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Thème 2 – La France dans l’Europe des nationalités (1848 – 1871) Leçon 5 – La France et la construction de nouveaux Etats par la guerre et la diplomatie. INTRODUCTION Dès 1789, les révolutionnaires français s’efforcent de diffuser leurs idées à l’ensemble du continent européen. La France, désormais patrie des droits de l’homme, conserve cette vocation universaliste au XIX ème siècle. Dès son accès à la présidence en décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte sillonne un pays qui le connait peu. Afin de proclamer l’Empire, le ministre de l’Intérieur, Victor de Persigny, organise une traversée à travers les provinces du Midi et du Centre, en septembre et octobre 1852 et … Le 9 octobre 1852, Louis Napoléon Bonaparte prononce un discours devant la Chambre et le Tribunal de commerce de Bordeaux dans lequel il prononce la phrase suivante : « Certaines personnes se disent : “l’empire c’est la guerre”, moi je dis, “l’empire c’est la paix, car la France le désire” ». Ainsi … entre 1848 et 1870, lorsqu’il est au pouvoir – en tant que Président de la République ou qu’Empereur – Louis Napoléon Bonaparte fait tout pour sortir la France de son isolement diplomatique en Europe : il prend part directement ou indirectement à l’unification de l’Italie et de l’Allemagne. Or, en ces années-là, de plus en plus d’Italiens et d’Allemands, éparpillés au sein de petits Etats rivaux, souhaitent réaliser l’unité de leur nation respective. Cette aspiration menace l’équilibre du continent et suscite bien des oppositions : la France y voit l’occasion d’intervenir pour affirmer sa puissance et ses valeurs. PROBLEMATIQUE Quel rôle la France joue-t-elle dans les unifications italienne et allemande entre 1848 et 1871 ? I. La participation de la France à la marche vers l’unité italienne. A. Les espoirs d’unité italienne au moment des révolutions de 1848. 1. La situation de départ .

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Thème 2 – La France dans l’Europe des nationalités (1848 – 1871)Leçon 5 – La France et la construction de nouveaux Etats par la guerre et la diplomatie.

INTRODUCTIONDès 1789, les révolutionnaires français s’efforcent de diffuser leurs idées à l’ensemble du continent européen. La France, désormais patrie des droits de l’homme, conserve cette vocation universaliste au XIXème siècle. Dès son accès à la présidence en décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte sillonne un pays qui le connait peu. Afin de proclamer l’Empire, le ministre de l’Intérieur, Victor de Persigny, organise une traversée à travers les provinces du Midi et du Centre, en septembre et octobre 1852 et … Le 9 octobre 1852, Louis Napoléon Bonaparte prononce un discours devant la Chambre et le Tribunal de commerce de Bordeaux dans lequel il prononce la phrase suivante : « Certaines personnes se disent : “l’empire c’est la guerre”, moi je dis, “l’empire c’est la paix, car la France le désire” ». Ainsi … entre 1848 et 1870, lorsqu’il est au pouvoir – en tant que Président de la République ou qu’Empereur – Louis Napoléon Bonaparte fait tout pour sortir la France de son isolement diplomatique en Europe : il prend part directement ou indirectement à l’unification de l’Italie et de l’Allemagne.Or, en ces années-là, de plus en plus d’Italiens et d’Allemands, éparpillés au sein de petits Etats rivaux, souhaitent réaliser l’unité de leur nation respective. Cette aspiration menace l’équilibre du continent et suscite bien des oppositions : la France y voit l’occasion d’intervenir pour affirmer sa puissance et ses valeurs.

PROBLEMATIQUEQuel rôle la France joue-t-elle dans les unifications italienne et allemande entre 1848 et 1871 ?

I. La participation de la France à la marche vers l’unité italienne. A. Les espoirs d’unité italienne au moment des révolutions de 1848.

1. La situation de départ.Durant la 1ère moitié du XIXème siècle l’Italie est éclatée en plusieurs Etats de puissance inégale – doc.2 p. 51 : le royaume de Piémont-Sardaigne, le duché de Parme, le duché de Modène, le royaume des Deux-Siciles, le grand-duché de Toscane, le royaume lombard-vénitien, les Etats de l’Eglise (contrôlés par le pape). La nation italienne est divisée politiquement (rappel nation : communauté ayant une unité, souhaitant vivre ensemble et se doter d’un Etat).Le Nord-Est de la péninsule est dominé par l’Autriche-Hongrie notamment les régions de Lombardie et de Vénétie. Lors de l’occupation napoléonienne au début du XIXème siècle puis au moment du Printemps des peuples en 1848 – doc.2 p. 51, un sentiment national (revendication de libertés et d’unité nationale) se développe avec le mot Risorgimento (déf° p. 138) – mot italien signifiant « résurgence » désignant un mouvement politique qui a pour objectif la renaissance d’une Italie libre et indépendante.

