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Guillaume Coquet 99 161 739

En vue de l'obtention du diplôme de M.B.A en Management :

«Verba volant, scripta manant »

(les paroles s'envolent, les écrits restent) :

Le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001.

Essai Présenté à

Messieurs Olivier Boiral, professeur au département de Management à l'Université Laval et Gérard Croteau, éco-conseiller industriel au Ministère de l'Environnement du Québec

- Avril 2002 -

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 -

Essai de maîtrise en administration des affaires. MBA Management. Faculté des sciences de l'administration. Université Laval. Québec.

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À mes grands parents,

Denise et Albert Coquet, maraîcher,

ils connaissaient la valeur de la terre



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La rédaction d'un essai de maîtrise est un dur labeur sanctionnant la fin d'une vie d'étudiant. Il

s'agit d'un travail de deux sessions, qui a nécessité de l'énergie, de la patience et de beaucoup,

beaucoup, beaucoup d'aide.

Je me souviens de ces pléiades d'acteurs, de chanteurs ou d'humoristes qui montent sur scène

lors de la remise de prix, à Hollywood ou à Cannes, et qui remercient leur producteur, leur

famille et amis, le technicien du son ou le concierge du théâtre. Je tombe dans la grande

banalité en écrivant ces quelques lignes mais je m'associe volontiers à ces gens plus ou moins

connus qui se sont rendus compte que sans les autres, ils ne sont rien.

Tout d'abord, un grand merci à ma famille pour son soutien moral, affectif et financier durant

mes années passées loin d'eux. Merci Maman, Papa, Christine et sa petite famille, Jean-Michel

et surtout ma petite mamy.

Merci aussi à mon directeur d'essai, Monsieur Olivier Boiral, pour sa passion pour

l'environnement, pour sa patience, et pour la précision de ses directives et commentaires, et

merci à mon lecteur, Monsieur Gérard Croteau, pour le temps qu'il m'a accordé.

Un grand merci également à Madame Chantal Tardif et à Monsieur Jean Laperrière pour

m'avoir ouvert les portes de leur entreprise puis guidé dans les méandres d'ISO 14001, et pour

avoir répondu sans détour à mes questions. Merci aussi à toutes les personnes, travaillant chez

Dana Canada et chez Norsk Hydro Canada, qui m'ont accordé un temps précieux en répondant

à mon enquête et en m'assistant dans ma recherche.



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Introduction….…………………………………………………………………………… 6

Chapitre 1 : Mise en contexte…………………………………………………………….. 8 1.1 La question environnementale………………………………………………. 9 1.1.1 Définition de l'environnement………………………………………... 10 1.1.2 La sensibilisation de l'opinion publique……………………………… 11 1.1.3 L'environnement dans les courants de pensées économiques………... 12 1.2 Une prise de conscience mondiale………………………………………….. 13 1.3 La place de l'environnement dans les organisations………………………… 21 Chapitre 2 : Cadre théorique……………………………………………………………… 25 2.1 Les systèmes de gestion environnementale (SGE)………………………….. 26 2.2 Les normes ISO 14000……………………………………………………… 30 2.2.1 ISO ou la normalisation internationale……………………………….. 30 2.2.2 Les normes ISO 14000 : Un modèle standard de gestion……………. 32 2.2.3 La certification……………………………………………………….. 36 2.3 Le management de la norme………………………………………………… 37 2.3.1 Les principes de gestion d'ISO 14001………………………………... 37 2.3.2 ISO 14001 et la théorie classique des organisations…………………. 40 2.3.3 Vers une nouvelle école de pensée…………………………………… 45 Conclusion partielle pour les chapitres 1 et 2…………………………………………….. 50 Chapitre 3 : Méthodologie………………………………………………………………... 52 3.1 Les questions de recherche………………………………………………….. 53 3.2 La méthode de recherche……………………………………………………. 55 3.2.1 Les instruments de collecte d'information……………………………. 56 3.2.2 Le choix de l'échantillonnage………………………………………… 58 3.3 L'analyse des résultats………………………………………………………. 61



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Chapitre 4 : Étude empirique……………………………………………………………... 65 4.1 Le cas Dana Canada………………………………………………………… 67 4.1.1 Les motivations………………………………………………………. 68 4.1.2 Le processus de mise en œuvre………………………………………. 71 4.1.3 Les implications de la mise en œuvre……………………………...… 88 4.1.4 Conclusion…………………………………………………………… 94 4.2 Le cas Norsk Hydro Canada………………………………………………… 96 4.2.1 Les motivations………………………………….………..………….. 97 4.2.2 Le processus de mise en œuvre………………………………………. 101 4.2.3 Les implications de la mise en œuvre……………………………...… 117 4.2.4 Conclusion……………………………………………………………. 123 4.3 Synthèse de l'étude empirique………………………………………………. 125 Conclusion générale……………………………………………………………………… 131 Table des tableaux et figures……………………………………………………………... 133 Table des annexes………………………………………………………………………… 134

Annexe 1………………………………………………………………………... 135 Annexe 2………………………………………………………………………... 142

Annexe 3………………………………………………………………………... 148 Annexe 4………………………………………………………………………... 155 Annexe 5………………………………………………………………………... 163 Annexe 6………………………………………………………………………... 164 Annexe 7………………………………………………………………………... 167 Annexe 8………………………………………………………………………... 168 Annexe 9………………………………………………………………………... 169 Annexe 10………………………………………………………………………. 171

Bibliographie……………………………….…………………………………………….. 172



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Les questions environnementales deviennent progressivement une préoccupation sociale

dominante. Il s'agit là d'un enjeu important pour l'ensemble des acteurs politiques et

économiques de nos sociétés industrialisées.

L'homme, en tant que consommateur, incorpore de plus en plus l'environnement dans son

arbitrage d'achat, le développement des « labels vert » et des produits biologiques en est

l'illustration. L'homme, en tant que citoyen, peut aujourd'hui avoir comme représentant

politique des élus de parti vert, il intègre donc les questions environnementales dans les choix

de société auxquels il est confronté. On assiste, ainsi, à une marche en avant, à un mouvement

encore marginal pour l'instant mais qui se développe progressivement, qui induit la prise de

conscience de l'importance de la préservation de notre environnement.

Les organisations sont, elles aussi, soumises aux interrogations suscitées par le développement

de la préoccupation environnementale. Elles sont aujourd'hui amenées à remettre en cause les

pratiques à l'origine des rejets de polluants et doivent impérativement réduire leurs impacts

environnementaux afin de répondre aux normes réglementaires de plus en plus strictes mais

aussi pour répondre aux attentes d'un grand public plus exigeant et moins tolérant.

Les organisations développent donc des systèmes de gestion environnementale préventifs et

non plus seulement palliatifs. Des systèmes qui intègrent les préoccupations environnementales

dans l'activité normale de l'entreprise. Un système de gestion environnementale répondant à

cette volonté se développe petit à petit et s'impose de plus en plus comme un modèle de

référence en gestion environnementale. Il s'agit de la norme ISO 14001.



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Le but de cet essai est donc de bien comprendre ISO 14001. De comprendre les raisons du

développement aussi rapide de cette norme. De comprendre ses impacts sur l'organisation et sur

le personnel. Et enfin, de comprendre sa contribution sur les performances environnementales.

De plus, cet essai s'inscrit dans un projet de recherche plus vaste, financé par FCAR, et dirigé

par Monsieur Olivier Boiral. Cet essai reprend donc la démarche méthodologique du projet et

les résultats empiriques découlant de mes investigations auprès de deux entreprises québécoises

seront englobés dans la recherche de Monsieur Olivier Boiral.

Nous ferons donc, dans une première partie, une mise en contexte rapide présentant l'ampleur

des questions environnementales dans nos sociétés, notamment au niveau de la reconnaissance

politique de l'environnement, mais aussi nous permettant de comprendre indirectement les

motivations qui induisent le développement des systèmes de gestion environnementale dans les

organisations (chapitre 1). Par la suite, nous nous intéresserons plus spécifiquement à la

manière dont les organisations font face aux défis environnementaux et plus particulièrement

aux aspects théoriques du système de gestion environnementale ISO 140001 (chapitre 2). Par la

suite, afin de voir empiriquement l'implication de cette norme dans le milieu organisationnel, il

convient de présenter la méthodologie de recherche (chapitre 3). Enfin, la dernière partie

présentera les résultats de la recherche empirique (chapitre 4).

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 - Chapitre 1 : Mise en contexte.


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L'environnement est une problématique dans nos sociétés industrialisées. Il existe depuis

quelques années une pression grandissante exercée sur les organisations afin qu'elles

intègrent cette notion dans leur activité. C'est pourquoi, l'objectif de cette mise en contexte

est en quelque sorte de comprendre ces pressions qui motivent les organisations à

entreprendre des démarches environnementalistes et notamment de s'engager dans un

processus d'implantation d'un système de gestion de type ISO 14001.

En effet, on constate que les médias parlent de plus en plus de l’environnement comme étant

le nouveau défi de l’humanité. Après avoir fait des progrès technologiques considérables,

après avoir créé des armes de plus en plus destructrices, l’humanité doit faire face au poids

de son œuvre. Les déforestations massives, la désertification, les déversements pétroliers, le

réchauffement de la planète sont aujourd’hui des enjeux qui mobilisent l’attention d’une

opinion publique de plus en plus sensible à ces sujets.

L’opinion publique est à la base du renouveau de la conscientisation environnementale.

Nous verrons son influence sur les gouvernements et sur les différentes organisations. Puis

nous comprendrons comment ces organisations réagissent pour garder une image propre et

pour maintenir leur niveau de profit.

1.1 La question environnementale

L’évolution de la perception générale de l'environnement oblige à reposer les termes du

débat public sur cette question. Aujourd'hui, l'environnement est devenu une question

majeure dans le choix de développement de nos sociétés. Les secteurs sociaux, économiques

mais aussi politiques doivent produire un discours novateur dans la prise en compte et le

traitement réel des problèmes environnementaux.

Mais avant de s’interroger plus profondément sur cette question et de voir les différentes

facettes qui s’y réfèrent, le préalable est de définir la notion d’environnement.



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1.1.1 Définition de l’environnement

Cette notion peut être très variée indépendamment du point de vue avec lequel on l’aborde.

En effet, la notion d’environnement peut avoir une acception étroite comme la protection de

la nature, une acception large comme l’ensemble des problèmes touchant à la qualité de vie,

ou bien se situer quelque part entre les deux (Sitack Yombatina, 2000).

La définition standard du dictionnaire Larousse parle « de l’ensemble des éléments naturels

ou artificiels qui conditionnent la vie de l’homme », c’est-à-dire le milieu dans lequel

l’homme évolue.

Une définition plus centrée sur l’écologie parle de l’environnement comme un ensemble, à

un moment donné, des agents physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux

susceptibles d'avoir un effet sur les êtres vivants et les activités humaines (Fischesser et

Dupuis-Tate, 1999). Cette définition montre une certaine attitude déterministe vis-à-vis de

l’environnement. L’homme est conditionné par son environnement.

En abordant une approche plus sociologique, l'environnement peut être défini comme un

immense questionnement que la société se pose à elle-même et à l'ensemble de la société

scientifique. L'environnement ne peut se concevoir indépendamment des représentations

collectives ou des valeurs sociales qui lui sont associées (Clary, 2000).

Pour ISO 14001, l’environnement est le milieu dans lequel un organisme fonctionne,

incluant l’air, l’eau, la terre, les ressources naturelles, la flore, la faune, les être humains et

leurs interrelations. Cette idée d’interrelation est une notion particulièrement importante qui

suggère des interventions réciproques des différentes composantes de l’environnement. Il

s’agit notamment d’avoir un rapport égalitaire et bilatéral entre l’homme et son milieu.



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1.1.2 La sensibilisation de l’opinion publique

« Ce qui m'inquiète, c'est la pensée que l'homme est capable de s'habituer aux

pires conditions de vie. Il pourra trouver parfaitement normal d'ici un siècle, de

vivre prostré dans quelques bunkers, avec des masques, de l'air artificiel. Il ne

saura même plus alors que l'on vivait autrement. Que restera-t-il alors de

l'homme ? » Paul Émile Victor

(source : Site Planetecologie.org)

Depuis quelques décennies, l’opinion publique semble être de plus en plus attirée vers

l’environnement et notamment vers l’écologie. Le mot « écologie » existe depuis 1866. Il a

été créé par le biologiste allemand Ernst Haeckel (1834-1919). Étymologiquement, il

signifie le savoir de la maison (οικοσ maison et λογοσ le savoir, la science). L’écologie est

donc l’étude des milieux dans lesquels habitent les être vivants.

C’est véritablement au cours des années 1960 que l’écologie acquiert un sens particulier.

Effectivement, cette notion prend une dimension idéologique qui se traduit par une prise de

conscience de la nature. On parle aussi d’écologisme. Les événements historiques (guerre

froide …), les progrès technologiques (armement, conquête spatiale, informatique…) et le

développement des médias (radio, télévision) entraînent une évolution des mœurs et des

préoccupations. Une contre-culture se développe (les hippies). Ils contestent l’omnipotence

des intérêts économiques versus les valeurs morales et éthiques. Ils rejettent les idéologies

dominantes et notamment la société de consommation.

Des associations écologistes se créent (comme GreenPeace, fondée en 1971 par trois

Canadiens), les médias les diffusent, mais les évènements les développèrent. En Angleterre,

la marée noire provoquée par le pétrolier Torrey Canyon en mars 1967 fut un drame

national. Cet événement induit à la création du journal The Ecologist. Puis s’ensuivit la

marée noire de l’Amoco Cadiz (France 1978), de l’Exxon Valdez (États-Unis 1989), et plus

récemment de l’Erika (France 1998). Mais il y a aussi l’incident nucléaire de Tchernobyl

(Union Soviétique 1986) et de Three Mile Island (Etats-Unis 1979), etc.…. . A cela

s’ajoutent des problématiques environnementales contemporaines comme la diminution de



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la couche d’ozone, l’augmentation de l’effet de serre, la déforestation, la désertification, et

même l’explosion démographique.

1.1.3 L’environnement dans les courants de pensées économiques

Depuis les premiers pas de l’industrialisation et de l’extraction massive des matériaux,

l’environnement est traité uniquement comme un pourvoyeur de ressources illimitées

(Théorie classique, A. Smith, J.B Say, Léon Walras). Pour ces auteurs, l’environnement

est un bien commun qui appartient in-facto à l’homme (Faucheux et Noël, 1995).

Cette idée de ressources illimitées répercute l’idée d’une croissance illimitée et à tout prix.

Le bonheur des hommes passe par l’accumulation des biens. Pour assouvir cette nécessité,

l’homme a la capacité grâce à son raisonnement et à son intelligence de dominer la nature

en la façonnant en fonction des ses propres besoins, par opposition aux animaux qui se

contentent d’utiliser la nature autour d’eux (Kempeneers, 2000). Cependant, Engels met en

garde les hommes de cette situation (Engels, 1876, page 12) :

« L’homme n’est pas extérieur à la nature, il en fait partie intégrante. C’est le

propre de l’homme d’être le seul à pouvoir connaître les lois de la nature. A

nous d’utiliser cette connaissance de manière judicieuse. Étant donné que

nous connaissons les lois de la nature, nous pouvons aussi prévoir les

conséquences lointaines de nos agissements. Nous pouvons donc aussi

maîtriser et limiter ces conséquences. »

Seulement, il y a un antagonisme entre cette vision à long terme de l’environnement et la

vision à court terme dans laquelle s’inscrit l’exploitation massive des ressources de la Terre.

C’est pourquoi, on assiste à une timide intégration de cette problématique après tant

d’années d’incompatibilité entre les courants dominants en pensée économique et la

nécessité de prendre conscience des problèmes environnementaux.

Effectivement, la genèse de la nouvelle pensée économique en matière de relation avec

l’environnement date approximativement du début des années 1970. Un siècle après les



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écrits d’Engels, le courant néoclassique prend un léger virage environnementaliste. Ce

courant semble suivre les mouvements de contestation de l’opinion publique de l’époque

afin d’adapter la pensée économique à ce nouveau monde qui émerge. Les théoriciens

néoclassiques considèrent les dégradations environnementales comme étant le fait

d’une inefficacité de l’allocation des biens économiques à un moment donné, inefficacité

engendrée par la présence d’effets externes ou de biens collectifs (Maréchal, 1996). La

perception de l’environnement passe alors de biens communs à un capital naturel (Solow,

1974). Il devient par conséquent important de préserver ce capital car il n’est pas illimité. La

première crise pétrolière qui survient peu après renforce ce courant de pensée.

Toutefois, malgré l’idée de ressources limitées, le courant de pensée se voulant néoclassique

reste convaincu de la primauté de la croissance économique. Cela signifie que, certes,

l’environnement est pris en considération à condition que cela n’entrave pas la croissance

économique.

1.2 Une prise de conscience mondiale

La sensibilisation de l’opinion publique ainsi que le renouveau en matière de pensée

économique conduisent les différents gouvernements des pays industrialisés à réfléchir eux

aussi sur cette question environnementale d’une manière plus approfondie.

Il s’agit, dans un premier temps, d’une responsabilisation politique qui se traduit par une

prise de conscience nationale des questions environnementales. C’est d’ailleurs à partir des

années 1970 que naissent la plupart des ministères de l’environnement. Alors

qu’auparavant, la politique environnementale était cantonnée à des interventions ponctuelles

et ciblées (nuisances sonores, manque d'espaces verts, etc.…), ces ministères assurent dés

lors un suivi global des aspects environnementaux.

Mais cette responsabilisation politique se traduit également par une prise de conscience

mondiale. En effet, les pays industrialisés comprennent que la notion de pollution dépasse le

simple cadre des frontières nationales et qu’il devient important d’avoir une action

« mondiale » afin de se prémunir contre les désastres. Il s’agit là d’un véritable changement

de perception des problèmes environnementaux. C’est un changement d’échelle des



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problèmes, on passe de « l’arrière-cour à la planète », et les politiques environnementales

passent de locales et palliatives à mondiales et prospectives (Clary, 2000).

Cette prise de conscience mondiale est progressive. Elle se fait à l’aide de plusieurs

conférences internationales qui demeurent à travers le temps, des repères en matière de

réflexions environnementalistes. En effet, chacune de ces conférences apporte une notion

nouvelle et des axes de recherche particuliers.

La conférence de Stockholm (5-16 juin 1972)

Sur le plan international, c’est la conférence de Stockholm en 1972 qui marque le début

d’un véritable dialogue entre les nations. Lorsque cette conférence est convoquée en 1968,

c’était dans le but de créer une prise de conscience du public sur les problèmes

environnementaux. Seulement, nous l’avons vu, la prise de conscience du public s’est

réalisée d’elle-même durant la même période. C’est pourquoi, quelques mois avant le début

de la conférence, Mr. W. Bassow (Senior Public Affairs Officer de la CNUEH) déclarait

que celle-ci n’avait plus besoin de publicité : « it has become one of the best advertised, best

known and most pervasively known issues of our time ».

En conséquence, l’Assemblée Générale des Nations-Unies déclara que cette conférence

devrait plutôt être orientée vers l’action, et que des décisions devraient être prises pour

traiter les problèmes (Zaccaï, 2001). Toutefois, un problème majeur survint lors de cette

conférence : une profonde divergence de point de vue entre les pays du Nord et les pays du

Sud. En effet, pour les pays industrialisés, le concept de la gestion internationale des

ressources, offrait les espoirs de voir apparaître une solution aux problèmes de pollution.

Seulement, les pays en développement considéraient que la pollution était un problème des

pays riches, qui ne pourrait être traité dans leur pays qu’une fois les autres problèmes

résolus.

Cela a une double conséquence ; d’une part, les pays industrialisés reconnaissent que le

manque de développement pouvait être un facteur de dégradation environnementale, au

même titre que le développement, et d’autre part, le nom de la conférence devient « la

conférence pour l’environnement et le développement » au lieu d’une conférence consacrée

uniquement à l’environnement.



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La conférence de Stockholm a donc marqué le début de la prise de conscience internationale

des problèmes environnementaux et a été le point de départ du cadre législatif planétaire

dans le domaine de la protection de l’environnement. On parle de globalisation des

politiques environnementales.

La commission mondiale sur l’environnement et le développement

Cette commission a été mise sur pied en décembre 1983 par l’Assemblée Générale des

Nations-Unies afin de formuler un plan d’action mondial proposant des stratégies

environnementales à long terme et de nouveaux moyens susceptibles de réconcilier les

objectifs du développement et de la protection de l’environnement. Cette commission, plus

connue sous le nom de commission Brundtland, car elle fut sous la présidence de Mme Gro

Harlem Brundtland (devenue Premier Ministre de la Norvège en 1981 après avoir été

ministre de l’environnement de 1974 à 1979), jusqu’à sa dissolution en décembre 1987.

Cette commission a remis à l’Assemblée Générale de l’ONU en octobre 1987, un rapport

intitulé « Notre Avenir à Tous ». Ce rapport se base sur des auditions publiques, organisées

dans 15 capitales auprès de représentants de gouvernements, d’instituts de recherche

scientifique, d’entreprises et d’ONG.

Le mandat de cette commission était de réexaminer les grands problèmes planétaires de

l’environnement et du développement et de formuler des propositions réalistes, afin

d’assurer que le progrès de l’humanité soit maintenu par un développement durable. La

définition standard de cette notion se retrouve dans le rapport « Notre Avenir à Tous » :

« Le développement durable peut être simplement défini comme un

développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la

capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

Concrètement, le Développement Durable pose la nécessité de maintenir ou d'améliorer la

qualité de l'environnement naturel, d'assurer la pérennité des ressources, de réduire les

différences de niveau de vie des populations dans le monde, de favoriser l'autosuffisance des



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communautés, et de permettre le transfert des connaissances ou des richesses (y compris les

richesses naturelles) d'une génération à l'autre.

On peut classer ces objectifs du Développement Durable en trois catégories : l’intégrité

écologique, l’amélioration de l’équité sociale et l’amélioration de l’efficacité économique

(site internet du Ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec).

La question environnementale telle qu’elle est vue d’un point de vue politique devient donc

une étude d’un éco-socio-système prenant en considération l’imbrication de multiples

échelles spatiales (du local au global) et temporelles (effets à court, moyen ou long terme)

(Goffin, 1982). L’environnement est vu comme étant imbriqué avec l'économie et la société

(Figure 1.1). On parle alors d’un triptyque dont les trois volets sont tous aussi importants les

uns que les autres et donc une action sur un des volets a des répercussions sur les deux

autres. Ce modèle systémique complique alors les solutions que l’on peut apporter à

l’environnement car une solution bénéfique pour un des volets peut engendrer des

conséquences négatives sur un autre volet.

Figure 1.1 : Les trois composantes du développement durable (Boiral1)

1 Boiral, O., acétate du cours MNG-64819 Les systèmes de gestion environnementale. Session automne 2000. Université Laval. Site Internet : http://www3.fsa.ulaval.ca/cours/mng-64819/.

Environnement

Société Économie



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En ce qui concerne la notion d’environnement, le développement durable repose sur le fait

que la gestion environnementale doit servir à prévenir les désastres écologiques. En ce sens,

il est nécessaire de recenser la détérioration des endroits naturels et changer les activités

humaines de manière progressive, de façon à préserver l’environnement et à réparer les

dommages qui ont été causés. L’environnement doit également être géré de façon à ne pas

avoir uniquement un objectif immédiat, mais qui se répercute plutôt dans le temps et

l’espace. Le développement durable d’un point de vue écologique est donc la recension de

la détérioration des endroits naturels et des changements dans les activités humaines de

façon à préserver et réparer l’environnement afin d’éviter les désastres écologiques (King et

Andrews, 1995).

En ce qui concerne la notion d'économie, elle doit être en lien avec la capacité d’absorption

des écosystèmes : le développement durable est achevé lorsque l’utilisation des ressources

de l’environnement ne met pas en danger sa capacité de renouvellement et sa capacité

d’absorber les impacts causés par l’activité humaine (Jennings et Zandbergen, 1995).

Cette idée du développement durable est à rapprocher de la mise en garde effectuée par le

Club de Rome au début des années 1970. Dans le rapport intitulé « Halte à la

croissance ? », ce groupe de penseurs et d'industriels introduit l’idée de croissance zéro. En

effet, selon eux, l’évolution de la croissance entraînera un pillage de notre environnement

qui se traduira à terme par une régression économique. Le Club de Rome nous met donc en

garde contre l’évolution exponentielle de la technologie et donc de la croissance. Pour

Bertrand de Jouvenel, membre du Club de Rome (site planetecologie.org) :

« A l'Ouest comme à l'Est, c'est la même marche, le même système visant à

l'augmentation des moyens de faire où l'on voit se réaliser la vocation de

l'homme. Ce phénomène a l'ampleur d'une loi de la nature. L'amplification

des moyens de faire est la passion dominante de notre société à laquelle toute

sensibilité ainsi que l'environnement sont sacrifiés. Notre société est comme

une immense machine dont le tableau de bord est trop pauvre en indicateurs

et dont l'épiderme bétonné est insensible aux réactions individuelles. Une

machine si occupée à construire, à produire, qu'elle est aveugle à ce qu'elle

détruit et myope à l'égard du monde qu'elle risque de faire. »



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C’est-à-dire que si la croissance ne se fait pas en adéquation avec la capacité d’absorption

de notre écosystème, l’humanité fonce tout droit vers la catastrophe. Le Club de Rome

affirme à l'aide d'un modèle global que si aucun changement n'intervient dans notre système

actuel, l'expansion démographique et l'expansion économique s'arrêteraient au plus tard au

cours du XXIéme siècle. Il montre que notre système tend inéluctablement vers une

consommation excessive provocante à terme un tarissement définitif des matières premières.

Cette idée est à mettre en corrélation avec l’idée de Solow de ressources limitées.

Enfin, en ce qui concerne la notion de société, elle est en lien avec le développement des

pays les plus pauvres, le développement durable se veut plutôt une façon de réduire la

coupure, la dépendance entre les pays du nord (industrialisés) et les pays du Sud (en voie de

développement) (Hart et Stuart, 1995). Il est nécessaire pour les pays du Sud, de réduire leur

dépendance envers leurs ressources naturelles que les pays industrialisés consomment à bon

prix. Les pays du Nord devraient jusqu’à aller, dans une optique de développement durable,

à réduire la consommation à l’intérieur de leur frontière.

La conférence de Rio de Janeiro (3-14 Juin 1992)

Il s’agit de la troisième grande conférence des Nations-Unies sur l’environnement et le

Développement (après Stockholm en 1972 et Nairobi en 1982). Cette conférence est

également appelée le « Sommet de la Terre ».

La conférence de Rio fut convoquée par l’Assemblée Générale des Nations-Unies en 1989

afin « d’élaborer des stratégies pour mettre fin à la détérioration de l’environnement dans

le cadre d’une intensification des efforts nationaux et internationaux entrepris pour

encourager le développement durable et écologiquement rationnel dans tous les pays ». La

notion de Développement Durable prenant toute son ampleur au cours de cette conférence.

La déclaration de Rio, dite aussi « Charte de la Terre », qui ressort de cette conférence, est

dominée par « le développement dont on doit supposer qu’il doit toujours être durable ».

Cette déclaration est une intégration complète de la définition du Développement Durable

du rapport Brundtland. Elle n’est pas, par conséquent, aussi centrée sur l’environnement que

la déclaration de Stockholm. Au contraire, c’est une déclaration ayant une emphase

anthropocentrique. D’après le principe 1 : « Les êtres humains sont au centre des



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préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et

productive en harmonie avec la nature. » Elle appelle à la protection et à la restauration des

écosystèmes mais n’énonce pas clairement un principe de respect de la nature (Zaccaï,

2001). Selon les pays signataires de cette déclaration, l’environnement doit être subordonné

au développement et à la croissance.

En réalité, il ressort beaucoup de contenus, de principes et de recommandations de cette

conférence sans aucune obligation juridique pour les mettre en œuvre. On constate avec du

recul que la conférence de Rio est une sorte de consensus général entre les pays

industrialisés et les pays en voie de développement. En effet, ces derniers souhaitaient que

cette conférence reconnaisse leur droit souverain au développement mais aussi que les pays

industrialisés reconnaissent qu’ils sont les principaux responsables des problèmes

écologiques actuels.

Aussi, cinq ans plus tard, en 1997, c’est l’heure des bilans. Une assemblée générale des

Nations Unis à New York destinée à faire le point des évolutions depuis Rio se rend compte

des progrès restreints. Certains observateurs qualifient cette assemblée de Rio – 5 en raison

du retour en arrière des pays impliqués. En effet, les pays industrialisés ne s’entendent pas

sur les modalités d’application des recommandations de Rio. Le constat est édifiant, la

dégradation de la planète s’est poursuivie, voire intensifiée, très peu de mesures ont été

prises, on constate également une faiblesse des moyens financiers alloués aux pays pauvres

afin de soutenir leur développement, mais aussi un refus du continent nord-américain de

prendre des engagements sur des mesures effectives pour la réduction des émissions de gaz

à effet de serre.

Selon le World Wide Fund for Nature, l’Allemagne, Le Royaume-Uni et la Russie (du fait

de la chute du communisme et de la fermeture d’usines) sont les pays qui ont fait les plus

grands efforts pour respecter les engagements pris à Rio. Pour la plupart des autres pays,

l’obligation morale n’était pas suffisante pour les faire agir.

La conférence de Kyoto (1-10 décembre 1997) … et l’avenir ?

Cette conférence des Nations-Unies sur le réchauffement de la planète a réuni 159 pays.

Cette conférence stipule que les pays industrialisés réduisent en moyenne de 5,2 % leurs



20

émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2010. Les pays s’étaient engagés suivant des

objectifs quantitatifs mesurables qu’ils se sont fixés (Hourcade 1997). Par exemple, les

États-Unis s’étaient engagés à réduire de 7% leur émission, le Canada de 6%, l’Union

Européenne de 8%, et la Chine était exemptée tout comme les autres pays en voie de

développement, qui sont dispensés de cette contrainte.

Seulement, en 1998, la conférence de Buenos Aires s’est achevée sur un bilan globalement

décevant. Cette conférence avait pour but de définir les modalités d’exécution des

propositions effectuées à Kyoto. Or, aucune entente n’a finalement été ratifiée.

Aujourd’hui, quatre ans plus tard, ces accords ne sont toujours pas entérinés. L’élection de

Georges W Bush renforce encore l’éloignement du pays le plus consommateur d’énergie

des préoccupations environnementales. Selon Ari Fleischer, le porte-parole du président

américain : « la position du président est sans équivoque : il ne soutient pas le traité de

Kyoto. (…) Kyoto exempte les pays en développement et n'est pas favorable aux intérêts

américains (…) car les coûts sont disproportionnés par rapport aux bénéfices » (De Beer,

2001).

Les différents pays commencent à se rendre compte de la difficulté à maintenir un équilibre

au sein du triptyque du développement durable. On réalise que dans l’application, ce

principe n’est pas aisément réalisable.

Il est vrai, que depuis la conférence de Stockholm, on assiste à une prise de conscience

politique relative. Toutefois, concrètement, en 30 ans, les choses n’ont pas beaucoup évolué

si ce n’est la pollution en elle-même. Certes, aujourd’hui, l’environnement est devenu un

sujet sensible. Les gouvernements savent qu’il faut prendre conscience de cette contrainte

afin de répondre aux demandes de l’opinion publique. Seulement, lorsque l’opinion

publique ou certains pays attendent un passage concret aux actes, les négociations bloquent.

En réalité, pour beaucoup, la prise en compte de l’environnement impliquent des choix.

L’impact du chômage, ou le spectre de la récession oblige ces mêmes gouvernements à faire

des choix car il semble exister une dichotomie entre la croissance et l’environnement.

Les limites du développement durable sont apparues dès la conférence de Rio.

Effectivement, la première antinomie concerne l’environnement et le développement car les



21

pays dits du Sud craignaient des mesures visant à protéger l’environnement au détriment de

leur propre croissance interne. C’est pourquoi la conférence de Rio fut très intégrative des

desiderata de ces pays. Pour remédier à cela, Kyoto exempte les pays en voie de

développement du programme de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Seulement, pour les États-Unis, cette solution simpliste implique un risque de concurrence

déloyale de la part des pays en voie de développement et donc un frein à leur propre

croissance. Kyoto montre donc une seconde antinomie, cette fois-ci entre l’environnement

et l'économie.

C’est pourquoi, finalement, le concept de développement durable n’est pas facile à mettre en

œuvre. Dès qu’il s’agit de responsabilisations, de contraintes et de coûts, on constate que

certains pays restent ancrés dans la défense de leurs intérêts nationaux. Georges W Bush,

dans ses discours, a au moins le mérite de faire tomber des masques. Effectivement, il

affirme clairement que son choix se porte sur la croissance plutôt que sur l’environnement

car pour les américains, il semble acquis que la préservation de l’environnement se fasse au

détriment de leur croissance.

Mais avant de condamner définitivement l’environnement afin de satisfaire la croissance ou

le développement des pays les plus pauvres, on peut légitimement se demander si les

relations entre ces trois volets sont réellement antagonistes, ou bien, si elles peuvent être

également complémentaires. D’après ce que nous avons vu, pour prendre en considération

l’environnement, il faut que celui-ci s’aligne sur des intérêts économiques. Les regards se

tournent alors vers les organisations. En effet, les organisations sont un exemple typique de

cette rationalité économique.

