0739-fiducius-marconis de negre-el panteon masonico
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Masoneria egipciaTRANSCRIPT
PREMIERE ÉDlTION.
LE
ANTIIEON MAC0NNIQUE
INSTRUCTION GÉNÉRALE POUR TOUS LES RITES
PAR \-
LE F. .. JACQUES-ÉTIENNE MARCONIS
G.". lu.'. s.". M. , DE LA L.°. 95.'.; soUv.°. GRAND INSP.*. GÉNÉRAL35-MEMBRE HoNoRAIRE DU G.". CHAP.". G.". DE R0YAL-ARCn .
DU G.*. ARÉOPAGE DEs KADosCH PHILosoPHIQUEs, cHEv.°. DU TEMPLE, ETC.
AUTEUR DE : * IIÉRoPHANTE-DE L'INITIATEUR- DU vADE-MECUM DEs INITIÉs- DU sANCTUAIRE DE MEMPHIs-D'UN
VOYAGF AçONN1QUE AUTOUR DU MONDE- DU SOLEIL MYSTIQUE-DU TEMPLE MYsTIQUE-DE LA MAÇONNER1E
AUTEMPLE DE LAvÉRITÉ - DEs sEPT ÉvANGILES MAÇONN."., ETC.
« Lavéritable Maçonneric est essentiellement philosophique et
» progressive, elle a pour base l'existence de Dieu, l'immortalité
» de l'âme, et pour objet l'exercice de la bienfaisance, l'étude de la
» morale universelle, des sciences, des arts, et la pratique de
» toutes les vertus; elle est enfin l'école de la tolérance religieuse,
» l'union de toutes les croyances, le lien entre tous les hommes,
» le symbole des suaves illusions de l'espérance prêchant la foi en
» Dieu quisauve et la charitéquifait bénir.... »
ON S'ABONNE A PARIS
CIEZ I. R F. .. A sCHIEUE MAN, AIDMINIsTRATEUR,
12, RUE DE MONTMORENCY.
- 1860,
TABLE DES MATIÈRES.
L'origine de la franc-maçonnerie.......................................
Gouvernement maçonnique....... - s - - - - s - - - • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • , e
Loge maçonnique... - e - s - - s - · · · · · • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •"• . .. • .. , . .. ... ...
Le Temple maçonnique..........--...---.-...---........................
Explication des objets symboliques réunis dans le Temple............,.....
Formation d'une loge...................................................
Modèle de demande en constitution..... ·........................
Elections des officiers dignitaires........................................
Rangs en loge des officiers et des FF.....................................
Des fonctions des officiers de la loge..................... - - - - - s - a - - s --
Installation des officiers dignitaires..... * • • • • • • • • • • • • , • • • • • • • • • • • • • • • • • • »
Formalitésà remplir par un profane pour être admis dans l'ordre...........
Les Louvetons et les fils de maçons.....................................
Affiliation dans une loge............ e - • • • s e - • s s s - s - s - s - - e - e - e - - s - • • • • • -
Costumes et insignes maçonniques...... - • • • • • • - s - s - - s - - s - - - • e - s - • • • • • • s -
Les visiteurs.......... - s - - - s - e - • - s - s - s - s - - - s - e - s - s - s - - s - s - s - s - s s - • - - s -
Devoirs des maçons.................. - - s - e - - e e - e - - - a - - - e - s - - - s - - e - - a - -
Inauguration d'un Temple.............. - - - - - - s - - • - a - • • - a - - • - e - - - s - e - s - s
Installation d'une loge................... ............... - s - s - e - s - s - - s - -
Traité d'union entre deux loges........... - - s - - s - - s - s - s - • s - - s - - - s - - - s - -
Le Baptême maçonnique..... - - - - s - s - - - • • • • • - e - s - s - s - s - - s - - - s - s - - - s - - s - -
Rite funéraire, Pompe funèbre.........................................
Fête de l'ordre maçonnique............. - s - - - s - - s - s - s - s - - s - - - - - e - - - s - - s -
Travaux complets du Premier degré de l'ordre maçonnique............... e -
Travaux complets du deuxième degré de l'ordre...........................
Travaux complets du grade de maître...................................
Calendrier maçonnique.......... - - s - - - - - - - - - - - s - • - e - e - - - s - s s - • • • - - - e - e -
Le- royal arche. Travaux complets............. - • • • • • e e - » • s e - s - s - e - • • • • •
Grand chapitre des Chevaliers Rose-Croix. Travaux complets.............
Grand Élu chevalier Kadosch (travaux)................. e - s s • • • s e - s - • • • • • •
Grand Aréopage des sages des Pyramides.................................
Grand Élu de la Cité mystique.............. s • s • • • • s s - e - s a - • • • • • • • • • • • «
Sublime maître du grand œuvre............................... - s s s - « • s - -
:10
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13
Ji4
15
FIN DE LA TABLE.
Imprimerie de E. DÉpÉE, à Sceaux (Seinc)
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36
39
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67
7:
101
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145
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226
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265
977
ERRAT'A.
La promptitude avec laquelle ce volume a été corrigé ayant été cause que des erreurs typographiques
sy sontglissées, nos lecteurs sont priésde nouspardonner une faute indépendante de notrevolonté : nous
leur signalons seulement les plus importantes.
Lisez : page 170, ligne35 : le rite de Misraïm est une branche détachée de l'arbre maçonnique qui
a pris naissance en Egypte; il fut introduit en France par les FF.*. Bedarides, en l'an 1813.
Les pages 165à 172 sont mal numérotées,il faut lire page 161, etc.
A l'égard des répétitions qui se trouvent dans quelques travaux, elles sont indispensables à la régula
rité des travaux.
LE
PANTHÉ0N MACONNIQUE
–eaee---
ORIGINE
DE LA FRANC-MAÇONNERIE
« La Maçonnerie n'a qu'une pensée, faire le
» bien;qu'une bannière, celle de l'humanité ;
» qu'une couronne, elle estpour lavertu.»
«L'origine de la Franc-Maçonnerie se perd dans la nuit des temps;pour remonterà
son berceau,il faut traverser les siècles jusqu'au premier âge du monde, dans les
temps où la force brutale régnait seule.
»Au milieu des peupladessauvages, l'Éternel fit naître un grand génie : cet
homme, que toutes les nations antiques se sont disputé l'honneur d'avoirvu naître,
et qu'elles ont nommétourà tour Brahma,Ammon,Odin, Prométhée,parvint,à force
degénie et de persévérance,à rassembler les familles errantes dans les forêts ; second
créateur du monde, il leur annonça un Dieu suprême, immuable, éternel, leur parla
en son nom et répandit sur elles ces flots de lumière que le Sublime Arch. .. des
mondes avait placés dans son cœur. A sa voix, les arts primitifs sortirent du néant,
et la terre,faiblement sollicitée, répondit aux efforts des premiers cultivateurs; ce
législateur du monde naquit sur les rivages délicieux du Gange ou de l'Indus; ses
yeux, avant de se fermer,virent s'élever l'édifice imposant qu'il avait construit.
» Les descendants du sage dont je viens d'esquisser l'histoire suivirent la route
qu'il leur avait tracée; inventeurs de tous les arts,créateurs detoutes les sciences, ils
admirent au partage de leurs connaissances quelques liommes privilégiés que leurs
1
2 LE PANTIIÉON MAÇONNIQUE.
vertus et leurs grandes qualités en avaient rendus dignes : c'est du sein de cette
réunion de sages que jaillirent les rayons de lumière qui devaient éclairer l'uni
vers. Ce sont eux que l'antiquité reverra sous le nom de Brahmes ou de Gymnoso
phistes. -
» Non contents d'avoir fait le bonheur de l'Inde, les Brahmes prétendirent à la
gloire de civiliser le reste du monde : des plaines de la Perse ils passèrent en
Ethiopie.
» Menès, appelé Osiris, descendit bientôt des montagnes de l'Éthiopie dans le Delta
du fleuve nourricier de l'Égypte, y trouva des descendants de ses premiers aïeux et les
civilisa par l'enseignement des mystères d'Isis. Plus tard, Thèbes et Memphis
élevèrent des temples dont les imposants débris font encore notre admiration à
quarante siècles de distance, et les sages de toutes les contrées accourent contempler
les merveilles artistiques et scientifiques de ce peuple, le plus antique missionnaire de
la civilisation. »
Ce sont les disciples de Menès qui ont montré aux hommes la route de la perfec
tion, c'est-à-dire :
L'idée d'un être parfait, l'observation de la nature et l'usage de la raison émanée
de l'intelligence divine.
L'art divin de former des législateurs a pris naissance dans l'Inde et,par suite, en
Égypte, dans les mystères de l'initiation, la première et la plus ancienne de toutes
les institutions connues et qui fut le modèle de toutes les autres.
Ces mystères, qui plustard prirent le nom de Maçonnerie, étaient la révélation des
secrets connus de la nature ou l'histoire de Dieu même, celle de l'homme, de la raison
ct de toutes les connaissances divines et humaines, Dieu, la Nature et l'Humanité :
voilà quels étaient lesgrands objets de la doctrine sacrée; ony enseignait :
1° L'unité de Dieu ;
2° Le dogme de la Providence et l'immortalité de l'âme ;
3° Le dogme despeines et des récompenses futures ;
4° Les principes éternels de la religion naturelle et de l'éducation la plus conforme
à la dignité de l'homme;
5° Les notions du bien et du mal, duvrai et du faux, du juste et de l'injuste, et les
idées du beau et du bon;
6° Les principes immuables de la raison, de la vérité, de la vertu et de la sagesse ;
7° Les devoirs de la morale universelle, les droits naturels des hommes, les prin
cipes du droit divin, naturel et humain;
8° La législation et les institutions lesplus importantes au bonheur des peuples ;
9° Enfin, on retraçait dans ces mystères l'image de la création, on y représentait
l'univers créé, l'état de pure nature, et le passage de cet état d'innocence à l'état de
civilisation, l'invention des arts, de l'agriculture regardée comme le premier et le plus
utile de tous; la création des éléments et des sciences, et on y perpétuait la mémoire
de tous les bienfaiteurs de l'humanité.
C'était dans les mystères d'Isis que le législateur voyait la nature et qu'il lisait
cette définition sublime de la Divinité : «Je suis tout ce qui est, ce qui a été et ce qui
sera, et nul mortel n'a encore pu lever mon voile. »
L'hiérophante disaità l'initié : « Étudie la divine nature et règle ton cœur et ton
esprit par la contemplation; regarde le ciel, le plus beau detous les livres, et marche
ainsi dans une voie sûre; admire le Maître de l'univers : il est un et n'existe que par
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. - 3
lui-même;à lui seul tous les êtres doivent leur existence, et sa puissance se manifeste
en tout et partout. »
On reconnaît l'idée la plus sublime de Dieu dans tous les législateurs du monde,
dans Brahma, Fo-hi, Zoroastre, Menès, Hermès, Minos, Moïse,Cécrops, Orphée,
Zaleucus, Charondas, Lycurgue, Solon, Numa, Pythagore, Socrate, Platon, Penn et
jusque dans Manco-Capac, ce fils du soleil, qui fut père des Incas et législateur des
Péruviens.
La Franc-Maçonnerie enseigna donc auxpremiers initiés le culte de la Divinité et
leur apprit à connaître les lois de la nature enveloppées d'emblèmes ingénieux; par
elle l'homme se porte sans cesse vers le Créateur suprême, et il mesure de toute la
portée de son imagination cette puissance admirable
Étudiez tous les systèmes religieux qui ont régné dans les diverses parties du
monde, et jugez s'il en est un seul aussi clair et aussi simple que celui de notre
sublime institution, aussi appropriéà la nature humaine; les Maçons respectent tous
les cultes, tolèrent toutes les opinions, fraternisent avec tous les hommes, sont secou
rables à toutes les infortunes, se sacrifient de toutes manières un à tous.
La religion du Franc-Maçon est celle de Socrate, celle de l'Évangile, celle de tous
les hommes de bien, la religion directe du Créateur à la créature, des bonnes œuvres
et de la pieuse reconnaissance.
Le Franc-Maçon ne cherche pointà convertir, il sait que Dieu ne luidemande compte
que de ses œuvres et ne le rendpas responsable des erreurs oudesfaiblesses des autres
hommes, ses égaux, et comme lui les objets de prédilection et d'amour de la Divinité.
- Quel est le but de la Maçonnerie ?Son but est de diriger l'humanité vers le règne
absolu de la raison et de la morale, vers l'obtention du vrai et du bon, et de propager
les sciences, les arts utiles et la pratique de toutes les vertus; elle dit sans cesse à ses
disciples : « Purifiezvos cœurs, semez par le monde la parole de vie, instruisez les
ignorants et soulagez ceux qui souffrent; enseignez à vos frères profanes la haine
du vice, de l'orgueil, des mauvaisespassions et l'amour de toutes les vertus. »
Le but constant de nos efforts doit être le bonheur de l'humanité, car ce n'est pasà
nous tous Maçons que doivent appartenir seulement les bienfaits de notre morale,
mais à tous les fils de Dieu,à tous les hommes nos FF..; c'est à nous de les appeler,
de les convier au bien par nos paroles et nos exemples.
Notre principal devoir est d'attaquer et de détruire l'ignorance, la misère, la dé
pravation parmi les hommes et d'amener ainsi le règne de Dieu sur la terre; et lorsque
le flambeau de la Maçonnerie aura éclairé le monde et que sa doctrine sera connue
de tous les peuples, alors sera réalisé l'idéal sublime renfermé mystérieusement dans
les symboles. Mais ce n'est pas en agglomérant des hommes sans mœurs, méchants,
jaloux,vindicatifs et des médiocrités orgueilleuses, que notre sublime institution de
viendra forte et puissante.
Gouvernement anaçonnique.
La Puissance Suprême, placée au sommet de la hiérarchie maçonnique,en possède
les symboles et les arcanes inconnus au plus grand nombre des initiés : elle est le
gouvernement des ateliers qui en relèvent, elle statue sur toutes les demandes
des Loges, Chapitres, Aréopages et Conseils, et les dirige dans leurs travaux.
4 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Dépositaire de la doctrine, sa mission est de développer la partie dogmatique,
morale et scientifique de la Maçonnerie pour l'enseignement des ateliers et pour l'édi
fication de nos FF.'., de maintenirdans leur splendeur nos rites et nos statuts, et enfin
de travailler, avecune ferveur toujours tempéréepar la prudence,à l'agrandissement
de l'ordre.
Loge maçonnique.
La Loge estune société de Francs-Maçons qui nepeut être composée de moins de
sept personnes;trois la gouvernent, cinq la composent, et sept la rendent juste et
parfaite.
On dit que trois lagouvernent, parce que l'homme se compose du corps, de l'esprit
et de l'âme qui est l'intermédiaire ou le lien qui unit les deux autres; que cinq la
composent,parce que l'âme de l'homme a ses sens intérieurs et spirituels, comme le
corps a ses sens extérieurs et matériels. Les cinq sens admirables de l'âme sont :
1° le senshumain ou le sentiment de l'humanité;2° le sens moral ou le sentiment du
bon et de l'honnête;3° le sens intellectuel ou le sentiment duvrai et dujuste; 4° le sens
esthétique ou le sentiment dubeau et du sublime ; 5°le sens religieux ou le sentiment du
saint et du divin.
Sept la rendentjuste et parfaite, pourquoi?c'est que le nombre septénaire est celui
de l'harmonie et que l'harmonie naît de lajustice; lajustice est la base de toute so
ciété, c'est la tzedaka (bienfaisance), premier échelon de l'échelle mystique; elle est
encore le septième et dernier sous le nom de thebounah (prudence). Ainsi les sages
l'ont considérée comme le commencement et la fin.
Le mot Loge se dit du local où les Francs-Maçons tiennent leurs séances; l'étymo
logie de ce mot est tirée de la langue sanscrite dans laquelle le motdoca ou logasignifie
le monde; en effet, on dit, dans le deuxième degré de l'initiation,que la Loge est cou
verte d'un dais d'azur parsemé d'étoiles, et le carré qui lui est attribué pour forme
représente le monde connu des anciens. L'univers ne forme donc qu'une seule Loge,
et les Maçons réunis dans leurTemple ne sont que des portions de la Loge univer
selle; car la Maçonnerie est une, malgréses rites divers, comme le genre humain est
un, malgré la diversité des langues.
D'après le persan, le mot Logevient de Jehan (le monde), et la Perse fut le berceau
primitifde l'initiation maçonnique.
Le Temple maçonnique.
Le Temple formeun cube;il correspond au nombre quatre, symbole de la nature.
Ilya quatre éléments, quatre points cardinaux, et pour l'intérieur, toutes les dispo
sitions se rattachent mystiquement au même système.
La voûte duTemple est étoilée comme le firmament; le soleil et la lune ysont re
présentés.Cette voûte est soutenue par douze colonnes qui figurent les douze mois de
l'année : la plate-bande quicouronne les colonnes s'appelle zodiaque, et un des douze
signes célestesy répondà chacune d'elles.
Al'Occ. .. sont deux colonnes de bronze d'ordre corinthien; trois grenades entr'
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
ouvertes sont sur chaque chapiteau; sur le fût de la colonne de droite est la lettre.
et sur celui de la colonne de gauche, la lettre...
La tenture est bleu céleste. A l'orient estun dais d'étoffe rouge avecfranges en or, et
au-dessous se trouveun trône oùse place le Vénérable; sur le devant est un autel sur
lequel sont posés une Bible,unglaive,une équerre,uncompas et un maillet. Le trône
et l'autel doivent être élevés sur un estrade de trois marches ; ily a également en
avant un petit auteltriangulaire nommé autel des serments.
Trois chandeliers avec bougies allumées doivent éclairer la Loge : l'un à l'Or. .,
l'autre à l'Occ.'., et le troisième au Sept.'.
A l'Or. .. brille le nom du Sublime Architecte des mondes au milieu du Delta, en-
blème de la force productive, de la nature, et de l'harmonie qui règne entre tous les
corps; il est le type de la perfection divine. Les trois côtés du triangle représentent
SaVOll* :
Le règne minéral,- le règne végétal,-le règne animal;
Lepassé,-le présent,- l'avenir;
La naissance,-la vie, -- la mort.
La houpte dentelée qui s'entrelace est fixée autour du Temple, et désigne l'union
qui doit existerparmi les Frères.
EXPLICATION
DES 0BJETS SYMB0LIQUES RÉUNIS DANS LE TEMPLE.
L'allégorie est la voix de la sagesse étudiant les sens des hiéroglyphes et desem
blèmes; c'est une langue qui doit nous devenir familière.
Le soleil éclaire l'univers, nous devons imiter cet astre bienfaisant :il est l'emblème
dufeu sacré qui doit échauffer notre âme et éclairer notre esprit. -
La lune symbolise la terre, divinité régénératrice, mère et nourricière des hommes
et des choses; sa clarté d'emprunt nous invite à profiter des lumières qui nous sont
données, mais à les recevoir avec discernement et à ne les adopter qu'autant
qu'elles sont conformes à la saine philosophie et à la morale pure dont la Maçon
nerie est le foyer.
Le sphinx, figure symbolique des Égyptiens, signifie qu'en toute circonstance les
travaux maçonniques doivent rester secrets etimpénétrablespour les profanes.
Lephénix est l'emblème de l'immortalité.
Le pélican est le symbole de la mort et de la renaissance de la nature. .
L'œuf ailé est l'emblème du monde.
La pierre brute est l'emblème de l'âme susceptible de bonne ou de mauvaise impres
( LE PANTHÉON MACONNIQUE.
sion; l'allégorie de la pierre brute est de la plus haute antiquité, elle fut, pour bien
des religionnaires, le sujet d'une dévotion particulière.Une pierre arrosée d'un peu
d'huile fut le premier autel élevé par nos ancêtres à la gloire du Sublime Architecte
des mondes. Ces autels, nommés Béthel, s'élevèrent dans la Chaldée, dans la Judée
et l'Égypte; ils étaient construits, comme le dit l'Écriture, avec des pierres brutes et
sans ciment, symbole de l'âge primitif de l'homme.
La croix se rattache mystérieusement au culte maçonnique, elle fait partie des hauts
mystères; cette croix renferme tous les nombres sacrés, elle est la base de lagéométrie.
Le culte de la croix était établi dans l'île de Cazumel et sur les côtes de l'Iucatan,
près de quatre mille ans avant Jésus-Christ; ce signe était révéré comme la divinitéde
la pluie, allégorie de la fécondité. -
La rose est le symbole de la science, du produit brillant de l'imagination et de la
poésie; le rosier était consacréà la déesse Isis, mystères de l'antiquité.
L'acacia est le symbole de l'initiation. On trouve la preuve de cette assertion dans
les traditions antiques et dans les ingénieuses fictions de la poésie: lorsqu'un Maçon
se présentait dans une assemblée de haute science, interrogé sur sa qualité maçon -
nique, il répondait : « L'acacia m'est connu.»Le G. .. M. .. lui en remettait une branche,
elle remplaçait le myrte que portaient les initiés de Miemphis et d'Héliopolis, et le
rameau d'or que Virgile plaça dans la main d'Énée n'a pas d'autre origine.
L'œil au milieu d'une gloire symbolise Dieu qui contemple la création
La colombe est l'image de l'esprit vivifiant qui féconde toute la nature.
L'étoile flamboyante est l'emblème dugénie qui élève auxgrandes choses; elle est le
symbole de ce feu sacré dont nous avons été doués par le Sublime Architecte des
mondes, età la lumière duquel nous devons discerper, aimer et pratiquer la justice
et l'équité. Cette étoile, nommée Sothis, était l'un des derniers symboles offerts à la
médiation des initiés d'Égypte; elle se compose de deux mots : cabab, c'est-à-dire
stella, et leb, c'est-à-dire flamme (étoile flamboyante).
La truelle, avec laquelle on étend le ciment qui unit les pierres entre elles, désigne
l'aménité, le lien que nous devons mettre dans nos relations, la politesse affectueuse
du langage,sipropre à maintenir la concorde et l'amitié entre les FF. .. Elle est encore
un emblème de la bouche fermée sur les défauts de nos FF. ., du silence que la dis
crétion impose, de l'indulgence pour desfautes dont le coupable témoigne le repentir.
De là est venu l'adage maçonnique : Passer la truelle sur unefaute, pour dire qu'on l'en
sevelit dans un profond oubli.
Le miroir est le symbole de la vérité ;- la ruche est l'emblème du travail et de
l'obéissance due au Vén. .. de Loge; l'arche symbolise l'âme agitée sur la mer despas
sions échappant au déluge des vices.
- Le glaive est le symbole de l'honneur;-- l'épée flamboyante figure les combats qu'nn
Maçon doit soutenir pour faire triompher la vertu;-l'anneau d'or, porté comme or
nement, est l'emblème de l'union :- la lyre symbolise l'harmonie éternelle, et la
sphèreindique que c'est par l'étude de la nature et par la contemplation des merveilles
de la puissance divine qu'on peut parvenir à la connaissance de la vérité.
Le pavé mosaique, formé de différentes pierresjointes ensemble par le ciment,a pour
signification l'union étroite qui doit régner entre les FF. .. M... liés entre euxpar la
vérité. -
Le maillet indique la fermeté dans nos principes et dans leur application à notre
conduite; il est l'emblème de laforce soumise à l'intelligence.
LE PANTHÉON MAÇONNlQUE. 7
Le levier est l'emblème de la force et de l'utilité des services que les Maçons se
doivent mutuellement. L'équerre, - la perpendiculaire,- le niveau, résument la
justice dans nos actions, l'égalitéparmi les hommes, enfin la stabilité de l'Ordre.
Les deux colonnes,à l'entrée duTemple, représentent Dieu et la nature,–la force et
la beauté,- l'intelligence et la science.-Les sept marches allégoriques du trône sont
appelées : force,-travail,-science,- vertu,-pureté,-lumière,- vérité.
Une tête de mort, sur laquelle se trouve tracée une scie ayant pour manche un sablier,
est le symbole du temps qui détruit tout. -
Un serpentvomissant un œuf symbolise l'univers renfermant en lui le germe de
toutes choses développées par l'astre du jour.
Le compas symbolise l'exactitude et la droiture de nos mœurs.- L'aigle signifie la
recherche audacieuse et le génie qui contemple fixement la vérité, de même que cet
oiseau fixe le soleil.
Les trois triangles, les uns dans les autres, symbolisent les trois vérités égyptiennes
ou le mystère de la Trinité des Perses.- Le palmier symbolise les douze mois de
l'année. Les Égyptiens voulant représenter l'année peignirent une palme, cet arbre en
produit une à chaque lever de la lune (douze par an).
Les outils triangulaires, placés sur l'autel, symbolisent les beaux-arts, ce luxe char
mant de la vie et de la civilisation, l'imitation de la vérité.- L'autel des parfums est
l'emblème de nos vœux qui doivent monter vers le Sublime Architecte des mondes,
toujours purs, et au-dessus des passions humaines.-Lurim, figure hiéroglyphiqueet
mystique, symbolise la vérité. -La navette, renfermant l'encens, est l'emblème du
feu des vertus qui doit embraser le cœur du bon Maçon.- Le livre de la vraie lumière,
sur lequel se trouve un agneau, symbolise la résurrection ou régénération du soleil,
par sa victoire sur les frimas; ce livre ne pouvait être lu que par les hiérophantes,à
cause des allégories, mystères et symboles qu'il contient, et dont on ne pouvait obte
nir la connaissance que par l'étude des sept sciences désignées par les sept sceaux qui
les renfermaient, surtout l'astronomie.
Lepentalpha, figure composée de cinq triangles, se place au fond du porche du
Temple, il est l'emblème de la paix, du bon accueil fraternel.- Le salux est une
pierre dont on tire le feu nécessaire à l'inauguration d'un Temple maçonnique; elle
est l'emblème du feu sacré.-Les divisions géométriques symbolisent les éléments, les
astres, l'univers, le mécanisme du monde.-La chaîne brisée est l'emblème des préju
gés qui ne peuvent être admis dans le Temple de la Vérité.-L'étoile du matin sym
bolise la vigilance.- La lampe est l'emblème de la lumière imprévue que nous rece
Vons de Dieu.
Le chandelier àtrois branches, avec les bougies allumées, symbolise la triple essence
lumineuse de la Divinité : la sagesse, la justice, la bonté.
La lumière placée à l'Oc. .. symbolise le flambeau de la vertu; elle nous rappelle sans
cesse que la vertu soutient l'édifice social; que, sans elle, il n'est pas de bonheur réel.
La lumière placée au Sept. .. symbolise le flambeau de l'humanité; elle doit nous
rappeler incessamment l'amour de nos semblables et la pratique de la bienfaisance.
La règle est l'emblème de la précision avec laquelle nous devons parcourir la route
qui doit nous conduire à lavertu.
La planche à tracer indique à tous les Maçons qu'ils ne doivent rien entreprendre,
sansy réfléchir avec maturité, et donnerà leurs FF. .. l'exemple d'une conduite sans
reproches.
8 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Le tablier est le symbole du travail; il nous indique que nous devons constamment
travaillerà vaincre nos passions et à contribuer au bien général de l'humanité.
Le tombeau d'Hiram symbolise la vie, la mort et l'immortalité; il est l'emblème de la
marche apparente du soleil. La mort d'Hiram est purement allégorique; sous cette
allégorie, se trouve cachée l'expression de la grande et profonde loi palingénésique,
qui exige la mort violente de l'initiateur comme complément nécessaire de touteinitia
tion.Cette loi a sa réalisation dans le mythe antique de Prométhée qui,pour avoir révélé
le feu sacré aux hommes, est enchaîné sur le sommet du Caucase et foudroyé par
Jupiter.-Le mot Adonhiram se compose de deux mots hébreux: Adon, qui signifie
maître, et Hiram,vie,vivante, élévation.
L'échelle mystique est l'emblème de la science et de toutes les vertus; elle est le
complément de l'initiation maçonnique.
Le laurier est le symbole de la paix et de l'union. L'union, quand elle est parfaite,
satisfaittous les devoirs et simplifie les besoins; elle prévient lesvœux de l'imagina
tion, elle remplace tous les biens.
La lettre G. .. au milieu d'une gloire signifie : Dieu God, des Anglais;-Jehovah,
des Israélites ; - Mithras, des Perses;-Osiris,des Égyptiens ; –Théos, desGrecs ;
–Grand Architecte de l'univers, des Franc-Maçons.
Un serpent qui se mord laqueue etqui se tue lui-même, est l'emblème du méchant qui
doit unjour être lavictime de ses crimes. -
Le serpent roulé sur lui-même en spirale et dévorant sa queue, est la figure mystique
de la révolution éternelle du soleil : en d'autres termes, de l'éternité.
Une pie déchiquetant une feuille de laurier, est l'image de la calomnie qui persécute -
les sages et les savants.
La veuve nourrissant ses enfants, est le symbole de la nature.
Le Franc-Maçon est celui qui concourt par son intelligence à la formation d'une
doctrine qui a la puissance matérielle pour base.
Atelier, Loge où les travaux maçonniquessont mis en activité.
Vraie lumière, c'est-à-dire lumière Maçon.·., esprit de sagesse.
Loge-mère est la Loge dans laquelle un profane est initié.
Osiris était représenté, chez les Égyptiens, parun sceptre surmonté d'un œil, dont
la signification est : celui qui est, qui voit et qui règne, c'est Dieu.
Isis était la sagesse et Osiris la puissance :toutes deux réunies en Dieu ne faisaient
qu'un avec lui. Le mot de puissance est l'équivalent de celui de force : voilà les deux
mots sacrés des 1° et 2° D. ..de l'initiation aux mystères de l'antiquité. -
Le vieillard enfant est l'emblème de la vie et de la mort, image de la nature
entière,géniesqui, dans les tableaux mithriaques, accompagnent Mithras, l'unjeune,
tenant un flambeau élevé; l'autre, vieux, tenant le sien renversé et près de s'é
teindre. -
Typhon, mauvais génie, c'est-à-dire orgueil,vanité,ignorance, symbole des trois
meurtres d'Hiram.
Un cercuciljeté dans la mer symbolise les orages dont la vie est semée.
Salomon est le symbole de l'amour de Dieupour l'homme.
Les sept vertus symbolisent les sept Maçons envoyésà la recherche d'Hiram.
La bonne foi est représentée par une figure tendant la maingauche.
Le fil àplomb symbolise la loi d'attraction qui fait tendre ce fil vers le centre de la
terre, et nousinvite à gouverner nos actions et à les faire tendre incessamment vers
LE PANTHÉON MAÇONNlQUE. 9
la justice et la bonté, attributs par excellence duSubl.'.Arch.'. des mondes, et les
deuxpoints qui rapprochent le plus l'homme de la perfection.
Une figure ayant l'index sur les lèvres, symbolise le silence, c'est-à-dire que la bouche
d'un Maçon ne doitjamais être souillée par le mensonge, mais que ses lèvres doivent
s'ouvrir pour proclamer hautement la vérité.
On nomme étoiles, les lumières;- les épées, glaives;-au lieu de dire écrire, l'on
dit buriner;- on nomme le papier, planche à tracer;- et la plume, burin ou
crayon;- membre honoraire, titre qu'une Loge accorde à un F.'. qui lui rend des
services importants.
Formation d'une Loge.
Pour former une Loge maçonnique, il faut au moins une réunion de sept Maçons
possédant le troisième degré; le doyen d'âge prend le titre de président(Vénérable),
nomme deuxsurveillants,un orateur,un secrétaire,un trésorier etun hospitalier (élée
mosynaire).
Le secrétaire dresse aussitôt un tableau contenant les noms,prénoms,âges,profes
sions, qualités maçonniques, adresses, signatures des membres de la Loge naissante ;
le plus élevé en grade est placé le premier, ainsi de suite.
Ce tableau une fois dressé, le secrétaire rédige un procès-verbal de cette première
opération, et l'orateur requiert que, conformément auxstatuts de l'Ordre, la Loge se
mette en demande de constitution symbolique; le secrétaire en fait mention au procès
verba , ainsi que de la délibération prise. La nouvelle Loge s'occupe aussitôt de faire
son règlement intérieur, dans lequel elle fixe l'ordre qu'elle a établi ; ce règlement,
adopté, doit être consigné, en son entier, dans le Livre d'Architecture , et signépar
tous les membres.
La Loge choisira un titre distinctif. Après avoir rempli ces formalités, le secrétaire
fera une copie de toutes ces décisions, et yjoindra un tableau des membres de la
Loge, et une copie des règlements. Ces différentespièces, intitulées : Extrait du Livre
d'Architecture de la Resp. .. Loge de.., séant à l'Or. .. de.., dans la séancedu., etc.,sont
signées du Vén. ., des deux surveillants, de l'orateur, du secrétaire, timbrées et scel
lées par legarde des sceaux, et elles sont adressées à la puissance maçonnique, avec
une demande en lettres constitutives.
MoIDELE IDE DEMANDE EN CONSTITUTION.
A la gloire du Grandl Arch... de l'nnivers etsous les auspices duu ...
TT. .. Ill. .. et T. .. Écl. .. FF. .,
Animés du désir de travailler régulièrement pour la prospérité de l'Ordre maçon
nique et le bien général de l'humanité, nous vous prions de nous accorder des consti
tutions qui régularisent les travaux de notre naissante Loge fondée par nous,à l'Or.'.
de.., sous le titre distinctif de., conformément aux vœux de la délibération prise
le.., dont extrait est ci-joint.
10 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Nousjurons, dèsà présent, de nous conformer aux statuts et règlements généraux
de l'Ordre.
Croyez, TT. .. Ill. .. et TT. .. Écl... FF.., que nous ferons tout ce qui dépendra de
nous pourjustifiervos suffrages.
Agréez, etc. s
Le Vénérable,
Le 1er Surveillant, . . . . . - - Le 2e Surveillant,
Timbré et scellé par nous L'Orateur. Par*: la Resp.'.
garde des sceaux et timbres, - s - - Le Secrétaire général,
Élection des Officiers dignitaires.
Chaque Loge est dirigée par des officiers qu'elle élit tous les ans à la majorité abso
lue des membres présents.
Tous les FF.°. sont égaux; aucun ne peut se prévaloir de sa position sociale ni de
ses titres maçonniques : mais ils doivent respect et obéissance aux officiers de la Loge.
Tous les officiers doivent donner l'exemple du zèle et de la bonne conduite, et,au
tant que possible, devancer de quelque temps l'heure de la mise en activité destra
vaux,pour ne pas faire attendre les simples membres et les visiteurs.
Ils sont nomméspour un an, et peuventêtre réélus.
L'ordre hiérarchique des officiers de la Loge est ainsi réglé :
Le Vénérable , le premier surveillant, le deuxième surveillant, l'orateur, le secré
taire, le grand expert, le député, le trésorier, l'hospitalier, le maître des cérémonies,
le F. .. couvreur, un premier diacre, un deuxième diacre, le garde des sceaux et
timbres, l'archiviste, l'ordonnateur des banquets, le F. .. servant.
Les cinqpremiers sont désignéspar la qualification spéciale de lumière.
Rangs en Loge des Officiers et des FF.'.
Le Vénérable est placé sur le trôneà l'Orient, le député de la Loge à sa gauche, et
l'ex-Vénérable à sa droite; lesgrands officiers de l'Ordre et les FF. .. visiteurs, revêtus
de hautsgrades, sont placés à l'Orient.
Le premier surveillant est placé devant la colonne du Midi, et le deuxième, devant
celle du Nord.
L'orateur est en tête de la colonne du Midi, et le secrétaire est en tête de celle du
Nord à l'Orient, près de la balustrade.
Le trésorier est à son bureau, au-dessous de l'orateur, et l'hospitalier att-dessous
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 11
du secrétaire ; les tables de ces dignitaires sont triangulaires, avecun tapis d'étoffe
l'Ouge,
Legrand expert et le maître des cérémonies sont assis sur des tabourets, au bas des
marches de l'Orient.
Le premier diacre est à la droite du Vénérable,à côté de l'autel des serments, et le
deuxième diacre est placéà la droite dupremier surveillant.
Le F.'. couvreur est derrière le deuxième diacre,près la porte d'entrée.
Le F.', servant, dans la salle d'attente, pour faire signer le livre de présence.
Les apprentis se placent sur le deuxième rang de la colonne du Nord, les compa
gnons sur le deuxième rang de la colonne du Midi; les maîtres seplacentà leur choix.
On nomment les banquettes sur les côtés où seplacent les FF.·., colonnes.
Des fonctions des Officiers de la Loge.
Le Vénérable est la première lumière de la Loge; il la convoque, met en activité
et suspend les travaux; un grand respect lui est dû; il est irrépréhensible dans
l'atelier; il signe etparafe tous les registres, ordonnance toutes les dépenses, nomme
toutes les commissions qu'iljuge convenable, et les préside de droit. -
Le premier et le second surveillant ont, après le Vénérable, l'autorité maçon
nique sur la Loge;ils maintiennent l'ordre et le silence pendant l'activité des travaux;
lorsqu'un F. .. demande l'entrée, la sortie de la Loge ou la parole, ils préviennent le
Vénérable, quiseul a le droit d'accorder les demandes.
L'orateur est le défenseur-né des statuts généraux de l'Ordre et des règlements
particuliers de la Loge;il doit veillerà leur maintien rigoureux, et dénoncer toutes
les infractions.
Ilpeut demander la parole comme simple membre sur chaque proposition; mais,
lorsque le Vénérable a clos la discussion, il doit donner ses conclusions, après les
quelles la discussion ne peut être rouverte.
Il doit instruire les nouveauxinitiés par le développement des mystères et vertus
maçonniques dans chaque degré.
A chacune desfêtes d'Ordre il est tenu de prononcerun planparfait, et de présenter
le compte moralde l'atelier pendant le cours de l'année maçonnique;il doit également
prononcer les oraisons funèbres et choisir toutes les circonstances pour embellir les
travauxpar des morceauxd'architecture; en un mot,il doit être la voix et l'organe de
la Loge.
Du secrétaire général. Le secrétaire général signe, par mandement de la Loge et
sur l'invitation du Vénérable, les lettres de convocation et tous les actes, toutes les
expéditions, diplômes, etc.
Il rédige, séance tenante, sur des feuilles séparées et parafées par le Vénérable,
l'esquisse des travauxdujour;ilindiqueà la marge de chaqueplanparfait le sujet de ce
paragraphe.Afin defaciliter les recherches, il indique en marge leproduit dela tzédaka.
A chaque présentation d'un profane ou d'un affilié, ainsi qu'à chaque demande
d'augmentation de degré, le secrétaire expose, sur le tableau à ce destiné, les noms,
prénoms, professions, âges et domiciles des impétrants; après la réception, il les
ajoute au tableau général des membres de l'atelier.
12 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Tous les ans, lors de la fête d'Ordre, le secrétaire remet au Véné. .. deux tableaux
des FF.·. de l'At. .,par ordre alphabétique, avec les dates des réceptions en marge, et
une colonnepour les observations duVénérable.
Le député représente la Loge auprès de la puissance suprême; c'est avec lui que le
Vénérable correspond au nom de l'At. .; il reçoit un pouvoir signépar les principaux
dignitaires.
Le grand expert veille à ce que tous les FF. .. soient revêtus du costume de la Loge
et des insignes maçonniques de leur degré; en cas d'omissions, il en prévientimmé
diatement l'Or. .. pour requérir conformément aux règlements; il est chargé de tuiler
les visiteurs.
Il accompagne les récipiendaires dans leursvoyages symboliques. Lors desélections,
il assiste au dépouillement du scrutin; il fait circuler le sac des propositions, et le
remet, sans l'ouvrir, auVénérable.
Il distribue et recueille les boules ou billets pour les scrutins, et s'assure du nombre
des votantS.
Le maître des cérémonies est chargé d'introduire, sur l'ordre du Vénérable, les dépu
tations, les hauts dignitaires, les FF. .. visiteurs, et de les placer suivant leurs rangs
et dignités.
Il doit joindre sa Batt..à celle des FF... visiteurs et des nouveaux initiés; au besoin,
il doit prendre la parole pour ces derniers; il leur enseigne la Batt. .. et les conduit à
l'autel pour renouveler leur obligation, et aux surveillants pour se faire reconnaître.
Les diacres sont des officiers de la Loge qui reçoivent les ordres : le premier, du
Vénérable pour les surveillants; le deuxième reçoit ceux du premier surveillant pour
le Véné.*., le deuxième surveillant ou les autres FF.*.
Ils doivent être principalement actifs, discrets et intelligents.
Le F.·. couvreurse tiententre les deux colonnes; il reçoit les mots de passe des FF. .
de l'At. .. et desvisiteurs.
Il ne s'adressejamais auVénérable; mais lorsque l'on frappe à la porte du Temple,
soit enMaçon, soit en profane,il avertità haute voix le F. ..2° surveillant,il accom
pagne le néophyteà l'autelpourprêter son obligation avant qu'il aitvu la lumière.
Le trésorier est le dépositaire des finances de la Loge ; il répondpersonnellement des
sommes qu'ila reçues; il ne doit rien payer que sur un bon motivé du Vénérable, et
faitacquitter ces bonspar les personnes qui reçoivent.
Toutes lessommes reçues ou payées par le trésorier sont écritespar lui aufur età
mesure sur le livre de caisse, et ensuite sur le livre de raison, aux comptes courants
OuVertS.
Le trésorier doit délivrer reçu de toutes lessommes qu'il encaisse, et il signe : Par
mnandement de la Loge.
Ce n'est que sur le vu de son reçu que la Loge peut être convoquée par le Vénérable
pour réception, affiliation ou augmentation de degré.
L'hospitalier est chargé : 1° de recevoir les offrandes des récipiendaires de chaque
degré et des affiliés ; 2° de présenter à chaque tenue la tzédaka; 3° de faire acquitter
les amendes auxquelles les FF... auraient étésoumis enfaveur despauvres.
Il tient registre de sa recette,jourparjour, et de la dépense qui se compose des
bons duVénérable, acquittéspar lui, et dont il doit garder un secretinviolable; car la
divulgation d'un secours accordéà un F. .. malheureux emporte pour le délinquant
l'exclusion de l'Ordre maçonnique; car un sage à dit :« Ne cherche pas le prix de ta
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 13
bienfaisance dans devains applaudissements, mais dans le suffrage tranquille de ta
conscience. »
Le garde des sceaux et timbres est chargé de signer tous les actes officiels de la Loge,
sur expéditions, diplômes, etc., d'y apposer les sceaux;il tientun registre des pièces
qu'il signe, timbre et scelle, et indique sur la pièce scellée le numéro d'ordre.
Tous les ans, lors de la fête d'ordre, il présente l'état détaillé des pièces qu'il a
signées et scellées.
L'archiviste est dépositaire : 1° des constitutions de la Loge;2°des statutsgénéraux
de l'ordre; 3°-des règlements particuliers; 4° des plans parfaits de la Puissance
maçonnique;5° des cahiers d'instruction des trois premiers degrés, de la correspon
dance et de toutes les pièces officielles qui concernent la Loge; 6° des livres, docu
ments, bijoux, etc., étant lapropriété de la Loge.
Iltient registre de tout ce qui lui est déposé avecun numéro d'ordre, lequel est
transporté sur les pièces.
Tous les ans,à la fête d'Ordre, il présente l'inventaire général des dépôtsfaits dans
l'année.
L'ordonnateur des banquets exécute les ordres du conseil d'administration, relative
ment auxfêtes d'Ordre.
" Chaque F. .. est tenu d'aller payer, chez lui, le prix du banquet.
Dans la huitaine quiprécède le banquet,il doit remettre au conseil l'état des FF.".
qui n'ont pas émargé, et s'adjoindre les FF... maîtres des cérémonies et l'économe
(architecte), afin de s'entendre avec euxpour la régularité du service.
L'économe (architecte) est chargé de la dépense ordinaire de la Loge;il ne doit faire
aucune avance et demander, au fur et à mesure des besoins, des bons au Véné. .. sur
le F.·. trésorier.
Il doit retirer quittance de toutes les sommes qu'il dépense, et faire épurer sa
comptabilitétous les trois moisau conseil d'administration.
Le F. .. servant, comme son nom l'indique, est le membre de la Loge exclusivement
chargé de sa sûreté;ilveille à son entretien, à sa propreté et à la conservation du
mobilier;il fait préparer le Temple, lejour de tenue, selon la nature des travaux. Il
est encore chargé de porterà domicile les lettres de convocation et autres concernant
la Loge, etc.
Installation des Officiers dignitaires.
L'installation des officiers dignitaires d'une Loge a lieu le jour de la fête d'Ordre,
immédiatement après la mise en activité des travaux. ,
LeVénérable prête serment, entre les mains de l'ex-Vén. ., de bien et fidèlement
remplir sesfonctions ;il reçoit ensuite le serment des autres officiers dignitaires et
procèdeà leur installation suivant la forme d'usage.
Formalités à remplir par un Profane pour être admis
dans 1'Ordre.
Aucunprofane ne peut être initié aux mystères maçonniques avant l'âge devingt-un
ans; il nepeutêtrereçu s'il n'estde condition libre, s'il est illettré ou demauvaises mœurs.
14 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE,
Le profane qui voudra se faire initier écrira et signera une demande contenant ses
nom, prénoms, âge, lieu de naissance, profession et demeure, et la remettra au F. .
chargé de le présenter; ce F.'. répondra maçonniquement de lui en le proposant
directement au Vénérable ou par écrità la première réunion de Loge.
Si après les formalités voulues par nos statuts le candidat est admis, le Vénérable
recevra le serment du F. .. proposant et l'inviteraà l'accompagner chez le F.', tréso
rierpour acquitter les droits de réception
La dénomination de profane était*ns les mystères de l'antiquité: elle signifie
seulement,par opposition à l'initié qui a le droit d'entrer dans le Temple, celui qui
ne peut aller au delà du parvis.
Les Louvetons et les Fils de Maçons,
Les fils de Maçons sont divisés en deux classes : la première se compose de ceux
présentés au Temple et adoptés par la Loge; la seconde comprendtous les fils de
Maçons en général.
Lesuns et les autrespeuvent être initiés à dix-neuf ans, et même dispensés des
épreuves physiques ; pour eux, les prix d'initiation sont de la moitiéjusqu'augrade
de Maître inclusivement.
A l'égard des premiers(ceux adoptés par la Loge), ils doivent être regardés comme
enfants de Loge; cette dernière les prend spécialement sous sa garde, et s'ils devien
nent orphelins ou malheureux, chaque membre en particulier leur doit secours et
protection.(Voir un Baptême maçonnique.)
-
Affiliation dans une Loge.
Le Maçon quivoudrase faire affilier à une Loge devra justifier au vénérable, qui
en fera partà la Loge, de ses titres maçonniques, et répondre catégoriquement, s'il
en est requis, au grand expert charger de le tuiler.
Il sera voté, sur la demande d'affiliation, au scrutin secret,à la majorité des mem
bres présents.
Aujour fixé pour son admission, l'affilié prêtera serment; il sera dès lors considéré
comme membre actif, et prendra place suivant son degré,
Costume et insignes maçonniques,
Le costume et l'insigne sont les emblèmes de l'Ordre et de la dignité; ils rappellent
°lui qui les porte aux devoirs qui lui sont imposés, et à la nécessité de s'observer
lui-même.
L'insigne maçonnique est réglé parunprogramme déposé aux archives de la Loge.
Nul F. ne se présentera jamais en Loge que vêtu convenablement, et s'y compor
tera avec la plus rigoureuse décence.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 15
Ce n'est pas pour nous créer des dignités oiseuses, pour nous couvrir d'insignes et
de riches cordons que la Maçonnerie existe, mais pour pratiquer lajustice, la vérité,
la charité, la sagesse, la concorde et la confraternitégénérale entre les hommes, nos
FF. · . -
Les Visiteurs.
Les FF. .. visiteurs sont introduits dans la salle d'attente, où ils doivent inscrire, sur
le livre appelé Registre de présence, leurs noms, prénoms, leurs grades et le titre des
Loges auxquelles ils appartiennent. Avant d'introduire un visiteur dans leTemple, le
Vénérable fait remettre son certificat à l'orateur, pour le vérifier, et il envoie le grand
expert dans le parvispour le tuiler; après cet examen, le maître des cérémonies est in
vité à l'introduire, en désignant son degré maçonnique, afin qu'il en reçoive les hon
neurs prescrits par les statuts.
Il donne en entrant dans le Temple,au F. .. couvreur, soit le mot de passe, soit le
mot de semestre (suivant le rite), il est conduit à la place qui lui est destinée.
DEVOIRS DES MAÇONS.
lLe cérémonial doitêtre observé dans la Loge avec l'attention la plus scrupuleuse,et
chacun doitgarder le silence. Le Vénérable ne doitjamais oublier que c'est de luique
dépend tout le succès de l'At. .. Sapremière loi doit être la bonté, la politesse, une
politesse qui exclut toute parole aigre et dure,tout mauvaisprocédé, reproches et rail
leries : il faut que la réception d'un néophyte soit préparée avec soin, et faire peu
d'épreuves physiques; elles étaient bonnes dans les temps de barbarie et de supersti
tion : aujourd'hui elles ne seraient que desjeux de théâtre, et il faut s'en tenir autant
que possible aux épreuves morales. La lumière doit être donnée avec le plusgrand
appareil et l'instruction la plustouchante.
Sil'un de vos FF... se distingue par une belle action, prenez soin de l'en récom
penser sans blesser sa modestie. Les bonnes œuvres sont la vie de la Maçonnerie.
Appelezà vous les sciences et les talents : excitez l'émulation, établissezdes concours
littéraires et philosophiques, couronnez les vainqueurs avecpompe et cérémonie.
Siun F. .. manqueàses devoirs, s'il commetune faute, réprimandez-le, imposez-lui
des amendes auprofit des pauvres. -
N'exigezd'autres conditions,pour être admisparmivous, que la probité et le savoir ;
receveztout homme honnête et instruit, quels que soient sa croyance, son pays et ses
lois; nos dogmes sont: Dieu et la vertu.
Nous devons honorer Dieu comme l'auteur de tout le bien, et la vertu comme des
tinéeà conserver le bien que le Sublime Architecte des mondes a fait : il nous a donné
la raisonpour nous apprendre à distinguer le bien du mal, le vrai du faux.
16 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Cultivons notre raison comme le moyen le plus sûr de plaire à la Divinité et d'être
utile à nos semblables.
Cultivons la science, afin de rendre la raison profitable, d'établir l'amour de l'huma
nité, ef de nous sauver des ravages de l'erreur et du mensonge.
Dieu est la vérité; n'enseignons donc que la vérité.
N'oublions pas que la Maçonnerie n'enseigne rien de douteux, de surnaturel ;
elle ne s'occupe que d'idées positives et faciles à comprendre; elle ne s'appuie que sur
l'expérience, l'histoire, et sur des faitsprouvés et non contestés.
Tous les FF.·., même dans leurs relations profanes, se doivent mutuellement se
cours , égard et protection : notre sublime institution leur fait un devoir de cette
fraternité.
Montrons-nous bons Maçons, que jamais l'aigreur de nos paroles nevienne troubler
l'harmonie de nos travaux et la douceur de nos réunions; que toujours notre langage
soit l'heureux et bienfaisant reflet de la sympathie et du dévouement.
Marchons, avec le flambeau de la raison, dans la recherche de la vertu, elle n'a
pour objet que l'élévation et l'ennoblissement de l'esprit humain. -
Maçon ! défie-toi du rapport des sens, et n'admets aucune proposition vraie, sans
auparavant l'avoir examinée.
Montre-toi sans cessevertueux, sache allier constamment la sagesse à la prudence ;
que l'amour de tes semblables brûle dans ton âme, et dès lors, digne duSublime Ar
chitecte des mondes,tu pourras te dire avec orgueil le véritable enfant de la lumière.
Mais c'est en vain que tu dirasà ton semblable : Il existe un Dieu suprême, situ
n'es pas pour lui un frère, un ami; c'est en vain que tu diras au pauvre et à
l'orphelin : Tu as un Père au ciel, si tu n'es pas un père pour lui.
Que ta voix retentisse hardiment pour la défense du malheur et de l'innocence
contre l'oppression; qu'elle porte la consolation et la paix dans le cœur de tessem
blables, et la terreur dans l'âme du méchant.
Sois toujours attentif aux leçons de la sagesse et de l'expérience; quejamais la
voix de l'infortune ne trouve ton oreille insensible, mais ferme-la toujours aux sé
ductions du vice, auxsophismes de l'erreur et aux suggestions de l'injustice.
Que tes yeux apprennent à lire dans le livre sublime de la nature, et qu'ils s'ou
vrent aux rayons de la lumière, telle que la comprennent les véritables enfants de la
VellVe. -
N'oublie pas que l'ignorance et l'erreur sont des crimes, quand elles sont le ré
sultat de l'indifférence pour la vérité; tremble, siune lâche paresse déshonore tavie,
si le vice souille ton cœur et flétrit tesjours. - -
Apprends quetous les hommes sont égaux et que lajustice est basée sur la grande
loide la réciprocité, elle est le diapason de toutes lesvertus.
Ne prendsjamais une résolution vis-à-vis d'un homme, ton semblable et ton égal,
sans te demanderà toi-même situ es véritablement prêt à lui donner, degrand cœur,
ce quetu te préparesà exiger de lui.
Pardonne noblement, il est d'une grande âme de repousser les injures par des
bienfaits, -
Sois affable et officieux envers tout le monde, aime tom prochain, prendspartà la
félicité d'autrui, et ne permets jamais à l'envie de s'élever un seul instant dans ton
COUll'.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 17
La nature estta nourrice, mais l'humanité est ta véritable mère : elle est la mère de
tous les mortels, elle est la providence visible de tous les enfants des hommes.
Tout être qui souffre a des droits sacrés sur toi: n'attends point que le criperçant
de la misère te sollicite,préviens et rassure l'infortune timide et n'empoisonne pas par
l'ostentation de tes dons les sources d'eau vive où le malheureux doit se désaltérer; ne
cherche pas le prix de ta bienfaisance dans de vains applaudissements, mais dans le
suffrage tranquille de ta conscience.
Que des mœurs chastes et sévères soient ta compagne inséparable, que ton âme soit
pure, droite et vraie, que ta modestie soit ta loi; sers-toi de la truelle pour cacher les
défauts de tes FF. .; un sage a dit: « Ne pèse jamais tes semblables dans un seul
bassin, et si celui du mal l'emporte, ôtes-en ce que la faiblesse humaineya mis de
charge, et que la charité complète le poidsdu bien :tu réjouiras ainsi l'Auteur de toute
bonté. »
Maçons,vous n'avez qu'un seul et même Père, vous êtestous FF... etvous aveztous
un cœur pourvous aimer: aimez-vous donc et soyez heureux, c'est le cri de la nature.
Sois bon citoyen, soumis aux lois de ton pays, c'est un devoir social; bon père, bon
époux, bon fils, bon frère, bon ami, car ce sont des devoirs naturels.
Que la bienveillance, cette vertu divine et sociale, soit ton guide constant dans tes
rapports avec les hommes en général.
Tâche d'acquérir l'amour du bien, l'habitude de le vouloir et de le faire, le ( ourage
dans l'adversité, la générosité dans le bonheur, la prudence dans les dangers, la mo
dération dans les plaisirs, la crainte des remords, la force de résister auxapproches du
vice, le mépris de l'oisiveté, lavolonté d'être utile ;que la règle de toustes instants soit
donc de bien penser, bien dire et bien faire,et que ta bouche n'altère jamais lespen
sées secrètes de ton cœur, qu'elle en soit toujours l'organe vrai et fidèle : ce sont là les
vertus que doivent acquérir les Francs-Maçons.
La Franc-Maçonnerie est le résumé de toutes les perfections qui peuvent le plus rap
procher l'homme de la Divinité; elle est la morale universelle qui convientà l'habitant
de tous les climats, à l'homme detous les cultes; son but est de rendre les hommes
meilleurs; ses moyens sont de dissiper les ténèbres de l'ignorance, de faire naître toutes
les vertus qui découlent de l'instruction et de l'amour de ses semblables
La Maçonnerie est l'ordre et la vérité dans toutes choses; elle est la haine de tous
les vices, l'amour de toutes les vertus. -
( est elle qui révèle à l'homme toute sa dignité, au milieu des vicissitudes de la vie,
en lui découvrant une destinée immortelle.
Forme-toi donc pourton Dieu,pour ta patrie, pour l'humanité dont tu faispartie ;
forme-toi pour le bien, telle est la loi naturelle.
Forme-toi pour l'immortalité, donne à ton corps toute la grandeur et toute la perfec
tion dont il est susceptible par sa nature; cherche dans les replis de ton cœuret de ton
intelligence, tuytrouveras le livre de l'esprit de la Divinité, tu entendras cette voix cé
leste qui parle à ton cœur et qui te crie sans cesse : Immortalité.
Lagrande science du Maçon, c'est de savoir obéir et commander : obéir à la vérité,
à la justice,à l'humanité; commander selon la raison, la sagesse et la vertu, et pour
le bien de l'ordre.
Si vous êtes persécutés, nevous vengez pas; il n'existe que deux sortes d'ennemis,
les méchants et les ignorants.Tâchez de les instruire, l'épée de la parole est plus forte,
3
18 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
plus durable que celle du fer. Souffrez, taisez-vous, répandez la lumière et la vérité.
Ne juge pas légèrement les actions des hommes, loue peu et blâme encore moins ;
c'est auSublime Architecte des mondes,qui sonde les cœurs,à apprécierson ouvrage.
Lis et profite, vois etimite, réfléchis ettravaille; rapporte toutàl'utilité de tes FF.'.;
c'est travailler pour toi-même.
Le culte le plus agréable à Dieu consiste dans les bonnes mœurs et dans lapratique
des vertus.
Loin de nous l'homme dont l'âme froide ne saitpas compatir aux mauxde ses sem
blables; loin de nous celuidont l'œil aride ne se mouillejamais des larmes de la sensi
bilité : c'est là le véritable profane; le flambeauMaç.. brillerait vainement à ses yeux,
il ne le verraitpas.
O divine Maçonnerie, lumière céleste, viens former tous les cœurs,viens les épurer,
les vivifier, les animer des mêmes sentiments d'amour, de fraternité, de bienveillance,
et que tes doux liens unissent tous les hommes comme FF. .. et amis.
----G)---
INAUGURATION D'UN TEMPLE.
Parvis du Temple.
Le parvis duTemple est une salle formant un carré parfait; au-dessus de la porte
d'entrée sont écrits ces mots en lettres d'argent :
Aimer Dieu d'un amour suprême,
Avec crainte, respect et foi,
Etsonprochain comme soi-même,
C'est ici la suprême loi.
Ce lieu est peint en bleu céleste et orné d'emblèmes représentant les mystères ma
çonniques.
Au milieu du parvis se trouve l'entrée du Temple : la porte est à deux battants,
gardée pardeuxsphinx accroupis; au-dessus d'elle sont écrits ces motsen pierres res
plendissantes : L'entrée de ces lieux n'est permise qu'aux âmes pures.
Cette salle est éclairée par une lampe antique placée au milieu. (Voir page 4pour
la description duTemple.)
LeTemple est dans l'obscurité; le fauteuil de la présidence est occupé par le Véné
rable ;tous les membressont introduits, ainsi que les FF. .. visiteurs, après un examen
sérieux.
Le président, après avoir frappéun coup de maillet, réclame le silence, le grand
maître (ou son délégué), qui se trouve dans le parvis duTemple avec deuxgrands di
gnitaires de l'Ordre, répondparun coup de marteau attenantà la porte d'entrée.
D. .. Le Vénérable dit : « Grand expert, voyez, je vous prie, qui est-ce qui
frappe. »
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 19
R. .. Le grand maître : « Nousvenons consacrer le Temple que vous avez élevéà la
gloire duSublime Architecte des mondes.»
Legrand expert (ouvrant les portiques) dit : « Puisque ce Temple doit servir à un
si noble usage,je vous en remets la clef. »
Le Vénérable descend de l'autel, il porte sur un coussin les trois maillets, le livre
d'or, l'équerre et le compas. A côté de lui sont les deuxsurveillants, les maîtres des
cérémonies, et derrière le porte-étendard, le porte épée et ensuite les deux dia
cres, etc., etc. Le cortége, qui a été recevoir le grand maître et les deuxGG. .. offi
ciers dignitaires, se rompt au moment où il entre dans le Temple; chacun alors va
reprendresa place, à l'exception des deux maîtres des cérémonies qui accompagnent le
grand maître, pendant que les deuxGG. .. officiers dignitaires prennent la place des
deux surveillants.
Le grand maître se dirige vers l'autel. Aussitôt arrivé au milieu duTemple il dit :
«Mes FF.·., le premier vœu que nous avonsà former en entrant dans ce Temple, est
de le voir agréer par le Sublime Architecte de l'univers.(Ici les draperies qui cachent
l'autel s'entr'ouvrent et laissent apercevoir un transparent sur lequel on distingue
les principales allégories maçonniques.) Adressons-lui donc nos hommages pour
, nous le rendre favorable. »
Au bas de l'autel sont placées trois cassolettes contenant des parfums.
Invocation.
« Sublime Architecte des mondes, âme de l'univers, daigne jeter un regard de
bontésur tes enfants réunispour consacrer ce Temple à la sagesse; éclaire-les de ta
lumière divine, et fais-leur la grâce de ne s'écarterjamais de la ligne droite qui doit
les conduire aupoint parfait du triangle. » (Il frappe sur le salix, et aussitôt les trois
étoiles brillent d'un vif éclat et les parfums s'élèvent à l'Or.'.)
D. .. Le G. .. maître:«Vénérable,veuilleznous dire ce quesignifient ces trois étoiles.»
R. .. « Elles symbolisent la triple essence lumineuse de la Divinité: la sagesse, la
justice et la bonté. L'homme doit faire ce qui dépend de lui pour la posséder et aimer
ses semblables.
D. .. Le G. .. maître, accompagné des M. .. des cérémonies et du G. .. expert, se rend
auprès du premier surveillant. Il dit :« Père de l'univers, source éternelle et féconde
de lumière, de science, de vertu et de bonheur, daigne jeter un regard de bonté sur
les enfants. » (L'étoile placée auprès du surveillant est alluméeà l'instant même.) Et
te G. .. maître lui dit : «Que signifie cette étoile?»
R. ..« La clarté de cette étoile symbolise le flambeau de la vertu; elle doit nous
rappeler sans cesse que la vertu soutient l'édifice social;que, sans elle, il n'est point
de bonheur réel sur la terre.» Le G. .. maître se rend auprès du deuxième surveillant,
et dit : « Dieu souverain, qu'on invoque sous des noms divers, et qui règnes seul,tout
puissant,immuable;Jéhovah, père de la nature, source de la lumière, loi suprême
de l'univers, daigne nous éclairer d'un rayon divin.»(L'étoile placéeprès du deuxième
surveillant est aussitôt allumée.) Le grand maître dit : «F. .. 2°.. surveillant, que
signifie cette étoile?» -
R.'. « Elle symbolise le flambeau de l'humanité; elle doit nous rappeler incessan
ment l'amour de nos semblables et la pratique de la bienfaisance.»
20 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Le grand maître monte à l'autel, le Vénérable lui remet le maillet et se placeà sa
droite; il frappe trois coups suivant la batterie du rite, les ténèbres disparaissent, le
Temple prend un air de fête, des flots de lumière l'inondent et l'étoile emblématique
de l'Ordre resplendit du plus bel éclat.
Le grand maître ouvre les travaux du premier degré symbolique et dit, en s'adres
sant aux FF. .. :« Joignez-vous à moi pour demander au Sublime Architecte des
mondes qu'il daigne bénirnos travaux, qu'ils soient conformes à sa loi et qu'ils n'aient
d'autre but que la gloire de son nom, la prospérité de l'Ordre et le bien général de
l'humanité. »
Invocation.
«Sublime Architecte des mondes, reçois l'hommage de notre amour, de notre ad
miration et de notre culte.
» Nous nous prosternons devant les lois éternelles de ta sagesse ;daigne diriger nos
travaux, éclaire-les de tes lumières, dissipe lesténèbres quivoilent la vérité, et laisse
nous entrevoir quelques-uns des plans parfaits de cette sagesse qui te sertàgouver
ner le monde, afin que, devenus de plus en plus dignes de toi, nouspuissions célébrer .
en des hymnes sans fin l'universelle harmonie que ta présence imprimeà la nature.»
Après cette invocation le G. .. maître invite le F. .. orateur à donner l'explication des
symboles, ce quia lieu immédiatement.
Le maître des cérémonies monte ensuite à l'autel pour recevoir, des mains duG. .. maître,
du blé qu'il sème dans le Temple. Le G. .. Maître, après avoir frappétrois coups, suivant
la batterie, dit :« Croissez et multipliez.Je consacre ce Templeà la plusgrande gloire
du Sublime Architecte des mondes, à la fraternité et à la bienfaisance, émanation de
la Divinité. »
Le maître des cérémonies remonte à l'autel, reçoit du vin dont il asperge le Temple.
Le grand maître dit:«Que Dieu nous donne la force et le courage de remplir fidè
ment l'engagement que nous avons contracté au pied de l'autel maçonnique. Je consa
cre ceTempleà la justice,à la tolérance età la concorde. »
Le maître des cérémonies quivient de recevoir de l'huile, la répand dans leTemple.
Le G... maître frappe trois coups, et dit: «Soyez bienveillants, éclairez les hommes
vos FF... et soyez unis par la même pensée, celle du bien.
»Je consacre ce Templeà la vertu,à la science,à la vérité. » Il frappe trois autres
coups, répétés par les surveillants, et ensuite il dit : «A la gloire du Sublime Archi
tecte des mondes. Nous déclarons et proclamons solennellement que le Temple est
inauguré.» Les surveillants répètent l'annonce.
LeG. .. maître,s'adressantau F. .. couvreur:«Mon F. ., la sûreté de ceTemple repose
, désormais sur votre bienveillance,je vous en remets les clefs; ayez soin de n'en ac
corder l'entrée qu'à des Maçons dignes de porter ce titre. Et vous, mes FF. ., vous avez
élevéun Templeà la sagesse, chacun de vousy a contribué suivant sa force, suivant
ses moyens;vous aveztous travaillé avec ardeur, muspar un noble sentiment.Je dois
vous rendre justice,vos bonnes intentions me sont connues. Les officiers dignitaires
doivent auxmembres de l'At. .. l'exemple des vertus maçonniques et l'accomplissement
de ce que prescrit la fraternité, dans le sens le plus étendu de ce mot. Que la tolé
rance soit votre devise : indulgents pourvos FF. ., ne soyez rigoureuxquepour vous
mêmes. Mais qu'ai-je dit? la tolérance., ce n'est pas assez: aimez-vous les uns les
LE PANTHEON MAÇONNIQUE. 21
autres,à l'exemple des chevaliers profanes du moyen âge :ils avaient inventé la fra
ternité d'armes. Formez dans ce Temple, au pied de cet autel, une fraternité maçon
nique dont chaquejourvienne resserrer les nœuds etque le temps rende indissoluble;
cette fraternitésera votre soutien,votre consolation dans toutes les périodes de la vie;
par elle,vous connaîtrez le vrai bonheur qu'il est donnéà l'homme d'espérer sur cette
terre. De cette vertu principale découlent toutes les autres : c'est le tronc qui a jeté
d'innombrables racines, la séve qu'alimente l'arbre, l'œufsacré qui fait éclore le type
de l'homme accompli. Comprenez donc bien cette sainte fraternité qui, dans la pensée
de nos ancêtres,tendà ne faire dugenre humain qu'une seule et même famille.
»Une carrière nouvelle s'ouvre devant vous,votre Temple est inauguré, et le triom
phe desgrands principes de philosophie, qui font l'ornement de l'Ordre, ne dépend
plus désormais que de votre zèle et de votre dévouement.»
Après cette allocution, la parole est donnéeà l'orateur.
Discouurs dl'instruction.
M. .. CH. .. FF. .,
Il est toujours excellent de remonter à la source des âges et de plonger du regard
dans l'ombre inépuisable de notre antiquité, de rassembler à grand'peine les étin
celles de ce volcan éteint, ou plutôt qui repose, et prête ses labyrinthes à quiveut
les fouiller, afin d'en éclairer d'autant la généalogie des siècles où nous sommes.
La nation égyptienne est la première qui, après le démembrement de la grande
famille, ait eu un culte réglé, des lois civiles, un droit politique; qui ait cultivé les
sciences, les arts, et pratiqué l'agriculture; c'est la première qui se soit civilisée.
Menès, petit-fils de Noé, fut sontpremier législateur.
Les premiers Égyptiens professaient comme les Arabes, les Chananéens, les Phé
niciens du premier âge, les dogmes du monochéisme; ils honoraient l'Être suprême,
l'auteur de la nature.
Ils s'assemblaient dans des temps réglés pour louer Dieu, et mangeaient en
commun ce qui avait été bénipar la prière. C'est ce qui établit l'agape.
Saïs était une ville célèbre par ses mystères. Dans le Temple était la statue d'Isis,
sous le nom de Minerve, avec cette inscription : Je suis tout ce qui est, qui a été, qun
sera, etnul mortel n'a encorepu soulever le voile qui me couvre. Minerve, dans l'ancienne
langue égyptienne, signifie Vénus de moi-même; enfin, Isis était le Jéhovah de Moïse.
Le motJéhovah est formé de la troisième personne du verbe hovah, j'existe; celui
d'Isis estformépar le redoublement de la racine iss, il est. Ils exprinent donc l'un
et l'autre la source de l'être par essence.
Les initiés regardaient le mot Isis comme une parole sacrée,incommunicable. Le
triangle, qu'on appelle le Dieu des géomètres, était l'emblème d'Isis, et se voyait tracé
sur la table isiaque.
Osiris était représenté, par les Égyptiens, par un sceptre surmonté d'un œil dont la
signification est : Celuiqui est,qui voit et qui règne, c'est Dieu. C'est-à-dire qu'Isis est
la sagesse, et Osiris la puissance, toutes deux réunies en Dieu, et ne faisant qu'un
avec lui. Le mot puissance est équivalent de celui de force.
Voilà donc l'origine des deux mots sacrés des premier et deuxième degrés de
l'Ordre.
22 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
L'Égypte fut jadis le berceau des sciences et des arts, et les premiers peuples y
puisèrent leurs principes religieux et politiques.. Semblable à un arbre aussi ancien
que le monde, l'Égypte a élevé sa tête majestueuse dans le chaos de l'éternité, et a
enrichi de ses produits les trois anciennes parties de la terre; elle a poussé ses racines
vers la postérité, sous différentes formes, défigurées et hétérogènes en apparence,
mais constantes dans l'essence,faisant parvenir jusqu'à nous sa religion, sa morale et
ses sciences. -
Pour les Égyptiens le grand paon fut l'image de la nature universelle ; tandis que
dans la théologie mythologique des Grecs, le Jupiter, principe de la lumière et du
bien, correspond à l'Osiris des Égyptiens.
Thalès fut le fondateur de la science physique, en Grèce, et le premier qui mérita
le titre de sage.
Pythagore, qui le premier refusa ce titre, après avoir succombé aux persécutions de
ses concitoyens, reçut les honneurs divins.
Pour Thalès, l'eau, à divers états de densité secondaire, est le principe matériel de
toutes choses, doctrine représentée à l'école des prêtres de Memphis. D'ailleurs, une
cause intelligente, créatrice, donne à l'univers éternel sa forme et sa puissance
active; de cette âme du monde dérive la faute des âmes dont sont doués l'homme, les
animaux et les plantes; ce mot ne signifiait autre chose que le principe, cause interne
de mouvement spontané, quelque chose qui a la faculté de se mouvoir.
Pythagore conçoit l'univers un tout harmonieux, animépar une intelligence qui
serait un feu très-subtil, une flamme très-pure, inaccessible aux sens, et génératrice
des Dieux eux-mêmes ; cette conception est renfermée, dans le système des Chinois,
sur l'Yang et sur l'Yn, dont l'un est la matière céleste, mobile et lumineuse, et
l'autre, la matière terrestre, inerte et ténébreuse, dont tous les corps se composent.
La science des nombres est son étude privilégiée : les nombres sont les principes des
choses; les phénomènesde la nature sont des imitations des nombres, et si tout n'est
point fait pareux,par leur vertu, tout est fait selon eux, selon leurs proportions, doc
trine dont le germe avait été puisé, peut-être, dans les nombres célestes et sacrés des
castes égyptiennes, et qui se retrouve aussi dans le peuple chinois. La maxime
fondamentale de ceux qui suivent la doctrine de Li-Léo-K'iun est celle-ci : La
raison a produit un, un a produit deux, deux ont produit trois, trois ont produit
toutes choses.
Socrate fut le fondateur de la morale du christianisme et le premier martyr de
l'unité.
La loi mosaïque est un monument prodigieux dont la conception est renfermée dans
le sein de notre Ordre antique et vénéré. Nous possédons aussi le Vedas, livre sacré
des Indiens et autres recueils scientifiques; laZendavesta,théologie des Perses,toutes
créations ingénieuses, vivantes, qui traduisent fidèlement le cachet moral de leurs
siècles, et sont, avec les langues, le plus sûr fil d'Ariane à travers ces ruines pro
fondes: époque mystérieuse où l'allégorie, la personnification, la déification des lois
naturelles, des astres, des éléments étaient l'intellectualisation des phénomènes
incompris. Alors, les Indiens eurent le Vichnou qu'ils confondent avec le monde
lui-même, et l'Hercule des Phéniciens représenta le soleil.
De la plus grande somme de lumières dépend le plusgrand bonheur de l'homme.
Sa plus grande moralité dérive de la même origine, de même que la santé physique
résulte de la santé morale. Ainsi, la science et la sagesse se confondent; la vertu
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 23
s'augmente de toutes les forces intellectuelles ; les hommes les plus philosophes
n'ont-ils pas toujours été les plus vertueux?
Si l'histoire des idées était achevée, l'art de penser seraitparfait; car en quoi con -
siste l'art de penser, si ce n'est à former des notions età s'en rendre compte ?
Raisonner, c'est comparer des idées, afin de passer des rapports connus à la décou
verte de ceux qui ne le sont pas. Or, comment saisir exactement ces rapports si on ne
détermine pas les idées avec précision?
La première précaution à prendre est de savoir comment nous concevons les choses
que nous avons apprises. Il faut décomposer l'esprit humain, c'est-à-dire observer les
opérations de l'entendement, les habitudes de l'âme, la génération des idées. Aussitôt
que cette analyse est faite, le plan d'instruction est trouvé.
C'est pour délaisser trop ces études réfléchies, tout à fait personnelles et seules du
rables, que tant d'hommes n'apportent, dans le commerce de la vie sociale, avec une
déplorable présomption, que des connaissances incertaines et mobiles.
Il nous est doux de penser que notre intention sera comprise par ceux de nos FF. .
qui se dévouent au salut humanitaire, et cherchent, au-dessus des rapports spéciaux
et du scolastiqueterre-à-terre, le suprême lien quifait progresser l'intelligence et la
morale des nations, harmonise la pensée universelle, soutient par le sentiment du
devoir le courage de l'homme obligé de vivre et de mourir.
L'humanité, ce motsignifie force, bonté, vertu de l'homme, et renferme essentielle
ment trois idées mères; dans le premier sens, il nousdonne l'idée d'une manifestation
divine dans la nature humaine parvenue à son plus haut degré de bonté.
En second lieu, ce mot exprime le sentiment de l'amour de Dieu et des hommes,
comme la charité, la pitié, la bienfaisance, la générosité, la grandeur d'âme, la bonté
du cœur, la magnanimité et toutes les vertus divines et humaines.
Dans le troisième sens, humanité veut dire genre humain et présente l'idée de la
grande famille des hommes, de laquelle nous sommes tous membres en qualité
d'hommes, de frères, de semblables, d'enfants de Dieu et de la nature.
Que l'harmonie règne parmi nous, mes FF.'., car l'harmonie est dans toute la na
ture, chez l'homme dans la force, chez l'enfant dans le travail, dans l'existence et
jusque dans la douleur, car la douleur est sainte. Quelle est la plus belle harmonie
au ciel? c'est Dieu!.. Quelle est la plus belle harmonie sur la terre ? l'amour !
Ouvrez l'histoire et considérezlesgrands royaumes, les immenses édifices, les palais
séculaires consacrés par une admiration perpétuelle, et toujours vous rencontrerez
l'harmonie divine ou humaine qui préside aux événements. Obéissez donc aux lois
tracéespar la nature, et n'oublionspas que l'harmonie et lajustice sont le fondement
de toute société.
Le premier surveillant, après avoir obtenu la parole, s'exprime ainsi:
T. .. CH... FF.·.,
Plus d'une fois lavoix de la sagesse a fait retentir les voûtes de nosTemples pour
prêcher l'union, la paix, la fraternité, et tous les généreux sentiments quipeuvent
Contribuer au bonheur de l'humanité.
Permettez-moi, M. .. FF. ., d'appeler votre attention sur l'un des brillants aspects
de la M. .. et de la placerpour quelques instants dans un horizon plein de grandeur
et de magnificence : dans l'horizon de l'art.
Pure et brillante émanation de la Divinité, l'art est incréé, l'art est contemporain
24 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
de la création ; il est l'expression terrestre des beautés infinies de l'Étre ineffable.
Toutes les grandes manifestations de l'art ne se produisirent pas dès les premiers
jours du monde. Condamnéà soumettre une nature rebelle et à la façonner à ses ser
vices, l'homme dut conquérir la terre avant de songer à l'embellir.
Il est assez connu que les premières notions d'art et de science nous sont venues
de l'Égypte, par l'entremise des Grecs et ensuite des Romains ; il n'y avait qu'un cer
tain nombre d'hommes choisis parmi les Égyptiens qui possédât la science, encore
fallait-il passer par un grand nombre d'épreuves physiques et morales avant d'arriver
auxpremières initiations. Ces hommes,voulant s'isoler du reste du monde pourtra
vaillerplus tranquillementà leurs recherches philosophiques, formèrent des sociétés
secrètes, et ce sont ces sociétés, travaillant sous les noms de mystères d'Isis, d'Éleu
sis, etc., qui eurent le monopole de la science. -
Mais ilfallait perpétuer d'une manière matérielle et cachée, auxyeux duvulgaire,
le résultat de ces travaux; c'est alors que l'on employa les caractères hiéroglyphiques
qui étaient composés de figures, de tous les objets qui frappaient les sens et auxquelles
on donnait des significations analoguesà leurs formes et à leurs attributs.
- Ainsi, dès le commencement, l'écriture, moyen physique par lequel la science se
communique, n'était autre chose que des tableaux reproduisant les actions ou les sujets
dont on voulait perpétuer le souvenir. -
C'est à la Maçonnerie que nous devons les premiers principes de science et les
premiers essais de l'art d'imitation, puisque les anciens initiés n'étaient autres que
des Maçons dont nous continuons les travaux.
Nobles travaux, qui n'ont pour objet que la science morale etphilosophique et la
propagation de toutes les vertus sociales dont l'éloge retentit chaque jour dans nos
Temples sacrés !
Oui, M. .. FF. ·., c'està la M. .. que nous devons .. lespremiers principes de l'art, de
l'art, sentiment sublime qui rapproche l'homme de la Divinité! L'art qui donne l'en
thousiasme auxâmes et qui lespousse à l'idée dugrand et du beau, c'est l'art quiper
pétue les plus beaux traits de l'humanité, l'art qui embellit la vie ! L'art enfin c'est
l'histoire. Que nous resterait-il de cesgrandes cités détruitespar le temps et les pas
sions humaines, si ce n'était ces beaux vestiges de sculpture et d'architecture qui, en
core debout au milieu des déserts, semblent dire,pour nousstimuler : ici des hommes
ont fait de grandes choses.
Etnous,M. .. FF. .,enfantsde laMaçonnerie,enorgueillissons-nousdesgrandeschoses
qui ont été opérées par elle, aspirons à notre tourà marquer notre passage sur la terre
par quelque œuvre digne de rester dans le souvenir des hommes. Faisons-nous gloire
d'apporter, chacun, notre pierre à cet admirable édifice maçonnique, dont lesfondements
plongent dans les entrailles de la terre et dont le dôme sublime s'élance jusqu'auxcieux.
Le Gérant responsable :
J. ÉT. MARCONIS.
Paris - Imprimerie de H. S. Dondey-Dupré, rue Saint-Louis,46, au Marais.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 25
INAUGURATION D'UN TEMPLE.
(sUITE.)
Legrand maître prononce un morceau d'Arch... sur la morale, la fraternité, les
devoirs des Maçons entre eux; devoirs sans lesquels l'institution n'auraitplus de rai
son d'être, et marcherait indubitablementà la décadence.
Le deuxième surveillantfaitune allocutionsur les symboles maçonniques, explique
leur sens allégorique, et aborde la plus haute partie scientifique de l'Ordre.
Le F. .. G. .. maître des cérémonies parle sur le caractère divin de la Maçonnerie,sur
ses aspirations incessantes; traite le beauidéal,dont le type suprême réside tout entier
dans la Divinité; définit l'art comme le véhicule le plus énergique du progrès social.
Le F.'.grand expertprononce un discours sur la Maçonnerie, décrit ses vicissitudes
à travers les âges, la conservation providentielle de cet Ordre vénéré, qui, traversant
les désastres qui engloutirent l'empire romain, survécutà sa décadence;il débrouille
le chaos qui recouvre le moyen âge, perce ses épaisses ténèbres, trace son réveil,
explique son rayonnement sur les grands hommes,sur les penseurs illustres que ren
ferme la Maçonnerie, et enfin, énumère les services importants que cet Ordre philan
thropique rendità la civilisation età l'humanité. -
Ensuite la parole est accordée auT. ..Ch.·. F. .. secrétaire, qui, après avoir fait une
lumineuse et profonde dissertation sur les innombrables preuves empruntées tant à
l'ordre physique qu'à l'ordre moral, et attestant l'existence d'un Dieu Suprême
Arch.*. des mondes, combat vigoureusement l'athéisme, en démontre le non-sens et
le danger, en trouve la condamnation dans la conscience humaine, et termine par
cette allocution.
«T.*. CH.*. F.*.,
»Quand l'Auteur de la nature eut organisé le monde, il forma un être intelligent,
destinéà féconder cette auguste production;telle est la tâche imposée aux Francs
Maçons. Pour consommer cette œuvre, ils doivent former les hommes pour Dieu,
pour la vertu,pour l'humanité, pour la patrie; c'est là le but suprême de notre
sublime institution. Sans amour de Dieu, point d'humanité; sans humanité, point de
vrais hommes.Que tout Maçon honore son souverain, son père, sa mère comme les
imagesvivantes de la Divinité sur la terre, et l'éducation prendra un caractère de
sainteté qu'elle n'apoint encore excitédans ce monde;travaillez doncà la régénération,
à la perfection, au bonheur de l'espèce humaine, etvous serez honorés comme les re
présentants duSublime Architecte des mondes; établissez le règne de l'amour, de la
vérité et de lajustice, et vous recueillerez bientôt les heureux fruits de vos travaux.
» Ces principes, vous les puiserez dans la nature de l'homme même, dans la pre
mière cause de son être, dans ce qu'ila été, dans ce qu'il est et dans ce qu'il peut être.
» L'observation de la nature, l'histoire de l'espèce humaine, l'expérience des siècles,
Voilà les sources intarissables oùvous pouvezpuiser.
» Tout est développement dans la nature organisée;tout doit être moyen de per
fectionnement dans la société établie par des êtres intelligents et raisonnables, et, par
4
28 LE PANTHÉON MAçONN1QUE.
conséquent, tout ce qui est au pouvoir des hommes est considérécomme moyen d'édu
cation.
» Le Créateur, en formant le corps matériel de l'homme, en lui donnant une âme
intelligente, lui a aussi donnéune loi que sa raison peut reconnaître, et par laquelle
il peut et doit développertoutes les facultés qui sont inhérentesà sa nature physique,
morale et intellectuelle.
» Forme-toi toi-même : donne àton corps et à ton âme,àton cœur et à ton esprit, toute la
force, toute la grandeur et toute la perfection dont ils sont susceptibles par leur nature.
» Forme-toipour toi-même, pour ton Dieu,pour tapatrie,pour l'humanité dont tu fais
partie; en un mot,forme-toi pour le bien.
» Telle est la loi naturelle de l'homme : elle a son principe etson but dans sa propre
nature, dans la première cause de son être, et dans sa véritable destination sur la
terre, qui est d'être homme.
» Nous sommes crééspour agir, comme le monde est créépour se mouvoir; et l'ac
tivité de notre corps et de notre âme est le principe conservateur de notre vie.
» La santé, la force du corps, la bonté, l'élévation de l'âme, la pureté, la sensibi
lité du cœur, le bon sens et lajustesse de l'esprit, constituent essentiellement la per
fection et le vrai bonheur de l'homme sur la terre. -
" » Lorsque,par le libre et entier développement de toute sa nature, il estparvenuà
ce degré de perfection, il est en harmonie avec lui-même.
» Lorsque, par ses sentiments, sesprincipeset ses actions, le Franc-Maçon contribue
au bonheur de ses semblables, il est en harmonie avec les hommes, ses FF.·.
» Lorsque, enfin, il s'élève, par la connaissance de lui-même, de ses semblables,
du Créateur, et qu'il s'est perfectionné selon la loi de la raison, il est en harmonie avec
Dieu et la nature.
» Lepremier et le plus utile de tous lespréceptes est celui-ci: Connais-toi toi-même.
» La nature divine est legrand principe des êtres intelligents : cette nature est une
raison intérieure, une sorte de révélation intime de sa haute destinée, par laquelle
l'homme se conçoit lui-même comme l'image de l'intelligence divine sur la terre; cette
idée sublime luifait voir Dieu pour père et les hommespour FF.*.
» La première sensation de l'homme éclairé de cette lumière, est de sentir qu'ilya
quelque chose de divin en lui,un principe,ungerme dubeau et du bon,quin'a besoin
que d'être développépour conduire l'être intelligent auplus haut degréde perfection.
» Apprendre à vouloir,à pouvoir età faire, c'est la grande loi de l'activité des êtres
intelligents; c'est une loi que la nature a donnéeà l'homme pour être le principe de
son développementphysique, moral et tntellectuel, et de son perfectionnement.
» La grande loi de l'activité consiste à savoir employer la nature pour former
l'homme.
» L'homme se développeparses relations avecson semblable;deuxêtresintelligents
sedéveloppentl'unpar l'autre,maisunseul reste tel qu'il est: soyezdoncunis,mes FF. .
» Une force intérieure et divine porte l'homme vers l'homme; elle lui apprend que
c'est seulement avec sessemblables qu'il peut se développer et se mettre en harmonie
avec le monde moral et intelligent.»
» Ainsi, mes FF."., Dieu, la nature et l'humanité, voilà lesinstituteursprimitifs des
hommes (1). »
(1) Voir l'Esprit de l'éducation du genre humain.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 2
La parole est accordée à l'archiviste; il s'exprime ainsi :
«T. .. CH. *. F. *.,
» La céleste bienfaisance embrase le cœurdu Maçon de cette douce flamme qui l'at
tendrit aurécit de l'infortune, et le porte par une douceimpulsionà partager sestrésors
avec ses semblables,à les consoler en versant sur les plaies de leurs cœurs des larmes
compatissantes; elle occupe son esprit des moyens de rendre heureux ceux qui l'en
tourent; elle fait goûterà son âme les plus vives et les plus puresjouissances; les
belles actions répandent du bonheur sur toute sa vie, leur souvenir le console dans
l'infortune; l'habitude des bienfaits donne une forme céleste à ses traits, elle dit à
l'homme riche qui voudrait sacrifier les autres hommes à sa félicité :Ton bonheur
nepeutjamaisêtre solidement établisur le malheur de tessemblables;uneseule larme
de l'infortune, tombée dans la coupe du bonheur, suffit pour la rendre amère,tandis
que celles de la reconnaissance ont toujours adouci le calice de la douleur. Use donc
plutôt de tout ten pouvoirpour adoucir le sort deton frère; vois-le d'un œil de pitié
quitter le sein desa mèrepour s'avancer en chancelant dans la carrière de la vie. D'a
bordil admire en souriant tout ce qui l'entoure, etjouit de tout ce quipeut lui procu
rer duplaisir. Bientôt assailli par l'orage, recevant la douleur de tous les objets, il se
traîne lentement sur cette route, appuyé sur l'épaule de l'amour trop faible ou trop
léger pour le soutenir; ilprend le bras de l'amitié, et marche quelque temps avec
courage,soutenu par elle. Le destin cruel les sépare;il implore la fortune, elle lui
tend la main en souriant; mais trop frivole, tropvive pour l'attendre dans sa marche
pénible, elle l'abandonne au désespoir qui le laisse anhélant, étendusur la terre. Ra
nimé par la riante espérance qui lui montre au loin le bonheur,il le poursuit,il est
près de l'atteindre; il tombe épouvanté dans le piége de la mort. Pourquoi hérisserais
tu d'épines cette route?pourquoijoindrais-tutes fureurs à celles des tempêtes qui l'é
branlent, le poids de tonjougà celui des chagrins qui l'accablent? Ah ! prête-lui plu
tôt une main secourable; toi-même ne parcours-tu pas cette route?A présent un
nombreux cortége d'adorateurs forme autourde toi desgroupes pour te cacher les pré
cipices qui la bordent,leurs voix célèbrent tes louangespour couvrir le bruit de l'orage
qui te menace; mais ce cortége lui-même marche avec toivers le tombeau : arrivé
sur le bord de l'abîme,tu chercheras en vain à te roidir contre la mort qui,les mains
appuyéessurtes épaules,voudrat'y précipiter. Dèsta naissance, la dure nécessitéatta
chait à ton col la chaîne avec laquelle cette impitoyable déité t'entraîne. Le Sublime
Archit. .. des mondes n'exige pas que les mortels rompent tous les liens qui les atta
chent aux objets dont ils sont entourés; il veut qu'ils s'aiment les uns les autres,
qu'ils jouissent sans en abuser des richesses que la nature leur a prodiguées, il leur
suffit de suivre la secrète inspiration duguide qu'ils portent dans leur cœur; ce guide
ne les détournera jamais du chemin de la vertu, mère duvrai bonheur; ce chemin
est le même que celui qui conduit au temple du Sublime Arch. .. des mondes.
Ce discours terminé le grand maître s'exprime en ces termes :
« Avant de suspendre nos travaux,joignez-vousà moi pour offrir le tribut de notre
reconnaissance aux FF. .. qui ontjeté les premiersfondements de ce temple auguste;
que leurs noms soient honorés d'âge en âge et puisse le Sublime Architecte des mondes
protéger leurs efforts en les convertissant en actions utilesà l'humanité! »
Le G. .. maître fait exécuterune triple Batt. .. et ensuite former la chaîne d'union, et
le baiser de paix circule avec enthousiasme de l'Or. .. sur les Col. .
28 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Le G. .. maître félicite les FF...Visit. .. et les engage à venir souvent dans ce temple
de la sagesse, pour assister aux travaux qui n'auront d'autre but que la gloire du
Sublime Arch... des mondes et le bien général de l'humanité.
- Les FF... Visit. ..y répondentpar la Batt.'., le signe et l'acclamation de leur rite;
laquelle est Couv. .. par l'At. .. Les travaux sont régulièrement suspendus suivant le
rituel.
INSTALLATION D'UNE LOGE
Les Loges maçonniques sont toujours installées par trois délégués nomméspar la
puissance suprême de l'Ordre.
Aujourfixépour l'installation, l'atelier,à l'arrivée des délégués installateurs, ouvre
ses travauxau premier degré symbolique et députe trois de ses membrespour recevoir
communication de leurs pouvoirs.
Sur le rapport favorable des députés, sept membres de la Loge, armés de glaives et
munis d'étoiles,vont recevoir hors du temple les délégués de la puissance suprême;
le vénérable et les deux surveillants les attendent à l'entrée du temple : ils leur
remettent les trois maillets, et les conduisent sous la voûte d'Ac. .; alors les travaux
sont suspendus.
Le président,à l'installation, occupe le fauteuil et fait placer le vénérable à sa
droite; les deux autres délégués remplissent les fonctions de premier et deuxième
Surveillant.
Avant d'ouvrir les travaux, le président fait parcourir les colonnes par les deux
délégués surveillants, pour s'assurer de la régularité des Maçons présents. L'atelier
prendun air de fête; il est resplendissant de lumière. Le président ouvre alors les
travaux au premier degré, descend de l'autel tenantson maillet en main; il va se
placer au milieu du temple, en face de l'orient, les deux surveillants à ses côtés.
Devant le président est une cassolette où brûle de l'encens; le grand expert et le
maître des cérémonies sont au pied de l'autel, sur lequel sont deuxurnes qui brûlent
de l'esprit-de-vin; derrière le président, entre les deux colonnes, sont le F. .. couvreur
et le porte-étendard avec la bannière de l'Ordre; tous les FF. .. se tournant vers
l'orient, le président s'incline et dit à haute voix :
Invocation.
«Suprême Architecte des mondes,Source de toutes les perfections et de toutes les
vertus,Ame de l'univers, que tu remplis de ta gloire et de tes bienfaits, nous adorons
ta Majesté suprême, nous nous humilions devant ta sagesse infinie qui créa tout et
qui conserve tout; daigne, Être des êtres, recevoir nos prières et l'hommage de notre
amour; bénis nostravaux, et rends-les conformes à ta loi; éclaire-les de ta lumière
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 29
divine, qu'ils n'aient d'autre but que lagloire de ton nom, la prospérité de l'Ordre et
le bien général de l'humanité.
» Unis les hommes que l'intérêt et les préjugés divisent, écarte le bandeau de
l'erreur qui obscurcit leurs yeux et fais que, ramené à la philosophie, le genre
humain ne présente plus qu'un peuple de FF.·., qui t'offrent de toutes parts un
encens pur et digne de toi.
»Gloire à toi,Seigneur!gloire à ton nom,gloire àtes œuvres! »
Le président remonteà l'Or. ., frappe trois coups suivant la batterie du rite, qui
sont répétés par les deux surveillants, et,glaive en main, déclare les travaux ouverts
et dit : « A moi, mes FF. .. » (Signes, batteries et acclamations.)
Le président fait donner lecture par le secrétaire des pouvoirs et des constitutions,
et les remet ensuite au vénérable avec les cahiers manuscrits et un exemplaire des
statuts et règlements généraux de l'Ordre; il en ordonne le dépôt aux archives et
procède à l'installation de la naissante Loge de..
Le maître des cérémonies monteà l'autel pour recevoir des mains du président du
blé qu'il sème dans le temple;pendant ce temps, l'harmonie se fait entendre.
Le président, après avoir frappé trois coups suivant la batterie, dit : Croissez et
multipliez, mes FE. .. !
«Je consacre cette Loge à lagloire du Sublime Architecte des mondes, à la frater
nité universelle, à la bienfaisance, émanation de la Divinité.
» Que les profanes, esclaves des préjugés et de l'erreur, restent àjamais éloignés de
ce temple : loin de nous l'homme dont l'âme froide ne saitpas compatir aux maux de
ses semblables; loin de nous celui dont l'œil aride ne se mouille jamais des larmes
de la sensibilité; c'est là le véritable profane : le flambeau maçonnique brillerait vai
nementà ses yeux,il ne le verrait pas.
» Que le fanatisme, la superstition et l'ignorance ne troublentjamais les travaux
des ouvriers qui seront réunis dans cet auguste sanctuaire.
» N'oubliez pas que la religion du Franc-Maçon est celle de Socrate, celle de
l'Évangile, celle de tous les hommes de bien, et que le but de cette sublime institution
est de rendre les hommes meilleurs; la Maçonnerie est enfin l'étude de la sagesse qui
sertà discerner la vérité, l'œuvre bienfaisante du développement de la raison et de
l'intelligence, le culte des qualitésducœur humain, et la répression de tous les vices. »
Le maître des cérémonies remonte à l'autel, et reçoit du vin, dont il asperge la
Loge. L'harmonie se fait entendre.
Le président frappe trois coups suivant la batterie et dit : « Je consacre cette Resp. .
Loge à lajustice,à la tolérance,à la concorde.
« Lajustice bien comprise peut tenir lieu de toutes les vertus, car elle les prescrit
lOulleS.
» Pour suivre sa loi, l'homme sera tempérant,parce que l'intempérance ôte la
faculté de juger sainement; il sera charitable, parce qu'il dira: Il n'est pas juste,
quand mon F. .. est affligé, de garderpour moi seul le bien que la nature a créépour
tOuS.
» Il sera tolérant, parce qu'il comprendra qu'il n'est pas juste d'imposer son
opinion à des hommes douéscomme lui de la faculté de raisonner.
- » Il sera bon père, bon époux, bon fils, bon frère, car il saura que ce sont des
devoirs naturels.
» Il dira enfin : La justice veut qu'on accomplisse les devoirs de la nature et de la
30 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
société,parce que l'homme est soumis à la loi du devoir; lajustice enfin est le fonde
ment de toute société; sans elle, deux hommes ne peuvent habiter ensemble; tout
dans cetemple vous l'enseigne par de nombreux emblèmes.
» Ici, c'est le compas, le niveau;à côté se trouve l'équerre. Ces outils allégoriques
apprennent au Maçon qu'il doit s'en servir pour rendre justes et parfaits ses travaux,
c'est-à-dire sa vie.
» Avez-vous étéinjuste enversvotre plus cruel ennemi? ne prenezpas un instant de
repos avant d'avoir réparévotre faute.Cet homme vous dira :Je vouspardonne,et moi,
je vous dirai: Mercipour vous-même,car le souvenir de cette réparation vous rendra
la paixdu cœur. Gloire àvous, car l'aveu d'une faute commise n'humilie point, et la
justice rend l'homme vraimentgrand.
» N'oublions doncpas, mes FF. ., que le culte le plus agréable au Subl.'.Arch. .
des mondes consiste dans les bonnes mœurs et dans la pratique des vertus; car la
Maç.. est l'ordre et la vérité dans toutes choses, elle est la haine detous les vices,
l'amour de toutes lesvertus. »
Le maître des cérémonies quivient de recevoir de l'huile des mains duprésident, la
répand dans la Loge. La colonne d'harmonie fait entendre une musique céleste.
Le président frappe trois coups suivant la batterie, et dit : «Je consacre cette res
pectable Loge à la vertu,à la science,à la vérité.
» Soyez bienveillants, éclairez les hommes vos FF.·., et soyezunis par la même
pensée, celle du bien.»
Sur l'ordre du président, le vénérable,entouré des officiers et des membres de l'ate
lier, en son nom et au leur,prête serment entre ses mains; le secrétaire fait ensuite
l'appel nominal des membres actifs inscrits sur le tableau, et chacun d'eux signe, en
double expédition, la formule du serment; les délégués installateurs certifient les si
gnatures apposées. L'une est déposée aux archives de la Loge, et l'autre est envoyéeà
la puissance maçonnique de l'Ordre par le président installateur.
Le président fait annoncer sur les Col.., qu'ilva être procédéà l'installation;après
cette annonce, tous les FF... étant debout età l'ordre, le glaive en main, le président
prononce l'installation en ces termes :
«Que l'obscurité disparaisse et que la vraie lumière dissipe les ténèbres de l'erreur
comme le soleil dissipe les ombres de la nuit. Que le Subl... Arch.·. des mondes cou
vre la terre de ses bienfaits et répande sa bénédiction sur tout ce qui respire.
» A la gloire du Subl...Arch. .. des mondes ! Au nom. et en vertu des pouvoirsà
nous délégués, nous installons à l'Or. .. de.. un Atel. .. travaillant du. au. sous
le titre distinctif de.
» La Loge est installée, que le Subl. .. Arch. .. des mondesvous soit en aide. »
Cette annonce est répétée trois fois sur les Col. .., et couverte par la batterie du rite.
Le président, à l'installation, fait former la chaîne d'union par les membres actifs
de l'atelier, leur communique le mot deS.,leur donne le baiser de paix, et s'exprime
tllIlS1 :
«T. .. CH. .. FF. ., - -
» Avant de nous séparer de vous, veuillez nous permettre de vous témoigner une
vive gratitude de la coopération fraternelle que vous avez apportée à l'exécution de nos
travaux; comme nous,vousen trouverez l'heureuse récompense dans la position ho-
norable et prospère que prendra chaque jour votre Resp... Loge.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 31
» C'est par la science, c'estpar la connaissance des principes et des causes des ac
tions humaines, que la pratique d'une douce morale vous deviendra plus familière et
plusprofitable; tous les bons sentiments viendront d'eux-mêmes se placer dansvotre
cœur, et vous rendront facile le triomphe de la vertu survospassions. -
»Vous avez compris la Franc-Maçonnerie Frat. .. ; tolérance, bonté envers tous, dé
vouementà notre antique institution, soumission à la puissance suprême de l'Ordre,
culte sincère et religieuxà l'Auteur de la nature :voilà les bases solides sur lesquelles
repose l'édifice que vous élevez à la gloire de la Franc-Maçonnerie; c'est ainsi que
vous ramènerez cette sublime institution à la vérité primitive, à son esprit bienfai
sant et civilisateur.
» Pour atteindre ce but désirable, vous vous êtes servis de cette sublimeinstitution
pour faire le bien. Continuez,T.".Ch. .. F.'.,à donner l'exemple du zèle et du dévoue
ment;que l'ordre et l'harmonie soient toujours avec vous ; la scienceà laquelle vous
aspirezvous éclairera de ses brillants rayons, et vous recueillerez bientôt les heureux
fruits devostravaux et de la noble mission que vous voulez accomplir.
» Les bonnes œuvres étant l'âme de la Maçonnerie, vous établirez dansvotre Loge
une caisse philanthropique.
» Cette caisse se composera des fonds de la tzédaka et des finances de la Loge res
tées libres après le solde des dépenses générales. Elle sera spécialement consacrée au
soulagement de vos FF. ..
»Un comitéde cinq membres,ycompris l'hospitalier, sera nomnépar le vénérable
pour gérer cette caisse.
»Un médecin sera chargé de visiter les malades membres actifs de l'At. .. et de
rendre compte au comité de leur situation.
» Toute demande adressée au comité sera motivée et faite par écrit; et aussitôt, il
déléguera un de ses membres pour s'enquérir de l'urgence des besoins qui lui seront
signalés.
» En cas de décès de l'un de ses membres, la Resp.'. Loge de. rendra les derniers
devoirs à ses cendres. Les honneurs seront les mêmes pour tous les FF... Une com
mission de trois membressera nommée par le vénérable,pour consoler les parents du
défunt.
» Le convoi étant terminé, il sera fait une distribution auxpauvres, et l'éloge funè
bre sera prononcépar l'orateur à la première tenue de Loge qui suivra le décès.
»Si le F. .. décédé laisse une veuve dans le besoin, on devra la secourir; s'il laisse
des enfants en bas âge, le comité en particulier et la Loge en général veilleront à
leur éducation, car on doit les aider et appeler sur eux les bienfaits de tous les FF.*.
»Tout membre actif de la Resp. .. Loge de.. qui aurait besoin d'une somme pour
satisfaire à des engagements, devra en faire la demande au comité, et le prêt sera fait
pour un temps limité et sansintérêt.
» Lorsqu'un F. .. sera sans occupation, il s'adressera au comité, qui avisera aux
moyens de subvenirà ses besoins; enfin le comité doit être spécialement chargé de
veiller au bien-être de tous les FF. ., d'améliorer leur sort par tous les moyenspos
sibles, et d'aiderà leur prospérité.
» C'est ainsique le véritable Maçon doit s'affermir et s'avancer dans la carrière de
toutes les vertus;il doit échauffer son cœur de l'amour du beau, de l'honnête, de
l'humanité et dusentiment de la F. .. ; son titre luiimpose le devoir d'être le premier
de la perfection humaine : cette perfection, c'est la vertu et la science, noble et sainte
32 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
devise de la Maçonnerie. Le Maçon, mes FF.., ne l'oubliez pas, doit être l'évangéliste
de la sympathie. » - , -
Après cette allocution, la parole est accordée au F. .. premier surveillant installateur,
quis'exprime en ces termes : -
«T. .. CH.·. FF.·.,
» Unissons-nous,formons des groupes d'amis pour être plus forts contre le mal
heur.Si chacun de nous s'abandonne à la fougue des passions, notre sublime insti
tution ne sera plus qu'une vaste mer couverte de vagues impétueuses qui, toutes
douées d'un mouvement contraire, s'entre-heurtent sans avancer; mais si nous unis
sons nos forces et nos facultés à celles de nos FF.., cette réunion formera une masse
puissante et tendant au même but, renversera tous les obstacles à notre félicité; la
subline raison, mère de la justice et de la vérité,deviendra notre consolation et notre
ferme appui, car il en coûte moins pour être vertueuxque pour être méchant; de
toutes les combinaisons de nos principes, de nos pensées, de nos actions, il n'en est
pas de plus sûres pour atteindre au bonheur, que celles qui nous sont traçées par
la vertu ; les événements se disposent pour la punition du coupable; la vertu sait
conjurer le malheur :jamais on ne voit derrière elle la figure hideuse du dégoût et
des remords,tandis que les passions sont toujours entourées de ce cortége redoutable.
»Le libertin, abruti dans toutes ses facultés, traîne dans la douleur une vieillesse
prématurée; l'avare expire de faim sur des monceaux d'or; l'ambitieux, qui atteint
le terme de ses désirs, en éprouve encore la soif dévorante ; la terre obéità ses lois,
il voudrait commander aux cieux; assis sur le trône du monde, il s'écrie :« N'est-ce
» que cela?»L'hommevertueuxseul ne connaîtpas les sollicitudes dévorantes, les dé
sirs insatiables, le dégoût et les remords: sa vie n'est qu'une succession de douces et
paisiblesjouissances; il inspire du respect à l'humanité et de l'intérêtà Dieu.
» La Franc-Maçonnerie, fille de l'espérance, développeà ses yeuxses brillantes des
tinées; elle occupe son esprit de ses douces promesses; il se voit accompagné d'un
protecteur qui le guide au milieu des périls; elle le soutient chancelant, entouré de
précipices, au milieu des ténèbres de l'ignorance et de l'erreur. Oui, la Franc-Maçon
nerie console le malheureux : ses sublimes inspirations l'élèvent jusqu'au Subl..
Arch. .. des mondes. Le cœur du véritable Maçon est la source de tout amour, de
toute amitié, de toute pitié; il est le foyer sacré de toutes les affections humaines.
»Un cœursensible est faitpour aimer; luiseul connaît l'amour pur:toute sa vie est
une suite de sentiments doux et tendres : soit qu'il ignore ce qu'il veut ou doit aimer,
il est toujours rempli d'amour; c'est à son foyer sacré que brûle le feu céleste de la
vie. C'est de là qu'émane,comme d'une source pure, cette douce chaleur de sentiment
qui anime,vivifie toutes lespensées de l'âme. -
» Dieu a créé l'homme innocent : sipar l'éducation de son âme et la culture de son
cœur il conserve son innocence, sa pureté primitive, il se formera à la bonté; s'il dé
veloppe le germe dubeau et dubon que le Créateur a mis en lui, il parviendraà toute
la perfection dont sa nature morale est susceptible, car la bonté du cœur de l'homme
est une émanation de la Divinité. La culture des qualités du cœurperfectionnent dans
l'homme le sens moral, le sens humain et le sens religieux; c'est par le perfection
nement de ces sens intérieurs que l'homme parvient à se former à la morale ou à
l'humanité.
» La pitié naturelle est le premier sentiment d'un bon cœur, d'une âme généreuse ;
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 33
unie à la bienfaisance, cette vertu divine, elle est l'amour en activité,toujours prêtà
secourir à la voix de la nature.
» La sensibilité est le principe de la pitié, l'humanité en est l'objet.
» Le sentiment est la volonté de Dieu; la volonté divine se manifeste par la voix de
la conscience, qui a également sa source dans le cœur de l'homme.
» La conscience est cette lumière intérieure et divine qui éclaire l'homme sur la
nature de ses sentiments, de ses pensées et de ses actions; c'est cette voix céleste
qui l'avertit quand il sent,pense ou fait le bien ou le mal, qui le remplit de remords
quand il manque à ses devoirs d'homme, et d'une joie pure lorsqu'il les a accomplis ;
cette voix enfin qui lui annonce toujours la vérité, et ne l'induit jamais en erreur
lorsqu'il l'écoute.
» L'homme de bien trouve dans son propre cœur son Dieu, sa loi, sa morale, sa
religion, et la règle de toute sa conduite envers les hommes; il trouve en lui-même le
code de la loi divine et humaine.
» Dieu et sa consience,voilà pour l'homme la règle de la loi qui estgravée dans
S0Il COUlI'.
» L'homme ne doit doncagirque par sentiment, rentrer sans cesse en lui-même,
écouter la voixintérieure de sa conscience et se tenir toujours comme en présence de
la Divinité.
»Toute la culture du cœur de l'homme consiste à le rendre sensible, aimant,pur,
innocent, bon, compatissant, humain, bienfaisant, généreux, grand, magnanime : ce
sont ces qualités qui le rendent parfait. -
» L'homme naît avec des besoins, des besoins naît le désir de les satisfaire, et des
désirs naissent les passions; les passions sont le grand ressort de l'activité humaine.
Pour les diriger vers la perfection de son être, l'homme doit connaître sa nature, ses
besoins physiques, moraux et intellectuels, et développer toutes ses facultés.
» Le travail, la vie active, l'habitude des bonnes actions, l'emploi de sesforcesphy
siques et morales pourfaire le bien, l'usage constant de la raison, ce sont les moyens
de conduire ses passionsà la perfection de son être; le triomphe des passions, c'est la
réunion de la sagesse et de la vertu.
» Dieu nous a donné la raison pour nous apprendre à distinguer le bien du mal, le
vrai dufaux;ilfaut cultiver la raison comme le moyen le plussûr de plaireà la Divi
nité et d'être utileà nos se. blables.
» Cultivons la science pour rendre la raison profitable, et établissons dans nos Loges
l'amour de l'humanité afin de nous sauver des ravages de l'erreur et du mensonge.
» Propageons la lumière et la vérité, car le perfectionnement moral des hommes est
le termeproposé dans notre sublime institution; que la pratique des vertus enprépare
la marche, et que les sciences en éclairant l'esprit nousconduisent au bonheurauquel
la sagesse divine nous destine.
Dans nos templestout est symbole,
Tous les préjugés sont vaincus.
La Maçonnerie est l'école
De la décence et des vertus.
Ici nous domptons la faiblesse
Qui dégrade l'humanité,
Et le flambeau de la sagesse
Nous conduità la volupté.
Le compas démontre un cœurjuste,
Si nécessaire à tous maçons ;
- 34 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Des apprentis la pierre brute -- ,
Symbolise nos passions;
Le niveau, l'aplomb et l'équerre - -
Sont sagesse, force et beaulé, - - . - -
Et l'emblème de lumière
Annonce la Divinité. -
Immédiatement après cette allocution, le président ferme les travaux suivant le ri
tuel. Après leur clôture, le vénérable et les deux surveillants de la Loge reçoivent les
maillets des mains des délégués qui, après avoir clos et signé le procès-verbal d'in
stallation, prennent place à l'Or. ., le président à la droite duvénérable et les deux
autresà sa gauche. -
Le vénérable remet les travaux envigueur et ensuite il s'exprime ainsi :
« Mes FF.·.,
»Ma tâche de fondateur est accomplie, vous allez marcher seuls; je ne serai plus
quevotre guide. - -
»Je rends grâcesà Dieu de m'avoir choisipour cette mission sainte, bien chèreà
mon âme; je lui rends grâces de m'avoir donnéla force de l'exécuter et aussi d'avoir
facilité mestravaux en m'entourant, dès l'origine, de collaborateurs au zèle et aux
lumières desquelsje meplaisà rendre hommage; car sansvous, mes FF.·., ma bonne
volonté eût été stérile.Vos efforts ont répondu auxmiens,votre confiance a été le prix
de la mienne, et tous ensemble, d'un commun accord, nous sommes venus à bout
d'une œuvre qui n'était pas sans difficulté, comme aussi elle ne sera pas sansgloire.
Vous voyez combien l'union, la persévérance, la F... peuvent surmonter d'obstacles;
que ceci soit un enseignementpourtoujours dans votrevie profane comme dans votre
vie maçonnique. J'en ai l'espérance,vous ne l'oublierezjamais.Que toujours laconcorde
règne parmivous, malgré les dissensions inséparables de la faiblesse humaine; que
la bienveillance, cette vertu divine et sociale, soit votre guide constant dans vos rap
ports avec les hommes en général et vos FF.". en particulier; aimez-vous les uns les
autres, c'est la morale Maçon. ., c'est celle de l'Évangile.
»Conservez-moiaussi, mes FF.'.,un souvenir; continuezà me donner des marques
de votre affection comme vous l'avez faitjusqu'à présent : elles remplissent mon cœur
de joie. Pourvous, compteztoujours sur mon amitié; chacun de vous trouvera tou
jours en moi, dans ce temple et ailleurs,je ne diraipasseulement un F.., mais un
ami empressé. Il est si doux d'aimer et d'être aimé !
»Que le SublimeArch. .. des mondesvous soit en aide.»
L'orateur se lève et s'adresse au vénérable en ces termes :
«Vénérable, nous sommes encore émusdesparoles que vousvenezde faire entendre ;
vous le voyez, notre reconnaissance ne sait comment s'exprimer. Un silence religieux
régnait commeà l'ordinaire; vous avez parlé, et les cœurs se dilatent; et, pour la
première fois, un murmure dejoie se fait entendre et arrive jusqu'à vous, et les sur
veillants ont élevé le maillet, signe d'une autoritéincontestée. Mais ils n'osent frapper
tant ils sont émus eux-mêmes, cartous nous éprouvons un bonheur indicible. Per
mettez-moi d'être l'organe des sentiments de gratitude de cette Resp.'. Loge, quivous
doit son existence; et vous, mes FF. .,pardonnez-moi si, dans cette circonstance,je
suis au-dessous de la mission queje prends de mon zèle seul.
»T. .. Ch. .. vénérable, c'est à vous,à vous seul qu'est due la gloire d'avoir fondé
cette Loge;jouissezde votre ouvrage,jouissez-en avecun orgueil légitime, comme un
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 35
père qui, après de nombreuxtravaux, jouit de se voir entouréde safamille heureuse,
attendrie, reconnaissante. Oui, les membres de cet atelier sont tous vos enfants, car
vous leur avez donnéune seconde vie en les initiant à notre sublime institution.
»A la Maçonnerie, qui unit les hommes de toutes les contrées du monde; chaîne
mystérieuse et sacrée, dont le premier anneau est cachédans les nuages de la plus
haute antiquité, dont le dernier anneau,je le crois et l'espère, comblera de félicités
inconnues nos arrière-neveux; chaîne mystérieuse et sacrée, qui, d'Orphée,deThalès
et de Pythagore, est venue jusqu'à nous, soutenue par tous ceux qui ont eu foi au
progrès, autriomphe de l'esprit sur la matière.
» Nous étions plongés dans les ténèbres de la vie profane,vous avez ouvert nos
yeuxà la lumière.
» Nous étions presque inconnus les uns aux autres, votre sagesse nous a réunis dans
ce temple ; et déjà nos hymnespieux, nostravaux symboliques, rappellent chacun de
nous au sentiment inné de religiosité que Jéhova n'incrusta pas en vain au cœur de
l'homme,à cette douce F. .. que les passions mauvaises attaquent chaquejour dans le
monde,et déjà (ô mes FF.'., me démentirez-vous?) nous nous sentons meilleurs, parce
que nous avons le désir de le devenir.
» Notre reconnaissance ne pourrajamais égalervos bienfaits; soyez donc béni de
vant Dieu et devant les hommes : c'est la seule récompense digne de vous.»
Personne ne demandant plus la parole, leVén.*.prononce d'une voix émue l'allocu
tion suivante :
« Il est bien doux ce nom de F. .. que les Maçons se donnent entre eux. A quoi ser
viraient en effet la sagesse, la science, la connaissance duvrai Dieu, si le bonheur de
l'humanité n'était le but de la Maçonnerie ? et comment ce bonheur serait-il atteint
sans la bienveillance mutuelle des hommes?* Que serait la société sans la fraternité ?
La loi de la Maçonnerie est une loi d'amour, et l'amour est le principe efficient de la
morale. Puissent les liens de cette F. .. précieuse se resserrer de plus en plus, et en
lacertous les hommes dans un seul faisceau! C'est le vœu le plus cher de mon cœur.
» Et vous, T. .. CH. .. FF... visiteurs, votre présence nous comble de joie. Votre
raison élevée vous a fait sentir que tous les Maçons étaient FF.., et que la Maçon
nerie était une, malgréses rites divers; comme le genre humain est un, malgré la
diversité des langages. Vous avez compris que l'autel de la tolérance devait s'élever
aussi dans le temple de la sagesse.
» Unispar la mêmepensée, marchantvers le même but,tous les Maçons doivent don
ner et recevoir le baiser depaix, etformer le lien indissoluble que laphilosophie a tissu.
» Venez donc souvent encourager,illustrer par votre présence les travaux de ce
jeune atelier. Le Sublime Archit.. des mondes écoute avec amour leshymnes religieux
des enfants d'Hiram, etpartout où son nom est béni,il fait sentir son souffle divin. »
Puis le vénérable dit : «A moi, mes FF. ..»(Il fait le signe. La batterie et l'accla
mation ainsi que tous les FF... de l'At. .)
Lesvisiteurs répondent par quelques mots de remercîment et en Couv.·. cette Batt. .
«Je n'abuseraipas plus longtemps de votre indulgente bonté, mes F. .,mais avant
de suspendre les travaux de cette Resp. .. Loge,joignez-vousà moipour offrir le tribut
de notre reconnaissance aux Ill. .. FF. .. délégués, qui, muspar de nobles sentiments
pour le bonheur des hommes, sontvenus nous prêter le secours de leurs lumières, et
nous guider dans lespremiers pas de lavraie sagesse. »(On fait une triple Bat.'., la
quelle est Couv. .. par le déléguéinstallateur.)
