journal colloque

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Octobre2009 Volume 16, no 2 Numéro spécial 30 ans de justice alternative…. Des expériences en amont et en aval ! Mot de la directrice, Quel magnifique colloque!!! C’est en effet, le 17 octobre dernier, à l’Auberge des Gouverneurs, que se tenait l’activité soulignant « 30 ans de justice alternative…. Des expériences en amont et en aval ! ». Plusieurs parte- naires sont venu partager avec nous sur une façon différente de « rendre justice » et de gérer les différends. Ce sont plus de 115 collaborateurs provenant de différentes organisations qui se sont joints à nous. Il est impor- tant pour nous de souligner la diversité des groupes qui prenaient place ce jour-là dans la salle, afin de mieux apprécier les liens que les membres de la corporation Aux trois pivots tissent au fil des ans dans la communau- té. Je tiens ainsi à remercier tous les intervenants présents provenant de : la Sécurité publique de Trois- Rivières, la Sûreté du Québec, l’École nationale de police, CSSS de Trois-Rivières, Centre régional de pré- vention de la criminalité, les Organismes de justice alternative, l’UQTR, du Cavac, du Ministère de l’Éduca- tion, de différentes commissions scolaires et écoles secondaires, des Jésuites, du Centre le Havre, des Maisons de jeunes, de l’Université du 3 e âge, des ressources communautaires et de loisirs, de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, du Bureau des affaires juridiques jeunesse, de l’Aide juridique, du Centre jeunesse, de la magistrature-Cour du Québec, etc. Cet éventail de partenaires présents témoigne en lui- Le 17 octobre dernier, pour souligner son 30ième anniversaire de fondation, Aux trois pivots tenait un colloque sur la justice alterna- tive..Nous avons pensé publier un numéro spécial de notre journal, pour informer nos partenaires qui n’ont pu assister au col loque de différents sujets traités et pour, ceux qui y ont participé, faire un rappel du contenu présenté. En espérant que ce numéro spécial vous plaise...

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Page 1: Journal colloque

Octobre2009 Volume 16, no 2

Numéro

spécial 30 ans d

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s en am

ont et e

n aval

!

Mot de la directrice,

Quel magnifique colloque!!! C’est en effet, le 17 octobre dernier, à l’Auberge des Gouverneurs, que se tenait

l’activité soulignant « 30 ans de justice alternative…. Des expériences en amont et en aval ! ». Plusieurs parte-

naires sont venu partager avec nous sur une façon différente de « rendre justice » et de gérer les différends. Ce

sont plus de 115 collaborateurs provenant de différentes organisations qui se sont joints à nous. Il est impor-

tant pour nous de souligner la diversité des groupes qui prenaient place ce jour-là dans la salle, afin de mieux

apprécier les liens que les membres de la corporation Aux trois pivots tissent au fil des ans dans la communau-

té. Je tiens ainsi à remercier tous les intervenants présents provenant de : la Sécurité publique de Trois-

Rivières, la Sûreté du Québec, l’École nationale de police, CSSS de Trois-Rivières, Centre régional de pré-

vention de la criminalité, les Organismes de justice alternative, l’UQTR, du Cavac, du Ministère de l’Éduca-

tion, de différentes commissions scolaires et écoles secondaires, des Jésuites, du Centre le Havre, des Maisons

de jeunes, de l’Université du 3e âge, des ressources communautaires et de loisirs, de la Commission des droits

de la personne et des droits de la jeunesse, du Bureau des affaires juridiques jeunesse, de l’Aide juridique, du

Centre jeunesse, de la magistrature-Cour du Québec, etc. Cet éventail de partenaires présents témoigne en lui-

Le 17 octobre dernier, pour souligner son 30ième anniversaire de fondation, Aux trois pivots tenait un colloque sur la justice alterna-

tive..Nous avons pensé publier un numéro spécial de notre journal, pour informer nos partenaires qui n’ont pu assister au colloque de

différents sujets traités et pour, ceux qui y ont participé, faire un rappel du contenu présenté.

En espérant que ce numéro spécial vous plaise...