1.3 La place de l’environnement dans les organisations

Effectivement, dans un même temps où l’on assiste à une prise de conscience mondiale des

questions environnementales, on constate également une conscientisation de la part de

certaines entreprises. Pendant longtemps les exigences environnementales ont été

considérées comme un coût, une contrainte législative (Walley et Whitehead, 1994). En

effet, la préoccupation environnementale nécessite des moyens financiers, humains et

technologiques qui sont indépendants de l’activité normale de l’organisation.



22

En réalité, pour qu’une organisation change son jugement sur l’environnement, il faut

qu’elle conçoive que cette préoccupation puisse servir son intérêt, soit en améliorant son

image, soit en réduisant ses gaspillages, ou encore en vendant ses déchets à d’autres

entreprises.

La conférence de Rio met en avant la notion de triple bilan (triple bottom line) (agenda 21)

qui intègre les trois composantes du développement durable. Il s’agit de faire un bilan

complet de l’entreprise, non plus en tenant uniquement compte du pôle économique mais

également des pôles social et environnemental. Ce triple bilan permet d’évaluer l’entreprise

dans un contexte élargi afin de l’incorporer dans des « placements verts » et dans des

« investissements d’ordres éthiques ». Ces investissements éthiques consistent à faire de la

destination et de l’utilisation de l’argent placé, un critère de choix supplémentaire pour les

placements financiers. L’objectif est de concilier les objectifs financiers classiques (revenu

ou patrimoine, sécurité ou performance, disponibilité) avec des paramètres sociaux, éthiques

ou écologiques qui prennent en compte les valeurs et les convictions de l’investisseur.

Concrètement, cela revient à orienter plus positivement les fonds vers des initiatives

solidaires ou vers des entreprises « socialement responsables ». On pourrait même imaginer

un système de taxations qui soit favorable à ce type d’investissement éthique.

Pour améliorer les performances environnementales des entreprises, le concept de

développement durable implique la prise en considération du caractère épuisable des

ressources, et donc une réduction du gaspillage de la part des entreprises. Il s’agit aussi de

faire une meilleure évaluation du cycle de vie des produits afin qu’ils soient recyclés et

qu’ils n’endommagent que moindrement la nature après leur usage (on parle de leasing en

ce qui concerne les produits qui ne peuvent pas être retournés à la nature sans dommage et

qui sont récupérés après utilisation par les fabriquants puis transformés en nouveaux

produits). Le concept de développement durable peut également se traduire par un meilleur

contrôle des déchets, c’est-à-dire par recyclage et par réutilisation de la matière première,

c’est le cas notamment de l’écologie industrielle.

Effectivement, l’écologie industrielle est un exemple concret de l’application de la notion de

développement durable au sein d’un contexte économique. Il s'agit d'une approche globale

des préoccupations environnementales. En effet, au lieu d'envisager le système industriel



23

séparément de la Biosphère, il est possible de le voir comme une forme spécifique

d'écosystème. L'écologie industrielle se situe aux carrefours du génie civil, de la biologie, de

la géographie, de l'écologie et de beaucoup d'autres disciplines. De plus, l'écologie

industrielle se penche sur l'évolution à long terme du système industriel dans son ensemble,

et non seulement sur les questions d'environnement uniquement.

Par conséquent, l’écologie industrielle est une structure interdisciplinaire globale qui conçoit

et qui gère un système industriel de la même manière qu’un système vivant et

interdépendant avec son milieu naturel. L’approche de l’écologie industrielle se décompose

en deux branches. La première approche concerne l’optimisation du rendement d’utilisation

des flux de matières à l’intérieur d’un système économique. On parle alors de

dématérialisation, c’est-à-dire une réduction de matières au niveau de la production et des

infrastructures et de la décarbonisation qui est une réduction de l'utilisation des sources

d'énergie engendrant des gaz à effet de serre.

La seconde application, plus connue, est la création de zones industrielles dans lesquelles les

déchets d’une entreprise sont utilisés par une autre. C’est le concept d’éco-parc industriel

(c’est l’exemple classique de la symbiose industrielle de Kalundborg). Le concept d’éco-

parc industriel se définit comme étant une communauté d’entreprises, de services et/ou de

manufactures, recherchant l’amélioration de leurs performances environnementales et

économiques à travers la collaboration dans la gestion des problèmes environnementaux et

des ressources. On parle alors de synergie, car la communauté recherche un bénéfice

collectif plus élevé que la somme des bénéfices individuels de chaque entreprise sans la

réalisation de cette communauté (Erkman, 1998).

Mais concrètement, l’utilisation du concept de développement durable dans un contexte

économique et organisationnel est difficilement réalisable. En effet, cela suppose une grande

réflexion entre tous les acteurs et qui ne peut être initié que par une action concertée entre

les gens d'affaires et les gouvernements comme ce fut le cas au Danemark pour la création

de l’éco-parc de Kalundborg.

L’engagement des entreprises dans cette voie est un processus long, passant par des phases

successives et notamment par du « benchmarking » (comparaison de la performance des

entreprises avec les meilleures pratiques connues sur son marché ou dans des entreprises



24

similaires), ou par de nombreux audits effectués par des organismes extérieurs afin de

mesurer les progrès et les résultats obtenus (source : site utopies.com).

On comprend donc au travers cette mise en contexte, que les organisations sont soumises à

des contraintes de la part des gouvernements et de la part de l'opinion publique de plus en

plus importantes. Le triple bilan, le recyclage ou encore l'écologie industrielle ne sont que

des exemples d'actions menées par les organisations afin de réduire leurs impacts sur

l'environnement. Une action concrète qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre

de cet essai est l'instauration du système de gestion environnementale de type ISO 14001.

En particulier, nous voulons voir si ce système répond réellement aux attentes du

développement durable, ou bien si ce système n'est qu'un leurre pour tromper les pressions

externes.

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 - Chapitre 2 : Cadre théorique.


25



26

La mise en contexte nous a permis d’observer la marche en avant de la préoccupation

environnementaliste. Elle a notamment permis de mieux comprendre les contraintes et les

pressions qui pèsent sur les organisations afin qu'elles intègrent l'environnement dans leur

stratégie.

En effet, aujourd’hui, les organisations commencent progressivement à s’employer dans des

activités durables de protection environnementale en arborant une démarche plutôt

préventive axée notamment sur l’utilisation de systèmes de gestion environnementale.

Dans un premier temps, nous allons décrire les principaux aspects de ces systèmes de

gestion en environnement, puis, nous nous attarderons plus particulièrement sur un modèle

qui s’impose de plus en plus, il s’agit de la norme ISO 14001.

2.1 Les Systèmes de Gestion Environnementale (SGE)

Un système de gestion (ou management) environnementale (SGE ou SME), est un système

de management global qui inclut la structure organisationnelle, les activités de planification,

les responsabilités, les pratiques, les procédures, les procédés et les ressources pour

élaborer, mettre en œuvre, réaliser, réviser et maintenir la politique environnementale

(Boutin et al, 1996).

On constate empiriquement que les systèmes de gestion environnementale sont en voie de se

généraliser dans les grandes entreprises ainsi que dans quelques petites. Depuis le début des

années 1970, le rôle environnementaliste des entreprises était plutôt un rôle palliatif. Il

s’agissait d’une conscientisation environnementaliste de type « sortie de tuyau » (end of

pipe), qui se traduit par l’utilisation de différents dispositifs qui n'interviennent qu'à la fin de

la chaîne productive, comme la mise en place de filtres (pots catalytiques), etc... Une

multitude d’entrepreneurs ont trouvé dans cette conscientisation une opportunité de marché

(Erkman, 1998).

En l'an 2000, l’industrie de dépollution représente 600 milliards de dollars US selon

l’OCDE. Toutefois, avec l’escalade de la pollution, la dépollution devient de plus en plus



27

onéreuse. De plus, les politiques palliatives environnementalistes induisent également des

effets pervers (comme pour les incinérations de déchets qui dégagent des gaz à effet de

serre…). C’est pourquoi, les entreprises devraient plutôt réfléchir à des politiques

environnementalistes préventives en amont de leur processus de production.

Les Systèmes de Gestion Environnementale s’inscrivent dans un cheminement de pensées

intégrant l’environnement et le processus de production. Les SGE sont des systèmes

globaux mis en place pour mesurer, surveiller ou atténuer les effets des activités de

l’entreprise sur l’environnement.

Ainsi, le premier objectif d’un SGE est habituellement d’assurer le respect des normes et de

la réglementation en vigueur afin d’éviter à l’entreprise les conséquences pénales en cas de

dégâts environnementaux. D’ailleurs, la législation applique le principe du « pollueur-

payeur » en plus d’un rôle incitatif (Froman, Gey et Laurans, 1998). Mais cet objectif est un

objectif minimal.

Au-delà de cela, un SGE sert surtout à améliorer la rentabilité de l’entreprise en lui

permettant de prévenir les pertes liées aux accidents industriels, de réduire les coûts de

dépollution « sortie de tuyau » en diminuant la quantité et la qualité des divers rejets en aval

de la production, d’économiser de l’énergie, des ressources et des matières premières, de

franchir des barrières commerciales non tarifaires entre les États imposées par des

préoccupations environnementalistes (notamment grâce à ISO 14001) de saisir de nouvelles

occasions d’affaires sur des marchés écologiques (nouveaux produits, procédés…) et ainsi

de bénéficier d’avantages concurrentiels (Lavoie, 1997). Les SGE facilite la gestion saine

des affaires.

Enfin, un SGE permet de développer des relations constructives avec l’environnement

social. En effet, un SGE exprime la volonté de l’entreprise, vis-à-vis de son entourage, de

respecter la réglementation et d’avoir une préoccupation environnementaliste. Un SGE

induit donc une certaine transparence qui améliore l’image de l’organisation auprès des

municipalités, des actionnaires (« investisseurs verts »), des clients, des salariés, des

associations et du public en général (Froman, Gey et Laurans, 1998).



28

Un système de gestion environnementale comprend la structure, les activités de

planification, les responsabilités, les pratiques, les procédures, les mécanismes et les

ressources qu’une organisation doit avoir pour assurer l’élaboration, la mise en œuvre, la

réalisation, l’examen et le maintien de la politique environnementale. Cela concerne

l’ensemble des activités de l’entreprise : santé et sécurité au travail, sécurité des produits,

procédés de production, transport et entreposage de matières, gestion des achats, gestion des

déchets, exigences légales, etc… .

Un SGE repose donc sur un concept de prévention de la pollution, sur une démarche

volontaire (il n’y a pour l’instant aucune obligation pour les entreprises d’avoir un SGE), sur

des audits internes et externes (vérification et communication des résultats), sur une logique

d’amélioration continue et sur une expertise de gestion environnementale (compétence

d’administrateur plutôt que technique).

L’exemple typique du SGE est la norme ISO 14001. Cette norme est célèbre grâce à

l’importance croissante qu’elle prend auprès des organisations. Toutefois, la démarche ISO

14 001 n'est pas en soi le remède à tous les maux. Il faut rappeler que plusieurs entreprises

ou associations industrielles se sont données des systèmes de gestion de l'environnement

tous ainsi valables. Il est donc possible, pour les entreprises qui désirent atteindre les mêmes

objectifs, de souscrire à des systèmes déjà existants ou de concevoir une approche mieux

adoptée à leurs besoins (Boivin, 1997).

Effectivement, les SGE sont des systèmes de gestion spécifiques à une organisation. Il s’agit

d’un travail de longue haleine pour concevoir un SGE qui s’adapte à ses besoins et qui

répond à une demande croissante de considération environnementale. Le problème, c’est

que ces SGE ne sont pas souvent transposables d’une organisation à une autre, ni même

d’une usine à une autre. Il existe donc une grande diversité de systèmes de gestion

environnementale. Pour remédier à ce problème, l’Organisation Internationale de

Normalisation a mis au point un SGE transposable et commun à tous les types

d’organisations. Il s’agit de la norme ISO 14001, c’est un SGE standard, « clef en main »,

qui a déjà fait ses preuves par le passé avec son pendant concernant la qualité : ISO 9000.

De plus en plus d’organisations préfèrent mettre en place un SGE de type ISO 14001. En

effet, entre 1998 et 1999, le nombre de certifications a augmenté de plus de 50 % passant de



29

7112 certifications en 1998 à 10881 en 1999. (source site de l'Organisation Internationale de

Normalisation). Les données officielles de l'Organisation Internationale de Normalisation

remontent à décembre 1999. Il s'agit là des données les plus récentes que j'ai pu obtenir. Le

tableau 2.1 montre l'évolution du nombre de sites certifiés ISO 14001 de décembre 1996 à

décembre 1999 dans certains pays cibles.

Pays

Nombre de sites

certifiés ISO 14001

en décembre 1996

Nombre de sites

certifiés ISO 14001

en décembre 1999

Taiwan 42 216

Canada 7 276

France 23 462

États-Unis 34 636

Australie 53 708

Suède 25 851

Allemagne 166 962

Grande-Bretagne 322 1492

Japon 198 3015

Tableau 2.1 : Évolution du nombre de sites certifiés ISO 14001 par pays de 1996 à 1999

(source : site de l'Organisation Internationale de Normalisation)

On constate néanmoins que le Canada, la France et les États-Unis semblent d’ores et déjà

avoir pris un retard important en matière de certification. En effet, fin 1999 au Canada, il y a

9 entreprises certifiées ISO 14001 pour un million d'habitants1, 8 entreprises certifiées pour

un million de français et ce chiffre est de 2.3 pour les États-Unis. À titre de comparaison, au

Japon, il y a 24 entreprises certifiées ISO 14001 pour un million d'habitants, en Grande-

Bretagne, ce chiffre est de 25, et en Suède, ce chiffre monte à 96.

Toutefois, l'écart entre ces deux groupes de pays semble se résorber quelque peu puisque

l'évolution du nombre de certifications pour la Suède, la Grande-Bretagne et le Japon est

prés de 900 %2 entre 1996 et 1999 alors que cette évolution est nettement plus importante

1 276 certifications / 30.5 millions d'habitants = 9.04 certifications par million d'habitants. 2 Nombre de certifications pour le Japon, la Grande-Bretagne et la Suède en 1996 : 25+322+198= 545. Pour 1999 ce chiffre est de 5358, soit une évolution de (5358-545)/545 *100 = 883,12 %.



30

pour le Canada, la France et les États-Unis. En effet, ces trois pays connaissent une

augmentation de plus de 2000% du nombre de certifications ISO 14001 sur 3 ans, ce qui est

énorme.

Nous verrons dans cette partie, les raisons qui poussent les organisations à choisir la norme

ISO 14001 plutôt que de développer un standard qui leur est propre. On s’intéressera à

décrire avec précision cette norme, son histoire et son implication. Nous ferons également

un rapprochement entre la norme ISO 14001 et les techniques de management

traditionnelles puis une démarche d’introspection critique afin de prendre du recul face à ce

que l’on peut appeler un nouveau dogme en gestion environnementale.

2.2 Les normes ISO 14000

La série ISO 14000 est une famille de normes de management environnemental mise au

point par l’Organisation Internationale de Normalisation (International Organization for

Standardization). Avant de voir plus en détails les aspects particuliers relatifs aux normes

ISO 14000, nous allons faire un bref retour sur l’historique de la normalisation

internationale afin de comprendre l'importance d'avoir un langage commun.

2.2.1 La normalisation internationale L'Organisation Internationale de Normalisation a vu le jour en 1947. La création de cet

organisme a été décidée lors d’une conférence entre 25 organisations nationales de

normalisation, qui s’est tenue à Londres du 14 au 26 octobre 1946 sous l’influence de

Charles le Maistre, un ingénieur britannique. ISO est née de l’union de deux organisations,

l’ISA (la Fédération internationale des associations nationales de normalisation) établie à

New York en 1926 et par l’UNSCC (le comité de coordination de la normalisation des

Nations-Unis) crée en 1944 et administré à Londres.

Toutefois, l’influence des pays anglo-saxons (Angleterre et États-Unis) fut relativement

faible. Ils n’ont, par ailleurs, jamais participé aux travaux de cet organisme. C’est pourquoi

son siège se situe à Genève et que le système métrique est devenu un standard mondial.



31

Willy Kuert participant à cette conférence de Londres en tant que Secrétaire Générale de

l’Association suisse de normalisation (SNV), écrivit dans le livre retraçant les 50 ans de

l'Organisation Internationale de Normalisation « Histoire d’une amitié partagée » (Latimer,

1997) (source : site de l'Organisation Internationale de Normalisation) :

« Nous sommes allés à Londres, nous autres Suisses, espérant créer une

nouvelle organisation qui effectuerait les travaux de normalisation de façon

démocratique et ne coûterait pas trop cher. À l’issue de la conférence de

Londres, nous avions le sentiment que les nouveaux statuts et les nouvelles

règles nous permettraient de mener à bien de tels travaux. Des travaux concrets,

efficaces. Tout va dans le bon sens !. Tel était le sentiment. »

Cette organisation a pour mission de favoriser le développement de la normalisation et des

activités connexes dans le monde, en vue de faciliter, entre les nations les échanges de biens

et de services et de développer la coopération dans les domaines intellectuels, scientifiques,

techniques et économiques (source : site de l'Organisation Internationale de Normalisation).

Aujourd’hui, l'Organisation Internationale de Normalisation est une fédération mondiale

d’organismes nationaux de normalisation présents dans 140 pays. La fonction première de

cet organisme est donc de créer des normes :

« Les normes sont des accords documentés contenant des spécifications

techniques ou autres critères précis destinés à être utilisés systématiquement en

tant que règles, lignes directrices ou définitions de caractéristiques pour assurer

que des matériaux, produits, processus et services sont aptes à leur emploi (…)

Les normes internationales contribuent ainsi à nous simplifier la vie et à

accroître la fiabilité et l’efficacité des biens et services que nous utilisons »

(Latimer, 1997) (source : site de l'Organisation Internationale de Normalisation).

Cette normalisation internationale touche une grande variété d’aspects : le vocabulaire, le

filetage des vis, les unités de mesure, la taille du porte-bagages d’une bicyclette, etc… La

plupart des normes sont très spécifiques et ont une portée technique, elles sont destinées

principalement aux ingénieurs et aux techniciens. En matière de gestion des organisations,

la famille de normes la plus connue est certainement la série qualité ISO 9000. Cette



32

famille, tout comme la famille de normes ISO 14000 sont des normes dites génériques de

systèmes de management. Il s’agit de normes standards, pouvant s’appliquer à tout type

d’organisation, quel que soit le produit. Il s’agit plus particulièrement d’une série de normes

destinées à la gestion du processus de production.

Ces normes peuvent être légales ou de fait, c’est-à-dire qu’elles peuvent être

institutionnalisées par un organisme fédérateur comme ISO ou bien elles peuvent être

imposées par un regroupement économique comme ce fut le cas pour le PC (personal

computer) issu d’une standardisation volontaire d’IBM qui a ouvert son savoir faire à ses

concurrents afin qu’ils fabriquent des ordinateurs compatibles entre eux de manière à avoir

comme standard le PC et non le Macintosh.

L’utilisation des normes permet donc une uniformité à travers le monde, une sorte de

langage commun faisant en sorte que des personnes totalement différentes puissent se

comprendre. Mais d’une manière générale, la normalisation internationale est un outil de

mondialisation et d’homogénéisation de l’activité économique.

2.2.2 Les normes ISO 14000 : un modèle standard de gestion

environnementale

La famille de normes ISO 14000 s’inscrit dans ce cadre de normalisation. ISO 14000 traite

principalement de gestion environnementale.

C’est en 1991 que l'Organisation Internationale de Normalisation se penche sur la gestion

environnementale. Elle crée le Groupe consultatif stratégique sur l’environnement (SAGE)

qui réunit des experts internationaux en matière d’environnement afin de définir les

exigences fondamentales d’une nouvelle approche de normes relatives à l’environnement.

En 1993, l'organisme crée le comité technique ISO/TC 207 qui a pour but de voir, à

l’élaboration des documents concernant les SGE, les audits environnementaux, l’évaluation

de la performance environnementale… .Les premiers documents de discussion de la série

14000 sont diffusés en 1995 mais c’est véritablement en 1996 que ces normes ont été mises

en application. (Beaulieu et al, 1999). ISO 14001 introduisant ainsi le système de

management environnemental (source : norme ISO 14001) :



33

« De nombreux organismes ont entrepris des analyses environnementales ou des

audits environnementaux afin d’évaluer leur performance environnementale.

Néanmoins, ces analyses et ces audits peuvent n’être pas suffisants pour fournir

à un organisme l’assurance que sa performance non seulement satisfait mais

continuera à satisfaire aux exigences légales et à celles de sa politique. Pour

être efficaces, ils doivent être menés dans le cadre d’un système de management

structuré et intégré à l’ensemble des activités du management. »

Les normes environnementales ISO 14000 offrent un cadre de gestion, de mesure,

d’évaluation et d’audit reconnu partout dans le monde. Au lieu de prescrire des objectifs en

matière de performance environnementale, elles représentent, pour les organismes un

moyen d’évaluer et de maîtriser l’impact sur l’environnement de leurs activités, produits et

services. L’Organisme Internationale de Normalisation a donné à ces normes assez de

flexibilité pour qu’elles puissent être appliquées par toutes les organisations, quels qu’en

soient la taille et le domaine d’activité. Soit une organisation industrielle importante comme

ABB, soit la petite Framboisière de l’Estrie, qui est une organisation agricole de deux

employés à temps plein, certifié ISO 14001 depuis le printemps 1999.

La famille de normes ISO 14000 se subdivise en plusieurs groupements distincts. Il y a bien

sûr les normes ISO 14001-14004 qui nous intéressent particulièrement puisqu’elles traitent

des systèmes de gestion environnementale. Mais, hormis ces normes, il y a aussi :

L’audit environnemental (ISO 14010-14011-14012).

L’étiquette et des déclarations environnementales (ISO 14020-14021-14024).

L’évaluation de la performance environnementale (ISO 14031).

L’analyse du cycle de vie (ISO 14041).

Le vocabulaire (ISO 14050)

L’application d’ISO 14001 dans le secteur forestier (ISO 14061)



34

D’autres normes sont en projet dans la famille ISO 14000 comme les normes ISO 14032,

ISO 14042, ISO 14043 et ISO 14049 qui vont s’inscrire dans les normes citées

précédemment (source : site officiel de l'Organisation Internationale de Normalisation).

Toutes ces normes s’attachent à la gestion environnementale, toutefois nous nous

intéresserons plus particulièrement aux normes ISO 14001 et 14004 qui concernent

directement la mise en place et la gestion quotidienne d’un SGE, ainsi qu’aux normes ISO

14010-14011-14012 qui décrivent l’activité d’audit environnemental et en particulier

d’audit de SGE.

Revenons donc à la norme de base, la norme ISO 14001. En effet, cette norme est la plus

importante car c’est la seule qui peut faire l’objet d’une certification au sein de la famille

ISO 14000. A elle seule, cette norme encadre et spécifie les nombreuses exigences d’un

SGE.

ISO 14001 s’adresse à tout organisme, peu importe sa taille, qui désire implanter, maintenir

ou améliorer un SGE. A l’aide d’ISO 14001, l’organisme démontre la conformité de sa

politique environnementale aux diverses parties intéressées. Cette démonstration se fait

grâce à la certification du SGE par un organisme externe.

Par ailleurs, la norme ne présente aucune exigence précise en matière de performance

environnementale. Par contre, elle insiste plus particulièrement sur la prévention de la

pollution, la conformité aux exigences légales, la réduction des impacts environnementaux

et l’intégration de l’environnement dans un processus d’amélioration continue.

Les principales exigences spécifiées dans la norme sont les suivantes (Boutin et al, 1996) :

La direction doit définir une politique environnementale de l’organisation;

L’organisation doit identifier les aspects environnementaux de ses activités, de

ses produits et de ses services;

L’organisation doit identifier et retrouver les exigences légales;

L’organisation doit, à tous les niveaux et dans toutes les fonctions concernées,

avoir des objectifs et des cibles environnementaux documentés;

L’organisation doit établir le calendrier de réalisation;



35

La direction doit nommer des responsables et leur fournir les ressources

nécessaires;

L’organisation doit assurer une formation appropriée;

L’organisation doit envisager une communication interne et externe;

L’organisation doit générer l’information nécessaire;

L’organisation doit établir et tenir à jour les documents requis;

L’organisation doit définir des procédures en cas d’urgence;

L’organisation doit assurer la réalisation d’audits;

L’organisation doit passer en revue son SGE dans le cadre de l’amélioration

continue.

La norme ISO 14004 contient des exemples et des conseils pratiques, des descriptions et des

options qui aident à mettre en place un SGE et à consolider son articulation avec le

management global de l’organisme. Cette norme ISO 14004 donne un modèle de SGE qui

peut s’adapter à tout type d’organisation et qui peut ne pas faire l’objet d’une certification.

Les normes ISO 14010-14011-14012 concernent l’audit environnemental. L’audit

environnemental s’est avéré utile pour vérifier les performances environnementales et

contribuer à leur amélioration. La norme ISO 14010 a pour but de guider les organismes, les

auditeurs et les demandeurs d’audits sur les principes généraux communs d’un audit. Cette

norme définit l’audit comme étant un processus méthodique et documenté de vérifications

de preuves de manière à évaluer objectivement le SGE.

La norme ISO 14011 établit plus particulièrement des procédures d’audit qui permettent la

préparation et la réalisation d’un audit performant d’un SGE afin de déterminer s’il est

conforme aux critères fixés par ISO 14004. ISO 14011 institue des procédures d’audit qui

permettent la préparation et la réalisation d’un audit performant afin de déterminer la

conformité d’un SGE avec des critères définis. Par exemple, cette norme présente les étapes

de l’exécution d’un audit, à savoir la réunion d’ouverture, le recueil des preuves, et la

réunion de clôture. Elle donne également des détails concernant le rapport d’audit (son

contenu, sa diffusion, etc…).

La norme ISO 14012 touche l’accréditation de l’auditeur interne et externe. Elle s’intéresse

particulièrement à la formation et à l’expérience professionnelle de l’auditeur pour savoir



36

s’il est qualifié pour effectuer une telle étude. La norme exige notamment que l’auditeur ait

au moins achevé l’enseignement secondaire et qu’il possède une expérience professionnelle

appropriée touchant les sciences de l’environnement, les aspects techniques de

l’exploitation, la connaissance en matière de règlements et de lois, etc … .

Cette norme prévoit également la création d’un organisme chargé d’enregistrer de façon

cohérente les auditeurs mais aussi les organismes dits « registraires » qui délivrent des

certificats ISO 14001.

2.2.3 La certification

La certification, ou l’enregistrement, permet la reconnaissance officielle d’un SGE. Avant

d’entreprendre une démarche de certification ISO 14001, il est important de bien cerner les

avantages et les inconvénients de l’adhésion à cette norme. En effet, dans certain cas, cette

démarche peut s’avérer coûteuse (entre 12 000$ et 100 000$ suivant la taille et la

complexité de l’organisation) (Boutin et al, 1996) . C'est pourquoi, des organisations se

contentent de déclarer eux-mêmes leur SGE conforme aux exigences d’ISO 14001, il s’agit

de l’auto déclaration.

Toutefois, la plupart du temps, les organisations choisissent de se faire certifier afin de faire

connaître leur implication environnementale auprès du public, des clients et des collectivités

locales. Dans ce cas, la certification est effectuée par un organisme indépendant, un

registraire.

Ce registraire soumet le SGE à un audit afin de vérifier sa conformité à la norme ISO

14001. Le registraire est une personne privée qui a été accréditée par un organisme national

membre d’ISO. Il y a un organisme membre d’ISO par pays. Au Canada, il s’agit du CCN

(Conseil Canadien des normes), en France de l’AFNOR (Association Française de

Normalisation) et aux États-Unis de l’ANSI (American National Standards Institute).

Ces organismes, membres d’ISO ont un rôle important dans la formulation, la mise en

œuvre et le contrôle des normes. Au Canada, le CCN possède un droit de vote au sein des

comités techniques élaborant des normes, mais il peut également déléguer des registraires

privées afin d’effectuer des certifications ISO 14001.



37

Pour l’instant, 7 registraires se partagent les demandes de certification des entreprises

canadiennes : Le BNQ (Bureau de normalisation du Québec), l’ONGC (Office de normes

générales du Canada), Intertek Testing Services NA Ltd, SGS International Certification

Services Canada Inc, AQSR Canada, Inc, KPMG Quality Registrar Inc, QMI (Quality

Management Institute). Deux autres registraires sont en attente d’accréditation :

International Quality System Registrars et PricewaterhouseCoopers LLP.

La certification couronne le travail effectué sur un SGE mais n’est toutefois pas une fin en

soit. Effectivement, le principe même d’ISO d’amélioration continue institutionnalise les

rectifications conjoncturelles et notamment les mises à jour.

2.3 Le management de la norme Nous venons de voir les spécificités de la famille de norme ISO 14000. Toutefois, afin de

rendre opérationnel un SGE de type ISO 14001, il faut mettre en place des principes de

gestion. Il s’agit de principes de management qui organisent, gèrent et assurent le

fonctionnement d’un SGE. De plus, on constate que cette approche managériale proposée

par ISO 14001 répond à un modèle traditionnel de management (Boiral, 1998).

2.3.1 Les principes de gestion d’ISO 14001

Les systèmes de gestion qualité ou environnementale développés par l'Organisme

Internationale de Normalisation reposent tous les deux sur le cycle PDCA (Plan, Do, Check,

Act). Ce cycle est représenté à l’aide de la roue de Deming (figure 2.2) :



38

Figure 2.2 : La roue de Deming (source Froman, Gey, Laurans, 1998, page 59)

D’après la norme ISO 14001, planifier signifie « écrire ce que l’on va faire ». Planifier c’est

aussi prévoir ce que l’on veut obtenir, et comment l’obtenir. C’est pourquoi il faut dans un

premier temps savoir ce que veut la direction et ensuite obtenir son appui inconditionnel.

C’est ce que l'Organisation Internationale de Normalisation appelle la politique et les

objectifs de l’organisme.

Une fois les objectifs fixés, il convient de définir la tâche à accomplir et les moyens mis en

œuvre. Pour cela, il faut mettre en place une procédure qui précise les tâches à accomplir et

assigne les responsabilités. Les procédures bien écrites sont celles qui sont formalisées et

qui ne laissent rien au hasard. Les normes ISO s’appuient sur l’adage latin « Verba volant,

scripta manant » (les paroles s’envolent, les écrits restent).

Par la suite, il faut « faire ce que l’on a écrit ». C’est-à-dire, exécuter les procédures telles

qu’elles ont été rédigées. Selon ISO, il faut une formation efficace pour s’assurer que les

employés suivent la procédure qui leur est assignée. ISO prévoit également des contrôles. Il

s’agit de vérifier en temps réel la réalisation d’une tâche afin de corriger immédiatement les

4. Act f Agir f Corriger (pour améliorer)

1. Plan f Planifier f Prévoir f Spécifier f Définir

2. Do f Mettre en œuvre (en maîtrisant)

3. Check f Vérifier f Évaluer



39

déviations. Cette vérification est donc un des outils de la prévention. Il existe un lien étroit

entre la vérification et la planification car on ne vérifie que ce que l’on a planifié, prévu ou

spécifié.

Il existe une deuxième forme de contrôle que l’on appelle audit. La réalisation d’audits est

spécifiée dans les normes ISO 14010, 14011 et 14012. Les audits contrôlent le suivi du

système de gestion environnementale dans sa globalité. C’est une sorte de contrôle des

contrôles (Boutin et al, 1996). D’une manière générale, ces contrôles permettent de déceler

des erreurs et donc d’agir en conséquence afin de les corriger. ISO parle alors d’action

corrective.

De ces principes de gestion découlent alors un modèle de système de gestion

environnementale global et complet. Ce modèle est décrit avec précision dans la norme ISO

14004 (Boutin et al, 1996). Il comprend six étapes primordiales qui sont une synthèse des

exigences de la norme ISO 14001 (figure 2.3):

Figure 2.3 : Les étapes d'ISO 14001 ( source : Ministère du Transport Canada, 1999, site : www.tc.gc.ca)

Chaque étape doit être réalisée dans l’ordre dans lequel elle apparaît. Il s’agit d’une spirale

infinie qui illustre un processus en continuelle amélioration.



40

2.3.2 ISO 14001 et la théorie classique des organisations

Toutefois, la revue de littérature nous montre également que le modèle de gestion intégrée

que nous propose la norme ISO 14001 est l’aboutissement contemporain de la théorie

classique des organisations. Selon Olivier Boiral (2000, p 5) :

« Les propositions de la norme reproduisent en réalité les fondements du

management traditionnel énoncés au début du siècle par Fayol : planifier,

organiser, diriger, contrôler »

Pour comprendre l'impact de la norme ISO 14001 sur le management organisationnel, il est

important de bien maîtriser la théorie classique des organisations et d'analyser les

contradictions qui existent entre cette théorie et les axes de management moderne (Boiral,

1998).

En effet, au début du XXéme siècle, Henri Fayol s’est intéressé à la gestion pratique. Pour

cela, il a mis au point un modèle de management qui repose sur la planification,

l’organisation, la direction et le contrôle (PODC). L’ensemble de ces activités

administratives est nécessaire pour réussir une action de groupe finalisée. Revenons un peu

sur les quatre piliers du management traditionnel :

La planification. La planification est une activité de gestion qui permet de passer de

l’intention à la réalisation. La planification consiste à élaborer un programme d’actions qui

indique la ligne de conduite à suivre, les étapes à franchir et les moyens à employer. Il s’agit

de prévoir à court, moyen ou long terme la direction de l’entreprise en tenant compte des

ressources humaines, matérielles et financières nécessaires.