36 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
, Les travauxsont suspendus suivant le rituel; les morceaux d'Arch. .. prononcés dans
cette solennité sont remis auT. .. Ill. .. F. .. délégué, pour être déposés aux archives
générales de l'ordre.
TRAITÉ D'UNION ENTRE DEUX LOGES
Objets servant à Ia cérémonie.
Sur l'autelsont : dupain et duvin dans des vases d'argent; dansune coupe de cris
tal est un anneau d'or portant pour ornement deux mainsjointes, symbole de la bonne
foi, etpour inscription,en dedans : «Alliance de.. la Loge de D.avec la Loge deB.»
, Un candélabre à trois branches, garni de bougies et de fleurs, est placé sur l'autel
des serments, ainsi que l'acte d'alliance fait en double, et deuxplumes de pélican pour
les signer : ilyaégalement cinq diplômes d'honneur destinés aux députés et auvéné
rable de la Loge de B.Tous ces objets sont couverts d'un grandvoile blanc.
La Loge deB.envoie,par réciprocité, cinq diplômes d'honneur etun anneau d'or. .
- Quatre de ces titres sont remis auxpremiers dignitaires de la Loge D., et le cin
quième au vénérable,avec un anneau d'or semblableà celui de la Loge D.
Lestravauxsont ouvertsau premier degrésymbolique.Après la lecture duplanpar
fait de la dernière tenue, le Vén. .. nomme une députation de cinq membres chargés
d'introduire dans la Loge les députés de la Loge B., avectous les honneursprescrits
par les statuts généraux. -
Le Vénérable leur dit : «T. ..C. .. FF. ., membres de la respectable Logede..,1 e
génie des lumières, du courage et de la consolation, vous a députésvers nous, pour
contracter un traité d'union : nous acceptons ses bienfaits, nous remplissons son at
tente : il remplira la nôtre; c'est dans le temple de la vérité, sur l'autel de la frater
nité, en présence de tous ces vénérables FF. ., que nous allons contracter l'heureuse
alliance qui doit nous uniràjamais.»
Le président de la députation se lève et demande la parole; il prononce un discours
dans lequel il expose combien la satisfaction de la Loge de B. futgrande lorsqu'elle
conçut la possibilité de voir son union se consolider avec la Loge de D.
Il établit ensuite une comparaison entre les deux Loges et les membres d'une même
famille qui, par la similitude desgoûts, par la sympathie des caractères et par l'ho
mogénéité du travail, cimentent leurs liens d'une manière plus étroite et plus sainte.
« Les Loges, dit-il, que les mêmes études et qu'un but identique font marcher dans
les mêmesvoies, s'unissent plus intimement et confondent,pour ainsi dire, leurs tra
vaux.» L'orateur démontre ensuite le besoin irrésistible qu'éprouventtous les hommes
de s'aimer, de s'éclairer, de s'entr'aider, et termine par cette allocution sur l'amitié:
«T. .. CH. .. FF.-.,
» L'amitié n'est que l'amour du cœur ou la sympathie desâmes;uneâme tendre,un
cœursensible, ne peuvent exister sans affections; l'homme a besoin d'aimerson frère,
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 37
son semblable : la nature lui a fait une loi de se former à l'amitié, qui n'est qu'un
amour dégagé dessens.
»Sans l'amour et l'amitié, mes FF. .. , les hommes ne sont point et ne peuvent être
heureux; le grand art de les rendre meilleurs, c'est de leur apprendre à s'aimer; l'ami
tié ennoblit, son existence épure leurs sentiments et leurs affections ; l'éducation de
l'amitié embrasse toute la vie de l'homme, elle exige l'égalité. Mon ami, disait un
sage, est un autre moi-même. Elle exige surtout le sentiment de sa propre dignité,
de la sympathie, une conformité de pensées, de goûts, de caractères, de penchants,
qui s'accorde avec l'amour de la vertu, car la vertu est le lien de l'amitié.
» L'amour et l'amitié ne sont point hors de l'humanité : les affections de deux êtres
sensibles et intelligents,pour être ennoblies, doivent s'étendre depuis le fond de leur
âme jusque dans celle de leur semblable et embrasser tous les cœurs. -
» Il faut que l'amitié forme les cœurs de tous les hommes, qu'ils se nourrissent des
plus nobles sentiments et des pensées les plus élevées; il faut, enfin, qu'ils cherchent
leur bonheur dans le plaisir d'aimer,pourjouir d'une félicité suprême.
» Tous les charmes de l'amitié sont dans cet épanchement des cœurs qui met en
commun tous les sentimentsgénéreux, toutes les pensées et toutes les idées quiten
dentà l'élévation de l'âme.
»Un des actes les plus importants de la vie humaine est de savoir se lier d'amitié
avec quelqu'un qui nous élève par les sentiments : celui quiauneâme noble, un cœur
vrai et sincère,un esprit cultivé et orné de connaissances utiles, celui qui sent, qui
pense, qui agit selon la dignité de l'homme, qui dit franchement la vérité, qui est
simple dans sesparoles, de bonne foi dans ses actions,« un ami qui ose nous dire nos
» défauts, disait Socrate, est le plusgrand présent de la Divinité.»
. » La véritable amitié ne se montre que dans l'infortune : les heureux ne s'aiment
point. Pour sentir le bonheur suprême d'aimer, il faut que le malheur ait attendri le
cœur; l'amitié qui n'a point été éprouvéepar l'adversité, qui n'ajamais fait de sacri
fices, ne peut avoir une longue durée. Le riche n'a point d'amis pour lui, mais pour sa
fortune, et cependant,il peut se faire l'ami de tous les hommes par ses bienfaits; le
riche bienfaisant est l'ami de Dieu, et le pauvre qui travaille en est le bien-aimé.Oh !
mes FF. .,soyez les amis des hommes,etvous serez lesamis duSubl. .. Arch.'. desmon
des; mais sivous n'êtes pas les amis de vos FF.'.,vous serez les ennemis de Dieu et de
vous-mêmes ; si vous êtes les bienfaiteurs des pauvres, les pères des orphelins, les
FF... de la veuve, alors vous leur montrez non-seulement un père au ciel, mais en
core un ami sur la terre. - -
» Enseigner lavérité et faire du bien aux hommes, c'est imiter les œuvresduSubl.'.
Arch.'. des mondes- " . - ,
»O mes FF..,vous qui sentez le besoin d'aimer, vous qui voulez passer cette vie
dans le sein de l'amitié,faites que l'union que nous venons de contracter soit durable,
qu'elle échauffe nos cœurs et anime nos esprits, et nos cœurs se formeront à toutes les
vertus qui élèvent et perfectionnent l'humanité. ..
» Joignons doncnos efforts, resserrons les liens qui nous unissent afin de conjurer,
par nos forces réunies et plus puissantes, les maux qu'amènent sans cesse l'ignorance
et la perversité. »
Après cette allocution, les deux maîtres des cérémonies montent à l'orient et vont
donner la main aux députéspour les conduireà l'autel. - . ' -
Le vénérable y arrive avec un flambeau; il allume une des bougies, et ilpasse le
38 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
candélabre au président de la députation qui allume la seconde; celui-ci le passe au
député de la puissance suprême, qui allume la troisième.
Cet acte emblématique est compris partous les enfants de la veuve.
Le vénérable dit alors : « A la gloire du Sublime Architecte des mondes,de celui
quijuge les cœurs,quidonne lajoie aux bons et les remords aux méchants.
» De celui quia créé la lumière et la véritépour guider les hommesvers lajustice,
la vertu et l'amitiépour les rendre heureux.
» La Loge de D. .. déclare solennellement contracter union, alliance et amitié sans
bornes avec la respectable Loge de B. ..
» Les motifs de cette alliance, mes FF.'., sont les hautes vertus et les lumières des
membres qui composent le vénérableAtelier de B. ..»
Le président de la députation de la Loge B. .. demande laparole;il dit : «Sous les
auspices de. et au nom de la Loge B. ...,
»Je déclare solennellement contracter union, alliance et amitié sans bornes avec la
respectable Loge de D. ... Les motifs de cette alliance sont les hautes vertus des mem
bres qui la composent et les vives lumières qui émanentsans cesse de son sanctuaire.
»Pour que nos serments soient stables, nous nous souviendrons toujours des senti
ments qui nous les ont fait contracter, nous penserons sans cesse à la gloire et au
bonheur qu'ils nous promettent. »
Le Vén.*. dit : « Auxtemps anciens de la simplicité et de la bonne foi, on buvait,
on mangeait ensemble quand on faisait un traité.Voici dupain; prenons, mes FF...,
rompons et mangeons ensemble le pain de la fraternité. (Le pain est rompu et mangé
par le vénérable et la députation.)
»Voicidu vin,prenons, et buvons ensembleà la coupe de l'amitié. Cette coupe est
le symbole de la vie; elle va circuler et chacun de vousy boira, car nous devons par
tageren FF.'.levingénéreux qu'elle renferme, comme nous devons partager les biens
que la bonté divine nous dispense; mais siau lieu d'une boisson agréable cette coupe
était remplie de fiel, nous devrions encore l'accepter ety boire avec résignation,parce
que nous serionsindignes de partager le bien de nos FF...si nous n'étions prêtsàpar
tager leurs maux. Prions le Subl... Arch. .. des mondes d'éloigner de nous la coupe
amère, emblème de l'adversité. (La coupe passe de main en main.)
»Que le pain nous manque, que la faim, la soif, la honte et le malheur nouspour
suivent, si nous trahissonsjamais nos serments.»
Tous les membres lèvent la main droite, la dirigent vers l'autel des serments, en
disant : Nous le jurons !
Le vénérable embrasse les députés et dit : « Recevez ce baiser fraternel au nom de
notre respectable Loge,pour votre Ill. .. vénérable, pourvous et pour tous vos FF. .. »
Le vénérable prend l'anneau qui est dans la coupe de cristal, le montre à l'assem
blée,puis le présentantaux envoyés il leur dit :
« Prenez cet anneau : nous l'offrons à votre vénérable comme le sceau de notre al
liance. Priez-le de le porter en mémoire de nous et de la joie que nous ont causée sa
justice et ses vertus.
»Voici le double contrat de notre union;je le signe le premier au nom de notre
Resp. .. Loge.» En signant, le vénérable dit aux députés :« Deux plumesvont nous
servir;vous garderez l'une et nous l'autre. Peut-être unjour nos descendants aime
ront à les voir. »
Les députés signent, ainsi que tous les FF.*. appelésà remplir cette formalité.
LE PANTHÉON MAÇONN1QUE. 39
L'orateur prononce un discours analogueà la cérémonie du serment.
Après le discours, le vénérable fait la prière suivante (l'encens brûle sur l'aute).
Prière.
«Sublime Architecte des mondes, Père de la nature, Auteur etSourcede touteperfec
tion et de toute vertu, tes enfants réunis en ton nom dans cet auguste sanctuaire,
pour contracter un lien d'amitié,te rendent mille actions de grâces pour les faveurs
signalées que tu as daigné verser sur eux. Continue, Père miséricordieux,à répandre
sur la nature entière la rosée bienfaisante de tes dons, et bénis nos travaux, qui n'ont
d'autre but que la glorification de ton nom sacré, et la construction de ce temple mys
tique de la sagesse, qui doit unjour réunir tous tes enfants.
» Gloire à ta sagesse,à tajustice età ta bontéinfinies. »
Le vénérable remonte à l'autel, prie les FF... de l'At. .. de se joindre à luipour une
batterie d'honneur, d'amour et de reconnaissance; cette batterie est couverte par les
députés.
Lasuspension des travauxse fait comme dans la loge symbolique du premier degré.
Nota.Ce rituel est adoptépar le T. .. Ill. .. F. .. David M° Lellan, P.'. G.'. maître et
chef Sup. .. de l'ordre Maçon. .. de Memphis aux États-Unis, fondateur du conseil des
Subl. .. maîtres dugrand œuvre composé de deuxcentsvénérables de Loges,où l'on se
réunit pour enseigner les principes de la plus haute philosophie et poury donner des
leçons et des exemples de morale, de vertu etd'amourpour nos FF...On s'y occupepar
ticulièrement du bien qui a étéfait et de celui qui resteà faire. Cet Ill. .. F. .. a parfai
tement compris que pour honorer la Franc-Maçonnerie il fallait une grande persévé
rance dans la carrière de toutes lesvertus:gloire auT.'. Ill.'. F.'. M° Lellan ! que son
nom soit honoré d'âge en âge !
--G)--
LE BAPTÊME MAÇONNIQUE
Lorsqu'un F. désire faire adopter son enfant par la Loge dont il est membre actif,
le vénérable convoque l'At. ., et lestravauxsont ouverts aupremierdegrésymbolique
en la forme accoutumée.
Le président, après la lecture du plan parfait des travaux de la dernière tenue et
l'introduction de FF...visiteurs, annonce que le F. .. N. .. présente son filsà la Loge,
et demande qu'elle veuille bien le reconnaître comme un de ses enfants; aucun des
FF.'. ne s'opposant à cette adoption, le maître des cérémonies remet au présentateur
le ciseau, le maillet et la pierre brute; le président luiparle en ces termes :
« Mon F.*., ce louveteau que la nature confie à vos tendres soins, à votre sollici
tude intelligente, doit faire un jour la consolation ou le tourment de votre vie, la joie
ou la honte de l'humanité, selon la direction quevous saurezimprimerà ses facultés
naissantes. --
40 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
» Lapierre quevous tenez est informe, sans utilité apparente, et cependant qu'on
la confie au ciseau d'un Phidias ou d'un Michel-Ange, et l'artiste en fera sortir un
chef-d'œuvre; mon F. ., appuyez le ciseau sur cette pierre brute, et avec le maillet
frappez les coups mystérieux, au bruit desquels s'ouvre la porte du temple. .
» Les trois coups mystérieux que vous venez de frapper, mon F.'., symbolisent le
travail quevousimpose l'éducation de votre fils; son intelligence, encore endormie,
est comme la pierre brute que, dans sa forme primitive, le passant foule dédaigneu
sement auxpieds, tandis qu'il l'admirera façonnée par les mains d'un habile ouvrier ;
livré sans défense aux funestes impressions du vice, votre louveteau serait bientôt le
rebut de l'espèce humaine, tandis qu'il en sera l'honneur, si vous avez soin de former
son corpsà la tempérance, de diriger son cœurvers l'amour du bien, et d'éclairerson
intelligence du flambeau de la vérité. » - -
Le président invite le père de l'enfantà prêter le serment dont voici la teneur :
Leprésident dit : « Debout età l'ordre, mes FF. ., la main gauche sur le livre de
la loi et sur le glaive. » Le père de l'enfant dit : -
Sermanenat.
«A la gloire du Sublime Architecte des mondes, et en présence des éclatantes
lumières de cette Resp.'. Loge,je jure d'inspirer à mon enfant ses devoirs envers
Dieu et sapatrie;je promets de lui faire bien comprendre que tout être qui souffre a
des droitssacrés sur lui, qu'il doit édifier parson exemple, aimer son prochain,pren
dre partà la félicité d'autrui; je lui apprendraià pardonnerà son ennemi,à ne se
venger que par des bienfaits,à pratiquer toutes les vertus; je le dirigerai, afin que
des mœurs chastes et sévères soient ses compagnes inséparables, que son âme soit
pure, droite et vraie.
» Je lejure, que la Toute-Puissance me soit en aide ! »
Après ce serment le président dit :
«Je reçois votre serment au nom de l'Ordre; puisse le Sublime Archit. .. des mondes
vous donner la force et les lumières nécessaires pour l'accomplir ! , - -
» Le baptême est une purification qui date de la plus haute antiquité, et qui a été
reçue par tous les peuples, avec diverses modifications et cérémonies. Les Banians ont
une formule courte, mais expressive : « Seigneur, disent-ils, nous vous offrons cet
» enfant, issu d'une tribu sainte, oint d'huile et purifié. »
» Les Arméniens pratiquent le baptêmepar la triple immersion de tout le corps du
néophyte dont ils croiraient le salut en danger, s'ils négligeaient de tremper la moindre
partie de son corps dans l'eau sacrée. - , - , , - - -
» LesGymnosophistes de l'Inde n'admettaient le néophyte à l'étude de la science
sacrée, qu'après l'avoir purifié par l'eau, le feu et l'air, et ne terminait jamais cette
cérémonie sans adresser cette courte allocution au récipiendaire :
« JEUNE INITIÉ,
» Lorsque le Sublime Architecte des mondes,traçant le sublime plan de l'univers,
» fit l'homme intelligent, il lui tint ce langage:-Tupourras t'éleverjusqu'à moi, si tu
»veuxsuivre et accepter ma loi; travaille sans cesse avec résignation et courage,tes
» peines seront rémunérées. J'ai placé ta puissance dans ta volonté, je t'ai donné une
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 41
»âme immortelle et l'esprit qui te rapproche de moi et quit'élève au-dessus de tous les
» êtres créés;tous t'obéiront;je t'ai fait mon représentant sur la terre. Marche. je
»veilleraisurtoi; rien de ce que tu feras n'échappera à mon regard; sois persévérant,
»etje te permettraide soulever sans cesse de plus en plus le rideau mystique dont j'ai
» recouvert les secrets de la civilisation...
» Je te donne ces outils symboliques, l'équerre, le compas, le niveau et la truelle.
» Ils sont d'origineimmortelle et d'une précisionimmuable;comme moi, leur construc
»tion se confond dans les plans éternels que j'ai arrêtés. -
» Élève des autelsà la vertu, tresse des couronnes pour elle, bâtis des cachots pour
» les vices. »
Après ces explications, leprésident remet au parrain du louveteau le fil à plomb; il
le tient de manière que l'extrémitésupérieure soit placée vers le cœur de l'enfant; le
premier surveillant le touche de la main droite et dit :«Que la loi d'attraction quifait
tendre cefilvers le centre de la terre gouverne tes actions et lesfasse tendre incessam
ment vers la justice et la bonté, attributs par excellence du Subli. .. Arch.·. des
mondes, et les deuxpoints qui rapprochent le plus l'homme de la perfection. »
Ensuite le premier surveillant,tenant de la main droite un côté du niveau que le
parrain soutient de l'autre côté,s'exprime ainsi : «Apprends que tous les hommes
sont égaux et que lajustice est basée sur la grande loi de la réciprocité.
» Ne prendsjamaisune résolution vis-à-vis d'un homme,ton semblable et ton égal,
sans te demanderà toi-même situ esvéritablement prêt à lui donner degrand cœur
ce quetu te préparesà exigerde lui. »
Le président et le parrain prennent l'équerre et la tiennent élevée au-dessus du
louveteau, le Vén. .. dit :« Que la raison et la conscience se réunissent comme les
deux côtés de cetinstrument, dans lejugement que tu porteras des actions des autres,
dans la recherche incessante de lajustice et de la vérité. »
Les deuxSurv.'. et leparrain,portant chacun un flambeau, s'approchent du candé
labre de l'angle dusud-est; le père, portant son louveteau, les suit accompagné du
Vén. .. qui dit, en s'adressantà l'atelier :
« Mes FF. ., promettez-moi que vous donnereztous à cet enfant l'exemple de la
droiture, de l'empire survous-même et d'une austère moralité.»
- Les FF... répondent : « Nous lejurons. »
Le Vén.'.prend alors le flambeau du premier surveillant, allume le candélabre et
dit :
« Allons, mes FF."., au candélabre du sud-ouest. »
Arrrivé là, le vénérable s'adressant à la Loge :
« Promettez-moi, mes FF.., que vous fereztous vos efforts pour empêcher que ce
louveteau ne tombe dans l'abîme de l'imposture et de l'erreur. »
Les FF. .. répondent :« Nous lejurons. »
Le Vén.'. enfin, suivi du parrain, des deuxsurveillants et du louveteau,portépar
son père, après avoir allumé le deuxième candélabre, se rend auprès du candélabre
du nord-ouest et dit :« Promettez-moi, mes FF. ·., quevous inspirerezà ce louveteau
l'amour de ses semblables, le sentiment de la bienveillance et de la F. .. universelle;
promettez-moi que vous lui inspirerez le désir de travailler sans relâche au bien de
l'humanité. »
- Les FF.'. répondent :« Nous lejurons.»
42 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
LeVén... allume le flambeau du troisième candélabre, fait apporter le verre déposé
sur l'autel et qui contient du vin, le remet au parrain,y trempe l'index qu'il porte
ensuite sur les lèvres du louveteau, et dit :
«Que ta bouche ne soit jamais souillée par le mensonge, mais que tes lèvres s'ou
vrent pour proclamer hautement la vérité; que ta voix retentisse hardiment pour la
défense du malheur et de l'innocence contre l'oppression, qu'elle porte la consolation
et la paix dans le cœur de tes semblables et la terreur dans l'âme du méchant, »
Il trempe une seconde fois son doigt dans le vin, le porte successivement aux deux
oreilles du louveteau et dit : « Sois toujours attentif aux leçons de la sagesse et de
l'expérience; quejamais la voix de l'infortune ne trouve ton oreille insensible; mais
ferme-la toujours auxséductions duvice,auxsophismes de l'erreur et auxsuggestions
de l'injustice. »
Il trempe une troisième fois l'index dans le vin et le passe sur les paupières du
louveteau : «Que tes yeux apprennentà lire dans le livre sublime de la nature et
qu'ils s'ouvrent de bonne heure aux rayons de la lumière telle que la comprennent les
véritables Maçons.
» FF., éteignezvos flambeaux. Puissent lesvœux que nous venons de former, les
engagements que nous avons pris, contribuerà rendre ce louveteau heureux et digne
de s'asseoir au banquet des élus de la vérité! »
Le Vén.". frappe trois coups de maillet suivant la batterie et dit :
- « A lagloire duSublime Architecte des mondes,au nom et sous les auspices de...,
je proclame le louveteau N., enfant adoptif de la Resp... Loge de..., et voustous
mesFF.'.,à le reconnaître en ladite qualité età lui prêter aide et protection aubesoin.»
(Signe, batterie, acclamation.)
Après cette proclamation, le Vén. .. dit : « En place, mes FF. ..- F. .. orateur, vous
avez laparole.»
«T. .. CH. .. FF.·.,
» Demandezà la plupart des hommes qui ont vu la lumière maçonnique, ce que
c'est que cette sublime institution, et ils vous diront que la science renfermée dans
son sanctuaire n'est qu'unvain mot, et croyant que tout est dans les symboles exté
rieurs qui frappent leursyeux, ils se retirent prétendant n'y avoir rien trouvé qui
puisse fixer l'attention d'un homme éclairé. -
» De là des systèmes plus ou moins ingénieux, maistous erronés lorsqu'ils ne sont
pas coupables, et qui ontfait des Loges maçonniques une arène, et de cette sublime
institution une thèse oiseuse pour la multitude des esprits superficiels, comme siun
fruit hétérogène,greffé sur un arbre précieux,pouvait remplacer le fruit naturel de
cet arbre; comme si, enfin, la Maçonnerie était une table rase sur laquelle il serait
loisible à chacun d'écrire sa pensée. Disons-le avec douleur,beaucoup trop ont imité,
sans le savoir, l'ignorance des ces moines du moyen âge qui ne craignaient pas de
détruire les chefs-d'œuvre de l'antiquité qu'ils avaient le malheur de ne pas com
prendre, pourysubstituer d'insipides écrits.
» Nous regrettons que la généralité des Maçons soit satisfaite d'une apparence
mystérieuse, et se contente de savoir prononcer quelques mots dont elle ignore le
sens, et de répéter quelques signes inexacts; tandis que l'observateur philosophe s'é
lance dans les siècles passés, remonte aux causes premières, au but réel de nos insti
LE PANTHEON MAÇONNIQUE. 43
tutions, et lorsque le succès a couronné ses pénibles recherches, lorsque la lampe de
l'étude àpu guider ses pas dans le dédale obscur des mystères antiques, avide d'in
struction, il viendra chercher des connaissances nouvelles dans le sanctuaire où se
trouve l'arche vénérée des traditions.
» La Franc-Maçonnerie est la suite des mystères de l'antiquité. C'est dans l'Asie, ce
berceau du genre humain, que nous retrouvons la plus ancienne institution de ce
genre, celle des Brachmanes. De l'Asie, la connaissance de cesvérités sublimespassa
en Afrique, où se célébrèrent les mystères d'Isis, qui ontun rapport si frappant avec
notre sublime institution.
»Pour arriverà son berceau,ilfaut doncremonterles sièclesjusqu'auxpremiersâges
du monde. Dans les temps où la force brutale régnait seule, ceux des hommes qui
étaient sages mirent en commun leur faiblesse et concentrèrent au milieu d'eux le
dépôt des sciences et des vérités acquises, dont ils émiettèrent pour la pâture de la
foule quelques éléments et quelques symboles. Ces premiers sages furent connus
sous le nom de Gymnosophistes. Leurs principes n'existent plus que dans les Vedas sa
crés et chezune tribu faible et dispersée, dont les membres portent le nom de Scham
maners. Ces Brahmes furent conquispar les farouches enfants de Vichnou, quivinrent
fonder un empire et une religion nouvelle; avant cette époque ils avaient entrepris de
civiliser le monde. Deux législateurs,du nom de Zoroastre, répandirent leur doctrine
dans la Perse. Le premier, élève des Brachmanes, contemporain de Virengham,père
de Djemschid,posa les bases de son culte. Ses disciples reçurent le nom de mages ;
ils furent poursuivis, mais leurs principes furent conservés religieusement jusqu'à la
naissance du second Zoroastre, qui vint de l'Égypte, et que quelques-uns ont dit être
Abraham.
» Les mages perses passèrent à Méroé en Éthiopie, contrée alors puissante et éclairée,
aujourd'hui déchue.
» Osiris descendit des montagnesde l'Éthiopie et civilisa l'Égypte, par l'institution des
mystères d'Isis; il est le même appelé aussi Ménès, Thaut ou Mercure trismégiste.
» De l'Égypte, les mystères passèrent dans la Samothrace en l'an 1950 avant notre
ère; ce furent ceux des Cabires. Danaüs, Cadmus,Triptolème, l'un des compagnons
d'Osiris, selon Diodore de Sicile, les portèrent dans la Grèce, Abaris chez les nations
hyperborées. -
»C'est du nord, dit le F.*.Senancour, que les Grecs ont reçu leur doctrine secrète, et
celle deCadmus (l'antérieur ou l'oriental), quifondaune sorte de Cadmée,une Thèbes,
un dépôt des sciences ; c'est Eumolpe, fils de Musée, et contemporain d'Érechtée,pre
mier roi d'Athènes, qui établit les mystères d'Éleusis dans cette ville, où ceuxde Cérès,
avec lesquels il nefautpas les confondre, existaient déjà. Ces mystères, même avec le
secours des lumières d'Eumolpe, initiéà ceux de Samothrace, ne purentjamais par
venirà la haute importance de ceux d'Égypte, qui ne furent révélés qu'en partie à
Triptolème;à raison dé sa faiblesse, il n'avait pu supporter la seconde épreuve, et
d'après les lois de l'initiation, il devait rester enfermé dans les souterrains; mais les
prêtres d'Isis lui firent grâce, ainsi que plustard à Orphée, parce qu'ils sentaient le
besoin d'envoyer un législateurà la Grèce encore barbare.
» Orphée régularisa les mystères d'Éleusis ; instruits à son école, Melampus en éta
blit de semblables dans l'Argolide, Trophonius en Béotie,et le célèbre Musée à Athènes.
» Dardanus apporta les mystèresen Phrygie : Apollom et Neptune, êtres allégoriques,
Comme les Mercures d'Égypte, les introduisirent dans la Troade; c'est ce que nous
44 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
révèle le F. .. de Courcelles, par l'explication de cet emblème de la construction de la
ville de Troie,à laquelle ils s'employèrent déguisés en maçons.
» L'initiation se répandit égalementdans les Gaules où furentfondés des colléges de
druides(druide vient du celtique,parler avec Dieu); ils étaient divisés en trois classes:
1° vacies, dépositaires des secrets; 2° bardes, chantant des hymnes;3° eubages, sacrifi
cateurs; lesprêtres inférieurs s'appelaientSaronides ouSemnothées. La théocratie des
druides avait conservé des traces irrécusables du vieuxgénie de l'Orient, et ces sacrifi
cateurs firenttoujours des efforts pour maintenir la science secrète.
» Elle parvint également chez les Étrusques. Danse de Villoison prétend que cette
institution existaità Herculanum. -
» Les Latins en eurent aussi connaissance, soit par lesTroyens réfugiés, soit par les
Étrusques; le culte de Vesta symbolisa celui d'Isis.
»Lepeuple d'Israëlparticipa aux bienfaits de la lumière, soit que Moïse ait été initié
par les prêtres d'Égypte, soit qu'en sa qualité de descendant des patriarches, il ait
connu la doctrine sacrée.
» La doctrine secrète des Égyptiens était divisée en trois degrés : 1er le dualisme,ou la
croyance en deux principes; 2° le zébaothisme ou sabéisme, c'est-à-dire l'adoration
desforces de la nature soumisesà une force suprême;3° lejohahisme, ou le culte d'un
dieu unique,indépendant du monde matériel. Abraham fut seulement zébaothiste,
maisMoïse,parvenu auplus hautdegré dans les mystères, annonça auxHébreuxJohah
ou el-Elion, Jehovah, Dieu.
» Plus tard, Salomon, initié aux mystères d'Éleusis,en sa qualité de fils de roi, res
taura l'initiation chezles Israélites ses compatriotes,et mérita d'en être appelé lefonda
teur; nous nous contenterons de l'en regarder seulement comme le restaurateur, et
nous en dirons autant de Thalès, chez les Grecs; Judas deJérusalem, prophète, les
restitua de nouveau, cinquante-cinq ans avant Jésus-Christ; il paraît qu'ils étaient
tombés en désuétude.
» Les mystères de l'antiquité renfermaient le dépôt des connaissances morales ct
scientifiques de l'homme primitif, c'est-à-dire non déchu; du moins c'est la plus noble
idée et peut-être la seule vraie que nouspuissions nous en faire. Leur concentration
entre quelques hommes liés par un serment terrible et religieusement gardé,faisait
de ces hommes des êtresà part, bien au-dessus de la multitude; mais soit que quel
ques-uns d'entre eux aient été indiscrets,soit que l'intelligence humaine ait fait des
progrès, soit enfin que la dispersion du peuple d'Israël, après le sac de Jérusalem,
bien avant la naissance du Christ et l'émigration des dix tribus, en soit la seule
cause, le premier degré des mystères fut dévoilé; de là naquit l'étude de la morale
et des rapports de l'homme avec la Divinité. En dehors des initiés, il y eut d'autres
hommes qui méritèrent le nom de sages,Socrate est le plus célèbre : par la seule force
de son esprit, l comprit la doctrine sacrée.
» Toutes les nations, à peu d'exceptions près, avaient leurs mystères; ainsi la
vérité était connue par toutes, mais seulement par les initiés, réunis en corps
sacerdotal. - - -
» Pythagore popularisa l'initiation et la rendit accessible à tous ceux de bonnevo
lonté; cet homme est le plus grand des mortels : la philosophie lui doit son nom.
Riche de tous les dons de la nature et de l'esprit, il voyagea dans toutes les parties du
Inonde connu, pour recueillir la science;il interrogea tous les sages, écouta toutes
les traditions, se soumità toutes les épreuves, afin d'arriver à la connaissance de tous
- LE PANTHÉoN MAÇONNIQUE. 45
les mystères. Ce grand génie fit faire un pas immense à l'humanité; que son nom
soit honoré d'âge en âge ! -
»La civilisation poursuit son œuvre de la diffusion des lumières.
, »Quelque opinion qu'on se forme surJésus-Christ, en ne le considérant que comme
homme, on ne saurait lui refuser un tribut mérité d'admiration et de reconnaissance.
, Ce que Moïse avait fait pour les Hébreux,Jésus le fait pour tous lespeuples; à tous
il livre des paroles de vie : il affranchit l'esclave, il relève la dignité de la femme, il
proclame l'égalité; c'est par lui qu'il faut commencer l'histoire de l'émancipation du
genre humain :« Allez, dit-ilà ses disciples, et instruisez les nations. »
» Le christianisme fut l'exaltation des mystères; comme eux il eut une double doc
trine et divers degrés d'initiation, en telle sorte que si nous en disions davantage sur
ce sujet, nous risquerions de dévoiler une partie des anciennes initiations.
» Bientôt ce rite dissident monta sur le trône avec Constantin, et les mystères
d'Éleusis furent abolis par Valentinien, en l'an 396 de notre ère.
-»Dépossédés de la prééminence de leur culte, les druides, en grandnombre, se ré
fugient dans la Grande-Bretagne, d'autres se retirent chez leurs frères du Nord.
» L'initiation était connue dans ces contrées, et en supposant qu'elle se fût
perdue par le laps de temps, on sait qu'Arminius, élevé à Rome sousAuguste, et
initié aux mystères d'Éleusis, fonda dans la Germanie, avec quarante-neuf de ses
compagnons, les mystères d'Herta, divinité en tout semblable à Isis, Cérès, Vesta,
Cybèle, etc.
» L'Égypte est également troublée par les successeurs d'Alexandre; des rites infâmes,
connus sous le nom d'Alexandrins, succédèrent à ceux de Memphis, etRome courba son
front devant ceux d'Antinoüs.
» Les initiés sont obligés de se cacher dans les déserts oude s'expatrier,entourés de
burbares; ils sentent plus quejamais la nécessité d'un secret rigoureux. Mais il y a
des initiés de divers degrés : tous ne sont pas également instruits; il n'ya rien d'écrit,
la plupart ignorent les traditions orales;peu savent lire la langue hiéroglyphique
qui en a consacré quelques-unes. -
»Qu'on ne s'étonne doncpas siun voile épais couvre cette partie de l'histoire de la
Franc-Maçonnerie, et même si l'existence du secret maçonnique est mise en doute.
Cependant quelques sages ont conservé le dépôt sacré. Le dépôt réel des principes
- maçonniques, écrits en chaldéen, se conserve, en partie,dans lagrande Loge d'Édim
bourg et dans le couvent des Maronites, sur le mont Liban; le but moral n'est pas le
but direct de la Maçonnerie; les Écossais de Saint-André et les chevaliers de la Pales
- tine connaissent le secret : les anciens mystères étaient non-seulement un cours
théorique et pratique de philosophie morale et religieuse, mais encore une institution
destinéeà perpétuer les premières traditions du genre humain :« Tout initié, dit le
»F.Alexandre le Noir, parvenu au complément de l'initiation Maç. ., connaîtra la
» haute sagesse quej'appelleraivertu;il jouira de la suprême félicité, car la connais
» sance du grand œuvre de la nature inspire à l'homme un sentiment de raison qui
» l'éclaire au-dessus de ses semblables. »
» LaMaçonnerie de l'antiquité était comprise dans les trois grades symboliques; mais
dans l'état actuel de nos mœurs, il est impossible que les Loges soient constituées de
telle façon que tous leurs membres sans exception puissent avoir une connaissance
complète de la science sacrée. Il faudrait pour cela rétablir le noviciat, et mettre pour
le passage d'un degré à un autre les mêmes délais et les mêmesprécautions que dans
46 LE PANTHÉON MAÇONNIQUÉ.
les mystères de l'antiquité. La civilisation moderne s'oppose à cette marche régulière
et seule rationnelle; il faut en subir la conséquence.
» Les mystères maçonniques furent introduits en Europe par Ormus, sage d'Égypte.
Ses disciples, jusqu'en 1118, restèrent seuls dépositaires de l'ancienne sagesse : ils la
communiquèrent aux chevaliers de la Palestine, ou FF.'. Rose-croix d'Orient. En 1150,
quatre-vingt-un d'entre eux arrivèrent en Suède sous la conduite de Garimont, et se
présentèrent à l'archevêque d'Upsal qui reçut d'eux le dépôt des connaissancesmaçon
niques; ce furent ces quatre-vingt-un Maçons qui établirent la Maçonnerie en Eu
rope; c'est là qu'ilfaut chercher l'origine de la Maçonnerie écossaise et même celle des
autres rites maçonniques.
» Enfin, cette sublime institution se trouve aujourd'hui répandue dans les cinqpar
ties du monde. L'Angleterre, l'Écosse, l'Irlande, la France, la Suède, le Danemark, la
Hollande, la Prusse, la Saxe, la Russie, la Turquie, les petits États d'Allemagne, la
Suisse et une partie de la Bavière comptent environ cinq mille Loges régies parvingt
septpuissances maçonniques. -
» En Afrique,noustrouvons des Loges Maç.. en Algérie,à Alexandrie, au Sénégal,
dans la Sénégambie, la Guinée, au cap de Bonne-Espérance,à Mozambique, auxCa
naries, Marquises,Sainte-Hélène, Bourbon et Maurice.
» EnAmérique, elle prospèrepartout; il n'existepas d'État danslagrande unionamé
ricaine sans avoir des Loges Maç.. Enfin elle a pénétré jusqu'aux extrémités de ce
vaste continent et s'est répandue sur la surface de la terre, répandant sur son passage
des semences de civilisation et de progrès.
»Admis dans cette sublime et vénérable institution, livrons-nous sans cesse auplus
haut degré de perfectibilité possible dans l'étude des sciences, du développement des
connaissances et des idéesgénéreuses,à l'accomplissement des devoirs sociaux,enfin à
la pratique de toutes lesvertus. »
Après ce discours,le Vén. .. frappe un coup de maillet et dit :« Mes FF. ., nousve
nons d'adopter cet enfant, nous avons promis de faire germer dans cette jeune âme les
principes de toutes les vertus; c'est une noble tâche à laquelle aucun de nous ne fail
lira. »
Le Vén. .. procède à la suspension des travaux suivant le rituel, et termine en ces
tel'meS :
« Retirez-vous en paix, mes FF.., et emportez lesvœux ardents que nous formons
pour la prospérité de tous ceux quivous touchentpar les liens du sanget de l'amitié.
Puissent les principes que nousvenonsde manifester servirunjourà rendre heureux
l'enfant que nous avons adopté.»
RITE FUNÉRAIRE.
Pompe funèbre.
« Homme fragile, pendantta vie tu es l'esclave de
lu nécessité, lejouet des événements; console-tui, car
la mortt'attend, et dans son sein est le repos. »
Les exemples des siècles les plus reculés et les usages des peuples même les
plus barbares nous apprennent que le respect pour les morts est universel; ce
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 47
respect est, selon nous,une preuve que toutes les nations admettent l'immortalité.
La pratique des cérémonies funèbres a toujours existéparmi les hommes, elles sont
une occasion de rappeler les bonnes actions qu'apufaire celui dont on déplore laperte
et de rendre un dernier hommage auxvertus qui le distinguaient.
Des draperies noires, parsemées de larmes d'argent, sont suspendues autour du
temple.
Le trône est tendu de noir, ainsi que l'autel et les siéges des principaux dignitaires.
Au milieu, entre l'orient et l'occident. estplacé un cénotaphe drapé de noir et par
semé de larmes, sur lequel repose un coussin noir, soutenant une couronne formée de
branches d'acacia mystique, et sur le coussin les attributs et décorations du F. .. décédé.
, Le côté de la tête du cénotaphe doit être tournévers l'orient et les piedsvers l'occi
dent; sur le devant est un compas et une équerre. -
Neufbougies allumées et groupées par trois sont placées autour du cénotaphe, les
candélabres sont noirs et entourés de crêpes.
Entre le cénotaphe et l'occident est une pyramide triangulaire,sur la première façade
de laquelle estpeint l'œil de la Providence, au milieu d'un cercle formépar un serpent
tenant sa queue entre les dents; sur la seconde, une tête de mort surmontée d'un
papillon; et sur la troisième,un génie tenant dans la main droite un flambeau ren
versé et éteint, et dans la main gauche un flambeau élevé et allumé(symbole de la vie
et de la mort; de la mortà la vie, immortalité de l'âme).
Devant l'autel, estun trépied antique garni de crêpe, et soutenant un vase rempli
d'alcoolparfumé;deux corbeilles defleurs sontplacées chacune surunpiédestal, l'une
près de l'orateur, l'autre près du secrétaire; enfin les colonnes B. J., les images du
soleil, de la lune, du triangle lumineux, de l'étoile flamboyante et le carré mystique
sont voilés de crêpes noirs, ainsique la bannière de la Loge.Tous les membresde l'At..
sont vêtus de deuil et portent un crêpe au bras gauche.
Tous les FF.*. se réunissent dans une salle tendue en noir, pour se rendre en cor
tége autemple maçonnique.
Al'heure indiquéepour les travaux, l'architecte fait donner le signal partrois coups
frappés surune feuille de métal sonore, les FF... entrent avec ordre et silence en loge.
L'harmonie exécute une marche funèbre; les FF.'., dès leur entrée,se rendentà leurs
places respectives.
Le Vén. .. ouvre les travaux au premier degrésymbolique, les FF. .. visiteurs sont
introduits, après quoi le Vén.'. s'adressant aupremier surveillant, il lui dit.·.
D.'. Qu'est-ce que l'humanité?
R. .. Du nom de Dieu on a fait Dirinité, qui signifie force, bonté, vertu de Dieu,
et du nom d'homme on a fait humanité.
Ce mot humanité renferme essentiellement trois idées. Dans le premier sens, il
nous donne l'idée d'une manifestation divine dans la nature humaine,parvenueà son
plus haut degré de bonté.
En second lieu, ce mot exprime le sentiment de l'amour de Dieu et des hommes,
comme la charité, la pitié, la bienfaisance, la grandeur d'âme, la bonté du cœur, et
toutes les vertus divines et humaines.
Dans le troisième sens, humanité veut dire genre humain, et présente l'idée de la
grande famille des hommes, de laquelle nous sommes tous membres, en qualité
d'hommes, de frères, d'enfants de Dieu et de la nature.
On ne peut rien imaginer de beau, de bon, de sublime, de divin dont le germe
48 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
ne soit dans le cœur de l'homme, dans son esprit, dans son âme, et la pensée du
Sublime Architecte des mondes, l'homme la trouve en lui-même, elle est renfermée
tout entière dans son humanité. |
Le principe divin, ou legerme de l'humanité,se développepar l'exercice de l'amour,
de la confiance et de la reconnaissance envers Dieu et les hommes.
Le vrai caractère de l'humanité est l'amour des hommes; l'homme ne voit dans
tous ses semblables qu'une seule et même famille; le genre humain est à ses yeux
la sainte famille de Dieu, et dans quelque coin du globe qu'il se trouve, il est dans
sa famille, puisqu'il a Dieu pour père.
L'amour de l'humanité, mes FF.'., se manifeste par l'amour du bien, de la per
fection, de la vérité et de lajustice,par les actions généreuses et les idéessublimes.
La loi divine de l'humanité est donc la loi de l'amour, de la vérité et de la justice :
loi sainte, loi sacrée, qui devrait être le seul code du genre humain.
O humanité! ta voix céleste crie d'un bout de l'universà l'autre :« Hommes !vous
n'avez qu'un seul et même Père, vous êtes tous frères, et vous avez tous un cœur
pourvous aimer: aimez-vous donc et soyez heureux, c'est le cri de la nature. » -
F. .. deuxième surveillant, que pensez-vous de l'athée ?
R. .. L'athée est un monstre d'orgueil et d'imperfection : il abaisse la Divinité
jusqu'à luipour s'éleverjusqu'à elle; il l'enchaîne dans le cercle étroit de ses pensées
pour embrasser avec elle l'immensité; il fait son idole de la matière. Et quel moyen
a-t-il de s'assurer qu'elle existe hors de ses sens, que l'univers n'est pas une per
ception de son âme comme il est une des idées duSublime Arch... des mondes?Oh !
athée ! tu te dis :« Qu'ai-je besoin de fatiguer mon imagination par l'idée d'un Dieu
qui humilie mon orgueil? La matière a des forcesinhérentes quisuffisent à son mou
vement; reléguons cet être parmi les enfants de l'imagination.» Non, non, tu n'as
point anéanti cet Être supérieur, les preuves de son existence sont écrites en lettres
de feu sur la coupole du firmament dans lequel ton esprit s'égare ! Quoi! l'homme
serait un composéprodigieux de matière dirigée par une intelligence, et l'univers,
dans lequelil n'est qu'un atome, serait produit et dirigépar le hasard? ces masses
étincelantes dans l'immensité seraient éternelles, et celui qui traça leur route périrait ?
Non, cela est impossible ! L'idée de l'immortalité de ton âme, de l'existence d'un Être
supérieur à toi, est-elle donc trop vaste, trop sublime?Tu ne peux soutenir le poids
du mot éternité!Ton imagination ne peut concevoirun monde peuplé d'êtressupérieurs
à toi; si le hasard est un dieu que les mortels,à genoux, doivent conjurer d'amener
un meilleur ordre de choses; si l'inerte matière a créé la pensée; si leSublime Arch.·.
des mondes est le fils de l'imagination, l'idée de son existence étant la plus vaste, la
plus sublime de toutes les pensées de l'homme, il est le créateur de l'univers : le
moinsimparfait des mortels est le premier des êtres: c'est lui qu'il faut que la terre
adore comme son souverain; c'est à lui que les hommes doivent dresser des autels.
Prosternés à ses pieds, qu'ils tâchent d'en obtenir les biens après lesquels ils soupi
rent; qu'ilstâchent d'en obtenir le silence des remords !
J. ÉT. MARCONIS.
(La suite à la prochaine série.)
Paris.- Imprimerie de H.S. Dondey-Dupré,rue Saint-Louis,46, au Marais.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 49
RITE FUNÉRAIRE.
(suITE ET FIN.)
Ce serait donc en vain qu'une mère prosternée sur la tombe d'un mortel adoré y
viendrait user sa douleur, et dégoûtée de la vie par la perte de ce qu'elle avait de
plus cher, voudrait s'élancer avec lui dans l'éternité ?Ce serait en vain qu'un homme
vertueux et persécuté,soutenu par l'espérance d'un état meilleur, se traînerait avec
courage jusqu'à la fin de sa carrière ;il n'y trouverait que le néant?Ce serait en vain
que le coupable, déchiré de remords,viendrait pleurer sur la tombe de sa victime et
demander le pardon?.. Puisque l'homme pauvre est dupe de lavertu, puisque au
cune récompense ne l'indemnisera de ses longues privations, il ne lui reste que la res
source du crime et l'art de le cacher ! Alors les liens de la société sont rompus, l'homme
doit fuir dans les forêts; qu'ilse garde de cultiver son esprit et son cœur: la raison, le
savoir et la sensibilité le rendraient le plus malheureux des êtres, sison âme n'est pas
immortelle, s'il n'existe pas un Dieu..
Non, mes FF.'., l'homme n'estpas le fils du hasard; il n'estpoint, après sa mort,
jeté dans le néant; le Sublime Arch. .. des mondes aurait-il créé des êtres sensibles
inutilement exposés sur leglobe aux fureurs des agents de la destruction? Il appar
tiendraità l'enfer seul, s'il en avait la puissance, de créer des êtres malheureuxpour
jouir de leurs tourments; le coupable poursuivi par les remords n'ose fixer ses re
gards sur cette longue succession de temps qui n'a pas de terme; il trembleà la voix
du juge qui l'appelle, etpour se rassurer il s'écrie :« L'homme n'est que matière, il
n'y a pas de Dieu. »Mais le mortelvertueux compte sur l'immortalitécomme sur une
juste récompense.
Dans l'athéisme, il n'y a rien pour l'imagination et le malheur. L'homme ne se
soutient que par l'espérance, ne vit que d'illusions; pourquoi lui enlever les plus
douces, les plus brillantes?
La vérité! dit-on, la vérité! Le fanatisme de cette vérité est donc bien cruel, puis
qu'il assimile l'homme aux animauxet lui ravit l'espoir de l'immortalité !
Mais sur quel fondement solide pourrions-nous croire que la matière et le hasard
seuls aientformé l'univers, lorsque partout la nature des choses le dément?
Si c'est la matière qui, parune nécessité aveugle, a formé l'univers d'où nous sont
venustant d'idées et de sentiments si contraires à leur principe, comment se trouvent
en nous ces notions et ces caractères de prudence, de prévoyance et de choixqui
répugnent dans le système de la fatalité? comment une conscience, des remords, une
loi morale, des devoirs naturels et l'idée de la liberté sentis par tous les hommes?
Si c'est une cause aveugle qui a formé le monde,pourquoipartout de l'intelligence
et de la sagesse, pourquoi des rapports si évidents entre les êtres qui le composent,
pourquoi de l'ordre dans les choses, et de l'idée?
Sortis de la matière, aurions-nous des idées?.. Non.
O mes FF.., contemplons le monde que nous habitons! Quel ordre, quels rapports !
Chaque chose est évidemment faite l'une pour l'autre, la terre, les cieux, la mer, les
7
50 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
éléments et les saisons, tout se lie,tout s'enchaîne et concourt à l'harmonie de tous
les êtres.
Voyez l'assemblage de ces corps célestes, dont les distances prodigieuses et
l'étonnante grandeur épuisent les calculs des plus vastes génies, ces astres qui
roulent sur nostêtes, cesglobes de lumière qui brillent au firmament, ces mondes
semés de toute part, système complet où tous les corps pèsent les uns sur les autres
et s'impriment un mouvement réciproque; tout se tient, et par des loisgénérales, se
prête un secours mutuel. -
Maintenant, mes FF. ., de l'infiniment grand descendons à l'infiniment petit, et,à
l'aide d'un microscope, considérons ces animalcules qui sont des millions de fois plus
petits qu'un grain de poussière;ils ont leur tête, leur bouche, leursyeux, et dans ces
yeux, leurs fibres, leurs muscles et leur prunelle ; ils ont leurs veines, leurs nerfs
et leurs artères; cesveines ont leur sang, ces nerfs leur esprit, ces esprits animaux
ont leurs particules, ces particules ont leurs pores, et ces pores sont remplis de
parcelles qui ont chacune leur figure et se rompent, se divisent en de moindres
parties; de toutes ces parties innombrables, et dont aucun effort d'esprit ne peut nous
faire concevoir la petitesse, se forme, dans la proportion la plus exacte,un être vivant
et animé. Cet être a des aliments qui lui sont propres, il a son chyle et ses humeurs,
il a ses fonctions comme les autres corps : la trituration, la circulation du sang, la
digestion et la génération, enfin, toutes ces opérations sont autant de merveilles de la
nature et témoignent l'intelligence, la sagesse et la puissance du Créateur.
Mais choisissons, mes FF.'., des objets plus à notre portée, prenons au hasard, et
examinons l'oiseau quivole, le poisson qui nage, l'araignée qui file, l'abeille, qui a sa
police et ses lois; l'insecte industrieux, qui pourvoit avec tant d'artà ses besoins età
ceux de ses petits qui vont éclore; la chenille rampante, qui se métamorphose dans le
plus léger papillon; la plante qui végète, l'arbuste qui croîtà l'aide des sucs qui le
nourrissent, la semence que la terre reçoit dans son sein et nous rend au centuple, le
pepin, qui devient pour notre usage arbre, fleurs et fruits, l'édifice mobile de notre
propre corps, dontGalien n'apu exposer lastructuresans s'écrier, dans l'enthousiasme
dont il était saisi, qu'il avait chanté le plus bel hymne en l'honneur du Sublime
Architecte des mondes.
L'univers est un livre ouvert à tous les hommes.., la route qui conduit au temple
du Sublime Architecte des mondes n'est point âpre, hérissée d'épines, et la Maçon
nerie n'exige pas que les mortels s'abandonnent aux terreurs superstitieuses, que,
rompanttous les liens qui les attachent aux objets dont ils sont entourés, ils se con
damnent aux privations, aux pratiques austères,à la vie contemplative. C'est un état
contraire à ses lois. Quel homme, enflé d'un vain orgueil, oserait se dire :«Je
m'élèverai sans cesse par la pensée au-dessus des autres hommes, et, brisant les
chaînes qui m'unissent à eux, je fixeraimes regardssur la Divinité?» Il suffit aux
mortels de s'aimer les uns les autres, de soutenir mutuellement le poids de leurs
faiblesses, dejouir, sans en abuser, des richesses que la nature leur a prodiguées; il
leur suffit de suivre la secrète inspiration du guide qu'ils portent dans leur cœur ;
ce guide ne les détournera jamais du chemin de la vertu, mère du vraibonheur.
Les chaînes qui attachent l'hommeà cette terre ne sontpas trop pesantes, il peut
s'élever au-dessus d'elle par la méditation; le monde moral est son véritable empire,
et le Sublime Architecte des mondes aposé des bornes immuables entre cet empire et
celui de la matière. Quelle puissance pourrait l'anéantir ? Là sont les vastes régions
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 5 .
de la pensée, les royaumes de l'imagination ; son esprit, en lesparcourant,y trouvera
des jouissances que tous les agents du mal ne pourront lui ravir.
L'homme n'a qu'un trajet bien courtà faire dans la route de la vie, plus il y est
persécuté, et plus aisément il se détache de la terre; les ailes de la mort deviennent
son asile; et lorsque cette aveugle divinité a brisé la couche épaisse de matière qui
enveloppe son âme, elle brille dans l'espace comme un ange de lumière, les traits de
la douleur ne peuvent plus l'atteindre, il voit d'un œil de mépris les cohortes infer
nales des passions cherchant en vain leur proie sur le limon qu'elle a quitté; sem
blable au ver hideux qui, après avoir longtemps rampé sur la terre, objet de dédain et
de mépris, se dépouille enfin du masque qui voilait sa beauté, et développant aux
rayons de l'astre dujour ses ailes étincelantes, s'élève triomphant au-dessus de ceux
qui naguère voulaient l'écraser sous leurs pieds.
L'homme qui n'aspire qu'à la possession de la matière, ne conçoit pas le bonheur
dont ilpourra jouir lorsqu'il en sera séparé; la solitude de l'immensité l'épouvante,
il n'y voit rien quipuisse occuper son esprit, il n'y voit aucun objet que son cœur
puisse aimer, que fera-t-il pendant l'éternité ? Il préfère le néant; mais à peine dé
gagé de ses liens, il connaîtra combien ses destinées sont sublimes, il bénira la
main puissante qui le tirera de ce néant pour lui faire posséder l'éternité, c'est la
Franc-Maçonnerie.
Après quelquesinstants de silence, le Vénérable fait proclamersur les colomnes que
l'objet de la présente réunion est de rendre les derniers honneurs à la mémoire du
F.·. N.., membre de cette Resp.'. Loge; ensuite il annonce que la cérémonie va com
mencer, suivant les rites prescrits par les traditions aussi anciennes que le monde,
et il s'exprime ainsi :
«C'est au nom de tous les Maçons que je vais te rendre les derniers honneurs !
»Secondez mes tristes efforts, Maçons qui m'écoutez, et vous, maître des cérémo
nies, venez m'aiderà accomplir, dans cejour de deuil, les pieux devoirs que notre
douleur nous a inspirés, comme la docte antiquité, offronsà celui que nous pleurons
les symboles de ses qualités les plusprécieuses! »
LeVénérable se rendà l'auteltriangulaire oùbrûle lefeusacré, accompagnédumaître
des cérémonies, qui luiprésente le vase aux ablutions; là il continue en ces termes :
«Ombre chérie de notre bon F. .. et ami N., entends la voix de celui qui parle au
nom de tous les FF.'., leur douleur est tropprofondément sentie pour qu'ils puissent
t'en offrir individuellement le tribut.
»Selon nos traditions antiques,je t'offre :
» L'eau que la nature renouvelle sans cesse, et qui, tendant toujoursà se dépouiller
de toute souillure, est l'emblème de la pureté;
» Le lait, première nourriture des humains, et symbole de la candeur et de la
franchise ;
» Le vin que l'homme a dérobé aux végétaux, et qui est l'emblème de la force ;
» La mort, comme la flamme dévorante qui consume cet assemblage, t'a fait dispa
raître pour ne nous laisser qu'un souvenir qui, semblable à ce parfum, ranimera
dans toutes les circonstances notre zèle et notre courage.Comme cette flamme,tu es
entré dans le néant; nous te suivrons tous dans l'ordre prescrit par la nature : puis
sions-nous unjour mériter d'être pleurés comme toi!»
Des accords lugubres retentissent de nouveau, et lorsqu'ils ont cessé, le Vénérable
frappe un coup de maillet et dit : -
52 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
« FF. .. surveillants, annoncez à vos colonnes, comme j'ai la faveur de le faireà
l'Orient, que le moment est venu où la parole est accordée au F. .. orateur. »
Ici le F. .. orateur fait un discours qui contiendra des détails sur la vie et les vertus
du F... défunt; il expose les principes qui prouvent l'immortalité de l'âme et qui
assurentà l'homme la récompense des vertus; cesprincipes doivent être basés sur la
sagesse, lajustice, la bonté de l'Être suprême, et être parfaitement d'accord avec la
sainte raison;il termine ce discours en ces termes :
«S'il estun devoir pénible à remplir pour des cœurs sensibles aux vicissitudes des
mortels, c'est, certes, celui qui nous appelle à accompagner,jusqu'auxportes mysté
rieuses de l'éternité, les restes d'un voyageur dont l'âme, affranchie de son enveloppe
périssable, est entrée dans des sphères que la fauximplacable destemps n'éteint plus.
Le silence qui règne me glace d'effroi, comme si la proie que dévore sans cesse la
bouche béante de la tombe était condamnée à la destruction et à l'anéantissement, et
pourtant telle n'est pas, non,telle ne peut être la fin du drame triste et solennel au
dénoûment duquel nous venons assister. La semence que nous confions aux sillons
profonds de la terre fleurira pour les cieux, et le Subl... Arch. .. des mondes en fera la
récolte.
»C'est dans son asile, dans ce lieu morne et solitaire que la mort devrait établir son
siége, convoquer les humains et leur crier du haut de sa chaire, élevée sur des mon
ceaux de crânes :«Ovous, qui marchez la tête orgueilleusement levée au-dessus de
vos semblables;vous qui, dans votre aveugle présomption, prétendez appartenir à
une race privilégiée, dont la mission est de jouir, de torturervos FF.'., approchez et
promenezvos regards habituésaux splendeurs du luxe, au sourire acheté ou forcé de
ceux quivous entourent, et,sivotre cœur n'est pas ému, attendrià cet aspect, s'il ne
vous dit pas:Voilà d'où je suis sorti, voilà où je dois retourner un jour; tous les
hommes sont mes FF.'., désormais je les traiterais comme tels : alors, hommes au
cœur de marbre, retirez-vous, retournezdansvos demeures de plaisance, étouffez la
voix de la conscience; mais redoutez le momentfatal où la balance de lajustice se lè
verapour peser vos actions.
» Et vous, hommes sans foi, sans pitié, hypocrites et calomniateurs, venez dans
cette enceinte sacrée et dites-nous si laMaçonnerie vous a donné la truelle symbolique
pour dégrader les pierres qui servent à l'édifice social. Non, cette sublime institution
vous ordonne de ramener avec bienveillance les FF... qui s'écartent de la route qui
doit les conduire aupoint parfait du triangle,à songer que la Providence veille pour
l'opprimé et châtie le méchant sans lui dire pourquoi.
» Etvous, créatures opprimées auxquelles la Parque aveugle semble avoirimprimé
au front, en traits indélébiles, ce mot barbare : Souffre, souffre, souffre toujours l
venezpuiser à cette source commune d'éternelle délivrance la force de supporter les
torturespassagères que vous réserve encore la vie : votre portion de bonheur et de fé
licité, lorsque lejour du départ sera arrivé, ne sera pas la moindre ; que la tête de l'o
pulence repose ici sur des coussins à franges d'or; qu'un marbre froid aux lettres
rayonnantes défende sa dépouille contre les rayons du soleil et les glaces de l'hiver.
Pauvre, tu dormiras également bien sur ton oreiller de bois et sous le modeste tertre,
qu'après la neige et la glace chaque printempsviendra couronner de fleurs nouvelles.
» Maçons qui m'entourez,vous dont le morne silence exprime la douleur, pleurez
votre F.'. N.. qui,par unevie active,pure et sans tache, a mérité le repos dont ilva
jouir. S'il ne peut nous quitter sansfaire couler des larmes et provoquer des accents
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 53
plaintifs, c'est que les sentiments de l'amitié, les liens de famille et la sympathie fra
ternelle sont ébranlés dans tout ce qu'ily a de sublime ici-bas; c'estque l'adieu qu'on
se dit sur le bord de latombe s'appelle éternel, dans la langue bornée des humains;
c'est que pour se revoir,il faut franchir les barrières qui séparent la vie terrestre de
la vie éternelle. Pleurez donc, vous quifûtes les amis de notre F. .. N.,conservezpieu
sementson souvenir : vous le reverrez. » Il jette une fleur sur le cénotaphe (après
avoir fait le signe mystique).
Les sons de l'harmonie retentissent de nouveau dans l'enceinte du temple,un coup
de maillet leur succède, et le vénérable dit :« FF. .. surveillants, annoncez sur vos co
lonnes que nous allons brûler les parfums sacrés, etjetezpar trois fois des fleurs sur
la tombe de notre F.*. et ami N.. »
Le vénérable, conduit par le maître des cérémonies, se rend de nouveau devant
l'autel triangulaire, au pied du cénotaphe où les parfumsfument,il se metà l'ordre,
il reçoit des mains du maître des cérémonies un cierge allumé, enveloppé d'un crêpe,
et il s'écrie : « F. ..N. réponds-moi. » Les deuxsurveillants répètent ce crifunèbre,
età la troisième fois le vénérable ajoute :« Mes FF.*.,il est sourdà la voix de l'amitié,
il n'est plus !..(En disant ces paroles ilplonge le cierge allumé dans le vase préparé
à cet effet; au même instant on entend retentir le son lugubre de l'instrument
nommébeffroi, et la colonne d'harmonie exécute un air empreint de la plus touchante
douleur.)
«Que l'âme de notre F. .. N. remonte vers sa céleste origine, comme les parfums
de cet encens s'élèvent vers les cieux. » -
Il invite ensuite les FF... de l'Orient à se joindre à lui pour l'aiderà couvrir de
fleurs la tombe du F. .. N... Les maîtres des cérémonies et les étendards dirigent leur
marche, etpendantun tour trois fois répété, leurs mains jettent avec abondance des
fleurs et des feuilles d'acacia sur le cénotaphe. Revenuà l'orient, le vénérable dit :
« FF. .. surveillants, le moment de déposer le tribut devos regrets sur cettetombe est
arrivé: que vos colonnes vous accompagnent; les maîtres des cérémonies dirigeront
votre marche en commençantpar la colonne du midi. » -
Le premier surveillant, arrivé au pied de l'autel triangulaire,prononce le discours
suivant :
« VÉNÉRABLE ET voUs ToUs MEs FF.'.,
» La mort a frappé notre famille d'une manière bien cruelle en nous enlevant notre
F.'. N... que nous chérissions tous avec tendresse.
» Les crêpes qui couvrent nos attributs, le morne silence qui règne sur nos colonnes
et la profonde douleur qui se peint dans nos traits, nous annoncent la perte d'un F. .
qui naguère partageait avec nous les douceurs de l'amitié.
»Un mouvement secret que je ne puis vaincre m'agite au pied de ce monument
funèbre, mes regards se tournent involontairement vers la place où il siégeait, et j'ai
besoin de réfléchir pour me persuader que son âme est retournée vers son Auteur, et
que déjà son corps est rendu aux éléments. F. .. N., où êtes-vous?... Hélas!il n'est
plus!.. Rien dans ce vaste univers negarde éternellement sa forme; mais le grand
tout se perpétue par l'anéantissement apparent et par la régénération. Les anciens
initiés ont exprimé ce fait parplusieurs symboles, et particulièrement par celui du
phénix qui renaît de ses cendres.
» Notre vie mortelle n'est qu'une faible partie de notre existence ; elle est une pré
54 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
paration à une vie meilleure, et il faut que nos actions soient dignes de cette haute
destinée. Il nous faut envisager la mort sans effroi, et, quand elle arrivera, ne pas se
plaindre de la brièvetéde notre passage sur cette terre, car notre pèlerinage est court
et mauvais. N'oublions doncpas, mes FF.'., que le triomphe de notre âme est de
l'acquérir par la vertu, d'y marcher d'un passûr etferme par la vérité et lajustice, et
de nous formerà tout ce qu'il y a de plusgrand dans la nature humaine.
» Daigne, mon Dieu, agréer l'encens que nous brûlons à ta gloire ; inspire-nous
toujours la volonté de faire le bien, enflamme nos cœurs de l'amour de la vertu, et
fais que ta sagesse, ta justice ct ta bonté soient la vraie lumière quiguide nospas
dans cette vie.
» Que l'âme de notre F. .. N... remonte vers sa céleste origine, comme les parfums
de cet encens s'élèvent vers les cieux. »
L'harmonie accompagne ces vœux par de tristes accords, et lorsque leurs vibra
tions ont cessé, le deuxièmc surveillant prend la parole en ces termes :
« T. .. CH. .. FF.·.,
»Tel qu'un antique acacia qui, cédant au choc des antans, incline sa tête et tomle
dans l'onde qui murmure à ses pieds, ainsi a succombé notre bien-aimé F. .. N.,
dont le deuil attriste nos regards et fait couler nos larmes. La Loge a perduune bril
lante lumière; les maîtres sont plongés dans l'affliction, les ouvriers dans les regrets,
et jusque dans le monde Prof.'. retentit cette plainte douloureuse : N. n'est plus!. .
» Être éternel et immuable dont la présence remplit l'immensité, la toute-puissance,
en agissant sur toutes les parties de l'univers, opère dans la nature des changements
sans nombre en variant la forme des objets; mais rien ne se perd, aucune chose n'est
réellement anéantie, et chaque atome est conservépour faire partie dugrand tout; tu
as créé tous les hommes pour être heureux, et, à cet effet, tu leur as communiqué
une âme intelligente dont l'immortalité se manifeste évidemment par les facultés
qu'elle possède, et qui, étant bien employées, sont capables de la rendre toujoursplus
apte à reconnaître tagrandeur età jouir de tes bienfaits;ta sagesse infinie a combiné
toute chose de manière que rien ne pût se perdre dans l'univers, et nos âmes ne
sont pas plus sujettesà l'anéantissement que nos corps dont la nature ne décompose
les substances, après la mort, que pour les remettre dans leur état primitif.
» Grâces te soient rendues, Étre infiniment bon, pour les idées consolantes que tu
nousinspires au sujet de l'existence future de nos âmes, et par lesquelles tutempères
la douleur que nous éprouvons à l'aspect de ce tombeau.
»Que leT. .. Ch. .. F. .. N., que la mort nous a ravi, repose en paix; que la nature
utilise ses restes inanimés, et que son âme immortelle jouisse de toute la félicité que
ses vertus lui ont méritée. »
Il jette une fleur sur sa tombe.
Après cette allocution les colonnes se mettent successivement en marche, au son
d'une harmonie, ct lorsque le trombone a annoncé l'accomplissement des voyages
mystérieux, les colonnes s'étant remises d'aplomb, le vénérable dit :
«Que le Sublime Architecte des mondes reçoive dans son sein l'âme de notre bon
F. .. N., et qu'il trouve dans ceTemple céleste la récompense de ses vertus.»
L'harmonie accompagne ces vœux.
La parole est accordée au F. .. secrétaire; il s'exprime en ces termes :
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 55
«VÉNÉRABLE ETT. .. CH. .. FF.*.,
» La vie n'est autre chose qu'une lutte permanente de l'organisme avec le monde
intérieur et extérieur, qu'une série continuelle d'actions et de réactions, devicissitudes
réciproques entre un individu et le reste des molécules, entre une existence et elle
même : la résistance, comme condition de la vie; enfin, la vie n'est qu'un rapport :
toute philosophie tient dans cette conception; et, en effet, apprendre, ce n'est que dif
férencier; il n'yapas d'esprit sans discernement,parce qu'il n'est pas de notions sans
comparaison; connaître, c'est distinguer, distinguer, c'est juger, et juger, c'est
savoir; donc, tout savoir n'est qu'un parallèle; nul objet n'est saisissable en lui
même, en lui seul ; la perception de quoi que ce soit n'est que l'évaluation de ce qui
fait qu'il n'est pas autre que ce qu'il est.Qu'est-ce qu'un solide, abstraction faite d'un
liquide et d'un gaz? Rien. Qu'est-ce que la vie sans la mort?Trois lettres.
»Chaque âge de la vie humaine a ses idées, ses peines comme ses joies, ses aver
sions et ses désirs; chaque âge enfin a sa prosopose.
» Dans la première enfance, l'homme, correspondantàuntype animalextrêmement
éloigné de son rang ultérieur dans l'échelle des organisés, ne présente qu'une intel
lection confuse, étourdie par la nouveauté et la multiplicité des impressions. Recon
naître notre mère,voilà àpeu près à quoi se borne notre perspicacité jusqu'à quinze
ou dix-huit mois; plus tard, la spontanéité se prononce davantage, troublé et comme
ahuri auparavant par les assauts du monde externe, l'enfant alors s'essaye à la réac
tion,à la comparaison; mais, dépourvu encore d'instruments de révélation précis,
privé du débouché de la parole,il continue d'amasser des matériaux de perception ;
de là cette tendance continuelleà l'observation,à l'imitation ; ne pouvant rien s'expli
quer, il regarde et contemple tout : l'enfant est un scrutateur assidu qui bégaye inté
rieurement en sensations. Comme il bégaye en expressions avant de lire, il épelle la
pensée: c'est l'âge de l'attention.
» Dans la puérilité, la conception prend de la consistance; mais c'est pourtant
encore l'instabilité qui la spécialise, une sorte de jectation physiologique entraîne tout
l'organisme dansun tourbillon d'émotionsperpétuelles aussivives que disparates; il
n'y a peut-être,à aucune époque, une consommation aussi désordonnée de myotilité
et de sensibilité : c'est l'âge de la mémoire. -
» Dans lajeunesse, l'incitabilité està son comble; toutes les incubations de l'ado
lescence se rompent et se trahissent; il y a comme une éjaculation de toutes les
synergies; c'est alors que se dresse, que s'étale, avec ses clinquants féeriques, le
mirage des illusions; l'irritabilité, si j'ose parler ainsi, coule à pleins bords;toutes
les capacités se font jour, s'érigent, se lancent. Avingt-cinq ans, l'homme, ainsi que
l'a dit Montaigne, est ordinairement ce qu'il sera toujours : c'est le temps des vastes
et hardies entreprises, du bouillonnement des passions âcres;période suraiguë de
l'amour. Lajeunesse est comme le spasme de la vie : colères, ascétismes, orgueil,
jalousies,fanatisme de tous lesgenres, dévotions et déceptions de toute nature,voilà
ses attributs : c'est l'âge de l'imagination, une attitude moins dévergondée manque à
la virilité, l'orgasme a disparu, et la séve se concentre; ce n'est pas qu'ily ait déclin :
ily a détente; l'homme s'est replié, blasé de jour enjour sur les saveurs mielleuses
comme sur les amères,il devient moins prodigue de soi, et plus d'autrui; revenu des
mystifications, des fausses amitiés, on sentpeuà peu la défiance supplanter la cor
dialité, l'égoïsme succéder aux effusions imprévoyantes; on marchande longtemps
56 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
avant d'acheter; c'est alors aussi que s'allume la pyrexie de la renommée, que se for
ment et se creusent les ulcères de l'ambition, de l'envie, des intrigues; tous les atta
chements ont un cachet d'opiniâtreté comme de circonspection : c'est l'âge du juge
Iment.
» Pour ce qui est de la vieillesse, on sait qu'elle peut,surplusieurs points, se rap
procher de l'enfance; dans certains cas pathologiques, la similitude est à peu près
complète, comme chez le duc de Marlborough quipleurait en demandant son dîner,
et notre T.'. Ill.'. F.". Monge, jouant à soixante ans avec des osselets. On retrouve
dans la vieillesse quelque chose de l'insouciance, beaucoup de la susceptibilité, et
même parfois de la naïveté, de la candeur de l'enfance; mais elle en diffère à bien
des égards; le vieillard est rarement barbare, et l'enfant est vraiment et instinctive
mentimpitoyable; le vieillard, assezfréquemment, s'occupe avec ardeur de l'avenir :
il thésaurise; c'est à cette époque que l'avarice s'exagère jusqu'à la fatuité; d'autre
part, ne se dissimulant qu'à moitié sa décadence,iltâche d'allongerpar ses souvenirs
le futur avec le passé, et dénigre le présent au profit des préjugés auxquelsil ne tient
que parce qu'ils datent de sajeunesse; enfin, la vieillesse s'affecte peu,parce qu'elle
regrette beaucoup; le vase remplin'admetplus guère quedesimbibitions superficielles
et éphémères : c'est l'âge de l'expérience. »
Après ce discours , le vénérable invite les FF...surveillantsà l'aiderà accomplir sa
tâche; accompagnés des FF.'. maîtres des cérémonies, le vénérable et les deuxsur
veillants se placent de nouveau auxangles du cénotaphe, et le vénérable, après avoir
incliné la tête sur le tombeau, s'écrie :« F. .. N.., adieupour toujours!» Les surveil
lants, dans la même attitude, répètent ce dernier adieupartrois fois, et le Vén. .
ajoute : « Nous te suivrons dans l'ordre prescrit par la nature, et puissions-nous
mériter d'être un jour pleurés comme toi! » Le vénérable purifie ses mains dans
l'eau lustrale, ainsi que les deux surveillants, et à peine ont-ils repris leurs places,
que l'harmonie joue un air lugubre et plaintif. A ces sons lugubres succèdent trois
coups de tamtam, la vibration cessant, et le vénérable dit :
«Vousvenez de rendre les honneurs suprêmesàun digne F. ., dont le souvenir ne
s'éteindrajamais dansvos cœurs, etvous avezsatisfaità la foisà ce qu'exigeaient de
vous la reconnaissance et l'amitié; mais vous vous écarteriez de l'esprit de notre
ordre et du but de la cérémonie qui nous rassemble, si la tristesse vousfaisait perdre
de vue une des plus consolantes vérités quipuissent être l'objet de nos méditations.
La douleur a ses illusions comme la plupart des sentiments du cœur humain : quand
nousversons des pleurs sur la cendre de nos amis,nous nepleuronsen effet que nous
mêmes, car ceux qui nous étaient chers sont affranchispar la mort des maux de l'hu
manité, et lorsqu'ils ont rempli leurs devoirs sur la terre,ils jouissent, au sein d'un
repos éternel, duprix que lajustice divine réserve à la vertu !
»Si cette vérité est applicable à tous les hommes,avec quel empressement particu
lier ne devons-nous pas l'accueillir dans nos temples; le vrai Maçon qui paye son
tribut à la nature, achève, en quelque sorte, sa grande et dernière épreuve, qui sert
de complément à son initiation, et la nuit du tombeau, siterrible au méchant, n'est
pour lui qu'un passage au séjour de la lumière immortelle et de l'immuable paix!
» Mes FF.'.,joignez-vous à moipour célébrer,par les acclamations les plus solen
nelles, le triomphe des vertus de notre cher F. .. N.» -
A cette invitation, les batteries lesplus unanimes et les plusvives retentissent dans
toutes les régions,une musique éclatante, accompagnée de fanfares,fait succéder les
--
LE PANTHÉON MAÇONNlQUE- 57
accents dutriompheà ceux de la douleur; le vénérable annonce que lapompe funèbre
est terminée ; tous les FF.'. se rendent à leur place, debout et à l'ordre; ilpurifie
ses mains et prononce l'invocation ci-après :
Invocation.
« Sublime Architecte des mondes, auteur de tout bien, source de toute clémence,
répands sur nous tes bénédictions, et fortifie nos augustes engagements par les liens
d'une affection fraternelle ; que cette preuve frappante de mortalité nous rappelle le
sort qui nous attend; qu'elle nous instruise et nous prépare à ce moment solennel,
de sorte que, quelle que soit l'époque où il arrive après avoir quitté ce monde, en
paix et dans ta 'grâce, nous soyons admis dans ton royaume éternel, et que nous y
jouissions d'un bonheur sans fin, juste récompense d'une vie vertueuse.
»Mes FF.'., l'âme de notre bien-aimé F. .. N.est retournéevers sa source divine,
espérons. espérons. espérons.»
Les surveillants répètent ces paroles; des fanfares sonnent aussitôt, et, au même
instant, les draperies de deuil qui ferment la Loge à l'orient disparaissent. On dé
couvre,à travers un immenseportique d'architecture égyptienne, les bosquets fortunés
des Champs-Élysées, éclairés de la plus vive lumière, et au milieu desquels se trouve
placé le buste du F. .. N., décédé. Une brillante harmonie remplit l'âme desplus
doucesémotions, et le vénérable s'écrie avec enthousiasme :« Mes FF.'., notre espé
rance est accomplie.
» Réunissez-vous à moi, mes FF. .. (tous les FF... forment le triangle, le vénérable
est au sommet et les deux surveillants à la base),pour former la chaîne d'union, res
serrons étroitement cette chaîne sacrée, et que l'amitié nous console du seul chagrin
réel qu'elle puisse causer au cœurvertueux.»
Tous les FF.'. ont formé la chaîne d'union autour du cénotaphe, et les membres
composant la colonne d'harmonie chantent l'hymne funèbre :
Hymnefunèbre.
Près de l'autel de l'amitié, La mort du sage estun sommeil ;
Que voile un crêpe funéraire, Par l'espoir elle est embellie :
Guidés par la douce pitié, Le bonheur l'attend au réveil,
Donnons des pleursà notre frère. - Au sein d'une meilleure vie.
Il n'est plus!. Latombe aujourd'hui Il n'estplus!. La tombe aujourd'hu
Reçoit sa dépouille mortelle ; -
Mais tout ne meurtpoint avec lui, Reçoit, etc.
Sesvertus restent pour modèle.
- Conduitpar l'immortalité,
« Du charme heureuxde la gaieté, Viens,sur un trône de nuages,
» Il embellissait a vieillesse, Amifidèle et regretté,
» Et sa brûlante activité Jouir de nospieux hommages.
» Aurait honoré lajeunesse.» Il n'est plus!. La tombe aujourd'hui
Il n'est plus!. La tombe aujourd'hui
Reçoit, etc. Reçoit, etc.
Les cérémonies funèbres desAnciens se terminent toujours par le témoignage d'une
joieproduite par le dogme consolant l'immortalité de l'âme.
Après cette cérémonie, le Vén. .. remonteà l'Or. .,frappe un coup de maillet et dit :
« En place, mes FF.·., la parole est accordée au F.'. des cérémonies.
8
58 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Discouurs du F.-. des cérémonies.
« T.·. CH.·. FF.*. ,
» Lorsque, portant autour de lui des regards investigateurs sur les débris qui
l'entourent, le sage ose interroger les entrailles de cette terre qu'il foule dédaigneuse
ment à ses pieds, alorsil rencontre, ensevelis sousdes ruines, les squelettes immenses
de ces êtresgigantesques appartenant aux races éteintes quise sont tourà tour succédé
sur la surface duglobe;ilvoit les caractères qui les séparent, et il est forcé de con
venir qu'ily a, entre la première création et celle dont nous faisons partie,un progrès
qu'il n'est point permis de révoquer en doute.Si, maintenant, guidé par l'idée que
ces observations ont fait naître en lui, il soumet auxinvestigations les objets qui l'en
tourent; si, remontant la chaîne des êtres, il passe de l'homme, chef-d'œuvre de la
création nouvelle,à la matière froide et inerte; s'il étudie successivement lesinnom
brables transformationsà l'aide desquelles une argile informe s'est métamorphosée,
d'abord en végétalimparfait, puis suivant toujourssa marche ascendante, est parvenu
à former enfin l'être le plus accompli de l'organisation animale, nécessairement une
pensée vaste et profonde illuminera son esprit et lui dévoilera, pour ainsi dire, le
secret du Sublime Architecte des mondes ; il sera forcé de se demander si le souffle
divin qui l'anime n'a pas, comme la vase impure devenue fleur odoriférante etsu
perbe,soumiseà la marche progresive des êtres, subi toutes lestransformationspos
sibles avant de s'élever au degré de perfection qui le caractérise; alors les croyances
antiques de la mystérieuse Égypte, celles despeuples aux mœurs douces et patriar
cales de l'Orient, et celles, moins réfléchiespeut-être, mais aussi certaines, des tribus
sauvages quipeuplent les déserts de l'Afrique, croyances qui ont fourni à Pythagore
son système de transmigration des âmes; ces croyances, dis-je, se présentent à lui
dans tout 1'éclat de leurvérité, dans tout l'ascendant de leur force, et il se demande
si ce ne sont point les seules vraies, les seules qu'il soit possible d'admettre.
» En effet, remontons les temps,transportons-nous par la pensée jusqu'au berceau
des âges, et suivonspasà pas la marche progressive de l'humanité : si la perfection
du souffle vital qui nous anime est en raison directe de la civilisation, ne sommes
nous pas involontairement, et pour ainsi dire à notre insu, amenés à conclure que
les âmes, lueurs incertaines d'abord, émanations imparfaites du souffle divin,à me
sure qu'ellespassent d'un êtreinforme dans un être plus parfait,s'épurent par degrés,
et tendent imperceptiblement à se rapprocher de l'Être infini qui les a formées, l'in
secte immonde, objet de nos dédains, lègue, lorsqu'il succombe, le souffle imparfait
qu'il exhale à un être d'un ordre supérieur; et c'est ainsi que de transmigrations en
transmigrations, son âme, après s'être identifiée successivementà toutes les séries des
êtres, remontevers son auteur et va se reposer au sein de Dieu qui l'a formée.
# » L'histoire des tendances de l'esprit humain dans les différents âges nous fait
voir l'immense génération des enfants d'Ève se hasarder, d'abord d'un pas timide et
lent,à travers les épreuves de la vie, puis affermir sa marche, étendre son intelli
gence, et s'élever enfin au plus haut période de la perfection ;ignorants et supersti
tieux, les enfants des premiers âges se courbent et adorent à genouxtout ce qui les
étonne,ils brûlent un encens profane sur les autels des dieux fantastiques que crée
leur imagination en délire; puis, adjurant leurs croyances ridicules, ils renversent
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 59
les autels de ces dieux impuissants, et s'élèvent, purs de toute superstition, aux
croyances les plus sublimes. L'initiation aux mystères de l'antiquité date de cette
époque, et la Franc-Maçonnerie en est la suite. Ce n'est pas, il est vrai, sans avoir eu
à surmonter de terribles obstacles; ce n'estpas sans s'être laissé égarer par les pres
tiges de l'erreur, sans avoir dévié souvent du but de cette sublime institution, sans
avoir fléchi, succombé même, sous le fardeau que nos ancêtres s'étaient imposé;
mais, enfin, qu'importe? Ils se sont relevés, la vérité,pure et brillante comme un
astre du firmament, a fait luire l'éclat de ses rayons sur l'horizon des mondes; les
hommes l'ont vue,ils l'ont trouvée belle, et ils se sont relevés plus forts et plns coura
geux pour l'atteindre. Fière de ses hautes et glorieuses destinées, l'humanité s'est
avancée à travers les siècles, se dépouillantà chaque pas d'un prestige, laissanttom
ber un lambeau du voile d'iniquité qui couvrait son front humiliésous le poids des
infirmités de sa nature imparfaite.
» Lavie intellectuelle des peuples a eu, comme leur existence politique, ses déve
loppements progressifs, ses époques de conception et d'enfantement, ses périodes de
transition et de gloire, des hommes à l'esprit vaste et profond; des génies se sont
rencontrés d'âge en âge qui, ayant aspiré le souffle le plus épuré des émanations
divines, ont pénétrédans le sanctuaire de la science, et sont parvenusà sdécouvrir les
mystères dont le Sublime Architecte des mondes leur avait accordé d'approfondir les
secrets. Ils ont dispersé les nuages qui voilaient la vérité aux yeux des profanes, et
leur ont appris comment on peut, à force de persévérance, élever des temples à la
vertu, et creuser des cachotspour les vices. Ainsi,jadis on vit dans les temples révérés
de la superbe Memphis, les mystérieux adorateurs d'Isis jeter les bases de la sagesse
première, et s'élever aux conceptions les plus hardies de la théosophie.
» Je n'abuserai pas plus longtemps de votre indulgente bonté, mes FF..; mais,
avant de terminer cette allocution d'amitié, joignez-vous à moi pour offrir le tribut de
notre douleur à notre bien-aimé F. .. N., que nous avons perdu.
» Oui, cher et fidèle ami, nos regrets t'appelleront sans cesse ; tes FF. .. désolés me
peuvent s'accoutumer à l'idée de ton éternelle absence! Tout nous rappelle ta mé
moire, tout ici nous parle de toi; nous nepouvons faire un pas dans ce temple sans y
retrouver tes vestiges : ces murs mêmes paraissent empreints de ton image, et dans
ce moment solennel, oùje vais faire entendre dans ce temple mon dernier adieu, je
crois voir ton ombre chérie s'élever de ce tombeau pour recueillir le juste tribut de
nos larmes et l'hommage que l'amitié reconnaissante vient de rendre à tes vertus.
Adieu ! adieu! adieu! F. .. N...! »
Après ce discours, la parole est accordée au F. .. G.., expert; il dit :
«VÉN. .. ET T. .. CH. .. F.'.,
» La nature tient sous nos yeux une école où elle instruit le genre humain ;
l'emploi du temps est la leçon qu'elle lui répète; nous mourons tous les soirs, nous
renaissons tous les matins; chaque jour est une vie complète et différente; cette
différence nous échappe, et nous confondons lejour qui nous luit avec celui qui l'a
précédé. Cependant comme on ne se baigne jamais deux fois dans les mêmes eaux
d'un fleuve, on ne se réveille point deux fois dans la même vie ; le fleuve et la vie
s'écoulent et changent sans cesse sans paraître changer; nous ne remarquons pas ce
volume immense et des ondes et des jours qui est allé s'abîmer pourjamais dans
l'océan des mers et dans celni du temps.Occupés d'amusementsfrivoles, nous suivons
G0 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
gaiement les flots qui nous entraînent, nous descendons doucement les yeux fermés
la pente rapide qui nous mène à la mort; soudain l'écueil caché sort de l'onde et se
découvre au milieu des vagues blanchissantes; nous frémissons, l'effroi précipite
autour de nous nos regards éperdus; notre âme s'éveille et frissonne dans tous nos
sens. ô désespoir! la frêle barque touche, éclate, se brise et disparaît. Mortel,
sais-tu ce que vaut un instant? cours le demander à l'homme étendu sur son lit de
mort. Lajeunesse n'est pas aussi riche en jours qu'elle le pense follement : la mort,
l'insidieuse mort, està la porte, elle épie dans l'ombre l'instant de nous surprendre. Dès
qu'une fois son bras invincible nous aura saisi, il n'est plus de liberté, il n'est plus
d'espoir pour son captif. La chaîne de l'inexorable éternité l'étreindra, il faudra
payer la dette que nousavons contractée en naissant, avec la somme des intérêts que
notre vie stérile aura entassés. Prodiguons tout le reste, maissoyons avaresdutemps;
ne donnons aucun de nos moments sans en recevoir la valeur; ne laissons les heures
sortir de nos mains qu'avec épargne, qu'avec fruit, qu'avec regret, comme nous
cédons notre or ou une portion de notre sang, et que chacun de nosjoursgrossisse le
trésor de nos vertus. » -
La parole est accordée au F. .. trésorier, qui s'exprime en ces termes :
« T. .. Ch. FF .,
» Celui qui ne connaît que lesplaisirs et qui rapporte toutà lui-même,ne s'intéresse
pas aux malheureux,voilà le profane!. Il n'a pas vu la lumière.il ne connaîtpas
la pitié; la dureté occupe toute l'étendue de son cœur!.
» Le profane connaîtra-t-iljamais les délices d'une amitié solide et vertueuse, en
étudiera-t-il les règles? Saura-t-il plaire sans affectation, prévenir avec modestie,
louer sans flatterie, obéir sans bassesse, reprendre sans aigreur, pardonner sans
ressentiment, donner des avis avec ménagement, en recevoir avec gratitude, partager
les malheurs de son F.*., de son ami, et le secourir sans le rabaisser l Douxplaisirs,
sentiments délicats, fruits délicieux d'une amitié sincère, vous ne prîtes jamais
naissance dans un cœur qui ne connaît ni ce qu'il doit au Sublime Architecte des
mondes, ni ce qu'il doit à la société, ni ce qu'il se doità lui-même !
» Oui, mes FF.., la Sainte Maçonnerie contribue au bonheur de l'humanité, elle est
le germe de toutes les vertus!. La Maçonnerie nous dit d'aimer ce qui est véritable
ment aimable, d'honorer le mérite et de connaître lesvérités qui nous sont nécessaires
ou utiles; le contraire est frivolité, défaut de sentiment et attachement à l'erreur ;
elle nous ordonne de ne jamais faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qui nous
fût fait et de rendre aux autres ce que nous souhaiterions raisonnablement qui nous
fût rendu. Les principes contraires renversent tout l'ordre de la société et rendent
l'homme méconnaissable.
» La loi de la Maçonnerie est une loi d'amour, ct on ne peut l'entendre sans être
raisonnable et la suivre.
» Cette loi fut gravée par le Créateur dans le cœur de tous les hommes, c'est un
rayon émanédu soleil de justice qui éclaire tout initié; heureux s'il ouvre les yeuxà
une lumière si douce ! C'est une voixqui crie sans cesse dans cette partie de l'âme,
quiest commelesanctuaire de la raison ;c'est un tableau dont les traits représentent aux
yeux attentifs les droits de l'Étre Suprême,ceux de la société et la dignité de l'homme ;
c'est une persuasion intime sur la nature du bien et sur celle du mal, à laquelle
nul maçon ne peut se refuser dans l'application despremiers principes de la raison.
LE PANTHÉoN MAÇONNIQUE. 61
» C'estun maître qu'on ne peut combattre qu'en fuyant, et qu'on ne peut fuir sans
s'égarer; on peut s'étourdir pour quelques instants sur ses vifs reproches; maisil
faut ou les essuyer, ou cesser de les mériter, ou cesser d'être,puisque ces reproches
doivent s'étendre au delà du tombeau; ces reproches, qui sont le langage de la
conscience,se changent en douces représentations pour celui quiveut sincèrementy
être docile; mais ils sont les bourreaux éternels de tous ceux quiveulent s'y sous
traire. «Si ce que vous faites est honnête, écrivait Sénèque, que tout le monde le
» sache;sivos actions sont honteuses, que vousimporte quetous les hommes l'igno
» rent, puisquevous le savezvous-même ?Sivous méprisez ce témoin, que vous êtes
» misérable ! »
» Cette pensée si sage fut puisée dans le code des mystères de l'antiquité. L'homme
respectera-t-il son semblable s'il se méprise lui-même aux dépens de son propre
bonheur? Qu'il se respecte peu lorsqu'il refuse d'écouter la voix de la raison qui
parle à son cœur!Telle action connue le ferait rougir devant ceux qui en auraient
été les témoins; elle doit donc luifaire honte à lui-même,quand elle ne serait connue
que de lui seul. --
» La loi de Dieu est dans le cœur de l'homme, elle lui dicte ses volontés éternelles
pour le rendre heureux. Mépriser cette voix, c'est insulter le Subl... Arch... des
mondes.
» Les rayons de cette loi divine peuvent être obscurcis, mais, dans leur obscurité, ils
répandentàtravers les nuages despassionsune lumière importunequiles décèle.Sescris
peuvent paraître comme interrompus par le tumulte des sens; mais ils sonttoujours
perçants pour celui quiveut les entendre, et ils viennent souvent troubler le funeste
repos de ceux quivoudraient s'endormir à l'ombre des plaisirs. Alexandre, emporté
par l'ivresse et la colère, ne les entendit pas quand il plongea sa main meurtrière dans
le sang du malheureuxClitus; mais bientôt les fumées du vin s'évanouirent, la colère
disparut et fit place aux cris de la loi divine.
» Cette loi est donc supérieure à tous les efforts que les hommes pourraient
employer pour l'anéantir; les passions humaines ne peuvent détruire que ce qui est
purement humain,une loi divine porte toujours avec elle des caractères ineffaçables,
il faut pour l'abolir une autorité égaleà celle qui lui donnason existence.
» Les hommes les plus sages n'en sont pas les auteurs, puisqu'elle fit leur sagesse
avant la loi positive; l'athée, le déiste, le libertin ne lui donnèrent pas naissance,
puisqu'ils l'ont toujours combattue. L'intérêt ni la coutume, qui varient avec les
temps et les nations, ne l'ontpoint établie, puisqu'elle est une chez tous les peuples
du monde,et danstous les siècles nulle puissancecréée n'enfut la mère, car il n'existe
pas de puissance humaine qui puisse faire passer dans les cœurs de tous les
hommes des principes uniformes et irréformables; elle doit donc répondre à la ma
jesté de Dieu qui la porte, età la dignité de l'homme qui la reçoit. L'Être Suprême
n'a doncpu la graver dans son cœur que pour sa gloire et pour le vrai bonheur de
l'homme. . --- -
» Notre dignité consiste dans la connaissance duvrai et dans l'amour du bien : c'est
à ce double titre que nouspouvons mériter ce qui doit nous rendre heureux. Cette
- connaissance et cet amour supposent nécessairement des vices et des vertus, desvéri
tés et des erreurs ; il est donc de la bonté divine de présenter à l'homme les moyens
d'éviter le vice, de pratiquer les vertus, et de ne pas confondre le mensonge avec la
vérité. Les moyens établis pour connaître le vrai, c'est la raison, et pour porter
62 - LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
I'honmeà la vertu, c'est la loi de la Maçonnerie; ce que cette loi ordonne est un bien,
ce qu'elle défend est un mal. Le bien et le mal, le vice et la vertu, ne sont donc plus
de simples noms, lavérité est opposéeà l'erreur. Lavérité et la vertu sont éternelles,
et par conséquent immuables. Ce qui leur est opposé ne peut donc jamais emprunter
leur caractère ni se confondre avec elle; si toutes les actions sont indifférentes, tout
est renversé dans la société, et dans ce déluge de maux, la paix ne trouve aucun lien
sur la terre où elle puisse établir son empire.
» Le Sublime Architecte des mondes n'a pas présenté à l'homme le tableau du vice
pour celui de la vertu, ni confondu l'un et l'autre par ce trait de lumière qu'il a ré
pandu dans tous les cœurs; comment se serait-il plu à rendre le vice aimable à son
propre ouvrage? Non, l'iniquité ne peut plaire à la Divinité! ce ne fut jamais pour
elle qu'ilforma notre cœur.
» Notre dignité, mes FF.., ne peut être cachée à celui qui sait penser; comment la
loi divine répondrait-elle à cette dignité, et que deviendrait la raison, le flambeau de
l'humanité, si le vice et la vertu, l'erreur et la vérité, n'étaient que des vains noms?
O mes FF.*., reconnaissezvotre noblesse, et cessez d'étouffer dans votre cœur cette
loi sipure que leTout-Puissantygrava; rendezjustice à sa sagesse, ne fermezjamais
vos yeuxà sa lumière, vous aurez horreur du vice, et la vertu aura pour vous des
charmes. »
Après ce discours, le vénérable frappe un coup de maillet et annonce que les con
férencesvont avoir lieu entre lui et les deux surveillants.
CONFÉRENCES
D.'. Croyez-vous en Dieu?
R. .. Oui, vénérable.
L'existence de Dieu est une vérité de sentiments et d'évidence immédiate; c'est le
premier et le fondement de tous les axiomes.
Si l'homme n'était pas lui-même infini, pourrait-iljamais avoir l'idée de Dieu?
D.'. Quelle est l'époque de son origine ?
R.'. L'existence de Dieu n'apoint d'époque,il est unique, son unité estun mystère
infini, aucun autre ne peut lui être comparé; il n'a pas de forme corporelle et rien
n'égale sa sainteté; il a précédé la création, il est le premier des êtres, et son origine
n'a point de commencement; maître de l'univers, il montre à chaque créature sa
grandeur et son règne, ct il a répandu sa gloire et sa loiparmi les hommes.
D. .. Croyez-vous qu'il n'y a qu'un seul Dieu éternel, principe de tout ordre, de
toute justice, source de tout bien, providence de tous les êtres, appui du faible, espoir
du fort?
R. .. Oui, il est le mobile de toute croissance et de tout avenir.
D. .. Que devons-nous penser de Dieu?
R.*. Qu'il est immatériel, incompréhensible, invisible, sans forme, éternel, tout
puissant, qu'il connaît tout, qu'il est présent partout.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 63
D. .. Comment Dieu créa-t-il le monde ?
R.·. La volonté demeura dans lui de toute éternité; elle était triple : créatrice,
conservatrice, exterminante. Dans une conjonction des destins et des temps, la
volonté de Dieu se joignit à sa bonté et produisit la matière ; les actions opposées de
la volonté qui créa et de la volonté qui détruit enfantèrent le mouvement qui naît et
qnipérit, tout sortit de Dieu et tout rentrera dans Dieu. Il dit au sentiment:viens ;
et il se logea chez tous les animaux; mais il donna la réflexion à l'homme pour
l'élever au-dessus d'eux. .
D.*. Qu'entendez-vous par le sentiment? -
R. .. C'est une portion de la grande âme de l'univers; elle respire dans toutes les
créatures pour un temps marqué.
D. .. Croyez-vous que Dieu, semblable à nous, a pu créer le monde ? -
R.-. Oui, vénérable, ce n'est pas un être intelligent tel que je le suis qui a présidé
à la formation de ce monde; carje ne puis former un ciron; donc ce monde est l'ou
vrage d'une intelligence prodigieusement supérieure.
D. .. Cet Être, qui possède l'intelligence et la puissance dans un si haut degré,
existe-t-il nécessairement? . --
R. .. Il le faut bien, car il faut, ou qu'il ait reçu l'être par un autre, ou qu'il soit
par sa propre nature; s'il a reçu l'être par un autre, ce qui est très-difficile à conce
voir, il faut donc que je recoure à cet autre, et cet autre sera le premier moteur
de quelque côté que je me tourne, il faut donc que j'admette un premier moteur
puissant et intelligent, qui est tel, nécessairement par sa propre nature.
D. .. Ce premier moteur a-t-ilproduit des choses de rien ?
R.·. Cela ne se conçoit pas : créer de rien, c'est changer le néant en quelque
chose, je ne dois point admettre une telle production,à moins que je ne trouve des
raisons invincibles qui me forcent d'admettre ce que mon esprit ne peutjamais com
prendre. - -
D.'. Tout ce qui existe paraît exister nécessairement, puisqu'il existe ?
R.*. Oui, car s'ily a eu aujourd'hui une raison de l'existence des choses,ilyen a
- eu une hier, il y en a eu une dans tous les temps, et cette cause doit toujours avoir
euson effet, sans quoi elle aurait étépendant l'éternité une cause inutile.
D.'. Mais comment les choses auront-elles toujours existé, étant visiblement sous
la main dupremier moteur? -
R. .. Il faut que cette puissance ait toujours agi. De même,àpeu près, qu'il n'y a
point de soleil sans lumière, de même il n'y a point de mouvement sans un être qui
passe d'un point de l'espace dansun autre point.
D. .. Ilya doncun être puissant et intelligent quia toujours agi?
R... Si cet être n'avait point agi,à quoi lui aurait servi son existence ?
D. .. Toutes choses sont donc des émanations éternelles de ce premier moteur?
R.*. Oui.
D.'. Mais commentimaginer que de la pierre et de la fange soient des émanations
de l'Être éternel, intelligent et puissant ?
R.'. D'abord cette question est purement allégorique et se rattache aux travaux
des sublimes Maîtres du grand œuvre 90.·. D. .. de l'Ordre. Je dirai donc seulement
qu'ilfaut de deux choses l'une, ou que la matière de cette pierre et cettefange existent
nécessairement par elles-mêmes, ou qu'elles existentpar ce moteur. -
D.'. Il est doncimpossible que le monde soit sans Dieu, et que Dieu soit dans le
64 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
monde, car le monde est rempli d'êtres qui se succèdent : donc Dieu a toujourspro
duit des êtres quise sont succédé? -- -
R. .. Oui,Vén. . -
D. .. Le mouvement est-il essentiel à la matière?
R... Oui, car tout se meut dans la nature : le soleil tourne continuellement sur
lui-même, les planètes en font autant, et dans chaque planète touttranspire; le plus
dur métal est percé d'une infinité de pores par lesquels s'échappe continuellement un
torrent de vapeurs qui circulent dans l'espace, l'univers n'est que mouvement, donc
le mouvement est essentielà la matière. - -
D. Cependant une maison, une montagne ne remuent pas, donc le mouvement
n'estpas essentiel ?
p... Elles remuent, elles vont dans l'espace avec la terre,par leur mouvement com
mun, et elles remuent si bien (quoique insensibles) par leur mouvement propre,
qu'au bout de quelques siècles il ne restera rien de leur masse, dont chaque instant
détache continuellement des particules.
D. .. Mais sije puis concevoir la matière en repos, le mouvement n'est pas de son
essence? -
R. .. Je vous dis,Vén. ., qu'elle ne peutyêtre.
D. .. Cela est hardi. Et le chaos, s'ilvous plaît?
R... Si nousvoulions parler de chaos,je vous dirais,Vén. ., que touty était néces
sairement en mouvement, que le souffle de Diec y était porté sur les eaux, que
l'élément de l'eau étant reconnu existant, les autres éléments existaient aussi; que,
par conséquent, le feu existait, qu'il n'y a point de feu sans mouvement, que le mou
vement est essentiel au feu. -
D... Maispourquoi un corps en pousse-t-il un autre?
R... Parce que la matière est impénétrable,parce que deux corps ne peuventêtre
ensemble dans le même lieu, parce qu'entout genre le plus faible est chassépar le
plusfort. -
D. .. Qu'est-ce que laforce d'un corps en mouvement?
R. .. C'est le produit de la masse, par sa vitesse, dansuntemps donné : la masse
d'un corps est 4, sa vitesse est 4, la force de son coup sera 16;un autre corps est2,
sa vitesse 2,sa force est 4; c'est le principe de toutes les mécaniques.
D. .. Croyez-vous que la Divinitésoit devant nous, sur nospas, partout enfin ? la
croyez-vous dans notre cœur, dans notre conscience? nous suit-elle dans la vie, dans
la mort?
R.*. Oui.
D. .. Croyez-vous que la Divinité ait laissé à chacun son indépendance, afin que
chacun devînt ce qu'ilseferait lui-même? N'est-ce pas dans ce but qu'elle a mis entre
chaque être une barrière d'ordre et de garantie?
R.'. Oui; car si nous réfléchissons sur l'équilibre admirable qui existe entre la
puissance duCréateur et sa responsabilité, quelle preuve plusgrande de la présence
divine et de son intelligence infinie ! comment méconnaître cette force vivante qui,
dans son universalité, maintient l'ordre entre tant d'éléments de désordre, entre tant
d'intérêts divers,tant de volontés muespar des passions opposées ! -
D.·. Croyez-vousà l'immortalité de l'âme ? - - -
R.*. Oui. -
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 65
- D. .. Croyez-vous que l'âme est une analogie ou une émanation du Subl.'. Arch.'.
des mondes? -
R.·. Dieu est la vérité : tout ce quivit doit donc avoir une affinité avec cette vérité.
D.·. Qu'est-ce que l'individualité ?
R. .. C'est l'âme : l'âme c'est l'immortalité, c'est l'éternité, c'est ce moi qui peut
sommeiller, mais non jamais cesser d'être; s'il a son repos et ses vicissitudes, sa
croissance et sa décroissance, l'espace n'en reste pasmoins devant lui.
Libre et immortelle, mue par la douleur et la nécessité, la volontépeut embrasser
les mondes et s'élever jusqu'à Dieu. -
L'âme tient essentiellement de la Divinité dont elle est émanée, mais c'est le cœur
qui,seul, donneà l'homme le vrai caractère de l'humanité.
- D. .. Où trouvons-nous la pensée de la loivinité?
R.·. Lapensée de la Divinité, l'homme la trouve dans son âme.
- D. .. Quelle est la première faculté de l'âme? -
R.·. La sensibilité; l'âme sensible est seule capable de se développer, de sentir, de
penser et de connaître le bien; elle seule peut parvenirà la perfection, parce qu'elle
connaît sa nature, son origine et sa destination.
L'âme est crééepour sentir, pour aimer et connaître son auteur,pour seformer de
plus en plus dans son amour et sa connaissance, et, pour aimer et connaître Dieu,
elle n'a qu'à s'aimer etse connaître elle-même.
Les sens extérieurs et matériels de l'homme semblent être les instruments dont
l'âme se sertpour se former elle-même; l'âme sent par tout le corps : elle voit par
les yeux, elle entend par les oreilles, elle odore, elle goûte par les sens de l'odorat et
dugoût; elle se sert de tous les organes du corps, elle seulepeut les développer et les
perfectionner.
D. .. Qu'est-ce que l'essence divine de l'âme?
R... L'essence divine de l'âme humaine est la pensée de Dieu et de l'immortalité.
Cette pensée est dans sa nature intellectuelle ou spirituelle, elle constitue sa nature
divine, son souverain bien, sa félicitésuprême.
La pensée de Dieu et de l'immortalité fait toute la force, toute la puissance de
l'âme; la force de l'âme est une émanation de la force divine, et l'emploi de cette
force l'égale, en quelque sorte,à la Divinité.
D.*. Dans une vie sans avenir, où le juste et l'injuste seraient un hors-d'œuvre,
sur un globe où chaque être serait isolé pour n'être en contact avec aucun autre,
l'équité serait-elle utile?
R.*. Non; carà quoi servirait l'équité là où il nepeutyavoir partage.
D.'. La connaissance de Dieu, celle du vice et de la vertu leur seraient-elles plus
utiles?
R. .. Non; cette connaissance d'une vie future,à laquelle la créature ne serait pas
appelée, deviendraitpour elleun fardeau d'autant plus lourd qu'il serait sans but, et
rien de ce qui(principe d'ensemble et base des choses)subsiste dans l'univers ne peut
être sans but.
D.'. Commentl'homme peut-il exercer son intelligence?
R.'. Pour exercer son intelligence, l'homme doit connaître la nature des êtres
intelligents et la sienne propre; qu'il s'élève par la penséejusqu'à Dieu, qu'il redes
cende en lui-même, qu'il jette ensuite les yeuxsur toute la nature, et il reconnaîtra,
9
66 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
qu'étant l'être intermédiaire entre la Divinité et les êtres qui sont au-dessous de lui,
il doit être le premierà entretenir l'harmonie dans le monde moral et intellectuel.
Le sens intellectuel de l'homme, qu'on peut aussi appeler le sens spirituel, doit être
formé d'après les principes de l'harmonie des êtresintelligents. C'est àformer ce sens
que consiste la culture de l'esprit
L'idée laplus simple de la perfection est née du sentiment du beau et du bon ; ce
sentiment constitue le goût qui a également son principe dans le tact de l'âme et
dans la justesse de l'esprit. - -
Le goût, dans le sens le plus étendu, est le sentiment le plus épuré de l'âme, l'idée
la plusjuste de l'esprit pour tout ce qui concerne la connaissance de la beauté, de
l'harmonie, de l'ordre, en un mot, c'est le sentiment de la perfection.
L'âmea ce sentiment de la perfection, l'esprit en a l'idée, mais c'est legénie qui la
développe.
Le génie est la divinité de l'esprit; il est l'âme de la nature intelligente; il est la
puissance créatrice des pensées et desidées les plus sublimes.
Le vraigénie a sa source dans la Divinité qui l'inspire, le dirige et l'éclaire de sa
lumière ; il n'agit que par elle, il n'imite que la nature, il ne marche qu'avec le
flambeau de la raison dans la recherche de la vérité, il n'a pour objet que l'élévation
et l'ennoblissement de l'esprit humain.
D. .. Commentparvenir à la connaissance de soi-même?
R. .. Dieu, en créant l'homme, lui donne toutes lesfacultés nécessaires au développe
ment et au perfectionnement de son être; il lui donne un corpspour agir, une âme
pour penser,un cœur pour aimer, un esprit pour connaître,une raison pour se con
duire; et il n'a rien à lui demander que la force de faire usage de ce qu'il a.
Dieu lui ayant donné l'intelligence, il lui a donné aussi la volonté et la liberté: c'est
par l'usage de ces facultés que l'homme parvientà la véritable connaissance de soi
même.
D. .. L'homme peut-il diriger sespassions selon sa volonté?
R. .. Oui, vénérable, pour diriger nos passions vers le bien,il faut que notre âme
le sente, que notre esprit le connaisse, que notre cœur l'aime et que nutre corps ait la
force et le pouvoir de le faire : nous avons ce pouvoir dès que nous en avons la volonté
formée.
Ainsi, former son corps pour obéirà la volonté de l'âme, formerson cœurà l'amour
du bien, son esprit à l'amour de la vérité, conformer toutes ses actionsà la raison, se
conduire selon la dignité de sa nature, c'est diriger ses passions vers le perfectionne
ment de l'homme. .
Le travail, la vie active, l'habitude des bonnes actions, l'emploi de ses forcesphy
siques et moralespour faire le bien, l'usage constant de la raison, ce sont là les moyens
de conduire ses passions au but qu'on se propose,à la perfection de son être.
Le triomphe des passions, c'est la réunion de la sagesse et de lavertu avec lajustice.
D. .. Les âmesvertueuses seront-elles sans récompense ?
R. .. Lesâmes des hommes sont distinguées de celles des animaux: elles sont rai
sonnables, elles ont la connaissance du bien et du mal. Si l'homme fait le bien, son
âme, dégagée de son corps par la mort,sera absorbée dans l'essence divine et ne sera
plus revêtue des quatre éléments.
LE PANTHEON MAÇONNIQUE. 67
D. .. Quelle est la nature de cette infusion dans Dieu même?
R. C'est une participation à l'essence suprême; on ne connaît plus les passions,
toute l'âme est plongée dans la félicité éternelle.
D. .. Mais c'est un mystère?
R. .. Vénérable, tout est mystère dans la nature, la foi même est un mystère.
La métaphysique a ses profondeurs et ses abîmes, la physique a ses phénomènes
inexplicables, parmi les insectes elle a ses polypes ; la matière, comme on se plaît à
le croire, et comme on prétend le démontrer, a sa divisibilitéà l'infini; lagéométrie a
ses lignes asymptotes qui s'approcheront toujours, et, quoique prolongées à l'infini.
ne se couperontjamais. La connaissance du Subl... Arch. .. des mondes par la seule
raison, parmi bien d'autres difficultés, nous laisse à concilier, dans ses attributs, la
nécessité d'être et la liberté; l'homme tout seul, sans le secours de la révélation, est à
lui-même le plusgrand des mystères..
L'homme doit donc n'agir que par sentiment, rentrer sans cesse en lui-même,
écouter la voixintérieure de sa conscience, et se tenir toujours comme en présence de
la Divinité.
Toute la culture du cœur de l'homme consiste à le rendre sensible, aimant, pur,
innocent, bon, compatissant, humain, bienfaisant,généreux, grand, magnanime : ce
sont ces qualités qui le rendent parfait.
Heureux ceux qui ont le cœurpur,car ils verront Dieu.
Après les conférences levénérable ayantprovoqué,suivant l'usage, les observations
de la Resp. .. Logepour le bien-être de l'ordre en général et de l'At. .. en particulier, le
silence règne; le sac auxpropositions et le tronc de bienfaisance circulent sur les
deux colonnes, les travaux sont fermés de la manière accoutumée, et tous les FF. .
se retirent en paix, bénissant le Sublime Architecte des mondes, et se félicitant
de faire partie d'une association où la mémoire de l'homme vertueux est lionorée de
larmes sincères, et où l'amitié s'étend au delà du tombeau !
FÊTE DE L'ORDRE MAÇONNIQUE
OU
LE RÉVEIL DE LA NATURE
La nature indique que la lumière se fit au mois de mars. En effet, dans ce mois, la
terre se régénère et les jours arrachent aux nuits la ceinture céleste. Les Égyptiens
plaçaient le commencement de l'année normale au 21 mars, à 11 heures, au lever
de l'étoile Thoth.
Banquets symboliques.
Les Banquets symboliques sont de la plus haute antiquité.Tous les ans, la statue
d'Ammon était portée aux confins de l'Égypte et de l'Éthiopie : c'était là que les hié
rophantes des deux nations offraient conjointement un sacrifice et célébraient le
triomphe de la lumière sur les ténèbres par un festin sacré, nommépar les Grecs
68 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Héliotropez (table du soleil). « Le soleil, disent-ils, embellit et décore la nature : c'est
à lui que nous devons le feu de l'imagination, les saillies de l'esprit, la sublimité
des pensées, la profondeur du jugement, tout ce qui caractérise l'intelligence dont
l'homme est doué;il est le principe du mouvenent de la vie. »
Le lieu du festin était à l'île de Méroë, séjour des gymnosophistes; ils s'assem
blaient pour louer le Sublime Arch... des mondes et manger en commun ce qui avait
étébéni par la prière.Telle est l'origine des Banquets maçonniques, qui avaient irré
vocablement lieu après la première lune qui suivait l'équinoxe du printemps. Ils se
tiennent presque toujours au premier degré, celui d'Apprenti, afin que tous les FF.'.
puissentyêtre admis.
Il ne doity avoir qu'une seule table, disposée en ferà cheval; les FF. .. se placent
en dehors, excepté le maître des cérémonies et le grand expert; levénérable occupe le
milieu de la table, ayantà ses côtés les officiers, suivant leur rang en loge; aux deux
extrémités sont les FF.".premier et deuxième surveillants.
La Loge, en banquet,prendparticulièrement le nom d'atelier; tout ce qui est posé
sur la table doit être rangé sur des lignes parallèles; il est des ateliers où l'on porte
cette attentionjusqu'à placer des cordons de couleur pour marquer les alignements.
La première ligne, en partant de l'intérieur, est pour les bougies, la deuxième est
pour les plats, la troisième estpour les bouteilles, la quatrième est celle des verres, et
la cinquième, enfin, est celle des assiettes.
Les ustensiles ont des noms maçonniques; en voici la nomenclature : la table se
nomme comme la Loge, atelier; la nappe, voile; la serviette, drapeau; le plat,pla
teau; l'assiette,tuile; la cuiller, truelle; la fourchette, pioche; le couteau,glaive; la
bouteille, barrique; le verre, canon; les lumières, étoiles ; les mouchettes,pinces; les
chaises, stalles; les mets en général, matériaux; le pain,pierre ; levin, poudre forte;
l'eau, poudre faible ; les liqueurs, poudre fulminante ; le sel, sable ; le poivre, ciment
ou sable jaune; manger, c'est mastiquer; boire, c'est tirer une canonnée; découper,
c'est dégrossir.
Il ne fautpas confondre le Banquet de la Loge symbolique avec l'Agape et laScène
nystique décrite dans les rituels des Chevaliers Rose-Croix et des Grands ÉlusCheva
liers Kadosch; nous parlons ici du Banquet qui a lieu à la fête d'Ordre, que les uns
placent au 21 mars et les autres au 24juin (Saint-Jean).
Beaucoup de Maçons regardent, sans autre examen, Jean l'Évangéliste comme le
patron de leur Ordre. Pourquoi? ils l'ignorent. Voici un document que nous avons
recueillià ce sujet.
Boulanger dit, dans son ouvrage intitulé: l'Antiquité détoilée : « Jean et agneau
signifient également doux, et sont un symbole du soleil rentrant dans le signe du
Bélier, et de la douce chaleur qui s'épandà cette époque dans les airs. Jean, accom
pagné d'un agneau, annonce donc la résurrection de la nature du soleil. »
Enfin, tout s'éveille dans la nature : les eaux murmurent et l'oiseau chante le nom
sacré deJéhovah.
Mise en activité dcs travaux.
La mise en activité destravaux est la même que celle de la Loge symbolique. Immé
diatement après la lecture du plan-parfait de la précédente tenue, l'installation des
officiers élus ou réélus a lieu.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 69
Le vénérable prête serment, entre les mains de l'ex-Vén. ., de bien et fidèlement
remplir ses fonctions ; il reçoit ensuite le serment des autres officiers dignitaires et
procède à leur installation suivant la forme d'usage.
Après cette cérémonie, le F. .. orateurprésente le compte moral de l'atelier pendant
le cours de l'année maçonnique. -
Le comité de la Loge établira, quelque temps avant la fête d'Ordre, des concours
littéraires et philosophiques ; il donnera à traiter des questions importantes qui
tournentà la gloire et à la prospérité de l'Ordre et des sujets moraux et maçonniques.
Lesvainqueurs seront couronnés avec cérémonie, et trois prix leur seront décernés.
Le premier, une médaille d'or;
Le deuxième, une médaille d'argent ;
Le troisième, une médaille de bronze.
Lorsque cette cérémonie est terminée et les discours lus, le Vénérable frappe un
coup de maillet et dit: « Debout et à l'Ordre,» il descend de l'autel, tenant son
maillet en main,ilva se placer au milieu du temple, en face de l'Orient, et les deux
surveillantsà ses côtés. Devant le vénérable est une cassolette où brûle de l'encens ;
le maître de cérémonie et le grand expert sont au pied de l'autel, sur lequel sontdeux
urnes qui brûlent de l'esprit-de-vin; derrière le vénérable, entre les deux colonnes,
sont le F. .. couvreur, le porte-étendard et l'architecte, tous les FF.·. tournent vers
l'Orient, le vénérable s'incline et dità haute voix :
Invocation.
« Être éternel, source de tout bien, il n'existe aucun lien dans l'immense étendue
du ciel et sur la terre qui n'atteste ta présence, et nos regards ne peuvent se porter
nulle part sansy rencontrer des preuves de ta grandeur et de ta toute-puissance. Ces
corps célestes, qu'un mouvement régulier fait circuler dans la vaste étendue de l'es
pace, pourrions-nous les voir planer au-dessus de nos têtes sans admirer ta sagesse
infinie?... Ce soleil majestueux, qui lance alternativement ses rayons bienfaisants
sur les deux hémisphères pour y produire ce qui est nécessaire à la vie de tous
les êtres qui les habitent, n'est-il pas une preuve évidente de ta justice ? Les agré
ments sans nombre que la nature offre à chacun de nos sens, n'attestent-ils pas ta
bonté? Être infiniment sage, juste et bon, reçois, avec l'encens qui s'élève de cet
autel, l'hommage de notre vive gratitude pour tous les bienfaits que tu viens de
répandre sur nous; fais que nous puissions en jouir en paix et avec modération, et
que cette jouissance ne nous fasse jamais oublier ceux qui sont dans le malheur.