Page 2: Journal colloque

même de l’histoire d’Aux trois pivots dans son milieu. Nous nous efforçons de créer, depuis des années, un

maillage entre les différents collaborateurs

afin d’améliorer les rapports entre les ci-

toyens et d’offrir à tous les résidants de

Trois-Rivières et des environs, des milieux

de vie sécuritaires, où il fait bon vivre!!!!

Félicitations à Michel Falardeau, Josée Dal-

laire, Jean Montambeault et Evelyne Le-

blanc du comité organisateur pour leur ex-

cellent travail. Merci aussi à tous les mem-

bres de l’équipe et du conseil d’administra-

tion qui se sont joints aux différents comités

de manière à permettre que cette journée soit

un « succès »! Bonne lecture de cette édi-

tion spéciale du journal qui souligne les

grands enjeux pour le développement de la

justice alternative !

Johanne Fortin

Directrice générale

Aux trois pivots

Une note parfaite pour M. le Juge. Bonjour chers mélomanes… Le coup d’envoi de ce colloque fut lancé par l’hono-rable Pierre Hamel, juge à la cour du Québec. M. Ha-mel a été nommé juge depuis peu, soit le 14 février 2013. Il a été directeur-conseil aux affaires juridi-ques à l’association des Centres jeunesse du Québec après avoir agi comme avocat-plaideur et avocat conseil au Centre jeunesse de Montréal. M. Hamel a donné la note de départ de ce colloque en invitant les participants à écouter une « symphonie » en lien avec les fondements du modèle québécois des adolescents contrevenants du Qué-bec. Pour débuter son exposé, M. Hamel nous a offert un « prélude » en faisant référence à un bref rappel sur l’historique en lien avec les premières expériences législatives en matière de justice pour les mineurs. Par la suite, M. Hamel a fait place au « concerto » en parlant de la mise en place de la Loi sur les jeunes

L’honorable Pierre Hamel, Juge à la Cour du

Québec. La Loi sur le système de justice pénale

pour les adolescents. Les fondements du modèle

québécois.

Page 3: Journal colloque

contrevenants. Cette loi a fait en sorte de traiter la délinquance des mineurs de façon différente de celle des adultes. On a introduit la notion de responsabilité de l’adolescent en lien à la commission de ses ges-tes. Par le fait même, une note plus prononcée annonça l’arrivée du programme de mesures de rechan-ge. Ce programme étant inspiré d’expériences de « mesures volontaires » principalement de travail com-munautaire et de conciliation avec la victime. Pendant son exposé, M. Hamel parle du modèle québécois comme étant « la bonne mesure au bon moment », faisant référence évidemment au bon rythme et à la justesse de l’harmonie. Sur une autre tonalité, M. Hamel aborde la question de la Loi sur le système de justice pénale pour les ado-lescents. Cette loi en remplacement de la Loi sur les jeunes contrevenants, venait « accentuer, dans un mouvement de crescendo » les mesures extrajudiciaires et donner une tonalité plus grave pour les délits contre la personne. Ce modèle québécois étant plus « nuancé » par des évaluations différentielles et par des interventions différenciées, présente des mesures à la fois alternatives et plus appropriées. L’accord majeur de cette loi s’entend par une belle harmonisation d’une plus grande présence des parents et de l’intérêt accordé aux personnes victimes. Ainsi, en grande finale, M. Hamel nous a fait vibrer par une gamme de sonorité en lien avec l’application de la loi actuelle, soit la Loi sur le Système de justice pénale pour les adolescents en apportant une touche mélodieuse à la couleur du Québec. Bien que cette loi soit fédérale, « elle s’inspire largement du pro-gramme de mesures de rechange développé par le Québec », programme prévu dans l’ancienne Loi sur les jeunes contrevenants. C’est ainsi que le Québec se distingue des autres provinces par son faible taux de judiciarisation et de mises sous garde peu élevé. M. Hamel a démontré une fois de plus, par ses propos et sa présentation qu’il sait très bien orchestrer, nuancer et harmoniser ces concepts fondamentaux de notre système législatif pour les mineurs. Sa présentation fut d’une harmonie parfaite et empreinte d’une juste tonalité, agréable à l’oreille. Pour cela, nous lui donnons une note PARFAITE… Merci M. Pierre Hamel.

