[4] adair berguiga

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_____________________ Région et Développement n° 32-2010 ______________________ LES FACTEURS DÉTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIÈRE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE DANS LA RÉGION MENA : UNE ANALYSE EN COUPE INSTANTANÉE Philippe ADAIR et Imène BERGUIGA Résumé - La microfinance se développe progressivement dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) à travers des institutions de microfinance (IMF) très variées. L’objectif de la plupart de ces IMF est de concilier la performance sociale (PS) qui vise à réduire la pauvreté et la performance financière (PF) qui vise à assurer une rentabilité pérenne. Y a t-il arbitrage ou compatibilité entre ces deux types de performances ? Une analyse factorielle en coupe instantanée sur un échantillon de 51 IMF dans 9 pays de la région MENA examine la relation entre ces deux performances. Il n’y a pas d’arbitrage pour certaines IMF qui conjuguent les deux performances, dont les facteurs déterminants varient notamment selon le statut (ONG vs non ONG), la maturité, la méthodologie de prêt (solidaire vs individuel), la zone d’interven- tion (rurale vs urbaine), le niveau de transparence informationnelle, la locali- sation géographique et la réglementation des pays dans lesquels œuvrent ces IMF. Mots-clés : INSTITUTIONS DE MICROFINANCE, MENA, PAUVRETÉ, PERFORMANCE FINANCIÈRE, PERFORMANCE SOCIALE. Classification JEL : C12, C21, D21, G21, I32, L25, L31 ERUDITE, Université Paris-Est Créteil ; [email protected] ERUDITE, Université Paris-Est Créteil ; [email protected]

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_____________________ Reacutegion et Deacuteveloppement ndeg 32-2010 ______________________

LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE

SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE DANS LA REacuteGION

MENA UNE ANALYSE EN COUPE INSTANTANEacuteE

Philippe ADAIR et Imegravene BERGUIGA

Reacutesumeacute - La microfinance se deacuteveloppe progressivement dans la reacutegion du Moyen-Orient et drsquoAfrique du Nord (MENA) agrave travers des institutions de microfinance (IMF) tregraves varieacutees Lrsquoobjectif de la plupart de ces IMF est de concilier la performance sociale (PS) qui vise agrave reacuteduire la pauvreteacute et la performance financiegravere (PF) qui vise agrave assurer une rentabiliteacute peacuterenne Y a t-il arbitrage ou compatibiliteacute entre ces deux types de performances Une analyse factorielle en coupe instantaneacutee sur un eacutechantillon de 51 IMF dans 9 pays de la reacutegion MENA examine la relation entre ces deux performances Il nrsquoy a pas drsquoarbitrage pour certaines IMF qui conjuguent les deux performances dont les facteurs deacuteterminants varient notamment selon le statut (ONG vs non ONG) la maturiteacute la meacutethodologie de precirct (solidaire vs individuel) la zone drsquointerven-tion (rurale vs urbaine) le niveau de transparence informationnelle la locali-sation geacuteographique et la reacuteglementation des pays dans lesquels œuvrent ces IMF Mots-cleacutes INSTITUTIONS DE MICROFINANCE MENA PAUVRETEacute PERFORMANCE FINANCIEgraveRE PERFORMANCE SOCIALE Classification JEL C12 C21 D21 G21 I32 L25 L31

ERUDITE Universiteacute Paris-Est Creacuteteil adairuniv-paris12fr

ERUDITE Universiteacute Paris-Est Creacuteteil imne068yahoofr

92 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

INTRODUCTION

La Banque mondiale deacutefinit deux seuils de pauvreteacute internationale de 1$ ou de 2$ par jour et par tecircte (CGAP 2003) et selon le sommet du microcreacutedit de 2005 les plus pauvres sont ceux qui se situent dans la moitieacute infeacuterieure du groupe des personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreteacute le plus seacutevegravere dont le niveau de consommation est infeacuterieur agrave 1$ par jour

Le taux de pauvreteacute de la reacutegion du Moyen-Orient et drsquoAfrique du Nord (MENA) soit 169 en 2005 lorsque le seuil de pauvreteacute est fixeacute agrave 2$ (Ravallion et Chen 2008) est nettement plus faible que celui drsquoAsie du Sud (739) et drsquoAfrique subsaharienne (729) mais il recouvre des dispariteacutes importantes entre et au sein mecircme de ces pays En raison de la rapide croissance deacutemographique le nombre de pauvres nrsquoa pas diminueacute en valeur absolue depuis 1990 et repreacutesentait environ 50 millions de personnes vivant avec moins de 2$ par jour en 2005 (Banque mondiale 2008) Pour ces pauvres la microfinance peut constituer un moyen drsquoacceacuteder aux financements et drsquoameacuteliorer leurs conditions de vie celle-ci se deacuteveloppe progressivement dans la reacutegion MENA agrave travers des institutions de microfinance (IMF) tregraves varieacutees (ONG coopeacute-ratives institutions financiegraveres non bancaires et banques)

Lrsquoobjectif de ces IMF est drsquoatteindre la meilleure performance possible ce qui peut ecirctre reacutealiseacute lorsqursquoelles parviennent agrave concilier deux exigences la performance sociale (PS) en reacuteduisant la pauvreteacute et la performance financiegravere (PF) en assurant une rentabiliteacute peacuterenne Cependant ces deux exigences suscitent un deacutebat entre deux courants de penseacutee opposeacutes les welfarists font valoir lrsquoexigence sociale de ciblage des plus pauvres et drsquoameacutelioration de leurs conditions de vie les institutionalists deacutefendent lrsquoexigence eacuteconomique de la rentabiliteacute et de la viabiliteacute de lrsquoinstitution Les IMF de la reacutegion MENA fournissent une illustration pertinente de ce deacutebat et lrsquoanalyse de leur activiteacute permet de reacutepondre agrave la question y a t-il arbitrage ou compatibiliteacute entre les deux types de performances

La section 1 esquisse une bregraveve revue de la litteacuterature de la microfinance au regard des approches contrasteacutees des welfarists et des institutionalists La section 2 deacutecrit les caracteacuteristiques drsquoun eacutechantillon de 51 IMF dans 9 pays de la reacutegion MENA et deacutefinit les variables identifiant chaque type de per-formance ainsi que la meacutethodologie utiliseacutee dans cette eacutetude Deux variables proxies expriment la performance sociale dont un nouvel indice de mesure de la porteacutee sociale des IMF (depth of outreach) Des indicateurs financiers (rentabiliteacute gestion financiegravere et efficience opeacuterationnelle) deacutecrivent la perfor-mance financiegravere La section 3 preacutesente les reacutesultats drsquoune analyse factorielle en correspondances multiples appliqueacutee agrave lrsquoeacutechantillon qui permet drsquoeacutetudier la nature de la relation entre la PS et la PF Dans la section 4 lrsquoanalyse en termes de cluster permet drsquoextraire les facteurs qui agissent agrave la fois sur les deux types de performances et varient selon le statut (ONG vs non ONG) la maturiteacute la meacutethodologie de precirct (solidaire vs individuel) la zone drsquointer-vention (rurale vs urbaine) le niveau de transparence informationnelle la localisation geacuteogra-phique et la reacuteglementation des pays de ces IMF

Reacutegion et Deacuteveloppement 93

1 UNE BREgraveVE REVUE DE LA LITTEacuteRATURE

La microfinance est un moyen de lutte contre la pauvreteacute dans les pays en deacuteveloppement agrave travers le financement des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus pour les meacutenages pauvres Cependant la meilleure maniegravere daider les pauvres agrave avoir accegraves aux services financiers oppose lrsquoapproche des welfarists agrave celle des institutionalists Bien qursquoelles partagent lrsquoobjectif de reacuteduction de la pauvreteacute ces deux approches placent la microfinance agrave la croiseacutee des chemins

Les welfarists se fondent sur la theacuteorie de responsabiliteacute sociale vis-agrave-vis de la clientegravele afin de reacutepondre agrave ses attentes (Caroll 1979 Servet 2007) Cette eacutecole de penseacutee eacutevalue la performance de lrsquoIMF du point de vue du client agrave travers la porteacutee sociale (outreach) et lrsquoanalyse drsquoimpact (impact assessment) elle cible les plus pauvres dont les revenus sont agrave 50 infeacuterieurs au seuil de pauvreteacute (1$ par jour) et vise agrave ameacuteliorer leurs conditions de vie Elle est composeacutee essentiellement drsquoinstitutions solidaires ONG ou coopeacuteratives qui considegraverent la microfinance comme un moyen cleacute pour reacuteduire la pauvreteacute des plus pauvres Bien qursquoelle insiste sur la gestion rationnelle des ressources et nrsquoexclue pas que les IMF puissent mener une activiteacute rentable au terme drsquoune peacuteriode de 5 agrave 12 ans cette eacutecole de penseacutee procircne une offre des services financiers agrave des taux drsquointeacuterecirct relativement faibles et un large recours aux subventions

Les institutionalists se fondent plutocirct sur la theacuteorie des contrats qui considegravere que lrsquoincompleacutetude des contrats peut conduire agrave des comportements opportunistes des demandeurs de creacutedits (Ghatak et Guinanne 1999) Les institutionalists eacutevaluent la performance du point de vue de lrsquoinstitution en ciblant une clientegravele de meacutenages pauvres et en visant la peacuterenniteacute financiegravere de lrsquoIMF Ils ont conccedilu un ensemble de meilleures pratiques (Annexe 1) ban-caires afin drsquoaccroicirctre lefficaciteacute des systegravemes de gestion (finance et comptabiliteacute marketing livraison de services etc) dont ladoption est une eacutetape essentielle pour atteindre lrsquoautosuffisance financiegravere agrave leacutechelle indus-trielle et avoir accegraves au marcheacute financier Ils considegraverent lrsquoautonomie financiegravere comme un critegravere qui remplit au mieux la mission sociale Ils repreacutesentent essentiellement des institutions financiegraveres soit des institutions speacutecialiseacutees en microfinance reacuteglementeacutees (ONG institutions financiegraveres non bancaires et associations de microcreacutedit) qui srsquoinscrivent clairement dans une logique de rentabiliteacute soit des caisses villageoises ou certaines banques commerciales traditionnelles qui se sont plus reacutecemment impliqueacutees dans la microfinance

Lrsquoapproche respective des welfarists et des institutionalists a fait lrsquoobjet drsquoun certain nombre de critiques La premiegravere approche est confronteacutee au problegraveme de viabiliteacute et de peacuterenniteacute induit par les subventions la faiblesse des taux de remboursement et lrsquoaugmentation des coucircts de fonctionnement la deuxiegraveme approche privileacutegie une clientegravele de microentrepreneurs tregraves proches de la ligne de pauvreteacute (2$ par jour) auxquels sont appliqueacutes des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes pour assurer lrsquoautonomie financiegravere des IMF Ce laquo schisme de la microfinance raquo (Morduch 1998) renvoie agrave lrsquoarbitrage entre le ciblage des pauvres et la rentabiliteacute des IMF

94 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

2 EacuteCHANTILLON VARIABLES ET MEacuteTHODOLOGIE

21 Sources et caracteacuteristiques de lrsquoeacutechantillon

Les donneacutees utiliseacutees proviennent de la base de donneacutees de Microfinance Information Exchange (MIX) qui recueille les informations les plus conseacute-quentes sur 54 IMF dans 9 pays de la reacutegion MENA entre 1998 et 2008 avec un nombre drsquoobservations qui varie selon les IMF Ces informations essentiellement drsquoordre financier sont parfois incomplegravetes Pour cette raison nous ajoutons des donneacutees provenant de six autres sources de la Banque mondiale World Development Indicators (WDI) et World Governance Indicators (WGI) du Fond Moneacutetaire International (FMI) de diffeacuterents rapports reacutecents de Planet Rating

1 de quelques rapports compleacutementaires de

MIX sur la performance sociale laquo Social performance Standards raquo (SPS) de rapports annuels propres aux IMF ainsi que drsquoun questionnaire que nous avons eacutelaboreacute et envoyeacute aux IMF dont un peu plus de la moitieacute a reacutepondu

Tableau 1 caracteacuteristiques des pays eacutetudieacutes en 2006

Les donneacutees en italiques sont estimeacutees selon le RNB par habitant et les donneacutees sur la pauvreteacute de chaque pays Nombre des emprunteurs diviseacute par la taille de la population en dessous de la ligne de pauvreteacute de 2 $ jour En lrsquoabsence de donneacutees disponibles en 2006 celles de 2005 ont eacuteteacute retenues Source Benchmarking Arab microfinance (2008) WDI (2006)

Nous avons seacutelectionneacute finalement les 51 IMF ayant les plus hauts niveaux de transparence informationnelle par rapport agrave leur performance sociale et financiegravere (trois agrave cinq diamants) Lrsquoeacutechantillon est alors composeacute de 13 IMF drsquoEgypte 7 de Jordanie 9 du Maroc 1 de Tunisie 6 du Yeacutemen 3 du Liban 8 de Palestine 2 de Syrie et 2 drsquoIrak (Annexe 2) Il couvre 3 pays drsquoAfrique du Nord et 6 pays du Moyen Orient

Les pays du Moyen Orient souffrent drsquoune grande pauvreteacute contrairement aux pays drsquoAfrique du Nord pregraves de la moitieacute de la population du Yeacutemen de

1 Parmi les diffeacuterentes agences de notation Planet Rating collecte pour chaque IMF eacutevalueacutee un

bilan et un compte de reacutesultat complets

Pays

Population (millions)

RNB par

habitant (PPA)

Population sous la ligne de

pauvreteacute

(2$ jour)

Nombre des IMF

Nombre des emprunteurs dans ces IMF

(milliers)

Taux de Peacuteneacutetration

Egypte 75 498 4 940$ 33 144 (439) 27 694918 210 Jordanie 5 924 4 840$ 415 (7) 8 77780 1876 Liban 4 099 9 690$ 1 176 (287) 9 46416 395 Maroc 31 224 3 890$ 4 465 (143) 11 1 045310 2341 Palestine 4 017 3 720$ 1 655 (412) 9 28258 171 Syrie 19 929 4 110$ 8 051 (404) 6 46065 057 Tunisie 10 327 6 640$ 681 (66) 3 123504 1812 Yeacutemen 22 389 2 120$ 10 120 (452) 14 36918 036 Irak 21732 - - 1 4202 -

Reacutegion et Deacuteveloppement 95

Palestine et de Syrie est au-dessous de la ligne de la pauvreteacute (Tableau 1) Bien que le nombre des IMF soit tregraves eacuteleveacute en Egypte seulement 21 de la population sous la ligne de la pauvreteacute de 2$ par jour ont accegraves agrave ces institutions ce taux de peacuteneacutetration reste tregraves faible quoique supeacuterieur agrave celui du Yeacutemen Le Maroc a le taux de peacuteneacutetration le plus eacuteleveacute avec un nombre significatif drsquoIMF et la Tunisie a le taux de pauvreteacute le plus faible (66) Le RNB par habitant en pariteacute de pouvoir drsquoachat au Liban est le plus eacuteleveacute de la reacutegion MENA

22 Mesure des variables

Deux cateacutegories drsquoindicateurs ont eacuteteacute utiliseacutees pour chaque IMF La premiegravere estime la performance sociale (PS) la seconde mesure la performance financiegravere (PF)

221 Les indicateurs de la performance sociale

En lrsquoabsence drsquoindicateurs sociaux harmoniseacutes au niveau mondial des proxies sont employeacutes par les IMF qui mesurent essentiellement leur porteacutee sociale en termes de degreacute ou en termes drsquoeacutetendue Les deux indicateurs publieacutes par le MIX sont laquo le nombre des emprunteurs raquo et le laquo montant moyen du precirct par emprunteur raquo qui sont cependant des proxies discutables Lrsquohypothegravese relative au premier proxy est que lrsquoIMF qui octroie des precircts agrave un grand nombre drsquoemprunteurs joue un rocircle important dans la reacuteduction de la pauvreteacute mais la plupart de ces emprunteurs ne sont pas neacutecessairement des pauvres (Daley-Harris 2004)

Concernant le deuxiegraveme proxy lrsquohypothegravese est que plus le montant moyen du precirct par emprunteur est faible plus lrsquoIMF sert les pauvres Cependant ce proxy est mesureacute en une uniteacute moneacutetaire qui diffegravere drsquoun pays agrave un autre Pour une comparaison inter-pays il vaut mieux utiliser ce proxy drsquoune maniegravere relative (Morduch 2000) en le divisant par le Revenu National Brut par habitant (RNB) Toutefois le RNB par habitant excegravede dans certains pays le revenu du seuil de pauvreteacute (Schreiner 2001) ce qui implique que ce ratio ne repreacutesente plus le bon proxy

Pour reacutesoudre ce problegraveme de revenu nous avons compareacute le montant moyen du precirct par emprunteur (AL) aux revenus correspondant aux deux seuils de pauvreteacute (1$ et 2$ par jour) puis nous avons construit un indice de la porteacutee sociale depth of outreach noteacute DEP qui identifie plus preacuteciseacutement la clientegravele cibleacutee par lrsquoIMF (Encadreacute 1) Cet indice est une variable qualitative agrave trois modaliteacutes correspondant aux 3 cateacutegories de clientegravele cibleacutees par lrsquoIMF tregraves pauvres (DEP1) pauvres (DEP2) et non pauvres (DEP3)

La PS peut ecirctre eacutevalueacutee par une autre dimension lrsquoanalyse de lrsquoimpact du microcreacutedit sur les clients (impact assessment) Cependant les eacutetudes drsquoimpact sont longues compliqueacutees et coucircteuses Les reacutesultats des eacutetudes reacutealiseacutees au Maroc (Al Amana Zakoura FONDEP) en Tunisie (Enda) en Egypte (FDF) en Palestine (Asala UNRWA) et en Jordanie sont assez sembla-

96 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

bles malgreacute les diffeacuterences socio-eacuteconomiques entre les pays (FEMIP 2007) Ils concluent agrave un impact positif sur lrsquoindividu agrave partir du moment ougrave il devient client agrave lrsquoIMF aussi bien que sur le revenu du meacutenage et de la microentreprise lrsquoimpact sur lrsquoemploi est cependant faible car lrsquoaccegraves au microcreacutedit ne permet geacuteneacuteralement pas aux microentreprises de recruter des employeacutes suppleacute-mentaires

Encadreacute 1 indice de la porteacutee sociale (Depth of outreach)

Depth of outreach (DEP) =

1 si ALltSP1 lrsquoIMF cible les tregraves pauvres 2 si SP1 ltALltSP2 lrsquoIMF cible les pauvres 3 si ALgtSP2 lrsquoIMF cible les non pauvres

AL montant moyen de precirct par emprunteur diviseacute par le RNB annuel par habitant SP1 1

er seuil de pauvreteacute (1$ par jour) en fonction de RNB = 366$RNB annuel par

habitant SP2 2

egraveme seuil de pauvreteacute (2$ par jour) en fonction de RNB = 732$RNB annuel par

habitant

Hamed (2004) a eacutetudieacute (gracircce agrave un modegravele logit) lrsquoeffet de la

participation agrave lrsquoIMF Zakoura au Maroc sur la croissance du revenu des microentrepreneuses soit un eacutechantillon de 205 clientes ayant au moins deux ans drsquoancienneteacute et de 111 non-clientes qui nrsquoavaient pas encore pu beacuteneacuteficier de leur premier precirct Lrsquoeacutetude souligne bien lrsquoimpact de lrsquoeffet drsquoappartenance agrave lrsquoIMF sur la croissance du revenu mais elle met aussi en eacutevidence la dilution de cet effet au fur et agrave mesure du deacuteveloppement de la microentreprise et de lrsquoancienneteacute dans le programme de microcreacutedit elle identifie drsquoautres deacuteter-minants tels que le niveau initial de pauvreteacute des clientes leurs connaissances manageacuteriales et un certain niveau de dynamisme entrepreneurial (mesureacute par le nombre drsquoinnovations et drsquoinvestissement reacutealiseacutes lrsquoexercice drsquoune deuxiegraveme activiteacute etc) Cette eacutetude confirme alors lrsquoimpact positif du microcreacutedit non seulement sur le revenu de microentreprise mais aussi sur les femmes emprunteuses Gracircce au microcreacutedit ces femmes peuvent reacutealiser des activiteacutes productives multiples et diversifier leurs sources de revenu mieux que les hommes (Soulama 2005)