» Quand le souffle glacé de Borée couvrira nos contrées de frimas, quand les
longues nuits de l'hiver nous envelopperont dans les ténèbres, échauffe alors notre
zèle, afin que nous ne cessions de marcher dans le sentier de la vertu et de la bien
faisance, et fais que le flambeau de la vérité brille à nosyeux avec un éclat d'autant
plus vif, que l'obscurité dans laquelle nous serons plongés ne nous empêche point
d'élever nos âmes vers toi, et de tirè dans le livre sacré de la nature, où la Toute
Puissance a tracé en caractères inaltérables et intelligibles pour toutes les généra
tions, les preuves évidentes de ta grandeur et de ta perfection; reçois les hommages de
notre gratitude, de notre profonde vénération, et accorde-nous les facultés de te les
témoigner constammentpar la pratique de toutes les vertus.
70 - LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
» Gloireà toi,Seigneur !gloire à ton nom!gloire à tes œuvres!»
Le vénérable remonte à l'Orient,frappe trois coups, suivant la batterie, qui sont
répétéspar les deux surveillants, et,glaive en main, il dit :
« Lestravaux sont suspendus ;je vous invite, mesFF.'., au banquet symbolique. »
Tous les membres de la Loge se rendent à la salle du banquet, et, lorsque tous les
FF. .. sont à leur place, le vénérable frappe un coup de maillet et il dit :
« Debout et à l'ordre, mes FF. .
» Prenez place à ce banquet, où notre respectable Loge vous convie,pour célébrer
la fête d'Ordre.
» Puisse ce banquet resserrer les liens de la fraternité qui unit les vrais Maçons !
Qu'une douce joiey règne. Il est permisà l'homme de chercher dans les plaisirs dé
cents l'oubli des chagrins de la vie; mais, pour que notre gaieté soit sans remords,
souvenons-nous que plusieurs de nos FF.'. souffrent et gémissent peut-être au
moment même où nous nous réjouissons, adoucissons leurs maux autaut qu'il est en
IlOllS.
»Que l'égalité, la concorde, la tempérance, la modérationprésidentàce festin comme
dans le temple même, caril doit être pour nous un symbole comme nos autres tra
vaux maçonniques. Il ne doit donc pas avoir pour but de satisfaire un appétitgrossier
et sensuel; la nourriture est nécessaire à l'homme, mais elle accuse son infirmité;
elle ne saurait doncêtre pour luiun sujet de plaisir. Ce n'est pas à vous, mes FF.-.,
que je recommanderai d'éviter surtout le scandale qui résulte de l'intempérance.
L'intempérance ravale au-dessous de la brute l'homme doué d'intelligence.
» Qu'un hymne de reconnaissance envers le Sublime Architecte des mondes sanc
tifie cette réunion fraternelle! Prions-le de jeterun regard favorable sur nous,prions
le de bénir ces mets, car c'est de lui que nous tenons tous les jours les biens de la vie
et la santé qui sertà les apprécier; nous devons tout rapporter au grand Jéhovah.»
Invocation.
« Maître Souverain de l'immensité, nous nous prosternons devant les lois éternelles
de ta sagesse; nous rendons hommage à la perfection de tes plans éternels; dirige
nos travaux, éclaire-les de tes lumières et préserve-les de s'écarterjamais de la ligne
droite qui doit les conduire au point parfait du triangle.
» Mes FF.'., c'est enson nom queje bénis ce festin. »
Le vénérable fait cette bénédiction en la forme accoutumée;il prend ensuite une
coupe, la remplit de vin, boit quelques gouttes, et dit :
«Cette coupe est le symbole de la vie : elle va circuler, et chacun devous y boira ;
car nous devons partager en frères le vin généreux qu'elle renferme, comme nous
devonspartager les biens que la bonté divine nous dispense; mais si, au lieu d'une
boisson agréable, cette coupe étaitpleine de fiel, nous devrions encore l'accepter et y
boire avec résignation,parce que nous serions indignes de partager les biens de nos
FF.., si nous n'étions prêtsà partager leurs maux; que le Sublime Architecte des
mondes éloigne de nous la coupe amère de l'adversité dont elle est l'emblème !.A
moi, mes FF. .
On fait la Batt. .. et l'Acc... d'usage.
A la fin du festin les travaux sont remis en activité, et le vénérable fait porter les
sept santés d'obligation.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 71
SAVOIR :
1. Celle du souverain de la nation ;
2. Celle du grand-maître, chef de l'Ordre ;
. Celle du vénérable de la Loge;
Celle des deux surveillants;
. Celle des visiteurs, lorsqu'il y en a;
6. Celle des officiers de la Loge;
7. Enfin, celle de tous les Maçons répandus sur la surface duglobe.
Manière de tirer lcs santés.
Lorsque le vénérable a ordonné de charger et aligner, et que tout est disposé, un
coup de maillet fait lever tous les FF.'., ils mettent le drapeau sur le bras gauche et
se tiennent à l'ordre ; après l'annonce faite de la santé que l'on va tirer, le vénérable
commande l'exercice comme suit :
«La main droite au glaive ! Haut le glaive !Salut du glaive ! Passons le glaive à la
main gauche !La main droite aux armes! Haut les armes! En joue ! Feu ! (On boit en
trois temps.) L'arme au repos ! En avant les armes!Signalons nos armes!(Tous les
FF. .. décrivent avec le verre, par trois fois, un triangle dont la base est sur la poi
trine.) Posons nos armes,un, deux,trois !(On pose les verres sur la table avec le plus
d'ensemble possible.) Le glaive à la main droite ! Haut le glaive !Salut du glaive ! Le
glaive au repos!(L'on fait la batterie et l'acclamation d'usage, lestravaux sont sus
pendus). »
La parole est successivement accordée aux FF.· . qui la réclament. Après les santés
d'obligation, l'orateur demande la parole et s'exprime en ces termes :
«T. ·. CH. .. FF.·.,
» Voilà l'hiver !.. mot terrible, synonyme de misère; le pauvre ne le prononce
qu'avec effroi: ses besoins augmentent et ses moyens d'y satisfaire diminuent. L'hirer
est la morte saison.C'est ainsi que dans son langage énergique le peuple l'a surnom
mée avecvérité! Tout faillit à la foisà l'indigent.
» Par mille moyens, le riche sait déguiser l'horreur que l'hiver inspire à la nature;
pour lui, dans un salon, temple élevé au dieu du luxe, l'hiver amène des plaisirs nou
veaux; etje vois le désespoir entrer dans la mansarde dupauvre, aussitôt que l'inclé
mente saison fait sentir sa rigueur. Oh !.. pitiépour le pauvre ! ce n'est pas pour lui
qu'on a construit ces théâtres où une foule joyeuse se presse ; ce n'est paspour lui
que les bals commencent au son d'une musique bruyante.. ce n'est pas pour lui que
coulent ces flots d'un vin généreux. Le pauvre n'envie que faiblement ces jouissances
auxquelles il n'est pas accoutumé; il se borne à demander la satisfaction des besoins
véritables de l'homme. Eh bien! que répondre à son humble prière? où est pour lui
le logement commode et sain quipeut le mettre à l'abri des injures du temps? où est
cette nourriture nécessaire pour Iui donner la force et le courage de supporter tant
de privations?. , --
»Oh! pitiépour le pauvre!Je voudrais, Jérémie nouveau, entrer dans vos salons
somptueux,je vous dirais. heureux du jour : Je viens troubler vos fêtes !... ouvrez
ces croisées qu'entoure un double rideau, la soie unie à la mousseline par des an
neaux d'or, ouvrez et regardez. là-bas, sur cette borne, est un vieillard grelottant,
72 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
couvert d'homicides glaçons! c'est un brave.. soldat,'il a combattu pour son pays, il
n'a jamais trahi; dévouéà son souverain et soumis aux lois de son pays,il protégea
nos foyers; son dévouement fut grand, car il n'en avait point. Plus loin, une femme
bien humblement,demande une aumône légère; elle est mère, elle souffrepour elle et
son tendre nourrisson. Pauvre mère !... Et cette jeune fille, au son de voix argentin,
auxformes aériennes que l'ombre de la nuit dissimule.. donnez, et donnez doncpar
charité au vieillard qui se tait et soupire ... à la femme qui prie et pleure. et vous
serez bénissur la terre, le grandJéhovah vous récompensera; donnez,vous dirais-je,
et ce vieillard achèvera en paixsa carrière qui fut honorable; et cette mère, victime,
car elle est femme, ne maudiraplus la fécondité de ses entrailles. cet enfantunjour
sera citoyen utile.. c'est d'un hôpital où ilfut recueilli expirant de froid et de misère,
que le grand Amyot est sorti... Et cette jeune fille sera sauvée de la mort, du déshon
neur,pire que la mort! Rendez hommageà la beauté, mais ne la flétrissez pas par un
impur trafic; respectez le malheur, la vertu. le malheur, la vertu sont les sensitives
de la société.
» Oh !pitiépour le pauvre, mes FF.·. ! ce que je dirais dans les salons du riche,je
vous le dis: Ne fermons pas nos cœurs aux accents de l'infortune. Titus avait perdu
sa journée lorsqu'il n'avaitfait aucune bonne action. Ne nous endormons pas, s'il est
possible, sans avoir consolé nos FF. .. malheureux. » -
Suspension des travaux.
La suspension des travauxse fait comme dans la Loge symbolique.
Prière.
«Sublime Architecte des mondes, Père bienveillant des humains, en nous levant
de ce banquet où ta bonté nous a conviés, nous te rendons mille actions de grâce ;
fais, ô mon Dieu, que ces sympathiesphilosophiques, dont la tradition nous a été
transmise par les anciens sages, resserrent les liens de la fraternité qui nous unissent,
développent notre intelligence, et contribuentà étendre sur le monde entier les bien
faits de la Maçonnerie. »
Puis le Vénérable fait le signe, la Bat. .. et l'acclamation, ainsi que tous les FF.".
Gloire au Sublime.
Fin des Travauux.
NoTA. Lorsque le vénérable fait la bénédiction dufestin, le F. .. maître des céré
monies et le F.*. ordonnateur des banquets, placent au milieu de l'at. * .. trois casso
lettes : deux brûlent l'esprit-de-vin, et celle du milieu l'encens.
Il en est de même lors de la prière (suspension des travaux).
Le maître des cérémonies doit veiller, conjointement avecl'ordonnateur des banquets
et son adjointà la régularité du service.
Le grand expert est responsable de l'introduction des FF.·. de l'Ordre et de la
régularité des insignes maçonniques.
Après le discours de l'orateur l'hospitalier fait circuler la tzedaka.
J. ÉT. MARCONIS.
Paris.- Imprimerie de H.S. Dondey-Dupré,rue Saint-Louis,46, au Marais.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 73
TRAVAUX COMIPLETS
PREMIER DEGRÉ DE L'ORDRE MAÇONNIQUE
Préliminaire.
L'initiation auxmystères maçonniques remonteà la plus haute antiquité. Les mages,
qui en sont les fondateurs, avaient puisé leurscience chez les Brahmanes ou Gymno
sophistes de l'Inde; ils avaient anciennement, dans la ville chaldéenne d'Hipparenum,
une école célèbre digne,par la concentration de toutes les vertus humaines, des Loges
que le ciel destinait à devenir les instituteurs du monde; c'était particulièrement dans
la Médie que les mages célébraient leurs mystères et enseignaient les dogmes qui
répandirent cesflots de lumière et de vérité, que le Sublime Architecte des mondes
avait placés dans le cœur des hiérophantes de la savante Égypte.
Minos, Lycurgue,Solon, Zaleucus et Pythagore quittèrent leur patrie pour venir
dans Memphis se faire recevoir et apprendre la science de gouverner les hommes.
Thalès, Orphée, Pausanias assurent que les mystères portaient l'homme à la pitié,
et que les initiés emportaient des espérances bien doucespour l'éternité. Diodore nous
apprend que Jason, Castor, Pollux et Hercule étaient initiés aux mystères Maçon. .
des Samothraces, et Cicéron nous a laissé la morale des initiations dans le songe de
Scipion : c'est le dogme de l'immortalité de l'âme.
Ce songe contient la description des épreuves, et pour en donnerune idée précise,
nous faisonsprécéder lestravaux dupremier degré de l'initiation de Platon.
Aux approches de la 95° olympiade,un pèlerin de la science vint, le long du Nil,
étudier la théosophie, et demander la révélation des pieux mystères.
Les épreuves lui furent permises; il descendit au fond d'un puits noir communi
quant avec des caveaux,ilpoussaune grille d'airain qui se referma aussitôt, non sans
un glacial et sourdbruissement; la torcheà la main,il s'avança, dépassantune seconde
porte grillée; il aperçutune galerie d'arcades éclairées par des lampes, sur le fronton
se lisait cette phrase : Tout mortel qui marchera seul et sans effroi dans l'enceinte sacrée,
recevra la lumière, sera purifié par l'air et l'onde, et initiédans les mystères secrets de la
déesse Isis.
Un appel d'en haut interrogea le néophyte pour savoir si le cœur lui manquait, et
le néophyte répondit: « Non, » et, sans faiblir, ilpoursuivit sa route.
Devantune porte de ferparurent trois hommes armés, dont les casques représen
taient le museau d'un chien.
«Tupeux, lui dirent-ils, revenir sur tespas; mais si,persistant danston dessein, tu
recules ou détournes la tête, ç'en est fait de toi.»
Le néophyte répliqua :«J'irai en avant. »
|10
74 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Une fournaise brûla béante, elle ne pouvait être traversée que sur une grille très
étroite; au bout mugissait un torrent, la rive ne pouvait êtregagnée qu'à la nage : le
double péril fut résolûment franchi. Le plus terrible et le dernier de tous lui succéda.
Un escalier de quelques marches menaità une lumineuse porte d'ivoire qui s'ouvrait
par deux anneaux étincelants; le seuil abordé, voici que le plancher tout à coup
s'ébranle comme sous la secousse d'un impétueuxtremblement de terre. D'énormes
roues d'airain firent mouvoir avec une incroyable rapidité de grosses et bruyantes
chaînes, la lampe tomba éteinte des mains du néophyte, qui demeura perdu au sein
du cataclysme ténébreux : il ne cria point grâce, un seul frisson l'effleura.
Il attendit.
Le désordre, las de lui-même, céda la place au calme; une porte,invisiblejusqu'à
cette heure, livra passage dansune salle qu'illuminaient des centaines de flambeaux;
siégeaient là soixante prêtres couverts de byssus en étoffe defin lin, portant, de même
que les dieux, des colliers d'une forme et d'une valeur proportionnées aux divers
grades; l'hiérophante orna l'initié de la robe blanche, et lui présentant un verre
d'eau :
«C'est le breuvage de lotos, bois l'oubli des sentences mondaines.»
Vingt-quatre heures d'un repos bien méritépréparèrent le néophyteà une retraite
de quatre-vingt-unjours. Pendant cette période, et six mois encore, l'existence duDieu
créateur,ses noms,ses attributs, les rayonnements de sa puissance infinieà travers le
soleil et les planètes, les principes de haute morale et de philosophie religieusesfurent
dévoilés au récipiendaire,puis on luiposa quelques questions :jamais elles n'avaient
été résolues avec une telle profondeur. On le reconduisit aux lieux sacrés, où il jura
de n'apprendre à aucun profane ce qu'il avait vu et entendu(1).
Le néophyte est placé dansun lieu entièrement solitaire poury réfléchir, au moins
une heure, sur sa démarche, afin de bien examiner les motifs de sa résolution : en se
rendant compte des principes de la Maçonnerie, il se mettra en état de répondre aux
questions qui pourront lui être faites.
Cabinet de réflexion.
On donne au candidat des questions à résoudre par écrit; c'est le seul moyen de
fixer son attention, au lieu de l'abandonner à de vagues rêveries; ses réponses sont
plus précises et plus réfléchies, et la réception est intéressante et utile.
Le cabinet de réflexion (chambre de préparation), est peint en noir, avec tous les
symboles de la mort;il est orné d'une table couverte d'un tapis blanc, sur laquelle se
trouvent une tête de mort, une lampe sépulcrale,une écritoire, une plume, dupapier
blanc et une chaise pour le néophyte ; aufond de la salle est une porte devant laquelle
se trouveun cercueil, et on lit sur les murs les inscriptions ci-après :
- «Si une vaine curiositéte conduitici, va-t-'en..
»Situ tiens aux distinctions humaines, sors !On n'en connaît pas ici.
»Situ crains d'être éclairé surtes défauts,tu ne dois pasvenirparmi nous.
»Songe qu'il faut cesser d'êtrehommepourentrer dans la route quiconduit au sanc
tuaire de la Maçonnerie; elle est l'ombre de la Divinité!.Pourparvenirjusqu'à elle,
il faut s'éleverjusqu'à Dieu..
(1) L'Égypte au dix-neuvième siècle, par Ed. Gouin.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 75
» Espère et crois!.. car entrevoir et comprendre l'infini, c'est marcher vers la per
fection...
»N'oublie pas que tout ce quipensea une intelligence, tout ce qui sent a un senti
ment, tout ce qui aime a droit d'être aimé, tout ce qui souffre a un titre à la pitié; il
ne manque aucun échelon à l'échelle mystique de la création, qui s'élève dans son
ascension graduée de la brute à l'homme..
" »Aime les bons, plains les faibles, fuis les méchants, mais ne hais personne.
» N'oublie pas que l'homme est fragile, et que pendant sa vie il est l'esclave de la
nécessité, lejouet des événements.. Mais console-toi, car la mort l'attend, et dans son -
sein est le repos. »
L'homme est né pour souffrir, c'est la loi de son être ;
Sous quelque règne heureux que le sort l'ait faut naître,
Sonsalut à la vie est un cride douleur;
Sesjours sont un présent qu'il paye avecusure;
Qu'il veille sous lapourpre ou dorme sous la bure,
ll doit connaître le malheur...
» L'homme leplus parfait est celui qui est le plus utile à ses Frères.
» Réjouis-toidans la justice,courrouce-toi contre l'iniquité, souffresanste plaindre.
»Nejuge pas légèrement les actions des hommes; loue peu etblâme encore moins;
c'est auSublime Architecte des mondes,quisonde lescœurs,à apprécier son ouvrage.
» Lis et profite, vois et imite, réfléchis et travaille, rapporte toutàl'utilité detes F. .,
c'est travailler pour toi-même. -
Jeunesse, ne suis pas ton caprice volage ;
Auplus beau de tesjours,souviens-toi de ta fin.
Peut-être verras-tu le soir dans ton matin,
Et l'hiver de tesjours au printemps de ton âge.
Laplusverte saison est sujette à l'orage;
De la cruelle mort le temps est incertain, -
Et de la fleur des champs le fragile destin
Exprime de tonsort la véritable image.»
Ouverture des travaux.
L'ouverture d'une Loge n'est autre chose que le consentement unanime de commen
cer les travaux. Chez les 'anciens Francs-Maçons, cette cérémonie se faisait par une
prièreà la Divinité; cette maxime religieuse s'estgénéralementperdue.
Il n'existe de nosjours que quatre rites qui ont conservé cette ancienne tradition.
Les Francs-Maçons, persécutés jusque dans leurs plus secrets retranchements,furent
obligés desymboliser tous lesprincipauxpoints de leurinstitution.Ainsi, ces hommes
éclairés et vertueux rendaient toujours hommage au Sublime Architecte des mondes,
sous des emblèmes matériels; ce fut alors que l'ouverture des Loges devint une obser
vance simple, courte, symbolique, et toutà fait indépendante de l'instruction.
Mise en activité des travaux.
Le Vén.'. frappe un coup et dit :
Silence, mes FF.'. -
D. .. F. .. premier surveillant, quel est votre premier devoir dans le temple de la
vérité ?
76 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
- R. .. Vénérable, c'est de protéger contre toute indiscrétion profane l'inviolabilité de
nos mystères.
D... F. .. grand expert, veuillez prendre les ordres du F. .. premier surveillant.
Le F... G. .. expert se rend auprès du premier surveillant, sort du temple, rentre aus
sitôt, se place entre les deux colonnes et dit :
R. .. Vénérable, les abords dutemple sont déserts, ses échos sont silencieux, nul ne
peut nous entendre, nous sommes à couvert. -
Le Vén. .. frappe un coup et dit :
D... Puisque nous sommesà couvert, debout età l'ordre, mes FF. .
FF. ..premier et deuxième surveillants, parcourezvos colonnes respectives, et veuil
lezvous assurer si tous les FF.·. qui les composent sont apprentis Maçons.
Les surveillants, chacun sur leur colonne, à commencerpar le premier F. .,vont prendre
le signe et le mot sacré; lorsque cet examen est terminé etque les surveillants sont retournés
à leur place, le deuxième surveillant frappe un coup et dit aupremier surveillant :
R. .. F. .. premier surveillant,tous les FF. .. de ma colonne sont apprentis Maçons.
Celui-ci frappe aussi un coup et répète :
R. .. Vénérable,tous les FF. .. de l'une et de l'autre colonne sont App... Maçons.
" D. .. F. .. deuxième surveillant, quelle estvotre place en Loge?
R. .. A l'angle de la colonne du septentrion.
' D. .. Pourquoi, F. .. deuxième surveillant?
R.'. Pourveiller au maintien de l'ordre,à la parfaite exécution destravaux,prévoir
et transmettre au premier surveillant les difficultés quipeuvent surgir, et obtenir les
solutions que nécessite le parfait développement des questions soumisesà l'appréciation
de notre Resp. .. Loge.
D. ..Où se tient le premier surveillant?
R. .. A l'angle de la colonne, du midià l'occident.
D. .. Pourquoi, F. .. premier surveillant?
R. .. Pour donner le signal de la suspension des travaux, aider le Vénérable dans
l'enseignement et le développement destravauxdupremier degré maçonnique.
D. ·. Où se tient le Vénérable ? -
R.*. A l'orient.
D. .. Pourquoi, F. .. premier surveillant? -
R. .. Le Vénérable se tient dans cette partie pour ouvrir lestravaux et répandre sur
la Loge des flots de lumière et de vérité.
D.·. F. .. deuxième surveillant,à quelle heure s'assemble la Loge?
R. .. Lorsque le soleil estentréau méridien.
D. .. Quelle heure est-il, F. .. premier surveillant?
R. .. Il est l'heure de nos travaux, Vénérable.
Puisqu'il est l'heure de nous mettre en activité, joignez-vousà moi, FF... premier
et deuxième surveillants,pour demander auSublime Architecte des mondes de bénir
nostravaux, qu'ils soient conformesà sa loi et qu'ils n'aient d'autre but que la gloire
de son nom, la prospérité de l'ordre et le bien général de l'humanité
Le Vén.'. descend de l'autel, tenant son maillet en main, et va se placer au milieu du
temple, en face de l'orient, ayant à ses côtés les deux surveillants. Devant le Vénérable brû
lent des parfums, et derrière le Vén.·., entre les deux colonnesJ. .. et B. *, sont les FF... des
cérémonies, le grand expert et le F. .. 'couvreur. Tous les FF. .. se tournent vers l'orient. Le
vénérable s'incline et dit à haute toix •
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 77
Maître souverain de l'immensité, nospensées et nos cœurs s'élèvent jusqu'au pied
de ton trône céleste, pour rendre hommageà la perfection de tes plans éternels; nous
nous prosternons devant les lois de ta sagesse infinie : dirige nos travaux, éclaire-les
de tes lumières, écarte de nosyeux le voile fatal de l'inexpérience, afin que tes enfants
ne s'éloignent jamais de la ligne droite, qui doit unjour les conduire aupoint parfait
du triangle!..
Le Vén. .. remonte à l'autel, frappe trois coups suivant la batterie, qui sont répétés par
les deux surveillants, et, glaive en main, il dit :
A la gloire duSublime Architecte des mondes, au nom et sous les auspices du.
les travaux de la Resp.'. Loge de. . . . . . . . . . .. . . . . .. . .
sont en activité. A moi, très-chers Frères.
Signes, batterie et acclamation dupremier degré. Tous les FF.°. ayant les yeux fixés sur
le Vénérable, suivent exactement ses mouvements. Ensuite le premier Surv. .. dit .
F. .. deuxièmes surveillant et FF.'. qui décorez ma colonne, les travauxsont en
activité.
Le deuxième surveillant répète l'annonce, après quoi le Vén.'. dit :
En place, mes frères.
Ordre des travaux.
Le Vén. .. dit :
F. .. secrétaire,veuillez nous donner lecture duplan parfait des travaux de la der
nière tenue. -
Il frappe un coup de maillet, et dit :
Attention, mes FF.".
(Le secrétaire rédige, séance tenante, sur des feuilles séparées et parafées par le Véné
rable, l'esquisse des travaux dujour, fait signer par l'orateur cette esquisse, à l'effet de la
collationner à la tenue suivante, avec la rédaction définitive; il indique à la marge de chaque
plan-parfait le sujet du paragraphe, afin de faciliter les recherches; il indique également le
produit du tronc de bienfaisance.)
Pendant cette lecture, aucun Maçon ne peutpénétrer dans le temple.,
MIodlèle.
A la gloire duSublime Architecte des mondes, au nom et sous les auspices du. .. .
Atous les Maç.. répandussur les deuxhémisphères:
Salut, amitié, prospérité, union, tolérance.
FF.·., n'oublions pas que notre maçonnerie n'a qu'une pensée, faire le bien; qu'une
bannière, celle de l'humanité; qu'une couronne, elle estpour lavertu.
A l'orient de. . . .. . .. le. . .. jour du. .. . . . .. mois Maç.. de l'an
de la véritable lumière. . . .. . , 58. .. . -
La Respect.". Loge de. .. . .. .. régulièrement convoquée, s'est réunie avec les
cérémonies d'usage dans son sanctuaire, lieu éclairé d'un rayon divin où règnent la
paix, la concorde, l'union, la science, la vérité et la plénitude de tous les biens.
Midi plein, les travauxsont ouverts suivant les rituels au premiergrade symbolique,
par, etC., etC. -
Après cette lecture, le Vénérable frappe un coup de maillet, que les surveillants répè
tent, et dit : -
FF.'. premier et deuxième surveillants, annoncez survos colonnes respectives que
78 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
si quelques FF... ont des observations à faire sur la rédaction du plan parfait des
travaux de la dernière tenue, la parole leur sera accordée.
Les premier et deuxième surveillants frappent un coup alternativement, et répètent
l'annonce; sur l'annonce du deuxième surveillant au premier, celui-ci dit (si toutefois
personne ne réclame la parole :) -
Vénérable, le silence règne sur l'une et l'autre colonne.
Ensuite le Vén. .. demande les conclusions du F. .. orateur, et fait donner l'approbation
de l'assemblée par une batterie.
Le Vén. ·. s'adresse ensuite au F.". maître des cérémonies, et dit :
F. .. maître des cérémonies,veuillezvous informer s'il n'y a pas de F. .. visiteurs.
Le maître des cérémonies sort et revient faire son rapport.
S'il y a des F. .. visiteurs, il doit les faire signer sur le livre deprésence, déposer sur
l'autel leur diplôme et retourner auprès d'eux.
L'orateur chargé de la vérification des pièces déposées, enroie le F. .. expert pour faire
subir aux FF... visiteurs l'examen exigé par les lois de la Maçonnerie.
Quand cet examen est terminé, le Vén. .. frappe un coup, et dit :
Debout età l'ordre, mes FF. . -
A ce moment, le maître des cérémonies introduit les FF.*. visiteurs.
Lorsque les visiteurs sont des hauts dignitaires de l'Ordre, le Vén. .. dit :
Ouvrez-vous en leur présence, portiques de notre temple; orient vénéré, jette tes
plus éclatantes splendeurs; que les étoiles en nombre sacré et dansun ordre mystique,
se rendent à leur rencontre; que l'harmonie célèbre leur venue; que l'étendard dé
roule devant eux ses plis glorieux, et que nos illustres FF. . pénètrent dans le sanc
tuaire de la vérité, environnés des suprêmes honneurs dusà leur éminente dignité.
F. .. maître des cérémonies, conduisez les très-chers FF. .. visiteurs auxplaces qui
leur sont destinées. En place, mes FF.'. (Voir les Statuts généraux, honneurs maçon
miques.)
Réception.
Lorsqu'il y a réception, le Vén. .. dit :
F. .. grand expert, allez vous assurer si le profane est arrivé dans le sanctuaire
de la mort.
Le G. .. expert sort et revient faire son rapport; s'il est affirmatif, le Vén. .. dit :
Retournez auprès du profane, assurez-vous de sa personne, faites en sorte qu'il ne
puisse rien entendre de ce qui se passe parmi nous, et attendezprès de lui les ordres
de l'Atelier pour le soumettre aux épreuves ou l'écarter toutà fait de ces lieux.
L'expert sort.
Dès que cet ordre est exécuté, le Vén... reprend : -
Mes très-chers FF. ., les renseignements qui nous sont parvenus sur le profane
N. lui ayant étéfavorables ainsi que les conclusions du F.'. orateur, l'ordre dujour
indique sa réception. Êtes-vous d'avis qu'il y soit procédé?
Si les FF.'. de l'At. .. seprononcentpour l'affirmative (ils doivent tous lever la main pour
marquer leur approbation), le Vén. .. ajoute :
Nous allons avant tout recevoir le serment du F. .. qui aprésenté le profane.
Aussitôt la proposition faite à la Loge d'un profane, le secrétaire affichera sur le tableau
d ce destiné, les noms,prénoms,profession, demeure, âge et lieu de naissance du candidat ;
à la tenue suivante, le Vén.'. consultera les FF. .. sur l'admission ou le rejet du profane;
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 79,
après les éclaircissements convenables, il fera circuler le scrutin, lequel sera toujours secret.
Si le scrutin lui est favorable, le Vén. .. invitera le F. .. proposant à accompagner le
candidat chez le F. .. trésorier,pour acquitter les droits de réception, et à la tenue suivante
il sera admis aux épreuves.
Debout et à l'ordre, mes F. .
Tous les FF.*. se lèvent.
Debout et à l'ordre, la main gauche appuyée sur le livre de la loi sacrée et sur un glaive,
symbole de l'honneur, le F. .. proposantprononce la formule suivante :
A la gloire duSubl... Arc... des mondes, en présence des éclatantes lumières de
cette respectable Loge,jejure sur le livre sacré de la loi et sur le glorieuxsymbole de
l'honneur, que le néophyte que je présente à l'initiation est digne de cette faveur, et
que je réponds de lui corps pour corps, âmepourâme,et qu'ainsi le Gr. .. Arc. .. de
l'univers me soit en aide.
Le Vén. .. répond :
Je reçois votre serment au nom de l'ordre; allez, mon très-cher F. ., et que le
Dieu de paix demeure éternellement avecvous.
F. .. couvreur, allez auprès du profane et faites rentrer le F.°. expert.
Ce dernier étant rentré, le Vén. .. lui dit : -
Mon F. ., c'estàvous qu'est confiée l'importante mission de soumettre le néophyte
aux épreuves physiques, de le diriger dans les voyages emblématiques, et de le faire
passer par les éléments qu'il doit traverser avant de parvenirà laporte du temple de
la vérité; faites-lui avant tout faire les réponses aux trois questions que je confie à
votre sagesse, et son testament; allez, mon F.'., et que le Subl... Arc. .. des mondes
soit avecvous.
Le F. .. expert sort, et rentrant un instant après, apporte la réponse aux trois questions,
les bijoux et les métaux qui étaient en la possession du néophyte. -
Le Vén. .. communique à l'At. .. les réponses qui ont été faites aux trois questions
suivantes :
1r° Question.-Qu'est-ce que l'homme doit penserà l'égard de la cause première?
2e Question.-Qu'est-ce que l'homme se doità lui-même?
3° Question.-Que doit-ilà ses semblables?
Si les réponses sont satisfaisantes, le Vén. .. dit :
Retournezprès du néophyte, tirez-le du sein de la terre et des ombres de la nuit,
livrez-le au F. .. terrible, qui lui fera faire le premier voyage.
Le F. .. expert remplit les ordres qn'il vient de recevoir, et demande au candidat s'il est
toujours dans l'intention d'être reçu Franc-Maçon, s'il se sent le courage de supporter les
épreures auxquelles il doit être livré.Sur sa réponse affirmative, celui-ci est livré auF. ..ter
rible qui le lie d'une chaîne de fer, symbole des préjugés.
Épreuves.
La Maçonnerie, admettant les hommes de tous les pays et de toutes les religions,
vous ne ferezjamais de questions qui puissent blesser les croyances ni du néophyte,
ni de l'auditoire. -
Ilfaut que le récipiendaire emporte la plus haute opinion de notre sublime institu
tion et du Vénérable qui lui aura donné la lumière. , -
Vous ferezpeu d'épreuves physiques, elles onttrop d'inconvénients : le premier est
80 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
de nuire à la gravité des réceptions, le second de ne point faire connaître le mérite
du récipiendaire;vousvous en tiendrez autant que possible à celle que nous donnons
ici et aux épreuves morales.
Premier voyage.
Le F. .. terrible ouvre le cabinet noir, place le bandeau sur les yeux du candidat et
il lui dit : -
Pendant le voyage périlleux que tu vas entreprendre, n'oublie pas que l'obstacle
est l'épreuve où se gagne le triomphe. - -
Ensuite il lui fait faire en silence le premier voyage dans la région de l'air.
Le néophyte doit rencontrer mille obstacles danssa marche, le chemin qu'on lui fait par
courir doit être inégal; arrivé àlaporte duparvisdutemple, le F. .. terrible frappe un seul
coup, et laporte s'ouvre avec grand fracas; le F.'. grand expert lui dit :
Arrête, mortel audacieux, qui sans être purifié ose pénétrer jusqu'ici, apprends
que tu nepeux entrer dans le temple de la vérité que par la mort. Persistes-tu, en
présence de cette déclaration,àêtre initiéà nos mystères? consens-tuà quitter cette
vie pleine de frivolités, età remplir les devoirs qui te seront imposés ?
R.'. Le néophyte dit : J'aspire à la sagesse, et je consens à tout pour être initié.
D.'. Mais les profanes ont dû t'enseigner ce qu'ils nomment sagesse?
R. .. Ils ne m'ont appris jusqu'ici qu'à constater mon ignorance; ils m'ont laissé
flotter sanspilote, entre le doute et l'erreur. -
D. .. L'ignorance et l'erreur sont des crimes quand elles sont le résultat de l'indiffé
rence pour la vérité; tremble siune lâche paresse a déshonoré ta vie,tremble si le vice
a souilléton cœur etflétrites jours. -
Ici le néophyte entre dans la région de l'air,au milieu de la foudre et des éclairs, à l'orage
le plus épouvantable succède le calme le plus profond. -
Le F. .. G. .. expert lui dit :Tu es sorti vainqueur de cet élément; mais songe que
pour arriverà la vie de l'intelligence, il faut sonder sans terreur les mystères de la
mort physique. La purification matérielle que tu viens de subir n'a aucune valeurà
nos yeux, si ton âme reste souillée par des pensées impures, si ta vie n'a pas été
chaste et tes actions toujours guidéespar les conseils de la sagesse.
R. .. J'aitoujours pratiqué la vertu comme il m'était donné de la comprendre;j'ai
apprisà combattre et à vaincre mes folles passions, et j'ai réussi souventà les dompter,
parce que j'ai su me respecter moi-même. - -
D. ..Tuconnais donc l'art de diriger les passions?
R.'. Pour diriger nos passions vers le bien, il faut que notre âme le sente,que notre
esprit le connaisse, que notre cœur l'aime, et que notre corps ait la force et le pouvoir
de le faire : nous avons ce pouvoir dès que nous en avons la volonté ferme.
D.'. Ainsi, former son corpspour obéirà la volonté de l'âme, former son cœurà
l'amour du bien, son esprit à l'amour de la vérité, conformer toutes ses actionsà la
raison, se conduire selon la dignité de sa nature, c'est diriger ses passions vers le
perfectionnement de l'homme? -
R.'. Oni, le travail, la vie active, l'habitude des bonnes actions, l'emploi de ses
forcesphysiques et morales pour faire le bien, l'usage constant de la raison, ce sont
là les moyens de conduire ses passions au but qu'on se propose, c'est-à-dire à la per
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 81
fection de son être; car le triomphe des passions, c'est la réunion de la sagesse et de
lavertu avec lajustice. -
D.". Livréà une méditation profonde, en face d'objets lugubres,tu as dû réfléchir
à la vanité des choses de ce monde périssable,tu as sans doute compris aussipar cette
allégorie que pour entrer dans notre sublime institution, il fallait dépouiller le vil
homme, mourir au vice pour renaîtreà la vertu?
R.*. Oui.
D.'. Que penses-tu de l'obscurité dans laquelle tu es plongé?des métaux donttu as
été dépouillé et de la chaîne de métal quite lie ?
R.'. Je pense que le bandeau qui couvre mes yeux marque les ténèbres de l'igno
rance dans laquelle vit tout homme sans instruction; les métaux étant l'emblème des
vices, il fautyremoncer pour devenir meilleur, et la chaîne doit être le symbole des
préjugés de ce monde. ,
D.*. Consens-tuà continuer ta route?
R. ..Je le désire,pour être initiéà vos mystères.
D.·. De quels mystères parles-tu? car la raison, la nature ont les leurs. Les choses
les plus communes qui se rencontrent sur notre chemin ont des côtés obscurs où la
vue la plusperçante ne saurait se fairejour.
Conçoit-on facilement quel est le passage du néant à l'être? comment Dieu crée
quelque chose par sa seule volonté? comment est-ce qu'étant spirituel, il peut agir
sur la matière?comment il estprésent partout, sans occuper un espace? commentil
peut prévoir la détermination d'un être libre? et l'idée de l'éternité, de combien
d'abîmes n'est-elle pas environnée?Cependant on passe par-dessus ces difficultés.
R.*. Il le faut bien.
D. .. Pourquoi?
R. .. Parce que, dès qu'on voit clairement qu'une chose doit être, on ne s'embarrasse
pas d'en comprendre la manière; la vue de l'esprit a une sphère bornée, aussi bien
que celle du corps, et comme tout ce qui est au delà d'une certaine distance ne frappe
nosyeux que confusément; aussi, dans l'ordre des choses spirituelles,il ne fautpas
croire que tout soit soumisà notre pénétration. Pendant que des espritsvains et légers
s'imaginent que rien n'est au-dessus de leurs lumières, on entend les vrais philoso
phes faire là-dessus les aveuxlesplus modestes,surtout dès qu'on s'élève auxpremiers
principes et qu'on veuttoucherà l'infini. Qui est-ce qui n'a pas éprouvé que l'esprit
se confond, et qu'il y aje ne sais quelle obscurité redoutable qui nous arrête, comme
n'étant paspermisà un mortel de pénétrer dans l'essence et l'origine des choses, qui
est le sanctuaire du Très-Haut?Puisque la nature est pleine de mystères, puisque
toutes les sciences ont les leurs,je ne suis pas étonnéque la Franc-Maçonnerie ait les
siens, etje netrouve pas étrange que la révélation dise quelque chose de l'essence
divine qui passe nos conceptions;il serait bien plus étonnant pour moi quetout fût
facile..
D.*. Tu crois en Dieu?
R.°. Oui.
D... Penses-tu qu'il n'y ait qu'un seul Dieu,éternelprincipe de tout ordre, de toute
justice, source de tout bien, providence de tous les êtres, appui du faible, espoir du
fort ?
R. ". Je le crois,il est le mobile de toute croissance et de tout avenir.
1
- 82 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
D. .. Consens-tu à continuer lesvoyages que tu as courageusement commencés?
R.*. Je le désire.
D. .. Puisqu'il en est ainsi, F.'. terrible, faites-lui accomplir le deuxième voyage.
Deuxiènae voyage.
Le F. .. terrible s'empare de nouveau du néophyte, il le conduit par mille détours dans
une chambre ornée d'une draperie noire parsemée d'étoiles et de larmes blanches; elle est
éclairée seulementpar une lampe antique; le Vénérable est placé à l'orient, les FF.'.pré
sents forment deux colonnes, l'une à droite, l'autre à gauche ; nul n'est revêtu de son décor
maçonnique. r - -
Lorsque le néophyte est arrivé, le F. .. terrible frappe un seul coup, et la porte s'ouvre
avec un bruit épouvantable; aussitôt le récipiendaire traverse un réservoir d'eau dans le
quel il laisse tomber la chaîne des préjugés, et le Vénérable lui dit : -
La marche pénible que vous avez accomplie figure les embarras qu'éprouve
l'homme dans l'âge mûr et jusqu'à la fin de sa carrière; le bruit d'armes que V0U1S
avez entendu vous indique que vous devez chercher à acquérir la force morale qui
vous est nécessaire pour figurer dignement dans le combat que les hommesvertueux
et éclairés doivent soutenir, pourvaincre les vices et les passions qui dégradent l'es
pèce humaine; l'eauvous indique que l'homme quiveut entrer parmi nous doit sepu
rifier de ses mauvais penchants : cette purification date de la plus haute antiquité, elle
est l'origine de l'eau lustrale chez les Grecs. . - -- -
Le Frère terrible lui retire le bandeau qui couvre ses yeux, et le Vénérable lui dit :
Considère encore une fois les emblèmes de la mort que tu vois en ce lieu, et
souviens-toi que tu dois toujours vivre de manièreà pouvoir mourirà chaque instant,
sans être tourmentépar quelque remords. Cet emblème (le coq)te prescrit la vigi
lance et t'engage à veiller sans cesse sur toi, afin d'éviter toute action mauvaise; ce
symbole (le sablier) est l'image dutempsqui s'écoule avec rapidité. Profite toujoursdu
tempsprésent, et n'attend jamais lorsque tu as l'occasion de faire le bien.
D. .. Quelle est la plus utile et la plus nécessaire de toutes les connaissances ?
R. .. C'est la connaissance de soi-même; c'est elle qui apprendà l'hommeà déve
lopper,à perfectionner toute sa nature,à former son corps et son âme,à sentirsa di
gnité et à ennoblir tout son être. -
D. .. Quelle est la nature de l'homme?
1R. .. La nature de rhomme, dans sa pureté, est si excellente que s'il pouvait par
venir à la connaître tout entière,à la saisir dans sa véritable essence et dans toute sa
profondeur, et à la perfectionner pour son bonheur, il jouirait d'une félicité sans
égale; car il est impossible que connaissant bien sa nature intérieure et divine,
I'homme ne sente pas qu'il est népour le bien de ce monde,pour le sentir, le vouloir
et le faire comme Dieu le veut lui-même. -
D. .. Qu'est-ce que l'esprit de l'homme parfait?
R. .. L'esprit de l'homme parfait est celui dont le génie naturel agissant par lui
même, l'a élevéjusqu'au plus haut degré de perfection dont il est susceptible.
Sans legénie, l'homme ne peut ni concevoir les lois de la Divinité et de la nature,
ni perfectionner la société. Il faut qu'il crée les idées deperfectionnement dont les
germes sont dans la nature humaine, pourparvenir à l'améliorer et à perfectionner
ses destinées. * . -
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 83
D. .. Comment l'homme peut-il parvenir à la plus haute perfection de sa nature?
R.'. L'homme doit nonseulement développer son corps et son âme, cultiver son
cœur et son esprit, former son intelligence, son goût, son génie, mais il doit encore
se former le caractère.
Car les mouvements du corps, l'activité des sens, les penchants du cœur, les pen
sées de l'âme, les idées de l'esprit,forment les habitudes, les habitudes forment le
caractère, et le caractère forme les hommes.
Le Frère terrible lui remet un maillet et lui fait frapper un coup sur la pierme brute. Le
Vénérable lui dit :
Cette pierre brute est l'emblème de ton âme, susceptible de bonnes ou de mauvaises
impressions; elle est également le symbole de l'âge primitif de l'homme.
Lespremiers sacrifices, que la Bible et les traditions font remonter pour ainsi dire
à la création,se firent sur des pierres amoncelées, qui consacrèrent sur des hauts
lieux quelque grandsouvenir. -
Ces premiers autels, nommés bethel, s'élevèrent dans la Chaldée, dans laJudée et
l'Égypte; ils étaient formés de trois pierres brutes, disposées en forme de table trian
gulaire; l'origine de cette pierre est donc de la plus haute antiquité.
Le Frère terrible lui remet le bandeau sur les yeux, et il dit :
Président, le néophyte a accompli son deuxième voyage, il a traversé l'élément de
l'eau, il en est sorti purifié, et il persiste dans sa résolution. -
D. .. LeVén.·. dit :Puisqu'il persiste danssa résolution, veuillez, F. .. expert, luifaire
faire le troisième voyage, afin qu'il achève sa purification; vous l'abandonnerez en
suite à lui-même, afin que le Sublime Architecte des mondes le conduise, et que savo
lonté s'accomplisse.
Troisième voyage.
Le F.'. expert emmène le néophyte, et va lui faire exécuter le troisième voyage.
Pendant ce voyage, le néophyte parcourt la région du feu; quand il en est sorti, le F.'.
grand expert lui dit :
Puissent les flammes dont tu as été environné, éveiller dans ton âme les sentiments
de gratitude et de vénération que tu dois à l'Étre suprême! Puissent-elles allumer dans
ton cœur l'amour pour la vertu et pour tes semblables ! Conserve toujours dans ton
esprit cette morale sublime, commune à toutes les nations : ne faispoint à autrui ce
que tu ne voudrais pas qu'on te fît.
Tu es sortivainqueur des éléments, je t'abandonne à toi-même; poursuis seul ta
route, et si tu en as le courage Dieu te conduira, je l'espère, où tu dois arriver pour
recevoir la lumière.
Là, on laisse le récipiendaire se diriger seul un instant ; il doit être près de la porte
du temple où sont deux FF. .. armés de glaives; l'un d'eux lui dit :
Où vas-tu? as-tu rempli les conditions exigées pour être admis parmi nous ?
Après sa réponse, l'autre F. .. lui dit : -
Sais-tu que pour entrer dans notre ordre, il faut être liéparun serment terrible,
qui estpour nous un garant de ta discrétion?Ce serment ne blesse ni l'obéissance que
tu dois aux lois de ton pays, ni ta croyance religieuse, ni l'honneur.
En voici les principauxpoints :
1° Un silence absolu sur tout ce que tu entendras,verras et apprendrasparmi nous;
2* L'obligation de pratiquer les vertus qui émanent de la Divinité, de combattre les
84 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
passions qui déshonorent l'homme et le dégradent, de secourir les hommestes FF. .,
dût-il t'en coûter la fortune et la vie, d'être fidèle à ton Dieu et de donner l'exemple
de l'obéissance aux lois de ton pays ;
3° Enfin, de te conformer et d'obéir aux statuts généraux de l'ordre, ainsi qu'aux
règlements particuliers de cette respectable Loge.
Consens-tu àprêter ce serment?
Après sa réponse, le F. .. G. .. expert lui dit :
Puisque tu consensà tout, je vais demander pour toi la faveur d'entrer dans le
temple ; mais réfléchis auparavant, carune fois que tu y auras pénétré, il n'estplus
de retourpour toi.
Après sa réponse, le F. .. G. .. expert fait frapper par le néophyte deux grands coups irré
guliers à la porte du temple; le deuxième surveillant dit :
D. .. F. .. premier surveillant, on frappe irrégulièrement à la porte du temple.
Le premier surveillant répète l'annonce au Vén.'., qui répond :
Voyez, mon F. ., quel est le mortel assez audacieuxpour oser venir troubler nos
mystères.
Le F. .. terrible répond .
" C'est un homme libre et de bonnes mœurs, qui désire être reçu Maçon.
Le Vén. *. dit : - -
Demandez-lui son nom, son âge, son état civil, et si c'est bien sa volonté d'être
reçu Maçon. -
On exécute cet ordre; après sa réponse, le Vén.·. dit :
Demandez-lui comment il est parvenu jusqu'au parvis de ce temple,inaccessible
auxprofanes.
Le F. .. terrible lui fait cette question, à laquelle le F. .. expert répond .
Il a renoncé au siècle, il a pénétré dans le sein de la terre et dans le séjour de la
mort,il a parcouru tous les sentiers de la vie; et, ayant étépurifié par l'air, l'eau et
le feu,il en est sorti délivré des liens despréjugés et des souillures duvice.
Le Vén. *. dit : -
Accordez-lui l'entrée du temple. Debout, mes FF.'., età l'ordre.
Lorsque le néophyte est entré, on referme la porte avec bruit.
Le Vén.*. dit :
En place, mes FF.·.
Le F. .. des cérémonies fait asseoir le récupiendaire au milieu du temple, et le Vén. .
s'adressant à lui, s'exprime ainsi :
Je dois vous faire connaître que le premier principe d'un Franc-Maçon est de
croire en Dieu et de l'adorer; son étude est de s'attacher à distinguer le sacré du
profane et la lumière des ténèbres.
R. .. C'est ma conviction.
D.'. Cette croyance fait honneurà votre cœur età votre raison, elle fait la base de
laVraie philosophie, et si quelques hommes doutent de l'existence de Dieu, c'est qu'ils
craignent sajustice. Pourriez-vous nous dire ce que c'est que le matérialisme?
R.'. Le matérialisme est un système qui fait prédominer la matière sur l'intelli-
gence dans l'ordre social, et qui nie Dieu dans l'ordre moral. C'est un système déplo
rable, et on doit le combattre de toutes ses forces. L'homme soumisà l'empire des
passions sensuelles a besoin de toute l'énergie de son âme pour en contre-balancer
l'influence; par conséquent le devoir de tous ceux qui ont reçu la mission d'éclairer
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 85
le peuple, dans quelque position qu'ils setrouvent, est de faire appelau spiritualisme,
qui est l'idéal de la perfection humaine, le lien entre Dieu et l'homme.
D. .. La connaissance dujuste et de l'injuste fait-elle partie de l'instinct comme de
la raison? -
R. .. Dès qu'une créature sait comment elle peut nuire à une autre, elle a une
notion du bien etdumalmoral,dujuste et de l'injuste : ainsi,la raison comme l'instinct
n'est que la faculté de distinguer l'un de l'autre.
D.'. La conscience est-elle utile à l'homme?
R.·. La conscience est le don le plus précieux que Dieu ait fait à l'homme; elle
nous instruit des vices que nous devons éviter, des vertus que nous devons pratiquer :
c'est unjuge continuel et sévère, aux arrêts de qui nul mortel ne saurait se dérober.
Dieu fit de la conscience pour l'homme un ami auquel la flatterie est étrangère,
quisupplée parfoisà notre inexpérience, et que nous devons toujours consulter avant
d'agir; et, par un sentiment d'équité bien naturel, lorsque nous voulons juger les
autres, faisons un retour sur nous-même; plus nous avons besoin d'indulgence,plus
il est de notre intérêt d'étendre sur les faiblesses des autres le voile bienfaisant qui
doit en dérober la connaissance à la malignité; ne juge donc pas légèrement les ac
tions des hommes; loue peu et blâme encore moins: c'est au Subl. ·.Arc... des
mondes, quisonde les cœurs,à apprécier son ouvrage.
D.'. Qu'est-ce que l'orgueil?
R.'. C'est la liberté qui s'affranchit de Dieupour se faire l'esclave de ses passions,
de ses vices et de ses convoitises.
D.'. Qu'est-ce que l'envie? -
R.'. C'est le rêve de l'égalité jalouse,quiveut moins s'élever que rabaisser tout ce
qui s'élève.
D. .. Qu'est-ce que la sagesse?
R.'. La sagesse est le fruit de l'expérience.
D.'. Qu'est-ce que l'expérience?
R.'. L'expérience s'acquiert non pas à force d'agir, mais à force de réfléchir sur
ses actions. Une vie active répand les semences de la sagesse; mais celui qui ne réflé
chit point n'en recueille pas la moisson, il traîne le fardeau des années,perd sa vie,
et ne s'aperçoit qu'il a vieilli que par les infirmités.
D.'. Quel est le point essentiel dans l'éducation de l'homme?
R.'. C'est de former l'enfance, l'adolescence et la jeunesse à la connaissance et à
l'estime d'elle-même et des hommes, au respect, à la vénération,à l'amour pour la
nature humaine, qui mérite des égards dans tous les états et dans tous les âges.
D.'. Quel est le culte que l'homme doit à la nature humaine?
R.'. L'amour, la fraternité pourtous les hommes, le respect pour les femmes, la
vénération pour lesvieillards, la tendresse pour les pères et les mères, l'amitiépour
les frères et sœurs, la bontépour les enfants, la générosité et la bienfaisance pour les
malheureux, pour les veuves et les orphelins, en un mot, l'humanitépour tous ses
semblables: voilà le culte que l'homme doità la nature humaine.
D.*. Quelle idée aviez-vous de notre société avant de vous yprésenter, et quel es
le motif quivous a fait désirer d'y être admis ? -
R.". J'ai toujours pensé que la Franc-Maçonnerie était une société toute philanthro
pique, et que parmi les vertus qu'elle enseigne on doit placer au premier rang l'ab
négation de soi-même et le dévouement au bien-être de l'humanité.
86 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
D. .. Vous êtes dans le vrai, cette institution remonte à la plus haute antiquité, ses
dogmes reposentsur les principes de la fraternité; sa mission, c'est l'étude de la sagesse,
qui sert à discerner la vérité, c'est l'œuvre bienfaisante du développement de la raison
et de l'intelligence, c'est le culte des qualités du cœurhumain et la répression de tous
les vices.
Indépendamment de ces questions, le vénérable interroge le néophyte sur les questions qu'on
lui a posées dans le cabinet noir, dans le cas où elles ne seraient pas à la satisfaction de
l'atelier. -
L'idée qu'on se forme de nous dans le monde est fausse, on nous a représentés
comme réunis par des motifs vagues et ridicules; vous n'avezpupenser que la futilité
fût le lien qui depuistant de siècles a réuni les hommes les plus sages. Cheztous les
peuples et dans toutes les conditions, on nous dit ennemis de la société, et vous trou
verezparminous les amis lesplus ardents; onnous apeintscomme une sociétésans prin
cipes religieux, et la morale religieuse est le fondement de notre Ordre.Sinous admettons
parmi nous l'honnête homme de tous les cultes, c'est qu'il ne nous appartient pas de
scruter les consciences, et que nous pensons que l'encens de la vertu est agréable à
Bieu, de quelque manière qu'il soit offert; la tolérance que nous professons n'est
point le résultat de l'athéisme ou de l'impiété, mais seulement celui de l'indulgence
et de la philosophie. Enfin, on nous a représentés comme une sociétéde gastronomes:
vous allez connaître la boisson quisert à nos repas.
Le F.". des cérémonies lui donne le vase d'amertume.
Cette coupe est emblématique : l'amertume de ce breuvage symbolise la répugnance
qu'on éprouve lorsqu'il s'agit d'avouer ses fautes, et la difficulté qu'on a de quitter
les mauvaises habitudes qu'on a contractées ; suivez avec courage le chemin de la
vertu, et ne vous laissezjamais rebuter par les contrariétés que les passions pourront
vous opposer. -
- D. .. Vous promettez d'être un Franc-Maçon bienfaisant, vrai, etd'obéir strictement
à la loi morale ? - -
* R. .. Oui,je lejure. -
- D. .. Vous promettez d'éviter toute querelle, de vous défendre de l'intempérance et
des excès? -
R. .. Je le promets.
D. ..Vous promettez d'être circonspect dans vos mœurs etvotre conduite, affable
envers les hommes,vos FF. ., de cultiver toutes lesvertus etde propager la science et
la vraie lumière? -
R. .. Je lejure.
- Le Vénérable s'adressant à l'At. ., dit : -
N'est-il aucun de vous, mes FF.., qui s'opposeà la réception du néophyte N.?
Silence général.
Le silence (au néophyte) vousprouve l'intérêt que vous avezinspiré aux FF.'., qui
veulent bien,pourvous, abréger la durée des épreuves. -
F.'. M.'. des cérémonies, conduisez le néophyte à l'autel pour qu'ilyprête son ser
ment. - -
Il exécute cet ordre.
- Mes FF.'., debout età l'ordre, glaive en main.
Ensuite le Vénérable s'adressant au néophyte, il dit :
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 87
Consentez-vous à prêter le serment que nous attendons de vous, et du contenu
duquel on vous a donné connaissance avant d'entrer dans ce lieu ?
D'après sa réponse affirmative, le récipiendaire prête serment
Sermcnt.
Je N.,de ma libre volonté, en présence duSublime Architecte des mondes et de
cette respectable assemblée, sur le livre sacré de la loi et sur le glaive, symbole de
l'honneur, jure solennellement et promets de ne jamais révéler, à qui que ce soit,
aucun des mystères de la Franc-Maçonnerie, qui vont m'être confiés. Je promets
d'aimer mes FF..., de les aider et secourir selon mes facultés et au péril de ma vie.
Je jure de donner l'exemple de l'obéissance aux lois de mon pays et de la pratique des
vertus, de travailler constammentà perfectionner mon être et à vaincre mes passions.
Je promets de me conformer et d'obéir aux statuts et règlements de l'Ordre. Que le
Tout-Puissant me soit en aide.
Le récipiendaire, la main droite sur le livre de la loi et sur l'épée, lapointe d'un compas
sur le cœur, répète après le Vénérable le serment.
Le maitre des cérémonies fait descendre au néophyte les trois marches de l'autel et le place
au milieu du temple; les FF. .. sont debout et à l'ordre, le glaive en main dirigé vers le
néophyte; alors le Vénérable dit :
D.·. Que demandes-tu?
R. .. La lumière.
Le Vénérablefrappe un coup de maillet, que les surveillants répètent, et dit :
Vousêtes dans les ténèbres, jevous donne la lumière.
On lui ôte son bandeau, et à l'instant, comme un fantôme, comme une ombre, comme
une vapeur, tout a disparu, un éclair brille devant lui, trois cassolettes de parfums brûlent
devant l'autel, le temple est resplendissant de lumière, le Vénérable dit : -
Ne craignez rien des armes qui sont tournées contre vous, elles ne menacent que
les parjures; mais elles sont prêtesà volerà votre défense, si vous avez besoin de ce
SeCOUll'S.
Les FF.·. alors quittent leursglaives, le Vénérable dit :
F.·. maître des cérémonies, conduisez le nouveau F. ..à l'autel, pour-que, libre de
tous ses sens,il confirme son serment.
Le néophyte réitère son obligation.
Alors le Vénérable lui pose la pointe de son glaive sur la tête, et dit .
A la gloire du Sublime Architecte des mondes, au nom et sous les auspices de..,
en vertu des pouvoirs qui m'ont été confiés, je vous crée et constitue apprenti Maçon
et membre de la Resp. .. Loge de. -
Le néophyte redescend l'autel, et le F. , M. .. des cérémonies le conduit à la droite du
Vénérable, qui lui dit : -
En signe d'adoption, je vous revêts d'un vêtement sacré (il lui attache le tablier)
que nous portons tous, et que les plusgrands hommes se sont fait honneur de porter;
il est l'emblème du travail, et il vous donne le droit de vous asseoir parmi nous;vous
ne devezjamaisvous présenter dans le temple sans en être revêtu.
Il lui donne des gants blancs. - -
Ne souillez jamais la blancheur de ces gants, en trempantvos mains dans les eaux
bourbeuses du vice ou dans le sangde vos FF.., autrement que pour la défense de la
88 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
patrie; ils doiventsans cesse vous rappeler les engagements que vous avez contractés
lors de votre admission dans le temple de la vérité.
Mon F.*., c'est là désormais le seul titre que vous recevrez et que vous donnerez
en Loge; nous avons, pour nous reconnaître, des signes, des paroles et des attou
chements. -
Il lui donne l'instruction complète de ce premier degré de l'initiation.
Je vous ai déjà dit, mon F. ., que la Maçonnerie est connue dans tout l'univers ;
quoiqu'elle soit divisée en plusieurs rites, les principes sont partout les mêmes, et
vous devez les mêmes sentiments d'amitié à tous les Maçons, quel que soit le rite
auquelil appartienne.
Le Vénérable l'embrassepar trois fois, et lui dit :
Allez maintenant vous faire reconnaître par le F. .. G. .. expert; prenez place,
mes FF.*.
Le F. .. maître des cérémonies le conduit à l'occident pour rendre les signe, paroles
et attouchement. Après qu'ils ont été rendus, le F.'. G.*. expert dit au deuxiéme sur
veillant : - -
F.'. deuxième surveillant, les signe, paroles et attouchement ont été fidèlement
renduspar le F. .. nouvelinitié.
Les deux surveillants répètent successivement.
Alors le Vénérable, après avoir frappé un coup qui est répété par les deux surveillants,
proclame comme suit le nouveau F.'. en qualité d'apprenti, et dit :
Proclamationa.
A la gloire du Sublime Architecte des mondes,au nom de. et sous les auspices
du.,je proclame dès à présent, et pour toujours, membre de cette Resp.". Loge, le
T.·.Ch... F. ..(nom et prénoms) au grade d'apprenti, etvous êtes invités, FF. ..pre
mier et deuxième surveillants, et vous tous, mes FF."., à le reconnaître en sadite
qualité et à luiprêter aide etprotection au besoin.
Après la proclamation, le Vénérable frappe un coup et dit :
FF... premier et deuxième surveillants, invitez les FF.'. quise trouvent sur vos
colonnes respectives à se joindre à moipour nous féliciter de l'heureuse acquisition
que l'Ordre et la Loge viennent de faire d'un nouveau F. .. et d'un nouvel ami.
Les surveillants répètent l'annonce; ensuite le Vénérable dit :
A moi, mes FF.*.
On fait avec le Vénérable le signe et la batterie ordinaire.
Le F... M. .. des cérémonies se joint au nouvel initié pour répondre de la même manière,
et le Vénérable dit ensuite :
Prenez place, mon F.., en tête de la colonne de septentrion, méritezpar votre
assiduité auxtravaux et par la pratique des vertus maçonniques, dont vous vous êtes
imposé l'obligation, et dont vos FF. .. vous donneront l'exemple, méritez, disje, de
pénétrer plus avant dans nos mystères, et de recevoir les faveurs que les Maçons ne
refusentjamais aux FF.°. quis'en rendent dignes.
Lorsque le nouveau F.-. a pris place, le Vénérable dit :
Enplace, mes FF. .
Puis il prononce l'allocutiou ci-après :
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 89
T - .. C.-. FR.• .
« Lorsque leSublime Architecte des mondes eut achevé l'œuvre admirable de la for
mation des lumières, et qu'il couronna ses travaux par la création du premier des hu
mains, il jeta dans l'âme de son chef-d'œuvre uneparcelle de sa divine sagesse.
» Dieu savait quels seraient les labeurs des mortels pendant les jours d'exil qu'ils
auraientà passer sur la terre; il savait les peines futures qui devaient fondre sur
l'humanité, et, dans sa divine prévoyance,ilvoulut que le père dugenre humain pût
communiquer à ses descendants ce germe précieux qu'il plaçait en lui, afin de faire
accompagner le mal par le remède. -
» Quelles actions de grâce ne lui devons-nous point !
» La sagesse est une mine d'orinépuisable, c'est une source intarissable à laquelle
nous recourons sans cesse pour éteindre dans nosâmes le feu des passions, qui, sans
cette répression nous pousserait à notre perte; aussi, l'homme comprit bien vite de
quelle importance était la pratique de ce don émané de la Divinité.
» Dans les âges les plus reculés, il y eut des hommes supérieurs qui cultivèrent
avec enthousiasme cette science sacrée, et qui en tracèrent les maximes pour que les
peuplespussent les graver dans leur mémoire et en pratiquer l'esprit.
» C'est dans l'antique Égypte que les premiers sages, constitués en corporations
nombreuses, étudièrent en commun le grand art d'apprendre à leurs semblables les
moyens de goûter ici-bas quelque peu de cette lélicité qui nous est promise dans un
monde meilleur.
»Ces hommes dévoués avaient compris que le but qu'ils se proposaient ne pouvait
être atteint qu'en accomplissant une tâche bien aride et bien rude, surtout à cette
époque de barbarie, c'est-à-dire en amenant les hommesà se rendre moralement soli
daires les uns des autres, en gravant dans les cœurs le mot sacré: fraternité.
» L'ordre vénéré de la Franc-Maçonnerie date de cette époque. Quelle origine plus
belle,plus digne de cette sublime institution peut-on lui donner?
» Our mes FF. ., le jour où ily eut un opprimé à défendre, une larme à sécher,
un combat à livrerà l'égoïsme,un martyre à endurerpour la sainte cause de l'huma
nité, ce jour-là vit éclore la Franc-Maçonnerie.
» C'est sur les bords du Nil qu'on célébra d'abord ses mystères; c'est là que les
premiers néophytes reçurent l'initiation ; c'est de là, c'est de Memphis qu'ils se ré
pandirent ensuite sur les deux hémisphères.
» Ces apôtres de la vérité, dispensant les lumières, communiquant à tous ce feu
quiles animait, eurent sans doute de grands obstaclesà surmonter,degrands périlsà
affronter; ils durent être en butte à de nombreuses persécutions de la part des heu
reux sur la terre.
» Mais tous les moyens furent mis en pratiquepour éclairer les esprits,pour polir
les usages,pour adoucir les mœurs et amener les hommesà l'état de sociétés policées.
» Et pourtant, mes FF.'., il nous reste encore beaucoup à faire; mais notre sage
institution est persévérante dans ses œuvres. Chaquejour, ne détachons-nous pas un
fragment de l'édifice d'iniquité que renferme le cœur des mortels, pour le remplacer
par le germe d'une vertu?
» C'est à nous de cultiver le vaste champ de l'intelligence humaine, dejeter les se
mences d'une philosophie bienfaisante, de montrer la route du bonheur, de prêcher
les saintes maximes de la fraternité.
12
90 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
»Continuons donc notre louable travail; que le profane soit heureuxparnous; que
l'exemple de notre amitié luiinspire le désir de demander la lumière.
» Qu'il vienne prendre part au développement des questions qui sont l'objet de
nos travaux, qu'il vienne entendre nos paroles de paix, de tolérance, d'union et de
charité.
» Alors,il remerciera le Sub. .. Arch... des mondes de lui avoir ouvert le temple de
la sagesse, et sera convaincu, comme nous le sommes,que le seul moyen d'arriver au
bonheur c'est de travailler à celui de ses FF.'. Et vous, F.'. nouvellement initié, dé
gagez-vous, si vousvoulez poursuivre glorieusement la carrière maçonnique, de toute
idée matérielle, étudiez les symboles: allégorie est la voix de la sagesse; purifiez
votre cœur, semezpar le monde la parole de la sagesse, enseignez àvos semblablesà
s'aimer entre eux et à ramener ceux qui s'égarent dans le sentier de la vertu; instrui
sez les ignorants et soulagez ceux qui souffrent. -
» Les trois lumières placées dans le temple signifient la Trinité, c'est-à-dire créa
tion, destruction, régénération; les sages de l'antiquité l'ont représentée par le Delta,
le plus simple et le plus parfait des polygones réguliers. Les deux colonnes à l'entrée
du temple représentent les deux solstices et les deux hémisphiles, elles marquent la
marche apparente du soleil pendant les douze mois de l'année, symbolisés par les
douze travaux d'Hercule. L'histoire de Joseph parle des deux colonnes qui existaient
sur le plateau de la Tartarie, etsur lesquelles étaient gravés, non-seulement les phé
nomènes de l'astronomie, mais encore les principes de toutes les sciences. Le signe
donné à l'apprentipour le faire reconnaître se compose de l'équerre, du niveau et de
la perpendiculaire :pour bien en saisir les sens, il suffit de se rendre compte de ces
outils allégoriques, l'attouchement ou batterie 11-1 signifie les choses créées par un
seul dieu, 1-1-1, les trois paroles de l'Évangile : « Cherchez, vous trouverez; frappez, il
»vous sera ouvert; demandez, et vous recevrez.»Trois pas sont la marche, elle a la
même signification ; trois ans sont l'âge d'un initié, du nombre trois dépend la décou
verte des troisprincipes chimiquesquidonnent l'animation à tout l'univers : sel,soufre
et mercure; des trois règnes de la nature, le végétal, le minéral et l'animal, âme, es
prit et corps, naissance, existence et mort; enfin, le nombre trois est chez les philo
sophes le nombre par excellence, il est révéré dans l'antiquitécomme l'image de l'har
monie parfaite, car il trouve des applications sansfin dans la nature et dans toutes
les sciences. - -
»T.., ce mot de passe désigne les arts mécaniques, c'est le nom du premier
ouvrier qui a su manier les métaux, les analyser, les combiner, les allier pour les
rendre plus ductiles, c'est le fils de Lameck et de Salla, le Vulcain des Grecs; la fa
meuse Noéma était sa sœur, elle apprit les femmes à filer la laine, et les Grecs l'ont
adorée sous le nom de Minerve.
» La parole sacrée J. est le nom d'une colonne du temple, il est aussi le nom
du troisième fils de Siméon, quifut père des Jakinitès (des hommes justes); dans la
langue primitive, chaque nom rendait raison de l'être auquel il s'appliquait : justice,
c'est la tzedaka (bienfaisance), premier échelon de l'échelle mystérieuse que les initiés
de Memphis et d'Héliopolis devaient monter, elle est encore le septième et le dernier
sous le nom de Thebounah; ainsi les sages l'ont considérée comme le commencement
et la fin.
» B.Ce mot signifie force, beauté. La force et la beauté sont la perfection de
tout, la sagesse invente, et la force et la beauté soutiennent.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 91
» Le tablier donnéà l'apprenti est le symbole du travail, il nous indique que nous
devons constamment travailler à vaincre nos passions et à contribuer au bien général
de l'humanité. »
Après cette instruction, il dit, en s'adressant au F. .. initié : Le F.'. orateurva vous
donner l'explication des emblèmes, apportez-y la plusgrande attention; mon F. ., ces
emblèmes cachent les vérités les plus importantes, et de leur intelligence dépendent
toutes les lumières que vous êtes par la suite appeléà acquérir.
Discouurs de I'orateur àa l'initié.
«Otoi, qui viens d'être initiéà nos mystères, écoute, et que ton âme s'ouvre aux
mâlespréceptes de la vérité; nous t'enseignerons le chemin qui mèneà lavie heureuse,
nous t'apprendronsà plaire au Tout-Puissant, dont le nom ineffable ne doit être pro
noncé qu'avec recueillement et respect, et développerons tous les moyens que la Provi
dence t'a confiés pour te rendre utile aux hommes et vivre heureuxtoi-même.
» Ton premier hommage appartient à Dieu ; adore l'Être suprême, qui créa l'uni
vers par un acte de sa volonté, qui le conserve par un effet de son action continue,
qui remplit ton cœur, mais que l'esprit humain nepeut concevoir ni définir.
» Plains le triste délire de celui quiferme lesyeuxà la lumière et marche au milieu
d'épaisses ténèbres, mais sois tolérant;garde-toide haïr ou de persécuter: la Divinité
ne t'a pas commis le soin devenger ses injures.
»Élève souvent ta pensée au-dessus des êtres matériels qui l'environnent, et jette un
regard de désir dans les régions supérieures,qui sont ton héritage et ta vraie patrie ;
car la vie terrestre, crois-le bien, n'est pas la fin de l'homme.. Assieds-toi domc au
banquet de la vie; ne t'y accoude pas. -
»Si ton premier hommage appartient au Sublime Arch.'. des mondes, le second
appartientà la patrie; tu dois la chérir et l'honorer comme un fils vertueux chérit et
honore sa mère.Soumis aux lois de ton pays, rien ne saurait te dispenser de ce devoir,
quelle que soit la condition où le hasard t'ait placé, lors même que la patrie aurait été
marâtre ou ingrate enverstoi.
»Après avoir satisfait à tes devoirs envers Dieu et la patrie, considère ta famille ;
fils,époux etpère,chacun de ces états comporte des obligations nombreuses et sacrées :
applique-toià les remplir, elles te deviendront faciles.
» Pourrais-tu jamais oublier ce que tu dois auxauteurs de tes jours? Dans l'âge
mûr, honore, respecte ton père; mais rends surtoutà ta mère,en égards, en tendresse,
le prix des soins dont elle entoura ton jeune âge, et, s'il en est besoin,à l'exemple du
pieux fils de Noé, couvre leurs défauts du manteau filial,tu en seras béni.
» L'amour parle à ton cœur; élève de la sagesse, loin de toi les désirs corrupteurs,
loin de toi les plaisirs faciles ! Ne choisispasta compagne parmi les plus belles et les
riches; tâche d'obtenir la plus vertueuse, efforce-toi ensuite d'être digne de l'avoir
obtenue; car l'amour seul est le salaire de l'amour, et levice nepeut sympathiser avec
la vertu.
» Si le ciel abéniton hymen,souviens-toique l'enfant au berceau est un citoyen que
la patrie t'a confié; fais germer dans cette jeune âme le principe de toutes lesvertus :
c'est une noble tâche.
» Chef de famille, tu dois protéger etinstruire cette nouvelle tribu. F.'., un noble
orgueil t'est permis ; sois le premier de ta race, n'en sois pas le dernier; n'oublieja
92 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
mais le respect dû à la vieillesse, situveux, vieillardà ton tour, recevoir les hom
mages desjeunes hommes: les vieillards sont lestémoins des anciens jours !
» Le lieu où tu asvu lejour est ta patrie, l'homme et la femme quite donnèrent la
vie sonttes parents; ce cercle ne doit pas remplir exclusivement ton activité.
» L'univers est la patrie du Maçon; rien de ce qui regarde l'homme ne lui est étran
ger, tous les hommes doivent donc être frères. Comme toi, ils ontune âme immor
telle, les mêmes organes, le même besoin d'aimer, le même désir d'être utiles;viens
donc dans nostemples, car la sainte humanitéy a son autel.Vois avec respect cet édi
fice majestueux, destinéà resserrer les liens trop relâchés de la morale et de la Frat..,
unisparun langage mystérieux, les Maçons répandus surtout le globe, partout où les
lumières ont pénétré, ne forment qu'une seule famille,unseulpeuple de FF. .;un lien
sublime réunit ce peuple innombrable; c'est la bienfaisance, la bienfaisance qui n'est
pas la vertu, mais sans laquelle la vertu ne saurait être; la bienfaisance, émanation
de la Divinité, rosée féconde, prépare l'âmeà recevoir le germe de la sagesse !
»Tout être qui souffre a des droits sacrés sur toi; n'attends point que le criper
çant de la misère te sollicite; préviens et rassure l'infortune timide; n'empoisonne pas,
par l'ostentation de tes dons, les sources d'eau vive où le malheureux doit se désal
térer; ne cherche pas le prix de ta bienfaisance dans de vains applaudissements,mais
dans le suffrage tranquille de ta conscience.Si la Providence libérale t'a accordéquel
que superflu, au lieu d'en faire un usage frivole ou criminel, elle veut que,parun mou
vement libre et spontané de ton âme généreuse, tu rendes moins sensible la distribu
tion inégale des biens. Jouis de cette prérogative; quejamais l'avarice, cette passion
sordide, n'avilisse ton caractère ; que ton cœur se soulève aux calculs froids et arides
qu'elle suggère; que ta bienfaisance soit active, ingénieuse, mais surtout éclairée par
une prudente sagesse; ton cœurvoudrait embrasser les besoins de l'humanité entière,
ton esprit doit choisir les plus pressants et les plus importants. -
» La bienfaisance ne consiste pas seulementà donnerun peu d'or : l'homme ne vit
pas seulement de pain.Vois la misère impuissante de l'enfance, elle réclame ton appui ;
considère l'inexpérience funeste de l'adolescence, elle sollicite tes conseils; mets ta
félicitéà la préserver des erreurs et des séductions qui la menacent; excite autant
que tu pourras, dans dejeunes cœurs, les étincelles du feu divin dugénie, de lavertu ;
aideà les développerpour le bonheur du monde. Honte à quiveut mettre la lumière
sous le boisseau! sers-toi du don sublime de la parole, signe extérieur de la domina
tion de l'homme sur la nature,pour aller au-devant des besoins d'autrui, et pour exci
ter dans tous les cœurs le feu sacré de la vertu; instruis, protége, donne, soulage
tourà tour; ne croisjamais avoir assez fait, et ne te repose que pour reprendre une
nouvelle énergie, en te livrant ainsi aux élans de cette passion sublime : une source
intarissable de jouissances jaillira sur toi, ton âme s'agrandira, et tous les instants de
ta vie seront dignement remplis. -
»Situ senston impuissanceà sufffire seul au bien que tuvoudraisfaire,viens en
core dans nos temples, apporte une branche au faisceau sacré de bienfaits qui nous
unit; concours, selon tes facultés, auxplans et aux établissements utiles que l'asso
ciation Maçonnique te présentera : tu apprécieras bientôt les fruits de la combinaison
des forces et de leur concentration sur un même objet; que ta bonté s'étende sur toute
la nature; l'insecte qui n'est pas nuisible a droit devivre, ne l'écrase point sans raison ;
ne sois doncpas cruel envers les animaux, compatis au contraire à leurs souffrances,
et ne crains pas d'être ridicule en les défendant contre la brutalité stupide.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 93
» Ne te laisse pas rebuterpar le tableau des devoirs quise déroule devant tesyeux,
la nature et la sociétét'imposent d'autres devoirs encore envers les hommes,tes FF.·.;
ils ne sont pas moins sacrés que les précédents; ils sont de plus indispensablesà ton
bonheur personnel.
»Sois affable et officieux envers tout le monde, édifie par ton exemple, aime ton
prochain;prendspart à la félicité d'autrui, ne permetsjamais à l'envie de s'élever un
seul instant danston sein,ton âme serait bientôt en proie à la plus triste des furies.
»Soistolérant,parce qu'il n'estpasjuste d'imposerton opinionà des hommesdoués,
comme toi, de la faculté de raisonner.
» Pardonne à ton ennemi, ne te venge que par des bienfaits; ce sacrifice généreux
te procurera les plaisirs les pluspurs, et tu redeviendras la vive image de la Divinité;
rappelle-toi que c'est là le triomphe le plus beau de la raison sur l'instinct; Maçon,
oublie les injures, maisjamais les bienfaits.
» En te dévouant aux autres, n'oublie point ce que tu te doisàtoi-même; que ta
volonté ferme et constante soit d'arriver, autant que possible,à la perfection morale
de ton être; n'aie qu'un seul but dans cette vie : d'acquérir la science par la vertu et la
vertupar la science; ne néglige doncpas de satisfaire les besoins d'une âmeimmor
telle, descends souvent dans ton cœur pour y sonder les replis les plus cachés;
connais-toi toi-même: cette connaissance est le grand pivotdes préceptes maçonniques.
Apprenti,ton âme est la pierre brute que tu dois dégrossir; compagnon,tu la poliras ;
maître,tuy traceras des plans parfaits.
»Touthomme se doità la société; applique-toià concevoir une idée noble et grande,
et consacre ta vieà la réaliser; ainsiton passage sur cette terre n'aura pas été stérile,
ainsi tu auras accompliune mission providentielle; mais n'oublie pas que tu dois te
proposer un but utile à l'humanité en général.
»Que l'idée sublime de la toute-puissance de Dieute fortifie ette soutienne; offre-lui
chaque jour l'hommage de tes affections réglées, de tes passions vaincues; veille et
prie, renouvelle chaque matin le vœu de devenir meilleur; et lorsque, le soir, ton
cœur satisfait te rappellera une bonne action, une victoire remportée sur toi-même,
alors seulement repose en paix dans le sein de la Providence, et reprends de nouvelles
forces.
»Quejamais ta bouche n'altère les pensées secrètes de ton cœur, qu'elle en soit
toujours l'organe vrai et fidèle; mais tâche de garder un silence prudent, et qui ne
permette pas même de soupçonner le dépôt du secret confiéà ta foi : ainsi tu éviteras
tOuIte importunité, et le mensonge ne souillerajamais tes lèvres; ne confie pas non
plus, sans nécessité, ton propre secret. De quel droit voudrais-tu exiger d'un autre
plus de fidélitéà le garder que tu n'en as en toi-même?
» Enfin, que des mœurs chastes et sévères soient tes compagnes inséparables; que
ton âme soit pure, droite et vraie.
»Que la modestie soit ta loi : ne considère jamais le terme où tu es venu, ta course
en serait ralentie, mais celui où tu dois arriver : la courte durée de ton existence te
laisseà peine l'espoir d'y atteindre.
»Ce tableau de tes devoirs ne doit pas t'effrayer : la route de la vertu est aussifacile
que celle duvice,il suffit d'y entrer et de marcher; cette marche sera aisée si, de
bonne heure,tut'es soumisaujoug de cette autre vertu qu'on appelle tempérance, et
sans laquelle il n'estpoint de sagesse : la tempérance est la médecine universelle, au
94 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
physique comme au moral; sois sobre, frugal et modéré,tu préviendras ainsi les
maux du corps et de l'esprit.
»Tous ces devoirs quiviennent de t'être rapidement esquissés, tu dois les remplir
envers tous les hommes; ils sont encore plus sacrés envers tous les FF.*.; car dans la
foule immense dont cet univers est peuplé,tu as choisi, par unvœu libre, les Maçons
pour tes FF...Tout Maçon, de quelque religion, pays ou condition qu'il soit, en te
présentant la main droite, symbole de franchise et d'égalité, a des droits sacrés sur
ton amitié et ton assistance; s'il est en danger, vole à son secours et ne crains pas
d'exposer pour luita vie.Un signe sacré, qui te sera révélési tu en es digne,te mon
trera un F. .. implorant ton secours; s'il est dans le besoin,verse sur luitestrésors, et
réjouis-toi d'en pouvoir faire un tel emploi:tu asjuré d'exercer la bienfaisance envers
les hommes en général,tu la dois de préférence à ton F.'. qui gémit; s'il est dans
l'affliction, console-le par tous les moyens que l'esprit ingénieux de l'humanité te
suggérera.
» S'il est dans l'erreur, loin de t'éloigner et de le maudire,viensà lui avec les lu
mières du sentiment, de la raison, de le persuasion ; s'il est en butte auxtraits de la
calomnie, ne crains pas de t'avouer son ami, sois son défenseur en public, et tu ra
mèneraspeut-être l'opinion égarée, prévenue. Il est beau, il est saint de rappeler à la
vertu celui qui chancelle, de relever celuiquiest tombé; mais il estpresque d'un Dieu
d'être le protecteur de l'innocence méconnue.Siton cœur,ulcérépar les offenses vraies
ou imaginaires, nourrissait quelque inimitié contre un de tes F. ., dissipe à l'instant
ce nuage, et sita raison n'est pas assezforte, appelle un arbitre, réclame sa média
tion fraternelle; mais nepasse jamais le seuil du temple avant d'avoir déposétoutsen
timent de haine ou de vengeance ; en vain tu invoquerais le nom duSublime Archi
tecte des mondes,pour qu'il daigne habiter un temple qui ne serait pas purifiépar la
vertu, sanctifiépar la concorde.
»Si ces leçons se gravent profondément danstonâme docile et ouverte auximpres
sions de la vertu; si les maximes salutaires qui marqueront, pour ainsi dire, chaque
pas que tu feras dans la carrière maçonnique deviennent tes propres principes et la
règle invariable de tes actions, ô mon F. ., quelle sera notre joie; tu accompliras ta
sublime destinée, tu retrouveras cette ressemblance divine qui fut le partage de
l'homme primitif dans cet état d'innocence que les poétes ont célébré sous le nom
d'âge d'or, et dont l'initiation maçonnique fait son objet principal; tu deviendras la
créature chérie du ciel; ses bénédictions fécondes s'arrêteront surtoi, et méritant le
titre glorieux de sage, toujours libre et heureux, tudeviendras sur cetteterre le bien
faiteur des hommes et le modèle de tes FF. .. »
Après le discours de l'orateur, le Vén. .. ordonne de faire curculer le sac des propositions
et le tronc de bienfaisance; ensuite il procède à l'instruction dupremier degré(conférences) ;
l'instruction terminée, le Vén. .. frappe un coup et dit :
« FF. .. premier et second surveillants, annoncez sur vos colonnes respectives que
si quelques FF. .. ont des propositionsà faire pour le bien de l'Ordre en général, ou
celui de cette respectable Loge en particulier, la parole leur sera accordée. »
Les surveillants répètent l'annonce, ensuite le Vén... s'adresse aux FF.'. visiteurs en
Ces fermes *
«T.·.-chers FF.". visiteurs,
» Il est bien doux, ce nom de FF. .. que les Maçons se donnent entre eux; à quoi
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 95
serviraient en effet la sagesse, la science, la connaissance de lavérité,si le bonheur de
l'humanité n'était le but sacré de notre sublime institution? Et comment ce bonheur
serait-il atteint sans la bienveillance mutuelle des hommes? que serait la société sans
la fraternité?
» La loi de la Maçonnerie estune loi d'amour; l'amour, c'est l'âme de la nature; la
nature, c'est la vie; la vie, c'est l'être; l'être, c'est Dieu, et Dieu est tout amour;
l'univers, c'est l'amour de l'ordre et l'harmonie des corps et des êtres; l'amour, enfin,
c'est le principe efficient de la morale.
» O divine Maçonnerie, lumière céleste, suprême félicité, union desâmes humaines !
viens former tous les cœurs,viens les épurer, les vivifier, les animer des mêmes
sentiments d'amour, de fraternité, de bienveillance, et que tes doux liens unissent
tous les hommes comme une famille de frères e .. d'amis.
»Votre présence, mes FF.., nous comble de joie; venez donc souvent participerà
nos travaux, les éclairer de vos lumières, et augmenter d'un anneau la chaîne sym
bolique qui unit les vrais Maçons.
»Amoi, mes FF... »Signes, batterie, etc.
Ensuite le F. .. secrétaire donne lecture de l'esquisse des travaux du jour, le Vén.'.
invite les FF. ..à prendre la parole s'ils ont des observations à faire, puis il procède
à la suspension des travaux.
Suspension des travaux.
Le Vén.'. frappe un coup, et dit : Debout et à l'ordre, mes FF.'., pour suspendre
les travaux. - -
D.'. F. .. deuxième surveillant,quelle est votre place en Loge?
R.'. A l'angle de la colonne de septentrion.
D.'. Pourquoi, mon F. .. ?
R.'. Pour veiller au maintien de l'ordre et à la parfaite exécution des travaux.
D.'. Où se tient le premier surveillant?
R.'. A l'angle de la colonne du midi,à l'occident.
D.'. Pourquoi, F. .. premier surveillant?
R. *. Pour donner le signal de la suspension des travaux.
D.". Où se tient le Vénérable?
R.*. A l'orient.
D.". Pourquoi, mon F. ..?
R. *. Le Vén.'. se tient dans cette partie pour éclairer les travaux de ce temple.
D.'. F. .. deuxième surveillant, combien de temps travaillent les apprentis Maçons?
R.'. Depuis le milieu dujourjusqu'au milieu de la nuit.
D.'. Quelle heure est-il, F. .. premier surveillant?
R. .. Il est minuit, Vén.·.
D.". Le Vén. .. dit : Puisqu'il est l'heure de suspendre les travaux, joignez-vous à
moi, mes FF.*.,pour yprocéder.
Alors le Vén.'. donne le baiser de paix au F... maître des cérémonies qui le porte
aux FF. .. premier et deuxième surveillants, en leur donnant le mot de semestre, ensuite
le Vén.'. descend de l'autel et fait la prière suivante. Tous les FF... se placent comme à
l'ouverture.' - -
« Père de l'univers, source féconde de lumière et devérité,pleins de reconnaissance
96 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
pourta bontéinfinie, les ouvriers de ce temple te rendent mille actions de grâce, et
rapportentàtoi tout ce qu'ils ont fait de bon et d'utile dans cette journée, où ils ont
vu s'accroître le nombre de leurs FF. .. Continue de protéger leurs travaux, dirige-les
de plus en plusvers la perfection, et que l'harmonie, la concorde et l'union soient à
jamais le triple ciment qui les unit. »
Le Vén. ·. remonte à l'autel, les surveillants vont à leur place.
Le Vén. .. frappe trois coups; suivant la batterie, les deux surveillants le répètent, et
il dit :
« A la gloire du Subl. .. Arch... des mondes et sous les auspices de.... les travaux
de la respectable Loge de.sont suspendus. Retirons-nous en paix, mes FF.'., et que
l'esprit de Dieu veille à jamais survous. »
Le V. .. dit : « A moi, mes FF...»Tous les FF... font les signes de la batterie, etc.
--6---
CONFÉRENCES
D... Qu'est-ce que la Maçonnerie?
R. .. Cette institution remonte à laplus haute antiquité, elle a pour base l'existence
de Dieu, l'immortalité de l'âme, et pour objet l'exercice de la bienfaisance, l'étude de
la morale universelle des sciences, des arts et la pratique de toutes les vertus.
D. .. Quel est le caractère et le devoir d'un Maçon?
R.•. Une offrande pure au Sublime Architecte des mondes, une élévation de pen
sées telles qu'en pouvaient concevoir les Pascal, les Bossuet, les Fénelon, voilà le ca
ractère et le devoir du Maçon;purifié de tous les vices,dépouilléde toutes les erreurs,
il marcheà la recherche de la vérité, et fait son étude assidue de tout ce qui peut
améliorer le bien-être de l'humanité. -
D. .. Quelle est sa première étude?
R. .. Il doit s'attacher à distinguer le sacrédu profane et la lumière desténèbres.
D. .. Quel est le premier principe de l'éducation d'un Maçon ?
R. .. C'est la connaissance de la nature, de ce qu'elle a été, de ce qu'elle est, de ce
qu'elle peut et doit être.
La suite des Conférences au prochain numéro.
--6--
La respectable Loge des bienfaiteurs réunis, présidée par le T. .. lll... et T. .
Ecl... F. * LECAILLIER,s'est Frat.*. réunie pour procéderà l'initiation d'un Indien.Ayantassisté
à cette solennité,j'ai été émerveillé de l'ordre parfait destravaux, du caractère grave, de l'at
titude pleine de dignité duVénérable et du recueillement des membresprésents.
Les épreuves ont lieu par les éléments et la doctrine, qui s'y rattache, développe le système
des lois physiques de la nature. Après le désordre, règne le calme, et le néophyte est introduitdans le temple; une série de questions luisont adressées par le vénérable, et jamais elles n'a
vaient été résoluesavecune telle profondeur. -
J'ai entendu développer les principes d'une morale aussi pure qu'élevée, et des doctrines
empreintes de la plus ardente fraternité maçonnique.
Gloire au vénérable F.'. LECAILLIER, qui,par sa haute intelligence,un zèle infatigable et des
sacrifices de toutgenre, estparvenu à faire une véritable Loge modèle.
J. ÉT. MARCONIS.
Paris.- Imprimerie de H.S. Dondey-Dupré, rue Saint-Louis,46, au Marais.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 97
CONFÉRENCES DU PREMIER D. .
(SUITE.)
D. .. Quel est le secondprincipe ?
R. .. C'est la connaissance des êtres organisés, des lois de leur existence, de leur
développement et du degré de perfection auquel ils peuvent parvenir, d'après la na
ture qui leur est propre. --
D. .. Quel est le troisième principe ?
R. .. C'est la connaissance d'un Dieu créateur, qui n'a créé et organisé les êtresin
telligents que pour les conserver, les développer et les élever jusqu'à la plus haute
perfection de leur nature.
D. .. Qu'est-ce qu'un Maçon?
R. .. Un homme libre et de bonnes mœurs, également ami du pauvre et du riche,
s'ils sont vertueux. -
D. Quelles sont les dispositions nécessairespour devenir Maçon?
R.'. La puretédu cœur, l'amour duprochain et la pratique de toutes les vertus.
D. .. Qu'entendez-vouspar le mot Maçon?
R.*. Lorsque les anciens poëtes parlent de la fondation d'une ville, ils entendent
l'établissement d'une doctrine; ainsi,un Maçon est celui qui concourt par son intelli
gence à la formation d'une doctrine quia la puissance matérielle pour base; c'est ainsi
que Neptune, dieu du raisonnement, et Apollon, dieu des choses cachées, se pré
sentent chez Laomédon, en qualité de maçons, pour l'aider à construire la ville de
Troie, c'est-à-dire àformer la grande religion troyenne.
D.'. Quel est le but de nos travaux?
R. .. Les travaux maçonniques sont entièrement consacrésà la plus grande gloire
duSublime Architecte des mondes,toutes les vertus humaines sont agréables à Dieu ;
c'est donc le servir, le glorifier que d'enseigner, développer et pratiquer celles qu'il a
mises en nous.
Le but constant de nos efforts doit être le bonheur de l'humanité; car ce n'est pasà
nous tous Maçons que doivent appartenir seulement les bienfaits de notre morale,
mais à tous les hommes, nos FF. .; c'està nous de les appeler, de les convier au bien
par nos paroles et nos exemples.
D.·. Quel est le but de la Maç..?
R.'. Son but est d'élever l'homme au plus haut degré de perfection possible dans
l'étude des sciences, dans le développement des connaissances et des idéesgénéreuses,
dans l'accomplissement des devoirs locaux et dans la pratique de toutes lesvertus. .
D.'. En quoi consiste le bonheur de l'homme?
R.'. Le bonheur de l'homme consiste dans la perfection de son être; et l'art d'être
heureux consiste à savoir être en harmonie avec soi-même, avec ses semblables, avec
Dieu ettoute la nature.
D. .. Par quel moyen le Maçon peut-il arriverà ce but?
R. .. Lorsque, par le libre et entierdéveloppementde toute sa nature, il est parvenu
à ce degré de perfection où les organes de son corps, de son âme,où les facultés de
l3
98 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
son esprit et les sentiments de son cœur sont dans un parfait accord, il est en
harmonie avec lui-même. -
Tous les hommes doivent être forméspour l'humanité,tous sont nés pour s'aimer,
pours'entr'aider les uns les autres; car ces myriades d'êtres quipeuplent l'univers ne
sont que les membres d'une seule et même famille, parce qu'il n'y a qu'une seule
essence vitale, qu'une seule nature d'âmes, qu'un seul souffle divin.
D. ". Quelles ont été lesformalités usitées dans votre réception ?
R.'. Je fus d'abord présentépar un ami que j'ai depuis reconnu pourun F. ., puis
conduit par des inconnus dans une salle contiguë à la Loge, où, après m'avoir de
mandé si mon intention était bien d'être reçu Maçon, on m'enferma dans un lieu
SeCret.
D.'. Que représentait ce lieu?
R. .. Le centre de la terre et le séjour de la mort, afin de m'apprendre que tout
vient de la terre et doity retourner ; que l'homme doit constamment se tenir prêt à
paraître devant Dieu;que le profane quiveut être reçuMaçon doit, avant tout, mourir
auvice, afin de ne plus vivre que pour la vertu.
D. .. Que fîtes-vous dans ce lieu?
R.". Ma profession de foi.
D. .. Dans quel étatvous mit-on?
R. .. Un bandeau couvrait mesyeux, et j'étais privé de tous métaux,à la réserve
d'une chaîne pesante qui m'accablait.
D.'. Pourquoi aviez-vous les yeux bandés?
R.*. Pour marquer les ténèbres de l'ignorance. -
D. .. Pourquoi vous priva-t-on de tous métaux et vous chargea-t-on d'une chaîne
pesante?
R. .. Les métaux étant l'emblème des vices, on m'appritpar là qu'il fallaity renon
cer pour devenir meilleur (les prêtres égyptiens, pour sacrifier au soleil, déposaient
leurs bagues et leurs ornements d'or et d'argent); la chaîne étant le symbole des
préjugés, je devais m'en dépouiller, commeje le fis, au deuxième point de ma puri
fication.
D.°. Que fîtes-vous dans cet état?
R.'. On me fit entreprendre un long et pénible voyage.
D. '. Que signifie ce voyage?
R.°. Ma purification et ma préparation à recevoir les secrets importants qui de
vaient m'être confiés;il représentait encore mystérieusement toutes les vicissitudes de
la vie humaine, et la nature donnant aux sages la clef de hautes connaissances.
D.". Qu'éprouvâtes-vous dans ce premiervoyage?
R.'. Je fus placé dans la région de l'air; la foudre, la grêle et tous les autres mé
téores se déchaînèrent autour de moi, et enfin à cette tempête affreuse succéda le
plus grand calme.
D.'. Que signifie cette tempête?
R.'. Elle peignait les embarras qu'éprouve l'homme dans l'âge mûr et jusqu'à la
fin de sa carrière.
D.'. Oùvous conduisit ce premiervoyage?
R.".A une piscine salutaire, d'oùje sortis libre des entraves qui m'accablaient; alors
un ami m'expliqua une partie des vérités cachées sous les emblèmes de ce voyage.
D, ". Que fit-on de vous alors ?
LE PANTHEON MAÇONNIQUE, 99
R. .. Après s'être assuréque je persistais dans ma résolution, ce F. .. me fit conti
nuer ma route. --
D. .. Quels obstacles rencontrâtes-vous?
R. .. Un brasier ardent se trouva devant moi:je fus contraint de le traverser.
D. .. Que signifie ce brasier?
R.'. La violence des passions, la fougue de lajeunesse, qui sont autant d'obstacles
à la perfection morale de l'homme.. .
D. .. Que fîtes-vous au sortir de ce troisième élément ?
R. .. Un F. .. me présenta une liqueur amère, emblème des chagrins et des dégoûts
que l'homme éprouve dans cette vie, et que les sages supportent sans se plaindre.
D. .. Que fîtes-vous ensuite?
R. .. Mon guide me laissa continuer ma route, et je me trouvai à la porte du
temple. -
D. .. Qu'ytrouvâtes-vous?
R.·. Deux FF.'. qui m'arrêtèrent, et qui, après s'être assurés quej'avais passé au
milieu des éléments, me firent connaître les obligations que je devais contracter;en
suite ils me firent frapper trois coups.
D. .. Que signifient ces trois coups?
R. .. Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous
Ouvrira. - -
D.*. Que fîtes-vous ensuite? -
R. .. Le Vénérable m'adressa diverses questions auxquelles je répondis, et, du
consentement de tous mes FF.., il me fit conduire à l'autel, afin d'y prêter serment.
D. .. Comment étiez-vous en le prêtant?
R.·. Debout sur la troisième marche de l'autel, la main droite sur le livre sacré de
la loi et sur le glaive, symbole de l'honneur, et de la main gauche tenant la pointe
d'un compas sur le cœur. --
D. .. Que fit ensuite le Vénérable ?
R.*. Il m'accorda la lumière.
D. .. Quevîtes-vous dans ce moment?
R.·. Trois objetsprécieux, emblèmes de tous nos devoirs.
D. .. Quelssont ces objets ?
R. , Le livre de la loi, qui contient nos devoirs envers Dieu;un tronc, destinéà
recevoir les secours que nous devonsà nos FF. ., etun compas, symbole de l'exacti
tude et de la droiture de nos mœurs.
D. .. Que fit alors le maître de la Loge?
R. .. Il me fit réitérer mon obligation, me donna le signe, la parole et l'attouche
ment dugrade d'apprenti Maç.'..
D.·. Donnez-moi le signe.
R. .. (On le donne.) Il me rappelle quej'aipromis de garder le secret sur nos mys
tères, d'aimer mes FF. ., de les aider, de les secourir et de travailler constamment à
perfectionner mon être et à vaincre mespassions; il se nomme Guttural,
D. .. Donnez l'attouchement au F. .. G. .. expert.
R. .. (L'expert le reçoit et dit :) Il estjuste, Vénérable.(Nous en avons donné la signi
fication dans les travaux.) -
D. .. Que signifient l'équerre, le niveau, la perpendiculaire, la truelle, la pierre
brute, la houppe dentelée?
400 LE PANTHÉON MACONNIQUE.
R. .. L'équerre sertà mesurer lajustice de nos actions, le niveau indique que tous
les hommes sont égaux devant Dieu, la perpendiculaire la stabilité de l'ordre élevé
par toutes les vertus, la truelle que nous devons cacher les défauts de nos FF.., la
pierre brute est l'emblème de l'âme susceptible de bonnes ou mauvaises impressions,
la houppe dentelée qui s'entrelace désigne l'union qui doit exister parmi les FF. .
D. .. Donnez-moi la parole. -
R.·. Je ne l'aipas apprise ainsi,Vénérable; donnez la première lettre, je vous don
nerai la deuxième.(On la donne. Nous avons donné sa signification.)
D. .. Que fit ensuite le Vénérable ? | --
R. .. Il me revêtit d'un tablier blanc, symbole du travail et des devoirs de ma
vie nouvelle ; il me donna des gants blancs, en me recommandant de ne jamais en
souiller la pureté, enfin il me fit reconnaître par le F. .. expert, et me proclamaapprenti
Maçon.
D. .. Qu'est-ce qui compose une Loge?
R. ..Trois la gouvernent, cinq la composent et sept la rendent juste et parfaite.
D. .. Quels sont ces trois? -
R. .. Le Vénérable et les deux surveillants.
D. .. Pourquoi dites-vous que trois la gouvernent? -
R. .. Parce que l'homme se compose du corps, de l'esprit et de l'âme, qui est l'in
termédiaire ou le lien qui unit les deux autres.
D. .. Pourquoi cinq la composent-ils?
R.·. Parce que l'homme est doué de cinq sens, dont trois sont essentiellement né
cessaires aux Maçons, savoir : la vue, pour voir lè signe; l'ouïe, pour entendre la
parole; le toucher,pour apprécier l'attouchement; au propre, ils représentent les cinq
lumières de la Loge.
D. .. Pourquoi, enfin, sept la rendent-ils juste et parfaite?
R. .. Parce qu'il y a sept officiers principaux dans une Loge, et que ce nombre
renferme en lui de grands et sublimes mystères : il rappelle les sept jours que le
Tout-Puissant employa à la création de l'univers, les sept sphères célestes(des an
ciens) auxquelles correspondent les sept jours de la semaine, les sept couleurs primi
tives et les sept tons harmoniques. Le nombre sept, en effet,semble se rattacherà tous
les systèmes et appartenir à toutes les sectes. Tout corps agissant est composé de
trois mesures : longueur, largeur, épaisseur, et de quatre extrémités, qui sont : le
point, la ligne, la superficie, la solide ; voilà les sept qualités qui sont la perfection de
tout corps, et cette perfection est justifiée par bien des vertus; enfin les propriétés de
ce nombresont telles que les sages prétendent qu'il régit l'univers.
D. .. Quelle forme a votre Loge?
R.'. Un carré long.
. Dans quel sens est sa longueur?
Du levant au couchant.
Sa largeur?
. Du midiau septentrion.
. Sa hauteur?
De la terre aux cieux.
Sa profondeur?
. De la surface de la terre au centre.
. Pourquoi ces dimensions?|)
LE PANTHÉON MACONNIQUE, - 101
R. .. Parce que la Maçonnerie est universelle et qu'elle nous est venue d'Orient.
D. .. Qu'entendez-vouspar Loge?
R. .. Le monde. Tous les Maçons répandus sur notre globe ne forment qu'une
seule et même Loge, et les FF. .. réunis dans nos temples ne sont que desportions de
la Loge universelle; car la Maçonnerie est une, malgré ses rites divers, comme le
genre humain est un, malgré la diversité des langues.
D... Existe-t-il dans la Franc-Maçonnerie un secret, indépendamment des formules
et des signes?
R.·. Oui, Vénérable. Les anciens mystères étaient non-seulement un cours théo
rique et pratique de philosophie morale et religieuse, mais encore une institution
destinéeà perpétuer les premières traditions du genre humain;toutinitié,parvenu au
complément de l'initiation, connaîtra la haute sagesse, que j'appellerai vertu; il
jouira de la suprême félicité, car la connaissance du grand œuvre de la nature inspire
à l'homme un sentiment de raison qui l'élève au-dessus de ses semblables.. Voilà
quel était le but desgrands mystères chez les anciens, et tel doit encore être, de nos
jours, celui de la Franc-Maçonnerie.
D. .. Commentvotre Loge est-elle couverte?
R. .. Par une voûte céleste parsemée d'étoiles, et où brillent deuxgrandes lumières
qui dissipent de loin les nuages.
D. .. Quel âge avez-vous comme apprenti Maçon?
R.'. Trois ans, c'est le temps que les anciens initiés mettaient pour faire leur no
viciat. -
D. .. La plupart des Maçons regardent saint Jean comme le patron de l'ordre, et
célèbrent cette fête. Pourquoi?
R. .. C'est une erreur, Jean et agneau signifient également doux, et sont un sym
bole du soleil rentrant dans le signe du Bélier et de la douce chaleur qui s'épandà
cette époque dans les airs;Jean, accompagné d'un agneau,annonce donc la résurrec
tion de la nature (du soleil).
G)
TRAVAUX COMPLETS
DU
DEUXIÈME DEGRÉ DE L'ORDRE MAçONNIQUE
Le Franc-Maçon est un philosophe pratique, qui, sous des emblèmes religieux
adoptés dans tous les tempspar la sagesse, construit, sur des plans tracés par la na
ture et la raison, l'édifice moral de ses connaissances. Le véritable Maçon doittrouver
dans le rapport symétrique de toutes les parties de cet édifice rationnel le principe et
la règle de tous ses devoirs, la source de tous ses plaisirs; ilperfectionne son moral,
devient meilleur, et trouve dans la réunion d'hommesvertueux assemblés dans des
vues pures les moyens de multiplier ses actes de bienfaisance.
La Maçonnerie et la philosophie, sansêtre une même chose, ont le même but et se
102 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
proposent une même fin : le culte duSublime Architecte des mondes, la connaissance
des merveilles de la nature et le bonheur de l'humanitépar la pratique constante de
toutes les vertus.
Le deuxième degré compagnon est assez intéressant par lui-même, il fournit le
sujet d'assez beaux développements pour qu'il soit conféré avecsimplicité.
L'aspirant doit être placé dans la chambre de réflexion, afin qu'ils'y dispose par le
recueillement à bien saisir la spécialité dugrade auquel ilva être élevé.
Le récipiendaire doit être présenté en Loge avec une règle dans la maingauche,
appuyée sur l'épaule, la bavette deson tablier haute, comme il convientàun apprenti.
La Loge de compagnon doit présenter l'étoile flamboyante, de manière à frapper dès
l'entrée lesyeux et l'attention du candidat.
Les deuxpierres, brutes et cubiques, doivent être en réalité près des deuxsurveil
lants,puisque le candidat frappe sur l'une et l'autre dans le cours de la réception; il
en est de même de l'équerre qu'ilporte dans l'un de sesvoyages.
Poptrait de I'initié.
L'initié est un homme renouvelé; l'amour de toutes lesvertus et le devoir ontpris la
place des passions humaines qui le faisaient agir; il ne vit pas pour lui seul, mais
pour le genre humain,pour sa patrie,poursa famille; son âme est simple, douce,in
dulgente, modeste; il se rend témoignage de la droiture de ses intentions, mais il se
défie de ses pensées et de ses vues; il se sent incapable de commettre des injustices,
mais il reconnaît en luitoutes les faiblesses de sa nature;toujours en garde contre
ses fautes, il s'accuse souvent d'en avoir commis, et il travaille sans cesse à devenir
meilleur.
Ouverture des Travaux.
Le Vénérable frappe un coup de maillet et dit :
Silence.
Tous les FF. .. ayantpris place, le Vén. .. continue ainsi :
D. .. Debout et à l'ordre, très-chers FF. .; premier et deuxième surveillants par
courezvos colonnes respectives et assurez-vous si tons les FF. .. qui les composent
possèdent le deuxième degréde l'ordre; compagnon.
LesSurv.., chacun sur leurs colonnes, à commencer par lepremier F. ., vontprendre le
signe, l'attouchement et la parole sacrée; lorsque cet examen est terminé, et qu'ils sont de
retour à leur place, le deuxième surveillant frappe un coup et dit :
R. .. F. .. premier surveillant, les FF.'. qui composent ma colonne sont compagnons
deuxième degré.
Le premier surveillant dit : -
R.'. Vénérable, tous les FF. ·. qui composent l'une et l'autre colonne sont compa
gnons deuxième degré de l'ordre. -
D.'. T. .. C. .. F. .. premier surveillant, à quelle heure les travaux du deuxième
degré de l'ordre se mettent-ils en activité?
R. .. A midi,Vénérable.
D. .. Quelle heure est-il, T.'. C. ". F. .. deuxième surveillant ?
R. .. Il est midi,Vénérable ; le soleil est entré au méridien.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 103
D.'. Puisqu'il est midiet que l'heure de la mise en activitéde nostravaux est arrivée,
joignez-vousà moi,très-chers FF. .,pour demander auSublimeArchitecte des mondes
qu'il daigne éclairer nos travaux et les diriger selon le conseil de la sagesse incréée,
qui assiste auprès de son trône céleste. -
Le maître des cérémonies fait brûler l'encens, le Vénérable dit :
Face à l'orient,T. .. C. ·. FF.·.
Ensuite :
Suprême Architecte des mondes, daigne bénir nos travaux et rends-les conformes
à ta loi, éclaire-les de ta lumière divine, qu'ils n'aient d'autre but que lagloire de ton
nom, la prospérité de l'ordre et le bien général de l'humanité; unis les hommes que
l'intérêt et lespréjugés divisent, écarte le bandeaude l'erreur qui obscurcit leursyeux,
et que, ramenéà la véritépar la philosophie, legenre humain ne présente plus qu'un
peuple de FF. ., quit'offre de toutespartsun encens pur et digne de toi.
Puis le Vénérable frappe cinq coups suivant la batterie, qui sont répétéspar les deux sur
veillants, et dit :
A la gloire duSublime Archit. .. des mondes, les travaux de compagnon deuxième
degré de l'ordre sont en activité. A moi, mes FF. .
Tous regardent le Vénérable, et comme luifont le signe et la batterie.
En place, mes FF. .
MIise en activité des travaux.
Le Vén. .. dit : T. ..C. .. F. .. secrétaire,veuillez nous donner lecture du plan parfait
des travaux de la dernière tenue. -
Le F. .. secrétaire donne lecture duplan parfait, et s'il n'y a pas d'observations après les
conclusions du F. .. orateur, on le sanctionne par la batterie d'usage.
Le Vén. ·. dit ensuite :
T. ..C. .. F. .. maître des cérémonies, rendez-vous dans le parvis de cette Respect..
Loge, afin de vous assurer s'il n'y a pas de FF. .. visiteurs possédant le deuxième
degré de l'ordre. -
Le F. .. maître des cérémonies remplit sa mission et vient en rendre compte; s'il se trouve
des visiteurs, le Vénérable agit selon les statuts généraux de l'ordre.
Réception. -
L'on donne au candidat des questions à résoudre par écrit; si les réponses sont à la satis
faction de l'At.'., le Vénérable dit : -
Le F.'. N., ayant satisfait l'At. .. par ses réponses écrites, êtes-vous d'avis, T.'.
C.'. FF.'., de lui accorder l'augmentation de salaire qu'il demande?
Les FF.'. donnent leur assentimentdela manière accoutumée.
Ensuite le Vén. · .. dit :
D. .. F. .. grand expert, rendez-vous auprès du candidat, et annoncez-le suivant
l'usage.
Le F. .. G. .. expert sort, revient annoncer le candidat; il frappe à la porte du temple en
apprenti.
Le F. .. gardien du temple (couvreur) dit :
R.'. F. .. deuxième surveillant, on frappe à la porte du temple en apprenti.
104 , LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Le F. .. deuxième surveillantfrappe un coup de maillet et répète l'annonce au F. .. premier
Surv.°.,qui dit :
R.°.Vén. ., on frappe à la porte du temple en apprenti Maçon.
Le Vén. .. dit :
D.'.T.'. C.'. F. .. premier Surv. .,faites voir quifrappe.
Les FF. .. premier et deuxième Surv. .. répètent l'annonce, le F°. couvreur entr'ouvre la
porte, et legrand expert dit à haute voix :
R. .. C'estun apprenti Maçon qui demande à être reçu compagnon; il a travaillé la
pierre brute,fini son temps et mérite de passer de la perpendiculaire au niveau.
Le Vén. .. dit :
D. * F.'.G. .. expert, demandez-lui son nom et à quel Atelier il appartient.
Le F. .. grand expert répond :
R.'. C'est le F. .. N.., apprentiMaçon, membre de la Loge de., qui a mérité de
monter le deuxième échelon mystique.
Le Vén.°, dit :
D. .. Debout et à l'ordre (d'apprenti), mes FF. .
Puis, s'adressant au F. .. gardien du temple :
Faites entrer le candidat.
Le candidat est introduit dans la Loge avec une règle dans la main gauche, appuyée sur
l'épaule; lorsque le Récip. .. est introduit, il donne au couvreur le mot, et s'avance à l'ordre
etpar le pas d'App. .. Il est accompagné du F.'. G. '. expert, qui, l'ayant faitpasser dans
la chambre d'Endymion et mérité le nom de mysthe, lui fait monter le deuxième degré
mystique et le place entre les deux colonnes, les pieds en Éq.. Le silence le plus profond
règne dans le temple.
Le Vénérable lui explique en ces termespourquoi il porte la règle :
D. .. Mon F. ., un véritable Maçon doit toujours se servir de l'outil allégorique que
vous portez en ce moment;sans la règle, on ne ferait rien de bon nidans les ouvrages
manuels, ni dans les productions de l'esprit, ni dans la conduite de la vie; le génie
lui-mêmey est soumis, malgréses élans auxquels on applaudit quand ils sont heu
reux, mais il a des règles qu'il n'est jamais permis de violer.
Le Vénérable invite l'expert àprendre la règle des mains du candidat et à la déposer sur
la table où sont les instruments.
Examen.
-
Le Vén. .. s'adresse au candidat placé entre les deux colonnes, en ces termes :
D. .. Mon F.·.,vous croyezà l'existence duSublime Architecte des mondes?
R. .. Oui,Vénérable.
D. .. Par quel moyen l'homme est-ilà même de se persuader de son existence?
R... Par l'observation et la contemplation des chefs-d'œuvre que sa toute-puissance
produit dans la nature. -
D. .. La croyance d'un Dieu est elle nécessaire à l'homme?
R. .. Oui,Vénérable; sans elle, le feu de son imagination s'éteindrait, saverve poé
tique serait en lui sans force et sans enthousiasme, et la nature, muette et dépourvue
d'attraits, ne dirait plus rien à son cœur.
D.'. L'homme est-il népour la société?
R.'. Oui,Vénérable ; les opérations de son esprit, les mouvements de son cœur
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 10:
dans un corps sujetà mille besoins, annoncent qu'il doit chercher dans ses semblables
les secours les plus pressants; la faiblesse de nos organes sertà faire admirer auvrai
sage les ressorts dont la divine Providence s'est servie pour unir les hommes en société;
car si l'homme avaitpuse nourrir comme les oiseaux,il n'aurait pasimaginé ouper
fectionné la culture de la terre; si notre corps eût étéà l'épreuve de l'intempérie des
saisons, il eût étéinutile d'élever des édifices ; si chaque particulier eût pu se passer
des autres pour sa conservation, les hommes ne se seraient point réunis;isolés et
indépendants, ils auraient vécu dans la barbarie, sans avoir aucune idée des arts ni
des sciences.
D.'. Quels sont les arts et les sciences que les Maçons ont appris auxhommes?
R. .. L'agriculture, l'architecture, l'astronomie, lagéométrie, les nombres, la mu
sique, la chimie, le gouvernement et la religion.
D. '. Comment ont-ils acquistoutes ces connaissances?
R.'. Le premier homme instruisit ses enfants desvérités que le ciel lui avait dictées
ou qu'il avait découvertes par ses différentes combinaisons; telle fut l'origine de ces
traditions, qui se conservèrent dans lespeuples les plus fidèles sur l'origine du monde
et sur les arts les plus nécessaires à la vie. La première ville du monde fut bâtie par
son fils aîné; cette ville emporte avec elle l'idée d'une société. Jubalfut appelé le père
de ceux qui chantaient et qui se servaient de la harpe, et Tubal-Caïn fut le premier
qui a su manier les métaux et l'airain : ces faits sont attestés par l'histoire sacrée, et
nous découvrentune société aussi ancienne que les hommes. Les besoins toujours re
naissants firent tirer du sein de la terre, par un travail opiniâtre, les nourritures
nécessaires, et cette mère féconde répandait partout l'abondance des moissons et la
douceur des fruits, tandis que les bestiaux, élevés avec soin,fournissaient à l'homme
une nourriture plus succulente. L'expérience rendit dans la suite destemps les hommes
plus polis,plusinstruits et plus heureux, mais ils n'ont puisé ce bonheur que dans
les liens quiformèrent la société.
D.'. Un peuple sans éducation pourrait-il vivre heureux?
R.'. Non,Vénérable; si dans l'homme tous les mouvements sont réglés, sitout en
lui est bien, l'éducation ne sera pas nécessaire pour le rendre heureux; mais s'il est
capable d'excès, s'il joint l'ignorance à des passions toujours renaissantes et souvent
opposées, qui le tirera de son ignorance? qui lui assignera cejuste milieu où se trouve
essentiellement la vertu? qui lui apprendra à soumettre ses passionsà la raison?Se
procurera-t-il lui-même ce bonheur sansun secours étranger? Non; poury parvenir,
l'éducation est indispensable.
D.'. Quelles sont les facultés principales de l'homme?
R.'. L'entendement et lavolonté : l'entendement, qu'il faut diriger vers la vérité ;
la volonté, qu'ilfaut plier à la vertu; l'un est le but de la logique, l'autre est celui de
la morale.