Anne Bouchard

Madame Catherine Rossi, Professeure adjointe, Pro-

gramme de criminologie, Université Laval, Faculté des

sciences sociales. La demande de justice des victimes

de crimes dits graves : pourquoi la réponse pénale ne

pourra-t-elle jamais suffire?

Notre société partage différentes opinions à ce sujet. Certains diront que la

sanction pénale n’était pas proportionnelle au crime. D’autres affirmeront

que justice a été rendue. Mais qu’entendons-nous par justice rendue ? Com-

ment peut-on juger d’une situation sans même l’avoir vécue ? Quelle est la

perception des victimes face à la réponse pénale?

Mme Catherine Rossi, nous a offert le privilège de partager des résultats d’u-

ne recherche qu’elle a conduite en France et au Québec entre 2003 et 2008,

auprès de 63 proches de victimes d’homicide. Durant sa présentation, Mme Rossi nous illustre quelques effets

pervers du monopole judiciaire en matière de crimes dits graves. Celle-ci relate l’impression d’une tendance à

la justice « compassionnelle » laissant un goût de « justice interrompue », d’un sentiment d’iniquité en lien

avec les valeurs des individus concernés ainsi qu’une tendance à la « pathologisation » des victimes. Peut-on

Page 4: Journal colloque

affirmer connaître l’impact d’un délit chez une vic-

time? La réponse est non. Il ne s’agit pas d’une

situation statique de cause à effet. On ne peut pas

évaluer les conséquences et les répercussions puis-

qu’elles sont différentes d’une personne à une au-

tre. Le schéma ci-contre démontre les impacts

d’un tel événement dans la vie d’une victime ;

Madame Sarah Bureau, mère et citoyenne. Témoignage: La médiation; une

conciliation entre Soi et l'événement.

Madame Sarah Bureau nous a entretenu sur sa démarche l’ayant amenée à ren-contrer son agresseur, dans le cadre d’une médiation avec le programme de jus-tice réparatrice du Service correctionnel Canada. Elle nous a partagé ses com-bats, sa vision du système de justice et ses espoirs. Trente ans après avoir été victime de gestes à caractères sexuels de la part du conjoint de sa mère, Sarah a décidé de dénoncer son agresseur. Le parcours judiciaire a été long, elle a eu envie de rebrousser chemin, de démissionner. Elle a poursuivi en se disant avoir une responsabilité sociale de continuer la démar-che judiciaire jusqu'au bout. La culpabilité de l'homme a été établie et la senten-

ce a été rendue. Le système judiciaire s'est prononcé, mais pour Sarah, justice n'a pas été rendue parce qu'on a mis en prison le délinquant. Ça n'a rien changé à son quotidien. Elle a participé à des rencontres détenus-victimes, (RDV), au pénitencier Montée St-François. Elle mentionne que ces rencontres l'ont aidée à comprendre ses propres souffrances et de reprendre du pouvoir sur sa vie. Sarah a expliqué que lors de ces rencontres, les victimes sont invitées à témoi-gner des effets des agressions sexuelles sur elles. Certains détenus prennent conscience de la gra-vité des gestes qu'ils ont posés sur leur victime. Sarah avait depuis longtemps plusieurs questions qu'elle voulait poser à son agresseur. Elle s'est alors adressée au programme de justice réparatrice du Service correctionnel du Canada. Elle a ren-contré deux médiateurs, qui l'ont aidée à se préparer à la rencontre avec son agresseur, qui lui ont posé les bonnes questions, comme elle le dit elle-même. Les médiateurs ont aussi préparé le délin-quant à cette rencontre avec Sarah.

Peut-on affirmer que les victimes ont l’impression

que justice a été rendue lorsque le juge rend son

verdict de culpabilité? Les différents témoignages

recueillis par Mme Rossi au cours de ses recherches

nous démontrent que non. Oui, le contrevenant est

incarcéré. Cependant, beaucoup de questions reste-

ront sans réponse. « Pourquoi moi? Qui est cette personne? Va-t-elle recommencer? ». En conséquence, la

victime devra porter le lourd fardeau des répercussions et des questionnements qui auront des impacts sur le

restant de sa vie.

