zoom japon 045
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Zoom Japon, numéro 45 (novembre 2014)TRANSCRIPT
Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon
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Sous le regarddes volcans
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ÉDITOFascinantLe 27 septembre, l’On-take-San s’est réveillé.Le volcan en activité estentré brutalement enéruption, entraînant lamort de plusieursdizaines de personnes.
Cet incident imprévisible, malgré une sur-veillance permanente, est revenu rappeleraux Japonais leur extrême fragilité vis-à-visde la nature. Dans le même temps, les vol-cans font partie de leur quotidien. Ils ontappris à les admirer, à les craindre et à lesreprésenter. Le plus célèbre d’entre eux,Fuji-San est devenu l’un des symbolesauquel ils sont les plus attachés. C’est cettefascination qui nous a incités à réaliser cenuméro dans lequel nous avons tenté demontrer l’influence de ces volcans dans lavie du Japon et de ses habitants.
LA RÉ[email protected]
AVIATION Le retour desavions japonais50 ans après le YS-11, premier appareil
commercial made in Japan, qui n’a
jamais connu de grand succès en
dehors de l’archipel, le japon revient
sur le marché de l’aviation avec le mRj,
un avion moyen-courrier, produit par
mitsubishi heavy industry. L’avion a été
officiellement présenté le 18 octobre et
devrait effectuer ses premiers essais en
2015. L’objectif étant de faire mieux
que le YS-11.
SCANDALE Une ministrepeu scrupuleuseConsidérée comme une des étoiles
montantes de la politique nippone,
obUChi Yûko est accusée d’avoir
détourné des financements politiques
pour des achats personnels. Selon le
Mainichi Shimbun, la première femme
ministre de l’Economie aurait dépensé
de 2007 à 2012 plus de 10 millions de
yens [74 000 euros] sans aucun
rapport avec ses activités politiques,
notamment en produits de beauté.
Tel est le
nombre
de bouteilles de whisky japonais qui ont
trouvé preneur en France en 2013. Un
engouement qui se poursuit malgré les
prix relativement élevés de ses
breuvages venus d’Extrême-orient.
Certaines bouteilles dépassent les 800 €.
800 000
L E REGARD D’ERIC RECHSTEINER
La transmission d’un savoir-faire artisanal a encore tout son sens dans l’archipel comme en témoigne lepatron de Suzusen, SUZUKI Kôsuke, qui fabrique des kimonos de cérémonie maiwai pour les pêcheurs. Dansson atelier, M. SUZUKI, représentant de la troisième génération, enseigne à son fils les techniques de réalisationde ces kimonos que portent les pêcheurs pour célébrer une bonne prise.
a Kamogawa, préfecture de Chiba
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Couverture : Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon
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ZOOM ACTU
C ette jeune femme de 29 ans a renoncé àla vie tokyoïte pour rejoindre sa villenatale, Ishinomaki, dans le nord-est du
Japon. Elle défend un besoin de retour à la terreque semblent souhaiter de plus en plus de jeunesJaponais aujourd’hui. Et l'envie de participer àl'histoire de la reconstruction du Tôhoku.Fine et élancée, IshIkawa Yûmi est ce genre dejeune femme qui inspire grâce et délicatesse. Cematin-là, elle a enfilé de bonne heure, unegrossière chemise à carreaux, des gants, un vieuxsurvêtement et des bottes en caoutchouc. satenue ne change rien à sa beauté naturelle. sansmanières et ainsi vêtue, elle quitte sa ferme,prend la route jusqu’au champ de riz familial. Le mois de mai est le moment idéal pour planterle riz d’Ishinomaki dont la renommée couvretout l’archipel. Elle sort de la voiture et entredans le champ boueux, où son père a déjà prisplace. Elle retire ses gants pour mieux parvenir àplanter le riz. “Autrefois, nous faisions tout à lamain”, s’exclame-t-elle, alors que son père démarrela machine qui va permettre d’accélérer la cadenceet planter davantage de riz en moins de temps.Cette année, la ferme IshIkawa ne planteraque trois champs de riz sur les 80 qu’elle possède.“Le gouvernement nous indique la quantitéannuelle de riz que nous devons produire. Cetteannée, nous n’en cultivons que trois et sur lesautres champs nous faisons des haricots et du blé.Cela dépend des besoins.” La décision est généra-lement communiquée aux agriculteurs locauxcourant décembre. C’est une nouvelle vie que découvre cette anciennesalariée d’une société de confiseries tokyoïte. En
agriculture, il y a encore peu de temps, elle n’yconnaissait rien du tout. C’est en septembre2013 qu’IshIkawa Yumi a quitté la capitalenipponne pour revenir s’installer dans la fermefamiliale à Ishinomaki dans le Tôhoku. Unretour aux sources qu’elle souhaitait plus quetout. “Aujourd’hui, je suis encore en phase d’ap-prentissage auprès de mes parents mais un jour, jeserai seule aux manettes. Je dois profiter de leursconseils autant que possible.”C’est au lendemain du tremblement de terre demars 2011 qu’IshIkawa Yumi a choisi de revenirvivre dans ce port de pêche qui l’a vu grandir.Pour apporter sa pierre à l’édifice de la recons-truction, informer sur le Tôhoku, mais aussi“soigner la ferme familiale qui depuis toujoursnous permet, à moi et mes quatre sœurs qui viventprès de la capitale, de partager du temps ensemble.” sa ville natale a été durement touchée par letsunami de 2011. 3 256 morts ont été recensésdans cette seule ville de la préfecture de Miyagiet plus de 500 personnes ont été portées disparues.Le port a été entièrement ravagé et 70 % des ha-bitations ont été détruites ou partiellement en-dommagées. aujourd’hui, trois ans après leséisme, la plupart des entreprises locales ne dé-passent pas les 70 % de leur activité initiale.Comme la majeure partie du Tôhoku, la villecôtière d’Ishinomaki doit faire face au vieillisse-ment de sa population qui s'est durci depuis ledébut des années 2000. La fuite des jeunes s’estlargement amplifiée depuis le tremblement deterre. selon arakawa Motokazu, rédacteur enchef de Rolling Press Magazine, une publicationlocale : “20 000 jeunes ont quitté Ishinomakidepuis mars 2011. Les facteurs sont multiples :depuis le désastre, l’économie de la région se porteextrêmement mal. Les entreprises ont du mal àrepartir : le taux de chômage est écrasant. Sans
C’est en septembre 2013 que la jeunecitadine a décidé de quitter la capitalepour retourner dans sa ville natale.
DESTIN Yumi est de retour à la fermeoublier la peur des radiations dont on ne connaîtpas encore les conséquences. Pour les vieux commemoi, ce n’est pas trop grave de rester quoiqu’ilarrive mais pour les jeunes…”Le choix d’IshIkawa Yumi va à contre-courantde cette tendance. “Je connais beaucoup de personnesde mon âge ici. Nous avons envie de revenir à devraies valeurs. J’espère avoir l’occasion de présentermon activité à des personnes qui vivent dans lesgrandes villes pour leur donner aussi l’envie depréserver la campagne et pourquoi pas de venir yvivre.” De plus en plus de jeunes Japonais ex-priment l’envie de revenir à des valeurs plus au-thentiques et à des savoir-faire ancestraux. Desentreprises en font d'ailleurs leur beurre et pro-posent aux Tokyoïtes en mal de verdure desweek-ends à thèmes où ces derniers sont initiésaux plaisirs de l’agriculture, le temps d’une esca-pade. Une formule qui rencontre un beau succès. si le Grand tremblement de terre a accéléré ladécision de la jeune femme, Yumi réfléchissaitdéjà à quitter Tôkyô depuis un certain temps.“Je ne supportais plus. Le stress, la pression quoti-dienne. Les événements n’ont fait que précipiterune décision d’ores et déjà mûrement réfléchie.”Dans la ferme IshIkawa, les cinq filles, soitYumi et ses quatre sœurs se retrouvent autourde la table familiale avec maris et enfants lors dela Golden week en mai et pour Obon à la miaoût. Les parents et la grand-mère, âgée de 94 ans,aiment avoir cette visite. Lors du dîner, on parleparfois du Grand tremblement de terre quandl’alcool délie les langues. au lendemain du11 mars 2011, si les parents et la grand-mère deYumi sont sains et saufs, deux de ses cousinsâgés d’une dizaine d’années ont perdu la vie lorsde la tragédie de l’école primaire d’Ôkawa où74 enfants et 10 enseignants ont péri lors dupassage de la vague.
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C ette jeune femme de 29 ans a renoncé àla vie tokyoïte pour rejoindre sa villenatale, Ishinomaki, dans le nord-est du
Japon. Elle défend un besoin de retour à la terreque semblent souhaiter de plus en plus de jeunesJaponais aujourd’hui. Et l'envie de participer àl'histoire de la reconstruction du Tôhoku.Fine et élancée, IshIkawa Yûmi est ce genre dejeune femme qui inspire grâce et délicatesse. Cematin-là, elle a enfilé de bonne heure, unegrossière chemise à carreaux, des gants, un vieuxsurvêtement et des bottes en caoutchouc. satenue ne change rien à sa beauté naturelle. sansmanières et ainsi vêtue, elle quitte sa ferme,prend la route jusqu’au champ de riz familial. Le mois de mai est le moment idéal pour planterle riz d’Ishinomaki dont la renommée couvretout l’archipel. Elle sort de la voiture et entredans le champ boueux, où son père a déjà prisplace. Elle retire ses gants pour mieux parvenir àplanter le riz. “Autrefois, nous faisions tout à lamain”, s’exclame-t-elle, alors que son père démarrela machine qui va permettre d’accélérer la cadenceet planter davantage de riz en moins de temps.Cette année, la ferme IshIkawa ne planteraque trois champs de riz sur les 80 qu’elle possède.“Le gouvernement nous indique la quantitéannuelle de riz que nous devons produire. Cetteannée, nous n’en cultivons que trois et sur lesautres champs nous faisons des haricots et du blé.Cela dépend des besoins.” La décision est généra-lement communiquée aux agriculteurs locauxcourant décembre. C’est une nouvelle vie que découvre cette anciennesalariée d’une société de confiseries tokyoïte. En
agriculture, il y a encore peu de temps, elle n’yconnaissait rien du tout. C’est en septembre2013 qu’IshIkawa Yumi a quitté la capitalenipponne pour revenir s’installer dans la fermefamiliale à Ishinomaki dans le Tôhoku. Unretour aux sources qu’elle souhaitait plus quetout. “Aujourd’hui, je suis encore en phase d’ap-prentissage auprès de mes parents mais un jour, jeserai seule aux manettes. Je dois profiter de leursconseils autant que possible.”C’est au lendemain du tremblement de terre demars 2011 qu’IshIkawa Yumi a choisi de revenirvivre dans ce port de pêche qui l’a vu grandir.Pour apporter sa pierre à l’édifice de la recons-truction, informer sur le Tôhoku, mais aussi“soigner la ferme familiale qui depuis toujoursnous permet, à moi et mes quatre sœurs qui viventprès de la capitale, de partager du temps ensemble.” sa ville natale a été durement touchée par letsunami de 2011. 3 256 morts ont été recensésdans cette seule ville de la préfecture de Miyagiet plus de 500 personnes ont été portées disparues.Le port a été entièrement ravagé et 70 % des ha-bitations ont été détruites ou partiellement en-dommagées. aujourd’hui, trois ans après leséisme, la plupart des entreprises locales ne dé-passent pas les 70 % de leur activité initiale.Comme la majeure partie du Tôhoku, la villecôtière d’Ishinomaki doit faire face au vieillisse-ment de sa population qui s'est durci depuis ledébut des années 2000. La fuite des jeunes s’estlargement amplifiée depuis le tremblement deterre. selon arakawa Motokazu, rédacteur enchef de Rolling Press Magazine, une publicationlocale : “20 000 jeunes ont quitté Ishinomakidepuis mars 2011. Les facteurs sont multiples :depuis le désastre, l’économie de la région se porteextrêmement mal. Les entreprises ont du mal àrepartir : le taux de chômage est écrasant. Sans
C’est en septembre 2013 que la jeunecitadine a décidé de quitter la capitalepour retourner dans sa ville natale.
DESTIN Yumi est de retour à la fermeoublier la peur des radiations dont on ne connaîtpas encore les conséquences. Pour les vieux commemoi, ce n’est pas trop grave de rester quoiqu’ilarrive mais pour les jeunes…”Le choix d’IshIkawa Yumi va à contre-courantde cette tendance. “Je connais beaucoup de personnesde mon âge ici. Nous avons envie de revenir à devraies valeurs. J’espère avoir l’occasion de présentermon activité à des personnes qui vivent dans lesgrandes villes pour leur donner aussi l’envie depréserver la campagne et pourquoi pas de venir yvivre.” De plus en plus de jeunes Japonais ex-priment l’envie de revenir à des valeurs plus au-thentiques et à des savoir-faire ancestraux. Desentreprises en font d'ailleurs leur beurre et pro-posent aux Tokyoïtes en mal de verdure desweek-ends à thèmes où ces derniers sont initiésaux plaisirs de l’agriculture, le temps d’une esca-pade. Une formule qui rencontre un beau succès. si le Grand tremblement de terre a accéléré ladécision de la jeune femme, Yumi réfléchissaitdéjà à quitter Tôkyô depuis un certain temps.“Je ne supportais plus. Le stress, la pression quoti-dienne. Les événements n’ont fait que précipiterune décision d’ores et déjà mûrement réfléchie.”Dans la ferme IshIkawa, les cinq filles, soitYumi et ses quatre sœurs se retrouvent autourde la table familiale avec maris et enfants lors dela Golden week en mai et pour Obon à la miaoût. Les parents et la grand-mère, âgée de 94 ans,aiment avoir cette visite. Lors du dîner, on parleparfois du Grand tremblement de terre quandl’alcool délie les langues. au lendemain du11 mars 2011, si les parents et la grand-mère deYumi sont sains et saufs, deux de ses cousinsâgés d’une dizaine d’années ont perdu la vie lorsde la tragédie de l’école primaire d’Ôkawa où74 enfants et 10 enseignants ont péri lors dupassage de la vague.
