer pour pouvoir atteindre les objectifs visés. En prenant en compte la nature du vécu éducatif dans la conception stratégique des nouveaux espaces qui allait intégrer la bibliothèque, la planification a changé d’axe, faisant moins de place au fonctionnement de cette dernière et { l’actualisation des collections qu’elle contient pour s’intéresser davantage au processus d’apprentissage et au management de l’information.

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    Le Knowledge Management et le partage des savoirs scientifiques en Afrique à l’épreuve du terrain des institutions universitaires : une

    expérience de recherche dans les universités publiques du Cameroun

    Esther Olembe2, Dr. en sciences de l’information et de la communication

    ESSTIC/Université de Yaoundé II – SOA, laboratoire Yaounde Mediation & Information Studies

    Mél : [email protected]

    Emmanuel Mbede3, Dr. en sciences de l’information et de la communication

    ESSTIC/Université de Yaoundé II – SOA, laboratoire Yaounde Mediation & Information Studies

    Mél : [email protected]

    ______________________________________________________________________________ Résumé : La présente communication a pour ambition d’interroger la capacité du Knowledge Management { s’imposer comme paradigme de construction de valeur ajoutée informationnelle face aux défis de développement de l’Afrique. L’article s’intéresse de manière spécifique à la question de l’accès et du partage des savoirs universitaires au Cameroun. Il s’agit de reprendre { contre-courant le postulat Knowledge Management appliqué en sciences de gestion et l’envisager { partir d’une perspective science de l’information et de la communication afin de vérifier son applicabilité dans le champ de la recherche scientifique.

    2 Esther OLEMBE est Docteur en sciences de l’information et de la communication des universités Lumière Lyon 2

    (France) et Yaoundé 2-SOA (Cameroun).

    - Enseignante permanente au département de l’information documentaire de l’Ecole supérieure des sciences et

    technique de l’information et de la communication (ESSTIC) – Université de Yaoundé II - SOA.

    - Membre du laboratoire YMIS (Yaounde Mediation & Information Studies) de l’ESSTIC.

    Intérêts de recherche : Sciences de l’information et de la communication, organisation des savoirs, philosophie de la

    connaissance, épistémologie historique.

    - Domaines de compétences : Systèmes d’information documentaire (Audit, conception, implémentation,

    informatisation, design/ingénierie des formations en Bibliothéconomie-Documentation-Archivistique), Management

    (Projets, RH, évaluation des risques etc.) 3 Emmanuel MBEDE, docteur en sciences de l’information et de la communication de l’université Lumière Lyon II,

    Emmanuel Mbede est enseignant, Chargé de cours à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et

    de la communication (ESSTIC) de l’université de Yaoundé II Soa. Ses principaux thèmes d’enseignement sont : la

    communication des organisations, la communication médiatique et le management des connaissances. Membre du

    laboratoire YMIS (Yaounde Mediation & Information Studies) de l’ESSTIC, Emmanuel Mbede est coordonnateur

    du département des Relations publiques de l’ESSTIC et Secrétaire de rédaction de la revue de recherche Fréquence

    Sud.

    mailto:[email protected]:[email protected]

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    Mots-clés : Knowledge Management, savoirs scientifiques, recherche scientifique, Afrique, Universités d’État du Cameroun _________________________________________________________________________________________________________ I - Introduction Le développement du continent africain est une préoccupation récurrente et sans cesse actualisée qui mobilise de manière cyclique des communautés spécifiques à travers des approches qui se veulent à chaque fois originale. Après la révolution annoncée des TIC et notamment d’Internet qui devait radicalement transformer le modèle de développement du continent, le Knowledge Management se présente aujourd’hui pour certains comme la nouvelle issue possible. La facette « idéaliste » du Knowledge Management qui articule partage accéléré des compétences/coconstruction des connaissances/résolutions collectives des problèmes/échanges de pratiques résonne en effet comme un kit clés en main qui serait la panacée des problèmes de l’Afrique. C’est ainsi que la troisième conférence internationale de l’initiative « Knowledge Management Africa (KMA) » a mobilisé en 2009, à Dakar (Sénégal), 300 participants venus d’une trentaine de pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Amérique du nord sur le thème « le savoir pour repositionner l’Afrique dans l’économie mondiale ». L’idée principale des organisateurs mais aussi de la communauté d’universitaires, de bailleurs de fonds et d’organismes de développement mobilisés { cet effet est de poser qu’une utilisation efficace des connaissances (donc leur capitalisation) et des technologies assurerait « le développement durable de l’Afrique ». Cette assertion repose sur des intuitions anthropologiques (Afrique continent de l’oralité qui par nature favorise la volatilité des savoirs) et sur le bilan de cinquante années d’efforts de développement qui ont donné des résultats variables d’une partie du continent { l’autre. Affirmer que « l’Afrique n’a pas su tirer profit des énormes potentialités offertes par les connaissances scientifiques » c’est en soi poser de manière impérative la question du Knowledge Management dans l’approche du développement de l’Afrique. Face { ce constat plein de bon sens, il paraît pertinent d’envisager une interrogation scientifique sur la réception du Knowledge Management dans la problématique du développement de l’Afrique. Cela exige comme préalable de délimiter un terrain d’observation et d’opérationnalisation cohérent et pertinent. Celui qui découle le plus directement du constat établit ci-dessus est la recherche scientifique. Les missions cardinales de l’université et qui résonnent avec encore plus d’écho pour les pays africains sont l’enseignement, la production des connaissances et l’appui au développement. Face au problème de développement, envisagé comme une faillite de la capitalisation des connaissances, il peut paraître intéressant d’interroger l’institution dont le travail est justement de produire des savoirs et de partager des connaissances. Interroger la recherche scientifique et l’université est d’autant plus intéressant que naguère considéré comme service public, l’université, institution phare de la science, n’échappe plus aujourd’hui { la loi du marché. Du fait de la généralisation de l’économie de marché et de la

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    libéralisation « forcée »4 des Etats africains, l’enseignement supérieur s’est retrouvé dans une « économisation » progressive. Si la plupart des universités publiques africaines ont été des pupilles de l’Etat grâce aux financements publics leur assurant non seulement une autonomie certaine, mais aussi une confiance tacite sans obligation de résultats vis-à-vis de la société et avec un détachement du système mercantile, cette protection s’amenuise de plus en plus. Le discours contemporain sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique s’oriente vers une conception de l’université et des instituts de recherche où il est question sinon de les revisiter dans leur ensemble, à tout le moins de redéfinir leurs missions et de reconsidérer les pratiques de production et de diffusion des savoirs. Les notions de compétence et de performance sont devenues des problématiques essentielles qui expliquent ou justifient les réformes engagées dans le système d’enseignement supérieur de bon nombre de pays. Deux variables sont ainsi repérables dans ce contexte. La première est circonscrite dans l’effacement du service public avec pour indicateur, la réduction des financements de l’Etat. La deuxième se construit autour des processus de privatisation de l’enseignement supérieur caractérisés par des pratiques de fonctionnement qui s’apparentent inexorablement { celles des marchés. Malgré les débats éthiques que suscitent la conception mercantiliste des institutions scientifiques, force est de constater que ces dernières sont en passe de perdre leur autonomie cognitive (définition des agendas de recherche, tyrannie de la recherche appliquée ; etc.). Aussi envisageons-nous par hypothèse de valider la dimension téléologique du Knowledge Management afin de pouvoir questionner son application dans le domaine de la recherche scientifique. Cette réflexion qui va suivre va donc s’attacher { définir l’approche Knowledge Management mobilisable dans le cas d’espèce { travers son écartèlement entre sciences de gestion et sciences de l’information et de la communication. Elle évoluera ensuite vers l’indication des modalités d’application du Knowledge Management dans le champ scientifique à travers le cas spécifique des recherches effectuées dans les universités camerounaises, ce qui sera l’occasion d’évaluer l’hypothèse du Knowledge Management comme outil de partage des connaissances et par ricochet « outil de développement ». II- Littérature théorique du modèle Knowledge Management : une perspective en SIC Il est techniquement difficile de faire un état de l’art complet sur le Knowledge Management dans le format actuel imposé par notre réflexion. Il s’agit davantage d’indiquer quelques informations bibliographiques sur la question et par la même occasion, d’identifier les courants qui se dégagent de la littérature sur le Knowledge Management, notamment dans le champ des sciences de l’information et de la communication. 2.1 Esquisse de l’état de l’art sur le Knowledge Management Le Knowledge Management a été défini initialement comme étant un processus d’application d’une approche systématique de capture, de structuration, de gestion et de diffusion des connaissances. L’objectif de cette approche est d’assurer une certaine fluidité

    4 Du fait des programmes d’ajustement structurel et autres mesures prises pour pallier la mauvaise gestion

    des Etats africains dès les milieux des années 80.

