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Au sein de l'arméede terre/ le 2e régimentétranger d'infanterieoccupe une placeparticulière... celle d'unrégiment bien implanté/solide/ prêt à endécoudre/ une sortede « vieille garde »mise en réserve pourles coups durs.L'« esprit Légion » et lapuissance du régimentà sept compagniesde combat/ ce qui en faitle plus gros régimentd'infanterie de l'arméede terre/ vont bien sûrdans ce sens. Certainsy voient assurémentune force tranquille.

Texte et photos :Yves DEBAY

Curieusement, ce terme, pourtant élo-gieux, ne semble cependant guère satis-faire les cadres du régiment. Son chef decorps, le colonel Bras, nous déclarera à cepropos : « La force tranquille implique uncertain immobilisme qui ne convient pasau souci qu'a le 2e REI de se remettre sanscesse en cause et de travailler durensemble. A l'expression de force tranquille,je préfère nettement celle de sérénité dansl'accomplissement de la mission. »

Un légionnaire hongrois nous affirme :« On est ici pour le combat, on s'entraînepour, et la France sait qu'elle peut comp-

'À Un légionnaire du 2e REI vu en Macédoine. Depuis™ maintenant une dizaine d'années, les unités de la Légion ''

sont envoyées quasiment lors de chaque déploiement..y- extérieur. Et il est certain que les légionnaires seront aussi ?J

présents en Afghanistan au sein de l'opération Pamir.

Historique du 2e REI

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Créé en 1841, le 2e régiment étranger d'infanterieest d'abord engagé dans les opérations d'Algérie, deCrimée et d'Italie. Après sa fusion avec le 1er étran-ger, il se couvre de gloire au Mexique, le 30 avril 1863,au cours du fameux combat de Camerone.

Recréé en Algérie, ses bataillons font campagne enAfrique, en Extrême-Orient et à Madagascar. Entreles deux guerres mondiales, il prend part aux opéra-tions du Rif. Puis il se distingue pendant la guerred'Indochine, en particulier à Dien Bien Phu, où son1er bataillon est anéanti.

Il participe ensuite aux opérations d'Afrique du Nord.En 1976, il intervient à Djibouti, en 1978 au Tchad,en 1983 au Liban au sein de la force multinationalede sécurité. Il s'installe à Nîmes en 1983. Il effectuedans le cadre des relèves outre-mer des séjours

réguliers en République centrafricaine, à Djiboutià Mayotte et en Guyane.

En 1990, il participe à la libération du Koweït ausein de la division Daguet. A partir de 1992 com-mencent les actions de maintien de la paix sousl'égide de l'ONU. Le 2e REI est notamment enga-gé au Cambodge en 1993 au sein de l'APRO-NUC et à Sarajevo dans les rangs de la FOR-PRONU, puis au Rwanda en 1994 lors de l'opé-ration Turquoise. Le régiment a ensuite pris partaux opérations de la FRR en Bosnie en 1995,puis de la SFOR en 1996 et 1997.

Il a en outre été engagé dans quatre opéra-tions de protection de ressortissants : en 1990au Gabon, en 1993 au Zaïre, en 1996 àBangui, et en 1997 à Brazzaville. O

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ter sur nous, comme elle l'a fait avec nosanciens. » Aussi anachronique que celapuisse paraître, il y a encore des légion-naires qui s'engagent pour la France... telce Roumain qui ne cache pas l'estime qu'ila pour notre pays.

Immédiatement«projetâmes_» .

Il est vrai qu'avec le 2e REI, l'armée fran-çaise dispose d'un outil de choc, compo-sé de 1 300 soldats professionnels, immé-diatement « projetables », et cela sansaccord parlementaire1, ce qui permet deréduire les délais en cas de crise grave.Dans la période de crise des effectifs queconnaît l'armée de terre, le 2e REI est doncun outil de gestion de crise permanent etimmédiatement disponible, ce qui permetde l'engager en priorité afin de gagner lesdélais nécessaires pour faire monterd'autres renforts. Larmement est bien sûrconséquent et des plus modernes, ce quipermet au régiment d'être impliqué dansdes missions de combat de haute inten-sité comme ce fut le cas lors de la guerredu Golfe. C'est également dans cette confi-guration d'infanterie blindée prête au chocfrontal et dotée de puissants appuis quele 2e REI, au côté des mécanisés britan-niques du Devon & Dorset Régiment, faillitouvrir de force la route de Sarajevo, lorsde sa participation à la FRR en 1995.Depuis, la puissance de feu s'est encoreaccrue, gagnant en quantité mais aussien technicité. Le 2e REI peut mettre enœuvre ses différents systèmes d'armes,afin d'engager des cibles ennemies dansun vaste éventail de distances allant de300 m à 13 000 m.