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ZOOM ACTU
Dès le mois d’août 2011, Yumi s’est décidée àchanger de vie. “ Quand j’ai annoncé à mesparents que je voulais reprendre la ferme, ils étaientvraiment contents. Benjamine de la famille, j'étaisla seule à ne pas être encore mariée. C’était doncun choix plus facile à faire pour moi que pour messœurs”, reconnaît-elle. Un changement de viecourageux, car la vie d’agriculteur est loin d’êtrefacile dans le Tôhoku dont les hivers sont réputés
pour leur rigueur. Il faut pouvoir résister à laneige et aux températures hivernales bien au-dessous de zéro.La ferme de la famille IShIkawa existe depuis127 ans. au fil du temps, les parents se sont spé-cialisés dans la production de riz mais l’exploitationse composait auparavant d’une centaine de vacheslaitières. Une activité que les parents ont arrêtée“car ils étaient fatigués.” aujourd’hui encore, les
stabulations témoignent de cette activité passée.“Quand je serai rodée, j’aimerais aussi me lancerdans la production de fruits : des pommes et desmyrtilles.”Si Yumi n’a jamais éprouvé de regrets, elle avoueavoir ressenti des doutes quelques semaines aprèsson retour. Elle n’était plus la petite fille qu’elleétait lorsqu’elle fréquentait cette ville. Elle avaitgrandi, étudié à Yokohoma, passé six mois au
Alors qu’elle était la benjamine de la famille, elle a décidé de reprendre la ferme familiale.
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Dès le mois d’août 2011, Yumi s’est décidée àchanger de vie. “ Quand j’ai annoncé à mesparents que je voulais reprendre la ferme, ils étaientvraiment contents. Benjamine de la famille, j'étaisla seule à ne pas être encore mariée. C’était doncun choix plus facile à faire pour moi que pour messœurs”, reconnaît-elle. Un changement de viecourageux, car la vie d’agriculteur est loin d’êtrefacile dans le Tôhoku dont les hivers sont réputés
pour leur rigueur. Il faut pouvoir résister à laneige et aux températures hivernales bien au-dessous de zéro.La ferme de la famille IShIkawa existe depuis127 ans. au fil du temps, les parents se sont spé-cialisés dans la production de riz mais l’exploitationse composait auparavant d’une centaine de vacheslaitières. Une activité que les parents ont arrêtée“car ils étaient fatigués.” aujourd’hui encore, les
stabulations témoignent de cette activité passée.“Quand je serai rodée, j’aimerais aussi me lancerdans la production de fruits : des pommes et desmyrtilles.”Si Yumi n’a jamais éprouvé de regrets, elle avoueavoir ressenti des doutes quelques semaines aprèsson retour. Elle n’était plus la petite fille qu’elleétait lorsqu’elle fréquentait cette ville. Elle avaitgrandi, étudié à Yokohoma, passé six mois au
Alors qu’elle était la benjamine de la famille, elle a décidé de reprendre la ferme familiale.
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Canada. “J’ai dû trouver un travail à exercer enparallèle de mon apprentissage de l’agriculture. Jeme suis vite rendue compte que cela allait êtrebeaucoup plus difficile que prévu.” Si dans la capitale japonaise, les femmes s'éman-cipent de plus en plus, dans les régions ruralescomme le Tôhoku, les idées d’un autre âgerestent ancrées. “J’ai postulé pour travailler auservice promotion d'une entreprise de pêche locale.J’avais toutes les compétences requises mais on m’arefusé le boulot parce que j’étais une femme. Celam'a un peu déprimé.”Quelques semaines plus tard, “j’ai trouvé unposte dans une société d’import-export de produitsélectroniques vers l’Asie du Sud-Est. C’est assezsimilaire au poste que j’occupais à Tôkyô.”Lorsqu’elle reprendra l’activité de la ferme en-tièrement, “je garderai mon emploi dans l’entreprise.
J’ai des possibilités d’évolution et surtout la seuleculture du riz ne me permettra pas de vivre dé-cemment financièrement.” Au mois de juillet dernier, la jeune femme s'estmariée. L'heureux élu, SATÔ Takuma, 31 ans,est également originaire de la région. C'est “unami d’enfance que j'avais perdu de vue” et auprèsduquel elle s’est particulièrement rapprochée àson retour à Ishinomaki. La ferme est en effer-vescence autour du jeune couple. “Mon mariviendra s’installer à la ferme. Nous envisageonsd’avoir deux ou trois enfants.”Une fois qu’elle aura des enfants, pas questionpour elle d’arrêter de travailler. “Nous nous or-ganiserons entre mes activités et le métier d’électriciende mon mari : mes parents pourront m’aider unpeu et il y a une crèche à Ishinomaki.”
JOHANN FLEURI
Après le riz, Yumi aimerait se lancer dans la production de fruits : des pommes et des myrtilles.
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L e 27 septembre, plusieurs centaines depersonnes avaient entrepris de se rendreau sommet de l’Ontake-San pour profiter
des premières couleurs de l’automne. Le tempsétait idéal et la journée s’annonçait belle. Versmidi, une colonne de fumée a envahi la zone,marquant le début de l’éruption la plus meur-trière depuis des décennies. Plus d’une cinquan-taine de morts ont été recensés à l’issue derecherches interrompues à plusieurs reprises parles intempéries liées au passage de typhons. Cetincident est venu rappeler à la population queles risques posés par la présence de volcans actifsdans le pays sont élevés et surtout imprévisiblesmalgré une surveillance permanente des sites lesplus actifs. L’Agence de météorologie japonaisequi supervise les volcans avait bien relevé quelquessignes d’activité inhabituels sans pour autant
modifier le niveau d’alerte qui était alors fixé à1, c’est-à-dire normal. Depuis l’éruption mortelle,le niveau est passé à 3, ce qui signifie qu’il estinterdit d’approcher du volcan. Au Japon, il existe5 niveaux d’alerte qui permettent à la populationde savoir se situer par rapport à ces volcans omni-présents dans l’ensemble du pays. De la mêmefaçon qu’ils doivent vivre avec les tremblementsde terre, les Japonais doivent aussi s’accommoderde ces montagnes qui peuvent devenir dange-reuses à tout moment. Les éruptions de grandeampleur se produisent tous les 10 000 ans, expli-quent les vulcanologues nippons, mais il est diffi-cile de déterminer précisément le moment oùelles auront lieu. Cela ne veut pas dire pour autant que les Japonaisvivent dans la psychose de l’explosion volcanique.Depuis des siècles, ils ont appris à vivre avec lescaprices de la nature quelle que soit la forme qu’ilsprennent. Les volcans appartiennent à l’identitédu pays. Ils font partie intégrante du paysage etsont dans certains cas de véritables repères. Fuji-
San, le mont Fuji, est même devenu un symbolemondial depuis qu’il a été inscrit au Patrimoinemondial de l’humanité. Sans ce volcan, le Japonne serait pas tout à fait le Japon. Lorsqu’on setrouve à Tôkyô, dans un endroit suffisammentélevé, on cherche toujours du regard le mont Fujicomme un repère, comme si on voulait se rassu-rer. C’est paradoxal pour une montagne dontl’éruption pourrait causer tant de dommages.Peut-être incarne-t-il un kami, une divinité,auquel il convient de rendre hommage pourgagner ses grâces. Majestueux, ce volcan est d’unebeauté incroyable, inspirant les plus grandsartistes japonais comme Hokusai, à l’honneurdans de nombreuses expositions à travers lemonde. “Le Fuji est souple, fier comme une épée,il invite à l’audace. Le Fuji fait penser à une jeunevierge – ce n’est pas un hasard qu’il soit la demeurede la ‘Princesse-qui-fait-fleurir-les-arbres’ – ou àun guerrier adolescent qui combat pour sa foi. C’estpourquoi le Fuji est également proche de l’amour,de la mort, de tous les grands égarements”, écrivait
L’archipel des volcansMalgré le danger qu’ils peuvent parfoisreprésenter, ces montagnes de feu ont unpouvoir d’attraction sur les Japonais.
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La majesté de Fuji-San a inspiré de très nombreux artistes comme Hokusai qui fait l’objet d’une exposition au Grand Palais. Voir pp. 21 à 23.
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L e 27 septembre, plusieurs centaines depersonnes avaient entrepris de se rendreau sommet de l’Ontake-San pour profiter
des premières couleurs de l’automne. Le tempsétait idéal et la journée s’annonçait belle. Versmidi, une colonne de fumée a envahi la zone,marquant le début de l’éruption la plus meur-trière depuis des décennies. Plus d’une cinquan-taine de morts ont été recensés à l’issue derecherches interrompues à plusieurs reprises parles intempéries liées au passage de typhons. Cetincident est venu rappeler à la population queles risques posés par la présence de volcans actifsdans le pays sont élevés et surtout imprévisiblesmalgré une surveillance permanente des sites lesplus actifs. L’Agence de météorologie japonaisequi supervise les volcans avait bien relevé quelquessignes d’activité inhabituels sans pour autant
modifier le niveau d’alerte qui était alors fixé à1, c’est-à-dire normal. Depuis l’éruption mortelle,le niveau est passé à 3, ce qui signifie qu’il estinterdit d’approcher du volcan. Au Japon, il existe5 niveaux d’alerte qui permettent à la populationde savoir se situer par rapport à ces volcans omni-présents dans l’ensemble du pays. De la mêmefaçon qu’ils doivent vivre avec les tremblementsde terre, les Japonais doivent aussi s’accommoderde ces montagnes qui peuvent devenir dange-reuses à tout moment. Les éruptions de grandeampleur se produisent tous les 10 000 ans, expli-quent les vulcanologues nippons, mais il est diffi-cile de déterminer précisément le moment oùelles auront lieu. Cela ne veut pas dire pour autant que les Japonaisvivent dans la psychose de l’explosion volcanique.Depuis des siècles, ils ont appris à vivre avec lescaprices de la nature quelle que soit la forme qu’ilsprennent. Les volcans appartiennent à l’identitédu pays. Ils font partie intégrante du paysage etsont dans certains cas de véritables repères. Fuji-
San, le mont Fuji, est même devenu un symbolemondial depuis qu’il a été inscrit au Patrimoinemondial de l’humanité. Sans ce volcan, le Japonne serait pas tout à fait le Japon. Lorsqu’on setrouve à Tôkyô, dans un endroit suffisammentélevé, on cherche toujours du regard le mont Fujicomme un repère, comme si on voulait se rassu-rer. C’est paradoxal pour une montagne dontl’éruption pourrait causer tant de dommages.Peut-être incarne-t-il un kami, une divinité,auquel il convient de rendre hommage pourgagner ses grâces. Majestueux, ce volcan est d’unebeauté incroyable, inspirant les plus grandsartistes japonais comme Hokusai, à l’honneurdans de nombreuses expositions à travers lemonde. “Le Fuji est souple, fier comme une épée,il invite à l’audace. Le Fuji fait penser à une jeunevierge – ce n’est pas un hasard qu’il soit la demeurede la ‘Princesse-qui-fait-fleurir-les-arbres’ – ou àun guerrier adolescent qui combat pour sa foi. C’estpourquoi le Fuji est également proche de l’amour,de la mort, de tous les grands égarements”, écrivait
L’archipel des volcansMalgré le danger qu’ils peuvent parfoisreprésenter, ces montagnes de feu ont unpouvoir d’attraction sur les Japonais.
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La majesté de Fuji-San a inspiré de très nombreux artistes comme Hokusai qui fait l’objet d’une exposition au Grand Palais. Voir pp. 21 à 23.
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l’Italien Fosco Maraini, familier d’un autre vol-can : l’Etna.Fuji-San n’est pas le seul volcan à posséder un pou-voir d’attraction sur les populations qui, malgréle danger potentiel qu’ils représentent, n’hésitentpas à s’installer à leur proximité. Sakurajima, à lapointe sud de l’île de Kyûshû, en est un excellentexemple. A la différence du mont Fuji dont la der-nière éruption remonte à 1707, le volcan de “l’îledu cerisier” continue à cracher régulièrement dela fumée, obligeant régulièrement les habitants àsubir ses rejets. Sur la même île de Kyûshû, Aso-San est un complexe qui regroupe une quinzainede cônes volcaniques au sein d'une caldeira de 24km sur 18 km, soit une circonférence de 128 km,ce qui en fait l'une des plus grandes du monde.C’est un endroit magnifique qui suscite l’émer-veillement de tous ceux qui s’y rendent. C'est leseul endroit au Japon où les touristes peuvent, dubord du cratère, voir les fumées noires s’élever duvolcan. Des bunkers ont été bâtis sur les flancspour protéger les visiteurs en cas de petite éruption.Mais il arrive parfois que l’accès soit interdit enraison de l’émanation de gaz. Plus au nord du pays,dans cette formidable région qu’est le Tôhoku, aunord-est de l’île principale de Honshû, se trouveZaô-Zan, le mont Zaô. C’est un des joyaux de lanature au Japon qui attire chaque année des cen-taines de milliers de touristes. S’ils apprécient ladiversité de la végétation qui s’est constituée autourde cette chaîne volcanique, beaucoup viennentprofiter des nombreuses sources thermales (onsen)de la région. La présence des volcans expliquel’abondance des sources d’eau chaude auxquellesles Japonais vouent aussi un culte. Le feu et l’eauque tout oppose se rejoignent pour le plus grandplaisir d’une population. Celle-ci est prête parfoisà parcourir des centaines de kilomètres pour pro-fiter de ces lieux où le temps de quelques heuresou quelques jours elle peut tout oublier dans cetteeau chaude venue des entrailles de la terre. Malgréle danger qu’ils peuvent représenter, les volcansont attiré, attirent et attireront encore les Japonaisqui ne peuvent pas s’en passer. Ils appartiennentà leur quotidien. Ils les respectent en leur vouantun culte comme le souligne la présence de sanc-tuaires shintoïstes à proximité ou au sommet deces montagnes de feu. Et à chaque fois que le tempsle permettra, ils seront encore des centaines à selancer dans leur ascension pour aller admirer leurbeauté qui parfois peut s’avérer fatale, comme cefut le cas le 27 septembre dernier avec l’éruptionsurprise d’Ontake-San.
