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Nomanza P., Desfossés C., Vinay J., Gitiaux F., Mellul M., Lhez R.– Mexico et l’eau en 2040– 02/2007
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Observatoire du Management Alternatif Alternative Management Observatory
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Scénario
Veolia Environnement, Mexico et l’eau en 2040
Pablo Nomanza, Carole Desfossés, Julie Vinay Florent Gitiaux, Matthieu Mellul, Romain Lhez
Février 2007
Majeure Alternative Management – HEC Paris 2006-2007
Nomanza P., Desfossés C., Vinay J., Gitiaux F., Mellul M., Lhez R.– Mexico et l’eau en 2040– 02/2007
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Genèse du présent document
Ce travail a été réalisé dans le cadre du cours « Scenario Planning » donné par Karim Medjad
et Rafael Ramirez dans le cadre de la Majeure Alternative Management, spécialité de
troisième année du programme Grande Ecole à HEC Paris. La technique des scénarios
consiste à imaginer plusieurs futurs possibles afin notamment de vérifier en quoi et jusqu'à
quel point la politique suivie sur une question donnée est pertinente. Les commanditaires sont
fictifs.
Origin of this document This work has been performed on the occasion of the “Scenario Planning” course taught by
Karim Medjad and Rafael Ramirez in the Alternative Management Major, a 3rd year
specialized track à HEC Paris. Scenarios techniques enable to devise several different
possible futures, against which is possible to test the extent to which a current strategy /
policy on a given matter is sustainable. The customers are fictitious.
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Avant-propos Principe de l’exercice scénario planning La méthode des scénarios est utilisée depuis quarante ans par les grandes entreprises et depuis plus longtemps encore par les militaires et les agences gouvernementales. Elle reste néanmoins assez méconnue et ce, pour diverses raisons qui tiennent autant au secret entretenu autour des scénarios militaires qu’au culte dont certains travaux prophétiques ont pu faire l’objet (notamment les scénarios élaborés par Shell qui envisageaient en 1972 l’éventualité du krach pétrolier de 1973). La méthode n’a pas pour objet de prédire ou de pronostiquer l’avenir. Elle sert à imaginer non pas un, mais plusieurs futurs possibles - les scénarios - afin notamment de tester la robustesse et l’adaptabilité d’une stratégie envisagée. Le processus fait autant appel à la créativité qu’à la rigueur. Chaque scénario décrit un paradigme cohérent, résultant d’un cheminement historique logique, lui-même construit à partir de l’analyse et de la combinaison de données quantitatives et qualitatives, à court et à long terme. L’exercice est par essence multidisciplinaire et permet, lorsqu’il est réussi, de remettre en cause certaines certitudes et le cas échéant, de repenser certaines orientations. Pour une entreprise, les scénarios sont un outil important de réflexion stratégique. Il s’agit aussi d’un exercice de travail de groupe, qui permet de valoriser les divergences éventuelles et de clarifier des objectifs communs au-delà des fonctions et priorités spécifiques des uns et des autres. L’objectif est d’aboutir à une position critique et constructive sur la façon dont l’entreprise a intégré les aléas de son marché et anticipé les mutations à venir. A-t-elle tiré les « bonnes » leçons du passé et s’est-elle bien préparée à faire face à l’avenir ? Si tel est le cas, sa stratégie actuelle doit être compatible (ou rapidement adaptable) à des situations potentiellement inédites. Bénéficiaire Les scénarios étant par définition relatifs, il est essentiel de les élaborer pour le compte d’un bénéficiaire précis, de clarifier la question posée et d’en fixer l’échéance. Par exemple, la question « quel avenir pour le téléphone mobile ? » n’a pas le même sens selon qu’elle est posée par Google, le gouvernement sénégalais, France Telecom, la CIA ou Nokia : l’angle, l’interrogation sous-jacente et l’échéance ne sont pas les mêmes. L’exercice scénario planning dans la Majeure Alternative Management Un exercice de scénario peut prendre de quelques jours à plusieurs mois, tout dépend des objectifs. Le scénario que vous allez lire est le résultat d’un travail réalisé par les étudiants de la Majeure. Il a été réalisé en trois jours. Dans ce cas, l’ambition se limite à la production de « mini-scénarios », permettant d’identifier et de décrire sommairement quelques futurs possibles et plausibles. Les clients (ou commanditaires) qui apparaissent dans les exercices sont fictifs. Le résultat de l'exercice se présente sous deux formes distinctes. D'une part, une version powerpoint offre une synthèse du contexte et du cheminement logique ayant conduit aux 3 ou 4 scénarios obtenus. D'autre part, une version word présente sous une forme narrative une description plus détaillée du paradigme auquel correspond chacun des scénarios.