C'est ainsi que l'on trouve pour une dis-tance d'engagement de 0 à 300 m : 1 200Famas et 150 pistolets automatiques ; de300 à 600 m : 36 LGI (lance-grenades indi-viduels), 39 Minimi, 108 ANF1 (mitrailleusesde 7,62 mm), 107 mitrailleuses cal. 50,39 postes de tir Eryx ; de 600 à 2 000 m :6 PGM (fusils de précision en 12,7 mm),18 postes de tir Milan ; de 2 000 à 13 000m : 6 mortiers de 81 mm, 6 mortiers de120mm, 16 VAB Mot.

Le colonel Bras aime à préciser : « Le2e REI, c'est avant tout l'infanterie blindée.Le régiment dispose d'un réel savoir-fairedéveloppé autour de la connaissance deson engin. Ce savoir-faire s'applique éga-lement en matière d'autonomie de combatet de vie de groupe dans l'engin. Tous ces

1.11 faut en théorie l'accord du Parlement pour enga-ger des soldats français en opération. La Légionétrangère échappe à cette règle.

Ci-contre.Macédoine, printemps 2001. Au sein de la

Task Force Harvest, te 2e REI va contribuer àréduire la crise ouverte par les affrontements

entre l'armée macédonienne et l'UCK.La tenue du soldat français en intervention

extérieure est résolument moderne, avec soncasque Spectra et son gilet pare-éclats.

Un équipement lourd, mais quia démontréson efficacité à Sarajevo.

A gauche.Depuis plus d'un siècle et demi, le 2e étrangerpartage la vie militaire de la France.Son drapeau est décoré de la Croix de guerreTOE avec trois palmes, de la Croix de guerre1939-1945 avec une palme et de la médaillede la ville de Milan.

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Ce VAB Hot vient de tirer un missile. Le 2e REI est le seulrégiment de la Légion à disposer de ce type d'armement

capable de détruire un char à 4 000 mètres.(Photo Adjudant Waller)

acquis vont bien sûr, à moyen terme, profiteral'élaboration étala mise en service du futur blin-dé de l'infanterie française : le VBCI. »

II est vrai que le 2e REI fut, au côté du3e RIMa, l'utilisateur pionnier du VAB durantla guerre du Golfe. Les photos de VAB prisesà l'époque montrent bien que les légionnairesavaient adapté leur monture à la situation etbien des aménagements pratiques améliorè-rent les conditions de vie des équipages. Lex-périence se poursuivit en Bosnie, où le « taxiblindé » de l'armée de terre connut des condi-tions d'engagement bien plus dures que dans

les sables du désert. La vie à bord d'un VABcorrespond parfaitement à P« esprit Légion »,fait de débrouillardise, d'un certain confort surle terrain et bien sûr d'une préparation méti-culeuse de la mission de combat.

Une partie de l'esprit de l'infanterie blindéelégionnaire se forge à la base dans le com-partiment de combat d'un VAB. Imaginez laforce et la souplesse de caractère qu'il faut àun groupe de combat comprenant des GV

polonais, hongrois et antillais, un tireur Mini-mi coréen, un radio belge, un pilote marocain,commandés par un caporal espagnol, pourvivre et combattre ensemble dans un espacerestreint. C'est dans ce type de contexte quel'on peut comprendre que la discipline et lesexercices de combat sont indispensables, maisque la camaraderie et l'ardeur au travail quiont toujours fait la Légion ont également unegrande importance.

Aux 135 VAB et 15 VBL qui représentent laforce de combat du régiment, s'ajoutent 25 P-4et une trentaine de camions. Le régiment eststructuré en une compagnie de commandementet de logistique (CCL), cinq compagnies decombat, une compagnie d'éclairage et d'appui,et une compagnie antichar. A ces unités demêlée s'ajoute la compagnie de base et d'ins-truction. Le plan Armée 2000 prévoit égalementla création d'une compagnie de réserve.