“Un ciel sans couleurrejoint
la mer couleur de cendres ”
Haiku du poète OgIwArA SeisensuiODAIRA NAMIHEI
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Le 27 septembre, Ontake-San est entré en éruption, causant la mort de près de 60 personnes.
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K Y Û S H Û
S H I K O K U
H O N S H Û
Kanazawa
Nagoya
Kyôto
Ôsaka
Kôbe
HiroshimaKitakyûshû
Nagasaki
Kagoshima
Norikura-Dak
YD
Yake-Dake
Haku-San
Tsurumi-Dake
Aso-San
Aso-San
Unzen-Dake
Kujû-San
Kirishima-Yama
Sakurajima
Suwanose-Jima
Suwanose-Jima
Satsuma Iô-Jima
Kuchinoerabu-Jima
K
O c é a n P a c i f i q u e
M e r
d u J a p o n
Un pays sous haute pressionLes 110 volcans actifs de l’archipel
Les 47 volcans les plus actifs
Principaux volcans ou groupes de volcans de l’archipel
Volcans sous surveillance constantede l’Agence météorologique du Japon
23 volcans ont une activité plusimportante encore que les autres
Limites des plaques lithosphériques
5 : Évacuer
4 : Se préparer à évacuer
3 : Ne pas approcher du volcan
2 : Ne pas approcher du cratère
1 : Normal
Niveaux d’alerte
pas de cas(état septembre2014)
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K Y Û S H Û
S H I K O K U
H O N S H Û
Kanazawa
Nagoya
Kyôto
Ôsaka
Kôbe
HiroshimaKitakyûshû
Nagasaki
Kagoshima
Norikura-Dak
YD
Yake-Dake
Haku-San
Tsurumi-Dake
Aso-San
Aso-San
Unzen-Dake
Kujû-San
Kirishima-Yama
Sakurajima
Suwanose-Jima
Suwanose-Jima
Satsuma Iô-Jima
Kuchinoerabu-Jima
K
O c é a n P a c i f i q u e
M e r
d u J a p o n
Un pays sous haute pressionLes 110 volcans actifs de l’archipel
Les 47 volcans les plus actifs
Principaux volcans ou groupes de volcans de l’archipel
Volcans sous surveillance constantede l’Agence météorologique du Japon
23 volcans ont une activité plusimportante encore que les autres
Limites des plaques lithosphériques
5 : Évacuer
4 : Se préparer à évacuer
3 : Ne pas approcher du volcan
2 : Ne pas approcher du cratère
1 : Normal
Niveaux d’alerte
pas de cas(état septembre2014)
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O K I N A W A
H O K K A I D Ô
Atosanupuri
Daisetsu-Zan
Tokachi-Dake
Oakan-Dake
Kuttara
E-San
Iwaki-San
Akita Koma-Ga-Take
Chôkai-San
Akita Yake-Yama
Akita Yake-Yama
Iwate-San
Kurikoma-Yama
Azuma-Yama
Adatara-Yama
Io-To
Nasu-Dake
Nasu-Dake
Kusatsu Shirane-San
à 1 000 km
Tôkyô
azawa
agoya
Nagano
Sendai
Morioka
Naha
Hachinohe
Aomori
Hakodate
Sapporo
Kushiro
Akita
Izu Ôshima
Miyake-Jima
Hachijô-Jima
NikkoShirane-San
NiigataYake-Yama
ikura-Dake
Fuji-San
Yake-Dake
Ontake-SanAsama-Yama
Hakone-Yama
Izu-Tôbu
Nii-Jima
Kôzu-Shima
Ao-Ga-Shima
Zaô-Zan
Bandai-San
Tarumae-San
Usu-Zan
Usu-Zan
HokkaidôKoma-Ga-Take
O c é a n P a c i f i q u e
Nii-Jima
Île apparue le 20 novembre 2013
150 km
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V ivre au Japon, c’est comme si l’on étaitassis sur une bombe à retardement prêteà exploser à tout moment. Non seulement
l’archipel est l’un des pays au monde où les séismessont les plus fréquents, mais il y a aussi les tsunami,les inondations, des volcans en activité et unesaison des typhons qui le traverse chaque année.La plupart d’entre nous ont enregistré ça dans uncoin de sa tête et nous essayons de ne pas trop ypenser. Reste que la possibilité d’un violent trem-blement de terre existe quel que soit l’endroit oùl’on se trouve en train de marcher dans la rue, entrain de dormir à la maison, en train de prendre letrain. Et la façon dont nous réagirons au cours desquelques secondes après la secousse pourra noussauver la vie. Ceux qui vivent dans la région de Tôkyô ont lachance d’avoir à leur disposition de nombreuxendroits où ils peuvent apprendre à réagir en casde catastrophe naturelle. Et comme ça se passedans la capitale, on peut apprendre en s’amusant.Tôkyô dispose de cinq grands Centres de pré-vention des catastrophes, mais si vous n’avez letemps que d’en visiter un seul, il n’y a pas demeilleur endroit que le Centre d’apprentissagede la sécurité de Honjo.Situé à proximité de la tour Tokyo Sky Tree, cetétablissement est le plus récent et le plus granddes bôsaikan, comme on dit en japonais, à avoirété créé dans la capitale. On en trouve deux autresà Ikebukuro et Tachikawa, mais ce bâtiment gi-gantesque est le meilleur des trois. En plus des ex-positions, d’une bibliothèque et d’une documen-tation très riche, les gens s’y rendent nombreuxpour participer à une “visite guidée” de deuxheures au cours duquel ils découvrent un film surles séismes en 3D, font l’expérience d’un tremble-ment de terre de magnitude 7, apprennent à sortird’un appartement enfumé, s’entraînent à éteindreun incendie et à affronter une tempête. D’unecertaine façon, vous pouvez le considérer commeune sorte de parc d’attractions. C’est sans doutepour cette raison que de nombreuses familles fi-gurent parmi les visiteurs. La visite commence dans la salle de cinéma duCentre de prévention située au 3e étage. Grâceaux lunettes 3D que l’on vous fournit, vouspouvez regarder un film destiné à vous apprendreà réagir en cas d’une violente secousse. De touteévidence, le documentaire a été tourné il y aplusieurs années, mais il est très réaliste et vousprocure quelques frissons garantis. En le voyant,
je me suis souvenu de ces films catastrophes envogue dans les années 1970. La prochaine étapeconcerne les incendies. Vous êtes alors plongédans la fumée au milieu de ce qui ressemble à unappartement et vous devez trouver la sortie, envous déplaçant accroupi de façon à ne pas inhalerde la fumée. On vous procure ensuite un ex-tincteur que l’on vous apprend à manipuler.Vous le dirigez vers un écran sur lequel desimages d’un appartement en feu apparaissent etcomme par magie, vous parvenez à éteindre l’in-cendie. De toute évidence, l’endroit que tous lesvisiteurs veulent voir est la section consacrée àla simulation de séismes. Le guide décide del’intensité du tremblement de terre en fonctionde votre âge. Si vous avez l’air en bonne santé, ilest probable qu’il pousse le curseur jusqu’à lamagnitude 7. A chaque étape, les visiteurs sont encadrés parun instructeur de telle sorte que les différentesactivités se déroulent en toute sécurité. Mêmeles enfants peuvent les pratiquer pour prendreconscience de la réalité de ce genre d’événementet vous préparer en conséquence. En général, lesexplications sont données en langue japonaise,mais la plupart des instructeurs parlent anglaiset de la documentation sont fournies dans lalangue de Shakespeare. Mais vous pouvez profiterde l’expérience, en reproduisant les gestes desautres personnes présentes.Les personnes désireuses de faire l’expérience descénarios catastrophes encore plus impressionnantsdoivent se rendre au Parc de prévention des catas-trophes naturelles de Tokyo Rinkai. Au 1er étage,
TEST Mieux vaut prévenir que guérirA la merci des caprices de la nature, les Japonais se préparent au pire dans des espaces dédiés et ludiques.
les visiteurs y trouveront une quantité importanted’information en anglais et en japonais. Ils pourrontaussi comparer les équipements d’urgence dumonde entier et visionner une série de films commeun documentaire sur un méga séisme ou la versionspéciale du film d’animation Tokyo Magnitude8.0 (que vous pouvez trouver sur YouTube).Le moment le plus intéressant se situe dans lazone de simulation baptisée 72 heures qui setrouve au rez-de-chaussée. Equipé d’une consoleNintendo DS multilingue, vous déambulez dansTôkyô dévasté par un séisme imaginaire. Laconsole vous entraîne vers différents endroits etvous marquez des points chaque fois que vousrépondez aux questions posées. Le but de ce“jeu” est de déterminer si vous êtes à même desurvivre dans les trois jours qui suivent une ca-tastrophe de grande ampleur, c’est-à-dire pendantcette période au cours de laquelle les secours nesont pas encore organisés de façon structurée.72 heures est une réussite. Son seul défaut estde se terminer trop vite. Sachez seulement queles enfants les plus jeunes peuvent être incom-modés par le bruit et le noir.
JEAN DEROME
Des écoliers viennent apprendre les bons réflexes en cas de catastrophe au Parc de Tokyo Rinkai.
Jéré
mie
Sou
teyr
at p
our
Zoo
m Ja
pon
INFOS PRATIQUESHonjo Bôsaikan 4-6-6 Yokokawa, Sumida-ku,Tôkyô. Tél. 03-3621-0119. De 9 h à 17 h. Fermé lemercredi et le troisième jeudi de chaque mois. Gratuit. Réservation obligatoire par téléphone.Parc de prévention des catastrophes naturelles de Tôkyô Rinkai 3 Ariake, Kôtô-ku, Tôkyô. Tél. 03-3529-2180. De 9 h 30 à 17 h. Fermé lelundi. Gratuit. Aucune réservation n’est requise.
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S elon les autorités japonaises, il y a 70 % derisques que Tôkyô vivent un séisme degrande ampleur au cours des trente pro-
chaines années. Du fait qu’il n’existe pas vraimentd’endroits sûrs dans l’archipel, il ne reste que deuxalternatives face à cette éventualité. La premièreest de quitter le pays, la seconde consiste à sepréparer au mieux à faire face à ce type d’événement.Voilà pourquoi Zoom Japon a rencontré YaMazaki
Jun’ichi qui dirige le Parc de prévention des ca-tastrophes naturelles de Tôkyô Rinkai.“Il y a un certain nombre de choses que l’on nepeut pas contrôler, reconnaît M. YaMazaki, maisnous pouvons prendre un certain nombre demesures qui permettront de nous protéger, no-tamment au niveau de notre habitation”. Pourétayer son propos, il nous conduit dans un bâ-timent du parc où deux pièces identiques ontété aménagées, mais l’état de chacune d’entreelles est bien différent. il s’agit de montrer com-ment une maison réagit à un séisme important.“En 1995, Kobe a connu un tremblement deterre désastreux qui a coûté la vie à 6 500 personnes.Beaucoup d’entre elles ont été tuées par l’effon-drement de bâtiments, mais l’autre grande causede mortalité a été la chute de meubles lors de lasecousse. C’est à ce niveau que nous pouvons agirpour prévenir ce genre d’accidents. Il faut, parexemple, fixer au mur les meubles afin d’éviterqu’ils ne tombent. Par ailleurs, si vous disposezun grand meuble près d’une porte, il y a deschances qu’il vous empêche de sortir s’il venait àtomber en cas de séisme. Installer une étagère au-dessus de votre lit est aussi une source de danger.La cuisine est un endroit particulièrement dan-gereux, car on y trouve beaucoup de vaisselles etde verres. Même le réfrigérateur peut se transformeren un objet mouvant mortel”, explique-t-il.Nous le suivons ensuite dans un autre secteurconstitué d’un diorama. Sur la porte d’une su-pérette, on découvre un étrange autocollant.