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Mexico et l’eau
Résumé : Ces trois scénarios décrivent des paradigmes alternatifs - et peut-être cumulables pour la distribution de l’eau à Mexico en 2040 du point de vue d’un acteur majeur du secteur - Veolia. Le premier, « Business as Usual » (BAU) décrit un univers où les prestations en la matière sont hétérogènes et où les questions environnementales et humaines ont été partiellement solutionnées par la technologie. Le deuxième scénario, « Mad Max », décrit un univers de dérégulation effrénée, où la puissance publique s’est retirée sans soucis d’un service public minimum. Il en résulte une offre de l’eau territorialement fragmentée, où l'accès aux services environnementaux n'est pas équivalent pour tous. Le marché n'a aucun effet autorégulateur, les grands opérateurs de services environnementaux ne s'articulent plus avec les pouvoirs publics et ont recentré leur offre sur les populations solvables Le troisième scénario, intitulé « Zen », décrit un monde où la société civile est parvenue à imposer une forme de démocratie participative et à mettre en place des mécanismes de coopération à partir d’initiatives locales.
Mots-clés: Gestion de l’eau, marché, démocratie participative
Water in Mexico city Abstract: These three scenarios describe alternative but possibly cumulative paradigms for water distribution in Mexico City in 2040 from the standpoint of a major player in the sector, namely Veolia. The first, Business as Usual (BAU), describes a universe where services are heterogeneous and where technology has resolved in part environmental and human issues. The second scenario, « Mad Max », describes a universe of unleashed deregulation, where the state has stepped back without securing a minimum public service. The outcome is an offer for water that is territorially fragmented and where access to environmental services is not the same for everyone. The market remains immune from self-regulation, the main distributors of environmental services no longer co-ordinate their activities with public institutions and have centred their offer on the wealthier segment of the population. The third, called « Zen », describes a world where the civil society has managed to impose some kind of participatory democracy and to set up cooperation mechanisms based on local initiatives. Key words: Water management, market, participatory democracy
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Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Veolia Environnement, Mexico et l’eau en 2040
Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Agenda
• Données clefs• Trois scénarios• Scénario BAU• Scénario Zen• Sc. Madmax• Recommandations pour Veolia
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Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Données clefs
• Acteurs : Veolia, Suez, Aguas de Barcelona• Proactiva (filiale Veolia) dessert 2,4 millions de personnes à Mexico• Eau
– 36000 l/s– 5% =bonne qualité / 22% acceptable / 49% peu polluée / 17% pollution
moyenne / 7% très polluée• Mexico
– 18 millions d’habitants (IDH = 0,88 vs 0,8 au niveau national)– Jefe de gobierno : Alejandro Encinas Rodriguez (PRD) a remplacé
Andres Manuel Lopez Obrador.– Budget du DF = 85 milliards de pesos soit 6 milliards d’euros. Servicios
generales (Police + eau + énergie) = 13% du budget– Nezahualcoyolt principal bidonville = 1,5 millions d’hab
• Secteur informel au Mexique– 30% de la pop active – estimation PIB = 38%
Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Marché Hommes et environnement
Etat/collectivité
MadmaxSatisfaction des besoins/Tension
BAUConcessions
Prestations hétérogènesQuestion de l’environnement et des hommes partiellement solutionnée par la technologie
et la croissance
Démocratie participative
Négociation,coopération acteurs,
Initiatives locales
RSE
Dominante marché
Dominante hommes et environnement
Dominante Etat
Trois scénarios
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Scénario les mégapoles du Sud en 2040
2040 – Business As Usual
Institutions mondiales
Gouvernement fédéralInvestissement public
Infrastructures privées concentrées sur les
zones solvablesCroissanceéconomique
Action publiquepartielle sur les zones
les plus pauvresInvestissementprivé local
Dégradation des conditions sanitaires
Augmentationdu prix
¼ secteur
Pression sur la ressource
Densité de population
causalitéinjonctionaction corrective
Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Scénario BAU
Marché Etat
● La logique de marché l’emporte sur l’Etat
● Les facteurs humains et environnementaux sont jugulés par la technologie et une politique prudente
● Le marché a un effet autorégulateur, l’accès aux services n’est cependant pas égal pour tous
● Les grands opérateurs privés de services environnementaux obtiennent des concessions d’une durée déterminée et se concentrent sur une partie (rentable) de la ville
● l’Etat et la collectivité concentrent leurs efforts sur les zones non rentables (action peu efficace)
Partis pris
Pas de ruptures drastiquedans ce scénario
● Social : la croissance économiqueet un gouvernement modérépermettent de garder une situation calme
● Environnemental: La crise écologique annoncée depuis près d’un demi-siècle n’a pas eu lieumais la situation ne s’améliore pas (raréfaction des ressources, réchauffement climatique)
● Technologique : Des technologiescomme les filtres à air ou les voitures hybrides sont mises au point. Nouvelle découverte scientifique (2023) toujours pas applicable à grande échelle.