Ainsi nous ajoutons la dimension de lrsquoimpact (impact assessment) sur les femmes emprunteuses agrave notre analyse agrave travers un deuxiegraveme proxy de la PS laquo le pourcentage des femmes emprunteuses raquo (FE)

222 Les indicateurs de la performance financiegravere

La PF est mesureacutee essentiellement par lrsquoautosuffisance financiegravere et opeacuterationnelle ainsi que par la reacutealisation drsquoune rentabiliteacute maximisant lrsquoefficaciteacute et la productiviteacute du personnel Nous avons choisi comme premier

Reacutegion et Deacuteveloppement 97

indicateur de la PF le rendement des actifs (ROA) qui est une mesure geacuteneacuterale de la rentabiliteacute et qui reflegravete aussi bien la marge de profit que lrsquoefficaciteacute de lrsquoinstitution Cependant lrsquointeacuterecirct de ce ratio dans la prise de deacutecisions financiegraveres est limiteacute et les gestionnaires cherchent plutocirct agrave savoir si leurs institutions disposent des ressources financiegraveres suffisantes pour continuer agrave servir leur clientegravele

Bien qursquoil nrsquoinclue pas les subventions lors de son calcul le ROA nrsquoest pas reacuteajusteacute au niveau des coucircts des ressources Les IMF disposent drsquoemprunts agrave taux subventionneacutes (inferieurs au taux du marcheacute) qui reacuteduisent les charges financiegraveres et par conseacutequent le reacutesultat net augmente Ces IMF peuvent ecirctre alors fortement subventionneacutees et reacutealiser en mecircme temps une forte rentabiliteacute Il semble logique que plus une IMF reacuteussit agrave accroicirctre ses revenus en imposant des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes agrave ses clients et moins elle doit recevoir de subventions drsquoun bailleur de fonds Cependant certaines IMF appliquent des taux drsquointeacuterecirct qui ne leur permettent pas de couvrir leurs coucircts ce qui les oblige agrave demander constamment des subventions Elles risquent aussi le non remboursement de la part de clients qui perccediloivent les creacutedits comme des dons et peuvent alors devoir se tourner vers une clientegravele plus rentable

Tableau 2 indicateurs de performance sociale et financiegravere

Source composeacute par nos soins

Pour ces diffeacuterents raisons nous avons recours agrave un indicateur de gestion financiegravere qui est le ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) Ce ratio accompagneacute du ROA permet de bien suivre et eacutevaluer la situation et la progression de lrsquoinstitution vers la viabiliteacute et la rentabiliteacute Crsquoest un meilleur indicateur de la capaciteacute de croissance de lrsquoIMF sans recourir aux subventions Cependant il neacutecessite une comptabiliteacute extrecircmement deacutetailleacutee et harmoniseacutee pour lrsquoensemble des institutions Ce qui nrsquoest pas le cas des IMF de lrsquoeacutechantillon agrave cause de lrsquoimpreacutecision des rapports financiers et de lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute dans la preacutesentation des eacutetats financiers Le calcul de ce ratio neacutecessite des approximations (Annexe 3)

Au-delagrave des subventions pour mieux comprendre comment une

institution reacutealise des profits (ou des pertes) lrsquoanalyse prend eacutegalement en

Dimensions Indicateurs Deacutefinition des indicateurs

Performance sociale

Depth of outreach (DEP) AL SP1 SP2 en fonction du RNB

Impact assessment (FE) Pourcentage des femmes emprunteuses

Performance financiegravere

Rentabiliteacute des actifs (ROA) Reacutesultat net drsquoexploitation apregraves impocirct total moyen de lrsquoactif

Ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS)

Produits financiers ajusteacutes (charges financiegraveres + dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables + charges drsquoexploitation) ajusteacutees

Productiviteacute du personnel (PP)

Nombre drsquoemprunteurs actifs nombre drsquoemployeacutes

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

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200

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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

92 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

INTRODUCTION

La Banque mondiale deacutefinit deux seuils de pauvreteacute internationale de 1$ ou de 2$ par jour et par tecircte (CGAP 2003) et selon le sommet du microcreacutedit de 2005 les plus pauvres sont ceux qui se situent dans la moitieacute infeacuterieure du groupe des personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreteacute le plus seacutevegravere dont le niveau de consommation est infeacuterieur agrave 1$ par jour

Le taux de pauvreteacute de la reacutegion du Moyen-Orient et drsquoAfrique du Nord (MENA) soit 169 en 2005 lorsque le seuil de pauvreteacute est fixeacute agrave 2$ (Ravallion et Chen 2008) est nettement plus faible que celui drsquoAsie du Sud (739) et drsquoAfrique subsaharienne (729) mais il recouvre des dispariteacutes importantes entre et au sein mecircme de ces pays En raison de la rapide croissance deacutemographique le nombre de pauvres nrsquoa pas diminueacute en valeur absolue depuis 1990 et repreacutesentait environ 50 millions de personnes vivant avec moins de 2$ par jour en 2005 (Banque mondiale 2008) Pour ces pauvres la microfinance peut constituer un moyen drsquoacceacuteder aux financements et drsquoameacuteliorer leurs conditions de vie celle-ci se deacuteveloppe progressivement dans la reacutegion MENA agrave travers des institutions de microfinance (IMF) tregraves varieacutees (ONG coopeacute-ratives institutions financiegraveres non bancaires et banques)

Lrsquoobjectif de ces IMF est drsquoatteindre la meilleure performance possible ce qui peut ecirctre reacutealiseacute lorsqursquoelles parviennent agrave concilier deux exigences la performance sociale (PS) en reacuteduisant la pauvreteacute et la performance financiegravere (PF) en assurant une rentabiliteacute peacuterenne Cependant ces deux exigences suscitent un deacutebat entre deux courants de penseacutee opposeacutes les welfarists font valoir lrsquoexigence sociale de ciblage des plus pauvres et drsquoameacutelioration de leurs conditions de vie les institutionalists deacutefendent lrsquoexigence eacuteconomique de la rentabiliteacute et de la viabiliteacute de lrsquoinstitution Les IMF de la reacutegion MENA fournissent une illustration pertinente de ce deacutebat et lrsquoanalyse de leur activiteacute permet de reacutepondre agrave la question y a t-il arbitrage ou compatibiliteacute entre les deux types de performances

La section 1 esquisse une bregraveve revue de la litteacuterature de la microfinance au regard des approches contrasteacutees des welfarists et des institutionalists La section 2 deacutecrit les caracteacuteristiques drsquoun eacutechantillon de 51 IMF dans 9 pays de la reacutegion MENA et deacutefinit les variables identifiant chaque type de per-formance ainsi que la meacutethodologie utiliseacutee dans cette eacutetude Deux variables proxies expriment la performance sociale dont un nouvel indice de mesure de la porteacutee sociale des IMF (depth of outreach) Des indicateurs financiers (rentabiliteacute gestion financiegravere et efficience opeacuterationnelle) deacutecrivent la perfor-mance financiegravere La section 3 preacutesente les reacutesultats drsquoune analyse factorielle en correspondances multiples appliqueacutee agrave lrsquoeacutechantillon qui permet drsquoeacutetudier la nature de la relation entre la PS et la PF Dans la section 4 lrsquoanalyse en termes de cluster permet drsquoextraire les facteurs qui agissent agrave la fois sur les deux types de performances et varient selon le statut (ONG vs non ONG) la maturiteacute la meacutethodologie de precirct (solidaire vs individuel) la zone drsquointer-vention (rurale vs urbaine) le niveau de transparence informationnelle la localisation geacuteogra-phique et la reacuteglementation des pays de ces IMF

Reacutegion et Deacuteveloppement 93

1 UNE BREgraveVE REVUE DE LA LITTEacuteRATURE

La microfinance est un moyen de lutte contre la pauvreteacute dans les pays en deacuteveloppement agrave travers le financement des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus pour les meacutenages pauvres Cependant la meilleure maniegravere daider les pauvres agrave avoir accegraves aux services financiers oppose lrsquoapproche des welfarists agrave celle des institutionalists Bien qursquoelles partagent lrsquoobjectif de reacuteduction de la pauvreteacute ces deux approches placent la microfinance agrave la croiseacutee des chemins

Les welfarists se fondent sur la theacuteorie de responsabiliteacute sociale vis-agrave-vis de la clientegravele afin de reacutepondre agrave ses attentes (Caroll 1979 Servet 2007) Cette eacutecole de penseacutee eacutevalue la performance de lrsquoIMF du point de vue du client agrave travers la porteacutee sociale (outreach) et lrsquoanalyse drsquoimpact (impact assessment) elle cible les plus pauvres dont les revenus sont agrave 50 infeacuterieurs au seuil de pauvreteacute (1$ par jour) et vise agrave ameacuteliorer leurs conditions de vie Elle est composeacutee essentiellement drsquoinstitutions solidaires ONG ou coopeacuteratives qui considegraverent la microfinance comme un moyen cleacute pour reacuteduire la pauvreteacute des plus pauvres Bien qursquoelle insiste sur la gestion rationnelle des ressources et nrsquoexclue pas que les IMF puissent mener une activiteacute rentable au terme drsquoune peacuteriode de 5 agrave 12 ans cette eacutecole de penseacutee procircne une offre des services financiers agrave des taux drsquointeacuterecirct relativement faibles et un large recours aux subventions

Les institutionalists se fondent plutocirct sur la theacuteorie des contrats qui considegravere que lrsquoincompleacutetude des contrats peut conduire agrave des comportements opportunistes des demandeurs de creacutedits (Ghatak et Guinanne 1999) Les institutionalists eacutevaluent la performance du point de vue de lrsquoinstitution en ciblant une clientegravele de meacutenages pauvres et en visant la peacuterenniteacute financiegravere de lrsquoIMF Ils ont conccedilu un ensemble de meilleures pratiques (Annexe 1) ban-caires afin drsquoaccroicirctre lefficaciteacute des systegravemes de gestion (finance et comptabiliteacute marketing livraison de services etc) dont ladoption est une eacutetape essentielle pour atteindre lrsquoautosuffisance financiegravere agrave leacutechelle indus-trielle et avoir accegraves au marcheacute financier Ils considegraverent lrsquoautonomie financiegravere comme un critegravere qui remplit au mieux la mission sociale Ils repreacutesentent essentiellement des institutions financiegraveres soit des institutions speacutecialiseacutees en microfinance reacuteglementeacutees (ONG institutions financiegraveres non bancaires et associations de microcreacutedit) qui srsquoinscrivent clairement dans une logique de rentabiliteacute soit des caisses villageoises ou certaines banques commerciales traditionnelles qui se sont plus reacutecemment impliqueacutees dans la microfinance

Lrsquoapproche respective des welfarists et des institutionalists a fait lrsquoobjet drsquoun certain nombre de critiques La premiegravere approche est confronteacutee au problegraveme de viabiliteacute et de peacuterenniteacute induit par les subventions la faiblesse des taux de remboursement et lrsquoaugmentation des coucircts de fonctionnement la deuxiegraveme approche privileacutegie une clientegravele de microentrepreneurs tregraves proches de la ligne de pauvreteacute (2$ par jour) auxquels sont appliqueacutes des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes pour assurer lrsquoautonomie financiegravere des IMF Ce laquo schisme de la microfinance raquo (Morduch 1998) renvoie agrave lrsquoarbitrage entre le ciblage des pauvres et la rentabiliteacute des IMF

94 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

2 EacuteCHANTILLON VARIABLES ET MEacuteTHODOLOGIE

21 Sources et caracteacuteristiques de lrsquoeacutechantillon

Les donneacutees utiliseacutees proviennent de la base de donneacutees de Microfinance Information Exchange (MIX) qui recueille les informations les plus conseacute-quentes sur 54 IMF dans 9 pays de la reacutegion MENA entre 1998 et 2008 avec un nombre drsquoobservations qui varie selon les IMF Ces informations essentiellement drsquoordre financier sont parfois incomplegravetes Pour cette raison nous ajoutons des donneacutees provenant de six autres sources de la Banque mondiale World Development Indicators (WDI) et World Governance Indicators (WGI) du Fond Moneacutetaire International (FMI) de diffeacuterents rapports reacutecents de Planet Rating

1 de quelques rapports compleacutementaires de

MIX sur la performance sociale laquo Social performance Standards raquo (SPS) de rapports annuels propres aux IMF ainsi que drsquoun questionnaire que nous avons eacutelaboreacute et envoyeacute aux IMF dont un peu plus de la moitieacute a reacutepondu

Tableau 1 caracteacuteristiques des pays eacutetudieacutes en 2006

Les donneacutees en italiques sont estimeacutees selon le RNB par habitant et les donneacutees sur la pauvreteacute de chaque pays Nombre des emprunteurs diviseacute par la taille de la population en dessous de la ligne de pauvreteacute de 2 $ jour En lrsquoabsence de donneacutees disponibles en 2006 celles de 2005 ont eacuteteacute retenues Source Benchmarking Arab microfinance (2008) WDI (2006)

Nous avons seacutelectionneacute finalement les 51 IMF ayant les plus hauts niveaux de transparence informationnelle par rapport agrave leur performance sociale et financiegravere (trois agrave cinq diamants) Lrsquoeacutechantillon est alors composeacute de 13 IMF drsquoEgypte 7 de Jordanie 9 du Maroc 1 de Tunisie 6 du Yeacutemen 3 du Liban 8 de Palestine 2 de Syrie et 2 drsquoIrak (Annexe 2) Il couvre 3 pays drsquoAfrique du Nord et 6 pays du Moyen Orient

Les pays du Moyen Orient souffrent drsquoune grande pauvreteacute contrairement aux pays drsquoAfrique du Nord pregraves de la moitieacute de la population du Yeacutemen de

1 Parmi les diffeacuterentes agences de notation Planet Rating collecte pour chaque IMF eacutevalueacutee un

bilan et un compte de reacutesultat complets

Pays

Population (millions)

RNB par

habitant (PPA)

Population sous la ligne de

pauvreteacute

(2$ jour)

Nombre des IMF

Nombre des emprunteurs dans ces IMF

(milliers)

Taux de Peacuteneacutetration

Egypte 75 498 4 940$ 33 144 (439) 27 694918 210 Jordanie 5 924 4 840$ 415 (7) 8 77780 1876 Liban 4 099 9 690$ 1 176 (287) 9 46416 395 Maroc 31 224 3 890$ 4 465 (143) 11 1 045310 2341 Palestine 4 017 3 720$ 1 655 (412) 9 28258 171 Syrie 19 929 4 110$ 8 051 (404) 6 46065 057 Tunisie 10 327 6 640$ 681 (66) 3 123504 1812 Yeacutemen 22 389 2 120$ 10 120 (452) 14 36918 036 Irak 21732 - - 1 4202 -

Reacutegion et Deacuteveloppement 95

Palestine et de Syrie est au-dessous de la ligne de la pauvreteacute (Tableau 1) Bien que le nombre des IMF soit tregraves eacuteleveacute en Egypte seulement 21 de la population sous la ligne de la pauvreteacute de 2$ par jour ont accegraves agrave ces institutions ce taux de peacuteneacutetration reste tregraves faible quoique supeacuterieur agrave celui du Yeacutemen Le Maroc a le taux de peacuteneacutetration le plus eacuteleveacute avec un nombre significatif drsquoIMF et la Tunisie a le taux de pauvreteacute le plus faible (66) Le RNB par habitant en pariteacute de pouvoir drsquoachat au Liban est le plus eacuteleveacute de la reacutegion MENA

22 Mesure des variables

Deux cateacutegories drsquoindicateurs ont eacuteteacute utiliseacutees pour chaque IMF La premiegravere estime la performance sociale (PS) la seconde mesure la performance financiegravere (PF)

221 Les indicateurs de la performance sociale

En lrsquoabsence drsquoindicateurs sociaux harmoniseacutes au niveau mondial des proxies sont employeacutes par les IMF qui mesurent essentiellement leur porteacutee sociale en termes de degreacute ou en termes drsquoeacutetendue Les deux indicateurs publieacutes par le MIX sont laquo le nombre des emprunteurs raquo et le laquo montant moyen du precirct par emprunteur raquo qui sont cependant des proxies discutables Lrsquohypothegravese relative au premier proxy est que lrsquoIMF qui octroie des precircts agrave un grand nombre drsquoemprunteurs joue un rocircle important dans la reacuteduction de la pauvreteacute mais la plupart de ces emprunteurs ne sont pas neacutecessairement des pauvres (Daley-Harris 2004)

Concernant le deuxiegraveme proxy lrsquohypothegravese est que plus le montant moyen du precirct par emprunteur est faible plus lrsquoIMF sert les pauvres Cependant ce proxy est mesureacute en une uniteacute moneacutetaire qui diffegravere drsquoun pays agrave un autre Pour une comparaison inter-pays il vaut mieux utiliser ce proxy drsquoune maniegravere relative (Morduch 2000) en le divisant par le Revenu National Brut par habitant (RNB) Toutefois le RNB par habitant excegravede dans certains pays le revenu du seuil de pauvreteacute (Schreiner 2001) ce qui implique que ce ratio ne repreacutesente plus le bon proxy

Pour reacutesoudre ce problegraveme de revenu nous avons compareacute le montant moyen du precirct par emprunteur (AL) aux revenus correspondant aux deux seuils de pauvreteacute (1$ et 2$ par jour) puis nous avons construit un indice de la porteacutee sociale depth of outreach noteacute DEP qui identifie plus preacuteciseacutement la clientegravele cibleacutee par lrsquoIMF (Encadreacute 1) Cet indice est une variable qualitative agrave trois modaliteacutes correspondant aux 3 cateacutegories de clientegravele cibleacutees par lrsquoIMF tregraves pauvres (DEP1) pauvres (DEP2) et non pauvres (DEP3)

La PS peut ecirctre eacutevalueacutee par une autre dimension lrsquoanalyse de lrsquoimpact du microcreacutedit sur les clients (impact assessment) Cependant les eacutetudes drsquoimpact sont longues compliqueacutees et coucircteuses Les reacutesultats des eacutetudes reacutealiseacutees au Maroc (Al Amana Zakoura FONDEP) en Tunisie (Enda) en Egypte (FDF) en Palestine (Asala UNRWA) et en Jordanie sont assez sembla-

96 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

bles malgreacute les diffeacuterences socio-eacuteconomiques entre les pays (FEMIP 2007) Ils concluent agrave un impact positif sur lrsquoindividu agrave partir du moment ougrave il devient client agrave lrsquoIMF aussi bien que sur le revenu du meacutenage et de la microentreprise lrsquoimpact sur lrsquoemploi est cependant faible car lrsquoaccegraves au microcreacutedit ne permet geacuteneacuteralement pas aux microentreprises de recruter des employeacutes suppleacute-mentaires

Encadreacute 1 indice de la porteacutee sociale (Depth of outreach)

Depth of outreach (DEP) =

1 si ALltSP1 lrsquoIMF cible les tregraves pauvres 2 si SP1 ltALltSP2 lrsquoIMF cible les pauvres 3 si ALgtSP2 lrsquoIMF cible les non pauvres

AL montant moyen de precirct par emprunteur diviseacute par le RNB annuel par habitant SP1 1

er seuil de pauvreteacute (1$ par jour) en fonction de RNB = 366$RNB annuel par

habitant SP2 2

egraveme seuil de pauvreteacute (2$ par jour) en fonction de RNB = 732$RNB annuel par

habitant

Hamed (2004) a eacutetudieacute (gracircce agrave un modegravele logit) lrsquoeffet de la

participation agrave lrsquoIMF Zakoura au Maroc sur la croissance du revenu des microentrepreneuses soit un eacutechantillon de 205 clientes ayant au moins deux ans drsquoancienneteacute et de 111 non-clientes qui nrsquoavaient pas encore pu beacuteneacuteficier de leur premier precirct Lrsquoeacutetude souligne bien lrsquoimpact de lrsquoeffet drsquoappartenance agrave lrsquoIMF sur la croissance du revenu mais elle met aussi en eacutevidence la dilution de cet effet au fur et agrave mesure du deacuteveloppement de la microentreprise et de lrsquoancienneteacute dans le programme de microcreacutedit elle identifie drsquoautres deacuteter-minants tels que le niveau initial de pauvreteacute des clientes leurs connaissances manageacuteriales et un certain niveau de dynamisme entrepreneurial (mesureacute par le nombre drsquoinnovations et drsquoinvestissement reacutealiseacutes lrsquoexercice drsquoune deuxiegraveme activiteacute etc) Cette eacutetude confirme alors lrsquoimpact positif du microcreacutedit non seulement sur le revenu de microentreprise mais aussi sur les femmes emprunteuses Gracircce au microcreacutedit ces femmes peuvent reacutealiser des activiteacutes productives multiples et diversifier leurs sources de revenu mieux que les hommes (Soulama 2005)