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Mais l’échec des mouvements révolutionnaires italiens en 1849 notamment à Rome (Napoléon III, venu au secours du pape) ou à Venise, conduit à la restauration d’un ordre monarchique autoritaire sous l’impulsion de l’Autriche et du pape (Pie IX). Les principaux chefs doivent s’exiler : Giuseppe Mazzini se réfugie, encore une fois, à Londres, Giuseppe Garibaldi à New York. Mais les rêves ont la vie dure … les patriotes italiens, quoique vaincus, ne sont pas résignés.

2. Le Piémont-Sardaigne à la tête de la lutte pour l’unité italienne. Situé au Nord-Est de la péninsule, cette monarchie, dirigée par Victor-Emmanuel II, constitue un Etat moderne, doté d’une constitution. Son 1er Ministre se nomme le comte de Cavour (en 1852) : diplomate habile et modéré, il intrigue pour réunir tous les Italiens autour de son souverain. Il est aussi le fondateur du journal Il Risorgimento et partisan d’une unité italienne à partir du royaume de Piémont-Sardaigne. Conscient de la faiblesse piémontaise face à la puissance de l’Empire d’Autriche, il entreprend d’accroître sa puissance militaire et son industrie. La capitale, Turin, devient dès lors le point de ralliement des patriotes italiens. Le Piémont se rapproche de la France et de la GB.

B. L’engagement français dans les affaires italiennes. Le 21 juillet 1858, Camillo Cavour vient en France pour rencontrer Napoléon III dans la station thermale de Plombières-les-Bains (dans les Vosges) – c’est l’entrevue de Plombières – doc.3 p. 144. Six mois après l'attentat raté de Felice Orsini devant l’Opéra (reproche à l'empereur sous l'influence du parti de l'Ordre d'entraver l'unification italienne), Napoléon III se rallie à la cause italienne. La rencontre a pour objet de « causer de l'état de l'Italie ». Un accord secret est conclu entre Napoléon III et Cavour. La France accorde au royaume de Piémont-Sardaigne son assistance militaire en cas de conflit l'opposant à l'empire d'Autriche (Cavour veut reprendre la Lombardie et la Vénétie aux Autrichiens). En contrepartie, la France obtiendrait le comté de Nice et le duché de Savoie – voir carte n°1 p. 140.Cavour juge être désormais prêt à unifier l’Italie les armes à la main !

C. Un tournant décisif : le soutien de la France à l’unification de l’Italie. 1. La guerre éclate !Sûr de sa force, Cavour multiplie les provocations contre l’Autriche. Napoléon III, face à l’imminence d’une guerre entre Turin et Vienne, hésite sur le soutien que la France doit apporter aux patriotes italiens. Giuseppe Mazzini et Giuseppe Garibaldi sont rentrés en Italie : on confie à ce dernier l’organisation d’un corps de volontaires, les chasseurs des Alpes (Cacciatori delle Alpi). Et … il est trop tard : le 26 avril 1859, l’empire autrichien déclare la guerre au royaume de Piémont-Sardaigne : la France engagée par une alliance défensive et sans opposition politique interne, décide d’honorer le traité.Les armées françaises franchissent la frontière et se mêlent aux forces piémontaises pour affronter les soldats autrichiens.

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La bataille de Magenta (juin 1859) – cartes 1 et 3 p. 141, donne une première victoire aux Franco-piémontais : Napoléon III et Victor-Emmanuel II peuvent entrer ensemble dans la ville de Milan (Lombardie). Quelques jours plus tard les trois armées s’affrontent à nouveau à Solferino (24 juin 1859) : c’est un nouveau succès. L’empire d’Autriche choisit d’ouvrir des discussions pour cesser les combats. Napoléon III en accepte le principe : la paix va être signée.

Naissance de la Croix-Rouge.