“Il signifie qu’on est enmesure ici d’apporter del’aide en cas de catas-trophe d’ampleur”, ra-conte YaMazaki
Jun’ichi. Dans les quar-tiers centraux des grandes
villes comme Tôkyô et Yokohama, il y a unegrande différence entre la population qui s’y trouvedans la journée et celle du soir. La plupart desgens résident ailleurs. Dans la plupart des quartiers,
les abris ont été conçus en fonction des résidents.En cas de force majeure, il faut être en mesure degérer ceux qui ne vivent pas là. il est donc indis-pensable de pouvoir compter sur l’aide de supérettes,de stations-service voire de restaurants qui se sontportés volontaires pour offrir leur aide sous formed’eau, de relais d’information concernant les se-cours.Nous regardons ensuite un film qui simule unviolent tremblement de terre à Tôkyô. il est 18het la ville va bientôt être plongée dans le noir àl’exception des endroits où des incendies se sontdéclarés. Tout le trafic est paralysé. Des bâtimentset des infrastructures sont sérieusement endom-magés. “Le problème avec les feux, c'est que leurnombre rend extrêmement difficile le travail despompiers, souligne M. YaMazaki. Un autre problème
est que le premier réflexe de beaucoup de gens est derentrer chez eux. Cela pose malheureusement beaucoupde problèmes comme la congestion de la circulationqui rend plus compliqué le travail des sauveteurs.Donc idéalement tous ces gens bloqués loin de chezeux devraient rester à l’endroit où ils se trouvent etse diriger vers le site d'évacuation le plus proche”. “Un autre problème connexe est que, même avantde rentrer chez eux, les gens passent de nombreuxappels téléphoniques pour prendre des nouvelles deleurs proches. Tout le monde le fait en même temps,ce qui provoque un blocage des communications.Cependant, si on se contente de laisser un messagecourt, ce problème est moins susceptible de se pro-duire. Aussi a-t-on conçu un système de messagescourts qui peut être utilisé aussi bien avec un téléphone
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RENCONTRE Les conseils de M. YamazakiLe patron du Parc de prévention descatastrophes de Tôkyô Rinkai rappelleles quelques mesures de bon sens.
cellulaire ou un téléphone public”. M. Yamazakirecommande également aux gens d’avoir toujourssur eux une lampe de poche et une bouteille d’eau.“Un violent séisme s’accompagne toujours de coupuresélectriques. La lampe de poche est donc très pratique.Pour ce qui est de l’eau, on peut se retrouver coincerquelque part, notamment un ascenseur. Sachantqu’à Tôkyô, les ascenseurs des 30 000 immeublesrisquent de s’arrêter en cas de violent séisme, vousavez le risque de rester bloqué dans l’un d’entre euxpendant 2 ou 3 jours. Avoir une bouteille d’eau sursoi accroît vos chances de survie”, ajoute-t-il.YaMazaki Jun’ichi compare la prévention desséismes à la santé dentaire. “Beaucoup de gens neconsultent un dentiste que le jour où ils ont vraimentmal, mais ce jour-là, il peut être déjà trop tard, dit-il. Le dentiste peut alors vous retirer votre mauvaise
dent. Cela peut être comparé à la perte d'un membrede la famille en cas de catastrophe. La différence estque vous pouvez toujours remplacer une dent, maisvous ne pouvez jamais remplacer une personnemorte. C'est pourquoi la prévention est si importante”. “En tout cas, tout le monde doit comprendre qu’unséisme peut se produire à tout moment. C’est sisoudain que nous n'avons pas souvent le temps deréagir. Désormais, la plupart des téléphones portablesau Japon sont équipés d'un système d’alerte censévous avertir quelques secondes avant le tremblementde terre, mais il est généralement trop tard pourfaire quoi que ce soit. La seule façon d'augmentervos chances de survie est de penser à l'avance et êtreprêt”, conclut-il.
J. D.
Au Parc de prévention des catastrophes naturelles de Tôkyô Rinkai, tous les conseils sont bons.
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V ivre au Japon, c’est comme si l’on étaitassis sur une bombe à retardement prêteà exploser à tout moment. Non seulement
l’archipel est l’un des pays au monde où les séismessont les plus fréquents, mais il y a aussi les tsunami,les inondations, des volcans en activité et unesaison des typhons qui le traverse chaque année.La plupart d’entre nous ont enregistré ça dans uncoin de sa tête et nous essayons de ne pas trop ypenser. Reste que la possibilité d’un violent trem-blement de terre existe quel que soit l’endroit oùl’on se trouve en train de marcher dans la rue, entrain de dormir à la maison, en train de prendre letrain. Et la façon dont nous réagirons au cours desquelques secondes après la secousse pourra noussauver la vie. Ceux qui vivent dans la région de Tôkyô ont lachance d’avoir à leur disposition de nombreuxendroits où ils peuvent apprendre à réagir en casde catastrophe naturelle. Et comme ça se passedans la capitale, on peut apprendre en s’amusant.Tôkyô dispose de cinq grands Centres de pré-vention des catastrophes, mais si vous n’avez letemps que d’en visiter un seul, il n’y a pas demeilleur endroit que le Centre d’apprentissagede la sécurité de Honjo.Situé à proximité de la tour Tokyo Sky Tree, cetétablissement est le plus récent et le plus granddes bôsaikan, comme on dit en japonais, à avoirété créé dans la capitale. On en trouve deux autresà Ikebukuro et Tachikawa, mais ce bâtiment gi-gantesque est le meilleur des trois. En plus des ex-positions, d’une bibliothèque et d’une documen-tation très riche, les gens s’y rendent nombreuxpour participer à une “visite guidée” de deuxheures au cours duquel ils découvrent un film surles séismes en 3D, font l’expérience d’un tremble-ment de terre de magnitude 7, apprennent à sortird’un appartement enfumé, s’entraînent à éteindreun incendie et à affronter une tempête. D’unecertaine façon, vous pouvez le considérer commeune sorte de parc d’attractions. C’est sans doutepour cette raison que de nombreuses familles fi-gurent parmi les visiteurs. La visite commence dans la salle de cinéma duCentre de prévention située au 3e étage. Grâceaux lunettes 3D que l’on vous fournit, vouspouvez regarder un film destiné à vous apprendreà réagir en cas d’une violente secousse. De touteévidence, le documentaire a été tourné il y aplusieurs années, mais il est très réaliste et vousprocure quelques frissons garantis. En le voyant,
je me suis souvenu de ces films catastrophes envogue dans les années 1970. La prochaine étapeconcerne les incendies. Vous êtes alors plongédans la fumée au milieu de ce qui ressemble à unappartement et vous devez trouver la sortie, envous déplaçant accroupi de façon à ne pas inhalerde la fumée. On vous procure ensuite un ex-tincteur que l’on vous apprend à manipuler.Vous le dirigez vers un écran sur lequel desimages d’un appartement en feu apparaissent etcomme par magie, vous parvenez à éteindre l’in-cendie. De toute évidence, l’endroit que tous lesvisiteurs veulent voir est la section consacrée àla simulation de séismes. Le guide décide del’intensité du tremblement de terre en fonctionde votre âge. Si vous avez l’air en bonne santé, ilest probable qu’il pousse le curseur jusqu’à lamagnitude 7. A chaque étape, les visiteurs sont encadrés parun instructeur de telle sorte que les différentesactivités se déroulent en toute sécurité. Mêmeles enfants peuvent les pratiquer pour prendreconscience de la réalité de ce genre d’événementet vous préparer en conséquence. En général, lesexplications sont données en langue japonaise,mais la plupart des instructeurs parlent anglaiset de la documentation sont fournies dans lalangue de Shakespeare. Mais vous pouvez profiterde l’expérience, en reproduisant les gestes desautres personnes présentes.Les personnes désireuses de faire l’expérience descénarios catastrophes encore plus impressionnantsdoivent se rendre au Parc de prévention des catas-trophes naturelles de Tokyo Rinkai. Au 1er étage,
TEST Mieux vaut prévenir que guérirA la merci des caprices de la nature, les Japonais se préparent au pire dans des espaces dédiés et ludiques.
les visiteurs y trouveront une quantité importanted’information en anglais et en japonais. Ils pourrontaussi comparer les équipements d’urgence dumonde entier et visionner une série de films commeun documentaire sur un méga séisme ou la versionspéciale du film d’animation Tokyo Magnitude8.0 (que vous pouvez trouver sur YouTube).Le moment le plus intéressant se situe dans lazone de simulation baptisée 72 heures qui setrouve au rez-de-chaussée. Equipé d’une consoleNintendo DS multilingue, vous déambulez dansTôkyô dévasté par un séisme imaginaire. Laconsole vous entraîne vers différents endroits etvous marquez des points chaque fois que vousrépondez aux questions posées. Le but de ce“jeu” est de déterminer si vous êtes à même desurvivre dans les trois jours qui suivent une ca-tastrophe de grande ampleur, c’est-à-dire pendantcette période au cours de laquelle les secours nesont pas encore organisés de façon structurée.72 heures est une réussite. Son seul défaut estde se terminer trop vite. Sachez seulement queles enfants les plus jeunes peuvent être incom-modés par le bruit et le noir.
JEAN DEROME
Des écoliers viennent apprendre les bons réflexes en cas de catastrophe au Parc de Tokyo Rinkai.
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C omme en témoigne l’abondante icono-graphie japonaise, les risques telluriquessont omniprésents au pays des “cents vol-
cans”. Selon la mythologie, lorsque le poisson-chatgéant Namazuse réveille, ses frétillements provoquentdes séismes destructeurs. Le récent réveil inattendudu volcan Ontake nous rappelle à quel point lanature est capricieuse et la science incapable de pré-venir ses soubresauts. Une des images les plus em-blématiques du pays est le mont Fuji situé en ar-rière-plan de la mégalopole tokyoïte. Les cendresvolcaniques éjectées lors de sa dernière éruption en1707 ont fortement perturbé l’ensemble de larégion. Moins connu, le volcan actif du mont Zaosurplombe la ville de Sendai et son million d’habitants.
Pour tenter de prévenir les catastrophes, les Japonaisont établi, depuis plusieurs dizaines d’années, lesystème de surveillance géophysique le plus perfor-mant de la planète. Il permet à tous les scientifiquesd’étudier en détail les phénomènes qui précèdentles cataclysmes volcaniques et sismiques.Afin de scruter ces phénomènes, une méthode ré-volutionnaire a été développée ces dernières annéesdans notre laboratoire à Grenoble. Elle permetd’obtenir une échographie de la croûte terrestre etainsi de scruter les mouvements imperceptibles àl’intérieur de la Terre qui préparent lentement leséruptions volcaniques et les séismes destructeurs.De manière assez poétique, cette méthode exploite
les “bruissements” émis par l’océan et captés pardes sismomètres répartis à la surface de notre planète.Le 11 mars 2011, un séisme géant de magnitude 9s’est produit. Il a engendré le tsunami et la catastrophehumaine que nous connaissons tous. Mais les ondessismiques destructrices n’ont pas seulement fissuréet endommagé les habitations et constructions,elles ont aussi, par leur intensité, secoué et perturbél’intérieur de la Terre. Suite à ce séisme d’envergure,des milliers d’autres dont certains assez puissants sesont produits dans l’archipel maintenant un étatde panique généralisé durant des mois parmi la po-pulation. En revanche, aucune éruption volcaniquen’a eu lieu à la suite du 11 mars contrairement auxprévisions des scientifiques.Notre équipe en partenariat avec les centres de re-cherche de Tôkyô, Tsukuba et Sendai a initié untravail de longue haleine pour ausculter grâce ànotre nouvelle méthode les conséquences du séisme
du 11 mars sur l’écorce terrestre. Après des moisd’intense travail, les résultats nous ont surpris.Contrairement à nos attentes, l’endommagementintense de l’écorce terrestre provoqué par les ondessismiques émises au moment du séisme géant nes’est pas concentré dans le nord-est, mais dans leszones situées sous les chaînes volcaniques. En parti-culier, le mont Fuji, situé à plus de 500 km de là,montrait une anomalie parmi les plus grandes.Comment pouvait-on interpréter ces observations ?La réponse est venue de nos collègues japonais quiconnaissent et surveillent leur “troupeau” de volcansimpétueux. En effet, sous les régions volcaniquesoù nos observations indiquaient de fortes anomalies,
des centaines de petits séismes se sont produits in-diquant une fragilisation d’un milieu déjà en état“critique”. Nous avons ensuite pu émettre l’hypothèseque cet état “critique” était le fruit de la pressionintense de fluides (eau, gaz) en profondeur réchaufféspar le magma sous les volcans. Nous avons ainsi puimager pour la première fois l’état de l’écorce terrestreet mettre en évidence des régions extrêmementsensibles aux moindres perturbations extérieures.Pourquoi alors les volcans situés au-dessus de cesrégions ne sont pas entrés en éruption à la suite duséisme géant du 11 mars 2011 ? Les calculs montrentque, avant tout, c’est la pression au sein même dumagma en profondeur qui contrôle la remontée ounon du magma vers la surface et le déclenchementd’une éruption volcanique. Les perturbations liéesau séisme du 11 mars n’étaient pas assez fortes pouraugmenter de manière significative la pression dumagma en profondeur. En revanche, le séisme nous
a permis d’illuminer les régions potentiellementdangereuses, mais aussi probablement actives enterme géothermique, caractérisées par la présencede nombreuses sources chaudes. Comme le pensentles scientifiques japonais, il existe un risque élevéd’éruption du mont Fuji en cas de séisme dans larégion du Tôkai, au sud de Tôkyô. En 1707, untremblement de terre dans cette partie du paysavait fait 20 000 victimes avant que 49 jours plustard, le mont Fuji connaisse sa dernière éruption àce jour. A défaut d’être en mesure de calmer les ar-deurs du poisson-chat Namazu, les scientifiquesarriveront peut-être un jour à comprendre lescauses de ses troubles. FLORENT BRENGUIER
DR
RISQUES Les effets du 11 mars 2011Membre de l’Institut des sciences de laterre, Florent Brenguier nous fait partdes résultats d’une étude inquiétante.
La dernière éruption du mont Bandai a eu lieu en juillet 1888. Elle a été immortalisée par INOUE Tankei.