L’organisation. Il s’agit de l’élaboration de structures organisationnelles permettant

d’identifier et d’établir des relations formelles entre les tâches, de sorte qu’elles concourent

à l’accomplissement des objectifs que l’entreprise veut atteindre (Wilhelmy, 1996).

L’organisation est le moyen de faire passer le plan et la stratégie, de l’intention à la réalité.

L’organigramme est l’ossature de l’organisation. En effet, la répartition des tâches et la

coordination entre les différentes unités sont les principes de base de l’organisation.



41

La direction. La direction est une activité qui vise à stimuler et à influencer positivement

les ressources humaines de l’entreprise, de sorte que celles-ci offrent leur collaboration

active à la réalisation des objectifs fixés préalablement. (Wilhelmy, 1996). Il s’agit donc

d’une activité basée sur les relations interpersonnelles et sur le rôle de l’homme dans

l’organisation. Les théories de la motivation avec notamment la pyramide des besoins de

Maslow ou encore la gestion participative ont fortement fait évoluer cet aspect du PODC,

nous y reviendrons par la suite.

Le contrôle. Le contrôle consiste à vérifier si tout se passe conformément aux programmes

adoptés, aux ordres donnés et aux principes admis. Il s’applique à tout, aux choses, aux

personnes, aux actes (Fayol, 1918). Le contrôle consiste donc à vérifier si les objectifs fixés

ont été atteints. Ce contrôle peut prendre la forme d’audit interne et externe, et doit conduire

à une correction du processus de gestion.

Ce PODC est effectivement l’ascendant du PDCA des normes ISO. Mais beaucoup d’eau a

coulé au cours des quatre-vingts années qui séparent ces deux modèles de gestion. Le PODC

décrit par Fayol s’est forcément enrichi de nouvelles théories.

Effectivement, par la suite on retrouve Taylor avec l’organisation scientifique du travail.

Celui-ci prône le recours à des méthodes scientifiques afin d’analyser et de normaliser les

activités. On parle par la suite de standardisation avec Ford. C’est dans cette optique de

normalisation, d’unification, de standardisation qu’ISO 14001 trouve son essence.

Plus récemment, dans les années soixante, la gestion par objectifs vient compléter la théorie

classique. Effectivement, la gestion par objectifs repose sur la réalisation d’un plan

stratégique au niveau de la direction. Ce plan entraîne la réalisation d’un plan tactique

détaillé concernant un domaine particulier. Avec cela, il est possible de déterminer les

objectifs de l’unité, puis on définit les variables à contrôler et les valeurs cibles pour ces

variables. Par la suite, on effectue un suivi des améliorations. Cette méthode permet la

systématisation d’une étude complète de l’entreprise et de son environnement pour pouvoir

déterminer les objectifs. La norme ISO 14001 repose sur le même schéma puisque après

avoir effectué une revue environnementale, on détermine les objectifs et les cibles à

atteindre ainsi qu’un plan opérationnel.



42

Les principes managériaux que nous venons de voir, du PODC à la gestion par objectifs

constitue l'esprit de la norme ISO 14001. La vocation généraliste d’ISO 14001 et la

rationalisation dont elle fait preuve institutionnalise une vision bureaucratique et mécaniste

de l’organisation (Boiral, 1998). Cette bureaucratie transpire au travers de la formalisation

extrême qu’exige ISO 14001 à savoir : « écrire ce que l’on fait et faire ce que l’on écrit ».

La documentation écrite devenant l’épine dorsale soutenant le SGE dans son ensemble.

La mécanisation de l’organisation se traduit par l’inlassable répétition d’un même schéma

ordonné de gestion. On l’a dit plus haut, ISO 14001 ne laisse rien au hasard. Il n’y a pas

d’oppositions, de luttes, de confrontations dans le développement d’un SGE. Celui-ci

s’impose de façon mécaniste et impersonnelle dans l’entreprise (Boiral, 1996).

L'Organisation Internationale de Normalisation parle des organisations comme si elles

étaient des machines et, par conséquent, nous nous attendons à ce qu’elles fonctionnent

comme des machines : de façon routinière, efficace, que l’on puisse prédire et à laquelle on

puisse se fier (Morgan, 1997).

Ce modèle traditionnel a fortement induit la gestion des organisations durant des décennies.

Le règne de la mécanisation a insufflé des grandes destinées comme General Motors ou

McDonald’s. D’ailleurs, dans certain domaine, l’organisation mécaniste peut trouver une

justification, à condition que la tâche à exécuter soit simple, le milieu environnant ainsi que

la production soit stable et que les hommes qui composent l’organisation soient obéissants

et se comportent comme prévu (Morgan, 1997). Dans ce modèle on parle de formation mais

c’est avant tout pour adapter les humains aux besoins d’une organisation mécaniste. Pour

que ce modèle fonctionne et trouve un équilibre adéquat, il faut que l’homme s’adapte aux

normes ISO et non le contraire.

Cette vision de l’organisation rappelle « le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley (1932),

un monde rationalisé, divisé en castes et conditionné. Les castes supérieures soumettant les

castes inférieures à exécuter une tâche simple et routinière en s’appuyant sur des manuels de

procédures. La démarche de l'Organisation Internationale de Normalisation pourrait prendre

place dans ce monde décrit dès 1932 par cet auteur britannique visionnaire. Il n’est pas

difficile d’imaginer la caste des Alphas fixant des objectifs environnementaux, puis

conditionnant les castes des deltas et des epsilons à suivre des procédures simples afin

d’atteindre ces objectifs.



43

En effet, ISO 14001 ignore totalement la culture d’entreprise, les spécificités géographiques

et écologiques, les problèmes de pouvoir, la subjectivité, les connaissances personnelles des

individus... en un mot la complexité de la dimension humaine et de l'environnement de toute

organisation (Boiral, 1996). Car, à la différence du Meilleur des Mondes de Huxley, notre

société actuelle a développé une conscientisation, une certaine liberté de pensée qui intègre

les spécificités comportementales des humains.

Revenons aux facteurs conditionnels de réussite de l’organisation mécaniste qu’évoquaient

Gareth Morgan précédemment. Ces facteurs sont des facteurs de restriction. A l’heure

actuelle, de moins en moins d’entreprises se trouvent dans un environnement stable, au

contraire la complexité s’institutionnalise, et les organisations fonctionnant suivant un

modèle mécaniste se marginalisent. Une myriade de raisons peut expliquer ce phénomène,

des grands mots surgissent comme la mondialisation ou la globalisation, on peut aussi citer

l’évolution de la technologie ou encore l’évolution de la pensée managériale. Quoiqu’il en

soit, cette régression de l’organisation mécaniste va à l’encontre du caractère universaliste

d’ISO 14001.

En effet, les normes ISO se disent flexibles et adaptables. Or, on le voit, la norme ISO

14001 répond à une théorie traditionnelle, qui repose sur de la rigueur, du formalisme et du

rationnel. Il s’agit là d’une très forte dichotomie avec le monde organisationnel qui tend à se

développer actuellement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ISO 14001 connaît un

succès dans les secteurs industriels (automobile, matière première …) plutôt qu’auprès des

entreprises émergentes de nouvelles technologies par exemple.

Dans ces conditions, on peut s’interroger sur la validité d’ISO 14001. On peut se demander

si ISO 14001 contribue réellement à la protection de l’environnement et à un développement

durable qui intègre les notions de croissance et de développement avec la notion

d’environnement.

Selon Olivier Boiral, pour qu’une entreprise intègre véritablement l’environnement dans ses

préoccupations, il faut qu’elle axe sa réflexion autour de trois points comme nous le suggère

la figure 2.4 :



44

Le comportement et les réalisations concrètes.

Les valeurs, éthique et motivations

Les connaissances et le savoir-faire.

Figure 2.4 :

Les trois aspects de la préoccupation environnementale

(source : Boiral, 1996).

Lorsqu’une entreprise exerce son influence sur les comportements et sur les réalisations

concrètes, elle agit sur les habitudes de travail ou sur la mise en œuvre d’un système de

gestion. ISO 14001, ou n’importe quel autre système de gestion environnementale s’inscrit

dans cet axe de réflexion.

Par contre, nous venons de le voir, ISO 14001 ne donne pas forcément au facteur humain la

place qu’il devrait occuper. En ce qui concerne le second axe de réflexions, qui touche aux

valeurs, à l’éthique et aux motivations, on constate qu’ISO 14001 parle effectivement de

sensibilisation du personnel, de formation et d’information, mais il est difficile de voir s’il y

a une véritable mutation de la culture de l’entreprise après la mise en œuvre de ce SGE. Il en

est de même pour le troisième axe de réflexions concernant les connaissances et le savoir-

faire, ou ISO 14001 ne parle pas des « compétences tacites » ou même de la gestion

participative.



45

En réalité, en s’appuyant sur des théories traditionnelles en management, ISO 14001 donne

un cadre de gestion sans forcément insister sur un changement de mentalité qui devrait

découler au sein de l’organisation. On peut dire que la norme ISO 14001 n'apporte que des

solutions superficielles.

2.3.3 Vers une nouvelle école de pensée

Nous venons de voir que les théories traditionnelles en management ainsi que les principes

de management qui guident la norme ISO 14001 sont de plus en plus contestés. Le

professeur Olivier Boiral critique la vision traditionnelle sur laquelle s'appuie la norme ISO

14001. Pour lui, la préoccupation environnementale dépasse le simple cadre des

comportements (Cf. figure 2.4). Il met en avant des théories modernes en management pour

aborder la gestion environnementale d'une manière plus efficace, il parle notamment de la

gestion participative (Boiral, 1998). Cette partie théorique permet d'observer certaines

lacunes de la norme ISO 14001 en ce qui concerne l'intégration de la dimension humaine et

elle permet d'entrevoir des pistes de réflexion afin d'améliorer ce système de gestion

environnementale.

Alors, que le PODC ainsi qu'ISO 14001 ne tiennent pas ou peu compte de la place de

l'homme dans les organisations, les nouvelles écoles de pensées en management insistent de

plus en plus sur l’importance du facteur humain. Gérard Ouimet, professeur en psychologie

organisationnelle aux HEC Montréal, estime que le modèle PODC n’a plus sa place

aujourd’hui. Selon lui, l’environnement du travail a changé. Il parle d’un chômage

endémique, d’une mondialisation des travailleurs ou encore d’un mélange ("melting pot") de

culture. On parle également d’une modification de la nature même du travail, les tâches ont

évolué car les besoins ne sont plus les mêmes. Le poids incombant aux individus s’est

alourdi, les entreprises recherchent aujourd’hui de l’autonomie, de la responsabilisation et

de la motivation. Pour « gérer ces changements il va falloir des rudiments en anthropologie

ou en psychologie car on ne peut pas gérer le monde d'aujourd'hui avec des recettes

d’hier » (Paquin, site http://www.sppmm.org/PROFIL/doss_22.htm). C'est-à-dire, qu'on ne peut pas

gérer l'environnement avec une norme qui repose sur des principes de management

dépassés.



46

Toujours selon le professeur Ouimet (Paquin, site : http://www.sppmm.org/PROFIL/doss_22.htm):

« Le PODC – ferme ta boîte, c’est moi qui dirige – se transforme en ADMR. A

pour animer : comment ça va, je suis content de te voir. D pour déléguer : je

veux des résultats, occupe-toi du dossier. M pour mobiliser : tous ensemble, on

va donner un gros coup parce que la concurrence est farouche. R pour

responsabiliser : je ne veux pas être déçu, on a investi beaucoup en toi,

maintenant fonce. »

On assiste ainsi, au développement de nouveaux modèles de gestion qui intègrent les

hommes dans le processus de réflexion de l’organisation. Effectivement, depuis la fin des

années 80, on a vu éclore de nouvelles approches de gestion, orientées vers une plus grande

participation des travailleurs à l’ensemble des activités de l’entreprise. L’organisation, pour

performer davantage doit aujourd’hui mettre l’accent sur une heureuse synergie de ses

compétences (Raux, 1994), il s'agit de la gestion participative.

La première étape de cette gestion participative repose sur la connaissance de la part des

employés, des procédés de production. En effet, lorsque les employés ont conscience du

fonctionnement global de l’organisation, ils peuvent alors participer à la prise de décisions

concernant les directions à suivre pour améliorer la performance de leur entreprise. De plus,

la gestion participative, doit également susciter l’intérêt des travailleurs pour le bien-être de

son organisation. Par cet intérêt renouvelé et par l’utilisation de leur savoir-faire

opérationnel, il devient possible à l’organisation d’augmenter l’efficience de la production

et d’améliorer la qualité des produits (Clarke, 1987) mais aussi l’environnement.

Selon René Blais, la gestion participative est :

« une philosophie de gestion des entreprises visant l’établissement et le maintien

d’une culture organisationnelle orientée vers une démocratisation de

l’entreprise et une utilisation optimale du potentiel de chaque travailleur par la

promotion et l’utilisation de leur savoir-faire en les encourageant à participer

aux décisions qui les concernent par l’instauration de différents modes de



47

participation faisant appel à des techniques et des structures particulières »

(Blais, 1991, page 4).

Cette nouvelle philosophie implique une attitude ouverte de la part des gestionnaires (on

entend par attitude ouverte : de l’écoute active, de l’empathie, de la communication, etc…).

Cette attitude doit déboucher sur un climat de confiance entre le dirigeant et ses employés et

sur des attitudes respectueuses et authentiques au sein de l’organisation.

Avec la gestion participative, les employés ne sont plus des simples exécutants. Ils sont

impliqués, consultés et même responsabilisés. Parmi les techniques largement publicisées au

cours des dernières années pour mettre en place la gestion participative, on retrouve les

cercles de qualité, l’enrichissement des tâches, les groupes semi-autonomes de travail, la

qualité de vie au travail, les comités de consultation et autres.

C’est pourquoi, le rôle de gestionnaire est primordial dans l’intégration des hommes dans le

système décisionnel de l’organisation. En effet, le facteur humain concerne aussi bien la

force de travail « au plancher » que les têtes pensantes. Les liens entre ces deux catégories

expliquent en partie la considération de l’homme dans l’entreprise. Pendant longtemps, les

exécutants avaient un rôle subalterne, obéissant rationnellement aux ordres que dispensaient

les têtes pensantes. C’est un peu la vision d’ISO 14001.

Fayol associait la direction des hommes avec le commandement. Pour lui : « Le corps social

étant constitué, il s’agit de le faire fonctionner : c’est la mission du commandement »

(Wilhelmy, 1996). Pour que l’organisation fonctionne, il faut diriger les ressources

humaines en stratège militaire. Les caractéristiques intrinsèques des hommes sont fondues

dans un même moule, dans le moule du bataillon, du régiment ou de la compagnie. Les

seules distinctions entre les hommes sont entre les cavaliers-cadres, les artilleurs-techniciens

et les fantassins-ouvriers.

Le stratège militaire déplaçant les troupes d’une manière harmonique pour aboutir à une

victoire éclatante sur l’ennemie.

Cette considération de la direction repose sur un style de gestion dominant et dogmatique

jusqu’à aujourd’hui. McGregor parle de la théorie X pour expliquer cette considération des

ressources humaines. Selon lui, dans cette théorie, le dirigeant oriente sa façon de diriger en



48

se basant sur des postulats négatifs concernant les employés. C’est-à-dire que par nature,

l’employé n’aime pas travailler, l’employé n’est pas concerné par les résultats de

l’entreprise, et, il doit donc être corrigé, contrôlé et puni afin de s’assurer de sa

« coopération », et enfin, l’employé cherche à éviter les responsabilités car il manque

d’ambition et préfère la paix et la stabilité (McGregor, 1960).

Un gestionnaire qui possède une telle vision des hommes aura tendance à avoir un style de

management autoritaire. Likert distingue deux styles autoritaires, l’autoritaire-exploiteur, il

s’agit d’un gestionnaire qui n’accorde aucune confiance aux employés. Il les dirige par la

contrainte et les récompense (la carotte et le bâton), sans qu’il n’y ait jamais de discussion.

Likert parle aussi du gestionnaire autoritaire-paternaliste. Ce gestionnaire joue le rôle du

père, il est à l’écoute à condition, que les propos prononcés soient en accord avec sa ligne de

pensée. Il utilise aussi la carotte et le bâton (Likert, 1967).

En opposition avec cette conception pessimiste du facteur humain, on retrouve la théorie Y

de McGregor. Cette théorie suppose que le dirigeant possède une vision positive des

employés. Selon cette théorie, le dirigeant voit l’employé comme étant travailleur, capable

de s’autodiriger et de s’autocontrôler, d’être responsable et curieux, d’avoir de l’imagination

et de la créativité afin de répondre aux différents problèmes qu’il rencontre.

Pour Likert, un gestionnaire ayant un style de gestion se rapprochant de la théorie Y, tend à

devenir consultatif ou participatif. Un gestionnaire consultatif accorde une assez bonne

confiance aux employés. Il discute souvent avec eux afin de connaître leur opinion en vue

de prendre des décisions. Il délègue des responsabilités et utilise les punitions et les

récompenses dans le but d’inciter au travail. Un gestionnaire participatif possède une entière

confiance envers ses employés. Il les entraîne dans le processus de décision, de plus, il

favorise la communication et la transparence.

Les managers changent de statut. Du rang de commandant au sens de Fayol, on passe au

leader au sens de Zaleznik. Pour cet auteur, les leaders élaborent des options qui permettent

de voir les enjeux sous un autre angle. Ils communiquent leurs idées sous forme d’images

afin de stimuler l’imagination des employés en les amenant à découvrir par eux-mêmes de

nouvelles possibilités (Zaleznik, 1977). L’existence des leaders suggère une prise de



49

conscience du rôle des employés. Ceux-ci ne sont plus seulement valorisés pour leurs

capacités de production mais bel et bien pour leurs capacités à la résolution de problèmes.

Chaque employé est un collaborateur en puissance, ayant une personnalité distincte et étant

en quête d’autonomie. Il s’agit de redonner confiance aux employés. Conger parle

d’ « empowerment ». C’est un processus qui permet de convaincre les subalternes de leurs

capacités de réaliser la vision du leader. C’est le fait de donner aux individus la conviction

qu’ils sont compétents et capables d’accomplir de grandes tâches (Conger, 1989 ; Boiral,

1998).

Le « boss » se transformant en « leader », et l’homme reprenant sa place dans

l’organisation. Après avoir était successivement esclave, ouvrier, salarié, l’homme se

retrouve maintenant associé, impliqué et participant au devenir de son organisation.

On constate donc une dichotomie entre ces théories contemporaines en management et les

proposition de la norme ISO 14001. Alors que des auteurs comme Conger (1989) ou

Zaleznik (1977) insistent sur le rôle des employés au sein de l'organisation, alors que des

modes de management comme la gestion participative font leur apparition, les normes ISO

14001 semblent, au contraire, rester cloîtrées dans un carcan formaliste, ne laissant que très

peu de place au développement de l'homme dans la gestion environnementale. La partie

empirique de cette recherche va chercher à comprendre la réalité organisationnelle de cette

norme ISO 14001 et en particulier en ce qui concerne l'intégration de la dimension humaine.



50

L'environnement prend donc une place de plus en plus consistante dans les sociétés

industrialisées. Le public, les gouvernements et même les entreprises doivent intégrer ce

concept dans leur quotidien. Du point de vue international, la notion émergente du

développement durable amène au tout premier plan les questions environnementales. De

nombreuses conférences ont servi de tremplin à la diffusion de l'idée d'une croissance

équitable et égalitaire, soucieuse de l'environnement, des peuples et des générations futures.

Avec le recul, on constate l'utopie d'un tel développement. L'idée est belle, l'idéologique est

séduisante, la prise de conscience est un premier pas important, bien sûr, mais tout cela reste

bien abstrait. Les intérêts économiques restent dogmatiques et la pollution ne se réduit pas,

bien au contraire.

Afin de répondre aux attentes latentes du public, les organisations prennent le devant et

commencent à réfléchir à des solutions préventives afin de sauvegarder l'environnement.

Jusqu'à présent, l'environnement était vu comme un coût, comme une contrainte législative

auquel il fallait se soumettre, bon gré, mal gré. Mais aujourd'hui, devant l'émulation que

suscite l'environnement auprès des consommateurs, des citoyens et des investisseurs, les

organisations se doivent d'adopter une attitude « verte ».

Les systèmes de gestion environnementales font alors leur apparition. Des systèmes qui

intègrent l'environnement dans l'activité quotidienne et routinière des organisations. Le plus

célèbre de ces systèmes étant la norme ISO 14001. Au final, cette norme semble être la

disposition la plus concrète qui soit ressortie de la prise de conscience de l'environnement.

Pourtant, mettre en place ISO 14001 suppose de l'argent, des moyens, des idées et surtout

des changements dans les procédés et les habitudes de travail. Il n'est donc pas anodin que la

norme ISO 14001 soit au cœur d'un travail sur l'environnement.



51

Par contre, la présente revue de littérature qui se termine avec cette conclusion, nous montre

une norme très rigide, très formalisée. La plupart des ouvrages s'intéressant à ISO 14001

nous présente uniquement les différents points de la norme, décrit mécaniquement tel une

"recette de cuisine" (Boiral, 1998). On découvre un modèle, calqué sur un ancien modèle de

management (le PODC) et semblant en relative inadéquation avec des modèles de

management plus moderne (la gestion participative). De plus, la revue de littérature n'est pas

en mesure de dire si la norme ISO 14001 a effectivement un effet positif sur les

performances environnementales des organisations qui l'utilisent.

Cette revue de littérature soulève donc deux questions importantes : comment la norme est

concrètement vécu dans l'entreprise, et notamment son intégration par les employés ? Dans

quelle mesure ce système de gestion permet de réduire la pollution ?

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 - Chapitre 3 : Méthodologie.


52



53

La revue de littérature nous a permis de dresser un rapide aperçu de la place de

l'environnement dans nos sociétés. Nous avons notamment découvert, avec ISO 14001, un

système de gestion spécifique qui se veut utile pour les organisations soucieuses de

l'environnement.

Le but de notre étude empirique est de confronter ce système de gestion, que nous avons

étudié théoriquement, avec la réalité organisationnelle. Il s'agit d'une démarche

exploratoire. Pour cela, il convient de faire une collecte de données empiriques auprès

d'organisations ayant adopté un système de gestion environnemental de type ISO 14001.

Mais avant de procéder à cette collecte de données, il convient d'établir une méthodologie

rigoureuse, garantissant l'intégrité de la démarche scientifique afin de saisir la réalité. Pour

cela, l'ouvrage d'Andrée Lamoureux servira de référence en la matière (Lamoureux, 2000).

D'ailleurs, dans cet ouvrage à la page 32, l'auteur écrit :

« Le premier objectif de la science est de comprendre la réalité. Cet objectif se

poursuit par le biais d'un processus de recherche, c'est-à-dire par le biais du

déroulement structuré d'activités orientées vers la saisie de la réalité »

Le point de départ de ce processus de recherche est la question de recherche.

3.1 Les questions de recherche

La revue de littérature nous a présenté les différents points de la norme ISO 14001 ainsi que

sa gestion. Or, nous avons constaté que cette norme est très formalisée et très abstraite. De

plus, la littérature ne nous parle que très rarement de l'application concrète de cette norme,

dans la réalité organisationnelle et comment elle est vécue au quotidien.

Ma première question de recherche est donc de comprendre comment s'inscrit la

norme ISO 14001 dans la réalité organisationnelle.



54

De plus, on parle beaucoup de la norme ISO 14001 comme une solution possible aux

problèmes environnementaux. Mais peu d'études s'intéressent aux apports de ce système de

gestion dans l'amélioration des performances environnementales des entreprises.

Ma deuxième question de recherche est donc d'analyser l'influence d'ISO 14001 sur les

performances environnementales des entreprises.

Thème de recherche :

L'environnement

Problème général :

La norme ISO 14001 et l'environnement

Problème spécifique :

Il existe peu d'études empiriques qui analysent l'impact d'ISO 14001 sur les organisations et notamment sur leurs performances environnementales.

Questions de recherche :

Comment s'inscrit la norme ISO 14001 dans la réalité organisationnelle ? Comment ISO 14001 influence les performances environnementales des entreprises ?



55

L'objectif de la recherche est donc de collecter un maximum d'informations sur la norme

ISO 14001 auprès d'entreprises ayant fait l'expérience de ce système de gestion

environnementale.

3.2 La méthode de recherche

La recherche empirique de mon essai s'inscrit dans une recherche plus globale, financée par

le FCAR et dirigée par Olivier Boiral1. Mes questions de recherche reprennent les objectifs

du projet de Monsieur Boiral et les deux organisations que j'ai étudié s'inscrivent également

dans un échantillonnage élargie d'entreprises que vise Monsieur Boiral.

Pour essayer de répondre aux questions de recherche exposées précédemment, nous avons

donc entrepris une recherche dite « qualitative ». Lamoureux définit la recherche

qualitative comme « un type de recherche dans lequel les données ne sont pas numériques,

mais sont des caractéristiques qu'il s'agit de grouper selon des critères de classification »

(Lamoureux, 2000, page 38).

Dans ce type de recherche, le choix des personnes interrogées est fait de façon délibérée, en

fonction de leur interaction avec la norme ISO 14001. Il ne s'agit donc pas d'un échantillon

de participants représentatifs de la population comme lors d'une étude quantitative.

De plus, ce type de recherche laisse une grande place à la subjectivité et à l'observation

personnelle. Le chercheur observant d'une manière flexible et intuitive la réalité.

Enfin, l'interaction continuelle avec les personnes interrogées permet de faire émerger des

idées nouvelles indépendantes du canevas initial de questions. Cette interaction permet

également au chercheur, d'analyser conjointement des informations provenant des différents

comportements verbaux et non verbaux des participants et donc, d'avoir un aperçu plus

complet de la réalité.

1 Boiral, O., projet de recherche : "La norme ISO 14001 : vers une amélioration des performances environnementales ?".



56

D'après le projet de recherche d'Olivier Boiral (page 3) :

« La recherche étant centrée sur des pratiques de gestion environnementale

dans des entreprises certifiées et sur les améliorations qui leur sont associées,

les investigations empiriques devront porter sur des cas précis et intégrer

différentes sources d'informations. »

La méthode de recherche utilisée est donc celle d'une étude de cas. Selon Lamoureux,

l'étude de cas est « une méthode de recherche exploratoire qui vise à obtenir une

information exhaustive au sujet d'une situation » (Lamoureux, 2000, page 59). Dans le

cadre de notre étude, il s'agissait d'obtenir un maximum d'informations sur la norme ISO

14001 afin de répondre aux deux questions de recherche exposées précédemment.

Pour mener à bien cette étude de cas, il convient d'établir des instruments de collecte

d'informations et ensuite, de soumettre ces outils auprès d'un échantillonnage de personnes

afin de vérifier empiriquement l'impact d'ISO 14001 sur les organisations.

3.2.1 Les instruments de collecte d'informations

La collecte d'informations consiste, dans un premier temps, à obtenir des informations

d'ordre général sur l'entreprise étudiée. Pour cela, la recherche Internet favorise un premier

écrémage des informations.

Par la suite, le principal moyen de collecte données consiste à la réalisation d'entrevues avec

des répondants étant en lien plus ou moins direct avec la norme. Selon Lamoureux, une

entrevue « est un outil de collecte de données qui sert à recueillir le témoignage verbal des

personnes; ses questions abordent des réalités plus personnelles que ne le fait un

questionnaire » (Lamoureux, 2000, page 147). Les entrevues effectuées sont semi-

structurées, c'est-à-dire composées de questions ouvertes permettant de cerner les propos de

l'interviewé avec précision, objectivité et profondeur.



57

De plus, ces entrevues se font directement en face à face sur le lieu de travail du répondant.

Cela favorise les relations interpersonnelles entre le chercheur et le répondant de sorte que

l'entrevue stimule la motivation des répondants et assure un bon taux de réponses.

Pour assurer le bon déroulement de l'entrevue, j'ai utilisé deux guides d'entretiens. Ces

guides d'entretien ont été conçus par Monsieur Boiral dans le cadre de son projet de

recherche. Le premier guide est destiné aux responsables de la fonction environnement des

entreprises sélectionnées (cf. annexe 1). Il sert de guide de collecte d'informations générales

sur l'entreprise. La durée de l'entrevue est alors de 1h30 à 2h environ. Le second guide est

destiné à tous les autres employés ou gestionnaires de l'usine étant en contact avec ISO

14001 (cf annexe 2). La durée de l'entrevue avec ce guide est plus courte, elle est

généralement d'une heure.

Ces deux guides sont décomposés en deux parties : une partie ouverte, qui permet au

répondant d'exprimer plus librement son point de vue et d'approfondir des aspects. Une

seconde partie fermée, elle repose sur des échelles d'attitudes données en fin d'entrevue (cf

annexe 3).

La partie ouverte du guide d'entretien concernant la collecte d'informations auprès des

responsables de la fonction environnement des entreprises étudiées, se décompose en trois

séquences. La première porte sur les informations générales de l'entreprise (activité, nombre

d'employés, etc). La seconde s'intéresse plus particulièrement aux informations concernant

le système de gestion environnementale (les motivations, la certification, la documentation,

les aspects environnementaux, la mise en œuvre, les audits, etc…). La troisième concerne

plutôt les performances environnementales (impact sur la pollution, améliorations

mesurables, etc…).

La partie ouverte du guide d'entretien destinée aux personnes utilisant ISO 14001 dans le

cadre de leur travail est très différente de la partie ouverte de l'autre questionnaire. En effet,

ce guide s'intéresse plus particulièrement aux perceptions des employés de l'entreprise

étudiée concernant le système de gestion environnementale, à savoir : les avantages, les

résultats, la mise en œuvre, les défis et difficultés, les audits, etc…

Certaines questions ouvertes se retrouvent dans les deux questionnaires. Toutefois,

l'ossature générale des deux guides d'entretiens est différente. Par contre, les échelles



58

d'attitudes sont identiques pour tous les répondants. Enfin, les deux guides d'entretien

figurent en annexe.

De plus, lors de ces entretiens, j'ai obtenu des documents comme la politique

environnementale, les plans de formation, des rapports divers, etc… Une somme

d'informations importante et extrêmement utile dans la réalisation de la recherche.

Pour obtenir des rendez-vous avec les personnes interrogées, je me suis directement adressé

au responsable de l'environnement dans chacune des organisations ciblées. Ensuite, cette

personne m'a spécialement organisé d'autres entretiens avec des personnes ayant un avis sur

ISO 14001.

Chaque entretien a été enregistré avec un appareil audio. Un accord préalable du répondant

était nécessaire pour la réalisation de cet enregistrement, afin de suivre les règles d'éthique

d'une recherche scientifique. Par la suite, chaque enregistrement a fait l'objet d'une

retranscription rigoureuse sur un logiciel de traitement de texte informatique. Ces verbatim

seront ensuite retraités à l'aide d'un logiciel d'analyse qualitative : N'Vivo.

3.2.2 Le choix de l'échantillonnage

Pour répondre aux deux questions de recherche exposées ci-dessus, il convient de choisir

des employés étant en rapport avec ISO 14001. Ces derniers peuvent occuper différentes

fonctions au sein de l'entreprise. Le responsable environnement est une personne ressource

importante dans cette recherche puisqu'elle détient une certaine omniscience des

informations environnementales de son entreprise. Mais il est également pertinent d'avoir le

pouls des employés et de quelques gestionnaires afin de connaître leurs perceptions d'ISO

14001, de manière à répondre à la première question de recherche.

Donc, pour interviewer des personnes travaillant avec ISO 14001, il convient de choisir des

entreprises certifiées ISO 14001. Pour connaître ces entreprises, il suffit de s'informer

auprès des registraires du pays. Le site Internet du Conseil Canadien des Normes (CCN)

nous indique qu'il existe sept registraires de système de management environnemental au

Canada (Ils sont classés par date d'accréditation, du plus récent au plus ancien):



59

♦ BNQ : Bureau de normalisation du Québec

♦ ONGC : Office des Normes Générales du Canada

♦ Intertek testing Services NA Ltd.

♦ SGS International Certification Services Canada Inc.

♦ AQSR Canada Inc.

♦ KPMG Quality Registrar Inc.

♦ QMI Quality Management Institut

Sur ces sept registraires, j'ai retenu les deux plus important en nombre de certifications, à

savoir le BNQ et le QMI. Après une demande par émail, le BNQ m'a fait parvenir par

courrier postal, une liste des entreprises qui ont été certifiées par leur soin. Cette liste est à

jour au 23 juin 2001. La liste d'entreprises certifiées par le QMI figure sur son site internet,

elle est mise à jour régulièrement.

Après la compilation des informations obtenues des deux registraires, j'ai obtenu une liste de

126 entreprises.

Bien que ces deux registraires travaillent plus particulièrement au Québec, cette liste

contient, tout de même, des noms d'entreprises situées ailleurs au Canada. Afin de simplifier

la recherche et notamment afin de réduire l'impact de la barrière de la langue mais aussi des

frais de déplacements, j'ai préféré cibler des entreprises résidentes de la province du Québec.