2. Le temps des négociations.Napoléon III signe un traité de paix à Zurich avec l’Autriche en novembre 1859 – négocié et signé entre le 10 et le 11 novembre 1859 : les Autrichiens cèdent la Lombardie à la France qui la cède au royaume de Piémont-Sardaigne alors que l’Autriche conserve la Vénétie.Napoléon III souhaite un compromis en préservant les intérêts du pape dans une confédération d’Italie du Nord. En fait, tous les États italiens doivent s’unir en une confédération italienne présidée par le pape.Cavour et les patriotes italiens sont déçus … Pour eux, la France n’a pas tenu sa parole : l’Italie reste à faire !Napoléon III laisse faire : il obtient comme prévu Nice et la Savoie – Point de passage et d’ouverture p. 146 et 147 / répondre aux Q°.Q°1 – La rencontre de Plombières-les-Bains entre Cavour et Napoléon III, en 1858, conduit ce dernier à soutenir plus activement l’indépendance italienne. Jusqu’à présent, l’Empereur était favorable à l’unité italienne, mais il ne voulait pas risquer de se confronter à une puissance militaire telle que l’Autriche, ni s’opposer aux catholiques français soucieux de préserver les États du pape.Q°2 – Le traité de Turin organise les modalités du transfert du comté de Nice et du duché de Savoie sous autorité française. Ce texte précise que « les sujets sardes originaires de la Savoie et de l’arrondissement de Nice, ou domiciliés actuellement dans ces provinces, qui entendent conserver la nationalité sarde, jouiront pendant l’espace d’un an à partir de l’échange des ratifications et moyennant une déclaration préalable faite à l’autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en Italie ». En somme, les habitants de ces territoires ont la possibilité de déménager s’ils souhaitent rester sous la souveraineté de Victor-Emmanuel II.

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Q°3 – Ce transfert de souveraineté peut apparaître comme un arrangement entre souverains et c’est pourquoi les dirigeants français et italien mobilisent plusieurs arguments afin de convaincre les populations niçoise et savoyarde de la légitimité de leur décision. D’abord, le traité de Turin prévoit que le rattachement de Nice et de la Savoie à la France doit être effectué « sans nulle contrainte de la volonté des populations et que les gouvernements de l’Empereur des Français et du roi de Sardaigne se concerteront le plus tôt possible sur les meilleurs moyens d’apprécier et de constater la manifestation de ces volontés ». Concrètement, les populations niçoise et savoyarde sont consultées par l’intermédiaire d’un référendum, organisé dès 1860, soit quelques semaines seulement après le traité de Turin. Ensuite, Victor-Emmanuel II justifie cette décision par « le développement du commerce, la rapidité et la facilité des communications » entre la France et les territoires de Nice et de la Savoie. De plus, il rappelle les « grandes affinités de race, de langage et de mœurs » qui semblent justifier la possibilité d’un transfert des territoires mais aussi des populations du royaume de Piémont-Sardaigne à la France. Malgré tous ces arguments, Victor-Emmanuel II rappelle que ce rattachement est une demande de Napoléon III et non pas une initiative de sa part.Q°4 – Les réactions des populations sont très diversifiées vis-à-vis du référendum visant à rattacher Nice et la Savoie à la France. D’une part, cette consultation est un véritable succès, comme le montre le tableau de Louis Houssot bien qu’il ait été réalisé à une date ultérieure. Les résultats témoignent d’une opinion publique largement favorable au rattachement à la France car 99 % des suffrages exprimés sont en faveur de ce transfert. D’autre part, la déclaration du marquis Léon Costa de Beauregard montre un profond attachement de la population au royaume de Piémont-Sardaigne. Ce dernier affirme en effet qu’il défendra les intérêts de son pays « avec dévouement et constance » et qu’il restera « fidèle, avant et malgré tout, au drapeau de la légitimité, à [ses] affections dyna-miques, aux traditions héréditaires [...] recueillies dans [sa] famille ».

Si le rattachement à la France est plébiscité par la population pour des raisons politiques et matérielles, le sentiment d’appartenance à une nation italienne en construction ne semble pas négligeable.Q°5 – Tableau :POUR le rattachement de la Savoie et de Nice à la France

CONTRE le rattachement de la Savoie et de Nice à la France

Il s’agit d’un engagement du roi Victor-Emmanuel II en contrepartie du soutien militaire de Napoléon III contre l’Autriche.