Points de rupture imaginés
La ville est segmentée géographiquement entre :
● des quartiers riches: qui ont accès au services de Proactiva (filiale de Veolia) car le niveau de vie des habitants leur permet de payer des services don’t les prix augmentent
● des bidonvilles où les service environnementaux sont pris en charge par l’économie informelle. Les concurrents de Veolia commencent à s’intéresser à ceszones car ils voient le moyen de prendre la place du leader.
● des zones intermédiaires,oùVeolia est présent mais délivre une qualité de service inégale (et où les clients ne sont pas tous solvables)
Situation en 2040
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Scénario les mégapoles du Sud en 2040
2040, Marché / hommes et environnement MADMAXPression
démographiquePression sur les
RessourcesHausse inégalités
Dégradation des conditions sanitaires
Initiatives locales
Risque d’explosions
socialesBanlieue 13
Diffusion techno propres/innovations
Envir. Awarness
Réactions ONG
Veoliaaugmente prix pour rentabilité
Désengagement de l’EtatAugmentation
risque pays : politique/financier/ corruption
Hausse des coûts pr les opérateurs
(plus de financement…)
Veolia en territoireInstable et ingérable
Economieinformelle
causalitéinjonctionaction corrective
Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Scénario Madmax
MarchéHommes
et environnem
ent
● La logique humaine et lesconséquences des catastrophesenvironnementales l'ont emportésur la logique de marché
● L'etat est affaibli et décrédibilisé
● Les grands opérateurs de servicesenvironnementaux ne s'articulentplusavec les pouvoirs publics et ont recentré leur Offre sur les populations solvables
● Le marché n'a pas eu d'effet autorégulateur et l'accès aux servicesenvironnementaux n'est paséquivalent pour tous
Partis pris
● Social :Une crise sanitaire vers2015 frappe les quatiers pauvres et classes moyennes : dûe à unmauvaise maintenance du système d'approvisionnement en eau, elle provoque en réaction unsoulèvement massif qui se traduitpar la constitution de groupes quigèrent collectivement et de manière autonome leurs déchets et leur accès à l'eau
● Environnemental:L'affaisemement de la ville à causedu désséchement des sols atteint un point critique et certaines zonesdeviennent invivables
● Technologique : Les ressources d'eau sont rares et les opérateurs semettent à alimenter les villes avec des pipelines
Points de rupture imaginés
Dans la ville se sont développées :
● des zones de non-droit, où lesopérateurs n'ont pas accès
● des zones autogérées hermétiques aux grands opérateurs,où l'accès est difficile etlimité
● des zonessécurisées,humainement etenvironnementalement; niches très rentables où les opérateurs fournissent des servicesenvironnementaux « haut degamme »
Situation en 2040
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Scénario les mégapoles du Sud en 2040
2040, état/ hommes et environnement
Pression démographique
densité
Inégalitédes services
Prix élevés PollutionDiminution des ressources
Remise en cause des acteursprivés globaux/ du marché
Initiatives locales, accessiblesenvironnementales par les communautés
Pression socialeforte
collectivité
Structuration d’une économie sociale, utilities efficientes
Nouveau paradigmemondial
Service bottom up sous tutelle publique/action privée à locale
éducation Benchmarkduplication BP
Implication des populations
injonctioncausalité
action corrective
Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Scénario Schtroumpf City
Etat / collectivités
Hommeset
environnement
● Les grandes entreprises privées se concentrent sur les quartiers aux taux de profits les plus élevés
● Les hommes sont capables de s’organiser (ONG, actions privéeslocales) de manière efficiente pour s’adapter à des évolutions brutales
●Les collectivités et l’état font preuvede pragmatisme et savent intégrer àtemps les critiques pour éviterl’explosion
Partis pris
● Social : Une crise sanitaire vers 2015 frappe les quatiers pauvres et classesmoyennes du fait d’une pressiondémographique trop forte : des actions locales efficientes sontmises en place.