Les cinq compagnies de combat constituentbien entendu l'ossature et la force du régiment.Comme nous l'avons mentionné plus haut, le2e REI est la seule unité d'infanterie de l'ar-mée de terre dotée d'une compagnie de com-bat supplémentaire. La Légion ne connaît doncpas les problèmes d'effectifs rencontrés dansle reste de l'armée de terre, même si le com-mandement reste vigilant. Le capitaine Caus-sin, adjoint à la 4e compagnie de combat, nousaffirme : « La Légion veille avant toute la qua-lité de ses engagész. Le fantassin évolue, l'in-fanterie française effectue actuellement unbond technologique, aussi le légionnaire2. Un candidat sur cinq est retenu.

Ci-contre.Au cours de l'exercice Trident d'or, un cadre du2B REI assiste un Marine lors d'un tir au FR-F2.Les deux corps se vouent un respect mutuelqui date de la Première Guerre mondialeet qui fut entretenu par de nombreux exercicescommuns en Méditerranée.

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Ci-contre.Le Tchad est un pays appréciédes légionnaires pour les facilitésd'entraînement qu'il offre — ici durantl'opération Epervier.

Ci-contre.Equipée Milan vue lors de l'opération

Désert Shield, la phase défensivede la guerre du Golfe.

Ci-dessus.Eté 1993, Bosnie : la Légion tientun des premiers postes surle mont Igman.

Ci-contre.Patrouille dans un camp de réfugiés

lors de l'opération Turquoiseau Rwanda.

Ci-contre.Pour préparer le déploiement durégiment en Yougoslavie, le 2e REIeffectue un exercice grandeur nature« en s'emparant » de la villede Brignoles.

L'histoire récente du 2e REIL'histoire contemporaine du 2e REI commence

avec son passage sur VAB à la fin des annéesquatre-vingt. En 1990, le régiment est engagé auTchad dans le cadre de l'opération Epervier. Noma-disation, vie de poste et attente interminable d'unennemi mobile venu du désert rappellent l'épopéesaharienne de la Légion. A l'automne 1990, alorsque le régiment débarque en Arabie Saoudite pour"•5 joindre à la coalition alliée, deux compagnies

mt envoyées d'urgence au Gabon. L'opérationRequin y verra les légionnaires participer à la pro-tection des ressortissants occidentaux bloqués parles émeutes à Port-Gentil.

Le 23 janvier 1991 débute l'opération DésertStorm. Le 2e REI est en tète dans le secteur fran-çais et attaquera, avec 24 heures d'avance sur lereste des forces alliées, l'objectif Natchez, escar-pement rocheux dominant la frontière. Au côté destroupes de marine qui forment un groupement surl'axe Texas, le groupement Légion participe à l'avan-ce fulgurante de la division Daguet. En trois jours,

le 2e REI et le 1er REC, appuyés par les feux du11e RAMa, bousculent la 45e division irakienne ets'emparent de l'aéroport d'Aï Salman le 26 janvier.

Lannée 1992 voit le retour du régiment au Tchad.L'année suivante est importante pour le 2e REI quiabandonne le béret vert pour le bleu de l'ONU dansune première mission APRONUC au Cambodgeet surtout lors du premier engagement dansl'ex-Yougoslavie. A l'été de 1993, le 2e REI estla première unité de la FORPRONU à sortir del'aéroport pour établir des postes d'observation surle mont Igman.

La crise rwandaise va permettre à une compa-gnie en « tournante » au Tchad de participer àl'opération Turquoise durant l'été 1994.

1995 est pour le régiment l'époque du grand retouren ex-Yougoslavie dans le cadre de la FRR. Cettefois-ci, pas question de négocier, l'OTAN est prêteà en découdre afin de faire respecter les résolu-tions de l'ONU. Sur Igman, au côté des soldats bri-tanniques du Devon & Dorset. les légionnaires sont

prêts à ouvrir par la force la route de Sarajevo, tan-dis que la SML — la section de mortiers lourds, àl'époque la plus forte de l'armée de terre avec dou-ze pièces de 120 — pilonne les positions serbes.Le règlement de la crise sera diplomatique, maisle 2e REI a démontré qu'il était prêt à en découdreavec un adversaire mécanisé dans le cadre d'unconflit conventionnel.