D. .. Vous croyezà l'âme humaine,à son immortalité?
R.'. Oui,Vénérable; la nature elle-même nous rassure tacitement sur notreimmor
talité. Je ne sais d'où celavient, maisje trouve qu'un pressentiment d'une vie à venir
est inhérentà l'âme de l'homme; ce pressentiment, cette idée de l'immortalité existe,
et paraît avec le plus d'éclat dans les plus grands génies et dans les âmes les plus
élevées; notre âme n'a qu'une forme très-simple,très-générale, très-constante : cette
forme est la pensée; il nous est impossible d'apercevoir notre âme autrement que par
la pensée; cette forme n'a rien de divisible, rien d'étendu, rien d'impénétrable, rien de
14
106 LE pANTHÉON MAÇONNIQUE.
matériel : donc le sujet de cette forme (notre âme) est indivisible et immatériel; notre
corps, au contraire, et tous les autres corps ont plusieurs formes; chacune d'elles est
composée, divisible, variable, destructible. Il en est de même des autres facultés de
notre âme comparéesà celles de notre corps et aux propriétés les plus essentiellesà
toute matière.
D. .. Qu'est-ce que l'intelligence? -
R. .. L'intelligence est cette facultéà laquelle on rapporte tous les phénomènes intel
lectuels, c'est-à-dire tous ceux qui tiennent à la connaissance : elle atteint le moi
intérieurpar la conscience, le non-moiphysique par les sens, le non-moi métaphysique
et immatérielpar la raison, qu'on appelle aussi raison intuitive; mais il ne faut pas
oublier que ces trois mots : conscience, sens ou sens externe et raison, ne désignent
qu'un seul etmême sujet. La conscience, c'est l'âme se connaissant elle-même; le sens
externe, c'est l'âme connaissant le non-moiphysique; la raison, c'est l'âme connais
sant le non-moi métaphysique.
D. .. Qu'est-ce que la volonté?
R. .. La volonté, c'est la force en action; mais l'action ne se produitpas uniformément,
elle est spontanée ou volontaire : la spontanéité est la première forme de l'activité, la
volonté est la seconde.
l).. Qu'est-ce que la certitude ?
R. .. La certitude, c'est l'adhésion complète de l'esprit à un jugement donné; la
certitude, quand son objet est la vérité, s'appelle positive; négative, quand son objet
est l'erreur.
D. .. Qu'est-ce que la morale? -
R... L'âme distingue le bien et le mal, lejuste et l'injuste, et elle se sent obligée de
pratiquer le bien et d'éviter le mal. Cette obligation, qu'on ne peut nier sans rendre la
vie humaine impossible, qu'on ne peut nier non plus sans nier l'évidence, cette obli
gation, c'est le devoir: du devoir ou de l'obligation morale dérivent les devoirs ou
l'application pratique de la loigénérale aux faits particuliers; le devoir est absolu, les
devoirs sont relatifs. -
La morale a doncpour objet de constater la loi ou l'obligation morale et d'en déter
miner les différentes formes.
Nos actions ont divers motifs; ces motifs peuvent être ramenés à trois princi
paux: le plaisir, l'utilité et le devoir; le plaisir est le plusvulgaire de ces motifs,
I'utilité vient après, et le premier rang appartient au devoir; les actions qui relèvent
des deuxpremiers motifs n'ontpoint de valeur morale; celles qui ont étéinspirées par
le devoir ont seules ce caractère et constituentproprement lavie humaine.
D. .. Qu'est-ce que apprendre les sciences?
R. .. C'est graver dans son esprit les pensées et les jugements des plus grands
hommes qui les ont cultivées avant nous.
D. .. Veuillez nous donner la signification du nom Jéhovah?
R. .. Des étymologistes disent que Jéhovah signifie celui qui est, et cette explication
est conforme au sens de la Bible, qui a fait direà Dieu : Je suis celui qui est. C'est, en
effet, le seul nom que l'on puisse donnerà Dieu, l'être par essence, sans commence
ment, sans fin, cause nécessaire de tout ce qui existe,à laquelle le métaphysicien
croit, parce que rien ne peut exister sans cause, comme y croit l'observateur, parce
que la magnificence et l'ordre de l'univers prouvent une souveraine intelligence,
créatrice et ordonnatrice; commey croit le moraliste, parce qu'ily a une loi naturelle
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 107
au fond de tous les cœurs, la conscience universelle du juste et de l'injuste, le senti
ment de tous les peuples qui repoussent le hasard comme une idée trop aride et trop
- absurde.
D. .. Qu'entendez-vous par le mot profane?
R. .. Cette dénomination, usitée dans les mystères de l'antiquité, ne doit pas être
prise en mauvaise part; elle signifie seulement,par opposition à l'initié qui a droit
d'entrer dans le temple Maçon. ., celui qui ne fait pas partie de cette sublime insti
tution.
D. .. Veuillez nous donner la signification des lettresJ et B (rite français et rite
écossais).
R. .. La lettre (colonne)J signifie symboliquement préparation du Seigneur; c'est la
sagesse de l'homme quiprend ses inspirations dans le sentiment religieux.
La lettre (colonne)Bveut dire force; c'est laforce persévérante dans le bien. La lettre
B est historiquement un symbole de bonté, de cette bienfaisance délicate qui épargne
l'humiliation à la personne qu'elle oblige. -
D.'. Voyez-vous un sens moral dans les lettres J et B?
R. .. Oui,Vénérable;il signifie justice et bonté; la justice et la bonté sont les bases
de tout système moral : par lajustiee, on ne fait de tort à personne, c'est le devoir
rigoureux; la bonté va plus loin, elle s'élève jusqu'à la vertu, en faisant aux autres
tout le bien que l'on peut.
Le Vénérable fait remettre par le grand expert le maillet au candidat, et le fait conduire
devant le deuxième surveillant,pour qu'il frappe la batterie d'apprenti sur la pierre brute;
ensuite, le récipiendaire est de nouveauplacé debout en avant des deux colonnes, le Vénérable
lui adresse les questions suivantes :
D.'. Que signifient les trois coups?
R.·. Lafoi en Dieu, la charité envers nos frères, l'espérance dans l'avenir.
D.'. Quelle est l'origine de la pierre brute?
R.*. A Héliopolis, lieu célèbre par le culte du soleil et de la grande divinité sidé
rale des Syriens. Lucien signale un autel formé de trois pierres brutes disposées en
forme de table en triangle. A Ortosia, en Syrie, on voit encore une construction sem
blable établie au milieu d'une enceinte découverte, formée de cinq pierres brutes ali
gnées. Strabon raconte que, voyageant en Égypte, il voyait son chemin couvert de
temples consacrés au dieu Mercure, et composés de trois pierres brutes. Artémidore,
cité par Strabon, nous apprend qu'en Afrique, auprès de Carthage, le dieu Melkart, ou
Hercule phénicien, dont le culte fut apporté deTyr, était honorésur des pierres brutes
au nombre de sept l'une sur l'autre. La pierre brute est le symbole de l'âge primitif
D.'. Pourquoi n'avez-vous plus de bandeau sur les yeux?
R.'. Je crois qu'ayant vu la lumière, la Loge, m'avançant engrade, m'ajugé digne
de la conserver; car cette lumière ne nous abandonne plus lorsque nous persévérons
à la prendre pour guide, à l'entretenir,à l'augmenter au flambeau de laphilosophie
maçonnique, sans quoi nous retomberions bientôt dans l'obscurité de l'ignorance et
dans les illusions de l'erreur.
D.'. Que signifie la truelle ?
R.'. La truelle, avec laquelle on étend le ciment qui unit les pierres entre elles et
en forme un tout compacte, désigne l'aménité, le liant que nous devons mettre dans
nos relations, la politesse affectueuse du langage, si propre à maintenir la concorde
et l'amitié entre les membres d'une Loge, et en faire une famille étroitement unie.
108 LE PANTHÉON MACONNIQUE.
Elle est encore un emblème de la bouche fermée sur les défauts de nos FF.·., du
silence que la discrétion impose, de l'indulgence pour des fautes dont le coupable
témoigne le repentir; de là estvenu l'adage maçonnique : Passer la truelle sur un tort,
pour dire qu'on le pardonne, qu'on l'ensevelit dansun profond oubli.
D. .. Qu'entendez-vouspar emblème?
R... Image d'un objet qui représente une chose à l'œil et une autre à l'esprit,
comme le niveau,signe de l'égalité.
D.·. Par allégorie?
R. .. Discours ou tableau offrant dans la réunion de plusieurs objets un sens
pmornl.
D... Par type?
R.·. Le triangle est le type de la perfection divine; Hercule était le type de la force
physique, Apollon de la puissance intellectuelle, employéestoutes deuxà l'avantage
de la société.
D. .. Avez-vousune idée des hiéroglyphes?
R. .. Oui, Vénérable. C'est la méthode de peindre des idées par les figures d'ani
maux, de plantes, etc. C'est la première de toutes les écritures, celle qui a précédé
les caractères de l'alphabet. Les sages de l'antiquité lui ont supposé une origine
divine; de là son nom, qui signifie écriture sacrée.
D.·. Que signifie le mot philosophie?
R.·. Le mot philosophie signifie amour de la sagesse, de la science, recherche de
la vérité. L'objet de la philosophie est donc la connaissance de l'homme comme
introduction à celle du monde et de Dieu; c'est sur ce point que s'agite la pensée
humaine, qui est toutà la fois l'instrument et le but de la philosophie.
D. · .. Quelle est son utilité?
R. .. L'utilité et l'importance de la philosophie ressortent de son objet même; cette
science, qui résume et embrasse toutes les autres, est le complément nécessaire
des études.
D. · .
R. .. L'homme a reçu de l'auteur de son être des idées simples et précises du bien
et du mal, duvrai et du faux; ces images fidèles, qui représentent ces objets impor
tants, sont gravées dans son âme, et elles ne peuvent jamais en être entièrement
effacées, mais elles peuvent être obscurcies par des nuages,tels que sont les préjugés
et les passions déréglées.
D... Donnez-nous l'idée générale de la loi naturelle.
R. .. L'idée d'une loifut toujours une sage disposition propre à réformer ouà per
fectionner les mœurs.
D.*. Combien distinguez-vous de loisprincipales?
R. .. On distingue deux sortes de lois principales : la naturelle et la positive. La loi
positive se divise en loi divine et en loi purement humaine.
D. .. Quels sont les principes et les conséquences de la loi naturelle?
R. .. Ses principes sont simples et uniformes, ses conséquences sont faciles dans
leur application;ses principes sont intimement liés avec ceux de la raison.
D. .. Qu'est-ce que la raison?
R.·. La raison est le premier flambeau de l'esprit; elle s'étend, par les opérations
de l'entendement, sur les différents objets qu'il sait combiner avecjustesse; c'est le
germe de toutes les sciences.
LE PANTHEON MAÇONNIQUE. 109
La loi naturelle est le premier guide des mouvements du cœur, qui veut être heu
reux et contribuer au bonheur des autres; c'est le germe de toutes les vertus.
La loi naturelle nous ordonne de nejamais faire à autrui ce que nous ne voudrions
pas qui nous fût fait, et de rendre aux autres ce que nous souhaiterions raisonnable
ment qni nous fût rendu; les principes contraires renversenttout l'ordre de la société,
et rendent l'homme méconnaissable.
D. .. Qu'est-ce que lajustice ?
R.·. Le fondement de toute société; sans elle, deux hommes ne peuvent habiter
ensemble.
D. .. Pourquoi le compas, le niveau, l'équerre sont-ils placés dans notre Loge ?
R.·. Parce que ces outils allégoriques apprennent au Maçon qu'il doit s'en servir
pour rendre justes et parfaits ses travaux, c'est-à-dire sa vie.
D. .. Pourquoiune loge n'est juste et parfaite qu'autant qu'elle renferme le nombre
sept? --
R. .. C'est que le nombre septénaire est celui de l'harmonie, et que l'harmonie naît
de lajustice.
Après que le candidat a répondu aux questions, le F.·. G. .. expert, jette de l'eau sur lui
pour le purifier,en l'obligeant d'affirmer qu'il s'est toujours conduit avec sagesse.
Le Vén. ., s'adressant au candidat, lui dit :
D. .. F. ·. N.. ., l'empressement que vous avez mis à venir réclamer un salaire
justement mérité, l'activité avec laquelle vous avez constamment travaillé sous la
direction de vos FF.'. me sont un sûr garant que vous redoublerez de zèle pour nous
seconder dans la mission dont nous sommes chargés.
Puisse le Sublime Architecte des mondesguider vos paspendant les cinq voyages
que vous allez faire et vous donner la force et la persévérance qui vous sont néces
saires pour arriver à votre but. F. .. expert, emparez-vous du candidat, et faites-lui
faire le premier voyage. -
a
Réception.
Le F. .. expert donne au candidat le maillet, le prend par la main droite et lui fait faire
le tour du tableau; arrivé devant l'autel, il le fait incliner devant le triangle lumineux, lui
fait remarquer l'étoile flamboyante, et le ramène entre les deux colonnes, puis il dit :
F. .. premier surveillant, le premier voyage est terminé.
Lepremier surveillant répète l'annonce, et le Vén. .. dit au candidat :
Mon F.'., ce premier voyage représente le temps qu'un néophyte doit employerà
l'étude de la cause première dont l'existence est révélée dans la magnifique architec
tecture de l'univers. -
Le maillet indique la fermeté dans nos principes et dans leur application à notre
conduite.
Le voyage que vousvenez de faire de l'ouest à l'est, du sud au nord,vous indique
que nous avons des FF. .. dans toutes les parties du monde,et que nous devons voler
à leur secours partout où nous en trouverons l'occasion.
Vous avez remarqué l'étoile flamboyante, signe dominant du deuxièmegrade de la
maçonnerie.
Une étoile est souvent pour le voyageur unguide qui l'empêche de s'égarer dans les
ténèbres; ici, l'étoile flamboyante, au milieu des erreurs et des passions qui obscur
1 10 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
cissent notre entendement, nous dirige vers le sanctuail'e de la sagesse, car on ne
peut se mettre en présence de l'auteur de tout bien sans se pénétrer de bons senti
ments, sans s'affermir dans la vertu. -
La lettre G. .. signifiegéométrie; l'univers, ouvrage duGrandArchitecte des mondes,
est un chef-d'œuvre par la régularité de son vaste ensemble, qui maintient des acci
dents passagers qui nousparaissent des désordres, il l'est encore par l'équilibre mer
veilleux qui règne entre toutes sesparties,grandes et petites, vivantes et inanimées.
Cette science, dont les procédés sont d'une exactitude rigoureuse et conduisentà la
certitude mathématique, est le type de cette géométrie intellectuelle,d'après laquelle
un hommeàtête bien organisée pense et raisonne avec justesse, s'est fait un plan de
conduite fondé sur des théories exactes et certaines, lesprendpour règle de toutes ses
actions, emploie toutes sesforces, sans aller au delà, pour son bien et celui des autres,
met enfin dans l'accomplissement de ses différents devoirs la ponctualité, l'ordre et
l'harmonie quifont la vie telle que nous l'a destinée le Créateur.
Vén. .. F. .. expert,veuillez conduire le candidat dans son second voyage.
Le F. .. expert faitprendre au candidat, de la main gauche, une règle et un compas, et,
le prenant par la main droite, il lui fait faire le second voyage, en le faisant incliner deux
fois devant le triangle lumineux, enpassant devant l'autel, et il dit :
F. ..premier surveillant, le secondvoyage est terminé.
Le premier surveillant répète l'annonce, et le Vénérable dit au néophyte :
Ce second voyage vous enseigne que, pendant la deuxième année, un Maçon doit
acquérir les élémentspratiques de la Maçonnerie : le compas est l'emblème de la pré
cision avec laquelle le tracé décrit la circonférence et rappelle la route que les sphères
célestes parcourent dans l'immensité.
Vén. .. F. .. expert,faites faire le troisième voyage au candidat.
Le F. .. expert place sur l'épaule droite du néophyte un levier, le fait incliner par trois
fois devant le triangle lumineux et le conduit entre les deux colonnes, et il dit :
F.'.premier surveillant, le candidat a fait son troisième voyage.
Le F. .. premier Surv. .. répète l'annonce, et le Vénérable dit au néophyte :
Mon F. ., ce voyage représente les trois années que les compagnons emploient à
transporter les matériauxpour élever le temple de la sagesse ; le levier est l'emblème
de la puissance que l'homme emprunte aux formules de la science pour l'appliquer
à des actes que sa force individuelle ne pourrait accomplir.
F. .. expert, accompagnez le néophyte dans son quatrième voyage.
Le F. .. expert faitprendre au candidat l'équerre et le niveau, il lui fait faire le tour du
temple en le faisant incliner par quatre fois devant le triangle lumineux, après l'avoir
ramené entre les deux colonnes, et il dit :
F. ..premierSurv. ., le quatrième voyage est terminé.
Le premier surveillant répète l'annonce; le Vén. .,s'adressant au néophyte, dit :
Mon F.'., ce quatrième voyage est l'emblème dutemps pendant lequel un compa
gnon doit être occupéà l'élévation de l'édifice et en diriger l'ensemble, il vous apprend
que le zèle et l'intelligence que vous avez montrés dans vos travauxpeuvent seulsvous
aider à parvenirà un degrésupérieur; l'équerre est l'emblème de lajustice, et le ni
veau celui de l'égalité.
Le Vén. .. dit ensuite :
F. .. expert, accompagnez le néophyte dans son cinquième voyage.
Le F. .. expert remet entre les mains du néophyte la perpendiculaire, lui fait faire le tour
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 11 1
du temple, et, après l'avoir fait incliner par cinq fois devant le triangle lumineux, le ra
mène entre les deux colonnes, et dit :
F. .. premier Surv.·., le cinquième voyage est terminé.
Le F. .. premier Surv.*. dit :
- Vén. ., le néophyte a accompli son cinquième et dernier voyage à la satisfaction de
tOuS nos FF. *.
Le Vén. .. frappe un coup de maillet et dit, en s'adressant au candidat :
Mon F. ., ce cinquième et dernier voyage marque que, suffisamment instruit, un
compagnon emploie cette dernière année à l'étude de l'art ; apprenez donc, mon F. ·.,
qu'il ne suffit pas d'être dans le sentier de la vertu pour pouvoir s'y maintenir, il est
des efforts puissantsà faire pour acquérir la perfection, suivez la route que l'on vous
a frayée,et rendez-vous digne de la haute faveur dont vous êtes l'objet.
La perpendiculaire représente la stabilité de l'ordre maçonnique établie sur les bases
immuables de la vérité et de la science.
Le degré que vous avez montépour arriverjusqu'à nous se nomme chekida, quisi
gnifie persévérance, c'est par lui quevous êtesparvenu dans ce temple.
Veuillez, mon F.'., approcher de l'autel pour renouveler vos précédentes obliga
tions maçonniques, et recevoir l'augmentation de salaire que vous avez acquise par
votre zèle, un travail assidu et un dévouement sans bornes à l'ordre.
Le maître des cérémonies conduit le candidat à l'autel.
Le Vén. .. frappe un coup de maillet, et dit . ,r
Debout et à l'ordre, mes FF.'.; puis, s'adressant au candidat :
D.'. Qu'entendez-vous par Maçonnerie ?
R.'. Vén.'.,j'entends l'étude de la sagesse et la pratique de la vertu.
Le Vén. .. lui dit, en lui montrant le triangle lumineux :
Considérez ce triangle mystérieux, quejamais votre souvenir ne puisse s'en éloi
gner : que votre mémoire et votre cœur en soient toujours remplis; il est l'emblème
dugénie qui élève auxgrandes choses, le symbole de ce feu sacré dont le Sublime
Architecte des mondes nous a rendus dépositaires, et par lequel nous devons désirer
pratiquer le vrai, le juste et l'équitable Le delta quevous voyez au milieu, rayonnant
et resplendissant de lumière, vous représente de grandesvérités et de sublimes idées ;
vousy voyez le nom ineffable du grand moteur de toutes choses, il s'explique par le
g, qui signifiie aussi symboliquementgéométrie; cette science sublime est de la plus
haute antiquité. - -
Le Vén. .. dit au récipiendaire, en désignant la pierre cubique (le F. .. expert lui fait re
marquer tous les objets cités par le Vénérable) :
Cette pierre angulaire est une des bases essentielles de la Maçonnerie. Dans le bas,
qui forme un carré, est une division de cent cases ; vingt-six contiennent les hiéro
glyphes; vingt-six autres, les lettres italiques; quatre en hiéroglyphes composés,
quatre en lettres composées, et douze en ponctuations hiéroglyphiques avec les
chiffres, depuis unjusqu'à soixante-dix.
Tel est le contenu du côtégauche de cette pierre.
Les deux niveaux que vous voyez dans le haut du chapiteau vous annoncent que
les connaissances rendent les hommes égaux, et que les talents élèvent l'homme
d'une classe ordinaire au niveau desgrands de la terre.
Maintenant que nous connaissons les caractères, nous allons apprendre à connaître
1 12 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
la face de cette pierre; cette face est un chef-d'œuvre, puisqu'elle renferme dans sa
composition une division de quatre-vingt-une cases qui forment le carré de neuf, où
tous les mots mystérieux se trouvent renfermés, eny ajoutant les seize du chapiteau,
qui contiennent un seul mot sacré composé de trois paroles.
Pour lire ce que contient ce carré, on commence par le t qui est au bas, sur la pre
mière ligne àgauche, ensuite la lettre u, au-dessus de t, dans la première case de la
deuxième ligne, ce qui forme la première syllabe du mot de passe d'apprenti; puis
vous prenez le b de la deuxième case de la première ligne; après, un a dans la pre
mière case de la troisième ligne en montant; vous descendrez en biais jusqu'à la lettre
s, qui forme la deuxième syllabe du mot précité : ainsi du reste des mots que vous
lirez en biaisant de gauche à droite, en descendant jusqu'à la dernière case en haut
età droite, dans laquelle vous trouverez deux lettres, th, en opposition avec la lettre t,
par laquelle vous avez commencé.
Les seize casestriangulaires du chapiteau forment ensemble un grand triangle ou
delta, emblème de la divinité selon les Égyptiens ; c'est dans ces cases qu'est placé le
mot sacré, le tétragrammation, la parole innominale du grand Jéhovah, qui était tou
jourstracée dans un delta. -
Les chérubins quisont placés sur ce chapiteau et qui accompagnent ce triangle,
vous annoncentque tout est divin dans les cérémonies de ce grade; qu'il est l'annonce
de la doctrine des Maçons; ils adorent un Dieu unique et ne le perdentjamais de vue
dans toutes leurs actions.
Maintenant que nous avons épuisé les deuxfaces de cette pierre, nous allons entrer
dans d'autres détails quitiennent aux sciences dont on vous a parlé.
Les anciens initiés aux mystères nous ont transmis la science des calculs; elle con
duit naturellement à la géométrie ; car elle commence par la connaissance des chif
fres, dont la clef nous vient des Égyptiens, elle est tracée dans le côté droit de la pierre
cubique.
Cette clefse compose d'un carréparfait coupé en quatre parties égales par une ligne
perpendiculaire et une horizontale, ensuite par deux autres lignes diagonales, d'angle
en angle, qui divisent ce carré en huit partiestriangulaires. C'est dans ce tracé que
vous trouverez les figures des dix chiffres, depuis 1 jusqu'à 0.
Le 1 est une ligne perpendiculaire.
Le 2 est pris dans un carré et forme un zède, z.
Le 3 se prend par la moitié dugrand carré, duquel vous tirez une ligne jusqu'au
coin, ensuite une autre jusqu'au centre, puis en reculant jusqu'au coin d'en bas, et
une horizontalejusqu'à la ligne perpendiculaire du milieu m.
Le 4 se trace par une perpendiculaireà droite; on prend le milieu de cette ligne,
on en tire une horizontalejusqu'au centre du grand carré, et on remonte par une
diagonalejusqu'à l'angle d'en hautà droite, ce quiforme un 4parfait.
Le 5 se fait par une ligne qui part de l'angle d'en hautà droite, en descendant par
une diagonale jusqu'au centre; ensuite vous tirez une ligne horizontale à droite, jus
qu'à moitié de cette perpendiculaire du côté droit ; après, vous descendez jusqu'au
bas et retournez en arrière jusqu'à la perpendiculaire du milieu.
Le 6 se fait en traçant une ligne diagonale, de l'angle droit d'en hautà l'angle gau
che d'en bas ; de là, une horizontale en bas, jusqu'à celle du milieu, que vous tracez
en remontantjusqu'au point du centre. - -
Le 7se prend depuis la ligne du milieu d'en haut, en traçant une ligne horizontale
LE PANTHEON MAÇONNIQUE. 1 13
jusqu'à l'angle à droite, puis vous descendez une diagonale jusqu'au coin opposé
dugrand carréà gauche en bas,7. --
Le 8se fait en traçant une croix de saint André, c'est-à-dire deux lignes croisées,
fermées parune ligne horizontale en haut et en bas.
Le9 se fait en partant du centre, en remontant la ligne perpendiculaire, puis une
horizontalejusqu'à l'angle à droite, et descendant par une diagonale jusqu'à l'angle
à gauche.
Le 0 est le carré.
Vous voyezque les anciens chiffres étaient tous angulaires; à mesure que les peu
ples se policèrent,ils donnèrent à leurs caractères des formes plus agréables, arron
dirent les lignes de leurs premiers chiffres,quisontceux que nous avons actuellement
et qu'improprement nous nommons chiffres arabes.
La connaissance de lagéométrie conduisit nos ancêtresà l'étude du monde habité,
et bientôt ils surent approfondir ce dédale de l'immensité et percer la voûte azurée.
L'homme se livra à l'étude des mathématiques, science sublime, seulement connue
des initiés dans les mystères du deuxième ordre ; cette science les conduisit à déve
lopperà peuprès l'organisation de toute la nature, en observant le cours du soleil et
celui de la lune, ainsi que l'ordre périodique des saisons.
Le carré du côté droit de la pierre cubique nous représente cet ancien système.
Les quatre cercles sont les quatre régions présumées autour de la terre, on décou
vrit, par le cours du soleil, les quatre points cardinaux : orient, occident, midi et
nord; les quatre carrés servirent d'angles de division pour les saisons, en donnant le
quart de l'année solaire de quatre-vingt-onze jours environ, ce qui procurait pour
l'année entière trois cent soixante-quatre jours, auxquels on ajoutait une ou deux
journées de plusà la fin d'une période déterminée. -
Les mages considérèrent avec attention la nature entière. L'étude les portaà vouloir
en connaître l'essence dans sa composition, l'immensité du fluide aérien rempli de ces
feux qu'ils prirent pour autant de petits soleils,quifurent par la suite nommés étoiles,
la puissance de l'air sur toutes les substances et l'unité d'accord des lois organiques,
ce qui les portaà l'admiration des merveilles de la nature et aiguillonna leur curio
sitépour faire de plusgrandes recherches, et pour parvenir à connaître le principe
vivifiant, enfin l'âme de l'univers ; ils reconnurent, par leur travail, la Divinité seul
principe de la conservation et de l'organisation universelles; ils adorèrent l'Être su
prême dans toutes les productions de la terre, comme étant son ouvrage; ils cachèrent
auxpeuples les vérités qu'ils avaient découvertes, en donnant un sens différent aux
emblèmes qu'ils exposaient aux regards dupublic. -
Ils décomposèrent l'air et la matière; le sel, le soufre et le mercure leurparurent en
être les principes constituants, de cestrois parties ils formèrent un triangle qui de
vint avecplus de raison encore un principe de culte,comme étant l'emblèmedugrand
moteur desêtres animés quifut nommé Dieu; les Hébreux le nommèrent Jéhovah, ou
la véritableâme de la nature : ils placèrent ce triangle au centre de divers cercles et
carrés pour indiquer le principe vivifiant qui étendait ses ramifications sur toutes
choses.
Dans la dernière partie de la pierre cubique, nous nommerons ce triangle le grand
tOut.
Les instruments qui décorent ce chapiteau sont ceux que l'on emploie dans l'étude
des mathématiques.
15
114 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Par suite de plusieurs siècles, l'homme savant fit d'autres découvertesintéressantes,
dont les principales se trouvent indiquées dans la quatrième partie de la pierre cu
bique.
Cette face nous représente ungrand cercle divisé en trois cents degrés,que le soleil
parcourt périodiquement dans les vingt-quatre heures.
Dans ce cercle, vous distingueztrois triangles qui forment vingt-sept cases, dans
lesquelles est tracé l'ordre invariable de tous lesprincipes connus.
Pour bien concevoir ce côté, il faut commencer par le triangle du centre ,
nommé le grand tout, qui nous représente la Divinité, ou l'âme de la nature.
C'est de ce point central que nous admirerons les merveilles qui nous entourent,
et nousverrons l'homme, placésur cevaste univers,admirer avec étonnement l'espace
infini de la voûte azurée, ce quiporta sa curiosité à vouloir étudier la nature dans
toutes sesparties et à reconnaître le mouvement des corps célestes. -
Il décomposa la lumière, ilytrouva trois couleurs principales : le rouge, le jaune
et le bleu ; les couleurs intermédiaires ne sont que des nuances formées par le
mélange de deux couleurs réunies; par exemple, le rouge et le jaune donnent la
couleur orange, jaune et bleu composent le vert, bleu et rouge procurent le violet.
Le blanc n'estpas une couleur, c'est la lumière, comme le noir en est la négation.
Il fit d'autres découvertes qui lui procurèrent la connaissance des trois règnes :
l'animal, le végétal, le minéral. - -
Il crut remarquer que le globe était composé d'une matière appelée terre ,
mélangée d'eau et de sel. - -
Ses recherches s'étendirent davantage, et il découvrit l'infinité de la nature
'dansson renouvellement continuel, et la toute-puissance de la Divinité, dont le soleil
a été longtempsun symbole,par l'influence qu'il a sur la végétation en général; les
premiers peuples lui rendirent des hommages comme à un dieu éternellement
bienfaisant. - - - ---- - --
L'homme, agrandissant le cercle de ses connaissances, voulut mesurer une
superficie. Il s'aperçut de la nécessité de poser lepoint de départ, qui, le menantà un
autre, lui donna la ligne, ce qui procura des angles, et il parvintà avoir exactement
la surface et le cube des différents corps.
Il eut la témérité de vouloir mesurer le temps, et ilparvintà en faire la division ;
il admira la perfection dans certains corps et la difformité dans les autres, et il
conçut l'idée de la proportion ; il vit que la matière était ou tendre ou dure, et
dès lors il se fit une idée de la solidité de l'une et de la faiblesse de l'autre pour la
COnstruction. -
Le besoin de se sustenter porta l'homme à cultiver la terre, et l'agriculture
s'établit. La nécessité de s'abriter des injures dutemps etde se soustraire à la voracité
des animaux féroces l'obligeaà se bâtir des cabanes, et nousprocura, par la suite,
l'architecture, que la vanité perfectionna.
La vue des corps célestes aiguillonna sa curiosité, quile conduisità étudierl'astro
nomie; cette science, mise en pratique par les Mages,qui prédisaient l'arrivée des éclip
ses et des comètes, ajouta beaucoup auxmystères de la religion, et donna naissanceà
la métaphysique. Le vent, lagrêle, le tonnerre, la foudre, le chaud et le froid, portèrent
l'homme à vouloir connaître la substance de l'air, ce qui le conduisit naturellement à
la physique expérimentale, et luiprouva que lefeu existait danstoutes les matières qui
composent le globe.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 115
Pénétré de ces vérités, il étudia la matière en général, il prit les végétaux et les
minéraux, et cherchaà enconnaître lespropriétés, il trouva moyen de les décomposer,
et parvintà la chimie, quiservità établir la médecine,dans laquelle il fallut admettre
l'addition des doses bienfaisantes, et la soustraction de celles qui pouvaient être con
traires. La superstition introduisit le rapport des nombres combinés avec les mélanges,
lequel était censé produire un grand bien. Pour la guérison des maladies, les Mages
pratiquaient la science d'Esculape,et acquéraient parce moyen encoreuneplus grande
vénération de la part du peuple, qui les prenait souvent pour des demi-dieux et leur
rendait des hommages.
Aux quatres coins sont indiqués les arts, dont le principe est puisé dans la nature.
La voix et le son sont nés avec l'homme, ainsi que dans les animaux; le chant des
oiseaux fournità l'homme l'harmonie, que l'on nomma la musique, quifut le premier
des arts ;il devint la base de l'harmonie qu'on mit dans les paroles, et l'éloquence se
fit entendre par lespoëtes, qui l'employèrentà chanter lagloire des dieux et des héros.
L'homme trouva parmi les pierres que la nature avait formées des ressemblances
avec les êtres animés, il en fit ses dieuxpénates, par suite il imita ces objets avec de
la terre et du bois, en cherchantà perfectionner ce que la nature et le hasard avaient
laissé d'imparfait selon son idée, et la sculpture commença à paraître, ce qui conduisit
naturellementàtracer des traits sur la pierre ou sur le boispour en perfectionner les
formes, et par la suite le dessin se forma, ce qui donna l'idée de colorer ces objets avec
des terres différentes mêlées avec du charbon, et lapeinture parut et flatta l'œil : cet
art arriva le dernier et séduisit par son illusion;ilfut, ainsi que les autres arts, porté
à un très-haut degré de perfection.
Les sept planètes qui décorent les chapiteaux vous annoncent l'antiquité des
grandspersonnages quigouvernaient la terre, lesquels furent par la suite placés dans
le cielpar ceux qui les avaient admirés.
Le soleil représente Apollon, le dieu de la lumière, des sciences et des arts; il
indique au moral la première lueur de la lumière céleste.
La lune représente la déesse Diane, sœur d'Apollon ; elle était la lumière noc
turne et ténébreuse de l'intelligence, ou lumière du deuxième ordre.
Mars, dieu de la guerre et des combats,présidait aux batailles.
- Mercure est l'interprète de la lumière divine, son caducée, celui de l'éloquence et
de la vérité.
Jupiter, le maître des dieux, emblème de l'intelligence et de la puissance divine ;
il semble nous annoncer qu'il a été l'unr desplus grands gouvernants de la terre
Vénus, la déesse du charme, mère de l'amour qui conduit à la fécondité.
Saturne, le dieu du temps, qui se détruit et se renouvelle chaque jour; les anciens
nous le représentaient dévorant ses enfants (les jours qui fuient derrière nous).
Les attributs qui ornent le chapiteau vous annoncent les sacrifices et les oblations
qui se pratiquaient dans les cultes de l'antiquité, et desquels nous conservons encore
quelques usages. -
Au-dessus du carré, sont tracés deux demi-cercles, dans lesquels sont indiqués
deux principes, la divinité et la nature; pour le véritable Maçon, l'une et l'autre sont
synonymes; tout dans la nature étant soumisà une organisation età une marche pério
dique, nous annonce qu'il doit y avoir un grand moteur, qui attire à lui notre vénéra
tion et nous oblige àpenserque rien ne peut être au-dessus de lui. L'étoile flamboyante
en est un symbole, il est indiqué dans les trois premiersgrades, il se trouve tracé sur
116 LE pANTHÉON MAÇONN1QUE.
cette pierre,dont le sommet nous annonce le ciel, séjour éternel de la divine Provi
dence, adorée par les Maçons sous le titre de Sublime Architecte des mondes (1).
Veuillez, mon F. .., venir à l'autel, placez votre main droite sur le livre sacré de la
loi, pour réitérer vos précédentes obligations.
Le candidat place la main droite sur le livre de la loi, et dit (tous les FF.'. sont debout
et à l'ordre):
Semeat.
Je jure, sur le livre sacré de la loi, en présence du G... Arch. .. des mondes et de
cette respectable assemblée, soumission à mes précédentes obligations, et de garder
dans mon cœur les secrets du deuxième degréde l'ordre quivont m'être confiés, de ne
jamais les écrire, ni faire aucun caractère qui puisse les divulguer; je consens, sije
deviens parjure à mon serment,à avoir le cœur arraché, et que ma mémoire soit en
exécration à toute la nature. -
Que leTout-Puissant me soit en aide.
Le Vénérable appuie son glaive sur la tête du candidat, et dit :
A la gloire duSublime Arch. .. des mondes, et en vertu despouvoirs suprêmes dont
je suis revêtu, je vous crée et constitue compagnon, deuxième degré de notre ordre
antique et vénéré.
Il frappe cinq coups de maillet sur son glaive et lui donne les signes,paroles et attouche
ment, et lui dit :
Allez maintenant vous faire reconnaître par le F. .. expert.
Ie maître des cérémonies le conduit à l'occident pour rendre les signes,paroles et attou
chement; après qu'ils ont été rendus, le F. .. expert dit au F.'. deuxième surveillant.
F. .. deuxième surveillant, les signes, paroles et attouchement ont été fidèlement
rendus par le F... nouvel initié.
Le deuxième surveillant, répétant successivement l'annonce, alors le Vénérable frappe cinq
coups de maillet, suivant la batterie, qui sont répétés par les deux surveillants, et dit (tous
les FF... sont debout et àl'ordre, et le nouvel initié est placé entre les deux colonnes) :
" Proclamation.
A la gloire du Sublime Arch. .. des mondes, je proclame, dès à présent et pour
toujours, le F.. . .. .. ., compagnon au deuxième degré de l'ordre maçonnique, et
vous invite tous, mes FF.., à le reconnaître en la susdite qualité, età luiprêter aide
et protection au besoin.
A moi, mes FF.*.
Il fait le signe et la batterie d'usage, ettous les FF.*. l'imitent.
Le Vén. .. lui donne le baiser de paix en lui disant :
Recevez, mon F. ., le gage de l'alliance éternelle qui nous unit.
Le nouveau compagnon remercie, et le maître des cérémonies le conduit à la tête de la
colonne du midi, à l'angle de l'orient.
(1) Voir la Pierre cubique,par le F... Chereau.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 1 17
Le Vén..,dit : -
En place, mesT. ·.-Ch. .. FF. ., etveuillezprêter toute votre attention.
Puis, s'adressant à l'orateur, il lui dit :
T.'.-Ch. .. F. .. orateur,vous avez la parole.
L'orateur à l'initié :
Mon F. ., lorsque du sein d'épaisses ténèbresvous fîtes lespremierspas pour entrer
dans la carrière maçonnique et que vous eûtes monté le premier degré, qui se nomme
tzédaka (justice, bienfaisance), vous vous trouvâtes dans le sanctuaire des sciences,
des vertus et de la vérité.
Bientôt l'étude, l'application vous donneront le moyen de bien comprendre lespre
miers principes de nos travaux, et en les méditant ils vous mettront sur la route qui
doit vous conduire au point parfait du triangle.
La Maçonnerie se prête auxétudes les plus profondes et les plus variées ; mais tous
ces systèmes ne sont que les accessoires dugrand objet qui l'a toujours dominée : cet
objet n'estpas simplement la morale, qui ne procèdeguère que par de froides démons
trations, c'est la philosophie s'élevant jusqu'au premier être, échauffant les cœurs du
feu sacré de la charité, de l'amour du beau, et faisant son étude de l'homme et de la
nature; elle frappe dans tous les grades les esprits les moins attentifs, elle en est le
principe et le but; c'est l'âme attachée au corps et qui est la condition nécessaire de
son existence, qui a conservé l'initiation depuis des milliers d'années au milieu de
tant de ruines.
Le temps est arrivé où il est utile de faire connaître la Maçon. ..«Quevotre lumière
luise devant les hommes,a dit l'Évangile : on n'allume point une lampe pour la mettre
sous le boisseau. » Est-ce que l'esprit humain est moins avancé aujourd'hui qu'ily
a près de deux mille ans?
Jetéfaible et nuà la surfacedu globe, l'homme paraissait créépour une destruction
inévitable; les mauxl'assaillaient de toutesparts, les remèdes lui restaient cachés; mais
le Sublime Architecte des mondes lui avait donné le génie pour les découvrir : lespre
miers sauvages cueillirent dans les forêts quelques fruits nourriciers, et subvinrent
ainsià leurs premiers besoins; les premiers pâtres s'aperçurent que les astres suivent
une marche réglée, et s'en servirent pour diriger leur course à travers les plaines du
désert : telle fut l'origine des sciences physiques.
Une fois assuré qu'il pouvait combattre la nature par elle-même, le génie ne se
reposa plus, il l'épia sans relâche, il fit sur elle de nouvelles conquêtes, toutes mar
quées par l'amélioration dans l'état des peuples. -
Se succédant dès lors sans interruption, des esprits méditatifs, dépositaires fidèles
des doctrines acquises, constamment occupés de les lier, de les vérifier les unespar
les autres, nous ont conduits en moins de quarante siècles despremiers essais de ces
observations agrestes auxprofonds calculs des Newton et des Laplace, aux énuméra
tions savantes des Linnée et des Jussieu.Ce précieux héritage, toujours accru,porté
de la Chaldée en Égypte, de l'Égypte dans la Grèce, caché pendant des siècles de
malheurs et de ténèbres, recouvréà des époques plus heureuses,inégalement répandu
parmi les peuples de l'Europe, a été suivipartout; les nations qui l'ont accueilli sont
devenues maîtresses du monde, celles qui l'ont négligé sont tombées dans la faiblesse
et l'obscurité; c'est un enseignement pour nous tous, Maçons, dont nous devons
profiter. -
Les emblèmes qui se sont présentés à vos regards vous ont fait comprendre que le
118 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
véritable Maçon doit être pénétré d'admiration pour les œuvres duSublime Architecte
des mondes et pour les sages qui ont conçu l'idée de créer un langage qui devait être
entenducheztous les peuplespar des hommes éclairés et vertueux.
Tout ce que vous avezpu observer dans le temple est symbolique, le moindre geste
renferme divers sens et préceptes quitendentà la science de notre sublime institution ;
ces instruments que vous voyez dans le monde profane vous offrent des leçons qu'avec
de l'intelligence et des observations on parvient à la civilisation et au bonheur du
genre humain.
C'est dans notre sublime institution que l'homme trouve successivement la connais
sance desvrais devoirs et cette parfaite égalité qui unit tous les enfants de la lumière,
ilytrouve la satisfaction du cœur et l'exemple de la subordination sans laquelle dans
l'univers rien ne peut agir avec précision. --
Cegrade nepeut être conféré, d'après les lois de l'initiation, qu'après cinq années
d'épreuves rudes et continuelles; cependant on peut abréger cette durée de temps en
faveur d'un apprenti qui, comme vous, mon F. ., fait preuve de zèle, de raison et de
philanthropie.
Dans le premier degré vous restâtes dans la région du nord,emblème des ténèbres
d'où l'on vous sortait,votre main tremblante ne frappait sur la pierre brute, symbole
primitif de l'homme, que des coups faibles et mal assurés, l'habitude de l'erreur en
entretenait la timidité.
Pratiquez lavertu et fuyez le vice, non dans l'attente d'une récompense ou dans la
crainte d'une punition,mais pour être toujours satisfait de vous-même. -
Aimez vos semblables et ne cherchez votre propre intérêt que dans le bien-être .
commun detous.
Dieu a créé l'homme pour qu'il se forme à la bonté, et s'il développe le germe du
beau et du bon que le Créateur a mis en lui,il paryiendra à toute la perfection dont
sa nature morale est susceptible.
Votre mission est d'instruire les app... et de ranimer leur ardeur si elle se refroi
dissait, de les rappeler à l'esprit de paix, de concorde et de fraternité, s'ils s'en é ar
taient. -
Purifiez votre âme, et votre travail sera utile à la construction de l'édifice que nous
élevons à lagloire du Sub. .. Arch. .. des mondes.
Le niveauà la main,venez en assurer la base, et bientôt,passant de la pratiqueà
lathéorie, vous serez capable de porter vostravauxàunplus haut degré deperfection.
Des ornements nouveauxse présentent à vos yeux, vous offrent sous leur emblème
des leçons plus belles que celles qui vous furent données dans l'apprentissage; la pierre
cubique à pointe a remplacé la pierre brute; elle figure cette crainte qu'éprouve l'homme
de tomber dans le vice, ettient sans cesse sa prévoyance éveillée. L'union la pluspar
faite lui représente le pavé mosaïque formé de plusieurs couleurs et grandeurs diffé
rentes, la houppe dentelée, cette chaîne symbolique,si forte, composée d'anneauxtrian
gulaires quicirconvallent les Maçons répandus sur les deux hémisphères.
Notre temple est l'emblèmede la sagesse; nos travauxtendentà sa perfection.
Le soleil rappelleà notre admiration la magnificence des cieux : il est le signe de la
véritable lumière qui doit éclairer nos esprits et du feu sacré qui doit échauffer nos
âmes.
La lune, qui n'a qu'une lumière d'emprunt,pâle et incertaine, nous avertit de profi
ter des lumières que d'autres nous communiquent, mais de les recevoir avec discerne
LE PANTÈÉoN MAçoNNIQUE. 119
ment et de ne les adopter qu'autant qu'elles sont conformes à la saine philosophie età
la morale pure dont la Maçonnerie est le foyer. -
La planche à tracer indique à tous les Maç.. qu'ils ne doivent rien entreprendre
sans y réfléchir avec maturité, afin de n'entreprendre rien que de bon et d'utile; enfin
le Franc-Maçon doit être pour ses FF... et même pour les profanes un tracé digne de
leur servir de modèle, et quine leur offre que de bons exemplesà suivre.
La saine doctrine de la Maçonnerie est représentée symboliquementpar l'étoile flam
boyante; le triangle lumineuxest le nom ineffable duSublime Architecte des mondes,
source de toute vérité, foyer d'intelligence et moteur de toutes choses.
Travaillons, mon F. ., travaillons sans cesse. Il ne suffit pas d'être Maçon, il faut en
acquérir les connaissances et ne pas oublier que ce titre est réservé pour l'homme de
bien : il renferme celui de bon père, de bon fils et de bon époux; travaillons donc, et
n'oublions pas que la nature est notre nourrice, mais l'humanité est notre véritable
mère, elle est la mère de tous les mortels, laprovidence visible de tous les enfants des
hommes, cette voix céleste nous crie d'un bout de l'universà l'autre : Hommes,vous
n'avez qu'un seulet même père, vous êtes tous FF.., et vous avez tous un cœur pour
vous aimer, aimez-vous donc, et soyezheureux!.. -
Conférennee.
Le Vén. .. frappe un coup de maillet, qui est répété par les FF. .. premier et deuxième
surveillants, puis il dit :
'. F. .. premier surveillant,possédez-vous le deuxième degré de l'ordre ?
·. Oui, Vénérable.
". Quel est votre nom maçonnique?
·. Mysthe.
*. Que signifie ce nom?
. Voilé; parce que,pendant toute la durée de ma réception, un voile embléma
tique enveloppait ma tête.
D.'. Que signifie ce voile?
R.'. L'état d'ignorance oùje me trouvais encore, même après avoir franchi le pre
mier degré de l'initiation.
D. .. Où avez-vous été reçu ?
R.'. Dans le temple de la sagesse.
D.'. Commentyavez-vous pénétré?
R.'. On me mit un maillet à la main, symbole de la force soumise à l'intelligence,
et l'on fit frappertrois coups d'apprentià la porte du temple.
D.'. Que vous demanda-t-on?
R.'. Quifrappe en apprenti?
D. .. Quelle fut votre réponse ?
R. .. C'est un néophyte (apprenti) appartenantà la respect. .. Loge de.. .. . .., qui
demande l'initiation du deuxième degré.-Alors on me fit entrer.
D.'. Que fîtes-vous quandvous fûtes entré?
R.'. LeVénérable m'adressa plusieurs questions,etme ditensuite : Les réponses que
vous avezfaites sont satisfaisantes, et vous êtes admisà franchir le deuxième degré de
l'initiation.
120 LE PANTHÉoN MAÇONNIQUE.-
* " , . -
-
D. .. Que fit-on ensuite?
R. .. Le grand expert procéda alors à me faire accomplir les cinq voyages symbo
liques. .. , , , , -- . : c : . :: ; : - x : n
D. .. Commentfurent faits ces voyages?
R. .. Je fis mon premier voyage le maillet à la main ; arrivé devant l'autel, on me fit
incliner devant le triangle lumineux.
Ce voyage représente le temps qu'un néophyte doit employer à l'étude de la cause
première. - , : , - ,
Je fis le deuxième voyage tenant en main le compas, emblème de précision ; on me
fit prosterner deux fois devant le triangle lumineux.
J'ai accompli le troisième voyage portant un levier appuyé sur l'épaule droite, ce
levier est l'emblème de la puissance que l'homme emprunte auxformules de la science ;
arrivé devant le triangle lumineux, on me fit incliner par trois fois. , , , .. (l
Je fis le quatrième voyage en tenant en main l'équerre et le niveau ; 1'équerre, em
blème de justice, et le niveau, emblème de l'égalité, qui doit avoir pour compagne
inséparable la bonté; on me fit prosterner par quatre fois devant le triangle lumineux.
Je fis mon cinquième et dernier voyage avec la perpendiculaire, qui représente la
stabilité de l'ordre, etje ne prosternai cinq fois devant le triangle lumineux \ .. ,l
D.·. Que fit-on de vous après ces voyages ? - , , , , * l
R. .. On me fit prêter le serment du degré. - -
D. .. Comment le prêtâtes-vous ? | : - , , - l -
R. .. J'étais debout, la main droite sur le livre sacré de la loi, et après la prestation
- -- . : -- - -
du serment, le Vénérable me proclama, deuxième degré Comp... " * " * " "
D. .. Mettez-vousà l'ordre. -, , , , -
R.'. (Il s'y met.) : « , , , , . -
D. .. Comment nommez-vous cet ordre? - - . :
R. .. Pectoral. - , l ' .
La suite des Conférences au prochain numéro
1. ÉT. MancoNis.
--- * - * - _ -
- ,
-----(----
NoTA. La Resp.·. Loge de Saint-Jean, sous le titre distinctifde la Rose écossaise,séantà l'Or. ..
de Paris, s'est Frat.'. réunie pour offrir à son digne Vénérable un riche maillet d'honneur,
symbole de la force soumise à l'intelligence. - --
Le fauteuil de la présidence était occupé par le premier Surv. .; après l'ouverture des tra
vaux, le vénérable F. .. BLoND pénétra dans le temple, environné des suprêmes honneurs dus à
son éminente qualité; arrivé au pied de l'autel, le président lui dit : «Organe des sentiments
de gratitude de cette Resp.'. Loge,je vousprie d'agréer l'hommage de ce maillet, gage sacré
de notre sincère dévouement; recevez-le aussi comme étant l'expression des vœux que nous
formons de vous voir toujours présider nostravaux avec cette franchise qui vous caractérisé,
avec cet amour de la charité quivous est si familier; jouissez donc de notre bonheur comne
un père qui, après de nombreuxtravaux, jouit de se voir entouré de sa famille henreuse,
attendrie et reconnaissante. » . .
Cette allocution d'amitié se termine par l'accolade fraternelle et une triple batterie de
rejouissance.
Le Vénérable,vivement impressionué par cette touchante cérémonie, remercie son Atel.'.
par des paroles empreintes de la plus fraternelle sympathie et par la batterie, laquelle, par
respect, n'a pas étécouverte.
loire aux membres de cette respectable Loge Maç.'.
l'aris.- Imprimerie de H.S. Dondey-Dupré, rue Saint-Louis, 46, au Marais,
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 121
DEUXIÈME DEGRÉ DE L'ORDRE MAÇONN1QUE
CONFÉRENCES
(sUITE ET FIN.)
D. .. Que signifie cet ordre ?
R. .. Qu'un cœurvertueux est comme un vase rempli d'une liqueur précieuse; il
fauttoujours le tenir droit et tournévers le ciel, car la vertu s'écoule dès que le cœur
incline vers la terre. -
D. .. Donnez l'attouchement au F. .. expert.
R.'. Il le donne, et le F. .. expert dit :Vénérable,il est exact.
D.°. Que signifie cet attouchement?
R. .. Les trois premiers coups symbolisent trois mots indispensablesaux Maçons : la
foi, l'espérance et la charité, et les deux autres, que tout Maçon doit secourir ses
FF. ., fussent-ils aux extrémités du monde. - -
D.'. Donnez-moi le mot de passe.
R.*. Il le donne.
D.". Que signifie ce mot?
R. .. Épi, fruit de sagesse, nom de la constellation quipréside aux moissons.
D. .. Donnez-moi la parole sacrée.
R.'. Donnez-moi la première lettre,Vén.'.,je vous donnerai la seconde.
Le Vén. .. et le premier surveillant épellent tour àtour la parole sacrée.
D.'. Que signifie ce mot? -
R. .. Ce mot, dont J.-. est l'initiale, signifie proprement préparation du Seigneur ;
c'est la sagesse de l'homme quiprend ses inspirations dans le sentiment religieux.
Celuiqui se rapporte au B. .. veut dire enforce; c'est laferme persévérance dans le bien.
Outre son sensgrammatical, B.'. est historiquenent un symbole de la bonté,de cette
bienfaisance délicate quiépargne l'humiliation à lapersonne qu'elle oblige.
D. .. Qu'avez-vous aperçu dans le temple?
R. .. Le triangle lumineux et deuxgrandes colonnes.
D.°.Que signifie le triangle?
R. .. Le triangle ou delta figure la force productive de la nature, il offre le type de
la perfection,il nous rappelle deuxgrandesvérités et deuxidées sublimes.
- Nousvoyonsau centre la lettre G."., source de toute lumière, de toute connaissance
comme de toute science; sous son emblème véritable, le triangle est l'allégorie des
trois vérités fondamentales des premiers mystères rappelant les effets successifs et
éternels de la nature,à savoir que tout estformépar lagénération qui anime toutes les
œuvres, et que la régénération rétablit sous d'autresformes les effets de la destruction.
« D.°. Et les deux colonnes?
R. .. Les deux colonnes placéesà l'entrée du temple symbolisent la justice et la bonté.
Lajustice et la bonté sont les bases de tout système moral : par la justice on ne fait
16
122 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
de tortà personne, c'est le devoir rigoureux; la bontéva plus loin, elle s'élèvejusqu'à
la vertu, en faisant aux autrestout le bien que l'on peut.
D. .. Pourquoi les colonnes sont-elles ornées de feuilles d'acanthe, de roses, de lis
et de branches d'acacia ?
R.·. Les feuilles d'acanthe, les roses, les lis et les branches d'acacia sontune allu
sionà l'agrément et aux fruits que nous procurent les sciences, les arts, la recherche
de la vérité, et tout ce qui se fait de bon dans notre sublimeinstitution.
D. .. Quels sont les ornements de la Resp. *. Loge?
R.·. Le pavé mosaïque, la houppe dentelée, l'étoile flamboyante et la sphère.
D.·. Que signifient ces ornements?
R. .. Le pavé mosaïque,formé de différentes pierresjointes ensemblepar le ciment,
a pour signification l'union étroite qui doit régner entre les Francs-Maçons, liés entre
eux par la sagesse et la vérité.
La houppe dentelée est l'emblème de l'ornement extérieur d'une Loge embellie par
les mœurs des FF.·. qui la composent.
La sphère indique que c'est par l'étude de la nature et par la contemplation des
merveilles de la puissance divine qu'on peut parvenirà la connaissance de la vérité
L'étoile flamboyante est le signe dominant du deuxième degré de la Maçonnerie.
Une étoile est souventpour le voyageurun guide qui l'empêche de s'égarer dans les
ténèbres, mais dans nos temples elle est l'emblème dugénie quiélève auxgrandes cho
ses, le symbole de ce feu sacré dont nous avons étédoués par leSublimeArchitecte des
mondes,età la lumière duquel nous devons discerner et pratiquer lajustice et l'équité.
L'étoile flamboyante était l'un des derniers mystères offertsà la méditation des initiés
d'Égypte, elle était considérée comme étant la source de toute lumière; les sages
d'Héliopolis l'ont appeléeSothis(le nom de cette étoile se compose decacab, c'est-à-dire
stella, et de leb,flamme, ce quialors signifie étoile flamboyante); les hiérophantes avaient
une telle vénération pour l'étoile deSirius, qu'ils placèrent le commencementdel'année
normale à son lever, le 21 mars, à onze heures;à cette époque la terre se régénère.
D. .. Comment voyagent les compagnons?
R. .. De l'Occident auMidi,du Midi au Nord etdu Nordà l'Occident.-Cette marche
signifie qu'un véritable Maçon doitvoler au secours de ses FF.'., fussent-ils aux extré
mités de la terre.
D. .. Pourquoi une Loge n'est-elle juste et parfaite qu'autant qu'elle renferme le
nombre sept? -
R. .. C'est que le nombre septénaire est celui de l'harmonie, et que l'harmonie naît
de lajustice. i .
D. .. Quelâge avez-vous?
R. .. Cinq ans.
D. .. Pourquoi cinq ans ? - - - - - - -
R. .. Cinq ans indiquent l'âge du compagnon; l'homme est doué de cinq sens : la
vue,pourvoir le signe; l'ouïe,pour entendre la parole ; le toucher, pour apprécier la
batterie; le goût, pour discerner la coupe emblématique; l'odorat, pour l'exercer sur
les parfums symboliques.
Cinq FF. .. composent une Loge: le Vénérable, le premier et le deuxième Surv-'-»
l'Or.*. et le secrétaire.
L'initié monte les cinq marches allégoriques appelées prudence, justice, amour de
Dieu, amour du prochain, intelligence.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE, 123
D. - Quel est l'enseignement du deuxième degrécompagnon?
R.". On lui enseigne la logique naturelle, c'est-à-dire l'art de diriger son âme, son
cœur et son esprit selon la raison; elle lui apprend à connaître,à dévelppper, àper
fectionner ses facultés physiques, morales et intellectuelles; c'est elle qui veille à l'in
struction du corps,de l'âme,du cœur et de l'esprit : elle est leguide des sens intérieurs
et spirituels et des sens extérieurs et physiques. Elle exerce : -
1° La Vue, en la fixant sur les objets qui sont dans la nature et sur les rapports
visibles de ces mêmes objets; -
2° L'ouïe, en donnant son attention à l'harmonie ouà la discordance des sens que .
l'homme doit connaître et qu'ilpeut produire ;
3° L'odorat, en l'exerçant sur les odeurs naturelles quiproduisent des exhalaisons
agréables ou désagréables;
4° Le goût, en goûtant ou s'abstenant des aliments qui peuvent conserver ou nuire
à la santé; . --
5° Le toucher, en exerçant son tact naturelà la connaissance de ce qui porte le ca
ractère de la pureté.Elle exerce le sens humain,par la sympathie ou par l'activité du
sentiment profond de l'humanité; le sens moral, par l'amour du bon et de l'honnête,
et par la connaissance des rapports qui existent entre les bonnes actions, les habitudes
vertueuses et les bonnes mœurs; le sens intellectuel, par l'amourduvrai et du juste,
et par la connaissance des rapports qui constituent la réalitédes choses auxquelles on
applique son esprit; le sens esthétique, par l'amour du beau et du sublime, et par la
connaissance des qualités qui constituent la beauté des objets ou des êtres; enfin, le
sens religieux, par l'amour et la reconnaissance intime des rapports quiexistent entre
le Créateur et les créatures,
Nos sens intérieurs et extérieurs sont les sources intarissables de toutes nos con
naissances : c'estpar l'exercice de n0s sens physiques que nous acquérons la connais
sance des objets visibles et dont les formes sont données dans la nature, et c'estpar
l'activité de nos sens spinituels que nous pouvons acquérir la connaissance de toutes
les vérités innées ouintuitives, réelles ou abstraites,physiques ou métaphysiques.
D. .. Que signifie le maillet? . - -
R.. Le maillet est le symbole de la puissance soumise à l'intelligence; il nousin
dique les efforts que nous devons faire continuellement pour nous perfectionner.
D. .. Donnez-moi la batterie. .. , ----- ----- -
R. .. Il la donne auF. .. expert, lequel répond : Vén.'., elle est parfaite. - --
D.*. Qu'est-ce que l'esprit de l'homme? - :
R. .. L'esprit de l'homme est une émanation de la souveraine intelligence : c'est
l'être qui pense en nous, qui conçoit la raison des choses et les rapports des êtres; lui
seul est capable de connaissance. -
Il est difficile de définir l'âme humaine autrement que par ces mots : Un être pen
sant, intelligent et raisonnable; or l'esprit tient essentiellement de la nature de
l'âme. - _ - --
La nature de l'esprit est donc essentiellement intelligente, comme la nature de
l'âme est raisonnable et pensante, ouplutôt ces deux natures n'en font qu'une seule,
qui est la nature intérieure et divine. - -
L'esprit de l'homme peut connaître les rapports qui existent entre Dieu et la nature,
entre les êtres et les choses, et cette connaissance est le premierpas vers la perfec
tion de son intelligence.
124 LE PANTHÉON MACONNIQUE.
L'esprit doit partird'une idée simple, fondée sur la réalité, pour arriver à une idée
spirituelle ou métaphysique. -
L'entendement doit aller du connuà l'inconnu, ou de ce qu'il voità ce qu'il ne voit
pas, et ne pas faire un seul pas qu'il ne sache où il est, d'où il vient, où il va,
et comment il doit rétrograder ou avancer. - - - - ----
De même que le corps de l'homme a unevue extérieure, l'esprit a une vue inté
rieure qui lui sert à reconnaître la réalité et les rapports des choses, c'est ce
qu'on appelle l'intuition. -- --- - - - 1
L'intuition est cette vue intérieure, claire et distincte de l'esprit, qui est l'organe
par lequel il acquiert la connaissance de la vérité; par elle l'âme sent la vérité,
l'esprit la voit et la- reconnaît dans les rapports des êtres intelligents avec tout
ce qui existe dans la nature.
On peut appeler l'intuition la connaissance intime des êtres et des choses, depuis
l'Être suprême jusqu'au petit atome. C'est la seule faculté par laquelle l'homme
reconnaît tout ce qui est en lui, autour de lui et au-dessus de lui.
Et quand nous disons : L'homme a une connaissance intuitive de la Divinité, nous
reconnaissons que le principe de cette connaissance est dans sa nature intérieure,
dans son âme, dans son esprit, et que sans sortir de lui-même, il peut connaître
toutes les vérités réelles et spirituelles,physiques et morales. -
D. .. Y a-t-iltoujours eu dans l'univers quelque chose de fixé et de réglé? -
R. .. Oui, Dieu étant Dieu vivant,il lui fallait une base pour être, pour vivre, pour
agir; cette vie, cette action, quelles qu'elles fussent, devaient avoir un effet, un ré
sultat; où estpasséun être intelligent, on trouve nécessairement des traces de sonin
telligence, mais aussi, puisque partout l'intelligence est créatrice,puisqu'ily a crois
sance en toute création, oupuisque la création est une organisation incessante de la
matière, tout ce qui est œuvre aujourd'hui ne l'était pas autrefois, comme tout ce qui
l'était autrefois ne l'est pas aujourd'hui, car nulle fraction de la masse, rien de ce qui
est formes ou édifices, quelque immenses et admirables qu'ils soient, les astres, les
soleils, rien enfin de ce qui compose les éléments ou de ce qui sort de la main de
l'Être, n'est impérissable et n'a été constituépour l'éternité, ainsi l'a voulu le Sublime
Architecte des mondes, qui est le père de la croissance et de la progression : tout
globe a commencé, tout globe doit finir, l'Être suprême seul est éternel. .
Si nous ne touchons la question que localement et dans une division de l'espace,
dans la région qu'embrassent nos sens, là, dans l'origine des choses,à la place de ces
astres qui nous entourent, qui nous éclairent, avant qu'ils fussent, il est probable
que la matière n'était pas compacte, qu'il n'y avait qu'un mélange ou qu'un seul
élément composé de quatre autres ; mais, successivement, les globes se sont formés
par laforce vitale et créatrice de l'esprit, qui a désigné les points où s'est ensuite con
centrée la matière, 1 -- : , , , ) * v * , * : « 1 * , . , , , , , ,
S'ily a eu une première notion ou unpremier-né parmi les êtres, ily a sans doute
euun premier globe, et cette multitude de soleils qui roulent sur nos têtes ont eu
aussi leurs aînés.
D.·. La matière a-t-elle un terme? - -
- . , - a - t - i » -- ,- t * - - --
R.'. Oui, dans son poids et son volume, qui n'augmentent ni ne diminuent; non
dans son étendue,qui ne doit pasplus être bornée que l'immensité où elle peut se di
later à l'infini. . - , , , , , , , , , , , , , , " | -
D.'. La matière est donc partout, dans l'espace ? ' - ' -
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. , 125
R.'. Le vide n'existe pas plus que le néant, ou s'il existe, ce n'est que partielle
ment et pour un temps. " - ' - , , , , --
D. '. L'esprit trouve donc en tout lieu la matière propre à s'organiser, à s'indivi
dualiser, à former une œuvre ? --- - - , ' l * -
R.·. Oui, la faculté comme la volonté de l'esprit étant incessante, chaque instant
voit naître ainside nouveauxglobes; si l'éternité est là pour les produire, l'immensité
y est aussi pour les contenir. - l - ' , | | : . . ' _ - , ,
A mesure que l'organisation s'opère, que les mondes se posent et se dessinent en
se concentrant, les matières confondues se séparent, les plus légères surnagent, les
plus lourdes en deviennent la base ou le centre, et de ce fluide composé d'air, d'eau,
de feu et de terre dilatée à l'excès, sortent les quatre éléments distincts. l ' »
Le premier quisurgit dut être le feu, et peut-être est-ce de cette première sépara
tion que provinrent les autres ; alors l'air, l'eau, la masse solide ne seraient ce qu'ils
sont aujourd'hui, c'est-à-dire ne se seraient constitués éléments que par l'application
de la chaleur et du refroidissement. -
Le premier rayon de chaleur ou peut-être la première étincelle électrique, péné
trant la masse qui remplit l'espace, y a amené le mouvement et aussi la confusion,
car,à ce contact brûlant, la masse a dûfermenter, bouillir,tomber en dissolution.
Des astres peuvent aussi se partager, éclater, faire explosion comme la meule en
tournant, ou se dilater en essence impalpable; ily aurait donc des globes qui ne se
raient que les parties d'un astre plus considérable, brisé oupulvérisé, car, je le ré
pète, rien de ce qui est composéde matière n'est éternel dans la forme.
Cesfragments, ces agglomérations, glacés ou brûlants, arrondis par le mouvement
de rotation, refroidispar l'immobilité ou réchauffés par le choc, sont devenus à la
longue propres à servir de base à la vie, c'est-à-direà permettre à l'âme età l'essence
vitale de s'y constituer une forme et des organes aptesà agir sur cette même matière.
Le refroidissement d'un astre quiperd la chaleur qui lui est propre, ou son calo
rique interne, est quelquefois arrêté par le voisinage d'un autre dont l'embrasement
commence, car desglobes se constituent et s'enflamment à mesure qu'il en est qui
s'éteignent dans leur ensemble ou dans leursparties; le feu ne peut pasplus s'anéantir
que les éléments, seulement,il change de forme, de place, d'action ou d'aliment. .
La chaleur et la lumière ne paraissent pas une même chose, mais le feu du soleil
est identique avec celui de la terre ; la combustion que nous pouvons produire au
moyen de l'étincelle tirée du silex est absolument semblable à celle qu'apporte un
verre qui concentre les rayons. 1 .. , ' ! - , , , . : "
D. .. Que venez-vousfaire ici? . * « - 1 - , « - i ' . ' , -
- R. Travailler, obéir et faire de nouveauxprogrès dans l'étude de la cause première,
dontl'existence est révélée dans la magnifique architecture de l'univers. " * ' . '
Après les conférences, le Vénérable fait circuler le sac des propositions, le tronc de bien
faisance, et ordonne au F.. secrétaire de donner lecture de l'esquisse des travaux dujour,
puis ensuite il procède à la suspension des travaux. . , , , , ,
- i * , - .
* , 1 , 11 9 -- , * ni r |
Suspension des travaux.1 T - -, r * , * , , : ,n , : - r n * -- | -- 1 .. : -
- t - i 1 , ... : 1 : i : -- , i ' , - e ; l * : 1 , 1 ' - -
Le Vén.'. frappe un coup de maillet, et dit : - i .. | | : .
Debout età l'ordre,TT.'. Ch. .. FF.,pour la suspension des travaux.a l ,
426 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
D. .. F. .. premier surveillant, quelle est la durée des travaux de compagnon
deuxième degré?
R.·. Depuis midijusqu'à minuit,Vénérable.
D.·. F. .. deuxième surveillant, quelle heure est-il?
R.'. Il est l'heure de suspendre nos travaux, les ombres de la nuit s'étendent sur la
nature entière.
Le Vénérable dit :
Puisque l'heure du repos est arrivée,joignez-vousà moi, mes FF. .
Le Vénérable descend de l'autel pour la prière, à laquelle il procède de la même manière
qu'à l'ouverture.
- -
*riere,
Dieu tout-puissant, Dieu de l'immensité, qui d'une parole as tiré le monde du
néant, et dont le regard donne la vie à tout ce qui respire, nous te remercions des
faveurs que tu as daigné répandre sur nous dans cette journée; à toi nous rapportons
la gloire de tout ce que nous avons pu faire de bien; continueà étendre sur nous ta
main protectrice età nous diriger sans cesse vers le bien, dont la perfection réside
en toi. --
Le Vénérable remonte à l'autel, il frappe cinq coups selon la batterie du deuxième degré,
qui sont répétéspar les deux surveillants, et dit :
A la gloire du Sublime Architecte des mondes, les travaux du deuxième degré
(compagnon) sont suspendus. - -
Retirons-nous en paix, mes FF.',etjurons sur le livre sacréde la loi que le silence
le plus inviolable protégeraàjamais nos mystères sacrés.
Tous les FF.". disent, en levant la main :
Nous le jurons. -
Le Vénérable frappe cinq coups suivant la batterie, qui sont répétés par les surveillants,
et dit :
A moi, mes FF.'.
Puis les signes, batterie et acclamations du degré.
-
- - ---- -- - l -- : --
- TRAVAUX COMPLETS
DU-- -
-- --, -- - -
GRADE DEMAITRETRoIsIÈME DEGRÉ
Préiiminaires.
Dans les anciens mystères, l'initiation était le symbole de l'immortalité de l'âme;
les difficultés, les dangers, les privations, les ténèbres, des lieux remplis d'horreur et
d'effroi, étaient I'image de la vie terrestre.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 12T
La pompe, l'éclat, les chants de musique, des spectacles enchanteurs,un séjour
délicieux, qui succédaient aux épreuves, étaient l'image de la seconde existence aussi ;
mourir et être initié s'exprimaient par des termes semblables; c'était mourir allégori
quement à la vie profane pour en commencer une plus pure et pratiquer toutes les
VertuS.
Rien dans ce vaste univers ne garde éternellement sa forme, mais le grand tout se
perpétue par l'anéantissement apparent et par la régénération.
La mort nous apprend à estimerà leurjuste valeur les vanités de la vie humaine,
à s'attacher aux biens solides, à la paix de la conscience,à la noble indépendance, à
l'activité dans les travaux, sans les tourments de l'ambition et de la cupidité.
Hiram est, sous le rapport astronomique, l'emblème du soleil, le symbole de sa
marche apparente; sous cette légende allégorique, se cache l'expression de lagrande
et profonde loipalingénésique qui exige la mortviolente de l'initiateur comme com
plément de l'initiation.Cette loi a sa consécration dans le mythe antique de Prométhée,
qui,pour avoir révélé aux hommes le feu sacré, a été enchaîné sur le Caucase etfou
droyéparJupiter. -
Le nom mystique du maître est Épopte, c'est-à-dire parfait voyant; il porte aussi le
nom deGabaon,empruntéauxGabaonites, quiétaient lesgardiens de l'arche d'alliance,
emblème des traditions et de la science. -
La branche d'acacia qui lui est remise est le symbole de son initiation.'On trouve
rait la preuve de cette assertion dans les traditions antiques et dans les ingénieuses
fictions de la poésie; lorsqu'un Franc-Maçon se présentait, en effet, dans une assem
blée de haute science, interrogé sur sa qualitéMaç.., il répondait: L'acacia m'est
connu, l'acacia est un arbre dont l'attribut mystique ne doit être connu que des maî
tres, il remplace le myrte des initiés d'Éleusis, le rameau d'or que Virgile placedans
la main d'Énée, la branche de lierre d'Héliopolis, le papayer des Indiens, le rosier
consacréà la déesse Isis par les hiérophantes de Memphis.
Devoir des experts.
Lorsque la Loge de maître est ouverte, l'expert, qui est en dedans, doit avertir celui
qui est dehors qu'on està la maîtrise, afin que ce dernier puisse tinter les FF.*. qui
se présentent pour être admis auxtravaux, et que ceux-cipuissent, en entrant, don
ner le signe et le mot de passe ; ces devoirs sont inséparables de leurs fonctions, c'est
pourquoiils doivent faire grande attention à les pratiquer dans tous lesgrades.
- Décoration de Ia Loge.
--
--
-
La chambre du milieu (Loge) est de l'appareil le plûs lugubre. Maispour remplir
fidèlement l'objet caractéristique dugrade de maître,il faut pouvoir passer par une
transition subite, età peine sensible, des ténèbres de la mort à l'éclat de la vie. Il
faudrait donc deux chambres qui offrissent ces contrastes bien tranchés: en effet,
pour ramener une vive lumière dans la mêmepièce, et pour changer les tentures, il
faut du temps, les esprits sont distraits, et l'illusion est détruite. Pour éviter cetin
Convénient, il faut que l'Orient soit brillamment décoré et illuminé, l'étoile flam
boyante est dans le triangle lumineux avec la lettre G..;à droite et à gauche sont
128 - LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
les deux inscriptions : IMMoRTALITÉ, GÉNIE. Tout cet espace est voilé par deux rideaux
noirs, depuis le haut jusqu'en bas; en avant, au pied des marches de l'Orient, est
placé un petit autel pour la première partie de la réception.Au* Hiram est
relevé, les rideaux sont rapidement écartés de chaque côté, et le petit autel enlevé
avec la même promptitude, et les yeux des assistants, qui étaient dans les ténèbres,
sont vivement frappés par i'éclat qui leur succède; ce premier effet est déjà opéré
lorsqu'on rétablit la lumière dans les autres parties de la Loge. Cet éclat subit, qui
attire et fixe les regards, dispense de changer la tenture de ces autres parties Ln
chant de triomphe, une harmonie de même caractère,:*jours eu un grand succès, et bien marqué les deux contrastes de lacérémonie ) : |
-
, , , , , , , , , : | | -- * : *
- , , ouverture des travaux. .. , , , , , ,
: , , , t » ,
Tout étant disposé pour la maîtrise, le très-Resp.. maitrefrappe un coup de maillet,
qui est répétépar le très-Vén. . premier surveillant, et dit : - , : , , , , , , , ! ... !
D.Très-Vén. premier surveillant, quelles sont vos premières fonctions en L'.
de maître? . .. .. , . .. .. .. .. :
R. .. Très-Resp. .. maître, c'est de protéger contre toute indiscrétion profane l'invio
labilité de nos mystères.- 1 --
D... Très-Vén. .. premier surveillant, remplissez votre devoir. - -
Le Vén. premier surveillant enroie le deuxième expert s'assurer des portes du temple. .Le Très-Vén. .. deuxième expert, de retour à sa place,dit :– Très-Vén. : premier sur
veillant, nous sommes en sûreté - - « - - -- . --
- , , , : , , .
Le deuxième Vén. .. premier surveillant frappe un coup de maillet, et dit: * ; *** , , , , *
R.Très-Resp. .. maître nous sommes en sûreté. .. , , - , , , , , ,
D. .. Très-Vén.. premier surveillant, que faut-il de plus pour ouvrir nos travaux ?
R... Très-Resp... maître, c'est de voir si tous les Vén... FF. *. ici présents possèdent
le troisième degré. - - . -
Le très-Resp. maitre frappe un coup de maillet, et dit :-
Debout et à l'ordre, mes Vén. .. FF..;Vén. .. premier et deuxième surveillants,
veuillez vous assurer que les Vén.·. FF... qui décorent vos colonnes possèdent le
troisième degré. * , : , : , , , , ,
L'ordre est exécuté. De retour à sa place, le deuxième surveillant frappe un coup de
maillet, et dit : - - : , , , , , , , , , , , il
R.*. Vén. . premier surveillant, tous les Vén.. FF,. de ma colonne possèdent le
troisième degré. . - --
Le Vén... premier surveillant transmet l'annonce au très-Resp . maître, en la forme
accoutumée. . , - , «
Letrès-Resp. .. maître dit : - , , - l - , , , ' - '
D. .. Vénérable deuxième surveillant, quelle est votre place en loge de maître
R. ..A l'angle de la colonne duSeptentrion,à l'Occident. -
D. .. Pourquoi,vénérable F. ..? . - - - . , - i * , « - ,
R. .. Pour veiller au maintien de l'ordre, à la parfaite exécution des travaux, pré
voir et transmettre au Vén. ..premier surveillant les difficultés qui peuvent surgir, et
obtenir les solutions que nécessite le parfait développement de la science maçonnique.
D...Où se tient le Vén. .. premier surveillant? - -
R. ..A l'angle de la colonne du Midi,à l'Occident, très-Resp. .. maître.
- , , , ,
-- , - - , , , : , | - : --
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 129
- D. .. Pourquoi, vénérable premier surveillant - ' , '
R. .. De même que le soleil se couche à l'Occident pour fermer la carrière du jour,
le Vén. .. premier surveillant se tient dans cette partie pour donner le signal de la
suspension des travaux, aider le respectable maître dans l'enseignement scientifique
et le développement des travaux de ce degré. --
" D. .. Où se tient le très-respectable maître? " "
* R.·. A l'Orient. ' ' ' ' * '
D. .. Pourquoi, vénérable F. .. ? - - _ - _ - -
- R. .. Comme le soleil se lève à l'Orient, de même le T. .. Resp. .. maître se tient
dans cette partie pour ouvrir les travaux de cette parfaite Loge, et répandre sur elle
des flots de lumière et de vérité.
D. Vénérable deuxième surveillant, à quelle heure les maîtres commencent-ils
leurs travaux? -- -- - - -
- R. .. Lorsque le soleil est parvenu au méridien. ,
D. .. Vénérable premier surveillant, quelle heure est-il?
- R. .. Il est midi, très-respectable maître; c'est l'heure de nos travaux.
Le T. .. respectable maître dit : -
- Puisqu'il est l'heure de mettre nos travaux en activité, unissez-vousà moi, mes
vénérables FF. .,pour offrir l'hommage de notre dévouement et de notre amour au
subl... Arch... des mondes, et vous, vénérables surveillants, approchez-vous de
l'autel, et que,parnotre intermédiaire, lesvœuxde cette parfaite Loges'élèventjusqu'au
trône du grandJéhovah. - -
Le vénérable maître descend de l'autel, le maillet et le glaive en main, se place en face du
triangle lumineux, devant lequel il s'incline par trois fois; les deux vénérables surveillants
sont àses côtés, les parfums brûlent aupied de l'autel, une douce harmonie se fait entendre,
le grand maître des cérémonies dépose sur l'autel le grand livre d'or; le porte-épée et le
porte-étendard vont se placer au milieu du temple (bannière et glaive en main). Le Vén.°.
F. ..grand expert, le F. .. préparateur et le F. .. gardien du temple sont rangés sur une
ligne entre les deux colonnes. *
Tous les vénérables maîtres sont debout et à l'ordre, glaive en main, et font face à
l'Orient. .
l .. -- . :
- - -
1 relège.
Maître souverain de l'immensité, qui fais briller dans les cieuxton trône éclatant,
reçois l'hommage de notre admiration et de notre culte. -
Partoi roule devant nosyeux l'astre lumineux des jours; par ton ordre la douce
messagère des nuits marque le renouvellement des saisons et trace aux mortels le
cercle de leurs travaux. Nous nous prosternons devant les lois éternelles de ta
sagesse; nous rendons hommageà la perfection de tes plans éternels; dirige nos tra
vaux, éclaire-les de tes lumières et préserve-les de s'écarterjamais de la ligne droite
qui doit les conduire au point parfait du triangle.
Gloire à toi,Seigneur!gloire à ton nom!gloire à tes œuvres !
Le vénérable maître remonte à l'autel, les autres dignitaires reprennent leurs places; le
très-respectable maître frappe sept coups suivant la batterie du troisième degré(maître), qui
sont répétés par les vénérables surveillants, et il dit :
Alagloire du Sublime Architecte des mondes, et sous les auspices de.., les travaux
de cette parfaite Loge sont en activité.A moi, mes vénérables FF.·.
17
130 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Signes, batterie et acclamation. -- f -
Le très-respectable maître dit:
Gloire à l'immuableVérité. En place, mesvénérables FF.°.
Après la lecture du plan parfait de la dernière tenue, les FF.-. visiteurs sont introduits
avec la cérémonie d'usage. Ensuite, le très-respectable maître envoie le grand expert auprès
du récipiendaire, pour luifaire subir l'examen suivant le rituel.
Préparation du réeipiendaire.
Lespréliminaires indiquéspour l'apprenti qui désire une augmentation de salaire
doivent être observésà l'égard du compagnonquisollicite son passage dans la chambre
dumilieu, c'est-à-dire qu'il doit présenter en Loge de compagnonssa demande appuyée
par le premier surveillant,y être examiné sur le deuxième degré; il doit être placé
dans la chambre de préparation, où on lui adresse les questions suivantes.
Voirpages 119 et suivantes (Conférence du deuxième degré)pour l'examen. - --
Après ces questions, le Vén. .. grand expert lui demande s'il persiste à passer dans la
chambre du milieu; sur sa réponse affirmative, il sollicite pour lui cette faveur, et il est
introduit après l'examen du tablier; le président insiste faiblement sur le soupçon du maître
à l'égard de compagnon; le temple est dans les ténèbres, l'orateur prend la parole en ces
&termes *
Discours de l'orateur.-Cérémonie.
Très-Resp.·. maître,
. la légende d'Hiram, que la plupart regardent comme le récit d'un simple fait
historique, est un de ces aide-mémoire symboliques que nous avons déjà signalés.
En chaldéen, le mot hiram est l'expression la plus élevée de la vie; comme
personnage allégorique, Hiram est évidemment l'Osiris des Égyptiens, le Mithras des
Perses, l'Atys des Phrygiens, l'Adonis des Phéniciens, le Bacchus des Grecs;il est,
comme eux, l'emblème du soleil, qui, parcourant dans sa marche apparente les
douze signes duzodiaque, éclaire etféconde l'hémisphère septentrional;puis, descen
dant sous l'équateur,va porter la chaleur et la vie à l'hémisphère austral. Dans un
hymne qu'on attribue à Orphée, lepoëte dit quetantôtAdonis habite leTartare obscur,
et que tantôt, montantvers l'Olympe,il fait renaître la verdure et mûrir les fruits.
Macrobe,àson tour, dit que les physiciens ont donné le nom deVénusà l'hémisphère
supérieur que nous habitons, et celui de Proserpine à l'hémisphère inférieur. « La
même chose, ajoute-t-il, se passe chez les Égyptiens, sous différents noms religieux :
lorsqu'Isis pleure Osiris, il est clair qu'Osiris n'est autre que le soleil, Hsis autre que
la terre ou la nature. » -
Maintenant, si nous suivons pasàpas la tradition syriaque, relative à la construc
tion du temple deSalomon età la légende d'Hiram,nousytrouverons la confirmation
de cette hypothèse.
Salomon, fils de David, ayant résolu de construire un temple au Grand Architecte
des mondes,pria Hiram, roi de Tyr, de luiperpmettre de couper sur le Liban les bois
de cèdre et de sapin nécessaires à la construction de cet édifice. Le roi de Tyr accorda
LE PANTHEON MAÇONNIQUE. 131
l'autorisation qui lui étâit demandée, moyennantun tribut annuel de20,000 mesures
de froment et 20,000 mesures d'huile très-pure.Salomon choisit donc30,000 ouvriers
qu'il envoya sur le Liban,par corvée de 10,000 hommes qui se relevaient tous les
mois, de manière à ne rester qu'un mois de suite dans les montagnes età se reposer
deuxmois dans leurs foyers.Tous ces ouvriers étaient placés sous les ordres immédiats
d'Adouiram. Il y avait, en outre,70,000 manœuvres qui portaient les fardeaux et
80,000tailleurs de pierres,tous surveillés par3300 maîtres, qui donnaient les ordres
au peuple et aux ouvriers. - -
Après treize années de travaux non interrompus, le temple se trouva achevé,Salo
mon fit venir de Tyr Hiram, fils d'une femme veuve de la tribu de Nephtali et d'un
ouvrier tyrien nommé Ur (feu). Hiram travaillait le bronze avec une adresse mer
veilleuse ;il était d'ailleurs remplide sagesse, de science et d'intelligence. Il fit deux
colonnes de bronze de 18 coudées de haut chacune, et fondit àpart deux chapiteaux
de 5 coudées chacun, qu'il plaça sur le haut des colonnes. Elles furent dressées dans
le vestibule du temple : l'une à droite, qu'Hiram appela B.; l'autre à gauche, qu'il
appela J. Il fit ensuite une mer de fonte circulaire de 10 coudées de diamètre et de
5 coudées de hauteur; elle était entourée de supports en forme de consoles,placés
par faisceaux de dix dans chaque intervalle d'une coudée. Enfin, cette mer était
posée sur douze bœufs, dont trois regardaient le Septentrion, trois l'Occident,trois le
Midi, et trois l'Orient Tous ces ouvrages et beaucoup d'autres du même genre, des
tinés à orner l'intérieur du temple, furent fondus dansune plaine argileuse, non loin
du Jourdain.
Les ouvriers placés sous les ordres d'Hiram étaient distribués en trois classes :
apprentis, compagnons et maîtres, dont le salaire étaitgradué suivant la classe.
Les apprentis s'assemblaient, pourêtre payés,à la colonne B., les compagnonsà
la colonneJ.., et les maîtres dans la chambre du milieu. Quinze compagnons, voyant
le temple presque fini sans qu'ils eussent obtenu le grade de maître, parce que leur
temps n'était pas expiré, résolurent d'arracherparforce à Hiram les mots, les signes
et les attouchements de ce grade, afin de passer pour des maîtres et d'en recevoir
le salaire., Douze de vces compagnons réfléchirent aux conséquences probables de
cette mauvaise action, et finirent par renoncer au dessein qu'ils avaient formé; mais
trois persistèrent et résolurent de faire violence au maître, pour obtenir la parole et
le signe. . 111 ' : , - i - :
.. Hobbhen, Sterké et Austerfluth, sachant que le maître venait tous les jours,à midi,
faire sa prière dans le temple, tandis que les ouvriers se reposaient, allèrent se
placer : Sterké, à la porte duSud;Austerfluth, à la porte de l'Ouest, et Hobbhen à celle
de l'Est. Les noms de ces trois compagnons et la place qu'ils choisirent ne laissent
aucun doute sur le sens astronomique de la légende d'Hiram, inteprétée par les Maçons
allemands. -, , , , - , -- -- --- - - --
, Où va se placer en effet Hobbhen?à la porte de l'Orient, c'est-à-dire à l'endroit où
le soleil émerge au-dessus (oben) de l'horizon; Sterké se place à la porte du Sud, au
lieu où le soleil a toute sa force (streke); enfin, Austerfluth prend position à la porte de
l'Ouest, où le soleil a fini sa marche apparente,où il està la fin de sa course (aus der
flucht). - - t | : .. " ..
, Ainsi embusqués, les trois compagnons attendirent qu'Hiram eût fini saprière et
se présentât, pour sortir,à l'une des portes du temple, Il se dirigea d'abord vers la
porte de l'Est, où Hobbhen lui ayant demandé le mot de maître, Hiram répondit qu'il
-- ----
-
, :
132 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
ne pouvait le lui donner ainsi; qu'il fallait d'abord que le temps de son compagnon
nage fût terminé, et qu'ensuite, s'il avait réellement mérité une augmentation de
salaire, le mot ne pourrait lui être confiéqu'en présence des rois d'Israël et de Tyr;
car ces deux rois et Hiram avaientfait serment de ne le donner que lorsqu'ils seraient
réunistous les trois. Hobbhen, mécontent de cette réponse, frappa le maître'd'un coup
de règlé autravers de la gorge. - 1 -- * . * ' , , - t - t -
- Hiram s'enfuit vers la porte duSud, oùil trouvaSterké qui lui fit la même demande,
et, surson refus, luiporta sur le sein gauche un coup violent de l'équerre de fer dont
il était armé.
(A midi,les rayons perpendiculaires du soleilforment une double équerre avec la ligne de
l'horizon.) - -
Hiram se sauva chancelant vers la porte de l'Ouest, où Austerfluth lui fit la même
demande que les deux autres, et sur son refus, lui asséna un si terrible coup de mail
let sur le front qu'il l'étendit mortà ses pieds. - · · · , , , -- 1 , 1 ;
" Les trois meurtriers s'étant rejoints, se demandèrent réciproquement la parole de
maître ; maisvoyant qu'ils n'avaient pu l'obtenir, et désespérés d'avoir commis un
crime inutile, ils ne songèrent plus qu'à en dérober les traces ; ils enlevèrent donc le
corps d'Hiram, le cachèrent sousun tas de décombres, et pendant la nuit le portèrent
hors de Jérusalem, où ils l'enterrèrent sur le penchant de la montagne. i -
* Le lendemain, Hiram neparaissant pas auxtravaux, commeà son ordinaire,Salo
mon fit des recherches qui n'amenèrent aucun résultat; mais les douze compagnons
qui s'étaient retirés, soupçonnant la vérité, mirent des gants et des tabliers blancs en
signe de leur innocence, puis allèrent trouver Schelomoh (Salomon), et l'informèrent
de ce qui s'était passè. * ' * ' * ' * ' * ' " , -- * | |
- Schelomoh envoya ces douze compagnonsà la recherche du maître, en leur promet
tant la maîtrise s'ils réussissaient dans leur mission. Craignant que la parole n'eût
été arrachéeà Hiram avant sa mort, s'il avait réellement succombé à quelque vio
lence, il fut convenu que le premier mot qui serait prononcé en retrouvant le corps
d'Hiram deviendrait désormais la parole de maître. Après avoir voyagé pendant cinq
jours sans rien découvrir, les compagnons vinrent rendre compte à Salonion de l'inu
tilité de leurs recherches ;celui-ci fit alors partir neuf maîtres, qui se répandirent
dans la montagne et furent plus heureux que les compagnons : l'un d'eux, en effet,
épuisé de fatigue après une longue course, voulut se reposer surun petit monticule,
où il remarqua que la terre avait été nouvellement remuée ;il appela ses FF-., et,
tous ensemble creusant la terre, trouvèrent un cadavre qu'ils présumèrent être celui
d'Hiram ;t mais n'osant pousser leurs recherches plus loin, ils recouvrirént la fosse,
etpour la reconnaître yplantèrent une branche d'acacia, puis ilsvinrent rendre compte
à Salomón de la triste découverte qu'ils avaientfaite.' l : s f ... f ' l i
- Renvoyés immédiatement sur le lieu où les assassins avaient enterré Hiram , les
maîtresprocédèrent pieusement à son exhumation ;mais quand le cadavre eut été
complétement découvert, ils ne purent s'empêcher de faire un signe d'horreur, car le
meurtre remontant déjà à neufjours, le corps était enpleine décomposition; ils s'écriè
rent tous : M. .. B. ., la chair quitte les ost L'un d'eux essaya de le soulever en le pre
nant par l'index de la main droite, et en disant : B. ., mais le bras retomba inerte le
longdu corps; un second le prit par le doigt majeur dé la main droite, eh disait tJ * ,
mais cet effort n'eut pas plus de résultat que le premier;t alors, un troisième prit le
poignet droit du cadavre en formant la griffe, passa la main guuche sous son épaule
l ' , : * 1 , ... -- |
LE PANTHÉQNMAQ0NNIQUE. 133
droite, le releva par les cinq points de la maitrise, en disant : M. .. B. ., la chair
quitte les os.v , ... , , , , , r , l . .. , * , * , 11 , ... : 1 .
Salomon fit faire au maître des obsèques magnifiques ; il futinhumé dans le sanc
tuaire, et on plaça sur son tombeau une médaille d'or triangulaire, sur laquelle était
gravél'ancien mot (ihaouha)- Après la mort du maître, les FF .. prirent soin de sa
mère, qui était veuve, et qui vécutà Tyrjusqu'à un âge très-avancé. .. , ' ,
(4 mesure que l'orateur fait ce récit au candidat, il doit être mis en action, de manièr
que celui-ci ne puisse plus jamais l'oublier.) , - u , , , , , , , ...
- * 1 :
» , s , , , , , , , , , , Cérémonie, , , , , a - v - , , *
Au moment où l'orateur dit comment le premier compagnon frappa Hiram, après
lui avoir inutilement demandé la parole, le maître des cérémonies conduit le récipien
daire au deuxième surveillant, qui saisit ce dernier violemment au cellet et lui dit trois
fois : « Donnez-moi le mot de maître. » A quoi le candidat ayant répondu chaque fois
« Non l » le deuxième surveillant lui donne un coup de règle à travers le cou. Le
maître des cérémonies le conduit ensuite au premier surveillant, qui lui fait la même
question, et surson refusde répondre, luidonne un coup d'équerre sur le sein. Enfin,
après avoir dit comment le troisième compagnon frappa mortellement Hiram, le
très-Resp. maître donne un petit coup de maillet sur le front du récipiendaire,
qui est immédiatement renversé, couché dans la bière, et recouvert du drap mor
--
--
tuaire- , , , , , , , , , , , , , , 1 | -- . - , l ' i , l ' - t -
Au récit des vaines recherches que firent les douze compagnons, lepremier surveil
lantpasse à droite avec la moitié des maîtres; le deuxième surveillant passe à gauche
avec l'autre moitié; ceuxci font trois tours, et arrivés au bas des marches de l'autel,
côté du nord, le deuxième surveillant frappe un coup de maillet et dit : « Nos re
cherches ont été vaines »Après avoir dit comment les maîtres posèrent une branche
d'acacia sur la fosse d'Hiram, le très-Resp. s'écrie : « lmitons nos MM. ., mes FF .;
ct Vous, F.'. premier Surv. " , partez à la tête de votre colonne, et n'épargnez rien
dans vos recherches.Le premier Surv.fait deux tours,s'arrête au milieu du car
davre, à droite, soulève le drap, prend la branche d'acacia, la fait tenir au réci
piendaire, lui fait placer la main droite sur la poitrine, et dit ; «T.R., nous
avons trouvé une fosse nouvellement fouillée, où est un cadavre que nous pré
sumons être celui de notre h, M.Hiram;j'y, ai planté une branche d'acacia
p0ur reconnaîtrel'endroit.» Le Ts'. R. ' dit : « Imitons , mes Vén,'. FF *, n0s
anciens MMt., et essayons ensemble d'enlever les restes de notre malheureux
M, '.Hiran»norin ali iiq ,on n'b td ,t Jitron 1 r rliriot , , , , ,
Le T.'. R.'.,à la tête des MM., fait deux fois le tour du cercueil,et, arrivé à la
porte du Sud, côté droit du candidat, il s'arrête, retire la branche d'acacia, et dit :
« Nous sommes parvenus au lieu où est déposé le corps de notre T. R. Hiram ;
cette branche en est le sinistre indice ;la terreme paraît effectivement remuée depuis
peut éclairons nos affreux soupçons » Le T. R.tire alors graduellement le drap
qui couvre le visage du récipiendaire; lorsqu'il est découvert , il fait, ainsi que tous
les FF ., le signed'horreur en disant t « Ah !Seigneur mon Dieu l » Le T. R. .
continue et dit : s Glest bien leicorps de notre R. , M.'., Allons mes EF. ., acquit
tonsrnous du devoir douloureux que Salomon nous a imposé, en exhumant ce cadavre
respectableain Le deuxième Surv, prend le candidat parl'index de la main droite,
134 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
et la laissant retomber dit : « B. ..» Le premierSurv.. prend le deuxième doigt de
la main, et la laissant tomber dit :«J.*.. » Le T.'. R.'. dit alors :«TT,'. Vén. .. FF.-.,
ne savez-vouspas que vous ne pouvez rien faire sans moi; joignez vos efforts aux
miens, et vous verrez que nous viendrons à bout de nos desseins. »
- Le T. .. R. .. prend le poignet droit du récipiendaire, en formant la griffe, le Surv.-.
le secondant; le T.'. R.'. relève le candidat par les cinqpoints de perfection, etc. La
Col. .. d'harmonie exécute des airs plaintifs.
Lorsque leT.·. R. .. a relevé le récip. .,il dit à haute voix :
MM.· .. FF. · ., oublions notre douleur, et livrons-nous à lajoie. Nous avons retrouvé
notre M.·. Hiram,vainqueur de la mort. Ainsi chaque hémisphère,tourà tour affligé
par l'absence de l'astre vivifiant, reprend, lorsqu'il reparaît, sa brillante parure ;
ainsi, le flambeau dugénie dissipe la nuit de l'ignorance, la vérité succède à l'erreur,
desjours sereinsà destemps nébuleux.
Écartez ces tentures de deuil; rendez la clartéà ces voûtes sacrées ;faites briller les
flammes pures, symbole de l'âme active et impérissable. (On net le feu à de l'alcool
dans une cassolette.) -
Hommeimmortel, salut ! Jamais ma lyre sainte - :
N'osera t'appeler mortel. -
Des cieux, en unjour solennel, - -- , *
Tel qu'un triomphateur,tu doisfranchir l'enceinte,
Rayonner de leur gloire en tes regards empreinte,
Et te mêlerà l'Éternel.
(Lecture grave ou chant de ces vers.) - |
-
-
-- Applaudissons, MM.'. FF.'., par les batteries et par notre acclamation triom
phale. -
Etvous, FF.'. de l'harm.'., exprimezparvos accords notrejuste allégresse.
- Il remonte à l'autel, fait renouveler en deux mots l'obligation au récip.*., le consacre, etc.
1 Les sept marches que vous avez régulièrement montées vous ont conduit au
sanctuaire de la vérité; arrêtez-vous sur le dernier degré, pour vous souvenir sans
cesse des choses que ce symbole renferme : les sept jours que le Grand Architecte
emploie pour construire le monde;votre cœur se tourne nécessairement vers l'Être
suprême;vousvous rappelez la grandeur de ses œuvres, le respect suit; l'admiration,
la reconnaissance et l'amour en sont la conséquence infaillible. : |
-- Les sept années que Salomon emploie à construire le temple : cette merveillene
s'achève, malgré la sagesse et la profusion du monarque, qu'après un si longtemps;
vous en devez conclure que la constance, le zèle et l'assiduité au travail, sont les seuls
mobiles de la perfection. - -
: * Les sept vertus que tout bon Maçon doit pratiquer sans relâche.Acette explication vous
observez sans doute qu'un édifice dont le portailest orné de chiffres aussimagnifiques,
doit être l'asile de lasagesse, le temple du bonheur, et que vous destinant à en deve
nir ouvrier,vous ne pouvezy parvenir que par l'escalier mystique des vertus qu'il
recommande,en les adoptanttellement qu'elles se massent,pour ainsi dire, dansvotre
cœur, pour se développer dans chacune de vos actions.
Les sept vices capitaux que tout Magon doitfouler aux pieds. Cette définition reproduit
à lafois les obligations religieuses du chrétien et les devoirs del'honnête homme :
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 135
orgueil, avarice, luxure, colère, gourmandise, envie, oisiveté, vices honteux dont
l'existence n'accrédite que trop la fable de Pandore,vous n'aurezjamais de prise sur
le cœur des Maçons, vous l'aviliriez. Le vulgaire vous méprise; nous faisons mieux,
nous osons vous braver.
Les sept arts libéraux auxquels les Maçons doivent s'appliquer particulièrement, et
dont le cinquième, qui nous est plus recommandé, s'annonce par la lettre initiale qui
occupe le centre du triangle lumineux.A ce précepte séduisant pour l'esprit d'un
candidat, il démêle bien vite que nos Loges ne sont pas des séances frivoles, où l'on
se borneà une doctrine sèche et à des cérémonies burlesques et décousues; non con
tente d'épurer l'âme, notre sublime institution veut encore l'embellir par des connais
sances utiles, qui soient avantageuses dans toutes les positions de la vie, et qni nous
sortent de cette espèce de végétation dans laquelle on ne languit que trop souvent
faute d'exercer la portion de talents que chacun a reçue de la nature, et dont il doit .
compteà la société.Voilà lesvrais morceaux d'architecture qui nous plaisent et qui
nous conviennent. Il est permis, il est beau, il est de précepte que l'on s'essaye sur
tout ce qui peut concourir au bien-être de l'humanité; c'est auxservices qu'on lui
rend en effet que se reconnaît un bon Maître; c'està ce titre et dans cet espoir, mon
T.'. C. .. F. ., queje m'applaudis devous avoir en cejour reçu comme tel.
Lorsque le candidat a prêté le serment, le T. .. Resp.'. maître dit:
Salomon, fils de David, ayant résolu de construire un temple au Sublime Archi
tecte des mondes,pria Hiram, roi de Tyr, de lui permettre de couper sur le mont
Liban les bois de cèdre et de sapin nécessairesà la construction de cet édifice; le roi
deTyr accorda cette autorisation, et bientôtplus de cent mille Maç.'. sont réunis dans
Jérusalem, et forment des atelierspour travaillerà cette merveille.
Les travauxfurent poussés avectant d'ordre et devigueur que, la septième année,
la dédicace en fut célébrée avec une pompe vraiment royale; Salomon déposa lui
même le delta dans le sanctuaire, et,pendant sept fois neufjours, mille cris joyeux
célébrèrent l'inauguration du monument nouveau, le plus magnifique chef-d'œuvre
d'architecture qu'eussent encore construit les hommes. Le peuple fut admis à visiter
le saint lieu où la majesté du Sublime Architecte des mondes brillait avec tant d'éclat,
et les voûtes sonores retentirent de mille acclamations. Par trois fois trois, mille
maillets battirent. -
Le temple célèbre de Jérusalem offrait l'image symbolique de l'univers, et ressem
blait, dans ses dispositions, aux anciens temples mystérieux de la Grèce.
Pour la première mesure,60 coudées de long et 20 coudées de large, et le porche,
qui était vis-à-vis de la longueur en front de largeur de la maison, était de 20 cou
dées, et la hauteur de 20 coudées.
Un système numérique était entièrement lié au culte du grand roi; ces nombres
surtout paraissaient dominer dans la charpente de cette fondation du monde.
Le lieu très-saintformait un cube correspondant au nombre quatre, nombre par
lequel les anciens représentaient la nature.
La longueur de l'édifice avait trois unités, ainsi que sa largeur, et représentait la
trinitésimple; en doublant les unités, la trinité double, et en multipliant les nombres
pareux-mêmes, la trinité triple.
Toutes les dispositions de l'intérieur du temple se rattachaient symboliquement au
même système; la voûte, étoilée comme le firmament, était soutenue par douze
colonnes quifiguraient les douze mois de l'année; la plate-bande qui les couromnait
136 - LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
s'appelait zodiaque, et les les douze signes, le Bélier, le Taureau, les Gémeaux,l'Écre
visse, le Lion, laVierge,la Balance, leScorpion, le Sagittaire, leCapricorne, le Verseau,
les Poissons,étaient représentéspardes figures allégoriques sibienfaites que l'on était
tenté de les croire animées; enfin,toutes les parties du temple correspondaientà celles
de la nature, ces différents emblèmes retraçant l'harmonie du monde., t - er
Le trône était placéà l'Orient; ony arrivaitpar sept marches représentant figura
tivement les sept jours que le Sublime Architecte des mondes mit à la création de
l'univers, et septvertus, savoir : l'amour de Dieu et des hommes, la patience, lapru
dence, la vigilance, la justice, la force et la tempérance, vertus indispensablesà
l'homme pour acquérir la science et la connaissance de toutes choses. - l -
Ce trône était d'orpur,sespieds d'émeraudes et de rubis mélangés de perles de la
grosseur d'un oeufd'autruche; à droite était la statue du G. .. Jéhovah, ayant qua
rante pieds de haut etpesant mille talents d'or; elle tenait d'une main un sceptred'or
enrichi de diamants ; à gauche du trône était la statue d'Isis, de même grandeur, et
pesant mille talents d'argent; la déesse était représentée tenant dans la main droite
un serpent; de chaque côté du trône étaient dessinés des vergers remplisnd'arbres
dont les branches, composées de pierres précieuses, représentaient des fruits mûrs et
des fruits verts. Ces fruits, allégorie du merveilleux, signifiaient que le travail, guidé
par la sagesse, est toujours couronné d'un plein succès. , , , i : | , | , | | |
Devant le trône, à l'entrée du temple, étaient les deux colonnes B. et J. in h * ,
Les officiers dignitaires, les jours de tenue, avaient devant eux, sur leur table
triangulaire, un chandelierà sept branches resplendissant de clarté. n , il
Et maintenant, de ce sublime temple, enfanté par un génie divin, et dorépar la
reine de Séba, que reste-t-il aujourd'hui? Rien que le souvenir historique; mais
Dieu, quigouverne toute chose, a voulu, en architecture, que les principes de ce
vaste monument érigéà sa gloire se perpétuassent dans les œuvres des enfants de la
lumière. , , -1 -- , , , 1 - : , - - l - l - t - o
' - - Instruction. - , i t * : * l .
- ' ,
Le respectable maître luidonne le signe et lui dit : , -- ... - 1 m ,
Le signe d'ordre rappelle le serment que vousvenez de prêter. , .. : - -- ,
Le signe caractéristique signifie que tout Maç.. doit avoir en horreur le vice. .. !
Les attouchements de la maîtrise signifient : le pédestre, que tout Maçon doit voler
au secours de ses FF..; l'inflexion des genoux, que l'on doit sans cesse s'humilierde
vant Dieu; la jonction des deux mains droites, que l'on doit assistance à ses FF..; le
bras que l'on passe sur l'épaule, qu'on leur doit des conseils dictéspar la sagesse; le bai
ser exprime enfin la douceur et l'union inaltérable quifait la base de l'Ordre maçon
nique. - - - - - - , " -- , , , , , ,
Les sept marches allégoriques dutemple sont appelées : force, travail, science, vertu,
pureté, lumière, vérité, comme nous l'avons déjà dit. . - - - . - - --
Une Loge n'est juste et parfaite qu'autant qu'elle renferme le nombre sept. .. ,
L'âge du maître se nommepar sept ans. Le nombre septénaire est celui de l'harmo
nie, et l'harmonie naît de la justice. «
La batterie, selon le rite écossais, est III-III-III. Celle dugrand Or.'. est II
I-II-I-II-I. Le mot de passe est, selon le rite écossais,Ch. °.; selon le grandOr.'.,
Gh... (il signifie :terme, complément); le mot du rite écossais est M. .. (engendré du
père), et celuidu grand Or... est Mak.., quiveut dire : la chair quitte les os. .
, LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. - 137
Un maître perdu se retrouve entre l'équerre et le compas. L'équerre et le compas
sont les symboles de la sagesse et de la justice; un bon Maç.. ne doit jamais s'en
écarter. -- , - - - r - 1 1 * , * , ...
Le mot adonhiram se compose de deux mots hébreux: adon, qui signifie maître, et
. . - 1 : 1 .
hiram,vie vivante, élévation. .. | | | - n - e ' - i : . : ,
- .'. Les sept lumières du grand chandelier symbolisent les sept planètes des an
ciens. .. : | : i « n t - i : 1 1 . .. - : ' - . - i - : l : 1
- ... Le soleil est le symbole de la vie; en effet, c'est le soleil quiféconde. -
: ... La lune symbolise la terre (divinité régénératrice). ' -
.. Les ténèbres de la chambre du milieu symbolisent la mort, c'est-à-dire sont les
principes de la mort. n « . ' , - - - - - . . ! , , , :
.. Le voile déchiré d'un bout à l'autre (troisième degré maître) symbolise le com
plément de l'initiation. - t - . ' . ' . - 1 1 * , , * |
- ... L'Épopte (maître) sortant du tombeau est le symbole d'une nouvelle vie. .
.. Les divisions géométriques symbolisent les éléments, les astres, l'univers, le
, -mécanisme du monde. - - * -- , --
- ... Le temple de Salomon symbolise l'univers. - " -
.. .. L'épée flamboyante symbolise les combats qu'un véritable Maçon doit soutenir
pour faire triompher la vertu, répandre la lumière et la vérité.
.. La chaine brisée symbolise lespréjugés, qui ne peuvent pénétrer dans le temple
de la sagesse. . - ,
.. L'œil au milieu d'une gloire symbolise le Subl.'. Arch.'. des mondes qui con
temple la création. * -
.*. Hiram,le soleil; les meurtriers d'Hiram, lesténèbres,symbolisent lesvicissitudes
du jour et de la nuit, de la mort, qui est une nécessité de la vie, qui naît de la mort,
enfin le combat des deux principes. . - l - - - " - , . .. | " ,
La marche,trois pas élevés, comme sil'onpassait au-dessus de quelque objet placé
à terre en obliquant : le premier pas à droite,le deuxièmeàgauche et le troisième à
droite.
Le maître est reçu dans la chambre du milieu;il yparvient en montant l'escalier
mystique parT.,C. et S.;il voit deuil et tristesse, le tombeau de notre très
Resp.'. M.". H.. et N.., étoiles. - , * , '
Hiram, assassinépar trois compagnons quiveulent lui arracher le mot de M.'.pour
s'en procurer le salaire,indique le danger des passions violentes qui peuvent vous
porter auxplusgrandes extrémités si on ne les réprime, et l'injustice de ceux qui,
sans prendre lapeine de faire aucun travail,voudraient arracher aux autres leurs dé
couvertes et en partager le fruit. Le refus d'Hiram apprend que la discrétion doit être
la vertu favorite du Maçon, et qu'il doitpurifier son cœur et se rendre digne de la
perfection. ---- ' | , . -
La pierre carrée dans le centre des cercles nous apprend que notre édifice doit avoir
pourfondement une pierre parfaite que nous devonsfaçonner nous-même; les cercles
sont l'emblème de la Divinité, qui n'a ni commencement ni fin; ils représentent
aussi la création de l'univers. -
La chaîne brisée signifie que nous avons rompu les liens qui nous attachaient au
V1Ce, - -
Les quatre symboles, les quatre éléments et les saisons.
Adorez Dieu, aimezvotre prochain, aidez vos FF.'., remplissez consciencieusement,
18
138 - LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
dans la vue de plaire au Sub.*. Arch.", de l'Un. ., tous vos devoirs d'homme, de ci
toyen, de fils, d'époux, de père et de frère; c'est de son cœur qu'il faut faire un
temple au Père de la nature; il n'en a pas sur la terre qui lui soit plus agréable
qu'une âme pure. - " . - -- ---
Le cordon de maître nous donne l'avertissement d'être, dans nos sentiments et dans
notre conduite, aussi purs que l'azur des cieux. (Il le lui donne.) -
La branche d'acacia placée surle tombeau d'Hiram est l'emblème du zèle ardent que
le maître doit avoir pour la vérité, au milieu des hommes corrompusqui la trahissent,
et sans lequel on ne mérite pas d'être admis dans son sanctuaire. - -
Le soin allégorique que prit Salomon pour trouver les compagnons coupables nous
avertit de mettre le même soin à vaincre et à terrasser nos mauvaisespassions, qui
donnent la mortà l'âme. - - -
Le coupable se cache, mais le remords le suit dans la retraite la plus profonde.,
Les trois compagnons assassins d'Hiram représentent les trois passions les plus
communes dans le mondeprofane, savoir : l'orgueil, l'envie et la cupidité. Il faut les
combattrejusqu'à ce qu'on les ait étouffées dans son cœur, car elles sont le tourment
de l'homme. -
- Il faut opposer à l'orgueil, la modestie;à l'envie, l'amour de ses semblables, et à la
cupidité, la modération des désirs. . - | -- 1 ,
Allez, mon Vén.*. F. .,prendre place à la colonne des maîtres, et que le Subl. ·.
Arch. .. de l'Un. .. vous soit en aide!
Proclamation.
Letrès-Resp. .. maître dit, en frappant sept coups suivant la batterie : Debout et àl'or
dre, mes Vén. .. FF.*. e - t
Alagloire duSub. .. Arch... des mondes, au nom et sous les auspices du.....
je proclame le Vén. .. F...... maître troisième D. .. de l'Ordre, et vous invite à lere
connaître en cette qualité, etc. - -
L'annonce est répétée par les Vén. .. FF. .. premier et deuxième Surv.'. Signe, batterie,
acclamation d'usage. l - - -
,
Le très-Resp. .. maître dit : En place, mesVén... FF.'. - - l - l - ,
-
- -
-
Discours. - ' - t - -
- l - -- - er -
La parole est accordée aupremier surveitlant, quis'exprime ainsi : - - - 1 .
Mes Resp,'. FF."., - | .
Pour préciser l'influence de la Maç.. sur le monde profane, il faut prendre, cette
sublime institution à son origine et la suivre sur la route qu'elle s'est tracée à travers
les siècles passés pour arriver jusqu'à nous, vierge, pure, exempte de modifications
dans le fond de ses dogmes et de ses principes. - t - , - _ ,
Quand le Gr. .. Arch... des mondes eutachevé l'œuvre admirable de la formation de
l'univers, et qu'il couronna ses travauxpar la création du premier des humains, il jeta
dans l'âme de son chef-d'œuvreune parcelle de sa sublime sagesse. -
LeG. .. Jéhovah savait quels seraient les labeurs des mortels, pendant les jours d'exil
qu'ils auraient à passer sur la terre : il savait les peinesfutures qui devaient fondre
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 130
sur l'humanité; et, dans sa divine prévoyance,il voulut que le père du genre humain
pût communiquerà ses descendants ce germe précieux qu'il plaçait en lui, afin de
faire accompagner le malpar le remède. ' .
Quelles actions de grâce ne lui devons-nous point ..
La sagesse est une mine d'or inépuisable; c'est une source intarissable à laqnelle
nous recourons sans cesse pour éteindre dans nos âmes le feu des passions, qui, sans
cette répression, nous pousserait à notre perte -
Ainsi, l'homme comprit bien vite de quelle importance était la pratique de ce don
émané de la Divinité. - --
Dans les âges les plus reculés, ily eut des hommes supérieurs qui cultivèrent avec
enthousiasme cette science sacrée, et qui en tracèrent les maximes,pour que les peu
ples pussent les graver dans leur mémoire et en pratiquer l'esprit.
C'est dans l'antique Égypte que les premiers sages, constitués en corporations
nombreuses, étudièrent en commun le grand art d'apprendre à leurs semblables les
- moyens de goûter ici-bas quelque peu de cette félicité qui nous est promise dansun
monde meilleur. - '- - ... .. , - _ .
Ces hommes dévoués avaient compris que le but qu'ils se proposaient ne pouvait
être atteint qu'en accomplissantune tâche bien aride et bien rude, surtout à cette
époque de barbarie, c'est-à-dire en amenant les hommesà se rendre moralement soli
daires les uns des autres, engravant dans les cœurs ce mot sacré: Fr. .
L'Ordre vénéré de la Franc-Maçonnerie date de cette époque.
C'est sur les bords du Nil qu'on célébra d'abord ses mystères; c'est là que les pre
miers néophytes reçurent l'initiation; c'est de là, c'est de Memphis qu'ils se répandi
rent dans les deux hémisphères.
Ces apôtres de la vérité, dispensant les lumières, communiquantà tous ce feu qui
les animait, eurent sans doute de grands obstacles à surmonter,degrands périls a
affronter; ils durent être en butteà de nombreusespersécutions de la part des heureux
- de la terre. .. ! ... : - J l
Un écrivain profond a dit que le degré de civilisation des peuples disparus pouvait
être appréciéà la vue des monuments qu'ils ont laissés à la postérité.
Partant de là, les Maçons n'ont-ils pas été les historiens de leurs contemporains?
Qu'on parcoure l'Italie, la Grèce, à chaque pas on trouvera une trace indiquant
le passage de nos prédécesseurs; partout quelques pierres aux emblèmes indiquent
que l'ouvrier par excellence du progrès et de la civilisation a passé par là; les mo
numents druidiques des vieilles contrées armoricaines sont souvent empreints du
même cachet; et,plus près de nous, Notre-Dame de Paris est décorée de nosinsignes,
et le temple chrétien de Saint-Denis possède un Christ ayant la mainà l'ordre Maç.'.
au premier degré. --
Mais la construction des monuments n'était que le but secondaire que se propo
saient les Maç.. Ils voulaient surtout élever, agrandir, affermir l'édifice de l'intelli
gence liumaine. - . -
Les pierres de l'édifice maçonnique, disent-ils, ce sont les FF..; le ciment qui doit"
les unir, c'est l'amitié. , l - -
Vous citerai-je Platon, ce réformateur acquérant l'immortalité en développant nos
dogmes; Socrate, mourant volontairement en digne apôtre de la sagesse ; le Christ,
recueillant nos doctrines, prêchant l'affranchissement des esclaves, prêchant la
liberté de la femme, constituant une religion d'abnégation et d'amour, dont toutes
140 LE PANTHÉON, MAÇONNIQUE.
es pensées émanent de la secte desThérapeutes et des Esséniens, et, noble martyr,
expirant, le sourire sur les lèvres, en murmurant encore : Aimez-vous les uns les autres.