● Environnemental : L'affaisemement de la ville à cause du désséchement des sols atteint un point critique et le simple recours àla technologie est insuffisant, des changements de mode de vie sontnécessaires.
● Changement du paradigmemondial
Points de rupture imaginés
Une nouvelle gouvernance estinstaurée :
● un démarche bottom up de sélection / duplication des actions locales
● une action partenariale ONG / état avec une décision finale qui reste au main de la puissance publique mais forte transparence(fréquentes consultations via les NTIC)
Situation en 2040
•Retrait des acteurs privés–Offre chère et inégale–Inefficacité
•Harmonie retrouvée avec les écosystèmes
–Usage responsable des ressources naturelles–Empreinte écologique en baisse–Diminution des problèmes liés à la pollution et à la santé / manque d’hygiène
•Nouvel ordre mondial–Echec des politiques libérales du début du millénaire–Coopération désormais étroite entre les institutions supranationales et les Etats
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Scénario les mégapoles du Sud en 2040
Scénario Schtroumpf City
Etat / collectivités
Hommeset
environnement
● Les grandes entreprises privées se concentrent sur les quartiers aux taux de profits les plus élevés
● Les hommes sont capables de s’organiser (ONG, actions privéeslocales) de manière efficiente pour s’adapter à des évolutions brutales
●Les collectivités et l’état font preuvede pragmatisme et savent intégrer àtemps les critiques pour éviterl’explosion
Partis pris
● Social : Une crise sanitaire vers 2015 frappe les quatiers pauvres et classesmoyennes du fait d’une pressiondémographique trop forte : des actions locales efficientes sontmises en place.
● Environnemental : L'affaisemement de la ville à cause du désséchement des sols atteint un point critique et le simple recours àla technologie est insuffisant, des changements de mode de vie sontnécessaires.
● Changement du paradigmemondial
Points de rupture imaginés
Une nouvelle gouvernance estinstaurée :
● un démarche bottom up de sélection / duplication des actions locales
● une action partenariale ONG / état avec une décision finale qui reste au main de la puissance publique mais forte transparence(fréquentes consultations via les NTIC)
Situation en 2040
Scénario les mégapoles du Sud en 2040
• Business as Usual :– Signes : pas de bouleversement majeur, la situation stagne– Recommandations : tendances correctives
• Zen : – Signes : pression démographique– Recommandations : sortie et changement de métier ?
• MadMax :– Signes : pression démographique constante et retrait de la puissance
publique, dérégulation croissante sans soucis d’un service minimum – Recommandations : RSE, anticipation et collaboration avec les acteurs
locaux, les ONG pour leur transférer la responsabilité des zones dont les gros acteurs ne peuvent s’occuper
Signes précurseurs et recommandations
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Table des matières
Premier scénario : Mexico, 2040, Business As Usual .......................................................... 12
Deuxième scénario : Mexico, 2040, Scénario Catastrophe, Mad Max .............................. 17
Troisième scénario : « Zen », Démocratie participative ..................................................... 20
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Premier scénario : Mexico, 2040, Business As Usual Une journée avec Marie Proglio-Díaz, DG du groupe Veolia Environnement Aux abords de la ville de Mexico, 2 juin 2040, 8h53 Quand l’hélicoptère de Marie Proglio aborde la ville de Mexico, l’air est déjà lourd et la
journée promet d’être caniculaire. Comme tous les étés depuis près d’un demi-siècle, la
température a gagné quelques dixièmes de degrés par rapport à l’année précédente.
L’hélicoptère ne s’est pas encore posé sur le toit de la tour qui abrite Proactiva, la filiale
mexicaine du groupe Veolia-Environnement qu’elle dirige avec succès depuis près de 10 ans.