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    dans le travail collectif, de démocratiser l’utilisation des bonnes pratiques et d’optimiser la productivité grâce { l’usage des ressources cognitives des organisations (Wallace, 2007). Selon Barclay & Murray (Barclay & Murray, 1997), le Knowledge Management est une activité managériale qui induit deux aspects :

    - le traitement des composantes de la connaissance issue des activités de l’entreprise à tous les niveaux

    - la connection entre le capital cognitif de l’entreprise et le savoir faire de ses acteurs. Bien au-delà de la prospérité du Knowledge Management dans le champ des sciences de gestion, Wallace affirme qu’il s’appréhende de ce fait comme étant une interdiscipline qui s’inspire de plusieurs techniques et champs disciplinaires, { l’instar des sciences de l’information et de la communication (Wallace, 2007). Les sciences de l’information et de la communication en elles-mêmes ne sont pas restées en marge de la réflexion sur la thématique Knowledge Management. Bien au contraire ! Sous une vision apologétique elles y ont creusé un sillon supplémentaire de réflexion notamment sur la légitimation des professions de l’information et de la communication, la réadaptation des curricula { l’aune des développements technologiques et de leurs diverses applications dans les métiers et les organisations5. Parallèlement, et au fur et à mesure des applications des plates-formes Knowledge Management ainsi que du bilan mitigé qui en a résulté, des réflexions théoriques ont continué de se construire. N’a-t-on pas délivré trop rapidement un chèque en blanc au Knowledge Management en le hissant comme nouveau paradigme de construction de valeur ajoutée informationnelle ; ou encore comme gage de productivité incontestée de la « nouvelle économie » ? Au regard du discours engagé qui justifie le Knowledge Management, n’y aurait-il pas confusion entre information, connaissance, savoir ? Ou alors, ne s’agit-il pas d’un habillage sémantique économiquement correct qui reprend à son compte tout ce qu’on connait depuis Dewey, Paul Otlet ou Ranganathan sur l’organisation classique des connaissances (Jo Link Pezet, 1998) ? Ce d’autant plus que, malgré la difficulté définitionnelle du Knowledge Management, sa démarche telle que proposée par Steve Denning (capture, création, codification, partage, accessibilité, application et réutilisation) semble avoir un lien filial avec celle de l’élaboration d’un système d’organisation des connaissances dont parle Hodge (Hodge, 2000). En effet ce système plus englobant dans l’élaboration des outils de traitement de contenu prend en compte les types de schèmes de classification et de catégorisation qui permettent

    5 En témoigne les congrès de l’IFLA en 2000 et 2001 dont les thèmes portaient essentiellement sur la thématique du Knowledge Management. 66th IFLA General Conference and Council Jerusalem, Israel, 13-18 August 2000 "Information for Co-operation: Creating the Global Library of the Future. "67th IFLA General Conference and Council Boston, USA, 16-25 August 2001 "Libraries and Librarians: Making a Difference in the Knowledge Age".

    http://archive.ifla.org/IV/ifla66/66intro.htmhttp://archive.ifla.org/IV/ifla67/index.htm

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    l’accès et l’utilisation des informations. La critique peut encore se radicaliser dans une logique de réification du Knowledge Management. Il est dans ce cas essentiellement confiné dans un visage instrumental (Robillard, 2008) qui récuse toute possibilité d’accession au stade de discipline universitaire à part entière comme l’a suggéré Wallace. De plus l’usage abusif du terme connaissance, véritable tarte à la crème depuis la dernière décennie du XXe siècle ne serait selon Henneron & al., qu’un avatar du mythe de la société des savoirs, un outil mercantiliste à haute valeur commerciale pour la quincaillerie TIC et la cohorte de logiciels qui l’accompagne (Henneron & al., 2004).

    2.2 Knowledge Management et paradigmes SIC d’organisations des connaissances dans la sphère universitaire

    De manière simplifiée, la saisie du Knowledge Management par les SIC prend en compte trois éléments : le questionnement épistémologique de l’objet connaissance dans le Knowledge Management, la méthode et les outils du Knowledge Management et le terrain de mise en œuvre du Knowledge Management. En premier lieu, les SIC [sans en réclamer l’exclusivité] voudraient s’entourer de toutes les précautions épistémologiques nécessaires lorsqu’il s’agit de manipuler un concept hautement complexe : la connaissance. Ceci est également valable pour le réseau sémantique explicatif tissé autour du Knowledge Management (information, savoir, savoir-faire, compétence, connaissance tacite, connaissance explicite, partage, collaboration, organisation apprenante, communauté de pratique, etc.). A cet égard, les SIC ne pourraient retenir que le volet explicite des connaissances, susceptibles d’être codifiées et partagées, même si certaines recherches, influencées par la terminologie des lieux communs arrivent par des raccourcis { rendre synonyme l’information, le savoir et la connaissance. Les SIC envisagent alors le Knowledge Management { partir de l’inscription et de la médiatisation des connaissances dans le document (médiation documentaire), objet symbolique à caractère informationnelle et à visée communicationnelle (Courbière, 2004). Deuxièmement, au-del{ de l’idéologie de partage qui le sous-tend, les méthodes utilisées pour la mise en place des plates-formes Knowledge Management ne semblent pas véritablement différentes des techniques documentaires classiques. La trop grande importance accordée aux outils Knowledge Management et le déterminisme technologique qui s’ensuit suggèrent aux SIC une distanciation vis-à-vis de la tendance des pourfendeurs de ce modèle qui consiste en gros à faire porter à l’outil une responsabilité qui la dépasse en lui trouvant des capacités d’objectivation de l’activité humaine, et donc de désincarnation des connaissances. Troisièmement, le terrain de mise en œuvre du Knowledge Management semble prioritairement réservé aux organisations marchandes (entreprises). Pourtant, la philosophie du partage qui sous-tend le Knowledge Management est consubstantielle aux institutions de la science, de l’éducation et de la culture. En effet, ces institutions ne sauraient être envisagées autrement que par le partage et la transmission. Il est surprenant de constater notamment la fascination de l’UNESCO qui se positionne en véritable caisse de