Après ce premier retraitement, il ne reste plus que 85 entreprises pertinentes.

Par la suite, le tableau a été trié par ordre chronologique de la date de certification. Les

entreprises ayant une plus grande maturité d'ISO 14001 ont été contactées en premier.

Lorsqu'une entreprise refuse de me recevoir pour mon étude, je contactais une entreprise

ayant une accréditation plus récente. Sur 32 entreprises contactées, deux seulement ont

accepté de répondre à notre étude, soit un taux de réponse de 6.25 %. Le motif de rejet le

plus fréquent est le manque de temps.

J'ai interrompu cette démarche après avoir obtenu l'accord de deux entreprises. Il s'agit de

Dana Canada Spicer Driveshaft Group à Magog et de Norsk Hydro Canada à Bécancour.



60

Dana Canada Spicer Driveshaft Group. :

Personne Ressource : La responsable environnement - qualité.

Date de l'enquête : 18-19 octobre 2001.

Nombre d'employés : 183 personnes.

Activité : Fabrication d'arbre de transmission pour le secteur automobile.

Nombre de répondants : 7 (1 responsable environnement, 1 directeur d'usine, 5

opérateurs). Toutefois, une entrevue n'a pas pu faire l'objet d'un verbatim à cause de la trop

mauvaise qualité de l'enregistrement audio. Il s'agit de l'entrevue d'un opérateur. Par contre,

l'échelle d'attitude issue de cette entrevue est intégrée dans l'étude.

Norsk Hydro.

Personne Ressource : Le responsable environnement.

Dates de l'enquête : 6, 22 et 28 novembre 2001.

Nombre d'employés : 350 personnes.

Activité : Production de magnésium primaire et d'alliage de magnésium.

Nombre de répondants : 7 (1 responsable environnement, 2 techniciens en environnement,

1 gestionnaire, 3 opérateurs).

Le résultat de la recherche a donc permis d'obtenir 14 verbatim. 2 verbatim de responsables

en environnement, 2 verbatim de techniciens en environnement, 2 verbatim de gestionnaires

et 8 verbatim d'opérateurs. Cet échantillonnage peut nous donner un aperçu de la réalité

empirique du vécu de la norme ISO 14001 au sein des organisations.

Répondant

Entreprise

Responsable

environnement

Technicien

environnement

Gestionnaire Opérateur Total

Dana 1 0 1 5 7

Norsk Hydro 1 2 1 3 7



61

3.3 L’analyse des résultats

Andrée Lamoureux nous met en garde sur la difficulté de l’analyse qualitative de données.

En effet, selon elle, page 205 :

« Mener une analyse qualitative exige une grande maîtrise du processus de

recherche. D’une part, il est plus difficile d’être objectif, il faut résister à la

tendance de rapporter ce que l’on pense plutôt que ce que l’on note. Et d’autre

part, il faut demeurer rigoureux et inclure tous les faits pertinents qui ont été

observés, même s’ils ne sont pas réunis en catégories.»

Pour faire l’analyse des données, il convient tout d’abord de regrouper les informations

semblables et ensuite à les classer par thèmes puis par sous-thèmes. Pour faire ce

classement, j’ai fait une grille d’interprétation des résultats (cf. annexe 4). Cette grille

s’appuie sur les deux guides d’entretiens mais aussi sur des réponses qui ont émergé lors des

entrevues.

Cette grille est décomposée en 5 grandes familles :

Positionnement ( du répondant, de l'entreprise)

Motivations (Internes et Externes)

Description du système de gestion environnementale (Planification, documentation)

Mise en œuvre (Processus, Dimension humaine, Audits et consultation)

Implications (Générales, Difficultés, Performances environnementales, Éthique)

Pour faciliter l’analyse des données et éviter certains écueils évoqués par Lamoureux, j’ai eu

recours à un logiciel de traitement de l’information qualitative qui s’appel N’Vivo. Ce

procédé facilite le classement de l’information et augmente la confiance dans la

généralisation des résultats. Pour Bourdon (2001, page 6), l'ensemble des informations

recueillies lors d'une recherche qualitative « peuvent être liées entre elles, modifiées, triées,

sélectionnées et recherchées selon le processus que Tech (1990) a décrit comme une

déstructration-restructuration du corpus de recherche fondamental à l'analyse qualitative ».



62

Le logiciel N'Vivo se présente comme suit :

N'Vivo offre la possibilité de gérer une grande quantité d'informations réparties par projet.

Le projet qui nous intéresse dans cette étude est le projet ISO 14001.

Ce logiciel fonctionne d’une manière relativement standard. Dans un premier temps, il suffit

de transposer la grille d’analyse dans N’Vivo en créant des familles et des sous-familles.



63

Voici donc la capture d'écran de la grille d'analyse telle qu'elle se retrouve dans le logiciel

N'Vivo (« node explorer »). Le projet ISO 14001 comprend 82 « arbres » (trees), c'est-à-

dire, 82 familles et sous-familles dans lesquelles sont stockées de l'information. Un exemple

de famille : « mise en œuvre », un exemple de sous-famille : « aspects environnementaux ».

Ensuite, il est nécessaire d’incorporer les parties de chaque verbatim selon la famille ou la

sous-famille à laquelle elles appartiennent, il s'agit de la phase de codage. Par ailleurs, une

partie de texte peut faire partie de plusieurs familles.

Cette précédente capture d'écran illustre la phase de codage sous N'Vivo. Le texte est un

verbatim d'une entrevue avec un répondant ayant pour prénom Alain. Une partie de ce texte

est mis en surbrillance afin d'être codée comme étant « lourdeur bureaucratique » (dans la

partie droite de l'écran).

À partir de ce moment, l’ensemble des pages transcrites à partir des entretiens se retrouvent

organisées par familles et par sous-familles. Il devient donc facile d’effectuer des

recoupements d’informations et de faire une synthèse globale de cette étude ou des

synthèses ponctuelles de familles ou de sous-familles.



64

La capture d'écran précédente montre l'ensemble des informations regroupées dans la sous-

famille « volonté d'améliorer les performances environnementales » qui se trouve dans la

famille « motivations ».

N'Vivo est donc un logiciel relativement simple d'utilisation mais facilitant grandement

l'analyse des informations.

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 - Chapitre 4 : Étude empirique.


65



66

Nous avons étudié précédemment le système ISO 14001. Nous avons fait un tour d'horizon

non-exhaustif des ouvrages qui parlent de cette norme, qui vantent ses mérites et son utilité. La

plupart de ces ouvrages explique point par point la norme, d’une manière mécaniste et

théorique.

Il devient, dès lors, intéressant de constater le vécu organisationnel de ce système, de voir les

motivations réelles qui poussent les entreprises à dépenser autant de temps et d’argent pour

élaborer un système de gestion environnementale de ce type, de comprendre les étapes du

processus de mise en œuvre en tenant compte de l’importance de la dimension humaine dans ce

processus, d’identifier les implications découlant de la mise en œuvre d’ISO 14001 et en

particulier les implications sur les performances environnementales.

Pour aborder ces thèmes, nous prendrons chaque entreprise individuellement afin de bien

comprendre leur approche particulière d'ISO 14001. Nous verrons donc successivement, le cas

Dana Canada puis le cas Norsk Hydro Canada.

Enfin, en dernière partie, nous ferrons une synthèse de ces deux cas afin de ressortir les faits

saillants reliés à cette norme ISO 14001.



67

4.1 Le cas Dana Canada.

Dana Canada, Spicer Driveshaft Division Inc, est une entreprise localisée à Magog, en Estrie

depuis 1988. Son activité est de fabriquer des arbres de transmission pour le secteur

automobile, voiture et camion. Les principaux clients de Dana sont des grandes compagnies

automobiles comme Ford, GM, Chrysler ou encore Toyota, mais aussi des compagnies de

fabrication d'autobus comme Prevost Car.

Dana Canada s'inscrit dans une grande corporation internationale qui se trouve être le 5éme

fournisseur de pièces automobiles au monde. Cette corporation a été fondée en 1904 et son

siège social se trouve à Tolède en Ohio. Elle possède 300 usines dans 34 pays et emploie

aujourd'hui prés de 70 000 personnes, après en avoir compté plus de 90 000 dans les années

1990.

La division Dana Canada à Magog compte quant à elle 183 employés pour un chiffre d'affaires

d'un peu moins de 60 millions de dollars (58 556 000$). Toutefois, Dana Canada traverse

actuellement une période difficile depuis un an et demi : la réduction de la demande entraîne

des coupures budgétaires importantes. Il y a une restructuration importante au niveau de la

corporation.

L'entreprise a entrepris, depuis janvier 2000, le processus d'implantation d'un système de

gestion environnementale, en l'occurrence ISO 14001. Ce processus a véritablement débuté en

mai 2000 lorsque la direction s'est formellement engagée devant les employés, à mettre en place

le système ISO 14001. La certification date de décembre 2000, soit sept mois après le début de

l'implantation. Le coût total de cette mise en œuvre est d'environ 90 000 $.

La personne ressource lors de cette implantation est la responsable qualité et environnement de

l'entreprise. Elle possède une expérience en normalisation car elle a travaillé chez un registraire

pour la norme ISO 9000 et QS 9000. Toutefois, il est à noter que cette entreprise ne possède pas

de véritable service environnement.



68

La mise en œuvre de la norme a été assurée par un groupe de six personnes faisant partie d'un

comité en environnement. Ce comité était constitué de Chantal, du directeur de l'usine et de

quatre opérateurs. Le directeur de l'usine est par ailleurs le responsable technique de la norme

ISO 14001. Il est également important de noter que l'actuel directeur n'est pas celui qui a

implanté la norme.

4.1.1 Les motivations

Les motivations d'implantation d'ISO 14001 sont généralement assez bien connues. Toutefois,

il existe des particularités suivant les différentes entreprises. Aussi, pour bien concevoir un cas

d'entreprise, il convient de comprendre les facteurs qui l'ont poussé à implanter un système de

gestion environnementale de ce type.

Le graphique 4.1 présente les raisons qui ont motivé la mise en œuvre du système ISO 14001

chez Dana Canada. Ce graphique présente une moyenne des réponses obtenues lors de la

passation des échelles d'attitudes auprès des employés de Dana Canada lors des entrevues.

D'après ce graphique, on constate qu'il s'agit essentiellement de motivations externes qui ont

incité Dana Canada à mettre en place ISO 14001. Les motivations « Répondre aux demandes

des clients » et « Demande du siège social » ont des notes respectives de 8.86/10 et de 9/10.

Ces motivations sont compréhensibles car Dana est un fournisseur automobile et les

compagnies comme Ford ont implicitement demandé à leur fournisseur d'être certifié ISO

14001 pour la fin de l'année 2001. La corporation Dana Spicer a ensuite fait redescendre ces

exigences à leur division locale en demandant à ce que toutes les usines du groupe soient

certifiées ISO 14001 avant décembre 2001.

C'est d'ailleurs une perception universelle que partagent les opérateurs de Dana Canada. Ils

voient tous ISO 14001 comme un moyen d'obtenir des contrats. Selon l'un d'entre eux :



69

Graphique 4.1



70

« Les compagnies automobiles nous obligent à être ISO 14000, sans ça on n'aurait

pas eu de contrats avec eux. »

Même si le directeur d'usine atténue cette vision. Selon lui :

« Depuis quelques années, on entend des constructeurs automobiles qui voudraient

éventuellement exiger cette norme de la part de leur fournisseur. Mais, d'après moi,

ce n'est pas en place aujourd'hui. »

Toutefois, ce directeur n'était pas encore dans l'usine au moment de la certification, donc il nous

donne son opinion sur ce qui ce passe actuellement. Après avoir voulu imposer la certification

ISO 14001 à leur fournisseur, les compagnies automobiles ont finalement « oublié » leurs

exigences pour faire face à la crise que traverse le secteur depuis quelque mois.

La mise en place d'ISO 14001 chez Dana Canada répond sans nul doute aux pressions qui ont

été exercées par les compagnies automobiles en 1999-2000, même si celles-ci ne sont plus

vraiment à l'ordre du jour en 2001.

Selon la responsable qualité environnement, la corporation et les clients exigeaient la

certification ISO 14001 pour décembre 2001, mais l'entreprise voulait devancer cette exigence

en se faisant certifier en décembre 2000. Selon elle :

« La compagnie Dana a décidé que toutes ses usines seraient ISO 14001 en

décembre 2001, mais nous, on pensait y arriver en sept mois. On a finalement

obtenu la certification en décembre 2000 et tout s'est bien passé. Ce n'était

pourtant pas une exigence de la corporation d'aller aussi vite, mais c'était notre

volonté à nous de répondre au plus vite aux exigences du client. »

Pour poursuivre dans le classement des motivations tirées du graphique 4.1, on retrouve en

troisième et quatrième position « l'amélioration des performances environnementales »



71

(8.17/10) et « l'amélioration des comportements et des méthodes de travail pouvant avoir un

impact sur l'environnement » (8.14/10). La conscientisation environnementale arrive donc tout

de suite après la conscientisation économique. C'est une vision que partagent le directeur

d'usine et les opérateurs.

Les motivations les moins importantes demeurent « la réponse aux attentes des banques ou des

assurances » (6/10) et « les économies anticipées » (6/10). Les répondants ont eu du mal à

intégrer les attentes des banques et des assurances dans leurs réponses, considérant que celles-ci

n'avaient rien à voir avec ISO 14001. En ce qui concerne les économies anticipées, les

répondants sont divisés en deux. Certains pensent que cela rapportera de l'argent car ISO 14001

permet de décrocher des contrats mais d'autres considèrent que la mise en place d'ISO 14001

est plutôt un coût. Selon un opérateur :

« Je ne pense pas qu'ils prévoyaient de gagner de l'argent avec ça, c'est mon

opinion personnelle, mais je ne pense pas qu'ils ont vraiment gagné de l'argent

mais qu'au contraire ils ont mis de l'argent là-dedans. »

4.1.2 Le processus de mise en œuvre

Le processus de mise en œuvre est un processus complexe qui fait en sorte qu'un projet

devienne réalité. Pour analyser les étapes du processus de mise en œuvre, nous allons revenir

sur le schéma 2.2 de la revue de littérature. Ce schéma est véritablement le cœur de la norme

ISO 14001 puisqu'il comprend les six étapes synthétisant les exigences d'ISO 14001.

♦ Engagement de la direction :

Nous avons vu que le point de départ du processus de mise en œuvre remonte à mai 2000,

lorsque la direction s'engage dans le projet, pour aboutir en décembre 2000 avec la certification.

De plus, dans cette entreprise, c'est le directeur d'usine qui a la responsabilité technique

générale d'ISO 14001.



72

L'engagement de la direction se traduit aussi par l'allocation de ressources pour mettre en place

le système. Or, chez Dana Canada, la direction n'était pas consciente de cet aspect lorsqu'elle

s'est engagée dans ISO. Un opérateur se souvient :

« C'est sûr, que pour l'implantation on a eu toutes les ressources disponibles, mais

pas vraiment dès le début. Il aura fallu que Chantal (NDLA : Tardif, responsable

qualité-environnement) élève un peu la voix en comité pour que les directeurs se

rendent compte du travail que représente ISO. Mais, c'est vrai que par la suite,

c'était vraiment bien. »

Dans cette entreprise, la direction a eu tendance à sous-estimer le temps et le coût que

représente l'implantation d'ISO 14001 même si cette lacune a été comblée rapidement.

♦ La politique environnementale :

La politique environnementale de Dana Canada tient dans un petit guide de poche, que les

employés peuvent conserver en permanence sur eux. Ce petit guide résume parfaitement

l'actualité environnementale de l'entreprise et informe les employés sur ce qu'ils doivent savoir

en vu des audits. La politique environnementale figure à la deuxième page de ce livret :

« L'usine de Magog s'est engagée à : l'amélioration continue de notre système de

gestion environnementale, la conformité à la législation et à la réglementation

environnementale, la prévention de la pollution, le maintien d'une structure pour la

mise en place et la revue des objectifs et cibles environnementaux appropriés pour

la nature, à la dimension et aux impacts environnementaux, des produits et

services. »

Dana Canada a développé un slogan comme moyen mnémotechnique pour se souvenir de la

politique environnementale : « Faut pas capoter avec l'environnement », Le CAPO(ter)

comprend les quatre éléments de la norme ISO et de la politique environnementale : C pour la



73

conformité aux règlements, A pour l'amélioration continue, P pour la prévention de la pollution

et O pour les objectifs et les cibles.

Selon la responsable qualité environnement :

« On a lancé le slogan et dans les réunions tout le monde était là : « bon tu le sais

ton CAPO ?, dis le nous ton CAPO ? » Les gens de l'usine nous agaçaient

beaucoup avec ça et c'était vraiment eux qui mettaient la pression sur le comité

environnement pour être sûr et certain qu'on était toujours dans le coup. »

Ce slogan a d'ailleurs bien fonctionné puisque les opérateurs interrogés pour cette étude, et qui

n'étaient pas impliqués dans ISO 14001, connaissent le « CAPO » de la politique

environnementale de leur entreprise.

♦ La planification :

Avant d'entreprendre la mise en œuvre du système ISO 14001, Dana Canada n'avait pas de

système de gestion environnementale, ni même de spécialiste en environnement. La gestion

courante des préoccupations environnementales était sous la responsabilité d'un comité en

environnement composé de membres du personnel de l'usine. Ce comité s'occupait de tâches

ponctuelles.

Les écarts entre un SGE formalisé comme ISO 14001 et la gestion environnementale

quotidienne de Dana Canada étaient donc très importants. Aussi, la phase de planification a

demandé un travail considérable.

Comme les membres du comité environnement de Dana Canada souhaitaient implanter ce

système eux-mêmes, ils ont choisi de faire appel à un consultant externe pour les aider dans

cette démarche. Ce consultant a formé chacun des membres du comité à chaque étape du

processus d'implantation. La facture du consultant s'élève à 50 000$.



74

La première étape est celle de la détermination des aspects. Effectivement, pour obtenir une

certification ISO 14001, il est nécessaire de connaître ses aspects environnementaux et d'être

capable de les contrôler. Dana Canada a fait un très gros travail lors de cette étape. L'ensemble

du comité environnement a été mis à contribution lors de ce processus d'identification. Les

membres du comité ont reçu une formation, afin de comprendre et d'être en mesure d'identifier

ce qu'était un aspect environnemental. Après avoir passé en revue les activités, produits et

services de l'entreprise, le comité a élaboré une liste de plus de 600 aspects.

Par la suite, Dana Canada a utilisé une première matrice d'analyse et d'évaluation de ces aspects

environnementaux afin de déterminer lesquels étaient significatifs. Cinq facteurs d'évaluation

ont été utilisés :

♦ Législation ou réglementation,

♦ Le degré d'impact sur l'environnement

♦ La sévérité de l'impact,

♦ La probabilité d'occurrence,

♦ La persistance de l'impact

Pour le premier facteur, si l'aspect est soumis à une loi ou un règlement, il y a un effet

multiplicateur de 1.5, si non l'effet multiplicateur est de 1.

Par contre, chacun des autres facteurs est noté selon une échelle de 1 à 5. Par exemple, pour le

degré d'impact sur l'environnement :

♦ une note de 1 correspond à aucun impact (pas d'effet),

♦ 2 = Impact mineur (altère l'eau, sol, air, laisse un résidu non dangereux/ pas de gant/

pas d'effet marqué),

♦ 3 = Impact modéré (affecte le sol, l'eau, l'air, les êtres vivants, toxicité mineure ou

potentielle),

♦ 4 = Impact majeur (concentration dangereuse/ utilisation de gants/ nocif, toxicité

cancérigène ou ayant un effet physiologique sur la structure de l'organisme),



75

♦ et enfin 5 = Impact sévère (feu, acide, destruction complète/ dissout les gants, toxicité

mortelle).

On procède de la même manière pour les trois autres facteurs. Pour obtenir la note totale de

l'aspect, on additionne les notes de ces quatre facteurs que l'on multiplie par 1.5 si cet aspect est

soumis à une loi ou un règlement.

Les aspects environnementaux, dont l'impact total est égal ou supérieur à 12, sont considérés

comme étant significatifs.

Une fois que la matrice des aspects environnementaux significatifs est établie, le comité élabore

une seconde matrice intitulé « Fiche d'enregistrement des Indices significatifs de préoccupation

environnementale » dont la première page figure en annexe 5. Cette matrice sert de point de

départ à l'élaboration des objectifs et des cibles, et à la planification des programmes

environnementaux. En effet, en plus des considérations environnementales, Dana Canada prend

en compte 6 nouveaux éléments plus consensuels qui possèdent une note sur 1 :

♦ les options technologiques (existe-t-il une option technologique permettant de

neutraliser ou de minimiser l'impact ?). Si oui = 1, si non = 0.

♦ les exigences financières,

♦ les exigences commerciales,

♦ les exigences opérationnelles,

♦ les points de vue des parties intéressées (à savoir si cela intéresse les gens de

greenpeace ou d'autres organisations environnementalistes),

♦ et puis de nouveau les exigences légales.

Dans cette matrice, si l'aspect est significatif (plus ou égal à 12), il possède une note de 2/2, à

cela on ajoute les 6 autres éléments que nous venons de voir. Si la réponse est oui, on donne la

note de 1/1 sinon 0/1. Le total donne l'indice de préoccupation environnementale sur un total de

8. Cet indice dicte un échéancier pour l'implantation des programmes environnementaux :



76

♦ Indice de 5 et plus, le programme est prioritaire, il doit débuter à l'intérieur de 12

mois suivant l'identification de l'indice.

♦ Indice de 4, le programme est secondaire, il doit débuter à l'intérieur de 36 mois

suivant l'identification de l'indice.

♦ Indice de 3, le programme est tertiaire, il doit débuter à l'intérieur de 60 mois suivant

l'identification de l'indice.

Comme on le constate avec ces deux matrices, l'indice de préoccupation environnementale ne

prend finalement en considération les aspects environnementaux que pour 25% (les 2 points

attribués si l'aspect est significatif ou non sur les 8 points composant le total de l'indice de

préoccupation environnementale).

En extrapolant la réalité, cela veut dire qu'un aspect dont la première matrice accorde une note

de 25, car il est très nocif pour l'environnement et pour les êtres humains, mais qui par contre,

est sous-évalué par la seconde matrice car il ne possède pas d'option technologique, d'exigence

légale, ne touche pas l'opinion publique ou encore coûterait trop cher en traitement, aurait un

indice de préoccupation environnementale faible et ne serait pas traité en priorité.

Mais, il s'agit tout de même d'un gros travail de recherche et de préparation effectué pour

élaborer ces deux matrices. Ce travail a permis de faire ressortir les aspects les plus importants,

comme les déchets huileux solides et liquides et de mettre en place des programmes de

réduction de consommation d'énergie électrique et de réduction de consommation d'eau, avec

notamment l'installation d'un compteur.

D'après la fiche d'enregistrement des indices significatifs de préoccupation environnementale

figurant en annexe 5, voici certains aspects significatifs ayant un indice de 7 et sont donc à

traiter prioritairement : la disposition des produits solides issus du séparateur des eaux huileuses

et solides, la disposition du coolant usé, les fuites potentielles de Fréon ou encore la disposition

des huiles usées.



77

♦ Mise en œuvre et fonctionnement :

C'est la partie la plus vaste du processus de mise en œuvre. Maintenant que Dana Canada

possède une ligne directrice et a défini les objectifs de son projet, il convient qu'elle implante

son système de gestion environnementale sur le terrain. La théorie évoque deux pôles majeurs à

cette étape : la formation aux employés et la documentation. Le graphique 4.2 évoque

également les difficultés rencontrées par Dana Canada lors de la mise en œuvre d'ISO 14001.

Toutefois, nous verrons aussi la véritable problématique qui est survenue chez Dana Canada

après la mise en œuvre de la norme, à savoir le suivi et le fonctionnement quotidien.

La dimension humaine :

La formation aux employés s'inscrit dans un cadre plus vaste : celui de la dimension humaine.

Les ouvrages de référence sur ISO 14001 parlent uniquement de la formation aux employés,

mais en réalité, pour qu'un SGE soit mis en place et fonctionne correctement, il faut qu'il y ait

une véritable intégration de la dimension humaine dans son fonctionnement quotidien. Aussi, la

dimension humaine comprend, entre autre, la consultation et la motivation en plus de la

formation.

La place accordée à la dimension humaine dans une entreprise dépend pour beaucoup de sa

philosophie de gestion. Une entreprise ayant une philosophie de gestion participative

encouragera l'implication et la motivation de son personnel. A la différence, une entreprise

ayant un style de gestion autocratique aura tendance à donner des ordres unilatéraux et à

attendre de ses employés qu'ils obéissent docilement.

Chez Dana Canada, la philosophie de gestion était plutôt d'ordre participative. La responsable

qualité environnement évoque le « Dana Style » comme étant la culture de la corporation. Le «

Dana Style », c'est :



78

Graphique 4.2



79

« Développer, responsabiliser ainsi que faire participer tous les employés de Dana

Canada. Créer des groupes de travail multidisciplinaires plutôt que de créer des

fonctions permanentes afin de sensibiliser plus de gens. Utiliser des systèmes de

suggestions pour l'amélioration continue du système…»

Concrètement, cela se traduit par la création de comités, comme le comité environnement,

rassemblant divers employés de l'usine afin qu'ils échangent ensemble sur un sujet précis. Selon

un opérateur :

« Avant, tout le monde était dans un comité. Il devait avoir 15 ou 20 comités, même

un pour le nettoyage. C'était important de faire partie d'un comité car la direction

mettait l'emphase sur la participation, encore plus que sur la production, je pense.

La direction prenait des décisions en fonction des discussions tenues dans ces

comités là. Mais c'est vrai que depuis un an, avec les coupures budgétaires, il y a

eu des mises à pied alors ça devient difficile. On ne peut plus se faire libérer alors

qu'avant on ne voyait pas ça. »

Donc, avant les difficultés commerciales, Dana Canada avait une philosophie de gestion à

l'écoute des employés. L'implantation d'ISO 14001 a été fait alors que l'entreprise était encore

dans cette optique démocratique.

Pourtant, d'après le graphique 4.2, la principale difficulté rencontrée lors de la mise en œuvre

d'ISO 14001 est justement le manque de consultation du personnel avec une note de 4.43/10. Il

faut toutefois relativiser cette note puisqu'elle est tout de même relativement faible.

Cela s'explique à cause de l'existence d'une double perception de la qualité de la consultation.

La plupart des membres du comité environnement, et à fortiori le directeur d'usine, estime qu'il

y a eu consultation des employés dans le cadre de ce projet. Pour un opérateur membre du

comité, « la majorité des gens de l'usine ont été consultés ». Par contre, pour les autres

opérateurs non-membres du comité environnement, il n'y a pas eu de consultation.



80

Pour un opérateur, en réponse à la question « Pensez-vous que les employés ont été

suffisamment consultés dans cette démarche ? » :

« Non pas vraiment. Il me semble en tout cas. Ils ont dit : ça va être ça, et ça c'est

passé comme ça. C'est comme dans le temps QS 9000, ils l'ont implanté et puis

nous, on a suivi. Ce n'est pas une mauvaise chose non plus. »

Pour un autre opérateur non-membre du comité environnement :

« On n'a pas vraiment le choix. Je ne peux pas utiliser le mot « forcer » mais on est

un peu forcé quand même finalement. C'est mieux de même d'ailleurs, c'est comme

ça que ça marche. »

Ces deux remarques amènent également une autre réflexion : les opérateurs estiment que les

décisions viennent d'en haut et qu'il faut les suivre, c'est la meilleure manière d'avoir de bons

résultats.

Pour en revenir à la consultation, on s'aperçoit finalement qu'elle n'a concerné qu'un petit

nombre de personnes : les membres du comité environnement.

Toutefois, tous les membres du comité environnement ont été bien impliqués. Chacun a eu une

tâche bien précise. Un des membres, pompier dans le civil, s'est occupé des mesures d'urgences,

un des audits réglementaires, un devient responsable des fiches SIMDUT (fiches signalétiques),

un autre s'occupe des matières dangereuses, et un de la communication interne.…

Les membres du comité ont également reçu une bonne formation environnementale. En annexe

6, figurent les trois premières pages du plan de formation chez Dana Canada. La première étape

de ce plan de formation a consisté à sensibiliser la responsable qualité environnement sur les

systèmes de gestion environnementale. Cette formation a été dispensée par la corporation Dana.

Il s'agissait d'une visite de l'usine Dana de Thorold qui avait implanté ISO 14001

précédemment, puis d'un séminaire sur ISO aux États-Unis.



81

Par la suite, la seconde étape a été de sensibiliser l'ensemble des membres du comité de

direction et du comité environnement sur les normes ISO 14000. Cette sensibilisation a été

offerte par un cabinet de consultants. Il y eut notamment une formation pour permettre

l'identification des aspects environnementaux significatifs. Il y eut également des formations

pour les auditeurs internes, pour le responsable du plan d'urgence, pour la rédaction des

procédures de travail, etc …

Selon un membre du comité environnement :

« On a eu beaucoup de formations par rapport aux aspects : la détermination des

aspects, leurs classifications, leurs impacts par rapport à l'environnement. Nous

avons fait un cheminement étape par étape, et le consultant s'assurait que chaque

étape était comprise avant de passer à la suivante. »

Il y a eu donc un gros travail de fait en ce qui concerne la formation des membres du comité

environnement. Par contre, quand on regarde de nouveau le graphique 4.2 sur les difficultés lors

de la mise en œuvre, on s'aperçoit que le manque de formation sur ISO 14001 et sur les

questions environnementales en général arrive en troisième position des problèmes évoqués

avec une note de 3.71/10. Il s'agit bien évidemment d'une note relativement faible mais qui

montre de nouveau l'existence de disparité entre les membres et les non-membres du comité

environnement en ce qui concerne la formation cette fois-ci.

Selon la responsable qualité environnement, l'ensemble du personnel a été rencontré par

département. Une formation individualisée a été effectuée machine par machine durant 20

minutes pour montrer les impacts et les aspects particuliers de tel ou tel équipement et pour

expliquer ce qu'il fallait faire en cas d'urgence.

Selon un opérateur non-membre du comité environnement :



82

« On a eu de la formation là-dedans. Une bonne heure de formation et de

sensibilisation dans l'usine deux ou trois jours avant que les auditeurs viennent. Ils

nous ont dit qu'on allait vers ISO 14001, comment ça marche, mais

personnellement, je trouve que ce n'était pas assez. On n'était pas assez au courant

et quand les auditeurs sont venus, on n'était pas tous à l'aise avec ça, on n'était pas

trop sûr de comment ça marche. Je pense qu'une formation deux ou trois jours

avant l'audit, ce n'est pas assez. Mais maintenant, avec la pratique, on est à l'aise et

on sait quoi faire. »

Un autre opérateur indique qu'il faudrait faire des rafraîchissements de temps en temps :

« On a eu de la formation, mais à un moment donné on arrive à oublier. Alors un «

refresh », pas aussi long que la formation initiale, mais un petit rappel toutes les

années, ce serait bien. Qu'on le veuille ou non, nous avons nos vieilles habitudes, et

avec un rappel régulier on arriverait à les perdre un peu. »

Il est certain que l'ensemble du personnel ne pouvait pas avoir une formation aussi poussée que

celle des membres du comité environnement. Toutefois, ils ont tous eu au minimum une

formation spécifique intéressante et adaptée. Pour bien faire, il aurait fallu que cela se

poursuive dans la durée et pas seulement avant l'audit de certification.

On constate tout de même que l'implication de la dimension humaine chez Dana Canada est

importante, au moins jusqu'à la certification. Elle va largement au-delà des exigences de la

norme. Les efforts consentis pour l'implication et pour la formation sont importants. Il n'est pas

étonnant que selon la responsable qualité environnement le registraire ait recommandé l'usine

Dana de Magog.

Cela se traduit également par la mobilisation de l'ensemble du personnel de l'entreprise. Tous

les répondants estiment qu'il n'y a pas eu de résistances au changement et que les employés

étaient réellement mobilisés pour assurer la mise en œuvre d'ISO 14001. Cette mobilisation est

moins évidente pour le suivi de la norme. De plus, les répondants semblent avoir une bonne



83

connaissance de leur système de gestion environnementale. Le slogan « Faut pas CAPOter avec

l'environnement » est bien retenu et le petit livret contenant la politique environnementale est

une très bonne idée.

La documentation

La documentation est l'épine dorsale qui soutient le SGE ISO 14001. Le principe « écrire ce que

l'on fait et faire ce que l'on écrit » est très présent tout au long de la norme. Il s'agit donc là

d'une partie importante de la mise en œuvre.

Chez Dana Canada, nous l'avons vu précédemment, c'est un employé, membre du comité

environnement, qui a été formé pour écrire les instructions de travail. C'est lui qui a écrit ce que

faisait l'entreprise. L'ensemble des répondants s'accorde pour dire que cette documentation

reflète bien ce que fait l'entreprise et qu'en plus elle est très claire. D'ailleurs, d'après le

graphique 4.2, on constate que le problème concernant « les employés qui sont mal à l'aise avec

les documents écrits » n'arrive qu'en avant dernière position des problèmes cités avec une note

de 3.14/10.