Il s’agit d’une perte territoriale importante pour le royaume de Piémont-Sardaigne et pour le jeune royaume d’Italie en construction.

Ce rattachement a été largement approuvé par les populations niçoise et savoyarde par référendum en 1860.

Nice et la Savoie appartiennent au royaume de Piémont-Sardaigne depuis des siècles. Ce transfert nécessite des décennies d’adaptation pour que les populations reconstruisent un nouveau sentiment d’appartenance national.

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Ce transfert est essentiellement territorial. Les populations qui le souhaitent peuvent déménager pour conserver leur nationalité d’origine.La proximité géographique de Nice et de la Savoie avec la France a favorisé les échanges et communications avec ce pays plutôt qu’avec le royaume de Piémont-Sardaigne.

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Q°6 – Les négociations entre Napoléon III et Victor- Emmanuel II sur le rattachement de Nice et de la Savoie à la France s’inscrivent dans une logique diplomatique tout en essayant de respecter le droit des peuples. Dans un premier temps, ce transfert de souveraineté semble avoir été négocié par Napoléon III en échange de son soutien au projet d’unité italienne porté par Victor-Emmanuel II contre l’Autriche. Bien qu’aucun document officiel ne permette de l’attester, il semblerait que cette tractation ait eu lieu lors de la rencontre de l’Empereur des Français et Cavour à Plombières-les-Bains en 1858. Cependant, une telle décision ne peut plus être prise uniquement par les dirigeants à cette période, d’autant plus que ces deux souverains sont favorables au principe de liberté des peuples. C’est pourquoi le traité de Turin précise dans son article 1 que le transfert de ces territoires est conditionné à l’acceptation des populations concernées qui s’expriment par référendum en 1860. Le rattachement de Nice et de la Savoie a donc certes été initié lors de négociations diplomatiques secrètes, mais les souverains essayent de respecter le droit des peuples en organisant leur consultation.

3. L’entrée en jeu du peuple italien.A la fin des années 1860, la France devient plutôt un obstacle à l’unité italienne car elle soutient le pape Pie IX qui refuse une unité conduisant à la destruction de son pouvoir politique / pouvoir temporel. Les soulèvements se multiplient en Italie centrale : les patriotes italiens organisent des assemblées qui demandent le rattachement au Piémont-Sardaigne. Pour obtenir le royaume de Naples, Cavour choisit de s’appuyer sur un héros révolutionnaire qui a multiplié les combats : Giuseppe Garibaldi. Celui-ci recrute une petite armée de volontaires – les « Mille » (volontaires vêtus de Chemises rouges) / le but est de renverser la dynastie des Bourbons en Sicile (François II). Débarque en Sicile en mai 1860 et il s’empare de l’île et entre à Naples sous les acclamations de la foule – François II s’est enfuit avec sa femme à Rome. Napoléon III s’inquiète devant les succès italiens car il redoute qu’ils ne finissent par attaquer Rome et les Etats de l’Eglise. Or, la population française, majoritairement catholique, est très hostile à toute menace contre le pape. Cavour décide d’agir très vite : l’armée piémontaise envahit l’Italie centrale et bouscule l’armée pontificale. Le 23 mars 1861, Victor Emmanuel II triomphe enfin : il proclame la naissance du royaume d’Italie et en ceint la couronne. Cavour meurt peut de temps après, rend son dernier soupir – le 29 mai 1861, Cavour a un malaise que son médecin attribue à une crise de paludisme qui le frappe périodiquement … murmurant : « l’Italie est faite, tout est sauvé ». Mais l’unification de la péninsule reste incomplète : il manque encore Rome et la région vénitienne. Mais … La défaite de l’Autriche face à la Prusse en 1866 (la bataille de Sadowa le 3 juillet 1866 – carte 3 p. 141) règle une partie du problème : en échange de la neutralité française Napoléon III obtient la session de la Vénétie qu’il remet à l’Italie ! Reste le problème de Rome. Le 3 novembre 1867, Garibaldi attaque les troupes françaises à Mentana, près de Rome. En 1870, les troupes françaises se retirent de Rome, après la défaite contre la Prusse. Le pape se soumet et Rome devient la capitale de l’Italie unifiée.