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    résonnance du Knowledge Management, transformant en un tour de bras ses slogans d’antan, tel l’« Éducation pour tous » en « Knowledge Sharing » (Henneron & al., 2004)6. En admettant que le « Knowledge Sharing » est un « habit neuf » pour les organisations y compris les institutions de la science, il se pose alors le problème de la contextualisation et de l’adaptation des outils dont on prétend que leur utilisation est susceptible de réduire le gap en matière de développement dans les pays du Sud, développement conditionné selon l’idéologie du moment par la capitalisation des connaissances, comme nous l’avons indiqué dans notre introduction. Dans la suite de notre réflexion, nous essayons de confronter cette hypothèse { l’épreuve d’une recherche de terrain dans les universités camerounaises. III – Le Knowledge Management et la question de l’accès et du partage des savoirs universitaires : exemple d’application et limite dans les universités camerounaises Dans la sphère universitaire et de recherche, si nous validons la dimension téléologique et ustensilaire du Knowledge Management, il s’inscrit dans la mouvance des systèmes d’évaluation de la recherche scientifique (fondamentale ou appliquée). Ces derniers sont nés prioritairement de la nécessité de dégager des indicateurs qui permettent de déterminer les résultats issus des activités scientifiques. Les résultats de la recherche fondamentale sont pourtant difficilement perceptibles à court et moyen terme. Toutefois, ce type de recherche n’échappe pas aux indicateurs liés { la communication des résultats, la continuité des recherches ou la reconnaissance par les pairs. En revanche, l’évaluation de la recherche appliquée, plus perceptible, se fonde sur une double nécessité : le rapprochement de l’activité scientifique aux besoins des sociétés et la justification de l’effort de financement de l’État ou des entreprises aux institutions formelles qui exercent l’activité scientifique. Il s’agit ainsi dans l’intention noble de mettre en place un dispositif garantissant la prise en compte par l’université des problématiques de la collectivité et dans une autre optique, de l’exigence d’un droit de regard et d’un devoir de rendre compte. Ce qui nécessite inéluctablement la mise en place des dispositifs de stockage de l’information scientifique et technique, pour en assurer la traçabilité et l’accès. Nous présentons dans cette partie quelques résultats d’une recherche que nous avons menée pendant six mois dans les universités du Cameroun. 3.1 Contexte et méthode En posant un regard sur l’actualité (sociale, politique et scientifique) relative { l’évaluation des universités dans le monde en général (classement de Shanghai notamment), et la question de la production utilitaire des savoirs en Afrique en particulier, nous nous sommes intéressés aux productions cognitives susceptibles d’être disponibles dans chacune des six premières universités d’État du Cameroun issue de la réforme de janvier 19937. Il s’est agit

    6 L’on a observé par exemple la levée de bouclier des chercheurs et universitaires au cours d’un colloque international organisé par le Centre de recherche pour le développement au Sénégal en mai 2008, où il était question justement de mettre en place des dispositifs Knowledge Management en vue de faire appliquer les normes ISO sur la qualité dans l’évaluation de la recherche scientifique. 7 Au sortir de la première réforme universitaire de 1993, six universités d’État avaient simultanément été créées et réparties dans cinq villes du Cameroun : Deux universités à Yaoundé dans le Centre du Cameroun,

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    plus simplement d’observer quantitativement et qualitativement le rapport de la production des savoirs à la demande sociale. La méthode retenue n’était pas dénuée d’une intention réactionnaire face aux modèles dominants d’évaluation de la recherche. Elle visait { terme, la redéfinition des critères d’évaluation, la mise en place des dispositifs technologiques et la construction d’un modèle contextualisé de la production des connaissances et de son accumulation dans ce territoire précis de l’Afrique Subsaharienne crédité d’un niveau de productivité des connaissances quasi nul { l’échiquier international8. En choisissant comme axe méthodologique la démarche Knowledge Management (Capture-Création-Codification-Partage-Accessibilité-Application-Réutilisation) il était question de mener une enquête en vue de collecter et d’organiser les productions universitaires via des dispositifs technologiques (Intranet, shareware etc.). Partant donc des missions fondamentales assignées aux universités Camerounaises et au regard de leur structuration, trois questionnaires d’enquête ont été élaborés { l’intention des principaux acteurs que sont les instances dirigeantes administratives, les instances dirigeantes académiques et les enseignants-chercheurs. Le tableau ci-dessous présente les niches d’information que nous avons explorées.

    Missions Domaine d’application

    Formation

    Filières de formation/université (départements) Nombre d’enseignants et filiation scientifique Nombre d’étudiants (ratio étudiants/enseignants) Nombre de laboratoire/département Nombre de revues scientifiques vivantes ou mortes Programme de formation (contenu cognitif) par filière

    de formation Nombre de bibliothèques : état des collections et

    dispositif d’accès { l’information Dispositifs technologiques d’appui { la formation Budget des universités etc.

    une université à Douala dans le littoral, une université à Buea dans le Sud-ouest, une université à Dschang dans l’Ouest et une université { N’Gaoundéré dans l’Adamaoua (Partie septentrionale du Cameroun). Bien qu’il existe des instituts privés d’enseignement supérieur au Cameroun, notre enquête s’est intéressée uniquement aux universités publiques (Universités d’État). 8 Les statistiques actuelles disent que l’Afrique dans son ensemble pèse environ 0,36% du potentiel de chercheurs, 0,4% de la dépense mondiale de recherche et développement et 0,3% de la production scientifique Source : Les liens entre les programmes de recherche et les politiques bi et multilatérales de développement : cas de l’Afrique subsaharienne. Disponible sur

    http://.www.gdnet.org/pdf2/gdn_library/annual_conferences, consulté le 02/11/2006.

    http://.www.gdnet.org/pdf2/gdn_library/annual_conferences

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    Recherche

    Production scientifique des enseignants chercheurs

    (entité éditoriale, thématique étudiée, bibliographie etc.)

    Brevet d’invention Activité de communication scientifique orale, écrite et

    électronique (colloque, table ronde, séminaire, collaboratoire, etc.)

    Appui au développement

    Activité de communication en rapport avec la

    vulgarisation scientifique et dédié aux partenaires sociaux :

    Secteur privé :

    identification des entreprises implantées dans les zones géographiques des universités ou instituts de recherche

    Conventions signées avec les universitaires Flux migratoire cognitif des universitaires et

    chercheurs vers le secteur privé (rapports de recherche commanditée)

    Partenariat de financement etc. Secteur public :

    Mobilité des chercheurs et universitaires vers l’administration publique ;

    Subvention de l’état aux institutions de la science Apport cognitif de l’université dans l’élaboration et la

    mise en œuvre des politiques publiques etc.

    Le volet quantitatif de la recherche s’est fondé sur l’identification d’une population cible et la construction d’un échantillon présenté dans le tableau ci-dessus et expliqué dans la suite.

    Population Cibles Échantillon retenu Nombres de questionnaires soumis

    Instances dirigeantes administratives : Recteur & Vice –Recteur chargé de la recherche

    6 12

    Instances dirigeantes académiques : Doyen, Vice doyen ou Directeur, Directeur adjoint chargé des enseignements

    34 68

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    Enseignants chercheurs/grade : Assistant, Chargé de cours, Maitre de conférence, Professeurs