Ainsi nous ajoutons la dimension de lrsquoimpact (impact assessment) sur les femmes emprunteuses agrave notre analyse agrave travers un deuxiegraveme proxy de la PS laquo le pourcentage des femmes emprunteuses raquo (FE)

222 Les indicateurs de la performance financiegravere

La PF est mesureacutee essentiellement par lrsquoautosuffisance financiegravere et opeacuterationnelle ainsi que par la reacutealisation drsquoune rentabiliteacute maximisant lrsquoefficaciteacute et la productiviteacute du personnel Nous avons choisi comme premier

Reacutegion et Deacuteveloppement 97

indicateur de la PF le rendement des actifs (ROA) qui est une mesure geacuteneacuterale de la rentabiliteacute et qui reflegravete aussi bien la marge de profit que lrsquoefficaciteacute de lrsquoinstitution Cependant lrsquointeacuterecirct de ce ratio dans la prise de deacutecisions financiegraveres est limiteacute et les gestionnaires cherchent plutocirct agrave savoir si leurs institutions disposent des ressources financiegraveres suffisantes pour continuer agrave servir leur clientegravele

Bien qursquoil nrsquoinclue pas les subventions lors de son calcul le ROA nrsquoest pas reacuteajusteacute au niveau des coucircts des ressources Les IMF disposent drsquoemprunts agrave taux subventionneacutes (inferieurs au taux du marcheacute) qui reacuteduisent les charges financiegraveres et par conseacutequent le reacutesultat net augmente Ces IMF peuvent ecirctre alors fortement subventionneacutees et reacutealiser en mecircme temps une forte rentabiliteacute Il semble logique que plus une IMF reacuteussit agrave accroicirctre ses revenus en imposant des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes agrave ses clients et moins elle doit recevoir de subventions drsquoun bailleur de fonds Cependant certaines IMF appliquent des taux drsquointeacuterecirct qui ne leur permettent pas de couvrir leurs coucircts ce qui les oblige agrave demander constamment des subventions Elles risquent aussi le non remboursement de la part de clients qui perccediloivent les creacutedits comme des dons et peuvent alors devoir se tourner vers une clientegravele plus rentable

Tableau 2 indicateurs de performance sociale et financiegravere

Source composeacute par nos soins

Pour ces diffeacuterents raisons nous avons recours agrave un indicateur de gestion financiegravere qui est le ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) Ce ratio accompagneacute du ROA permet de bien suivre et eacutevaluer la situation et la progression de lrsquoinstitution vers la viabiliteacute et la rentabiliteacute Crsquoest un meilleur indicateur de la capaciteacute de croissance de lrsquoIMF sans recourir aux subventions Cependant il neacutecessite une comptabiliteacute extrecircmement deacutetailleacutee et harmoniseacutee pour lrsquoensemble des institutions Ce qui nrsquoest pas le cas des IMF de lrsquoeacutechantillon agrave cause de lrsquoimpreacutecision des rapports financiers et de lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute dans la preacutesentation des eacutetats financiers Le calcul de ce ratio neacutecessite des approximations (Annexe 3)

Au-delagrave des subventions pour mieux comprendre comment une

institution reacutealise des profits (ou des pertes) lrsquoanalyse prend eacutegalement en

Dimensions Indicateurs Deacutefinition des indicateurs

Performance sociale

Depth of outreach (DEP) AL SP1 SP2 en fonction du RNB

Impact assessment (FE) Pourcentage des femmes emprunteuses

Performance financiegravere

Rentabiliteacute des actifs (ROA) Reacutesultat net drsquoexploitation apregraves impocirct total moyen de lrsquoactif

Ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS)

Produits financiers ajusteacutes (charges financiegraveres + dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables + charges drsquoexploitation) ajusteacutees

Productiviteacute du personnel (PP)

Nombre drsquoemprunteurs actifs nombre drsquoemployeacutes

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

0

5

10

15

20

25

30

35

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

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Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 93

1 UNE BREgraveVE REVUE DE LA LITTEacuteRATURE

La microfinance est un moyen de lutte contre la pauvreteacute dans les pays en deacuteveloppement agrave travers le financement des activiteacutes geacuteneacuteratrices de revenus pour les meacutenages pauvres Cependant la meilleure maniegravere daider les pauvres agrave avoir accegraves aux services financiers oppose lrsquoapproche des welfarists agrave celle des institutionalists Bien qursquoelles partagent lrsquoobjectif de reacuteduction de la pauvreteacute ces deux approches placent la microfinance agrave la croiseacutee des chemins

Les welfarists se fondent sur la theacuteorie de responsabiliteacute sociale vis-agrave-vis de la clientegravele afin de reacutepondre agrave ses attentes (Caroll 1979 Servet 2007) Cette eacutecole de penseacutee eacutevalue la performance de lrsquoIMF du point de vue du client agrave travers la porteacutee sociale (outreach) et lrsquoanalyse drsquoimpact (impact assessment) elle cible les plus pauvres dont les revenus sont agrave 50 infeacuterieurs au seuil de pauvreteacute (1$ par jour) et vise agrave ameacuteliorer leurs conditions de vie Elle est composeacutee essentiellement drsquoinstitutions solidaires ONG ou coopeacuteratives qui considegraverent la microfinance comme un moyen cleacute pour reacuteduire la pauvreteacute des plus pauvres Bien qursquoelle insiste sur la gestion rationnelle des ressources et nrsquoexclue pas que les IMF puissent mener une activiteacute rentable au terme drsquoune peacuteriode de 5 agrave 12 ans cette eacutecole de penseacutee procircne une offre des services financiers agrave des taux drsquointeacuterecirct relativement faibles et un large recours aux subventions

Les institutionalists se fondent plutocirct sur la theacuteorie des contrats qui considegravere que lrsquoincompleacutetude des contrats peut conduire agrave des comportements opportunistes des demandeurs de creacutedits (Ghatak et Guinanne 1999) Les institutionalists eacutevaluent la performance du point de vue de lrsquoinstitution en ciblant une clientegravele de meacutenages pauvres et en visant la peacuterenniteacute financiegravere de lrsquoIMF Ils ont conccedilu un ensemble de meilleures pratiques (Annexe 1) ban-caires afin drsquoaccroicirctre lefficaciteacute des systegravemes de gestion (finance et comptabiliteacute marketing livraison de services etc) dont ladoption est une eacutetape essentielle pour atteindre lrsquoautosuffisance financiegravere agrave leacutechelle indus-trielle et avoir accegraves au marcheacute financier Ils considegraverent lrsquoautonomie financiegravere comme un critegravere qui remplit au mieux la mission sociale Ils repreacutesentent essentiellement des institutions financiegraveres soit des institutions speacutecialiseacutees en microfinance reacuteglementeacutees (ONG institutions financiegraveres non bancaires et associations de microcreacutedit) qui srsquoinscrivent clairement dans une logique de rentabiliteacute soit des caisses villageoises ou certaines banques commerciales traditionnelles qui se sont plus reacutecemment impliqueacutees dans la microfinance

Lrsquoapproche respective des welfarists et des institutionalists a fait lrsquoobjet drsquoun certain nombre de critiques La premiegravere approche est confronteacutee au problegraveme de viabiliteacute et de peacuterenniteacute induit par les subventions la faiblesse des taux de remboursement et lrsquoaugmentation des coucircts de fonctionnement la deuxiegraveme approche privileacutegie une clientegravele de microentrepreneurs tregraves proches de la ligne de pauvreteacute (2$ par jour) auxquels sont appliqueacutes des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes pour assurer lrsquoautonomie financiegravere des IMF Ce laquo schisme de la microfinance raquo (Morduch 1998) renvoie agrave lrsquoarbitrage entre le ciblage des pauvres et la rentabiliteacute des IMF

94 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

2 EacuteCHANTILLON VARIABLES ET MEacuteTHODOLOGIE

21 Sources et caracteacuteristiques de lrsquoeacutechantillon

Les donneacutees utiliseacutees proviennent de la base de donneacutees de Microfinance Information Exchange (MIX) qui recueille les informations les plus conseacute-quentes sur 54 IMF dans 9 pays de la reacutegion MENA entre 1998 et 2008 avec un nombre drsquoobservations qui varie selon les IMF Ces informations essentiellement drsquoordre financier sont parfois incomplegravetes Pour cette raison nous ajoutons des donneacutees provenant de six autres sources de la Banque mondiale World Development Indicators (WDI) et World Governance Indicators (WGI) du Fond Moneacutetaire International (FMI) de diffeacuterents rapports reacutecents de Planet Rating

1 de quelques rapports compleacutementaires de

MIX sur la performance sociale laquo Social performance Standards raquo (SPS) de rapports annuels propres aux IMF ainsi que drsquoun questionnaire que nous avons eacutelaboreacute et envoyeacute aux IMF dont un peu plus de la moitieacute a reacutepondu

Tableau 1 caracteacuteristiques des pays eacutetudieacutes en 2006

Les donneacutees en italiques sont estimeacutees selon le RNB par habitant et les donneacutees sur la pauvreteacute de chaque pays Nombre des emprunteurs diviseacute par la taille de la population en dessous de la ligne de pauvreteacute de 2 $ jour En lrsquoabsence de donneacutees disponibles en 2006 celles de 2005 ont eacuteteacute retenues Source Benchmarking Arab microfinance (2008) WDI (2006)

Nous avons seacutelectionneacute finalement les 51 IMF ayant les plus hauts niveaux de transparence informationnelle par rapport agrave leur performance sociale et financiegravere (trois agrave cinq diamants) Lrsquoeacutechantillon est alors composeacute de 13 IMF drsquoEgypte 7 de Jordanie 9 du Maroc 1 de Tunisie 6 du Yeacutemen 3 du Liban 8 de Palestine 2 de Syrie et 2 drsquoIrak (Annexe 2) Il couvre 3 pays drsquoAfrique du Nord et 6 pays du Moyen Orient

Les pays du Moyen Orient souffrent drsquoune grande pauvreteacute contrairement aux pays drsquoAfrique du Nord pregraves de la moitieacute de la population du Yeacutemen de

1 Parmi les diffeacuterentes agences de notation Planet Rating collecte pour chaque IMF eacutevalueacutee un

bilan et un compte de reacutesultat complets

Pays

Population (millions)

RNB par

habitant (PPA)

Population sous la ligne de

pauvreteacute

(2$ jour)

Nombre des IMF

Nombre des emprunteurs dans ces IMF

(milliers)

Taux de Peacuteneacutetration

Egypte 75 498 4 940$ 33 144 (439) 27 694918 210 Jordanie 5 924 4 840$ 415 (7) 8 77780 1876 Liban 4 099 9 690$ 1 176 (287) 9 46416 395 Maroc 31 224 3 890$ 4 465 (143) 11 1 045310 2341 Palestine 4 017 3 720$ 1 655 (412) 9 28258 171 Syrie 19 929 4 110$ 8 051 (404) 6 46065 057 Tunisie 10 327 6 640$ 681 (66) 3 123504 1812 Yeacutemen 22 389 2 120$ 10 120 (452) 14 36918 036 Irak 21732 - - 1 4202 -

Reacutegion et Deacuteveloppement 95

Palestine et de Syrie est au-dessous de la ligne de la pauvreteacute (Tableau 1) Bien que le nombre des IMF soit tregraves eacuteleveacute en Egypte seulement 21 de la population sous la ligne de la pauvreteacute de 2$ par jour ont accegraves agrave ces institutions ce taux de peacuteneacutetration reste tregraves faible quoique supeacuterieur agrave celui du Yeacutemen Le Maroc a le taux de peacuteneacutetration le plus eacuteleveacute avec un nombre significatif drsquoIMF et la Tunisie a le taux de pauvreteacute le plus faible (66) Le RNB par habitant en pariteacute de pouvoir drsquoachat au Liban est le plus eacuteleveacute de la reacutegion MENA

22 Mesure des variables

Deux cateacutegories drsquoindicateurs ont eacuteteacute utiliseacutees pour chaque IMF La premiegravere estime la performance sociale (PS) la seconde mesure la performance financiegravere (PF)

221 Les indicateurs de la performance sociale

En lrsquoabsence drsquoindicateurs sociaux harmoniseacutes au niveau mondial des proxies sont employeacutes par les IMF qui mesurent essentiellement leur porteacutee sociale en termes de degreacute ou en termes drsquoeacutetendue Les deux indicateurs publieacutes par le MIX sont laquo le nombre des emprunteurs raquo et le laquo montant moyen du precirct par emprunteur raquo qui sont cependant des proxies discutables Lrsquohypothegravese relative au premier proxy est que lrsquoIMF qui octroie des precircts agrave un grand nombre drsquoemprunteurs joue un rocircle important dans la reacuteduction de la pauvreteacute mais la plupart de ces emprunteurs ne sont pas neacutecessairement des pauvres (Daley-Harris 2004)

Concernant le deuxiegraveme proxy lrsquohypothegravese est que plus le montant moyen du precirct par emprunteur est faible plus lrsquoIMF sert les pauvres Cependant ce proxy est mesureacute en une uniteacute moneacutetaire qui diffegravere drsquoun pays agrave un autre Pour une comparaison inter-pays il vaut mieux utiliser ce proxy drsquoune maniegravere relative (Morduch 2000) en le divisant par le Revenu National Brut par habitant (RNB) Toutefois le RNB par habitant excegravede dans certains pays le revenu du seuil de pauvreteacute (Schreiner 2001) ce qui implique que ce ratio ne repreacutesente plus le bon proxy

Pour reacutesoudre ce problegraveme de revenu nous avons compareacute le montant moyen du precirct par emprunteur (AL) aux revenus correspondant aux deux seuils de pauvreteacute (1$ et 2$ par jour) puis nous avons construit un indice de la porteacutee sociale depth of outreach noteacute DEP qui identifie plus preacuteciseacutement la clientegravele cibleacutee par lrsquoIMF (Encadreacute 1) Cet indice est une variable qualitative agrave trois modaliteacutes correspondant aux 3 cateacutegories de clientegravele cibleacutees par lrsquoIMF tregraves pauvres (DEP1) pauvres (DEP2) et non pauvres (DEP3)

La PS peut ecirctre eacutevalueacutee par une autre dimension lrsquoanalyse de lrsquoimpact du microcreacutedit sur les clients (impact assessment) Cependant les eacutetudes drsquoimpact sont longues compliqueacutees et coucircteuses Les reacutesultats des eacutetudes reacutealiseacutees au Maroc (Al Amana Zakoura FONDEP) en Tunisie (Enda) en Egypte (FDF) en Palestine (Asala UNRWA) et en Jordanie sont assez sembla-

96 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

bles malgreacute les diffeacuterences socio-eacuteconomiques entre les pays (FEMIP 2007) Ils concluent agrave un impact positif sur lrsquoindividu agrave partir du moment ougrave il devient client agrave lrsquoIMF aussi bien que sur le revenu du meacutenage et de la microentreprise lrsquoimpact sur lrsquoemploi est cependant faible car lrsquoaccegraves au microcreacutedit ne permet geacuteneacuteralement pas aux microentreprises de recruter des employeacutes suppleacute-mentaires

Encadreacute 1 indice de la porteacutee sociale (Depth of outreach)

Depth of outreach (DEP) =

1 si ALltSP1 lrsquoIMF cible les tregraves pauvres 2 si SP1 ltALltSP2 lrsquoIMF cible les pauvres 3 si ALgtSP2 lrsquoIMF cible les non pauvres

AL montant moyen de precirct par emprunteur diviseacute par le RNB annuel par habitant SP1 1

er seuil de pauvreteacute (1$ par jour) en fonction de RNB = 366$RNB annuel par

habitant SP2 2

egraveme seuil de pauvreteacute (2$ par jour) en fonction de RNB = 732$RNB annuel par

habitant

Hamed (2004) a eacutetudieacute (gracircce agrave un modegravele logit) lrsquoeffet de la

participation agrave lrsquoIMF Zakoura au Maroc sur la croissance du revenu des microentrepreneuses soit un eacutechantillon de 205 clientes ayant au moins deux ans drsquoancienneteacute et de 111 non-clientes qui nrsquoavaient pas encore pu beacuteneacuteficier de leur premier precirct Lrsquoeacutetude souligne bien lrsquoimpact de lrsquoeffet drsquoappartenance agrave lrsquoIMF sur la croissance du revenu mais elle met aussi en eacutevidence la dilution de cet effet au fur et agrave mesure du deacuteveloppement de la microentreprise et de lrsquoancienneteacute dans le programme de microcreacutedit elle identifie drsquoautres deacuteter-minants tels que le niveau initial de pauvreteacute des clientes leurs connaissances manageacuteriales et un certain niveau de dynamisme entrepreneurial (mesureacute par le nombre drsquoinnovations et drsquoinvestissement reacutealiseacutes lrsquoexercice drsquoune deuxiegraveme activiteacute etc) Cette eacutetude confirme alors lrsquoimpact positif du microcreacutedit non seulement sur le revenu de microentreprise mais aussi sur les femmes emprunteuses Gracircce au microcreacutedit ces femmes peuvent reacutealiser des activiteacutes productives multiples et diversifier leurs sources de revenu mieux que les hommes (Soulama 2005)

Ainsi nous ajoutons la dimension de lrsquoimpact (impact assessment) sur les femmes emprunteuses agrave notre analyse agrave travers un deuxiegraveme proxy de la PS laquo le pourcentage des femmes emprunteuses raquo (FE)

222 Les indicateurs de la performance financiegravere

La PF est mesureacutee essentiellement par lrsquoautosuffisance financiegravere et opeacuterationnelle ainsi que par la reacutealisation drsquoune rentabiliteacute maximisant lrsquoefficaciteacute et la productiviteacute du personnel Nous avons choisi comme premier

Reacutegion et Deacuteveloppement 97

indicateur de la PF le rendement des actifs (ROA) qui est une mesure geacuteneacuterale de la rentabiliteacute et qui reflegravete aussi bien la marge de profit que lrsquoefficaciteacute de lrsquoinstitution Cependant lrsquointeacuterecirct de ce ratio dans la prise de deacutecisions financiegraveres est limiteacute et les gestionnaires cherchent plutocirct agrave savoir si leurs institutions disposent des ressources financiegraveres suffisantes pour continuer agrave servir leur clientegravele

Bien qursquoil nrsquoinclue pas les subventions lors de son calcul le ROA nrsquoest pas reacuteajusteacute au niveau des coucircts des ressources Les IMF disposent drsquoemprunts agrave taux subventionneacutes (inferieurs au taux du marcheacute) qui reacuteduisent les charges financiegraveres et par conseacutequent le reacutesultat net augmente Ces IMF peuvent ecirctre alors fortement subventionneacutees et reacutealiser en mecircme temps une forte rentabiliteacute Il semble logique que plus une IMF reacuteussit agrave accroicirctre ses revenus en imposant des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes agrave ses clients et moins elle doit recevoir de subventions drsquoun bailleur de fonds Cependant certaines IMF appliquent des taux drsquointeacuterecirct qui ne leur permettent pas de couvrir leurs coucircts ce qui les oblige agrave demander constamment des subventions Elles risquent aussi le non remboursement de la part de clients qui perccediloivent les creacutedits comme des dons et peuvent alors devoir se tourner vers une clientegravele plus rentable

Tableau 2 indicateurs de performance sociale et financiegravere

Source composeacute par nos soins

Pour ces diffeacuterents raisons nous avons recours agrave un indicateur de gestion financiegravere qui est le ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) Ce ratio accompagneacute du ROA permet de bien suivre et eacutevaluer la situation et la progression de lrsquoinstitution vers la viabiliteacute et la rentabiliteacute Crsquoest un meilleur indicateur de la capaciteacute de croissance de lrsquoIMF sans recourir aux subventions Cependant il neacutecessite une comptabiliteacute extrecircmement deacutetailleacutee et harmoniseacutee pour lrsquoensemble des institutions Ce qui nrsquoest pas le cas des IMF de lrsquoeacutechantillon agrave cause de lrsquoimpreacutecision des rapports financiers et de lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute dans la preacutesentation des eacutetats financiers Le calcul de ce ratio neacutecessite des approximations (Annexe 3)

Au-delagrave des subventions pour mieux comprendre comment une

institution reacutealise des profits (ou des pertes) lrsquoanalyse prend eacutegalement en