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novembre 2014 numéro 45 ZOOM JAPON 15
D epuis le séisme du 11 mars et l’accidentde la centrale de Fukushima Dai-ichi,l’ensemble des réacteurs nucléaires ja-
ponais ont été mis à l’arrêt. Seule la centrale d’Ôidans la préfecture de Fukui a connu un redémarrageprovisoire avant qu’un tribunal le juge illégal. Maisplus de trois ans après la double catastrophe, sousla pression des compagnies d’électricité, les autoritésenvisagent d’autoriser la relance de certains réacteurs.Pourtant, la majorité des Japonais sont opposés àcette idée. Selon le dernier sondage sur le sujet,57,3 % des personnes interrogées manifestent leuropposition au redémarrage des différentes centralesdans le pays quelles que soient leur localisation etles garanties apportées par les sociétés en chargede leur gestion. Après l’accident de FukushimaDai-ichi, le gouvernement a exigé la création denouvelles normes de sécurité avant d’autoriser laremise en route de certains réacteurs comme celuide la centrale de Sendai, sur l’île de Kyûshû. Selonl’Autorité de régulation nucléaire (ARN), l’ins-tallation exploitée par Kyûshû Electric répondaux nouvelles normes et peut par conséquent êtrerelancée. La population y est pourtant majoritai-rement opposée. D’après une enquête de l’AsahiShimbun réalisée fin juillet, 59 % des Japonais re-jettent cette décision, gardant en mémoire l’accidentde Fukushima Dai-ichi, mais surtout soulignantles dangers liés aux caprices de la nature dans cettepartie du Japon. Même si sur le plan sismique, lesnouvelles exigences de sécurité de l’ARN semblentavoir été respectées pour justifier le redémarrage
de la centrale de Sendai, les habitants pointent dudoigt le danger des volcans. Il faut dire que l’ins-tallation se trouve dans une région où se concentrentplusieurs volcans en activité : Sakurajima, Kiri-shima-Yama, Aso-San et Unzen-Dake. Le plus proche est Sakurajima dont les éruptionssont fréquentes et parfois impressionnantes. Celledu 18 août 2013 avec une colonne de fumée de5 000 mètres de haut et des rejets de fragmentsvolcaniques a rappelé que le volcan reste très dan-gereux au point de maintenir encore aujourd’hui à3 son niveau d’alerte, en vertu duquel il est interditde s’en approcher. Sa dernière grande éruption re-monte à 1914, date à laquelle l’île volcanique estdevenue une presqu’île quand la lave a comblé ledétroit qui la séparait de l’île de Kyûshû. Placésous surveillance permanante comme 47 autresvolcans dans l’archipel considérés comme les plus
actifs, Sakurajima constitue un danger pour lespopulations, mais aussi pour de nombreuses infra-structures comme la centrale nucléaire de Sendai.Il a d’ailleurs été placé au niveau 3 du plan d’alertesur les volcans qui en compte 5, lequel stipule l’in-terdiction de s’en approcher. A la suite de l’ARN,les autorités préfectorales ont approuvé le redé-marrage du site nucléaire malgré l’opposition deshabitants aux alentours. En effet, ils contestent lesplans d’évacuation établis par Kyûshû Electric, no-tamment à Ichikikushikino, ville à proximité. Laroute choisie pour évacuer est petite et souventinondée par la mer et certains résidents ont relevéqu’une garderie accueillant près de 60 enfantsn’avait pas bénéficié du plan d’évacuation. L’ama-teurisme et le manque de moyens pour faire face àce genre de catastrophe ne sont pas de nature à ras-surer la population. Au lendemain du tsunami demars 2011, les responsables politiques et ceux deTepco, l’opérateur de la centrale de FukushimaDai-ichi, avaient abondamment utilisé le termesôteigai– ce qui est hors du champ du prévisible –pour qualifier la catastrophe et d’une certaine façonpour s’exonérer de leurs responsabilités. Commel’a montré l’éruption d’Ontake-San, le 27 septembre,il est impossible de prévoir une éruption. Les spé-cialistes ne manquent pas de le rappeler. On ditque les éruptions de grande ampleur se produisentenviron tous les 10 000 ans dans l’archipel, maispersonne n’est en mesure aujourd’hui de prédirequand la prochaine aura lieu. Aussi est-il préférabled’éviter de remettre en route une installationnucléaire située dans une zone où trois volcanssont déjà à des niveaux d’alerte situés entre 2 et 3.L’éruption d’Ontake-San a eu au moins le mérited’amener Kyûshû Electric à revoir ses plans liésaux volcans. Mais la majorité des Japonais a dequoi rester sceptique. O. N.
ZOOM DOSSIER
DR
NUCLÉAIRE Quand l’imprévisible fait loiMalgré l’opposition d’une majorité deJaponais et les risques liés à une éruption,la centrale de Sendai pourrait redémarrer.
Sakurajima, volcan actif situé en face de Kagoshima, se trouve à 50 km de la centrale de Sendai.
Les réacteurs de la centrale de Sendai figurent parmi ceux que les autorités voudraient redémarrer.
DR
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C omme en témoigne l’abondante icono-graphie japonaise, les risques telluriquessont omniprésents au pays des “cents vol-
cans”. Selon la mythologie, lorsque le poisson-chatgéant Namazuse réveille, ses frétillements provoquentdes séismes destructeurs. Le récent réveil inattendudu volcan Ontake nous rappelle à quel point lanature est capricieuse et la science incapable de pré-venir ses soubresauts. Une des images les plus em-blématiques du pays est le mont Fuji situé en ar-rière-plan de la mégalopole tokyoïte. Les cendresvolcaniques éjectées lors de sa dernière éruption en1707 ont fortement perturbé l’ensemble de larégion. Moins connu, le volcan actif du mont Zaosurplombe la ville de Sendai et son million d’habitants.
Pour tenter de prévenir les catastrophes, les Japonaisont établi, depuis plusieurs dizaines d’années, lesystème de surveillance géophysique le plus perfor-mant de la planète. Il permet à tous les scientifiquesd’étudier en détail les phénomènes qui précèdentles cataclysmes volcaniques et sismiques.Afin de scruter ces phénomènes, une méthode ré-volutionnaire a été développée ces dernières annéesdans notre laboratoire à Grenoble. Elle permetd’obtenir une échographie de la croûte terrestre etainsi de scruter les mouvements imperceptibles àl’intérieur de la Terre qui préparent lentement leséruptions volcaniques et les séismes destructeurs.De manière assez poétique, cette méthode exploite
les “bruissements” émis par l’océan et captés pardes sismomètres répartis à la surface de notre planète.Le 11 mars 2011, un séisme géant de magnitude 9s’est produit. Il a engendré le tsunami et la catastrophehumaine que nous connaissons tous. Mais les ondessismiques destructrices n’ont pas seulement fissuréet endommagé les habitations et constructions,elles ont aussi, par leur intensité, secoué et perturbél’intérieur de la Terre. Suite à ce séisme d’envergure,des milliers d’autres dont certains assez puissants sesont produits dans l’archipel maintenant un étatde panique généralisé durant des mois parmi la po-pulation. En revanche, aucune éruption volcaniquen’a eu lieu à la suite du 11 mars contrairement auxprévisions des scientifiques.Notre équipe en partenariat avec les centres de re-cherche de Tôkyô, Tsukuba et Sendai a initié untravail de longue haleine pour ausculter grâce ànotre nouvelle méthode les conséquences du séisme
du 11 mars sur l’écorce terrestre. Après des moisd’intense travail, les résultats nous ont surpris.Contrairement à nos attentes, l’endommagementintense de l’écorce terrestre provoqué par les ondessismiques émises au moment du séisme géant nes’est pas concentré dans le nord-est, mais dans leszones situées sous les chaînes volcaniques. En parti-culier, le mont Fuji, situé à plus de 500 km de là,montrait une anomalie parmi les plus grandes.Comment pouvait-on interpréter ces observations ?La réponse est venue de nos collègues japonais quiconnaissent et surveillent leur “troupeau” de volcansimpétueux. En effet, sous les régions volcaniquesoù nos observations indiquaient de fortes anomalies,
des centaines de petits séismes se sont produits in-diquant une fragilisation d’un milieu déjà en état“critique”. Nous avons ensuite pu émettre l’hypothèseque cet état “critique” était le fruit de la pressionintense de fluides (eau, gaz) en profondeur réchaufféspar le magma sous les volcans. Nous avons ainsi puimager pour la première fois l’état de l’écorce terrestreet mettre en évidence des régions extrêmementsensibles aux moindres perturbations extérieures.Pourquoi alors les volcans situés au-dessus de cesrégions ne sont pas entrés en éruption à la suite duséisme géant du 11 mars 2011 ? Les calculs montrentque, avant tout, c’est la pression au sein même dumagma en profondeur qui contrôle la remontée ounon du magma vers la surface et le déclenchementd’une éruption volcanique. Les perturbations liéesau séisme du 11 mars n’étaient pas assez fortes pouraugmenter de manière significative la pression dumagma en profondeur. En revanche, le séisme nous
a permis d’illuminer les régions potentiellementdangereuses, mais aussi probablement actives enterme géothermique, caractérisées par la présencede nombreuses sources chaudes. Comme le pensentles scientifiques japonais, il existe un risque élevéd’éruption du mont Fuji en cas de séisme dans larégion du Tôkai, au sud de Tôkyô. En 1707, untremblement de terre dans cette partie du paysavait fait 20 000 victimes avant que 49 jours plustard, le mont Fuji connaisse sa dernière éruption àce jour. A défaut d’être en mesure de calmer les ar-deurs du poisson-chat Namazu, les scientifiquesarriveront peut-être un jour à comprendre lescauses de ses troubles. FLORENT BRENGUIER
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RISQUES Les effets du 11 mars 2011Membre de l’Institut des sciences de laterre, Florent Brenguier nous fait partdes résultats d’une étude inquiétante.
La dernière éruption du mont Bandai a eu lieu en juillet 1888. Elle a été immortalisée par INOUE Tankei.
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L es catastrophes qu’elles soient naturellesou provoquées par l’activité humaine onttoujours été des sujets d’intérêt pour la
littérature ou le cinéma. Peu de pays ont manifestéautant d’enthousiasme à l’égard de ce genre deproduction que le Japon.Alors que les films américains d’antan se conten-taient d’amener quelques créatures extraterrestresdans une petite ville au milieu de nulle part, les Ja-ponais imaginaient Godzilla, un monstre gigan-tesque au “souffle atomique” qui apparaissait pourréduire Tôkyô en cendres. Quand l’auteur descience-fiction KomATSu Sakyô a écrit son romanconsacré à une catastrophe frappant le Japon, ilne s’est pas contenté de décrire un séisme degrande ampleur, il a simplement rayé l’archipel dela carte. Ancien artiste comique, KomATSu s’estlancé dans l’écriture de son roman en 1964 et illui a fallu neuf années pour le terminer. A la fin,l’histoire était tellement longue que l’éditeur adécidé de la publier en deux volumes. La Submersiondu Japon (Nihon Chinbotsu) commence par unesérie de séismes et d’éruptions volcaniques. Lacommunauté scientifique finit par penser quel’ensemble du pays va être submergé, encourageantle gouvernement japonais à entamer des négociationssecrètes avec d’autres pays pour qu’ils acceptentdes réfugiés japonais. Tandis que les opérationsd’évacuation se déroulent, le mont Fuji entre enéruption, dévastant la capitale avant que l’ensemblede l’archipel disparaisse dans l’océan Pacifique.A sa sortie, en 1973, le roman s’est vendu à 30 000exemplaires, un chiffre plutôt faible dans un paysoù la lecture est un passe-temps national et où leslivres de ce genre peuvent s’écouler à plusieurs cen-
taines de milliers d’exemplaires. L’année suivante,il remporta néanmoins deux prix littéraires presti-gieux. A la même période, une série de tremblementsde terre et d’éruptions volcaniques se produisirentincitant les Japonais à s’y intéresser. Bientôt, lesventes des deux volumes atteignirent les 4 millionsd’exemplaires tandis qu’une version abrégée étaitpubliée en anglais avant d’être suivie l’année suivantepar une traduction française abrégée également.Au-delà de son intrigue spectaculaire et désastreuse,La Submersion du Japon est devenue un best-sellerdans l’archipel en raison du message que le romanadressait à ses lecteurs. En effet, il apparaît commeune antithèse de l’optimisme né des années 1960et de l’avenir en rose que l’exposition universelled’Ôsaka en 1970 proposait aux Japonais. originairela capitale du Kansai, KomATSu avait été impliquédans la conception de l’événement de 1970. il étaitcélèbre pour ses histoires apocalyptiques qui criti-quaient souvent le monde scientifique compromis
CULTURE Une remise en cause du modèle Les catastrophes naturelles ont inspiré denombreux auteurs au premier rangdesquels KOMATSU Sakyô.
par le pouvoir politique et indifférent aux équilibresde la nature. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, leJapon a été obsédé par la croissance économiqueet la technologie. Au moment de la sortie du livre,les questions environnementales avaient pris beau-coup d’importance. Le pays était également secouépar une vague de terrorisme. En 1970, l’Arméerouge japonaise avait notamment détourné unappareil de la Japan Airlines avec 129 passagers àson bord. L’économie subissait une forte inflation.Et quand le choc pétrolier a eu lieu la mêmeannée, cela a contribué à approfondir un sentimentde crise parmi la population. Enfin, 1973 marquaitle 50e anniversaire du grand tremblement de terrequi avait dévasté Tôkyô et sa région le 1er septembre1923, tuant plus de 140 000 personnes. Commel’a souligné le critique SAwArAGi Noi dans sonlivre Sensô to banpaku [Guerre et Expositions uni-verselles, 2005, inédit en français], le roman deKomATSu exprimait très bien le sentiment domi-nant de désillusion et d’insécurité concernantcette nouvelle décennie, ce qui a contribué à lapropagation de l’intérêt pour les contenus annonçantla fin du monde. Puisqu’il s’agissait d’une histoirefondée sur des recherches, La Submersion du Japona eu, au moins, le mérite de faire connaître augrand public la théorie de la tectonique des plaquesqui était alors encore une idée nouvelle peu connuedu grand public.Le plus intéressant reste cependant l’idée que lesJaponais pourraient un jour devenir un peuple deréfugiés réparti un peu partout dans le monde.Comme KomATSu l’a affirmé, le sujet qu’il voulaittraiter dans son roman était justement de savoirce qui adviendrait si le peuple japonais perdaitson pays et devenait une nation nomade. Cette
La multiplication des éruptions volcaniques annonce la fin du Japon.