C'est vers le quinzième siècle que la Maçonnerie sembla prendre son plusgrand
essor. , , , - - - - , * , , t ' , | , . , , , - , -
Dès cette époque, Florence possédait l'Académie platonique et la Compagnie de la
truelle (symbole de la charité). -- , - - -- 1 - ' , ' *
En Allemagne, en Suisse, de nombreuses Logesse fondaient; en Écosse et en Angle
terre, notre foi portait ses fruits, et les Maçons jouissaient d'une prépondérance profi
tableà la dissipation des ténèbres de l'ignorance. - - --
Tous les moyens furent mis en pratique pour éclairer les esprits,pour polir les
usages,pour adoucir les mœurs et amener les hommesà l'état de sociétés policées. ,
L'influence de la Maç.. est irrécusable sur le développement des facultés morales ;
c'est elle qui a inspiréà chaque peuple le sentiment de sa nationalité; c'est elle qui
a appris aux hommesà se respecter entre eux età se respecter eux-mêmes; c'est elle
qui a tiré les arts de l'enfance. t : * 1 , |
Ce sont les sages de Memphis, les hiérophantes de la Maç.., qui, les premiers, ont
étudié l'astronomie ; c'est par euxque l'homme est arrivé àun tel degré de science,
qu'il peut lire dans le ciel, nommer les astres, annoncer le retour périodique de chaque
planète et compter les étoiles des constellations. - , , , ,
C'est par la Maç .. que l'égoïsme a été combattu avec le plus de fruit; c'est donc
à elle que les sociétés doivent leur conservation, car l'égoïsme n'est-il pas une maladie
lente qui consume insensiblement leurs facultés vitales?. L'égoïsme n'est-il pas la
cause principale du démembrement des nations ? . , , 1 ' - , , , - v
Et pourtant, mes FF.., il nous reste encore beaucoup à faire; mais notre sage
institution est persévérante dans ses œuvres : chaquejour ne détachons-nous pas un
fragment de l'édifice d'iniquité que renferme le cœur des mortels,pour le remplacer
par le germe d'une vertu ? , , , ... 1 - - -
Grâce aux efforts soutenus et incessants de nos illustres prédécesseurs, l'esprit
humain, en traversant les siècles, a fait d'immenses progrès : l'homme, moins asservi,
n'en est plus à vivre comme l'animal inintelligent, qui n'a que son instinct pour
guide; aujourd'huil'homme a élevé la tête, il a envisagéson passé, il s'est étonné de
son ignorance, mère de son abaissement; puis il a jeté un long regard d'espérance et
de joie dans l'avenir. . ,
-
, , , , , , , « l , , i ... -- 1 - 1 : 1 -
C'està nous de cultiver le vaste champ de l'intelligence humaine, de jeter les se- -
mences d'une philosophie bienfaisante, de montrer la route du bonheur. .. -
Continuons donc notre louable travail; que le profane soit heureux par nous ;que .
l'exemple de notre F. .. amitié lui inspire le désir de demander la lumière. , n -
Qu'il vienne prendre part au développement des questions qui sont l'objet de nos
travaux; qu'il vienne entendre nos paroles de paix, de tolérance, d'union et decharité. --
r - - * , , , , , « i * : - ,
Alors il remerciera le sublime Architecte des mondes de lui avoir ouvert le temple
de la sagesse, et sera convaincu, comme nous le sommes, que le seul moyen d'arriver -
au bonheur, c'est de travailler à celui de ses frères. . - , - , , , i't , « . : ' *
Le mot hiram signifie élevé; on l'appelle souvent hiram-abi dans certains rites ,
(père élevé) ou adonhiram (seigneur élevé), d'où est venue la Maçonnerie adonhira
mite, et ce qui donne lieu à diverses interprétations astronomiques et religieuses. .
Le maître doit ajouter aux cinq premières qualités : la modération dans ses préten- .
LE pANTHÉON MAÇONNlQUE. 141
tions et dans ses désirs, qui met engarde contre l'orgueil, l'envie ct la cupidité; le
courage et la résignation dans le malheur, soutenus par l'espérance d'un meilleur
avenir dans cette vie ou dans l'autre. - ' . ' -
Vous avez été introduit en L. .. de M.'. par le signe, la marche et en costume de
Comp.., les bras nus, signe de votre ardeur au travail; la poitrine découverte, pour
exprimer que votre cœur est dévouéàvos FF..; l'équerre attachée à votre bras apour
signification votre droiture et votre régularité dans vos bonnes mœurs. -
La chambre du milieu est l'enceinte où se trouve le corps d'Hiram. .
Dans le grade de compagnon,vous avez appris à connaître l'esprit philosophique et
allégorique de la Maçonnerie, et nous sommes certains quevous ne regardez pas la |
résurrection d'Hiram commeun fait accompli. ' ' ' ' '
Jusqu'à ce jour, on nevous avait guère présenté que des emblèmes matériels; ici
ily a un drame mystérieux,un mythe, où tout est allégorique, l'action, la victime et
les meurtriers; la Maçonnerie, en offrant ce drame à ses disciples, avoulu les avertir
que beaucoup de faits de ce genre, contraires aux lois éternelles de la nature, ne sont
que des symboles : voilà, mes FF.., comme elle a des secrets qu'elle ne révèle pas -
explicitement, mais que notre intelligence découvre ; notre sublime institution n'éta-
blit pas de controverses dans son sein, afin de n'affliger aucune croyance. Mais en
mettant sous les yeux du candidat un mort qui revient à la vie, elle soumetà son
jugement cette grande question : Les lois établies par le sublime Architecte des mondes
sont-elles immuables, ou peuvent-elles être changées dans l'intérêt d'un individu, d'une fa
mille, d'une peuplade, de la terre elle-même, qui est à peine, dans l'immensité, ce qu'est un
grain de sable dans l'océan ? Elles sont immuables, et je pense qu'en prenant pour base
les deux conséquences générales qu'elles présentent, le bien succédant au mal réel et
le renouvellementperpétuel de toutes choses, la dignité de notre nature nous fait sup- -
porter avec résignation toutes les peines d'une vie passagère; notre consolation, le
soutien de notre courage, l'attachement inébranlable à nos devoirs et à la vertu est la
pensée de notre immortalité, vérité de sentiment qui est dans nos âmes, tourmentées "
de désirs sans bornes, qui seule explique l'ordre moral, et qui se lie à l'idée d'un Dieu -
dont la justice doit récompenser la vertu persécutée, d'un Dieu qui nous aurait traités
plus mal que les brutes, en nous donnant la prévoyance de la mort, si cette vie ter
restre ne devait pas être suivie d'une autre. Et comment, je vous le demande, l'être
pensant périrait-il, puisque la matière elle-même ne périt pas, qu'elle se perpétue
dans des transformations continuelles ! " . * ' * ' ' ' ' ' ' ' ' ' '
Ainsi, immortalité de l'individu homme,immortalité de la famille humaine par la
succession des générations, immortalité du grand ensemble créé ou arrangé par la
puissance suprême, voilà ce que nous enseigne la résurrection allégorique du maître -
Hiram i | | | | -- * " * " " | " * .- , ( )
L'intelligence humaine, au milieu de ces transformations et renouvellements, se
perpétue; elle grandit et se perfectionne; les générations profitent des travaux de ,
celles qui les ont précédées ; elles ajoutent des découvertes nouvellesà celles que leurs ,
pères leur ont transmises. C'est un magnifique privilége dont le Sublime Architecte ,
des mondes a gratifié l'homme; l'immortalité de l'intelligence humaine, c'est le vrai ,sens de la métempsycose. - - -- j ,
L'espérance, mes FF., c'est la consolatrice de tous les maux ; tant que l'homme
la conserve, il supporte l'adversité avec constance; il est plus en état de la vaincre. -
Nos ancêtres, les initiés d'Égypte, nous ont transmis une allégorie très ingénieuse :
' - * , * , * i «
l
142 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
La boîte de Pandore renfermait tous les maux; mais au fond de cette boîte était l'espé
1'011Ce,
Dans le rite de la stricte observance,pratiqué en Allemagne, le symbole de la maî
trise estun vaisseau sans mâts, sans voiles, flottant sur une mer calme, avec la Ié
gende : Ma force est dans l'espérance.
Les trois compagnons assassins d'Hiram symbolisent les trois passions les plus
communes dans le mondeprof. ., savoir : l'orgueil, l'envie, la cupidité. Il faut les
combattre jusqu'à ce qu'on les ait étouffées dans son cœur, car elles sont le tourment
de l'homme qui a le malheur de leur céder.
Ilfaut opposer à l'orgueil, la modestie;à l'envie,l'amourde nos semblables, età la
cupidité, la modération des désirs.
La lettre G. .. de l'É.. flamb.., qui brille à l'Or. ., signifie, dans le grade de
maître, Génie, qui est aussi une émanation de la Divinité. -
Les maîtres travaillentà tous les côtés du triangle (toutes les parties de la L. ·.),
c'est-à-dire que partout où ils portent leurs pas,ils doivent répandre la lumière et les
bienfaits; lesvoyages que font les MM. '. vers les quatre points cardinaux ont la même
signification. - -
Les maîtres travaillent sur la pierre cubique : elle est l'emblème de l'un des pre
miers attributs de la perfection morale, de l'égalité de l'âme, de caractère et de con
duite, et nous avertit d'être toujours les mêmes, dans la vie privée comme dans la vie
sociale, dans la prospérité comme dans l'adversité.
Les maîtres travaillent également sur la planche à tracer, c'est-à-dire qu'ils doivent
dresser des plans aussi parfaits qu'il leur est possible, pour donnerà leurs FF... des
instructions et des avis utiles, pour échauffer leurs cœurs de l'amour du beau moral
et de la vérité. -
Un maître perdu se trouve entre l'équerre et le compas, emblèmes de la sagesse et
de lajustice, qui caractérise le vrai maître. - -
Le bijou de maître estun triangle en or, ayant au centre le nom de Jéhovah, ancien
mot sacré du M. .. Il ne doit jamais perdre de vue les enseignements dont ces deux
signes sont les emblèmes. -
La branche d'acacia placée sur le tombeau d'Hiram est l'emblème du zèle ardent
que le maître doit avoir pour la vérité, au milieu des hommes corrompus qui la tra
laissent. Il y avait des emblèmes analogues dans les mystères anciens : le myrte à
Éleusis, le lotus en Égypte; le rameau d'or était nécessaire au fils d'Anchise pour par
venir vivant au séjour de l'Élysée. - -
Hiram est donc le symbole de la vérité des passions vaincues; ses meurtriers, le
remords des hommes, qui les suit dans la retraite la plus profonde : là, dans la soli
tude, ils ne peuvent étouffer le cri de la conscience, et se livrent aux regrets les plus
amers; nous aussi, mes FF.'., sans avoir de crimes à nous reprocher, fuyons quel
quefois le tumulte, et recueillons-nouspour réfléchir sur nos défauts et nous en cor
riger. C'est dans la solitude que l'homme s'éclaire et entend mieux la voix de la
vérité; c'est de la paisible retraite des penseurs que la vérité est sortie, radieuse
comme un beaujour de printemps,pour changer le monde ; semblable au diamant,
qui brille de la lumière la plus pure, après s'être formé dans les sombres entrailles
de la terre.
Que le Subl... Architecte des mondes nous soit en aide !
L'ordre des travaux étant épuisé, le T.'. R. * .. M. .. ordonne qu'on fasse circuler la
LE PANTHÉON MAÇONNlQUE. 14
izédaka, et après la lecture de l'esquisse des travaux du jour, procède à la suspension des
travattac.
Cette Loge se ferme comme laprécédente; il n'y a que le nom, le signe et les applaudisse
ments à changer. .
CALENDRIER MACoNM 1UE
Tcut porte à croire que les Indiens et les Chinois sont les deuxplus ancienspeu
ples du monde. Les Indiens se servent des trois ères : la première s'indique par neuf
zéros, ce qui est en effet la manière la plus philosophique de l'exprimer, puisqu'elle
est inconnue. Les Indiens avaient sur l'ancienneté du globe une idée bien différente
de celle des Européens : ils la faisaient remonter à 4,320,000 ans; les Japonais, à
2,000,000; les Chaldéens, les Mages et les anciens Perses,à 150,000; les Phéniciens,
à 36,000, et les Égyptiens,à 24,000 : ce sont des années d'homme, dont 360jours
font une année divine. En divisant cette somme par ce nombre, l'on obtientpour quo
tient la période de 12,000; divisez les 150,000 années lunaires des Perses par 12, et
vous aurez encore un nombre égal d'années; enfin, en divisant toutes ces périodes,
quoique éparses chez divers peuples, à différentes époques, s'amalgamant si par
faitement bien, qu'il est évident qu'elles appartiennent à un seul et même corps de
doctrines, dont l'origine remonteà une très-haute antiquité.
La deuxième, appelée ère de Koliouga, commence en l'an 3101 avant J. C.; et la
troisième, appelée ère desSaces, commenceà l'an78 après J.C.
Le commencement de l'ère en usage aujourd'hui chez les Chinois remonteraità
l'année 2697 avant J. C. .
Les Grecs n'ont jamais eu d'ère civile qui leur fût commune. Chaque cité avait la
sienne. Ce ne fut qu'après Alexandre le Grand qu'ils adoptèrent l'ère célèbre des
olympiades; une olympiade était un espace de quatre années, qui s'écoulaient entre
deux célébrations consécutives desjeuxOlympiques.
A l'appui d'une date de l'histoire ancienne de la Grèce,on cite les marbres de Paros :
c'est le nom sous lequel on désigne une série de dates chronologiques gravées surune
table de marbre ; elle renferme les principaux événements de I'histoire de ce pays,
depuis 1582jusqu'en 264 avant J. C. -
L'ère desSéleucides, qui fut adoptée par la plupart des historiens, doit son nom
à la dynastie macédonienne qui régna sur la Syrie après la mort d'Alexandre
le Grand, et commença en la personne de Séleucus ; elle date de l'année 311
avant J. C. - -
L'ère des Romains, appelée l'ère consulaire, remontait à l'institution du consulat,
l'an 753 avantJ. C. - -
L'ère despeuples musulmans, arabes, turcs et persans, s'appelle hégire, ce qui si
gnifie, en arabe, fuite (fuite de Mahomet de la Mecque, et son triomphe à Médine). La
première année de l'hégire correspond à l'année 622 de J. C. -
L'ère chrétienne date de la naissance de Jésus-Christ, quatre mille ans après lacréation dumonde. - ,•
L'ère des Francs-Maçons se date de deux manières : la première s'indique par neuf-
144 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
zéros, ce qui est en effet la manière la plus philosophique; ils la font précéder par
l'indication du quantième du mois, en se servant du calendrier des Hébreux,puisils
ajoutent entre parenthèses (ère vulgaire 1855).
La seconde manière consiste dans la désignation desjours et des mois, selon le ca
lendriergrégorien;ils ajoutent simplementà l'ère vulgaire le chiffre de 4000, ce qui
la porte à5855.
Les Francs-Maçons, en adoptant cette ère, n'ont voulu indiquer qu'approximative
ment l'époque où l'on a commencéà avoir quelques notions historiques sur l'existence
des anciens peuples.
Les Maçons américains, allemands et anglais, du système moderne, ont une ère
commune, celle de la Lumière, 5855 années. -
Dans la Maçonnerie écossaise,fondée sur des mythes d'originejuive, qui admettent
la construction du temple de Salomon comme l'origine de cette institution, on adopte
le calendrier hébreu, dont l'année commence avec la lune du nisan; enfin, les Maçons
du rite écossais ancien et accepté datent leurs actes en commençant l'année au
1er mars, du premierjour ou du premier mois de la lune5855.
Les rites maçonniques indien, chaldéen, de Memphis, persan, philosophique, etc.,
suivent le calendrier égyptien, qui commence l'année lorsque le soleil est dans le
signe du Lion.
Le rite français (Grand Orient), pour simplifier son calendrier, commence irrévoca
blement son année au 1°r mars de l'année vulgaire.
-
La suite des Conférences auprochain numéro.
J. ÉT. MARCONIS.
vr
La R.'. L.'. la Rose écossaise vient de donner sa fête de famille, à laquelle nous avons as
sisté;fête* par l'excellence des principes quiy ont été développés dans les diffé
rents toasts.
Le F.'. Blond.'., V.'. de ce R.'. At.'., pour reconnaître les marques de sympathie que le
concours unanime des FF.*. lui a témoigné en lui offrant un maillet d'honneur, avait fait
mettreà la place assignée à chaque officier, une fort jolie boîte en boule pour renfermer le
ruban. La surprise de ces derniers fut très-grande, lorsqu'en ouvrant la boîte ils trouvèrent
dans le couvercle le portrait de leur affectionnéVénérable.Cette délicate attention a touché on
ne peutplus tous les membres de la Loge, et n'a pas peu contribué à doubler l'attrait de
cette réunion fraternelle. -
Nous sommes heureux de pouvoir signaler de tels faits, et sommes certains que tous nos
lecteurs nous sauront gréde leur en avoir fait part.
Paris. - mprimerie de H.S. Dondey-Dupré,rue Saint-Louis,46, au Marais.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. - 145
. . , -- , - -
-
- a - s ' ' . . - -- * - - e - - " - - 1 , | , ,
-
--
- .
- , ' - , :
Précia Liaistorique. - . -
- l - . : . : * - - , , : -
C'està l'époque des croisades qu'il faut remonter pour trouver la fondation de
cette institution; elle nous est venue d'Orient et nous a été transmise par Gode
froy de Bouillon lui-même; c'était au moins ce que pensait le chevalier écossais
Ramsey, qui releva cet ordre en 1768, etqui fut instiué en 1777. - , , , ,
Dans la Maçonnerie anglaise et américaine, cet Ordre est très-considéré; on le
regarde, en effet, comme représentant la suprématie de la royauté des Hébreux.
Avant 1792, les chap. .. de l'Arche-Royal n'étaient ralliés entre eux paraucune
centralisation régulière; les chap,'. seformaientà côté lesuns des autres, en solli
citant quelquefois l'approbationdu chapitre le plus voisin, mais sans sortir pour
cela d'un isolement peufavorable auxprogrès et à l'utilité d'enseignement de
cette Mac... supérieure; il était nécessaire de former desgrands chap. .. et de ré
diger une constitution uniforme pour ces nouveauxcentres de direction et d'en
seignement; l'État de Pensylvanie se mità la tête de ce mouvement, et dans le
courant de l'année 1797,tous les chap. .. de l'État fondèrent,à l'unanimité,un
grandchap. .. de Royal-Archeà la vallée de Philadelphie; les États situésau nord
de l'Union américaine s'empressèrent de suivre cet exemple : dans une réunion
solennelle qui eut lieu à Martford, le quatrième mercredidejanvier 1798,ils adop
tèrentune constitution rédigée par une commission nommée à cet effet, élurent
leursgrands officiers et constituèrent un grand chap. .. dont lajuridiction s'éten
dait au New-Hampshire, au Massachusetts, à Rhode-Island, au Connecticut, au
Vermontetà New-York, etc.
Cette constitution fut successivement adoptée par les chap. .. des États duNord,
et amena la création des nouveauxg. .. chap.'.,sous la direction desquels les dig.'.
supérieurs de la Maç.*. prirent un développement inconnu jusqu'alors en Amé
rique. -
Il y a donc pour les États-Unis d'Amérique un g. .. chap... de la Maç..de
Royal-Arche qui se compose d'un souv.*.pontifegénéral, d'un adjoint au souv.'.
pontife, d'un grand roi, d'un grand notaire, d'un secrétaire, d'un trésorier, d'un
chapelain, d'un prévôt,etdetous les souverains pontifes, rois et notaires députés
par les g. .. chap. .. de chaque État; il admet également comme membres actifs les
souv.'. pontifes, roiset notaires honoraires qui auront fait partie du g.'. chap.'.
Les sessions ordinaires du g. .. chap. .. ont lieu tous les sept ans, le second
jeudi de septembre; mais des convocations extraordinaires peuvent avoir lieu
toutes les fois que les trois premiers officiers lejugent nécessaire. -
Ce g. .. chap... général se réunit tous les sept anspour élire ses officiers.
Les quatre premiers officiers sont tenus de s'instruire et de se perfectionner
dans les degrés supérieurs, de manièreà les posséder parfaitement età pouvoir
,
19
146 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
donner une direction uniforme aux travaux des chap.'. et ateliers de leurju
ridiction.
lls ont séparément le droit de constituerde nouveaux chapitres de Royal-Arche
et des LI... danstous les États où il n'en existe pas de régulier
Le g. .. chap. .. d'État est dirigépar un grandsouv.. pontife,un grand pon
tife adjoint,ungrand roi,un grand notaire,un grand trésorier,ungrand chape
lain,un grand prévôt.
Cegrandchapitre se composede tous les souv,'. pontifes, rois et notaires titu
laires des différents ateliers, comme aussi des officiers honoraires qui ont précé
demmentgouverné le grand chapitre d' État, lequel gouverne tous les ateliers de
sa juridiction respective, et il règle les contestations qui peuvent s'élever
entre eux. -
Toute réunion régulièrement constituée se nomme chapitre; tandis que les
assemblées de Maitre de marque, maître parfait, et très-excellent maître, prennent
lenom de Loge.
Le chap. .. de Royal-Archese composede :un souv... pontife,un roi,un notaire,
un capitaine des fêtes,un premierinspecteur, un capitaine de Royal-Arche, trois
grands-maîtres,un secrétaire, untrésorier, et des membresnécessairesà l'accom
plissement des travaux.
Installat1on dl'un chapitre.
Lorsque les grands officiers gén. .. ou ceuxdes g. .. chap. .. d'État ont accordé
une patente de constitution pour laformation d'un nouveau chap. .. de Maç.. de
Royal-Arche,ils indiquent l'heure et lejour de l'installation ; aujourfixé, le grand
souv.. pontife ou son adjoint examine les officiers du nouveau chap. ., puis ils
se rendent tous ensemble à la salle des séances; les travaux sont ouverts en la
forme accoutumée. Après la lecture d'un morceau d'architecture appropriéà la
circonstance, le grand souv.. pontife fait lire par le secrétaire le texte de la pa
tente de constitution, et demande aux membres du nouveau chap. .. s'ils approu
vent le choix des officiers quiy sont nommés,et sur leur réponse affirmative, il se
lève et dit :
« En vertu des pouvoirs qui m'ont été conférés,je vous constitue, dignes
Compagnons, en chap. .. régulier de Maç ·. de Royal-Arche, etvous avez désor
mais le pouvoir et la faculté d'ouvrir et de tenir des Loges de maîtres de marque,
de maîtresparfaits, detrès-excellents maîtres, et un chap.·. Maç...de Royal-Arche
en vous conformant auxpréceptes de l'art, à la constitution et aux règlementsgé
néraux du grand chap... d'État. Que le Dieu de vos pères soit avec vous, qu'il
vous guide et vous dirige dans toutes vos entreprises. »
Les bijoux, joyaux, instruments, ustensiles appartenant au grand chap.'. qui
sontplacés au centre s ont alors découverts, et le souv... pontife présente le pre
mier officier du nouveau chap. .. augrand souv... poutife, en disant :
« T. .. Ill. .. et T. .. Ecl... grand souv...pontife,
» Je vous présente mon digne compagnon M... , nommé dans la patente de
constitution, afin que vous l'installiezsouv.·. pontife de ce nouveau chap. .;il
est habile dans notre art sublime, rigide observateur despréceptes moraux de nos
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 44*
prédécesseurs, etjesuis certain qu'il remplirafidèlement les devoirs de sa charge. »
Le souv.".g.°.pontife répond:
« T.'. lll.". Compagnon,
» J'éprouve laplusvive satisfaction dans l'accomplissement de mon devoir en
cette occasion, et jevous installe en qualité de souv.. pontife de ce nouveau
chap..; c'est une position extrêmement honorable pour ceux qui remplissent
avec zèle les importantes obligations qu'elle comporte;vos comnaissances maç..
me dispensent d'énumérer ces obligations ;je vous ferai simplement observer que
l'étude répétée de la constitution et des règlementsgénérauxvous mettra toujours
à même de les accomplir avec ponctualité; et je suis sûr que les compagnons qui
ont été choisis pour diriger le chap.·. avecvous appuieront vos efforts ;mainte
nant,jevousposerai les questions relatives aux devoirs devotre charge, etje vous
prie d'y répondre dans toute la sincérité devotre cœur. . -
» 1° Promettez-vous solennellement que vous redoublerez d'efforts pour cor
riger lesvices, purifier la morale et accroître le bonheur des FF.*. qui sont ar
rivésjusqu'à ce sublimedegréde la Maç*,?
» 2° Quejamaisvous ne laisserez ouvrir votre chap. .. sans qu'ily ait au moins
neufMaç.. réguliers de Royal-Arche présentsà la séance?
» 3° Que vous ne permettrezjamais l'initiation dans votre chap.'. de plus ou
moins de trois FF.*. à la fois?
» 4° Que vous n'éleverezpersonneà ce degré s'il n'a montré des dispositions
charitables et s'il n'a passépartous les degrés antérieurs ?
» 5° Que vous rechercherez et pratiquerez aveczèle tout ce quipourra tendre
au bien général de notre Ordre, et qu'en toute occasion vous vous empresserez
de recevoir et de transmettre les instructions que vous recevrezspécialement des
grands officiers généraux etde ceuxdu chap... d' État?
» 6° Quevous observerez autantque possible les solennités de nos cérémonies,
et qu'en chap.". vous donnerez constamment à vos Compagnons l'exemple du
plus grand respect pour nos coutumes antiques ?
» 7° Quevous observerez et ferezobserver scrupuleusement les règlementspar
ticuliers de votre chap.·. conformesà la constitution générale du Royal-Arche et
aux règlements générauxdu chap. .. d'État?
» 8° Que vous obéirez auxinstructions des g... officiers généraux et des offi
ciers du chap. .. d'État, surtout en ce qui concerne les lectures et les obligations,
et quevous leur céderezvotre fauteuil quand ils visiteront votre chap.·.?
» 9°Quevous maintiendrez et observerez la constitutiongénéraldu Royal-Arche
et les règlementsgénéraux dug... chap.·. sous l'autorité duquelvous travaillez?»
Le nouveau pontife ayant répondu : « Je le promets »à chacune de ces ques
tions, le grand souv.·.pontife récite une prière appropriée à la circonstance, puis
il engage tous les Compagnonsà se retirer,à l'exception des souv.·.pontifes titu
laires et honoraires, tandis que le nouveau pontife prête le serment d'usage. Les
FF. .. étant rentrés, le grand souv... pontife s'adresse en ces termesà son nou
veau collègue :
« T.'. Ill.'.Compagnon,
» En conséquence de votre réponse affirmative à toutes les questions que je
148 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
vous aiposées, et devotre consentement auxpromesses quej'ai exigées de vous,
jevous déclare dûment installéet consacrésouv... pontife de ce nouveau chap.*.,
et je ne doute pas que vous maintiendrez avec énergie la réputation et l'honneur
de notreOrdresublime.Je vousremets donc la patente, en vertu de laquelle vous
travaillerez désormais,et je suis sûr que vousgouvernerezvotre chap.", avec tant
de sagesse et de régularité, que vos Compagnons ne regretteront jamais le choix
qu'ils ont fait de vous. »
Le grand souv.·. pontife lui remet alors les insignes de sa dignité, et il ins
talle ensuite les officiers du chap.'.,il leur signale les obligations et les devoirs
qu'ils ontà remplir, puis, ayant adressé une allocution aux membresdu nouveau
chapitre,il termineen leurfaisantprêter le serment suivant :
« Nous. promettons etjurons de maintenir et d'observerfidèlement la consti
tution générale du Royal-Arche. »
La parole est accordée au chapelain qui, après avoir expliqué le sens des allé
gories, aborde la plus haute partie scientifique de l'Ordre. Après ce discours les
travaux sont suspendus.
Les instructionsfont allusion à Hénoch,à son songe, auxneufarches qui ren
ferment le Delta, emblême de laTrinité, et sur lequel repose la parole ineffable. Les
doctrines sont tirées du troisième livre des rois, chapitre 5. Le temple, pour ce
grade, est supposé le Mont-Liban.
Royal-Arche de 1'Antiquité,
L'institution de Royal-Arche remonteà la plus haute antiquité; les mages, qui
en sont les fondateurs, avaient puisé leur science chez les Brachmanes ouGym
nosophistes de l'Inde,ils avaient anciennement dans la ville chaldéenne d'Hippa
renum uneécole célèbre, digne,parla concentration detoutes lesvertus humaines,
des chapitres que le ciel destinait à devenir les instituteurs du monde; mais c'é
tait particulièrement dans la Médie que ses Ill. .. Maçons célébraient leurs mys
tères et enseignaient ces dogmes qui répandirent dans le monde cesflots de lumière
et de vérité, que le sublime Architecte des mondes avait placés dans le cœur des
hiérophantes de la savante Egypte.
Le butprincipal de ce grade est le perfectionnement de l'homme et son rappro
chement vers celui dont il est émané, c'est-à-dire sa réhabilitation et réintégra
tion dans son ranget ses droits primitifs.
De nosjours cette opinion, toute excentrique qu'elle soit, a été adoptée par des
hommesprofonds, tels qu Fabre d'Olivet, Ballanche, etc.; et nous lisons dans un
ouvrage que le célèbre auteur des Paroles d'un Croyant a publié, ce passage re
marquable : « En nous sont deux êtres, l'animal et l'ange, et notre travail est de
combattre l'un, pour que l'autre domine seul, jusqu'au moment où,dégagé deson
enveloppe pesante, il prendrason essor vers de meilleures et plus hautes régions.»
C'est peut-être en ce sens que le dogme universel de la rédemption dugenre
humain doit être expliqué.
Contemporaine de ce dogme, est née comme conséquence des principes duspi
ritualisme, la doctrine d'un être double dans l' homme, doctrine qui explique le
magnétisme, le somnambulisme, les songes, la prescience ou les prévisions, les
antipathies et sympathies, etc. Cette doctrine a été celle des sages de l'antiquité;
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. - 149
Pythagore en a été l'interprète le plus célèbre, Swedenborg et Saint-Martin l'ont
poussée jusqu'à sa dernière limite et onttrouvédes disciples nombreux et éclairés,
sansparler des divers ordres d'illuminés,tels que ceuxde Stockholm, qui suivent
le martinisme. Dans les mystères du Royal-Arche, il est dit : lorsque l'homme,
par une vie nouvelle et exemplaire, par des travauxutiles, s'est réintégré dans
sadignitéprimitive, ilse rapproche de son créateur, animéd'un souffle divin, et
il est initié; dans les instructions qu'il reçoit, il apprend les sciences occultesdans
toutes leurs parties, quiluifont connaître les secrets de la nature, la haute chimie,
l'ontologie et l'astronomie.
Lors de son admission, des cercles sont tracés au milieu du temple, représen
tant le système universel planétaire et le soleil au centre, et le grand maître lui
explique comment s'est opéré le mystère de la création, etc.
Le secret de ce grade ne pouvait s'acquérir qu'après des études prescrites, de
sévères épreuves qui n'étaient en réalitéqu'un cours d'idées religieuses et morales
dégagéde toute superstition. -
Pourêtre admis dans cette vénérée institution, il fallait joindreà l'élévation de
l'âme et de l'intelligence une grande pureté de mœurs, et l'on s'engageait par un
serment solennelà suivre lespréceptes les plus sévères de la vertu dans la vie
nouvelle où l'on entrait.
Cette institution célébrait pourfête d'ordre, le triomphe de la lumière sur les
ténèbres, et ils entretenaient pendant leurs cérémonies une flammepure dans un
brasier alimentéavecvénération; cet emblême était celui desplusgrands peuples
connus, tels que les Egyptiens, les Chaldéens, les Péruviens, etc.; mais les hiéro
phantesseuls en possédaient l'explication.
La constitution du G.".Chapitre est basée sur la loi de Hom, selon letraduc
teur de Zend-Avesta, cette loi annonçait un Étre suprême éternel, auteur des
deux principes opposés; les cérémonies de cette loi, appelée Paeriokesch, étaient
en petit, nombre très-simples et rappelaient l'origine et l'arrangement de l'univers.
Elle a pourbut de rendre ausublime Architecte des mondes l'hommage qui lui est
dû, elle élève en mêmetemps l'homme au-dessusde ses semblables, en le mettant
à l'abri des passions qui troublent si souventson existence.
Le chev.'. Royal-Arche portait en sautoir un cordon avec une plaque formant
un triangle, d'un côté était gravé le nom de Jéhovah entouréde ces mots: Vérité,
Sagesse, Science, et de l'autre un serpent formant un cercle au milieu duquel est
un lion.
Ce triangle est le symbole de la divinité.
Le serpent avec le lion sont le symbole de la prudence et de laforce.
On lui remettait avec le code des lois sacréesune décoration qu'il ne pouvait
porter que dans le chapitre, elle représentait Isis sous la forme d'un hibou ; cette
allégorie lui était ainsiexpliquée : « L'homme,à sa naissance, est aveuglecomme le
» hibou, et il ne devient homme qu'à l'aide de l'expérience et des lumières de la
» philosophie.»
Grand chapltre de l'Arclae-R0yale.
*.-
Le grand Chapitre se compose de onze officiers dignitaires, savoir : le G.'.
Pontife, le 1er Mystagogue, le 2°Mystagogue,l'Odos (orateur), l'Hiérostolista (se
150 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
crétaire), Zacoris (trésorier), le Céryce (g. .. expert), le Pliste (hospitalier), l'Hy
dranos (m... des cérémonies), le Cistophore (garde des sceaux et archives), le
Thesmophores (gardien du sanctuaire). -
, Le grand Chapitre est divisé en trois temples; le premier est celui où se fait
l'examen du candidat, il prend le nom de Pronaos. -
Il est tendu d'une draperie bleu céleste parsemée d'étoiles en argent, et orné
d'emblêmes représentant les mystères de l'Ordre; au fond de la salle est un ta
bleau transparentsur lequel est peint unegloire au centre de laquelle est l'œil de
la vigilance; devant le président est une table triangulaire couverte d'un tapis
noir, sur laquelle sontposés le livre de la sagesse, une épéeflamboyante,un trian
gle et un vase antique contenant les parfums. -
Ce temple est éclairépar trois lampes, placéesà l'orient,à l'occident et ausep
tentrion.
Au-dessus de la porte d'entrée est untransparent avec ces mots :
« La raison te conduit; avance à sa lumière,
» Marche encore quelques pas, mais borne ta carrière ;
» Au bord de l'infiniton cours doit s'arrêter ;
» Là commence un abîme, il le faut respecter.... »
Au milieu du côté droit, se trouve uneporte à deux battantsgardée par deux
sphinx accroupis, au-dessus de laquelle sont écrits ces mots :
L'entrée de ces lieux n'estpermis qu'aux âmespures,
Le président, l'orateur, le secrétaire, le premier et le deuxième surveillants
portentune tunique noire et leurs insignes Maç...
Le deuxième Temple prend le nom de Sanctuaire des Esprits, il représente les
ruines du temple deSalomon; les murailles sont couvertes d'hiéroglyphes, tous
les signes duzodiaque y sont représentés, au fond à l'orient se trouve l'arche qui
renferme le tombeau emblématique. Cette salle n'est éclairée que parun transpa
rent représentant la lune; pendant le voyage du candidat règne un silence de
mort; tous les membres du chapitre peuvent assister aux épreuves physiques,
mais ils doivent être inaperçus.
Latroisième salle prend le nom de Temple de la Vérité;il est resplendissant de
lumière et richement décoré. Sur une estrade ayant neuf marches et sousun pa
villon d'étoffe d'or, on voit le nom ineffable, dans une gloire rayonnante ;au
dessus est l'étoile flamboyante portant au cinq pointes des caractères hiérogli
phiques. -
Sur l'estrade est placé le siégedug. .. Pontife devant lequel est un autel cou
vert d'un riche tapis d'or ; dessus estun canrdélabre à cinq branches et le grand
livre d'or. -
Le g.*. Pontife est revêtu d'une robe blanche avec une tunique bleu cé
leste mélangé d'argent,qui ne descend quejusqu'aux genoux; les manches de la
première robe sont étroites et descendentjusqu'au poignet, celles de la seconde
sont larges et ne viennent qu'au coude ;il porte en sautoir un large ruban violet,
sur lequel sont brodés ces mots: Vérité, Sagesse, Science, etun soleil brillantsus
penduà une chaîne d'or.
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 151
Les deux mystagogues et les officiers dignitaires sont couverts d'une longue
robe bleu céleste; par-dessusest une ceinture en soie violette à frange d'or et une
chaîne d'argent portée en sautoir, au bas de laquelle est un soleil.
LE PR()NAOS.
Examen : un Candlfldilat.
Le Président frappe un coup de maillet et dit: « En place et silence, mes FF.·..
Le Ceryce frappe cinq coups, II-II , et au moment où la porte du Pronaos
s'ouvre, des coups de tonnerre se font entendre, des éclairs brillent et le néo
phyte se trouve entouréde feu ; lorsque le silence est rétabli, l'Hydranos le place
surun siége élevécouvert develours noir. -
D.*. Le Président dit au candidat : Que demandes-tu, et qui t'amène parmi
nous?
R.·. Je demande l'entrée de l'Arche-Royale.Je désirepénétrer les arcanesde la
nature. - , --
D.·. Qu'as-tu fait pour obtenir cettefaveur?
R.·. J'ai appris la signification véritable des symboles.
D.·. Connais-tu la doctrine de la dualité des principes la Dyade ?
R.'.Oui,je connais l'origine des contrats, loi d'un combat éternel entre le bien
et le mal, entre la lumière et les ténèbres, entre la matière et le principe généra
teur. -
D. ..Que cherches-tu donc?
R.'. La loi d'harmonie qui devait fondre ces éléments contraires en un seul
tout, digne de correspondreà l'œuvre dugrandinconnu.
D. ..Ce que tu demandes appartient aux Maîtres du Grand œuvre, et tu ne
pourras l'obtenir que par l'étude ; mais partout ily a de l'harmonie : dans la
nature, chez l'homme, dans la force, chez l'enfant, dans le travail, dans l'existence
etjusque dans la douleur, car la douleur est sainte ,... -
Quelle est la plus belle harmonie au ciel? c'est Dieu ! Quelle est la plus belle
harmonie sur laterre ? l'amour ! car ouvrons l'histoire et considérons les grands
royaumes, lesimmenses édifices, les palais séculaires consacréspar une admira
tion perpétuelle, et toujours nous rencontrerons l'harmonie divine ou humaine qui
préside aux évènements; c'est l'obéissance aux lois tracées par la nature, qui
conque s'écarte de ces lois perd la moitiéde ses facultées, il n'existe plus, il n'a
plus rien. Trois grands secrets vont t'être révélés, le premier est l'art de prolonger
ta vie, le second est le secret de faire de l'or, le troisième est le génie créateur qui
excite l'admiration des hommes.
R.'. L'art de prolonger la vie est de bien employer chacun des instants dont
152 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
elle se compose; le secret de faire de l'or est devivre exempt de besoins, et au
dessus dugénie qui excite l'admiration des hommes, le sage place la vertu quiles
encourageà pratiquer le bien.
D.·. Jeune élève de la sagesse, ton âme est au-dessus des basses convoitises ;
courage!. et réponds-moi.
D.·. Qu'est-ce que le spiritualisme?
R.·. Le spiritualisme, c'est l'esprit luttant contre la matière, l'âme soumettant
le corpsà sa puissance; c'est le principedu dévouement, le désirde l'immortalité,
l'amourde lagloire par la vertu, la science; dans ces dernierstemps on l'a appelé
progrès social; il est seul conservateur de la société, seul genérateur des nobles
pensées, parce qu'en lui seul se trouve l'Eros intellectuel, l'archérype du beau,
parce que, dégageant l'homme des biens terrestres qui le tiennent captif, ille
rendplus semblableà l'être des êtres par excellence. .
D... Qu'est-ce que le matérialisme ?
R.·. Le matérialisme et l'assujettissement de l'esprit à la matière, la victoire
des sens sur la pensée, la négation de l'immortalité, et par suite l'exaltation du
moi humain , en d'autres termes la consécration de l'égoïsme ;par conséquent le
devoir de tous ceux qui ont reçu la mission d'éclairer les hommes dans quelque
position qu'ils se trouvent, est de faire appel au spiritualisme qui est l'idéal de la
perfection humaine, le lien entre Dieu et l'homme; les matérialistes corrompent
la société.
D. .. Qu'est-ce que le sabéisme?
R.·. On appelle ainsi le culte ou l'adoration des astres, des éléments, idolâtrie
qui, quoique étant une erreur, était naturelleà l'homme avant qu'il fût éclairé,
soitparune révélation, soit par l'essor de l'intelligence.
D.·. Et le saducéisme?
R.". Les saducéins étaient une secte philosophique chez les Hébreux,opposée au
phariscisme, cette secte avait du rapport avec le stoïcisme grec.
D.*. Le stoïcisme ?
R.·. Les stoïciens sont ceux qui sùpportent l'adversité sans se plaindre ; la
maxime de cette école est que la vertu seule estun bien, aussia-t-elle compté dans
ses rangs les hommes lesplus recommandables. -
Le stoïcisme,pousséà l'excès,peut dégénérer en abus, maisil est toujourspré
férableà l'épicuréisme ou sensualisme,parce que l'homme étant sujetà se laisser
influencer par ses passions,il est toujours utile de le rappeler au spiritualisme,
c'est-à-dire au devoir de préférer les choses célestes auxchoses terrestres, la vertu
au vice, la gloire,qui est l'élément desgrandes âmes, au bien-être personnel.
D.". Qu'est-ce que letemps?
R.°. Il existe avec Dieupendant l'éternité; mais on ne peut l'apercevoir et le
compter que du point où le sublime Architecte des mondes créa le mouvement
qui le mesure.
D.". Qu'est-ce que le hasard?
R.·. Le hasard est un mot vide de sens: rien ne peut exister sans cause, le
monde est arrangésuivant les lois mathématiques, par une intelligence ; ces trois
axiomes : 1° quelque chose est; 2° rien ne saurait produire quelque chose,
3° quelque chose ne saurait produire le rien, conduisentà cette quatrièmepropo
sition et la prouvent: quelque chose est éternel .
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 53
Dans la langue suéto-gothique, as signifie Dieu, le pluriel était asar, ainsi le
hasard desGoths et peuples du midiétait dieu ; dans la langue étrusque aesarvou
lait aussi dire Dieu; on se souvient de la foudre qui détruisit la lettre C sur la
statue de César, d'où l'on conclut qu'il allait devenir dieu, c'est-à-dire mourir :
asar, aeser, se rapprochent de l'hésus des Gaulois; d'après cette explication, le ha
sard, pour moi, n'est autre que la providence, qui remplace pour nous la fatalité
musulmane et le destin, divinité aveugle et fatidique des anciens.
D.· .. Et lavie ?
R.'. La vie est un vaseà deuxanses quipenche tantôt d'un côté pour verser
les biens, tantôt de l'autre pour épancher les maux. Le courage et la constance
diminuent ceux-ci auprofit de ceux-là, et souvent le malheur lui-même est un
bien : il fortifie l'âme qui a su résister au premier choc; il la réveille de l'indo
lence dans laquelle une longue prospérité l'avait endormie ;il inspireà celuiqui
ne se laisse pas abattre, une énergie nouvelle; il luifournit, pour revenir au
bonheur, des moyens qu'il ne se soupçonnait pas.
D.'. Quel est le signe de la réconciliation entre Dieu et l'homme?
R.'. C'est la mort.
D.'. Qu'est-ce que l'espérance?
R.'. L'espérance est le bâton de l'homme àtravers le rude et douleureux
voyage de la vie, elle nese laisse guider quepar la raison et ne prétend qu'à cequi
est bon et honnête, l'espérance est un sage qui nous conduit : c'e** un ami qui
nous conseille.
D.*. Qu'est-ce que le discernement ? -- -
R. .. Le discernement est cette qualité de l'esprit quifait envisager les objets
sous leur véritablepoint devue,et qui avertit de ce qui convient et de ce qui ne
convient pas. C'està cette faculté qu'ilappartient de connaître la nature et le ca
ractère des passions, de savoir le langage qui leur est propre, de distinguer les
ressorts quipeuvent les mettre en jeu, et de n'ignorer aucune des bienséances qui
leur conviennent relativement aux temps, aux lieux et auxpersonnes : les pas
sions ne se ressemblent point entre elles; elles font toutes sur l'âme une impres
sion diverse, etse manifestent au dehors d'une manière différente. Le Franc
Maçon doit connaître le caractère et le langage de chacune d'elles.
D.". Comment s'acquiert le discernement?
R.'. Par l'observation des sentiments et des affections des hommes, et surtout
par l'étude de son propre cœur ; car tout le monde porte en soi le germe despas
sions, et toute la différence qui existe entre un hommevertueux et celui qui ne
l'est pas, c'est que l'un résisteà ses passions, et que l'autre s'en laisse dominer
D.*. Qu'est-ce que l'amour de l'ordre? -
R. .. L'amour de l'ordre est le fondementsur lequel reposent le ciel et la terre,
et la connaissance et l'amour de celui qui en est l'auteur, est le principe de l'u
nion et de l'harmonie de tous les êtres sensibles, intelligents et raisonnables.
Il ne suffit pas de connaître Dieu,il faut l'aimer, ni de connaitre les hommes,
il faut les servir, ni enfin de connaître l'ordre, il faut l'établir et le maintenir ;
c'est l'abrégé de la science Maçonnique.
D.*. Où est la vérité?
R. .. Dans la nature : c'est la connaissance de ce qui est, de ce qui peut et doit
être dans l'ordre de l'analyse.
20
154 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
D... Est-il utile que l'homme connaisse l'ordre desêtres et des choses, soit ma
tériels, soit spirituels, visibles ou invisibles, comme Dieu, nature, homme,hu
manité, bonté,vérité,justice, vertu?
R.·. Oui, car le plus haut degré de l'intelligence où l'homme puisse atteindre
serait de connaître la nature des êtres et leurs rapports avec nous, de connaître
l'essence des choses et les qualités des objets destinésà notreinstruction, audéve
loppement etauperfectionnement denotre propre nature ..L'homme doit observer
toute la nature,soumettre toutà l'examen de la raison,à l'expérience,à l'analyse
ettout dirigervers son perfectionnement.
D. .. Qu'est-ce que la calomnie?
R.°. La médisance estunepetitesse dans l'esprit ou une noirceur dans le cœur:
elle doit toujours naissance à la jalousie,à l'envie,à l'avarice ouà quelque autre
passion; elle est la preuve de l'ignorance et de la malice; médire sans dessein,
c'est bêtise; médire avec réflexon, c'est noirceur. La loi de la gravitation,quiré
git le mondephysique, veut qu'une pierrejetée en l'air retombe sur terre, la loi
du monde moral, qui est la justice,veut que dansun temps donné, le malpro
duise le mal, comme le bien doit produire le bien. -
D.". Pourquoi la philosophie est-elle partie indispensable de la Maçonnerie?
R.'. Attendu que toute doctrine, morale religieuse ou scientifique , qui n'est
pas éclairée par la philosophie, est fausse, et qu'elle égare plus encore que
l'ignorance.
D.·. Aquoitendent les grades symboliques de la Maçonnerie?
R. .. A inspirer au Maçon le désir de son perfectionnement moral, et la pra
tique de toutes lesvertus quiconstituent l'homme de bien.
D.·. Quel est le but des grades capitulaires?
R.*. De donner une grande énergie, et d'échauffer l'âme de ce saint enthou
siasme qui distinguel'hommeparune philantropie ardente, auxpremiers degrés,
vertu, philantropie, auxdegrésintermédiaires, chaleur,enthousiasme pourle bien,
au sommet, philosophie, pour régler et cimenter les moyens de bien faire tout
ce qui est bon; il faut donc que les Maçons qui en sont revêtus cultivent la phi
losophie avec ardeur, car la philosophie est la science des principes, la connais
sance de la vérité, embrassantdanssagénéralité toutes les lois dumonde physique
et du monde moral.
D.Quel rapport existe-t-il entre la Maçonnerie et le culte du feu?
R. .. Le culte dufeu a étéune conséquence de celui qu'on rendit au soleil. Chez
les uns, le feu a été révéré seulement comme un emblême, que la raison pouvait
approuver, chez les autres, il donna lieu à des superstitions; les magesvoyaient
en lui le symbole du sublime Architectedes mondes.
' D... Que signifie le triomphe dela lumière?
R.·. Le triomphe de la lumière est une cérémonie religieuse et morale de nos
ancêtres qui suivaient le culte de la nature, lequel consisteà en observer toutes
les merveilles; elle nous représente que le soleil, arrivéà sa plusgrande élévation,
a chassé les ténèbres et setrouve danssa plusgrande splendeur; cette contempla
tion élève l'âme jusqu'à l'auteur de tout ce qui existe, il est évident que l'atten
tion aux mouvements, aux variations et auxeffets quien résultent, découvre les
miracles du sublime Architecte des mondes ; elle conduit à la connaissance des
perfections, elle donne des idées dignes de la grandeurdu moteurde toute chose.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 155
D.*. Qu'a-t-onfait pourfixer l'espritde l'hommesur ces combinaisons et ces
variations merveilleuses ? -
R.'. On s'est servi d'allégories et de symboles comme d'images agréables qui
représentassent aussiunemoralepureet naturelle,quiputexciter l'hommeàprati
quer la vertu.
D.°. Quelle est l'allégorie adoptée?
R.'. Unepyramide surmontéedu soleil; cette forme quiprésente une idée de
la perfection, rappelle la recherche de l'art; c'est cette vertu que l'on se propose.
Cette recherche était faite par l'hiérophante et les deuxmystagogues. En se ren
dant aux troisfeux emblématiques,ilsportaient, en forme de questions, ces trois
inscriptions hiéroglyphiques :
« 1o Chercher dans les merveilles visibles de l'univers la connaissance du su
» blime Architecte des mondes etde sesperfections; être toujours docile àla voix de
» la nature, quiest celle de la raison et de la conscience.
» 20 Pratiquer la vertu et fuir le vice,pour être toujours satisfait de soi-même.
» 3° Aimer ses semblables, leurêtre utile autant que possible, et ne chercher son
» propre intérêt que dans le bien-être commun de tous. »
Que de morale dans ces recherches ! Elles sont la conséquence de la pure doc
trine de notre divin Maître, que l'ignorance, la superstition et l'avarice ont défi
guréepar la suite des temps. -
D.". Donnez-nous l'explication destrois feux emblématiques?
R.". La déesse Isis tenant son fils Osiris sur ses genoux, trois feux sur trois
autels brûlant devant elle..
L'homme estcorps, âme, etintellecte.Chacun des éléments qui constituent nos
corps est ternaire, et offre à l'esprit l'emblême de la nature.Neufcieux sont dé
crits sur la voûte symbolique du temple, neufpuissances célestesyprésident; la
volonté intelligente habite le premier, laparole sympathique le second, l'esprit
organisateur le troisième, la puissance qui crée la soumission le quatrième, l'é
nergie sociale le cinquième, le gouvernement des peuples le sixième, la domina
tion des intelligences le septième, le génie qui découvre la vérité la huitième,
le sage quipense et vit en Dieu occupe le neuvième et se repose éternellement au
pied du trône duSubli.'. Arch. .. des mondes.
D. .. Croyez-vous que la voix quisort du buisson ardent n'est qu'une figure
symbolique? -
R. .. Oui, elle exprime le feu de l'intelligence, la voix de la conscience qui ne
permetpas à l'homme d'opprimerses FF.*.
D.·. Quelle idée avez-vous de l'homme et de lafemmevivantdans l'innocence,
et chassésdujardin d'Edenpar leurtransgression auxcommandements de l'Eternel?
R. .. Cette allégorie exprime l'obéissance que l'homme doit aux lois de la na
ture,de lajustice, de l'humanité;que lorsqu'il les oublie, il se rend malheureux,
infirme,ignorant,il détruit toute société et renverse les lois que le Sublime Archi
tecte des mondesà impriméesà sa création.
D. .. Quelle est lavéritable origine de la Maçonnerie ?
R.'. Le monde ayant été créé, les hommesvécurent longtemps dansune grande
sainteté; ils avaient le don de prophétie, et possédaient des forces surnaturelles ;
partout les intelligences tendaient vers le progrès, cette condition sublime de la
nature humaine,car Dieupermet autravailperséverant,à l'étude consciencieusede
156 LE PANTHÉON MAçoNNIQUE.
soulever sans cesse de plus en plus le rideau mystérieux dont il a recouvert les
secrets de la civilisation. A cet âge d'or succéda une époque malheureuse, lespeu
ples étaient déjà vieux car ils avaient lujusqu'au fond de la science,ils savaient
tout, mais ils étaient sans joie, tout les affligent, et la mort régnait dans leur âme
glacée ; la terre était consternée,car si les sciences étaientà leur apogée lesvices
et les crimes règnent aussi dans cette vallée d'épreuves; les peuples méconnaissant
les lois divines, blasphémaient le nom sacré de Jéhovah, quijustement irrité or
donna le cataclisme afin de régénérer le monde!...... Dieu choisit un sage et lui
dit :Je t'aifait mon représentant dans cette valléeterrestre, marche sans crainte,
jeveilleraisur ces pas, rien de ce que tu feras n'échappera à mon regard.
Je te donne ces outils symboliques, l'équerre, le compas, le niveau et la truelle ;
ils sont d'origine immortelle et d'une précision immuable comme moi, leur cons
truction se confond dans les plans éternels que j'aiarrèté.
Élève des autels à la vertu, tresse des couronnes pour elle, bâtis des cachots
pour les vices. -
J'ai travaillésixjours etje me suis reposé le septième ;imite-moi,car le nombre
septenaire est celui de l'harmonie,...... . ainsi parla notre Maîtreà tous, et cette
allocution symbolique restagravée en traits ineffaçables dans son cœur.
Ce patriarche fit le partage des terres et des biens ;fondateur de notre sublime
institution, il établit ses dogmes parmi ses enfants, et lorsque la symétrie parut,
l'harmonie déploya ses charmes, et notre Ordre vénéré reçut l'existence, les arts
s'élevèrent, la civilisation prit sa place, et la philosophie dissipa par degrès les
ténèbres de l'ignorance et de la barbarie ; le gouvernement étant établi, l'autorité
fut confiée aux lois, les assemblées de lafraternité devinrent l'appuide ce quiétait
beau et bien, pendant que la doctrine de l'art était gardée à l'abri des regards du
vulgaire.
D. .. Quel est le but de la maçonnerie?
R,·. La Maçonnerie n'a d'autre but que celui de rendre les hommes parfaits
par lesvertus, les sciences et les arts ; elle enseigne la sagesse, qui perfectionne la
nature humaine, et par ses mystères et ses emblêmes elle exige que leMaçon
exerce son esprit parle travailintellectuel.
D. .. Croyez-vous que la Maçonn.rie est la suite des mystères de l'antiquité,
dont l'action civilisatrice fut telle, que Cicéron n'a pas hésitéà dire « que les mys
tères nous ont donné la vie, la nourriture ; qu'ils ont enseigné les mœurs et les
les lois aux sociétés, et qu'ils ont apprisauxhommes à vivre en homme. »
R.·. Oui,je le crois.
D.·.Veuillez nous donner l'explication de ses mystères?
R... Cette école de la morale fut appelée les mystères d' Isis.
Isis fut un sagevenu des rives de l'Euphrate, un enthousiaste dont le génie
était aussivaste que sonimagination paraissait brillante ;sa législation religieuse
estun beaupoème dont le sujet estun nouvel univers qui doit son existenceà la
muse créatrice dupoète, s'élançant dans les régions de l'empyrée. Illaisse avec
dédain la terre sous ses pieds pour planer majestueusement dans les régions cé
lestes ; ses regards audacieux ont fixé l'Éternel sur son trône, les secrets de la
création lui ont été révélés; enfin,il a connu le mécanisme de ces ressorts qui
font mouvoir l'univers.
Les anciens mystères étaient, non seulement un cours théorique etpratique de
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 157
philosophie morale et religieuse, mais une institution destinée à perpétuer les
premières traditions dugenre humain.
Les prêtres d'Isis n'admirent qu'un petit nombre d'initiés. Ceux d'Éleusis fu
rent plus faciles; il paraît que les mysthes, ou initiés, étaient secrètement divisés
en plusieurs classes, et la plus grande partie ne possédait que des mots et
des signes.
Nous ne devonspas nous étonner que les chefs de la Maçonnerie aient suivi cet
exemple. D'ailleurs, qu'on le sache bien, la Maçonnerie,pour être comprise, doit
être l'étude de la vie entière de l'homme : elle renferme la sagesse et la science,
si toutefois ces deux mots ne sont pas synonymes.
Les mystères étaient divisés en deux classes, les petits et les grands.
Les petits mystères avaient pour but d'instruire les initiés dans les sciences
humaines. La doctrine sacrée était réservée aux derniers dégrés de l'initiation :
c'est ce qu'on appelait la grande manifestation de la lumière.
Entre la connaissance des sciences humaines et celle de la doctrine sacrée, il y
avait des dégrés symboliques àparcourir ; tous les mystères roulaient sur trois
points principaux: la morale, lessciences exactes et la doctrine sacrée.
Du premier objet on passait au deuxième, sansintermédiaire; mais arrivéà ce
second dégré de l'initiation, il fallait de longuespréparations qui faisaient l'objet
de trois autres dégrés symboliques ;le premiertermimait et complétait les petits
mystères, lesdeuxautres ouvraient les grands.
Ce n'était qu'au premier degrésymbolique, le troisième de l'iuitiation, que les
fables étaient exposées, et en suivant les deux autres degrés, on s'exerçaità péné
trer le sens de ces fables, et l'on devenait digne de la grande manifestation de la
lumière, doctrine qui explique le magnétisme, le somnambulisme, les songes, la
prescience ou lesprévisions, les sympathies ou antipathies etc.Cette doctrine a
été celle des mages de l'antiquité. Pythagore en a été l'interprète le plus célèbre.
La division générale comprenait les préparations, les voyages et les symboles;
l'autopsie, les préparations se divisaient en deux classes, la première avait pour
titre symbolique le mot Sagesse, et pour objet la morale. Les initiés s'appelaient
Thalmédimites ou disciples. La seconde avait pour titre symbolique le mot force,
et pour objet les sciences humaines ; lesinitiés de cesecond degré s'appelaient
Hébérimitesou Associés.
Les voyages et les symboles se divisaient en trois classes : dans la première,
appelée les obsèques,les initiésportaient le nom de Mouréhimites, dans la seconde,
appelée la vengeance, (des passions humaines)ils prenaient celui de Bhérimites,
et dans latroisième,nommée l'affranchissement, celui de Neschérites.
L'autopsie était legrand complément de l'initiation, le couronnement de l'édi
difice, la clé de la voûte.
PETITs MYSTÈREs.
1er degré, Thalmédimites. Sagesse.
2" degré, Hébérimites. Force. Préparation.
3° degré, Mouréhimites, Obsèques.
458 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
GRANDs MYSTÈREs.
4° degré, Bhérimites. Vengeance.
5° degré, Neschérites. Affranchissement. ) Voyages et symboles.
6e degré, Grands initiés. Autopsie.
7e degré, Maîtres du Grand OEuvre, chefs suprêmes.
Lorsque l'initié était arrivé à la fin de ses épreuves et dégagédes liens terres
tres, que, mort auxvices, il était arrivéà la pureté primitive, on le revêtait d'une
tunique blanche, iltenait dans sa main une branche de palmier, son front était
ceintd'une bandelette bleu azur; on luifaisait monter les sept marches dusanc
tuaire où se tenait le grand hiérophante assis sur untrône resplendissant de lu
mière. Son visage était voilé, sur sa poitrine un triangle lumineux composé de
sept pierresprécieuses,au centre brillait un Job. L'hiérophante soulevaitun coin
de son voile et prononçait trois mots....... Au mêmeinstant, l'éclair brille,
la foudre gronde, la terre tremble sous les pieds de l'initié. Mais lui, noble na
ture, il reste impassible et tranquille au milieu des dangers qui le menacent,
aussi distingue-t-il au nilieu du chaos desvoix cachées, et unequi lui dit : «O
toi, mortel, dont les lèvres avides aspirentàsucer les mamelles de la vérité, ap
prends donc qu'il n'existe qu'un seul architecte de ce temple immense qu'on
nomme univers. Il a tout créé, le bien et le mal, sa loi le veut ainsi, car, de ce
mélange hétérogène découlent toutes les harmonies que ton esprit embrasse ;
marche avec fermeté dans la route que la sagesse t'a tracée ; quoique l'épine se
mêle et s'attache au laurier, ne murmure point,console-toi et espère.. »A ces
mots, l'hiérophante lui impose les mains, le bénit, et lui dit ces dernièresparoles :
c« Va répandresur la terre parmi les enfants des hommes lesvérités sublimes que
tu viens d'apprendre ; mais surtout ne choisiset n'accorde cettefaveur qu'à ceux
qui s'enrendront dignes. N'écris pas sur la neige. »
On déclarait auxgrandsinitiés qu'il n'y avait qu'un seul Dieu, et le dogme des
peines et des récompenses dansune autre vie étaitprofessé dans les petits mys
tères.
- D. .. Quel rapporty a-t-il entre la Maçonnerie et l'Égypte ?
R.'. La Maçonnerie, c'est-à-dire la connaissance desvérités de la nature et de
ses lois, fut conservée en Égypte pardes sagesqui la cachèrent auvulgaire en l'en
veloppant d'emblêmesingénieux; ce fut ainsi qu'elle seperpétua, etfut portée des
rivages du Nil cheztous les peuplesdu monde, où elle aplus ou moins perdu de
son caractère et de son butprimitif.
D.'. Donnez-nous l'explication des rites maçonniques qui vous sont connus?
R.'. Le rite de Memphis, cet ordre maçonnique est la suite des mystères de
l'antiquité; il a pour base l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme, et pour
objet, l'exercice de la bienfaisance, l'étude de la morale universelle, des sciences,
des arts, et la pratique de toutes les vertus, il est enfin l'école de la tolérance reli
gieuse, l'union de toutes les croyances, le lien entre tous les hommes, le symbole
des suaves illusions de l'espérance,prêchant la foi en Dieu quisauve et la charité
quifait bénir...
Lordre maçonniquede Memphis se compose de quatre-vingt-dix degrés de
science divisés en trois séries, et de cinq conseils suprêmes. La première série
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 59
comprend du 1° au 30° degrés, elle enseigne la morale, donne l'explication des
symboles, emblêmes, allégories, dispose les adeptesà la philantropie et leur fait
connaître la première partie de l'histoire de l'ordre.La2e sériecomprend du31° au
60e degrés, elle enseigne la philosophie de l'histoire, explique le mythe poétique
de l'antiquité, le théorèmegéométrique de l'Inde, la doctrine de la Dyade, origine
des contrats, la loi d'harmonie, enfin son but est deprovoquerà la recherche des
causes et des origines, et de développer le sens humanitaire et sympathique-La
3°série comprend du 61° au 90°degrés, elle fait connaître le complément de la
partie historique de l'Ordre, elle s'occupe de haute philosophie, étudie le mythe
religieux des differents âges de l'humanité, explique les vedas sacrés et admet les
études théosophiques les plus hardies.
Ces trois séries renferment toutes les connaissances des rites maçonniques les
plus universellement pratiqués.
Le rite de Suvedenborg est une maçonnerie théosophique. Cette école de
croyants a prétendu pouvoir s'élever jusqu'aux mondes supérieurs par l'extase
(magnétisme). -
On donne, dans le dernier degréde ce rite, que l'on peut appeler le dernier de
la Maçonnerie primitive, une explication développée des rapports de l'homme
avec la Divinité, par la médiation des corps célestes.
«Cette science occulte, qualifiée par les anciens prêtres de feu régénérateur, est
celle à laquelle on donne de nos jours le nom de magnétisme animal, science qui
fut pendant plus de trentesiècles l'apanage des hiérophantes. »
Le F.·. Henri Delaage s'exprime ainsi dans son livre remarquable :
« La connaissance de cefluide magnétique est le plus précieux bienfait de
la Providence ; elle est la clé mystérieuse qui ouvre à l'intelligence éblouie le
bienfait de la vérité et de la lumière, et joint le fini à l'infini ; c'est la chaîne
d'or si souvent chantée par les poètes; la base de la philosophie cachée.que
Démocrite, Pythagore, Platon et Apollonius ont été demander aux hiéro
phantes de l'Égypte ; invisible aux yeux des sens, il faut,pour l'étudier, la
vue de l'âme, partage du somnambule ou de l'extatique. Autrefois, on enten
dait la vérité de la bouche d'un prêtreinitiateur; aujourd'hui, on la voit par les
yeux d'une somnambule. Il existe un fluide magnétique très-subtil, lien, chez
l'homme, entre l'âme et le corps, sans siége particulier; il circule dans tous les
nerfs, particulièrement dans le grand sympathique; il est l'esprit de vie. Sa
couleur est celle du feu oude l'étincelle électrique : de là lui vient le nomde feu
vivant dans les ouvrages des mages de la Perse, et d'astre intime dans ceux des
alchimistes et astrologues du moyen-âge.Unede sesprincipalesvertus est la puis
sance régénératrice;aussiles livressacrés lui donnent-ils le nomde feu régénèrateur.
Ame du monde, esprituniversel répandu dans toute la nature,ilest l'essence et
l'esprit vital de tous les corps qu'il anime, de tous les genres dans lesquels il s'in
carne,et estprofondément modifiépartous les milieux qu'il traverse. »
Le rite des Illuminés par excellence, cette maçonnerie très-répandue dans
l'Allemagne et dans le nord de l'Italie, fut fondée par le F. .. Weischaup;il avait
établi dans son règlementtreize grades,partagés en deuxtemples; il fut l'archi
tecte de huit de ces degrés, et prit les cinq autres dans la maçonnerie de la stricte
observance, ou pour mieux dire, iladaptaà son système les trois dégrés symbo
liques, etdeuxappartenant auxdégrés supérieurs.
160 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Dans ses premières instructions, il ordonne l'étude des anciens mystères égyp
tiens, comme nécessaire à la connaissance de ceuxde l'Illumination.
Pour les épreuves, il les a établies très-rudes ; la réception est faite dans les
ténèbres; le néophyte est au milieu de squelettes et environné des FF... mas
quésquimettenttouten œuvre pour l'effrayer et pour découvrir son caractère.
Si l'on'examine les anciennesinitiations, on verra que lafantasmagorie, lesbreu
vages, les saignées, les jeûnes et tout ce qui fatigue le corps et affaiblit les facul
tésintellectuelles, étaient mis en usage. -
Le Noachite ou Chevalier Prussien date de la plus haute autiquité.
Les descendants de Noé, craignant un nouveau cataclisme, résolurent de cons
truire une tour assez élevée pour se soustraire à la vengeance divine ;ils choisi
rent, à cet effet, une plaine dans l'Asie, nommée Senner; dix ans après qu'ils
eurent posé les fondements de cet édifice, le Seigneur jeta un regardsur la terre
et,ayant aperçu l'orgueil des enfants des hommes,confonditleurs projets téméraires
en mettant la confusion des langues parmi les ouvriers de cette mémorable cons
truction : c'est pourquoi on appelle cette tour Babel, quisignifie confusion.
Les ouvriers, ne s'entendant plus,furent obligés dese séparer.Chacun prit son
parti. Phaleg, qui avait donné l'idée de ce bâtiment, et qui en était le directeur,
se retira dans le nord de l'Allemagne, oùil ne trouvait,pourtoute nourriture, que
des racines et desfruits sauvages.
Dans cette partie, que l'on appelle la Prusse, il y construisit quelques cabanes
pourse mettre à l'abri desinjuresdutemps, et un temple en forme de triangle,
où ils'enfermaitpourimplorer la miséricorde duSubl... Arch.·. des mondes.
Dans des décombres, à quinzecoudéesde profondeur, l'an 553, on trouva une
forme debâtimenttriangulaire, dans lequel était un marbre blanc, sur la base du
queltoute l'histoire était écrite en hébreu. A côtéde cette colonne, on trouva un
tombeau de grès où l'on aperçut une pierre d'agate sur laquelle était l'épitaphe
suivante :
Ici reposent les cendres du G.*. A. .. de la tour de Babel. Le Seigneur eutpitié de
lui, parce qu'il est devenu humble.
Le rite maç.. de Noachite, connu sous le nom de Chevalier prussien,fut
traduit de l'allemand par le F. .. de Bérage, l'an de l'ordre 4658.
Le grand maîtregénéral de cet ordre maç... est le T. .. ill... F. .. Frédéric-Guil
laume, roi de Prusse. Les païens les connaissaient sous le nom de Titans,
qui voulurent escalader le ciel pour détrôner Jupiter; mais les Prussiens,
qui ne connaissent point d'autre Dieu que le Subl... Arch... des mondes,
font consister leur bonheurà le glorifier; ils s'assemblent dans un lieu retiré, la
nuit de la pleine lune de chaque mois, pourtenir la loge, ne pouvant recevoir de
prosélyte qu'au clair de la lune.
Les dignitaires sont-leG... maître chevalier commandant-général- le pre
mier chevalier d'office-le 2" chevalier d'office- le chevalier introductcur -
le chevalier inspecteur - le chevalier de l'éloquence-le chev.·. degarde- le
chev.·. de la chancellerie- le chev.·. des finances.
Les membress'appellent chev.'. maçons.
Les Noachites, nommés aujourd'hui chevaliers prussiens, descendent de Pha
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 165
leg, grand architecte de la tour de Babel ; ainsi cet ordre tire son origine de
beaucoup plus loin que les maçons descendants d'Adonhiram , car la tour de Ba-
belfut bâtie plusieurs siècles avant le temple deSalomon.
Il est expressément défendu à un chev... maçon prussien de recevoir aucun
candidat qu'il n'ait donné despreuves deson zèle et de sa capacité dans l'ordre,
et qu'il prouve avoirfait les fonctions d'officier dignitairedansune logesymbolique
régulièrement constituée. -
En loge, le Chev.'. commandant est placéà l'opposé de la lune, les quatre
chev.'. en avant pour être mieuxà portée d'entendre les ordres; ils n'ont point
de place fixe, pourfaire voir qu'un Chev, ... , ayant renoncé à l'orgueil, se fait
gloire de pratiquer l'humilité en tout temps. ll est défendu, suivant les statuts
de l'ordre, de recevoir la clarté d'aucune lumière artificielle. Le Chev... com
mandeur-lieutenant ouvre la Loge par trois coups frappés très-lentement à
distance égale; lepremier Chev... d'office répondparun seul coup qu'ilfrappe sur
lepommeau de son épée, après quoi le commandant-lieutenant dit : « A l'ordre
Chev.'. », levant les bras étendus vers le ciel, le visage tourné du côté de
l'Orient. Les Chev.'. maç..prussiensfont la même chose, et le Chev.'. comman
deur-lieutenant, après avoirfait la prière et quelques questions du caféchisme
aux Chev.. d'office, il leur dit : « Annoncez à tous les Chev.'.que la Loge est
éclairée. » Alors tous les Chev.'. reprennent leur attitude naturelle.
Le dessin de la Loge est le Firmament; lesChev. .. regardent la lune et les
étoiles jusqu'à ce que le Candidat soit arrivéà la porte du Temple;il doit être
introduit sans épée et tête nue avecun tablier et des gants de peau blanche. Le
second Chev.. d'office introducteur frappe trois coups très-lentement,à distance
égale ; le Chev. degarde répondpar un seul coup.Alors le Chev.. de garde dont
le soin est d'empêcheraucun profaned'entrer, ouvre laportepar l'ordre du Chev.'.
commandeur-lieutenant, et demande au Chev...introducteur le signe, l'attou
chement, la parole et le mot de passe; ensuite le commandeur-lieutenant dit au
Chev.·. introducteur : «Chev.·.. me répondez-vous du Maître quevousprésentez?»
J'en réponds. Le commandeur-lieutenant quitte sa place, et va demander auCan
didat le mot de Maître; celui-ci donne la parole, et le commandeur, s'adressant
aux Chev.., dit : « Je vous annonce un Maître maç.·., qui demande à être reçu
Chev... prussien :y consentez-vous?» Aussitôt les Chev... mettent l'épée à la
main, sans dire un seul mot, et en présentant la pointe au corps du candidat,
qui répond par l'organe du Chev... introtroducteur, qu'il persiste dans sa résolu
tion. Alors le commandeur dft, promettez-vous de renoncer à tout orgueil ?» Le
Candidat répond: « Je lejure ! »-« Commencez donc par faire un acte d'hu
milité.» Alors le Chev... introducteur, assisté du premier Chev.'. d'office, con
duit le récipiendaire aux pieds du Commandeur-lieutenantpar trois grandes gé
nuflexions qu'il fait du genougauche.Y étant arrivé, il se prosterne devant le
Président, qui lui ordonne de baiser le pommeau de son épée; il le relève, et le
Chev.'. d'éloquence prononce un discours sur l'orgueil des enfants de Noé et sur
l'humilité de celui qui reconnut sa faute.
Ce discours terminé, tous les FF..., l'épée à la main,font le signe de maitre
maçon d'Adonhiram, avec le Chev... commandeur-lieutenant qui lui dit : « Pro
mettez-vous, foi de MaîtreMaç.., degarder les secrets queje vaisvous confier, et
de ne les révéler jamaisà aucun des enfants d'Adam à moins que vous ne le con
20
406 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE
naissiezpourMaç..; quevous serez officieux et compatissant pourtous les Chev,',
de notre ordre antique etvénéré et quevous ne souffrirezjamais, même au périlde
votre vie, qu'un profane porte notre bijou?» Il répond : Je le jure et m'y en
gage sous les conditions prescrites. »
Le Chev. .. commandeur-lieutenant lui donne l'instruction complète de cet
ordre, lui en fait connaître l'histoire et termine ainsi: «Voilà,Chevalier, le grand
secret de notre institution ;je viens de vous le confier avec plaisir, persuadé que
vous ferez tout pourvous rendre digne de cette hautefaveur, »
Tous les chev... remettent leurs épées, et le Chev.'. commandeur fait rendre
oelle du récipiendaire;il luiattache à la troisième boutonnière de son habit, avec
un ruban noir, le bijou de l'ordre, et le décore des insignes des Chev,,prussiens.
Comme on ouvre la Loge partrois coups, on la ferme; le premierChev,'. d'of
ficey répond parun seul coup, et le Chev.'. commandeurdit aupremier et au
secondChev.. d'office : « Annoncezà tous les Chev.. ici présents que la loge
est obscurcie et qu'ilest temps de se retirer, tous les chevaliers étant à l'ordre
disent trois fois, d'un ton lugubre : Phaleg.
Le Rite desNégociates ou des sublimes maîtres de l'anneau lumineux : cette
maçonnerie fut fondée en 1780par le F.', Grand, elle a fait revivre l'école de
Pythagore.
L'initiation est précédée de la purification par les quatres éléments et par des
épreuves morales.
L'admission n'a lieu qu'après que les magesse sont assurés des progrès du can
didat dans les sciences ; -
Les troisgrades sont distingués entre euxparun signe,parun attouchement,
et par une seule parole.
L'instruction des néophitesappartientauxmages desordres relatifs : elle s'exerce
sur la physique, la géométrie, l'astronomie, comme les sciences les plus utiles à
l'humanité, les Patriarches sont chargés, non-seulement du culte, mais encore
des explications des emblêmes quinedoivent rappeler que l'unité-Dieu, et l'im
mortalitéde l'âme, la lumière et les ténèbres, etc.
Le rite d'Hérodom de Kcluvinningfutfondéen 1 150- lagrande Loge fut trans
portée à Edimbourg en 1744 et sejoignit à celle de Saint-Jean d'Ecosse en 1807.
Ce ritese compose de 28 degrés, il fut élevé au rang degrande Logeroyale d'Héro
dom par Robert Bruce, roi d'Ecosse. Cet Ill.'. F.'.fondaà cette occasion l'ordre
dece nom en faveur des Francs-Maçons qui avaient combattupour lui.
Le rite de la Stricte observance fut crééen 1734 par le baron de Hund, cette
Maçonnerie du régime rectifié a cinqgrades: Lestrois symboliques,plus le maître
écossais et le chevalier de la cité sainte. Les symboles qui lui sontparticuliers re
présentent:une colonne brisée paren haut,-une pierre cubique,-unvaisseau
démâté.
Cet emblême se réfère à la nacelle de saint Pierre et aux premiers symboles
chrétiens
Un lion dansun ciel orageux,-un tombeau avec les initiales L.'. M.'.,-un
aigle,-un pélican et la devise : «Ne quod superend. »
Ce rite, qui se dit le successeurde l'Ordre du Temple, est particulièrementétabli
dans l'Allemagne; ses adeptes prétendaient avoir une prééminence sur leurs
ancêtres,
LE PANTHÉON MAçONNIQUE. 167
Le rite éclectique se compose de trois degrés.Cette Maçonnerie est pratiquée
par la G.'. Loge de Francfort-sur-le-Mein ; elle se rapproche beaucoup du rite
anglais. Il rejette les hauts grades, mais les Maçons au 3e degré sont admis à l'é
tude de toutes les sciences.
Le baron de Kniggefut le fondateur et l'instituteur de la Mac... éclectique ;
elle fut établie par suite des grandes divisions entre les différents rites, par l'into
lérance et la violence des FF.'. de la stricte observance, quivoulaient dominer sur
tous les autres, comme si, de fait, ils étaient les seuls héritiers des Chev... du
Temple.
L'objet de l'instruction éclectique est d'éclairer les FF... des autres rites sur
l'abus et le fanatisme de quelques hautsgrades, de les porter à adopter une tolé
rance absolue de toutes les croyances Maç..
Le rite du système de Zinnendorf,fondéen 1770, fut établià Berlin à la fin du
dix-huitième siècle ; un chapitre de ce rite est attachéà la Gr. . Loge Nationale.
Son système est toutà fait en opposition avec le rite de la stricte observance ;
quant à sa doctrine, elle rentre entièrement dans la théosophie : il possède sept
grades.
Si cette sublime institution n'eût été basée que sur des observances puériles ,
elle n'aurait pu tenir longtemps contre les investigations du génie scrutateur qui,
loin de s'arrêterà l'écorce, veut analyser la raison humaine par l'étude et le déve
loppementde ses principes les plus abstraits.
Le rite des Frères initiés de l'Asie fut fondé en 1780 et introduit en Allemagne
Le but de cette institution Maçonnique était la théosophie, tout à fait d'après la
tolérance de J.-C., et basée sur les évangiles; leurs études avaient pour objet les
sciences naturelles et des recherches sur l'art deprolonger la vie. Cette Maçonne. .
comptait dans son sein des hommes d'une haute capacité; ils avaient adoptédes
cérémoniesjuives, égyptiennes et mahométanes; ils admettaient toutes les reli
gions, et avaient des degrésà euxparticuliers: le Chercheur,- le Souffrant,
le Prétré-Royal,- le Melchisédech ou le vrai Rose-Croix, et le Kadosch philoso
phique;dans ce dernier degré, ils expliquent toutes les allégories desgrades anté
rieurs.
Rite du Céleste empire.Cette Maçonnerie futintroduite en Turquie parAli, qui
a étépuni de mort pour ce fait.
Les Francs-Maçons Turcs s'appelaient Derviches; ils considèrent cet ordre
comme renfermantun ensemble de connaissancesqui demandent,pourêtreappré
ciées,un esprit attentif,préparé, un cœur pur et indépendant, ne cherchant que
la véritéet la justice; ils poursuivent le mème but que les Maçons d'Europe : l'hu
manité et la bienfaisance. Ils ont les mêmes cérémonies, les mêmes signes, paroles
et attouchements.
Il existe à Belgrade une Grande Loge appelée Alikotch ; son Vénérable est eu
même temps Grand-Maître de tous les ateliers Maçonniques de la Turquie, et il
est en rapport avec les GG,. MIM.·. de l'Arabie et de la Perse qui professent le
même rite.
Les Maçonsturcs portent comme signe distinctifun petit châle brun ornéde di
verses figures allégoriques et un dodécaèdre de marbre blanc poli sur toutes ses
faces, ayant destaches rougeâtres quisymbolisent (le sang) la mort d'Ali; ils por
tent ce bijoususpendu au coupar un cordon blanc, symbole de pureté.
168 LE PANTHÉoN MAçONNIQUE,
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La Maçonnerie Ottomanene compte quetrois degrés.
Le rite des Philalèthes, ou chercheurs de la vérité, futfondéen 1773par Sa
valet des Loges et Court de Gebelin; il est formé partrois classes de Maçons qui
reçoivent dix degrés d'instruction; ces degrés ne sont pas la désignation de tels
ou tels grades, mais des dénominations de collections qu'il suffit de dérouler pour
en faire jaillir un nombre presqu'infini; le premier chapitre possède les connais
sances qui, dans quelques régimes, fixent le culte maçonnique et la vénération
d'une foule de respectables FF.·.; le second chapitre est dépositaire de docu
ments historiques très-curieux, le troisième chap. .. s'occupe de toutes les connais
sances maç.. physiques et philosophiques, dont lesproduits peuvent influer sur
le bonheur et le bien-être matériel et moral de l'homme temporel;ilfaitson étude
assidue de connaissances particulières d'ontologie, de psychologie, de pneumato
logie, en un mot de toutes les parties des sciences que l'on nomme occultes ou
secrètes, maisleur objet spécialétait la réhabilitation ou réintégration de l'homme
intellectuel dans son rang et ses droitsprimitifs.
Le rite aux trois globes au suprême Orient intérieur fut fondé à Berlin, en
1740, par le baron de Bichefeld, et élevé au rangde grande Loge par Frédéric-le
Grand, roi de Prusse, élu Grand-Maître; elle possédaità cette époque dix degrés.
Plus tard, elle adopta les hautsgradesfrançais des empereurs d'Orient et d'Occi
dent, qui lui furent apportés par le F.·. de Bernez. Dans la suite, le F.·. Rose
lespropagea en Hollande, ce fut dans ce moment qu'eut lieu la réunion de hauts
grades avec ceux du F. .. Ramsay,représentéspour le nombre desannées de J.-C.,
vraie lumière(33 ans).
Le rite primitif(écossais) se compose de trente-trois degrés d'enseignement ;
son centre està Édimbourg; il a des Loges de sa constitution dans les Pays-Bas,
en Allemagne, en Italje. -
Il fut introduit en Belgique par lettres constitutionnelles accordées par la
grande Loge d'Édimbourg, le 9e J. .. du 12° mois 5769,sous le n° 160.
Le rite Anglais. Anciens Maçons libres et acceptés, le seulque l'on suit aujour
d'hui en Angleterre, se compose de quatre grades, Apprenti-Compagnon-
Maître et Maçon de la sainte Royal-Arche.
Le quatrième degré est considéré comme une dépendance du troisième, bien
qu'il ait ses assemblées appelées chapitres et ses officiers à part.
Le Royal-Arche du rite anglais a beaucoup d'analogie avec le trèzième
grade du rite écossais, séantà la vallée de Paris.
La grande Loge anglaise fut fondée en 1813; elle est issue de deux grandes
Loges, de celle d'York (anciens Maçons)fondée en 926, et celle des Maçons libres
et acceptés fondée en 1717, dont le rite est le plusuniversellement pratiqué.
Les mots, signes et attouchements sont les mêmes que ceux du rite écossais
ancien et acceptéde France.
Le rite Ecossais ancien et accepté fut fondéà Paris, l'an 1725,par milord Der
went-Waters, le chevalier Mashelyne et M. d'Heguelly; cette grande Loge fut
constituée le 7mai 1729,par lagrande Loge d'Angleterre, et elle se déclara indé
pendante en 1756.
Le rite écossais ancien et accepté possédait primitivement vingt-cinq grades ;
Frédéric II, roi de Prusse, augmenta le rite ancien de huit degrés, ce qui leporte
à trente-troisgrades divisés en sept classes.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 169
Un manuscrit du rite d'Édimbourg, écrit dans le siècle dernier et traduit de
l'anglais,prétend que la Maçonnerie écossaise futinstituée par le célèbre Menès,
l'an 304 du Christ.
D'après une note historique du G.'. O. .. de Belgique, le Royal-Arche, trei
zième degrédu rite écossais anc... et accep... aurait été créé, en 1728, par le che
valier Ramsay;il se compose de trois grades, auxquels il en aurait ajouté quatre
autres : 1er Apprenti, 2° Compagnon, 3e Maître, 4° Maître Marcan, 5° Past.·.
Mast.·. 6e maître subl.·. 7° Royal-Arche.
Le suprême Conseil déclara, lors de son installation, « qu'Attendu qu'il est de
l'essence de la Maçonnerie d'encourager et de récompenser tous les actes quiten
dent au bonheur de l'humanité età l'amélioration sociale, comme aussi de rému
nérertous les services éminents rendus à la Maçonnerie ;
« Des récompenses d'encouragement seront décernéesparlesuprêmeConseilaux
» At. .. et aux Maçons qui se seront distinguéspar des services rendus à l'Ordre,
»par des actes de vertu, de philantropie ou de dévouement,par des institutions
»utiles, ou par des travaux littéraires, scientifiques ou artistiques. »
Le rite français, séant à la vallée de Paris, fut fondé en 1761, il se constitua
le 24 décembre 1772, sous le titre de Grand-Orient de France, le 9 mars 1773
il se proclama,et le duc de Luxembourgson grand-maîtreinstalla lestrois cham
bres qui la composaient alors, le 19 du mois de décembre le Grand-Orient
de France déclara qu'il reconnaissait tous les rites; conformément à cette
décision, il nomma un directoire des rites, quifut installé le 25juillet 1805; ce
directoire a été remplacéparun grand collége diviséen autant de sections qu'ily
a de rites connus.
Le collége des rites, établi dans le sein duGrand-Orient, est le pouvoir collateur
et régulateur des derniers degrés de chacun des rites maçonniques reconnus en
Francepar lui. - -
Le collége des ritesse compose de sept sections.
Ce rite embrasse les 18 premiers degrés du rite écossais ancien et accepté,
mais au-dessus des trois premiers grades formant la maçonnerie symboli Iue, il
ne compte les autres quepar le premier degréde chaque ordre.
Le rite des parfaits initiés d'Égypte fut composéà Lyon, en 1821, d'après un
exemplaire de Crota-Repoa, dont le F.·. Bailleul a donnéune traduction tirée de
l'original allemand;il se compose de septgrades de haute science.
Le rite suédois (systèmeTemplier),fondéen 1753; ce rite possède neufdegrés
d'instruction bien détaillée, les trois premiers appartiennent à la maçonnerie
symbolique; il est à remarquer que le 5° maître de Saint-André donnait la no
blesse civile.
La décoration de l'ordre civil fut instituée par Charles XIII, roide Suède, en
faveur des franc-maçons.
La G. .. L. .. a été dotée par la reine de Suède en 1778 d'une rente annuelle
de25,000fr.
Rite écossais philosophique, fondé en 1776, possède 13 degrés d'instruction,
les trois premiers sont symboliques, suivant le rite écossais ancien et accepté, et
se rattachentà la maçonnerie la plus universellement pratiquée.
Ce rite a unegrande loge mère en Belgique et plusieurs loges quien relèvent.
Le rite américain fut fondéà Boston, le 30 juillet 1733, par le F. .. Henry
70 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
Price, ce rite possède7 degrés, savoir : apprenti,- compagnon,-maître,
maître de marque, - maître président ou maître de passe, -très-excellent
maître et royal arche,
Les Américains considèrent le 7* degré maç.. de l'arche royale comme le su
prème et dernier de l'initiation; c'est,à leur avis, le comble de la perfection
dans la maçonnerie antique, aussi le scrutin pour l'admission des candidatsà ce
degré est particulièrement entouréde précautions et de délais afin que l'entrée des
chapitres ne soit ouvert qu'à des FF...présentant les garanties les plus solides
de moralité, de science et de dévouementà la maç..
La maçonnerie américaine est organisée en deuxparties bien'distinctes.
La maçonnerie symbolique, comprenant les trois premiers degrés pratiquéé
dans les loges de chaque ville dont les députés forment unegrande logeindépen
dante dans chaque état, et la maçonnerie supérieure, 4,5 et 6e degrés est prati
quée dans les GG." LL.'., le 7° degréappartient à des chapitres placés sous la
juridiction de diversgrands chapitres opérant eux-mêmessousladirection centrale
dugrand chapitre général établi àNew-York, où il s'assemble seulement tous
les 7 ans.
Le rite américain reconnaît les degrés supérieurs de tous les rites Maçonniques
COIlIlUIS. -
Nous avons encore le rite du système Schraeder, composé de septgrades.Cette
Maçonnerie apour base la magie, la théosophie et l'alchimie ; elle est en vigueur
à Hambourg.
Le rite de Fesster, Royal-Iorckàl'amitié de Bertin,fondé en t765..
Le rite des Architectes d'Afrique,instituéen 1767.
Le rite de Permetty, ou IIluminés d'Avignon, établi en 1779, et transportéen
1798à Montpellier sous le titre d'Académie des vrais Maçons, est une Maçonnerie
hermétique.
Le rite de l'Harmonie universelle, instituépar Mesmer en 1782.
Le rite des Xérophagistes,fondéen Italie en 1746.
Le rite de l'Académie platonique, fondé en 1482,sous Laurent de Médicis,par
Marsillus Ficint.
Le rite de Palladium, attribuéà Fénélon.
Le rite Primitifou des Philadelphes de Narbonne, établi dans cette ville le
19 avril 1700, et réuniauG... O. .. de France en 1786. -
Le rite de Misraïm,fondéà Paris en 1813,par lesfrères Bédarrides; il possède
90 degrés divisés en 4 séries, morale,-philantrophie,-science,-philosophie.
Le rite Persan philosophiqued'Iorck,-des Ecossais fidèles ou de la Vieille Bru,
-Egyptien ou de Cagliostro,-des ChevaliersScandinaves, - des Chevaliers
du Désert,-des Chevaliers de la Cité-Sainte,- desSublimes Pontifes d'Isis, -
desSages des Pyramides,-des SublimesScalde,-Architectes de la CitéMysté
rieuse, etc., etc.
Le Candidat nyant satisfait aux questions, le L'oDos, lui donne connaissance des
lois du grand Chapitre, et leprésident lui fait promettre de s'y conformer ; après
cette adhésion, il lui remet une branche de myrthe et un bâton accolé d'un serpent,
et tui dit :
- D.'. Avec ce myrthe symbolique vous pénétrerez dans le sanctuaire où se
IE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 173,
trouve le delta sacre et le nom incommunicable; ce Bâton emblématique vousgui
dera dans cette pénible recherche.
Allez, mon F.'., et que lesublime Architecte des mondes vous soit en aide.
Le Thesmosphores introduit le néophyte dans un vestibule éclairépar.une
lampe antique; au milieu,ducôté droit, se trouveuneporteàdeuxbattantsgardée
par lesilence et la charité, sur lafrise estun globe entouréd'un serpent et soutenu
par deux ailes de vautour déployée. Sur cette porte sont écrits ces mots en carac
tères hiéroglyphiques.- « Fais le bien sur la terre ou crains d' être maudit.» Le
néophite dépose son offrande dans le tronc de bienfaisance, laporte s'ouvre, et il
s'y engage à la suite du thesmophores, elle donne accès dans une vaste pièce
nommée le sanctuaire des esprits; appuyésur le bras de songuide, ils traversent
la brêche d'une muraille, et ils sontdans le temple de Salomon ; mais quelle con
traste douloureuxet terrible entre le souvenir que ce nom rappelle et le spectacle
qu'ils ont sous les yeux: un silence de mortplane sur ces ruines croûlantes que
la lune éclaire de sa pâle clarté de tous côtés; les pylones renversés en obstruent
l'entrée, les colonnades sont encore debout çà et là, mais leur fût inutile s'élève
seul dans les airs et ne soutient plus les merveilleux frontons où les sculpteurs
égyptiens avaientgravéen caractères hiéroglyphiques les mystères de la science et
les annales de l'histoire.
D.·. Quepenses-tu de ces ruines, dit le thesmophores, au néophite?
R. .. « Jepense avec amertume que la main del'homme a contribué bien plus
» que les élémentsà la destruction des innombrables monumentsque la civilisa
» tion égyptienne a semés avec tant de profusion.
D.'. Les Egyptiens, etgénéralement tous les peuples primitifs, avaient l'habi
tude de symboliser les grands accidents de la nature et les hautes spéculations
philosophiques, de bâtir là-dessus des fables que le vulgaire prenait au pied de
la lettre, et dont la connaissance n'était communiquée qu'aux initiés : c'est ainsi
qu'ils avaient symbolisé la nature dans Isis et ses mystères, dans les voiles qui
enveloppaient la statue de cette déesse (il la luifait remarquer) et dont le dernier
ne tombait jamais, même aux yeux des hiérophantes;c'est ainsi encore que les
Grecs avaient symbolisé les hautes sciences dans la courtine sacrée dutemple d'A
pollon. Connais-tu la langue amonique?
R.'. Non, initiéseulement auxpetits mystères,je ne puis avoir connaissance
de ce langage mystérieux.
D. .. Regarde cette obélisque mutiléepar les mains des barbares, elle a conservé
ses caractères mystiques gravéspar la main de nos ancètres. Voici leur signifi
cation : « Mortel applique-toià concevoir une idée noble etgrande, consacre ta
» vieà la réaliser, et ton passage sur cette terre n'aura pas été stérile; ainsi tu
» auras accompliune missionprovidentielle, mais n'oubliepas quetu dois tepro
» poserun but utile à l'humanitéen général. »
Le néophite a compris que si l'humanitétout entière arrivait un jour à déposer
les sentiments d'antagoniste et de discorde qui fomentaient dans son sein, ce ne
serait qu'en revenant au culte de l'unité.
D.·. A côtéde cette colonne à moitié renverséetuvois un griffon poussantune
roue devant lui; que signifie cet emblême ?
R. .. Je crois que le griffon est l'emblême du soleil et la roue,du centre de la
quelle partent quatre rayons,figurent les quatres saisons.
172 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
- D. .. Et cette figure tendant la main gauche?
R.*. C'est la bonne foi.
D.'. Et cette figure demie-nue, dont la tête est rasée à droite ?
R. .. C'est le soleil qui ne se découvrejamais en entier, au même moment,à
tout l'univers.
D.·. Et les cheveux coupésjusqu'à la racine?
R.·. Ce symboleindique que cet astre inépuisable a la faculté de renaître.
D.". Que signifient ses ailes, l'urne et le bâton augural?
R.·. Ses ailes marquent la rapidité de sa course, l'urne suspendue à sa main
droite annonce qu'il est la sourcede tous les biens, et le bâton augural qu'ilporte
à sa main gauche est l'emblême heureux de la sollicitude avec laquelle il prévient
les besoins des mortels. -
D. .. Que signifie cette langue avec cette main dans ce cadre,à droite ?
R... Deux objets capables de fléchir le subl.'. Arch.'. des mondes, la langue
par les prières, la main pour les offrandes.
Après ces questions le néophyte s'avance paisiblementjusqu'autombeau emblé
matique, là deux hommes masqués et couverts d'une robe noire lui barre lepas
sage, l'un d'eux lui demande le motde passe.
R.·. Amoun, répond le récipiendiaire.
D. , Et la signification ?
: R.·. Soit discret.
Aussitôt après il entend une voix lui dire :
« Songe que de longs travaux, deprofondes études, de rudes épreuves sont
» imposés au néophyte pour arriver au moindre degré de ' ntérisme, quant à
» l'ésotérisme, nul secours, nul conseil, nul encouragement n'\ su donné à celui
» quiveutypénétrer, c'est par la force seule de son esprit et l'inspiration divine
qu'il doit yparvenir: ce sont des mystères dans des mystères.»
Il s'avance avec prudence, mais rien n'indiqueun issupour descendre dans ce
tombeau ; enfin après mille recherches il découvre une trappe, et sans songer au
danger qui l'attendpeut-être, il se dispose à ypénétrer, alors une voixinconnue
lui dit : « Quiconque aura pénétré dans ce lieu, seul, il sera purifié...il sortira
» peut-être.du sein de la terre et il aura le droit de préparer son âmeà la révé
» lation des mystères.... -
» Fils de la terre, sonde les replis les plus cachés de ton cœur, connais-toi toi
» même, cette connaissance est le grandpivot des principes Maçonniques; ton
- » âme estune pierre que tu dois polir etytracer des plans parfaits..
» Sois bon, doux,humain, charitable, aime tes semblables, console les affligés,
» pardonne à ceux qui t'ont offensé.... que le subl... Arch... des mondes te
» conduise.... » - -
Son guide lui demande s'il a le courage de suivrejusqu'au bout; attendu qu'tl
est temps encore de retourner sur ses pas., sans répondre il s'engage courageu
sement dans le tombeau, il descend par une pente douce dansune voûte, espèce
de labyrinthe terminant parune porte d'airain à deux battants qui s'ouvre d'elle
même sans produire le moindre bruit.
D)
- - - J. ÉT. MARCONIS.
(La suite à la prochaine série.)
Imprimerie de Munzel frères, à Sceaux(Seine)
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. - 469
Sur cette porte est écrit, en lettres hiéroglyphiques, Beababa (résignation),
une atmosphère étouffante et chargée de vapeurs oppresse sa poitrine; il hâte sa
marche pour échapper à la suffocation. Après avoir suivi d'innombrables détours
au milieu d'une obscurité profonde, il se trouve vis-à-vis de la deuxième porte,
sur laquelle est écrit Mothak(douceur); une voixinconnue lui dit : « Enfant de
» la terre, travaille à perfectionner ton âme et ton corps; dépouille-toi des vices
» que le monde profane t'a donnés; brise la chaîne des préjugés et tu deviendras
» l'enfant chéri de la Franc-Maçonnerie, cette fille de la création, premierflam
» beau de l'intelligence ; frappe avec ton bâton cette porte, elle te livrera
» le passage qui conduit de l'orient à l'occcident; n'oublie pas que cette route
» indique le commencement et la fin de la vie humaine, la même que le soleil
» parcourt chaque jour..... » Le néophyte s'engage dans cette voie, il marche
résolument, arrivé à la troisième porte, il lit cette inscription : Serrel(intelligence).
Cetteporte s'ouvre, et unevoix sonore lui dit : « Sache que tous les biens que le
» sublime architecte des mondes a destinés à l'homme, que tous les plaisirs de la
» raison et les joies des sens consistent en trois choses, la santé, la paix et le
» nécessaire; la santé ne se maintient que par la tempérance, et la paix est l'apa
» nage de la vertu; les hommes bons et les mauvais peuvent également acquérir
» les dons de la fortune, mais le plaisir de lajouissance en est diminuéàpropor
» tion de la méchanceté de ceux qui les obtiennent.... » Le néophyte pénètre
dans cette voûte, au bout de laquelle se trouve une quatrième porte avec ce mot
Emounah (force); une voix forte lui adresse ces questions :
D.·. Que penses-tu de la morale?
R.·. La morale est le point de réunion de toutes les connaissances humaines;
elle est la bonne voie, le moyen assuré de vivre heureux et sage, le miroir fidèle
de la vertu et l'interprète des consciences; sans elle,tout le reste estvain; avec
elle,tout devient utile et profitable; l'homme, lorsqu'il en est rapproché, se pré
sente sous un jour nouveau et plusintéressant; le sentiment de lui-même l'élève
jusqu'à l'auteur de tout ce qui existe; il se voit entouréd'hommes qui lui ressem
blent, dont il a besoin et qu'il peut secourir. De là la précieuse connaissance et
l'intime conviction de ses devoirs envers Dieu, envers lui-même, envers son pro
chain, c'est le sommaire de toutes ses obligations; il ne doit plus les ignorer.
D.'.Comment peut-on êtreinitié dans les premiers principes des connaissances
humaines?
R.'. En portant les vérités primitives au plus haut degré d'évidence , lathéorie
de l'être, sa possibilité, son existence, son essence, ses propriétés, ses attributs,
ses modifications, sa force,sa durée,sesprincipes,ses causes, ses effets,sa vérité,
sa perfection.....
D. .. Maistous cesgrand objets exigeaientune discussion profonde, méthodique,
démonstrative?
R. .. Oui, ils doivent être mis à la porté des faibles intelligencespar des exem- -
ples tirés des circonstances familières de la vie, afin de rendre cette étude aussi
facile que sensible.
D.'. Je suis satisfait., continue ta route., courage et persévérance. La
porte s'ouvre et le néophyte marche au hasard; il entend non loin de lui un bruit
analogue à celui que produirait une voiture chargée; de lourdes barres de fer
roulent avec rapidité sur unpavéinégal; aumême instant, il aperçoit une lumière
22
170 LE PANTHÉON MAçoNNIQUE.
vers laquelle il se dirige avec précaution, il est bientôt en face d'une voûte
grillée, composée d'énormes barreaux; sur la porte d'entrée sont écrits ces mots-
Coh-er-Eloah (amour de Dieu). Il ouvre cette porte, et aussitôt un panneau de
muraille glisse devant lui, trois hommes armés de glaives se présentent, et l'un
d'eux lui dit : « Nous ne sommes pas ici pour arrêter tes pas; »(il lui présente
un livre relié en maroquin rouge), « écriston nom, ton âge ettes qualités ma
» çonniques.» Il lui dit ensuite : « Pardonne toutauxautres et rienàtoi-même;»
(il lui présente un miroir),« regarde,il réfléchit ton passé, cherches-y des motifs
» d'espérance pour l'avenir...
» En suivant la voie de la nature,tu peux atteindre au bonheur: tout le monde
peut le posséder, c'estune plante dont l'origine est céleste. Pour lui, nous
supportons la vie et nous ne craignons pas de mourir.; tout le monde peut
le posséder, ses biens s'offrentà nous, mais il ne fautpas les chercher dans les
extrémités, il ne faut que du bons sens dans l'esprit et de la droiture dans
le cœur.
» La cause universelle n'agit que par des lois générales qu'elle a constituées.
» C'est le véritable bonheur. -
» L'ordre est la première loi du ciel; Dieu gouverne par des lois générales et
» non particulières; il veut que le bonheur soit égalpourtous, et,pour être tel,
» il doit être social ; ne l'oubliepas.» Poursuista route, elle te conduira au
temple de la vérité...
Le néophyte marchepéniblement dans une route inégale; arrivé à la sixième
porte, il frappe avec son bâton, elle s'ouvre avecun bruit épouvantable.Sur cette
porte est écrit ce mot Tzedakah (justice), il pénètre dans cet asile de la mort; à
l'instant même, deux lions de grandeur naturelle, à l'aspect terrible, s'avancent,
allongent leurs griffes et font entendre d'affreux rugissements (effet d'un méca-
nisme). Son courage n'est point ébranlé par cette épreuve, il s'avance tenant à
sa main droite la branche de myrthe (la force soumise à la prudence). Au milieu
de cette enceinte se trouve une colonne d'airain, dans laquelle est déposé le coffre
contenant le delta cacré et le G... livre des traditions;à côté, brûle,surun trépied
antique, de l'esprit de vin dont les flammes bleues et blanches ressemblentà la
lumière blafarde d'un pâle météore igné. «Quivient ici?s'écrie une voix mâle et
sonore.-Un néophyte qui aspire à la sagesse, répond le candidat.- «Songe
» quepour arriverà la vie de l'intelligence, il faut sonder sans terreur le mystère
» de la mort. » Réponds-moi..
D.'. Qu'appelles-tucause première?
R. .. Celle qui ne dépend d'aucune autre,tel que Dieu.
D.*. Et la cause seconde?
·. Celle qui dépend de la première,telles que toutes les causes créées.
. Et la causeimmédiate?
. Celle quiproduit l'effetparson action.
*. Et la cause médiate?
·. Celle quiaproduit l'immédiate; le père est causeimmédiate de ses enfants ;
l'aïeul en est la cause médiate. La cause physique est celle qui contient la raison
suffisante d'un être par sa propre action : c'est la cause efficiente considérée sous
un autre point de vue.
LE PANTHÉON MAÇONN1QUE. 174
D.·. Et la cause morale? -
R. .. La cause morale est celle qui influe sur l'existence d'un être par une loi,
parun conseil, ou par l'exemple.
D.·. Qu'appelles-tu Providence? -
R. .. La Providence est la disposition libre d'un être intelligent, detout ce qui
arrive dans ce monde. -
D.·. Et la conservation?
R.·. La conservation est la continuation de l'existence des êtres assujettis au
système de leurs lois physiques ou morales.
D.· .. Et la fin ? -
R.'. La fin est la raison suffisante qui détermine une cause libre à la production
de son effet; il ne faut pas confondre l'objet avec la fin ; car c'est l'objet qui
produit la fin par l'espoir de sajouissance.
D. .. Et l'espace?
R.·. L'espace est toute étendue,suivant les trois dimensions; sielle estpleine,
on lui donne le nom de corps; et on l'appelle vide, si elle ne contient rien.
-- D. · .. Et l'infini?
R.'. L'infini est ce qui n'a point de bornes; c'est un terme négatif qui marque
ce que le fini n'est pas.
D.*. Et la durée?
R.*. La durée d'un être est la continuation de son existence; si l'être n'a point
de commencement ni de fin, la durée s'appelle éternité; mais s'il a un commen
cement sans avoir de fin, sa durée s'appelle immortalité; enfin, la durée d'un
être qui a eu un commencement et aura une fin se nomme temps.
D.· .. Et le lieu ?
R. .. Le lieu est une partie de l'espace vide.
D.·. Et le mouvement?
R.". Le mouvement est toute action qui transporte un corps d'un lieu dans
un autre.
D.". Et la matière?
R.'. J'entends par matière les premiers éléments des corps, qui ne sont autre
chose que des êtres composés de ces mêmes éléments.
D.". Et la vérité?
R.'. Ily a trois sortes de vérités: la vérité naturelle ou métaphysique, la vé
rité morale et la vérité logique; la vérité naturelle est la conformitéde l'essence
des êtres avec leur modèle; la vérité morale est la conformité de nos pensées
avec les mots dont nous faisons usage pour les exprimer, elle est encore
l'usage de la parole conformément aux lois naturelles; la vérité logique est la
conformitéde nosidées avec l'essence des choses représentéespar cesidées.
D.". Et le bien?
R.'. Le bien est tout ce qui contribue à l'avantage d'un être ; ainsi l'idée du
bien est relative, car le bien absolu n'est proprement que la perfection.
Le bien est réel ou apparent; le bien réel est celui qui contribueà la perfection
et au vrai bonheur d'un autre; le bien apparent est celui qui n'a que l'apparence
de ces avantages, et qui dans la réalité contribue au malheur de ceux qui le
recherchent.
172 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
D, • , Crois-tu à l'existence de l'âme?
R. .. Oui, rien de plus certain que l'existence de l'âme humaine; mais rien de
plus obscur que son essence.Tout ce que nouspouvons connaître d'elle se réduit
à ses principales opérations.
L'âme humaine est ce principe dans l'homme qui sent, qui pense, qui compare
les objets de ses pensées, et qui veut; il faut donc un être, un principe qui en
contienne la raison suffisante, et c'est ce principe quej'appelle âme.
D.· .. Et la vie?
R... Lavie d'un être, en général, consiste dans son action; sa mort, au con
traire, consiste dans la privation de l'action. Nous attribuons la vie à une plante
qui végette,à uneeau qui courtdans la route qui lui est prescrite, et nous disons
qu'uneplante arrachée de la terre, ou dont le tronc est séparé de sa racine,
qu'une eau qui croupit sans mouvement, sont des êtres privés de leurs actions et
par conséquent morts.
D. .. Et le penchant?
R.·. Le penchant est une forte inclination vers le bien aperçu et senti; nous
donnons, au contraire, le nom d'aversion à tout éloignement d'un mal aperçu ou
senti; le premier est l'effet de la sensation que produit en nous le bien; la se
conde est la suite de ce que nous éprouvonsà lavue du mal; les penchants et les
aversions sont des symptômes naturels, nécessaires etindépendants de la liberté;
car ils sont des suites de la loi de la conservation de soi-même.
D.• .. Et la liberté morale ?
R. .. La liberté morale de l'homme consiste dans cette faculté que nous avons
de suspendre nos jugements etnos actions,jusqu'à ce que nous en ayons examiné
mûrement les objets, en faisant usage de tous les moyens possiblespourparvenir
à la connaissance du vrai et dufaux, du bien et du mal.
D,-.. Et la volonté?
R.·. La volonté est la dernière délibération de l'âme, qui la determine à em
brasser le bien ou fuir le mal aperçu dans les objets qui l'occupent; c'est doncla
volontéqui choisit d'après les lumières de l'entendement.On setrompe,lorsqu'on
attribue à la liberté la faculté de choisir : elle ne fait qu'éclairer la volonté, lors
que les lumières de l'entendement ne suffisent pas; cette erreur vientde ce qu'on
confond la liberté morale avec la liberté naturelle, opposée à la force.
D.· .. Et la vertu ?
R. .. La vertu est l'habitude d'agir conformément aux lois de la justice natu
relle : le vice, qui lui est opposé, est l'habitude d'agir contre la disposition de ces
mêmes lois.
D. .. Qu'entends-tu par justice naturelle?
R.'. J'entends l'accomplissement de tous les devoirs naturels de l'homme, soit
à l'égard de Dieu et de soi-même, soit relativement à ses semblables, le tout en
vue de sa conservation et de son bonheur dans cette vie.
D. .. Quelle est ton idée à l'égard de la mort ?
R.'. La mort n'est pas une chose aussi terrible qu'on chercheà le faire croire.
L'homme passe de la vie à la mort de la même manière qu'il est passé du néant
à la vie, et le dernier soupir est la fin du mouvement et de la sensibilité; la mort
est un sommeil!....
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 473
Lavoix lui dit : « Purifie ton cœur..... sème par le monde la parole de la sa
gesse, enseigne à tes semblables à s'aimer entre eux et à ramener ceux qui
s'égarent dans le sentier de la vertu, instruis les ignorants et soulage ceux qui
souffrent.; frappe avec ton rameau, symbole de l'initiation, cette colonne
» d'airain... » il obéit,une petite porte s'ouvre.- Prends ce coffre (lui dit la
voix), il renferme le Delta sacré et le G. .. Livre des révélations; tu seras admis
à le déposer sur l'autel du temple de Vérité; adieu, mon F. ., et que l'esprit du
Subl... Arch. .. des mondes veille àjamais sur toi...
Le néophyte marche dans le plusprofond silence, enfin il arrive au pied d'un
splendide portique; il gravit sept marches, il frappe suivant la batterie de son
grade, la porte s'ouvre, et il est introduit, après avoir lu ces mots:Schor-Laban
(Pureté),par le thesmophères dans le parvis du temple; il lui dit : «Je vais
» demander pourtoi l'entrée du Sanctuaire de la Vérité. D)
M)
Mise en act1v1té des travanx.
Le Grand Pontife frappe un coup avec un maillet, dont la tête forme un triangle,
et dit : «Silence, mes FF.·., » puis s'adressant aupremier mystagogue.
D. , F. .,premier mystagogue, quel est votre devoir dans le temple de la
Vérité?
R... C'est de protéger, contre toute indiscrétion profane, l'inviolabilité de nos
mystères.
D.·. Ceryce, veuillezvous assurêr si les abords du temple sont couverts.
R.'. Le Ceryce sort, rentre aussitôt, se place entre les deux mystagogues et dit :
G.·. Pontife, les abords du temple sont déserts, ses échos sont silencieux; nulne
peut nous entendre.
D. .. Puisque nous sommes à couvert, debout et à l'ordre, FF... premier
et deuxième mystagogues, parcourez vos colonnes, et assurez-vous que tous les
FF.·. qui s'ytrouvent sont Royal-Arche.
L'ordre est exécuté, et de retour à leur place, le deuxième mystagogue dit :
« Premier mystagogue,tous les FF. .. de ma colonne sont Royal-Arche! »
Le premier mystagogue répète : «G. .. Pontife, tous les FF.·.iciprésents sont
» Royal-Arche. » -
D. .. Deuxième mystagogue, quelle est votre place dans le temple de la Vérité?
R.'.A l'angle de la colonne du septentrion.
D.·. Pourquoi?
R.·. Pour veiller au maintien de l'ordre, à la parfaite exécution des travaux,
prévoir et transmettre au premier mystagogue les difficultés quipeuvent surgir,
et obtenir les solutions que nécessite le parfait développement des questions sou
mises à l'appréciation de nos FF.'.
- D. .. F. .,premier mystagogue, quelle place devez-vous occuper?
R.". L'angle de la colonne du midi, à l'occident.
D. .. Pourquoi? -
R... Pour aider le G. .. Pontife dans l'enseignement et le développement des
travaux de ce degré.
174 LE PANTHÉON MA9ONNIQUE.
D.'. Où se tient le G.*. Pontife?
R.*. A l'orient, pour ouvrir les travaux et répandre dans le temple desflots
de lumière et de vérité.
*. F.'. premier mystagogue,à quelle heure s'assemble notre chap.'.?
*. A 7 heures du soir, G.". Pontife.
·.Quelle heure est-il, F.°. deuxième mystagogue ?
·. Il est l'heure de nostravaux,G. .. Pontife.
.'. Joignez-vousà moi, mes FF.'.,pour yprocéder.
Prière.
Dieu tout-puissant, auteur de tout bien, source de toute clémence, répandssur
nostravaux tes bénédictions,fortifie nos engagements par les liens d'une affection
fraternelle. Nous nous prosternons devant les lois éternelles deta sagesse, nous
invoquons ton nom, car nous sommes tes enfants. Dissipe les ténèbres de nos
âmes, continue à étendre sur nousta main protectrice, et nous diriger sans cesse
vers le bien, dont la perfection réside en toi.
Gloire à toi, Seigneur! gloireà ton nom !gloireàtes œuvres !
Le Grand Pontife frappe cinq coups suivant la batterie du grade, et dit :
« A lagloire duSublime Architecte des mondes! les travauxsont en activité, à
» moi, mes FF.*. Signes, batterie et acclamations.
Le Grand Pontife dit ensuite : « En place, mes FF.*.»- Cette annonce est
répétéepar les deux mystagogues.
Ordre dles traVaux.
Le Grand Pontife s'adressant au F.·. hiérostolista :
« Veuillez nous donner lecture de la colonnegravée dans la dernière tenue;
» il frappe un coup, et dit: Attention, mes FF... »
IIodlele,
«A la gloire du Subl.'. Arch.'. des mondes!à tous les Francs-Maçons répandus
sur les deux hémisphères. - -
» Salut, amitié,prospérité, union, tolérance.
» Mes FF.'., n'oublionspas que notre sublime institution n'a qu'une pensée,
» faire le bien; qu'une bannière, celle de l'humanité; qu'une couronne, elle est
» pour lavertu. -
»Al'or.'.de.le.j.du.moismaç..del'an de lavr.'. Lum.000.000.000.
» Le GrandChap.'. de la Royale-Arche régulièrement convoqué, s'estfrater
» nellement réuni, avec les cérémonies d'usage, dans un lieu éclairé d'un rayon
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 475
» divin, où règnent la paix, la vertu, la science; où l'onjouit de laplénitude de
» tous les biens, asile de la vérité, du silence et de l'union fraternelle.
» Les travauxsont ouverts, etc.»
Après les conclusions du F. .. l'odos, le G. .. Pontife fait donner l'appro
bation de l'assemblée par une batterie.
Le G. .. Pontife s'adresse ensuite au F. .. hydranos et lui dit : « Veuillez in
troduire le néophyte.»
L'hydranos sort;peu de temps après, il frappe cinq coups suivant la batterie du
grade, et le G. .. Pontife dit : « Debout età l'ordre, mes FF...»
Lesportes dutemple de la Vérités'ouvrent,le néophyte s'avance avec son guide ;
l'étendard déroule devant lui sesplisglorieux, et il lit ces quatre vers :
Architecte des mondes à toi,gloire et génie !
A toi la volonté quijamais ne dévie,
Atoi seul le pouvoir de tarir tous nos maux
A toi donc le tribut de nos humbles travaux.
Les étoiles, en nombre sacré et dans un ordre mystique, brillent à l'orient,
l'harmonie célèbre sa venue, l'encens brûle sur l'autel des serments, et le G. .
Pontife lui dit : Donne-moi ce coffre;tuviens d'acquérir le droit de m'entendre,
écoute: sois engarde contre les préjugés et les passions qui pourraient t'éloigner
duvéritable chemin du bonheur; fixe tes pensées sur l'Etre divin, afin de mieux
gouvernerton cœur et tes sens, situ veuxmarcher dans la vraie routede la félicité;
écoute lavoixde la conscience et tu seras éclairé d'une lumière intérieure quite
conduira dans la voie de la vérité; écoute lavoixde la sympathie, et tu marcheras
dans les sentiers de la vertu... Puisque tu as su résister auxépreuves que tu
devais subir, viens, enfant destravaux et des recherches célestes, viens recevoir
la vie nouvelle qui était préparée pour toi... Jure obéissance et soumission aux
règlements de notre antique et vénérée institution, et promets de ne rien révéler
des secrets quite seront confiés.
Le néophyte place sa main droitesur le livre sacré de la loi, et dit : «Je lejure.»
Quatre chevaliers s'avancent au pied de l'autel, ils placent leur glaive au-dessus
de la tête du récipiendaire, et le Grand Pontife élevant l'épée flamboyante, luidit :
« A la gloire du Sublime Architecte des mondes! Jete crée et constitue che
» valierde la Royale-Arche et membre du G. .. Chapitre. En signe d'adoption;
» jete revêts d'un vêtement sacrépour nous. (Il lui passe l'écharpe ). Jete donne
» ce glaive, n'oublie pas qu'il est le symbole de l'honneur, et que nous sommes
» les évangélistes de la sympathie; (il ouvre le coffre, il contient le delta suspendu
» à un ruban pourpre), reçois ce cordon avec le delta, sur lequel le nom ineffable
» se trouve gravé en caractères ineffaçables; il te donne le droit de t'asseoir
» parmi nous, et tu ne dois jamais te présenter dans le temple de la Vérité
» sans en être revêtu.» (Ensuite il lui donne les signes, paroles, attouche
ments, etc.; l'hydranos le conduit à laplace qui lui est réservée, et le G.'. Pontife
le proclame membre du Grand Chapitre de Royal-Arche; il dit ensuite : En
place, mes FF.., nous allons procéder aux conférences.
476 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
Conférences,
D. .. F. .. premiermystagogue, êtes-vous Royal-Arche?
R.·.Oui,je le suis.
D... Qu'est-ce qu'un Royal-Arche?
R.·. Un homme qui sent le prix de l'existence, qui cherche les moyens de la
perfectionner par le bon emploi de sa vie, par l'observation de la nature, par
l'expérience, par la culture de l'art et de la science;un maçon qui estime les
hommes et les choses selon leur véritable valeur, quisait ce qu'il a été, ce qu'il
est et ce qu'ii peut être; qui a trouvé enfin la boussole de la vie et le chemin du
bonheur, qui est celui de la plusgrande perfection possible.