Merci Mme Catherine Rossi de la part de toute l’équipe d’Aux trois pivots!

Keven Moreau

Page 5: Journal colloque

Madame Christine Laliberté, Directrice du Programme santé mentale adulte et

dépendances. La rupture sociale : l’importance de

l’intersectorialité.

Lors de ce colloque, nous avons eu la chance d’entendre Mme Christine Laliberté.

Cette dernière nous a présenté une approche différente, innovatrice d’intervenir en ce

qui concerne l’itinérance, une façon de faire encore inhabituelle, très alternative, per-

mettant de rejoindre et d’accompagner les personnes en situation de rupture sociale, tout

en répondant aux besoins de la population en général.

Ce travail de concertation est accompli à Trois-Rivières par l’ « Équipe itinérance », formée de quatre interve-

nants provenant de quatre organismes différents dont Le Centre Le Havre, Point de rue , le Centre de santé et

de services sociaux de Trois-Rivières et l’organisme Domrémy.

Ce projet s’inscrit dans la lignée du cadre de référence «L’itinérance au Québec par le MSSS», cadre qui a été

suivi d’un plan interministériel pour 2010-2013. Différents ministères avaient alors mentionné leur motivation

à agir de façon davantage concertée afin de maximiser les services et de mieux prévenir l’itinérance. Un comi-

té de coordination avait donc été créé, regroupant des acteurs de différents ministères. Quatre projets pilotes

ont été initiés dont un à Trois-Rivières.

Mme Laliberté, par ses exemples concrets d’intervention qui ont eu lieu au sein de la ville, nous a démontré à

quel point il est nécessaire de voir et d’agir autrement et surtout, de façon complémentaire, en nous présentant

l’impact et les résultats positifs. Elle nous a entre autres fait part d’une initiative qui a été mis sur pied afin de

répondre à des situations conflictuelles vécues au Centre-ville, aux abords de la Bibliothèque et de la Maison

de la Culture. Par les comportements parfois dérangeants de personnes aux prises avec des problèmes de

consommation, de santé mentale et d’itinérance, certaines personnes, citoyens et employés de ces lieux, éprou-

vaient de la méfiance, de l’insécurité, ne sachant pas comment réagir face à ces situations. Une collaboration

entre la Sécurité Publique et l’organisme Point de rue a permis d’élaborer une entente afin de mieux intervenir

et d’opter vers des solutions autres que celles envisagées jusqu’à maintenant, menant très souvent à des inter-

ventions policières, des arrestations, des amendes, etc., ce qui ne réglait en rien la problématique et qui pouvait

même, dans certains cas, augmenter la tension et les confrontations. Ainsi, lors de situations semblables, les

policiers font dorénavant appel aux intervenants de Point de rue qui s’y rendent et s’entretiennent avec les per-

C'est dans un lieu sécuritaire que la rencontre a eu lieu. Sarah avait préparé ses questions, toutes les questions qu'une victime d'agression sexuelle peut se poser. Elle dit de cette rencontre: «La mé-diation a permis de remettre les choses en place, de remettre les choses en ordre. Ce que j'ai aimé dans la médiation: je n'ai pas à lui pardonner, c'est pas nécessaire. Ce qui compte pour moi, c'est d'être en paix avec ce qu'il a fait. Mais je ne pense pas jamais lui pardonner, parce que ce n'est pas obligatoire. Et j'ai jamais senti que les médiateurs m'amenaient sur cette piste là. Les médiateurs étaient des citoyens, deux témoins d'une scène. C'est la job de préparation. Ils ont amené deux in-dividus à une table, à un niveau égal et c'est ça la magie de la médiation. La médiation, ça m'a ren-due libre de la honte, de la culpabilité, libre de son pouvoir sur moi». Sarah a terminé sa conférence en souhaitant un système différent, un système de transformation des délits criminels pour permettre plus de place à la personne. Elle souhaite un système où les lieux seraient plus adaptés pour les victimes, des services pour les détenus en établissements, pour que les gens deviennent meilleurs. Finalement elle conclura sa conférence en souhaitant que la so-ciété fasse tout pour que l'enfant devienne un adulte heureux.