Comme l'explique un opérateur :

« Elle est très claire et bien détaillée étape par étape. Moi je suis anglophone, donc

si moi je peux prendre une instruction puis la lire et la suivre comme il faut, c'est

que c'est très claire. »

De plus, cette documentation est mise sur l'intranet de la corporation. Les instructions de travail

et les procédures sont accessibles directement depuis le plancher à partir d'un simple terminal.

Ces instructions comprennent le dessin technique des pièces à usiner, leur calibrage mais aussi

les impacts environnementaux reliés à leur travail. Ce système permet de diminuer la quantité

de papier utilisé et donc de réduire la paperasse. D'ailleurs, les problèmes liés à la bureaucratie

et à la paperasse se situent au 5éme rang des difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre

d'ISO 14001 chez Dana Canada avec une note de 3.33/10. Cette note est très faible, compte



84

tenu des inconvénients dégagés traditionnellement par la paperasse exigée par ISO dans les

autres entreprises.

L'intranet facilite également la mise à jour de la documentation du SGE. Ce système fait

automatiquement une revue annuelle, c'est-à-dire, quand le document atteint sa date

d'expiration, l'intranet prévient la responsable qualité environnement qui constate la conformité

du document. S'il est conforme, il reste en état, par contre s'il n'est plus conforme, la

responsable qualité environnement fait les corrections nécessaires.

Par contre, le problème de la documentation réside dans la consultation des procédures. Les

opérateurs reconnaissent ne pas les consulter ou alors très rarement. Certains oublient et font

leur travail suivant les habitudes. D'autres affirment les connaître et ne plus avoir besoin de les

regarder.

Selon le directeur d'usine :

« On n'est jamais satisfait à 100% du suivi des procédures. Dans l'ensemble, les

procédures de travail sont assez bien suivies, mais c'est sûr que les procédures

autour de l'environnement ne sont pas suivies comme elles devraient l'être. »

Toutefois, les répondants pensent que les procédures environnementales spécifiques à leur

travail quotidien sont relativement bien suivies parce qu'elles sont connues grâce à la formation

qu'ils ont reçu en environnement.

Les difficultés du fonctionnement :

Nous avons vu que la mise en œuvre avait été faite sans difficulté majeure. L'implantation avait

été très bien réussie et Dana Canada avait obtenu sa certification facilement. Par contre, depuis

la certification, le suivi du système de gestion environnementale est devenu délicat. L'entreprise

connaît des complications dans le fonctionnement quotidien d'ISO 14001.



85

C'est d'ailleurs ici que se situe la véritable problématique de Dana Canada. En tout début de

rencontre, la responsable qualité environnement m'avait prévenu de la difficulté à effectuer le

suivi de la mise en œuvre d'ISO 14001 dans l'entreprise :

« Depuis la certification, l'environnement n'est plus qu'un hobby ici. En fait, on

traverse une période difficile depuis un an environ, il y a une réduction de la

demande et des coupures budgétaires importantes. Plus rien n'est fait en

environnement car on n'a plus les moyens. »

Pourtant le travail effectué jusqu'à la certification est considérable. Les moyens mis à la

disposition du comité environnement sont importants et les membres du comité sont

enthousiastes et motivés. Selon le directeur d'usine :

« Les ressources qui ont été affectées à l'environnement lors de la mise en œuvre

d'ISO 14001, pour en avoir entendu parler, ont été raisonnables. Par contre, par la

suite, il y a eu une réduction importante de ces ressources qui, d'après moi, est trop

importante. Cela vient de la réalité économique et donc on a laissé tomber

beaucoup d'activités dans ce domaine là qu'il faudrait remettre en place

maintenant. »

Le manque de ressources se traduit essentiellement par le manque de personnel pour assurer le

fonctionnement du système de gestion environnementale. En effet, les employés ne sont plus

libérés de leur contrainte de production pour faire partie du comité environnement. Les

impératifs économiques dominent et les opérateurs doivent s'occuper de la production. Au

moment de ma visite chez Dana Canada, le comité environnement ne s'était pas réuni depuis

prés d'un an. Les opérateurs qui sont membres du comité sont unanimes :

« Pour l'implantation, les ressources humaines étaient présentes, mais plus depuis.

Le travail à la production a fait qu'on ne pouvait plus se libérer comme on voulait

pour travailler sur ISO. On a trouvé ça dur de ne plus être libéré après la

certification pour travailler de nouveau avec le comité. »



86

C'est dommage car les répondants se disent fortement déçus par l'abandon partiel du projet

environnemental chez Dana Canada, surtout après les efforts qui leur ont été demandés suite à

la volonté d'implantation de la norme.

♦ Contrôle et actions correctives

Les audits internes permettent le contrôle du système de gestion environnementale et apportent

des pistes de réflexion sur les actions correctives possibles. Dana Canada aurait dû faire des

audits internes deux fois par année. Cependant, depuis la certification, les personnes qui ont été

formées pour effectuer ces audits internes ne sont plus libérées comme elles auraient dû l'être.

C'est donc une personne de la corporation Dana Spicer qui vient faire les audits internes du

système une fois par année.

Selon la responsable qualité environnement, le premier audit interne a été une sorte de pré-audit

de certification qui a préparé Dana Canada pour l'audit d'enregistrement. Cela a permis de

corriger le système afin de n'avoir aucune non-conformité à régler pour obtenir le certificat ISO

14001.

L'audit de certification est également un bon outil de contrôle du système. Les efforts effectués

lors de la mise en œuvre d'ISO 14001 sont destinés à réussir cet « examen final ». Les erreurs

repérées lors de cet audit doivent être corrigées afin d'obtenir la certification.

Pour se préparer à cet audit, Dana Canada a offert une sensibilisation environnementale à tous

les membres du personnel peu de temps avant l'arrivée des auditeurs. Le petit livret

environnemental de l'entreprise fournit également des recommandations sur la visite des

auditeurs :

« Comment se préparer à la visite des auditeurs : Soyez certains de connaître …

votre politique environnementale, les aspects environnementaux de votre secteur, et

en particulier les impacts significatifs qui y sont associés, les objectifs et cibles, les

exigences légales en matière d'environnement associées à vos activités, les



87

procédures à suivre afin d'effectuer votre travail, où elles peuvent être localisées,

que faire en cas d'urgence. »

Et de finir avec : « Souvenez-vous, les auditeurs évaluent le système de gestion

environnementale, PAS VOUS !, Soyez positifs et brefs - si vous ne savez pas la réponse, dites-

le ! »

L'audit de certification a duré deux jours et a été effectuée par deux auditeurs. Ils ont vérifié

tout le système. D'après les répondants, les auditeurs ont vérifié d'une manière sérieuse le

système de gestion environnementale. De plus, selon la responsable qualité environnement, cet

audit a permis d'apporter des améliorations réelles du système de gestion environnementale.

Elle parle d'une autre vision. Selon elle :

« Ils ont remarqué des choses auxquelles on n'avait pas pensé, parce que dés fois,

on est tellement sur la forêt qu'on ne la voit même plus. »

Les auditeurs ont repéré trois mineurs qui ont été corrigés dans la nuit de l'audit. À ce moment

là, les membres du comité environnement étaient en période d'enthousiasme.

Par contre, comme nous l'avons vu dans les difficultés, c'est le suivi de l'audit qui va poser le

plus de problèmes. Selon le directeur d'usine en réponse à la question « selon certains, il serait

plus facile d'obtenir la certification ISO que de la maintenir par la suite, qu'en pensez-vous ? » :

« On est champion pour mettre des choses en place, mais ensuite, il faut les

soutenir et c'est là où ça se complique. Pour ISO, c'est la même chose. Nous, on a

l'exemple flagrant d'un système qui a été mis en place avec beaucoup d'énergie et

qui est tombé tout de suite après. On est dans cette situation là, c'est tout à fait

vrai.»



88

Effectivement, Dana Canada craint de perdre sa certification ISO 14001 à cause de l'absence

d'amélioration continue depuis la certification. De plus, il va devenir très difficile de motiver de

nouveau les employés pour le passage des auditeurs.

♦ Revue de la direction

Le directeur d'usine a changé chez Dana Canada après la certification. Le nouveau directeur

d'usine est arrivé peu de temps avant le début des entrevues. Il commence donc petit à petit à

prendre connaissance du système de gestion environnementale. Il n'a pas encore fait de revue de

direction.

4.1.3 Les implications de la mise en œuvre :

Nous venons de voir le processus de mise en œuvre du système de gestion environnementale

ISO 14001 chez Dana Canada. Malheureusement, ce système n'a pas connu les répercussions

qu'il aurait dû avoir, à cause du manque de suivi après la certification.

Toutefois, les répondants estiment qu'ISO 14001 a tout de même apporté une structure. En

effet, grâce au travail effectué sur les aspects, Dana Canada à mis en place une matrice qui fait

apparaître l'ensemble des sources possibles de contamination. ISO 14001 a donc permis à

l'entreprise d'avoir une vision globale de son activité et de son impact sur l'environnement.

De plus, la documentation, au travers des procédures de travail rédigées par un membre du

comité, a offert un cadre de travail aux employés de Dana Canada. Selon un opérateur :

« Avant, on avait des façons de travailler sans procédure, tandis que maintenant,

n'importe qui peut se rendre dans le local de récupération, suivre la procédure et

faire de l'environnement en recyclant. »



89

Enfin, les activités des formations et de sensibilisation ont développé la responsabilisation

environnementale des employés de Dana Canada. Les employés font plus attention aux sources

possibles de pollution liées à leur travail quotidien. Selon un opérateur :

« C'est sûr que je suis plus à l'aise avec mon travail maintenant. Je sais qu'il faut

que je mette l'huile avec l'huile et les cartons dans le bac à carton. Avant, quand il

y avait des déchets, je les vidais dans n'importe quel bac. En plus, maintenant,

quand je vois quelqu'un qui ne fait pas les choses correctement, je suis moins gêné

pour lui dire. C'est arrivé une fois, il se trouve que c'était un petit jeune, il m'a dit «

je savais pas », mais ça aurait été un vieux, j'aurai fait pareil, surtout si ca

concerne l'environnement, c'est important. Alors je me gêne moins. Donc, c'est sûr,

qu'il y a eu du progrès. »

D'après les répondants, pour que la mise en place d'un système de gestion environnementale

comme ISO 14001 fonctionne correctement, il faut obligatoirement un suivi. Ce même suivi qui

fait cruellement défaut à Dana Canada aujourd'hui. Pour le directeur d'usine, pour réussir la

mise en œuvre d'ISO :

« Ca commence par l'engagement de la direction, l'allocation des ressources

appropriées et surtout un suivi continu. La difficulté, le facteur de réussite, c'est de

fermer la boucle en faisant les suivis appropriés. »

Les implications au niveau des performances environnementales :

Le système ISO 14001 est un système ayant pour thématique l’environnement. On parle d’un

système de gestion environnementale. Donc, en théorie, l’implantation d’ISO 14001 devrait

avoir un impact positif sur l’environnement. Nous essaierons de voir avec le cas Dana Canada,

si l’adoption d’ISO 14001 dans cette entreprise a eu un effet positif sur l’environnement.

En préambule, il faut dire que, de par son activité, Dana Canada n’est pas une entreprise qui

peut être considérée comme très polluante. Les principaux problèmes environnementaux

auxquels cette entreprise est confrontée concernent les copeaux de métaux issus de l’usinage de



90

pièces, le retraitement des déchets huileux et notamment des eaux huileuses et la réduction de la

consommation de matières premières. Selon la responsable qualité environnement :

« Vu que notre édifice n'a que 12 ans, que la technologie utilisée nous permettait

d'avoir presque tous les minimums au niveau des émissions, des consommations de

gaz propane (arrêt des chariots élévateurs lorsque en attente), de gaz naturel

(isolation du four et réduction de la température dans les bureaux la nuit), et aussi

une faible consommation d'eau ( usage de lavage et sanitaire) : il était donc très

difficile de concevoir des réductions. »

En plus, l’abandon partiel du projet environnemental chez Dana Canada n’a pas permis

d’effectuer un suivi des programmes environnementaux planifiés lors de la mise en œuvre de la

norme. Il devient donc très difficile de mesurer l’impact d’ISO 14001 dans cette entreprise.

En effet, Dana Canada n'a pas été en mesure de me fournir des données chiffrées comparant les

performances environnementales avant et après la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Dana

Canada. Il n'existe pas de documents mesurant les performances environnementales. C'est un

grosse lacune de cette étude de cas. Pour l’instant, d’après la responsable qualité

environnement, Dana Canada possède uniquement une année de données qui va servir de base à

l’implantation de programmes environnementaux.

Par contre, les entrevues que nous avons réalisées chez Dana Canada, permettent d'appréhender

la perception des répondants de cette entreprise par rapport aux améliorations

environnementales qu'apporte la norme ISO 14001. En effet, on constate d'après le graphique 4.3 que l'affirmation « les entreprises certifiées ISO

14001 ont de meilleures performances environnementales que les autres » figure à la dernière

place des affirmations reliant ISO 14001 et l'environnement, avec une note de 3 sur 4. Les

répondants se disent en moyenne plutôt d'accord avec cette affirmation.

Selon la responsable qualité environnement, les entreprises certifiées ISO 14001 ne sont pas

nécessairement moins polluantes que les autres. En effet, selon elle :



91

Graphique 4.3



92

« La norme demande juste d'avoir un système de gestion environnementale

permettant de travailler sur nos problèmes environnementaux. Cela ne veut pas

dire que, quand on est ISO 14001 on ne peut pas polluer à plein tonneau. Cela

démontre juste que l'on travail sur nos problèmes. »

Les opérateurs de Dana Canada sont également de cet avis. Selon l'un d'entre eux :

« Je ne pense pas que les entreprises certifiées ISO 14001 sont moins polluantes

que les autres. Par exemple, en ce qui nous concerne, je ne pense pas que l'on était

une entreprise très polluante avant d'être ISO 14001. C'est pareil pour nos voisins,

ils ne sont pas ISO 14001, mais pourtant je pense qu'ils polluent encore moins que

nous. »

Donc, les répondants ne perçoivent pas ISO 14001 comme étant une solution miracle pour

réduire la pollution.

De plus, le graphique 4.3 nous montre que les deux affirmations concernant la relation entre la

norme ISO 14001 et le rôle des hommes, figurent parmi les affirmations recueillant le moins

d'adhésions. En effet, les affirmations « dans les entreprises certifiées ISO 14001, les employés

sont davantage sensibilisés aux questions environnementales que dans celles qui ne le sont pas

» et « avec ISO 14001, les travailleurs sont plus conscients des impacts environnementaux de

leur travail quotidien » obtiennent toutes les deux une note de 3.14/4, qui les classe en avant

dernière position en terme d'adhésion des répondants.

Comme nous l'avons vu précédemment, ce phénomène s'explique par le fait que les opérateurs

non-membres du comité environnement se disent plus en désaccord avec ces affirmations que

les employés membres de ce comité, car ils ont moins été impliqués, formés et sensibilisés que

ces derniers.

Par contre, en haut de graphique 4.3, on retrouve en troisième position des affirmations

obtenant un plus fort taux d'adhésion, l'affirmation suivante : « La mise en œuvre d'ISO 14001



93

améliore la gestion de la documentation relative à l'environnement » avec une note de 3.57/4.

Effectivement, lors du processus de mise en œuvre de la norme, un travail considérable a été

consenti au niveau de la documentation. Ce travail se traduit par la réalisation des deux

matrices de détermination des aspects mais aussi, par la rédaction des procédures et des

instructions de travail en relation avec l'environnement.

En seconde position dans le graphique, on retrouve l'affirmation « La mise en œuvre d'ISO

14001 permet à l'entreprise de mieux connaître sa gestion environnementale et de l'améliorer »

(3.57/4). On constate en effet, qu'ISO 14001 a offert à cette entreprise une structure formalisée

qui n'existait pas auparavant. Dana Canada a donc mis en place un cadre pour la gestion

environnementale, notamment au travers la documentation, la formation et toutes les autres

activités réalisées avant l'audit de certification. Par contre, ce cadre n'a pas encore été mis en

pratique afin de réaliser concrètement des améliorations environnementales. Selon la

responsable qualité environnement :

« ISO nous a effectivement offert un cadre pour mettre des programmes

environnementaux en application. Mais ISO nous a également permis de nous

poser d'autres questions sur d'autres aspects environnementaux, grâce aux

matrices de détermination des aspects notamment. »

On peut dire qu'ISO 14001 a favorisé et a amélioré la connaissance de la gestion

environnementale chez Dana Canada. Cette connaissance est par ailleurs très bien documentée.

Mais le véritable apport de la norme chez Dana Canada réside dans l'affirmation « La mise en

œuvre d'ISO 14001 permet de réduire les risques d'accidents ou de crises environnementales »,

qui est l'affirmation recueillant le plus d'adhésion avec une note de 3.71/4, presque un accord

unanime.

En effet, et nous ne l'avons pas encore évoqué, mais Dana Canada a fait un travail important

concernant le plan d'urgence et les mesures de sécurité. Un des membres du comité

environnement, qui est également un ancien pompier dans la commune de Magog, a pris en



94

charge les mesures d'urgences. Le plan d'urgence a été renforcé, une brigade de 46 employés a

été formée et des exercices de prévention ont été menés. Ces exercices ont été marquants pour

les employés de Dana Canada car lorsque l'on demande s'ils ont une anecdote sur ISO 14001, la

plupart parle de ces exercices de prévention. Selon l'opérateur responsable des mesures

d'urgences :

« Par le passé, on a eu un déversement que l'on a ensuite simulé de nouveau afin de

mieux se préparer en cas d'accident de ce type dans le futur. Un opérateur a

renversé de l'eau colorée en vert et l'on a dit que c'était de l'eau huileuse. Les

brigadiers sont venus, on a sorti la caisse de sécurité. La première urgence a été de

bloquer l'égout en bas de la rue, puis après ça, on a dû contenir l'eau dans la cour

parce qu'elle continuait de descendre. Mais là, on s'est aperçu que le barrage que

l'on utilisait ne marchait pas du tout. Mais on a continué, on en a mis plus, mais ça

ne marchait toujours pas et l'eau continuait de descendre. Alors on s'est dit, on va

prendre de la terre sur le côté et on a fait une digue avec ça. C'était les moyens du

bord mais ça a marché. Ensuite, le sous traitant est venu pour finir le nettoyage.

Cet exercice nous a permis de voir nos points faibles en ce qui concerne les risques

environnementaux et d'y remédier. On s'est équipé avec des contenants adéquats

pour tous les types de déversement. »

L'ensemble des répondants, membres et non-membres du comité environnement, évoque les

mesures prises en faveur du plan d'urgence. C'est véritablement la plus grande amélioration

dans la problématique d'ISO 14001 chez Dana Canada.

4.1.4 Conclusion

Nous venons d'étudier le cas de l'entreprise Dana Canada. C'est un cas particulièrement

intéressant qui montre les multiples facettes d'ISO 14001. Dana Canada est une entreprise qui

avait réussi haut la main l'examen de passage de l'accréditation mais qui a connu par la suite des

difficultés de suivi.



95

En réalité, les motivations qui ont poussé Dana Canada à avoir un système de gestion

environnementale ne sont peut être pas les bonnes. On parle beaucoup d'ISO 14001 comme un

système protégeant l'environnement mais dans le cas de Dana Canada, ISO 14001 était plus une

reconnaissance externe vis-à-vis des constructeurs automobiles afin de les conserver comme

clients comme ce fut le cas dans le passé avec ISO 9000 et QS 9000.

Finalement, les difficultés économiques aidant, ses clients n'ont plus exigé l'adoption de la

norme ISO 14001 de leur fournisseur. Alors, une fois cette contrainte abandonnée, il n'y a plus

de raisons suffisantes pour maintenir un système de gestion environnementale chez Dana

Canada. Pourtant, le travail effectué pour implanter cette norme dans cette entreprise est

énorme. On parle d'une facture totale de 90 000$ et de l'implication de 6 personnes en vue

d'obtenir l'accréditation.

Mais depuis l'audit de certification, l'environnement est au point mort. Tous les répondants, du

directeur d'usine aux opérateurs, en passant par la responsable qualité environnement, parlent

unanimement du manque de suivi. Le comité ne se réunit plus, les programmes

environnementaux ne sont pas soutenus. Il est donc normal que le personnel impliqué dans cette

démarche soit déçu du résultat.

Pourtant, Dana Canada possède désormais une structure bien documentée et une expérience

significative pouvant faire évoluer son système de gestion environnementale. Dana Canada

traverse actuellement une période critique. Il est important que Dana Canada conserve son

comité environnement car il n'existe pas d'autre personne responsable de l'environnement dans

cette entreprise. Ce comité doit devenir autonome rapidement afin de ne pas perdre l'ensemble

du travail effectué en vue de l'accréditation.



96

4.2 Le cas Norsk Hydro Canada Inc.

Norsk Hydro Canada est situé dans le parc industriel de Bécancour, au sud de Trois-Rivières au

Québec. L'activité principale de cette entreprise est la production de magnésium primaire et

d'alliage de magnésium, destinée principalement pour l'industrie automobile et pour les

alumineries.

Norsk Hydro Canada appartient à un conglomérat industriel norvégien créé en 1905, qui

possède des usines dans plus de vingt pays à travers le monde et qui compte près de 33 000

employés. Cette entreprise est détenue majoritairement par l’État norvégien (pour 51%). Le

nom de cette compagnie provient de l’usage de l’hydroélectricité qui est l’énergie motrice de

son activité économique.

Aujourd’hui, les entreprises qui composent le groupe Norsk Hydro ont des activités variées,

allant de la production de métaux, jusqu’à l’élevage de saumon. Elle a notamment développé

une filière complète de production de pétrole et de gaz naturel, depuis la prospection jusqu’à la

distribution.

Norsk Hydro Canada fut fondé en 1986 et compte à ce jour 350 employés permanents. Sa

capacité actuelle est de 45 000 tonnes de magnésium par année, soit un peu moins de 10% du

marché international qui est de 400 000 tonnes/an. Toutefois, Norsk Hydro Canada connaît un

tassement de ses performances commerciales, compte tenu des difficultés des constructeurs

automobiles mais aussi de la concurrence des entreprises chinoises qui produisent le

magnésium à plus bas coûts.

Cette entreprise a entrepris sa démarche d'accréditation ISO 14001 courant 1999, pour obtenir

la certification en juin 2000. La personne ressource lors de cette implantation est le responsable

environnemental chez Norsk Hydro Canada. Il dirige une équipe composée de 4 techniciens en

environnement.



97

4.2.1 Les motivations

Norsk Hydro Canada possède depuis sa création, un système de gestion environnementale qui

lui est propre. Toutefois, en septembre 1997, la direction de Norsk Hydro Canada demande un

audit externe de ce système par un cabinet de consultation spécialisé en environnement.

L'étude qui en résulte insiste sur les nombreuses qualités du système de gestion mis en place à

Bécancour mais elle évoque également des lacunes qui peuvent être corrigées par l'implantation

d'un système reposant sur la norme ISO 14001. Selon le rapport d'audit :

« Norsk Hydro Canada a mis en œuvre et maintient de façon effective et efficace un

système de gestion environnementale qui apparaît de toute évidence bien structuré

et dont la principale qualité est qu'il épouse la plupart des valeurs fondamentales

que véhicule le modèle ISO 14001. Il se dégage par contre également que la

performance du système de gestion est fortement tributaire des personnes en place

dans la mesure où plusieurs processus sont traités de manière informelle. Or, la

plus grande qualité d'un système de gestion environnementale est justement de

pouvoir survivre au changement de personnel qui ne manque pas de survenir dans

le cours normal des opérations. »

Le cabinet recommande notamment de formaliser le système de gestion en établissant une

documentation qui permettrait aux employés de bien saisir les différents éléments du système.

Il recommande également de définir les rôles et les responsabilités, d'élaborer des procédures de

maîtrise du système sous forme d'audit et enfin d'établir une procédure plus formelle de revue

de direction.

Donc, on le constate, les motivations qui ont conduit Norsk Hydro Canada à implanter la norme

ISO 14001 sont d'ordre internes. D'ailleurs, selon le responsable environnement, la motivation

la plus importante fut d'assurer la pérennité du système de gestion environnementale de

l'entreprise.



98

Graphique 4.4



99

Le graphique 4.4 qui nous indique les principales motivations de Norsk Hydro à implanter un

système de gestion environnementale de type ISO 14001, va dans ce sens également. En effet,

on constate que les motivations ayant obtenues la meilleure note sont : « un meilleur contrôle

des comportements et des méthodes de travail pouvant avoir un impact sur l'environnement »

(8.43/10) et « apporter plus de rigueur à la gestion environnementale » (8.43/10).

Selon un opérateur, « cette norme apporte un contrôle sur ce qu'on fait et sur ce qu'on voudrait

faire. »

Norsk Hydro Canada a donc implanté ISO 14001 pour améliorer la documentation du système.

De plus, la certification ISO 14001 a permis, dans un second temps, d'améliorer la compétitivité

de l'entreprise. La motivation « se différencier par rapport à la concurrence » arrive en

troisième position des motivations avec une note de 8.29/10.

Les entreprises gravitant autour du marché de l'automobile savent que les constructeurs

automobiles exigeront prochainement la norme ISO 14001, en plus de la norme ISO 9000, de

leurs fournisseurs.

Selon un opérateur :

« Il y a des clients, comme dans l'automobile avec Ford et GM qui place la qualité

et l'environnement dans leur processus de choix de leurs fournisseurs. Donc, c'est

sûr que des entreprises comme Norsk Hydro sont mieux quotées que d'autres

usines. Je suis sûr que ces certifications apportent une longueur d'avance par

rapport aux entreprises qui n'en ont pas. »

Le responsable environnement parle de cette reconnaissance externe apportée par la norme ISO

14001 comme un point positif. Toutefois, selon lui, ce n'était pas la motivation majeure pour

adopter la norme ISO 14001. Pour lui la motivation majeure était d'assurer la pérennité du

système.



100

Parmi les motivations qui ont eu un impact moindre dans la décision d'adopter ISO 14001, on

retrouve en dernière position « Répondre aux attentes des banques ou des assurances » avec

une note de 6.29/10. Les répondants ont eu du mal à voir les interactions entre la norme ISO

14001 avec ces deux agents économiques.

Plus intéressant, on retrouve en dernière position ex-equo la motivation « économies

anticipées» avec une note de 6.29/10. Certains répondants sont certains qu'ISO 14001 apporte

des économies financières, sous forme de réduction de déchet, de récupération de matière ou

par le recyclage.

Selon un opérateur :

« Je suis sûr et certain que si j'étais propriétaire d'une usine, je vois le gain qu'il

faut faire. Souvent, il n'est pas à court terme parce qu'il y a beaucoup de choses qui

doivent être mis en place. Mais, on a vu ici, entre autre au niveau des rejets d'acide

chlorhydrique que c'était des millions de dollars d'économie. »

Par contre, pour les autres répondants, ce n'est pas ISO 14001 qui a permis de faire ces

économies. L'entreprise avait déjà pour tradition de faire des efforts en environnement avant

d'être certifiée ISO 14001 et de réaliser des économies substantielles grâce à des programmes

environnementaux. Un exemple est celui de la valorisation des boues de MAG III qui était un

déchet pour Norsk Hydro et qui était auparavant enfoui dans la terre pour finalement être

revendu comme fertilisant aux agriculteurs de la région de Québec. Ce projet a été développé

avant l'implantation d'ISO 14001.

C'est pourquoi, à la réponse à la question « avez-vous retiré des avantages économiques suite à

l'implantation de la norme ? », un opérateur répond :



101

« J'essaie de réfléchir dans mon département, je pourrais dire oui, au niveau des

pertes d'acide par exemple, ou des pertes de saumures dans les boues aussi. Mais

on aurait sûrement fait pareil sans ISO 14001. »

Selon un technicien en environnement, en réponse à la même question :

« Non. C'est sûr qu'il y a des économies à faire avec l'environnement, mais on les

faisait avant ISO 14001 et on va encore les faire après. »

Ainsi, les motivations qui ont poussé Norsk Hydro à implanter la norme ISO 14001 sont

internes. Il s'agit d'une volonté d'apporter de la rigueur en gestion environnementale afin

d'assurer la pérennité du système. En second lieu, la norme a eu pour effet bénéfique

d'améliorer la compétitivité de l'entreprise par rapport à ses concurrents directs, et notamment

de se différencier des chinois qui produisent à plus bas coûts mais qui ne sont pas prêt d'être

ISO 14001.

4.2.2 Le processus de mise en œuvre

Pour analyser les étapes du processus de mise en œuvre, nous allons reprendre le schéma 2.2 de

la revue de littérature comme pour l'étude de cas précédente.

♦ Engagement de la direction :

Nous l'avons vu et revu, l'engagement de la direction est un préalable obligatoire dans le

processus de mise en œuvre d'ISO 14001. Chez Norsk Hydro Canada, cet engagement se traduit

par une note de service en date du 1 mai 1999 signée du directeur général. Cette note stipule :

« Pour améliorer encore davantage ce niveau de performance et en assurer la

pérennité, nous sommes en train de réviser notre système de gestion

environnementale sur la base de la norme internationale ISO 14001 (…) Je vous

demande donc votre collaboration pour assurer le succès de cette démarche qui



102

s'inscrit dans la continuité de ce que nous avons toujours fait en matière

d'environnement. »

Il s'agit là d'un engagement ferme, qui est renouvelé un mois plus tard, le 16 juin 1999 avec une

seconde note de service signée cette fois ci par l'équipe de direction. On retrouve dans cette

lettre d'engagement les motivations qui ont poussé l'entreprise à adopter ISO 14001, à savoir,

assurer la pérennité du système.

Le système de gestion environnementale de Norsk Hydro Canada est sous la responsabilité

technique du responsable environnement de l'usine.

Tous les répondants s'accordent pour dire que la direction a été très présente dans ce processus

de mise en œuvre. Selon un opérateur :

« On a fait une présentation à la direction pour leur présenter ce qu'on voulait

faire et pour le leur vendre, seulement ils étaient déjà acheteurs de ça. Cette

présentation leur a toutefois permis de mieux comprendre le processus et tout le

bien qu'il y avait dedans. »

Un technicien environnement insiste sur le rôle clé de la direction :

« C'est sûr qu'il faut que la direction s'implique. Si la direction est en accord avec

la norme, s'ils sont prêts à s'impliquer, à ce moment-là, c'est sûr que les employés

embarqueront facilement là-dedans. »

L'implication de la direction étant acquise, le processus de mise en œuvre de la norme prenait

un bon départ. Toutefois, elle ne peut être juste verbale, il faut aussi que des actes s'ensuivent.

Ces actes se traduisent par l'allocation de ressources. Les répondants reconnaissent que les

ressources allouées pour ISO 14001 sont suffisantes mais qu'elles ont toujours été importantes,

même avant la certification.



103

Selon un coordinateur :

« Les ressources sont suffisantes, je crois que oui. Quand on regarde les

performances, on est l'une des usines de magnésium la moins polluante au monde.

Donc, ca demande des ressources suffisantes. Les buts sont atteints donc c'est

suffisant. Par contre les ressources étaient déjà là, bien avant ISO 14001. La norme

a juste entraîné une surcharge, une augmentation de la responsabilité des

opérateurs en formation. Il n'y a pas eu de ressources supplémentaires. »

On constate que Norsk Hydro Canada est une usine qui a depuis longtemps mis l'emphase sur

l'environnement. Finalement, ISO 14001 n'apporte que peu de changement au niveau des

ressources déployées pour le fonctionnement du système de gestion environnementale.

Toutefois, deux répondants reconnaissent que les ressources financières déployées pour

l'environnement connaisse actuellement un léger fléchissement. Selon un opérateur :

« Actuellement les ressources financières sont insuffisantes selon moi. Dans le

département où je me trouve, les deux ou trois choses qui seraient à faire, les

projets futurs, se retrouvent bloqués faute de budget justement. Mais c'est aussi à

cause de la situation de magnésium. On vient juste de se faire dire, il y a un mois

que l'on resterait ouvert, avant on n'était même pas sûr de continuer. Alors je

comprends que c'est plus difficile coté budget. Mais je crois que ca va se débloquer

dans les prochaines années. »

La situation économique a une répercussion importante sur l'activité environnementale de cette

entreprise. Les coupures budgétaires touchent en premier lieu des préoccupations secondaires

comme l'environnement.



104

♦ La politique environnementale :

La politique environnementale de Norsk Hydro Canada tient sur une page. Elle figure en

annexe 7. Elle est rédigée par le responsable environnement et approuvée par le directeur de

l'usine. Elle est en date du 11 juin 2000, soit une semaine avant l'audit de certification.

Le but de cette politique est de « protéger la santé des personnes et celle de l'environnement

tout en consommant les ressources avec parcimonie. »

Pour réaliser ce but, Norsk Hydro Canada s'engage à « former le personnel sur les aspects

environnementaux de leur tâche, informer la clientèle sur les impacts environnementaux de

leurs produits, informer la population environnante des risques inhérents aux opérations, de

faciliter la communication avec la population. » Afin de réduire les rejets, Norsk Hydro

s'engage aussi à « améliorer constamment l'efficience des procédés de fabrication, de recycler

et de valoriser les rejets, et de rendre conforme les activités à toutes les lois et règlements en

vigueur. »

La politique environnementale respecte point par point les exigences de la norme, de

l'engagement de la direction aux respects des lois et règlements en passant par la transparence

de l'information.