    225 225

    Total 265 305

    Les instances dirigeantes administratives des universités camerounaises comprennent un Recteur accompagné de trois vice-recteurs dont les missions sont précises (Inspection, Recherche et coopération, Enseignement), un Secrétaire général et des Conseillers. Nous avons ciblé dans cette catégorie et pour l’ensemble des six universités intéressées par l’étude, le Recteur (questions de politique générale) et le vice-recteur chargé de la recherche et de la coopération, soit au total 12 questionnaires. Dans la catégorie instances dirigeantes académiques nous avons identifié 34 établissements pour l’ensemble des six universités, objet de notre enquête. Deux principales cibles ont été retenues : les doyens ou directeurs d’établissement et les vice-doyens chargés de la recherche et de la coopération ou les directeurs adjoints chargés des études selon que l’établissement concerné est une faculté ou une grande école. Cette catégorie devrait être concernée par 68 questionnaires. Pour la catégorie enseignant-chercheur, nous nous sommes fondée sur les dernières statistiques (2006) du Ministère de l’enseignement supérieur qui indiquait une population de 2226 enseignants-chercheurs permanents. La répartition de ces enseignants par grades était la suivante : 115 professeurs, 244 maîtres de conférences, 1074 chargés de Cours et 786 assistants. En tenant compte de ce nombre, nous avons choisi d’appliquer le taux de 10% par grade pour la constitution de l’échantillon (soit : 12 professeurs, 25 maîtres de conférences, 108 chargés de cours et 80 assistants). Ce qui signifie in fine que l’échantillon nous donnerait environ 225 enquêtés dans cette catégorie. Pour ratisser large, nous avons procédé { l’envoi des questionnaires par mail (pour ceux des enquêté dont nous avions des adresses électroniques) ou par voie postale pour les universités non visitées. Pour les universités dont nous avions obtenu l’autorisation de recherche, nous procédions { des entrevues directes { l’aide du questionnaire. 3.2 Résultats, discussion et limites Au terme du délai de six mois que nous nous sommes fixés pour la collecte des données, les résultats en terme quantitatif ont été faibles. A titre d’illustration, des 225 questionnaires soumis entre les mois de mars et août 2007 dans la catégorie enseignant-chercheur de notre cible, nous avons eu un retour d’{ peine dix formulaires de questionnaire remplis. De plus, les données principales recueillies relatives aux dispositifs de production des savoirs notamment les laboratoires de recherche, se sont avérées très incomplètes. A titre d’exemple, nous avons recensé 40 laboratoires au sein de la faculté des sciences de l’Université de Yaoundé I. Les activités de ces laboratoires étant d’une telle opacité qu’il ne

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    nous a pas été possible d’obtenir des données sur la production réelle de chacun d’eux en termes d’output (revues, articles, manifestations scientifiques etc.). Il faudrait également relever que la plupart des laboratoires présentés n’existent que sur du papier, ou au meilleur des cas, est la propriété d’un enseignant-chercheur, généralement le coordonateur. S’agissant des outputs de recherche (publications de tout genre), nous avons observé dans l’ensemble des universités, l’absence d’un dispositif susceptible de recenser toutes les productions endogènes des enseignants-chercheurs. Un embryon de base de données dont les dernières mises { jour dataient d’un peu plus de cinq années (Microsoft ACESS) a été observé { l’Université de Buea, université de tradition anglo-saxonne. A la faculté des sciences de l’université de Douala, le doyen de l’époque tentait de constituer une liste de publications des enseignants de son établissement sur Microsoft EXCEL, celle-ci pouvant être utilisé d’après lui comme élément objectif de motivation du travail des acteurs de la recherche. Ces quelques éléments des résultats pourraient suggérer dans l’approche outil du Knowledge Management qu’il suffit de disposer d’outils technologiques fiables pour améliorer l’organisation de la production et le travail scientifique dans les universités camerounaises. Si cette solution mérite d’être envisagée au regard des outils utilisés, il convient d’interroger au départ les modalités de capture de l’information dans ce cas précis. En effet, le système de collecte des données telle que proposé par les modèles Knowledge Management devrait permettre a priori d’obtenir des données primaires en temps réel. Mais un tel système n’est valable que pour des environnements où l’information scientifique et technique est collectée organisée systématiquement, et dont la traçabilité est assurée. Or l’enquête effectuée au sein des universités camerounaises a mis { jour un ensemble de contraintes et des réalités contextuelles parmi lesquelles, la rétention de l’information et l’absence d’un traitement adéquat des outputs de l’activité de recherche. Il n’est pas non plus inutile de rappeler comme piste explicative une étude qui avait été menée en son temps par des chercheurs du Centre de recherche sur le développement et qui portait sur l’analyse des contenus et des modes de productions scientifiques dans les institutions de la science au Cameroun. Elle identifiait notamment l’individualisme en matière de production, qui malgré l’existence de milieux de spécialistes, laisse peu de place à la structuration des communautés scientifiques ; l’inexistence d’une communauté scientifique locale ; la faible communication entre chercheurs et institutions de recherche (Gaillard & Waast, 2001). Ce constat renouvelle ainsi le débat d’ensemble sur les modèles et outils qui somme toutes ont la prétention de résoudre les problèmes de développement. Conclusion Indépendamment des postures qui animent la réflexion sur la thématique Knowledge Management notamment dans le champ des sciences de l’information et de la communication, force est de constater que la coïncidence temporelle entre l’évolution des TIC et ses capacités réelles ou supposées a ouvert un champ protéiforme de réflexion sur des objets et des outils. La fascination pour ces objets et ces outils innerve à loisir toutes les

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    sphères sociales avec des tentatives de pénétration dans des secteurs assez conservateurs comme ce fut jadis le cas de l’université et des institutions de recherche. Dans les sphères universitaire et de la recherche, on assiste à de nouvelle structuration sociale de production des connaissances scientifiques { l’instar des collaboratoires9. Ceux-ci ont la particularité d’utiliser les réseaux informatiques pour la production et la communication des informations scientifiques et techniques. Quel que soit le champ d’application, le Knowledge Management résonne davantage comme le prolongement d’un taylorisme post-industriel. [ cet égard et { partir de la modélisation de l’action et des processus de pensée, on s’achemine vers une tyrannie des formes de rationalités substantive et procédurale (Grimand, 2006). Il n’est donc pas surprenant que dans la sphère universitaire et de la recherche, il y ait des tentatives d’application des procédés du Knowledge Management dans l’organisation du travail scientifique. Toutefois, la réalité du terrain ralentit tout ardeur dans l’effort de justification de l’adoption tous azimuts des démarches et plate-forme Knowledge Management. En même temps que la réflexion se poursuit, ne serait-il pas judicieux, précisément dans le champ universitaire et de la recherche d’enrichir le Knowledge Management par les élaborations théoriques de la sociologie des sciences et de l’innovation ou celles de l’anthropologie des connaissances dans la préhension de la construction des communautés de pratique au sein des institutions et organisation de recherche scientifique (Latour & Woolgar, 1988 ; Latour & Callon, 2005) ? In fine, pour féconde qu’il s’est avéré, le Knowledge Management dans le contexte de notre expérience nécessite une inscription dans un processus constructiviste. Processus qui s’émancipe du rapport instrumental de ce concept, et qui ouvre sur l’analyse des stratégies mises en œuvre dans la production des connaissances et la sémantisation des énoncés issues de la connaissance codifiée et stockée.

    9 Dans le document servant à décrire les objectifs de l'administration Clinton, la notion de collaboratoire désigne les "centres de production scientifique et technique "sans murs" dans lesquels les chercheurs réalisent leurs recherches sans être limités par leur localisation géographique. Grâce aux réseaux, ils peuvent tout à la fois interagir interactivement avec leurs collègues dans d'autres universités; accéder à des instruments à distance; partager leurs données et leurs ressources computationnelles et, enfin, accéder aux informations réunies dans les bibliothèques électroniques".

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    Bibliographie Bekhti S. et al., « Représentation des connaissances dans une mémoire de projet ». Document numérique, 2001/3 Vol. 5, p. 193-209. DOI : 10.3166/dn.5.3-4.193-209. Courbevières, C. « Documents, signes et savoirs : retour sur l’analyse documentaire » In Metzger, J.P. (dir) Médiation et représentation des savoirs, Harmattan, 2004. Grimand A. « Quand le Knowledge Management redécouvre l'acteur : la dynamique d'appropriation des connaissances en organisation », Management & Avenir, 2006/3 n° 9, p. 141-157. DOI : 10.3917/mav.009.0141. Henneron, G.; Palermiti, R.; Polity, Y. « Le partage des savoirs ou les nouveaux habits du mythe de la société de l’information » In Metzger, J.P. (dir) Médiation et représentation des savoirs, Harmattan, 2004. Hodge G., Systems of Knowledge Organization for Digital libraries. Beyond traditional authority files. Washington, DC: the Council on Library and Information Resources, 2000. http://www.clir.org/pubs/reports/pub91/contents.html Latour, B & Callon M. La science en action : introduction à la sociologie des sciences, nouvelle édition, Paris, La Découverte, 2005. Latour, B. & Woolgar, S. La vie des laboratoires, Paris, La Découverte, 1988.