Dimensions Indicateurs Deacutefinition des indicateurs

Performance sociale

Depth of outreach (DEP) AL SP1 SP2 en fonction du RNB

Impact assessment (FE) Pourcentage des femmes emprunteuses

Performance financiegravere

Rentabiliteacute des actifs (ROA) Reacutesultat net drsquoexploitation apregraves impocirct total moyen de lrsquoactif

Ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS)

Produits financiers ajusteacutes (charges financiegraveres + dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables + charges drsquoexploitation) ajusteacutees

Productiviteacute du personnel (PP)

Nombre drsquoemprunteurs actifs nombre drsquoemployeacutes

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

94 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

2 EacuteCHANTILLON VARIABLES ET MEacuteTHODOLOGIE

21 Sources et caracteacuteristiques de lrsquoeacutechantillon

Les donneacutees utiliseacutees proviennent de la base de donneacutees de Microfinance Information Exchange (MIX) qui recueille les informations les plus conseacute-quentes sur 54 IMF dans 9 pays de la reacutegion MENA entre 1998 et 2008 avec un nombre drsquoobservations qui varie selon les IMF Ces informations essentiellement drsquoordre financier sont parfois incomplegravetes Pour cette raison nous ajoutons des donneacutees provenant de six autres sources de la Banque mondiale World Development Indicators (WDI) et World Governance Indicators (WGI) du Fond Moneacutetaire International (FMI) de diffeacuterents rapports reacutecents de Planet Rating

1 de quelques rapports compleacutementaires de

MIX sur la performance sociale laquo Social performance Standards raquo (SPS) de rapports annuels propres aux IMF ainsi que drsquoun questionnaire que nous avons eacutelaboreacute et envoyeacute aux IMF dont un peu plus de la moitieacute a reacutepondu

Tableau 1 caracteacuteristiques des pays eacutetudieacutes en 2006

Les donneacutees en italiques sont estimeacutees selon le RNB par habitant et les donneacutees sur la pauvreteacute de chaque pays Nombre des emprunteurs diviseacute par la taille de la population en dessous de la ligne de pauvreteacute de 2 $ jour En lrsquoabsence de donneacutees disponibles en 2006 celles de 2005 ont eacuteteacute retenues Source Benchmarking Arab microfinance (2008) WDI (2006)

Nous avons seacutelectionneacute finalement les 51 IMF ayant les plus hauts niveaux de transparence informationnelle par rapport agrave leur performance sociale et financiegravere (trois agrave cinq diamants) Lrsquoeacutechantillon est alors composeacute de 13 IMF drsquoEgypte 7 de Jordanie 9 du Maroc 1 de Tunisie 6 du Yeacutemen 3 du Liban 8 de Palestine 2 de Syrie et 2 drsquoIrak (Annexe 2) Il couvre 3 pays drsquoAfrique du Nord et 6 pays du Moyen Orient

Les pays du Moyen Orient souffrent drsquoune grande pauvreteacute contrairement aux pays drsquoAfrique du Nord pregraves de la moitieacute de la population du Yeacutemen de

1 Parmi les diffeacuterentes agences de notation Planet Rating collecte pour chaque IMF eacutevalueacutee un

bilan et un compte de reacutesultat complets

Pays

Population (millions)

RNB par

habitant (PPA)

Population sous la ligne de

pauvreteacute

(2$ jour)

Nombre des IMF

Nombre des emprunteurs dans ces IMF

(milliers)

Taux de Peacuteneacutetration

Egypte 75 498 4 940$ 33 144 (439) 27 694918 210 Jordanie 5 924 4 840$ 415 (7) 8 77780 1876 Liban 4 099 9 690$ 1 176 (287) 9 46416 395 Maroc 31 224 3 890$ 4 465 (143) 11 1 045310 2341 Palestine 4 017 3 720$ 1 655 (412) 9 28258 171 Syrie 19 929 4 110$ 8 051 (404) 6 46065 057 Tunisie 10 327 6 640$ 681 (66) 3 123504 1812 Yeacutemen 22 389 2 120$ 10 120 (452) 14 36918 036 Irak 21732 - - 1 4202 -

Reacutegion et Deacuteveloppement 95

Palestine et de Syrie est au-dessous de la ligne de la pauvreteacute (Tableau 1) Bien que le nombre des IMF soit tregraves eacuteleveacute en Egypte seulement 21 de la population sous la ligne de la pauvreteacute de 2$ par jour ont accegraves agrave ces institutions ce taux de peacuteneacutetration reste tregraves faible quoique supeacuterieur agrave celui du Yeacutemen Le Maroc a le taux de peacuteneacutetration le plus eacuteleveacute avec un nombre significatif drsquoIMF et la Tunisie a le taux de pauvreteacute le plus faible (66) Le RNB par habitant en pariteacute de pouvoir drsquoachat au Liban est le plus eacuteleveacute de la reacutegion MENA

22 Mesure des variables

Deux cateacutegories drsquoindicateurs ont eacuteteacute utiliseacutees pour chaque IMF La premiegravere estime la performance sociale (PS) la seconde mesure la performance financiegravere (PF)

221 Les indicateurs de la performance sociale

En lrsquoabsence drsquoindicateurs sociaux harmoniseacutes au niveau mondial des proxies sont employeacutes par les IMF qui mesurent essentiellement leur porteacutee sociale en termes de degreacute ou en termes drsquoeacutetendue Les deux indicateurs publieacutes par le MIX sont laquo le nombre des emprunteurs raquo et le laquo montant moyen du precirct par emprunteur raquo qui sont cependant des proxies discutables Lrsquohypothegravese relative au premier proxy est que lrsquoIMF qui octroie des precircts agrave un grand nombre drsquoemprunteurs joue un rocircle important dans la reacuteduction de la pauvreteacute mais la plupart de ces emprunteurs ne sont pas neacutecessairement des pauvres (Daley-Harris 2004)

Concernant le deuxiegraveme proxy lrsquohypothegravese est que plus le montant moyen du precirct par emprunteur est faible plus lrsquoIMF sert les pauvres Cependant ce proxy est mesureacute en une uniteacute moneacutetaire qui diffegravere drsquoun pays agrave un autre Pour une comparaison inter-pays il vaut mieux utiliser ce proxy drsquoune maniegravere relative (Morduch 2000) en le divisant par le Revenu National Brut par habitant (RNB) Toutefois le RNB par habitant excegravede dans certains pays le revenu du seuil de pauvreteacute (Schreiner 2001) ce qui implique que ce ratio ne repreacutesente plus le bon proxy

Pour reacutesoudre ce problegraveme de revenu nous avons compareacute le montant moyen du precirct par emprunteur (AL) aux revenus correspondant aux deux seuils de pauvreteacute (1$ et 2$ par jour) puis nous avons construit un indice de la porteacutee sociale depth of outreach noteacute DEP qui identifie plus preacuteciseacutement la clientegravele cibleacutee par lrsquoIMF (Encadreacute 1) Cet indice est une variable qualitative agrave trois modaliteacutes correspondant aux 3 cateacutegories de clientegravele cibleacutees par lrsquoIMF tregraves pauvres (DEP1) pauvres (DEP2) et non pauvres (DEP3)

La PS peut ecirctre eacutevalueacutee par une autre dimension lrsquoanalyse de lrsquoimpact du microcreacutedit sur les clients (impact assessment) Cependant les eacutetudes drsquoimpact sont longues compliqueacutees et coucircteuses Les reacutesultats des eacutetudes reacutealiseacutees au Maroc (Al Amana Zakoura FONDEP) en Tunisie (Enda) en Egypte (FDF) en Palestine (Asala UNRWA) et en Jordanie sont assez sembla-

96 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

bles malgreacute les diffeacuterences socio-eacuteconomiques entre les pays (FEMIP 2007) Ils concluent agrave un impact positif sur lrsquoindividu agrave partir du moment ougrave il devient client agrave lrsquoIMF aussi bien que sur le revenu du meacutenage et de la microentreprise lrsquoimpact sur lrsquoemploi est cependant faible car lrsquoaccegraves au microcreacutedit ne permet geacuteneacuteralement pas aux microentreprises de recruter des employeacutes suppleacute-mentaires

Encadreacute 1 indice de la porteacutee sociale (Depth of outreach)

Depth of outreach (DEP) =

1 si ALltSP1 lrsquoIMF cible les tregraves pauvres 2 si SP1 ltALltSP2 lrsquoIMF cible les pauvres 3 si ALgtSP2 lrsquoIMF cible les non pauvres

AL montant moyen de precirct par emprunteur diviseacute par le RNB annuel par habitant SP1 1

er seuil de pauvreteacute (1$ par jour) en fonction de RNB = 366$RNB annuel par

habitant SP2 2

egraveme seuil de pauvreteacute (2$ par jour) en fonction de RNB = 732$RNB annuel par

habitant

Hamed (2004) a eacutetudieacute (gracircce agrave un modegravele logit) lrsquoeffet de la

participation agrave lrsquoIMF Zakoura au Maroc sur la croissance du revenu des microentrepreneuses soit un eacutechantillon de 205 clientes ayant au moins deux ans drsquoancienneteacute et de 111 non-clientes qui nrsquoavaient pas encore pu beacuteneacuteficier de leur premier precirct Lrsquoeacutetude souligne bien lrsquoimpact de lrsquoeffet drsquoappartenance agrave lrsquoIMF sur la croissance du revenu mais elle met aussi en eacutevidence la dilution de cet effet au fur et agrave mesure du deacuteveloppement de la microentreprise et de lrsquoancienneteacute dans le programme de microcreacutedit elle identifie drsquoautres deacuteter-minants tels que le niveau initial de pauvreteacute des clientes leurs connaissances manageacuteriales et un certain niveau de dynamisme entrepreneurial (mesureacute par le nombre drsquoinnovations et drsquoinvestissement reacutealiseacutes lrsquoexercice drsquoune deuxiegraveme activiteacute etc) Cette eacutetude confirme alors lrsquoimpact positif du microcreacutedit non seulement sur le revenu de microentreprise mais aussi sur les femmes emprunteuses Gracircce au microcreacutedit ces femmes peuvent reacutealiser des activiteacutes productives multiples et diversifier leurs sources de revenu mieux que les hommes (Soulama 2005)

Ainsi nous ajoutons la dimension de lrsquoimpact (impact assessment) sur les femmes emprunteuses agrave notre analyse agrave travers un deuxiegraveme proxy de la PS laquo le pourcentage des femmes emprunteuses raquo (FE)

222 Les indicateurs de la performance financiegravere

La PF est mesureacutee essentiellement par lrsquoautosuffisance financiegravere et opeacuterationnelle ainsi que par la reacutealisation drsquoune rentabiliteacute maximisant lrsquoefficaciteacute et la productiviteacute du personnel Nous avons choisi comme premier

Reacutegion et Deacuteveloppement 97

indicateur de la PF le rendement des actifs (ROA) qui est une mesure geacuteneacuterale de la rentabiliteacute et qui reflegravete aussi bien la marge de profit que lrsquoefficaciteacute de lrsquoinstitution Cependant lrsquointeacuterecirct de ce ratio dans la prise de deacutecisions financiegraveres est limiteacute et les gestionnaires cherchent plutocirct agrave savoir si leurs institutions disposent des ressources financiegraveres suffisantes pour continuer agrave servir leur clientegravele

Bien qursquoil nrsquoinclue pas les subventions lors de son calcul le ROA nrsquoest pas reacuteajusteacute au niveau des coucircts des ressources Les IMF disposent drsquoemprunts agrave taux subventionneacutes (inferieurs au taux du marcheacute) qui reacuteduisent les charges financiegraveres et par conseacutequent le reacutesultat net augmente Ces IMF peuvent ecirctre alors fortement subventionneacutees et reacutealiser en mecircme temps une forte rentabiliteacute Il semble logique que plus une IMF reacuteussit agrave accroicirctre ses revenus en imposant des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes agrave ses clients et moins elle doit recevoir de subventions drsquoun bailleur de fonds Cependant certaines IMF appliquent des taux drsquointeacuterecirct qui ne leur permettent pas de couvrir leurs coucircts ce qui les oblige agrave demander constamment des subventions Elles risquent aussi le non remboursement de la part de clients qui perccediloivent les creacutedits comme des dons et peuvent alors devoir se tourner vers une clientegravele plus rentable

Tableau 2 indicateurs de performance sociale et financiegravere

Source composeacute par nos soins

Pour ces diffeacuterents raisons nous avons recours agrave un indicateur de gestion financiegravere qui est le ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) Ce ratio accompagneacute du ROA permet de bien suivre et eacutevaluer la situation et la progression de lrsquoinstitution vers la viabiliteacute et la rentabiliteacute Crsquoest un meilleur indicateur de la capaciteacute de croissance de lrsquoIMF sans recourir aux subventions Cependant il neacutecessite une comptabiliteacute extrecircmement deacutetailleacutee et harmoniseacutee pour lrsquoensemble des institutions Ce qui nrsquoest pas le cas des IMF de lrsquoeacutechantillon agrave cause de lrsquoimpreacutecision des rapports financiers et de lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute dans la preacutesentation des eacutetats financiers Le calcul de ce ratio neacutecessite des approximations (Annexe 3)

Au-delagrave des subventions pour mieux comprendre comment une

institution reacutealise des profits (ou des pertes) lrsquoanalyse prend eacutegalement en

Dimensions Indicateurs Deacutefinition des indicateurs

Performance sociale

Depth of outreach (DEP) AL SP1 SP2 en fonction du RNB

Impact assessment (FE) Pourcentage des femmes emprunteuses

Performance financiegravere

Rentabiliteacute des actifs (ROA) Reacutesultat net drsquoexploitation apregraves impocirct total moyen de lrsquoactif

Ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS)

Produits financiers ajusteacutes (charges financiegraveres + dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables + charges drsquoexploitation) ajusteacutees

Productiviteacute du personnel (PP)

Nombre drsquoemprunteurs actifs nombre drsquoemployeacutes

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

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La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

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4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

0

5

10

15

20

25

30

35

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 95

Palestine et de Syrie est au-dessous de la ligne de la pauvreteacute (Tableau 1) Bien que le nombre des IMF soit tregraves eacuteleveacute en Egypte seulement 21 de la population sous la ligne de la pauvreteacute de 2$ par jour ont accegraves agrave ces institutions ce taux de peacuteneacutetration reste tregraves faible quoique supeacuterieur agrave celui du Yeacutemen Le Maroc a le taux de peacuteneacutetration le plus eacuteleveacute avec un nombre significatif drsquoIMF et la Tunisie a le taux de pauvreteacute le plus faible (66) Le RNB par habitant en pariteacute de pouvoir drsquoachat au Liban est le plus eacuteleveacute de la reacutegion MENA

22 Mesure des variables

Deux cateacutegories drsquoindicateurs ont eacuteteacute utiliseacutees pour chaque IMF La premiegravere estime la performance sociale (PS) la seconde mesure la performance financiegravere (PF)

221 Les indicateurs de la performance sociale

En lrsquoabsence drsquoindicateurs sociaux harmoniseacutes au niveau mondial des proxies sont employeacutes par les IMF qui mesurent essentiellement leur porteacutee sociale en termes de degreacute ou en termes drsquoeacutetendue Les deux indicateurs publieacutes par le MIX sont laquo le nombre des emprunteurs raquo et le laquo montant moyen du precirct par emprunteur raquo qui sont cependant des proxies discutables Lrsquohypothegravese relative au premier proxy est que lrsquoIMF qui octroie des precircts agrave un grand nombre drsquoemprunteurs joue un rocircle important dans la reacuteduction de la pauvreteacute mais la plupart de ces emprunteurs ne sont pas neacutecessairement des pauvres (Daley-Harris 2004)

Concernant le deuxiegraveme proxy lrsquohypothegravese est que plus le montant moyen du precirct par emprunteur est faible plus lrsquoIMF sert les pauvres Cependant ce proxy est mesureacute en une uniteacute moneacutetaire qui diffegravere drsquoun pays agrave un autre Pour une comparaison inter-pays il vaut mieux utiliser ce proxy drsquoune maniegravere relative (Morduch 2000) en le divisant par le Revenu National Brut par habitant (RNB) Toutefois le RNB par habitant excegravede dans certains pays le revenu du seuil de pauvreteacute (Schreiner 2001) ce qui implique que ce ratio ne repreacutesente plus le bon proxy

Pour reacutesoudre ce problegraveme de revenu nous avons compareacute le montant moyen du precirct par emprunteur (AL) aux revenus correspondant aux deux seuils de pauvreteacute (1$ et 2$ par jour) puis nous avons construit un indice de la porteacutee sociale depth of outreach noteacute DEP qui identifie plus preacuteciseacutement la clientegravele cibleacutee par lrsquoIMF (Encadreacute 1) Cet indice est une variable qualitative agrave trois modaliteacutes correspondant aux 3 cateacutegories de clientegravele cibleacutees par lrsquoIMF tregraves pauvres (DEP1) pauvres (DEP2) et non pauvres (DEP3)

La PS peut ecirctre eacutevalueacutee par une autre dimension lrsquoanalyse de lrsquoimpact du microcreacutedit sur les clients (impact assessment) Cependant les eacutetudes drsquoimpact sont longues compliqueacutees et coucircteuses Les reacutesultats des eacutetudes reacutealiseacutees au Maroc (Al Amana Zakoura FONDEP) en Tunisie (Enda) en Egypte (FDF) en Palestine (Asala UNRWA) et en Jordanie sont assez sembla-

96 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

bles malgreacute les diffeacuterences socio-eacuteconomiques entre les pays (FEMIP 2007) Ils concluent agrave un impact positif sur lrsquoindividu agrave partir du moment ougrave il devient client agrave lrsquoIMF aussi bien que sur le revenu du meacutenage et de la microentreprise lrsquoimpact sur lrsquoemploi est cependant faible car lrsquoaccegraves au microcreacutedit ne permet geacuteneacuteralement pas aux microentreprises de recruter des employeacutes suppleacute-mentaires

Encadreacute 1 indice de la porteacutee sociale (Depth of outreach)

Depth of outreach (DEP) =

1 si ALltSP1 lrsquoIMF cible les tregraves pauvres 2 si SP1 ltALltSP2 lrsquoIMF cible les pauvres 3 si ALgtSP2 lrsquoIMF cible les non pauvres

AL montant moyen de precirct par emprunteur diviseacute par le RNB annuel par habitant SP1 1

er seuil de pauvreteacute (1$ par jour) en fonction de RNB = 366$RNB annuel par

habitant SP2 2

egraveme seuil de pauvreteacute (2$ par jour) en fonction de RNB = 732$RNB annuel par

habitant

Hamed (2004) a eacutetudieacute (gracircce agrave un modegravele logit) lrsquoeffet de la

participation agrave lrsquoIMF Zakoura au Maroc sur la croissance du revenu des microentrepreneuses soit un eacutechantillon de 205 clientes ayant au moins deux ans drsquoancienneteacute et de 111 non-clientes qui nrsquoavaient pas encore pu beacuteneacuteficier de leur premier precirct Lrsquoeacutetude souligne bien lrsquoimpact de lrsquoeffet drsquoappartenance agrave lrsquoIMF sur la croissance du revenu mais elle met aussi en eacutevidence la dilution de cet effet au fur et agrave mesure du deacuteveloppement de la microentreprise et de lrsquoancienneteacute dans le programme de microcreacutedit elle identifie drsquoautres deacuteter-minants tels que le niveau initial de pauvreteacute des clientes leurs connaissances manageacuteriales et un certain niveau de dynamisme entrepreneurial (mesureacute par le nombre drsquoinnovations et drsquoinvestissement reacutealiseacutes lrsquoexercice drsquoune deuxiegraveme activiteacute etc) Cette eacutetude confirme alors lrsquoimpact positif du microcreacutedit non seulement sur le revenu de microentreprise mais aussi sur les femmes emprunteuses Gracircce au microcreacutedit ces femmes peuvent reacutealiser des activiteacutes productives multiples et diversifier leurs sources de revenu mieux que les hommes (Soulama 2005)

Ainsi nous ajoutons la dimension de lrsquoimpact (impact assessment) sur les femmes emprunteuses agrave notre analyse agrave travers un deuxiegraveme proxy de la PS laquo le pourcentage des femmes emprunteuses raquo (FE)

222 Les indicateurs de la performance financiegravere

La PF est mesureacutee essentiellement par lrsquoautosuffisance financiegravere et opeacuterationnelle ainsi que par la reacutealisation drsquoune rentabiliteacute maximisant lrsquoefficaciteacute et la productiviteacute du personnel Nous avons choisi comme premier