Son assistant termine de lui détailler l’emploi du temps de sa journée sur l’hologramme de
l’appareil relié par onde à l’agenda électronique qu’il a apporté dans son sac. Il effleure
l’écran tactile : bilan semi annuel de Proactiva avec les principaux actionnaires, conférence de
presse, déjeuner avec l’adjoint du gouverneur de Mexico, et rendez-vous chez Morgan
Stanley. Il détaille la liste des interlocuteurs ainsi que les principaux enjeux de chaque
rencontre.
Le directeur de Proactiva arrive par la passerelle amovible qui se vient s’accoler à la porte de
l’hélicoptère pour accueillir les arrivants en personne. Marie esquisse un sourire : depuis
qu’elle a épousé Álvaro, fils de l’ancien ambassadeur d’Argentine, elle a une affection
particulière pour les filiales latino-américaines et leurs représentants.
- Hola buenos días. Bienvenue a Mexico, chère amie. J’espère que le voyage n’a pas été
trop long.
- Bonjour Juan, ne vous en faites pas, je suis arrivé hier de Buenos Aires. J’ai eu le
temps de récupérer. Comment s’annonce la conférence de presse ?
- Bien, bien, rassurez-vous, pas de surprise sur les résultats, il sera difficile d’y trouver
quelque chose à redire. Et hormis un ou deux inconditionnels du développement
durable, vous ne devriez pas être ennuyée par les journalistes.
- Vous plaisantez! Sauf le respect que je dois à vos compatriotes et vous Juan, combien
voulez vous parier que je n’échapperai pas à une question sexiste hors de propos ?
- Marie, enfin, nous savons tous les deux que vous êtes au dessus de ça n’est-ce pas ?
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Salle de réunion, siège de Pro-Activa, barrio Santa Fe, 9h14
Les deux collègues rejoignent les principaux membres du conseil d’administration. Juan fait
un présentation des résultats à mi-parcours de l’année. Proactiva est portée par la croissance
économique générale du pays et se porte bien. Son résultat net a augmenté de 9% depuis
l’année précédente. La pression sur les ressources a engendré un hausse des prix des services
qu’elle propose, mais cela dans une proportion raisonnable et étant donné que l’entreprise se
focalise sur les quartiers riches, le niveau de vie des clients augmente plus vite que les prix
pratiqués. Les difficultés potentielles de l’entreprise se situent plutôt à la périphérie du centre,
entre les quartiers des classes moyennes et les bidons villes, où les clients ne sont pas toujours
solvables et où il faut procéder à de plus en plus de coupure d’eau.
11h28, conférence de presse dans les locaux de Proactiva
Adolfo García, journaliste au Diario del pueblo : “Madame, pensez-vous qu’il est normal que
dans une ville développée comme la notre, certains quartiers comme celui de
Netzalhuatcoyolt ne soient pas reliés aux réseau d’eau potable de la ville ?
Marie Proglio : « Non, ce n’est pas normal. Tout le monde a droit à des conditions de vie
décentes, et l’accès à l’eau potable en fait partie. Les zones dont vous parlez ne dépendent pas
de Véolia. Le gouvernement fédéral et la municipalité de Mexico travaillent activement à ce
que des solutions soient mises en place pour les quartiers périphériques, et je ne peux
souhaiter comme vous que cela ne tarde pas. »
13h02, entre le quartier d’affaire et le vieux centre colonial, en direction du Zócalo, siège du
gouvernement fédéral et de la municipalité
Le taxi qui l’emmène vers le Zócalo, où elle a rendez vous longe le Parc Chapultepec. Le
moteur hybride fonctionne à l’électricité en dessous d’une certaine vitesse avant de basculer
sur le réservoir à essence. Quasiment toute la ville utilise ce genre de véhicules, ce qui permet
d’éviter trop d’émission de CO2, particulièrement quand les voitures sont prises dans les
embouteillages. Marie se distrait en lisant le journal. « La découverte qui avait permis à David
Wilson d’obtenir le prix Nobel de physique en 2022 débouche enfin sur une application
technologique potentiellement fabricable à grande échelle. Grâce aux efforts des laboratoires
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américains, il semble que la désalinisation de l’eau de mer puisse bientôt se faire à la chaîne et
à un coût relativement bas. Reste à savoir dans combien de temps cette technologie pourra
être mise en œuvre et si les Etats-Unis sont prêts à la mettre à disposition à un prix
raisonnable ». Depuis le temps qu’on en parle, cela ne sera sûrement pas démocratisé avant
encore une dizaine d’années.