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K OMATSU Sakyô a influencé de nombreux auteursparmi lesquels KAWAGUCHI Kaiji. Le mangaka s’est
lancé dans une longue série qui a connu un très grandsuccès dans l’archipel. Avec Spirit of the sun (Taiyô nomokushiroku), il explore à sa façon les conséquencesd’un cataclysme naturel qui commence bien évidem-ment par une méga éruption du mont Fuji, symboledu pays. A l’instar de son illustre prédécesseur, KAWA-GUCHI s’attarde sur les conséquences que cette catas-trophe entraîne pour la population japonaise obligéede quitter l’archipel. Il le fait de façon tout à fait pas-sionnante avec cette pointe de nationalisme qui lecaractérise. La série publiée en France par Tonkamn’a malheureusement pas connu le même engoue-ment qu’au Japon faute de repères. Vous les avezdésormais, n’hésitez plus. O. N.
Une thématique reprise dans les manga
Spirit of the sun (Taiyô no mokushiroku) est
paru au Japon entre 2002 et 2010 dans le
bimensuel Big Comic.
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idée a sans doute rappelé à beaucoup de gens unautre best-seller Nihonjin to Yudayajin [Les Japonaiset les Juifs, inédit en français] publié en 1970 parYamamoTo shichihei sous le pseudonyme d’IsaiahBen-Dasan. Dans ce livre, YamamoTo expliquaitque les deux peuples partageaient le même sentimentde vulnérabilité et étaient relégués dans une positionpériphérique au niveau des relations internationales.Il est vrai que le Japon était souvent considérécomme un pays à l’écart dont la fierté nationaleest nourrie par la croyance d’être une nation àpart sinon unique du fait de son homogénéitéraciale et culturelle. si d’un côté l’archipel a expriméson désir de recevoir et d’adapter des idées ou destechniques venues de l’étranger, d’un autre côté,les Japonais n’ont jamais cessé d’avoir peur d’en-tretenir des relations étroites avec d’autres pays,coincés qu’ils étaient entre l’isolationnisme et l’in-ternationalisme.En ce sens, La Submersion du Japon est souventconsidérée comme une métaphore des relationsdifficiles que le Japon a entretenues avec le restedu monde. si le gouvernement japonais est souventloué pour ses aides financières aux pays en voie de
développement, il se montre beaucoup moinsenclin à accueillir des réfugiés, suscitant bien desdéceptions et se retrouvant dépassé par des paysbien plus petits que lui. Vu sous cet angle, leroman de KomaTsU est plutôt prophétique puisquele Japon se retrouve seul à gérer la situationd’urgence, en raison de l’attitude de son gouver-nement et de la mauvaise volonté des autres paysà recevoir des millions de réfugiés japonais. En dé-finitive, la fin apocalyptique de son histoire est laconséquence directe de plusieurs siècles d’isolementpolitique et culturel. KomaTsU s’attaque aussi àun autre sujet important selon lequel les Japonaissont moins adaptés pour vivre en dehors de leurpays que les autres peuples. La commission qui,dans le roman, est en charge de planifier l’avenirdes Japonais finit par dire que ces derniers devraientdisparaître avec leurs îles puisqu’ils sont incapablesde vivre loin d’elles.Le romancier a repris cet aspect de l’histoire, en2006, lorsqu’il a collaboré avec le jeune auteurTanI Kôshû dans Nihon Chinbostu, Dainibu [Lasubmersion du Japon 2, inédit en français]. agéalors de 75 ans, KomaTsU expliquait dans la postface
de ce roman que dans son histoire originale, ilavait envisagé de décrire le destin des survivants ja-ponais après la disparition de leur pays, mais lesdélais imposés par l’éditeur l’avaient obligé à réduirela longueur du roman. Dans la suite sortie en 2006,la population japonaise est passée de 120 millionsà 80 millions d’habitants. Les ministères japonaisinstallés dans différentes cités aux quatre coins dela planète tentent de soutenir leurs compatriotesinstallés un peu partout dans le monde. Danscertains endroits, les Japonais ont réussi à s’adapterà leur nouvel environnement tandis que dansd’autres parties de la planète, ils sont critiqués pourleur rôle néfaste sur l’environnement. Il arrivemême que leur intégration échoue et que desconflits surgissent avec les populations locales. Unefois encore, le gouvernement est divisé entre ceuxqui encouragent le nationalisme dans le but deprotéger la nation japonaise et ceux qui, au contraire,estiment que le mélange est la seule voie poursurvivre. Tous ces sujets trouvent un écho concretdans la situation politique actuelle dans le pays. Ence sens, il sera intéressant de voir quel chemin cepays empruntera à l’avenir. J. D.
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La Submersion du Japon a été adaptée une première fois en 1973. Un remake aux effets spéciaux plus spectaculaires est sorti en juillet 2006.
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h uMeuR par Koga Ritsuko
Je rêvais de maîtriser les droits sociaux commeles citoyens français, par exemple ceux de lasécurité sociale. J'entends souvent dire qu'iciles frais dentaires sont chers. c'est pour cetteraison qu'en 10 ans, je ne suis allé voir qu'uneseule fois un dentiste et que je n'ai finalementpas donné suite à cause d'un devis de 900 €pour une dent cassée. heureusement d’ailleursqu’elle ne me faisait pas mal. Le mois dernier,ce volcan dormant s'est mis en éruption enmême temps qu'un autre volcan dont la dou-leur a rayonné de ma tête à ma nuque. Je mepréparais psychologiquement à payer 2000 €,mais une collègue japonaise m'a proposé denous rendre ensemble dans un centre den-taire. nous en avons repéré un situé dans unquartier populaire, pensant qu'il devait êtrehabitué à recevoir desétrangers et j'ai donc prisun rendez-vous. Bingo ! entrois rendez-vous, je n'aipayé que 50 € au total pourune radio panoramique,l’extraction de deuxmolaires gravement affec-tées et le soin d'une dentcariée ! en plus j’étais tout à fait satisfait durésultat. Par contre, la jeune guichetière m'a fait payer33 € en échange d'une feuille de soin, en medisant de me faire rembourser par la suite parla sécu alors qu'elle avait ma carte vitale.comme ça n'a pas été le cas la fois suivante,j’étais persuadée que cette femme n'avait pasfait correctement son travail, ce que je n'auraispas pu dire si je devais supporter mes volcansdentaires. cette expérience m'a appris des choses et m'adonné un esprit plus clair pour continuer àvivre dans ce pays. Je suis même motivée pourme refaire faire une couronne pour laquelle cedentiste m'a fait un devis de 850€! Même paspeur ! Par contre, je n’étais pas du tout rassu-rée de sa jeune assistante-stagiaire qui n’étaitpas très habile lorsqu’elle a commencé à mani-puler l'aspirateur à salive dans ma bouche.
Vivre ou ne pas vivreavec des volcans
Jeunesse Méchant, le loup ?Une mauvaise blague.Fidèle à son engagement depuis sa
création en 2010, l’éditeur Nobi Nobi !
propose ce qu’il y a de meilleur dans la
production japonaise de livres pour
enfants. Une fois encore, le nouvel
ouvrage qu’il édite est une de ces perles
qui a enchanté le jeune public nippon
et qui assurément va susciter
l’engouement des enfants dans
l’Hexagone. De qui a peur le grand
méchant loup ? écrit et dessiné par
SHIGEMORI Chika est un album qui
revisite les grands contes de Perrault
ou des frères Grimm pour offrir un
point de vue original. Celui du
personnage que l’on présente toujours
comme méchant : le loup. Instruit et
grand lecteur, le loup n’a pas envie de
subir le sort qu’il lui est d’habitude
réservé dans les histoires. Une approche
originale qui ravira les petits, car ce
loup-là est à croquer, mais aussi les
parents qui replongeront dans leur
enfance d’une façon des plus originales.
A découvrir, à lire et à relire.
shigeMoRi chika, De qui a peur le grand
méchant loup ?, trad. par Fédoua Lamodière,
nobi nobi !, 13,50 €. a partir de 3 ans.
Photo Kawauchi à la merLa photographe KAWAUCHI Rinko, que
Zoom Japon a présentée, en mars 2013,
dans son numéro consacré aux 50 qui
font le Japon de
demain, sera
l’une des invités
d’honneur du
festival
Planche(s)
contact
organisé à
Deauville. Celle
qui “cherche la
richesse du
monde au travers
de [mon] travail” exposera ses œuvres au
Point de vue. Une bonne occasion de
faire un petit tour au bord de la mer
pour en prendre plein la vue.
Boulevard de la mer, 14800 Deauville
Tél. 02 31 14 40 00
Jusqu’au 30 novembre.
Manga Réalité virtuelle ?HANAZAWA Kengo nous a enchantés
avec I am a Hero (Kana). Les éditions
Ki-Oon nous offre aujourd’hui de
découvrir une autre
de ses réalisations :
Ressentiment. Il y est
question de
SAKAMOTO Takuro, un
loser, qui décide de
sortir de son état en
plongeant dans
l’univers virtuel du
jeu vidéo Unreal. Avec son talent,
HANAZAWA nous propose une plongée
chaotique dans cet univers.
Ressentiment, de Hanazawa Kengo, Ki-oon,
série en cours. Vol. 1, 9,65€.
Kaw
au
ch
iRi
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C ’est à un voyage que l’exposition Hokusai,l’un des événements de cette rentrée2014, vous invite. Un voyage extraordi-
naire réalisé par un homme qui a consacré unegrande partie de sa vie à observer des choses ordi-naires, le quotidien de ses contemporains pour lessublimer et dont le prénom est devenu une référenceplanétaire dans le monde des arts. A l’instar dupoète Bashô, le père des haikus, qui avait en per-manence la bougeotte, Hokusai a lui aussi pratiquéson art en se déplaçant sans cesse. Au cours de sonexistence – il est décédé à l’âge de 90 ans – il a dé-ménagé pas moins de quatre-vingt-dix fois sanscompter ses nombreux déplacements pour réaliserses carnets de croquis et ses fameuses Trente-sixvues du mont Fuji dont la plus célèbre, Dans lecreux d’une vague au large de Kanagawa, constituel’œuvre de référence de l’artiste au même titre queLa Joconde pour Léonard de Vinci. Il était donc “naturel” que les organisateurs decette magnifique exposition la choisissent pourorner l’affiche et de nombreux produits dérivés. Ilest vrai que l’on est attiré par la force qui s’endégage et qu’on ne peut pas imaginer un événementcomme celui du Grand Palais sans la présence decette vague prête à engloutir les barques despêcheurs et à faire disparaître le mont Fuji quel’on aperçoit au fond. Mais comme il s’agit d’uneexposition ambitieuse et destinée à offrir au publicune idée la plus large possible du talent de Hokusai,les œuvres rassemblées collent parfaitement à l’ob-jectif que ses promoteurs s’étaient fixé. Il auraitfallu bien plus que le Grand Palais pour accueillirl’ensemble de la production du maître des estampes,tant ce dernier a dessiné pendant toute sa vie. Ne
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EXPO La vague Hokusai déferle sur ParisLe Grand Palais, à Paris, rend un très belhommage à l’un des artistes japonaisdont l’influence a bouleversé les arts.
Dans le creux d’une vague au large de Kanagawa. Estampe nishiki-e, format ôban, 25,6 x 37,2 cm.
RéFéRENcESA l’occasion de l’exposition Hoku-sai au Grand Palais, de nombreuxéditeurs publient ou rééditent desouvrages consacrés à cet artistetrès apprécié des Français. Il y atout d’abord Le Catalogue intégralde l’exposition (50 €) avec ses416 pages publié par la Réuniondes musées nationaux (RMN).Outre les reproductions desœuvres exposées, plusieurs textespermettent de mettre en pers-pective le travail du peintre-gra-veur-illustrateur en fonction desdifférentes périodes de sa vie. Lemême éditeur propose une sélec-tion des œuvres dans Hokusai,l’expo (18,50 €) pour ceux qui
veulent seulement garderquelques images de leur visite.Dans les deux cas, la photogra-vure est irréprochable. Un DVDest également proposé par laRMN et Arte (19,95 €). Il s’agitd’un documentaire inédit intituléVisite à Hokusai réalisé par Jean-Pierre Limosin. De leur côté, leséditions Eyrolles sortent Hokusai,l’ouvrage de Woldemar von Seid-litz et Dora Amsden (21,90 €) quifait un large tour de l’œuvre del’artiste avec notamment un cha-pitre consacré aux estampes éro-tiques totalement absentes duGrand Palais et pourtant impor-tantes dans son travail. Une façon
plus originale d’aborder la vie del’artiste est le manga d’ISHINOMORI
Shôtarô que les éditions Kanarééditent à cette occasion. Hoku-sai (15 €) aborde, avec tout letalent que l’on connaît au man-gaka, des épisodes de la vie de cegénie des estampes. Un bel hom-mage à celui qui a inspiré, dit-on,les auteurs modernes de manga.Enfin, les plus jeunes pourront serégaler avec Mitsou rêve du Japonde Michel Guillemot et MarikoInoue publié aux Nouvelles Edi-tions Scala (18 €). Un voyage ini-tiatique d’un chat jaune dans l’ar-chipel où les estampes ne sontjamais très loin. G. B.