    Pezet, J. L. « De la représentation à la coopération : évolution des approches théoriques du traitement de l’information ». In revue SOLARIS 1998, http://biblio=fr.info.unicaen.fr/bnum/jelec/Solaris/d05/link=pezet.html Robillart J. Critique épistémologique du concept de «Knowledge Management». 2008 http://w3.univtlse2.fr/aislf/gtsc/DOCS_SOCIO/FINITO_PDF/Robillard.pdf Waast, R. & Gailard, J. La science en Afrique à l’aube du 21e siècle : la science au Cameroun. 2001 www.ird.fr/fr/science/dss/sciences_afrique/pdf/cameroun/cameroun2_ressources.pdf, Wallace, P. Knowledge Management : historical and Cross-Disciplinary Themes. Libraries unlimited Knowledge Management Series, 2007.

    http://biblio=fr.info.unicaen.fr/bnum/jelec/Solaris/d05/link=pezet.htmlhttp://w3.univtlse2.fr/aislf/gtsc/DOCS_SOCIO/FINITO_PDF/Robillard.pdfhttp://www.ird.fr/fr/science/dss/sciences_afrique/pdf/cameroun/cameroun2_ressources.pdf

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    Continuité documentaire du lycée { l’Université : résultats d’une expérimentation originale de formation { l’information entre

    documentalistes de lycées, bibliothécaires en universités et chercheurs en Sciences de l’Information

    Fabrice Papy10,

    Professeur des Universités en sciences de l’information et de la communication, Université Nancy 2 / LORIA, 2 ter boulevard Charlemagne - CS 55227, 54052 Nancy Cedex,

    [email protected]

    Corinne Leblond11, Conservateur d'État de bibliothèque, directrice du service commun de documentation, Université d’Artois / Document Numérique & Usages, 9 rue du Temple - BP 665, 62030

    ARRAS Cedex, [email protected] _________________________________________________________________________________________________________ Résumé : Cette contribution décrit l’action collaborative de continuité qui a permis de relier les enseignements documentaires destinés aux lycéens à ceux proposés aux étudiants dans le but d’augmenter l’efficacité des formations { l’information. Cette action expérimentée pendant l’année scolaire et universitaire 2009/2010 a rassemblé bibliothécaires en poste dans une université, professeurs-documentalistes exerçant dans huit établissements d’enseignement secondaire, et chercheurs en Sciences de l’Information et de la Communication. Elle a porté sur plusieurs classes d’élèves issues de disciplines différentes et a visé à replacer les contenus des enseignements documentaires dispensés en lycée par les professeurs-documentalistes dans la perspective d’une réutilisation au sein de la bibliothèque universitaire. Dans ce but et afin d’homogénéiser notamment les pratiques instrumentales de recherches documentaires dans les deux environnements institutionnels, les élèves expérimentateurs ont bénéficié d’un nouvel OPAC, le «Visual Catalog», utilisé par le Service Commun de Documentation de l’Université d’Artois sur son propre fonds bibliographique depuis 2006.

    10 Fabrice Papy est Professeur des Universités en sciences de l’information et de la communication { l'Université de Nancy. Ses travaux de recherche l’amènent { s’intéresser depuis plusieurs années au rôle de la médiation technologique dans la construction et l’évolution socio-technique de la Société de l’Information. Il dirige le laboratoire "Document numérique & usages". Il dirige en qualité de rédacteur en chef la revue "Les Cahiers du Numérique" et est directeur éditorial chez Hermes Science Publishing du domaine "Traitement de l'Information". 11 Corinne Leblond est conservateur d'État de bibliothèque, directrice du service commun de documentation de l’Université d’Artois et membre associé de l’équipe de recherche « Document numérique et usages ». Elle participe activement aux actions Visual…Catalog (intégration du dispositif au portail documentaire de l’université et évaluation des impacts sur les usages et l’appropriation des collections). Elle a coordonné en 2009 un ouvrage intitulé "Archivage et stockage pérennes : enjeux et réalisations" aux éditions.

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    Mots-clés : Continuité documentaire, lycée, Visual Catalog, recherche documentaire, compétences numériques, bibliothèque universitaire, Centre de Documentation et d’Information _________________________________________________________________________________________________________ 1 - Culture informationnelle et citoyenneté numérique La démocratisation et l’utilisation massive des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) [SALENCON 2008] ont manifestement accentué la désintermédiation documentaire en milieu académique [VAN DOOREN 2009] mais ont également ravivé les questions relatives à la formation à la recherche documentaire en milieu scolaire et universitaire [DENECKER 2003] [FEO 1998] [COULON 1997]. Les publications de ces deux dernières décennies concernant les actions consacrées à de telles formations, soulignent la prise de conscience politique des compétences numériques et informationnelles qu’il apparaît indispensable d’acquérir pour évoluer sereinement dans la Société de l’Information [GARDIES 2010] [JO EUROPE 2006]. Si ces questions de formation ont été prises en compte par les structures publiques en charge de l’enseignement et de la formation, une forme de découplage se produit actuellement entre les actions institutionnelles de formation { l’information et l’évolution de la société. Ce découplage résulte d’un différentiel de plus en plus marqué entre les moyens { consacrer { telles formations et l’intensification avec laquelle les chantiers numériques transforment notre société [BERRY 2009] [DOUELHI 2008] [SEMPRINI 2003] [DUBEY 2001]. C’est une nouvelle forme de fracture numérique – reliée notamment au non-usage - qui se développe actuellement [KIYINDOU 2009] [CHAPRON&DELAMOTTE 2010] dans cette société de l’information en genèse. C’est bien l{ que le découplage est le plus manifeste : alors que les formations à la culture informationnelle constituent un impératif sociétal crucial pour les élèves et les étudiants [JO EUROPE 2006], et que l’économie nationale se conjugue de plus en plus intimement avec le numérique, l’offre de formation { l’information, parcellaire et touchant encore trop peu d’étudiants, a déj{ atteint son seuil de saturation dans l’enseignement supérieur : "En 2001-2002, la progression du nombre total de formés semble se stabiliser autour de 140 000 étudiants (...). On peut y voir un signe de rationalisation, par les bibliothèques, de leur offre de formation : devant la masse d'étudiants à former, elles choisissent de consacrer leurs moyens aux formations les plus efficaces" [BLIN&STOLL 2005]. Depuis plusieurs années, les formations { l’information constituent une mission importante des bibliothèques universitaires qui doivent répondre à une demande grandissante. Malgré d’ingénieux dispositifs pédagogiques élaborés au sein même de la bibliothèque (TP, ressources en lignes, visites, etc.) ou dans le cadre de collaboration avec les formations diplômantes de l’université (TD de méthodologie documentaire, C2i étudiant, etc.), les SCD n’ont guère de perspective { voir se généraliser ces formations { tous les étudiants en l’absence, notamment, de personnels et d’équipements (salles, informatique) dimensionnés en conséquence [ROUANET 2006].