13h42, déjeuner avec la ministre déléguée à l’environnement
Marie Proglio et la ministre commandent toutes deux un menu végétarien. Les compléments
alimentaires incorporés dans la salade sous forme de graines remplacent très bien les protéines
naturelles. Les deux femmes discutent informellement de l’évolution de la situation de la
ville, des différents prestataires d’utilities. Elles abordent les différentes pressions : la
dégradation des conditions sanitaire qui oblige le gouvernement à être de plus en plus prudent
sur sa politique environnementale, les institutions internationales qui leur imposent des règles
de plus en plus strictes. Le sujet n’est jamais abordé frontalement, mais toutes deux ont
également en tête l’échéance du mandat de Veolia à Mexico et la question de son
renouvellement. Marie sait qu’elle est bien placée dans la course et ne compte pas en débattre
aujourd’hui. Elle tient juste à préserver ses bonnes relations avec le gouvernement fédéral.
15h54 Rendez vous chez Morgan Stanley
Marie Proglio est un petit peu inquiète sur la situation de Proactiva. Il lui semble que le
capital est bien verrouillé mais elle craint malgré tout la montée en puissance d’Aguapura,
une multinationale mexicaine présente dans toute l’Amérique Latine qui commence à lui faire
concurrence et ne voudrait pas être prise par surprise par une OPA hostile. Son conseiller la
rassure, dans l’état actuel des choses, une OPA de la part de ses concurrents locaux est
inenvisageable. Cependant, Aguapura est une concurrente de plus en plus sérieuse, qui séduit
les populations par le travail qu’elle réalise dans les quartiers les plus pauvres en s’appuyant
sur les acteurs de l’économie informelle. Sa popularité est grande et si elle n’a pas les moyens
de lancer une OPA sur Proactiva, elle pourrait en revanche être une concurrente sérieuse dans
l’attribution de la prochaine concession sur l’eau et le traitement des déchets de la ville de
Mexico.
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19h06, Zona Rosa, salon l’appartement de Juan Vega
Marie et son collègue discutent de la journée écoulée et des impressions qu’ils ont eu tous les
deux. Ils évoquent à nouveau la stratégie de Veolia à Mexico et les points qui seront cruciaux
dans les mois à venir et les moyens les plus efficaces de conserver leur place de leader.
20h 57, vieux centre colonial
Marie est enfin libre de rejoindre son ami Patrice, ancien HEC de la même promotion qu’elle,
qui avait choisi la majeure “alter”, très avant-gardiste à l’époque. Patrice l’attend dans un
restaurant traditionnel. Il est membre de “Escucha tu Planeta”, une ONG latino-américaine
spécialiste des questions environnementales qui essaie de sensibiliser le grand public aux
gestes utiles à la préservation de l’environnement et fait pression sur les entreprises pour
imposer les bonnes pratiques.
- Marie, je suis ravi de te voir. Comment vas –tu ?
- Tu veux tout savoir ? Pas mécontente d’en avoir terminé avec les obligations du jour.
- Je t’avais prévenu que marcher dans les traces de ton père ne serait pas une sinécure,
alors que militer pour sauver les baleines, ça te garantit une croisière tous les six mois
au moins.
Les deux amis se connaissent de longue date et plaisantent toujours sur leurs parcours
respectifs. La conversation tourne vite autour de la situation de la ville.
- Proactiva marche bien, mais l’environnement de Mexico n’est pas favorable à notre
business. Malgré la croissance économique du pays et l’augmentation générale du
niveau de vie, les inégalités perdurent et il est très difficile de mettre en place un
réseau de services d’eau et de traitement des déchets uniforme. L’Etat ne possède pas
les moyens d’assurer un service minimum et nous ne pouvons pas nous permettre
d’aller dans les bidons villes. Cela ne donne pas une très bonne image de l’entreprise
dans la ville et certains préfèreraient voir une entreprise nationale s’occuper de ces
services.
- La situation est complexe. Les ONG et les petits acteurs de l’économie informelle
prennent le relais dans les quartiers les plus démunis lors des pénuries d’eau. Etant
donné que la crise écologique qu’on annonce depuis le début du siècle n’arrive
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toujours pas, les gens l’oublient ou ont tendance à penser que les technologies vont
tout solutionner. Le taux de conscience de la situation environnementale est
dramatiquement bas, et en dehors des pics de pollution et de chaleur, rien n’affole les
gens. Les filtres à air ne vont pas suffire éternellement, un jour on ne pourra plus sortir
de chez soi sans un masque à oxygène, mais en attendant, personne ne réagit.