Evelyne Leblanc

Page 6: Journal colloque

sonnes concernées dans le but de désamorcer la crise et de mieux les accompagner par la suite. Des rencontres

ont également eu lieu avec les employés des établissements environnants afin de les informer, de les sensibili-

ser au vécu des personnes en situation de ruptures et de mieux les outiller.

Une telle concertation et de telles initiatives ont un impact majeur sur la population et se doivent d’être souli-

gnées. Cela permet de mieux répondre aux intérêts de tous, tout en diminuant la judiciarisation, ce qui n’appor-

te souvent pas de solutions et qui ne permet pas un meilleur service en ce qui a trait à la problématique d’itiné-

rance. Une meilleure concertation, une complémentarité, une façon différente de voir les choses, voilà ce qui

amène une société à être unie, qui favorise la compréhension et le respect de part et d’autres.

Bravo et bonne continuité à ce beau projet!

Caroline Tourigny, Intervenante

Aux trois pivots

Madame Sylvie Hamel, Professeure en psychoéducation à l’UQTR,

Madame Georgia Vrakas, Professeure en psychoéducation à l’UQTR,

Monsieur Carl Lacharité, Professeur en psychologie à l’UQTR.

Le partenariat, à quel prix ?

Pour débuter l’après-midi, Madame Sylvie Hamel nous a entretenus sur le partenariat. Il faut dire que les pré-

sentations de l’avant-midi nous avaient déjà mis l’eau à la bouche pour la deuxième partie de ce colloque.

Mentionnons d’abord que Mme Hamel collabore présentement avec Aux trois pivots sur le projet Ensemble

pour prévenir : CTC/C’est ta communauté. Ce projet s’est appuyé sur des approches grandement documentées

par la littérature sur le sujet. Les recherches dans le domaine de la prévention de la criminalité nous le disent :

il faut travailler ENSEMBLE et sur plusieurs aspects simultanément. Une approche globale, intégrée, structu-

rante, durable, concertée est gage d’une démarche gagnante. On parle donc ici de réunir des partenaires diffé-

rents, avec plusieurs cultures organisationnelles et une diversité de pratiques et tout ça, dans un contexte où

très souvent, les ressources disponibles sont très asymétriques.

Cela peut sembler tout simple (on regroupe des gens, ils travaillent ensemble et voilà, le tour est joué) mais

depuis que sont mis en pratique ces grands principes et que des chercheurs se penchent sur la démarche, nous

réalisons que l’exercice est plus complexe qu’il en a l’air. Pour réussir le partenariat, il faut des conditions ga-

gnantes.

Mme Hamel, accompagnée de Madame Georgia Vrakas et de Monsieur Carl Lacharité, ont donc décidé

d’inviter des partenaires qui œuvrent ensemble, sur le terrain, afin de mieux illustrer ces conditions gagnantes

du partenariat.

Page 7: Journal colloque

Étaient aux rendez-vous pour parler VRAIMENT du partenariat : Mmes Jocelyne Lupien et Nataly Gil Blanco,

respectivement directrice et intervenante de la Maison L’Entr’Amis, M. Denis Marengère, chef programme

enfance-jeunesse-famille au Centre de santé et de services sociaux de Trois-Rivières, Mme Linda Guimond,

coordonnatrice au soutien et développement socio-communautaire à l’Office municipal de Trois-Rivières. Ces

PARTENAIRES travaillent ensemble sur divers projets depuis plus de 5 ans (CTC/C’est ta communauté par le

biais du Programme de renforcement des familles, Clinique de pédiatrie sociale, un «Semis pour un ami», pour

n’en nommer que quelques-uns)

Les animateurs avaient trois questions pour nos partenaires : voici un résumé de leurs échanges sur le sujet :

Le partenariat avec les jeunes, ça ressemble à quoi?