D.*. Que signifie le tombeau?
R,·. La mort et l'immortalité, mourir auxvices et renaître à la vertu.
D.·. Et les sept portes?
R... Elles symbolisent les septplanètes connues des anciens; les initiés d'Egypte
croyaient que l'âme est immortelle, mais que pour parveuir au ciel, clle devait
passer par les sept portes de plomb, d'étain, de fer, de cuivre, de bronze, d'ar
gent et d'or. Les philosophes hermétiques professaient des doctrines analogues ;
ils supposaient que l'âme devait passer par les sept planètes avant que de se re
poser au centre de la félicité.
D.'. Que signifie la tour des quatre couronnes?
R.". La nature, comme nombre de corporéité, l'univers portant en lui le
nombre quatre dans les deuxformes les plus générales, dans le temps et l'espace ;
il y a quatre éléments, quatre points cardinaux, quatre saisons; ainsi le nombre
trois représentait l'Étre suprême, le nombre quatre était celui de la nature.
.". Donnez-moi la batterie?
.*. ll la donne.
..Que signifie cette batterie?
.". Grandeur-union-force- beauté-perfection.
.. Donnez-moi le signe d'admiration?
.*. Il le fait.
.'. Que signifie ce signe ?
.'. Il symbolise la prière, la charité et l'avenir.
.. Donnez l'attouchement au F. .. Ceryce?
R.*. ll le donne.
D.'. Que signifie cet attouchement?
R.'. Le travail, source féconde de tous les biens utiles aux hommes.
D.'. Que représente votre bijou?
R.'. D'un côté, un triangle (Delta), et de l'autre une trappe formant une
voûte sur laquelle estgravé le nom de Jéhovah.
D.'. Que signifie cette parole? -
R.'. Des étymologistes disent que ce nom signifie celuiqui est, et cette expli
cation est conforme au sens de la Bible, quifait dire à Dieu :Je suis celui qui est.
C'est, en effet, le seul nom que l'on puisse donnerà Dieu, l'être par essence, sans
commencement, sans fin, cause nécessaire de tout ce qui existe,à laquelle le mé
taphysicien croit, parce que rien nepeut exister sans cause, commey croit l'ob
*
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 177
servateur , parce que la magnificence et l'ordre de l'univers prouvent une souve
raine intelligence, créatrice et ordonnatrice, comme y croit le moraliste, parce
qu'il y a une loi naturelle aufond de tous les cœurs, la conscience universelle du
juste et de l'injuste, le sentiment de tous les peuples, qui repousse le hasard
comme une idée trop aride et trop absurde. On est parvenuà former un signe
cabalistique qui exprime le nom du Subl... Arch.'. des mondes de cette manière.
y
% y
En même temps que l'ony trouve la lettre sacrée, avec les divers accents qui
entrent dans la prononciation du motJehovah, la disposition de ces trois signes,
qui forment delta ou triangle, est encore un des emblèmespar lesquels on dési
gnait la Divinité.
Le nom de Dieu, le nom innominé, était un des mystères de l'intérieur du
temple de Memphis et d' Héliopolis, et l'on n'est pas bien certain de sa pronon
ciation. Legrand hiérophante seul avait la permission de le prononcer une seule
fois dans l'année : c'était le jour de l'Expiation. Les Lévites, par le bruit qu'ils
faisaient dans ce moment, empêchaient qu'il ne fût entendu par la multitude.
Enos, fils de Seth et petit-fils de Noé, est le premier qui, selon l'Ecriture , ait
invoqué le tout-puissant par son nom.
On a poussé les recherehes sur ce nom jusqu'à prétendre y avoir découvert
la démonstration et l'expression positive de la trinité divine; la trinitéseprouve
par le nom de Jéhovah, dont la combinaison peut former trois noms, qui ne
forment cependant qu'une seule essence.
Décrivez quatre cercles, dont deux grands et concentriques, et deux autres
dont le centre est sur la circonférence du cercle intérieur; dans chacun des petits
cercles, écrivezdeux lettres du mot, de manière qn'il y en ait une dans chaque
hémisphère, alorsjoignez le Joh au premier he,vous avez un des noms de Dieu,
c'est le générateur;joignez encore le prenier he avec le voh, vous avez un autre
nom de Dieu, c'est le Verbe engendré; joignez aussi le voh avec le second he,
c'est un troisième nom quiprocède du premier et du second; enfin, comme le
tout est réuni dans le grand, vous aveztrois dans un.
D.·. En quoi consiste la religion primitive ?
R.·. La religion primitive consiste à adorer Dieu en esprit et en vérité, c'est
à-dire par la pensée, par la connaissance du cœur, et à aimer son prochain
comme soi-même.
C'est une superstition du fétichisme, que de supposer à l'Etre suprême les
caprices, l'esprit de vengeance, la colère et autrespassions de la faible humanité;
le Dieu qui règnesur les mondes, le pèrede l'humanité, l'être infini,incompréhen
sible pour nous, mais se manifestant par ses œuvres, est nécessairement imma
tériel, parfait, toujoursjuste et bon.
D. .. Par quel moyen le F. .. maçon peut-il se persuader de l'existence de Dieu?
R.*. Par l'observation et la comtemplation des chefs-d'œuvre que sa toute
puissance produit dans la nature.
D.'. Quelle signification donnez-vousà la croix du Royal-Arche?
R. .. Chez les Égyptiens, elle servaità mesurer le Nil; les Grecs eu faisaient
23
178 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
usage en ornements. Leurs édifices, consacrés au culte religieux, étaient disposés
en croix et cette forme était l'emblème des quatre points cardinaux.
D. .. Que signifie le tablier?
R.. Le tablier est l'emblême de l'égalité.
D. ..Que signifie l'alidée ?
R.·. Vérité, c'était une décoration égyptienne.
D. .. Comment se nomme le lieu oùvous aveztrouvé le Delta sacré?
R.°. Endimion.
ID... Que significe ce nom?
R.°. Grotte,voûte, imitée.
TD.·. Comment former un homme qui cherche et quitrouve son bonhenr dans
le bonheur des autres?
1R.-. En le rendant heureux lui-même,il apprendà aimer Dieu, les hommes,à
s'estimer assezpour ne rien faire qui soit indigne de lui ; il honore par sa vertu
la nature humaine, et s'approche de plus enplus par la perfection de la divinité.
D. .. Qu'est-ce que l'amour?
TR. .. C'est l'âme de la nature.
D.*. Qu'est-ce que la nature ?
R.•. C'est la vie.
D.°. Qu'est-ce que la vie?
1R,*. C'est l'être.
D.·. Qu'est-ce que l'être ?
R.·. C'est Dieu, sublime architecte de l'univers.
D.·. Qu'est-ce que l'univers?
R.·.C'est l'amour de l'ordre, c'est harmonie des corps et des êtres.
D.°.Que serait-ce que l'univers sans l'harmonie?
1R.*, Rien.
D.*. L'amour est donc l'âme de toute l'existence?
R.·. Oui, il est le principe de la vie et des êtres organisés, sensibles et intel
ligents, l'essence immortelle de l'âme, le germe de la natureintérieure et divine.
D.*. La loi de l'amour est donc la véritable loi de l'homme?
R.·. Oui, elle est une, simple, immuable, universelle; elle est gravée dans
toutes les âmes sensibles, dans tous les bons cœurs, dans tous les esprits éclairés
en caractères éternels etineffaçables ; elle est la lumière de l'humanité et le code
des hommes.
Le G.". Pontife se lève et dit d'unevoixforte et sonore : « Elevons-nous donc,
mestrès-chers FF.·.,à la vraie sagesse de la vie; honorons ceux qui nous l'ont
donnée, aimons nos semblables et formons-nous avec eux au vrai culte de
l'amour pur, mais songeons que c'està la raison qu'il appartient de diriger
l'homme dans son choix etplus encore au sentimentprofond de la sympathie.
Car la sympathie est l'harmonie des êtres sensibles et intelligents; elle est le
principe de la nature intérieure et divine de l'homme.
» L'âme sent ce qui est divin et elle s'unità la divinité; elle sent plus encore
ce qui est humain, et ce sentiment l'unità l'humanité.
» La symputhie, mes FF.·., est le principe de la formation de l'homme inté
» rieur; c'est elle quipeut former son âme, son cœur et son esprit.»
L'homme que la sympathie aformé,selon cette sublime idée, a la connaissance
=-------- ---------
-_ __--------------- -- T ----
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 479
intime de la nature intérieure;il a une conscience pure,une raison éclairée d'une
lumière céleste; il a un cœur plein d'amour, d'affections fortes, de sentiments
généreux,un esprit lumineux, enrichi d'idées profondes, de connaissances éten
dues; parce que tout en lui est venu des impressions qu'il a reçues, soit de la
nature, soit des êtres engénéral, soit des hommes.
C'est par la sympathie que la divinité elle-même exécute ses grands desseins
sur les êtres; c'est par elle que la nature agit sur les hommes; c'est par la même
puissance que desgénies supérieurs,inspirés par la Divinité,formés par la na
ture, pourront perfectionner l'humanité.
La sympathie, croyez-le bien, mes FF.·., peut opérer le bonheur des hommes,
comme elle produit l'harmonie des êtres sensibles; nous n'avons encore aucune
idée de la félicité qu'elle peut répandre un jour sur le genre humain; mais les
prodiges qu'elle a opérés se sont manifestés par des exemplesfrappants chez les
peuples de l'antiquité, et par les actions des grands hommes, etpar les écrits
des sages de toutes les nations. Il dit ensuite en s'adressant au F. ..premier
mystagogue: -
D.'. Donnezuneidée précise du Royal-Arche moderne, anglais, américain, etc.
R.'. Le Royal-Arche est consacréau courage età la constancedans la recherche
de la vérité, ce grade se rapporte à l'architecture. On ne peutprésenter un meil
leur typeà la conduite du maçon, auquel les premiersgrades ont appris que cet
art précieux est le symbole de cette architecture intellectuelle, qui consiste àfaire
de nous-mêmes un temple digne de la haute mission que nous avons reçue de
l'auteur de la nature.
D.·. Où se tient cette Loge?
R.". Dansun souterrain sans porte et sans fenêtre, avecune trappe au sommet;
on y possède la colonne d'airain subsistant après le déluge. Ce sont autant de
signes qu'on retrouve dans la Bible et dans les traditions de plusieurs peuples
anciens. Il en est de même du Delta, portant le nom sacré que l'on découvreà la
grande arche dans les profondeurs de laterre ;il afallu affronter bien des dangers
pour ne trouver la science qu'après de longues etpénibles recherches.
D.°.Que figure le Delta?
R.". La doctrine d'un dieuunique. La vérité ne doit être présentée qu'à ceux
qui sont capables de la comprendre.
D.*. Personne n'avait donc essayéde fouiller dans ces ruines?
R,', Des maç.'. ambitieux et jaloux ontpénétrédans ces ruines, mais ilsy ont
péri. La science, source de tant de biens, est un instrument funeste à celui qui ne
la cultive que par des motifs d'orgueil, et qui n'a pas des intentions pures et
bienveillantes.
D.'.Aquoifont allusion les instructionsdu Royal-Arche, anglais, américain, etc.
R.°.A Henoch,à son songe, aux neufarches qui renferment le Delta, emblème
de la Trinité, et sur lequel repose laparole ineffable.
D.°. Que représente la Loge de cegrade?
R.°. La Loge est supposée le montLiban,et les doctrines sont tirées dutroisième
livre des Rois, chap.v.
Après les conférences, la parole est accordée au F. .. l'Odos, qui s'exprime en
ces termes :
180 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Discours.
« L'origine de la Franc-Maçonnerie date du premier âge du monde,dutemps où
la force brutale régnait seule.
«Au milieu des peuplades sauvages, leSublime Architecte desmondesfait naître
un grand génie nommé Brahma. Cet homme parvint à rassembler les familles
dans les forêts, il leur annonçaun Dieu suprême, immuable, éternel, leur parla
en son nom, et répandit sur elles desflots de lumière et de vérité; à savoix, les
arts primitifs sortirent du néant, et la terre, faiblement sollicitée, répondit aux
efforts des premiers cultivateurs. Ce législateur du monde naquit sur les rivages
délicieux duGange.
« Lesdescendantsde cesage suivirent la route qu'il leur avait tracée;inventeurs
de tous les arts, créateurs de toutes les sciences,ils admirent au partage de leurs
connaissances quelques hommes privilégiés, que leurvertu et leurs grandes qua
lités en avaient rendus dignes; c'est du sein de cette réunion de sagesse que
jaillirent les rayons de lumière qui devaient éclairer l'univers.
« Desplaines de la Perse, ils passèrent en Éthiopie.
«Ménès,appelé Osiris, descendit des montagnes de l'Éthiopie dans le delta du
fleuve nourricier de l'Égypte; ilytrouva des descendants de ses premiers aïeux,
et les civilisa par l'enseignement des mystères maçonniques.
«Le sageMénès coordonnatous leséléments de la science maçonnique, en forma
un tout harmonieux, et confia ce dépôt aux plus hauts dignitaires de la caste
sacerdotale.Ceux-ci,pour dérober au vulgaire la connaissance de ces dogmessa
crés, les enveloppèrent d'allégories, et, pour mieux déjouer la curiosité des pro
fanes, adoptèrent les hiéroglyphes. Ainsi renfermés dans les profondeurs des
sanctuâires, les mystères ne furent révélés qu'à un petit nombre d'initiés, qui
subissaient préalablement une série d'épreuves et s'engageaientpar des serments
solennels à un secret inviolable.
« Chaque cité d'Égypte avait son symbole particulier. L'éloquente Memphis
adopta,pour le sien, la pie, oiseau jaseur; Thèbes, qui jusqu'au ciel élevait sa
pensée, décora sa bannière de l'aigleà l'œil de feu;Canope avait choisi le vase où
brûle l'encens, comme pour rendre hommage à la Divinité. Lessphinx accroupis
au seuil destemples étaient les emblèmes des sages qui veillaient sur l'Égypte.
«Ménèstermina sa longue etglorieuse carrière dansMemphis; son peuple recon
naissant l'adora commeun Dieu, sous le nom d'Osiris.
« Pendant qu'aux bords du Nil, les augustes dépositaires destraditions les voi
laient aux yeux de leurs contemporains et ne les révélaient qu'au petit nombre
de ceux qu'ilsjugeaient dignes de l'initiation, d'autres adeptes, dans l'intérieur
de l'Afrique, rassemblaieut des peuplades barbares,polissaient leurs mœurs,pro
pageaient la science,fondaient enfin nos mystères sacrés dans les sables brûlants
de la Nubie.Mœroé,de son côté,instruisait les Gymnosophistes;Zoroastre fondait
l'écoles des Mages, dans la Perse et la Médie.
« Enfin, cette sublime institution s'étendit des plainesdeMemphisjusqu'aupalais
du sage David. Cet ill.*. maçon, en expirant, recommanda à son fils Salomon
d'élever un temple splendide pour gage de sa reconnaissance au Sub.*. Arch.".
des mondes.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 181
« Hiram,à cette même époque, éclairait Tyr, et BoozJérusalem. Le jeune Salo
mon réclama leur concours, et, d'après leur avis,il se rendità Memphis, où ilfut
initié aux sublimes mystères. C'est là que les prêtres conservaient, dans le sanc
tuaire, le chef-d'œuvre d'Énos, ce précieux Delta que Ménès avait transporté
d'Éthiopie au rivage du Nil.
«Après que Salomon futinitié, les Hiérophantes,instruits de son vasteprojet et
pleins de confiance dans la foi du néophyte, lui remirent, d'unevoixunanime, le
symbole sacré du patriarche Énos. Les livres prophétiques d'Hermès leur en fai
saient un devoir.
« Bientôtplusde cent mille FF.·. sont réunisdansJérusalem et formentdes ate
liers pour travailler à la gloire du Subl... Arch. .. des mondes.
« Lestravaux du temple furent poussés avectant d'ordre et de vigueur que, la
septième année, la dédicace en fut célébrée avec une pompe vraiment royale ;
Salomon déposa lui-même le Delta dans le sanctuaire, et, pendant septfois neuf
jours, mille crisjoyeuxcélèbrèrent l'inauguration du monument nouveau, le plus
magnifique chef-d'œuvre d'architecture qu'eussent encore construit les hommes.
Le peuple fut amis à visiter le saint lieu où la majesté du Subl... Arch.·. des
mondes brillait avec tant d'éclat, et lesvoûtes sonores retentirent de mille accla
mations; partrois fois, trois mille maillets battirent. -
«Salomon combla de bienfaits Hiram et Booz; il descendit en paix autombeau,
après avoirjoui, pendantunelongue suité d'années, d'une félicitésans égale.
« Depuis lejour oùSalomon inspiré avait bâti le temple pour lagloire du Subl.·.
Arch... des mondes, du Nil au Jourdain la science maçonnique étendait ses bien
faisants rayons; les peuples unis jouissaient des douceurs de la fraternité la plus
cordiale; le feu sacré brillait dans la Chaldée; son flambeau pacifique éclairait
toute laJudée; enfin la paix régnait dans tout l'Orient, lorsque l'infâme Cambyse
portadans l'Égypte le fer et le feu, et en fit unthéâtre de mort etde dévastation.
«Dans cet affreux bouleversement, la civilisation s'arrèta toutà coup, et notre
sublime institution sommeilla à son tour.
« Pendant toute la période du moyen-âge,quiembrasseplusieurs siècles, notre
vénérable institution ne donne aucun signe de vie; mais elle renaît après les croi
sades,qui eurentun effet si marqué sur le développement des lumières et du bien
être social; les rudes guerriers de l'Europe se polissent au contact desSarrasins,
et apportent dans leurs donjons quelques débris des arts antiques et les douces
habitudes des beaux climats de l'Asie.
« Il s'établità cette époque,sousla dénomination dechevaliers Hospitaliers, un
ordre qui, selon l'usage des temps et d'après leur institution, envoya unefoule
de chevaliersà la conquête de laTerre Sainte.
« Pendant lesguerres contre lesSarrasins, ces chevalierspurent pénétrerdans
· des lieux lointains; mais toujours environnés de périls, ils cherchèrent un appui
et le trouvèrent dans lesprêtres Cophtes; ils se lièrent étroitement avec ces sages
philosophes et furent admis à la connaissances des doctrines et mystères de
l'antiquité.
« Ces chevaliers s'occupaientà remuerun terrain dans Jérusalem poury bâtir
un temple sur l'emplacement de l'ancien, oùjadis était la partie appelée Sancta
Sanctorum. Pendant leur travail, ils découvrent trois pierres fondamentales du
temple de Salomon; leurforme monumentale attire leur attention, elle redouble
482 LE PANTHÉON MA0ONNIQUE.
lorsqu'ilsyvoient dans des espaces elliptiques tracés sur la dernière le nom de
Jéhovah qui était la parole sacrée,perdue par l'assassinat dugrand-maître Hiram.
« Poussantplus avant leurs recherches, ils découvrentune trape, elle cède à
leurs efforts, et, après un examen attentif, ils reconnaissent le tombeau d'Hiram,
conduisantpar les septportesà l'Arche Royale et au temple de la Vérité.
«Cesillustres FF."., dévoués entièrement auxsciences et aux dogmes qu'ils
avaient appris dans la Thébaïde et recueillis dans les ruines du temple de Salo
mon, passèrent en Europe en 1 150, et se rendirent auprès de l'évêque d'Upsal,
qui les accueillit avecune bienveillance fraternelle; ce prélat fut initié aux mys
tères antiques et on lui confia le dépôt sacré des connaissances acquises; quifurent
renfermées, par ses soins, dans le souterrain de la tour des Quatre-Couronnes,
local du trésor du roi de Suède. Sept de ces illustres maçons établirent le pre
mier chapitre des Royal-Arche.
« C'est par cesvaillantsguerriers qui revenaient de laTerre Sainte quefurent
apportés en Europe les drapeaux de la fraternité maçonnique. C'est du fleuve
célèbre qui avait vu sur ses bords le divin Osiris, l'harmonieuxOrphée et legrand
Sésostris; c'est de ce point sacré, de ce centre pur de la voûte étoilée, que les
preux du moyen-âge avaient entrevu nos mytèresjusqu'à la porte du milieu. »
Après ce discours, le Gr. .. Pontife frappe un coup de maillet et dit :
F."., premier et deuxième mystagogue, annoncez sur vos colones respectives
que l'ordre des travaux étant épuisé, la Tzedaka va circuler et que nous allons
procéderà la suspension des travaux.
Les FF.·. premier et deuxième mystagogue font cette annonce, la Tzedaka
circule, et le G.'. Pontife en fait connaître le produit; ensuite ilfrappeun coup
de maillet et il dit :- « Debout et à l'ordre, mes FF.". »
*uspentsion des traVaux.
D. .. F.°. deuxième mystagogue, quel est est le but de nostravaux?
R. * De proclamer les vertus et de combattre les vices.
D.*. F. ..premier mystagogue, quel est la science desvrais Royal-Arche?
R.*. C'est desavoir obéir et commander; obéirà la vérité,à lajustice,à l'hu
manité; commander selon la raison, la sagesse et la vertu.
D.*. F.". deuxième mystagogue, est-ce l'heure de la suspension des travaux?
R.". Oui,G.". Pontife,il est neuf heures du matin.
Le G. .. Pontife dit : « Puisqu'il est l'heure de suspendre nos travaux,joignez
vousà moi, mes FF.'., poury procéder.
Alors le G. .. Pontife donne le baiser de paix à l'Hydranos qui va le porter
aux premier et deuxième mystagogues, en leur donnant le mot mystique, ensuite
le G. .. P... fait laprière suivante.
r1lère.
Sublime Architecte des mondes, allume dans nos cœurs l'amour de nos sem
blables,inspire-nous l'ardent désir de travailler sans relache au bien de l'huma
nité, but constant de notre vénérée institution, conserve à nos consciences la
LE PANTHÉON MAnONNIQUE. 483
puretéquetu leur as communiquée,'et préserve-nous de toute action dont l'effet
pourrait être nuisible, soità nous, soit à nos semblables; continue de protéger
nos travaux, et dirige-les de plus en plus vers la perfection.
Gloireà toi, Seigneur !gloire à ton nom!gloireà tes œuyres !
Le G. .. Pontife frappe cinq coups suivant la batterie du grade; les deux mys
tagogue les répètent; le G.·. Pontife dit :
A lagloire du Sublime Architecte des mondes, les travaux sont suspendus,
retirons-nous enpaix, mes FF."., et que l'esprit de Dieu veille àjamais sur nous.
Le G.'. Pontife dit : « Amoi, mes FF.'.»Tous font le signe, la batterie, etc.
---
GRAND CHAPITRE PHILOSOPHIQUE
DES CHEVALIERS R03ES-CR0IX
Préliminaflre,
Ce chapitre est placé au sommet de la hiérarchie maçonnique,il personnifie,
en quelque sorte, le sacerdoce de l'ordre, dontil possède les symboles et lesar
canes les plus mystérieux,inconnus au plus grand nombre des initiés; aussi sa
mission principale consiste-t-elle dans l'étude des mythes religieux des différents
âges de l'humanité, dans les investigations les plus ardues sur tout ce qui se
rattacheà la théosophie; mais là ne se borne pas cette mission.
Dépositaire de la saine doctrine, il est encore spécialement chargé d'en déve
lopper la partie dogmatique et morale pour l'enseignement des Loges et l'édifi
cation de nos FF.°.
Le titre de Rose-Croixa deux origines,l'une philosophique etl'autre historique.
Le restaurateur de cet ordre est un prêtreséraphique d'Alexandrie, sage d'É
gypte, nomméOrmus, convertipar saint Marc, l'an 46deJésus-Christ; il purifia
la doctrine des Égyptiens, selon les préceptes du Christianisme; les Esséniens
ayantfondéune école de sagesse salomoniaque,se réunirent aux Ormus. Dès-lors
la sociétése divisa en deux ordres, connus sous le nom de conservateurs des
secrets mosaïques et conservateurs des secrets hermétiques.
Les Rose-Croix, connus depuis le xII° siècle, étaient des philosophes herméti
ques envoyés d'Orient, avec la mission de propager en Europe les sciences se
crète. Trois d'entre eux fondèrent en Ecosse un athénée philosophique, dit des
Maçons de Memphis, espèce de séminaire où l'on enseignait aux élèves les sciences
sublimes; les Rose-Croix exécutèrent encore d'autres travaux, car plusieurs vin
rent sejoindre auxCroisés pour aller combattre en Palestine; de là vient leur
titre de chevalier; les uns s'appelèrent Chevaliers de la Palestine, les autres Ch.'.
484 LE PANTHÉoN MACONNIQUE.
de la Rose-Croix. Ces derniers communiquèrentà Pierre l'Ermite, en 1093, et à
Hugues de Payens, en 11 18, les connaissances maçonniques dont ils étaient dé
positaires; mais antérieurement au xIi° siècle, les Rose-Croix existaient déjà.
Leur origine remonte, ainsi que nousvenons de le démontrer, auxtemps les plus
reculés, et la philosophie naturelle, qui était l'objet de leurs recherches, en est
incontestablement l'origine primitive. -
Il existaità Padoue,à la fin du xIII°, le rite de Rose-Croix alchimiste.Lesavant
Carburi,grec de nation,futun des derniers sages de cette institution respectable,
qui n'étiat qu'une branche de l'arbre maçonnique, et ne s'est fait remarquer que
parde savantes discussions : décomposer les métaux, chercher la pierrephiloso
phale, vouloir même trouver le remède, oupour mieux dire la panacée univer
selle ; enfin, ils ont consacré leurs veilles à la recherche d'un secret qui devait
être pour le genre humain la source d'intarissables richesses, et d'un élixirqui
devait prolonger la vie des hommes, et leur procurer les douceurs d'une santé
toujours nouvelle; tels étaient les travaux auxquels se livraient ces rose-croix,
dont la doctrine était de rendre hommageà la Divinité, comme le faisaient les
anciens sages; ils se proposaient aussi de retrouver la parole perdue par le
moyen des oracles, c'est-à-dire du magnétisme (c'est-à-dire la science).
Les principaux membres de cette institution sont : Hermés, qui a valuà l'al
chimie le nom de philosophie, et auquel on attribue un grand nombre d'ou
vrages dont deux seulement sont parvenusjusqu'à nous sous sont nom; Giaber,
le plus ancien alchimiste arabe ; Al-Faroby, dont les ouvrages manuscrits sont
à la bibliothèque de Leyde; Paracelse, Roger Bacon , en Angleterre; Arnault
de Villeneuve, Nicolas Flamel, en France; Albert le Grand, en Allemagne ;
saint Thomas d'Aquin, en Italie ; et surtout Raymond Lulle, en Espagne.
Ils appelaient leurs opérations le Grand-OEuvre ou lapierre philosophale; l'or
était le roi, son dissolvant le bain, ou l'eau régale; toutes les expressions étaient
aussi mystérieuses.
On afaitdu roi Salomen un alchimisteà qui on a attribué la Clavicule, livre
apocryphe où seraient enfermés les arcanes du grand-oeuvre; s'il y a eu des
alchimistes qui ont abusé de cette science pourfaire des dupes, il y a eu aussi
de bonne foi, qui, animés de sentiments plus généreux et fortement pénétrés
de la réalité de leur art, ont dirigé franchement tous leurs efforts et consacré
leurs veilles au bien de l'humanité.
L'emblême des chevaliers Rose-Croix est une croix, aupied de laquelle estun
pélican et au milieu une rose; la croix représente l'arbre de la science; la rose, le
produit brillant de l'imagination et de la poésie; le pélican est l'emblême de la
mort et de la renaissance perpétuelle dc la nature.
Les légendes qui veulent que ces emblêmes soient empruntésuniquement au
Christianisme, ne sont pas dans le vrai, car le Christianisme lui-même n'est
qu'une réalisation de ce mythe primitif.
La croix mystique de cegrade se rattache au culte maçonnique primitif, elle
faisait partie du symbolisme de cette sublime institution, dont la connaissance
formait une partie de l'enseignement secret des chapitres; cette croix renferme
tous les nombres secrets, elle est la base de la géométrie.
Ce symbole existait dans l'île de Cozumel etsur les côtes de l'Yucatan (Mexique),
près de quatre cents ans avant J.-C. Ce signe était revérécomme la divinité de la
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 4185
pluie, allégorie de la fécondité. Quetzalcoatl, législateur des Indiens, était repré
sentéavec une robe couverte de croix.
Pour faire cette croix, on commencepartracerun cercle de trois cent soixante
degrés, dans lequel on dessine une croix composée de douze équerres égales, qui
représentent les douze signes du zodiaque ou les les douze mois de l'année solaire;
une moitié, en montant depuis janvier jusqu'à la fin dejuin, indique la pro
gression desjours, et l'autre moitié, depuis juillet jusqu'à la fin de décembre,
la déclinaison du soleil.
Cette croix marque essentiellement la ligne du méridien, du midiau nord, et
nous indique en même temps la forte chaleur de l'été, en opposition aux glaces
de l'hiver;une ligne horizontale traverse le monde entier, de l'orientà l'occident,
et nous démontre l'égalité desjours et des nuits dans la zône qu'elle divise.Cette
ligne se nomme l'équateur.
En parcourant desyeux de l'imagination les quatre parties duglobe, nous dé
couvrirons, dans cette croix, leprincipe de lavie, qui est l'air; du côtéde l'orient,
le commencement de la végétation, ou le printemps, qui nous annonce le réveil
de la nature; l'enfance doit être placée de ce côté-là, puisque l'homme se trouve
au printemps de sa vie comme l'horizon du matin nous indique que le jour se
montre dans cette partie du monde, et que le soleil à son lever enrichit l'orient
de ses rayons bienfaisants.
Elevons nos regardsvers le haut de cette croix, et nous ydécouvrirons le feu
qui est l'âme de la vie selon plusieurs philosophes ; ils symbolisaient pour cet
élément le créateur de l'univers : l'été,parsa forte chaleur, caractérise la deuxième
partie de l'année. L'homme, dans l'âge adulte, se fait remarquer par les désirs
de la reproduction de son espèce etpar la force de ses facultés physiques. Le midi
se trouve naturellement dans cette partie de la croix, puisque le soleil est à son
plus haut point qui marque le méridien. -
Si nous portons nos regards vers l'occident, nous trouverons que cette partie
du monde contient plus d'humiditéatmosphérique. L'automne,qui est la troisième
saison de l'année, nous démontre que toutes les productions de la terre sontarri
vées à leur maturité. L'homme, dans cette division de la croix, se trouve aussi
placé a son déclin, que nousnommons la vieillesse, troisième période de la vie,
celle dans laquelle il doitvivre heureux, s'il a su mettre à profit les années précé
dentes par son travail et son économie. Cette division de la croix nous indique
aussi que le soleil descend, sous l'horizon du soir, dans la partie occidentale; c'est
le moment où l'homme seprépare au repos.
Au nord, se trouve indiquée la terre comme étant la portion la plus matérielle
etpar conséquent la plus pesante; c'est aussi la raison pour laquelle nous l'avons
placée en bas de la croix. L'hiver, où tout est glacéà cause de l'éloignement du
soleil, procure la quatrième saison de l'année, oùtoute la nature semble être dans
une inertie complète. La portion de globe du côté du nord se trouve aussi bien
moins peuplée que les autres parties de la terre, parce qu'elle est dans un hiver
presque continuel. Dans cet endroit de la croix se trouve indiquée la mort que
chaque créature est obligée de subir. L'homme, ainsi que les animaux, rentrent
dans legrandtout de la matière, se décomposent pourse reproduire sous d'autres
formes (véritable métempsycose), et s'anéantissent tour à tour, selon l'ordre
de la Divinité et de la nature.
24
486 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
On trouve dans le bas de la croix l'instant du sommeil, ou la nuit, qui fait la
quatrième partie dujour composéde vingt-quatre heures.
Les quatre lettres du mot des Chevaliers Rose-Croix sont les initiales,
en langue hébraïque, du nom des quatre éléments primitifs connus de l'an
cienne physique; c'està tort que plusieurs rituels veulent y trouver l'inscription
mise sur la croix de Jésus-Christ. Ces quatre lettres mystérieuses étaient connues
longtemps avant sa naissance, par les anciens philosophes païens qui avaient
arraché ces grands secrets à la nature. En pénétrant jusqu'au sanctuaire, ils
avaient appris qu'elle se renouvelait à son propre foyer (le travail de son orga
nisation dépendant continuellementdugrandJéhovah,âme et matière universelle).
Telle a été danstous les temps la doctrine des Maçons, toujours en adoration et
en contemplation devant les merveilles du Grand Architecte de l'univers. Telle
estàpeu près celle des maçons actuels qui ont toujours l'avantage inappréciable
d'être éclairés des lumières de la loi nouvelle.
Les anciens Rose-Croixformèrent de ces quatre lettres les aphorismes suivants :
Ignem natura regerandointegrat.
Igne natura renovatur integra.
Igne nitrum roris invenitur.
D'autres les interprètent comme étant les initiales du nom hébreu des quatre
éléments de l'ancienne physique :iammim-eau-nour-feu-Rouahh-air-Iabescheh
terre,
Au centre de la croix se trouve l'étoile flamboyante (mystérieuse de l'Ordre
d'Orient), avec un Delta au milieu, lequel porte dans son centre le caractère
simple, mais grand, de unus Deus : les pointes signifient l'univers qui est soumis
à des règles invariables.Ces lois sont indiquées par les douze équerres quiportent
les noms des mois dont est composée l'année solaire.
Au dehors de cette croix il en est une autre qui annonce le mois lunaire de
vingt-huit jours, deux heures, dix-sept minutes, trente-six secondes, que les
Mahométans suivent encore; leur année se trouve donc composée de treize mois
lunaires. Ces mois donnent la mêmequantitédejours que ceux de l'année solaire,
qui est de trois cent soixante-cinqjours, quarante-huit minutes, quarante-huit
secondes. Cette croix lunaire se nomme croix à marteau, et portepour l'année le
nombre treize. Faisant suivre à ce nombre celui de douze sur la même ligne de
treize, on trouve 1312, époque fatale de lagrande persécution.
En même temps, ce nombre 1312indique l'âge des trois grades symboliques :
deux et un égalent trois, grade d'Apprenti; trois et deux égalent cinq, grade de
Compagnon;trois, deux et deux égalent sept,grade de Maître.
Les mots de tous les degrés Maçonniquesjusqu'au 18".·., se trouvent également
renfermés dans cette croix ainsi que les allégories, etc.
LE PANTHÉON MAçoNNIQUE. 187
TRAVAUX COMPLETS DES CHEVALIERS ROSES-CROIX.
LeSanctuaire est divisé en troisparties, la première est celle où sefait l'examen
du candidat, elle est tendue d'une draperie noire parsemée d'étoiles en argent;
devant le Président est une table couverte d'un tapis rouge sur laquelle est déposé
le grand livre d'or,une épéeflamboyante etune lampe antique allumée; au milieu
de cette enceinte est une colonne brisée.
Tous lesChevaliers sont assis sur des banquettes couvertes d'une étoffe noire.
La seconde partie est celle où se fait l'ouverture des travaux et les épreuves du
camdidat; elle représente un lieu de réprobation, l'on aperçoit dans l'obscurité
trois colonnes, l'une à l'Orient, l'autre à l'Occident, et la troisième au Septen
trion; au milieu est une pyramide haute de dixpiedsformée par dix degréstrian
gulaires équilatéraux et septfigures allégoriques.
Tous les Chevaliers sont dans le deuil.
La troisième partie prend le titre de Sanctuaire,il esttendud'une draperie cou
leur pourpre sur laquelle sont brodés en or tous les attributs; symboles et
allégories du 1* au 18°.'. degré, le Sanctuaire est resplendissant de lumière,
trente-trois bougies allumées et groupées par onze sont placées sur l'Autel, à
l'Orient; sous le dais est brodé en or et argent unegloire éclatante au milieu de
laquelle est une étoile flamboyante quidans son centre a un iod, initiale duSubl..
Arch.'.des Mondes;sur lefût de lapremièrecolonne on lit science, sur la deuxième,
aspiration et sur la troisième amour;à droite, à l'Orient, est untableautranspa
rent sur lequel est peint une sphère armiliaire, le Livre de la vraie lumière, etun
aigle planant dans les airs;àgauche est un second tableau transparent sur lequel
est peintun soleil radieux, la lune, les sept planètesconnues des anciens,un péli
can et ses petits, et un arbre, dont les racines sont en l'air et les branches en bas;
sur l'Autel est posé le Livre de la loi, un compas, un triangle, une équerre,un
glaive et un habit de Rose-Croixpour le récipiendaire.Tous les Chev.". sont assis
sur des banquettes couvertes d'une étoffe bleu céleste.
Le Président est nommétrès-sage, les surveillants très-parfaits Chevaliers, et
les officiers dignitaires très-éclairés Chevaliers.
L'on nomme les pièces d'écriture, colonnesgravées, l'Orient Sanctuaire, et les
eolonnes duMidi et du Septentrion desvallées.
Les colonnes gravées portent en titre, au nom de la sainte et indivisible Trinité,
pour suscription, soit salut en Dieu éternel, et pour finale, nous avons la faveur
d'être dans l' Unité paisible des nombres sacrés,vos, etc.
L'on date tous les actes de lavallée de..,aupoint correspondant duZénith,etc.
Les Chevaliers Rose-Croix,font à leur réception le choixd'un titre caractéris
tique, sous lequelils sont toujours désignés, tels que loyauté, candeur, etc. On
écrit seulement les consonnes du nom civil, au-devant du titre caractéristique,
que l'on réduit ou l'on augmente, de manière à former toujours un nombre
inégal.
Le vètement des Chevaliers est une tunique couleur chamois, ayant une croix
latine violette sur le cœur; une écharpe en soie rose avecfrange en or,un cordon
188 LE PANTHÉON MAçONNIQUE
qporté en sautoir, rouge d'un côté et noir de l'autre; du côté rouge est brodée une
croix noire avec or, etc., et du côté noirune croix rouge.
Le bijou est un compas couronné, ouvert sur un quart de cercle; entre les
branches sont, d'un côté, un aigle, et de l'autre un pélican, et entre les deux
figures,une croixsur laquelle est une rose; le bijou est voilé et le cordon tourné
du côté noirjusque après l'ouverture destravaux.
Les Chevaliers Rose-Croix portentà lajambegauche unejarretière sur laquelle
est bordée la devise : Virtute et silentio, le titre caractéristique de chaque Cheva
valier doit êtregravésur son bijou, au revers du quart de cercle.
Examen du Candldlat.
Le Président frappe sept coups suivant la batterie des Chev.'., aussitôt le G.'.
Expert se rend dans le Parvis du temple et après avoir reconnu le candidat, il
l'introduit sans cérémonie dans la salle d'examen.
Le Président dit : « En place Chevaliers, ensuite il s'adresse au récipiendiaire
(il est placé sur un siége aupied de la colonne brisée).
D. .. Mon F. ., votre belle conduite Maçonnique nous autorise àvous admettre
aux épreuves prescrites par nos lois sacrées, veuillez dont vous ysoumettre et
répondre à mes questions.
D. ..Où l'homme peut-il trouver ce qui lui est nécessaireà son éducation?
R.·. L'homme le trouve dans sa nature :iltrouve dans son corps la force mo
trice de son perfectionnement physique, dans son âme, le principe de son perfec
tionnement intellectuel et religieux,il trouve enfin en lui sa morale et sa religion
et dans son corps une baseinébranlable et inattaquable.
D.*. Commentpout-on relever la dignité de l'homme?
R.'. Il faut lui faire considérerson existence comme divine, c'est-à-dire comme
sacré etinviolable; il doit donc s'estimer et se respecter lui-même comme un être
sacré, et, en cette qualité, ne rien faire qui ne relève sa nature.
L'homme qui connaît sa nature intérieure et extérieure doit aussi connaître la
première cause de son être, cette cause, c'est Dieu : comme Dieu est en nous, et
que notre âme est l'image de l'intelligence divine, il n'y a rien pour la perfection
de l'homme hors de l'homme.
D.'. Quel est le plus sage des hommes?
R.'. Leplussage de tous les hommes est celui quise connaît lui-même, qui con
naîtsa nature intérieure et divine, et qui sent, quipense, qui agit d'une manière
conformeà cette connaissance. Celui qui connaît les forces de son corps et les
facultés de son âme, qui sait les développer et lesperfectionner par l'usage de ses
sens et de sa raison, qui sait les employer et les diriger vers le bien de sa propre
nature, celui-là acquerra la connaissance de lui-même.
D.'. Quelle est la véritable éducation de l'âme humaine?
R.'. Elle consisteà se former pour l'immortalité; l'homme doit seformer non
seulement pour la vie présente, mais encore pour la vie future.Car que serait-ce
qu'une éducation dont les fruits nes'étendraientpas au-delà des bornes de la vie?
Dois-je meformer pour mourir ou pourvivre ?
.Que me servirait mon éducation, si je ne travaillais que pour la mort? Rien.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 489
L'éducation est l'art de se former à la vie, non pour un instant, mais pour
l'étermité.
D. .. Pour former notre âme que faut-ilfaire? -
D. .. L'âme qui veut se former pour cette vie doit acquérir le plus haut degré
deforce dont elle estsusceptible pour diriger un corps mortel,pourlui apprendre
à résister aux éléments,à vaincre la douleur età surmonter tous les obstacles qui
serencontrent dans le chemin de la vie; elle doit encore commanderà elle-même,
vaincre les passions, et triompher des vices.
D. .. En quoi consiste l'éducation du cœur de l'homme?
R.·. A savoir bien aimer : il doit se former à l'amour, il aime souvent sans
connaître; et pour se connaître en amour comme en amitié, il a besoin d'être
éclairé des lumières de l'esprit.
D... Qu'est-ce que l'esprit de l'homme ?
R. .. Uneémanationde la souveraine intelligence; c'est l'être qui pense en nous,
qui conçoit la raison des choses et les rapports des êtres : luiseul est capable de
connaissance.
D. .. La nature de l'esprit est donc essentiellementintelligente?
R.·. L'homme est non-seulementun être extérieur, matériel et physique; il est
encore un être sensible, intelligent et moral, capable de sentiment, d'amour, de
conceptions et de raisonnements.
Le cœur aime, l'esprit conçoit, l'intelligence connaît et raisonne.
D.·. Qu'est-ce que la raison?
R. .. La raison est le guide fidèle de l'homme; c'est elle que nous devons con
sulter dans toutes les affaires de la vie morale et civile, si nous ne voulonspas
nous égarer. :
La raison éclairée nous fait connaître l'existence du Sublime Architecte des
mondes et ses perfections-l'immortalité de l'âme-l'existence d'une loigravée
dans nos cœurs, qui nousfait sentir tout ce qui estjuste et honnête. La sainteté
d'une loi consiste en ce qu'elle nous inspire les sentiments de lajustice naturelle
envers Dieu, envers nous-mêmes et envers nos semblables, d'aimer notre pro
chain, de n'offenser personne, de rendre à chacun ce qui lui appartient, de
fuir le vice et depratiquer les vertus.
D. .. Qu'est-ce que la pensée ou son essence réduiteà un type autant que pos
ble rudimentaire?
R.'. La pensée est un mélange ou une indivisibilité, comme l'ont prétendu
Hyppocrate et Platon.
D.'. Est-ceune force exclusive,un éther,unevapeur ouunphlogistique?Est-ce
un rayon, une lueur, ou rien qu'un souffle?
R.'. La pensée est un pneuma très-fluide, dit Plutarque;unefusion de terre
et d'eau, dit Anaximandre; un feu, dit Héraclite; un atome, un insécable ,
comme l'a écrit Lucrèce; une parcelle de Dieu, comme l'enseigna Socrate; la
pensée est une harmonie, dit Aristodème; une flamme céleste, dit Zénon, ou,ce
qui n'est pas moins subtil, un nombre mû par lui-même, comme l'a supposé
Pythagore.
D.·. Est-elle simple?
R.'. La pensée est une mosaïque de facultés appétitives et de facultésperhor
rescentes, dit l'école duportique ; un magasin deperceptions et devolontés, dit
490 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Malebranche, la pensée est l'influx d'une âme, comme le professait Stahl, et
comme l'avaitprofesséAnaxagore. Je déclare queje netrouve pas ces hypothèses
plus satisfaisantes les unes que les autres.
D.·. Lapensée est-elle immatérielle ou matérielle ?
R.·. La pensée n'est ni matérielle ni immatérielle, l'homme sent qu'il est,il
pense, et il est certain qu'ilpense, par cela seul qu'il le pense, la pensée existe
donc, et la preuve de son existence, c'est que la dénégation de lapensée est elle
même une pensée.
D. .. Dieu étant un pur esprit et absolument distinct de la matière, comment
peut-il être atteint?
R... Par la pensée seulement.
D... Quelle est la religion du Franc-Maçon?
R.·.Celle de Socrate, celle de l'Evangile, celle de tous les hommes de bien, la
religion directe du Créateur à la créature, des bonnes œuvres et de la pieuse re
connaissance; la Maçonnerie veut que tout le monde soit éclairé, carplus ily a
de raison, moinsily a d'erreurs et de préjugés, plus on sait, moins on s'égare ;
plus les hommes sont instruits,plus ils se rapprochent.
D... Combieny a-t-il de séries du premier au dix-huitième degré Rose-Croix?
R. .. Quatre, et chaque série prend le nom dugrade qui la termine.
D... Quel est l'objet général de ces quatre séries.
R. .. Les trois premiers degrés ontun rapport directà l'art de l'architecture et
à la mort d'Hiram; le quatrième grade maître discret nous recommande la dis
crétion; le cinquième maître parfait symbolise les malheurs de l'ignorance, et
nous inviteà perfectionneren nous la vertu; le sixième,secrétaire intime, signale
les dangers d'une curiositéindiscrète et orgueilleuse; le septième, prévot et juge,
est consacréà la justice, à l'équitable balance dans laquelle nous devonspeser
nos actions et celles des autres, car la justice est la grande Divinité des empires,
la seule providence des nations; elle est le diapason de toutes les vertus, elle les
suppose toutes; le huitième, intendant des bâtiments, nous invite à l'exactitude,
à l'esprit d'ordre,à la fidélité, au zèle pour s'instruire, afin de pouvoir éclairer
nos FF... moins avancés, et répandre partout une lumière bienfaisante; les
neuvième, dixième et onzième grade, maître-élu des neuf, grand élu des quinze
et sublime chev.'. élu, nous rappellent qu'il est un ordre providentiel dans le
monde moral, comme dans le monde physique; le coupable en effet est toujours
puni, soit par le remords, soit par les malheurs que lui attire sa perversité.
Le douzième est consacré aux progrès que doit faire le F. .. revêtu de ce titre,
dans les connaissances et les qualités qui distinguent le vrai maçon; letreizième
degré, Chevalier Royal-Arche, nous encourage à la constance dans la recherche
de la vérité; et le quatorzième degré, G.·. Elu-Ecossais, à l'union étroite des
maçons,à lapureté morale, au sacrifice généreux et sincère de tout ressentiment ;
le quinzième dégré,Chevalier d'Orient, est consacréà l'héroïsme qui délivre nos
FF... de la misère, il travaille et combatpour le bien général; et le seizième
degré, Prince de Jérusalem, à la récompense du vrai mérite; le dix-septième
degré, Chev.*. d'Or. .. et d'Occid.·., travaille à la Sainte-Alliance des sages
pour propager les saines doctrines de la Maçonnerie par les seules armes de la
persuasion.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 49|
D,..Vous avezdû remarquer, dans le Maître-Parfait, deux emblèmes, le cercle
et l'équerre, veuillez nous en donner l'explication?
R. .. Lepremiervient expliquer la succession éternelle des êtres alimentéepar la
mort et la vie, et le deuxième se rapporte aux quatre éléments qui détruisent et
régénèrent les êtres.
D... Qu'est-ce que la bienveillance ?
R. .. La bienveillance est un sentiment d'humanité quiporte les hommesà se
rendre des services réciproques.
D. .. Qu'entendez-vous par le vrai bonheur ?
R. .. Levrai bonheur ne saurait consister dans des choses qui sont incompa
tibles avec la nature et l'état de l'homme, car cela tendraità sa destruction et,
par conséquent, à son malheur.
Pour se procurer un solide bonheur,il ne suffit pas de faire attention au bien et
au mal présent, il faut encore examiner quelles en seront les suites naturelles,
afin que comparant le présent avec l'avenir et balançant l'un par l'autre, on
puisse connaître d'avance quelen doit être le résultat. -
D.·. Et la bienfaisance?
R.·. Dieu, la nature, la raison, nous invitent à faire du bien.
Dieu,parson exemple et son essence; la nature, par le sentiment du plaisir
qu'éprouve celui qui oblige; la raison, par l'intérêt que nous devons prendre au
malheur de nos FF.·.; mais il ne fautpas oublier qu'un bienfait public n'en est
pas un.
D.·. Et la reconnaissance ?
R.·. La reconnaissance est le témoignage d'une belle âme, etun sentimentplus
épuré que celui qui inspire les bienfaits. Lapratique de ce devoir n'est pointpé
nible, elle est au contraire suivie de tant de plaisirs qu'une âme moble s'y aban
donne toujours avec joie; la bienveillance, la bienfaisance et la reconnaissance
forment l'humanitéde l'homme, et caractérisent l'espèce humaine.
D.·. Et la générosité?
R.·. Lagénérositéconsiste à faire pour nos semblables beaucoup au-delà de ce
qu'ils peuvent espérer de nous. La générosité est une desplus admirables vertus
de la nature humaine, elle brille, danstout son éclat,par les manières délicates
et flalleuses, dont elle embellit ses bienfaits.
D.·. Qu'entendez-vouspar superstition?
R.'. Un culte qui ne convient point, ou qu'on prête à un être qui n'en est
pas digne. -
D.*. Le déisme?
R.·. Est la religion de ceuxqui attribuent le toutà la nature.
D.·. Le politichisme?
R.·. Est la religion de ceux qui pensent que le culte extérieur est une branche
dugouvernement.
D. , L'indifférentisme?
R.'. Enseigne que les hommes peuvent être sauvés dans toute religion quel
conque.
D.·. L'hypocritisme ?
R. .. Il consiste dans unsimple extérieur de religion quicache un cœur dépravé.
D.*. L'athéisme?
192 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
R... Il frappe les fondements de toute religion, parce qu'il nie l'existence
de Dieu.
D.·. La prophétie?
R.·. Est la prédiction d'un événementfutur, qu'on ne peut prévoir, nipar les
causes naturelles, nipar l'état actuel des choses qui y ont quelque rapport.
D.·. Qu'entendez-vous parphilosophie?
R.·. L'amour de la sagesse, la science desprincipes, la connaissance de lavé
rité embrassant dans sa généralité toutes les lois du monde physique et du
monde moral; elle se compose d'autant de philosophies particulières qu'il y a
de sciences diverses. -
D. .. Et la philosophie éclectique?
R. .. Elle tendaitàfaire choisir ce qu'il y avait de meilleur et de plus certain
dans les différents systèmesphilosophiques sans s'attacherexclusivementà aucun.
D. .. Et la philosophie hermétique? -
R.·. Cette philosophie avait pour but de faire de l'or, de prolonger la vie
au-delà des limites fixées par la nature.
D.·. Et la philosophie scolastique?
R.·. Elle s'est principalement exercée sur les idées religieuses.
D... Et la philosophie théodicée?
R.·. Elle est la science sur Dieu. Le Maçon desgrades antérieurs croit en Dieu
parsentiment,par la considération de ses œuvres; celui des hauts grades doit être
en état de raisonner sa croyance, et de la faire partager aux autres; il faut qu'il
connaisse les causesphysiques, metaphysiques et morales sur lesquelless'appuie la
foi dansun être suprême, les principaux attributs de cetêtre, saprovidence, c'est
à-dire l'action de sa puissance, de son intelligence et de sa bonté dans le gouver
ment du monde, la fin qu'il s'est proposée dans le plan de l'univers ; qu'il sache
réfuter les objections tirées du malphysique et du mal moral; enfin la théodicée
s'applique à la morale considérée comme science positive.
D. .. Et la psychologie?
R.·. La psychologie est la science de l'âme, preuve de son immortalité, ses
facultés, la conscience, les idées, le raisonnement, la libertédu choix entre le bien
et le mal, etc.
D. .. Croyez-vous que c'est dans l'obscurité des nuits que l'immortalité s'est
révélée à l'homme?
R.·. Oui. Car combien lavue du ciel étoilé, dans une belle nuit, n'est-ellepas
propreà luiinspirer de hautes pensées sur l'harmonie et l'immensité de l'univers,
et sur lui-même.
- - - J. ÉT, MARCONIS.
(La suite à laprochaine série.)
Ne pouvant interrompre la régularité des travaux du grand chapitre de chev. , rose-croix,
nouspublierons dans la neuvième série un article sur la cérémonie palpitante d'intérêt quia eu
lieu à la resp... loge la Rose Écossaise (Sup. .. Conseil) Or. .. de Paris.
Imprimerie de Munzel frères, à Sceaux(Seine)
LE PANTHÉON MAçoNNIQUE. (93
«
TRAVAUX COMPLETS DES CHEVALIERS ROSE-CROIX.
- SUITE,
fil - , -
La preuve de l'existence d'une cause puissante et intelligente, ce sont toutes
les merveilles de la nature, cette infinité d'astres qui roulent sur nos têtes, la ré
gularitéde leur cours, et l' effet de plusieurs sur le globe que nous habitons. .
D.*, Dans quel but cette contemplation? - 1
R. .. Pourjouir des bienfaits de la nature, mais aussi rechercher avec empres
sement la nourriture spirituelle destinée à l'âme, et en profiter, car l'homme ne
vit pas seulement de pain, mais de la parole, quiinstruit et rend meilleur. --
D.*. Comment considérez vous la conscience? -
R.'. Comme le tabernacle intime qui renferme la pensée humaine, le livre
de la loi, l'image du soleil. Sous le rapport physique, intellectuel et moral, le
soleil est l'image sensible de la divinité, l'emblème de la chaleur de l'âme et de la
lumière de l'esprit. La Maçonnerie doit faire dans l'ordre moral le même bien que
fait le soleil dans l'ordre physique. - | , -
D.·. Et la charité? -- | - --
R.·. La charité estun devoir sacréde l'Humanité. Tout être qui souffre a des
droits sacrés sur nous. Mais elle ne consiste pasà donner seulementun peu d'or.
Nous devons exciterdans tous les cœurs les étincelles du feu divin dugénie, de la
vertu, et aider à les développerpour le bonheur du monde.
D.". Connaissez-vous l'art de prolonger la vie? . -
R... Oui; il consiste dans la frugalité et la tempérance.
Ie régime diététique d'Orphée et le régime frugivore de Pythagore sont les
meilleurs pour arriver à une longue vie.
Les hommes les plus forts, et ceux qui ontvécu le plus longtemps, ont tous
suivi ce régime; les héros, les sages, les législateurs n'en ont point eu d'autre, et
tous en ont fait une loi sacrée. - -
D'après ces exemples, que l'histoire nous a transmis, on peut juger que les
premiers hommes ne vivaient que des fruits que la terre produisait d'elle-même,
étaient d'une force dont nous m'avons plus d'idée, Leurvie était si longue, qu'ils
ontpensé que le corps aurait pu être immortel, aussi bien que l'âme, si l'homme
n'eût point dégénéré.
Mener une vie simple et réglée, se lever avec le soleil, travailler avec mo
dération,un repos raisonnable, la propreté et l'activité, des bains froids, surtout
de la gaieté.
D. .. Quelle est votre pensée à l'égard de l'homme et de la femme chassés du
jardin d'Éden par leur transgression aux commandements de l'Éternel.
R. .. C'est l'emblême de l'obéissance que l'homme doit aux lois de la nature, de
25
19 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE,
la justice, de l'humanité; lorsqu'il les oublie, ils se rend malheureux, infirme,
ignorant, il détruit toute société, il renverse les lois que le Sublime Architecte des
mondes aimpriméesà la création. -- -
D. .. Et la voix qui sort du buisson ardent ?
R. .. C'est une figure symbolique, quiveut dire le feu de l'intelligence, la voix
de la conscience qui ordonneà Moïse d'aller trouver Pharaon et lui dire qu'il est
injuste,inhumain de tenir en esclavage des hommes ses FF.., que la Providence
veille pour l'opprimé, et châtie le méchant sans lui dire pourquoi, que la terre
imbibée de larmes, élève dans le silence des nuits, auxpieds du sublime archi
tecte des mondes, une clameurincomprise desmortels inattentifs, qu'on estpuni
de l'injustice qu'on a commise comme de celle qu'on n'a pas empêchée; car il y a
solidarité entre tous les hommes, et ce n'estpas en vain qu'il a été dit, aimez
vous les uns les autres. - -
D. .. Combien distingue-t-on d'espèces de nature dans l'homme ?
R... Deux. L'homme n'étant qu'une intelligence organisée, c'est-à-dire sou
mise par sa nature complexe à des besoins de deux sortes, sa première nature est
l'âme qui aspire continuellement vers la nourriture spirituelle; l'autre plus gros
sière,soumise à toutes les infirmités d'une existence limitée, dirige toute sa puis
sance à satisfaire ses appétits matériels.
D.·. La culture de la raison est-elle nécessaire?
R... Oui, la raison seule peut faire connaître les biens réels et les distinguer
des biens apparents, car c'est elle seule quipeut nous menerpar un calcul justeà
connaître la valeur et le prix des choses, età évaluer les rapports des objets avec
notre perfection et notre bonheur.
D.·. Persistez-vous dans votre résolution?
R.·. Oui, vénérable maître.
Le G.*. expert conduit le récipiendaire dans les maneras (lieu de réprobation
et de douleur).
Le candidat est introduit dans cette enceinte par l'expert sans difficulté. Le cos
tume des chevaliers est une tunique noire; aussitôt qu'il a pénétré dans ce lieu
de douleur, le très-sage (Président) lui dit :
D.'. Que viens-tu faire parmi nous?
R.·. Je viens solliciter la faveur de participer à vos travaux.
D.·.Je dois te dire que le motif qui nous réunit, est un mystère de deuil et de
tristesse, débris échappés augrand naufrage et au cataclysme universel. Le dépôt
sacré des traditions a péri, la science s'est envolée vers les cieux, la parole est
perdue.... Nous sommesà sa recherche.Consens-tu à nous aider dans ces pénibles
travaux?
R.*.Oui,je le désire ardemment.
D. .. Voyonsd'abord situ possèdes les qualités nécessaires pour accomplir cette
mission; réponds-moi?
Quel est le vraiMaçon?
R.*. C'est celui qui sait commander à lui-même, celui qui est juste en souf
frant l'injustice, qui sait pardonner à ses semblables, qui soutient de toutes ses
forces les droits sacrés de l'humanité, qui,par savie et parsa mort,a aimé et ho
noré la vérité, la justice et la vertu ; celui qui a établi le triomphe de la vertu
sur le vice, de la vérité sur l'erreur, de la justice sur l'iniquité.
, : - 1 r a , -- - t -
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 495
D.r. Quelles sont les principales vertus que les Maçons doivent posséder?
R. .. L'humilité et la charité, qui doivent être la base de toutes nos actions; la
candeur, vertu d'une âme susceptible de bonnes impressions; la douceur, la
clémence, que nous devons exercer envers nos semblables; la vérité qui doit être
sacrée parmi nous, comme étant un des rayons de la Divinité ; la tempérance qui
nous apprendà mettre un frein à nos passions enfuyant tous excès déréglés; le
silence que nous devons observer sur tous les mystères maçonniques et sur les dé
fautsde nos FF.. - - -
D. .. Qu'est-ce que s'élever? --
R. .. C'est descendre en soi-même, c'est connaitre et perfectionner sa nature
intérieure, c'est ne rien faire qui ne soit digne de la Divinité et de l'âme immor
telle qui est en nous son image. --
D.'. Qu'est-ce que s'abaisser? -
R. .. C'est vouloir s'élever sans cesse au-dessus des autres sans penserà se per
fectionner et à s'élever soi-même par sa propre vertu. -
Dr. Par quel moyen l'homme peut-il être libre? -
R.*. L'homme est libre par le sentiment et par la pensée, il peut sentir, penser
et vouloir ce que luiindique l'usage de la raison, ce que lui révèle l'intelligence
qu'il a reçue duCréateur.
La liberté de l'âme, du cœur et de l'esprit, constitue essentiellement l'homme
libre; et l'homme véritablement libre est celui qui pense ce que son âme veut
penser, qui aime ce que son cœurveut aimer,qui connaît ce que son esprit veut
connaitre. . - -
Notre corps nous instruit des besoins de notre âme, et notre âme nous instruit
des besoins du cœur et de l'esprit : ces besoins sont la mesure de ce qui est bon et
utileà l'homme.
D. .. Qu'est-ce que le goût?
R. .. Legoût, dans le sens le plus étendu, est le sentiment le plus épuré de
l'âme, l'idée la plusjuste de l'esprit pour tout ce qui concerne la connaissance de
la beauté, de l'harmonie, de l'ordre, en un mot, c'est le sentiment de la perfec
tion.
L'âme a ce sentimentde la perfection, l'esprit en a l'idée, mais c'est le géniequi
la développe.
D.·.Oùtrouver legermedugénie? -
R.*. Le géniea songerme dansuneâme douée d'une grande sensibilité et d'une
imagination vive ; il a son principe actifdans les sentiments élevés, dans lespen
sées libérales, dans les idées lumineuses, dans les esprits profonds.
C'est dans l'imagination que brûle la flamme dugénie, cctteflamme divine est
toujours dans une âme embrâsée de l'amour du beau et du bon, elle est le feu sa
cré qui alimente le génie.
Le génie est eu quelque sorte la divinité de l'esprit, il est l'âne de la nature
intelligente, il est la puissance créatrice des pensées etdes idées lesplus sublimes;
il est pour l'esprit ce que l'imagination estpour l'âme.
Les secrets, les mystères, les symboles, les emblèmes, les allégories sont des
figures qui rappellent à l'esprit les dogmes et les doctrines sur lesquelles la Ma
çonnerie a établi les bases sociales,c'est la langue sacrée du génie divin qui dirige
D0S travaux.
496 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
-
D.',Que signifient ces deux demi-cercles dans lesquels sontindiqués deux prin
cipes! la divinité et la nature? - - 1 -
- R. .. L'une et l'autre sontsynonymes.Tout dans la nature étant soumisà une
organisation età une marchepériodique, nousannonce qu'ildoity avoirungrand
moteur, qui attireà lui notre vénération, et nous obligeà penser que rien ne peut
être au-dessus de lui.
D. .. Donnez-nous l'explication des sept planètes connues des anciens ?
R.·. LeSoleil représente Apollon, le Dieu de la lumière, des sciences et des arts ;
il indique au moral lapremière lueur de la lumière céleste.
LaLunereprésente la déesse Diane,sœurd'Apollon;elle étaitla lumière nocturne
etténébreuse de l'intelligence. -
Mars, dieu de la guerre et des combats, présidait aux batailles. Le M.'. doit
combattre lesvices. - -
Mercure est l'interprète de la lumière divine;son caducée, celui de l'éloquence
et de la vérité. -
Jupiter, le maître des dieux, emblème de l'intelligence et de la puissance divine.
Vénus, la déesse du charme,mère de l'amour qui conduità la fécondité.
Saturne, le dieu du temps, qui se détruit et se renouvelle chaquejour; les an
ciens nous le représentaient dévorant ses enfants (lesjours qui fuient derriére
nous). Lepassépour n'y point compter, l'avenir pour en profiter.
D. .. Veuillez nous expliquer les transitions qui unissent entre eux les différents
règnes de la nature? -
R.*. Le corail et la mousse sont intermédiaires entre le minéral et la plante ;
les polypes entre le végétal et l'animal; le singe entre la brute et l'homme; la
femme entre l'homme et l'ange.
D.·. Lafemme est doncl'échelon leplus élevé de l'échelle terrestre des êtres?
R.'.Oui. Son âme est la plus parfaite des essencesimmatérielles qui animent
la matière organisée, lafemme est homme et ange tout ensemble; ses vertus ma
gnétiques supérieures la rendent citoyenne desdeux mondes à la fois.
D.·.Quelle estvotre pensée à l'égard de l'organe de la langue et de la parole ?
« R. .. Le don de la parole est un présent du sublime architecte des mondes;
l'homme a des sentiments, des pensées et des idées avant depouvoir les exprimer,
mais il a l'organe de la parole, et le développement de cet organe constitue le
principe de son langage.
» L'homme nésensible et intelligent, est d'abord frappéà lavue des objets qui
l'environnent;il en reçoit aussitôt des impressions qui,par l'action intérieure de
ses organes,sont successivement changées en sensations, enimages, en idées, qu'il
représentepar des signes; dès l'instant que l'homme a l'image des objets et des
idées représentées par des signes, il a un langage, et le langage n'est autre chose
que l'action de rendre par des signes ou par dessons ce qu'il éprouve.»
D. .. Le langage de l'homme est donc l'expression simple et naturelle de ce qu'il
éprouve?
R.* .. Oui. -
D. .. Quel est le premier langage de l'homme?
» R. .. Le plus universel, le plus énergique et le seul dont il eut besoin avantqu'il
fallût persuader des hommes rassemblés, c'est le cri de la nature et de l'huma
nité; lorsqu'il voit pour la première fois la beauté de la nature, l'ordre de l'uni
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 197
vers, l'harmonie des êtres,il éprouve différentes sensations, il pense,il admire, il
s'étonne, et l'expression primitive de ce qu'il sent, est celle-ci: ah ! oh ! ... *
» Plein d'adoration pourtoute la nature, il a fait silence, et le silence, qui est
le langage de la divinité, lui a fait sentir son existence; il a rencontréson sem
blable dans lafemme, il s'est reconnu en elle, et le besoin de se communiquer lui
afait sentir celui de s'exprimer. -
» L'enfant, pressé contre le sein de sa mère, avu en elle la nature humaine
personnifiée; et les premiers mots qu'il a prononcés ont été son nom et les
expressions de son amour et de ses besoins. -
- » L'amour a été le principe de la manifestation des premiers sentiments, des
pensées et des idées primitives de l'homme, et le besoin de les exprimer a été le
principe créateur du langage; les êtres qui sont dans la Nature, et les sensations
que l'homme en reçoit, lui ont fait naître l'idée de leur donner des noms et d'in
venter des mots qui fussent la représentation des objets visibles ou invi
sibles. - -
» Le langage a donc été le premier pas vers la connaissance des êtres et des
choses, et le génie qui,indépendamment de l'exercice de son organe, a conçu les
premiers éléments du langage, et en a déterminé la forme, le nombre et le carac
lère, est le premier bienfaiteur des êtres intelligents après le Créateur.
» Les objets visibles qui sont dans la Nature ontfait naître des idées réelles ou
physiques, qui ont donné naissance aux idées abstraites ou métaphysiques, et
pour lesquelles l'homme a inventédes signes qui renferment les notionsdes choses
exprimées. - - -- -
» L'hommea créédes mots parce qu'il avoulu représenter les êtres et les choses
par des sigues : les mots, ou les éléments de l'organe de la parole,sont essentiel
lement les signes des idées; les idées sont les éléments de l'intelligence, lespen
sées sont ceux de l'âme, comme les sentiments sont les éléments du cœur de
l'homme. L'assemblage des mots, ou la collection des signes destimésà représenter
les objets,à peindre les idées, la forme qui détermine leurs caractères distinctifs,
le nombre qui les classe dans leur ordre naturel et les sons attachés à chacun
d'eux, constituent ce quenous appelons la langue primitive de l'homme. »
D. .. Dès les premiers temps legenre humain n'a donc eu qu'une seule et même
langue? -
R.· .. Oui.
D.·.Comment a-t-il fait pour la créer ?
« R.·. Pour la créer, il n'apu faire que ce qu'avaitfait l'homme en particulier :
d'abord il a exercé l'organe de la parolepourpouvoir exprimer ses sentiments,ses
pensées, ses idées et toutes ses sensations; il a ensuite nommé les êtres et signifié
les choses; il a représenté les substances et leurs qualités par des mots;il en a
fait l'analyse, il a composé et décomposé son langage, il a fait un tout de sespar
ties : et sa langue s'esttrouvéeformée. -
D.'. Donnez-moi l'origine des langues?
» R.*. Dans la suite destemps legenre humain s'est trouvédivisépar les révolu
tions duglobe, et lespremières peuplades, munies des éléments de la langue pri
mitive, se sont créé chacune une langue particulière. De là les diverses langues
quitoutes sont dérivées de la langue primitive; le nom seul que tous les peuples
ont donnéà l'Etre suprême en est la preuve, Théos, Deus, Daï, Dalaï, Adonaï,
43 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
Adima, Amida,Amito,Tyo, Tien, Oroo, Oromaze, Osiris, Jovis, Jehova, Bova,
Boga, Gott,God, Dio, Dios, Eternel,Grand Architecte de l'Univers, tous ces noms
dnt une ressemblancefrappante, et sontemployés dans les cinq parties du monde.
La même analogie et ressemblance existent entre les noms que les hommes et
les peuples ont dounéà la Nature, au ciel,à la terre,à la mer, aux animaux les
plus communs,à l'homme, et surtout au père, à la mére : il en est de même des
noms qui représentent les qualités, comme beauté, bonté, vérité, vertu;partout
l'homme a peint par des sons analogues, la nature des objets et des qualités qui
leur sont inhérentes. -
Si l'homme pouvait remonterà l'origine de toute les langues, en faire la com
paraison et l'analyse par la connaissance de l'étymologie et des familles des mots
primitifs qui les composent,il retrouverait, sans doute, les mots radicaux de la
langue primitive, et reconnaîtrait certainement les causes de cette conformité de
principes, de pensées et d'idées qu'on remarque chezpresque tous les peuples. »
D. .. La parole est-elle le résultat de l'organisation de l'homme? l -
R.'. Oui! il est certain que son langage est l'expression de ce qu'il sent, de ce
qu'il pense, ou la représentation de ce qu'il voit, de ce qu'il connaît, enfin l'imi
tation de ce qu'il entend, et que ce qu'on appelle la langue est l'exposé ou le ré
sultat de ses connaissances.
D.*. Ainsi,toutes les langues sont les expressions variées des sentiments, des
pensés, des idées, des sensations, des passions, des caractères, de l'esprit et du
génie des différentes nations ?
R.·. Oui, la langue perfectionnée dupremier homme degénie a servide modèle
à la langue du premierpeuple civilisé, et ainside suite jusqu'à nous,de sorte que
les nations profitant les unes des lumières et des connaissances philologiques
des autres, elles ont laissé l'empreinte des analogies qu'on observe dans toutes
leurs langues sans exception; preuve certaine qu'elles sont les restes précieux
de la langue primitive.Toutes généralement, sont nées de cette mère-langue, que
les hommes ontperduefaute de communications continuelles entre eux, et surtout
faute d'une éducation et d'une instruction communes,fondées sur la connaissance
universelle des loisdu développement de l'homme et de ses organes. -
D.'. Croyez-vous qu'ungénie supérieur pourrait créer une langue parfaite?
R.'. Non! ce n'est pointà un homme,à une famille, ni à une petite société
qu'il appartient de créerune telle langue; maisà unpeuple de génies, qui a déve
loppé toutes les passions fortes et tous les grands caractères, qui s'est perfec
tionné dans tous les genres et dont l'esprit et le goût ont honoré la divinité
même, qui a puisé toutes les vérités dans la nature, et qui a élevé la nature
humainejusqu'au plus haut degré de force, de courage, d'énergie, degrandeur,
de perfection et de beauté.
D. .. Existe-t-il une nation qui soit arrivée àun tel degré de perfection?
R.'.Oui, la nation grecque, elle estarrivée à créerune langue parfaite; c'est la
plus belle, la plus harmonieuse qu'aient parlé les hommes, c'est cette langue
presque divine qui a élevé ou plutôt caractérisé la nature humaine dans ce
qu'elle a de plus noble, c'est elle qui nous a laissé l'idée céleste du yrai beau
et du sublime dans sa perfection, qui nous a transmis l'idée des beaux-arts et les
éléments de toutes les sciences; on peut l'appeler la langue de la sagesse humaine
ou de l'humanité perfectionnée.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 499
D *. Vous croyez donc que cette langue estparfaite et qu'elle peut établir un
fraternitégénérale? ... 1 i - r -- , , * , . -----
R. .. Oui!Cette langue devrait devenir la langue de tous les hommes éclairés,
de tous les sages, de tous les génies, de tout le genre humain.
L'usage de la parole renferme une promesse tacite de dire la vérité, une eon
vention commune à tous les hommes,une espèce de droit divin de se commu
niquer sesidées, et c'est en apprenant sa langue que l'homme apprendàpenser,à
juger, à raisonner, à connaître ses sentiments ét ceux des autres, à épurer,à
grandir,à communiquer ses pensées,à éclaircir,à élever et étendre ses idées.
C'est par là qu'il développe son intelligence et qu'il acquiert la connaissance
de toutes les vérités utiles et nécessaires à son bonheur. -
D'après l'opinion des plus grands philosophes et les pensées des plus grands
génies, les hommes ne pourront jamais, s'accorder sur le grand point de leur
union et de leur commun bonheur, sur les principes éternels de la raison, de la
vérité et de la justice, sur les plus chers intérêts de l'humanité, et sur les senti
ments d'amour, de charité, de fraternité et de bienveillance que par un même
langage.
D. .. Quel est le moyen de les réunir à la même pensée, de les porter à se
considérer tous commemembres d'une même famille? |
R. .. C'est par l'étude et l'usage d'une langue universelle, car ils sont tous
enfants de Dieu et de la nature : l'nsage d'une même langue donneraità tous les
hommes les mêmes sentiments de bienveillance,ferait naître les mêmes pensées,
développerait les mêmes idées, répandrait partout les mêmes principes, les
mêmes vérités, les mêmes préceptes, rapprocherait les opinions, étendrait les
lumières, et tarirait les sources trop fécondes des passions, des haines, des
jalousies, des divisions, de l'ambition et de l'orgueil. Alors le monde deviendra
la cité de tous les hommes, l'amour de l'humanité se gravera dans tous les cœurs,
et la vérité, universellement connue, assurera le perfectionnement de l'espèce
humaine qui marchera dans le chemin de la vérité et du bonheur.
LeT.*. Sage lui dit:je suis satisfait detoutesvos réponses;travaillez donc, mon
F.*.,àperfectionner votre âme et votre corps, dépouillez-vous des vices que le
monde profane vous a donnés, brisez la ehaîne des préjugés,polissezet repolissez
sans cesse la pierre brute, méditez. et de l'étude que vousferezsurvous-même,
vous serez éclairé sur le sens moral de notre sublime institution.
Chacun de nous traîne après lui sa chaîne légère ou lourde, vice ou passion,
défaut ou habitude, éternel esclavage contre lequel nous nous indignens sans
avoir le courage de le vaincre., marchez donc résolument dans le sentier de la
vertu, n'oubliezpas surtout que l'envie enfante la haine, et que de toutes les pas
sions c'est la seule qui ne s'avoue jamais.
Je dois vous dire que les Chevaliers qui veulent tenir leur serment ont des de
voirs longs et pénibles à remplir, ils ont des obstacles à vaincre, des erreurs à
combattre, des adversairesà redouter,une guerre éternelle à soutenir contre l'i
gnorance et le vice;ils doivent s'attendreauxpersécutions réservées auxzélateurs
de la justice, de la vérité, de la vertu, et aux ennemis du mensonge.
Le Très-Sage fait un signe incompris du candidat,une porte masquée s'ouvre à
droite et tous lesChevaliers disparaissent;il lui remetun bâton et lui dit:Tuvas
entreprendre un pénible voyage, mais ta conduite passée nous fait espérer que tu
200 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
suivras, sans faiblir, la ligne droite qui mène au sanctuaire de la vérité; le F. .
expertt'accompagnera, allez tous deux et que le sublime architecte des mondes
soit avec vous.
L'obscurité la plus profonde règne dans ce lieu lugubre, il marche faiblement
dans la région du nord, l'inégalité du chemin l'oblige à s'arrêter de temps en
temps et l'expert lui dit : « courage, mon F.*..., courage., à peine sont-ils
arrivés en face de la colonne du nord, qu'une voix s'éléve des profondeurs de la
terre et dit : Homme destiné au travail, à la peine et à la douleur, console-toi, car
tu es mortel; le matin tu te lèvespour sentir le besoin ; tu te couches le soir, lassé,
abattu de fatigue; console-toi, car la mortt'attend......
Que ce DieuTout-Puissant qui anime le monde laisseéchapper un souffle, c'est
la vie... qu'il le retire, c'est la mort...
A la suite de ces paroles, le silence le plusprofond règne et l'expert lui dit, en
lui désignant la colonne de septentrion : La foi.- Le candidat répond:
R.*. « La foi en Dieu nous sauve....... ))
« J'aifoi, que dans l'antique et sainte maçonnerie se trouve le dépôt de toutes
» les vérités utiles aux hommes. »
D. .. Pourquoi, mon F.'. les sublimesvérités qui nous ont été transmises, res
tent-elles enfouies et souvent infécondes? -
R.·.C'est que la Maçonnerie est une science, dont le sanctuaire est difficile et
longà ouvrir; c'est une science au langage mystérieux qui a placéson temple au
milieu du désertpour que nul profane n'y atteigne sans y avoir étépréparépar
de longsvoyages; il faut plus que du zèlepourypénétreril faut une fermevo
lonté d'abordpour en trouver le chemin et un courage soutenu pour le suivre
jusqu'au but. , .
Il y a vingt siècles, l'un de nos sublimes maîtres nous l'a dit : « Ily aura
beaucoup d'appelés et peu d'élus. » 2
Ils poursuivent leur voyage en se dirigeant à l'occident. Arrivés à la colonne,
l'expert lui dit :
D. .. L'Espérance. - -
R.'. L'Espérance est le bâton de l'homme à travers le rude et douloureux
voyage de la vie, c'est un sage qui nous conduit, c'estun ami qui nous conseille.
C'està l'aide de l'espérance que nous cherchons à acquérir la science. -
Je n'entends pas cette moralité banale que le vulgaire préconise, dont la société
se contente, mais qui n'est le plus souvent qu'hypocrisie et corruption; comme,
par le mot science,je n'entends pas cette faconde qui s'alimente par la mémoire
et se puise dans la lecture, mais bien cette conuaissance instinctive de ce qui est ;
en sorte que le poëte latin qui s'écriait dans un beau délire :
« Heureux celui quipeut connaître les principes des choses. »
Après cette explication ilspoursuivent leurvoyage en se dirigeant à l'orient,
l'expert lui désigne la colonne et le candidat répond :
D.*. La charité nous fait bénir......
L'expert lui dit :
Ne fais jamaisà autrui ce quetu ne voudrais pas qu'il te fût fait, voilà lajus
tice.,fais pour tes semblables ce que tu désires qu'ils fassent pour toi, voilà la
charité. -
Aime Dieu, la nature, l'humanité, aime-toi, aime tous les hommes,voilà la loi
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 201
immortelle de la charité; elle est une, simple,immuable,universelle, elle est gravée
dans tous les bons cœurs, dans tous les esprits éclairés en caractères ineffaçables,
elle est la Lumière de l'humanité et doit être le code des hommes.... N'attriste
doncjamais le cœur du pauvre, qui est déjà accablé de douleur, et ne diffère point
de donnerà ceux qui souffrent.
Ils se dirigent ensuite en silence vers la Pyramide, lesfigures allégoriques sont
placées dans l'ordre suivant :
Sur la troisième marche la PATIENCE, sur la quatrième la MoDÉRATIoN,sur la
cinquième laTEMPÉRANCE, sur la sixième la MoDESTIE,sur la septième la PRU
DENCE,sur la huitième la DoUCEUR, sur la neuvième la CANDEUR,sur la dixième
se trouve le livre de la vraie sagesse et une urne qui brûle l'encens; le candidat
doit monter avec difficulté les trois premières marches.
Lorsque le candidat afranchi les deuxpremières marches et qu'il est parvenu
à la troisième ;il dit :
R.". La Patience est cettevertu qui nous rendpropresà supporter l'état où nous
sommes, quel qu'il soit, elle est la mère de l'indulgence, si nécessaire dans toutes
les positions de la vie; l'homme doux et patient intéresse tout le monde.
D.*. A la quatrième.
La Modération est une vertu quigouverne et règle nos passions: c'estun effet
de la prudence,par laquelle on retient ses désirs, ses efforts et ses actions dans les
bornes les plus conformesà la bonté; c'est la marque d'un esprit sage, et c'est la
source duplusgrand bonheur dont on puissejouir ici-bas.
D.'. A la cinquième.
R.". La Tempérance,dans un sensgénéral, est une sage modération, qui retient
dans les justes bornes nos désirs, nos sentiments et nos passions; cette vertu si
rare, porte les hommesà se passer du superflu; le sage dédaigne les moyenspé
nibles que l'art a inventés pour se procurer ce qu'on nomme leplaisir, il se con
tente de la simplicité naturelle des choses modérées et son cœur n'est point agité
par la convoitise.
L'homme doit donc se mettre en garde contre les séductions des plaisirs; il
doit apprendre de bonne heure à combattre contre lespassions fausses,injustes et
criminelles, afin de contracter l'habitude d'y résister, et comme les pensées en
flamment les désirs, échauffent l'imagination, donnent de l'activitéà nos passions,
la tempérance nous prescrit de mettre un frein mêmeà nos pensées,de bannir de
notre esprit celles quipeuvent nous rappeler des idées déshonnêtes, capables d'ir
riter nos passions pour les objets dont l'usage nous est interdit.
D.'.A la sixième.
R.·. La Modestie est une vertu qui consiste à ne point se prévaloir de ses ta
lents et de ses vertus, un jugement trop favorable de nous-mêmes offense nos
semblables; la modestie seule est capable de désarmer l'envie.Tout être vraiment
sociable doit se prêter à la faiblesse humaine, résister aux mouvements d'un
amour-propre qui lui attirerait la haine et le mépris; l' homme vertueux doit dé
sirer la bonne opinion de ses semblables, et il s'éloignerait de ce but si par son
arrogance,son orgueil,saprésomption etsa vanité,il affligeait les hommes dont il
veut mériter l'amour. La modestie est une vertu digne d'admiration, c'est une
espèce deverni qui relève les talents,soit naturels soit acquis; elle està la vertu ce
que le voile est à la beauté.
26
2o LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
D.A la septième. -- , - -- -
R. .. La Prudence est une vertu qui consiste à prévoir toutes les conséquences
d'une démarche, les raisons qui encouragent à la faire ouà l'éviter, les difficultés
qu'on peut rencontrer en agissant, les moyens qu'il faut mettre en œuvre pours'assurer le succès désiré; la prudence demande qu'on pèse la démarche, les
moyens, les suites, les périls et le résultat, la prudence enfin exige qu'on ait soin
d'éviter tout ce quipourrait faire mal.
D. ..A la huitième. --
R.·. La Douceur est cette heureuse disposition de l'esprit et du cœur, qui
nous rend modérés dans les injures que nous recevons,patients dans les torts que
nous endurons, tranquilles dans les maux que nous souffrons; elle se manifeste
dans les discourspar la circonspection et la modestie avec lesquelles nousparlons,
danstous les mouvements par la décence qui les accompagne; elle est opposéeà
l'irritation,à la colère, à l'emportement, au courroux et à la violence; elle porte
à la bienveillance universelle et à la charité, qu'elle nourrit, entretient et accom
pagne ; enfin, elle sert à régler toutes les passions tumultueuses et irascibles de
l'âme, la douceur nous rend sociaux et aimables.
D.*. A la neuvième.
R. .. La Candeur consiste dans ce caractère de vérité, quiimprime auxdiscours,
aux actions et auxprocédés,à l'air du visage età la contenance, le sentimentinté
rieur de la pureté de l'âme, qui l'empêche de penser qu'elle ait rienà dissimuler,
rien à déguiser, rien à taire, rien dont il lui importe de dérober la connaissance
aux autres hommes; l'idée du mal ne s'offre pointà l'âme qui est parée de can
deur, et cette vertu commence à s'effacer dès qu'on perd l'innocence et qu'on
apprendà connaître le mal.
- Sur l'ordre de l'expert le candidat prend le livre de lavraie lumière quise trouve
sur la dixième marche,il descendpaisiblement et se dirige vers l'orient; uneporte
masquée s'ouvre à droite, il s'y engage, mais cette ouverture est l'entrée d'un
* étroit souterrain dans lequelon ne pénètre qu'en rampant,le néophyte s'y engage,
après bien des détours,unepetite porte s'ouvre devant lui, etil lit cette inscrip
tion : «Situ peuxpénétrer plus avant sans frayeur,tu recevras la lumière, ettu
auras le droit de préparerton âmeà la révélation des mystères de Rose-Croix...
Franchissant tous les obstacles,-il arrive aux limites de son initiation... Un
hommeà la barbe blanche comme la neige, lui dit :Tu as accomplita mission,
va déposer sur l'autel du sanctuaire le livre de la vraie lumière, et tu seras
eclairé... Le néophyte obéit... il arrive à la porte du temple... )
du I'erture diles travaux.
LeTrès-Sage frappe sept coups suivant la batterie et dit :
« Debout, chevaliers, pour célébrer le mystère de la parole perdue. »
D.'. Très-parfait Ch. .. et très-docte deuxième interprète,à quelle heure lestra
vaux du souv... chap.·. sont-ils mis en activité?
R.'.Très Sage, les travaux sont toujours en permanence.
D.*. Pourquoi, très-parfait et très-docte deuxième interprète?
R.'. Parce que l'œuvre à laquelle est voué le chev.. Rose-Croix exige le dé
ploiement perpétuel de toutes les puissances de l'homme, et ne souffre d'interrup
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 203
tion que pendant les moments réclamés par l'infirmité de la nature créée.
D. .. Très-parfait et très-docte premier interprète, quels sont les instants que
nos traditions concèdent au repos du chev... Rosc-Croix?
R.'. Le moment des parfaites ténèbres. -
D... A quelle heure les travaux sont-ils repris, très-parfait et très docte
deuxième interprète ?
R. ,A la première apparition de la lumière.
D. .. Quelle heure est-il,très-parfait et très-docte premier interprète?
. R.'. L'orient blanchit,Très-Sage, c'est l'heure de nos travaux.
Le Très-Sage dit :
«A l'ordre, chevaliers ;, le mystère qui nous réunit est un mystère de deuil et
de tristesse, débris échappé au grand naufrage et au cataclysme universel: le
dépôt sacrédes traditions a péri, la science s'est envolée vers les cieux, la parole
est perdue. Très-parfaits et très-doctes premier et deuxième interprètes, par
. courez les vallées qui s'étendent devant vos regards, interrogez les échos qui les
remplissent, et si la parole frappe vos oreilles, apportez-la dans ce sanctuaire où
, elle retentira et portera lajoie dans le cœur de tous nos chevaliers. »
Les deux parfaits chevaliers demandent le mot sacréà chaque chevalier, l'un
parcourant la vallée du nord, l'autre celle du midi; ils commencent par l'occi
dent, et finissent par l'orient;ils donnent la parole au Très-Sage, et retournent
à leur place.
- , Le Très-Sage dit :
« Très-éclairés chevaliers, que vos cœurs s'ouvrentà l'allégresse, que l'hymne
, de reconnaissance s'élance de nos lèvres; la parole est retrouvée; offrons ausubl..
arch. .. des mondes l'holocauste de reconnaissance. » -
Tous les chevaliers se rangent en triangle devant l'autel, de telle sorte que le
subl.'. maîtreforme le sommet du triangle, et les deux parfaits et doctesinter
prètes les deux angles de la base.
L'encens brûle sur l'autel, le deuil disparaît, le sanctuaire de la vérité est res
plendissant de lumière, tous les chevaliers sont à l'ordre, et, levant lesyeux au
, ciel, le Très-Sage prononce la prière suivante.
Prière,
«Seigneur, Père de lumière et de vérité, nos pensées et nos cœurs s'élèvent
jusqu'aupied de ton trône céleste pour rendre hommage à ta majesté suprême ;
nouste remercions d'avoir rendu à nosvœux ardents laparole vivifiante et régé
- nératrice. Gloireàtoi, mon Dieu ! elle a fait luire la lumière au milieu des ténébres
, de notre intelligence; accumule encore tes dons sur nous, et que,par la science
et par l'amour, nous devenions auxyeux de l'Univers tes parfaites images. »
Tous les chevaliers reprennent leur place, le subl.'. maître frappe sept coups
suivant la batterie,quisont répétés par les très-parfaits et très-doctes interprètes,
et dit :
«Ala gloire du subl... arch... des mondes, les travaux sont en activité. »
Onfait la bat. .. et l'acc. ·. d'usage.
204 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Le très-parfait et très-docte deuxième interprète dit :
« Chev.°., le souv.·. chap. .. est ouvert. »
Après la lecture de la colonnegravée dans la dernière tenue, plusieurs chev.·.
visiteurs sont introduits dans le sanctuaire avec les cérémonies d'usage.
Le candidat est introduit dans le sanctuaire avec le plusgrand appareil ; tous
les chevaliers sont à l' ordre et auport d'armes; la colonne d'harmonie fait entendre
des sons mélodieux, le maître des cérémonies est à sa droite, il porte un costume de
Rose-Croix, une écharpe et un glaive, l'expert est à sa gauche il porte le livre dc la
sagesse.
Le récipiendaire arrive au pied de l'autel, l'encens brûle sur le trépied mystique
et le Très-Sage lui dit: « Jure et promets de ne rien révéler de ce qui te sera
« confié.» Le récipiendaire le jure et signe ce serment sur le grand livre d'or,
après lui avoir communiqué en silence les secrets que renferme ce degré, leTrès
Sage le proclame chevalier de la Rose-Croix et lui dit :
« Il ne m'appartientpas devous révéler plus amplement les doctrines mysti
» quesdu nouveaugrade que vousvenezd'obtenir, car lesyeuxd'un nouvel initié
» sonttrop faibles pour soutenir l'éclat de la lumière maçonnique si on la lui
» montrait toutà coup sans aucune préparation; et c'est là la raison des grades
» nombreux qui forment l'échelle symbolique de notre vénérable institution.
» Moïsetremblant,anéantidevant les feuxduSinaï,ou n'osanttraverser le buisson
» ardentquile séparedugrandJéhovah,est l'emblêmepalpable duprofane quivient
» chercher la vérité dans nos temples; vous ne pouvez l'acquérir que par une
» constance à toute épreuve, et par une foivive dans notre sublime institution ;
» car l'homme sans la foi n'est sageque selon le monde; souvenez-vousà ce sujet
» que le plus grand desphilosophes de laGrèce, Pythagore,instruit dans la sa
»gesse de l'Egypte, commevous le serezun jour sivous continuez à vous en
» rendre digne, exigeait de ses disciples un long noviciat, dont le silence et la foi
» étaient la base; aussi, cette réponse de l'un deux: Le maître l'a dit : blâméepar
» certainssophistes,grandsprofesseurs de l'art de douter(cequi n'estpas savoir),
» n'était point dépourvue de sens, comme vous avez pu le croirejusqu'à cejour.
» Écoutez encore un symbole, c'estune langue qui doit vous devenir familière :
» Pierre, l'un des apôtres du Christ, allaun jourà sa rencontre en marchant sur
» le lac de Genezareth, et s'étonnait de ce pouvoir surnaturel ; mais chaque fois
» qu'il doutait, les eaux cessaient de le supporter, la foi seule le ramenait au-des
» sus. Croyez-vous encore que ce soit uneparolevide desens que celle adressée
» par Paul auxGentils: La foi transporte les montagnes? Oui,sans doute, si elle
» devait être prise dans un sens matériel; mais non, dégagez-vous, sivousvoulez
» poursuivre glorieusement la carrière maçonnique, de toute idée matérielle, étu
» diez les symboles, l'allégorie est la voix de la sagesse,purifiezvotre cœur,semez
» par le monde laparole de la sagesse, enseignez àvos semblablesà perfectionner
» les arts utiles,à s'aimer entre eux, età ramener ceux qui s'égarent dans le sen
» tier de la vertu,instruisez les ignorants et soulagez ceux quisouffrent ..
Le Très-Sage lui passe la tunique, l'écharpe, le cordon et lui remet le glaive,
symbole de l'honneur, avec la cérémonie d'usage.Après lui avoir donné le baiser de
paix, il dit au G. .. Maître des Cérémonies de le conduire à la placequi lui est ré
servée, ensuite il invite tous les chevaliers à le reconnaître comme membre duSou
verain Chapitre, et termine par ces mots: « En place chevaliers,Très-Parfait et
LE PANTHÉON MAçoNNIQUE. 205
»Très-Docte premierinterprète, veuillezvous joindreàmoipourprocéderàl'ins
truction du Souv.·.Chap.·.
Catéchflsme.
D.'. Très-Parfait et T.·.-Docte premier interprète, êtes-vous Chev... de la
Rose-Croix?
R.".Tous nos chevaliers me reconnaissent comme tel.
D. ..Qu'est-ce qu'une Rose-Croix?
R. .. C'est un maçon qui, après avoir travaillé tous les degrés inférieurs de l'i
nitiation, se livre à l'étude des forces primitives de la nature, et à la recherche
des causes secondes.
D.". D'oùvient le nom de Rose-Croix?
R.·.Cenom a deux origines, l'une historique, l'autre philosophique. Les Rose
Croix sont connus en Europe depuis le douzième siècle : c'étaient des philosophes
hermétiques,venus d'Orient pour propager les sciences secrètes,trois d'entre eux
fondèrent en Écosse un athénée philosophique, dit des Maçons d'Orient, leurs
travaux ne se bornaient pas à des recherches scientifiques: plusieurs s'étaient
joints aux croiséspourcombattre en Palestine, et de là leurvient le nom de che
valier; mais, antérieurement au douzième siècle, les Rose-Croix existaient. Leur
origine s'est perdue dans les temps les plus reculés, et la philosophie naturelle,
qui était l'objet de leurs recherches, est incontestablement la plusprimitive.
D. .. Il existe en Allemagne depuis une époque très-reculée le rite des princes
de la Rose-Croix, quelle est son origine?
R.·.Ce rite futfondépar Christien Rosen-Creux, né en 1387:il fit un voyage
à laTerre-Sainte;il eut à Damas des conférences avec les sages Chaldéens, il ap
prit les sciences occultes, et se perfectionna dans les loges d'Egypte et de Libye.
De retour dans sa patrie,il institua le système des princes de la Rose-Croix avec
des ramifications, cet ordre n'a que trois degrés qui renferment des symboles qui
se multiplient à l'infini, leur doctrine s'appuie sur trois pivots. 1er, le perfection
nement de l'homme afin qu'il puisse s'approcher de la Divinitépar ses vertus.
2°, l'étude de la science des vertus occultes. 3°, apprendre les secrets de la nature,
la théologie mystique, les noms sacrés de Dieu, des anges, des éléments et des
sept planètes connues des anciens; ce rite a beaucoup de rapport parsa purifica
tion et ses épreuves aux mystères d'Eleusis; la décoration desprinces de la Rose
Croixestun compas en or,suspenduàun large ruban blanc, ils portent au doigt
un anneau en argent sur lequelsontgravés les lettre J.*. A. .. A. ..T. .. ignis-aer
aqua-terra, ce qui se rapporte aux quatre éléments et aux doctrines Égyptiennes,
leurs emblêmes sont le Soleil, la Lune, le Double-Triangle avec la Rose.
Cet ordre prétend qu'il est dépositaire et conservateur du dogme maçonnique.
D. .. En quoi consiste l'enseignement du G. .. Chapitre de Rose-Croix.
R.'. Il consiste dans la connaissance de la nature,de sa puissance et de ses dif
férentes opérations.
D. .. Le Très-Sage du Chap. .. est appeléThirsata,pourquoi?
R. ..Cette parole se traduit par échanson; les chevaliers Rose-Croixse regar
dent comme étant élevésà cette dignité, auprès du sublime Arch. .. des mondes.
D.*. Quelle est la mission des chevaliers Rose-Croix?
206 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
R. .. Les Chev...sont chargés de conserver le feu sacré de la Maç.. et de rap
pelerà tous nos FF... que notre dogme, nos mystères et les gradesphilosophiques
réclament l'étude de la nature et des sciences sublimes, et qu'il nous ordonne
l'ordre, la bienfaisance et la probité.
D.·. Que signifient les ténèbres auxquelles succède une lumière éclatante; la
parole perdue et retrouvée, la colonne brisée, lesinstruments du travail dispersés.
R. .. Ils symbolisent le découragement remplacé par l'allégresse et le travail,
le triomphe du bien sur le mal, de la véritésur l'erreur, de la foi éclairée sur la
superstition, l'abrutissement et la misère despeuples dans le premier état, l'amé
lioration de leur sort dans le second.
- D. .. Que signifie le voyage du candidat.
R... Les efforts qu'exige l'acquisition de la science, pour augmenter le trésor
de nos comnaissances, il est le symbole de cette vie passagère, il nous indique que
nous devonsemployer avec activitétous les moments afin de la rendre utile.
D. .. Que signifient maçonniquement les douzesignes duzodiaque?
R... Les poëtes de l'antiquité les ont appelés les DouzeTemples ou Palais du
Soleil, parce que danssa révolution annuelle, il semble parcourirces douze signes,
un par mois, trois par saison, dans ce parcours, il arrive périodiquement sur
chaque branche de la croix mystique des Chev.'. Rose-Croix, c'est pour cela que
ces quatres branches indiquent les quatre principales époques solaires,équinoxia
, les et solsticiales.
D.·. Dans quel but se trouvent placés sur la croix, la rose, l'étoile flam
boyante, le Jéhova et un pélican ?
R.·.Ce sont autant d'emblèmes du feu divin, de la lumièrevivifiante qui se
renouvelle sans cesse, de la bienfaisance inépuisable, de la source divine qui,
du centre de l'univers, lui donne ses lois, règle le cours des astres,verse lafécon
dité sur la terre, et luiprodigue ses ornements,afin queses enfantssoient heureuxs
D.·. Que signifie la rose?
R.·. Le produit brillant de l'imagination et de la poésie, et, par son alliance
avec la croix, elle exprime le mélange des jouissances et des peines de la vie; ce
symbole nousindique que nos plaisirs,pour être suaves comme elle, doivent en
avoir la délicatesse, et qu'ils sont de courte durée lorsqu'on s'y livre avec excès.
D.'. Que signifie le pélican?
R.*. Lepélican est l'emblême de la mort et de la renaissance perpétuelle de la
nature; c'est la terre qui nourrit ses enfants, c'est une mère qui remplit ses de
voirs sacrés, un bon père pour sa famille, c'est la charité envers nos FF.".
D.·. Quel est le mythe caché sous la fable du phénix?
R. .. Suivant les traditions profanes, cet oiseau mystérieux, après une vie de
1461 ans, arrivait de l'Orient dans le templevénéréd'Héliopolis, et,se posant sur
unbûcher de myrthe et d'encens, expirait au milieu desflammes; maisàpeine son
corps était-il réduit en cendres, qu'il renaissait glorieux, et prenant son volà
l'Occident, s'élançait dans une vie nouvelle pour revenir mourir périodiquement
sur le même autel après chaquesérie de 1461 ans. Danssa signification générale,
cette fable était l'emblème de l'immortalité; mais elle indiquait plus spécialement
la coïncidence du levé de Sothis ou Syrius, avec le premier jour du mois de
thoth, c'est-à-dire le commencement de la période sothique.
D. ..Que signifie l'étoile flamboyante?
LE PANTHÉON MAçONNIQUE. 207
R... Le symbole du soleil, emblème de la Divinité.
D.· .. Et la croix?
R.·. Lacroix représente l'arbre de la science; ce symbole a servi dans l'antiquité
àindiquer les chemins, elle a été consacrée,en Chine,àl'adoration du sublime ar
chitecte desmondes; ona trouvédans l'Asie septentrionale et dansquelquesparties
de l'Amérique, degrandes pierres en forme de croix, adoréespar les ancienspeu
ples; plusieurs divinités mythologiques; ont eu la même forme dans la Grèce, en
Égypte, les thos (bornes) étaient souvent en bois, et figuraient une croix, sur la
pièce transversale étaient des inscriptions relatives aux sciences et aux arts, et,
pour multiplier ces inscriptions, on mettait quelquefois deux ou trois traverses,
ce qui faisait des croix doubles et triples, que l'on voit fréquemment dans les
monuments antiques, ainsi que des croix simples; elle y était encore considé
rée comme la clef du Nil, auquel ce pays doit sa fertilité; le tau, cn effet, est
notre T. .. En prolongeant la ligne verticale au-dessus de la transversale, avec un
anneauà l'extrémité, ou la figure d'une clef cruciforme. Les prêtres de Mithras,
dieu-soleil des Perses,faisaient le signe de ce tau ou de la croix, sur le front de
leurs initiés, on voit combien était générale la vénération de ce signe, avec des
motifs différents.
On remarque avec autant de plaisir que d'intérêt comment le bon sens naturel
a su, lorsque la science était peu avancée, représenter parun signe aussi simple
que deux bâtons qui se coupent dans leur milieu à angles droits, le cours du
soleil et la marche des saisons;il n'est pas étonnant que,pour mieux fixer l'at
tention despeuples sur cesgrandsphénomènes auxquels nous devons les produc_
tions de la terre, et les exciterà unepieuse reconnaissance envers leur auteur, on
aitfait de leur signe représentatifun symbole religieux.
La ligne horizontale représente l'équateur, et la verticale, le méridien, on a
ainsi quatre extrémités où l'on place les quatre points cardinaux, puis les équi
noxes de printemps et d'automne aux deux extrémités de l'équateur, et les deux
solstices d'été et d'hiver, à celles du méridien, par conséquent les quatre saisons.
Par analogie, on réunit au printemps l'adolescence et le matin;à l'été, l'âge
adulte et le milieu dujour;à l'automne, la vieillesse et le soir;à l'hiver, la ca
ducité suivie de la mort et la nuit. Les alchimistes ont ajoutéà ces quatre points ce
qu'ils appelaient les quatre élémentsgénérateurs, le feu, l'eau , l'air et la terre,
qu'ils expriment par des signes de convention.
D. .. Que signifient les trois colonnes que vous avez rencontrées dans votre
voyage?
R. .. La première est celle de la foi ; elle symbolise, non cette foi aveugle et
superstitieuse, qui rejette toutexamen, qui abdique la raison, le plus beau pré
sent fait à l'hommepar la Divinité, mais bien cette conviction intime des vérités
éternelles, qui nous attache à tout ce qui est beau, noble et généreux, cette con
fiance filiale dans la suprême bonté de Dieu, quifait quelquefois passer au creuset
de l'infortune pour nous rendre meilleurs, cette foi du cœur qui ne nous trompe
jamais ; elle nousconduità la vertu, au bonheur et aux jouissances queprocurent
une bonne action.
La seconde colonne est celle de l'espérance; elle symbolise le courage indispen
sableà l'homme pour travailler au bien de l'humanité. Dieu a placé l'espérance
dans nos âmes pour nous consoler et noussoutenir dans nos peines; elle nous est
208 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
recommandée par le signe que nousfaisons en levant les yeux au ciel, pour de
mander au sublime architecte des mondes de nous donner la force de vaincre nos
passions et de marchersans obstacle dans le sentier de la vertu.
La troisième colonne est celle de la charité; cette vertu divine symbolise la
bonté, émanation du sublime architecte des mondes,par elle l'égalité n'estpas
un vain mot, mais bien un droit sacré; ange consolateur, elle apaise les mauxdu
riche, du pauvre, de la veuve, de l'orphelin et du vieillard qui souffre; elle sou
tient et console le malheureux expirant, abandonné surun lit de douleur, et ses
sublimes inspirations l'élèvent jusqu'à l'Éternel.
Soyons donc charitables, carnoussommes sur terre lesimages de Dieu.
D. .. Quel est le mot sacré?
R.·. Ce mot ne se donne pas, il s'épelle.
D,·. Pourquoi cela?
R.'. Parce que ce n'est pas un mot significatif par lui-même; ce n'est qu'une
réunion d'initiales.
Le très-sage et le très-parfait premier chevalier épellent alternativement le mot
sacré; le très-sage continue :
D.·. Que signifie ce mot?
R.'. Ce sont les initiales, en langue hébraïque, du nom des quatre éléments
primitifs connus dans l'ancienne physique, c'està tort que quelques rituelsveu
lenty retrouver l'inscription mise sur la croix de J.-C.
·. Donnez-moi l'explication de ces noms igne natura renovatur integro.
·. La nature est entièrement renouvelée par le feu.
·. Et, indifesso nusu repellamus ignorantiam ?
·. Repoussons l'ignorance par des efforts infatigables.
. Donnez-moi le mot de passe.
·. (On le donne.)Ce mot signifie Dieu avec vous.
D.·. Et la réponse?
R.·. (On la donne.) Elle indique l'union qui doit régner entre les maçons, s'ils
veulent parvenirà l'achèvement dugrand œuvre, et obtenir la paix éternelle.
D.·. Donnez-moi le signe?
R. .. (On le donne.) Il rappelle, ainsi que l'attouchement, l'emblême du grade
et notre pieuse reconnaissance envers le créateur des merveilles de la nature.
D.*. Donnez l'attouchement?
R.·.(On le donne.)
D.·. Quelâge avez-vous comme Rose-Croix?
R.*. Trente-trois ans, c'est l'âge de perfection de la vie humaine.
D.·. Faites la batterie?
R.·.(On la fait.) Elle signifie les sept périodes cycliques de la création de
l'univers.
D.·.Que signifie le livre de lavraie Lumière sur lequel est appuyéun agneau
qui tient avec un pied le drapeau dutriomphe?
R.·. Le Stekenna symbolise la résurrection ou régénération du soleil par sa
victoire sur les frimats, par le renouvellement de la vigueur de cet astre. Ce
livre ne pouvait être lu que par les prêtres, à cause des allégories, mystères et
symboles qu'il contient, et dont on ne pouvait obtenir la connaissance que par
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 209
l'étude dessept sciences désignées par les sept sceaux qui les renfermaient, sur
toutpar l'astronomie indiquée par l'agneau triomphant.
D... Pourquoi, dans la réception du Rose-Croix, le temple est-il tendu en noir?
R.'. C'est le deuil de la parole perdue, et, en outre, pour rappeler que
l'homme n'arrive aux dernières initiations qu'après être passépar la mort(c'est-à
dire mort complètement auxvices).
D.·. Que signifie l'arbre renversé?
R.'. Il signifie le monde, qui, dans lestraditions de l'antiquité, est ainsirepré
senté, conformémentà ce passage des Védas : « Le monde,figuier éternel,é lance
ses racines dans les cieux, étend ses branches sur l'abîme. »
D. .. Que signifie la sphère armillaire?
R.·. Elle est l'emblême des sciences exactes, objet des études des Rose-Croix.
D. .. Que signifie l'aigle?
R.'. La recherche audacieuse, et le génie qui contemple fixement la vérité
ainsi que l'aigle regarde le soleil.
D. .. Que signifie la pierre philosophale?
R. .. L'art d'être résigné dans le malheur, de jouir sagement de la bonne for
tune, etde réparer sesfautespar une conduite sage et régulière.
D.'. Dans les épreuves du Rose-Croix, le candidat monte dix degrés triangu
laires équilatéraux,formant une pyramide haute de dixpieds,pourquoi?
R.". Le nombre dix était très-considérépar les anciens patriarches de l'ordre,
comme se multipliant facilement à l'infini;ilsymbolise toutes les vertus, aussi le
néophite parvenu au sommet de la pyramide est digne de l'initiation, car il est
purifié de tous les vices.
D... Quelle est l'origine de l'agape des chevaliers Rose-Croix?
R. .. Les festins symboliques sont de la plus haute antiquité; tous les ans, la
statue d'Ammon était portée aux confins de l'Egypte et de l'Ethiopie, c'était là
que les prêtres des deux nations offraient conjointement un sacrifice, et célé
braient le triomphe de la lumière sur les ténèbres,parunfestin sacré, nommé
chez les Grecs héliotroper (tableau du soleil).
D... Quel est le motif de cet hommage rendu au soleil?
R. .. Le soleil est le symbole de la vie, il embellit et décore la nature, c'est à
lui que nous devons le feu de l'imagination, les saillies de l'esprit, la sublimité
des pensées, la profondeur dujugement,tout ce qui caractérise l'intelligence dont
l'homme est doué;il est le principe du mouvement, de lavie; c'est lui quifaçonne
chaque mixte, le perpétue, le multiplie et le détruit,pour lui donnerune nouvelle
forme plus parfaite que la première.
D.·.Où avait lieu le festin ?
R.·. A l'île de Méroé, séjour desgymnosophistes;ils s'assemblaient pour louer
Dieu et manger en commun ce qui avait été bénipar la prière, c'est ce qui établit
l'agape maçonnique, qui avait irrévocablement lieu après la première lune qui
suivait l'équinoxe du printemps.
D. ..Que signifie le mot agape?
R.'. Amitié; le principal but des agapes était de resserrer les liens de l'amour
fraternel entre lesiniiés.
D.".Que signifie la scène mystique des Rose-Croix?
R.·. Aux temps anciens de la simplicité et de la bonne foi, on buvait et on
27
210 ' LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
mangeait ensemble pour resserrer les liens qui doivent unir tous les hommes,
afin de conjurer, par leurs forces réunies, les maux quiproviennent sans cesse de
l'ignorance et de la perversité. -
D. .. Dansquelbut le Très-sageadresse t-iluneprière ausubl... arch...desmondes?
R.·. C'est l'Etre-Suprême qui a créé la lumière et la vérité pour guider
les hommes vers la justice et l'amitié, pour les rendre heureux! C'est lui qui
juge les cœurs, qui donne la joie aux bons et les remords aux méchants.
D.·. Quelle est l'origine des signes maç.'.
R... Les signes maç... nous viennent de la plus haute antiquité; nous avons
vu des abraxas, avec le Père éternel, ou l'emblème du sublime architecte des
mondes, ayant les bras croisés, dans le signe du bon Pasteur; les hiérophantes
d'Héliopolis sortaient toujours de chez eux en portant la main comme les maçons
modernes quandils se mettentà l'ordre.
D.·. Que signifie le mot initiation?
R.·. ll signifie naissance à une vie nouvelle, c'est-à-dire que le profane,pour
être admis dans notre sublime institution, doit se dépouiller des erreurs, des pré
jugés, et principalement des défauts et des habitudes vicieuses qu'il a pu con
tracter dans le monde.
D.·. Quel est le but de notre antique et vénérée institution?
R.'. Lafusion de toutes les croyances religieuses et réunir tous les hommes
dans un seul faisceau, attendu qu'il n'y a qu'une essence yitale, qu'une seule
nature d'âme, qu'un seul souffle divin.
D.*. Comment le chev.*. Rose-Croix considère-t-il les hommes et les choses?
R. .. Par les conseils de la raison, il considère les objets sur toutes leurs faces,
et trcuve le plus grand bien où ily a moins de mal;il voit les hommes tels que
les a créés la nature, doués de qualités contraires;il ne dédaigne pas en eux
celles qui méritent son attachement et son estime,pour ne voir que leurs imper
fections;il n'en redoutepas plus de mal, et n'en attendpas plus de bien qu'ils ne
peuvent luien faire.Appuyésur ses maximes, il n'est plus le jouet de ses passions,
de ses incertitudes,il réfléchit sur tous ses choix et toutes ses actions,pour les
accorder avec les principes de la raison et de la vertu; soumis avec résignation
aux maux inséparables de son existence,à la succession rapide des événements
heureux ou malheureux, aux phénomènes de la nature,il regarde le temps qui
entraîne tout avec lui, comme le plus grand des consolateurs, il n'oublie jamais
qu'étant un composéprodigieux de l'esprit et de la matière, ces deux éléments de
son être ont l'un sur l'autre une mutuelle action.
D. .. Que signifie le hibou? -
R.*. L'homme,à sa naissance, est aveugle comme le hibou, et il ne devient
homme qu'à l'aide de l'expérience et des lumières de la philosophie.
D.*. Le casque dugardien du sanctuaire?
R.·. ll signifie le plus haut degréde sagesse.
D. .. Et son bouclier?
R.*. La légitime défense contre la calomnie.
D. .. Et la tête coupée de gorgo?
R.·. Elle symbolise la répression des passions humaines.
D.·. Et la cruche d'eau?
R. .. Elle symbolise la soifdes sciences.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 211
D.*. Et le carquoisgarni de flèches?
R.*. Il symbolise le pouvoir de l'éloquence.
D.". Que signifie l'arc-en-ciel?
R.'. L'harmonie detous les bons sentiments et la F.·. M.". universelle.
D.". Que signifie le maillet?
R.*. Le maillet-présida à la naissance des arts, c'est l'emblème de la force
soumise à la puissance età la sagesse ; le nombre trois caractérise sa forme, et la
croix qu'il représente, est le symbole de l'immortalité.
D.*. Et le ciseau ?
R. .. Le ciseau polit etperfectionne ce qui est informe,ilsymbolise donc legénie.
D.'. Que signifie la croix rouge?
R. .. La croix rouge est le symbole de la vie àvenir, l'origine de cette croix est
de laplus haute antiquité; elle se trouvait dans les lettres sacrées des Egyptiens
(d'après Suédos); les enseignes impériales, les monnaies, les boucliers et autres
armures reçurent cet ornement comme signe de l'immortalité (Voir Sozamène ,
livre III, H. eccl.)
D.'. Qu'est-ce que le temps ?
R.'. Il existe avec Dieu pendant l'éternité, mais on ne peut l'apercevoir et le
compter que du point où Dieu créa le mouvement.
D.'. Croyez-vous qu'un être semblable à nous ait créé les mondes?
R.'. Ce n'est pas un être intelligent tel queje le suis, qui a présidéà laforma
tion de ce monde, car je ne puis former un ciron; donc ce monde est l'ouvrage
d'uneintelligence prodigieusement supérieure.
D.*. Cet être quipossède l'intelligence et la puissance dans un si haut degré,
existe-t-il nécessairement?
R.'. Il le faut bien, car il faut, ou qu'il ait reçu l'êtrepar un autre, ou qu'il soit
par sa propre nature; s'il a reçu l'être parun autre, ce qui est très-difficile à
concevoir, il faut donc que je recoure à cet autre, et cet autre sera le premier
moteur; de quelque côtéque je me tourne,ilfaut donc que j'admette un premier
moteur puissant et intelligent qui est tel, nécessairement,par sa propre mature.
D.'.Ce premier moteur a-t-il produit les choses de rien?
R.'. Cela ne se conçoit pas; créer de rien, c'est changer le néant en quelque
chose;je ne dois point admettre une telle production, à moins que je ne trouve
des raisonsinvincibles qui meforcent d'admettre ce que mon esprit ne peutjamais
comprendre.
D. .. Tout ce qui existe paraît exister nécessairement,puisqu'il existe?
R.'.Oui, car s'il y a aujourd'hui une raison de l'existence des choses, il y
en a eu une hier; il y en a eu dans tous les temps, et cette cause doit tou
joursavoireuson effet,sans quoielle aurait été pendant l'éternité une causeinutile.
D. .. Mais comment les choses auront-elles toujours existé, étant visiblement
sous la main du premier moteur?
R.'. Ilfaut que cette puissance ait toujours agi. De même,à peu près, qu'il n'y
a point de soleil sans lumière; de mêmeil n'ya point de mouvement sansun être
quipasse d'un point de l'espace dans un autre point.
D.'. Ily a donc un être puissant et intelligent qui a toujours agi?
R.'. Si cet être n'avait point agi,à quoi lui aurait servison existence?
D.'. Toutes choses sont donc des émanations éternelles de ce premier moteur?
212 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
R. · .. Oui.
D. .. Mais comment imaginer que de la pierre et de la fange soient des émana
tions de l'Etre éternel, intelligent et puissant?
R.'. Il faut de deuxchoses l'une, ou que la matière de cette pierre et cettefange
existent nécessairement par elles-mêmes, ou qu'elles existent nécessairement par
ce moteur.
D. .. Il est donc impossible que le monde soit sans Dieu, et que Dieu soit dans
le monde; car le mondeest rempli d'êtres qui se succèdent: donc Dieu atoujours
produit des êtres qui se sont succédés?
R.·. Oui.
D. .. Le mouvement est-il essentielà la matière?
R.'. Oui, car tout se meut dans la nature : le soleiltourne continuellement sur
lui-même, les planètes en font autant, et dans chaque planète tout transpire; le
plus dur métal est percéd'une infinitéde pores par lesquels s'échappe continuel
lement un torrent de vapeurs qui circulent dans l'espace, l'univers n'est que
mouvement, donc le mouvement est essentielà la matière.
D.'. Cependant une maison, une montagne ne remuent pas, donc le mouve
ment n'estpas essentiel? -
R.'. Ils remuent, ils vont dans l'espace avec la terre par leur mouvement
commun, et ils remuent si bien (quoique insensiblement) par leur mouvement
propre, qu'au bout de quelques siècles, il ne restera rien de leur masse, dont cha
que instant détache continuellement des particules.
D.'. Mais sije puis concevoir la matière en repos, le mouvement n'est pas de
son essence?
R. .. Je vous dis qu'elle ne peuty être.
D. .. Cela est hardi: et le cahos, s'ilvous plaît?
R.'.Si nousvoulions parler du chaos,je vous dirais que touty était nécessai
rement en mouvement, et que le souffle de Dieu y était porté sur les eaux. Que
l'élément de l'eau étant reconnu existant, les autres éléments existaient aussi, que
par conséquent le feu existait, qu'il n'y a point de feu sans mouvement, que le
mouvement est essentiel au feu.
D. .. Mais pourquoiun corps en pousse-t-il un autre ?
R.*. Parce que la matière est impénétrable, parce que deux corps ne peuvent
être ensemble dans le même lieu,parce qu'en toutgenre, le plus faible est chassé
par le plusfort.