- Patrice, tu dramatises un peu. Ce n’est pas l’apocalypse non plus.
- On ne se mettra jamais d’accord, tu feras toujours passer ton CA avant le bien-être
public.
- Mon CA qui permet à ma fondation d’aider les plus démunis et de financer des
ONG ... On ne va pas recommencer le débat !
- Tu as raison, le chapitre “professionnel” est clos pour ce soir. Comment va Álvaro ?
- Très bien. Il est resté à Buenos Aires avec les jumelles pendant que je venais faire un
petit tour chez nous. Elles n’ont pas souvent l’occasion de voir leurs grands-parents et
je crois qu’il est ravi d’avoir quelques jours de vacances avec elles sans moi…
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Deuxième scénario : Mexico, 2040, Scénario Catastrophe, Mad Max 2040 : 34 ans après Mexico 2006 et le forum mondial de l’eau
Lorsque l'avion express de Marie Proglio se pose à l'aéroport de Mexico, en ce matin
du 15 octobre 2040, elle sait qu'une semaine intense l'attend. Le 13ème forum Mondial de
l'eau qui s'ouvre le lendemain laisse envisager d'âpres négociations avec les autorités de la
ville déchue et Marie Proglio sait que ses concurrents lui mèneront la vie difficile.
Après avoir payé la taxe écologique de transport à la banque mondiale, elle prend ses
bagages et se dirige vers la sortie. L'aéroport est situé à l'Est de la ville, enclavé dans une zone
de non droit et le forum se tient tout à l'ouest, sur les hauteurs de Chapultepec. Marie Proglio
sait qu'elle ne peut emprunter les moyens de transports basiques pour traverser la ville : trop
dangereux. Un hélicoptère l'attend sur une partie privée de l'aéroport, c'est plus sûr. Les
journalistes eux prennent des bus hybrides sécurisés pour traverser la ville, ils en auront pour
1h30 au bas mot, compte tenu des embouteillages qui paralysent la ville à toute heure de la
journée.
Le vrombissement des pâles n'arrange rien au mal de tête de Marie Proglio, mais elle a
hâte de contempler des airs cette ville qui lui est chère. Au Nord et au centre, s'étend le gros
de la ville. Après les crises sanitaires des années 2015, et les crises sociales qui ont suivi, les
classes moyennes et les plus riches des classes pauvres ont véritablement crée des zones que
le marché a de plus en plus de mal à pénétrer. Personne n'était capable de fournir à ces
populations des services environnementaux adaptés. A l'époque, tout le monde considérait
que ça n'était pas rentable et pérenne pour un acteur mondial des services environnementaux
d'investir dans ces quartiers ou la demande solvable ne cessait de diminuer. Les conditions
sanitaires de certains quartiers étaient devenues de plus en plus inquiétantes, mais personne
n’avait réagit et était arrivé ce qu’il devait arriver. Durant l’été 2015, une épidémie de Fièvre
Mexicaine s’était déclarée dans un des quartiers Nord de la ville. La promiscuité aidant,
l’épidémie avait commencé à se répandre comme un feu de paille, provoquant psychose et
anarchie dans la ville. L’épicentre avait rapidement été détecté, il s’agissait de
Netzahualcoyolt un des quartiers les plus pauvres de la ville à l’époque, un ghetto accolé à la
plus grande décharge à ciel ouvert de la ville, les animaux y grouillaient, les problèmes
d’écoulement d’eau laissaient des mares d’eau crasseuses dans les rues en terres… En
quelques jours, la psychose s’était installée, les habitants avaient dévalisé les commerces et se
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barricadaient chez eux, les hôpitaux ne désemplissaient pas… Le gouvernement mexicain
s’était laissé rapidement débordé, il avait mis en quarantaine les hôpitaux et certains quartiers
sous surveillance militaire mais après quelques jours il avait demandé la mobilisation de toute
la communauté internationale. L’ONU et l’OMS envoyèrent des contingents et du matériel,
et conformément aux résolutions WHA48.211 de l’OMS, la ville s'est vue placée sous haute
surveillance, et divisé en Zones de sûreté, retranchées derrière des cordons sanitaires et des
postes frontières pour enrailler la propagation, alors qu’un campagne de vaccination générale
était menée dans la ville. Cette réactivité avait permis de rapidement contrôler et enrailler
l’épidémie, mais le mal était fait et une autre crise se préparait dont la ville était aujourd’hui le
reflet. On assista à des actions coup de poing menées par des « gangs » des favelas contre
certaines installations et camions des opérateurs environnementaux dans toute la ville.