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II. La France et l’unité allemande : de la neutralité à la guerre.Le peuple allemand n’a jamais vécu au sein d’un Etat unifié jusqu’alors : il existe une multitude d’Etats de superficies et de puissances variables – carte 2 p. 140. Mais le sentiment national allemand a été renforcé par l’expansion française sous le règne de Napoléon 1er : face à cette menace extérieure, beaucoup d’Allemands ont alors pris conscience de leurs points communs. Depuis 1815, les Etats allemands sont réunis au sein d’une fédération appelée « Confédération germanique » : union politique de la Prusse, de l’Autriche et de 38 petits Etats allemands.

A. Le temps de la domination autrichienne : 1848 – 1862.Tout comme l’Italie, l’Allemagne est le théâtre de mouvements révolutionnaires en 1848 – carte 2 p. 51. Les libéraux entament un processus de réalisation de l’unité nationale allemande qui doit passer par l’élection d’une assemblée nationale allemande : succès populaire ! Le Parlement de Francfort (assemblée des Etats allemands née après la révolution de 1848) est élu. Mais … les forces conservatrices, attachées au maintien de l’ordre établi, s’affirment et l’Autriche se fait de plus en plus menaçante face à ce projet qui menace sa prépondérance en Europe centrale. En 1850, elle impose à tous les Etats allemands une Confédération germanique placée sous son contrôle. Et la Prusse n’est pas prête à affronter la puissance militaire autrichienne. La Prusse ? C’est un puissant royaume situé au Nord de l’Allemagne. Elle est dirigée par le roi Guillaume 1er (Guillaume Frédéric Louis de Hohenzollern) – portrait p. 148. C’est une monarchie autoritaire, conservatrice et ambitieuse. Ce Guillaume 1er choisit comme chancelier un diplomate habile et pragmatique : Otto von Bismarck, en 1862.Celui-ci estime qu’il appartient à la Prusse de réunir autour d’elle tous les Etats allemands. Il annonce d’ailleurs : « les grandes questions de notre temps ne se décideront pas par des discours et des votes à la majorité, mais par le fer et le sang ». Il veut affronter l’Autriche.

B. L’unité par la diplomatie et la guerre contre l’Autriche. La Prusse est en pleine industrialisation au milieu du XIXème siècle : le royaume connaît un remarquable essor économique (exploitation des gisements de charbon). De puissantes firmes développent l’activité sidérurgique comme Krupp. Le royaume bénéficie aussi d’une union douanière réalisée avec les autres Etats allemands (le Zollverein) qui facilite les échanges économiques. Ce dynamisme favorise les ambitions prussiennes. En même temps Bismarck modernise l’armée à marche forcée afin de préparer la Prusse à de futurs combats. Selon Bismarck, l’Autriche est le principal obstacle à l’unité de la nation allemande. Il choisit donc de se rapprocher de la Russie et de la France – doc.1 p. 150. Lors d’une rencontre à Biarritz, du 4 au 12 octobre 1865, Bismarck obtient la neutralité de la France au sujet de l’Autriche.

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Le 3 juillet 1866, les Prussiens du roi Guillaume 1er écrasent les Autrichiens de François-Joseph 1er à Sadowa, en Bohème. La bataille fait en Europe l'effet d'un « coup de tonnerre » car nul n'imaginait une victoire aussi complète de la Prusse. Ce conflit, voulu par Bismarck, a pour objet de contraindre l'Autriche à renoncer, au profit de la Prusse, à sa position de puissance dominante en Allemagne.Il faut dire … l’armée prussienne, dirigée par von Moltke est redoutable : une stricte discipline, un commandement hiérarchisé, des fusils et une artillerie modernes, un usage habile du télégraphe et du chemin de fer ! L’armée autrichienne est taillée en pièces. Bismarck peut négocier en position de force. Le 22 juillet 1866 est signé l'armistice. La Prusse, quant à elle, annexe la plupart de ses adversaires d'Allemagne du Nord, à savoir le Hanovre, le Nassau et la Hesse-Cassel … doc.2 p. 140 … sans bien sûr consulter les populations. Son territoire est désormais d'un seul tenant de la Sarre au Niémen.Le 15 décembre 1866 est fondée une Confédération de l'Allemagne du Nord où la réalité du pouvoir appartient au Président héréditaire qui n'est autre que ... le roi de Prusse Guillaume 1er, assisté d'un Chancelier fédéral en la personne de Bismarck !Il ne manque à la nouvelle Confédération que d'être rejointe par les grands États du Sud (Bade, Bavière ...) pour que toute l'Allemagne soit enfin unie. Un nouvel obstacle se dresse sur la route de l’unité allemande : la France. En effet, celle-ci comprend que la Confédération de l'Allemagne du Nord devient une menace pour la France … ce qui change brutalement la diplomatie envers la Prusse.