D. .. Qu'est-ce que la force d'un corps en mouvement?
R.·.C'est leproduit de la masse parsa vitesse dans un temps donné : la masse
d'un corps est 4, sa vitesse est 4, la force de son coup sera 16; un autre corps
est 2, sa vitesse 2, sa force est 4, c'est le principe detoutes les mécaniques.
Après le catéchisme, la parole est accordée autrès-parfait docte chev.. orateur,
qui s'exprime en ces termes:
IDISCOURS DE L'OAT NEU3,
Ill. .. Chevaliers,
Au commencement des choses, avant l'établissement des Sociétés, l'homme né
LE PANTHÉoN MAÇONNIQUE. 213
pur etdégagédetoutessouillures, semblait avoir,paru ne sorte d'intuition divine,
la puissance, l'instinct des plus nobles vertus, des plus généreuses inspirations ;
le bien pour lui était chose naturelle; il n'eût pu comprendre le mal, le mal
n'existait pas.
Douxet pur rayon de la puissance incréée, la charité, l'amour de ses sem
blables était le seul mobile de ses actions. Ilvivait en autruiplus qu'en lui-même,
tout pour lui se réduisait enun seul mot, aimer! parce que là, il le sentait,
étaient renfermés tous les devoirs que la nature avait gravés dans son cœur en
caractères indélébiles; dans son semblable il ne voyait qu'un F. .. avec qui ilpar
tageait sans hésiter..... Cet heureuxtemps a passé commeune ombre, à la Ma
çonnerie seule appartient le pouvoir de nous le ramener...
Et, en effet, quoi de plus divin que sa morale ! quoi deplus sublime que cette
charité qui en est l'âme; aimer les honmes comme soi-même, les aimer en Dieu
et pour Dieu sans exception, sans réserve; aimerjusqu'à nos ennemis ; oublier les
injures; pardonner les offenses; vaincre le malpar le bien; être dans la joie avec
ceux quiy sont, pleurer avec ceuxqui pleurent; éclairer ceuxqui sont dans les
ténèbres, reprendre en secret et ramener avecdouceur ceuxqui s'égarent; ne point
juger témérairement pour n'être pas jugés nous-mêmes; consoler les affligés ;as
sister de tout son pouvoir les malheureux;ue se considérer dans l'usage de ses
talents et de ses richesses que comme le dispensateur des dons du sublime archi
tecte des mondes et l'économe de sa providence ; remplir avec amour et par prin
cipe de conscience tous les devoirs que notre condition nous impose ; ne point
chercher son propre intérêt, mais le sacrifier à l'intérêt général ; respecter Dieu
dans ceux qu'il a établis pour nousgouverner ;voilà Chev.·., ce que la Maçonne
rie nous prescrit à l'égard des hommes, à l'égard de la Sociététout entière, et ce
que le maçon qui l'est en vérité réalise tous lesjoursparsa conduite; bon, sen
sible, compatissant, affable, généreux, miséricordieux et clément, sujet fidèle,
ami constant, digne époux, bon père,fils tendre, respectueux et soumis, maître
soigneux et vigilant, plein de charité à l'égard de tous, il prévient tous les besoins,
il accomplit toutes les lois, il satisfait à toutes les bienséances,il se prête à tous
les désirs honnêtes,il se livre à toutes les bonnes œuvres,il fait tous lesgenres de
bien qui sont en son pouvoir. Lié par sa F.'.àtous les hommes, il volera pour
eux jusqu'aux extrémités du monde, et, nouvel apôtre, il portera, s'il le peut, la
vérité, la justice et la paix dans tous les cœurs. Donnez-moiun monde, devé
ritables maçons et la terre sera le séjour de l'innocence et du bonheur.
Cette sublime institution n'est pas moins digne de notre admiration et de nos
hommages dans les vertus qu'elle nousinspire à l'égard de nous-mêmes, elle op
pose aufol amour de soi le renoncement à notre volontépropre et une haine de
nos penchants déréglés;à notre orgueil, la connaissance de notre misère, de notre
néant et les sentiments d'une humilité profonde; à la cupidité, l' esprit de déta
chement;à la mollesse, la mortification;à un penchanttrop vif pour les biens
sensibles, le désir et la recherche des biens spirituels et célestes ; aux saillies de
notre humeur, la douceur et la patience, elle veut enfin que nous usions de tous
les biens avec modération et avec sagesse, que nous soyonspurs et que nous nous
défendions jusqu'à la penséedu mal.
Plus on étudie la Maçonnerie,plus on découvre en elle de caractères de sagesse
214 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
qui saisissent, enchantent, pénètrent le cœur d'amour et l'esprit d'admiration ;
dites-moi,je vous prie, un excès qu'elle ne blâme pas,un mal sous ses yeux sans
remède,unepassion sans frein,un désordre sans condamnation, une bonne œu
vre sans récompense! Quelle admirable sagesse dans toutes les maximes de la
Maçonnerie sur l'amour qu'elle règle, sur l'amitié qu'elle sanctifie, sur lesgran
deurs du monde dont elle désabuse, sur les talents qu'elle ennoblit, sur l'amour
propre qu'elle rectifie, sur la prospéritédont elle montre les écueils, sur l'adver
sité dont elle sonlage le poids, sur les devoirs dont elle inspire l'amour, sur la
mort dont elle modère la crainte, fait naître le désir et dissipe les horreurs!...
N'oublions donc pas, Chevaliers, que la peine et le plaisir passent comme une
ombre; la vie s'écoule en un instant, elle n'est rien par elle-même, son prix dé
pend de son emploi, le bien seul qu'on a fait demeure, et c'est par lui qu'elle est
quelque chose.
Ne croyezpas qu'un être soitplacé sur la terre au hasard, seulement pourvi
vre, souffrir et mourir, non; la vie humaine a un but, une fin, un objet moral,
l'homme doit l'usage de la vie à son semblable, il ne saurait faire un pas sur la
terre sans ytrouver quelque devoir à remplir.. Marquons donc notre passage
sur la terre par quelque œuvre digne de rester dans le souvenir des liommes,
faisons-nous gloire d'apporter chacun notre pierre à cet admirable édifice, ap
pliquons toutes les forces de notre âmeà nous rendre dignes de cette noble tâche.
Après le discours de l'orateur, le Très-Sage annonce qu'ilva procéder auxcon
férences.
CONFÉRENCEs. *
Le Très-Sage auT. .. Parf. .. docte chev.·. prem. .. interp.'.
D. .. Quelle est la première étude d'un philosophe hermétique?
R.'. C'est la recherche des opérations de la nature.
D.*. Quel est le terme de la nature?
R.'. Dieu, commeil en est le principe.
D.** D'oùproviennent toutes les choses?
R.·. De la seule et unique nature?
D.". En combien de régions la nature est-elle divisée?
R.". En quatre principales.
D. .. Quelles sont-elles?
R. .. Le sec, l'humide, le chaud, lefroid, qui sont les quatre qualités élémen
taires, d'où toutes choses dérivent.
D.'. En quoise change la nature?
R.* .. En mâle etfemelle.
D. .. A quoi est-elle comparée?
R.*. Au mercure.
D.'. Quelle idée me donnerez-vous de la nature?
R.'. Elle n'est point visible, quoiqu'elle agisse visiblement; car ce n'est qu'un
esprit volatile, qui fait son office dans les corps, et qui est animépar l'Esprit uni
versel, que nous connaissons, en Maç.. vulgaire, sous le respectable emblème de
l'Etoile flamboyante.
LE PANTHÉON MAçONNIQUE. 215
·. Que représente-t-elle positivement?
·. Le souffle divin, lefeu central et universel, qui vivifie tout ce qui existe.
·. Quelles qualités doivent avoir les scrutateurs de la nature?
·. Ils doivent être tels que la nature elle-même, c'est-à-dire vrais, simples,
patients et constants ; ce sont les caractères essentiels qui distinguent les bons
Maç.*.
D.·. Quelle attention doivent-ils avoir ensuite?
R. , Les philosophes doivent considérer exactement si ce qu'ils se proposent
est selon la nature, s'il est possible et faisable; car, s'ils veulent faire quelque
chose comme lefait la nature,ils doivent la suivre en tout point.
D.·. Quelle route faudrait-iltenir pour opérer quelque chose de plus excellent
que la nature ne l'a fait?
R.·. On doit regarder en quoi et par quoi elle s'améliore, et on trouvera que
c'est toujours avec son semblable :par exemple, si l'on veut étendre la vertuin
trinsèque de quelque métalplus outré que la nature, il faut alors saisir la nature
métallique elle-même, et savoir distinguer le mâle et la femelle en ladite nature.
D.*. Où contient-elle ses senences?
R.·. Dans les quatre éléments.
D.·. Avec quoi lephilosophe peut-il produire quelque chose?
R.·.Avcc le germe de ladite chose, qui en est l'élixir ou la quintessence bien
meilleure, et plus utile à l'artiste que la nature même. Ainsi, d'abord que lephi
losophe aura obtenu cette semence ou cegerme, la nature,pour le seconder, sera
prêteàfaire son devoir.
D.·. Qu'est-ce donc que le germe ou la semence de chaque chose?
R.·. C'est la plus accomplie et la plus parfaite décoction et digestion de la
:
chose même, ouplutôt c'est le baume du soufre; qui est la même chose que l'hu
mide radical dans les métaux.
D.*.Qui engendre cette semence ou cegerme?
R. .. Les quatre éléments,par la volontéde l'Étre-Suprême et l'imagination de
la nature. -
D.", Comment opèrent les quatre éléments?
R.*. Par un mouvement infatigable et continu, chacun d'eux, selon sa qualité,
jetant leur semence au centre de la terre, où clle est réduite et digérée, ensuite
repoussée au dehors par les lois du mouvement.
D.·. Qu'entendent les philosophespar le centre de la terre?
R..Un certain lieu vide qu'ils conçoivent, et où rien ne peut reposer.
D. .. Où les quatre éléments jettent-ils et reposent-ils donc leurs qualités ou
semences?
R.". Dans l'ex-centre, où sont la marge et circonférence du centre, qui, après
qu'il en a pris une due portion, rejette le surplus au dehors, d'où se forment les
excréments, les scories, les feux et même les pierres de la nature, de cette pierre
brute, emblême du premier état maçonnique.
D.*. Expliquez-moi cette doctrie npar un exemple? -
R. .. Soit donnéeune table bien unie, et suricelle, en son milieu, dûment assis
et poséun vase quelconque rempli d'eau; que,dans son contour, on place ensuite
plusieurs choses de diverses couleurs, entre autres qu'il y ait particulièrement du
sel, en observant que chacune de ces choses soit bien divisée et mise séparément.
216 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE
puis après, que l'on verse l'eau au milieu, on laverra couler de çà et de là; ce
petit ruisseau, venant à rencontrer la couleur rouge,prendra la teinte rouge ;
l'autre, passant par le sel, contractera de la salaison; car il est certain que l'eau
ne changepoint les lieux, mais la diversitédes lieux change la nature de l'eau; de
même la semence jetée par les quatre éléments au centre de la terre, contracte
différentes modifications,parce qu'elle passe pardifférents lieux, rameaux, canaux
ou conduits; en sorte que chaque chose naît selon la diversité des lieux, et la se
mence de la chose parvenantà tel endroit, on rencontrerait la terre et l'eau pure,
il en résultera une chose pure; ainsidu contraire.
D.".Comment et en quellefaçon les éléments engendrent-ils cette semence?
R.·. Pour bien comprendre cette doctrine, il faut noter que deuxélémentssont
graves et pesants, et les autres légers; deuxsecs et deux humides, toutefois l'un
extrêmement sec et l'autre extrêmement humide, et en outresont masculin et fé
minin, et chacun est très-promptà produire choses semblablesà soi en sa sphère :
ces quatre éléments ne reposent jamais, mais ils agissent continuellement l'un et
l'autre, et chacun pousse de soi et parsoi ce qu'il a de plus subtil. Ils ont leur
rendez-vous général au centre, et dans ce centre même de l'Archée, ce serviteur
de la nature, où,venantàymêler leurs semences, ils les agitent et les jettent en
suite au dehors. On pourra voir ce procédéde la nature et le connaître beaucoup
plus distinctement dans lesgrades sublimes quisuivent celui-ci : Che.'.G. .. Ka
doch. J. ET. MARCONIS.
Nota. La resp.*. L. .. La Rose-Écossaise s'est réunie sous le point géométrique connu
des seuls enfants de la lumière, pour procéderà la pompe funèbre du bien-aimé F.'. Gail
lot,premier surveillant,
Plus de trois cents membres assistaient à cette touchante cérémonie qui a produit la
plusvive sensation; le Tr.-lll. .. vénérable F. .. BLoND après avoir fait ressortir les bril
lantes qualités du F.*. décédé, propose d'établir au sein de cette R *. Loge une Caissephi
lantropique pour les orphelins. Cette Caisse, dit-il, sera « alimentée par le cinquième de
» nos cotisations, par les dons volontaires et par le produit de la tzedaka le jour de nos
» fêtes de famille; les bonnes œuvres, mes FF.'. sont l'âme de la maçonnerie, rendons
nous dignes de recevoir la lumière par leperfectionnement de nos devoirs et la pratique
de la bienfaisance; ne dites point aux malheureux: allez et revenez, je vous donnerai
demain, lorsque vouspouvez le faire sur l'heure; songez aux souffrances d'un longjour
d'attente et aux désastres quipeuvent en résulter; montrons-nous donc bons maçons et
bons FF.·.; quejamais l'aigreur de nos paroles ne vienne troubler l'harmonie de nos
travaux et la douceur de nos réunions, mais que toujours, notre langage soit l'heureux
et bienfaisant reflet de la sympathie, du dévouement et de la tendre bienveillance dont
» nos cœurs doivent être remplis pour tous nos FF.".; nous avons adopté l'aîné des trois
» enfants de la veuve Gaillot, ne l'oublions pas, mes FF.*.,veillonsà son éducation.... »
La proposition duvénérable F. .. BLoND a été accueillie avec enthousiasme,une collecte
a été faite et le produit a servi de première mise de fonds.Une commission de sept mem
bres est chargée d'en organiser le service et de surveiller l'emploi de ses fonds; mous
sommes heureux de pouvoir donner connaissance à nos lecteurs d'un fait qui doit stimuler
les bonnes œuvres des atel.". maç.'.; on ne saurait trop proclamer les belles actions de
nos FF.·. dans l'intérêt général de l'ordre.
(La suite à laprochaine série.)
Imprimerie de Munzel frères, à Sceaux(Seine)
LE PANTHÉON MAçoNNIQUE. 217
D.·. Quelle est la vraie etpremière matière des métaux?
R.·. La première matière proprement dite est de double essence, ou double
par elle-même. Néanmoins l'une, sans le concours de l'autre, ne crée point un
métal : la première et la principale est une humiditéde l'air mêlée avec un air
chaud, en formed'une eaugrasse, adhérente à chaque chose, pour pure ou im
pure qu'elle soit.
D.·.Comment lesphilosophes ont-ils nommé cette humidité?
R.· .. Mercure.
D. .. Par qui est-ilgouverné?
R.·. Par les rayons du soleil et de la lune.
D.·. Quelle est la seconde matière?
R.*. C'est la chaleur de la terre, c'est-à-dire une chaleur sèche que lesphilo
sophes appellent soufre. ,
D...Tout le corps de la matière se convertit-il ensemence? -
R.·.Non, mais seulement la huit centième partie quirepose au centre dumême
corps, ainsi qu'onpeut le voir dans l'exemple d'un grain de froment.
D.·.A quoi sert le corps de la matière, relativementà la semence?
R.·. A la préserver de toute excessive chaleur, froideur, humidité et séche
resse, et généralement toute intempérie nuisible,contre lesquelles la matière lui
sert d'enveloppe.
D.·. L'artiste qui prétendrait réduire tout le corps de la matière en semence,
en supposant qu'il puisse y réussir,ytrouverait-il en effet quelque avantage.
R.". Aucun; au contraire, son travail alors deviendrait absolument inutile,
parce que l'on ne peut rien faire de bien sitôt que l'on s'écarte du procédé de la
nature.
D.·. Que faut-il donc qu'ilfasse ?
R.·. Il faut qu'il dégage la matière detoutes ses impuretés; car il n'y a point
de métal, si pur qu'il soit, qui n'ait sesimpuretés, l'un toutefois plus ou moins
que l'autre.
D.". Commentfigurons-nous, dans la maçonnerie, la nécessité absolue etpré
paratoire de cette dépuration ou purification?
R.·. Lors de la première initiation du candidat au grade d'apprenti, quand on
le dépouille de tous les métaux et minéraux, et que, d'une façon décente, on lui
ôte une partie de ses vêtements, ce qui est analogue aux superfluités, surfaces ou
scories, dontil faut dépouiller la matière pourtrouver la semence.
D.·. Aquoi le philosophe doit-il faire le plus d'attention?
R.·. Au point de la nature, et ce pointil ne doit pas le chercher dans les mé
taux vulgaires, parce qu'étant déjà sortis des mains de la formatrice,il n'estplus
0Il OUlX.
D... Quelle en est la raison précise?
R.·. C'est parce que les métaux du vulgaire,principalement l'or,sont absolu
ment morts, au lieu que les autres, au contraire, sont absolument vifs et ont
esprit. -
D.·. Quelle est la vie des métaux?
R.·. Elle n'est autre chose que le feu, lorsqu'ils sont encore couchés dans leurs
mines.
D.'. Quelle est leur mort?
28
218 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
R.'. Leur mort et leur vie sont un même principe, puisqu'ils meurent égale
mentpar le feu, maisun feu de fusion.
D.'. De quelle façon les métaux sont-ils engendrés dans les entrailles de la
terre.
R.". Après que les quatre éléments ontproduit leurforce ou leur vertu dans le
centre de la terre, et qu'ilsy ont déposé leur semence, l'archée de la nature, en
les distillant, les sublimise à la superficie par la chaleur et l'action d'un mouve
mentperpétuel.
D.'. Le vent, en se distillant par lespores de la terre,en quoi se résout-il?
R.'. Il se résout en eau, dans laquelle naissent toutes choses et ce n'est plus
alors qu'une vapeur humide, de laquelle vapeurseforme ensuite le principe pré
cipité de chaque chose, et quisert depremière matière auxphilosophes.
D.*. Quel est donc ce principe servant de première matière aux enfants de
la science dans l'œuvre philosophique?
R.'. Ce sera cette même matière, laquelle, aussitôt qu'elle est conçue, ne peut
absolumentplus changer de forme.
D. .. Saturne, Jupiter, Mars,Vénus, le Soleil, la Lune,etc., ont-ils chacun des
semences différentes?
R.*. Ils ont tous une même semence; mais le lieu de leur naissance est la
cause de cette différence. La nature a bien plus tôt achevé son œuvre en la
procréation de l'argent qu'en celle de l'or, ainsi des autres.
D.·. Comment se forme l'or dans les entrailles de la terre?
R.·. Quand cette vapeur que nous avons dit sublimisée au centre de la
terre, passe dans les lieux chauds et purs, où setrouve une certaine graisse de
soufre qui adhère auxparois, alors cette vapeur, que les philosophes ont appelé
leur mercure, s'accommode etsejointà cette graisse qu'elle sublimise, et de ce
mélange résulte une certaine onctuosité qui, laissant ce nom de vapeur, prend
alors celui de graisse, et ensuite elle se sublimise en d'autres lieux, qui ont été
nettoyés par la vapeur précédente, la vapeur étant plus subtile, pure et
humide, remplit les pores de cette terre, se jointà elle, et l'or se produit.
D. .. Comment s'engendreSaturne?
R. .. Quand cette onctuosité ou graisse parvient à des lieuxtotalement impurs
etfroid.
D,·. Comment cette définition se trouve-t-elle au noviciat?
R... Par l'explication du motprofane quisupplée au nom de Saturne, mais que
nous appliquons effectivementà tout ce qui réside en lieu impur et froid, ce qui
est marquépar l'allégorie du monde, du siècle et de ses imperfections.
D... Comment désignons-nous l'œuvre et l'or ?
R... Par l'image d'un chef-d'œuvre d'architecture, dont, au détail, nous pei
gnons la magnificence toute éclatante d'or et de métauxprécieux.
D... Comment s'engendre Vénus?
R. .. Elle s'engendre alors que la terre est pure, mais mêlée de soufre impur.
D. .. Quelpouvoir a cette vapeur au centre de la terre ?
R.·. De sublimiser, toujours,par son continuel progrès,tout ce qui est cru et
impur, attirant successivement avec soi ce qui est pur. -
D.·. Quelle est la semence de la première matière de toute chose?
R.*. La première matière des choses, c'est-à-dire la matière desprincipes prin
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. s9
cipiants, naîtpar la nature sans le secours d'aucune semence, c'est-à-dire que la
nature reçoit la matière des éléments, de laquelle elle engendre ensuite la se
I10InCe,
D.'. Quelle est done, absolument parlant, la semence des choses?
R.'. La semence estun corps, un air congelé ou une vapeur humide, la
quelle, si elle n'est résoute par une vapeur chaude, devient tout-à-fait inutile.
D.'. Comment la génération de la semence se renferme-t-elle dans le règne
métallique?
R.'. Par l'artifice de l'archée; les quatre éléments, en la première génération
de la nature, distillent, au centre de la terre, unevapeur d'eau pondéreuse qui est
la semence des métaux,et s'appelle mercure, non à cause deson essence, mais à
cause de sa fluidité etfacile adhérenceà quelque chose.
D.'. Pourquoi cette vapeur est-elle comparés au soufre?
R.'. A cause de sa chaleurinterne.
D.'.Que devient la semence après la congélation?
R.'. Elle devient l'humide radical de la matière.
D.'. De quel mercure doit-on entendre que les métaux sont composés?
R.". Cela s'entend absolument du mercure desphilosophes, et aucunement du
mercure commun ou vulgaire, qui ne peut être une semence, ayant lui-même en
soi sa semence comme les autres métaux.
D.". Que faut-ildonc prendreprécisémentpour le sujet de notre matière?
R.'.On doit prendre la semence seule ougrain fixe, et non pas le corps entier,
qui est distingué en mâle vif, c'est-à-dire soufre, et en femelle vive, c'est-à-dire
mercure,On doit les conjoindre ensemble, afin qu'ils puissent formerun germe,
d'où ensuite ils arriventà formerunfruit de leur nature.
D.". Qu'entend donc faire l'artiste dans cette opération?
R.'. L'artiste n'entend faire aucune chose, sinon de séparer ce qui est subtil de
ce qui est épais.
D.°.A quoise réduit conséquemment toute la combinaison philosophique ?
R.". Elle se réduità faire de un deux, et de deux un, et rien deplus.
D.°.Y a-t-il dans la maçonnerie quelque analogie quiindique cette opération?
R. .. Elle est suffisamment sensibleà tout esprit quivoudra réfléchir, en s'ar
rêtant au nombre mystérieux de trois, sur lequel roule essentiellementtoute la
science maçonnique.
D.".Où se trouvent la semence et lavie des métaux et minéraux?
R. .. La semence des minéraux estproprement l'eau quise trouve au centre et
au cœur du.minéral.
D. ..Comment la nature opère-t-elle par le secours de l'art?
R. ..Toute semence, quelle qu'elle soit, est de nulle valeur, si par l'art oupar
la nature elle n'est mise en une matrice convenable, où elle reçoit sa vie en faisant
pourrir legerme et causant la congélation du point pur ou grain fixe.
D.". Comment la semence est-elle nourrie et conservée?
R.". Par la chaleur de son corps.
D.".Que fait donc l'artiste dans le règne minéral?
R.'. Il achève ce que la nature ne peutfinir, à cause de la cruditéde l'air, qui,
220 LE PANTHÉON MAçONNIQUE
par sa violence, a rempli les pores de chaque corps; non dans les entrailles de la
terre, mais dans la superficie.
D.·.Quelle correspondance ont les métaux entre eux ?
R.°. Pour bien entendre cette correspondance, il faut considérer la position
des planètes, et faire attention que Saturne est le plus haut de tous, auquelsuc
cède Jupiter, puis Mars, le Soleil, Vénus, Mercure et enfin la Lune:il faut ob
server que les vertus desplanètes ne montent pas, mais qu'elles descendent: et
l'expérience nous apprend que Mars se convertit facilement en Vénus, et non pas
Vénus en Mars, comme étantplus basse d'une sphère : ainsi Jupiter se transmue
aisément en Mercure,parce queJupiter estplus haut que Mercure; celui-là est le
second après le firmament, celui-ci est le second au-dessus de laterre, etSaturne
le plus haut; la Lune laplus basse; le soleil se mêle avec tous, maisil n'estjamais
améliorépar les inférieurs.On voit clairement qu'ily aune grande correspon
dance entre Saturne et la Lune, au milieu desquels est le Soleil : maisà tous ces
changements le philosophe doit tâcher d'administrer le Soleil.
D. .. Quand les philosophes parlent de l'or ou de l'argent, d'où ils extraient
leur matière, entendent-ils parler de l'or ou de l'argentvulgaire?
R.'. Non, parce que l'or et l'argentvulgaire sont morts,tandis que ceux des
philosophes sontpleins de vie.
D. ..Quel est l'objet de la recherche des Maçons?
R.'. C'est la connaissance de l'art de perfectionner ce que la nature a laisséim
parfait dans le genre minéral, et d'arriver autrésor de la pierrephilosophale.
D.'. Qu'est-ce que cette pierre?
R. .. La pierre philosophale n'est autre chose que l'humide radical des éléments
parfaitement purifiés et amenésàune heureuse fixité, ce qui fait qu'elle opère de
si grandes chosespour la santé, lavierésidantuniquement dans l'humide radical.
D.'. En quoi consiste le secret de faire cette admirable oeuvre?
R.'.Ce secret consisteà savoirtirer de puissance en acte le chaud inné, ou le
feu de nature renfermé dans le centre de l'humide radical.
D.'. Quelles sont les précautions qu'il faut prendre pour ne pas manquer à
l'œuvre?
R.". Il faut avoirgrand soin d'ôter les excréments de la matière, et ne songer
qu'à avoir le noyau ou le centre, quirenfermetoute la vertu du mixte.
D.". Pourquoi cette médecineguérit-elle toutes sortes de maux?
R.'. Cette médecine a la vertu deguérirtoutes sortes de maux, non pasà raison
de ses différentes qualités, mais en tant seulement qu'elle fortifie puissamment la
chaleur naturelle, laquelle excite doucement, au lieu que les autres remèdes l'irri
tentpar un mouvement tropviolent.
D.'.Commentmeprouverez-vous la vérité de l'art à l'égard de la teinture?
- R.*. Cettevérité est fondée premièrement sur ce que la poudre physique étant
faite de la même manière dont sont formés les métaux,à savoir, l'argent vif; elle
a la faculté de se mêler avec eux dans la fusion,une nature embrassant aisément
une autre nature qui lui est semblable; secondement, sur ce que les métauxim
parfaits n'étanttels queparce que leur argentvif, mûr et cuit, etproprement un
purfeu, leurpeut aisément communiquer la maturité et les transmuer en sa na
ture, après avoirfait attraction de leur humide cru, c'est-à-dire de leur argentvif
LE PANTHÉON MAçONNIQUE. 221
qui est la seule substance qui se transmue, le reste n'étant que scories et excré
ments qui sont rejetés dans la projection.
D.·. Quelle route doit suivre le philosophe pour parvenir à la connaissance et
à l'exécution de l'œuvre physique?
R.·. La même route que legrand architecte de l'univers employaà la création
du monde, en observant comment le chaosfut débrouillé.
D. .. Quelle était la matière dn chaos?
R.·. Ce ne pouvait être autre chose qu'une vapeur humide, parce qu'il n'y a
que l'eau, entre les substances créées, qui se termine parun terme étranger et qui
soit unvéritable sujetpour recevoir les formes.
D.". Donnez-moiun exemple de ce quevous venez de dire.
R.'. Cet exemple peut se prendre des productions particulières des mixtes,
dont les semences commencent toujourspour se résoudre en unecertaine humeur,
qui est le chaos particulier duquel ensuite se tire, commepar irradiation, toute
la forme de la plante; d'ailleurs, il faut observer que l'Écriture ne fait mention,
en aucun endroit, que de l'eaupour sujet matériel sur lequel l'esprit de Dieu était
porté, et la lumière pourforme universelle.
D.°.Quel avantage le philosophe peut-il tirer de cette réflexion, et que doit-il
particulièrement remarquer dans la manière dont l'Étre suprême créa le monde?
R.·. D'abord il observera la matière dont le monde a été créé,ilverra que de
cette masse confuse, le Souverain artiste commença parfaire l'extraction de la
lumière, qui, dans le même instant, dissipa les ténèbres qui couvraient la surface
de la terre, pour servir de forme universelle à la matière. Il concevra ensuite
facilement que, dans la génération detous les mixtes, il se fait une espèce d'irra
diation etune séparation de la lumière d'avec les ténèbres, en quoi la nature est
perpétuellement imitatrice de son créateur. Le philosophe comprendra égale
ment que,par l'action de cette lnmière, se fit l'étendue c'est-à-dire le firma
ment, séparateur des eaux d'avec les eaux. Le cielfut ensuite créé de corps lumi
neux; mais les choses supérieures étaient trop éloignées des inférieures, et la
lunefut créée, commeflambeau intermédiaire entre le haut et le bas, laquelle,
après avoir reçu les influences célestes, les communique à la terre; le Créateur,
rassemblant ensuite les eaux, fit apparaître le sec.
D.·.Combieny a-t-il de cieux?
R.·. Il n'y en a qu'un,à savoir le firmament, et cependant on en admet trois :
le premier, qui est depuis le dessus de nous, où les eaux raréfiées s'arrêtent et
retombent, jusqu'aux étoiles fixes; et dans cet espace sont les planètes et les
étoiles errantes; le second, qui est le lieu même des étoiles fixes; le troisième,
qui est le lieu des eauxsur-célestes.
D. .. Pourquoi la raréfaction des eauxsetermine-t-elle au premier ciel et monte
t-elle par delà?
R.". Parce que la nature des choses raréfiées est de s'élevertoujours en haut,
et parce que Dieu, dans ses lois éternelles, a assignéà chaque chose sa propre
sphère.
D.· . Pourquoi chaque corps céleste tourne-t-il invariablement comme autour
d'un axe, sans décliner?
B. .. Cela ne vient que dupremier mouvement qui lui a étéimprimé, de même
222 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
qu'une massepesante mise en balan, et attachée àun simple fil, tourneraittou
jours également,si le mouvement était toujours égal.
D... Pourquoi les eaux supérieures ne mouillent-ellespoint?
R.·. A cause de leur extrême raréfaction. C'est ainsi qu'un savant chimiste
peut tirer plus d'avantage de la science de la raréfuction que tout autre.
D. .. De quelle manière est composé le firmament ou l'étendue?
R.*. Le firmament est l'air, dont la nature est beaucoup plus convenable à la
lumière que l'eau.
D.·. Après avoir séparé les eaux du sec et de la terre, que fit le Créateur pour
donner lieu auxgénérations?
R ·. Il créa une lumière particulière destinée à cet office, il la plaça dans le
feu central, et tempéra ce feupar l'humiditéde l'eau et de lafroideur de la terre,
afin de réprimer son action, et que sa chaleur fut plus convenable au dessein de
Son auteur.
D. .. Quelle est l'action de ce feu central?
R. .. Il agit continuellement sur la matière humide qui lui est la plus voisine,
dont ilfait éleverunevapeur, quiest le mercure de la nature, et lapremière ma
tière des trois règnes.
D.*. Comment seforme ensuite le soufre de la nature?
R. .. Par la double action ou plutôt réaction de ce feu central sur la vapeur
mercurielle.
D.*. Comment se fait le sel marin?
R.*. Il se forme par l'action de ce même feu sur l'humidité aqueuse, lorsque
l'humidité aérienne, quiyest renfermée,vientà s'exhaler.
D. .. Que doit faire le philosophe vraiment sage, lorsqu'unefois il a bien com
pris le fondement et l'ordre qu'observa legrand architecte de l'univers pour la
construction detout ce qui existe dans la nature. -
R.·. Il doit être, autant qu'il se peut,un copiste fidèle de son Créateur; dans
son œuvre physique, il doit faire son chaos tel qu'ilfut effectivement, séparer la
lumière des ténèbres, former son firmament séparateur des eaux d'avec les eaux,
et accomplir enfin parfaitement, en suivant la marche indiquée, tout l'ouvrage de
la création.
D.*. Avec quoifait-on cettegrande et sublime opération ?
R.·.Avecun seul corpuscule ou petit corps qui ne contient,pour ainsi dire que
fèces, saletés, abominations, duquel on extrait une certaine humidité ténébreuse
et mercurielle qui comprend en soi tout ce qui est nécessaire au philosophe,
parce qu'il ne cherche en effet que levrai mercure.
D.·. De quel mercure doit-il donc se servir pour l'œuvre?
R.". D'un mercure qui ne se trouve point tel sur la terre, mais qui est extrait
des corps, et nullement du mercure vulgaire, commeil a été dit.
D.". Pourquoi ce dernier n'est-ilpas le pluspropreà notre œuvre?
R.*. Parce que le sage artiste doit faire attention que le mercure vulgaire ne
contient pas la quantité suffisante de soufre, et que par conséquent, il doit
travailler surun corps créépar la nature, dans lequel elle-même aura joint en
semble le soufre et le mercure, lesquels l'artiste doit séparer.
D.°. Que doit-il faire ensuite?
R.*. Les purifier et les rejoindre derechef.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 223
D.'. Comment appelez-vous ce corps-là?
R. .. Pierre brute, ou chaos, ou illiaste, ou hylé.
D.'. Est-ce la même pierre brute dont le symbole caractérise nos premiers
grades?
R.'. Non,parce que, comme il a étédéjà dit, l'argent vifvulgaire n'a pas avec
lui l'agent externe.
D.'. Comment cela est-il désigné en maçonnerie?
R.". Par le mot de profane, en nommant tel tout sujet qui n'est paspropre à
l'œuvre maçonnique.
D. .. D'où provient que l'argent vifvulgaire n'a pas avec lui son agent externe?
R.'. Lors de l'élévation de la double vapeur, la commotion est si grande et
si subtile, qu'elle fait évaporer l'esprit ou l'argent, à peu près comme il
arrive dans la fusion des métaux; de sorte que la seule partie mercurielle reste
privée de son mâle ou agent sulfureux, ce qui fait qu'elle ne peut jamais être
transmuée en or par la nature.
D.·. Combien de sortes d'or distinguent les philosophes?
R.·. Trois sortes : l'or astral, l'or élémentaire et l'or vulgaire.
D. .. Qu'est-ce que l'or astral?
R.". L'or astral a son centre dans le soleil,qui le communiquepar ses rayons,
en même temps que sa lumière, à tous les êtres qui lui sont inférieurs.C'est une
substance ignée, et qui reçoit une continuelle émanation des corpuscules solaires
quipénètrenttoutce qui estsensif,végétatif.
D.·. Est-ce dans ce sens qu'il faut considérer le soleil peint au tableau des
premiersgradesde l'Ordre?
R.'. Sans difficulté; toutes les autres interprétations sont des voiles pour
déguiser au candidat les vérités philosophiques qu'il ne doit point apercevoir
du premier coup d'œil, et sur lesquelles il faut que son esprit et ses méditations
s'exercent. -
D. ..Qu'entendez-vouspar or élémentaire?
R.'.C'est la plus pure et la plusfixe portion des éléments et de toutes les
subtances qui en sont composées, de sorte que tous les êtres sublunaires des trois
genres contiennent dans leur centre un précieux grain de cet or élémentaire.
D. ..Comment est-ilfiguré chez les francs-maçons?
R. .. Ainsi que le soleil, au tableau, indique l'or astral, la lune signifie son
règne sur tous les corps sublunaires qui lui sont subjacents, contenant en leur
centre le grain fixe de l'or élémentaire.
D.·. Expliquez-moi l'orvulgaire?
R.·.C'est le plus beau métal que nous voyons, et que la nature puisse pro
duire, aussiparfait en soi qu'inaltérable.
D.·.Où trouve-t-on sa désignation aux symboles de l'art maç.. ?
R.·. Dans lestrois médailles, etc.; le triangle, le compas et l'équerre tous autres
bijoux ou instruments représentatifs, comme l'orpur.
D.·. De quelle espèce d'or est la pierre des philosophes maçons?
R.·. Elle est de la seconde espèce, comme étant la plus pure portion de tous les
éléments ii.t. l''ques après sa purification, et alors il est appelé or vif philoso
phique.
224 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
D. ..Que signifie le nombre quatre adopté dans le Grand Ecossisme de Saint
André d'Ecosse?
R...Outre le parfait équilibre et laparfaite égalitédes quatre éléments dans la
pierre physique, il signifie quatre choses qu'ilfautfaire nécessairement pourl'ac
complissement de l'œuvre, qui sont : composition, altération, mixtion et union,
lesquelles,une fois faites dans les règles de l'art, donneront les fils légitimes du
soleil,et produiront le phénix,toujours renaissant de ses cendres.
D. .. Qu'est-ce que c'est que l'or vif des philosophes?
R.·.Ce n'est autre chose que le feu du mercure, ou cette vertuignée, renfermée
dans l'humide radical, qui a déjà communiqué la fixité et la nature du soufre,
d'où il est émané, le soufre des philosophes ne laissant pas aussi d'être appelé
mercure,à cause quetoute sa substance est mercurielle.
D.·.Quelautre nom les philosophes donnent-ils à leur or vif?
R.·. Ils l'appellent aussi leur soufrevifou leurvraifeu, etil se trouve renfermé
en tout corps, et nul corps ne peut subsister sans lui.
D.*.Oùfaut-il chercher notre or vifou notre soufre vif et notre vraifeu.
R.*. Dans la maison du mercure.
D. .. De quoicefeu vit-il?
R.*. De l'air.
D.·. Donnez-moiune comparaison du pouvoir de ce feu?
R.-. Pour exprimer cette attraction dufeu interne, on ne peut pas donner une
meilleure comparaison que celle de la foudre, qui n'est d'abord qu'une exhalaison
sèche et terrestre, unie à une vapeur humide; mais qui, à force de s'exhaler,
venant à prendre la nature ignée, agit sur l'humide qui lui est inhérent, qu'elle
attire à soi, et transmue en sa nature; après quoi, elle se précipite avec rapidité
vers la terre, où elle est attiréepar la nature fixe, semblable à la sienne.
D.*. Que doit faire le philosophe après qu'il aura extrait son mercure?
R. Il doit l'amener ou réduire de puissance en acte.
D.'. Lanature ne peut-ellepas le faire d'elle-même?
R. .. Non,parce qu'après une première sublimation elle s'arrête, et, de la ma
tière ainsi disposée, s'engendrent les métaux.
D.". Qu'entendent lesphilosophes par leur or etpar leur argent?
R.'. Lesphilosophes donnent le nom d'orà leur soufre, et celui d'argentà leur
ImerCure.
D.*. D'où les tirent-ils?
R.*.Jevous ai dit qu'ils lestirent d'un corps homogène,oùils setrouvent avec
abondance, et d'où ils les savent extraire l'un et l'autre par un moyen admirable
et toutàfait philosophique.
D.'. Dès que cette opération sera dûment faite, que doit-onfaire ensuite?
R.'.On doitfaire son amalgame philosophique avec une très-grande industrie,
lequelpourtant ne peut s'exécuter qu'après la sublimation du mercure et sa due
préparatiou.
D. .. Dans queltemps unissez-vousvotre matière avec l'or vif?
R.'. Ce n'est que dans le temps qu'on l'amalgame, c'est-à-dire par le moyen de
cet amalgame, on introduit en lui le soufre pour ne faire ensemble qu'une seule
substance, et,par l'addition de ce soufre, l'ouvrage est abrégé et la teinture aug
mentée.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 225
D.'. Que contient le centre de l'humide radical?
R.'. Il contient et cache le soufre, qui est couvert d'une écorce dure.
D.'.Que faut-il faire pour l'appliquer augrand œuvre?
R.*. Il faut la tirer de ses prisons avec beaucoup d'art, et par la voie de la pu
tréfaction.
D.'. La nature a-t-elle dans les mines un menstrue convenable,propre à dis
soudre et à délivrer ce soufre?
R.'. Non,à cause qu'il n'a pas un mouvement local; car, si elle pouvait de
rechef dissoudre, putréfier et purifier le corps métallique, elle nous donnerait elle
même la pierre physique, c'est-à-dire un soufre exalté et multipliéen vertu.
D.'.Comment m'expliqueriez-vous parun exemple cette doctrine?
R.'. C'est encore par la comparaison d'un fruit ou d'un grain, qui est de rechef
mis dans une terre convenable pourypourrir, et ensuite pour multiplier. Or, le
philosophe qui connaît le bon grain, le tire de son centre, le jette dans la terrc
qui lui est propre, après l'avoir bien fumée et préparée, et !à,il se subtilise telle
ment, que savertu prolifique s'étend et se multiplie à l'infini.
D.'. En quoi consiste donc tout le secret pour la semence?
R.°.A bien connaître la terre qui lui est propre.
D.".Qu'entendez-vous par la semence dans l'œuvre desphilosophes?
R.'. J'entends le chaud inné, ou l'esprit spécifique renfermédans l'humide l'a
dical; ou la moyenne substance de l'argent vif, quiest proprement le sperme des
métaux, lequel renferme en soi la semence.
D.'.Comment délivrez-vous le soufre de ses prisons?
R.". Par la putréfaction.
D.°. Quelle est la terre des minéraux?
R.'. C'est leur propre menstrue.(Pour la suite voir les philosphes inconnus.)
Après les conférences, le Très-Sage parle sur le caractère divin de la maçonne
rie, ses aspirations incessantes; traite le beau idéal dont le type suprême réside
tout entier dans la Divinité, définit l'art comme le véhicule le plus énergique du
progrès social. Ensuite
LeT... Parfait Chev... Orateurprononce un discours sur la maçonnerie, décrit
ses vicissitudesà travers les âges, la conservation providentielle de cet Ordre vé
néré, qui,traversant les désastres qui engloutirent l'empire romain,survécut à sa
décadence;il débrouille le chaos qui recouvre le moyen-âge, perce ses épaisses
ténèbres, trace son réveil, explique son rayonnement sur les grands hommes,sur
lespenseurs illustres que renferme la Maç.., et enfin énumère les services impor
tants qu'elle rendità la civilisation et à l'humanité.
Suspension des travaux.
Le Très-Sage dit debout et à l'ordre , Chevaliers , pour suspendre les
travaux.
D. .. Très-Parfait et Docte Premier Interprète, à quelle heure les travaux du
souverain chapitre sont-ils suspendus?
R.'.A l'heurc des parfaitesténèbres.
D.', Quelle heure est-il, Très-Parfait et Docte Deuxième Interprète?
29
226 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
R. .. Les parfaitesténèbres règnent à l'orient età l'occident.
Le Subl. .. Maître (très-sage) dit :
Puisque c'est l'heure de suspendre nos travaux,joignez-vousà moi,Chevaliers,
pour remercier le Tout-Puissant des faveurs qu'il a daigné répandre sur nous
pendant cette journée.
Prlère,
DieuSouv.*.,ta bonté paternelle nous appelle au repos; reçois l'hommage de
notre reconnaissance et de notre amour, et, pendant que le sommeil fernera nos
paupières, que l'œil de l'âme, éclairé de tes splendeurs, plonge de plus en plus
dans les profondeurs de tes divins mystères.
Le Très-Sage frappe sept coups, qui sont répétés par les Très-Parf.'. l" et 2*
Chev.·., et dit :
A la gloire du Sublime Architecte des mondes, au nom du.., et sous les aus
pices du... les travaux du Souv.·.Chap... sont suspendus.
Allez en paix, Chevaliers, et que l'esprit de Dieu veilleàjamais survous!
A moi Ch.*. L'on fait la batterie, etc.
GRAND ÉLU CHEVALIER KADOSCH.
Le mot Kadosch signifie Sainteté de la vie. Le chevalier Kadoch n'est pas le
pieuxfainéant que la superstition révère, c'est l'homme pur,intègre, utile,juste
et bon, qui sert sa patrie et obéit à ses lois,quijouit des biens de la vie sans en
abuser, supporte ses maux etprend pour règle infaillible de sa conduite les lois
naturelles qu'il regarde comme émanéesduSublimeArchitecte des mondes;voilà
en quoi consiste la sainteté du chevalier Kadosch.
La réception doit être simple, imposante et toute en instruction. Elle se
fait dans deux temples: l'aréopage et le temple de la sagesse, où s'ouvrent les
travaux.
L'aréopage représente un temple orné de douze colonnes rouges et blanches,
parsemées deflammes.
Aupoint central s'élève l'autel des mystères, les attributs dupremier au tren
tième degré, ceuxde la Justice y forment un faisceau mystique avec la bible et
le grand livre des révélations.
A droite de cet autel est placée l'image duplus discret et duplus inflexible des
juges, effroi du mensonge,duparjure et de l'oppression, espoir du juste et de
l'opprimé; elle tient d'une main les armes matérielles des chevaliers Kadosch, et
de l'autre, l'emblème de la vérité et l'étendard de l'ordre; son pied droit écrase
la tête de l'hydre de l'lgnorance, dont le poignard est brisé.
A gauche est placé l'aigle à deux têtes, les ailes déployées,symbole de la ma
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 227
çonnerie qui s'étend sur les deux hémisphères et qui doit réunir un jour tous les
habitants sous le drapeau de la fraternité.
Le Souverain Grand-Commandeur nommesept chevaliers d'office quise ren
dent auprèsdu candidat. Ils le conduisentà la porte de l'aréopage; elle s'ouvre
devant lui; mais avant de luipermettre d'avancer,chacun des FF... lit d'unevoix
ferme et solennelleune desneuf sentences ci-après :
1".Ne sois jamais promptàjuger tes FF.., quels que soient leurs apparents ;
sois juste envers tes amis comme envers tes ennemis, envers tous les hommes,
envers tout ce qui respire.
Ne méprisonsjamais, car aux vices qui nous sont communs avec les vices que
nous méprisons, nous ajoutons souvent le pire de tous, l'orgueil de nous croire
meilleurs..
2'. Tiens toujours ton âme assezpurepour paraître dignement devant le Su
blime Architecte des mondes qui est Dieu. Écoute toujours lavoix de la cons
ciene. évite les querelles, préviens les insultes, mets toujours la raison de ton
côté. -
Songe que dans la route inégale de la vie, la plus mâle fermeté se trouve
souvent exposée auxplus rudes épreuves, et que de les surmonter, c'est en cela
que consiste la vertu. L'utilité de la vertu est si manifeste, que les méchants la
pratiquent quelquefoisparintérêt. -
3°. Ne souffre pas qu'un seul de tesjours s'écoule sans avoir grossi le trésor de
tes connaissances et de tes vertus. La paresse nuità toute entreprise; le travail
rendtoutfacile; celuiqui se lève tard s'agite tout le jour et commenceà peine
ses affaires quand il est déjà nuit; n'oublie pas que l'homme le plus parfait est
celui qui est le plusutile à sesfrères.
4° Pardonneà ton ennemi;ne te venge que par des bienfaits, ce sacrificegé
néreux te procurera les plaisirs lespluspurs, ettu deviendras la viveimage de la
divinité; rappelle-toi que c'est là le triomphe le plus beau de la raison sur l'ins
tinct. oublie les injures, maisjamais les bienfaits.
5".N'oublie pas que le culte le plus agréable à Dieu consiste dans les bonnes
mœurs et dans la pratique de toutes les vertus; la maçonnerie est l'ordre et la
vérité dans toutes choses, elle est la haine de tous lesvices; son culte est leSu
blime Architecte des mondes;ses mystères, la lumière et la raison; et ses pré
ceptes, la charité..
6e.Travaille à rendre les hommes meilleurs; dissipe les ténèbres de l'igno
rance;fais naître toutes les vertus qui découlent de l'instruction et de l'amour
de tes semblables; apprends-leurà s'aimer, à se secourir mutuellement et tu
accompliras ta sublime destinée,tu deviendras la créature chérie du ciel, les bé
nédictions de tes FF.·. s'arrêteront surtoi, et méritant le titre glorieux deGrand
Elu, chevalier Kadosch,tu marcheras sur cette terre l'égal des bienfaiteurs de
l'humanité.
7.Soissoumisaux lois de ton pays car la loi établit, assure etconserve tesdroits
contre les prétentions quivoudraient te les ravir; ne blâmepoint et condamne
moins encore la religion des autres. Le Sublime Architecte des mondes ne te
demande compte que detes œuvres et ne te rendpas responsable des erreurs ou
desfaiblesses des autres hommes,tes égaux etcomme toi les objets de prédilection
et d'amourde la divinité; songeque le maçon doit respecter tous les cultes, tolérer
228 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
les opinions, fraterniser avec tous les hommes, être secourable à toutes les infor
tunes, et la règle de tous ses instants doit être de bien penser, bien dire et bien
faire...
8. Le niveau montre que tous les hommes sont égaux; me rougis jamais d'un
F... obscur,mais honnête,à son tour l'Ordre rougiraitds toi.Situsupportes
des injures, console-toi, le vraimalheur est d'en faire; ne crains pas d'avouer tes
torts, car faire de pareils aveux, c'est dire seulementqu'on est plus sage aujour
d'hui qu'on ne l'était hier.
9.En échange de ton admission parmi nous,tuvasabandonner unepartie de
ta liberté naturelle;tu dois accomplir strictement les nouvelles obligations qui
te seront imposées; des règlements particuliers régissent cet aéropage, et tu serais
un mauvais F... si tu méconnaissais la subordination nécessaire dans toute so
ciété, et la nôtre serait obligée de t'exclure de son sein ;ilest surtout une loi, celle
du secret sur nos mystères, le sermentsolennel que tu prononceras en invoquant
Dieu comme témoin,tu nepourras jamais le rompre, car il sera ratifié par lui ;
crains les peines attachées auparjure, tes l F. .. te déclareraient sans foi et sans
honneur. -
Après la neuvième sentemce, l'introducteur conduitle candidat dans l'aréopage,
surun siége qui lui est destiné; l'encens brûle,une douce harmonie se fait en
tendre, leGrand-Commandeurfrappe sur un timbre et dit : enplace, chevaliers.
Examen du Candl1lellat.
LeSouverainGrand-Commandeurs'adresse en cestermes au candidat :
D... Veuillez, je vousprie, nous faire connaître l'objet spécial de chacun des
gradesàpartir du dix-neuvième D. .
R.-. Le dix-neuvièmeGrand-Pontife de Jérusalem. L'emblême de cegradere
présente la religion pure venant remplacer les superstitions anciennes.Le serpent
à troistêtes, symbole des erreurs, est enchaînépar laphilosophie; cegrade nous
invite à l'étude de la science sur Dieu; nous devons connaître les preuvesphy
siques, métaphysiques et morales sur lesquelles s'appuie la foidans un être su
prême; les principaux attributs de cet être, l'action de sapuissance,de son intel
ligence et de sa bonté; enfin il faut être assez instruitpour réfuter les objections
tirées du mal physique et du mal moral.
Le vingtième degré annonce et confirme le Pontificat maçonnique;il s'engage
à la fidélité, à la constance, afin de parvenirà la perfection. Le brasier et leglaive
sont l'emblême de l'ardeur et du courage quiconvient au maçon.
Levingt-unième degré invite à la méditation. Pour se relever de l'esclavage
des sens, on s'occupe dans cegrade de Psychologie, science de l'âme,preuve de
son immortalité, et onytrouve des leçons contre l'orgueil et les entreprises té
méraires.
Le vingt-deuxième degré fait allusionà l'art de la mavigation;il mérite d'avoir
sa place dans la science philosophique; il prouve l'intrépidité, la puissance et le
génie de l'homme.
Le vingt-troisième le vingt-quatrième degrés ont rapport au Pontificat moral ;
ils rappellent au maçon que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de la
parole quiinstruit et rend meilleur.
LE PANTHÉON MAçoNNIQUE, 229
Levingt-cinquième degré nous inviteà chercher l'herbe mythologique Moly,
emblême de la sagesse. -
Dans levingt-sixième degré, le candidat arrive jusqu'au troisième ciel, c'est-à
dire dans cette région supérieure où s'élèvent les hommes quijoignent à la no
blesse des sentiments les lumières d'une raison cultivée; il apprend que la vraie
pierre philosophale est l'art d'être résigné dans le malheur, de jouir sagement
du bein, d'être charitable et de réparer ses fautes.
Le vingt-septième degré est interprété comme ayant rapport à l'histoire des
Templiers; on attribue à cette institution la pensée d'allier la philosophie à la
religion. -
Ce grade se rattache à de hauts enseignements : outre l'antique Egypte et ses
initiations, nousyvoyons des disciples deZoroastre,deprécieuses lumières,créant
les sociétésreligieuses et philosophiquesdes thérapeutes et des chrétiens primitifs,
conservant lefeusacréde la maçonnerieau milieu du despotisme le plus honteux.
Levingt-neuvième degré donne la solution du problème de la maçonnerie
sous le rapport physique, intellectuel et moral. Le soleil est l'image sensible de
la divinité; il est encore l'emblême de la chaleur de l'âme et de la lumière de
l'esprit; nous devons faire dans l'ordre moral le même bien que fait cet astre
dans l'ordre physique.
D.'. Quelle est la distance qui noussépare des astres ?
R.*. La distance qui nous sépare des astres est presque infinie, l'étendue du
ciel dans lequel ils font leurs cours est immense, cependant si nous examinons
attentivement les mouvements célestes, et que nous recherchions avec soin les
différents lieux où se sont trouvés les astres; alors, quoiqu'ilse soit écouléplu
sieurs milliers d'années depuis le solstice d'hiver dans lequel on établitun calen
drier et quise trouve joint avec le syzygie de la lune à minuit d'unjour, Kia-lzé,
il sera facile de déterminer quand cela est arrivé. - -
La longue vie des premiers hommes, tels que l'Ecriture nous les présente,
leur état et leurgenre d'occupation, ont dû les rendrepresque universellement
astronomes ; les patriarches,pasteurs, agriculteurs ont dû multiplier les observa
tions et lestransmettreà leurs enfants, quiyjoignaient les leurs et les laissaient
égalementà ceuxquivenaient après eux.On doit auxenfants deSeth, dit Joseph,
à leur esprit, et à leurtravail, la science de l'astrologie, et, parce qu'ils avaient
appris d'Adam que le monde périrait par l'eau et par lefeu, la crainte qu'ils eu
rent que cette science ne se perdît auparavant que les hommes en fussent ins
truits, les porta à bâtir deux colonnes de pierre sur lesquelles ils gravèrent les
connaissances qu'ils avaient acquises, afin de conserverà la postérité la mémoire
de ce qu'ilsy avaient écrit; leurprévoyance réussit,et on assure que ces colonnes
se voient encore aujourd'hui dans la Syrie.
De là a dû se formerun dépôt de connaissances, de remarques et d'époques
astronomiques,plus ou moins conservé, plus ou moins altéré parmi les nations
qui ont tiré d'eux leur origine ; lapériode astronomique de 600 ans, s'explique
très-bien, Dieu prolongea la vie des patriarches pour leur donner les moyens
de perfectionner les sciences delagéométrie et de l'astronomie qn'ils avaienttrou
vées, ce qu'ils n'auraientpufaire, s'ils avaientvécu moins de 600 ans,parce que
ce n'est qu'après la révolution de six siècles que s'accomplit la grande année,
Dieu dit à l'homme : « Élevez-vous si haut qu'il vous plaira, agitez-vous,
230 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
tourmentez-vous dans tous les sens, les flots tumultueux de vos opinions,
souvent contraires,vos discussions profondes,vos savantes recherches viendront
se briser contre les temps que j'ai marqués, contre les faits que j'ai dictés, et ma
parole restera seule immuable. . . . . . .. »
D... Quelssont les plus anciens livres du monde?
R... Lesplus anciens livres du monde sont les Védas, le Bagavadam, l'Ezour
Védam; les Bramines leur assignentpour époque la création du monde, c'est-à
dire au commencement du Coliougam, cette tradition est constante et uniforme
dans l'ordre des Bramines. La doctrine sccrète et symbolique des Brames est
de natureàprouver que le berceau du genre humain devait être placé dans l'Inde,
ainsique les premiers principes des connaissances humainesen Egypte.
D. .. Quel est le peuple primitif ? -
R. .. En considérant avec attention l'état de l'astronomie à la Chine, dans
l'Inde, dans la Chaldée, j'y trouve les débris des éléments de la science,j'aper
cois des conformités bien remarquables entre les Chinois, les Chaldéens, les ln
diens et tous les ancienspeuples, dans les traditions, dans les usages, dans la phi
losophie, dans la religion, dans les sciences et dans les institutions quiysont
relatives, j'y trouve généralement le tableau de l'innocence primitive du monde et
de l'âge d'or, le souvenir du déluge, les alarmes qu'ila répandues sur la terre, le
culte des montagnes, la tradition des géants, l'usage d'orienter les temples, la
subdivision de l'année en douze mois ou lunes, la période des sept jours, un
même législateur pour les sciences, les arts et la religion,unegrande uniformité
dans la marche desidées, et enfin des traces partout conservées de l'ignorance
quisuccède à la lumière;toutes ces conformités ne sont pas le produit de la com
munication, elles ne tiennent point essentiellement à la nature, elles naissent
d'une identité d'origine entre lesanciens peuples et sont les restes desinstitutions
d'un peuple encore plus ancien. -
D. .. Qu'entendez-vous par l'état de mature animale ?
R. .. L'état de la nature animale est un état sans réflexion, soumis au hasard et
au caprice, qui rapproche l'homme de la brute.
D. .. Et l'état de nature convenableà un homme?
R.-. C'estun état de raison et de réflexion ; il est de l'essence de son âme de
penseretde réfléchir, c'est donc parcet état seul qu'il a pu commencer.L'homme
n'est tombé dans la vie sauvage que lorsqu'il a cessé de raisonner sur les mœurs
et sur les usages qu'il tenait de ses ancêtres, ou lorsqu'il a continuéà les suivre
sans en connaître l'esprit. -
D.·. Tous les peuples ont-ils eu l'idée de la création du monde ?
R.'. Toutes les nations, sans exception, ont eu l'idée de son commencement ;
c'estun fait attestépar les traditions de tous les peuples de la terre.Transpor
tons-nous dans l'ancienne Egypte, dans la Chaldée, dans la Perse, dans les lndes,
àSiam,à la Chine, auJapon,chez les ancienspeuples du Nord, enfin dans l'an
cienne Grèce, toutes ces différentes nations nous diront d'une voixunanime : La
terre n'a pas toujours été, et ily a eu despremiershommes qui ont donnéà leurs
enfants une vie qu'ils n'avaient reçue que d'une main invisible; il est desfaits
constants qui ont avec elle une liaison naturelle. Telle est lapersuasion où sont
tous les peuples,danstoutes les parties du monde, de l'existence de Dieu, comme
première cause toute-pnissante et intelligente. Le fait que nous atransmis cette
LB PANTHÉON MAÇONNIQUE. 231
tradition universelle du commencement du monde est même de nature à n'avoir
pu être inventé; tous les peuples n'eussent point douté de l'éternité du monde,
sien effet le monde était éternel, où eussent-ils puisé l'opinion de son commen
cement? Leur expérience,ni celle de leurs ancêtres, ne le leur aurait pas appris,
elle leur aurait montré au contraire un monde toujours subsistant, ils eussent
doncjugé que le monde avait toujours existé. | -- . - --
D.'. Ont-elles toutes fait sortir l'homme de la terre? -
R. .. Oui,presque toutes; cependant on forme contre cette première origine
de tout le genre humain deux difficultés : l'une est la différence des blancs et des
nègres, quiprouve, dit-on, que tous les hommes ne sortent pas d'un premier
homme; l'autre est le peu de communication qu'ily avait entre les hommes de
l'ancien continent et ceuxdu nouveau. - - -
D.'. Legenre humain n'est pas composé d'espèces différentes entre elles, au
contraire, il n'y a eu qu'une seule espèced'hommes,qui, s'étant multipliés et ré
pandus sur toute la surface de la terre, ont subi différents changementspar l'in
fluence du climat, par la différence de la nourriture,par celle de la manière de
vivre, par les maladies épidémiques, et aussi par le mélange variéà l'infini des
individus plus ou moins ressemblants; ces altérations n'étaientpas si marquées et
ne produisaient que des variétés individuelles, mais elles sont devenuesvariétés
de l'espèce, parce qu'elles sont devenues plus générales, plus constantes par
l'action continue de ces mêmes causes; il est très-probable qu'elles disparaî
traient aussi peu àpeu avec le temps,si ces mêmes causes ne subsistaient plus,
ou si elles venaientà varierdans d'autres circonstanceset d'autres combinaisons.
Quantà leur première origine,je ne doute pas qu'elle ne soit la même que la
nôtre; la ressemblance des sauvages de l'Amérique septentrionale avec les Tar
tares orientaux doit faire soupçonner qu'ils sortent anciennement de ces peuples;
les découvertes que les Russes ontfaites au-delà de Kamtschatka, de plusieurs îles
qui s'étendent jusqu'à la partie de l'ouest du continent de l'Amérique, ne laisse
raientaucun doute sur la possibilité de la communication. N'est-ilpas très-pos
sible que des hommes aient traversé ces intervalles, et qu'ils soient allés chercher
ces nouvellesterres, ou qu'ilsy aient étéjetés par la tempête. l,
Le Mexique et le Pérou doivent être considérés comme les terres les plus
anciennes de ce continent et les plus anciennement peuplées; elles sont les plus
élevées et les seules où l'on ait trouvé des hommes réunis en société. ..
D.'. La matière,le monde,toutes lesparties du monde ont donc aussiété créés ?
Supposons la matière éternelle : -
Premièrement, rien n'a pu agir sur elle ; si elle est éternelle par elle-même,
chacune de ses particules ne peut rien recevoir ni rien communiquer, rien
perdre ni rien acquérir, parce que tout en elle et dans toutes ses parties est dès
lors nécessaire par sa propre essence : rien ne pourrait donc être comme il est
dans la nature; secondement, si la matière est éternelle par elle-même, elle a diû
être de toute éternité en mouvement ou en repos; si elle a été en mouvement,
est-ce par elle-même ou par unepremière cause? Par elle-même, le mouvement
lui serait donc essentiel; la communication du mouvement de chaque partie de
matièreimpossible, l'idée mêmedu repos contradictoire?Parunepremière cause?
Voilà donc au moins le mouvement créé en elle; si elle a été éternellement en
prose, on fera la même demande,est-ce par elle-même ? , , , , , ,
232 LE PANTHÉoN MAÇONNIQUE.
R. .. Le repos lui serait nécessaire, et le mouvementimpossible,par uneautre
cause? "
D. .. Vous la supposez donc indifférente de sa nature, au mouvement ou au
repos, puisqu'elle estsortie du repospour être mue ;voilà donc encore une fois
une cause créatrice du mouvement dans la matière.
Mais sien supposant que la matière est éternelle, vous ne prétendezpas qu'elle
soit éternelle par elle-même, on vous fera avant tout les mêmes questions que
nousvenons de faire sur son mouvement etson repos, et de plus on vousdeman
dera ce que c'est qu'une matière éternelle, quiexiste parune autre cause qu'elle
même,quine trouve dans son proprefonds nison existence nisa manière d'exis
ter, et quicependant n'est pas créée? -
R.'. Ceuxqui neveulentpas admettre une création dans le temps seront tou
jours forcés, en remontant aux vrais principes, de l'admettre dans l'éternité, ce
qui implique contradiction,puisque c'est supposer dans l'éternité la production
d'une chose déjà produite.
D.'. Ce qui effraie l'imagination, c'est ce quelque chose sortide rien ?
R... Mais ilfaut observer que ce n'est pas avec rien ou par rien qu'il en sera
sorti, dès quevous reconnaîtrez une première cause, une puissance infinie qui
renferme danssa fécondité le pouvoir de créer; or,poursauver toutes les absur
dités quisuivent de l'éternité de la matière, il faut bien admettre cette première
cause, distinguée de la matière intelligente et libre, existante par elle-même et
ayantpar sa nature lepouvoir infinide créer, ou la liberté de créer et de ne créer
pas,de le faire dans un temps ou dans un autre, de la manière qu'il lui a plu
de choisir entre toutes les autres.
D.° La raison toute seule nous rappelle doncà la création du monde,à la
création dupremier homme?
R.". Permettons un moment à ceux qui neveulent pointvoir l'action de Dieu
dans la nature, ou quin'y veulent que le mouvementune foisimprimé,permet
tons-leur de former la terre de telle façon qu'ils jugeront à propos ; donnons
leur une matière abondante, un mouvement circulaire, une durée tout aussi
grande qu'ils voudront;qu'ils choisissent, ou des lois de Descartes ou de celles de
Newton;voilà la terreformée selon leur idée, mais cette terre est nue,je n'yvois
niverdure ni habitants, qu'on me mette ici en œuvre toutes les lois ettoutes les
combinaisons des mouvements, cette terre ne sera jamais qu'un désert affreux;si
la moindre plantey monte,si le moindreveryrampe; c'està une intelligence,
c'estàunevolonté particulière qu'il en faut rapporter la structure et l'action. Le
mouvement qui ne peut construire les anneaux et les entrailles de cever, ni les
organes de cette plante, pourra-t-il donc ordonner une terre et la rendre habi
table?pourra-t-il en proportionner les différentes couches aux besoins de ses
habitants, lui départir sa juste mesure d'air, d'eau et defeu?la placerà un tel
point de distanceà l'égard du soleil qu'elle ne soit ni glacée par trop d'éloigne
ment, ni brûlée parune proximitétropgrande?Siles plantes et les habitants de
cette terre y sont introduits par des volontés spéciales, peut-on douter que la
mêmesagesse qui a crééles plantes et les animaux ne leur ait préparé, par une
volonté aussi expresse,un terrain propreà une demeure conforme à leurs be
soins?Cette terre, si elle était composée selon l'idée desphilosophes, assemblerait
autour d'un centre commun plusieurs couches de matières rangées l'une sur
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 3
l'autre, selon leurpesanteur spécifique, c'est-à-dire lespluspesantes pardessous
et les plus légères par-dessus ; mais elle serait sans utilité, parce qu'elle serait
sans organes;point d'atmosphère dont ellepût ressentir tourà tour la pesanteur
et le ressort, point de diversité dans la couche extérieurepour seproportionnerà
ladiversité des graines, point de bassin creusépourêtre le réceptacledusel et des
eaux si nécessairesà la fécondité de la surface, pointde montagmespourrecueillir
l'évaporation de la mer, et pour précipiter de haut lesfleuves sur les plaines ;
point de corps d'arènes préparéspour contenir longtemps les eaux des fontaines ;
point de corps deglaise pour soutenir et arrêter les eaux dans les arènes, point
d'eaux souterraines pourvoiturer de côté et d'autres le sel, le bitume, le sable, le
limon, le vitriol, le mercure et les soufres,dont la dispersion, le concours et la
fermentation pourrontformer ensuite ici des eaux minérales ou des bains chauds,
bà des pierres précieuses, ailleurs des pierres à bâtir, et peut-être les métaux.
Conmment se persuadera-t-on qu'une mécanique et des opérations si supérieures
à toutes nos connaissances se pourraient exécuter dans les croûtes massives de
notre soleil obscurci?Cette terre philosophiquement construite me sera donc
propreà rien; et l'appareil merveilleuxdes organes de notre globe démontre,
non une croûte,une tache, ouun accident arrivé dans la nature, mais une créa
tion expresse et un arrangement plein de desseins et de précautions. Le spectacle
de la nature est donc sur ce premierpointparfaitement d'accord avec le récit de
Moïse, législateur des Hébreux.
Notre terre, dit-on, est peut-être une masse détachée d'un corps céleste, ou le
résultat d'une de ces taches que les astronomes observentsur le disque du soleil.
ll a étédémontrépar Newton qu'un corps détaché par une force deprojection
d'un autre corps qui l'attire suivant les règles de lagravitation connue, décrit dans
son mouvement une de ces courbes qu'on nomme sections coniques : ainsi ce
même corps doit nécessairement, en vertu des lois de la pesanteur, retomber
dans sapremière révolution sur la surface de l'autre. Si donc notre globe s'était
détaché de quelque corps céleste pour être lancé dans l'espace, il serait retombé
sur ce même corps, et ne ferait point autour du soleil la révolution dont nous
sommes les témoins et les admirateurs.Un boulet, partide la surface de la terre
avec une force quelconque et sous tel angle que l'on voudra, sera obligé d'y re
tomber envertu de sa gravitation. Mais siun canon était supposéélevé au-dessus
du globe, et que le boulet partît de cet endroit, il est certain qu'il tournerait au
tour de la terre sans retomber, et qu'il passerait dans chaque révolution par le
point dont il était parti. Il en est de mêmepar rapportà notre terre et au soleil :
puisque les observations prouvent qu'elle décrit une ellipse autour de cet astre,
il s'ensuit que, depuis que le monde a existé, elle a toujours été dans un point de
son orbite actuelle, sans quoi aucune loi de la nature n'aurait pu l'y placer. Ceci
sertà prouver en même temps que la nature d'un système planétaire n'admetpoint d'arrangement successif, et que dès le commencementtout a dû être dans
le même ordre que nosyeux voient actuellement dans l'univers.D... Dieu existe; sa providence régit l'univers ; l'homme est sa créature etson
ouvrage leplus parfait ; dès-lors, il est bien ordonné dans le système général des
choses, et l'unique soin àprendre pour son bonheur, est d'empêcher qu'il ne
dégénère. Deux êtres sont en lui, distingués sous bien des faces, quoique subor
donnés l'un à l'autre : l'être physique conduit et conservé par les lois du30
4 IE PANTRÉ0N MAçONNIQUE.
mouvement, et l'être pmoral conduit et canservé par les lois naturelles ,
lesque ce dernier, libre dans sa marche, s'écarte des lois morales, il eesse d'exis
ter tout comme l'être physique, il doit se méfier de ses sens et de sa faible intel
ligence ; abusé par quelques dehors trompeurs il se croira le même homme dans
sa rébellion aux lois naturelles, tandis que toute sa moralité aura disparu pour ne
laisser sous sesyeux que l'être physique, esclave des lois du mouvement; mais à
qu9i lui servirait toute cette savante théorie, sans la science des mœurs qui en est
l'applisation ! - -
D. Qu'entendez-vouspar la connaissance de Dieu? -
R,, Dieu est un être nécessaire, éternel, d'une intelligence infinie, libre,im
matériel, très-parfait,: cause de tout ce qui est créé,etson conservateur.
La sagesse infinie de Dieu consiste dans une idée adéquate de tout ce qui est
présent, futur et possible. ---- -
D. .. Est-il nécessaire d'avoir toutes les connaissances?
R. , Oui, comment parvenir au développement de la raison sans les avoir mé
ditées ; cette garrière estvaste, mais dangereuse, tous les hommesveulent y entrer,
mais bien peu portent une lumière assez sûre pour ne pas s'égarer; étudions ce
qui nous a été dévoilé de la nature et de l'indestructibilité de l'âme humaine,
péunissons les preuves accumulées et victorieuses de son immortalité; contrac
tons une idée claire et distincte de ses facultés principales, de sa volonté, de sa
liberté, de sa raison; connaissons la force des habitudes et des passions,pour les
vaincre et les analyser; distinguons ce qui est vrai,faux ettrompeur; examinons
le vice et la vertu, le bonheur et la misère, ce que nous sommes et ce que nous
devrions être, et ce travail produira desprincipes lumineux,guides assurés de
nos recherches et de notre bonheur.
D.', Croyat-vous que la vérité et le bonheur soient incompatibles ?
R,', Non,je crois que l'une est nécessairement faite pour conduireà l'autre,
D.', Pour qui la plupart des hommes ne la recherchent-ils pas avec ardeur ?
R.". Laparesse de penser, la crainte de réfléchir trop sérieusement, et de là le
défaut de principes, une croyance mal assurée, une sorte d'incrédulité,
D.', Il ne faut pas vous lasser; les dons les plus précieux ne s'accordent
qu'à la persévérance, la vérité mérite bien qu'on la cherche, qu'on fasse des
efforts pour la trouver, elle ne demandepas des recherches bien épineuses, elle
a des épreuves qui sont à laportée de toutes les intelligences, il ne faut qu'un
cœur droit pour pénétrer dans son sanctuaire.,.
Le G,'. Commandeurfrappe suivant la batterie du grade, il descend les sept
marches et tous les Chevaliers se groupent autour de lui; après un moment de
silence ils reprennent leurs places respectives et le S. , G. ,Commandeuran
nonce au candidat qu'il est admis; le chevalier introducteur le prendpar la main
droite et lui fait monter les sept degrés de l'échelle mystique,pendant ce temps
le chevalier orateur lui en donne l'explication.
- i - - t - - i nsniteatton de l'échelle mystique.
-- ' l - , -
, , , ,T'. C'. F'., - -
Bien ayant, et lors des premières croisades,il existait, eachés dans les grottes
de la Thébaïda, dans des concavités formées par l'art, et présentant un espace1 .
LE PANTiiÉoN MAçoNNIQUE. 3
de plus de vingt lieues, des solitaires connus sous le nom de Chevaliers de
l'Aurore et de la Palestine. - - -
Ce fut la plus ancienne association militaire soumise à des règles de discipline.
Ces hommes, descendants des architectes de l'ancien temple de Salomon, en
avaient soigneusement conservé les plans et les dimensions.
Errants, eux et leurs pères, depuis la dispersion du peuple d'Israël, ils lan
guissaient dans la crainte et l'obscurité, toujours confiants en l'espoir de relever
unjour les colonnes abattues du temple, et d'occuperà leur tour dans la nou
velle cité sainte, les charges et patrimoines de leurs ancêtres.
S'imposant l'observation la plus stricte des pratiques anciennes et des devoirs
les plus rigoureux des rits de leurs auteurs, ils s'entretenaient dans leurs com
munes prétentions.
La crainte que leur inspiraient lesSarrasins, aussi cruels que redoutables, les
forçait à vivre isolés les uns des autres et les faisait, dans leur solitude, mettre à
profit toutes lesidées des savants et des philosophes capables de les conduire à la
réalisation de leurs projets, -
- Ce fut alors, ily a près de huit siècles, que fut résolu au concile de Clermont
la première croisade en l'année 1095. -
* cette nouvelle, que les cent voix de la renommée portèrent rapidement aux
extrémités de l'univers, les chevaliers cachés dans les déserts de la Thébaïde,
tressaillirent et firent retentir des chants de bonheur et d'allégresse.
Les princes croisés arrivèrent en foule, les pieux anachorètes de la Thébaïde
se mêlent dans leurs rang,et abjurent la pratique extérieure du culte antique de
leurs pères, tout en conservant le souvenir et le secret exercice des rits de l'an
cienne religion,ils jurent entre eux de nourrir toujours, mais de cacher tant
qu'il sera nécessaire, l'espoir d'élever à la gloire du Sublime Architecte des
mondes,un autre temple sur les ruines du premier.
Voilà quelle fut la base de la partie matérielle de nos secrets, et commentvin
rent en quelque sorte se souder à la Franc-Maçonnerie les divers chaînons des
mystères que l'on peut considérer comme en étantune suite immédiate.
- Les Chevaliers ou solitaires de laThébaïde avaient pour but avéré la recons
truction du temple : nos nouveaux élus Kadosch, dont le caractère est essentielle
mentphilosophique, éclairés par les progrès de la raison et des lumières,durent
faire succéder la sublimité des spéculations morales au chimérique projet de
quelques pratiques peu importantes dans leurs effets. ---- -
Le temple que nous: aujourd'hui est celui de la sagesse et de la
vertu, dont les principesimmuables sont les premiersfondements qu'il faut s'ef
forcer constamment d'établir dans nosâmes. . -
Une offrande pure au Créateur, une élévation de pensée telle qu'en pouvaient
concevoir les Pascal, les Bossuet, les Fénelon, voilà le caractère et le devoir du
chevalier Kadosch. Purifié de tous les vices, dépouillé de toutes les erreurs, il
marche à la recherche de la vérité, et fait son étude assidue de tout ce quipeut
améliorer le bien-être de l'humanité
--- --
- - -- -
ll sait que la religion, qui ne défend à l'homme que des
--
-
.. :
-- vices, l'orgueil, lahaine, la vengeance, la dureté du cœur, le mensonge l'ingratitude, le parjure- ---- ------------------------ -- - -- T-----
et l'hypocrisie, n'inspire et ne commande que les ilusdou : us sublimes
vertus, et que toute la loi divine est renfermée dans ces deuxpr ptes : Aimer
236 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Dieu de toutes les forces de son esprit et de son âme : aimer son semblable
comme soi-même.Le chevalier Kadosch cultive la science afin de rendre la rai
son profitable, d'établir l'amour de l'humanité, et de sauver les hommes des
ravages de l'erreur et du mensonge.
Dieu est la vérité!. «Je connaîtrai, dit saint Paul, comme j'ai été connu, »
c'est-à-dire à fond, et comme cette définition de lavérité est justifiée par la na
ture de la connaissancepromiseà notre intelligence dans l'autre vie, il n'enseigne
donc que la vérité.
Aussi l'échelle mystique du chevalier Kadosch, composée de deux montants
ayant chacun sept échelons, réunit-elle les sept arts libéraux divisés en deux
parties : le trivium et le quadrivium ; mais commençonspar le premier montant
de droite,quise nomme Oheve Elohaï, amour de Dieu.
Les sept échelons sont: (le candidat monte un àun les échelons) 1" Fzedaka,
justice, c'est-à-dire l'observation des lois ou, en d'autres termes, la conformité
des actions avec le droit ;2e Schor-Laban,pureté, c'est-à-dire la chastetémorale
qui consiste à ne rien dire età ne rien faire qui puisse blesser la pudeur;3"Ma
thok,douceur, ce fond de complaisance qui nous fait déférer à la volontéd'au
trui, c'est làune qualitédu tempérament, que l'éducation et la réflexion forti
fient; 4* Emounah, force, cette vigueur de l'âme qui résiste aux obstacles et
renferme le courage quiconsisteàvoir le danger, lespérils, les maux, les mal
heurs tels qu'ils sont, et par conséquent ses ressources; la force"d'esprit, a dit
Vauvenargues, est le triomphe de la réflexion! c'est un instinct supérieur aux
passions;5*Amal-Sagghi,travail, ou la source de tous les plaisirs, et le remède
le plussûr contre l'ennui; 6°Sabbal, fardeau, c'est-à-dire lesaccidentspassagers
qu'en quelque étatque nous soyons, nous devons toujours attendre pour qu'ils
nous soient moinssensibles;7° Ghemoulna thebounah, prudence, cette délibéra
tion des moyens quipeuvent nous conduire au but que nous nousproposons, et
qui renferme la circonspection dans les paroles et dans les actions; elle nous
prescrit l'étude des usages, les bons exemples, les bienséances et la pudeur.
Maintenant revenons auxéchelons du deuxièmemontant de gauche, le trivium
et le quadrivium ; des sept arts libéraux le candidat monte). 1" l'Astronomie, ou le
traité des mouvements des éclipses, de la grandeur, despériodes et autresphéno
mènes des corps célestes; l'histoire de l'astronomie est aussi ancienne que
l'homme, elle dûtêtre l'objet des premières observations, mais ces observations,
faites en divers lieux et à des époques différentes, restèrent éparses et furent
longtemps perduespour la science: les délicieuses contrées de l'Asie furent son
berceau;2° la Musique outraité des rapports et de l'accord dessons; la Géométrie,
science quiapour objet l'étendue, sa mesure et ses rapports; 4° l'Arithmétique
du la science des nombrés;5"la Logique ou dialectique d'après l'ancienne école,
c'est-à-dire l'usage que nous devonsfaire de notre raison dans la recherche de
la vérité, elle se divise en naturelle et en artificielle ; la logique naturelle nous
apprendà penser juste, la logique artificielle, la manière de communiquer nos
pensées avec ordre;6° la Rhétorique ou l'artde bien dire;7° la Grammaire ou la
manière d'écrire et d'exprimer correctement sa pensée.
Ainsi, vertu, science, voilà ce que notre sublime institution donne àceuxde
ses disciples quiauront le courage de suivre la conduite qui leur est tracée.
LF PANTHÉON MAÇONNIQUE. 237
Eh! qui ne consacreraitsa vie tout entière pour acquérir unepartie, quelque
faible qu'elle soit, de ce beau lot qui nous est offert.
Appelés dans cet aréopage à concourir augrand œuvre de la régénération hu
maine,à conserver le dépôt de vertu et de science transmis par les hiérophantes
à leurs descendants, appliquonstoutes lesfacultés de notre esprit,toutes les forces
de notreâmeà nous rendre dignesde cette noble tâche.
Après cetteallocution, le candidat est conduit par sept chevaliers au temple
de laSagesse.
Les travauxsont ouverts suivant le rituel, l'encens brûle sur l'autel, des flots
de lumièreinondent le temple, le delta, ayant un œil ouvert au milieu, resplen
dit duplus bel éclat, la colonne d'harmonie fait entendre les sons les plus mélo
dieux,tous les chevaliers sont habillés de noir et en gants blancs, debout età
l'ordre, le néophite est introduit par le chevalier G. .. Maître des cérémonies et
conduità l'autel pourprêter le serment d'usage; les préliminaires étant achevés,
le S.'.G. ..Commandeur lui dit :
L'âge du chevalier Kadosch est d'un siècle et plus; la batterie est de trois fois
deux et un; ce nombre rappelle les sept jours que le Sublime Architecte des
mondes employaà la création de l'univers.
Les mots qu'on dit en faisant le signe signifient: vengeance, Seigneur, c'est
à-dire détruire les vicespour faire triompher lavertu ; ils exprimentégalementque
le chevalier Kadosch est dévoué de cœur à combattre les erreurs et lespré
Juges.
L'attouchement exprime que les chevaliers Kadosch,vouésà l'instruction hu
manitaire, ne considèrent que deux sortes d'ennemis, les méchants et lesigno
rants; qu'ilfaut les ramenerà lavérité et lesinstruire.
Les Kadosch de l'antiquité possédaient le dépôt des connaissances morales et
scientifiques de l'homme primitif, c'est-à-dire non déchu; leur concentration
entre quelques hommes liés par un serment terrible et religieusement gardé,
faisait de ces chevaliers des êtresà part, bien au-dessus de la multitude.
Vous ne manquerezpas,je le sais,aux engagements que vousvenezde con
tracter volontairement ; permettez-moi devous donner le baiser de paix,gage
sacréde l'alliance qui nousunit;n'oubliez pas, mon Ill.'. F.'., ceuxqui souffrent,
et souvenez-vous que vous avez renouvelé le serment d'aimer vos FF... et de
travailler sans relâche au biengénéral de l'humanité.
Le candidat est conduità la place quilui est réservée, et après l'avoir proclamé
Grand Élu chevalier Kadosch, le Souverain Grand-Commandeur annonce les
conférences.
Conférences, * '
D. .. Etes-vousGrand Élu chevalier Kadosch?
R.°.Oui,je le suis. -
D.°. Par qui avez-vousété reçu?
R.°. Parun digne etSouv...Grand-Commandeur.
D.*.Quevous a-t-ilfait ?
R.°. ll m'a créé chevalier.
25 LE PANTHÉoN MAÇONNIQUE.
" D. .. Qu'a-t-il fait de plus - -
R. Il m'a remis une tunique blanche, en forme de dalmatiqne, bordée de
noir; une écharpe noire, avec une frange en argent, et une coiffe sur le devant de
laquelle est un soleil àfond d'argent, avec une gloire en or et un œil au milieu
qui exprime que l'œil humain, aidé de la lumière et de la vérité, pénètre les
profondeurs des mystères antiques; plus un cordon noir, sur le devant duquel
sont brodées en rouge deux croix teutoniques, une aigle à deux têtes, un soleil et
les lettres G.· K.H. .. brodées en argent, et pour bijoux,une croix teutonique
émaillée de rouge, pour être attachée sur le côté gauché, et une aigle noire à deux
têtes, portant une couronne et ayant un glaive dans ses serres.
D. ..Aquoisert le cordon?
R.A lire dans mon cœur les sentiments d'honneur, de vertu et de re
lglon. . - --- -
D. .. Pourquoi votre cordon est-il noir? .
: Pour le deuil que nous portons de nos FF..
..Quesignifie la croix ?
.. La science.
D. Et l'or qui l'environne?
R. .. La pureté de nos mœurs.
D.Aquoi vous appliquez-vous ? ...
R... Je travaille à élever un temple à la Sagessé.
D. .. Quels progrèsavez-vous faits?
.. Je connais l'échelle mystique.
..Qu'est-ce qui la compose ?
.. Deux montants et sept échelons.
. , Comment nommez-vous les deux môntants : -
.. Oheve Elohai-Oheb Kerobo, amour de Dieu-amour du prochain.
.. Quels sont les échelons? - --- - - -
. Les vertus que je dois professer et l'instruction que je dois acquérir.).. Que signifie* et la fontaine que vous avez vues ? -
.. La lampe m'a guidé dans la route que je devais suivre pour arriver à la
sagesse, et la fontaine m'a appris que c'est dans les larmes que nous devons lavernos fautes. -- - - s - _ - -
D.Que firent les ouvriérs après la construction du Temple * " -
- R. Plusieurs s'unirent sous un même chef et travaillèrent à la réformation
de leurs mœurs,en élevant en eux des édilicesspirituels, et se réndirent recom
inandablespar leur charité. -
D'. Lorsqu'on leur demandait ce qu'ils prétendaient faire pendant le cours de
leur vie, que répondaient-ils? - . -
'. Je bénirai le Seigneur en toustemps;sa louange sera dans mabouche.
·. Ne disaient-ils rien de plus? , ... - -
·. J'assisterai toujours les pauvres et je les regarderai comme mes frères.
'. Pourquoiportez-vousune croixrouge? - --
·. Pour faire voirque je suisG,. ÉluChev... Kadosch.
·. Pourquoi la placez-vous sur le cœur ? . - *
.. Pour me faire ressouvenir que rien ne doit nous arracher du ceur leculte maçonnique. , - -- l - , - -
LE PANTÉ9N MAC9NNIQUE 23
D. .. Pourquoiest-elle rouge?-
R.·. Pour mefaire souvenir sans cesse ie ne doi ougir de notre sublime institution. que je ne d»rn de notre su
D. Pourquoi surmonte-t-elle le poignard et l'épée ? - - -
R.'. Pour m'avertir que je dois continuellement combattre les vices pour fairetriompher lavertu. - - - - -
D.'. Je suis votre Inspecteur, parlez-moi sans emblêmes ? -
R. Je me montre (en ouvrant son habit et mettant son épée à plat sur lacroix). -- " - - -
D... Ensuite? - ,
R.*. (ll porte son poignardsur lefront, sur son cœur et en avant.)
D. .. Etes-vousG. .. lnspecteur élu? --- --
R. .. Oui,je le suis.
D.'. Quivous a reçu? - -- - -
R... Un DéputéduG. .. M. .. K. . -
D,, Qu'a-t-il fait devous ? - - 1 -
R,*, Il m'a arméChevalier.
D... Oùtravaillons-nous? - -
R. , Dansun lieu sacré où règne la paix, la concorde et l'union. -
D,, Que ferez-vous de la lampe ardente. - -
R.'. Je l'éteindrai? -
l ' i . .. .
D.'. Malheureux,vous seriez dans les ténèbres? . ' -- -
R. .. Au lieu de la lampe,je serais éclairé du flambeau de la vérité.
D. .. Vous avezpleuré? - " , .
R... Oui,Très-Ill. .. K. .
D. .. Avez-vousporté le deuil? _ - '
R.', Je le porte encore, - . - ,
. D,*, Pourquoi? - - - --
R,'. A cause de la vertu méprisée. - " -- -
D,', Commentvous appelez-vous? - a
R.·. Adonaï.
D,·, Pourquoi?-
- -
R,', Pour montrer que du plus bas rang nous monfons au plus haut,
D,', Quel est le mot sublime?-
R.°. Il le donne.
D,, Expliquez-moi l'allégorie duTemple de Salomon?
R. , Les compagnons sont les vices qui nous attaquent, dont souvent nous
sommesvaincus, et qui donnent la mortà notre âme.
L'exacte recherche qne fait faire Salomon des coupables, nous apprend quel
soin nous devons avoir à terrasser les crimes qui donnent la mortà notre âme,
Le traître Abiram surpris dans une grotte et dans le silence de la nuit, nous
apprend que c'est dans la retraite et dans le silence que nouspouvons trouver des
remèdes à nos maux quand nous avons puni le traître, c'est-à-dire quitté nos
passions.-
D,, Que signifie votre première grande parole?
R. , En travaillant sans çesse pour le bien, je produirai de bonsfruits,
D ·. Aquelle heure s'ouvre l'aréopage ?
140 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
R. , A minuit. -
D... Aquelle heure le fermez-vous ?
. Aupointdujour.
·. Donnez-moi lagrande parole d'entrée ?
·. ll la donne.
·. Donnez-moivotre signe? -
Il le fait.
. Pourquoiportez-vous la main droite sur le cœur ? ----
·. Pour marquer maferme confiance en Dieu.
·. Quel estvotre mot de passe ?
·. Il le donne.
. Commentvous appelez-vous?
. G. .. élu chevalier Kadosch.
·. Que signifie ce mot Kadosch?
·. ll signifie Saint-Purifié. -
·. Pourquoi, àlafindevotresigne,descendez-vousvotremainsur votregenou?
·. Pour faire voir qu'il faut fléchir le genoupour adorerle SublimeArchitecte
des mondes. -
Après les conférences, le S.'.G. ..C. .. ordonne que laFzedaka circule dans les
, tribunes, il en fait connaître le produit et procèdeà la suspension des travaux.
J. ET. MARCONIs.
(La suite à la prochaine série.)
------------
GRAND ARÉ0PAGE DES SAGES DES PYRAMIDES.
LINTRODUCTION.
La Franc-Maçonnerie qui tend à resserrer les liens d'une vie commune,en
composant son demaine de tout ce qu'ily a de bon, de noble et d'honnête,re
cherche la tranquillité de l'âme, non par la sensation comme base unique, mais
en se dégageant du matérialisme etde l'athéisme, et en rendantà la vertu l'excel
lence qui lui estpropre.
Ces connaissances d'un vrai bonheurfurent, dans le principe, le partage d'es
prits supérieurs, celui des Patriarches de Memphis,par exemple, qui se servirent
de l'astronomie, science de l'art maçonnique,pour se placer à la tête de l'agri
culture. -
Bientôt cette autre vie, exempte detous les maux,bien préférable à la primi
tive, en cela qu'elle devait se perpétuer indéfiniment, cette découverte que
l'homme était composé de deux substances, l'âme,souffle spirituel, dégagée du
corps terrestre et retournant à son principe pourjouiràjamais d'une existence
heureuse ; cette vérité, ces dogmes intéressants enfantéspar de si hautes concep
tions, furent le partage des hiérophantes ou chefs dupeuple, qui gardèrentpour
eux ces consolantes idées,en ne les révélant qu'à desgens choisis.
De là cette série de symboles dont l'origine ne laisse aucun doute sur la pureté
de la morale,puisque dans les temps les plus reculés, avec l'enseignement de
l'unité divine, le but des mystères fut de réunir et d'associerpar un lien secret.
Les intelligences, choisies pour le bien de l'humanité. J. Er. MARcoNis.
(La suite à la prochaine série.)
Imprimerie de E. DÉPÉE, à Sceaux (Seine)
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 241
A ne considérer la maçonnerie que comme le prisme du merveilleux, on peut
ne pas s'étonner que son essence se soitpour ainsi dire constamment mariéeà la
civilisation sous des dénominations qui ne sauraient altérer le fond de la science,
bien que ses errements ne lui soient qu'accessoires et ne puissent modifier en
rien sa réalité.
Amateur detout ce qui paraît extraordinaire, l'homme nepouvait mieuxtrouver
qu'en nos sectes secrètes, l'aliment nécessaire à son esprit façonné.
Quelques régions,par-dessus toutes les autres,prêtaient beaucoup au dévelop
pement du germe de ces spéculations intellectuelles, et l'on doit remarquer que
les pays dont l'histoire se trouve la plus enluminée de l'attrayant coloris de la
fable, que les régions où la nature riante et variée réchauffe l'imagination et
l'entraine dans le vaste champ des fictionspoétiques,furent précisément celles où
les associations mystérieuses se développèrent avec le plus éclatant prestige.
Les contrées fortunées de l'lnde, les délicieuses campagnes de l'Attique, les
bords sacrés du Nil,furent lesjardins de la maçonnerie.
Un pareil édifice, s'il n'eût été baséque sur des observances puériles, n'aurait
pu tenir longtemps contre les investigations dugénie scrutateur qui, loin de s'ar
rêterà l'écorce,veut analyser la raison humaine par l'étude et le développement
de ses principes les plus abstraits. Despratiquestoutà fait amusantes pouvaient
bien,par l'éclat d'une pompe majestueuse et imposante,intéresser quelques élus
au maintien de la chose commune, mais elles ne pouvaient suffireà imprimerun
intérêt capable d'en assurer la perpétuité.
Autour d'une doctrine inaltérable et sublime, il fallut, indépendamment des
vues morales, élever des prétextes physiques, des intérêts d'époques ou de localité.
Il fallut flatter adroitement les penchants et lesgoûts detant d'esprits divers ;
laisser entrevoir à chacun ce quise trouveà sa portée et semblait le plus conve
nableà son caractère;il fallut assortir la science et ses développements auxhabi
tudes, aux préjugés, augénie des peuples chez lesquels on lapropageait, et de-là,
encore, cette nomenclature de degrés qui n'est autre que la prorogation des an
ciens mystères en 90 degrés divisés en trois séries et répartis en sept classes.
A l'époque où ils furent institués, on ne saurait mettre en doute que la doc
trine et la morale qu'ils enseignèrent, furent l'expression la plus avancée du
progrès.
Pour être admisà l'initiation, ilfallaitjoindreà l'élévation de l'âme et de l'in
telligence une grande puretéde mœurs, et l'on s'engageait,parun serment so
lennel,à suivre les préceptes les plus sévères de la vertu dans la vie nouvelle où
l'on entrait.
Lorsque lesyeuxdu néophyte sont ouverts à la lumière, il comprend qu'in
dispensablesà l'humanitédans son économie sociale, nos sectes n'ont d'autre but
que le plus haut degré de perfectibilité possible dans l'étude des sciences, le déve
loppement des connaissances et des idées généreuses, l'accomplissement des
devoirs sociaux, enfin, la pratique de toutes les vertus.
Que le franc-maçon se montre sans cesse sujetfidèle et citoyen vertueux, qu'il
sache allier constamment la sagesse à la prudence, que l'amourde ses semblables
brû'e dans son âme et dès lors, dignes duSubl.·. Arch.·. des mondes que nous
invoquons, nous pourrons nous dire avec orgueil les vrais enfants de la lumière.
Cinq ministres présidaient aux initiations et aux mystères : le Grand hiéro
31
242 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
phante-il était censé représenter le Créateur;-le Dadouque donnait la lumière
au néophite;-le l'Odos, (orateur sacré); le Saronide, ministre de l'autel,(bien
faiteur de l'humanité); le Céryce, (examinateur).
Clément d'Alexandrie affirme que dans les grands mystères, tout ce qu'on
enseignait concernait l'univers, et que c'était la fin et le comble de toute
science.
Pythagore avouait que c'était aux mystères de Bacchus, dont Orphée avait
introduit la célébration enThrace, qu'il avait appris l'unité de la causepremière
et universelle. Enfin, le dogme de l'immortalité de l'âme était connu des Grecs,
puisque Platon fait direà Socrate dans ses Panégyriques,que Cérès avaitfait aux
Athéniens deux présents d'une immense importance:-le blé, qui les avait fait
renoncer à la vie sauvage qu'ils menaient, et les mystères où l'on apprenaità
concevoir lesplus belles espérances touchant la mort et l'éternité.
Avant d'introduire nos lecteurs dans le grand aréopage des Sages des Pira
mydes, nous croyonsindispensable de leur faire connaître l'organisation de cet
ordre.
IPréambule,
Lavoix quiparle du sein de la nue a dit:
« Homme,tu as deux oreillespour entendre le même son, deuxyeuxpourper
» cevoir le même objet, deux mainspour exécuter le même acte; c'est pourquoi
» la science maçonnique, la sciencepar excellence est esotérique et exotérique ;
» l'ésotérisme constitue la pensée, l'exotérisme le pouvoir;l'exotérisme s'apprend,
» s'enseigne, se donne, l'ésotérisme ne s'apprend, ne s'enseigne, ni ne se donne,
» il vient d'en haut. »
Ésotérisme du céleste Empire.
Toute lumière, toute science, toute doctrine, émane du céleste Empire où se
trouve l'arche vénérée des traditions et les archivesgénérales de l'Ordre.
Du Grandl IIléroplaante,
Le Grand Hiérophante est le dépositaire sacré des traditions, il est la première
et seule lumière du céleste Empire; il déclare la doctrine et la science, toute
œuvre maçonnique émane de lui.
Toute communication ésotérique, faite en loge, chapitre, aréopage, sénat,
consistoire ou conseil, est précédée de la formule sacramentelle : « au nom du
» Grand Hiérophante,Sublime Maître de la lumière, dépositaire sacré des tradi
» tions.» Précédée de cette formule, la communication est régulière et soumis
sion lui est due dans l'Ordr sur tous les points qu'elle embrasse.
Le Grand Hiérophante a seul le droit de conférer du 91 a u 96° degré.
Luiseulpossède le 97* et dernier degré de l'Ordre.
Différents pouvoirs ou attributions sont encore inhérents à la haute dignité du
Grand Hiérophante,ils sont inscrits dans les statuts généraux.
LE PANTHÉON MAçONNIQUE. 248
Le temple fiaphemath Pancalh, grand Aréopage du céleste
Empire,
Le grand Aréopage desSublimes Mages, 96° degré de l'Ordre, est chargéde
veiller à la doctrine et aux développements de la partie scientifique, mystique et
transcendante de la maçonnerie;il se compose : du Grand Hiérophante,Sublime
Maître de la lumière,de son substitut et de cinq magesGrands Maîtres,présidents
des cinq conseilssuprêmes nommés par le Grand Hiérophante pour cinq ans.
EXOTÉRISME
Constitution de l'Ordre,
L'Ordre de Memphis se compose de quatre-vingt-dix degrés d'enseignement
divisés en trois séries et répartis en sept classes.
La première série comprend du 1°r au 30° degré, elle enseigne la
morale,cette étude de soi-même, si digne de ce beau nom, d'amour dela sagesse;
le bon Socrate était proclamésage parce qu'il bornait son étudeà ce précepte qui
recommandait l'oracle nosce te ipsum.
Cette série enseigne encore aux adeptes lapremière partie historique de l'Ordre,
elle leur donne l'explication des symboles, emblêmes, allégories et les dispose à
la philantropie, ce besoin d'assistance que la nature a sagement voulu que nous
eussions les uns des autres, cette nécessitéde se lier, de vivre ensemble, de s'ai
mer et de nejamais se nuire l'un à l'autre; ce principe est la base de la Société
et des devoirs de l'homme envers son semblable.
La deuxième série comprend du31° au 60° degré, elle enseigne les sciences na
turelles, laphilosophie de l'histoire, explique le mythe poétique de l'antiquité,
qui, avec les allégories de la fable, renferme l'origine des mystères. Pour acqué
rir ces connaissances prescrites, il est soumisà de sévères épreuves, mais il est
accompagnéde la vérité, de l'espérance et de la sagesse; ces trois figures symbo
lisent les arts et les sciences et lui enseignent : la vérité,à se défier du rapport des
sens età n'admettre aucune proposition vraie sans auparavant l'avoir examinée ;
l'espérance,à ne se laisser guider que par la raison et à ne prétendre qu'à ce qui
est bon et honnête; l'espérance est un sage qui nous conduit, c'est un ami qui
nous conseille.; enfin la sagesse,à modérer nos passions, nos plaisirs et à sup
porter les peines. -
La troisième série comprend du 61e au90" degré, elle fait connaître le complé
ment de la partie historique de la philosophie qui renferme les éléments immortels
qui appartiennentà l'esprit humain, étudie le mythe religieux des différents âges
de l'humanité, développe la partie mystique et transcendante de la maçonnerie
formantune composition del'ésotérisme et des hauts mystères, et admet les études
théosophiques lesplus hardies.
Ces trois séries réparties en sept classes, renferment toutes les connaissances
des rites les plus universellement pratiqués.
244 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
L'Ordre de Memphisa cinq décorations, savoir : la Grande Etoile de Sirius.-
L'Alidée.-La Chaine Lybique.- Le Rameau d'Or d'Eleusis, et celle des Su
blimes Commandeurs des trois séries de l'Ordre. -Ces decorations demeurent le
partage exclusifdu mérite.
Gouvernement de l'Ordre.
L'Ordre de Memphis est régipar cinq conseils suprêmes, savoir :
1. Le sanctuaire de Memphis.
2. Le temple mystique. -
3. Le souverain GrandConseil général.
4. Le Sublime Collége des Rites.
5. Le suprême grand Tribunal des défenseurs de l'Ordre.
Le sanctuaire de Memphis, 95° D. .. se compose d'un grand maître et de six
patriarches, grands conservateurs de l'Ordre, nomméspour cinq ans,par legrand
hiérophante; le sanctuaire cst chargédugouvernementgénéral;à lui seul appar
tient le droit de constituer les loges, chapitres, aréopages, sénats, consistoires et
conseils et de les diriger dans leurs travaux.
Le Temple mystique des Souv.·. Princes de Memphis,94e D. .. se compose d'un
grand maître et de six officiers dignitaires nommés pour cinq ans par le Sanc
tuaire ;il est chargédans l'Ordre de l'administration générale.
Le souveraint grand Conseil général des grands inspecteurs régulateurs de
l'Ordre, 93° D. .. se compose d'ungrand maître et de onze officiers dignitaires
nomméspourtrois anspar leSanctuaire ;il est chargé dans l'Ordre de statuer sur
les demandes des ateliersplacés sous l'aubédience du Rite.
Le 5ublime Collége des Rites,92° D. se compose d'un grand maître et de six
philosophes nomméspour trois ans par leGrandAréopage du céleste Empire; il
est chargé de veiller à l'enseignement et de développer la partie dogmatique, mo
rale et scientifique de tous les Rites maçon. .
Le suprêmegrandTribunal des défenseurs de l'Ordre,91°D... se compose d'un
grand maître sublime suffite et de huit officiers dignitaires nomméspour trois
ans par le Sanctuaire.
Le suprême grandTribunal est chargé dans l'Ordre de veillerà l'exécution des
statuts et réglements généraux, il poursuit d'office toutes infractions laisséesim
punies par les Ateliers quilui sont dénoncéespar le Sanctuaire.
Il évoque à lui toutes les fois qu'il le juge convenable, les causes pendantes
auprès des Ateliers, etc.
Toute décision émanant des Conseils suprêmes ne sont exécutoires qu'autant
qu'elles sont revêtues du sceau du Grand Hiérophante et viséespar le grandad
ministrateur de l'Ordre.
L'ordrede Memphis donne du 7* au 90° D. ., et jamaisil nepourra, sous aucun
prétexte, les faire payer; ils demeurent le partage exclusifdu mérite.
TRAVAUX COMPLETS DES SAGES DES PYRAMIDES.
Cet aréopage se compose de onze officiers dignitaires, savoir :
1. Le sublime Daï (président).
2. Le sage l'Odos (orateur).
LE PANTHÉON MAçONNIQUE. 245
- 3. Le sage 1* mystagogue.
4. Lesage2* mystagogue.
5. Le sage Hiérostolista (secrétaire).
6. Le sage Ceryce (grand expert).
7. Le sage Cistophore (archiviste).
8. Le sage Zacoris (trésorier).
9. Le sage Hydranos (maître des cérémonies).
10. Le sage Ized (messagerde la science).
11. Le sage Biéroceryx (gardien du temple).
Le Sanctuaire des sages des Pyramides, où se fait l'examen, est un carré long ;
dans le fond, sur une estrade ayant sept marches, est placé le siége du sublime
Daï; surun autel couvert d'un riche tapis, se trouveun candélabre d'or à sept
branches et le grand livre d'or. -
Le Daï est revêtu d'une robe bleu céleste; il porte en sautoirune chaîne d'or,
au bas de laquelle est un soleil sur lequel sont écrit ces mots: vérité, sagesse,
SCte Ce .
MIise en ac4vite dles pavyaux.
Le sublime Daï frappeun coup de maillet et dit :
D.". Sage premier mystagogue, faites vous assurer si nous sommes à couvert
de toute indiscrétion profane.
Le Ceryce, sort, frappe à la porte du Temple suivant la batterie du grade, ce qui
exprime: nous sommes à couvert; il rentre dans le Temple, et le premier mystagogue
dit :
R.·. Les abords duTemple sont déserts ; ses échos sont silencieux, nul nepeut
nous entendre.
D. Debout età l'ordre (dit le sublime Daï), sage Ceryce, veuillez parcourir les
tribunes et vous assurer si les membres qui les composentpossèdent le 59° D.·.
de l'Ordre.
Le Ceryce parcourt les deux vallées, demande à chacun des membres la parole de
reconnaissance, et lorqu'il a terminé cet examen, il en fait son rapport au sublime
Dai. -
D...Alors le sublime Daï dit :Sage premier mystagogue,à quelle heure s'as
semblent les Sages des Pyramides?
·. A l'aube dujour, sublime Daï.
·. Pourquoi ?
·. Pour développer la partie dogmatique,morale et scientifique de l'Ordre.
*. Dans quel but, sage mystagogue?
·. Pour l'enseignement et l'édification detous nos FF.'.
·. Quels sont les premiers devoirs desSages des Pyramides ?
·. La bienveillance envers les hommes, nos FF.*., lajustice pourtous,com
battre les vices qui déshonorent l'humanité et n'avoir qu'une pensée, celle du
bien,propager la lumière et lavérité.
D.·. Dieu nous donne la force de remplir cette mission; cultivons la science afin
de rendre la raison profitable et noussauver des ravages de l'erreur et du men
songe. Dieu est la vérité, n'enseignons donc que la vérité .
246 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
R. .. (Tous les FF... disent en étendant la main): Nous le jurons; ensuite le su
blime Dai s'adressant au 2°... Mystagogue lui demande;
D...Quelle heure est-il?
R.*. L'heure de reprendre nos travaux, sublime Daï.
D... Le Dai dit : Puisqu'il est l'heure de mettrenos travaux en activité, unissez
vous à moipour demanderauSublime Architecte des Mondes, qu'ils soient con
formesà sa loi et qu'ils n'aient d'autre but que la gloirede son nom et le biengé
néral de l'humanité.
Le sublime Daï, descend de l'estrade etva se placer au milieu du temple, en
face de l'Orient ; les deux Mystagoguessontà ses côtés et devant lui setrouve un
vase antique qui brûle les parfums sacrés, le message est au pied de l'autel, et le
Ceryce, l'Hydranos et l'Hieroceryx derrière le Sublime Daïà7pas de distance.
Le sublime Daï s'incline et dità haute voix:
Invocatlon.
« Dieu Souverain, qui règnes seul,Tout-Puissant,immuable Jéhovah, Père de
» la nature, source de la lumière, loisuprême de l'univers, nous te saluons.
» Reçois, ômon Dieu ! l'hommage de notre amour, de notre admiration et de
» notre culte.
» Nous nousprosternons devant les lois éternelles de ta sagesse, dirigenostra
»vaux, éclaire-les de tes lumières, dissipe lesténèbres qui voilent la vérité, et
» laisse-nous entrevoir quelques-uns des plans parfaits de cette sagesse quite sert
Ȉgouverner le monde, afinque devenus deplusen plus dignes de toi,nouspuis
» sions célébrer en des hymnes sansfin, l'universelle harmonie que ta présence
» imprime à toute la nature.-Adonaï !-Adonaï !-Adonaï! »
Le sublime Dai remonte à l'Orient, les officiers dignitaires vont à leur place-
ilfrappe suivant la batterie et dit,glaive en main.
A lagloire du sublime Architecte desMondes, les travaux sont en activité.
En place mes FF..
Le Sublime Dai,frappe un coup et dit en s'adressant au sage Hiérostolista :
D.*. Veuillez nous donner lecture de la rédaction des tables burinées dans la
dernière tenue.
R.·. Le sage Hiérostolista lit àhaute voix :
A lagloire duSublime Architecte des Mondes au nom duGrand Hiérophante.
Lessages desPyramides régulièrement convoqués se sontréunis avec le cérémo
nial d'usage dans le temple de la vérité ou règnent la paix, la vertu, la science,
l'union et la plénitude de tous les biens, asile des mystères.
Le 21° de Mikhaël du moisthothde l'an de la véritable lumière 000,000,000.
N'oublions pas, mes FF... que la Maçonnerie n'a qu'une pensée, faire le bien,
qu'une bannière, celle de l'humanité, et qu'une couronnepour la vertu.
Lestravauxsont ouverts par le Sublime Daï suivant le rituel, et, etc., etc.
Après cette lecture il frappe un coup et dit :
D. .. La parole est accordée aux FF...qui auraient des observationsà faire. -
Le silence règne, et le sage l'Odos donne ses conclusions.
Lorsqu'ily a réception, le sublime Daï invite l'Hydranosà introduire le candidat
dans le sanctuaire ;-arrivé au Pronaos, le Ceryce lui adresse les questions sui
p0InteS :
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 27
D.'.Quel est le but de la maçonnerie?
R.'. Son but est de rendre les hommes meilleurs, ses moyens sont de dissiper
les ténèbres de l'ignorance, de faire naîtretoutes les vertus qui découlent de l'ins
truction et del'amour de ses semblables.
D.'. Le Ceryce lui dit : Donnez-moi la parole sacréedu 58° ... degré.
R.*. Brahma-Odin.
D.".Que signifie cette parole.
R.'. C'est le nom du premier civilisateur du genre humain, surnommé Isis,
fondateur de nos mystères.
D.'. Donnez-moila parole de reconnaissance.
R.'. Lao-tseu, elle signifie vieillard enfant,emblême de la vie et de la mort,ta
bleau de la nature entièrese renouvelant sans cesse.
. D.'. Donnez-moi la signification de ce tableau mithriaque.
R.'. Deuxgénies accompagnent Mithras, l'un jeune, l'autre vieux, le jeune te
nantun flambeau élevé, c'est lavie, et l'autre tenantle sien renverséet prêtàs'é
teindre, c'est la mort.
D.". Donnez-moi lesigne.
R.'. Il le donne,ilsignifie,- la main droite surle cœur, la Foi;dans cettepo
sition, élever les yeux au ciel, l'Espéranceen Dieu ; retirer la mainplacée sur le
cœur et la porterà la poche de som gilet,puis alonger le bras horizontalement ex
prime la Charité, ensemble la Foi, l'Espérance, la Charité.
D.". Donnez-moi la batterie.
R.'. Il frappe sept coups égaux.
D. .. Quesignifie cette batterie?
R.'. Amourde Dieu,-amour du prochain,-justice, -pureté, - dou
ceur,-force,-prudence.
D. ..Quevous a-t-on fait connaîtrejusqu'à cejour?
R.".Auxpremiers degrés, vertu,philanthropie;aux degrés intermédiaires,cha
leur pour le bien;dans lesgrades supérieurs,philosophie,pour règle cette véri
table science,fille du Ciel.
D.'. La philosophie est donc la science desprincipes, la connaissance de la
vérité? -
R.'. Elle embrasse danssagénéralitétoutes les loisdu mondephysique etdumonde
moral, pour les sciences physiques , lesphilosophes ont recherché l'origine des
choses, qu'ils ont attribuée lesuns à l'air, les autres à l'eau, au feu,aux atomes,
faisant de la physique d'après leurimagination etils n'ontpas rencontré lavérité.
Dans les sciences morales,ils ont essayé de poserles principesde la logique, de
la métaphysique, des devoirs et de laconduite de la vie,de la philosophie éclecti
que qui malheureusement s'établit dans des siècles déjà livrés auxsubstilitésd'une
fausse dialectique,à l'amour du merveilleux.Tous les hommes éclairés sont au
jourd'hui éclectiques : ils choisissent en tout ce qui est démontréà leur intelli
gence,ils doutent de ce qui ne l'est pas, et regrettent ce qui nepeut l'être ets'ap
proprient toutes les vérités nouvelles. La philosophie éclectique estdonc celle des
véritables Maçons.
Après l'examen,l'hydranos remet au candidat le rameau d'or, symbole de l'initia
tion, et l'invite à frapper à la porte du temple.
248 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
L'hierocerys, gardien du sanctuaire, ouvre la porte, jette sur la tête du candidat
un crépe noir transparent, et le conduit à la place qui lui est réservée.
Réception.
Le sublime Dai adresse les questions suivantes au candidat :
D... L'onvous a dit sans doute, que pour être admis dans notre aréopage, il
faut parler avec l'éloquence du cœur, de tout ce qui élève l'âme et éclaire l'esprit,
discerner le vraidu faux, mettre de lajustesse dans sesjugements et surtout dans
ses mœurs; sivous voulez réfléchir surtoutes les harmoniesde la nature, de la so
ciété,de lafamille etde vospropresfacultés,vous apprendrezà être aussifidèle à
l'ordre moral que les mondes qui roulent dans l'espace le sontà l'ordre physique;
sivous cultivez les sept sciences qui nous sontindiquéespar notre sublime insti
tution, vous arriverez à cette perfection humaine qui est la vertu, noble et sainte
devise de la Maçonnerie.
D.·. Veuillez me dire quels sont les principes des lois naturelles?
R.·. Les principes des lois naturelles sont cesvérités ou ces propositions géné
rales,par lesquelles nous pouvons effectivement connaître quelle est la volonté
duSubl...Arch... des mondes à notre égard, parunejuste et raisonnable appli
cation de ces lois.
D. .. Comment ces principesdoivent-ils être?
R ·. Ils doivent être vrais, simples et suffisants, c'est-à-dire, fondés sur la na
ture de l'homme, qui est le vrai fondement des lois naturelles; ils doivent être
simples, afin que les hommes puissent aisément les saisir; ils doivent enfin être
suffisants, parce qu'étant les principes de notre conduite,il faut qu'on en puisse
tirer toutes les conséquences nécessaires danstous les casparticuliers.
C'est la nature humaine qu'il faut consulterpour reconnaître ces principes gé
néraux.
D. .. Quelle est la cause première?
R.'. Lacausepremière est celle qui ne dépendd'aucune autre,tel que le Subl. .
Arch.'. des mondes.
D.". Et la cause seconde?
R.'. La cause seconde est celle qui dépend de la première,telles que toutes les
causes créêes.
D. .. Et la causeimmédiate? et médiate?
R.*. La cause immédiate est celle quiproduit l'effet par son action, et la mé
diate est celle qui a produit l'immédiate; le père est cause immédiate de ses en
fants, l'aïeul en est la cause médiate.
D.'. La causephysique et la cause morale?
R.'. La cause physique est celle qui contient la raison suffisante d'un être par
sa propre action : c'est la cause efficiente, considérée sousun autrepoint de vue,
et la cause morale est celle qui influe sur l'existence d'un être par une loi, parun
conseil, ou par l'exemple.
l'cffet ne dérive pastoujours de la cause,quoique actuellement agissante,parce
qu'clle a besoin souvent d'une condition nécessaire. Ainsi lefeu échauffe et brûle
les corps combustibles, mais à condition qu'on les en approche; car sans cette
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 249
condition, le feu neproduit aucun de ses effets, sur les corps qui en resteront
éloignés.
D. .. Qu'appelez-vous Providence?
R. .. Nous appelons Providence la prévoyance et la disposition libre d'un être
intelligent. de tout ce qui arrive dans ce monde.
D.*. Et la conservation?
R.·. La conservation est la continuation de l'existence des êtres, assujettis au
système de leurs lois, physiques ou morales.
D.·. Et le hasard?
R.·. Le hasard est un effet produit sans Providence, sans cause,sans but, et
sans ordre.
D. .. Et la fin.
R. .. La fin est la raison suffisante quidétermineune cause libreà la production
de son effet;il ne fautpas confondre l'objet avec la fin, car c'est l'objet quipro
duit la fin,par l'espoir de sajouissance; l'espace est toute étendue , suivant les
trois dimensions: si elle est pleine, on lui donne le nom de corps, et on l'appelle
vide,si elle ne contient rien.
D.· .. Et l' infini?
R.·. L'infini est ce qui n'a point de bornes; c'estun terme négatif, qui marque
ce que l'infini n'est pas.
La durée d'un être est la continuation de son existence.Si l'être n'a point de
commencement, ni de fin, la durée s'appelle éternité; s'il a eu un commencement,
et qu'il ne doive pas avoir de fin, sa durée s'appelle immortalité; enfin, la durée
d'un être qui a eu un commencement, et qui aura une fin, se nommetemps.
D.*.Qu'appelez-vous Lieu?
R.·. Unepartie de l'espacevide.
D.". Et le mouvement?
R.". Le mouvement est toute action quitransporteun corps d'un lieu dansun
autre.
D.". Qu'appelez-vous matière?
R.'. Les premiers éléments des corps, qui ne sont autre chose que des êtres
composés de ces mêmes éléments.
D. · .. Et la vérité?
R. .. Ily a trois sortes de vérité; la vérité naturelle ou métaphysique, la vérité
morale, et lavérité logique; lavérité naturelle ou métaphysique, est la conformité
de l'essence des êtres avec leur modèle; la vérité morale , est la conformitéde nos
pensées avec les mots dont nousfaisons usage pour les exprimer : elle est encore
l'usage de la parole conformément aux lois naturelles ; la vérité logique, est la
conformitéde nos idées avec l'essence des choses, représentées par ces idées.
D.· .. Et le bien ?
R.'. Le bien est tout ce qui contribueà l'avantage d'un être, ainsi l'idée du
bien est relative, car le bien absolu n'estproprement que la perfection absolue.