On retrouve une compagnie du 2e REI sur l'aéro-port de Brazzaville où elle participe à l'opération Péli-can, brillante évacuation de ressortissants occiden-taux pris dans les combats entre différentes milices.

Après un nouveau séjour en Bosnie, les légion-naires retrouvent avec plaisir le Tchad en 1999-2000.

C'est ensuite un départ sur alerte pour la Macé-doine où, au côté des parachutistes anglais, le grou-pe de combat du 2e REI, qui comprend égalementdes éléments allemands et espagnols, collecte unepartie des armes de l'UCK lors de l'opération Mois-son essentielle en août 2001. Cette mission estsuivie d'un déploiement au Kosovo. O

Ci-contre.La SML prend position pour un tirde nuit lors de l'action de la FRRsur le mont Igman en 1995.

Ci-dessous.A ïaéroclub de Brazzaville, les légionnaires « font la tortue »

pour protéger des ressortissants évacués du centre-ville.

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Les légionnaires de la SAM détellent un mortierde 120 mm de son tracteur — en l'occurrence,un VAB utilisé dans le cadre du combat blindé.Le mortier de 120 peut également être tracté parune P-4 ou un VLRA pour les opérationsen Afrique. Il peut également être héliporté sous

, élingue ou placé en soute dans un Puma.

moderne se doit-il de suivre cette évolution.Le fantassin du 2e REI en 2002 est un com-battant équipé d'un système de transmissionindividuel PR-4G le mettant en liaison avecson chef de groupe. En cas de coup dur, il estformé pour le remplacer. Aussi faut-il desjeunes gens capables d'initiative et promptsà assimiler l'évolution technique qui va ame-ner le fantassin actuel au combattant FELIN. »

La compagnie de combat reste une forma-tion souple avec trois sections de combat, unesection d'appui et une section de comman-dement3.

Si la situation est largement satisfaisantedans les compagnies de combat, il n'en estpas de même à la CEA qui, de plus forte com-pagnie du régiment il y a quelques années,est en passe de devenir une compagnie sque-lettique. Pourtant, c'est avec ses appuis qu'unchef de corps « fait la guerre »...

De nos jours, la CEA compte une sectionde commandement, une section de recon-naissance (SRR) surVBL, une section Milanet une section d'appui mortier (SAM). C'est ladisparition de cette dernière, forte d'une doubledotation de six mortiers de 120 et 81, quirisque de réduire la puissance de feu du régi-ment. Le mortier de 120 mm, qui devrait pas-ser à l'artillerie4, avait largement fait sespreuves et, à l'époque de l'engagement de laFRR sur le mont Igman, le 2e REI était le seulrégiment d'infanterie à disposer d'une double

3. Pour les détails concernant l'organisation et l'arme-ment des compagnies de combat, lire le n° 183 deRAIDS.4. C'est principalement pour cause de professionnali-sation que les mortiers de 120 mm sont retirés de l'in-fanterie. Leur retrait au profit des artilleurs va permettreà ces derniers d'effectuer des « tournantes » outre-mer.On ne peut que regretter le refus de l'armée de terre,il y a quelques années, d'acquérir des Light Gun Giatde 105 mm. Une pièce légère de grande qualité quiaurait permis de muscler les unités dévolues aux inter-ventions extérieures sans priver de puissance de feules régiments d'infanterie.

SML (section de mortiers lourds). En Afriquecomme dans les Balkans, l'engagement des« 120 » était une forme de dissuasion à la dis-position immédiate du chef de corps... ce quipermettait de régler bien des problèmes. Letir d'un obus de 120 mm était également uneforme d'ultime avertissement avant l'engage-ment de moyens plus lourds.

Le débat sort du cadre de l'article, mais pri-ver l'infanterie de son « artillerie de poche »restera sans doute une décision qu'onespère ne pas avoir à regretter5.

La CEA devrait néanmoins s'étoffer avec lacréation d'une section sniper composée dequatre groupes PGM. Un groupe aligne quatre

5. Le retrait des mortiers de 120 au profit de l'artillerieva bien sûr libérer du personnel, ce qui arrange beau-coup de monde dans le contexte actuel pour comblerles tableaux d'effectifs. On peut simplement rappelerqu'à l'époque de la FAR et des grandes crises, ce sonttoujours des régiments d'artillerie (35e RAP, 11e RAMaou 69e RA) qui ont fourni les SML. Les personnels desSML d'infanterie servant alors comme fantassins pou-vant bien sûr basculer sur mortiers si nécessaire.