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    Dans l’enseignement secondaire, bien que la formation documentaire représente un enjeu pour la réussite des études supérieures, elle est non seulement « discontinue et erratique » mais « les professeurs-documentalistes de lycées et les bibliothécaires des universités ne se fréquentent pas alors qu’ils partagent des objectifs communs de médiation dans l’accès à la connaissance » [DURPAIRE 2009]. Les problématiques documentaires et informationnelles corrélées à celles des TIC sont source d’une nouvelle complexité dans les processus (cognitifs) d’accès { l’information [GIRAUDIN 2007]. La diversification des sources et des medias a accru les difficultés à appréhender une information pertinente adaptée aux exigences académiques au point où elles ne peuvent plus être envisagées dans le cadre d’auto-apprentissage ou d’autodidaxie ou d’autoformation [JOLLY 2001]. S’il est difficile d’apprécier l’utilisation optimale des contenus numériques mis à disposition des usagers [BOUKACEM 2010] [SCHOPFEL 2005], les bibliothécaires en charge des collections numériques des bibliothèques, ne cessent de constater la sous-utilisation par leurs usagers des ressources numériques gratuites et onéreuses. Ils en livrent clairement une analyse chiffrée dans les rapports d’activité annuels de leur service. Bien que les établissements du supérieur, au travers des initiatives courageuses et volontaires portées par leurs services communs de documentation [PUAUT 2009] [LEBLOND 2007], cherchent à répondre à ces enjeux modernes de la formation à l’information par des démarches locales de coopération, il n’en demeure pas moins que ces actions demeurent fréquemment isolées, peu connues des autres établissements et finalement rarement analysées afin d’établir les éléments d’une politique ambitieuse de formation globale et continue { l’information [IANTE 2009]. Lors de l’expérimentation menée avec l’Université d’Artois et les lycées de l’académie de Lille, la bibliothèque universitaire a occupé une place centrale autour de laquelle se sont articulées les actions pédagogiques menées au sein des lycées expérimentateurs et les interventions du laboratoire « Document numérique & Usages ». 2 - La politique de formation documentaire { l’Université d’Artois Les enseignements documentaires dispensés par l’équipe d’enseignants et de formateurs du SCD de l’Université d’Artois répondent depuis de nombreuses années { la diversité des attentes en matière de formation { l’information dans le supérieur (licence, master, doctorat, C2i). Malgré le poids conséquent de cette charge pédagogique, le SCD de l’Université d’Artois s’est engagé dès sa création en 1992, dans une démarche ascendante de la formation { l’information et a élaboré des modules de formation spécifiques { destination des lycées de la région dans le but de préparer les lycéens (et probables étudiants) à leur nouvel environnement documentaire. Cette présence historique de l’université auprès des établissements secondaires se traduit par une participation fréquente aux forums organisés dans la quarantaine de lycées du bassin de formation. Elle est relayée au sein même de l’établissement par des actions générales (de type journées portes ouvertes) et des initiatives plus spécifiques (accueil de

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    groupes de lycéens pour des cours et des TD adaptés { leur niveau). L’enjeu consiste { valoriser les évolutions de l’établissement et de sa stratégie d’accueil auprès des différents acteurs des lycées qui gardent l’image préconçue d’une structure où les étudiants sont livrés à eux-mêmes et où l’insertion professionnelle relève de l’aléatoire. 3 - Réseautage avec les CDI Le SCD a inscrit dans son projet de contrat quadriennal 2010- 2013 un ensemble d'actions au service de la liaison lycées-université fondées tant sur le développement d’un fonds pluridisciplinaire d’accompagnement { la réussite que sur la mise en réseau avec les CDI sur la base d’un dispositif de référence commun («Visual Catalog»- Visual CDI). Dans le contexte d’évolution permanente des modalités de l’offre documentaire (tant en termes de collections que de services), l’analyse des pratiques et usages effectifs ainsi que des nouvelles habiletés nécessaires { la maîtrise de l’activité de recherche d’information constitue un enjeu essentiel pour l’ensemble des acteurs qui participent { la transition documentaire du Lycée { l’université et souhaitent accompagner chacun dans son parcours de réussite. Pour favoriser le partenariat entre les bibliothèques universitaires, les bibliothèques publiques et les CDI, la formation en commun des enseignants-documentalistes et des bibliothécaires apparaît comme le moyen le plus efficace. L’objectif prioritaire consiste en la constitution d’un référentiel commun, définissant les compétences documentaires et informationnelles nécessaires pour aborder cette transition en toute sérénité (mobilisation des différents catalogues et bases de données, techniques et langages d’interrogation, utilisation critique et autonome des bases de données, etc.). Le développement exponentiel des ressources numériques et l’avènement d’Internet comme espace numérique banalisé de la recherche d’informations, rendent essentielles { la réussite des étudiants s’engageant dans tout cursus universitaire, la maîtrise des outils d’exploration ainsi que la méthodologie permettant d’appréhender la complexité des ressources disponibles. En ce sens, la mise en œuvre de dispositifs et de formations mutualisés pour garantir la continuité des apprentissages documentaires au lycée et { l’Université se présente comme un moyen d’assurer une cohérence globale dans le but de « partager dans la continuité l’effort pédagogique des documentalistes des lycées et des bibliothécaires municipaux ou universitaires pour favoriser et développer la pratique documentaire de leurs jeunes usagers » [IGEN 2009]. 4 - «Visual Catalog» et VisualCDI Le «Visual Catalog», système de recherche d’information bibliographique expérimental a été élaboré dans le but d’observer l’adéquation des dispositifs techno-documentaires à la réalité des pratiques instrumentales des usagers et de leurs attentes [FOLCHER 2006, LEBLOND 2007, PAPY&LEBLOND 2007].

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    Le «Visual Catalog» propose aussi bien aux usagers de l’université qu’aux professionnels de la bibliothèque universitaire un outil informatique commun de recherches documentaires exploitant les fonctionnalités technologiques du Web actuelles. Il se présente principalement comme un OPAC "de nouvelle génération" [MAISONNEUVE 2009] mieux adapté aux attentes/besoins/comportements des usagers. Compte tenu de ses caractéristiques de conception, le «Visual Catalog» a été rapidement adapté aux données bibliographiques traitées par BCDI, solution documentaire globale proposée par le Centre Régionale de Documentation Pédagogique (CRDP) de Poitou-Charentes et largement utilisée dans les établissements scolaires. Il a permis de pallier l’absence d’outil informatique de recherche documentaire qui soit commun au lycée et { l’Université. En effet, si { l’évidence les formations { l’information dispensées par les professeurs-documentalistes au sein des établissements du secondaire ne sont pas fondamentalement éloignées de celles qui sont proposées aux étudiants par les bibliothécaires exerçant dans les établissements du supérieur, l’absence de dispositifs technologiques communs, nourrit chez les usagers (élèves et étudiants) la certitude que CDI et SCD sont deux lieux documentaires totalement disjoints. Elaborés sur des mécanismes techniques identiques, les «Visual Catalog» des CDI expérimentateurs et le «Visual Catalog» de l’Université d’Artois se distinguent sur le fonds documentaire interrogé. Les données exploitées, les notices bibliographiques des ouvrages et des articles, proviennent des logiciels BCDI utilisés dans les CDI. Exportées en format XML (memonotices) par les professeurs-documentalistes les modalités techniques de transfert du fichier export (FTP) et de mise à jour ont été réduites au maximum. Compte tenu de la durée conséquente de la procédure d’exportation des notices par BCDI, le rythme d’actualisation a été laissé { la discrétion des professeurs-documentalistes en fonction de l’évolution de leur base bibliographique. Le rapprochement entre les autorités-matières de RAMEAU, le langage MotBis et les descripteurs libres retenus par les professeurs-documentalistes pour indexer les ouvrages de leur fonds documentaire a constitué un apport non négligeable de cette action de continuité. Pour les ouvrages communs au SCD de l’Université d’Artois et aux CDI expérimentateurs, les mots-clés des ouvrages des CDI se trouvaient automatiquement enrichis par les vedettes-matières RAMEAU extraite de la notice bibliographique provenant du SCD. 5 - Mise en place dans les lycées-expérimentateurs L’expérimentation proprement dite s’est déroulée pour chaque établissement { l’occasion d’une séance d’une heure lors de laquelle les élèves ont été amenés à traiter un exercice-type conçu collectivement { cette intention. Préalablement { cette séance d’évaluation, les élèves ont été initiés en quelques séances au fonctionnement du nouveau dispositif de recherche d’information VisualCDI, présenté non pas comme une alternative au logiciel BCDI habituellement utilisé par les élèves mais comme un outil complémentaire à celui-ci. Les diverses particularités fonctionnelles de ce dispositif ont été décrites aux élèves :