Un artiste à lire et à relire
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s’était-il pas autoproclamé “le vieux fou de peinture” ?On lui doit des milliers d’œuvres dont une partietout à fait représentative a trouvé sa place dans lesvitrines et sur les murs du Grand Palais. On ytrouve plus de 500 réalisations de l’artiste. Lesplus célèbres comme Vent du sud, ciel clair (le Fujirouge) côtoient des peintures animalières ou lessurimono, ces gravures en une seule feuille réservéeà une clientèle exigeante qui vont lui permettrede bâtir sa réputation au début de sa carrière. L’intérêt de cet événement rare est de mettre envaleur la diversité de son travail, sa capacité àtraiter toutes sortes de thèmes et de sujets ainsique son sens aigu de l’observation. On le retrouvenotamment dans ses carnets de croquis (Hokusaimanga) auxquels une salle entière a été réservée.Non seulement ces recueils soulignent la dextéritéde l’artiste avec son trait enlevé et sa maîtrise dumouvement, mais ils permettent de découvrir lequotidien du Japon de la manière la plus simple.C’est un vrai régal. Hokusai n’a jamais cessé de re-garder le monde qui l’entourait pour le restituerde belle manière. A mesure que l’on avance dansle temps, il exprime de plus en plus son talent. Ilest ambitieux. Son rêve est de vivre jusqu’à 110 ans,estimant que “tout ce que j’ai produit avant l’âge de70 ans ne vaut pas la peine d’être compté”. C’esttout à son honneur de vouloir toujours faire mieux,mais après avoir pu voir des œuvres issues detoutes les périodes de sa vie, y compris celles de sajeunesse, on ne regrette pas que les collecteurs etles commissaires de l’exposition aient décidé dene pas tenir compte de son avis et d’exposer cetteextraordinaire production commencée en 1778et achevée en 1879.
GABRIEL BERNARD
INFOS PRATIQUESHokusai Jusqu’au 18 janvier 2015 avec une périodede relâche entre le 21 et le 30 novembre. Dimanche de 9h à 20h, lundi de 10h à 20h,mercredi, jeudi et vendredi de 10h à 22h, samedi de9h à 22h. Fermé le mardi.Billets : www.grandpalais.fr ou 01 44 13 17 17
A uteur de nombreux ouvrages sur leJapon, elle vient de publier Les Es-tampes japonaises aux Nouvelles Edi-
tions Scala. Un remarquable ouvrage qui permetde découvrir l’histoire, les genres et la techniquedes estampes. Le livre à lire avant ou après avoirvu l’exposition Hokusai.
Comment êtes-vous devenu mangaka ?Brigitte Koyama-Richard : Cet intérêt pourles estampes japonaises remonte à mon enfance.J’en avais vu des reproductions dans des livreset les avais trouvées belles et mystérieuses.Mais c’est plus tard, en les découvrant dansdes expositions que j’ai pu véritablement enapprécier la beauté et la diversité. Je me suisalors prise de passion pour la technique del’estampe japonaise et j’ai éprouvé une grandeadmiration pour la dextérité de ces artisansgraveurs et imprimeurs qui étaient parvenus àréaliser de telles merveilles.
Comment expliquez-vous l’engouement queles estampes japonaises ont suscité en Franceet en Europe plus généralement à la fin duXIXe siècle ?B. K.-R. : Je pense que cet engouement s’estproduit grâce au contexte culturel de l’époque.Émerveillés par les estampes qu’ils découvrentvers la fin des années 1860, de nombreuxartistes et hommes de lettres partagent alorsune même passion pour l’art japonais. Ilstissent entre eux des liens d’amitié, ce qui neles empêche pas d’éprouver une féroce rivalité.Plusieurs revendiquent le titre de “découvreur”
des estampes, le graveur Félix Bracquemond,le critique Zacharie Astruc et, bien sûr, lesfrères Goncourt. Ils se comportent souventcomme de grands enfants, se disputant la pri-meur d’un lot d’estampes, essayant de gagnerles bonnes grâces des marchands pour obtenirles plus belles, cachant parfois le prix de leursacquisitions à leur épouse !Il faut aussi mentionner l’importance des mar-chands d’art Siegfried Bing et HAyASHI Ta-damasa. Ce dernier parvint à “éduquer” leregard de tous ces amateurs d’art japonais.C’est grâce à lui qu’Edmond de Goncourt ré-digea ses deux monographies consacrées à Uta-maro (1891) et à Hokusai (1896) !Les japonisants surent discerner l’aspect artis-tique de ces estampes que les Japonais n’avaientjamais considérées comme des œuvres d’art,mais qu’ils utilisaient comme papier d’emballageou jetaient quand elles étaient passées de mode.
Cela semble incroyable quand on connaît leprix des estampes aujourd’hui !B. K.-R. : Oui, pourtant c’est la vérité. Les es-tampes faisaient partie intégrante de la viequotidienne. Elles étaient extrêmement bonmarché. Elles servaient de gravures de mode àune époque ou les revues féminines n’existaientpas encore. Les Japonaises imitaient le style etle maquillage des grandes courtisanes ou desacteurs de kabuki représentés dans les estampes.Celles-ci jouaient aussi un rôle médiatique.On y trouvait des recettes pour lutter contrela rougeole ou la variole, en évitant de consom-mer certains aliments, ce qui ne devait pasêtre très efficace ! On y présentait les faitsdivers. Elles étaient aussi pédagogiques et per-mettaient aux enfants de mémoriser l’écriturejaponaise si complexe. Ludiques, elles offraient
OPINION Une fenêtre sur le JaponProfesseur à l’Université Musashi deTôkyô, Brigitte Koyama-Richard nouslivre sa passion pour les estampes.
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RESTAURANT JAPONAIS
Ouverts tous les jours de 11h30 à 22h30 M
M
Palais RoyalMusée du Louvre
Palais RoyalMusée du Louvre
PyramidesPyramides
MQuatre-SeptembreQuatre-Septembre
MOpéraOpéra
rue
Rich
elie
u
av. de l’Opéra
rue de Rivoli
rue St.-Honoré
bd. des Italiens
rue
Ste.
-Ann
e
rue des Petites-Champs
27, Bd des Italiens 2e ParisTél. 01 40 07 11 81
Bd des Italiens
32 bis, rue Sainte Anne 1er ParisTél. 01 47 03 38 59
Sainte Anne
163, rue Saint-Honoré 1er ParisTél. 01 58 62 49 22
Saint-Honoré
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aussi de nombreuses variétés de jeux à découper.Les estampes de paysages, plus tardives, étaient,pour les voyageurs qui se rendaient à la capitaleou ceux qui allaient en province, le cadeauidéal. belles, légères, bon marché, elles connurentun immense succès grâce au talent de peintrescomme Hokusai ou Hiroshige. Les seules estampes non destinées à la venteétaient les surimonos dont on trouve de ma-gnifiques exemples dans l’exposition consacréeà Hokusai. Commandes privées, elles étaientfabriquées avec du papier de qualité et despigments précieux. Les estampes n’étaient pasdestinées à être accrochées sur un mur. Ilconvenait de les tenir dans ses mains et d’admirerles gaufrages subtils ou encore les parties mi-cacées, aux reflets d’or ou d’argent.Les Japonais de l’époque d’edo auraient étésurpris si on leur avait dit qu’au XXIe siècle,leurs œuvres seraient ainsi mises dans descadres, présentées dans des musées et attein-draient des prix très élevés ! Sans le discernementdes japonisants du XIXe siècle, nous aurionsperdu des trésors !
La grande exposition consacrée à Hokusaiconfirme-t-elle que cet enthousiasme estintact ou s’agit-il d’une nouvelle vague selonvous ?B. K.-R. : Je pense que l’enthousiasme estintact et s’inscrit dans la lignée de celui qu’ontconnu les japonisants. Il est une prolongationde cette passion pour Hokusai qu’éprouvabracquemond lorsqu’il découvrit La manga.Hokusai fut un artiste remarquable qui in-fluença au Japon, comme en Occident, lespeintres des générations suivantes.Je suis également persuadée qu’au-delà desœuvres de Hokusai, c’est le Japon traditionnelque certains sont venus retrouver. J’espèreaussi que de nombreux, amateurs de mangaset de dessins animés japonais viendront dé-
couvrir cette exposition sur Hokusai, d’autantplus qu’un film d’animation, Sarusuberi (Pro-duction I.G), d’après le manga de la regrettéeSUGIURa Hinako, fera bientôt revivre (lasortie du film est prévue pour 2015) ce grandpeintre et sa fille O-ei qui l’accompagna aulong de sa carrière et fut elle-même une ta-lentueuse artiste.
Parmi les grands maîtres des estampes, nousconnaissons surtout en Europe Hokusai,Hiroshige ou Utamaro. On connaît moinsSUzUKi Harunobu qui a pourtant bouleversécet univers. Qu’en pensez-vous ?B. K.-R. : Les Occidentaux n’osent pas prendrele risque de présenter d’autres grands maîtresde la peinture et de l’estampe japonaises, cequi est vraiment dommage ! J’ai personnelle-ment toujours été très attirée par les œuvresde SUzUKI Harunobu, auquel on attribue lespremières estampes entièrement xylographiqueset polychromes créées en 1765. Les gaufrages,les teintes douces et les personnages androgynes
peints par Harunobu sont d’une grâce et d’unebeauté infinies. Il y a encore bien d’autres mer-veilleux artistes qui mériteraient d’être présentés,comme Kawanabe Kyôsai auquel Émile Gui-met, accompagné de Félix Régamey, renditvisite lorsqu’il se rendit au Japon ou encoreUtaGawa Kuniyoshi.
Est-ce que la tradition des estampes se trans-met encore au Japon ? Si oui, comment ?Est-ce que le public japonais s’intéresseencore aux estampes ?B. K.-R. : Les expositions consacrées aux es-tampes japonaises attirent beaucoup de monde,au Japon également. Cependant le jeune publicn’y est pas très nombreux. Les estampes leursemblent désuètes et c’est souvent, plus tard,qu’ils finissent par s’y intéresser.
Pourriez-vous nous recommander des muséesintéressants au Japon sur les estampes ?B. K.-R. : Ils sont nombreux et je ne peux lesciter tous. Si vous allez à tôkyô, n’hésitez pasà vous rendre au Musée Ôta (Ukiyo-e ÔtaMemorial Museum of art, www.ukiyoe-ota-muse.jp/annai-e.html), situé dans le quartieranimé de Harajuku. et surtout, si vous vous intéressez à la technique,je vous propose de vous rendre à the adachiInstitute of woodcut Prints (www.adachi-hanga.com/en_ukiyo-e/index.htm), situé prèsde la gare de Mejiro. Vous pourrez ainsi ap-prendre et comprendre l’extraordinaire travaildes graveurs et des imprimeurs et aussi acquérirdes estampes réalisées avec la même techniquequ’à l’époque d’edo. J’espère que cette magnifique exposition at-tirera un public nombreux, qu’elle permettraaux gens de mieux connaître ce grand artisteque fut Hokusai et de s’intéresser à la culturejaponaise.
PROPOS RECUEILLIS PAR G. B.
Les Estampes japonaises de Brigitte Koyama-
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On peut faire des yakisoba (nouilles sautées) pour5 personnes ou cuire 60 gyôza (raviolis grillés) enune seule fois. Ce sont des repas classiques que l’onpeut réaliser grâce à cette plaque chauffante. Maison peut aussi se lancer dans des aventures culinairesavec elle. Cette année, j’ai ainsi préparé :- Une paella. Pour bien la réussir, il ne faut pas mettreles crustacés tout au début. Car ils deviennent trèsdurs quand le riz cuit. Il est préférable de les ajouterau cours des 5 dernières minutes de cuisson.
- Un gratin. Oui, c’est possible. On peut le préparersans four. Avec un chalumeau, on gratine le fro-mage pour donner une apparence appétissante.On peut également varier la garniture dessus.
ZOOM GOURMAND
Q ue mangez-vous lors d’un repas defamille ? Une raclette ? Une fondue defromage ? Ou bien un barbecue si c’est
l’été ? C’est vrai qu’en France, quand la famillese réunit, on fait souvent la cuisine avec le four,comme le poulet rôti, le gigot d’agneau, etc. Au Japon, nous avons beaucoup de choix. Nor-malement, chaque foyer dispose d’une plaquechauffante électrique portative, ce qui permet defaire le yakiniku. Ce n’est pas même chose qu’unbarbecue. Nous cuisons du bœuf tranché, de lalangue de bœuf tranchée, du tontoro (porc biengras), de la saucisse et des légumes que nous accom-pagnons d’une sauce spéciale. Le yakiniku seconsomme toute l’année. Avec cette fameuseplaque chauffante, on peut cuire des okonomiyaki(crêpe à la japonaise, voir Zoom Japon n°44).Comme on peut en cuire jusqu’à 6 en une fois,
c’est très pratique pour une famille nombreusecomme la mienne !Si l’on décide d’utiliser cette plaque comme unepoêle, les possibilités sont alors beaucoup plus vastes.
Quand elle reçoit ses proches, MAEDAHaruyo ne manque pas d’idées pour lesrégaler et leur faire plaisir.
FAMILLE Petits plats sur grande plaque- Un omerice. Nous cuisons d’abord les œufs avantde les réserver. Ensuite nous faisons sauter le rizavec le poulet, l’oignon. Nous assaisonnons le toutavec du ketchup. Nous ajoutons après les œufscuits décorés avec du ketchup.Au Japon, nous avons aussi la culture du nabe (cas-serole en terre). Il en existe de plusieurs tailles (de1 à 6 personnes). Bien sûr, chez nous, nous avonscelle de 6 personnes. Nous choisissons d’abord legoût, puis l’ingrédient principal et enfin les légumes.Il y a des milliers de possibilités.- Yose nabe. Yose signifie “rassembler”. A la base debouillon dashi, on ajoute ensuite divers ingrédients
comme du poulet, du poisson, des coquillages, deslégumes, des udon, etc.- Kimchi nabe. Dominé par le Kimchi (chou marinéà la coréenne), ce plat contient du porc, des légumeset des nouilles chinoises.- Shio buta nabe. Il s’agit d’un plat préparé à basede porc macéré au sel pendant 2 heures auquel onajoute des légumes, des udon, etc.Ce type de repas organisé autour de la plaquechauffante, c’est très convivial. On mange, on boitet on discute. Pas besoin d’aller en cuisine. Riende tel pour réunir la famille ou bien les amis !