♦ La planification :

Avant d'entreprendre le processus d'implantation d'ISO 14001, Norsk Hydro possédait déjà un

système de gestion environnementale efficace. Les écarts entre le système de gestion

environnementale certifié ISO 14001 et le système précédant ne sont pas très importants. La

principale différence concerne l'amélioration de la rigueur apportée à la gestion

environnementale. Par conséquent, la phase de planification est relativement allégée.

La partie la plus importante de la phase de planification concerne la détermination des aspects.

Ceux-ci étaient connus et identifiés, pour la plupart, depuis la réalisation d'une étude d'impact



105

effectuée lors de la création de l'usine. Toutefois, pour les besoins de la certification, il fallait

donner un cadre formel à ces aspects et les classer suivant un processus rigoureux.

Norsk Hydro a choisi de travailler sur trois valeurs dans le processus de classification de ces

aspects : la conformité, le risque et la prévention. La conformité correspond au respect des lois

et des règlements. La notion de risque indique le niveau de risque environnemental que

représente un aspect. Et enfin, la notion de prévention, qui est plus volontaire puisqu'elle

anticipe de futures pressions internationales comme le protocole de Kyoto.

Une fois que cette procédure d'évaluation des aspects est intégrée, il faut arriver à identifier les

aspects. Mais, avant d'identifier les aspects, il convient de comprendre le fonctionnement de

l'usine. En effet, la production de magnésium répond à un processus complexe qui comporte

beaucoup d'intrant. La production de magnésium comporte 4 étapes et chaque étape correspond

à un département dans l'usine. Ces départements fonctionnent d'une manière plutôt autonome

les uns avec les autres.

Il faut dans un premier temps dissoudre la roche, la magnésite, dans de l'acide. C'est l'étape de

la dissolution. La seconde étape consiste à évaporer le liquide produit par la dissolution, pour

obtenir du chlorure de magnésium. La troisième étape consiste à séparer le magnésium du

chlore, c'est l'étape de l'électrolyse. A l'issue de cette étape, on obtient le produit final, à savoir

le magnésium qui peut soit être traité en alliage soit en magnésium pur suivant la demande des

clients. Par contre, il faut encore traiter le chlore obtenu par l'électrolyse. Il s'agit de l'étape des

synthèses.

Pour déterminer les aspects, le « pilote » de chaque secteur, en compagnie d'ingénieurs de

procédé, a établi un schéma d'écoulement par département. Ce schéma a servi de carte de travail

au responsable environnement. Il lui a suffi de suivre le schéma d'amont en aval afin de repérer

point par point les émissions et les rejets effectués par Norsk Hydro en évitant d'en omettre. Par

la suite, chaque aspect ainsi repéré est classé suivant les trois valeurs que nous avons vu

précédemment afin de trier les aspects majeurs des autres aspects moins significatifs.



106

Le responsable environnement nous donne un exemple de détermination des aspects :

« Regarde ce schéma pour le secteur de la dissolution, on arrive au point 4 :

Concassage et entreposage. Il y a une norme qui s'applique là dans la loi de la

qualité de l'environnement pour l'atmosphère. Est-ce qu'il y a un risque ? Non, on

ne peut pas tuer personne en déchargeant de la magnésite d'un point de vue

environnementale. Du point de vue de la prévention ? Non plus. Il n'y a rien a

récupérer là, il n'y a pas d'effet à long terme sur l'environnement. Donc, ce n'est

pas un aspect majeur.

Par contre, le point 8, le réacteur primaire. Il y a une norme, on s'est engagé par

certificat à respecter cette norme là dessus. Oui, il y a des risques car si jamais

l'épurateur arrête, des gaz qui pourraient sortir, et notamment des émanations

d'acide chlorhydrique à 50ppm sur 900 mètres aux alentours. Oui, il y a de la

prévention, parce qu'on rejette 1.9 tonnes de CO2 à cause de la dissolution de la

magnésite donc ça a un effet sur l'effet de serre. Donc impact sur le milieu et sur les

générations futures même si on est 1000 fois en bas de la norme. Donc, il s'agit là

d'un aspect majeur. »

L'aspect significatif majeur pour l'année 2002-2003 chez Norsk Hydro Canada est le SF6. Le

SF6, ou l'héxaflorure de souffre est le gaz qui produit le plus de gaz à effet de serre. Pour 1

tonne de magnésium brisé, l'usine produit l'équivalent de 15 tonnes de CO2 en SF6. Les autres

aspects majeurs sont : les réservoirs d'acide chlorhydrique, le réacteur primaire que le

responsable environnement a décrit précédemment, les lignes de chlore, ou encore les boues de

saumure qui sont des produits résiduels insolubles.

Par la suite, Norsk Hydro Canada s'appuie sur cette détermination des aspects majeurs

significatifs pour établir des objectifs et des cibles afin d'élaborer des programmes

environnementaux.



107

♦ Mise en œuvre et fonctionnement :

À l'instar de la planification, on peut dire que Norsk Hydro Canada possédait déjà un système

de gestion environnementale qui fonctionnait d'une manière efficiente (cf. rapport d'audit). Les

employés, notamment, avaient déjà intégré l'environnement dans leur travail quotidien depuis la

création de l'usine. Toutefois, pour obtenir la certification ISO 14001, il fallait que Norsk

Hydro Canada procède à quelques ajustements, et en particulier en ce qui concerne la

documentation.

La dimension humaine :

On constate effectivement d'après le graphique 4.5, que la dimension humaine n'a pas posé de

gros problèmes à Norsk Hydro Canada lors de la mise en œuvre d'ISO 14001. Les deux

affirmations : « manque de consultation du personnel dans la mise en œuvre de la norme » et «

convaincre et mobiliser les employés » ayant obtenu les notes les plus faibles des problèmes

évoqués avec respectivement 2.29/10 et 2.43/10.

D'ailleurs, les répondants sont unanimes pour dire que les employés ont été suffisamment

consultés dans la démarche d'implantation. Dans chaque département, un opérateur a été

nommé « pilote environnement ». C'est lui qui est responsable de l'implantation de la norme

dans son secteur. Ce « pilote » a fait le schéma d'écoulement, décortiqué les aspects, dispensé

de la formation aux autres opérateurs, et rédigé les procédures de travail, tout cela en étant

toujours en relation avec les autres employés de son département.


« Dans notre département, la personne pilote qui s'est occupée de l'implantation est

un opérateur. Un autre opérateur a participé avec lui pour l'aider dans cette

démarche. Ils ont donc implanté ça, modifié les procédures d'opération en incluant

ISO 14001 dans des procédures qui étaient déjà conformes à ISO 9001.



108

Graphique 4.5



109

Les autres opérateurs étaient au courant de ça, ils ont lu les nouvelles procédures,

ils ont approuvé les suggestions de modification que le pilote leur soumettait. »

Il ne faut toutefois pas oublier que Norsk Hydro Canada, possédait déjà un système de gestion

environnementale, donc les employés étaient déjà familiarisés avec l'environnement. Il devient,

dés lors, beaucoup plus facile de les consulter, de les convaincre et de les mobiliser pour

implanter ISO 14001. Un seul répondant évoque « quelques réticences » en ce qui concerne la résistance au changement. Mais dans le cas de Norsk Hydro Canada, l'introduction

de la norme ISO 14001 ne représente pas de gros changements non plus. Le responsable

environnement pense que ce n'était pas un grand « chamboulement » que de mettre en place

ISO 14001 chez Norsk Hydro Canada. Un coordinateur confirme :

« Il n'y a pas eu de résistance au changement parce qu'il n'y a pas vraiment eu de

changement. C'est finalement un tout petit changement. On était déjà enclin, en tout

cas au niveau philosophie, à préserver l'environnement et à avoir le moins de

pertes possibles. Ca a été très facile d'intégrer ISO 14001 là-dedans puisqu'il a

suffi de le rajouter dans quelque chose qui existait déjà. Il a juste fallu faire

quelques éclaircissements, de préciser des procédures. » Selon un opérateur « pilote environnement » :

« Dans notre cas, dans notre département, il n'y a pas eu de changements en tant

que tels de procédés, de procédures ou de façons de faire. Il y a eu très peu de

changements. Ce que l'on écrit, c'est ce que l'on faisait, et ce que l'on fait, on le

faisait déjà avant. »

Donc d'après cet opérateur, le changement majeur lié à l'introduction d'ISO 14001 concerne

l'écriture, la documentation.

Une autre partie importante de la dimension humaine concerne la formation. Le graphique 4.5,

montre que le manque de formation sur ISO 14001 et sur les questions environnementales en



110

général occupe une place médiane dans les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre de

la norme avec une note de 3/10. Il s'agit là d'une note très faible malgré tout.

Une formation initiale sur la norme a été offerte par le responsable environnement et par un

consultant externe. Elle a concerné 20 personnes à raison de 3 heures par personne. Les

employés récipiendaires de cette formation sont les « pilotes environnement » de chaque

secteur ainsi que certains techniciens en environnement. Il s'agit d'une formation permettant de

mieux appréhender la norme et de faciliter son implantation. En effet, même si Norsk Hydro

Canada possède une bonne expérience en gestion environnementale, la norme ISO 14001

présente certaines particularités qu'il est nécessaire de bien saisir afin d'obtenir l'accréditation.

L'apport d'un point de vue externe et expert en matière de normalisation permet d'intégrer ces

exigences dans le processus d'implantation.

Par la suite, une formation environnementale de 3 heures a été dispensée à tous les employés de

Norsk Hydro Canada avant l'audit de certification. Il s'agit d'une sensibilisation sur ISO 14001

donnée par le responsable environnement et par le « pilote » de chaque secteur. Les employés

ont été informés sur la politique de l'usine, les valeurs : conformité, risque et prévention, les

aspects majeurs de chaque secteur, du schéma d'écoulement, les procédures d'opérations, etc…

Par contre, les entrevues ont révélé que certains répondants souhaiteraient recevoir de nouveau

de la formation environnementale. C'est ce qui explique le classement du manque de formation

environnementale en 5éme position des difficultés rencontrées lors du processus de mise en

œuvre de la norme ISO 14001. En effet, des répondants parlent de « refresh » afin de maintenir

une certaine mobilisation des employés en faveur de l'environnement. Selon un opérateur «

pilote » :

« Je dirais qu'il serait bon que l'on ait un genre de refresh, un rafraîchissement à

chaque année pour pomper la machine. Sinon, il n'y a pas un relâchement mais

plutôt une baisse de la conscientisation. Les employés font leur travail de la même

manière que d'habitude, par contre, au niveau de la croyance, de la sensibilisation,



111

je pense que c'est bon de revoir ça chaque année. Si on veut du monde impliqué, il

faut une sensibilisation régulière, c'est important. »

La documentation

La documentation est au cœur de la problématique de Norsk Hydro Canada. En effet, cette

entreprise s'est engagée dans ISO 14001 afin de donner davantage de rigueur à son système de

gestion environnementale. Toutefois, cette rigueur induit un accroissement de la bureaucratie et

de la paperasserie. Ce problème figure en première position des difficultés rencontrées lors de

la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Norsk Hydro Canada avec une note assez importante de

5.29/10 (Cf. graphique 4.5).

L'amélioration de la documentation a permis de refaire le système de classement, de concevoir

une méthodologie, d'attribuer des dates de révisions, de faire des mises à jour. Cette

amélioration a également permis de rédiger des procédures environnementales qui se sont

intégrées aux procédures de travail et à ISO 9001. D'ailleurs, l'introduction de la documentation

d'ISO 14001 a également été facilitée par l'expérience d'ISO 9001. Un « pilote » parle de la

méthode du « copier-coller » en expliquant que « la gymnastique ISO » était déjà connue. De

plus, tous les répondants reconnaissent qu'ISO 14001 a été plus facile à mettre en place qu'ISO

9001.

En ce qui concerne l'écriture de la documentation, les répondants s'accordent pour dire qu'elle

est relativement conforme aux façons de faire de l'entreprise. Selon un opérateur « pilote

environnement » :

« Moi, j'étais prêt à écrire les procédures, à faire le projet ISO 14001, en autant

que j'avais carte blanche dans la rédaction. Je ne voulais pas que ce que j'écrive,

ce soit ce que les patrons voulaient qu'on fasse. Ca a été très clair, et puis si ça

n'avait pas été ça, je n'aurai pas embarqué là-dedans. Donc, ce qui est écrit là,

c'est véritablement ce qu'on fait. »



112

Certains répondants estiment néanmoins que la mise à jour de la documentation

environnementale engendre de la bureaucratie et de la paperasse. C'est ce qui explique en partie

la note de 5.29/10 attribuée à cette difficulté. Selon un « pilote environnement » :

« C'est assez exigeant de maintenir une norme comme celle-là. Je ne pense pas que

ca peut survivre s'il n'y a pas une personne dans chaque secteur qui s'en occupe.

C'est donc un travail assez lourd et difficile, mais ca en vaut la peine, ca en vaut la

chandelle. »

Pour d'autres répondants, la difficulté de la mise à jour dépend de la complexité du système de

gestion environnementale. Plus ce système est compliqué, plus la documentation engendrée par

ce système est dense. Selon un technicien en environnement :

« La difficulté dépend toujours de la manière dont on a établi notre système. Si on

le fait lourd, c'est sûr que ca va être lourd. Je pense que quand on fait une norme

comme celle-là, il ne faut pas s'obstiner à la rendre compliquée. En ce qui nous

concerne, on a fait du ménage depuis ISO 14001 dans notre gestion de la

documentation. On s'aperçoit avec l'usage qu'il y a un surplus de classement. Dés

fois on surclasse et on ne s'y retrouve plus dans le système. Il y a encore du travail

à faire mais je pense que notre système devient de plus en plus simple à gérer. »

De plus, Norsk Hydro Canada utilise un système informatique, S-DOC, pour gérer une partie de

la documentation.

Les répondants reconnaissent également qu'ils ne consultent pas souvent les procédures

environnementales. Ils généralisent même cette observation à l'ensemble des employés de

l'usine. Un « pilote environnement » parle là d'un « point négatif » d'ISO 14001. La plupart du

temps, les procédures vont être lues au moment de l'écriture ou alors au moment de l'intégration

d'un nouvel employé dans une équipe de travail.




113

« Les procédures ne vont pas être consultées parce que dans mon département, les

opérateurs sont de vieux opérateurs. Ils sont là depuis le début de l'usine, donc ils

ne consultent pas les procédures parce qu'ils savent. C'est plus pour des nouveaux

opérateurs ou pour des travaux qui ne se font pas souvent que les procédures vont

être consultées. Ce n'est pas quelque chose de consulter fréquemment, mais c'est

quelque chose qui est su. »

En effet, même si les répondants reconnaissent que la documentation n'est pas forcément

consultée, ils considèrent tout de même qu'elle est connue et relativement bien maîtrisée. Un

opérateur estime ne pas avoir le choix. L'environnement est une valeur importante chez Norsk

Hydro et il est de la responsabilité de chacun de promouvoir cette valeur et donc de promouvoir

la norme ISO 14001. Par exemple, les répondants disent unanimement que toute les non-

conformités sont systématiquement déclarées, c'est important pour l'amélioration continue.

Ce qui est également important, c'est que la documentation mise en place chez Norsk Hydro ne

soit pas un cadre trop rigide. La motivation première de Norsk Hydro pour implanter la norme

ISO 14001 était d'offrir un cadre formel au système de gestion environnementale déjà en place.

Toutefois, il est nécessaire que ce cadre soit suffisamment flexible pour ne pas étouffer les

initiatives. Il s'agit de trouver un compromis entre la documentation et la dimension humaine

afin d'obtenir de meilleurs résultats environnementaux. Selon un « pilote environnement » :

« Il existe toujours des manières de faire qui ne sont pas écrites et il y a souvent des

écrits qui ne peuvent pas être appliqués à la lettre. Certains individus vont croire

que leurs résultats sont aussi bons que la manière de faire et que finalement ce qui

compte ce sont les résultats. Les procédures d'opérations sont là pour rappeler les

grandes lignes pour atteindre des résultats. Si l'opérateur ne suit pas les écrits et

les résultats sont les mêmes, je pense qu'il fait bien. Il ne faut pas tuer l'initiative

des gens par les écrits. »



114

Pour finir avec cette partie sur la documentation, je vais reprendre une citation du responsable

environnement :

« C'est sûr ISO 14001 amène de la rigueur, mais il ne faudrait pas, et c'est là le

danger, que cette norme amène de la rigueur au point que ça enlève l'imagination.

Il ne faudrait pas qu'ISO 14001 amène tellement de rigueur que l'on ne soit plus

dynamique, que finalement ce soit le système qui roule tout seul.(…) Car ne plus

avoir d'imagination est la pire chose qui peut arriver à n'importe quoi, ce serait la

mort. Et le problème d'ISO, si on n'y prend pas garde, c'est d'avoir un système qui

fonctionne sans imagination. »

Il est facile d'obtenir une certification ISO 14001 en répondant aux contraintes techniques de la

norme, en suivant simplement les lois et règlements. Le système peut très bien fonctionner

même sans avoir d'âme. Toutefois, dans ce cas, il n'y aura pratiquement pas d'amélioration des

performances environnementales.

♦ Contrôle et actions correctives

Le contrôle et les actions correctives étaient également un point faible de Norsk Hydro Canada

avant la mise en place d'ISO 14001. L'ancien système de gestion n'avait pas de procédures de

vérification, de procédures d'actions correctives et de programmes d'audits. Pourtant, cette étape

est essentielle dans le maintien du système de gestion environnementale et pour son

amélioration continue.

Actuellement, Norsk Hydro Canada réalise des audits internes une fois par année. Ces audits

sont réalisés par des membres de l'équipe environnement conjointement avec du personnel de

l'équipe qualité afin d'établir des liens avec ISO 9001. Du personnel de chaque secteur est

également assigné à faire des audits. En annexe 8 figure un calendrier des audits internes pour

les mois de mai à juin 2001.



115

Ces audits sont nécessaires pour se remettre en question ponctuellement sur certaines

procédures. Ils apportent un regard externe qui peut drainer de nouvelles idées. Ils permettent

aussi de maintenir un niveau d'adhésion et de motivation pour l'environnement en montrant au

personnel consulté que c'est un problème qui reste d'actualité pour l'entreprise.

En ce qui concerne l'audit de certification, elle a eu lieu du lundi 19 au jeudi 22 juin 2000 et elle

a été effectuée par trois auditeurs. La date de l'audit était connue deux semaines avant l'audit. Il

y a eu un pré-audit effectué par un consultant externe pour se préparer à la certification. Tous

les répondants disent qu'ils étaient prêts pour l'audit, un seul parle de « pression pour y arriver

», les autres n'ont pas ressentis de stress particulier.

La première journée est consacrée à la visite de l'usine et à la politique environnementale. Le

mardi en avant midi est consacré aux aspects environnementaux ainsi qu'aux cibles et objectifs

et aux projets. L'après-midi est consacré aux exigences gouvernementales, à la formation et à la

communication. Le mercredi, les vérificateurs se sont intéressés à la prévention et mesures

d'urgence, à la surveillance et mesurage des impacts, à la documentation et à la gestion des

registres. Enfin, la dernière journée est consacrée à des procédures d'audits et de non-

conformité.

Pour le responsable environnement, les auditeurs sont vraiment passés au travers de la norme.

Selon lui, ils ont insisté plus particulièrement sur la politique, les aspects, les cibles et les

exigences légales. Par contre, ils n'ont pas trop regardé la formation et la sensibilisation. Selon

le responsable environnement, l'audit de certification est « assez superficiel » :

« Selon moi, un système de gestion environnementale commence à être mature au

bout de trois ans. Les auditeurs le savent aussi, c'est pourquoi ils se contentent de

cerner les choses dans un premier temps. Par exemple, la première année, ils ont

cerné que le contrôle de nos équipements critiques n'étaient pas au point et ils ont

trouvé. Mais c'est sûr que ça reste superficiel. »



116

La plupart des autres répondants trouvent que l'audit de certification a été bien mené. Pour

certains, l'audit de certification et les audits de renouvellement sont un processus à long terme

qui permet au fil des ans de voir le sérieux d'une entreprise. Pour d'autres, l'audit de certification

est un échantillonnage qui permet d'avoir un bon aperçu de la situation et si les auditeurs

décèlent une non-conformité, ils continuent de creuser dans la direction de cette non-conformité

afin de déterrer la racine du problème.

♦ Revue de la direction

La revue de la direction est faite une fois par année. Le responsable environnement rencontre

les quatre directeurs de l'usine et repasse avec eux au travers la norme. Ils voient ensemble le

résultat des audits, si les cibles ont été atteintes, la pertinence du système… .

Ensuite, ils fixent des objectifs pour l'année suivante. Ces objectifs vont du plus important au

moins important, en tenant compte des aspects, de la réglementation, mais aussi des coûts et du

budget disponible. Il s'agit du HES plan (Health Environment Savety Plan) qui comprend les

principaux programmes environnementaux pour l'année suivante. Le plan d'action

environnement pour l'année 2001 figure en annexe 9.

Toutefois, le responsable environnement nous indique que ce n'est pas grâce à ISO 14001 que

tous ces programmes environnementaux ont vu le jour. En effet, ces programmes étaient déjà

en place bien avant l'implantation d'ISO 14001 dans l'entreprise. Ils sont même présents depuis

la création de Norsk Hydro Canada. Selon le responsable environnement :

« Ces programmes étaient là avant ISO 14001. Seulement, ils n'étaient pas aussi

bien structurés que maintenant. La façon dont on fonctionnait avant : on le

demandait, on remplissait une feuille, puis ça s'en allait à la direction. Maintenant,

c'est beaucoup plus formel, on le présente une fois par année à la direction, on

discute avec les gens et on présente un plan d'action lors de la revue de direction.

Maintenant la direction est mieux informée qu'avant. »



117

Ce processus de revue de la direction permet de revenir sur les résultats de l'année écoulée afin

de s'interroger sur ce qui a fonctionné et sur les difficultés rencontrées, mais il permet

également de mettre en place une planification d'objectifs et de programmes environnementaux

pour l'année suivante. Il s'agit d'un processus d'amélioration continue.

Maintenant que nous avons décrit les motivations et le processus d'implantation d'ISO 14001

chez Norsk Hydro Canada, il convient d'étudier les implications que cette mise en œuvre a

drainées.

4.2.3 Les implications de la mise en œuvre :

Norsk Hydro possédait déjà un système de gestion environnementale efficace avant de mettre

en place ISO 14001. La mise en œuvre d'ISO 14001 n'induit pas une révolution majeure dans la

gestion environnementale de Norsk Hydro, au contraire, ISO 14001 permet de compléter, de

finaliser un système déjà existant. Selon un technicien en environnement, les écarts entre

l'ancien système de gestion environnementale et ISO 14001 n'étaient pas très important. Pour

lui, c'est la raison pour laquelle Norsk Hydro n'a « pas eu de difficultés à mettre en place ISO

14001. »

Tous les répondants affirment qu'ISO 14001 n'a rien changé à leur quotidien de travail. Pour un

répondant, la mise en œuvre d'ISO 14001 est juste « une continuité » de ce qui se faisait déjà

dans l'entreprise. D'ailleurs, l'objectif de Norsk Hydro en implantant ISO 14001 était de faire en

sorte que les employés ne soient pas trop affectés par ce changement. Le responsable

environnement parle d'une « évolution en douceur ». Selon lui :

« Il faut déjà avoir un système de gestion en environnement pour mettre en place

ISO 14001. Il faut en avoir un car sinon ça va juste être de la paperasse inutile.

Sincèrement, ici, ISO 14001 a été implantée de façon naturelle, il n'y a pas eu de

grosse campagne pour le faire. »



118

L'existence d'un système de gestion a donc grandement favorisé la mise en œuvre d'ISO 14001.

En réalité, l'implication majeure qu'apporte la norme ISO 14001 chez Norsk Hydro, est, nous

l'avons déjà vu, la rigueur et la formalisation de la documentation.

De plus, ISO 14001 apporte également une plus grande autonomie environnementale aux

employés. En effet, en formalisant certaines procédures, ISO 14001 permet aux employés de

pouvoir réagir eux-mêmes aux difficultés qui se présentent sans avoir à contacter l'équipe

environnement. De ce fait, ISO 14001 soulage l'équipe environnement d'un travail important en

déléguant une partie de la gestion des crises aux employés. Selon un technicien en

environnement :

« On a toujours eu comme principe que ce n'était pas une équipe de 4 ou 5

personnes pour l'environnement mais toute l'usine qui forme l'équipe. Il y a

toujours eu beaucoup d'interaction entre les gens d'environnement et les gens des

opérations, mais plus ça va, moins ils nous appellent. Avant, quand il y avait un

dépassement, une alarme sonnait et les opérateurs nous appelaient. On faisait le

travail pratiquement sans leur en parler. Puis on a commencé à leur donner du

feed-back. Maintenant, ils savent quoi faire, ils sont sensibilisés et c'est eux qui

gèrent, ça nous indique qu'il y a une certaine maîtrise. »

Les opérateurs voient plus ISO 14001 comme un « outil » pour aider l'entreprise à « être bon

en environnement ». ISO 14001 n'introduit pas un changement de structure ou un changement

de mentalité chez Norsk Hydro. ISO 14001 élargit juste la gamme d'outils permettant une

bonne gestion environnementale.

Les implications au niveau des performances environnementales :

Nous avons vu précédemment dans la partie sur la planification comment Norsk Hydro Canada

avait déterminé ses aspects majeurs mais aussi comment l'usine fonctionnait. Nous avons vu la

complexité de son processus de production mais aussi son impact potentiel sur l'environnement.

On constate donc que Norsk Hydro Canada est une entreprise ayant une problématique



119

environnementale forte. Il est nécessaire qu'elle prenne des mesures pour réduire son poids sur

l'environnement.

Dans le but de réduire cet impact, Norsk Hydro Canada élabore annuellement un plan d'action

environnementale. L'objectif principal du plan d'action de l'année 2001-2002 (cf. annexe 9) est

de contrôler le gaz SF6. Cet objectif est concrètement quantifié. En effet, Norsk Hydro Canada

s'engage à produire moins de 0.56 Kg de SF6 par tonne de magnésium produite (cf. rapport

environnement de septembre 2001 qui figure en annexe 10). En septembre 2001, la moyenne de

l'année était de 0.55 Kg, conformément aux objectifs du plan d'action. Par contre la moyenne

mensuelle est de 0.77, elle dépasse donc la cible. L'objectif de Norsk Hydro par rapport à cet

aspect est d'éliminer complètement la production de gaz SF6 pour 2003.

Le second point du plan d'action concerne la certification BNQ et la valorisation des boues de

magnésite MAG III comme engrais agricole. On constate que cela a été fait et d'après le rapport

environnemental, 6396 tonnes de MAG III ont été livrées chez les cultivateurs en septembre

2001. L'objectif pour 2002-2003, qui figurera dans le prochain plan d'action, est de valoriser

une autre sorte de boue, les boues de SPEFs (sous-produit d'électrolyse et fonderie). Il s'agit

d'un des aspects importants évoqués précédemment par le responsable environnement (cf. partie

planification).

Par contre, il est important de signaler que l'environnement fait partie intégrante de la

philosophie de Norsk Hydro Canada. Effectivement, depuis la création de l'usine, de nombreux

programmes environnementaux ont été mis en place afin de diminuer l'impact de l'usine de

Bécancour sur son environnement. L'implantation de la norme ISO 14001 va dans ce sens.

Toutefois, une question que pose cette présente étude est de comprendre l'importance d'ISO

14001 sur les performances environnementales : est-ce qu'ISO 14001 a vraiment contribué à

améliorer les performances environnementales de Norsk Hydro Canada ?

Le responsable en environnement de Norsk Hydro Canada, répond à cette question en disant :



120

« Non, ce n'est pas nécessairement vrai, mais c'est sûr que ca n'a pas nui. C'est

tellement ancré dans ma tête qu'ISO 14001 arrive au moment où il y a déjà un

système de gestion environnementale en place que ce n'est pas possible qu'ISO

14001 va faire un système efficace tout seul. ISO 14001 vient formaliser les choses,

mais s'il n'y a pas déjà un système en place, ISO 14001 ne pourra pas faire de

miracles. J'ai des difficultés à croire quelqu'un qui dit qu'il a mis ISO 14001 et qu'il

obtient des résultats extraordinaires, ça voudrait dire qu'ISO lui a fait un système

de gestion en environnement et que donc ce ne sera qu'éphémère. »

Norsk Hydro Canada connaît généralement des améliorations de ses performances

environnementales depuis la création de l'usine. On constate également des améliorations

environnementales depuis que l'usine est certifiée ISO 14001. Toutefois, le responsable

environnement estime qu'il est difficile de mesurer les améliorations de la performance

environnementale générée par la mise en œuvre d'ISO 14001 car ce système de gestion s'intègre

dans une préoccupation environnementaliste qui a toujours existé dans l'usine.

L'exemple de la récupération des boues de magnésium MAG III que nous venons de voir est

frappant. Il est certain que la certification BNQ date de 2001 et que les ventes de MAG III

comme engrais sont postérieures à l'implantation d'ISO 14001, toutefois le programme visant à

valoriser ces boues date de 1996, soit 4 ans avant la certification ISO 14001. Il devient donc

difficile de dire si les programmes environnementaux postérieurs à la certification ISO 14001

sont dus à la philosophie de la compagnie ou à la logique d'amélioration continue prônée par

ISO.

Selon un technicien en environnement en réponse à la question « Peut-on constater des

améliorations mesurables depuis que l'entreprise est certifiée ISO 14001 ? » :

« Oui, il y a eu des améliorations mesurables depuis que l'usine est certifiée. Mais

ce n'est pas nécessairement seulement parce que l'usine est certifiée. Depuis le

début nous cherchons à nous améliorer. »



121

Graphique 4.6



122

Une chose de certaine, c'est qu'ISO 14001 apporte de la rigueur dans la gestion

environnementale de Norsk Hydro. Le graphique 4.6 nous montre que les répondants sont en

accord avec les affirmations concernant la rigueur et l'amélioration de la gestion de la

documentation qu'engendrent ISO 14001. Il s'agit de deux des affirmations ayant obtenues la

meilleure note de 3.43/4. Cela rejoint les motivations qui ont poussé Norsk Hydro Canada à

mettre en place cette norme. Certains répondants pensent que la norme a permis d'améliorer les

performances environnementales grâce à « la systématisation » et notamment la systématisation

des procédures de contrôle et du regard extérieur que les audits ont apportés.

D'autres répondants insistent sur le fait que la norme a permis de former, de sensibiliser

davantage les employés aux questions environnementales. Cette affirmation figure d'ailleurs à

la première place ex-aequo des affirmations concernant les performances environnementales

dans le graphique 4.6 avec une note similaire de 3.43/4. Cette formation a été un moyen

d'amélioration des performances environnementales car elle a permis de sensibiliser encore un

peu plus les employés de Norsk Hydro sur les impacts environnementaux de leur travail

quotidien. Cette affirmation obtenant la 5ème place des affirmations du graphique 4.6 avec une

note de 3.29/4.

Par contre, avec une note de 3/4, on retrouve en dernière position des affirmations sur

l'environnement, les deux affirmations suivantes : les entreprises certifiées ISO 14001 ont de

meilleures performances environnementales et les entreprises certifiées ISO 14001 sont

davantage portées à respecter la réglementation. Concernant cette seconde affirmation, les

répondants estiment qu'avec ou sans ISO 14001, la réglementation est une obligation légale à

laquelle on ne peut pas se soumettre. Donc, même sans ISO 14001, Norsk Hydro respecterait la

réglementation.

L'affirmation sur les performances environnementales est beaucoup plus intéressante dans cette

présente étude de cas. En effet, plusieurs répondants, notamment un technicien en

environnement estime que « l'on peut répondre aux critères d'ISO 14001 sans faire de

l'environnement ». Selon ce répondant, tout dépend des cibles plus ou moins ambitieuses que

l'entreprise se donne. Selon un autre technicien en environnement en réponse à la question



123

« Selon vous les entreprises certifiées ISO 14001 sont-elles, en principe, moins polluantes que

celles qui ne le sont pas ? » :

« Non, pas nécessairement. Selon moi la norme ISO 14001 ne contrôle pas le degré

de pollution. Selon moi on peut tout à fait avoir une usine qui est très polluante est

malgré tout être certifié, à condition qu'elle s'améliore et qu'elle ait un bon système

de management. »

Des répondants trouvent tout de même des améliorations environnementales en lien direct avec

ISO 14001. Un opérateur nous donne l'exemple des filtres à poussière à la dissolution qui

étaient changés une fois par an et qui, après ISO 14001, étaient changés tous les 4 mois en

prévention. Ce même opérateur trouve qu'ISO 14001 a permis de mieux faire circuler

l'information environnementale ascensionnelle. En effet, selon lui, les problèmes étaient

souvent connus uniquement du plancher et pas forcément de la direction. Cette circulation

d'information réduit les risques d'accidents.

Les répondants sont relativement divisés quant à l'implication d'ISO 14001 sur les risques

environnementaux et sur la gestion des situations d'urgence. Selon certains, compte tenu du

risque potentiel que comporte l'usine, le plan d'urgence était déjà en place et « le système était

déjà assez sévère ». Par contre, selon le responsable environnement, de la formation a été

dispensée en prévention et donc, pour lui, même si ce « n'est pas mesurable », il pense qu'ISO

14001 a permis de réduire les risques de crises environnementales.