C. Finalement, l’unité en luttant aussi contre la France (1866 – 1871). 1. Napoléon III engage un bras de fer avec Guillaume 1 er .Ce revirement de la politique française apparaît comme une aubaine à Bismarck. Une guerre contre un adversaire commun lui semble être la meilleure stratégie pour rassembler autour de la Prusse tous les Etats allemands encore soucieux de leur indépendance. Crise internationale ouverte par la recherche d’un nouveau souverain en Espagne – succession d'Espagne : en 1868, la reine Isabelle II d'Espagne est renversée. Le parti républicain n'ayant cependant pas réussi à s'imposer, la succession à la Couronne d'Espagne est ouverte : alors … en suggérant la candidature du prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi Guillaume 1er de Prusse, à la tête du Royaume d'Espagne, le chancelier Otto Von Bismarck veut pousser Napoléon III à la faute. La France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Laissant la gérance à l’impératrice, l’empereur par combattre. Mal préparée, mal dirigée et numériquement inférieure aux troupes prussiennes, l’armée française subit à partir du 4 août 1870 une série de revers en Alsace et en Lorraine. Le général français Mac Mahon est battu sur la frontière, le maréchal Bazaine se fait enfermer à Metz. Défaite de Sedan – doc. p. 149 : Les troupes de Mac Mahon sont encerclées par Moltke. Le 2 septembre 1870, Napoléon III signe sa capitulation à Metz, au château de Bellevue et fait hisser le drapeau blanc. L’empereur est fait prisonnier. La guerre semble finie !Mais … le 4 septembre 1870 : dès que la nouvelle est connue à Paris, la foule envahit l’Assemblée nationale. Léon Gambetta (avocat, député de Paris – adversaire du régime impérial) fait annoncer la déchéance de l’empire : la République est proclamée. 7

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Immédiatement, un gouvernement de « Défense nationale » est mis en place, dirigé par le général Trochu. Cette situation donne un nouveau souffle aux forces françaises – à la stupéfaction de Bismarck. Hélas ! Les armées prussiennes continuent leur progression méthodique et parviennent aux portes de Paris en septembre 1870.Le siège débute : l’hiver ne le rend que plus rude, la nourriture manque bientôt tandis que l’artillerie prussienne pilonne la ville.

2. La stratégie de Bismarck est un succès : l’unité achevée . Le 18 janvier 1871, les dirigeants allemands sont rassemblés à Versailles, dans la Galerie des Glaces – Point de passage et d’ouverture / répondre aux Q° p. 152 et p. 153.Q°1 – Napoléon III décide de capituler le 2 septembre 1870 à la suite de la bataille de Sedan au cours de laquelle la France est écrasée et l’Empereur capturé par l’armée prussienne.Q°2 – Guillaume Ier s’impose à la tête du Reich en 1871. Roi de Prusse depuis 1861, il est l’un des artisans de l’unité allemande avec son chancelier Bismarck. Après sa victoire contre la France en 1870, il est proclamé empereur d’une Allemagne unifiée lors d’une cérémonie organisée dans la galerie des Glaces du château de Versailles.Q°3 – La France et les États allemands entretiennent des relations complexes depuis plusieurs siècles. C’est l’une des raisons pour lesquelles Guillaume Ier et Bismarck choisissent la galerie des Glaces du château de Versailles pour proclamer le Reich. L’objectif est de symboliser la vengeance des peuples germaniques contre les conquêtes de Louis XIV, puis de Napoléon Ier au fil des siècles.Q°4 – Les réactions sont très diverses face à la proclamation du Reich. D’une part, le député Barth déclare devant le parlement de Bavière que les soldats bavarois « rapportent à la maison un réel esprit allemand et ils veulent cohabiter dans un seul État » (lignes 5 et 6). En somme, il confirme que le projet d’unité allemande porté par Bismarck est une réussite et qu’un sentiment national allemand émerge de la guerre menée contre la France. D’autre part, une lettre du prince Otto de Bavière adressée à son frère au début du mois de février 1871 témoigne de son désarroi face à la proclamation du Reich : « Quelle impression nostalgique cela m’a fait, de voir nos Bavarois s’incliner devant l’empereur ; mon cœur voulait voler en éclats » (ligne 11). Ce document permet d’éclairer la volonté de Bismarck de proclamer l’Empire au plus vite. Le chancelier est en effet conscient qu’il doit aller vite s’il veut profiter de l’euphorie de la victoire pour imposer le Reich aux territoires germaniques. Sans cela, les princes pourraient essayer de bloquer son projet d’unité nationale au profit de leurs prérogatives locales.Q°5 – Plusieurs motifs permettent d’expliquer que le Reich allemand soit proclamé dans la galerie des Glaces du château de Versailles (j’affirme). Tout d’abord, cette proclamation s’inscrit dans la continuité de la guerre contre la France déclarée en 1870 et remportée rapidement par une armée regroupant les forces militaires des États allemands. L’objectif de Guillaume Ier et de Bismarck est donc de profiter de cet enthousiasme collectif contre un ennemi commun pour créer un Empire sous la domination de la Prusse (je prouve). Ensuite, le château de Versailles s’impose car c’est le lieu où s’installent l’empereur Guillaume Ier et le chancelier Bismarck après l’invasion de la France. Or, ils souhaitent aller vite dans la proclamation du Reich afin d’éviter que certains États allemands, tels que la Bavière, ne s’y opposent (je prouve).