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    structuration et informations présentes dans les différentes colonnes (titre, mots-clés, indices Dewey), synthèse graphique (catégories, classes Dewey), filtrage de colonnes à colonnes, exploration des indices Dewey, etc. Lors de la séance d’évaluation, afin d’impliquer davantage les lycéens, l’exercice-type a été adapté par les professeurs-documentalistes en les spécialisant sur des thèmes de recherches proches des sensibilités disciplinaires des élèves ou de leurs intérêts pour des sujets particuliers. Si la diversité des recherches documentaires menées par les élèves a révélé les intérêts particuliers que ceux-ci pouvaient manifester pour certains sujets d’actualités, plus ou moins (in)dépendants de leur cursus scolaire, l’expérimentation a été l’occasion de renforcer la continuité entre enseignements documentaires et enseignements généraux. En effet, pour plusieurs établissements, les thèmes de recherche sur lesquels les élèves ont finalement travaillés, ont été identifiés en concertation avec les enseignants des disciplines principales afin de prolonger des sujets d’étude préalablement bordés dans ces disciplines. 6 - Bilan de l’expérimentation du point de vue des professeurs-documentalistes Acquis à la démarche globale de continuité Lycée-Université, auxquels certains participent déjà depuis plusieurs années avec l’Université d’Artois notamment, les remarques des professeurs-documentalistes ont porté pour l’essentiel tournées sur l’impact d’un nouvel outil de recherche documentaire venant « paraphraser » le logiciel BCDI que les élèves utilisent fréquemment et pour lequel ils ont été formés. Bien que les données disponibles dans les deux dispositifs soient les mêmes, il ressort de leurs analyses que le VisualCDI apporte aux élèves une plus grande compréhension des principes de structuration des classifications et d’une utilisation pragmatique de celles-ci. L’approche de la catégorisation induite par la Dewey leurs suggère une autre façon d’apprendre, de cerner un sujet et d’en percevoir les contours, de s’approprier les domaines de savoir et de percevoir les transversalités enrichissantes (par exemple, une recherche effectuée sur le mot-clé photographie a montré qu’en un coup d’œil on pouvait situer ce sujet en sociologie ou en sciences et arts). La traduction du sujet en mots-clés pose toujours beaucoup de problèmes. Le réservoir lexical des élèves étant souvent limité, ceux-ci usent (et abusent), pour effectuer leurs recherches documentaires, des premières notions immédiates qu’ils ont identifiées. Celles-ci finissent inéluctablement par « boucler » sur les mêmes références documentaires lorsque l’élève n’a pas recours { un thésaurus (comme celui de BCDI) qui leur permet d’ouvrir son champ lexical. Sur ce point précis, presque unanimement, malgré la confusion que VisualCDI entretient entres mots-clés et descripteurs, les professeurs-documentalistes ont constaté que le VisualCDI permettait d’augmenter sensiblement ce champ lexical en le complétant automatiquement de nouveaux termes hérités de Motbis et du répertoire d’autorité-matière RAMEAU. Le « nuage de termes » que renvoie le logiciel à chaque recherche ouvre ainsi beaucoup de portes « Dans BCDI, il faut avoir une idée précise de son sujet dès le départ, dans VisualCDI, on a plus d’idées pour choisir. Quand on ne sait pas où on va, VisualCDI, c’est bien ! »

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    Eclipsant la crainte préalable de confusion sur le fait de disposer de dispositifs pour interroger le même fonds catalographique, les professeurs-documentalistes ont constaté que la notion de logiciel documentaire et d’interface était mieux comprise. Passer par deux interfaces différentes se révèle formatrice et constructrice de sens pour les élèves. Ils se familiarisent avec la notion d’interrogation de bases de données et acquièrent des compétences transversales qu’ils peuvent réinvestir ailleurs. Au lycée Queneau, les élèves ont perçu non seulement les différences entre les deux interfaces, mais ont trouvé la façon d’en exploiter les fonctionnements complémentairement : VisualCDI a donné l’impression aux élèves d’explorer « à fond le fonds » par les mots-clés et la Dewey, BCDI de pouvoir choisir les documents pré-repérés par VisualCDI en validant leur pertinence par le résumé et de rédiger la bibliographie. Enfin, en raison de l’interaction particulière que le cadre de l’expérimentation avait introduite, certains professeurs-documentalistes ont noté que les élèves situaient mieux l’activité du professeur-documentaliste et le lien entre données secondaires et documents primaires. 6 - Perspectives Les enjeux de la réussite des primo-arrivants { l’Université sont étroitement liés { la question d’une utilisation efficace des documentations que les Universités mettent { disposition de leurs usagers [BRETELLE-DESMAZIERES 1999] [COULON 1997]. De nombreuses actions de formation { l’information ont été – et continuent à être - engagées en ce sens au sein des Universités, mais compte tenu du nombre d’étudiants { former, de leurs attentes extrêmement variables et des moyens limités dont disposent les SCD, elles parent finalement au plus urgent en donnant une part trop grande à la manipulation des innombrables dispositifs technodocumentaires des bibliothèques universitaires. Le rapport conjoint IGB-IGEN sur les questions de la continuité Lycée-Universitaire en matière documentaire, rappelle pourtant bien que les compétences info-documentaires sont à considérer comme compétences clés. La présence de telles compétences dans les certificats B2i et C2i qui jalonnent le parcours de l’écolier, du collégien, du lycéen et de l’étudiant, souligne, de fait, une confirmation des actions institutionnelles nationales pour se conformer aux recommandations européennes. Mais la formation et la place de ces différents certificats dans les cursus des élèves et des étudiants sont très réduites et ne répondent pas aux enjeux de la réussite des étudiants. Une des pistes que le rapport IGEN-IGB privilégie, réside dans une meilleure articulation des apprentissages documentaires que proposent lycées et universités. Compte tenu des enjeux liés à la réussite des lycéens engagés dans des études supérieures, l’inspection de l’académie de Lille avait envisagé, lors des réunions préparatoires { la mise en place de l’expérimentation, de généraliser le dispositif { l’ensemble des lycées de l’académie. La phase actuelle de « post-expérimentation/pré-généralisation » poursuivie actuellement avec une vingtaine d’établissements du secondaire, en étroite collaboration avec l’Université d’Artois, peut se lire d’ores et déj{ comme une réussite de cette démarche expérimentale collective autour de la liaison documentaire Lycée/Université. Sans augurer du bilan qui sera dressé prochainement, tout laisse à penser que les résultats obtenus avec