On sent que la persévérance, chez nos jeunes, c’est de plus en plus difficile. Il faut être des modèles nous aussi

dans nos actions. Il faut travailler le lien de confiance, l’appartenance, la relation. Depuis les changements de

la Loi sur la protection de la jeunesse, c’est encore plus présent dans nos pratiques. On développe davantage

une approche par besoin que par programme. Pour travailler avec le jeune comme partenaire, il faut avoir une

vision commune (de son projet de vie, son plan d’intervention, etc..). Il est souvent notre porte d’entrée vers la

famille, la communauté. Les jeunes sont au cœur de notre travail, d’où l’importance de les voir comme des

partenaires, donc des acteurs actifs plutôt que des usagers qui viennent consommer un service.

Le partenariat avec les parents, ça ressemble à quoi?

Il est aussi possible ET difficile. Ensemble, dans ce projet, on voit les parents comme des partenaires, des co-

animateurs (cela sera peut-être une clé de pérennité du partenariat). On les valorise beaucoup et ils sont très

fiers quand on les approche pour leur demander de l’aide, pour faire appel à leur expérience-expertise. De plus,

en étant partenaires avec la famille, les parents travaillent en équipe avec nous, afin d’arriver au même but. Par

contre, notre client premier, dans notre projet, est le jeune. C’est pourquoi, il est important que le but des pa-

rents soit le même que leur adolescent. On constate qu’il est plus ardu de rejoindre les hommes, les pères. Un

grand travail est à faire auprès d’eux : être plus créatifs et passer par le FAIRE, l’AIDE qu’ils peuvent appor-

ter. Nous vivons une augmentation des familles immigrantes dans nos quartiers. Les différences culturelles

sont présentes mais nous travaillons sur la relation. Nous développons un lien significatif en passant par les

intérêts communs (tricot, musique, danse, repas, cuisine, jardinage, etc…). Ce n’est pas toujours facile mais il

faut se donner du temps; la plupart des familles sont réfugiées, elles peuvent avoir vécu des traumatismes et de

nombreuses ruptures sociales.

Le partenariat entre professionnels?

Pour qu’il soit gagnant, ça prend des gens qui parlent au nom du jeune, de la famille et pas seulement au nom

de leur organisation; les vrais partenaires repoussent un peu les barrières, les balises dans le respect des valeurs

de tous.

En VRAC :

Le vrai partenariat, il prend du temps, il prend son temps. Pour qu’il soit le plus efficient et efficace, il faut

se donner le temps et les occasions de travailler ensemble avec respect de nos actions, de nos différences.

Il faut reconnaître le travail de l’autre, voire l’admirer (ce qui est plus grand qu’apprécier).

C’est du donnant-donnant : chaque partenaire est utile, voire indispensable pour l’autre.

La passion de notre travail, le respect de la dignité des partenaires, des usagers

Voir l’autre comme une porte d’entrée, comme un accompagnant.

DÉFI : créer le lien de confiance.

Ça prend beaucoup de réajustements, de l’humour, la place pour se dire les choses et surtout, ne pas penser

à la place de l’autre. Ça prend un peu d’humilité!!!

Page 8: Journal colloque

Approche de communauté VS communautaire : c’est s’engager en croyant que, comme organisme, on ne

perdra pas notre pouvoir.

Une autre condition de réussite au partenariat : la longévité (du financement entre autres) et la stabilité de

l’équipe

En conclusion de cette table ronde, nos invités nous disent qu’il faut se rappeler qu’il n’existe aucun cours

pour le partenariat et que, comme dans bien des sphères d’activités, rien de mieux que d’essayer: on y prendra

goût si on y met les bons ingrédients !

Chantal Chicoine

Monsieur Jean-Pierre Charbonneau, Conférencier, motivateur.

La citoyenneté et le système judiciaire.

La conférence de clôture de ce colloque a été celle de M. Jean-Pierre Char-

bonneau.

M. Charbonneau a été, entre autres, élu député du Parti québécois dans le

comté de Verchères, en 1976, puis réélu en 1981 et en 1985. Il devient ad-

joint parlementaire du Premier ministre René Lévesque en 1982 et, par la

suite, président de plusieurs commissions parlementaires dans les domaines

de la protection de la jeunesse, de l’éducation et de la main-d'œuvre ainsi

que de l’économie et du travail. En 1983, il crée le Secrétariat à la jeunes-

se du Gouvernement du Québec.