4.2.4 Conclusion

Norsk Hydro Canada a implanté ISO 14001 pour des raisons internes. Cette entreprise voulait

se doter d'un cadre formel afin d'assurer la pérennité d'un système de gestion environnementale

qui existait déjà. Finalement, le changement le plus important que draine ISO 14001 concerne

la documentation. L'entreprise « écrit ce qu'elle fait et fait ce qu'elle écrit » afin que le système

de gestion repose sur une base solide, concrète et immuable plutôt que sur des connaissances

intangibles de personnes pouvant partir en emmenant avec eux leurs connaissances.



124

On constate que l'implantation d'ISO 14001 n'entraîne pas de changements majeurs. Dans la

problématique de Norsk Hydro Canada, il ne s'agissait pas de créer de toute pièce un système

de gestion environnementale en implantant ISO 14001 dans une entreprise novice en

environnement mais plutôt d'améliorer un système qui était déjà efficace. Le personnel de

l'usine était déjà sensibilisé aux questions environnementales et Norsk Hydro Canada avait déjà

des programmes environnementaux afin de réduire son impact sur l'environnement.

C'est pourquoi, on s'aperçoit qu'il est difficile de mesurer les améliorations de la performance

environnementale qu'ISO 14001 apporte chez Norsk Hydro Canada. Effectivement, il est

difficile de distinguer la part des améliorations attribuables à ISO 14001 de celles qui découlent

d'une philosophie de gestion qui a toujours été celle de Norsk Hydro Canada.



125

4.3 Synthèse de l'étude empirique

L’étude empirique menée auprès de deux entreprises québécoises nous a permis d’observer la

place qu'occupe la norme ISO 14001 au sein de la réalité organisationnelle. Cette étude nous a

notamment aidé à enrichir notre compréhension des motivations qui poussent les organisations

à adopter un système de gestion environnementale de type ISO 14001. De plus, cette étude met

en lumière les étapes du processus de mise en œuvre d’ISO 14001 ainsi que ses implications

concrètes sur le management en général mais surtout sur les performances environnementales

en particulier.

Cette étude nous permet surtout de comparer deux cas très différents ayant obtenu des résultats

différents. Effectivement, Dana Canada n'a pas véritablement de problématique

environnementale importante car elle se contente de faire de l'usinage et de l'assemblage de

pièces mécaniques alors que Norsk Hydro Canada extrait de la matière première à l'aide d'un

procédé chimique complexe. D'ailleurs, chez Dana Canada, une seule personne travaille à mi-

temps sur l'environnement tandis qu'à Norsk Hydro, l'équipe environnement est composée de 5

personnes à plein temps. Les enjeux liés à la norme ISO 14001 sont donc différents. Le tableau

ci-dessous synthétise les principales caractéristiques des deux cas étudiés.

Dana Canada Norsk Hydro Canada

Motivation Externe. Pression des clients,

Amélioration de l'image.

Interne. Amélioration de la

gestion environnementale,

pérennité du système.

Effort Très important. 90 000$.

Nécessité de bâtir au complet

un système de gestion

environnementale. Travail

important pour la

détermination des aspects

Important. 77 500$.

Modification d'un système de

gestion environnementale

complexe déjà existant.



126

Approche Conjoncturelle. Dynamique

passive. Superficielle.

Structurelle. Dynamique

proactive. Évolution continue

en profondeur.

Dimension humaine Peu de consultation. Beaucoup

de formation et de

sensibilisation.

Peu de consultation. Un peu

de sensibilisation. Les

employés étaient déjà formés.

Suivi Pas de suivi. Peur de perdre la

certification.

Suivi naturel. Pas de

changement majeur par

rapport à l'ancien système.

Implications Amélioration de la rigueur. La

norme apporte une structure.

Amélioration de la rigueur. La

norme apporte des outils.

Les performances

environnementale

Pas d'amélioration. Améliorations présentes mais

difficile de dire si c'est liées à

ISO 14001.

On constate ainsi de profondes différences entre ces deux entreprises et notamment au sujet des

motivations qui ont poussé ces organisations à mettre en place ISO 14001. Dana Canada a

répondu à des motivations externes exclusivement. Les dirigeants de l'usine ont anticipé des

pressions externes en provenance de leurs clients. Ils ont cru qu'en étant certifié ISO 14001, ils

arriveraient à conserver la confiance des grands constructeurs automobiles.

Par contre, Norsk Hydro Canada a mis en place ISO 14001 pour répondre à des besoins

internes. L'environnement est une problématique importante dans cette organisation et la norme

ISO 14001 permet d'améliorer la rigueur de la gestion environnementale et d'assurer la

pérennité d'un système de gestion qui était déjà performant.

D'ailleurs, en réponse à l'affirmation suivante de l'échelle d'attitude : « Lorsque la décision

d’implanter ISO 14 001 répond à un besoin interne et n’est pas « imposé » de l’extérieur (par

les clients ou le gouvernement), sa mise en œuvre est plus facile et les résultats obtenus sont

meilleurs », les répondants des deux entreprises se disent « assez d'accord » (en moyenne

3.15/4). Mais il faut différencier les répondants de Dana Canada qui sont entre « peu d'accord »



127

et « assez d'accord » avec une moyenne de 2.5/4 et ceux de Norsk Hydro Canada qui sont

presque « tout à fait d'accord » avec une moyenne de 3.71/4.

Cela signifie que pour les répondants de Norsk Hydro Canada, les résultats obtenus sont

meilleurs si les motivations sont internes alors que pour ceux de Dana Canada ne sont pas

convaincus par cette affirmation.

Pourtant, d'après cette étude on constate que l'entreprise qui a subi des pressions externes

traverse des difficultés pour maintenir son système de gestion tandis que l'autre entreprise

connaît de bons résultats. Il est difficile de généraliser et il est difficile de parler de « bonnes

raisons » et de « mauvaises raisons », mais intuitivement, je pense que les motivations qui ont

poussé Dana Canada à entreprendre un processus de certification ISO 14001 ne sont pas les

bonnes. En effet, Dana Canada a dû répondre à des contraintes externes sans avoir eu une

réflexion approfondie sur ses valeurs et sur sa conception de la gestion environnementale. Pour

cette entreprise, la gestion environnementale se résume à une réponse aux demandes des clients

alors qu'en réalité, l'implantation de la norme ISO 14001 doit être une réponse à un besoin

interne mûrement réfléchie.

En revanche, dans les deux cas, les efforts déployés pour être certifié ISO 14001 sont

considérables. Les entreprises se sont données les moyens de leur volonté. C'est même Dana

Canada qui a fait l'effort le plus important d'un point de vue financier (avec un budget total de

90 000 $ contre 77 500 $ pour Norsk Hydro Canada), mais aussi d'un point de vue du temps et

de l'implication. Il faut dire que Dana Canada partait de presque rien. Il fallait que la

responsable qualité environnement, accompagnée par le comité environnement de l'usine,

bâtisse, au complet, un système de gestion environnementale afin d'obtenir la certification.

En ce qui concerne Norsk Hydro Canada, malgré la grande complexité du processus de

production, la tâche du responsable environnement était facilitée par la présence d'un système

de gestion environnementale déjà existant. Le travail effectué en vue de la certification n'en

demeurait pas moins important car il fallait modifier le système suivant les spécificités d'ISO

14001.



128

Cette différence d'approche de l'environnement entre ces deux entreprises me rappelle la

dichotomie qui existe entre la notion de conjoncture et celle de structure. Ces deux notions sont

très présentes en politique et en économie. Les actions conjoncturelles visent à éliminer les

symptômes du mal, à régler certains problèmes ponctuels qui demeurent en surface. Les actions

structurelles visent à éradiquer le mal définitivement, elles cherchent à aller au fond des choses,

sur du long terme. Les actions conjoncturelles sont généralement moins coûteuses, plus faciles

à exécuter mais les résultats sont incertains voir superficiels. Les actions structurelles sont plus

complexes, plus difficiles à mettre en œuvre, mais elles conduisent à des changements majeurs.

La mise en place d'ISO 14001 chez Dana Canada répond à des attentes conjoncturelles. Elle

répond à une volonté politique de reconnaissance externe. Les efforts effectués sont pourtant

importants mais ils ne provoquent pas un changement de structure suffisant pour basculer d'une

dynamique passive à une dynamique proactive. C'est pourquoi, les employés de Dana Canada

se disent déçus et désappointés par l'abandon du projet environnemental dans leur entreprise, un

peu comme des citoyens déçus par des promesses électorales non tenues. Ca va être difficile de

restaurer la confiance ébranlée par cet échec.

Chez Norsk Hydro Canada, l'implantation d'ISO 14001 répond à une volonté structurelle, sur

du long terme. L'implantation de la norme n'est pas une révolution en soi, c'est juste une

continuité, une évolution de ce qui se faisait déjà depuis longtemps. L'environnement fait partie

intégrante de la structure de l'entreprise depuis son implantation sur le site de Bécancour.

L'entreprise ne devrait pas connaître de difficultés dans le maintien du système, en fait le

responsable environnement ne redoute uniquement qu'un essoufflement lorsque les

améliorations marginales des performances environnementales seront de moins en moins

efficaces et de plus en plus dispendieuses.

Les efforts déployés par Dana Canada se sont plus particulièrement faits en direction de la

planification, et notamment en faveur de la détermination des aspects. Ce fut un travail

important car l'entreprise partait de peu en la matière. On peut donc dire que la norme ISO

14001 a permis à Dana Canada de mieux connaître sa problématique environnementale. Un

autre point majeur dans le processus de mise en œuvre d'ISO 14001 touche la dimension



129

humaine. ISO 14001 a été quelque peu imposée aux employés, il y a eu une quasi- absence de

consultation. Par contre, Dana Canada a fait beaucoup d'efforts concernant la sensibilisation, au

travers d'activités de formation mais aussi au travers d'exercices de prévention.

La mise en œuvre a été plus aisée pour Norsk Hydro Canada. Il n'y a pas eu de problème

majeur rencontré car cette mise en œuvre n'est juste qu'une simple amélioration d'un système

déjà existant. Norsk Hydro Canada connaissait déjà ses impacts sur l'environnement et les

employés étaient déjà bien sensibilisés aux questions environnementales.

Concernant les implications de la mise en œuvre, on constate que la norme a des impacts

positifs sur les entreprises étudiées. Dans les deux entreprises, ISO 14001 a apporté une

certaine rigueur. Pour Dana Canada, cette rigueur prend la forme d'une structure, d'une base sur

laquelle on peut bâtir un système de gestion environnementale. Tandis que pour Norsk Hydro

Canada, cette rigueur entre en complément d'un système de gestion environnementale déjà

performant.

Dana Canada a effectué un cheminement à contresens. Elle a mis en place ISO 14001 en

espérant que cela apporte un système de gestion environnementale. Mais, cette norme, à elle

seule, ne peut pas faire un système de gestion environnementale. À l'issue de cette étude, je

pense qu'ISO 14001 est un outil, un simple outil qui vient se greffer à un système de gestion

environnementale déjà existant comme ce fut le cas pour Norsk Hydro Canada.

Cependant, dans l'étude de ces deux cas d'entreprise, on ne peut pas dire qu'ISO 14001 améliore

les performances environnementales. Cela est flagrant dans le cas de Dana Canada, puisque le

système n'a pas connu de suivi après la certification. C'est un peu plus subtil concernant Norsk

Hydro Canada, puisque l'entreprise connaît des améliorations environnementales depuis

toujours. D'ailleurs, un grand nombre de répondants dans cette étude estime qu'il « est possible

d'avoir ISO 14001 sans faire de l'environnement. »



130

Aussi, il est utopique de croire que les entreprises recherchent la certification ISO 14001 afin

d'améliorer leurs performances environnementales et que cette norme améliore réellement les

performances environnementales. Il est certain que la norme ISO 14001 permet d'obtenir une

reconnaissance externe et je pense que la plupart des entreprises se font certifier ISO 14001

dans ce but. Mais, il n'est pas prouvé dans cette étude que cette norme améliore les


Pourtant, il ne faut pas rejeter en bloc la norme ISO 14001. On constate empiriquement qu'elle

ne peut pas faire un système de gestion environnementale efficace. Par contre elle est utile à un

système de gestion environnementale préexistant, au niveau de la rigueur qu'elle génère, au

niveau de certaines mesures ponctuelles qu'elle draine comme le contrôle, la formation ou

encore les mesures d'urgence.

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 - Conclusion générale


131

L'environnement est un sujet en vogue dans nos sociétés industrialisées. Le public, les

politiques et même les économistes s'intéressent de plus en plus au devenir de notre planète. De

grandes conférences se sont tenues partout dans le monde, des désaccords entre les pays sont

apparus. L'environnement ne fait pas un consensus autour de sa problématique, bien au

contraire.

Pourtant, les organisations, à leur échelle, développent un discours se voulant de plus en plus

environnementaliste. Après avoir été longtemps négligées, les questions environnementales

deviennent subitement un thème d'actualité. Toute une industrie de la dépollution avait déjà vu

le jour mais on assiste aujourd'hui à l'émergence de pratiques qui se veulent plutôt préventives.

C'est une forme de récupération de cette problématique par notre modèle contemporain de

production.

La norme ISO 14001 est l'exemple par excellence de cette récupération. En effet, comme la

population et les gouvernements s'intéressent à l'environnement, il devient donc de bon ton pour

les organisations d'afficher des valeurs «vertes » afin de conserver une bonne image.

La norme ISO 14001 répond à ce besoin de reconnaissance. Toutefois, cette norme n'est pas

forcément neutre non plus. Cette étude nous montre qu'ISO 14001 apporte aux entreprises un

certain nombres d'avantages internes, comme la rigueur et le formalisme par exemple. Elle peut

incontestablement offrir des outils pour améliorer un système de gestion environnementale déjà

existant.

Par contre, les résultats de cette étude nous laissent dans l'expectative concernant les

améliorations réelles des performances environnementales qui découlent de son implantation.

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 - Conclusion générale


132

Les deux cas d'entreprise étudiés ne nous permettent pas de dire si effectivement ISO 14001 à

un effet positif sur l'environnement ou pas. On constate même qu'ISO 14001 ne peut pas doter

une entreprise d'un système de gestion environnementale si celle-ci ne détient pas des valeurs

environnementalistes à la base, ou alors ce système sera superficiel et éphémère.

Au final, on constate que l'environnement devient de plus en plus une question importante dans

nos sociétés. Certaines organisations cherchent à récupérer cette question en leur faveur et elles

affichent des valeurs qui ne sont pas forcément les leurs. D'autres organisations sont

fréquemment citées comme modèles en environnement, à juste titre d'ailleurs, car elles

possèdent une vision à long terme et elles intègrent cette question dans leur stratégie. Pourtant,

ces deux types d'organisations peuvent obtenir une même certification ISO 14001 et avoir la

même perception de la part du grand public.

ISO 14001 se veut être une norme régissant les systèmes de gestion environnementaux, or des

entreprises peuvent être certifiées ISO 14001 sans avoir un réel impact sur l'amélioration de

l'environnement, ce qui est bien dommage. La problématique environnementale qui devait

trouver en ISO 14001 une solution possible, ne trouve finalement qu'un os à faire ronger par

l'opinion publique, en attendant mieux.

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises québécoises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 -


133

Figure 1.1 : Les trois composantes du développement durable (Boiral, acétate du cours MNG-

64819 : Les systèmes de gestion environnementale. Session automne 2000). Page 16.

Tableau 2.1 : Évolution du nombre de sites certifiés ISO 14001 par pays de 1995 à 1999 (site

www.iso.ch). Page 29.

Figure 2.2 : La roue de Deming (Froman, Gey, Laurans, 1998, page 59). Page 38.

Figure 2.3 : Les étapes d'ISO 14001 (Transport Canada 1999, site : www.tc.gc.ca). Page 39.

Figure 2.4 : Les trois aspects de la préoccupation environnementale (Boiral, 1996). Page 44.

Graphique 4.1 : Motivations pour la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Dana Canada. Page 69.

Graphique 4.2 : Difficultés lors de la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Dana Canada. Page 78.

Graphique 4.3 : Perceptions des répondants de Dana Canada sur des affirmations concernant les

performances environnementales. Page 91.

Graphique 4.4 : Motivations pour la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Norsk Hydro Canada.

Page 98.

Graphique 4.5 : Difficultés lors de la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Norsk Hydro Canada.

Page 108.

Graphique 4.6 : Perceptions des répondants de Norsk Hydro Canada sur des affirmations

concernant les performances environnementales. Page 121.



134

Annexe 1 : Guide d'entretien pour la fonction environnement. Page 135.

Annexe 2 : Guide d'entretien pour les gestionnaires et les opérateurs. Page 142.

Annexe 3 : Échelles d'attitudes. Page 148.

Annexe 4 : Grille d'interprétation. Page 155.

Annexe 5 : Fiche d'enregistrement des indices significatifs de préoccupation environnementale

chez Dana Canada. Page 163.

Annexe 6 : Plan de formation de Dana Canada. Page 164.

Annexe 7 : Politique environnementale de Norsk Hydro Canada. Page 167.

Annexe 8 : Calendrier des audits internes pour l'année 2001 chez Norsk Hydro Canada. Page 168.

Annexe 9 : Plan d'action environnementale pour 2001 de Norsk Hydro Canada. Page 169.

Annexe 10 : Rapport environnement de septembre 2001 de Norsk Hydro. Page 171.



133

Figure 1.1 : Les trois composantes du développement durable (Boiral, acétate du cours MNG-

64819 : Les systèmes de gestion environnementale. Session automne 2000). Page 16.

Tableau 2.1 : Évolution du nombre de sites certifiés ISO 14001 par pays de 1995 à 1999 (site

www.iso.ch). Page 29.

Figure 2.2 : La roue de Deming (Froman, Gey, Laurans, 1998, page 59). Page 38.

Figure 2.3 : Les étapes d'ISO 14001 (Transport Canada 1999, site : www.tc.gc.ca). Page 39.

Figure 2.4 : Les trois aspects de la préoccupation environnementale (Boiral, 1996). Page 44.

Graphique 4.1 : Motivations pour la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Dana Canada. Page 69.

Graphique 4.2 : Difficultés lors de la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Dana Canada. Page 78.

Graphique 4.3 : Perceptions des répondants de Dana Canada sur des affirmations concernant les

performances environnementales. Page 91.

Graphique 4.4 : Motivations pour la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Norsk Hydro Canada.

Page 98.

Graphique 4.5 : Difficultés lors de la mise en œuvre d'ISO 14001 chez Norsk Hydro Canada.

Page 108.

Graphique 4.6 : Perceptions des répondants de Norsk Hydro Canada sur des affirmations

concernant les performances environnementales. Page 121.



134

Annexe 1 : Guide d'entretien pour la fonction environnement. Page 135.

Annexe 2 : Guide d'entretien pour les gestionnaires et les opérateurs. Page 142.

Annexe 3 : Échelles d'attitudes. Page 148.

Annexe 4 : Grille d'interprétation. Page 155.

Annexe 5 : Fiche d'enregistrement des indices significatifs de préoccupation environnementale

chez Dana Canada. Page 163.

Annexe 6 : Plan de formation de Dana Canada. Page 164.

Annexe 7 : Politique environnementale de Norsk Hydro Canada. Page 167.

Annexe 8 : Calendrier des audits internes pour l'année 2001 chez Norsk Hydro Canada. Page 168.

Annexe 9 : Plan d'action environnementale pour 2001 de Norsk Hydro Canada. Page 169.

Annexe 10 : Rapport environnement de septembre 2001 de Norsk Hydro. Page 171.

Annexe 1 : Guide d'entretien pour la fonction environnement

135

Guide d'entretien pour la fonction environnement.

A- Informations générales sur l’entreprise A1 activité de l’entreprise (le nom reste confidentiel...)

o écrire activité ------------- o secteur

service industrie autres

A2 nombre d’employés - écrire nombre total d’employés --------------------------------------

A3 fonction environnement

- nombre total de personnes de la fonction environnement -------- - politique environnementale : se la procurer si possible avant les entretiens

A4 production

- type de production - importance de la production (par exemple tonnes d’aluminium produite par an)

A5 performances générales (si disponible) - voir s’il existe des informations générales sur les performances globales

(notamment financières) de l’entreprise (le but est éventuellement de voir s’il y a corrélation entre les performances environnementales et financières) - augmentation des ventes - augmentation des parts de marché - croissance des exportations - amélioration de la rentabilité - …

- de façon générale, par rapport aux autres usines du même secteur d’activité,

l’établissement étudié peut-il être considéré comme - très performant - au dessus de la moyenne - dans la moyenne - moins performant

- expliquer pourquoi


136

B- Informations générales sur le système de gestion environnementale de l’entreprise B0- Le contexte de la certification B0-1 Qu’est-ce qui a motivé l’entreprise d’adopter ISO 14 001? B0-2 La décision d’être certifié ISO 14 001 concerne-t-elle toutes les usines du groupe? Donc il s’agit d’une décision « imposée » par la haute direction? B0-1 Est-ce que l’entreprise exporte?

Est-ce que les activités d’exportation ont constitué une motivation pour adopter la norme?

Est-ce que les clients internationaux demandent la certification ISO 14 001? B1 La certification de l’entreprise B1-1 Informations sur la certification

- Depuis quand l’entreprise est-elle certifiée ISO 14 001 ? - Indiquer le nombre de mois

- La décision d’adopter la norme a-t-elle été prise par la direction de l’usine, par le

siège social ou par un autre acteur?

- Combien de temps a pris la mise en œuvre d’ISO 14 001 - Indiquer le nombre de mois entre la décision d’implanter la norme et le moment

de la certification

- Combien de temps a duré l’audit de certification ? - Indiquer le nombre de jours

- Quel type d’informations ont été vérifiées par les auditeurs ?

- Au total, combien a coûté la mise en œuvre d’ISO 14 001?

décomposer si-possible ces coûts (consultation, temps, etc.) B1-2 Les écarts avec le SGE de l’entreprise

- Avant d’entreprendre la mise en œuvre d’ISO 14 001, les écarts entre le système de gestion environnementale de l’entreprise (SGE) et les exigences de la norme étaient-ils : - Importants - Assez importants - Peu importants


137

- En bref, quels étaient ces principaux écarts?

B1-3 Le renouvellement de la certification

- L’entreprise envisage-t-elle de renouveler sa certification? - Si oui, pourquoi? - Si non, pourquoi?

B2 Informations et documents relatifs au système de gestion environnementale

- Peut-on se procurer la politique environnementale? B3 Planification du SGE B3-1 Aspects environnementaux

- Quels sont les principaux « aspects environnementaux » (activités ayant un impact environnemental) dont vous avez tenu compte dans votre SGE?

- Comment et par qui ces aspects ont-ils été établis?

Est-ce que le personnel a été impliqué dans la démarche? B3-2 Dispositions légales

- Est-ce que l’implantation de la norme a amélioré le contrôle de la conformité de l’entreprise au règlement, ou ce contrôle était-il déjà suffisamment bien assuré avant?

- Est-ce que l’implantation de la norme a amélioré le respect de la réglementation, ou

cela ne posait pas problème avant ?

- Utilisez-vous des supports informatiques (CD Rom par exemple) pour accéder et mettre à jour les informations sur la réglementation?

B3-3 Cibles et objectifs environnementaux

- Quels sont, en bref, vos principaux objectifs environnementaux? - Ces objectifs couvrent-ils réellement les principaux problèmes environnementaux de

votre entreprise? Si non, expliquer pourquoi

- Avez-vous atteint ces objectifs ou êtes-vous sur le point de les atteindre?

Est-ce grâce à la mise en œuvre d’ISO 14 001 ou cette dernière ne fait-elle que formaliser une démarche d’amélioration continue qui, de toute façons, existait déjà?


138

Selon-vous est-ce que le fait d’être certifié ISO 14 001 exerce une « pression »

importante pour contraindre l’entreprise à atteindre ses objectifs environnementaux? B3-4 Programmes environnementaux

- Quels sont les principaux programmes environnementaux mis en œuvre pour atteindre les objectifs environnementaux?

- Pensez-vous que, si l’entreprise n’avait pas adopté le système ISO 14 001, ces

programmes n’auraient pas vu le jour? B4 Mise en œuvre du SGE B4-0 Consultation

- Pensez-vous que les employés ont été suffisamment consultés dans cette démarche? - Quelle a été l’attitude du syndicat dans le cadre de la mise en œuvre d’ISO 14 001

(soutien actif, participation passive, résistances…) B4-1 Ressources humaines, physiques et financières

- Pensez-vous que les ressources humaines, physiques et financières affectées à l’environnement sont suffisantes?

- Est-ce que selon-vous la mise en œuvre d’ISO 14 001 a contribué à rendre

suffisantes ces ressources ? B4-2 Intégration et harmonisation du SGE

- Dans quelle mesure la norme ISO 14 001 a-t-elle été intégrée dans d’autres systèmes de gestion de l’entreprise?

- L’entreprise est-elle certifiée ISO 9000? Si l’entreprise est certifiée ISO 9000, dans quelle mesure les deux

systèmes ont-ils été intégrés? Si la mise en œuvre de ces 2 normes était à refaire, est-ce qu’il serait

souhaitable, tel qu’envisagé par la norme, de faire un seul et même système (qualité-environnement, ISO 9000-14001)?

- Outre la qualité, les procédures en santé-sécurité sont-elles intégrées à celles sur

l’environnement? - Si oui, comment? - Si non, pourquoi?


139

B4-3 Responsabilités techniques et personnelles

- Qui, dans votre entreprise, a la responsabilité technique générale du SGE ISO 14 001?

- Cette personne dispose-t-elle du pouvoir nécessaire pour promouvoir la norme?

- Est-ce que l'implantation d'ISO 14 001 a entraîné un changement dans les rôles et

les tâches quotidiennes de la fonction environnement ?

- Une fois implanté (ce qui demande bcp de travail), est-ce qu'ISO 14 001 ne permet pas d'alléger les tâches de la fonction environnement (le système étant "auto-entretenu") voire de réduire le personnel de cette fonction ?

B4-4 Formation et communication environnementales

- Quels ont été les résultats de l’évaluation des besoins de formation environnementale de votre entreprise demandé par la norme?

- Avez-vous réalisé des activités de formation suite à cette évaluation?

- Quelles mesures ont été mises en œuvre pour favoriser la communication

environnementale interne ?

- Quelles mesures ont été mises en œuvre pour favoriser la communication environnementale externe ?

Y-a-t-il eu des demandes d’informations externes, de la part du public, d’organismes ou d’associations environnementales à propos de votre SGE?

Comment avez-vous répondu à cette demande d’informations?

- Est-ce que vous communiquez vos objectifs environnementaux au public et de quelle façon ?

- Est-ce que vous estimez que cette communication constitue une incitation et un

engagement public à améliorer les performances environnementales ? B4-6 Documentation

- Avez-vous utilisé un système d’information informatisé pour la gestion de la documentation? - Si oui, lequel - Quels bénéfices en avez-vous retiré?

- Est-ce que votre SGE était déjà bien formalisé avant la mise en œuvre de la norme

ISO 14 001?


140

- Quels sont les principaux ajustements, au niveau de la documentation, qu’a exigé la mise en œuvre d’ISO 14 001?

- Considérez-vous que la mise à jour de la documentation exigée par ISO 14 001 est

un travail lourd et difficile? B5 Contrôle et audits B5-1 Contrôles d’exploitation

- Est-ce que la norme ISO 14 001 vous a aidé mieux contrôler vos activités de production ?

B5-2 Gestion des crises

- Pensez-vous que la mise en œuvre d’ISO 14 001 a permis de réduire les risques de situations d’urgence ou de crise environnementale?

B5-3 Audits et révisions du système

- À quelle fréquence réalisez-vous des audits internes?

- Quelles sont les personnes qui réalisent ces audits internes (spécialistes de la fonction environnement d’autres entreprises…)?

- Faites-vous toujours appel à des consultants externes pour maintenir votre SGE

(audits, formation, gestion de la documentation, conseils…)? - Pourquoi?

- En quoi ces audits vous-ont-ils été utiles?

- L’audit de certification réalisé pour obtenir la norme ISO 14 001 vous-a-il permis de

réaliser des améliorations réelles de votre SGE (grâce notamment aux conseils et recommandations des consultants) ?

- Étiez-vous informé, avant l’audit de certification, de la date de cet audit et des

principaux aspects à vérifier (types de documents, exigences de l’auditeur, etc.) ?

- Selon vous, passer quelques jours dans l’entreprise est-il suffisant pour comprendre et vérifier de façon sérieuse la politique, les plans, les procédures de l’entreprise, pour voir si cette dernière est «conforme» à ISO ?

- Selon certains, il serait plus facile d’obtenir la certification ISO que de la maintenir

(renouveler). Qu’en pensez-vous et pourquoi?

- Comment est réalisé la revue périodique du SME par la direction?


141

C- Informations générales sur les performances environnementales (données à colliger auprès de l’entreprise et du ministère de l’environnement) C1- Avantages généraux de la norme

- Selon vous, les entreprises certifiées ISO 14 001 sont-elles, en principe, moins

polluantes que celles qui ne le sont pas ? Expliquer pourquoi

- Avez-vous retiré des avantages économiques suite à l’implantation de la norme :

économies de matières ou d’énergies, réduction des coûts de dépollution, réduction des pénalités, etc.

Expliquer comment.

- Pensez-vous que la certification ISO 14 001 a permis à votre entreprise d’améliorer ses relations avec le public ou avec le gouvernement?

Expliquer pourquoi

- Êtes vous porté à faire plus confiance à un fournisseur certifié ISO 14 001 qu’à un autre?

- Comment le principe « d’amélioration continue » proposé par ISO 14 001 est-il

concrètement appliqué dans votre entreprise? C2- Améliorations des « performances environnementales »

- Quels sont les trois ou quatre principaux problèmes environnementaux auxquels votre entreprise est confrontée?

- Les « performances » de votre entreprise par rapport à ces aspects sont-elles

mesurées et documentées dans le cadre du système ISO 14 001 ?

- Peut-on constater des améliorations mesurables depuis que l’entreprise est certifiée ISO 14 001 ? - Si non, pourquoi ? - Si oui, est-il possible d’obtenir des informations à ce sujet (données

statistiques quelques années avant la certification et depuis la certification) ?

Annexe 2 : Guide d'entretien hors fonction environnement

143

Guide d'entretien hors fonction environnement

1- Informations générales sur le répondant

- fonction du répondant dans l’entreprise - écrire fonction ---------------------- - Fonction

- Service environnement - Gestionnaire - Opérateur - Autre

- Quel rôle jouez-vous (ou avez-vous joué) dans l’élaboration ou la mise en œuvre de ISO dans votre entreprise ?

- En quoi votre quotidien de travail a-t-il été changé depuis l’adoption de la

norme ISO 14 001

- Est-ce que vous pourriez préciser approximativement votre âge (sauf si femme?)?

2- Sur les motivations et les avantages de la certification ISO 14 001

2-1 Motivations

- Quelles ont été, dans votre entreprise, les raisons, les motivations pour adopter ISO 14001et entreprendre un processus de certification ?

- Est-ce que selon-vous l’implantation de la norme a été davantage motivée par des besoins internes (amélioration des pratiques de gestion, plus de rigueur, meilleure documentation) ou par l’anticipation ou plutôt par un souci de reconnaissance externe (image de l’entreprise, pression des clients, etc.) ?


144

- Est-ce que le gouvernement, des clients ou d’autres acteurs ont déjà exigé la certification ISO 14 001 (pour obtenir un contrat par exemple) ?

2-2 Résultats

- Selon vous, qu’est-ce que le fait d’être certifié ISO 14 001 a apporté de positif à votre entreprise ?

- Selon vous, le fait d’avoir une certification ISO 14 001, contribue-t-il à améliorer les

« performances environnementales » de votre entreprise ? Expliquer pourquoi

- Pouvez-vous donner des exemples précis d’améliorations environnementales

découlant de la mise en œuvre d’ISO 14 001?

- Est-ce que le fait d’être certifié ISO 14 001 vous a aidé à obtenir certains contrats ?

- Selon vous, les entreprises certifiées ISO 14 001 sont-elles, en principe, moins polluantes que celles qui ne le sont pas ?

Expliquer pourquoi

- Avez-vous retiré des avantages économiques suite à l’implantation de la norme : économies de matières ou d’énergies, réduction des coûts de dépollution, réduction des pénalités, etc.

Expliquer comment.

- Pensez-vous que la certification ISO 14 001 a permis à votre entreprise d’améliorer ses relations avec le public ou avec le gouvernement?

Expliquer pourquoi

- Votre entreprise a-t-elle exigé la mise en œuvre d’un système de gestion environnementale de type ISO 14 001 auprès de certains de ses fournisseurs?


145

3- Mise en œuvre 3-1 Consultation

- Comment avez-vous été impliqué dans la mise en œuvre du système ISO 14 001?

- Pensez-vous que les employés ont été suffisamment consultés dans cette démarche?

- Quelle a été l’attitude du syndicat dans le cadre de la mise en œuvre d’ISO 14 001 (soutien actif, participation passive, résistances…)

3-2 Ressources humaines, physiques et financières

- Pensez-vous que les ressources humaines, physiques et financières affectées à l’environnement sont suffisantes?