CCL Cie de commandementet de logistique

Section reco - 6 mortiers Orégimentaire de 120 mm - 3 VAB(SRR) - 6 mortiers ~ 6 Milan- 10VBL IN de 81 mm

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hommes commandés par un sous-officier. Sui-vant les circonstances, on y trouve deux PGMou un PGM et un FR-F2 et les observateurs.Comme pour les mortiers de 81 mm, la sec-tion sniper peut être rattachée pour emploi àune compagnie de combat.

Une richesse humaineUne des particularités du régiment est de

disposer d'une capacité antichar à longue por-tée grâce aux seize VAB Mot de la compagnieantichar6. Le capitaine Cardona, « patron » dela compagnie antichar, nous explique son orga-nisation et ses missions : « En cas de mis-sions conventionnelles dans un conflit de hau-te intensité, la CAO peut lancer en l'espaced'une minute 45 missiles Hot à 4 000 mètres.Pour cela, la compagnie dispose de cinqsections à trois VAB Hot. Ces sections vontpasser au nombre de quatre en récupérantnéanmoins un VAB Hot. »

A plus ou moins long terme, les VAB Hotsont condamnés par l'état-major qui ne leurtrouve plus d'utilité dans un monde dépourvude risque de conflit conventionnel. Un autresavoir-faire va disparaître7, et les VAB Hot vontsans doute mourir de leur belle mort.

La CEI, qui regroupe beaucoup des plusanciens du régiment, est en charge, non desmissions de combat, mais de la noble tâchedu soutien de l'homme au sein du régiment.Le côté instruction est occulté, puisque la

Ci-contre et ci-dessous.L'un des mortiers de 120 mm de la SAM (section

d'appui mortier) en action lors de l'exerciceTrident d'or 2001 en Sardaigne. La disparition

du mortier de 120 va affaiblir les régimentsd'infanterie français et les priver d'une partie

de leur puissance de feu dansla zone des 5-12 kilomètres.

Légion étrangère forme elle-même seshommes et ses cadres au 4e régiment étran-ger de Castelnaudary.

La sécurité interne, l'administration, la ges-tion de l'ordinaire et du casernement font par-tie du quotidien des légionnaires de la CBI.C'est également cette compagnie qui gèrel'Oasis, un des plus beaux foyers de l'arméefrançaise.

Les traditions, tant légionnaires que régi-mentaires, sont soigneusement entretenues ;Camerone le 30 avril et El Mounguar8 le 2 sep-tembre sont célébrées comme il se doit.

La richesse du régiment réside bien sûrdans ses hommes ; parmi eux, le caporal-chefCastosa, un solide Asturien, engagé en 1985et qui a fait toute sa carrière à la CEA. Il a biensûr connu tous les chefs de corps depuis lelégendaire colonel François9.

6. L'armée de terre dispose de cinq compagnies anti-chars au sein des 2e REI, 1er RT, 35e RI, 2e RIMa, RMT.

7. C'est l'ALAT qui assurera seule les missions anticharsà longue distance... en espérant qu'il fasse toujoursbeau et que les Gazelle, en attendant le Tigre, ne soientpas clouées au sol faute de pièces de rechange.

8. A El Mounguar, le 2 septembre 1903, 113 légion-naires de la 22e compagnie montée du 2e étranger com-battent pendant huit heures contre des dissidents maro-cains largement supérieurs en nombre. Deux officiers,dont le capitaine Vauchez, et 34 légionnaires sont tués,47 autres blessés.9. Peut-être le dernier chef de corps « ancienne Légion »,célèbre pour ses virées en ville tant avec les légionnairesqu'avec les cadres. A 5 heures du matin, il fallait néan-moins être prêts pour le service. Le colonel François futle chef de corps du 2e REI de 1985 à 1987. 17