Depuis février 2007, on peut le voir quotidiennement à la télévision publi-

que à titre d’analyste politique dans le cadre de la populaire émission « Le

club des Ex » du Réseau De l’Information (RDI) de Radio-Canada.

Tout comme Aux trois pivots, le rapport de la Commission Charbonneau sur la Loi de la Protection de la jeu-

nesse du Québec, fête ses trente ans cette année. M. Charbonneau a présidé la Commission parlementaire spé-

ciale sur la protection de la jeunesse. Cette commission est venu distinguer les deux clientèles jusque-là prises

en charge: les adolescents ayant besoin de protection et les adolescents contrevenants. Les travaux de cette

commission ont donné un essor aux mesures alternatives offertes aux jeunes contrevenants.

M. Charbonneau croit qu’après trente ans, il faut prendre le temps de réfléchir et de réévaluer les pratiques. La

conjoncture actuelle peut fragiliser le modèle québécois d’intervention auprès des adolescents contrevenants.

Les victimes se sont organisées en groupes. Ces derniers ont un impact auprès de la population. Les citoyens

sont touchés par ce qu’ils ont vécu. Il faut tenir compte de leur discours. Les victimes ont besoin d’être recon-

nues et que leurs torts soient compensés.

Les gouvernements tentent d’augmenter le sentiment de sécurité dans les communautés, mais tout cela peut

avoir pour effet de favoriser le recours à l’emprisonnement et à des peines plus sévères. On ne peut jamais

donner à la population une garantie d’une sécurité absolue. De plus, il remarque qu’il y a une culture qui valo-

rise les gangs de rue et qui fait l’apologie des tueurs. Il peut donc y avoir un effet de glorification du gangsté-

risme. Il croit que les médias font leur pain et leur beurre des mauvaises nouvelles. Enfin, M. Charbonneau

pense que la population a une méconnaissance de la justice et particulièrement de la justice alternative. Il croit

qu’il est important d’informer la population des mesures alternatives offertes aux jeunes contrevenants. Cela

pourrait faire un contrepoids au discours populiste. Il pense aussi qu’il faut monitorer les mesures alternatives.

Page 9: Journal colloque

Que sont devenus les adolescents qui sont passés par notre système de justice et par les mesures alternatives ?

(Voir la note dans l’encadré)

M. Charbonneau ne croit pas que les comportements humains sont prédictifs, même avec l’avancée de nos

connaissances sur le sujet. Il rappelle que les criminels se retrouveront tôt ou tard avec nous, dans nos commu-

nautés. Il faut donc travailler avec empathie à leur réinsertion.

En terminant, M. Charbonneau a rappelé que nous ne pouvons pas revenir à une justice privée où les victimes

pourraient elles-mêmes rendre justice, qu’il faut que la population connaisse mieux la justice alternative afin

d’assurer sa pérennité et enfin qu’il faut être conscient de ce que les victimes ont vécu et qu’elles bénéficient

d’une bonne couverture médiatique.

Jean Montambeault

Un projet de recherche est présentement en cours. Ce pro-

jet est sous la direction du chercheur principal, M. Denis

Lafortune : LA LOI SUR LE SYSTÈME DE JUSTICE

PÉNALE POUR LES ADOLESCENTS SEPT ANS

PLUS TARD. PORTRAIT DES JEUNES, DES TRAJEC-

TOIRES ET DES PRATIQUES

Nous nous permettons ici de reproduire un extrait du résu-

mé de la recherche :

«Entreprise dans le cadre d’une action concertée entre le

Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et

du fonds québécois de la recherche sur la société et la

culture (FQRSC), l’objectif général de l’étude est de

mieux connaître la situation des jeunes contrevenants sui-

vis en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour

les adolescents (LSJPA). Il s’agit de tracer le portrait de

ces adolescents, ainsi que les profils qui peuvent être déga-

gés lorsqu’on prend en considération leur type de présence

dans le système pénal, leur exposition à des mesures ou

sanctions extrajudiciaires et leur condamnation à des pei-

nes spécifiques. À ce titre, en plus d’une étude quantitative

réalisée à partir des bases de données des institutions