- Est-ce que selon-vous la mise en œuvre d’ISO 14 001 a contribué à rendre

suffisantes ces ressources ? 3-3 Intégration et harmonisation du SGE

- Dans quelle mesure la norme ISO 14 001 a-t-elle été intégrée dans d’autres systèmes de gestion de l’entreprise? - Vérifier par exemple l’intégration avec les normes ISO 9000 ou les normes

de santé-sécurité 3-4 Formation et communication environnementales

- Avez-vous reçu de la formation en environnement suite à la mise en place d’ISO 14 001?

- Pensez-vous que les employés auraient besoin de davantage de formation

environnementale?

- Vous sentez-vous suffisamment informé sur la situation environnementale de votre entreprise?


146

3-5 Connaissance du SGE

- Pourriez-vous décrire : - La politique environnementale de votre entreprise - Les principaux objectifs environnementaux

3-6 Documentation

- Considérez-vous que la mise à jour de la documentation exigée par ISO 14 001 est un travail lourd et difficile?

- Cela vous a-t-il paru plus lourd que pour la mise en œuvre du système ISO 9000 (si

l’entreprise est certifiée) ?

- Est-ce que vous consultez souvent la documentation relative à ISO 14 001 (procédures, instructions, politique environnementale, etc.)?

Pouvez-vous donner des exemples?

Dans certaines entreprises, la documentation ISO (procédures, instructions, plans) est rarement consultée (sauf avant un audit), qu’en est-il dans votre entreprise ?

- Êtes-vous impliqué dans la mise à jour des documents exigés par ISO 14 001?

- Est-ce que selon-vous cette documentation reflète bien ce que fait l’entreprise

(principe « écrire ce qu’on fait, faire ce qu’on écrit »)?

4- Défis et difficultés associées à la mise en œuvre de la norme 4-1 Respect de la documentation

- Est-ce que les travailleurs appliquent réellement à la lettre les procédures et les instructions de travail du système ISO ?


147

- Pourquoi ? - Que pensez-vous du principe «faire ce qu’on écrit, écrire ce qu’on fait» qui est au

centre du processus de mise en œuvre d’une norme ISO ?

- En pratique, ce principe s’applique-t-il, est-ce que les gens font effectivement ce qui est écrit et écrivent ce qu’ils font ? (Les employés ne prennent-ils pas des «raccourcis» dans l’exécution de certaines procédures?)

- Selon-vous, est-il possible de documenter, d'écrire, comme le demande ISO, les

compétences tacites (liées à une expérience subjective) et le savoir-faire des individus par rapport aux questions environnementales ?

- Est-ce que selon vous, les équipes de travail qui appliquent à la lettre les procédures

du système ISO sont plus efficaces que les autres ?

- Est-ce que les «non-conformités» sont systématiquement déclarées ?

4-2 Conditions de réussite

- La mise en œuvre de la norme s’est elle faite sans problèmes, sans résistance au changement dans l’entreprise ?

- oui - non - pourquoi ?

- Quelles sont selon vous les conditions pour réussir la mise en œuvre d’un système

de gestion ISO, en particulier pour que ce dernier soit accepté par l’ensemble du personnel ?

- Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui envisage d’être certifiée ISO 14

001 (sur la mise en œuvre de la norme, sur les relations avec les consultants...) ?

- Est-ce que, selon vous, les employés sont réellement mobilisés pour assurer la mise en œuvre et le suivi de ISO ? Pourquoi ?


148

- Comment parle-t-on de ISO dans l’entreprise ? Qu’est ce qui se dit à son sujet ? (Par exemple, dans certaines entreprises, c’est la « Bible » ; ...).

- Avez-vous des anecdotes à raconter à propos de la norme ISO ?

4-3 Philosophie de gestion

- Pensez-vous que votre entreprise a une philosophie de gestion participative, très à l’écoute des employés?

- Est-ce que le système de gestion ISO 14 001 vous semble en harmonie avec cette

philosophie de gestion, cette « culture » de votre entreprise?

5- Sur les audits, en particulier l’audit de certification

- Étiez-vous informé, avant l’audit de certification, de la date de cet audit et des principaux aspects à vérifier (types de documents, exigences de l’auditeur, etc.)?

- Selon vous, passer quelques jours dans l’entreprise est-il suffisant pour comprendre

et vérifier de façon sérieuse la politique, les plans, les procédures de l’entreprise, pour voir si cette dernière est «conforme» à ISO ?

- Expliquer

- Selon certains, il serait plus facile d’obtenir la certification ISO que de la maintenir (renouveler). Qu’en pensez-vous ?

Annexe 3 : Échelle d'attitudes

149

ÉCHELLES D’ATTITUDES

I- Motivations - Pouvez-vous évaluer, sur une échelle de 1 à 10, les motivations suivantes dans la mise en œuvre de ISO dans votre entreprise. 1 = pas importante 10 = très importante

Questions SCORES

1. Amélioration de l’image de l’entreprise et des relations avec le public

2. Répondre aux demandes des clients

3. Répondre aux attentes des banques ou des assurances

4. Améliorer les relations avec les pouvoirs publics (municipalités, ministère de l’environnement…)

5. Se différencier par rapport à la concurrence

6. Anticiper des pressions externes (gouvernements, clients, etc.)

7. Demande du siège social (si l’entreprise appartient à un groupe)

8. Apporter plus de rigueur à la gestion environnementale

9. Meilleur contrôle des comportements et des méthodes de travail pouvant avoir un impact sur l’environnement

10. Amélioration des « performances environnementales »

11. Fierté de la direction ou des employés

12. motivation et mobilisation des travailleurs


150

13. Éthique des dirigeants

14. Économies anticipées (économies de matières, d’énergies, etc.)

15. Autres (préciser)

II- Problèmes Pouvez-vous évaluer, sur une échelle de 1 à 10, l’importance des problèmes suivants éventuellement rencontrés dans votre entreprise dans la mise en œuvre de la norme.

1 = pas importante 10 = très importante

Questions SCORES

1. Efficacité incertaine (pour l’environnement)

2. Bureaucratie, paperasse

3. Contradictions entre les propositions de la norme (formalisme, démarche «top-down...) et la culture de l’entreprise (centrée par exemple sur la consultation, sur la participation des travailleurs, sur des relations plus informelles avec les employés)

4. Les coûts et le temps passé dans la mise en œuvre d’ISO 14 001

5. Beaucoup d’employés sont mal à l’aise avec les documents écrits (difficultés à lire et écrire, analphabétisme, n’aiment pas la «paperasse»...)

6. Manque de ressources humaines et financières pour implanter le système ISO 14 001

7. Manque de consultation du personnel dans la mise en œuvre de la norme


151

8. Convaincre et mobiliser les employés

9. Manque d’engagement et de leadership de la direction

10. Manque de formation sur ISO 14 001 et sur les questions environnementales en général

11. Autres (préciser)

III- Affirmations De façon générale, êtes-vous d’accord avec les affirmations suivantes à propos des entreprises ayant adopté la norme ISO 14001 (la question ne porte pas sur le cas particulier de l’entreprise du répondant).

1 = pas d’accord du tout 2 = peu d’accord 3 = assez d’accord 4 = tout à fait d’accord

Questions 1 2 3 4

PERFORMANCES, RÉSULTATS

1. Les entreprises certifiées ISO 14 001 ont de meilleures «performances environnementales»

2. Dans les entreprises certifiées ISO 14 001, les employés sont davantage sensibilisés aux questions environnementales

3. Il est difficile de mesurer les améliorations de la « performance environnementale » qui découlent de la mise en œuvre d’ISO 14 001

4. La certification ISO 14 001 apporte globalement une réduction des coûts dans l’entreprise (économies de matières, d’énergies…)

5. La certification ISO 14001 permet d’intégrer les questions


152

d’environnement dans la stratégie de l’entreprise

6. Les entreprises certifiées ISO 14 001 sont davantage portées à respecter la réglementation environnementale que les autres

7. La mise en œuvre d’ISO 14 001 permet de réduire les risques d’accidents ou de crises environnementales

8. La mise en œuvre d’ISO 14 001 améliore la gestion de la documentation relative à l’environnement

9. La mise en œuvre d’ISO 14 001 permet à l’entreprise de mieux connaître sa gestion environnementale et de l’améliorer

10. Avec ISO 14 001, les travailleurs sont plus conscients des impacts environnementaux de leur travail quotidien

11. La mise en œuvre d’ISO 14 001 améliore les performances commerciales de l’entreprise

12. Il est préférable de choisir un fournisseur certifié ISO 14 001 qu’un fournisseur qui ne l’est pas

13. Les avantages d’ISO 14 001 sont plus liés au processus de réflexion et de remise en cause qui accompagne la mise en œuvre de la norme qu’au fait d’être certifié

MOTIVATIONS

14. La majorité des entreprises implantent ISO 14 001 pour des raisons commerciales et marketing (image, exigences des clients...)

15. Les entreprises recherchent trop souvent la certification comme une fin en soi et pas assez comme un moyen pour s’améliorer

16. ISO 14 001 devient de plus en plus un « passeport » pour l’exportation

17. Pour beaucoup de dirigeants, la certification est une sorte de «diplôme organisationnel» qu’on veut afficher dans la devanture


153

de l’entreprise

18. Le gouvernement devrait inciter les entreprises à adopter ISO 14 001 et, en échange, relâcher certaines contraintes réglementaires

IMPLICATIONS SUR LE MANAGEMENT

19. La mise en œuvre d’ISO 14 001, si elle est réussie, permet à l’entreprise d’être «à la pointe» en matière de management

20. Les entreprises certifiées ISO 14 001 sont généralement mieux gérées que les autres

21. La certification ISO 14 001 favorise les remises en causes à l’intérieur de l’entreprise

22. La certification ISO 14 001 encourage la participation, la fierté et la mobilisation des travailleurs

23. ISO 14 001 est moins lourd à mettre en œuvre qu’ISO 9000

24. Il est plus facile de motiver le personnel avec une norme sur l’environnement (ISO 14 001) qu’avec une norme sur la qualité (ISO 9000)

25. ISO 14 001 permet de développer des préoccupations éthiques dans l’entreprise

26. Dans certaines entreprise, la certification ISO 14 001 peut permettre de faciliter les restructurations et le downsizing parce que les opérations de l’entreprise sont bien documentées quels que soient les changements au niveau du personnel (ce qui facilite notamment la formation des nouveaux employés)

LE PROCESSUS DE MISE EN ŒUVRE

27. Les entreprises tendent à sous-estimer le temps et les coûts nécessaires à la mise en œuvre d’ISO 14 001

28. Il est plus facile de mettre en œuvre ISO 14 001 dans les grandes entreprises que dans les PME

29. Lorsque la décision d’implanter ISO 14 001 répond à un


154

besoin interne et n’est pas «imposé» de l’extérieur (par les clients ou le gouvernement), sa mise en œuvre est plus facile et les résultats obtenus sont meilleurs

30. La collaboration des syndicats est indispensable à la réussite de l’implantation d’ISO 14 001

31. Il est très difficile d’écrire, de documenter l’expérience et le savoir-faire de certains employés

32. La certification ISO 14 001 engendre trop de bureaucratie

33. Le principe «écrire ce qu’on fait, faire ce qu’on écrit» des normes ISO n’est pas très réaliste (compétences tacites des employés)

34. Les pires grèves pour les entreprises sont les «grèves de zèle» (lorsque les employés appliquent à la lettre les procédures afin de bloquer l’organisation)

35. La résistance face à ISO 14 001 est en lien direct avec l’âge des travailleurs. Il est plus difficile pour les travailleurs les plus âgés d’appliquer le principe « faire ce que l’on écrit et écrire ce que l’on fait » (moins de formation, intégration des processus depuis plus longtemps et de manière moins consciente)

36. Pour limiter la «paperasse», il serait souhaitable de prévoir une seule norme qui intègre les préoccupations en qualité, environnement et éventuellement santé-sécurité au travail

37. Le développement du projet ISO 18000 sur la santé-sécurité au travail est une bonne chose

LES AUDITS ET LA CERTIFICATION

38. Les entreprises devraient moins faire appel à des consultants et davantage à leurs propres ressources pour implanter ISO 14 001

39. Une meilleure connaissance de la norme ISO 14 001 permettrait aux entreprises de réduire leur dépendance par rapport aux consultants chargés d’implanter la norme


155

40. Les audits de certification sont utiles pour améliorer la gestion environnementale de l’entreprise

41. La «paperasse» exigée par ISO 14 001 sert surtout aux consultants car elle facilite la réalisation des audits

42. Les normes ISO 14 000 représentent surtout un marché prometteur pour les consultants (audits, formation, certification...)

43. Il est nécessaire de passer plus de 2 ou 3 jours dans l’entreprise pour auditer son système de gestion environnementale

44. Les consultants externes qui auditent le système ISO 14 001 comprennent souvent mal ce qui se passe dans l’entreprise

45. Il est plus facile d’avoir le certificat ISO 14 001 que de le renouveler ensuite

46. Il est important que les entreprises renouvellent leur certification ISO 14 001

47. Le nombre de certifications ISO 14 001 est appelé à devenir aussi important que celui sur ISO 9000

Annexe 4 : Grille d'interprétation.

155

Grille d'interprétation Norme ISO 14001

Famille Thème global Thème

spécifique codé

No de

code

Description (regroupements des questions –réponses associées à chaque code)

Position de l'entreprise

Informations générales de l'entreprise

étudiée

0.1.1

Activité de l'entreprise, Nombre d'employés, Nombre de personnes dans

la fonction environnement, Type de production. Importance de la production,

Performances générales, Clients, Exportation, Comparaison avec les autres

usines du même secteur d'activité. Informations

générales sur le répondant interrogé

0.2.1 Fonction dans l'entreprise, Age approximatif, Rôle joué dans l'élaboration

d'ISO 14001.

Positionnement

Position du répondant

Perceptions d'ISO 0.2.2

Il est important que les entreprises renouvellent leur certification ISO 14001. Le nombre de certification ISO 14001 est

appelé à devenir aussi important que celui sur ISO 9000.

Rigueur de gestion et de

contrôle 1.1.1

Apporter plus de rigueur à la gestion environnementale, Amélioration de la gestion de la documentation relative à

l'environnement, Avoir un meilleur contrôle des comportements et des

méthodes de travail pouvant avoir un impact sur l'environnement. La mise en

oeuvre d'ISO 14001 permet à l'entreprise d'être à la pointe en matière de

management, Les entreprises certifiées ISO 14001 sont généralement mieux

gérées que les autres.

Motivations et fierté du

personnel 1.1.2

Fierté de la direction ou des employés, Motivation et mobilisation des travailleurs, La certification ISO 14001 encourage la participation, la fierté et la mobilisation

des travailleurs. Volonté

d'améliorer les performances

environnementales

1.1.3

La certification ISO 14001 permet d’intégrer les questions

environnementales dans la stratégie de l’entreprise, Amélioration des


Remises en cause internes et améliorations des

pratiques

1.1.4

Les avantages de ISO 14001 sont davantage liés au processus de réflexion et de remise en cause qui accompagne la

mise en œuvre de la norme qu’au fait d’être certifié. La certification ISO 14001

favorise les remises en causes à l'intérieur de l'entreprise.

Avantages économiques

internes 1.1.5

Économies anticipées (matiéres, énergies, etc), Avez-vous retiré des

avantages économiques suite à l'implantation d'ISO 14001 ? La

certification apporte globalement une réduction des coûts dans l'entreprise.

Motivations Motivations Internes

Décision "imposée" du

groupe 1.1.6

Demande du siège social, La décision d'être certifié ISO 14001 concerne-t-elle

toutes les usines du groupe ?


156

Autres… 1.1.7

Image de marque auprés du public,

des gouvernements

1.2.1

Pensez-vous que la certification ISO 14001 a permis à votre entreprise

d'améliorer ses relations avec le public ou avec le gouvernement ? Pour beacoup de dirigeants, la certification est une sorte de

"diplôme organisationnel" qu'on veut afficher dans la devanture de l'entreprise,

Amélioration des performances commerciales

1.2.2

Se différencier par rapport à la concurrence, Est-ce que le fait d'être

certifié ISO 14001 vous a aidé à obtenir des contrats ? Est-ce que des clients ont

déjà exigé la certification ISO 14001 ?

Aspects Internationaux 1.2.3

Est-ce que les activités d'exportation ont constitué une moivation pour adopter ISO

14001, Est-ce que les clients internationaux demandent la certification ISO 14001 ? ISO 14001 devient de plus en plus un passeport pour l'exportation

Répondre aux contraintes externes

1.2.4Anticiper des pressions externes,

Répondre aux attentes des banques ou des assurances,

Motivation Externes

Autres… 1.2.5 Aspects

Environnementaux

2.1.1Quels sont les principaux "aspects

environnementaux" dont vous avez tenu compte dans votre SGE ? Comment et par qui ces aspects ont-ils été établis ?

Dispositions légales 2.1.2

Est-ce que l’implantation de la norme a amélioré le contrôle de la conformité de l’entreprise au règlement, ou ce contrôle

était-il déjà suffisamment bien assuré avant? Est-ce que l’implantation de la

norme a amélioré le respect de la réglementation, ou cela ne posait pas problème avant ? Utilisez-vous des

supports informatiques (CD Rom par exemple) pour accéder et mettre à jour les informations sur la réglementation?

Les entreprises certifiées ISO 14001 sont davantage portées à respecter la

réglementation environnementale que les autres, Le gouvernement devrait inciter les entreprises à adopter ISO 14001, et,

en échange, relâcher certaines contraintes réglementaires,

Description du SGE

Planification d'ISO 14001

Cibles et objectifs environnementaux 2.1.3

Quels sont, en bref, vos principaux objectifs environnementaux? Ces

objectifs couvrent-ils réellement les principaux problèmes environnementaux

de votre entreprise? Avez-vous atteint ces objectifs ou êtes-vous sur le point de les atteindre? Est-ce grâce à la mise en

œuvre d’ISO 14 001 ou cette dernière ne fait-elle que formaliser une démarche d’amélioration continue qui, de toute

façons, existait déjà? Selon-vous est-ce que le fait d’être certifié ISO 14 001

exerce une « pression » importante pour contraindre l’entreprise à atteindre ses

objectifs environnementaux? Est-ce que vous communiquez vos objectifs

environnementaux au public et de quelle façon ?


157

Programmes environnementaux 2.1.4

Quels sont les principaux programmes environnementaux mis en œuvre pour

atteindre les objectifs environnementaux? Pensez-vous que, si l’entreprise n’avait pas adopté le système ISO 14 001, ces programmes n’auraient pas vu le jour?

Autres… 2.1.5

"écrire ce qu'on fait" 2.2.1

Cela vous a-t-il paru plus lourd que pour la mise en œuvre du système ISO 9000 (si l’entreprise est certifiée) ? Est-ce que votre SGE était déjà bien formalisé avant

la mise en œuvre de la norme ISO 14 001? Quels sont les principaux ajustements, au niveau de la

documentation, qu’a exigé la mise en œuvre d’ISO 14 001? Avez-vous utilisé

un système d’information informatisé pour la gestion de la documentation? Est-ce

que selon-vous cette documentation reflète bien ce que fait l’entreprise

(principe « écrire ce qu’on fait, faire ce qu’on écrit »)? Selon-vous, est-il possible

de documenter, d'écrire, comme le demande ISO, les compétences tacites (liées à une expérience subjective) et le savoir-faire des individus par rapport aux

questions environnementales ? Bureaucratie, Paperasse.

"lire ce que l'on a écrit" 2.2.2

Êtes-vous impliqué dans la mise à jour des documents exigés par ISO 14 001?

Considérez-vous que la mise à jour de la documentation exigée par ISO 14 001 est

un travail lourd et difficile? Est-ce que vous consultez souvent la documentation

relative à ISO 14 001 (procédures, instructions, politique environnementale,

etc.)? Dans certaines entreprises, la documentation ISO (procédures, instructions, plans) est rarement

consultée (sauf avant un audit), qu’en est-il dans votre entreprise? Beaucoup

d'employés sont mal à l'aise avec les documents écrits.

"faire ce qu'on écrit" 2.2.3

Est-ce que les travailleurs appliquent réellement à la lettre les procédures et les instructions de travail du système ISO ? Que pensez-vous du principe «faire ce

qu’on écrit, écrire ce qu’on fait» qui est au centre du processus de mise en œuvre

d’une norme ISO ? En pratique, ce principe s’applique-t-il, est-ce que les

gens font effectivement ce qui est écrit et écrivent ce qu’ils font ? (Les employés ne prennent-ils pas des «raccourcis» dans l’exécution de certaines procédures?) Est-ce que selon vous, les équipes de

travail qui appliquent à la lettre les procédures du système ISO sont plus

efficaces que les autres ? Est-ce que les «non-conformités» sont

systématiquement déclarées ?

Mise en œuvre : Documentation

Autres… 2.2.4


158

Considérations générales 3.1.1

Depuis quand l'entreprise est-elle certifiée ISO 14001 ? Par qui la décision d'adopter la norme a-t-elle été prise ? Combien de

temps a pris la mise en œuvre d'ISO 14001? Combien a coûté la mise en

œuvre d'ISO 14001 ? Implication de la

direction 3.1.2 Comment est réalisé la revue périodique du SME par la direction?

Rôle de la fonction

environnement 3.1.3

Qui dans votre entreprise a la responsabilité technique générale d'ISO 14001 ? Cette personne dispose t-elle du pouvoir nécessaire pour promouvoir la norme ? Est-ce que l'implantation d'ISO 14 001 a entraîné un changement dans les rôles et les tâches quotidiennes de la fonction environnement ? Une fois implanté (ce qui demande bcp de travail), est-ce qu'ISO 14 001 ne permet pas d'alléger les tâches de la fonction environnement (le système étant "auto-entretenu") voire de réduire le personnel de cette fonction ?

Ressources employées 3.1.4

Pensez-vous que les ressources humaines, physiques et financières

affectées à l’environnement sont suffisantes? Est-ce que selon-vous la

mise en œuvre d’ISO 14 001 a contribué à rendre suffisantes ces ressources ?

Intégration et harmonisation 3.1.5

Dans quelle mesure la norme ISO 14 001 a-t-elle été intégrée dans d’autres

systèmes de gestion de l’entreprise? Si l’entreprise est certifiée ISO 9000, dans quelle mesure les deux systèmes ont-ils été intégrés? Si la mise en œuvre de ces 2 normes était à refaire, est-ce qu’il serait souhaitable, tel qu’envisagé par la norme,

de faire un seul et même système (qualité-environnement, ISO 9000-

14001)? ISO 14001 est moins lourd à mettre en oeuvre qu'ISO 9000. Outre la qualité, les procédures en santé-sécurité

sont-elles intégrées à celles sur l’environnement? Le développement du

projet ISO 18000 sur la santé-sécurité au travail est une bonne chose. Pour limiter

la paperasse, il serait souhaitable de prévoir une seule norme qui intègre les

préoccupations en qualité, environnement et éventuellement santé-sécurité au

travail.

Mise en oeuvre Processus

Communication environnementale

Interne 3.1.6

Quelles mesures ont été mises en œuvre pour favoriser la communication

environnementale interne ? vous sentez-vous suffisamment informé sur la

situation environnementale de votre entreprise?


159

Communication environnementale

Externe 3.1.7

Quelles mesures ont été mises en œuvre pour favoriser la communication

environnementale externe ? Y-a-t-il eu des demandes d’informations externes, de la part du public, d’organismes ou d’associations environnementales à

propos de votre SGE? Comment avez-vous répondu à cette demande d’informations? Est-ce que vous

communiquez vos objectifs environnementaux au public et de quelle

façon ? Est-ce que vous estimez que cette communication constitue une

incitation et un engagement public à améliorer les performances

environnementales ? Autres… 3.1.8

Consultation et implication des

employés 3.2.1

Est-ce que le personnel a été impliqué dans la démarche de détermination des

aspects ? Comment avez-vous été impliqué dans la mise en œuvre du

système ISO 14 001?Pensez-vous que les employés ont été suffisamment

consultés dans cette démarche? Quelle a été l’attitude du syndicat dans le cadre de la mise en œuvre d’ISO 14 001 (soutien

actif, participation passive, résistances…), La collaboration des

syndicats est indispensable à la réussite de l'implantation d'ISO 14001.

Mobilisation des employés 3.2.2

La mise en œuvre de la norme s’est elle faite sans problèmes, sans résistance au

changement dans l’entreprise ? La résistance face à ISO 14001 est en lien direct avec l'âge des travailleurs, Il est

plus difficile pour les travailleurs les plus âgés d'appliquer le principe "faire ce que l'on écrit et écrire ce que l'on fait". Est-ce

que, selon vous, les employés sont réellement mobilisés pour assurer la mise en œuvre et le suivi de ISO ? Pourquoi ?

Formation environnementale 3.2.3

Quels ont été les résultats de l’évaluation des besoins de formation

environnementale de votre entreprise demandé par la norme? Avez-vous

réalisé des activités de formation suite à cette évaluation? Avez-vous reçu de la formation en environnement suite à la mise en place d’ISO 14 001? Pensez-vous que les employés auraient besoin

de davantage de formation environnementale?

Connaissance du SGE 3.2.4

Pourriez-vous décrire la politique environnementale de votre entreprise et

pourriez-vous décrire les principaux objectifs environnementaux, Informations sur la méconnaissance ou l'indifférence

vis-à-vis de la norme.

Dimension Humaine

Philosophie de gestion 3.2.5

Pensez-vous que votre entreprise a une philosophie de gestion participative, très à

l’écoute des employés? Est-ce que le système de gestion ISO 14 001 vous

semble en harmonie avec cette philosophie de gestion, cette « culture »

de votre entreprise?


160

Autres… 3.2.6

Rôle des consultants 3.3.1

Faites-vous toujours appel à des consultants externes pour maintenir votre SGE ? Les entreprises devraient moins

faire appel à des consultants et davantage à leurs propres ressources

pour implanter ISO 14001. Une meilleure connaissance de la norme ISO 14001

permettrait aux entreprises de réduire leur dépendance par rapport aux consultants

chargés d'implanter la norme. Les normes ISO 14000 représentent surtout

un marché prometteur pour les consultants.

Audit Interne 3.3.2

À quelle fréquence réalisez-vous des audits internes? Quelles sont les

personnes qui réalisent ces audits internes (spécialistes de la fonction

environnement d’autres entreprises…)? En quoi ces audits vous-ont-ils été utiles?

Préparation de l'audit de

certification 3.3.3

Étiez-vous informé, avant l’audit de certification, de la date de cet audit et des

principaux aspects à vérifier (types de documents, exigences de l’auditeur,

etc.)?La paperasse exigée par ISO 14001 sert surtout aux consultants car elle

facilite la réalisation des audits

Réalisation de l'audit de

certification 3.3.4

Combien de temps a duré l’audit de certification ? Quel type d’informations ont

été vérifiées par les auditeurs ? Selon vous, passer quelques jours dans

l’entreprise est-il suffisant pour comprendre et vérifier de façon sérieuse la politique, les plans, les procédures de l’entreprise, pour voir si cette dernière est

«conforme» à ISO ? Les consultants externes qui auditent le système ISO

14001 comprennent souvent mal ce qui se passe dans l'entreprise,

Suivi de l'audit de certification 3.3.5

L’audit de certification réalisé pour obtenir la norme ISO 14 001 vous-a-il permis de

réaliser des améliorations réelles de votre SGE (grâce notamment aux conseils et recommandations des consultants) ?

L'entreprise envisage-t-elle de renouveler sa certification ? Selon certains, il serait plus facile d’obtenir la certification ISO que de la maintenir (renouveler). Qu’en

pensez-vous et pourquoi?

Audit et consultation

Autres… 3.3.6 Changements

constatés depuis la certification

ISO 14001

4.1.1

En quoi votre quotidien de travail a-t-il été changé depuis l'adoption d'ISO 14001 ?

Importance des écarts entre le SGE et les exigeances de la norme, Quels étaient les

principaux écarts ?

Implications de la mise en

œuvre d'ISO 14001

Implications générales

Relation avec les fournisseurs 4.1.2

Êtes vous porté à faire plus confiance à un fournisseur certifié ISO 14001 qu'à un autre ? Votre entreprise a-t-elle exigé la mise en œuvre d'un système de gestion

ISO 14001 auprés de certains de ses fournisseurs ? Il est préférable de choisir un fournisseur certifié ISO 14001, qu'un

fournisseur qui ne l'est pas.


161

Le vécu de la norme 4.1.3

Avez-vous des anecdotes à raconter à propos de la norme ISO ? Comment parle-t-on de ISO dans l’entreprise ? Qu’est ce qui se dit à son sujet ? (Par exemple, dans certaines entreprises,

c’est la « Bible » ; ...).

Conditions de réussite 4.1.4

Quelles sont selon vous les conditions pour réussir la mise en œuvre d’un

système de gestion ISO, en particulier pour que ce dernier soit accepté par

l’ensemble du personnel ? Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui

envisage d'être certifié ISO 14001 (sur la mise en oeuvre de la norme, sur les

relations avec les consultants) ? Lorsque la décision d'implanter ISO répond à un besoin interne et n'est pas imposé de l'extérieur, sa mise en oeuvre est plus facile et les résultats sont meilleurs.

Autres… 4.1.5

Dichotomie des propositions de la

norme avec le style de

management

4.2.1

Contradictions entre les propositions de la norme (formalisme) et la culture d'entreprise (consultation). Dans

certaines entreprises, la certification ISO facilite les restructurations et le

downsizing parce que les opérations de l'entreprise sont bien documentées quels que soient les changements au niveau du

personnel. La mise en oeuvre d'ISO 14001 permet à l'entreprise d'être à la

pointe en matière de management, Les entreprises certifiées ISO 14001 sont généralement mieux gérées que les

autres.

Lourdeur bureaucratique 4.2.2

La certification ISO 14001 engendre trop de bureaucratie. Les pires grèves pour

les entreprises sont les "grèves de zèle" (lorsque les employés appliquent à la lettre les procédures afin de bloquer

l'organisation).

Compétences inadaptées des

employés 4.2.3

Beaucoup d'employés sont mal à l'aise avec les documents écrits

(analphabétisme...). Selon vous, est-il possible de documenter, d'écrire, comme le demande ISO, les compétences tacites et le savoir-faire des individus par rapport

aux questions environnementales ? Le principe "écrire ce qu'on fait, faire ce

qu'on écrit" des normes ISO 14001 n'est pas très réaliste (compétences tacites

des employés).

Temps et coûts 4.2.4

Au total, combien a couté la mise en œuvre d'ISO 14001 ? Décomposer si

possible ces coûts. Combien de temps à pris la mise en œuvre d'ISO 14001 ? Les coûts et le temps passé dans la mise en

œuvre d'ISO 14001.

Difficultés

Autres… 4.2.5


162

Mesure des performances 4.3.1

Quels sont les trois ou quatre principaux problèmes environnementaux auxquels

votre entreprise est confrontée (être aussi spécifique que possible, par exemple la

réduction des émissions atmosphériques de fluorures, etc.) ? Les « performances »

de votre entreprise par rapport à ces aspects sont-elles mesurées et

documentées dans le cadre du système ISO 14 001 ?

Effets sur les performances 4.3.2

Selon vous, les entreprises certifiées ISO 14 001 sont-elles, en principe, moins

polluantes que celles qui ne le sont pas ? Peut-on constater des améliorations

mesurables depuis que l’entreprise est certifiée ISO 14 001 ?

Logique d'amélioration

continue 4.3.3

Comment le principe « d’amélioration continue » proposé par ISO 14 001 est-il

concrètement appliqué dans votre entreprise?

Contrôle des activités de production

4.3.4Est-ce que la norme ISO 14 001 vous a

aidé mieux contrôler vos activités de production ?

Gestion des situations d'urgence

4.3.5Pensez-vous que la mise en œuvre d’ISO 14 001 a permis de réduire les risques de

situations d’urgence ou de crise environnementale?

Performances Environnementale

Autres… 4.3.6

ISO 14001 et l'éthique 4.4.1

Est-ce que la mise en oeuvre d'ISO 14 001 a favorisé le développement de valeurs et d'une éthique environnementale à l'intérieur de l'entreprise ? Est-ce que le système de gestion ISO 14 001 pourrait être utilisé et élargi pour promouvoir des valeurs éthiques (politique sur l'éthique et l'environnement, objectifs et plans touchant l'éthique et l'environnement, etc.) ?

Les implications d'ISO 14001 et

l'éthique 4.4.2

Est-ce que selon-vous la mise en oeuvre de la norme a permis de donner de l'entreprise une image plus "éthique" à l'extérieur, auprès du public, des clients, des administrations ? Est-ce que les employés sont fiers de cette image éthique et comment cela se traduit-il au niveau de leurs comportements ?

La documentation et l'éthique 4.4.3

Est-ce que le principe "écrire ce qu'on fait, faire ce qu'on écrit" d'ISO 14 001 a permis de réduire les écarts souvent fréquents entre les discours à propos de l'environnement et les actions réelles des individus et de l'entreprise? avez-vous des exemples ?

Éthique

Autres… 4.4.4

Annexe 5 : Fiche d'enregistrement des indices significatifs de préoccupation environnementale.

163

Annexe 6 : Plan de formation.

164


165


166

Annexe 7 : Politique environnementale.

167

Annexe 8 : Calendrier des audits internes.

168

Annexe 9 : Plan d'action environnementale.

169

Annexe 9 : Plan d'action environnementale.

170

Annexe 10 : Rapport environnement.

171

Coquet Guillaume - Verba volant, scripta manant, le cas de deux entreprises certifiées ISO 14001 - Avril 2002 - Bibliographie.


172

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