Reacutegion et Deacuteveloppement 97

indicateur de la PF le rendement des actifs (ROA) qui est une mesure geacuteneacuterale de la rentabiliteacute et qui reflegravete aussi bien la marge de profit que lrsquoefficaciteacute de lrsquoinstitution Cependant lrsquointeacuterecirct de ce ratio dans la prise de deacutecisions financiegraveres est limiteacute et les gestionnaires cherchent plutocirct agrave savoir si leurs institutions disposent des ressources financiegraveres suffisantes pour continuer agrave servir leur clientegravele

Bien qursquoil nrsquoinclue pas les subventions lors de son calcul le ROA nrsquoest pas reacuteajusteacute au niveau des coucircts des ressources Les IMF disposent drsquoemprunts agrave taux subventionneacutes (inferieurs au taux du marcheacute) qui reacuteduisent les charges financiegraveres et par conseacutequent le reacutesultat net augmente Ces IMF peuvent ecirctre alors fortement subventionneacutees et reacutealiser en mecircme temps une forte rentabiliteacute Il semble logique que plus une IMF reacuteussit agrave accroicirctre ses revenus en imposant des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes agrave ses clients et moins elle doit recevoir de subventions drsquoun bailleur de fonds Cependant certaines IMF appliquent des taux drsquointeacuterecirct qui ne leur permettent pas de couvrir leurs coucircts ce qui les oblige agrave demander constamment des subventions Elles risquent aussi le non remboursement de la part de clients qui perccediloivent les creacutedits comme des dons et peuvent alors devoir se tourner vers une clientegravele plus rentable

Tableau 2 indicateurs de performance sociale et financiegravere

Source composeacute par nos soins

Pour ces diffeacuterents raisons nous avons recours agrave un indicateur de gestion financiegravere qui est le ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) Ce ratio accompagneacute du ROA permet de bien suivre et eacutevaluer la situation et la progression de lrsquoinstitution vers la viabiliteacute et la rentabiliteacute Crsquoest un meilleur indicateur de la capaciteacute de croissance de lrsquoIMF sans recourir aux subventions Cependant il neacutecessite une comptabiliteacute extrecircmement deacutetailleacutee et harmoniseacutee pour lrsquoensemble des institutions Ce qui nrsquoest pas le cas des IMF de lrsquoeacutechantillon agrave cause de lrsquoimpreacutecision des rapports financiers et de lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute dans la preacutesentation des eacutetats financiers Le calcul de ce ratio neacutecessite des approximations (Annexe 3)

Au-delagrave des subventions pour mieux comprendre comment une

institution reacutealise des profits (ou des pertes) lrsquoanalyse prend eacutegalement en

Dimensions Indicateurs Deacutefinition des indicateurs

Performance sociale

Depth of outreach (DEP) AL SP1 SP2 en fonction du RNB

Impact assessment (FE) Pourcentage des femmes emprunteuses

Performance financiegravere

Rentabiliteacute des actifs (ROA) Reacutesultat net drsquoexploitation apregraves impocirct total moyen de lrsquoactif

Ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS)

Produits financiers ajusteacutes (charges financiegraveres + dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables + charges drsquoexploitation) ajusteacutees

Productiviteacute du personnel (PP)

Nombre drsquoemprunteurs actifs nombre drsquoemployeacutes

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

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200

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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

96 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

bles malgreacute les diffeacuterences socio-eacuteconomiques entre les pays (FEMIP 2007) Ils concluent agrave un impact positif sur lrsquoindividu agrave partir du moment ougrave il devient client agrave lrsquoIMF aussi bien que sur le revenu du meacutenage et de la microentreprise lrsquoimpact sur lrsquoemploi est cependant faible car lrsquoaccegraves au microcreacutedit ne permet geacuteneacuteralement pas aux microentreprises de recruter des employeacutes suppleacute-mentaires

Encadreacute 1 indice de la porteacutee sociale (Depth of outreach)

Depth of outreach (DEP) =

1 si ALltSP1 lrsquoIMF cible les tregraves pauvres 2 si SP1 ltALltSP2 lrsquoIMF cible les pauvres 3 si ALgtSP2 lrsquoIMF cible les non pauvres

AL montant moyen de precirct par emprunteur diviseacute par le RNB annuel par habitant SP1 1

er seuil de pauvreteacute (1$ par jour) en fonction de RNB = 366$RNB annuel par

habitant SP2 2

egraveme seuil de pauvreteacute (2$ par jour) en fonction de RNB = 732$RNB annuel par

habitant

Hamed (2004) a eacutetudieacute (gracircce agrave un modegravele logit) lrsquoeffet de la

participation agrave lrsquoIMF Zakoura au Maroc sur la croissance du revenu des microentrepreneuses soit un eacutechantillon de 205 clientes ayant au moins deux ans drsquoancienneteacute et de 111 non-clientes qui nrsquoavaient pas encore pu beacuteneacuteficier de leur premier precirct Lrsquoeacutetude souligne bien lrsquoimpact de lrsquoeffet drsquoappartenance agrave lrsquoIMF sur la croissance du revenu mais elle met aussi en eacutevidence la dilution de cet effet au fur et agrave mesure du deacuteveloppement de la microentreprise et de lrsquoancienneteacute dans le programme de microcreacutedit elle identifie drsquoautres deacuteter-minants tels que le niveau initial de pauvreteacute des clientes leurs connaissances manageacuteriales et un certain niveau de dynamisme entrepreneurial (mesureacute par le nombre drsquoinnovations et drsquoinvestissement reacutealiseacutes lrsquoexercice drsquoune deuxiegraveme activiteacute etc) Cette eacutetude confirme alors lrsquoimpact positif du microcreacutedit non seulement sur le revenu de microentreprise mais aussi sur les femmes emprunteuses Gracircce au microcreacutedit ces femmes peuvent reacutealiser des activiteacutes productives multiples et diversifier leurs sources de revenu mieux que les hommes (Soulama 2005)

Ainsi nous ajoutons la dimension de lrsquoimpact (impact assessment) sur les femmes emprunteuses agrave notre analyse agrave travers un deuxiegraveme proxy de la PS laquo le pourcentage des femmes emprunteuses raquo (FE)

222 Les indicateurs de la performance financiegravere

La PF est mesureacutee essentiellement par lrsquoautosuffisance financiegravere et opeacuterationnelle ainsi que par la reacutealisation drsquoune rentabiliteacute maximisant lrsquoefficaciteacute et la productiviteacute du personnel Nous avons choisi comme premier

Reacutegion et Deacuteveloppement 97

indicateur de la PF le rendement des actifs (ROA) qui est une mesure geacuteneacuterale de la rentabiliteacute et qui reflegravete aussi bien la marge de profit que lrsquoefficaciteacute de lrsquoinstitution Cependant lrsquointeacuterecirct de ce ratio dans la prise de deacutecisions financiegraveres est limiteacute et les gestionnaires cherchent plutocirct agrave savoir si leurs institutions disposent des ressources financiegraveres suffisantes pour continuer agrave servir leur clientegravele

Bien qursquoil nrsquoinclue pas les subventions lors de son calcul le ROA nrsquoest pas reacuteajusteacute au niveau des coucircts des ressources Les IMF disposent drsquoemprunts agrave taux subventionneacutes (inferieurs au taux du marcheacute) qui reacuteduisent les charges financiegraveres et par conseacutequent le reacutesultat net augmente Ces IMF peuvent ecirctre alors fortement subventionneacutees et reacutealiser en mecircme temps une forte rentabiliteacute Il semble logique que plus une IMF reacuteussit agrave accroicirctre ses revenus en imposant des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes agrave ses clients et moins elle doit recevoir de subventions drsquoun bailleur de fonds Cependant certaines IMF appliquent des taux drsquointeacuterecirct qui ne leur permettent pas de couvrir leurs coucircts ce qui les oblige agrave demander constamment des subventions Elles risquent aussi le non remboursement de la part de clients qui perccediloivent les creacutedits comme des dons et peuvent alors devoir se tourner vers une clientegravele plus rentable

Tableau 2 indicateurs de performance sociale et financiegravere

Source composeacute par nos soins

Pour ces diffeacuterents raisons nous avons recours agrave un indicateur de gestion financiegravere qui est le ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) Ce ratio accompagneacute du ROA permet de bien suivre et eacutevaluer la situation et la progression de lrsquoinstitution vers la viabiliteacute et la rentabiliteacute Crsquoest un meilleur indicateur de la capaciteacute de croissance de lrsquoIMF sans recourir aux subventions Cependant il neacutecessite une comptabiliteacute extrecircmement deacutetailleacutee et harmoniseacutee pour lrsquoensemble des institutions Ce qui nrsquoest pas le cas des IMF de lrsquoeacutechantillon agrave cause de lrsquoimpreacutecision des rapports financiers et de lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute dans la preacutesentation des eacutetats financiers Le calcul de ce ratio neacutecessite des approximations (Annexe 3)

Au-delagrave des subventions pour mieux comprendre comment une

institution reacutealise des profits (ou des pertes) lrsquoanalyse prend eacutegalement en

Dimensions Indicateurs Deacutefinition des indicateurs

Performance sociale

Depth of outreach (DEP) AL SP1 SP2 en fonction du RNB

Impact assessment (FE) Pourcentage des femmes emprunteuses

Performance financiegravere

Rentabiliteacute des actifs (ROA) Reacutesultat net drsquoexploitation apregraves impocirct total moyen de lrsquoactif

Ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS)

Produits financiers ajusteacutes (charges financiegraveres + dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables + charges drsquoexploitation) ajusteacutees

Productiviteacute du personnel (PP)

Nombre drsquoemprunteurs actifs nombre drsquoemployeacutes

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 97

indicateur de la PF le rendement des actifs (ROA) qui est une mesure geacuteneacuterale de la rentabiliteacute et qui reflegravete aussi bien la marge de profit que lrsquoefficaciteacute de lrsquoinstitution Cependant lrsquointeacuterecirct de ce ratio dans la prise de deacutecisions financiegraveres est limiteacute et les gestionnaires cherchent plutocirct agrave savoir si leurs institutions disposent des ressources financiegraveres suffisantes pour continuer agrave servir leur clientegravele

Bien qursquoil nrsquoinclue pas les subventions lors de son calcul le ROA nrsquoest pas reacuteajusteacute au niveau des coucircts des ressources Les IMF disposent drsquoemprunts agrave taux subventionneacutes (inferieurs au taux du marcheacute) qui reacuteduisent les charges financiegraveres et par conseacutequent le reacutesultat net augmente Ces IMF peuvent ecirctre alors fortement subventionneacutees et reacutealiser en mecircme temps une forte rentabiliteacute Il semble logique que plus une IMF reacuteussit agrave accroicirctre ses revenus en imposant des taux drsquointeacuterecirct assez eacuteleveacutes agrave ses clients et moins elle doit recevoir de subventions drsquoun bailleur de fonds Cependant certaines IMF appliquent des taux drsquointeacuterecirct qui ne leur permettent pas de couvrir leurs coucircts ce qui les oblige agrave demander constamment des subventions Elles risquent aussi le non remboursement de la part de clients qui perccediloivent les creacutedits comme des dons et peuvent alors devoir se tourner vers une clientegravele plus rentable

Tableau 2 indicateurs de performance sociale et financiegravere

Source composeacute par nos soins

Pour ces diffeacuterents raisons nous avons recours agrave un indicateur de gestion financiegravere qui est le ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) Ce ratio accompagneacute du ROA permet de bien suivre et eacutevaluer la situation et la progression de lrsquoinstitution vers la viabiliteacute et la rentabiliteacute Crsquoest un meilleur indicateur de la capaciteacute de croissance de lrsquoIMF sans recourir aux subventions Cependant il neacutecessite une comptabiliteacute extrecircmement deacutetailleacutee et harmoniseacutee pour lrsquoensemble des institutions Ce qui nrsquoest pas le cas des IMF de lrsquoeacutechantillon agrave cause de lrsquoimpreacutecision des rapports financiers et de lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute dans la preacutesentation des eacutetats financiers Le calcul de ce ratio neacutecessite des approximations (Annexe 3)

Au-delagrave des subventions pour mieux comprendre comment une

institution reacutealise des profits (ou des pertes) lrsquoanalyse prend eacutegalement en

Dimensions Indicateurs Deacutefinition des indicateurs

Performance sociale

Depth of outreach (DEP) AL SP1 SP2 en fonction du RNB

Impact assessment (FE) Pourcentage des femmes emprunteuses

Performance financiegravere

Rentabiliteacute des actifs (ROA) Reacutesultat net drsquoexploitation apregraves impocirct total moyen de lrsquoactif

Ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS)

Produits financiers ajusteacutes (charges financiegraveres + dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables + charges drsquoexploitation) ajusteacutees

Productiviteacute du personnel (PP)

Nombre drsquoemprunteurs actifs nombre drsquoemployeacutes

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

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La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

0

5

10

15

20

25

30

35

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

98 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

consideacuteration un autre indicateur de performance tel que la productiviteacute de son personnel Nous analysons ainsi la PF des IMF selon plusieurs dimensions qui sont geacuteneacuteralement retenues en microfinance la rentabiliteacute la gestion financiegravere et lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle (tableau 2)

23 Meacutethodologie

Une analyse en coupe instantaneacutee de lrsquoanneacutee 2008 fondeacutee sur lrsquoanalyse factorielle en correspondances multiples (ACM) suivie drsquoune classification automatique permet drsquoeacutelaborer une typologie des IMF de la reacutegion MENA selon leurs caracteacuteristiques saillantes Cette analyse consiste agrave syntheacutetiser lrsquoensemble des variables par un petit nombre de facteurs Chaque facteur re-preacutesente un groupe de variables lieacutees entre elles chaque groupe de variables caracteacuterise un groupe drsquoindividus et chaque groupe drsquoindividus rassemble les individus types drsquoun groupe de variables (Escofier et Pagegraves 2008) LrsquoACM permet eacutegalement de traiter agrave la fois des variables quantitatives et qualitatives afin de rendre les donneacutees homogegravenes les variables quantitatives ont eacuteteacute deacute-composeacutees en deux ou trois classes et sont ainsi transformeacutees en variables qualitatives (tableau 3)

Tableau 3 deacutecomposition des variables actives

Les variables de la performance sociale

Femmes Emprunteuses (3 classes) Depth of outreach (3 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Effectif Total

FE1 0-50 Faible 15 29 DEP1 Tregraves pauvres 6 12

FE2 50-67 Plus des femmes

10 22 DEP2 Pauvres 25 492

FE3 67-100 Exclusif 25 49 DEP3 Non pauvres 20 39

Les variables de la performance financiegravere

Autosuffisance Financiegravere (2 classes) Return On Assets (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

FSS1 lt 100 Non

autosuffisante 17 33 ROA1 lt 0

Non rentable

15 29

FSS2 gt 100 Autosuffisante 34 67 ROA2 gt 0 Rentable 36 71

Productiviteacute du Personnel (2 classes)

Ident Modaliteacutes Libelleacute Effectif Total

PP1 7-125 Moins productif 27 53

PP2 125-297 Plus productif 24 47

Source composeacute par nos soins

2 Le nombre drsquoIMF qui ciblent les pauvres est eacutegal au nombre drsquoIMF qui touchent exclusivement les femmes Mais il ne srsquoagit pas des mecircmes IMF Les IMF qui ciblent les pauvres ne sont pas forceacutement les mecircmes que ceux qui touchent exclusivement les femmes

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

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La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

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4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

0

5

10

15

20

25

30

35

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 99

En moyenne les deux tiers de la clientegravele des IMF de lrsquoeacutechantillon sont constitueacutes principalement de femmes La deacutecomposition de la variable laquo pourcentage de femmes emprunteuses raquo (FE) en trois classes srsquoavegravere adeacutequate Au seuil strictement inferieur agrave 50 les IMF ciblent plus les hommes agrave un seuil supeacuterieur les IMF privileacutegient la cible des femmes et de maniegravere quasi exclusive agrave partir drsquoun taux de 67 La moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (49) ciblent quasi exclusivement les femmes

Un ratio drsquoautosuffisance financiegravere (FSS) supeacuterieur ou eacutegal agrave 100 signifie qursquoune IMF autosuffisante geacutenegravere suffisamment de revenus de ses opeacuterations pour couvrir lrsquoensemble des charges sans avoir recours aux subventions tandis qursquoun FSS inferieur agrave 100 indique que lrsquoIMF est non autosuffisante financiegraverement et qursquoelle a besoin de financement externe Ainsi 33 des IMF de lrsquoeacutechantillon ne sont pas autosuffisantes financiegraverement

La variable laquo Productiviteacute du Personnel raquo (PP) varie drsquoune IMF agrave une autre et la comparaison est difficile en lrsquoabsence de standards de la produc-tiviteacute mais plus cet indicateur est eacuteleveacute plus lrsquoIMF est productive Cette variable a eacuteteacute deacutecoupeacutee en 2 classes les IMF de lrsquoeacutechantillon sont consideacutereacutees comme plus productives lorsqursquoelles reacutealisent une productiviteacute supeacuterieure agrave la moyenne (125 emprunteurs par employeacute) et moins productives dans le cas contraire Plus que la moitieacute des IMF de lrsquoeacutechantillon (53) sont moins productives

Selon les mesures standards un ROA respectivement supeacuterieur ou infeacuterieur agrave 0 indique que lrsquoIMF est rentable ou non rentable Plus de deux tiers des IMF de lrsquoeacutechantillon sont rentables

3 LES REacuteSULTATS LA RELATION ENTRE LA PERFORMANCE SOCIALE ET LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

Les trois premiers axes factoriels de lrsquoACM correspondent agrave 7198 de lrsquoinertie (Annexe 4) Lrsquointerpreacutetation de ces trois facteurs neacutecessite de proceacuteder en deux eacutetapes Dans un premier temps nous analysons la contribution des modaliteacutes aux facteurs agrave travers leurs valeurs-test une modaliteacute est drsquoautant plus significative sur un axe que sa valeur-test

3 est grande Puis dans un second

temps nous nous appuyons sur les contributions les plus fortes des individus (les IMF) agrave la formation des axes

Nous limitons ici lrsquoanalyse factorielle au plan 1-2 qui est le plus inter-preacutetable (graphique 1) Drsquoune part lrsquoaxe 1 oppose les modaliteacutes ROA1 PP1 et FSS1 aux modaliteacutes ROA2 PP2 et FSS2 Cette nette opposition concerne essentiellement la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et la gestion financiegravere qui constituent les deacuteterminants de la performance financiegravere Cet axe peut ecirctre alors interpreacuteteacute comme lrsquoaxe de la performance financiegravere il distingue les IMF financiegraverement performantes (Tamweelcom Enda Al Tadamun

3 Une valeur-test supeacuterieure agrave 2 en valeur absolue indique que la modaliteacute correspondante est significativement diffeacuterente du centre de graviteacute

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

0

5

10

15

20

25

30

35

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

REFERENCES

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Besley T Coate S 1995 laquo Group lending repayment incentives and social collateralrdquo Journal of Development Economics 46 1-18

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Corneacutee S 2007 laquo Une proposition drsquoeacutevaluation conjointe des performances sociales et financiegraveres en microfinanceraquo Document de travail SPI 3 CERISE

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Counts A Zafar R Connor E 2006 ldquoFactors that Contribute to Exponential Growth Case Studies for Massive Outreach to the Poor and Poorestrdquo in Daley-Harris and Awimbo (Eds) 41-93

Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

100 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

CEOSS MFW RYADA etc) des IMF qui ne le sont pas (FINCA-Jor Aden Asala NSBA Zakoura etc) Drsquoautre part lrsquoaxe 2 oppose les modaliteacutes FE1 et DEP3 aux modaliteacutes FE3 et DEP1 cest-agrave-dire les non pauvres et les tregraves pauvres ainsi que le genre masculin ou feacuteminin Il permet de caracteacuteriser les IMF selon les deux dimensions de la performance sociale la porteacutee sociale (depth of outreach) et lrsquoimpact (impact assessment) Lrsquoaxe 2 peut ecirctre interpreacuteteacute alors comme lrsquoaxe de la performance sociale Les IMF les plus socialement performantes qui ciblent les tregraves pauvres et exclusivement les femmes sont Abyan Azal NMF Aden Al Awael et Al Tadamun alors que les IMF non socialement performantes sont RYADA Al-thiqa Ameen Al Majmoua MEMCO Makhazoumi etc