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Enfin, les deux dirigeants agissent aussi par esprit de vengeance symbolique. Le château de Versailles incarne en effet la puissance de la France qui vient d’être défaite. Il abrite notamment de célèbres tableaux qui commémorent les victoires passées de Louis XIV et de Napoléon Ier outre-Rhin (je prouve). Ainsi, célébrer la proclamation du Reich dans ce lieu constitue une humiliation particulièrement importante pour les Français et contribue à magnifier la victoire prussienne. Le Reich allemand est donc proclamé dans la galerie des Glaces du château de Versailles non seulement pour des raisons matérielles (cet événement survient immédiatement après l’invasion de la France) mais aussi symboliques (le château de Versailles représente le symbole de la puissance française qui vient d’être défaite) – je complète.Q°6 – La proclamation du Reich allemand en 1871 est l’aboutissement d’un long processus de construction de l’unité allemande commencé dès 1848. Après l’arrivée au pouvoir de Guillaume Ier sur le trône de Prusse et de Bismarck au poste de chancelier, les deux dirigeants se donnent pour objectif de rassembler les États d’Allemagne sous l’autorité de la Prusse. L’une des étapes importantes consiste à créer la « Confédération de l’Allemagne du Nord » à la suite de la victoire contre l’Autriche à la bataille de Sadowa en 1866. Cette alliance regroupe vingt-deux États allemands du Nord autour de la Prusse, mais sans les États du Sud tels que la Bavière. C’est d’ailleurs à partir de cette base que la construction de l’unité allemande se poursuit à la fin des années 1860. Les efforts se concentrent désormais sur la France qui devient un moyen de terminer l’unité au Sud. La succession au trône d’Espagne donne l’occasion aux dirigeants germaniques de nourrir un conflit avec Napoléon III qui prend l’initiative d’une déclaration de guerre le 19 juillet 1870. La victoire rapide de la Prusse permet au roi Guillaume Ier de proposer une modification de la Constitution de la Confédération pour lui donner le titre d’« Empire germanique » malgré l’opposition feutrée du prince Otto de Bavière. La proclamation du Reich allemand en 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles apparaît donc comme un événement précipité, quelques semaines seulement après la victoire contre la France. Pourtant, cette évolution géopolitique est le fruit d’un long processus de construction de l’unité allemande.

CONCLUSIONEntre 1848 et 1871, la France s’implique de façon directe et importante dans l’unification de l’Italie : elle commence par la soutenir avant de tenter, en vain, de l’en empêcher. Pour ce qui est de l’unification allemande, elle reste d’abord neutre puis tente de l’empêcher par la guerre.Finalement, la France ne parvient pas à contraindre l’unification de ces deux Etats. Les aspirations nationales sont sans doute trop fortes et la France n’est pas assez puissante pour s’opposer à la force prussienne. La défaite de 1870 face à la Prusse demeure une des plus importantes blessures nationales françaises du XIXème siècle. Résumé – livre p. 162 et p. 163.

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