Le bien est réel ou apparent: le bien réel est celui qui contribue à la perfection
et au vrai bonheur d'un autre; le bien apparent est celui qui n'a que l'apparence
de ces avantages, et qui dans la réalité contribue au malheur de ceux qui le re
cherchent.
Laculture de la raison seule peut faire connaître les biens réels, et les distinguer
32
280 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
des biensapparents, car c'est elle quipeut nous menerparun calculjuste à con
naître la valeur et le prixdes choses, et évaluer les rapports des objets avec notre
perfection et notre bonheur.
D.·. Le néant peut-il produire quelque chose?
R.·. Le néant ne peut rien produire,tout être existant doit avoir étéproduit
par un être réel et existant.
Quoique le néant ne puisse pas produire un être, il y a cependant des êtres qui
nepeuventêtre tirés que du néant.
Les êtres physiquement composés sontformés par l'union des parties dont ils
sont composés; mais les êtres physiquement simples et sans parties, ne pouvant
être produitsparl'union et l'arrangement desparties qu'ilsn'ont point, ils doivent
être tirés du néant,par une puissance capable de les en tirer;pour les détruire,
comme ils ne peuventpas être détruitspar la séparation des parties, ils doivent
être réduits au néant.
La production d'un être simple dn néant, s'appelle création ; la destruction
d'un être simple, ou sa réduction au néant, se nomme anéantissement.
On tire un être du néant de soi-même, oudunéant du sujet, la création est une
production d'un être du néant de soi-même; mais lorsqu'un ouvrier fait un ou
vrage de la matière qu'il a travaillée, on dit qu'il produit un être du néant du
sujet; car l'ouvrage existait dans le fond en sa matière, mais l'ouvrier lui a donné
les modifications nécessaires pour en faire la montre ou telle autre chose qui était
le sujet de son travail. En fait d'êtres,il ne peuty en avoir qu'un seul qui soitin
fini, cardans la supposition contraire ces êtres seraient corporels ou spirituels, ou
étendus et solides, ou simples;il est impossible que le mêmeêtresoit et ne soitpas
en même temps.
L'unité de l'être infiniment parfait a été généralement reconnue par tous les
philosophes, malgré leurgrande opposition à presque tous les objets des autres
connaissances; lespaïens mêmes, quoiquegénéralement livrés à admettre et à ré
vérer la pluralité des dieux, admettaient un dieu suprême, qu'ils regardaient
comme infiniment parfait, et refusaient aux autres la perfection infinie. Rien
n'existe sansune raison suffisante de sa possibilitéintrinsèque et extrinsèque, car
unêtre quiexiste, doit avoir été possibleintrinsèquement,et par conséquentildoit
avoir une raison suffisante de son essence et de son existence, ce qui caractérise
sa possibilité.
La connaissance de la raison suffisante des êtres, est l'écueil de l'homme; dans
ses recherches il doit remonterà la possibilitédes êtres, il doit donc en connaître
lespropriétés essentielles, les comparer ensemble; il doit connaître lesforces né
cessaires pour les produire, et chercher les causes assezpuissantespour pouvoir
et vouloir les produire;il doit aller encore plus loin, pour connaître la combi
naison actuelle des essentiels et attributs qui en résultent; enfin, il ne doit pas
ignorerpourquoices êtres existent, les bornes de nos connaissances sont étroites :
mais ilfaut bien se garder de conclure, qu'il arrive quelque événement sans rai
son suffisante, parce que nous ne la connaissons pas. Le vulgaire attribue des
événements au hasard, au malheur, au bonheur, etc.;il n'y a ni hasard ni bon
heur, ni rien de semblable, dans le sens qu'on prétend donnerà ces causes; tout
être qui existe, sans exception, doit avoirun pourquoi il est possible intrinsè
quemment, et un pourquoi il existe; notre ignorance ne doit pas nous autoriserà
LE PANTHÉoN MAçONNIQUE. 251
admettre des êtres sans raison suffisante,sans causes,produits par le néant.
Le principe de la raison suffisante, sans être le premier principe des connais
sances humaines, n'en estpas moins nécessaire et universel.
Je dis d'abord qu'il n'estpas le premier principe, car on en démontre l'évi
dence par le principe de contradiction, rien n'arrive sans une raison suffisante.
D.'. Qu'appelez-vous être simple et être composé?
R.*. Tout être est simple ou composé, je parle de la simplicité et de la com
position physique, car ou l'être a des parties, dans lesquelles il est divisible, ou
il n'en a pas,point de milieu: dans le premier cas, il est composé, dans le se
cond,il est simple. -
D.'. Que pensez-vous de l'anéantissement d'une substance simple.
R.'. L'anéantissement d'unesubstance simple, est lepassage de l'existenceà la
non-existence; l'être contingent ne pouvant pas donner l'existenceà un être, ne
saurait la lui ôter, car lorsque l'être contingent détruit un composé,il ne fait
qu'en séparer les parties, mais il ne leur ôtepas l'existence, celui qui la donne a
le pouvoir de la retirer, et ce n'est conséquemment qu'à l'être éternel qu'il ap
partient de créer les substances et de les anéantir.
Une substance simple est indestructible de sa nature; car elle ne peutpérirpar
l'action des êtres contingents,parce quepoint d'action sans réaction, et pointde
réaction sans solidité.
D.". Que pensez-vous de la perfection des êtres ?
R.'. La connaissance de la perfection des êtres surpasse les forces de notre en
tendement, car la perfection consiste dans l'assemblage de toutes les qualités de
l'être, et dans la convenance de ces qualités à la destination de cet être ; maisil
est évident que cette connaissance surpasse la sphère de notre entendement.
Lesjugements que nousportons sur la perfection et l'imperfection des êtres,
sont desjugements relatifs; nous apercevons quelques qualités dansun être,plus
estimables que celles d'un autre, il nous semble qu'un être répond mieux à son
but qu'un autre : alors nousportons notrejugement sur la perfection ou l'imper
fection de ces êtres ; nous nedevrions jamais prononcerun pareiljugement d'une
manière absolue, car alors ce jugement surpasse notre capacité.
D. .. Pouvons-nous compter sur le temps?
R.°. Letemps sur lequel nous pouvons compter, n'est qu'un instant, car les
instantspassés n'existeront plus, et les instantsà venir n'existent pas encore ,
notre vie ne consiste que dans un instant, et cette idée est bien proprepour nous
pénétrer de notre néant, etpour nousfaire renoncer aux appas séducteurs de ce
monde.
D. ..Qu'est-ce que le mouvement?
R.". Le mouvement est une modification du corps,etpar conséquent un être
réel etpositif, et comme le repos estune modification opposée au mouvement,il
s'ensuit que le repos est un être négatif, consistant dans la simple privation du
mouvement.
La matière nepeut se mettre elle-même en mouvement,parce que le mouve
ment étant une simple modification de la matière,il peut très-bien s'en passer et
rester en repos sans rien perdre de son essence nide sa nature; elle a besoin
d'une cause externe qui déterminepar la communication de laforce,son mouve
ment qui est la raison suffisante.
252 LE PANTHÉoN MAçONNIQUE.
D.·. En quoi consiste la vie des êtres ?
R.*. La vie d'un être, engénéral, consiste dans son action;sa mort, au con
traire, consiste dans la privation de l'action, c'est l'idée générale.
Nous attribuons la vie àun animal capable de mouvement, à une plante qui
végète,à une eau qui court dans la route qui lui est prescrite, et nous disons
qu'un animal devenu incapable de mouvement, qu'une plante arrachée de la
terre, où le tronc est séparé de sa racine, qu'une eau qui croupit sans mouve
ment, sont des êtres privés de leurs actions, et par conséquent morts.
D. .. Qu'entendez-vous par lepenchant?
R.·. Lepenchant est une forteinclination vers le bien aperçu et senti.
Nous donnons, au contraire, le nom d'aversion à tout éloignement d'un mal.
Le premier est l'effet de la sensation que produit en nous le bien, le second est
la suite de ce que nous éprouvonsà lavue du mal.
Lespenchants et les aversions sont des symptômes naturels, nécessaires etin
dépendants de la liberté, car ils sont des suites de la loi de la conservation de
soi-même. -
D.·.Qu'entendez-vouspar la liberté morale de l'homme? -
R.·. La liberté morale de l'homme consiste dans cette faculté que nous avons
de suspendre nos jugements et nos actions,jusqu'à ce que nous en ayons examiné
mûrement les objets, en faisant usagede tous les moyenspossibles pour parvenir
à la connaissance du vrai et du faux, du bien etdu mal.
. D.· .. Et la volonté?
R. .. La volonté est la dernière délibération de l'âme, qui la détermine à em-
brasser le bien ouà fuir le mal aperçu dans les objets qui l'occupent, c'est donc
la volonté qui choisit d'après les lumières de l'entendement et d'après l'usage de
la liberté.
On se trompe, lorsqu'on attribueà la liberté la facultéde choisir: elle ne fait
qu'éclairer lavolonté, lorsque les lumières de l'entendement ne suffisentpas.Cette
erreur vient de ce qu'on confond la liberté morale avec la liberté naturelle, op
poséeà la force.
Plus l'âme est éclairée, et plus elle est libre, parce qu'elle a plus de moyens
pour parvenir à la découverte du bien et du mal; la liberté est donc proportion
née à l'éducation raisonnable, qui éclaire l'âme, et quifournit les moyens de dé
couvrir levrai et lefaux, le bien et le mal.
D.·. Et la raison?
R.·. La raison est la faculté d'apprécier les proportionsprobables ou évidentes;
on appelle être raisonnable celui qui a des principes probables ou évidents, on
n'est pas raisonnable dès qu'on manque de pareils principes; mais leur nombre ne
changepas la nature de la raison.
D.·. Qu'entendez-vouspar la connaissance de Dieu et de ses attributs.
R.·. J'entendspar le terme de Dieu,un être nécessaire, éternel, d'une intelli
gence infinie, libre,immatériel, très-parfait, très-puissant, cause de tout ce qui
est créé, et son conservateur.
La sagesse infinie de Dieu consiste dansune idée adéquate de tout ce qui est
présent,futur etpossible.
Le Sublime Architecte des mondes a le pouvoir de tout exécuter,par un acte
de saproprc volonté.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 253
D. .. Comment comprenez-vous l'existencede Dieu?
R.·. On démontre l'existence de Dieu par trois espèces de raisonnements : les
uns sont tirés de l'existence des êtres, les seconds de la science de la nature, et les
troisièmes de la philologie ou de l'histoire de l'homme et de ses établissements.
Il existeun Dieu éternel, principe et source des êtres, immuable, infiniment
parfait; son essence est très-simple, incorporelle, existant par sa nature et de toute
éternité, c'est cet être que nous appelons Sublime Architecte des mondes; cette
démonstration est sans réplique,parce qu'elle est appuyée sur des principes cer
tains.
Les arguments tirés de la création,à la portée de tout le monde,prouvent de
la manière la plus évidente l'existence de Dieu; en effet, sans sortir d'abord de
nous-mêmes, l'homme ne saurait être que la production d'une sagesse infinie.
Deux substances d'une nature diamétralement opposée, sont un composé dont
nous sommes obligés d'admirer les effets, sans pouvoir en connaître l'union.Les
sens rapportenttout ce qui se passe hors de nousà notre âme, celle-ci en prend
connaissance à l'instant, cette connaissance la détermine, l'âme ordonne et le
corps obéit aussitôt ; ce commerce moins intelligible qu'admirable,forme l'être le
plus parfait de la nature.
Le corps qui exécute les volontés de l'âme, est une machine dont les moindres
parties marquent une sagesse au-dessus de toute imagination;qu'on jette uncoup
d'œil sur la structure des sens externes, qu'on en exemine les différentes fonc
tionsà l'occasion des impressions que les objets cxternesy font, et on sera ravi
d'admiration et de respectpour le Créateur.
Mais sinous contemplons l'ensemble du corps humain, dont les détails seront
toujoursun mystère pour les génies les plus éclairés, quel sujet d'étonnement et
d'admiration si seulement nous considérons que de la même matière, il en peut
résulter une telle variétéde parties, de nature, de figures et de qualités différentes :
des dures et des sèchespour former les os, des fluides pour les humeurs, d'hu
mides et de tendres pour la chair, des ténaces et des contiguës pour les nerfs,
des percées pour les veines et les artères, de chaudes pour le foie et pour le cœur,
des froidespour le cerveau, des transparentespour lesyeux, etc.- Il n'ya que
l'habitude et l'oubli complet duCréateur quipuissent nous empêcher de remonter
jusqu'à lui, par la contemplation de toutes ces merveilles.
Aprés l'examen, leSublime Dai fait plusieurs observations sur notre soumission
aux règlements de l'ordre et nos devoirs envers nos FF.·., la parole est accordée
au sage l'Odos, qui prononce le discours historique de ce grade.- Pendant cette
lccture le Céryse lui en fait remarquer les passages lesplus émouvants.
Discours du sage 1'Odos.
Aux approches de la 95° olympiade,un Epopte (parfait voyant)de la science
vint le long du Nil étudier lathéosophie et demander la révélation des mystères
renfermés dans l'aréopage des sages des Pyramides.
Après avoir parcouru la Thébaïde,terre classique des beaux-arts,il se présenta
au Pronaos du temple de Memphis dans le but d'obtenir l'initiation, il frappe les
sept coups mystiques, et leCéryce, après l'avoirintroduit dans cette enceinte, lui
présenta la main droite en signe d'amitié fraternelle, car il avait fait le salut
254 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
d'usage; après un examen sérieux l'entrée du temple lui est accordée, le Sublime
Daï, lui adresse des questions sévères sur sa vie passée,dont il dérouledevant
eux sans terreur tous les actes; le visage des sages réunis dans ce temple sacré ne
trahit rien de la sympathie que leurinspirait une carrière si bien remplie par les
recherches ardentes de la science et de la vertu.
Surun signe quefit le Sublime Daï, tous sesillustres sages segroupent dema
nière à former un triangle dont le maître occupe le sommet; après quelques
minutes de délibération, le triangle s'ouvre par sa base et ne formeplus qu'un
angle droit.
«Ta demandeestaccordée, luidit le Sublime Daï,tuvas entreprendreun long et
péniblevoyage; n'oublie pas que l'homme, en venantà la vie, porte en lui-même
legerme d'une passion qui doit un jour dominer son âme; si la raison dirige
toutes tes passions par celle de l'amour, bientôt le sentiment de la tendresse, de
lapiété,de la bienveillance, de la générosité, de l'humanité, deviendra ta passion
dominante et tu seràs sensible et raisonnable.
« Situ connais la dignitéde la nature,tut'élèverasversson auteur, situ connais
l'amour, tu aimeras le premier des êtres, tut'aimeras toi-même,tu aimeras ta
patrie, l'humanité, les hommes, et l'amoursera ta passion.
« N'oublie pas que letriomphe des passions, c'est la réunion de la sagesse et
de la vertu avec lajustice et la liberté.
« Le sage Céryce t'accompagnera;poursavoir, il faut apprendre,pour acquérir
ilfauttravailler. cherche et tu trouveras, allez, et que l'esprit de Dieu veille sur
vous.,»Une porte masquée s'ouvreà droite, le candidat s'y engageà la suite du
Céryce, elle donneaccès dans une vaste pièce voutée, éclairée parune seule lampe
suspendue au centre de cette salle, les murs sonttellement dégradés qu'ils mena
cent ruine de toutes parts; appuyésur les bras du Céryce, il descend lentement
parune pente douce dans les entrailles de la terre,ils se trouvent bientôt dansune
obscuritéprofonde; en cet endroit unevoix forte, qui sortdu plafond, lui dit :
«Arrête...Apprendsà te connaître etforme-toipourton Dieu,pour l'humanité
dont tu fais partie, en un motforme-toipour le bien, telle est la loinaturelle.
« Ne présume point de développer la Divinité, l'étude propre de l'homme, est
l'homme placé dans une espèce d'isthme, être d'un état mixte, obscurément
habile, grossièrementgrand avectrop de connaissance pour le doute sceptique, et
trop defaiblesse pour la fierté stoïque;il est comme suspendu entre deux, dans
l'incertitude d'agir ou de rien faire, de se croire un dieu ouune brute,de donner
la préférence au corps ouà l'esprit ;il n'est néque pour mourir,il ne raisonne que
pour s'égarer, et telle est cette raison, qu'elle s'égare également pourpenser trop
etpour pensertrop peu; cahos de raisonnements et de passions, tout est confus,
continuellement abuséou désabusé par lui-même, créé en partiepour s'élever et
en partie pour tomber; maître detoutes choses, seuljuge de lavérité, et se préci
pitant sans fin dans l'erreur, la gloire, le jouet, l'énigme du monde,va, créature
surprenante.... monte où les sciences teportent, mesure la terre, pèse l'air, règle
les marées, instruit les planètes des cours qu'elles doivent observer, corrige le
vieux temps et guide le soleil, élève-toi jusqu'aupremier bien, au premier par
fait.va et apprends à la sagesse éternelle comment elle doit gouverner, ensuite
rentre en toi-même,qu'y retrouveras-tu... rien. « Après ces paroles,unpanneau
de la muraille glisse tout à coup devant eux et leur livre passage dans un vaste
LE PANTHÉON MAçONNIQUE. 55
parterre où mille fleurs odoriférantes réjouissentà la fois lavue et l'odorat, tandis
qu'une musique lointaine arrivejusqu'à leurs oreilles; leur marche est arrêtéepar
un lac d'une grande étendue,maispeuprofond, qu'ilfauttraverser.
Arrivésur l'autre rive le candidat voit se lever devant luiun splendide monu
ment.Son portique en marbre de Paros,où l'on arrive parvingt etune marchesde
granit rouge, resplendissait aux rayons du soleil couchant et montrait au néophite
le terme de son voyage, mais pour atteindre ce but, en apparence si rapproché,
son guide le séparait de ce portique dont la merveilleuse architecture le frappait
d'étonnement, c'était la ceinture de cryptes qu'il fallait parcourir tout entière
avant d'arriverà l'unique entrée; d'innombrables sentiers se coupant dans toutes
les directions formaient dans ces cryptes un labyrinthe inextricable où le néo
phite eût erré deuxjours et deux nuits sans se rapprocher de l'entrée, s'il n'eût
étéguidécomme un enfant; il s'engagea courageusement dans les détours de la
première crypte, et après être revenu plusieurs fois sur ses pas,il parvintà force
d'observations, et de persévérance, devantun vestibule, au-dessus duquel était
écrit porte de la mort; aussitôt qu'il eûtfranchi cet asile,un tepisyte vintà sa ren
contre et en luiprésentant un rameau d'or,symbole de l'initiation, lui jeta sur la
tête unvoile noir transparent, et le conduisit dans le temple où siége vingtetun
patriarches revêtus d'une tunique noire. Le néophite admire la disposition inté
rieure de cet édifice, dont les murailles sont couvertes d'hiéroglyphes et de pein
tures auxvives couleurs, tous les signes du zodiaquey sont représentés, au mi
lieu du sanctuaire estunepyramide triangulaire surmontée d'un soleil, aufond est
un petit autel richement décoré, sur lequel est poséun livre relié en maroquin
rouge, le Ceryce l'ouvre etfait écrire au néophite son nom, ses prénoms, som âge
et sa qualité;à peine a-t-il refermé le livre que l'un des patriarches lui adresse
la parole en cestermes :
« Apprends que la cause universelle n'agit que pour une fin, mais qu'elle agit
par différentes lois, que cette grande vérité soit toujours présente à ta mé
IlOlI'e,
» Considère le monde où tu es placé, examine cette chaîne d'amour qui ras
semble et réunit toutici-bas comme en haut,vois la nature féconde travailler à
cet objet,un atômetendre vers un autre atôme, et celui qui est attiré, en attire
un autre figuré et dirigé pour embrasser son voisin.Vois la matière, variée
sous mille formes différentes, se presser vers un centre commun, le bien géné
ral : Un végétatif mouvant est le soutien de la vie d'un autre, une forme qui
cesse d'être est succédée parune autre forme, passant alternativement de la vie
à la mort,de la mortà lavie;il n'y a rien d'étrange ;toutes les parties sont rela
tives au tout. L'esprituniversel qui s'étend par tout, qui conserve tout,unit tous
les êtres, rien n'existeà part: la chaîne se perpétue.Où finit-elle?.
»Crois-tu que Dieu atravailléseulementpour ton bien, ton plaisir,ton orne
ment et ta nourriture?Est-ce à cause de toi que l'alouette s'élève dans les airs,
et qu'elle gazouille ! Non, la joie exciteson chant. Est-ce à cause de toique le ros
signol fait retentir ses accents mélodieux? Non, ce sont ses amours. La semence
qui couvre la terre est-elle à toi seul? Non les oiseaux réclameront leur grain,
Est-ceà toi seul qu'appartient toute la moisson doréed'uneannée fertile?Non une
partie paie le labour du bœufqui la mérite. Sache donc que tous les enfants de
la naturepartage ses soins.
256 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
» Sache que soit douéde raison ou d'instinct, chaque êtrejouit desfacultés qui
luiconviennent le mieux, que par leur principe, tous également tendent au bon
heur, et trouvent des moyensproportionnésà leurfin ; l'instinct toujours prêt à
servir,vient de lui-même, il n'abandonnejamais; la raison manque souvent.
»Quia appris aux habitants des champs et des boisà éviter les poisons, et à
choisir leur aliment; qui apprità l'araignéeà dessiner des parallèles avec autant
de justesse; qui enseigne aux cigognes à parcourir des cieux étrangers et des
mondes inconnus?qui convoque leur assemblée? quifixe lejour du départ?qui
forme leursphalanges? et qui leur marque le chemin?
» Croyez-le lien, mon F.·., Dieu met dans la nature de chaqueêtre, lasemence
de son bonheur, c'est ainsi que l'ordre éternel règne depuis le commencement, et
que la créature est liée à la créature, l'hommeà l'homme,tout ce que le cielvivi
fiant anime,tout ce qui respire.
» Ne crois pas que dans le premier état du monde la créature marchât aveuglé
ment. C'était le règne Dieu, l'amour-propre et l'amour social naquirent avec le
monde; l'union fut le lien de toutes choses et de l'homme; alors il n'y avait
point d'orgueil; il trouva parmi les bêtes toutes les formes de société, des villes
souterraines et des villes en l'air construites sur des arbres agités;il contempla
le génie et la police de chaque petit peuple, la République des fourmis et le
royaume des abeilles, comment celles-ci, quoique soumisesà un seul maître, ont
néanmoins chacune leur cellule séparée et leur bien en propre, les loisinvariables
qui préservent leur État, lois aussi sages que la nature, aussiimmuables que le
destin; il apprit des oiseaux les aliments que les arbrisseaux produisent, et des
animaux les propriétés des herbes.
» L'homme docile obéitàses leçons, desvilles furent bâties, des sociétés furent
formées et la communication et l'amour unissaient fortement le genre humain ;
l'amour était libre, il n'y avait que les lois de la nature. Jusqu'alors chaquepa
triarche, couronné par les mains de la nature, était le pasteur de son État nais
sant et ses sujets se fiaient sur lui, comme surune seconde Providence; son œil
était leur loi, sa langue leur oracle et la félicité la plus parfaite régnaparmi eux.
Il n'y avait qu'une vraie foi et un bon gonvernement, l'une n'était que l'amour
de Dieu et l'autre l'amour de l'homme. -
» Telle est la grande harmonie du monde qui naît de l'union, de l'ordre et du
concert général de toutes choses.
» L'homme,semblableà la vigne, a besoin de support, et la force qu'ilacquiert
vient de l'embrassement qu'il donne; ainsi que lesplanètes quitournent en même
temps sur leurpropre axe et autour du soleil, de même deux mouvements compa
tibles agissent dans l'âme, dont l'un regarde la personne même et l'autre l'uni
Vel'S,
» C'est ainsi que le Sublime Architecte des mondes et la nature ont voulu que
l'amour-propre et l'amour social confondus, ne fassent qu'un.
» Ainsi, mon F.'., travaille sans cesse afin d'acquérir les connaissances néces
saires pour améliorer l'espèce humaine et lui procurer un bonheur qui n'existe
qu'avec la vertu.»
Après cette allocution, le Président lui dit :
D.'. Situ persévères,tu apprendras,parmi nous, la langue amounique (mys
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE 257
tères de l'antiquité) et l'hytopadessa, le plus ancien livre du monde, répertoire
inépuisable de la sagesse, consens-tu à poursuivre ta route?
lt.". Je le désire.
D.'. Le Ceryce lui présente un globe entouré d'un serpent et soutenu par deux
ailes de vautour déployées. Regarde (lui dit le Président) !
R.'. Je comprends quevous donniezà la terreundouble mouvement conforme
aux lois de la nature et aux calculs de la raison.
D.'. Allume ton flambeau avant l'arrivée des ténèbres.. .. Pardonne tout aux
autres et rien à toi-même..... Réjouis-toi dans la justice, courrouce-toi contre
l'iniquité.Souffre sans te plaindre. Sois bon,parce que la bonté enchaîne tous
les cœurs.
Le Ceryce prend par la main le néophyte et le fait sortir du Temple. Ils mar
chent ainsi longtemps sans s'adresser la parole, enfin arrivésauxpieds d'un syco
more qu'une touchante tradition cophtefaitvénérer encore aujourd'hui, le Ceryce
lève le voile qui couvrait encore lesyeuxdu récipiendaire.
La nuit estvenue;il le fait descendre dans un chemin étroit bordé d'un côté
par des rochers et de l'autre par des forêts ; le ciel commençaità se couvrir de
nuages, lesvoix delasolitude s'éteignirent et le calme le plus profond régna autour
de lui, mais tout à coup, le roulement d'un tonnerre lointain se fait entendre ;
ce bruit répété par les bois d'alentour, acquiert une telle force, que l'âme agitée
du néophite en est glacée d'effroi, enfin,ils arrivèrent, non sans peine, dans une
chambrevoûtée; le soltremblait sous leurs pas; le guide s'arrêteun moment et
lui dit: as-tu le courage de poursuivre cevoyage? Le néophyte insiste;ils conti
nuent leur marche au milieu de l'obscurité la plus profonde, ils arrivent parune
issue dansun sentier environnéde montagnes; les nuages abaissés disparaissent
sous l'ombrage du bois d'oliviers;un éclair rapide vient tracerun losange de feu;
le vent devient de plus en plus impétueux; le ciel s'entrouvant de minute
en minute, laisse apercevoir de nouveaux cieux et des campagnes ardentes ;
après une heure de marche,ils arrivèrentà l'entrée d'une grotte dont le fond était
fermépar une porte d'airain ; près d'elle était un homme à la figure vénérable,
d'une taille élevée ; le ciel était beau et la lune brillait de son éclat; le Ceryce dit
au néophyte : « Regarde cet homme,il a été le bienfaiteur de l'humanité; il est là
pourenseigner la vertu;tu peuxl'interroger»; le néophyte courutvers lui, c'é
tait Zoroastre,il lui dit ces paroles : « dans le doute si une action est bonne ou
mauvaise, abstiens-toi; marche dans la voie de la justice. »
Après avoir salué respectueusement ce sage, le néophyte s'avança avec son
guide vers une porte d'airain, elle s'ouvrit et se referma sur eux avectant de force
que le corps du néophyteen fut ébranlé; il jeta un regard autour de lui, le Ceryce
avait disparu. Après l'avoircherché vainement,il marche au hasard à traversdes
ruines, quelquefois il lui semblevoirson compagnonappuyé contre un obélisque,
il s'élance dans cette direction, maisil ne trouve qu'une statue mutilée, enfin, il
aperçoit à quelque distance une brillante lumière vers laquelle il se dirige avec
précaution, et se trouve sur une plate-forme où sont groupées trois personnes
inconnues qui l'entourent ; l'une prend place àsa droite,elle est à demi revêtue
d'une tunique blanche ettient à la main droite un miroir,à lagauche une bran
che du lotus, emblême solaire. Les feuilles s'ouvrent aux rayons dusoleil levant
et se ferment lorsqu'il disparaît de l'horizon, sa fleur couverte d'une espèce de du
33
258 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
vet, semble imiter le disque radieux de cette planéte, les Egyptiens consacrèrent cette
plante au dieu du jour.) Le néophyte a reconnu la Vérité ; l'autre, vêtue d'unetu
nique vert émeraude,porte un collier forméde sept étoiles brillantes,à la main
elle tientuneancre d'or, etle voyageur sourità l'Espérance; la troisième personne
resteà neufpas en arrière,à cette distance elle est à peine visible, c'est plutôt
une légère vapeur condensée qu'un être réel : le néophyte en se retournant a re
connu l'emblême de la vie humaine.
Tous marchent dans le plus profond silence, cependant le néophyte, accablé de
fatigue, soupire et nepeuts'empêcher de gémirde la longueurdu voyage, l'Espé
rance luidit : « Courage, mon enfant, là-bas c'est l'hospitalité, c'est le bon
heur. .: » la Vérité lui dit : « regarde ce miroir,il réfléchit ton passé, cherches-y
» des motifs d'espérancepour l'avenir.»
A mesure qu'ils avancent, le sentier se rétrécit toujours davantage ;il se ter
mine enfin parun édifice qui barre entièrement le passage, l' Espérance frappe
la porte de son ancre d'oret,à la grande surprise du néophyte, elle s'ouvre et leur
livre passage. Dans unevaste chambre à l'entrée de laquelleétait écrit : Asile de la
Mort, deux longues rangéesde cercueils et des momies étaient dressées de chaque
côté contre la muraille, etau milieu de cette enceinte étaient plusieurs tombeaux
de forme triangulaire ;il se disposait à sortir par une autreporte lorsque un
homme vêtu d'une robe noire, aux cheveux blancs lui dit: lis ces mots.
R.'. Le néophyte lit : Vanité des vanités, tout n'est que vanité.
D. .. Et pourquoi ici-bas, tout n'est quevanité? répond le néophite.
R. *. C'est que notre cœur est tropvastepourde sipetits objets, et qu'ils n'ont
pas étéfaits pour le remplir; c'est que Dieu,qui l'a formé, ce cœur, ne l'a formé
que pour lui, et qu'en imprimant dans nous le désir nécessaire du bonheur,il a
voulu que nous ne puissions trouver le bonheurqu'en lui seul.
Mais, pourtemieuxdétromper,va puiser au pâleflambeau de la mort de nou
velles clartés. Descends enesprit sous les voûtes sacréesqui couvrent lestombeaux,
cherches-y le pompeux cortége qui accompagnait autrefois les heureux de ce
monde, à la sombre lueur d'une lampe sépulcrale, admire les tristes monuments
de leur grandeur passée, ou plutôt, saisid'une religieusefrayeur, etparmi ce si
lence profond, vois toute leur grandeur anéantie et réduite en poussière. Évoque
ces ombres, elles te diront: instruis-toi, parnotre exemple, fouille dans ces cer
cueils, ramasse une poignée de ces cendres,voilà tout ce qui reste ici-bas de ces
hommes qui t'ont précédé dans la brillante carrière des honneurs et des pompes
mondaines ; ils te diront: lorsque nous nous endormions avec une douce et folle
sécurité au sein de la gloire et des plaisirs, tout-à-coup la mort a terminé pour
nous le songe de lavie, nous nous sommes éveillés. et quel triste réveil! Lis
ces inscriptions fastueuses, ces épitaphes chargées de noms et detitres; en t'ap
prenant que nous avons été, elles te dirontplus fortement encore que nous ne
sommes plus,et que tout ce qui passe n'est que vanité. Parmi ces inscriptions,
unjour.... bientôt, on lira la tienne ; et sil'on n'apuyjoindreà de vains éloges
celui d'une vertu constante et d'une piété solide, qu'annoncera-t-elle au monde ?
qu'ily a sur la terre un faible mortelde moins,et qu'ilya deplus dans le sein de
la mortun réprouvé !.N'oublie pas qu'il n'y a de réel que le bien qu'on a fait,
et dont on peut attendre en paix la récompense dans le siècleà venir. continue
tonvoyage, apprendsà bien mourir; que le Tout-Puissant t'éclaire de sa lumière
-LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 9
-
vive et pure, elle dissipera tout le charme de tes passions, et toutes les illusions de
ton orgueil... ettu connaîtras la vérité......
La Vérité passe la première et l'Espérance conduit le néophyte mais bientôt
elle disparait, et la vie humaine se perddans la brume commeune ombre légère ;
enfin, après un voyage dont il nepeut calculer la durée, mais quilui semble
d'une longueur extrême, le néophyte accompagnéde la Véritéparvint, abîmé de
fatigue, au pied d'un splendide portique. Les lévites, vêtus de tuniques de lin
brodées, vinrent l'aiderà franchir un précipice dont il ne peut mesurer la pro
fondeur, encouragépar la Vérité il s'élance sur l'échelle mystique, elle tremble
sous le poids deson corps, et après avoir franchi ce dernier obstacle, des jeunes
Patriarches versentsur les lèvres du néophyte quelques gouttes d'une liqueurfor
tifiante et l'introduisirent dans le temple où l'attendait un spectacle imposant.
Le temple est resplendissant de lumière et richement décoré,trois soleils bril
laient ensemble sur les nuages à l'Occident et l'aurore paraissait enflammer
l'Orient; tout était d'or;àtravers lesvapeurs de l'encens dont les nuages légers
allaient, en ondulant, se briser à la voûte, on apercevait de chaque côté de
l'édifice deux rangs pressés deguerriers, armés de glaives et la tête couvertede la
mitre égyptienne. Le sublime Daï, assis sur un trône d'ivoire, au milieu d'une
estrade couverte d'un dais aux couleurs éclatantes, attendait le récipiendaire, con
duit auprès de luipar le Ceryce. Il lui passe une robe semblableà celle des Sages
despyramides et lui dit: « Cette robe est l'emblême de pureté que tu dois
» toujours conserver, les compagnons de ton voyage ont accompli leur mission,
» va déposer le symbole de ton initiation sur l'autel. (Il le fait.) Jure de ne
rien révéler de ce quite sera confié.» Le néophyte fait ce serment,alors le fonddu
temple s'ouvre et vingt-un patriarches descendent d'unevaste galerie en marbre
de Paros, les lévites s'avancentprocessionnellement au-devant du nouvel initié,
la bannière se déroule devant lui,une douce mélodie se fait entendre et leSublime
Daï luidit : «puisque tu as surésister auxépreuves, viens recevoir la vie nouvelle
qui était préparée pour toi,»puis levant le couteau sacré,il le proclame Sage des
pyramides, et lui communique en silence les secrets que renferme ce degré; il
- termine par cette courte et touchante allocution :
« Apprends que tous les hommes sont égaux et que lajustice est basee sur la
» grande loi de la réciprocité.
» Ne prendsjamais une résolution vis-à-vis d'un homme,ton semblable etton
» égal, sans te demander à toi-même situ es véritablement prêt à lui donner de
» grand cœur ce que tute proposesà exiger de lui; ne tombejamais dans l'abîme
» sans fond de l'imposture et de l'erreur, adore Dieu, le maître de l'Univers; il
» est seul, il est unique, tous les êtres lui doivent leur existence, il agit dans eux
» et par eux, il voit tout, et n'a jamais étévupar les yeux mortels. » Ensuite le
Sublime Dai ordonne au Ceryce de conduire le néophyte à laplace qui lui est des
tinée, en prononçant ces deux mots : HoFF, oMPHET, veillezet soyez pur.... (Ces
deux mots sont phéniciens.)
Après ce discours le Sublime Daïi dit :
D.". F. .. Ceryce, faites avancer le candidat. Il lui dit : ayez-vous bien com
pris la portée des épreuves que nos ancêtres, les initiés d'Égypte, ont subies pour
obtenir le grade quevous sollicitez de nous?
260 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
R.*. Oui,Sublime Daï, et je jure de ne m'écarter jamais de la ligne droite qui
doit me conduire aupoint parfait dutriangle.
Le Ceryce présente au candidat une coupe. Le Sublime Daï lui dit : Cette coupe
est le symbole de la vie, boisà l'oubli de ton passé pour ne plus songer qu'à
l'avenir..
« Donne à ton corps, à ton âme, àton cœur et ton esprit toute la force, la
» grandeur et la perfection dont ilssont susceptiblespar leur nature; forme-toi
» pour ton Dieu, pour ta patrie, pour l'humanitédont tu fais partie, en un mot
» forme-toipour le bien.
»Vous avezvupar le discours du sage l'Odos, que dans les anciens mystères ;
» l'initiation était le symbole de l'immortalité de l'âme ; les difficultés, les dan
»gers, les privations, les ténèbres, les lieux remplis d'effroiétaient l'image de la
» vie terrestre.
» La pompe, l'éclat, la musique, un séjour délicieux, qui succédaient aux
» épreuves, étaient l'image de la seconde existence, c'est-à-dire que le néophyte
» meurtà lavieprofane pouren commencerunepluspure. »
D.'. l'ersistez-vous toujours dansvotre résolution?
R.*. Oui,Sublime Daï.
D. .. SageCeryce, conduisezjevous prie le candidatà l'autel pour qu'ilyprête
son obligation, debout età l'ordre.
Le Ceryce exécute cet ordre : il lui fait déposer le rameau d'or.-Tous les FF.·.
se rangent en triangle devant l'autel, de telle sorte que le Sublime Daï forme le
sommet et les deux Mystagogues, les angles de la base ; le candidat, la main droite
sur le cœur et la gauche sur le livre sacré de la loi, dit à haute voix :
)
Serment.
« Je jure en présence du Sublime Architecte des Mondes, de ce Sénat auguste
» etsur le livre sacréde la loi, fidélitéà notre vénérée institution.
» Je promets d'être soumis aux lois de mon pays et de pratiquer toutes les
» vertus.
»Jepromets d'être compatissant,affable, généreux, amiconstant, digneépoux,
» bon père,fils tendre, respectueux et soumis.
» Jepromets de me livrer à toutes les bonnes œuvres et de travailler constam
» mentàporter la vérité, lajustice et la paixdanstous les cœurs.
»Je promets depropager la science et la douce morale que notre rite professe
» et de n'exiger d'autre des néophytes qui voudront être admis parmi nous que
» la probité et le savoir.
»Je promets enfin amour et dévouement à tous mes FF.*.
» Que le SublimeArchitecte des Mondesmesoit en aide.
Le Sublime Dai lui pose lapointe de son glaive sur la tête et lui dit :
«A la gloire duSublime ArchitectedesMondes, au nom du Grand-Hiérophante,
je vous crée et constitue Sage des Pyramides 59° degré de l'ordre, allez en paix
et que l'esprit deDieu veille àjamais survous.
Le Sublime Dai le reléve en lui présentant la main droite, lui donne le baiser
fraternel et lui dit: «Je vous revêts d'un vêtement sacréponr nous, (il lui place
» le cordon et son écharpe), mon F. .. n'oubliez pas que le costume et l'insigne
» sont les emblêmes de l'ordre et de la dignité,ils rappellent celui qui les portent
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 261
-- - --------- -- . - =--
» aux devoirs qui lui sont imposés, età la nécessitédes'observer lui-même. »
Le Sublime Daï remonte à l'Orient, tous les FF... se rendent à leur place, il fait
avancer le néophyte et lui donne l'instruction complète de ce grade, ensuite il frappe
un coup et dit :
Proclamatlon.
«A la Gloire duSublime Architecte des mondes,au nom dugrand Hiérophante
» sublime maître de la Lumière,jeproclame dèsà présent etpourtoujours mem
» bredugrand Aréopage des Sages des Pyramides le T. .. ILL.*. F.·.N.etvous
» invite à le reconnaître en cette qualité età lui prêter aubesoin aide etprotection.
» Veuillez ILL.·. FF.·. vous joindre à moipour nous féliciter de l'heureuse
» acquisition que nousvenons de faire,à moi.»-on fait le signe et la batterie.
En place mes ILL.*. FF.·.
Conférences.
D. .. Sage mystagogue, veuillez nous faire connaître l'origine des hiéroglyphes.
R.·. Plusieurs opinions ont cours dans le mondesavantsur l'origine des alpha
bets et des hiéroglyphes: il ne nous appartient pas de décider entre ces opinions
dont chacune est soutenuepar des hommes éminents, et appuyée sur des raisons
plus ou moinsplausibles. Toutefois, l'opinion qui semble avoir prévalu le plus
universellement, est que les premiers caractères employés pour fixer les pensées
ou les images furent emblématiques, et empruntés,soit auxtravaux de labourage,
soit auxprocédés les plus usuels des arts de lavie, soit enfin aux observations
astronomiques; l'alphabet hiéroglyphique, c'est-à-dire représentant les pensées
par les images, dut précéder dès longtemps l'alphabet syllabique, qui consiste
essentiellement dans la décomposition des éléments d'un mot, et dans le groupe
ment deces éléments pourformer uneparole.C'est de l'Egypte que nousviennent
ainsi que toutes les autres connaissances, les hiéroglyphes et les premiers alpha
bets, la plupart des monuments qui couvraient la terre d'Egypte étaient revêtus
de signes hiéroglyphiques, dont l'emploi était soitde donner des indications rela
tives aux travaux de l'agriculture, aux crues du Nil, aux inondations, etc.,
soit de conserver le souvenir des événements mémorables, et de consacrer la
mémoire des souverains qui avaient illustré leur règne par des institutions utiles
et glorieuses.
Les Egyptiens, et généralement tous les peuples primitifs, avaient l'habitude
de symboliser lesgrands accidentsde la nature et les hautes spéculations philoso
phiques, de bâtir là-dessus des fables que le vulgaire prenait au pied de la lettre,
et dont la connaissance n'était communiquée qu'aux initiés ; c'est ainsi qu'ils
avaientsymbolisé la nature dans Isis, et ses mystères dans les voiles qui envelop
paient la statue de cette déesse, et dont le dernier ne tombaitjamais, même aux
yeux des prêtres; c'est ainsi encore que les Grecs avaient symbolisé les hautes
sciences dans la courtine sacrée du temple d'Apollon.
Avant les hiéroglyphes, on se servait, chez lesChinois, de cordelettes chargées
de nœuds, dont chacun rappelait un événement; à la découverte du Nouveau
Monde, on trouva également des guipos ou registres de cordelettes, dont les
nœuds étaient de différentes couleurs, et combinés entre eux;ils renfermaient les
annales de l'empire, les revenuspublics, les impôts, etc. Chezles Chinois, Fo-hi,
262 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
an 295t avant Jésus-Christ, remplaça les cordelettespar huit kouas, dont les
lignes horizontales et brisées, gravées sur des planchettes, se combinaient à
volonté; ces kouas étaient exposés dans les lieux les plus fréquentés, soit pour
donner des ordres ou avertir de quelquesolennité.
Suivant les Chinois, les traces d'oiseaux imprimées sur le sable fournirent la
première idée des caractères :Tsang-Hié, ministre de Koang-Ty, appela cescarac
tères hiao ki-tehouen, et ils servirentà tracer les premiers hiéroglyphes.
D. ..Que signifie l'Esotérisme maçonnique?
R.·. Il constitue la pensée.
D.· .. Et l'Exotérisme?
R. .. Le pouvoir; l'un s'apprend, s'enseigne et se donne, l'autre ne s'apprend,
ne s'enseigne, ni ne sedonne,ilvient d'en haut.
D.*. Que signifie le knef?
R.·. Le knef est représenté par un œuf ayant deux ailes déployées, il sym
bolise le monde qui se renouvelle sans cesse; cette figure était placée à l'entrée du
temple de Memphis, en Egypte.
D. .. Quelle était la doctrine des mystères de l'antiquité?
R.·. Cette institution était véritablement une merveille, aussi rendit-elle
l'Egypte l'école des peuples, et pour ainsi dire, le séminaire où tous les législa
teurs venaient seformer;son culte était simple etpurgé de toute espèce de su
perstition, elle enseignait aux initiés l'adoration d'un Dieu suprême, éternel,
créateur du monde, conservant son ouvrage, en détruisant sans cesse quelques
partiespour en reproduire de nouvelles ; croyantà l'immortalité de l'âme,ils re
gardaient lavie commeun moment d'exil.
La sagesse de l'Egypte devint le proverbe des nations, et tous les philosophes
voulurent être initiés à leurs mystères; Minos, Lycurgue,Solon, Zalencus et Py
thagore quittèrent leur patrie pour venir dans Memphis se faire recevoir et
apprendre la science de gouverner les hommes; cette école de la morale fut
appelée les mystères d'Isis.
Ces mystères étaient divisés en deux classes, les petits et lesgrands;-les
petits avaient pour but d'instruire les initiés dans les sciences humaines, tandis
que la doctrine sacrée était réservée aux derniers degré de l'initiation, c'est ce
qu'on appelait la grande manifestation de la lumière.
Après les conférences, le Sublime Daï frappe un coup et dit: debout età l'ordre,
mes FF.'. (il s'adresse à l'initié).N'oubliezpas que la Maçonnerie est une,et que
nousdevons les mêmes sentiments d'amitiéàtous les Maçons, quelque soit le rite
auquel ils appartiennent; il est surtout une loi dontvous avezpromisà la face de
Dieu, la scrupuleuse observance:c'est celle du secret le plus rigoureux sur nos
mystères; libre en prononçant le serment solemnel sous la foi duquel nous vous
avons admis, vous ne l'êtes plus aujourd'hui de le rompre, l'Eternel que vous
avez invoqué comme témoin le ratifie, craignez les peines attachées auparjure,
vous n'échapperezjamais au supplice de votre cœur, etvousperdrez l'estime et la
confiance d'une société nombreuse qui, en vous rejetant,vous déclarerait sans foi
et sans honneur.
Après cette courte allocution, le Sublime Daï ordonneque le Trédaka circule et
prie tous les FF.·. de nepas oublier les pauvres, ensuite il annonce la suspension
des travaux.
LEPANTHÉON MAÇONNIQUE. 263
Suspensilon des Travaux.
Le Sublime Daï frappe un coup et dit : « Debout et à l'ordre. »
D... Sage mystagogue,à quelle heure le grand Aréopage des sages des Pyra
mides doit-il suspendre ses travaux? -
R.·. Lorsque le soleil està l'occident.
D.·. Est-ce le moment de suspendre nos travaux?
R... Oui, Sublime Daï.
D.*.Sage Ized,venez recevoirune mission.
Le sage Ized monte à l'Orient, et le Sublime Dai lui dit à l'oreille : sigé et alethé
(silence et vérité), et lui donne le baiser de paix,gage sacré de l'alliance qui nous
unit; le Ized se rend auprès des 1" et 2° sages mystagogues, et après avoir rempli
sa mission, de retour à sa place, il fait brûler l'encens, et le Sublime Daï, dit :
Puisqu'il est l'heure de suspendre les travaux,joignez-vousà moi, mes FF.·.,
pouryprocéder.
Le sublime Daï descend de l'Orient pour faire la prière, tous les officiers sages
des Pyramides se placent comme à l'ouverture des travaux.
Le re,
Père de l'univers, source éternelle et féconde de lumière et de vérité, pleins de
reconnaissance pour ta bonté infinie, les sages de cet aréopage te rendent mille
actions degrâces et rapportentà toitout ce qu'ils ont fait de bon, d'utile et de
glorieuxdans cettejournée; continue, Père de miséricorde, à protéger leurs travaux
et dirige-lesvers la perfection, et que l'harmonie, la concorde et l'union soientà
jamais le triple cimentqui les unit.
Gloireà toi,Seigneur,gloireà ton nom,gloire à tes œuvres.
LeSublime Dai remonte à l'Orient, les officiers dignitaires rentrent à leurplace.
Le Daï frappe suivant la batterie du grade, cette batterie est répétéepar les deux
mystagogues, et il dit :
Ala gloire duSublime Architecte des mondes,au nomdugrand Hiérophante les
travaux sont suspendus; retirons-nous en paix, mes FF.·., et que l'esprit de
Dieuveille àjamais sur nous.-Ontermine par le signe, batterie, etc.
(La suite à la prochaine série.) J. ET. MARCONIS.
ÉTUDES HISTORIQUEs ET PHILosoPHIQUEs
sur les trois grades de la maçonnerie symbolique.
Tel est le titre d'un ouvrage remarquable par la force et l'élévation du style,
autant que par la pureté des doctrines qu'il renferme, que vient de publier un
vétéran de la Maçonnerie.
Dans un cadre tracé avec le compas du maître, le F. .. Rédarés a développé
avecunprofond savoir la théorie desgrades; chaque tableau, chaqueépreuveason
appréciation morale,philosophique et sociale.
Nous voudrions pouvoir mettre sous lesyeux de nos lecteurs tout ce qu'il ren
264 LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE.
ferme de beau et d'utile , nous nous contenterons de la leçon qu'il donne aux
mystes (compagnons),pour leur faire connaître l'empire que les sens exercentsur
les facultés intellectuelles. -
« Patience, compagnons, nous ne sommes encore qu'à la première heure de
notrejournée de travail, et la pierre angulaire qui doit servir de point d'appui
aux colonnes dutemple estàpeine ébauchée.
» Pour remplir lesgraves conditions que le premiervoyage impose, il fautque
toutes nosfacultés nous viennent en aide. Ici, nos sens nous sont aussi nécessaires
que notregénie, artères de la vie sentimentale; organes dont l'âme se sert pour
aspirer les impressions extérieures et répandreson souffle intelligent; on nepeut
rien faire sans leur concours, malheureusement, les sens sont la partie de notre
nature la plus susceptible de se laisser asservir par le mal;il faut donc toujours
soumettre leursvolontés aux règles sévères de la raison.
» Le toucher, qui a un charme sentimental si doux, siimpressionnable, nous
exerce auxflexibles et délicates épreuves de l'art, auxfines et subtiles apprécia
tions desformes,à la marchegraduée des perfections de l'ensemble, quand ce sens
a puiséses inspirations dans les études de la géométrie pratique, la main quicon
duit le ciseau et celle quitient le maillet ne s'égarent jamais, elles se maintiennent
toujours à la hauteur de la pensée qui inspire l'artiste.
» Les yeux, si susceptibles de s'égarer par de fausses apparences , et qui se
laissent si souvent séduire par l'attrait de la perspective, ou par le délire de l'ima
gination, apprécient les beautés partout où elles se trouvent,ilsguident la main
et la pensée de l'artiste, ils commentent leplan de l'ouvrage, ils en méditent les
difficultés, et le travailleur ne le quitte que lorsquesesyeux lui ont dit:il est bien.
» L'ouïe, en nous communiquant l'harmonieux langage des sens, nous rend
attentifet réservé dans notre travail. Nous le conduisons avec méthode et préci
sion; mous ralentissons ou nous activons nos coups; les subtils enseignements de
l' ouïe servent admirablement l'instinct créateur du génie et le conduisentà la
perfection. - -
» Legoût,sans lequel on ne fait rien de beau, ni de vrai, estune lumière de la
nature qui nous conduit au sublime;c'est la seule voie par où l'artiste peut attein
dreà la célébrité. C'est le goût quidonne le cachet de l'immortalitéaux œuvresde
l'esprit: voyez cette foule d'illustrations contemporaines qui tombent et s'éva
nouissent quelques jours après que les camaraderies les ont fait naître ; si elles
avaient eu le goût universel, cegoût qui préside avec précision etjustesse à la
composition d'un ouvrage, et qui le fait admirer des gens les moins intelligents,
ils seraient encore debout, comme ceux qui bâtirent les cathédrales de Milan et
de Strasbourg; et leurs noms, comme ceux des Phidias et des Praxitèle,passe
raient de siècle en siècle à la plus haute postérité.
» L'odorat, le sens le plus capricieux, le plus extraordinaire dans l' ordre de la
physiologie humaine, nous devons le considérer comme le dernier anneau de la
chaîne qui unit notre double nature;il nous sert pour apprécier la vie extérieure
de l'être matériel, sa propriété ambiante et communicative. L'odorat nous sert
encore pour distinguer les qualités essentielles de certains corps, et nous enfaci
lite l'analyse.
» Nous ne sommes encore qu'aupremiervoyage,M.·. F.·., et déjà les éléments
scientifiques, pourtravailler avec intelligence vous sont connus; tirez le rideau
du symbolisme, quien cache la vérité morale, et vous verrez l'homme matériel,
corrompupar les contagions de la terre,prêt à être moulé,taillé,façonnésur les
grandes dimensions que le grand architecte des mondes lui donna lorsqu'il le fit
a soin image et à sa ressemblance, etc. »
lmprimerie de E. DÉPÉE, à Sceaux(Seinc)
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 255
GRAND ÉLU DE LA CITÉ MYSTIQUE.
L'aréopage des Grands Élus de la Cité mystique remonte à laplus haute anti
quité, le sage roi Darius Hystaspe en est le fondateur ; il avait puisé la science
consacrée aux travaux de cette institution chez les Gymnosophistes de l'Inde,
par eux,il apprità connaître les lois qui régissent l'univers, la marche des astres
et les rites des choses sacrées, qu'il sut unir aux dogmes des Mages.
L'attention qu'ils donnaient au mouvement des astres, à leurs variations « t
aux effets qui en résultent, leur a permis de découvrir les miracles du Sublime
Architecte des mondes,et les a conduitsà reconnaître les perfections de la nature
età concevoir des idées dignesde lagrandeur du moteur de toutes choses.
Dans le but de fixer l'esprit de l'homme sur des combinaisons merveilleuses,il
a fallu se servir d'allégories et de symboles, images agréables, qui représentent
une morale pure, simple, naturelle et excitent en même tempsà la pratique de
la vertu.
L'allégorie adoptée par cet aréopage est une pyramide surmontée d'un soleil ;
cette forme qui présenteune idée de perfection, rappelle aussi la recherche de
l'art.(La tenture de cette salle représente la nature parée de la plus riche végé
tation.)
Au milieu de la Cité mystique, et au-dessus du trône, est un triangle en forme
de gloire au centre duquel brille l'œil de lavigilance.
Du côtédu midi, dansun transparent, se trouve un soleil élevéau-dessus d'un
tombeau, auprès duquel on aplacéun myrthe chargéde fleurs et de fruits verts.
On distingue dans cette enceinte différents emblêmes relatifsà l'astronomie.Sur
une petite table au pied du trône est un vase contenant des parfums etun chan
delier à neufbranches avec l'inscription : Sagesse, Justice, Bonté.
Celui du premier Mystagogue est à sept branches avec l'inscription :
Le temps, qui donne à tout le mouvement et l'être,
Produit, accroît, détruit, fait mourir, fait renaître,
Changetout dans les cieux, sur la terre et dans l'air ;
L'âge d'or, à son tour,suivra l'âge de fer ;
Flore embellit d'un champ l'aridité sauvage ;
La merchange son lit, son flux et son rivage,
Tandis que l'Éternel, leSouverain des temps,
Demeure inébranlable en ses grands changements.
V...
Celui du deuxième Mystagogue est à cinq branches avec l'inscription :
Adorons, dans sa nuit, l'âme de la nature
Qui nous prêche l'amour, lajustice, la paix.
Initié prudent, respectà la ceinture
De celle qui sur tous faitpleuvoir ses bienfaits.
Celui de l'orateur està trois branches avec l'inscription : A l'Humanité.
Celuidu secrétaire est égalementà trois branches avec l'inscription :A la Vertu
34
* . * " , - t - . - _ - , .
266 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Sur la porte d'entrée sont écrits en lettres d'or ces deux vers :
Malheurà quifranchit le seuil de cette enceinte
Sans comprendredu Sphinx l'enseignement l'atent. ..
Pour arriver à cette porte,ilfaut traverser des souterrains et surmonter tous
les obstacles, donner enfin despreuves de courage, degrandeur d'âme, defermeté
de caractère et se sentir capable, non-seulement de résister aux éléments, mais de
vaincre le monde, les passions et soi-même. Après l'ouverture des travaux, le
néophyte frappe à la porte les neuf coups mystiques ; elle s'ouvre sans le
moindre bruit ; le Ceryce en luiprésentant la main droite en signe d'amitié, caril
a fait le signe d'usage, lui dit :
«Tu dois savoir que notre institution est une école de vertu et qu'elle exige de
» ses adeptes toutes les qualités morales etphilosophiques quicontribuent le plus
» au bonheur de l'humanité.
R.". Je suis homme et rien de ce qui appartient à l'humaniténe m'est étran
ger.. L'humanité est le premier cri de la conscience et constamment la voix de
la nature, quand despassions ne l'ont pas étouffée.
D. .. Soyons hommes, c'est notrepremier devoir; soyons-lepour tous les états,
pour tous les âges, pourtoutes les conditions. Quelle sagessey a t-il pour nous
lhors de l'humanité.. Mais tu ne peux entrer parmi nous qu'en te dépouillant
des erreurs, des préjugés et principalement des défauts et des habitudes vicieuses
que tu as contractés dans le monde.
R.'. Jeprometsdetravaillersans relâcheà perfectionner mon être.
L'Aruspice luipasse l'anneau sacréau doigt annulaire; ce doigt est en corres
pondance directe avec le cœurpar le moyen d'un nerf spécial, et les anciens pa
triarches le regardaient comme leplus digne de le porter; il le conduit ensuite sur
le trépiedsacré, et le sublime Dadougue lui adresse les questions suivantes :
Exannet.
D.". Crois-tu avoir été créépour l'immortalité?
R.*. Oui, car nous sommes des émanations de la souveraine puissance, nous
avons quelque chose de sa bonté et si nous l'aimons, si nous sommes purs, nous
retournerons à elle. Mais nous devons-nous formerà l'amour du beau, du bon,
duvrai et du juste, et nous éleverjusqu'autemple Saphcnath Pancah pouryfaire
notre demeure éternelle.
D.*. Commentpeut-on connaître ce qui est divin ?
R.*. Par la connaissance de sa nature, celle qui connaît l'humanité, connaît
aussi la divinité qui est en elle.
D.*. Quelle est la puissance de l'amour?
R.·. Sa puissance est indéfinie;former la créature pour aimer et être aimée,
l'élever à laperfection par l'amour de soi et de ses semblables,voilà ce que le
Sublime Architecte des mondesveut. -
L'homme s'aime, et son intérêt le porte à se mettre en harmonie avec Dieu,
avec la nature, avec tous les êtres intelligents, avec sa conscience et avectous ses
semblables.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 967
D. .. Qu'est-ce donc que l'amour? ... - ,
R. .. L'amour est le premier sentiment d'une âme tendre, le premier besoin
d'un cœur; Dieu nous a donné ce besoinpour être le principe de la vie et du
développement de notre nature intérieure.
D.'. Quel est le sentiment quiannoblit l'amour?
R.'. Lavertu seule,sans elle il n'y a point de véritable amour sur la terre ;il
n'y a que l'homme sensible et vertueux qui connaisse le véritable amour, il n'y a
qu'unefemme chaste et pleine d'innocence quipuisse l'inspirer et le ressentir.
D.". Que serait-ce que Dieu, que la nature, que l'humanitésans amour?
R.*. Rien.-
D.'. Que serait-ce que l'univers sans harmonie?
R.'. Rien.
D.'. Queserait-ce que la vie, que toute l'existence sans aimer?
R.*. Rien.
D.'. Que serait-ce que l'éternitésans le désir d'aimertoujours?
lt.·. Rien.
D.". L'amour est donc l'âme de toute l'existence ?
R. .. Oui, il est le principe de la vie et de l'être, l'essence immortelle de l'âme
des êtres organisés, sensibles et intelligents, le germe de la nature intérieure et
divine.
D. .. Legerme de l'amonr est donc le même que legermede la vie?
R.'. Oui, c'est par sa puissance que le Sublime Architecte des mondes, crée,
conserve et régénère tous les êtres.
D.·. Pour être admis au nombre des Grands Elus de la Citémystique, il faut
épurervotre cœur, cultiver votre esprit,vousformerà la vertu;il faut aimer ses
semblablespour leur être utiles, ilfaut le vouloir et l'exécuter, et leur enseigner
la vérité; car enseigner lavéritéet faire du bien à nos semblables, c'est imiter les
œuvres de Dieu.
L'amitié maçonnique exige non-seulement l'égalité, mais encore la liberté de
l'àme, du cœur et de l'esprit, et une entière confiance dans ses amis; l'amitiéem
brasse des devoirs aussi grands que les maux dont elle voudrait tarir la source ;
enfin le véritable Maçon doit purifier tous les vices, dépouiller toutes les erreurs,
marcherà la recherche de la vérité et faire son étude assidue de tout ce quipeut
améliorer le bien-être de l'humanité.
Notre but est d'élever un temple à la sagesse dont les principes immuables
sont la vertu qu'il faut s'efforcer constamment d'établir dans nos âmes.
Notre institution ne défend que les vices : l'orgueil, la haine, la vengeance,
la duretédu cœur, le mensonge, l'ingratitude, le parjure, et l'hypocrisie; elle
n'inspire et ne commande que les plus douces et les plus sublimes vertus; n'oubliez
pas que la force de l'esprit est le triomphe de la réflexion, c'est un instinct
supérieur auxpassions, et qu'êtrejuste, c'est connaître, vouloir etfaire le bien.
Ainsi,vous le voyez, notre institution est un véritable culte qui nous ordonne
d'attaquer et de détruire l'ignorance, la misère, la dépravation, et d'amener ainsi
le règne de Dieu sur la terre.
Les cercles qui se trouvent tracés à votre droite représentent le système
universel planétaire avec le soleil au centre ; le Grand Elu, L'odos vavous expli
quer comment s'est opéré le mystère de la création.
208 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
Temple Sapcnatla Pencala
Au centre de l'espace que parcourent les astres dans leur marche régulière,
s'élève leTemple Sapcnath Pencah ; le marbre, l'albâtre ou le porphyre n'en com
posent pas l'élégante et majestueuse architecture : ces matières sont laissées aux
mortelspour construire des templesà leurs dieuximaginaires; celui de Sapcnath
Pencah est fait d'une substance plus pure : une matière subtile, essence des
éléments,compose ses colonnes qui brillent d'une douce clarté;ici elle s'étend en
longs portiques, là s'arrondit en voûtes imposantes, plus loin en coupoles har
dies ; ou bien elle forme un sanctuaire dont l'art ne pourrait imiter les religieuses
beautés. Ce séjour est rempli d'une douce lumière quidessine toutes les formes et
charme lesyeux; des génies armés d'épées flamboyantes n'en défendent pas l'en
trée : la douce bienveillance assise sous les premiers portiques, tend la mainà
l'être timide quivientyimplorer la divinité pour être admis dans le sanctuaire
des Grands Elus.
Sur le frontispice est l'image du soleil dans son éclat, au-dessous est écrit le
motineffable ; les astres sont représentés circulant autour des entablements qu'ils
décorent de leurs globes lumineux, les colonnes sont entourées de pampres et de
tous les arbustes quis'attachentau tronc des arbres; car ce temple est un abrégé
de l'univers. Entre ces colonnes, des vapeurs éthérées forment les statues des
Inommcsvertueux qui doivent servir d'instruments à l' Eternel pourfaire le bon
lheur des humains, de tous ceux que voudraient y placer la reconnaissance ou
l'admiration des peuples ; sur les faces extérieures la même matière représente
dans des cadres d'une immense étendue les trois règnes de la nature, les quatre
parties du monde ornées de leurs diverses productions, les éléments et leurs ca
ractères différents; le leverimposant du soleil,son disque étincelant roule à son
coucher sur lacime des montagneset lance ses derniers feux dans les mers azurées
dufirmament, la coupole des cieux parsemée d'étoiles scintillantes, le disque
argentéde la lune bondissant sur les vagues, les fantômes lumineux quise pro
mènent sur l'Océan au milieu de la nuit profonde ; une tempête majestueuse
rompt le niveau des mers, elle forme sur leurs plaines mobiles de longues chaines
de montagnes s'abaissant toujours et toujours renouvelées. La même main y a
représenté les plus beaux sites de la terre, les quatre saisons ornées de leurs
charmes, la pluie chaude et vivifiante qui file en traits argentés à travers les
rayons du soleil et ranime la terre auxpremiers jours du printemps, lestorrents
de chaleurondoyante que les feuxde l'étéfont élever desguérets et du sol embrasé,
les vapeurs de l'automne remplacéespar les vents sur les bords d'une prairie
couverte de tapis de fleurs roses chargées de diamants, la robe mollement ondu
lée qui, pendant le repos de la nature, couvre la terre d'une blancheur
éblouissante.
Dans l'intérieur du temple, de maguifiques bas-reliefs présentent l'histoire de
l'homme, les heureux événements qui assurent la félicitédes peuples et les actions
des mortelsillustres qui bravèrent lesfureurs des méchants pour défendre I'inno
cence et la vérité, de ceux qui, par la force de leur génie, la grandeur de leurs
conceptions et l'heureuse audace de leur cœur, préservèrent leur patrie de
horreurs de laguerre civile, et l'arrachant auxfureurs desfactions conjurées à
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 269
sa ruine, mirent fin aux calamités publiques et firent recommeneerpour leurs
concitoyens les annales du bonheur. -
Lepremier objet quifrappe les regardsdu néophyte en entrant dans ce temple
auguste, est la Beauté: fille aînée duSublime Architecte des mondes,ses formes
ravissantes lui servirent de modèle lorsqu'il donna l'être aux séduisantes,compa
gnes des hommes;à côtéd'elle est la nature, les éléments composentson existence ;
le feu le plus pur qui brille dans ses yeux,forme autour de son front une auréole
lumineuse ; le zéphir est son haleine; de légers météores s'arrondissent en bou
cles ondoyantes autour de son visage etsur son sein;toutes les fleurs quiembel
lissent la terre,tous les oiseauxqui animent les bocages sont peints sur sa robe
diaprée; l'ordre enchanteur, la ravissante harmonie, les vertus, mères des vrais
plaisirs, les génies bienfaisants, conservateurs du monde, résident avec elle au
près du Sublime Architecte des mondes, dont une délicieuse contemplation de
lui-même et de ses œuvres occupe les instants; lesgénies quil'entourentpartici
pentà sa félicité, souvent il s'entretient avec eux; ils attendent en silence, avec
avidité, les paroles sublimes qui doivent les charmer. L'Eternel,s'adressant à
l'Elu, lui dit : -
«Approche, ne crains rien, écoute :
« Les astres, soutenuspar mon bras dans l'espace, parcourent l'immensité ;
aucun obstacle ne s'oppose à leur marche dont le principe est ma volonté, dont
le but est l'exécution de mes plans; deux mouvements faits en apparencepourse
détruire, écueils des sciences humaines, les éloignant et les rapprochant sans
cesse, les retiennent dans leurs orbites, et s'opposentà ce que leur choc n'occa
sionne un épouvantable chaos; ma main toute-puissante, séparant les ténèbres
de la lumière, alluma ces flambeaux dont l'éclat éternelscintille dans les cieux;
l'astre du jour les remplit de lumière, elle s'écoule par torrents intarissables ;
d'autres soleils épars dans le vide, centres de systèmes plusvastes,yversent aussi
des torrents lumineuxsur des astres relégués aux confins de l'espace ; leurs rayons
réfléchis par les planètes se croisent, se confondent dans l'étendue, se réunissent
sur le globe habité qu'ils éclairent et qu'ils vivifient ; les éléments agités par ces
feux,y composent tour à tour la chaîne des êtres qui l'embellisent;j'aiformé le
noyau de ce globe d'une matière assez durepour que l'Océan qui le couvre et
dissout tous les corps, ne puisse le pénétrer, et se précipitant au centre, laisse
aride sa surface; deuxforces opposées ébranlent d'un pôle à l'autre cette masse
immense d'ondes accumulées dans l'abîme, et par un balancement éternel s'op
posentà leur corruption; de vastesforêts,de longues chaînes de montagnestou
jours entourées de nuages qu'elles attirent, fournissent aux fleurs leurs ondes
inépuisables ; conduits jusqu'à la mer par une pente insensible, à travers des
contrées sur lesquelles ils répandent la fraîcheur et la vie, ces fleuves versent
sans cesse dans l'Océan le tribut des ondes qui l'entretiennent à son niveau sans
jamais le combler, et lui rendent ce que les vents et les génies du feu avaient
enlevéde sa surface; des réservoirs ménagés dans le sein duglobe, le traversant
en tous sens, reçoivent l'excédant de ces tributs, et s'opposentà ce que, surmon
tant ses rives, il inonde la terre.
»Ces ondes quijaillissent du sein de la terre, après avoir parcouru des routes
souterraines, ces vapeurs qui retombent en pluie fécondante, échauffées par les
feux de l'astre dujour, s'unissentà la matière,font fermenter la masse inerte,
970 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
immobile, de laquelle naissent,à laquelle retournent tous les êtres créés ; elle se
gerce,se soulève de toute part, et se couvre d'une couche de verdure; elle nourrit
d'immenses forêts habitéespar les animaux, des bocages délicieux réservés aux
mortels ;depuis les célestes intelligences jusqu'à l'homme, et depuis l'homme, le
premier dans l'ordre des esprits unis à la matière, jusqu'au végétal animéqui
naît etfleuritsur les rives de l'Océan,une suite innombrable d'êtres existe sur le
globe; l'air, la terre, les eaux fourmillent de vie, touty est rempli d'animaux
dont les formes et les mœurs variées à l'infini, dont les espèces impérissables
attesteront àjamais ma puissance et la féconditéde mon génie créateur ; des lé
gions d'insectes aux ailes étincelantes, nés dans le cristal des eaux,voltigent sur
leurs bords etviennenty déposer les fruits de leurs amours aériens ; au sein même
des ondesimmobiles et verdâtres dont l'homme s'éloigne comme du séjour de la
corruption,vivent desêtres qui,par leur simplicité,se rapprochent des éléments;
ces êtres, longtemps inconnus aux mortels qui ne soupçonnaient pas leur exis
tence,s'y nourrissent des sucs que la dissolutiony rassemble, et les font rentrer
dans la masse de la matière animée, en servant de pâtureà d'autres êtres ; les eaux
réunissent toutes les parties du corps usées par le frottement et les rendent à la
terre; lorsque de son sein échauffépar le soleil s'élèvent desvapeurs que le crépus
cule et l'aurore teignent des plusvives couleurs, l'atmosphère les reçoit et les
verse en pluies fécondantes, les corps décomposésservent à la formation d'autres
corps; la génération des êtresvivants respire avec l'air les émanations de celle
quivient de s'éteindre; les enfants sont les cercueils de leur père, tous sortent de
cette matière animée,tousy rentrenttouràtour: elle est la mère du monde sans
cesse renaissant de ses ruines; rien ne peut s'y égarer ou se détruire, il ne périra
pas.
Après ce discours, le Sublime Dadougue s'adresse au néophite en ces
tcrmes :
Si l'homme a l'intelligence, la force et le vouloir de soulever le voile qui
couvre les mystères de la nature,il saisira l'étendue de sesvastes plans, les nom
breux moyens qu'elle emploiepour les exécuter; il connaîtra lesphénomènes du
feu qui pénètre, anime et modifie la matière, celle dufluide qui compose les corps
par la condensation de ses parties, celle de la lumière, mère des illusions, créa
trice de toutes les formes, detoutes les couleurs qui l'embellissent; il connaîtra
les éléments, leurs combinaisons constamment échappées à ses recherches; les
ténèbres qui cnveloppent les dernières limites des connaissances humaines se dis
siperont; il saisira d'un regard cette longue suite de principes et de conséquences
que les travaux et les lumières des hommes degénie accumulèrentpour enformer
les sciences, monuments,par leur étendue, de la supériorité de l'homme sur les
ètres qui l'entourent, et de sa faiblessse, par leurs limites qu'il ne peutfranchir ;
son esprit, semblable auflambeau qui s'obscurcitpar sespropresvapeurs, bril
lera comme laflamme la plus pure, et répandra sur tous les objets une douce
clarté. »
Lorsque tes regards auront contemplé la Cité mystique, connu toutes ses
beautés, saisi les rapports entre toutesses parties, ils se porteront sur l'immense
labyrinthe que les astres parcourent;tu jouiras de l'harmonie céleste de ces corps
marchant dans l'espace à des distances combinées, mus par le bras de l'Eternel,
guidés par des intelligences filles de la pensée, dépositaire de sa toute-puissance
LE PANTHÉON MAçoNNIQUE. 271
Ces génies développeront à tes yeux étonnés des spectacles plusgrands et plus
sublimes que ceux que la nature peutt'offrir; tu contempleras avec étonnement
des corps d'un volume immense disposés dans l'espace qu'ils traversent, accom
gnés d'un cortége pompeux de planètes et d'étoiles scintillantes d'une lumière
plus pure que celle de l'astre du jour; tuverras ces mondes nouveauxpeuplés
d'êtres comme toi destinésà l'éternelle félicité; êtres supérieurs, dont les formes,
les qualités et les modifications n'étaient pas soupçonnées par ta faible intelli
gence.
Leplaisir de ces contemplations sublimes remplira pourtoi l'éternité;tes facul
tés, toujours croissantes, se développerontpour embrasser tant de merveilles, les
charmes de la vérité brilleront à tesyeux dans tout leur éclat;ton imagination
embrassera l'univers, sesvastes conceptions renfermeront tout ce qui est, tout ce
qui peut être; ton esprit, toutes les pensées que peut former une intelligence;tu
connaîtras l'universalité des rapports, l'ensemble des systèmes célestes accumulés
par la main puissante du Sublime Architecte des mondes,sur d'autres systèmes
jusqu'aux confins de l'immensité;tu connaîtras les forces et les mouvements de
ces mondes, dont l'union et les rapports enfantent l'harmonie de l'univers.
D. .. Crois-tu qu'il existe des esprits célestes formantune chaîne invisible de
l'homme à Dieu,semblableà celle qui existe de l'homme à la brute ?
R.*. Oui. Je crois que des célestes intelligences avouées par les traditions les
plus anciennes et les plusuniversellement répandues, des esprits purs, éclairés de
la lumière divine, brûlant des feux de son amour, s'élèvent de degré en degré
jusqu'au trône de sa gloire, et sont les ministres de ses volontés dans ce monde
des intelligences;tous ces csprits dégagés de la matière, et continuant néanmoins
la chaîne des êtres, en forment une nouvelle entre eux,telle que nous l'offrent,
dans ce monde visible, les êtres matériels,sensibles, animés, et ceux quiunissent
comme nous une substance spirituelle à une substance corporelle, l'esprit à la
matière; leSublime Architecte des mondespréside à tout, tenant le fil de nos
destinées,voulant le bonheur de ses créatures, selon la mesure qui leur convient,
et en proportion de nos mérites.
· « Regarde le soleil, il va disparaître; il symbolise la vie sur la mort, le
présent sur le passé: c'est la mort quiproduit la vie.Au-delà du tombeau com
mence notre activité. Ici-bas, c'est le pays des erreurs,du doute et de la croyance.
C'est après avoir franchi le royaume de la mort que tu trouveras le règne de la
certitude,de la conviction, etta vraiepatrie.»
Le Ceryce s'avance vers le néophyte, et lui aspergeant la tête, lui dit :
« Je te purifie à la lumière (sur les yeux), à la sagesse (au front), à la vérité
» (les mains),à l'immortalité. »
D.'. En combien de règnes se divise la nature?
R.'. Elle se divise en trois règnes;chacun d'eux est triple et n'en forme qu'un
par le delta.
Le delta est l'emblême de la force productive de la nature et de l'harmonie
qui règne entre tous les corps; il est le type de la perfection divine, savoir : le
règne minéral symbolise Tub.·., - le règne végétal symbolise Chèb.'., - le
règne animal symbolise Mach.*.
Le Passé, Le Présent, L'Avenir,
La Naissance. La Vie. La Mort.
272 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
L'édifice maç.. repose sur un carré dont les angles expriment les mots sui
vants : - Silence,- Profondeur,- Intelligence,-Vérité.
D.-, Connaissez-vous l'origine et la signification des nombres maç..
R... Oui, sublime Dadougue. -C'està Euclide, à Pythagore,à Archimède,
que sont dus les nombres; en les adoptant, on doit s'imposer l'obligation
d'étudier les motifs qui ont déterminé les anciensà les regarder comme sacrés et
à leur attribuer les plus grandes propriétés. Voici quel a été le résultat de cet
G*Xalll6 I :
L'Unité n'ayant point de parties, doit moins passerpour un nombre que pour
le principegénérateur des nombres; c'est, disait Pythagore, l'attribut essentiel, le
caractère sublime, le sceau même de la Divinité; l'unité exprime le GrandTout, .
c'est-à-dire l'Eternel créant et animant la matière exprimée par zéro.- Le nom
lbre Deux exprime l'homme et la femme, les choses créées.-LenombreTrois sym
bolyse lesvertus que l'homme doit posséder : la foi, l'espérance et la charité; il
s'applique auxtrois principes chimiquesqui donnent l'animationà tout l'univers :
le sel, le soufre et le mercure; aux trois règnes de la nature : végétal, minéral,
et animal; âme, esprit et corps; naissance, existence et mort; siccité, humidité,
putréfaction. Detout temps les anciens onttémoignépour le nombre ternaire une
très-grande déférence.- Le nombre Quatre est celui par lequel les anciens
peuples représentaient la nature comme nombre de coporéité, ce nombre se
trouve assez généralement sous deux formes : dans le temps et l'espace.
En effet , n'y a-t-il pas quatre points cardinaux , et les saisons ne se
divisent-elles pas également en quatre?Ce nombre enfin renferme tous les mys
tères de la nature, et exprime la force, la prudence, la tempérérance et lajustice.
–LenombreCinq, renfermédans le centre des composés, est la quintessence de la
nature. Les anciens le regardaient comme étant le favorisé deJunon.-Le nombre
Six renferme la source de notre bonineur.-Le nombre Sept se rattacheà tous les
systèmes,et lessages prétendent qu'il régit l'univers; c'est dans cette pensée qu'on
a exigé sept officiers principaux pour diriger un atelier maçonnique; il nous
rappelle les sept jours que le Sublime Architecte des mondes employa à la con
struction de l'univers, les sept sphères connues des anciens, auxquelles corres
pondent les sept jours de la semaine, les sept couleurs primitives et les sept tons
harmoniques, ce nombre est enfin le plus parfait. - Le nombre Huit est le
symbole des élus parfaits.- Le nombre Neuf, composé de trois fois trois, est
le plus sublime; il était célébré dans l'antiquité, selon les Gymnosophites de
l'Inde; chacun des éléments qui constituent nos corps est ternaire, et offre à .
l'esprit l'emblême de la matière qui le compose sans cesseànosyeux, après avoir
subimille décompositions.-Le nombre Dix contient l'Unité qui a toutfait et le
Zéro, emblême de la matière et du chaos. Il comprend dans sa figure la vie et le,
néant, la puissance et la force, le commencement et la fin de la science divine.-
Le nombreOnze est le plus multiplicatif, attendu qu'avec la possession des deux
unités, on arrive à la connaissance de la nature et des choses.-Le nombre douze
exprime les Douze opérationsde la nature et les signes du zodiaque., -
D.*.Que signifie le centre de la circonférence? - - i - ) .
R.". L'esprit universel. - - r -
D. .. Qu'appelez-vous ligne asymptote? " -
R.'. On appelle en géométrie ligne asymptote une ligne droite à côtéde la
- . -
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE 273
quelle se trouve une ligne courbe quis'approche continuellement et à l'infinisans
pouvoir se rencontrerjamais : c'estun symbole de l'éternité.
D.·. Existe-il dans la Maçonnerie un secret indépendamment des formules et
des signes?
R.·. Oui. Quelques hommes le connaissent encore, il a traversé les temps sans
éprouver l'altératien la plus légère, il existe tel qu'il était, lorsque renfermé dans
les temples mystérieux de Thèbes et d'Eleusis, il excitait la véuération du monde ;
laissons les successeurs des Hiérophantes choisir leurs disciples. Bien des per
sonnes sont trompées et supposent que nos mystères n'existent que de nom;
celui qui n'estpas véritablement Maçon, comment peut-il le connaître, et s'il est
initié de l'Esotérisme, comment peut-il le dire insignifiant. Les formes ont été
introduitesà dessein, pourvoiler la haute philosophie du système aux espritsvul
gaires, non-seulement des profanes, mais encore des initiés. Envahie pour
ainsi dire, et prise d'assaut dans les grades symboliques, la Maçonnerie.
s'est réfugiée dans des grades supérieurs dont elle rend l'accès plus difficile
Les mysthes ou initiés de l'antiquité étaient secrètement divisés en plusieurs
classes, et la plusgrande partie ne possédait que des mots et des signes. Nous ne
devons pas nous étonner que les chefs de la Maçonnerie moderne aient suivi cet
exemple. Je crois que cette sublime institution,pour être comprise, doit être l'é
tude de la vie entière de l'homme; elle renferme la sagesse et la science, si toute
fois ces deux mots ne sontpassynonymes. Ilseraitpartrop commode d'acquérir,
de suite, sans peine, au prix de quelques écus, ce qui n'a été pour les anciens
initiés, que la récompense due à de longs et consciencieux travaux; c'étaient
cependant des hommes de choix,sacrifiant à l'initiation, fortune, parents, amis,
patrie. Combien en est-il parmi les nouveaux Maçons, capables de tels sacrifices?
1.e sublime Dadougue lui adresse encore quelques questions sur les sciences
occultes, lui donne l'explication des hiéroglyphes et lui dit :
« Regarde ! ces nuages que tuvoisqui arrêtent ton intelligence,situ as laper
sévérance, tu en pénétreras l'obscurité; la nature te livrera son secret et la raison
des ressorts tout-puissants ; consulte le ciel, le plus beau et le plusgrand detous
les livres,parce qu'il est écrit par Dieu lui-même.
N'oublie jamais que ces myriades d'êtres qui peuplent l'univers, et dont le
Sublime Architecte des mondes connaît seul le nombre, ne sont que les membres
d'une même famille, ce sont tes FF.·., parce qu'il n'y a qu'une seule essence
vitale, qu'une seule natured'âme, qu'un seulsouffre divin.»
Le Ceryce conduit le néophite aupied de l'autel pouryprêterl'obligation d'usage ;
sur un signe du Dadougue tous les Grands Élusde la Cité mystique sont debout et à
l'ordre :
Le Dadougue place ses deux mains au-dessus de la tête du candidat et il dit :
« Sublime Architecte des mondes, chef et père de cette raison qui habite en
nous, daigne nousfaire ressouvenir de cette grandeur que nous avons reçue de
toi,fais qu'elle nous aide à nous purifier des passions déraisonnables,à nous
rendre supérieurs à elle, en sorte que nous ne nous servions de nos organes que
d'une manière convenable ; daigne éclairer d'un rayon de la lumière divine le
néophyte qui vient parmi nous; reçois l'hommage de son amour, bénis nos
. travaux, dissipe les nuages qui couvre nos yeux afin que nouspuissions devenir
digne de tes bontés.»
35
274 LE PANTnéoN MAÇONNIQUE.
--------- --------- -- --------- -
En s'adressant au néophyte : . .
D.°. Vois-tu le bien ?
R.'. Oui, sublime Dadougue.
D.·.Tupeux le faire ?
R. .. Oui, etje jure de faire le bien partout où besoin sera.
« N'oublie pas que l'homme eat un étre matériel et mortel par son corps ,
spirituel et immortel par son âme; qu'il tient, par l'une de ces deux substances
dont il est composé,à tout le monde sensible, et par l'autre à Dieu mème ; qu'il
est placé sur la terre pour être comme le roi et le pasteur de la nature afin d'en
rendre l'hommage à son auteur.
Tujures et promets de propager la science, la lumière et la douce morale que
cet aréopage professe?
R.-.Je le jure.
D.·.Tupromets amour et dévouementà tes FF.'.
R.-.Je le jure.
D.-. L'homme a pour première loi la raison suprême, il est doué de la noble
faculté de connaître la vérité et la justice.Tupromets de n'enseignerque la vérité
et de pratiquer la justice?
R**. Je le jure.
D.·. Que le Sublime Architecte des mondeste soit en aide. (ll lui pose le cou
teau sacrésur la tête et lui dit : ) A la gloire du Sublime Architecte des mondes
je te consacre Grand Élu de la Cité mystique (il le relève et lui donne le baiser de
paix,gage sacréde l'alliance éternelle qui nous unit). Après lui avoir placé lesin
signes de son nouveaugrade,il lui fait connaître la parole sacrée, etc., et le pro
clame Grand Élu, ensuite chacun des membres de l'aréopage lui donne en silence
l'accolade fraternelle ; pendant cette cérémonie, empreinte de la plus douce fra
ternité, la colonne d'harmonie fait entendre des sons mélodieux.
Tous les Grands Élus sontà leur place, le silence règne et le sublime Dadougue
dit en s'adressant au premier Mystagogue :
D.". Veuillez nous lire quelques pages du grand livre des maximes.
GRAMI) LIVRE DES MiAXIMES.
« L'erreuret la souffrance sont les deux sentierspar lesquels l'homme doit passer
pour arriverà la vérité et au bonheur.
N'attristons point le cœur du pauvre qui est déjà accablé de douleur, et ne
différezpoint de donnerà ceuxqui souffrent.
Situsupportes des injures,console-toi, levrai malheur est d'en faire.
L'existence de Dieu est une vérité de sentiment et d'évidence immédiate, c'est le
premier et le fondement de tous les axiomes.
S'étonner d'une belle action, c'est s'avouerincapable de lafaire.
L'amitié n'est pour lagénéralité des hommes, qu'un vil commerce dans lequel .
chacun espère retirer un intérêt usuraire de ses avances. -
Se fier à tout le monde est d'une âme honnête, ne se fier à personne est d'un , .
homme prudent. -
LE PANTHÉoN MAçoNNIQUE. 23
T -T - - -- T - -- T------------------------------ ---
Si rien n'est pénible comme la demande d'un service, rien n'est beau comme dela prévenir. - i
On donne toujourstrop tard quand on s'est laissé demander.
Placerses bienfaits est d'un homme, les semer est d'un Dieu.
Il est d'unegrande àme de repousser les injurespar des bienfaits.
, La médisance est une petitesse dans l'esprit ou une noirceur dans le cœur, elle
doit toujours naissance à la jalousie, à l'envie, à l'avarice ou à quelque autre
passion ; elle est la preuve de l'ignorance et de la malice; médire sans dessein, c'est
bètise ; médire avec réflexion, c'est noirceur;que le médisant choisisse, qu'il opte :
il est insensé ou méchant. - i --
Sivous êtcs persécuté, ne vous vengezpas; il n'existe que deux sortesd'ennemis :
les méchants et les ignorants; tâchez d'améliorer les uns,instruisez les autres, la
persuasion réussit mieux que la vengeance.
L'humanité ressemble à un enfant qui vient au monde pendant la nuit: ce n'est
qu'en passant à travers les ténèbres qu'elle peut arriverà la lumière.
- La justice est la seule providence des mations, elle est le diapason de toutes les
vertus.
Ne souffrons pas qu'un seul de nosjours s'écoule sans avoir grossi le trésor de
nos connaissances et de nos vertus.
S'abandonnerà la colère, c'est venger sur soi la faute d'un autre.
Ia colère commence par la folie etfinit parle repentir. - - ___ -
L'égoïsme est une sorte de vampire quiveut nourrir son existence de l'existence
des autres.
L'union, quand elle est parfaite, satisfait tous les désirs et simplifie les besoins ;
elle prévient les vœux de l'imagination, elle remplace tous les biens ; c'est une
fortune devenue constante. - -
Unhomme ne devrait jamais avoir honte d'avouer ses torts; car faire de pareilsaveux, c'est dire seulement qu'on est plus sage aujourd'huiqu'on ne l'était hier.
Le tempsuse l'erreur et polit la vérité. -
On ne saurait trop respecter rinnocence de l'enfant; médites-tu quelque action
dont tu doives rougir, songe à ton filsau berceau.
Il faut aimer un ami pour le bonheur d'aimer et non pour le profit qu'on enpeut attendre. - , - rr
L'homme le plus parfait, est celui qui est le plus utileà ses frères. -
I'homme sans conscience réussit parfois dans le mal, mais arriveun Jour ou ses
fautestournentà sa ruine. -
Avant de s'exposer au péril, il faut le prévoir et le craindre ; mais quand on y
est,il ne reste plus qu'à le mépriser. - .
Danstous les genres, la vérité està la fois ce qu'il y a de plus sublime, de plus
simple, de plus difficile et cependant de plus naturel.
si l'on voulait n'etre qu'heureux, cela serait bientôt fait, mais on veut ètre plus
heureuxque les autres, et cela est presque toujours difficile, parce que nous voyons
les autres plus heureux qu'ils ne le sont.
La flatterie est un abîme creusépar le vicepouryfaire tomber la vertu.
Si le repentir sincère ne rend point l'innocence il fait pardonner les fautes les
plus graves.
a , l --
276 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
------------------------------------
La conscience est le don le plus précieux que Dieu ait faità l'homme; elle nous
instruit des vices que nous devons éviter, des vertus qu'il nous faut pratiquer ;
c'est unjuge continuel et sévère auxarrêts de qui nul mortel ne saurait se dérober.
Dieu fit de la consciencepour l'homme un ami auquel la flatterie est étrangère,
qui supplée parfois à notreinexpérience et que nous devrions toujours consulter
avant d'agir.
Ce n'est pas dans le don que consiste la vraie libéralité, mais dans la façon de
le faire.
Parun sentiment d'équité bien naturel, lorsque nousvoulonsjuger les autres,
faisons un retour sur nous-mêmes ; plus nous avons besoin d'indulgence,plusil
est de notre intérêt d'étendre sur les faiblesses de nossemblables le voile bienfai
sant qui doit en dérober la connaissance et la malignité.
Réjouis-toi dans la justice, courrouce-toi contre l'iniquité, souffre sans te
plaindre.
Respecte l'étranger voyageur, aide-le,sapersonne est sacréepour toi.
Aime les bons, plains les faibles,fuis les méchants, mais ne hais personne.
Le culte le plus agréable au Sublime Architecte des mondes consiste dans les
bonnes mœurs et dans la pratiqucdes vertus. -
Tiens toujourston âme dans un état assez pur pourparaitre dignement devant
le Sublime Architecte des mondes.
Evite les querelles,préviens les insultes, metstoujours la raison de ton côté.
Parlesobrement avec les grands,prudemment avec tes égaux,sincèrement avee
tes amis, doucement avec lespetits,tendrement avec les pauvres. -
Ne flatte point ton frère, c'est une trahison; si ton frère te flatte, crains qu'il ne
te corrompe. - l - -
Si le Sublime Architecte des mondes te donneunfils, remercie-le, mais tremble
sur le dépôt qu'il te confie ; soispour cet enfant l'image de la Divinité, fais que
jusqu'à dix ans il te craigne, que jusqu'àvingt il t'aime,quejusqu'à la mort il te
respecte;jusqu'à dixans sois son maître, jusqu'à vingt ans son père,jusqu'à la
mort son ami;penseà lui donner de bonsprincipes plutôtque de belles manières ;
qu'il te doive une droiture éclairée,et non pasune frivole élégance ;fais-le honnête
hommeplutôt qu'habile homme. * -
Si tu rougis de ton état, c'est orgueil; songe que ce n'est pas ta place qui
t'honore ou te dégrade, mais la façon donttu l'exerces.
Ilfautde grandes ressources dans l'esprit et dans le cœurpour aimer la sincérité
lorsqu'elle blesse et pour la pratiquer sans qu'elle offense;peu degens ont assez
de fond poursouffrir la vérité et la dire. -
Ceux qui n'ont que de l'esprit ont du goût pour les grandes choses et de la
passion pour les petites.
Les grandespensées viennent du cœur.
Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil de l'hiver.
Si l'ordre domine dans le genre humain, c'est une preuve que la raison et la
vertuy sont les plus fortes.»
Après la lecture des maximes, le Dadougue procèdeà la suspension des travaux,
suivant le rituel.
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE 277
SUBLIME MAITRE DU GRAND CEUVRE,
Le temple forme un cube correspondant au nombre quatre, nombre par lequel
les anciens représentaient la nature; sa longueur a trois unités, ainsi que sa lar
geur, et représente la trinité simple; en doublant les unités, la trinité double, et
en multipliant les nombrespar eux-mêmes, latrinité triple; toutes les dispositions
de l'intérieur du temple se rattachent symboliquement au même système, lavoûte
étoilée comme le firmament est soutenuepar douze colonnes quifigurent les douze
mois de l'année, la plate-bande qui les couronne s'appelle zodiaque, et les douze
signes sont représentés par desfigures allégoriques, si bien faites que l'on est
tenté de les croire animées, enfin,toutes lesparties du temple correspondent à
celles de la nature; ces différents emblèmes retracent l'harmonie du monde.
Le trône est placéà l'Orienton y arrive par sept marches représentantfigurati
vement les septjours que le Sublime Architecte des mondes mit à la création de
l'univers, et septvertus savoir: l'amour de Dieu et des hommes, la patience, la
prudence, la vigilance, la justice, laforce et la tempérance,vertusindispensables
à l'homme pour acquérir la science et la connaissance de toutes choses.Adroite du
trône richement décoré est la statue dugrandJéhovah, elle tient d'une main un
sceptre d'or;àgauche est la statue d'lsis, la déesse est représentée tenant dans la
main droite un serpent; de chaque côtédu trône sont dessinés des vergers, rem
plis d'arbres; chargés des fruits mûrs, et des fruits verts.Ces fruits, allégorie du
merveilleux, signifient que le travail, guidépar la sagesse, est toujours couronné
d'un plein succès; au pied du trône, brûle sur un trépied de l'esprit de vin dont
les flammesbleues et blanches ressemblentà la lumière blafarde d'un pâle météore
igné.Lorsque le néophyte est introduit dans le temple, les sept officiers dignitaires
ont devant eux, sur leur table, un chandelierà sept branches resplendissant de
clarté.
Le 90°degréde l'ordre maçonnique est parfait, puisqu'en géométrie un angle
droit est de 90degrés, et que l'angle droit d'un triangle rectangleest égalauxdeux
autres; or, les troisséries dontse compose le rite primitif, sont le symbole des trois
côtés d'un triangle rectangle, et renferment toute la science maçonnique. Lorsque
le néophyte est suffisammentpréparé, a donné l'explication des fables allégo
riques de l'antiquité, de la croix mystique des Izeds, de la sublime rose de la région
de Kab, du palmier de la vallée d'Ody, de la chaine Libyque et de la couronne
héraldique des Hiérophantes, on l'introduit dans le sanctuaire de Masziat. LeCe
ryce luifait connaître les mythespoétiques et religieuxde l'antique Orient, la lan
gue amounique (mystérieuse) lui explique les vedas sacrés et le feu vivant régéné
rateur,grande manifestation de la lumière; il le conduit ensuite à la porte du
Parvis du temple et lui dit) «frappe (il obéit, la porte s'ouvre,) marche avec le
flambeau de la raison dans la recherche de la vertu, elle n'a pour objet que l'élé
vation et l'annoblissement de l'esprit humain.
Arrivé dans le Parvis du temple,il se trouve bientôt environné d'hommes re
vêtus de longs vêtements blancs, semblables à des suaires :un bruit singulier se
fait entendre, il ressemble au claquement que produit des os entrechoqués. Après
un lugubre silence, l'un d'eux le prend par la main et lui dit ces paroles :
278 LE PANTHÉON MAçONNIQUE.
«Sois toujours attentifaux leçons de la sagesse et de l'expérience,quejamais la
voix de l'infortune netrouve ton oreille insensible, mais ferme-la toujours aux
séductions duvice, auxsophismes de l'erreur et auxsuggestions de l'injustice.
Quetes yeux apprennentà lire dans le livre sublime de la nature et qu'ils s'ou
vrentaux rayons de la lumière.
( Le néophyte est introduit dans le temple avec le plus grand appareil,cérémo
nies, langage, ornementation extérieure, tout doit se préter nerveilleusementà
l'illusion,tout doit porterun cachet frappant de couleur locale en harmonie avec
le rite de l'antique Orient; le sublime Daï orne le néophyte d'une tunique blanche
et lui présente unverre.)
« C'est le breuvage de Lotos,(luidit-il) bois l'oubli des sentences mondaines.»
L' un des sublimes maîtres, placé auprès du sublime Daï, lui adresse la parole,
et lui dit :
D.'. Comment comprends-tu l'homme intéressé? - - _
R.'. L'intérêt estune source féconde d'injustice et d'aveuglement,il ne connaît
d'autre règle de vérité, d'autre mesure de ce qui estjuste que ce quilui est utile,
et en général d'autre utilitéque celle du moment;poursejustifier à lui-même ses
excès, il change le bien en mal, et le vice envertu; le F.*. Lamotte nous dit :
L'intérêt d'un seul mot se fait une raison,
Et, lorsqu'il s'érige en apôtre,
Ce qu'il nous défend sous un nom,
Il nous le permet sous un autre.
l).'. Et la liberté.
R.'. La liberté est le pouvoir qui appartientà l'homme de faire tout ce qui ne
nuit pas aux droits d'autrui, elle a pour principe la nature,pour règle la justice,
pour sauvegarde la loi; sa limite morale est dans cette maxime: ne fais pasà un
autre ce que tu ne veuxpas qu'il te soit fait ?
D.'. D'où nousviennent les erreurs.
R.'. Les erreurs qui nous viennent des senssont d'autant plus funestes qu'elles
altèrent davantage notre manière de juger sur ce qui intéresse les mœurs; la
morale des sens,si on peut l'appeler ainsi, est toute différente de celle de la rai
son, de celle de l'esprit et du cœur, elle abrutit l'homme, elle dénature ses idées
sous le prétexte et avec laprétention mêmede les rendreplusconformesà la nature,
elle déprave sespenchants; elle fait les matérialistes, les égoïstes, et produit tous
les genres de faiblesses et tous les vices; celui au reste qui boit à longs traitsdans
la coupe de la volupté, ne retrouvera au fond que l'âcreté des remords et le fiel
du repentir.
D.'- Que pensez-voustouchant la suprême imtelligence.
R.'- Il est évident que la cause première est toute-puissante puisqu'elle a tout
produit ; quantà sa suprême intelligence nous allons l'établir surun principe d'a
nalogie, qui, s'il ne donne pas une certitude mathématique, jouit au moins d'une
probabilité équivalente à la certitude.
Tout végétal nait, croît, se nourrit, décroît et meurt, cela suppose dans les
moléculesde sa semence une conformation propre à produire ces divers effets, et
LE PANTHÉON MAÇONN1QUE. *39
---------- _ .___ - _ - _ - - --- -- --
en produit d'autres semblables par un mécanisme propre à opérer cette repro
duction. " . -
L'animal a un double mécanisme : il renferme un être pensant et un corps qui
lui est uni, de manière qu'ils agissent l'un sur l'autre, et qu'il ne résulte des deux
qu'un seul. -
Enfin, l'homme est douéd'un mécanisme bien plus parfait que celui des autres
animaux; ceux-ci naissent vêtus et armés, l'homme vient au monde nu et sans
armes; ainsi il est donc privé en naissant des moyens que la nature fournit aux
brutespour se défendre des injures du temps et des attaques de leurs ennemis,
mais elle l'a doué d'une faculté particulière, de la raison, au moyen de laquelle
il sait se procurer des vêtements et des armes sipuissantes, qu'ilparvientà sou
mettre à son empire les animaux les plus robustes et les plus substils;parconsé
quent, c'est l'homme qui, sur ce globe, nous offre le mécanisme le plus parfait ;
celuidu végétal est purementphysique, celui de la brute est physique etintellec
tuel, mais celui de l'homme est physique,intellectuel et moral.
D. .. Quelle idée nous ferons-nous de l'intelligence divine?
R.*. Nous ne devonsyfaire entrer que ce que l'analogie exige; c'est la faculté
de connaitre : Dieu savait ce qu'il faisait etpourquoi il le faisait.
Quant à la manière dont il connaît, l'analogie n'en dit rien, car il suffit que
l'auteur d'une machine connaisse ce qu'ilveut faire et puisse l'exécuterpour que
l'effet ait lieu, et la manière dont il connaît ou dont il agit n'yfait rien.
L'univers n'est,à proprement parler, qu'une machine ; les lois du mouvement
sont les mêmes danstoute la nature, les grandes masses et les atomesysont éga
lementsoumis; on voit que tout a étéformé d'un seuljet, et n'a eu pour prin
cipe qu'un seul dessin , qu'une seule volonté, et l'on doit conclure de là que
l'univers n'a eu qu'un être pour constructeur et pour premier moteur.Ainsi la
cause première de tout ce qui existe, est souverainement intelligent et puissant :
il n'y en a qu'un, et il est éternel.
D. .. Qu'est-ce que lespassions?
R. ..Tout ce qui vit, tout ce qui est animé, éprouve presque sans interruption
des sensations, ou ce que l'on appelle des passions.
Chaque passion étant l'expression d'un besoin, il y a nécessairement des gestes
et des expressions physionomiques qui correspondent à telle ou telle exigence de
notre existence organique et morale; ces passions sont rangées dans quatre classes :
passions tranquilles et agréables,passions tristes et douloureuses, passions vio
lentes, passions terribles.
L'admiration appartientà lapremière classe, le désirà la seconde, la crainte à
la troisième, et la colère à la quatrième.
L'admiration est une surprise qui fait que l'âme considère avec attention les
objets qui lui semblent rares et extraordinaires.
Le désir est une agitation de l'âme disposée à vouloir les choses qu'elle se re
présente lui être convenables; on ne désirepas seulement la présence du bien ab
sent, mais aussi la conservation du bien présent.
La colère est une agitation qu'excitent successivement ladouleur et la hardiesse.
Viennent ensuite les passions,presque toutes nobles, qui dérivent de la har
diesse, et dont l'assurance forme le fond: l'audace, qui va plus loin qu'elle, qui
est plus emportée, qui montreplus de hauteur et plus de fracas, dans ses mouve
280 LE PANTHÉON MAçoNNIQUE.
ments désordonnés; le courage, qui est plus calme, plus réfléchi, plus grand
dans ses moyens et dans ses effets; l'intrépidité ou le plus haut de courage; la
témérité, qui nous lance en aveugles au milieu des périls;puis l'effronterie et
l'insolence, qui, revêtues d'un caractère moins noble, appartiennent à la même
famille.
Après ces questions le néophyte est conduità la place qui lui a été préparée et
le sublime Lodosprend la parole en ces termes.
Dlscours de l'orateur Esoterismae maçonnique.
Très-illustres maîtres,
Un grand poète, l'une des gloires du siècle d'Auguste, et qui, par son génie,
fut jugé digne des faveurs de l'initiation, Virgile, voulant consacrer dans le
sixième livre de son immortel poëme quelques-uns des rites des mystères égyp
tiens, au moment d'aborder ces révélations redoutables, pour détournerde satête
les malédictions fulminées contre les divulgateurs des secrets de l'initiation, s'é.
crie :O dieux ! dont l'empire s'étend sur les âmes, ombres silencieuses,impéné
trable chaos, Phlégéton aux ondes dévorantes, lieu sur lequel plane, au loin, le
silence de la nuit, qu'il me soit permis de raconter ce que j'ai entendu sous votre
puissante protection , qu'il me soit pardonné de révéler des chosesplongées dans
les profondeurs de l'abîme et environnées de nuages mystérieux.
Je n'aipointà formerde pareils vœux, mes illustres FF.".,je n'aipoint à solli
citer un pareil pardon; l'auditoire éminent, au milieu duquel ma voix se fait
entendre, me dispense de ces ombrageuses précautions. Environné des lumières
les plus éclatantes de l'Ordre, en présence de ce Sénat auguste, si un sentiment
de regret sefaitjour dans mon âme, c'est d' être, moi-même,sipeuà la hauteur du
sublime sujet que je suis appeléàtraiter et du savant auditoire qui daigne m'ho
norer de son attention. -
Un philosophe grec,après avoir parcouru l' Egypte et visité lesprincipauxsanc
tuaires de la science, rapporte qu'un despoints capitaux de la doctrine des prêtres
était la division de la science sacrée en Exotérisme ou science extérieure, et en Eso
térisme ou science intérieure. C'estpar ces deux mots grecs qu'il traduisait les
deux mots hiératiques dont, comme on sait, il était interdit de se servir hors du
temple. -
Les prêtres, ajoute-il, ne sont prodigues d'aucune partie de leur science; de
longstravaux, deprofondes études,de rudes épreuves sontimposés auxnéophytes
pour arriver au moindre degréde l'exoterisme; quantà l'esotérisme, ils sont plus
sévères encore : nul secours, nul conseil, nul encourgement n'est donné à celui
quiveuty pénétrer. C'estpar la force seule de son esprit et l'inspiration divine
qu'il doit yparvenir; ce sont des mystères dans des mystères, et il arrivefré
quemment que les prêtres les plus haut placés en dignité, ontàpeine fait un pas
dans lapartie mystique de la science sacrée. -
La statue d'Isis, toujours voilée même pour les Hiérophantes, le sphynx ac
croupià la porte du temple,dans l'attitude du repos et du silence, étaient les deux
emblêmes de ces derniers secrets ; et cette conduite des dépositaires des mystères
était dictée par la sagesse. Le despotismedes hommes forts, des violents,s'étendait
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 281
sur toute la terre. Qui ne comprend dès lors que les dépositaires des titresprimi
tifs de lagrandeur humaine,de sa dignité sublime, de son égalitédevant la créa
ture, devaient cacher ce trésor, et ne le communiquer qu'à ceux que de longues
épreuves en avaient fait juger dignes.
Le christianisme fit faire un pasimmense à l'humanité; exaltateur des mys
tères,il en a popularisé la partie morale, et dès lors la tâche de la philosophie
fut moins difficile : ses voies étaient aplanies, elle put être plus explicite dans ses
- enseignements, car le christianisme avait forcé les puissances à reconnaître le fait
comme le droit de la discussion religieuse et de l'enseignement desintelligences ;
l'esprit humain,par laforce d'expansion qui lui est naturelle, fit le reste, et la
liberté de la pensée fut proclamée. -
C'estgrâceà ce progrès qui, dansun sens très-réel, nous place dans une posi
tion bien meilleure que celledes philosophes de l'antiquité, qu'il nous est permis,
sans nous mettre en opposition avec nos augustes traditions, de soulever, en
partie, le voile de la Maçonnerie, mais sans toutefois le déchirer entièrement;
car si nous n'avons plusà craindre des irruptions de la force brutale dans le do
maine de la pensée, nous ne pouvons sans crime exposer aux légèretés de l'irré
flexion, auxmépris de l'ignorance, auxfausses interprétations de la mauvaise foi,
auxpréventions du fanatisme,un ensemble deconnaissancesquidemandent,pour
être appréciées,un esprit attentif, préparé,un cœurpur etindépendant, ne cher
chant que la vérité et la justice. .. --
Montrons donc le but,montrons-le sans crainte ;proclamons-le dansnos LL.·.,
comme au milieu du monde; annonçons-le à nos FF... aussi bien qu'aux pro
fanes; car il est noble, il est sublime, en faisant de l'humanité un peuple de
FF..., de réunir dans la charité ceux que l'intérêt divise, et de faire voirun ami
à serrer sur son cœur dans l'ennemisur qui se dirigeait le glaive homicide.
Quantà la science, qui est le moyenpourarriverà ce butadmirable, procédons
avec sagesse ; «nul n'est digne de la science» disent nos traditions « qui ne l'a
conquise par ses propres efforts.» Sur ce point soyons un peu plus condescen
dants que nos maîtres sévères; montrons de loin cette science, et s'il nous est
interdit de la révélerà celui qui n'a pas, comme Josué, ceint l'épée des forts pour
entrer dans la Terre promise, transportons au moins le néophyte sur la montagne
d'où on peut la découvrir. Peut-être, enflamméd'ardeurà cettevue, il travaillera
à mériter de faire partie de l'armée des Elus. .. :
L' Esotérisme, M.-., embrasse le cercle tout entier de l'activité de l'àme hu
maine : toute science, tout art, toute pensée ytrouve son cadre, son poste, son
rang; seulement, négligeant la partie élémentaire et pratique, l'Esotérisme n'em
brasse que la partie transcendante et méthaphysique, laissant à l' Exotèrisme l'es
prit qui dispose, le talent qui exécute, il ne se réserve que le génie qui crée.
Trois Cycles, unis dans un ordre mystérieux se correspondant par une chaîne
indivisible et s'engendrant réciproquement d'une manière ineffable, forment le
temple mystique. - - t - , , i , .
Le premier peut s'appeler, pour les profanes, le Cycle historique; il se compose de
trois degrés, dont la série philosophique embrasse le développement social de
l'humanité tout entière et de chaque peuple en particulier, dans trois périodes
symboliques, qui sont toute l'histoire : la Sociabilité, la Famille, la Liberté.
Le second est le Cycle poétique ; les neufs muses,gracieuses filles de l'imagi
282 LE PANTHÉON MAÇONNIQUE.
nation, soutiennent la guirlande sacrée qui le couronne; les colonnes de son
temple, duplus éclatant marbrede Paros, portent d'ingénieuxemblêmes consacrés
à la gloire des enfants de l'harmonie et de la fantaisie aux aîles d'or; les trois
Grâces au maintien noble et décent,veillent à l'intérieur du temple, artistes ins
pirés, dont la toile ou le bloc nous transmettent les sublimes inspirations.Savants
profonds qui lisez dans les cieux la puissance de Dieu, ou dans les entrailles de la
terre, les ressourcesinfinies de l'Arch... des mondes;poètes aux rêves inspirés,
votre place est marquée dans le temple ! Le cygne aux aîles argentées traverse le
fleuve d'Oubli, età travers mille obstacles, ilva attachervos noms aufronton du
temple de l'immortalité !
Et vous aussi ne viendrez-vous pas, habiles interprètes des conceptions du
génie,vous dont lespas tracéspar les Grâces, dont lavoix modulée par la déesse
de l'harmonie,portent dans nos âmes des émotions inconnues, et qui nousfaites
vivre dans un monde plein de poésies? Pourquoi vous repousserions-nous du
temple de l'art? Euterpe, auxdoux accents,Terpsichore,à la démarche divine,
vous appellent !Tous, vousy apprendrez qu'au-dessus de l'artterrestre ilya un
art céleste;vousvous expliquerez alors,peut-êtrepour la premièrefois, ces éclairs
qui sillonnentvos nobles âmes etilluminent des régions lointaines; la voixinté
rieure qui vibre au-dedans de vous sera intelligible; vous comprendrez le Dieu
quivous agite.
Mais recueillons-nous! chassons cestrop séduisantes images. Grèce poétique,
éloigne-toi; loin de nous tesgracieuses théories, tes chœurs de danse, le pinceau
d'Apelles et le ciseau de Phidias!Nous allons demander au sanctuaire de Brahma,
à l' Inde mystérieuse, rêveuse, philosophique, à l'Inde institutrice de l'Egypte,
comme l'Egypte fut l'institutrice du monde, ses grands secrets, les secrets par
excellence, lascience divine de Brahma. Nous entrons dans le Cyclephilosophique.
Sur l'autel trois feux mystérieux et emblématiques sont allumés;trois sacrifices
vont être accomplis.Sage Brahmane dont les cheveux ont blanchià l'étude de la
vérité, explique-nous ces trois feux et les trois sciences qu'ils représentent : nous
voyons le feu des cérémonies journalières, le feu du foyer domestique, le feu des
sacrifices; mais leur signification nous reste inconnue. Homme infirme et courbé
vers la terre, dit le sage Brahmane, pourquoi m'interroger sur les sciences les
plus sublimes?Auxtrois mystères,je répondraipartrois mystères : L'hommeest
corps, âme et intellect; réfléchis, et pourtant, si ces recherchesprofondes t'ef
frayent, neuf cieux sont décrits sur la voûte symbolique du temple,tupeux les
parcourir; neuf puissances célestesyprésident, et tu pourras prendre place au
milieu d'elles, si tu sais t'en rendre digne. La volontéintelligente habite le pre
mier, la parole sympathique le second, l'esprit organisateur le troisième, la puis
sance qui crée la soumission le quatrième, l'énergie sociale le cinquième, legou
vernement des peuples le sixième, la domination des intelligences le septième,
le génie qui découvre la vérité le huitième, le sage quipense etvit en Dieu occupe
le neuvième et se repose éternellement au pied dutrône de Brahma.
Telles sont,mes FF.·., autant qu'ilm'aété permisd'être clair, les grandes masses
de la science Esotérique; en dire davantage serait prévarication,en avoir autant dit
est peut-être imprudence, mais cette imprudence me sera pardonnée, car c'est le
pur amourde la propagation de la vérité; c'est pour répondre, autant qu'il peut
être permis de le faire, auxtéméraires et aux insensés qui,àpeine sur le seuil du
LE PANTHÉON MAÇONNIQUE. 28
temple de la Maçonnerie etpersuadés que tout est dans les symboles extérieursqui
frappent leursyeux, se retirent, disant avec dédain : « Nous avons regardé dans
les profondeurs de la science, et n'y avons trouvé que le vide. » Téméraires et
insensés! vous n'avezpas seulement soulevé le premiervoile de la statue mysté
rieuse d'Isis. La courtine du temple d'Apollon est restée silencieuse pour vous.
Allez, ne blasphémezpas ce que vousignorez!
D. .. Croyez-vous au système de la chaine des êtres?
R. .. Oui,je crois qu'il y aune gradation admirable dans les différentes classes
d'ètres que nous connaissons,je crois qu'il n'ya point de saut dans la nature, je
crois que les rapports entre les différentes parties de cet univers sont innombra
bles, par exemple, la seule position du soleil relativementà la terre nous offre les
plus dignes sujets d'étonnement et d'admiration; supposez ce vaste corps un peu
plus ou un peu moins éloigné, le degré de chaleur sera nécessairement trop faible
ou tropgrand, et la terre, glacée tout entière ou brûlée, cessera depouvoirporter
des plantes, des animaux et des hommes;il faut dire la même chose des degrés de
clarté et desglobules de lumière que le soleil fait parvenir jusqu'à nous, de leur
proportion avec nos yeux, et mille autres rapports semblables.
D. .. Croyez-vousque le hasard ait tout produit?
R. .. Non,je seraitoujourspersuadé qu'une horlogeprouve un liorloger, et que
l'univers prouve un Dieu.
Le sublime Daï lui adresse encore plusieurs questions sur les grades intermé
diaires, sur l'origine des riteset leur introduction dans les divers pays du monde,
ensuite il luiadresse la parole en ces termes :
Tâche d'acquérir l'amour du bien, l'habitude de le vouloir et de le faire; que la
bienveillance, cette vertu divine et sociale, soit ton guide constant dans tesrapports
avec les hommes engénéral, sois affable et officieux envers tout le monde, que ton
âme soit pure, droite et vraie.
Le sublime Daï,unglaive à la main, s'avance vers le néophyte et lui dit: Puisque
tu as su remplir les formalités prescrites par nos statutsgénéraux, viens recevoiv
la vie nouvelle qui était préparée pour toi;puis levant le couteau sacré il dit :Tu
jures de suivre sans faiblir la routé qui nousest tracée par Dieu lui-même ?
Le néophyte répond :-Je le jure.
Tusais quenotre sublime institution est une science au langage mystérieux,que
son sanctuaire est difficile à ouvrir, qu'elle a placéson temple au milieu du désert
pour que nul n'y arrive sansy avoir été préparépar de longs et péniblesvoyages;
songe qu'il faut plus que du zèle poury pénétrer,il te faut une ferme volonté
d'abordpour entrouver le chemin et un courage soutenu pour le suivre jusqu'au
but...
R. .. Je le suivraijusqu'au but,je le jure.
A la gloireduSublime Architecte des mondes, je te consacre, Sublime Maître du
GrandOEuvre.-Va,lui dit-il, marche dans la voie de lajustice (le Ceryceprend
l'initié par la main et le conduit au premier Mystagogue en observant le céré
monial d'usage en pareille circonstance). LepremierMystagogue luidonne laparole
sacrée, le signe, etc. -
Après cette cérémonie imposante, l'initié est conduit à laplace qui lui est ré
servée, et le sublime Daï adresse ses questions au premier Mystagogue.
D.'. Que peut-on apprendre par les sciences naturelles?
284 LE PANTHÉoN MAçONNIQUE.
R.·. Les sciences dites naturelles nous enseignent l'éternité des mondes.
Comment des mondes se trouvent encore en voie de formation.
Comment des soleils disparaissent,tandisqued'autres naissent à la lumière.
Comment notre globe a été des millions d'annéesà l'état d'incandescence.
Comment la vie organiqueya commencépar le bas de l'échelle.
Et comment elle y a été couronnéepar la naissance de l humanité.
)... Quel est le premier besoin de l'humanité?
R. .. L'existence de l'ordre.
D. .. Le second besoin ?
R. .. Est la conservation de l'ordre.
D.·. Le troisième?
\... L'examen des bases de l'ordre.
D. .. Le quatrième?
R. .. La compression de cet examen,tant que l'ordre estbasé surunehypothèse,
et que cette compression reste possible.
D.·. Le cinquième?
R.·. Quand la compression n'est pluspossible, c'est la destruction des hypo
thèses.
D.·. Le sixième? ,
R. .. La substitution de la vérité aux hypothèses.
Et c'est seulement au septième jour que l'humanité peut se reposer dans
l'ordre,pour aussi longtempsque leglobe peut lui conserver la vie.
Dès le premierjour humanitaire, lepremierbesoin social estde baser lesvertus,
le dévouement, l'ordre enfin, surunesanction religieuse, hors laquelle l'existence
de toute vie sociale est aussi impossible que l'existence de toute vie organique
hors de l'atmosphère, et en effet, depuis la horde la plus sauvage,jusqu'à l'em
pire le plus civilisé, l'ordre n'ajamais pu exister que basé sur une sanction
religieuse commune; et, dès que cette communauté a cessé d'exister, l'empire
ou la horde se sont évanouis en mêmetemps que cette communauté.
D.·. Qu'est-ce que la loi de l'activité?
R. .. Apprendre àvouloir,à pouvoir età faire, c'est la grande loi de l'activité
des êtresintelligents; c'est une loi que la nature a donnéeà l'homme pourêtre le
principe de son développement physique, moral et intellectuel, et de son perfec
tionnement. L'homme est sur la terre pour la cultiver, pour travaillerà embellir
son existence,à établir età étendre sa puissance sur la nature.
J. ET. MARCONIS.