Graphique 1 repreacutesentation des modaliteacutes et des IMF dans le plan 1-2

Lrsquointerpreacutetation du plan 1-2 met en eacutevidence la relation entre la performance financiegravere et la performance sociale qui esquisse une typologie des IMF en 4 cateacutegories

La premiegravere cateacutegorie rassemble 13 IMF (sur un eacutechantillon total de 51) agrave la fois financiegraverement et socialement performantes Al Tadamun et Abyan sont drsquoune part les IMF les plus performantes socialement en srsquoorientant vers les tregraves pauvres et en ayant un impact positif sur les femmes (ciblage exclusif) et drsquoautre part les plus performantes financiegraverement en reacutealisant une certaine

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 101

rentabiliteacute en restant autosuffisantes financiegraverement et en ayant des personnels tregraves productifs (tableau 4) Ces IMF sont les plus performantes au regard des deux types de performances

Tableau 4 caracteacuteristiques des IMF les plus performantes

Source Composeacute par nos soins

La deuxiegraveme cateacutegorie identifie 14 IMF socialement mais non financiegraverement performantes comme SBACD NSBA et Aden Pour rester socialement performantes ces IMF doivent ecirctre financiegraverement performantes car une IMF qui vise un grand nombre de tregraves pauvres sans ecirctre financiegraverement viable ne peut pas subsister longtemps

La troisiegraveme cateacutegorie composeacutee de 18 IMF couvre les IMF qui ne sont ni socialement ni financiegraverement performantes FMFI-SYR AMC Al Majmoua et Al-thiqa par exemple ciblent une population non pauvre alors que Zakoura AMOS FMF et Jabal Al Hoss srsquointeacuteressent aux hommes pauvres sans pour autant atteindre la PF escompteacutee Ces IMF doivent reacuteexaminer leurs activiteacutes afin drsquoassurer leur survie

La quatriegraveme cateacutegorie concerne 6 IMF financiegraverement mais non socialement performantes Certaines reacutealisent une forte performance financiegravere tout en ciblant les femmes mais privileacutegient les non pauvres DEF et Alwatani par exemple touchent respectivement 5906 et 8526 des femmes non pauvres alors que Al Amana Ameen RYADA et MEMCO srsquointeacuteressent plus aux hommes qursquoaux femmes Ces IMF peuvent ameacuteliorer leur PS en srsquoorientant plus vers les pauvres et en particulier les femmes tout en gardant une PF acceptable

Al Amana par exemple est une ONG mature (creacuteeacutee en 1997 au Maroc) qui a commenceacute agrave reacutealiser un reacutesultat positif agrave partir de lrsquoanneacutee 2000 (graphique 2) Bien qursquoelle soit autosuffisante financiegraverement depuis 2000 et qursquoelle remplace un pourcentage eacuteleveacute de ses emprunts aux taux subventionneacutes par des capitaux leveacutes sur le marcheacute financier cette IMF demeure subventionneacutee Cela peut ecirctre expliqueacute par la baisse de son taux precircteur moyen (deacutebiteur) de 32 en 2002 agrave 15 en 2006 Cette IMF doit alors augmenter ce taux afin drsquoecirctre complegravetement indeacutependante des subventions

Les reacutesultats de lrsquoanalyse en coupe instantaneacutee illustrent les approches respectives des welfarists et des institutionalists Ainsi lrsquoarbitrage entre la PS et la PF est respectivement illustreacute par la deuxiegraveme cateacutegorie (14 IMF) et la

Indicateurs de la performance

sociale Indicateurs de la performance

financiegravere

Nom FE DEP PP ROA FSS

Al Tadamun 100 Tregraves pauvres 133 789 11125

Abyan 100 Tregraves pauvres 296 2154 18480

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

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200

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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

102 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

quatriegraveme cateacutegorie (7 IMF) cependant les 13 IMF de lrsquoeacutechantillon relevant de la premiegravere cateacutegorie montrent la compatibiliteacute des deux performances

Graphique 2 eacutevolution des emprunts aux conditions du marcheacute et aux taux subventionneacutes et du taux deacutebiteur

Source composeacute par nos soins

4 LES FACTEURS DEacuteTERMINANTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE ET DE LA PERFORMANCE FINANCIEgraveRE

41 Effet laquo statut institutionnel raquo

Pour exercer son activiteacute dans un cadre leacutegal lrsquoIMF doit se doter drsquoun statut de personne morale Selon le MIX les IMF sont classeacutees en six cateacute-gories des ONG (agrave but non lucratif) des coopeacuteratives de creacutedit des institutions financiegraveres non bancaires (IFNB) des banques des banques rurales (caisses villageoises) et autres Les objectifs de leur lancement les regravegles de leur fonctionnement et le comportement de leurs proprieacutetaires permettent de distinguer ces diffeacuterentes organisations

Conformeacutement agrave son appellation le statut des ONG est coheacuterent avec la mission de la microfinance (Boyeacute et al 2006) Ces organisations sont au contact des populations les plus deacutefavoriseacutees et les plus isoleacutees elles mettent lrsquoaccent sur leur mission sociale au-delagrave de leur performance financiegravere car elles sont enregistreacutees comme des organisations agrave but non lucratif Elles ne disposent pas de proprieacutetaires dans le sens conventionnel du terme Leurs fondateurs srsquoassocient pour offrir des biens et services agrave ceux qui deviendront membres de lrsquoorganisation ou de la collectiviteacute Elles peuvent deacutevelopper des activiteacutes commerciales servant leur objectif social mais personne nrsquoa le droit de recevoir de beacuteneacutefice celui-ci doit rester au sein de lrsquoONG pour lui permettre de poursuivre son activiteacute de transformation de ses ressources sous forme de petits

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

0

5

10

15

20

25

30

35

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Emprunts aux conditons du marcheacute (en millions MAD)

Emprunts aux taux subventionneacutes (en millions MAD)

Taux deacutebiteur moyen

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

REFERENCES

Banque mondiale 2008 Rapport sur la pauvreteacute au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Washington DC USA

Besley T Coate S 1995 laquo Group lending repayment incentives and social collateralrdquo Journal of Development Economics 46 1-18

Boyeacute S Hajdenberg J et Poursat C 2006 Le guide de la microfinance microcreacutedit et eacutepargne pour le deacuteveloppement Editions drsquoOrganisations Paris

Corneacutee S 2007 laquo Une proposition drsquoeacutevaluation conjointe des performances sociales et financiegraveres en microfinanceraquo Document de travail SPI 3 CERISE

Conning J 1990 ldquooutreach sustainability and leverage in monitored and peer-monitored lendingrdquo Journal of Development Economics 60 51-77

Counts A Zafar R Connor E 2006 ldquoFactors that Contribute to Exponential Growth Case Studies for Massive Outreach to the Poor and Poorestrdquo in Daley-Harris and Awimbo (Eds) 41-93

Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 103

creacutedits destineacutes aux plus pauvres ou il peut ecirctre reverseacute agrave des ONG ayant un but similaire

De mecircme les mutuelles ou les coopeacuteratives sont sans but lucratif et fondeacutees sur des principes drsquounion de solidariteacute et drsquoentraide mutuelle Elles sont geacutereacutees par leurs propres membres qui en sont les actionnaires et les proprieacutetaires chacun posseacutedant une part eacutegale aux autres Leur principal objectif est de collecter lrsquoeacutepargne qursquoelles transforment sous forme de creacutedits Lrsquoeacutepargne constitue dans ce cadre une partie de la garantie demandeacutee agrave lrsquoemprunteur Cependant la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoeacutepargne tend agrave orienter ces organisations vers les populations ayant une capaciteacute drsquoeacutepargne (agriculteurs commerccedilantshellip) en excluant dans une certaine mesure les populations tregraves pauvres

Les IFNB et les banques (y compris les banques rurales4caisses

villageoises) sont des socieacuteteacutes agrave capitaux priveacutes formeacutees par des investisseurs actionnaires qui fournissent des biens et des services et qui partagent les beacuteneacutefices qursquoelles reacutealisent

Les IFNB sont des eacutetablissements financiers qui offrent des services semblables agrave ceux drsquoune banque elles octroient des creacutedits mais ne collectent pas les deacutepocircts (sauf pour certaines drsquoentre elles) Elles sont soumises agrave des conditions de constitution du capital et elles sont controcircleacutees par une agence publique Ces institutions sont accreacutediteacutees sous une cateacutegorie distincte com-pagnies drsquoassurances eacutetablissements de creacutedit-bail et de leasing socieacuteteacutes financiegraveres et de participation etc Crsquoest la structure du capital qui deacutetermine lrsquoobjectif de ces institutions certaines ONG se transforment en IFNB pour amener plus de capitaux en fonds propres Ses premiers fondateurs partagent ou cegravedent le controcircle de lrsquoinstitution aux nouveaux actionnaires qui vont vraisemblablement fixer en prioriteacute leur objectif sur la mission financiegravere Afin de poursuivre la mission sociale dans lrsquoIFNB les premiers fondateurs de lrsquoONG doivent ecirctre actionnaires agrave hauteur de 20 agrave 30 dans la nouvelle institution car un problegraveme de gouvernance peut se manifester lorsqursquoil y a un eacutequilibre entre les deux objectifs social et financier (Drake et Rhyne 2002)

Contrairement aux IFNB qui ont des compeacutetences restreintes en termes de produits financiers (eacutepargne et creacutedit) les banques peuvent effectuer toutes les opeacuterations bancaires (eacutemission et gestion de moyens de paiement opeacuterations de virements de fonds internationauxhellip) Elles sont reacutegies par une loi bancaire qui exige des normes relatives agrave la qualiteacute du portefeuille et impose une regraveglementation stricte

Lrsquoobjectif principal des IFNB et des banques est la reacutealisation de beacuteneacutefices et la distribution des dividendes agrave leurs actionnaires Ces institutions seacutelectionnent leur clientegravele en ciblant leurs meilleurs clients auxquels elles accordent des financements plus eacuteleveacutes

4 Selon le MIX il srsquoagit des institutions bancaires ciblant les clients qui vivent et qui travaillent dans des zones non urbaines et qui sont en geacuteneacuteral engageacutees dans des activiteacutes agricoles

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

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6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

104 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Au regard de ces diffeacuterents statuts les ONG ont un avantage comparatif en ce qui concerne la capaciteacute agrave atteindre les plus pauvres (Dichter 1996) Les ONG sont-elles plus ou moins socialement performantes que les non ONG (coopeacuteratives IFNB et banques) dans la reacutegion MENA

Notre eacutechantillon est composeacute de 37 ONG 11 IFNB 1 banque 1 caisse villageoise et 1 coopeacuterative de creacutedit En remplaccedilant les IMF par leur statut institutionnel dans le plan 1-2 de lrsquoanalyse factorielle un effet laquo statut raquo apparaicirct et plus preacuteciseacutement un effet laquo ONG raquo (graphique 3) Lrsquoanalyse cluster montre un large regroupement des ONG socialement performantes (23 IMF sur 37) Les autres ONG dont lrsquoorientation est plutocirct sociale que financiegravere AMOS Zakoura FMF et Al Amana qui ciblent plus les hommes pauvres ainsi que Makhazoumi Asala Faten et ACAD qui srsquointeacuteressent deacutesormais plus aux femmes ne sont pas socialement performantes Le type de statut institutionnel influence alors lrsquoorientation de lrsquoIMF qui cible en prioriteacute des meacutenages au- dessous des deux seuils de pauvreteacute et qui vise un meilleur impact social Ces reacutesultats confirment bien lrsquoeffet laquo ONG raquo mis en avant par lrsquoapproche welfarists et identifieacute par les travaux de Corneacutee (2007) et de Gutierrez-Nieto et al (2005) dont les analyses recourent agrave une meacutethode diffeacuterente

Graphique 3 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo statut ONG raquo

42 Effet laquo acircge raquo

La microfinance comme toute activiteacute humaine est assujettie agrave un apprentissage Il semble logique de penser que plus une IMF mucircrit plus elle

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 105

acquiert de lrsquoexpeacuterience mieux elle parvient agrave geacuterer ses coucircts et agrave mettre en place de meilleurs meacutecanismes de gestion du risque et plus elle atteindra ses objectifs et par la suite elle sera plus performante socialement tout en eacutetant financiegraverement performante

Le laquo cycle de vie raquo de lrsquoIMF repreacutesente une voie ideacuteale pour atteindre lrsquoeacutequilibre financier et par la suite la peacuterenniteacute gracircce agrave la transformation drsquoune institution drsquoappui en une veacuteritable institution drsquointermeacutediation financiegravere en consideacuterant lrsquoaccegraves agrave lrsquoautonomie financiegravere comme une fonction deacutecroissante des subventions (Otero et Rhyne 1994 in Labie 1996) Ainsi au cours du cycle de vie de lrsquoIMF diffeacuterentes variables devraient eacutevoluer positivement le statut la clientegravele les sources de financement la meacutethodologie pour la prestation de services financiers la gestion financiegravere lrsquoautonomie et le personnel (Otero et Drake 1993 in Labie 1996 Counts et al 2006)

Graphique 4 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo acircge raquo

Les IMF matures de lrsquoeacutechantillon sont-elles plus ou moins performantes que les autres IMF

Selon le MIX une IMF est consideacutereacutee comme laquo mature raquo lorsqursquoelle a plus de 8 ans drsquoexistence laquo jeune raquo si elle a entre 5 et 8 ans et laquo naissante raquo si elle a moins de 5 ans Lrsquoeacutechantillon est composeacute alors de 34 IMF matures 11 jeunes et 6 naissantes Certaines IMF matures sont agrave la fois socialement et financiegraverement performantes alors que drsquoautres IMF ne le sont pas (graphique 4) 5 IMF sur un eacutechantillon de 34 IMF matures sont performantes uniquement dans la dimension financiegravere moins du quart le sont dans la dimension sociale

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

106 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

exclusivement et environ le tiers dans aucune dimension Neacuteanmoins il existe trois IMF exceptionnelles Abyan Lead Fondation et IDDA qui sont jeunes et qui ont reacuteussi agrave ecirctre performantes dans les deux dimensions Bien que ces trois IMF nrsquoaient pas attendu la maturiteacute pour ecirctre globalement performantes elles peuvent teacutemoigner du lien positif qui peut existe entre lrsquoacircge et la performance De plus certaines IMF naissantes comme Al rafah et REEF ne sont performantes dans aucune dimension alors que drsquoautres comme Aden et FINCA-Jor ne sont performantes que dans la dimension sociale Il est possible que ces IMF deviennent performantes dans les deux dimensions avec lrsquoancienneteacute Nos reacutesultats semblent confirmer alors la relation entre lrsquoacircge et la performance et par conseacutequent la possibiliteacute drsquoune compleacutementariteacute entre les deux approches des welfarists et des institutionalists avec lrsquoacircge de lrsquoIMF Cet effet positif de lrsquoacircge a eacuteteacute eacutegalement souligneacute par Paxton (2002) Olivares-Polonco (2005) et Cull et al (2006) mais contredit par Gutieacuterrez-Nieto et al (2007) Il est possible que la deacutefinition de la maturiteacute diffegravere drsquoun auteur agrave un autre et mecircme de celle de Benchmarking (MIX) qui demeure critiquable au Maroc par exemple une IMF est consideacutereacutee viable agrave partir de 5 ans et non pas 8 ans

Toutefois une question se pose pour les autres IMF de lrsquoeacutechantillon pourquoi Makhazoumi Ameen et Al Majmoua au Liban Asala ACAD PARC UNRWA et FATEN en Palestine ne sont-elles pas performantes bien qursquoelles soient matures

43 Effet laquo meacutethodologie de precirct raquo

Les IMF peuvent ecirctre classeacutees selon trois approches en matiegravere de precircts (Christen et al 1994) les precircts individuels les precircts aux groupes de solidariteacute et les precircts aux banques villageoises

Dans le cadre des precircts individuels un individu peut deacutecrocher un creacutedit srsquoil preacutesente des garanties suffisantes et ou srsquoil est recommandeacute par un client de lrsquoinstitution en qui elle a confiance Bien qursquoil soit tregraves risqueacute ce type de creacutedit repose sur un contrat agrave incitation implicite (incitation dynamique) qui est le refinancement de lrsquoemprunteur si celui-ci rembourse Ce contrat implicite est identique agrave celui entre une banque et un client (Tedeschi 2000 Egli 2004) qui repose sur deux hypothegraveses premiegraverement si lrsquoemprunteur fait deacutefaut il ne peut pas emprunter agrave nouveau deuxiegravemement en cas de remboursement lrsquoinstitution offre la possibiliteacute drsquoavoir accegraves agrave des precircts plus importants

Le precirct aux groupes de solidariteacute est un regroupement de precircts qui sont accordeacutes individuellement et directement de la part de lrsquoinstitution agrave chaque membre du groupe En revanche la garantie du remboursement fournie pour lrsquoensemble de ces precircts est collective si un membre ne parvient pas agrave rembourser ce sont les autres membres qui doivent payer son precirct agrave sa place La garantie de remboursement geacuteneacuteralement appeleacutee laquo caution solidaire raquo est constitueacutee par cette forte pression sociale qui srsquoexerce sur les membres du groupe et qui les incite agrave honorer leur engagement et agrave se surveiller entre eux

Par ailleurs le precirct au groupe est plus avantageux que le precirct individuel (Stiglitz 1990 Conning 1990 Besley et Coate 1995 De Aghion et

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

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6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 107

Morduch 2000) en termes de performance Drsquoune part les rocircles de seacutelection et de surveillance (monitoring) sont transfeacutereacutes du precircteur au groupe solidaire alors qursquoils sont du ressort du precircteur dans le cadre drsquoun precirct individuel Le groupe solidaire permet alors de reacuteduire les coucircts engendreacutes par lrsquointermeacutediation Drsquoautre part la responsabiliteacute commune dans le precirct au groupe affecte la disposition des agents agrave rembourser car une sanction sociale peut ecirctre appliqueacutee par le groupe au membre deacutefaillant De plus les membres du groupe vont exercer des activiteacutes diffeacuterentes dont les rendements et les risques ne sont pas a priori correacuteleacutes Contrairement au precirct individuel le meacutecanisme du groupe solidaire induit une reacuteduction du risque de deacutefaut par de simples processus drsquoincitation au remboursement et de diversification

Les institutions qui octroient des precirct de groupe sont plus performantes socialement que celles qui octroient du precirct individuel car elles arrivent agrave cibler une large clientegravele agrave travers de leurs groupes qui sont constitueacutes geacuteneacuteralement de 3 agrave 10 personnes

Graphique 5 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo precirct solidaireraquo

A la diffeacuterence du precirct aux groupes de solidariteacute les precircts aux banques villageoises sont octroyeacutes agrave un groupe de plus de 10 personnes Ce dernier type de precirct est pratiqueacute par une seule IMF de notre eacutechantillon Jabal Al Hoss Toutefois les precircts individuels et solidaires sont accordeacutes par lrsquoensemble des IMF de lrsquoeacutechantillon en mecircme temps et les proportions de ces deux types de precirct changent drsquoune IMF agrave une autre En revanche 26 IMF sur 50 octroient principalement des precircts solidaires dont 11 IMF sont agrave la fois socialement et

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

108 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

financiegraverement performantes et 12 IMF sont socialement performantes (graphique 5)

Un effet laquo precirct solidaire raquo a eacuteteacute identifieacute ce qui renforce bien cette innovation technique mise en avant par les welfarists Cependant lrsquoimpact des precircts individuels sur la performance des IMF est neacutegatif dans les deux dimensions sociale et financiegravere pregraves des deux tiers des IMF qui octroient des precircts individuels ne sont ni financiegraverement ni socialement performantes La plupart des travaux qui ont eacutetudieacute lrsquoimpact de la meacutethodologie de precirct sur la performance des IMF (Cull et al 2007 De Aghion et Morduch 2005 Mersland et Oustein Strom 2009) ont montreacute que le precirct solidaire a un impact positif sur la PS et neacutegatif sur la PF de lrsquoIMF et vice-versa pour le precirct indi-viduel Nos reacutesultats srsquoeacutecartent de ces travaux sur deux points aucune relation nrsquoexiste entre le precirct individuel et la performance et une influence positive du precirct solidaire se manifeste non seulement sur la PS mais aussi sur la PF de lrsquoIMF