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    les 8 premiers lycées expérimentateurs se retrouveront avec les 12 autres lycées. La généralisation apparaît alors comme une action d’envergure se profilant dans un futur proche. Le financement récent par le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur « Lille Nord de France » d’une passerelle documentaire visant { équiper graduellement les SCD de chaque université de l’académie de Lille d’un Visual Catalog fédérateur constitue une contribution significative dans la démarche de généralisation envisagée. Bibliographie Gérard BERRY, Pourquoi et comment le monde devient numérique ? Collège de France, Paris, 2009, 78 p. Frédéric BLIN, Mathieu STOLL « La formation des usagers dans l'enseignement supérieur », Bulletin des Bibliothèques de France, 2005, n° 6, p. 5-15. Cherifa BOUKACEM-ZEGHMOURI (dir) L'information scientifique et technique dans l'univers numérique : mesures et usages, Collection : Sciences et techniques de l'information, ADBS, 320 pages, 2010. Danièle BRETELLE-DESMAZIERES, Véronique MESGUICH, Hervé LE MEN, Christophe BOUDRY, Caroline WIEGANDT, Marie-Françoise BISBROUCK, Françoise SOGN, « Évolutions de la relation avec les usagers », Documentaliste-Sciences de l’information, 2009, Volume 46, p. 32-44. Françoise CHAPRON, Eric DELAMOTTE (dir.) L’Education à la culture informationnelle, Presses de l’ENSSIB, 308 pages, mars 2010. Alain COULON, Le métier d’étudiant. L’entrée dans la vie universitaire, PUF, Paris, 1997, 217 p. Claire DENECKER, Les compétences documentaires : des processus mentaux à l’utilisation de l’information, Presses de l’ENSSIB, 2003. Danièle BRETELLE-DESMAZIERES, Alain COULON, Christine POITEVIN, « Apprendre à s'informer; une nécessité : évaluation des formations à l'usage de l'information dans les universités et les grandes écoles françaises », Association internationale de recherche ethnométhodologique, Laboratoire de recherche ethnométhodologique, Saint-Denis, 1999,114 p. Milad DOUELHI, Comment le monde devient numérique, Editions du Seuil, Paris, 2008, 271 p. Alain DUBEY, Le lien social à l'ère du virtuel, PUF, 2001, 258 p. Jean-Louis DURPAIRE, Daniel RENOULT, « L’accès et la formation à la documentation du lycée { l’université : un enjeu pour la réussite des études supérieures », Rapport IGEN-IGB n°2009-000, 2 mars 2009, 65 p.

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    Aniela FÉO, « L'enseignement de méthodologie documentaire à l'Université Paris-8 : un accompagnement bien tempéré ». Documentaliste - Sciences de l'information, 1998, vol. 35, n° 3, p 147-155. www.adbs.fr/uploads/docsi/1636_fr.pdf Viviane FOLCHER, « Usage comparé d'outils de recherche documentaire : premiers résultats et pistes d'analyses ouvertes », La bibliothèque entre physique et virtuel : objet complexe de sens, objet d'usages complexes, journée d'étude du 11 mai, Université Paris-8, 2006, http://www.archivesaudiovisuelles.fr/674/ Cécile GARDIES, Isabelle FABRE, Viviane COUZINET, « Re-questionner les pratiques informationnelles », Études de communication, n°35, 2010. Jean-Pierre GIRAUDIN. «Complexité des systèmes d’information et de leur ingénierie», e-TI - la revue électronique des technologies d'information, Numéro 3, 9 mai 2007, http://www.revue-eti.netdocument.php?id=1180. Claude JOLLY, « Bibliothèques universitaires. Regard sur les changements », Bulletin des Bibliothèques de France, 2001, Paris, t.46, n°6, p. 50-54. Alain KIYINDOU (dir) Fractures, mutations, fragmentations : de la diversité des cultures numériques, Hermes-Lavoisier, 2009, 257 p. Corinne LEBLOND. « Un système d’information documentaire { l’Université, fédération des ressources et personnalisation des services : de l’idéal du projet { la réalité des usages ». In : Fabrice Papy (dir.), Usages et pratiques dans les bibliothèques numériques. Paris : Hermès Science Publications : Lavoisier, 2007, p. 73-93. (Traité IC2, série Management et gestion des STIC). Marc MAISONNEUVE, Le catalogue de la bibliothèque à l'heure du Web 2 : étude des opacs de nouvelle génération, ADBS Editions, 2009, 305 p. Fabrice PAPY, Corinne LEBLOND, « L'interface de recherche d'information du Visual…Catalog : un outil innovant à double détente », Documentaliste-SI, Vol. 44, n°4-5, p. 288-298, 2007. Fabrice PAPY, « Au-delà de la transfiguration du catalogue », Bulletin des Bibliothèques de France, 2005, n° 4, p. 5-12, http://bbf.enssib.fr/ Maud PUAUD, Construire un partenariat entre le SCD de l’Université d’Angers et les CDI de lycées : étude de faisabilité, Mémoire DCB, ENSSIB, octobre 2009, 57 p. Recommandation du Parlement européen et du Conseil, du 18 décembre 2006, sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie [Journal officiel L 394 du 30.12.2006].

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    Joachim SCHÖPFEL, Chérifa BOUKACEM-ZEGHMOURI, « Statistiques d'utilisation des ressources électroniques », Bulletin des Bibliothèques de France, 2005, n° 4, p. 62-66. Bruno VAN DOOREN, Bibliothèques universitaires et nouvelles technologies, Ministère de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, juin 2009. Jean SALENCON, Rapport du comité Information Scientifique et Technique, Ministère de l’Education Nationale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, juin 2008. Andrea SEMPRINI, La société de flux: formes du sens et identité dans les sociétés contemporaines, l’Harmattan, 2003, 280 p.

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    L’évolution de la taxonomie du site Web au Gouvernement du Nouveau-Brunswick

    Diane Nadeau12, IPA Baccalauréat en Sciences de l’Informatique (UNB)

    Stratège en chef, gestion de l’information, Services gouvernementaux de l’informatique, Ministère de l’Approvisionnement et des Services,

    Gouvernement du Nouveau-Brunswick, Canada

    _________________________________________________________________________________________________________ Résumé : Les sites Web gouvernementaux offrent une multitude d’information et de services en ligne dans des domaines très variés. Trouver ce que vous désirez peut créer des inconvénients occasionnant des obstacles pour les entreprises et citoyens et peut créer des embarras politiques. L’attention de cette présentation s’appuiera sur l’évolution de la taxonomie pour la gestion des documents et pour la présentation des services et information du site Web au Gouvernement du Nouveau-Brunswick. La vision 2020 du N.-B., tel que rédiger en 2011, pour participer { la fondation de la grille de l’information sera présentée, y compris les composantes nécessaires à son succès. Mots-clés : Taxinomie, taxons, facettes, méthode de classification des informations, règles du classement, ordre, placement, sciences de l’information, architecture structurée, système de gestion de contenu, CMS _________________________________________________________________________________________________________ Introduction/Contexte Le site du Gouvernement du Nouveau-Brunswick fut créé en 1995, le premier au Canada. On pouvait y retrouver entre autre des sites ministériels, communiqués de presse, lois et

    12 Diane Nadeau travaille depuis les vingt-neuf dernières années pour le Gouvernement du Nouveau-Brunswick. Depuis 2006, elle est le "Stratège en chef de la gestion de l’information", aussi responsable de l'architecture de l'information d'entreprise et des recommandations pour la réduction des silos, des systèmes de veilles stratégiques et projets concernant les sites Web du gouvernement. Pendant sa carrière, Diane a travaillé sur des projets avec onze ministères et une agence fédérale. Diane a aussi travaillé avec Sun Life du Canada. Elle a un Baccalauréat en Sciences de l’Informatique de l'Université du Nouveau-Brunswick, détient une certification d’Informaticien professionnel agréé (IPA) et est membre de l’Association of Records Management Administrators (ARMA) et du Canadian Information Professional Society (CIPS).

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    règlements, téléphone web et une liste alphabétique des services. Au début des cinq à dix ans du site,