MAEDA HARUYO
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novembre 2014 numéro 45 ZOOM JAPON 23
ZOOM GOURMAND
L A RECETTE DE HARUYO
PRÉPARATION1 - Hacher le nira, l’oignon et le shiitake.2 - Bien mélanger à la main avec les condiments.3 - Disposer une cuillère à soupe de garniture sur une
feuille de gyôza.4 - Mouiller tout autour de la feuille de gyôza. Plier
pour la coller.
5 - Chauffer la poêle avec un peu d’huile.6 - Disposer les gyôza. Ajouter de l’eau (20 ml), couvrir
et cuire pendant 6 à 8 minutes à feu moyen.7 - Une fois l’eau évaporée, ôter le couvercle puis laisser
griller à feu moyen.8 - Déguster.
SAUCE POUR LES DÉGUSTER4 cuillères à soupe de vinaigre de riz4 cuillères à soupe de sauce de soja1 cuillère à café d’huile de sésameQuelques gouttes de rayû (huile pimentée)
INGRÉDIENTS (pour 40 gyôza)
300 g de porc haché1 botte de nira (ciboule de Chine) 1/2 oignon haché3 shiitakes hachés (champignon japonais)1 cuillère à café de gingembre râpé1 cuillère à soupe de sauce de soja1 cuillère à soupe de sake1 cuillère à soupe d’huile de sésame40 feuilles de gyôza (achetées dans le commerce)
Pour la cuisson1 cuillère à soupe d’huile (10 ml)
Gyôza(Raviolis grillés)
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Voyagez dans le temps à TakayamaRendez-vous directement dans le vieux quartier situé à10 minutes à pied de la gare, composé de trois rues
parallèles qui conserve encore son architecture traditionnelle de l’ère d’Edo alors que la ville était très prospère.
Vous y serez chaleureusement accueillis dans les anciennes « caves » à saké, les boutiques de confiserie ou d’objets
artisanaux. N’hésitez pas à vous arrêter pour vous régaler de mitarashi-dango (brochettes de boulettes de riz à
la sauce de soja) ou du bœuf de Hida ! hida.jp/french
Aichi, berceau de samouraïs
La région d’Aichi, lieu d’origine des grands shogunats du 16ème et 17ème siècle comme celui
d’Oda, Toyotomi et Tokugawa, possède de nombreux châteaux comme celui de Nagoya, un
des trois plus beaux châteaux du pays, et celui d’Inuyama, le plus ancien de l’archipel, etc...
Vous y découvrez également des armures ou des ornements exposés qui sont aujourd’hui inscrits comme trésors nationaux ou comme biens culturels classés. Une occasion pour
vous plonger dans la véritable culture des samourais. aichi-kanko.jp
Odaiba, cité futuriste et romantiqueIle artificielle flottant sur la baie de Tokyo, Odaiba
date de 1854 suite à la venue du navire du Commodore Perry. Aujourd’hui transformée en ville futuriste disposant de diverses architectures modernes, elle accueillera le village olympique en 2020. Idéale pour contempler le soleil couchant depuis sa plage de sable blanc. Pour y aller, de la station de Shinbashi prenez le Yurikamome, train entièrement aérien et automatique. yes-tokyo.fr
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Matsue, réserve de trésorsSymbole de la ville, le château de Matsue fait partie des 12 tenshu restant dans l’archipel (châteaux possédant un donjon). L’accès à son donjon vous offre une vue panoramique exceptionnelle sur les environs. visit-matsue.com
Connaître le Japon à ShimaneDans la région de Shimane, se trouvent non seulement le pays des mythes connu pour son grand sanctuaire d’Izumo, mais aussi le musée d’Adachi disposant du plus grand jardin japonais du pays. kankou-shimane.com/en
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26 ZOOM JAPON numéro 45 novembre 2014
M atsumoto, Matsumoto, Matsumoto”.C’est une voix chantante fémininequi vous accueille lorsque vous des-
cendez du train dans cette ville située au cœur desAlpes japonaises. La cité dispose de nombreuxattraits. Outre les magnifiques paysages montagneuxqui l’entourent et vous invitent à les découvrir, elleabrite l’un des plus beaux châteaux du pays qui aeu la chance de survivre à sa destruction program-mée à la fin XIXe siècle, lorsque le pouvoir avait
décidé de supprimer toutes traces du passé féodal.En 1872, le bâtiment fut vendu aux enchères pourêtre démoli. Grâce à la mobilisation d’ICHIkAwA
Ryôzô et des habitants, le château fut sauvé etracheté par la ville. Il a également été épargné parles bombardements de la Seconde Guerre mondiale.Sa situation géographique, au milieu des montagnes,et le fait que la ville n’abritait aucunes industriessensibles lui a permis de ne pas subir les bombar-dements des B-29 américains. S’il fallait donner une seule bonne raison de se ren-dre à Matsumoto, la visite du château est sans doutela meilleure. Le fait d’avoir échappé à la folie des-tructrice des hommes ne suffit pas à en faire un site
exceptionnel. Ce qui le rend extraordinaire, c’estune combinaison d’éléments. Le “corbeau” (karasu-jô) doit ce surnom à sa couleur noire qui le distinguedu “héron blanc”, le château de Himeji, qui a servide décor à de nombreux films historiques. A la dif-férence de la plupart des châteaux construits surdes collines (yamashiro), celui de Ma tsumoto a étébâti en plaine (hirajiro), mais en lieu et place d’uneplaine, c’est une rivière qui l’entoure et le protègedes assaillants. Pour pénétrer dans le château et tra-verser le fossé rempli d’eau, il faut emprunter unpont rouge de style japonais qui s’ajoute à la grâcede l’ensemble. Considéré par certains comme leTaj Mahal du Japon en raison de son équilibre et
Située au cœur des Alpes japonaises, la cité abrite un des plus beaux joyaux de l’architecture militaire.
Surnommé le corbeau en raison de sa couleur noire, le château de Matsumoto a survécu à tous les aléas de l’histoire japonaise depuis 150 ans.
VISITE Matsumoto remonte le temps
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ZOOM VOYAGE
de sa beauté architecturale, il ne fait aucun doutequ’il s’agit d’un des beaux exemples de la maîtrisejaponaise en matière d’architecture. Le donjon(tenshu) est d’ailleurs classé trésor national. La visitene doit pas se limiter à une simple promenadeautour de l’édifice. Si de nombreux châteaux japo-nais ne méritent pas qu’on y pénètre, celui de Mat-sumoto doit impérativement être visité même sison ascension est physique, compte tenu de la rai-deur des escaliers. Mais les six étages qui le compo-sent valent vraiment l’effort demandé. Avant d’en-trer, vous retirerez vos chaussures pour enfiler dessavates dont la largeur n’est guère adaptée à la tailledes pieds européens. Faites donc bien attention engravissant les escaliers qui sont extrêmement raides.Chaque étage réserve de très bonnes surprises. Toutd’abord, la vue sur la ville et ses alentours est trèsimpressionnante, en particulier au dernier niveau.On découvre également une belle collection d’armeset d’objets liés à la vie quotidienne. Les explicationsen anglais permettent de mieux comprendre leurusage, ce qui n’est pas toujours le cas dans d’autressites historiques du pays. On peut également comp-ter sur des guides bénévoles qui proposent des expli-cations éclairées sur l’histoire de ce château qui acommencé en 1504. Il ne reste rien de la forteresseconstruite à l’époque et qui a servi à l’expansion duclan Takeda. Les bâtiments encore présents de nosjours remontent à 1593-1597 et ont été construitssous l’autorité d’IShIkAwA kazumasa. Lors de saconstruction, les architectes ont fait preuve d’ima-gination pour créer un étage invisible de l’extérieuroù les défenseurs du château pouvaient attendrecachés les assaillants. Ils ont aussi créé une pièce oùle seigneur pouvait venir admirer la lune (Tsukimi-yagura), ce qui donne une touche poétique à ce lieuque les Japonais apprécient beaucoup. Après la visitedu donjon, pensez à faire un petit tour par la bou-tique qui se distingue de la plupart de ses concur-rentes dans d’autres sites historiques par un choiximportant et original de souvenirs. En fonction du moment de la journée où vous aurezdécidé de vous rendre au château, vous pouvez faire
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Parfaitement préservées, plusieurs parties de l’édifice ont été classées trésor national par les autorités.
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votre pause déjeuner dans l’un des nombreux res-taurants qui se trouvent à proximité. Bon nombred’entre eux proposent des soba (nouilles de sarrasin),une des spécialités locales. Elles sont savoureuses,mais si vous n’êtes pas pressé et si vous voulez goûterparmi les meilleurs soba de la région, rendez-vousau restaurant Arupusu (Alps, 3-1-13 Asamaonsen
Matsumoto, tél. 0263-46-1471, 11h30-15h et17h30-21h30) situé à une vingtaine de minutes enbus de la gare de Matsumoto. C’est un restaurantun peu excentré, mais le souvenir que vous en gar-derez ne vous fera pas regretter d’avoir fait le détour.Les prix sont tout à fait raisonnables. Il faut compterenviron 3 000 yens par personne. Asama Onsen peut être aussi l’occasion de prendreun bain. Cette source thermale est l’une des plusanciennes du pays. Son origine remonte à plus de1 300 ans. L’eau alcaline à 50°C qui sourd desentrailles de la terre est célèbre pour être une “eaude beauté”, mais elle possède aussi des effets théra-peutiques qui lui ont valu une certaine réputationdans l’ensemble du Japon. On vient s’y baigner parcequ’elle soigne les névralgies, les douleurs musculaires,les douleurs articulaires, les épaules raides, les ecchy-moses, les troubles digestifs, la mauvaise circulationet elle favorise la récupération de la fatigue. De nom-
breux hôtels sont à votre disposition à Asama Onsen.Le Fuji no yu (3-13-5, Asama Onsen, Matsumoto,tél. 0263-46-1516, 12 600 yens par personne, deuxrepas compris) est une bonne adresse. Son serviceirréprochable, ses bains extérieurs et une excellentecuisine pour une note des plus satisfaisantesdevraient attirer vos suffrages. A une dizaine de minutes de la gare de Matsumotoen taxi (c’est le plus pratique) se trouve le NihonUkiyo-e Hakubutsukan ou Musée des estampesjaponaises (2206-1 Koshiba, Matsumoto,tél. 0263-47-4440, 10h-17h, fermé le lundi,1200 yens). Cet établissement s’appuie sur l’in-croyable collection SAKAI, une riche famille de larégion qui a consacré une partie de sa fortune àl’acquisition d’estampes. A la tête d’une collectionde plus de 100 000 estampes, elle a fondé ce muséeen 1982 pour y exposer par roulement sonincroyable fonds. On regrettera la faiblesse des
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Depuis le dernier niveau du château, on peut découvrir un panorama de la ville et des montagnes qui l’entourent.
Nakamachi, l’ancien quartier des marchands, on
y trouve de nombreuses boutiques.
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explications en langue étrangère (anglais), maison oubliera vite ce dé sagrément grâce à la petiteboutique qui propose de très belles reproductionsà des tarifs très abordables. Un autre endroit pour faire du shopping tout endécouvrant un pan de l’histoire de la ville est Naka-machi-dôri. Toute proche du château, cette longuerue, composée de maisons anciennes toutes rénovées,abrite de nombreuses boutiques. A l’origine, il s’agis-sait du quartier des marchands. On y trouvait lesbrasseurs de sake et les fabricants de kimonos. Lesincendies qui ont ravagé la ville au XVIIIe et au XIXe
siècles ont eu raison de ces constructions. Elles ontété remplacées par des bâtiments de style kura quiservaient à stocker et dont les matériaux étaient plusrésistants au feu. Ils se caractérisent par leur blan-cheur. On y trouve toutes sortes de boutiques – dela pâtisserie traditionnelle au marchand de faïences,en passant par des salons de thé. Si vous êtes de pas-sage le samedi, ne manquez pas le marché qui se tientà partir de 9h30 d’avril à décembre. Arrêtez-vousaussi au petit sanctuaire de Nakamichi qui abrite la
divinité protectrice du quartier. C’est elle qui auraitempêché le feu de ravager la ville. Chaque année, le1er juillet, une fête s’y déroule. Il sera temps ensuitede reprendre le train pour d’autres belles découvertesdans cette partie montagneuse du Japon. Toutautour de Matsumoto, les sommets vous invitent àles rejoindre.
GABRIEL BERNARD
INFOS PRATIQUESPOUR S’Y RENDRE Au départ de Tôkyô, destrains directs (Azusa Express ou Super AzusaExpress) entre Shinjuku et Matsumoto circulenttout au long de la journée. Il faut compterenviron 2h30. Au départ de Nagoya, il faut emprunter leShinano Express (2 heures environ). Ce trainconfortable bénéficie d’un magnifique parcoursau milieu de la campagne montagneuse dupays. Au départ d’Ôsaka, le plus simple est derejoindre la gare de Nagoya en shinkansen puisde changer pour le Shinano Express. Au total,vous passerez environ 3 heures dans le train.
Spécialités de la région, les soba constituent une excellente idée cadeau.
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