44 Effet laquo zone drsquointervention raquo

Historiquement afin de pallier la deacuteficience des banques commerciales en zone rurale les IMF ont eacuteteacute encourageacutees agrave intervenir dans ces zones ougrave la majoriteacute de la pauvreteacute mondiale se trouve Cependant la pauvreteacute a eacuteteacute aussi observeacutee dans les zones urbaines Deacutes lors que les IMF sont reacuteparties dans toutes les zones il importe de distinguer entre les IMF opeacuterant en zone rurale et celles opeacuterant en zone urbaine Les IMF en zone rurale visent les petits paysans ou les personnes posseacutedant une petite activiteacute de transformation alimentaire ou un petit commerce plus preacuteciseacutement les tregraves pauvres (1$ par jour et par personne) et sont confronteacutees agrave trois difficulteacutes La premiegravere difficulteacute est la faible capaciteacute de la population des zones rurales agrave inteacutegrer les meacutecanismes drsquoeacutepargne et de creacutedit moneacutetaires La deuxiegraveme difficulteacute est que cette popu-lation est constitueacutee drsquoagriculteurs soumis agrave lrsquoinstabiliteacute et aux aleacuteas de la production agricole qui peuvent engendrer un taux de remboursement faible La troisiegraveme difficulteacute est que les charges drsquoexploitation des IMF rurales sont naturellement plus eacuteleveacutees en raison de la dispersion geacuteographique de leurs clients

Dans les IMF urbaines le coucirct par emprunteur est plus faible et la productiviteacute du personnel est plus eacuteleveacutee car dans ces zones la clientegravele est plus concentreacutee et diversifieacutee petits commerccedilants prestataires de services artisans vendeurs de rue et les tregraves pauvres demeurent faiblement desservis agrave cause de lrsquoeacuteloignement des implantations de ces IMF

La plupart des IMF de notre eacutechantillon interviennent dans le milieu rural et urbain en mecircme temps 24 des 45 IMF interviennent majoritairement dans le milieu urbain Pregraves de la moitieacute de ces IMF sont financiegraverement performantes et plus de la moitieacute est socialement performante cela peut ecirctre expliqueacute par la diversification de leurs portefeuilles de dettes et drsquoactifs en intervenant aussi dans des zones rurales Lrsquointervention majoritaire dans des zones urbaines ne constitue pas alors un frein agrave lrsquoatteinte de la performance sociale

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 109

Bien que lrsquointervention en milieu rural doive ecirctre un facteur deacuteterminant de la performance sociale 15 IMF sur 21 IMF intervenantes majoritairement en milieu rural (ACAD PARC Faten et Asala en Palestine Al Majmoua au Liban FMFI-SYR et Jabal Al Hoss en Syrie et AMOS et Zakoura au Maroc) nrsquoont pas reacuteussi agrave atteindre cette performance Pourquoi les plus pauvres sont-ils alors marginaliseacutes par ces IMF bien qursquoelles nrsquoaient pas abandonneacute les reacutegions rurales

Selon lrsquoanalyse cluster nos reacutesultats confirment lrsquoeffet positif de ciblage drsquoune clientegravele urbaine non seulement sur la PF mais aussi sur la PS et confortent ainsi la preacutepondeacuterance de lrsquoapproche des institutionalists Par ailleurs Mersland et Oustein Strom (2009) soulignent cet effet sur le rendement du portefeuille (eacuteleveacute) de lrsquoIMF en lrsquoexpliquant par les meilleures opportuniteacutes daffaires offertes par les zones urbaines par rapport aux zones rurales

45 Effet laquo transparence informationnelle raquo

Dans la litteacuterature comptable et financiegravere les entreprises performantes sont les plus transparentes car elles sont inteacuteresseacutees agrave reacuteveacuteler les conditions de leur reacuteussite Ce raisonnement peut ecirctre eacutetendu agrave la microfinance et la question se pose alors les IMF les plus performantes sont-elles alors les plus trans-parentes Les IMF ont besoin de publier des informations fiables autant pour leurs responsables que vis-agrave-vis de bailleurs de fonds externes afin drsquoattirer des capitaux priveacutes Cette publication suivie drsquoune notation des IMF imposent une discipline du marcheacute au sein des IMF en reacuteveacutelant des nouvelles informations et en encourageant une meilleure gestion (Hartarska 2005)

Tableau 5 niveaux de transparence informationnelle

Niveaux Publications

Niveau 1 Informations geacuteneacuterales

Niveau 2 Niveau 1 et donneacutees sur la porteacutee sociale et lrsquoimpact (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 3 Niveaux 1-2 et donneacutees financiegraveres (au minimum 2 anneacutees conseacutecutives de donneacutees)

Niveau 4 Niveaux 1-3 et eacutetats financiers auditeacutes (au minimum 2 ans deacutetats financiers auditeacutes y compris les opinions et les notes des auditeurs)

Niveau 5 Niveaux 1-4 et donneacutees ajusteacutees (telles que les cotes deacutevaluationnotation lobligation de diligence et dautres analyses ou eacutetudes comparatives des benchmarking)

Source MIX (2008)

Pour ces raisons le MIX vise agrave promouvoir la transparence et lrsquoameacute-lioration des standards comptables des activiteacutes de microfinance agrave deacutevelopper un marcheacute de lrsquoinformation transparente pour lier les IMF agrave travers le monde avec les investisseurs et bailleurs de fonds et agrave favoriser les eacutechanges et les flux drsquoinvestissements Les agences de notation speacutecialiseacutees dans la notation des IMF (MicroRate Planet Rating Microfinanza Ratinghellip) sont aussi apparues ces derniegraveres anneacutees afin de combler le besoin drsquoune meilleure divulgation de linformation Contrairement aux agences de notation classiques qui notent le

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

110 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

taux de risque des dettes eacutemises les agences de notation de la microfinance notent la performance globale des IMF en termes de porteacutee sociale et de viabiliteacute financiegravere

Selon le MIX les niveaux de transparence de lrsquoinformation sont organiseacutes selon une eacutechelle de laquo diamants raquo Plus une IMF a de diamants plus elle est transparente par rapport agrave sa performance sociale et financiegravere (tableau 5)

Graphique 6 repreacutesentation de lrsquoeffet laquo transparence informationnelle raquo

Le plus haut niveau (cinq diamants) indique que lrsquoIMF a deacutejagrave mis sur le site ses eacutetats financiers auditeacutes et ses informations ajusteacutees cest-agrave-dire a publieacute ses eacutetats financiers auditeacutes les notations externes les eacutetudes de Benchmarking

5

et drsquoautres informations Plus du tiers des IMF de notre eacutechantillon ont atteint ce niveau dont la moitieacute sont performantes agrave la fois financiegraverement et socialement (graphique 6) Ces IMF qui sont auditeacutees et qui ont fait lrsquoobjet drsquoune notation sont encourageacutees agrave envoyer leurs rapports au MIX pour ecirctre mieux classeacutees Trois quarts des IMF performantes financiegraverement exclu-sivement comme Alwatani DEF RYADA et MEMCO sont classeacutees au quatriegraveme niveau de transparence Lrsquoobjectif premier de ces IMF est drsquoattirer des capitaux priveacutes La transparence gagne alors en importance au sein de la microfinance dont les institutions sont financiegraverement performantes pour que celles-ci puissent trouver des sources de financements externes et des inves-tisseurs agrave vocation commerciale et ainsi financer leur croissance

5 Ces eacutetudes srsquoappuient sur la comparaison des performances pour deacutevelopper la concurrence et lrsquoinnovation dans les IMF notamment en termes des meilleures pratiques

Reacutegion et Deacuteveloppement 111

46 Effet laquo pays raquo

Selon des eacutetudes anteacuterieures (Luzzi et Weber 2006 Gutieacuterrez-Nieto 2005) les IMF opeacuterant dans diffeacuterents pays sadaptent agrave lenvironnement dans lequel elles travaillent La localisation drsquoune IMF influe-t-elle sur la nature de sa performance sociale et financiegravere

Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

Ces diffeacuterences de performances sont dues non seulement agrave lrsquoheacuteteacute-rogeacuteneacuteiteacute des IMF au sein drsquoun mecircme pays mais principalement agrave lrsquoenviron-nement concurrentiel des IMF et aux effets macroeacuteconomiques (tableau 6) et politiques que lrsquoon observe dans ces divers pays Un effet laquo pays raquo peut ecirctre identifieacute et confirme bien les reacutesultats de Gutieacuterrez-Nieto et al (2005)

Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Lrsquoanalyse cluster identifie les pays dont les IMF sont performantes soit socialement soit financiegraverement ou les deux agrave la fois Bien que lrsquoeacutechantillon soit biaiseacute par un grand nombre des IMF drsquoEgypte (13) et par une seule IMF de Tunisie la plupart de ces IMF sont agrave la fois financiegraverement et socialement performantes contrairement agrave celles de la Palestine du Liban drsquoIrak ou de la Syrie Cependant toutes les IMF du Yeacutemen ne sont performantes que du point de vue de la dimension sociale alors que plus de deux IMF sur trois en Jordanie sont financiegraverement performantes

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Tableau 6 indicateurs macroeacuteconomiques des pays eacutetudieacutes en 2008

Source WDI (1998 2008) WGI (1998 2008) IPD6 (2009) et UNESCO (2008)

6 Institutional Profiles Database est une base de donneacutees sur les caracteacuteristiques institutionnelles de diffeacuterents pays en deacuteveloppement et deacuteveloppeacutes Ces caracteacuteristiques sont preacutesenteacutees par des indicateurs noteacutes de 1 (tregraves faible) agrave 4 (tregraves eacuteleveacute)

Pays Egypte Jordanie Liban Maroc Palestine Syrie Tunisie Yeacutemen Irak

Taux de croissance de la population (1998-2008)

183 184 0 102 292 276 106 276 235

Taux de croissance du RNB en PPA par tecircte (1998-2008)

488 649 4 565 (-411) 289 483 272 -

Population urbaine en 2008 ()

423 788 869 60 - 538 65 301 666

Alphabeacutetisation des adultes en 2008 ()

727 938 897 564 - 808 783 604 795

Instabiliteacute politique en 2008 ()

2290 3300 38 2910 710 267 54 570 04

Taux de croissance de lrsquoInstabiliteacute politique (1998-2008)

36 19 22 45 02 2 03 238 321

Solidariteacute institutionnelle en 2009

131 163 094 126 - 162 194 267 -

Solidariteacute traditionnelle en 2009

324 35 376 324 - 35 25 35 -

Concurrence au sein du systegraveme bancaire en 2009

2 3 3 2 - 1 3 4 -

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

REFERENCES

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

112 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Une forte solidariteacute institutionnelle assureacutee par lrsquoEtat et les institutions priveacutees couvre la population du Yeacutemen et explique la performance sociale des IMF Cependant pregraves des trois quarts de cette population se situent dans des zones rurales ougrave elle est geacuteographiquement disperseacutee et souffre drsquoanalphabeacute-tisme Cela reacuteduit la productiviteacute du personnel engendre des coucircts tregraves eacuteleveacutes des IMF situeacutees dans ces zones et limite la performance financiegravere des IMF De plus la faiblesse du controcircle de lrsquoautoriteacute gouvernementale le risque drsquoattentats terroristes et les troubles civils entre les groupes extreacutemistes les groupes tribaux les anciens combattants de la guerre civile au Yeacutemen Sud et les entiteacutes gouvernementales alimentent lrsquoinstabiliteacute de ce pays tant sur le plan politique que sur celui de la seacutecuriteacute

Le Maroc et la Tunisie disposent drsquoune leacutegislation speacutecifique pour le microcreacutedit qui permet aussi agrave la compeacutetition entre les IMF de se deacutevelopper dans un climat favorable En effet ces deux pays ont creacuteeacute une loi unique en 1999 pour les quelques IMF preacutesentes sur leur territoire Ces lois fixent le montant maximum des precircts le plafond des taux drsquointeacuterecirct deacutebiteurs et inter-disent la collecte des deacutepocircts En Tunisie les associations autoriseacutees agrave accorder le microcreacutedit beacuteneacuteficient de lrsquoexoneacuteration drsquoimpocirct sur les beacuteneacutefices drsquointeacuterecircts et de TVA lieacutes aux creacutedits et des primes drsquoinstallation et de fonctionnement par dossier de creacutedit Les IMF marocaines beacuteneacuteficient aussi drsquoune exoneacuteration fiscale sur 5 ans lrsquoatteinte de leur viabiliteacute ayant eacuteteacute fixeacutee agrave 5 ans Cependant cette regraveglementation au Maroc a des conseacutequences indeacutesirables et nuisibles sur certaines IMF comme AMSSFMC Zakoura et ARDI En lrsquoabsence de normes prudentielles eacutetablies et appliqueacutees et drsquoune centrale des risques la banque centrale estime que 40 des clients ont souscrit des precircts en 2008 dans au moins deux IMF Cette multiplication des precircts croiseacutes peut engendrer une deacutegradation de la qualiteacute du portefeuille et par conseacutequent reacuteduit la performance des IMF

La Jordanie est caracteacuteriseacutee par des IMF qui doivent faire le choix entre la finance islamique et la finance commerciale pour exercer leurs activiteacutes de precircts En conseacutequence ces IMF ne peuvent pas exploiter pleinement le potentiel du marcheacute

La microfinance nrsquoa pas pu se deacutevelopper normalement en Palestine au Liban et en Irak dont lrsquoenvironnement politique est instable

En Palestine le RNB par habitant a baisseacute en moyenne de 41 de 1998 agrave 2008 ce qui tend agrave engendrer un nombre accru de pauvres La deuxiegraveme Intifada (2000-2005) a provoqueacute en Palestine drsquoimportants deacutegacircts et une grave crise eacuteconomique qui ont rendu lrsquoactiviteacute de creacutedit de plus en plus indispensable et en mecircme temps menacent la survie mecircme des IMF dans un contexte agrave haut risque

Au Liban apregraves une peacuteriode de stabiliteacute et de deacuteveloppement de la microfinance faisant suite agrave la fin de la guerre civile et le retrait drsquoIsraeumll du Liban-Sud en mai 2000 le conflit israeacutelo-libanais en juillet 2006 a causeacute de

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

REFERENCES

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

Reacutegion et Deacuteveloppement 117

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 113

profonds dommages aux IMF du Liban-Sud et a accentueacute la solidariteacute traditionnelle assureacutee par les familles et les institutions locale informelles

En Irak la violence contre les forces de la coalition a rapidement conduit

agrave une guerre asymeacutetrique entre les insurgeacutes larmeacutee ameacutericaine et le nouveau gouvernement irakien Cette violence demeure et constitue un frein important au deacuteveloppement du secteur de la microfinance Pour ces trois pays lrsquoabsence du cadre reacuteglementaire et drsquoaide gouvernementale a renforceacute les dommages et deacutecourageacute les opeacuterateurs et les organisations internationales de soutenir ces IMF

En Syrie le secteur bancaire est tregraves peu deacuteveloppeacute lrsquoaccegraves aux services financiers est tregraves limiteacute et le microcreacutedit est demeureacute longtemps quasi inexistant Neacuteanmoins lrsquoactiviteacute de microfinance a deacutemarreacute reacutecemment dans les zones rurales gracircce agrave lUnited Nation Development Program (UNDP) Les IMF FMFI-SYR et Jabal Al Hoss ont eacuteteacute creacuteeacutees respectivement en 2003 et en 2000 et il est possible que la faiblesse de leur performance sociale et financiegravere en 2008 soit due agrave un effet laquo acircge raquo ou agrave un effet laquo regraveglementation raquo (Annexe 5)

CONCLUSION

Les reacutesultats de cette eacutetude renvoient aux approches respectives des welfarists et des institutionalists en identifiant des IMF socialement performantes des IMF financiegraverement performantes et enfin des IMF agrave la fois socialement et financiegraverement performantes Par delagrave lrsquoarbitrage entre ces deux performances une convergence possible existe pour certaines IMF de la reacutegion MENA et principalement pour les IMF eacutegyptiennes Diffeacuterents facteurs externes et internes dont certains sont soutenus par les institutionalists et les welfarists deacuteterminent cette convergence Les facteurs internes agrave lrsquoIMF sont drsquoune part drsquoordre social relatifs agrave la porteacutee sociale et agrave lrsquoimpact (precircts solidaires incitations dynamiques) et drsquoautre part drsquoordre financier relatifs agrave la rentabiliteacute la productiviteacute du personnel et lrsquoautosuffisance financiegravere Les autres facteurs externes sont le statut institutionnel lrsquoacircge la transparence informationnelle et les effets macroeacuteconomiques regraveglementaires et politiques des pays Cependant ce dernier effet (pays) demeure le facteur preacutedominant qui explique la non performance de certaines IMF Drsquoautres facteurs identifieacutes dans drsquoautres travaux avec des meacutethodes drsquoanalyses diffeacuterentes ont eacuteteacute testeacutes sur lrsquoeacutechantillon Ces facteurs apparaissent soit correacuteleacutes entre eux soit non significatifs Le statut juridique (regraveglementation) des IMF est heacuteteacuterogegravene et il varie selon le statut institutionnel et les pays des IMF de la reacutegion MENA ce qui explique le lien neacutegatif entre la regraveglementation et la performance pour la plupart des IMF Aucune relation nrsquoapparait entre les zones drsquointervention (rurales vs urbaines) le precirct individuel et la performance des IMF cela peut ecirctre ducirc agrave lrsquointervention simultaneacutee de la plupart des IMF dans les deux zones et agrave la diversification des portefeuilles de precirct En consideacuterant ces facteurs comme des variables continues des relations avec la performance peuvent se reacuteveacuteler agrave lrsquoeacutetude de leurs eacutevolutions dans le temps

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

Reacutegion et Deacuteveloppement 117

Cull R Demirguc-Kunt A Morduch J 2006 ldquoFinancial performance and outreach a global analysis of leading microbanksrdquo Policy Research Working Paper Series 3827 The World Bank

Daley-Harris S 2004 State of the Microcredit Summit Campaign Report 2004 Microcredit Summit Campaign Washington DC USA

Daley-Harris S and Awimbo A (Eds) 2006 More Pathways out of Poverty Kumarian Press

De Aghion BA Morduch J 2005 ldquoThe Economics of Microfinancerdquo MIT Press

Dichter T W 1996 ldquoQuestioning the future of NGOs in microfinancerdquo Journal of International Development 8 (2) 259-269

Drake D Rhyne E (Eds) 2002 The Commercialization of Microfinance Accion International (Organization) Stylus Pub Llc

Egli D 2004 ldquoProgressive lending as an enforcement mechanism in microfinance programsrdquo Review of Development Economics 8 (4) 505-520

FEMIP 2008 A review of the economic and social impact of microfinance with analysis of options for the Mediterranean Region rapport final April European Investment Bank Luxembourg

Ghatak M and Guinnane T 1999 ldquoThe Economics of Lending with Joint Liability Theory and Practicerdquo Journal of Development Economics 60 195-228

Escofier B Pagegraves J 2008 Analyses factorielles simples et multiples

Objectifs meacutethodes et interpreacutetation Dunod 4egraveme

eacutedition

Gutieacuterrez-Nieto B Serrano-Cinca C Molinero C M 2005 laquo Microfinance Institutions and Efficiencyrdquo Omega International Journal of Management Science 35 131- 142

Gutieacuterrez-Nieto B Serrano-Cinca C Molinero C M 2007 ldquoSocial efficiency in microfinance institutionsrdquo Journal of the Operational Research Society November 1-16

Hamed Y 2004 Microcreacutedit et financement de la microentreprise au Maghreb Thegravese de Sciences eacuteconomiques Universiteacute Paris 12

IPD 2009 Institutional Profiles Database

Labie M 1996 laquo Perspective drsquoautonomie et peacuterennisation des systegravemes financiers raquo Revue Tiers-Monde 145 janvier - mars 85 - 97

Luzzi Ferro G Weber S 2006 ldquoMeasuring the performance of microfinance institutionsrdquo Microfinance and public policy 153-169 Palgrave MacMillan

118 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Mersland R Oslashystein Stroslashm R 2009 Performance and governance in microfinance institutions Journal of Banking and Finance vol 33 (4) 662-669

MicroRate amp Inter-American Development Bank 2003 laquo Indicateurs de Performance pour les Institutions de Microfinance raquo Guide Technique Sustainable Development Department Micro Small and Medium Enterprise Division Washington D C USA

Morduch J 1998 ldquoDoes Microfinance Really Help the Poor New Evidence from Flagship Programs in Bangladeshrdquo Working Papers 198 Princeton University

Morduch J 1999b ldquoThe Microfinance Promiserdquo Journal of Economic Literature XXXII 1569-1614

Morduch J 2000 ldquoThe microfinance schismrdquo World Development 28 (4) 617-629