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Le caporal-chef a manqué le Golfe pour rai-son de stage, mais il a « vécu » Sarajevo, unemission formidable où un chef de groupe avaitbeaucoup d'initiative, comme par exemple lorsdes escortes sur Gorazde. Le côté calme desvieilles troupes se révèle lorsqu'une roquettede 128 mm d'origine tchèque tombe sur l'aé-roport base du 2e BEI. « La section dormait, ons'est tous réveillés, on a regardé par ce quirestait de la fenêtre, et on s'est recouchés...pourtant, il y avait un blessé. »

Ci-dessus.Le Milan reste l'arme qui permet à la compagnie d'infanterie de se protéger contre les chars decombat dans les portées comprises entre 600 et 2 000 mètres. On trouve deux postes par compagnie,ainsi que trois VAB Milan à la section antichar de la CEA. Les missiles sont modernisés et le Milan 3est à même de percer n'importe quel blindage.

Page ci-contre.Un lieutenant donne ses instructions aux légionnaires lors d'un stage au CENTAC. C'est dans ce type

de contexte que les unités, trop souvent engagées dans des missions de service public ou dansdes opérations extérieures certes intéressantes mais statiques, réapprennent à manœuvrer.

Ci-dessous.Les « yeux » du régiment sont fournis par les quatre patrouilles de la section de reconnaissancerégimentaire (SRR) rattachée à la CEA. Cette unité opère sur VBL pour éclairer, renseigner ou jalonnerau profit du régiment. Un VAB de la SRR est vu ici lors d'un bouclage de zone pendant l'opérationMoisson essentielle en Macédoine.

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Ci-dessus, à gauche.Des légionnaires embarquent à bord d'un CH-53 de l'USMClors de l'exercice Trident d'or en Sardaigne. Ce type degrand exercice, de plus en plus rare, permet aux différentesarmées de l'OTAN de comparer leurs équipements et leursavoir-faire.

Ci-dessus.Un Eryx en position au CENTAC. Dans les courte

et moyenne distances, le 2e REI a suivi l'évolutiontechnologique de l'infanterie française et peut donc

se permettre d'engager, avec de grandes chancesde succès, n'importe quel type d'adversaire, de la simple

guérilla aux bataillons mécanisés.Ci-contre.L'entraînement et les exercices, même au plus bas niveau,ont toujours fait la force des troupes d'élite. Ici, leslégionnaires pratiquent un exercice de désengagement dezone minée lors de leur déploiement en Macédoine en 2001.

Bouar en République centrafricaine, le Tchad et sesnomadisations et Djibouti restent également de bonssouvenirs. Dans le langage propre à la Légion, le capo-ral-chef raconte l'opération Gondoria à la frontière entrel'Ethiopie et Djibouti : « Deux divisions éthiopiennes ontessayé de forcer le passage vers Djibouti. Ce n'était pascomme en Macédoine où on était 600 pour récupérer300 Kalash ; là on était 700 pour récupérer 12 000 armesd'infanterie, des mortiers et des RPG en nombre, sei-ze T-62 et des dizaines de ZU-23... »

II n'y a cependant aucune nostalgie dans ces pro-pos. La Légion évolue et le caporal-chef ne vit pas dansle passé. « En dix-sept ans, beaucoup de choses ontchangé... et surtout depuis la guerre du Golfe. Avanton crevait de froid, maintenant on est bien équipé, cequi permet de faire plus de choses, et les missionssont toujours intéressantes. On a eu d'excellents rap-ports avec la bandera espagnole lors de la dernièremission en Macédoine. »

Le lieutenant-colonel Hans Eberle est également unedes figures de la Légion étrangère. Il s'est engagé à dix-huit ans et a servi avec honneur et fidélité durant tren-te-sept années. Une carrière débutée comme simplelégionnaire et qui prendra fin l'année prochaine. Son plusbeau souvenir reste l'opération Daguet : « Daguet, c'esttoute la force de la Légion. Point de vue confort, nousn'avions rien. Juste des guitounes misérables, du sableet de la transpiration. Pourtant quelle foi nous animait !Nous ne voulions à aucun prix décevoir nos chefs et,malgré les conditions plutôt frustes, c'était toujours labonne humeur... La Légion, quelle richesse humajne ! »

De toutes les opérations extérieures au cours deces vingt dernières années, le 2e REI est, au sein desmeilleures unités de l'armée française, capable d'êtreprêt pour tout déploiement en quelques heures. O 21