MIX amp Sanabel 2008 Benchmarking microfinance 2006 wwwmixmbborg

MIX Market 2008 Microfinance Information Exchange wwwmixmarketorg

PlaNet finance wwwplanetfinancegrouporg

Ravallion M Chen S 2008 laquo The developing world is poorer than we thought but no less successful in the fight against poverty raquo Policy Research Working Paper 4703 World Bank Development Research Group

Olivares-Polanco F 2005 ldquoCommercializing Microfinance and Deepening

outreach Empirical Evidence from Latin Americardquo Journal of Microfinance 7 (2) 47-69

Soulama S 2005 ldquoMicrofinance pauvreteacute et deacuteveloppementrdquo Agence Universitaire de la Francophonie Archives contemporaines

Schreiner M 2001 ldquoSeven Aspects of Loan Sizerdquo Journal of Microfinance 3(2) 27-47

Servet JM 2009 laquo Responsabiliteacute sociale versus performances sociales en microfinance raquo Revue Tiers Monde 197 janvier-mars 2009 5-146

Stiglitz JE 1990 ldquoPeer Montoring and credit Marketsrdquo World Bank Economic Review 3 Septembre 351-366

Tedeschi AG 2006 ldquoHere today gone tomorrow can dynamic incentives make microfinance more flexiblerdquo Journal of development economics 80 84-105

UNESCO wwwportalunescoorg

Woller G M Dunford C Woodworth W 1999 ldquoWhere to microfinancerdquo International Journal of Economic Development 1 29-64

Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

114 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Les relations possibles entre PS et PF deacuteduites de notre analyse en coupe instantaneacutee peuvent indiquer un lien positif neacutegatif ou encore neutre Lrsquoexamen de ces relations selon une dimension temporelle et lrsquoeacutetude de lrsquointeraction de ces deux types de performances agrave lrsquoaide drsquoun modegravele agrave eacutequations simultaneacutees pourraient permettre drsquoapporter des reacuteponses aux questions suivantes la performance sociale est-elle lrsquoorigine ou la conseacutequence de la performance financiegravere et comment interagissent-elles Les IMF deviennent-elles plus ou moins socialement et financiegraverement performantes avec le temps

ANNEXE 1 Les 11 principes cleacutes de la microfinance adopteacutes

par les leaders du G8 (Group of Eight)

1- Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de precircts 2- La microfinance est un instrument puissant de lutte contre la pauvreteacute 3- La microfinance est le moyen de mettre des systegravemes financiers au service des pauvres 4- Il est neacutecessaire drsquoassurer la viabiliteacute financiegravere des opeacuterations pour pouvoir couvrir un grand nombre de pauvres 5- La microfinance implique la mise en place drsquoinstitutions financiegraveres locales permanentes 6- Le microcreacutedit nrsquoest pas toujours la solution 7- Le plafonnement des taux drsquointeacuterecirct peut nuire agrave lrsquoaccegraves des pauvres aux services financiers 8- Les pouvoirs publics doivent faciliter la prestation de services financiers mais non les fournir directement 9- Les financements bonifieacutes des bailleurs de fonds doivent compleacuteter les capitaux du secteur priveacute ils ne doivent pas les remplacer 10- Le manque de capaciteacutes institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle 11- Lrsquoimportance de la transparence des activiteacutes financiegraveres et des services drsquoinformation Source GGAP (2004)

ANNEXE 2 Preacutesentation de lrsquoeacutechantillon eacutetudieacute en 2008

Pays Egypte Jordanie Maroc Tunisie Yeacutemen Liban Palestine Syrie Irak Total

Nombre drsquoIMF

13 7 9 1 6 3 8 2 2 51

Noms des IMF ayant reacutepondu au question-naire

ABA NSBA Al Tadamun DBACD Lead Foundation ASBA FMF

DEF MFW MEMCO Alwatani

AMOS AMSSFMC ARDI FBPMC INMAA Zakoura

Aden

Al Majmoua Ameen Makhzoumi

Asala FATEN UNRWA RYADA REEF

Taux de reacuteponse

7 4 6 0 1 3 5 0 0 26

Noms des IMF nrsquoayant pas reacutepondu au question-naire

SBACD RADE CEOSS ESED ABWA IDDA

AMC Tamweelcom FINCA-Jor

Al Amana Al Karama FONDEP

Enda

NMF Al-Awael Azal Abyan SFSD

ACAD Al rafah PARC

FMFI-SYR Jabal Al Hoss

Al- thiqa CHF- Irak

Taux de non reacuteponse

6 3 3 1 5 0 3 2 2 25

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

REFERENCES

Banque mondiale 2008 Rapport sur la pauvreteacute au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Washington DC USA

Besley T Coate S 1995 laquo Group lending repayment incentives and social collateralrdquo Journal of Development Economics 46 1-18

Boyeacute S Hajdenberg J et Poursat C 2006 Le guide de la microfinance microcreacutedit et eacutepargne pour le deacuteveloppement Editions drsquoOrganisations Paris

Corneacutee S 2007 laquo Une proposition drsquoeacutevaluation conjointe des performances sociales et financiegraveres en microfinanceraquo Document de travail SPI 3 CERISE

Conning J 1990 ldquooutreach sustainability and leverage in monitored and peer-monitored lendingrdquo Journal of Development Economics 60 51-77

Counts A Zafar R Connor E 2006 ldquoFactors that Contribute to Exponential Growth Case Studies for Massive Outreach to the Poor and Poorestrdquo in Daley-Harris and Awimbo (Eds) 41-93

Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

Reacutegion et Deacuteveloppement 117

Cull R Demirguc-Kunt A Morduch J 2006 ldquoFinancial performance and outreach a global analysis of leading microbanksrdquo Policy Research Working Paper Series 3827 The World Bank

Daley-Harris S 2004 State of the Microcredit Summit Campaign Report 2004 Microcredit Summit Campaign Washington DC USA

Daley-Harris S and Awimbo A (Eds) 2006 More Pathways out of Poverty Kumarian Press

De Aghion BA Morduch J 2005 ldquoThe Economics of Microfinancerdquo MIT Press

Dichter T W 1996 ldquoQuestioning the future of NGOs in microfinancerdquo Journal of International Development 8 (2) 259-269

Drake D Rhyne E (Eds) 2002 The Commercialization of Microfinance Accion International (Organization) Stylus Pub Llc

Egli D 2004 ldquoProgressive lending as an enforcement mechanism in microfinance programsrdquo Review of Development Economics 8 (4) 505-520

FEMIP 2008 A review of the economic and social impact of microfinance with analysis of options for the Mediterranean Region rapport final April European Investment Bank Luxembourg

Ghatak M and Guinnane T 1999 ldquoThe Economics of Lending with Joint Liability Theory and Practicerdquo Journal of Development Economics 60 195-228

Escofier B Pagegraves J 2008 Analyses factorielles simples et multiples

Objectifs meacutethodes et interpreacutetation Dunod 4egraveme

eacutedition

Gutieacuterrez-Nieto B Serrano-Cinca C Molinero C M 2005 laquo Microfinance Institutions and Efficiencyrdquo Omega International Journal of Management Science 35 131- 142

Gutieacuterrez-Nieto B Serrano-Cinca C Molinero C M 2007 ldquoSocial efficiency in microfinance institutionsrdquo Journal of the Operational Research Society November 1-16

Hamed Y 2004 Microcreacutedit et financement de la microentreprise au Maghreb Thegravese de Sciences eacuteconomiques Universiteacute Paris 12

IPD 2009 Institutional Profiles Database

Labie M 1996 laquo Perspective drsquoautonomie et peacuterennisation des systegravemes financiers raquo Revue Tiers-Monde 145 janvier - mars 85 - 97

Luzzi Ferro G Weber S 2006 ldquoMeasuring the performance of microfinance institutionsrdquo Microfinance and public policy 153-169 Palgrave MacMillan

118 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

Mersland R Oslashystein Stroslashm R 2009 Performance and governance in microfinance institutions Journal of Banking and Finance vol 33 (4) 662-669

MicroRate amp Inter-American Development Bank 2003 laquo Indicateurs de Performance pour les Institutions de Microfinance raquo Guide Technique Sustainable Development Department Micro Small and Medium Enterprise Division Washington D C USA

Morduch J 1998 ldquoDoes Microfinance Really Help the Poor New Evidence from Flagship Programs in Bangladeshrdquo Working Papers 198 Princeton University

Morduch J 1999b ldquoThe Microfinance Promiserdquo Journal of Economic Literature XXXII 1569-1614

Morduch J 2000 ldquoThe microfinance schismrdquo World Development 28 (4) 617-629

MIX amp Sanabel 2008 Benchmarking microfinance 2006 wwwmixmbborg

MIX Market 2008 Microfinance Information Exchange wwwmixmarketorg

PlaNet finance wwwplanetfinancegrouporg

Ravallion M Chen S 2008 laquo The developing world is poorer than we thought but no less successful in the fight against poverty raquo Policy Research Working Paper 4703 World Bank Development Research Group

Olivares-Polanco F 2005 ldquoCommercializing Microfinance and Deepening

outreach Empirical Evidence from Latin Americardquo Journal of Microfinance 7 (2) 47-69

Soulama S 2005 ldquoMicrofinance pauvreteacute et deacuteveloppementrdquo Agence Universitaire de la Francophonie Archives contemporaines

Schreiner M 2001 ldquoSeven Aspects of Loan Sizerdquo Journal of Microfinance 3(2) 27-47

Servet JM 2009 laquo Responsabiliteacute sociale versus performances sociales en microfinance raquo Revue Tiers Monde 197 janvier-mars 2009 5-146

Stiglitz JE 1990 ldquoPeer Montoring and credit Marketsrdquo World Bank Economic Review 3 Septembre 351-366

Tedeschi AG 2006 ldquoHere today gone tomorrow can dynamic incentives make microfinance more flexiblerdquo Journal of development economics 80 84-105

UNESCO wwwportalunescoorg

Woller G M Dunford C Woodworth W 1999 ldquoWhere to microfinancerdquo International Journal of Economic Development 1 29-64

Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

Reacutegion et Deacuteveloppement 115

ANNEXE 3 Ratio drsquoautosuffisance financiegravere

Selon le MicroBanking Bulletin (MBB) le FSS se calcule de la faccedilon suivante

esCE) ajusteacuteDNPPI(CF

sPF ajusteacuteFSS

PF produits financiers ajusteacutes du coucirct de lrsquoinflation CF charges financiegraveres ajusteacutees du coucirct de lrsquoinflation et du coucirct des fonds subventionneacutees DNPPI dotations nettes aux provisions pour precircts irreacutecouvrables ajusteacutees de diffeacuterents ratios de portefeuille agrave risque (PAR agrave plus de 91-180-365 jours) CE charges drsquoexploitation ajusteacutees des subventions en nature concernant le personnel le loyer le transport les mateacuteriels et les fournitures etc La structure des coucircts drsquoune IMF a tendance agrave suivre lrsquoeacutevolution de lrsquoinflation ce qui oblige agrave une eacutevolution semblable au niveau de la valeur nominale de revenus LrsquoIMF doit faire payer alors le coucirct de lrsquoinflation agrave lrsquoemprunteur agrave travers un taux drsquointeacuterecirct suffisamment eacuteleveacute pour geacuteneacuterer les profits neacutecessaires agrave lrsquoaccroissement de la valeur de son patrimoine Cependant les taux drsquoinflation des pays de la reacutegion MENA sont faibles en 2007 et aucun ajustement du coucirct de lrsquoinflation nrsquoa eacuteteacute effectueacute Etant donneacute que les diffeacuterents ratios de PAR et les subventions en nature nrsquoont pas eacuteteacute comptabiliseacutees pour la plupart des IMF de notre eacutechantillon seul lrsquoajustement du coucirct des fonds subventionneacutes a eacuteteacute reacutealiseacute En effet il srsquoagit drsquoun coucirct suppleacutementaire qui a eacuteteacute rajouteacute pour tout endettement agrave un taux drsquointeacuterecirct inferieur agrave celui du marcheacute Ce coucirct est eacutegal agrave la diffeacuterence entre les charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute et les charges drsquointeacuterecircts aux taux subventionneacutes Mais la deacutetermination du taux du marcheacute agrave appliquer deacutepend du choix du mode de financement des IMF qui puisse remplacer les fonds subventionneacutes les taux applicables peuvent ecirctre alors le taux de creacutedit interbancaire le taux moyen des deacutepocircts dans les banques commerciales le taux drsquointeacuterecirct principal sur les creacutedits commerciaux hellip En lrsquoabsence de donneacutees deacutetailleacutees pour la plupart des IMF de lrsquoeacutechantillon nous avons recouru agrave des approximations fondeacutees sur les hypothegraveses qui suivent Hypothegravese 1 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF sur ses dettes est un taux moyen deacutetermineacute en divisant le total des charges financiegraveres par lrsquoensemble des dettes de lrsquoIMF Hypothegravese 2 le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF si elle nrsquoavait pas accegraves aux fonds subventionneacutes est le taux sur les deacutepocircts7 (deposit rate) de la base de donneacutees du FMI Hypothegravese 3 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est infeacuterieur ou eacutegal au taux sur les deacutepocircts les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux concessionnels Lrsquoajustement est eacutegal agrave la diffeacuterence entre ces deux taux drsquointeacuterecirct multiplieacute par les dettes Hypothegravese 4 si le taux drsquointeacuterecirct payeacute par lrsquoIMF est supeacuterieur au taux du marcheacute les dettes de lrsquoIMF sont agrave taux commerciaux Aucun reacuteajustement nrsquoest effectueacute car lrsquoIMF a des dettes commerciales Le montant des charges drsquointeacuterecircts aux taux du marcheacute est obtenu alors en multipliant le total des dettes de lrsquoIMF par le taux sur les deacutepocircts Les charges financiegraveres payeacutees par lrsquoIMF repreacutesentent celles des dettes agrave taux concessionnels

ANNEXE 4 Preacutesentation des valeurs propres

7 MicroBanking Bulltein emploie ce type de taux sur les deacutepocircts comme coucirct theacuteorique du marcheacute

Numeacutero Valeur propre Pourcentage Pourcentage cumuleacute

1 04301 3072 3072 2 03100 2214 5286 3 02527 1812 7098 4 01568 1120 8218 5 01388 991 9209

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

REFERENCES

Banque mondiale 2008 Rapport sur la pauvreteacute au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Washington DC USA

Besley T Coate S 1995 laquo Group lending repayment incentives and social collateralrdquo Journal of Development Economics 46 1-18

Boyeacute S Hajdenberg J et Poursat C 2006 Le guide de la microfinance microcreacutedit et eacutepargne pour le deacuteveloppement Editions drsquoOrganisations Paris

Corneacutee S 2007 laquo Une proposition drsquoeacutevaluation conjointe des performances sociales et financiegraveres en microfinanceraquo Document de travail SPI 3 CERISE

Conning J 1990 ldquooutreach sustainability and leverage in monitored and peer-monitored lendingrdquo Journal of Development Economics 60 51-77

Counts A Zafar R Connor E 2006 ldquoFactors that Contribute to Exponential Growth Case Studies for Massive Outreach to the Poor and Poorestrdquo in Daley-Harris and Awimbo (Eds) 41-93

Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

Reacutegion et Deacuteveloppement 117

Cull R Demirguc-Kunt A Morduch J 2006 ldquoFinancial performance and outreach a global analysis of leading microbanksrdquo Policy Research Working Paper Series 3827 The World Bank

Daley-Harris S 2004 State of the Microcredit Summit Campaign Report 2004 Microcredit Summit Campaign Washington DC USA

Daley-Harris S and Awimbo A (Eds) 2006 More Pathways out of Poverty Kumarian Press

De Aghion BA Morduch J 2005 ldquoThe Economics of Microfinancerdquo MIT Press

Dichter T W 1996 ldquoQuestioning the future of NGOs in microfinancerdquo Journal of International Development 8 (2) 259-269

Drake D Rhyne E (Eds) 2002 The Commercialization of Microfinance Accion International (Organization) Stylus Pub Llc

Egli D 2004 ldquoProgressive lending as an enforcement mechanism in microfinance programsrdquo Review of Development Economics 8 (4) 505-520

FEMIP 2008 A review of the economic and social impact of microfinance with analysis of options for the Mediterranean Region rapport final April European Investment Bank Luxembourg

Ghatak M and Guinnane T 1999 ldquoThe Economics of Lending with Joint Liability Theory and Practicerdquo Journal of Development Economics 60 195-228

Escofier B Pagegraves J 2008 Analyses factorielles simples et multiples

Objectifs meacutethodes et interpreacutetation Dunod 4egraveme

eacutedition

Gutieacuterrez-Nieto B Serrano-Cinca C Molinero C M 2005 laquo Microfinance Institutions and Efficiencyrdquo Omega International Journal of Management Science 35 131- 142

Gutieacuterrez-Nieto B Serrano-Cinca C Molinero C M 2007 ldquoSocial efficiency in microfinance institutionsrdquo Journal of the Operational Research Society November 1-16

Hamed Y 2004 Microcreacutedit et financement de la microentreprise au Maghreb Thegravese de Sciences eacuteconomiques Universiteacute Paris 12

IPD 2009 Institutional Profiles Database

Labie M 1996 laquo Perspective drsquoautonomie et peacuterennisation des systegravemes financiers raquo Revue Tiers-Monde 145 janvier - mars 85 - 97

Luzzi Ferro G Weber S 2006 ldquoMeasuring the performance of microfinance institutionsrdquo Microfinance and public policy 153-169 Palgrave MacMillan

118 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

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Olivares-Polanco F 2005 ldquoCommercializing Microfinance and Deepening

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Reacutegion et Deacuteveloppement 119

FACTORS DETERMINING SOCIAL PERFORMANCE AND FINANCIAL PERFORMANCE OF MICRO FINANCE INSTITUTIONS

FROM THE MENA REGION A CROSS-SECTION ANALYSIS Abstract - Microfinance is gradually developing in the Middle East and North Africa (MENA) region through a variety of microfinance institutions (MFIs) and the goal of most of these institutions is to achieve the best performance which can be reached once an MFI is able to reconcile its social performance (SP) by reducing poverty and its financial performance (FP) by trying to be profitable and sustainable 1s there a trade-off between these two performances or are they compatible Following a cross-section factor analysis we examine the relationship between SP and FP on a sample of 51 MFIs in 9 selected countries of the MENA region There is no trade-off for some MFIs which achieve both performances the determinants vary according to the status (NGO vs non NGO) maturity credit methodology (collective vs individual) intervention areas (rural vs urban) level of information disclosure location and regulations of the countries wherein MFIs operate

116 Philippe Adair et Imegravene Berguiga

ANNEXE 5 Caracteacuteristiques des IMF

(statut reacuteglementation pays acircge meacutethodologie zones et transparence)

Les chiffres entre parenthegraveses indiquent le nombre des IMF

REFERENCES

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Nom des IMF Nombre des IMF

Statut (ONG Coop banques IFNB autres)

Reacuteglementation Pays Age Meacutethodologie de precirct

Zone drsquointervention

Transparence informationnelle

IMF socialement et financiegraverement performantes

Enda Al-Tadamun Abyan Lead Founadation DBACD ARDI Al Karama ESED FONDEP MFW Tamweelcom CEOSS IDDA

13

Non regraveglementeacutees (10) Regraveglementation favorable Maroc (2) Tunisie (1)

Egypte (7)

Matures (10)

Solidaire (11)

Rurale (6) Urbaine (6)

Niveau 5 (9)

IMF socialement mais non financiegraverement performantes SBACD INMAA NSBA ASBA RADE Aden Azal NMF ABWA FINCA-Jor Al-Awael ARDI AMSSF SFSD

14 ONG (12) Non regraveglementeacutees (10)

Yeacutemen (5) Egypte (5) Maroc(3)

Mature (8)

Solidaire (12)

Urbaine (7)

Niveau 4 (7)

IMF non socialement ni financiegraverement performantes

FMFI-SYR Al Majmoua REEF CHF-Irak AMC UNRWA Asala FATEN Makhazoumi RYADA PARC ACAD Al rafah Al-thiqa FMF Jabal Al Hoss Zakoura Ameen

18 ONG (11)

Non regraveglementeacutees (8) Regraveglementation moins favorable Egypte (1) Regraveglementation non favorable Liban (1) et Palestine (4) Irak (1)

Palestine (3) Liban (3) Syrie (2) Irak (2)

Matures (10)

Individuel (10)

Rurale (11)

Niveau 4 (7)

IMF financiegraverement mais non socialement performantes

Reacutegion et Deacuteveloppement 117

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