Personne ne pouvait assumer les coûts de maintenance sans aide de l'Etat, mais depuis
longtemps déjà, l'Etat Mexicain avait croulé sous sa dette extérieure et perdu toute crédibilité
auprès de la population après le scandale de la Mexicain Interest Corp.
Il ne restait qu'un reliquat d'autorité publique sans moyens et aux mains liées par les sanctions
du Bloc Américain des Nations. En réaction, l'ingéniosité et le sens de l'innovation sociale
avaient segmenté les quartiers des classes moyennes et plus pauvre, en coopératives
d'autogestion environnementale à travers lesquels les citoyens assuraient la gestion de la
voirie, des déchets, et mutualisaient leur accès à l'eau. Ni les participations financières que
Veolia avait tentées de prendre dans les plus grandes de ces coopératives ni l'Offre de sous-
traitance n'avaient été acceptées par les comités citoyens. Seuls les contrats de rachat des
déchets et d'approvisionnement en eau restaient en vigueur, et les après négociations avec les
comités citoyens en faisaient des contrats peu rentables pour les grands opérateurs, obligés
pourtant par l'ONU a assuré un service minimum à ces populations. Au loin, Marie Proglio
aperçoit l’un des anciens quartiers historiques de la ville, celui-ci, lui explique-t-on est devenu
une zone de non-droit, cette partie de la ville s’est totalement affaissée, il y a quelques années.
Marie Proglio se souvient que déjà au début du siècle, Mexico City était confronté à cet
affaissement de la ville tant elle avait puisé dans les nappes aquifères souterraines.
Aujourd’hui, le quartier était juste désert et offrait une vision apocalyptique. Tout au Nord, là
même où l’épidémie s’était déclarée, s’étendent encore des ghettos, personne ne sait vraiment
ce qu’il s’y passe. Ces quartiers sont devenus très dangereux, et sont devenus le territoire de
diverse mafia de la drogue, plate-forme vers les Etats Unis.
Sous la brume constante qui recouvre Mexico, Marie Proglio distingue enfin le dôme
climatisé qui recouvre Chapultepec. La voilà arrivé. L'héliport est juste à côté du poste
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frontière, elle ne devrait pas perdre trop de temps avec les formalités, d'autant qu'elle est
attendu par le gouverneur en personne. Cette partie “propre” de la ville de Mexico regroupe
aujourd'hui près de 50 000 habitants, qui tous ont choisi Veolia pour leur contrat
d'approvisionnement en eau enrichie et en air pur débactérisé. Sa plus grande fierté, c'est
l'efficacité énergétique des centrales de cogénération situées à la périphérie du dôme
climatisé. En utilisant les surplus de déchets des quartiers Nord et centre, il alimente
constamment en énergie Chapultepec.
Marie Proglio se prépare, les enjeux du forum sont colossaux pour Veolia. Aujourd’hui en
Amérique latine, Veolia, qui avait finalement décidé de racheté intégralement Proactiva à
FCC en 2032 (jusque là c’était une JV), est en concurrence avec Suez sur les services
environnementaux « Haut de gamme », sur la niche des quartiers très riches, de petits marchés
avec fort taux de marges. Malheureusement ces quartiers étant devenus le seul marché
solvable et accessible, la situation n’est absolument pas confortable, de nouveaux acteurs
locaux mènent une guère des prix acharnés. Veolia a également dû développer depuis des
années un business de Pipe Line d’eau pour un acheminement sur des très longues distances.
Pour Mexico par exemple, il faut aller puiser l’eau jusqu’à plus 200 km de la ville. Les grands
acteurs de l’eau ont misé sur ce business de Pipe Line également en prévision de l’application
industrielle et de la démocratisation des processus de désalinisation…
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Troisième scénario : « Zen », Démocratie participative
Billet du 11 novembre 2040, 20h30.
Innovons ensemble pour l’eau de Netzahualcoyolt
Buenos dias,
Je sors d’une longue mais très encourageante réunion avec les dirigeants des ONG Agua
Popular, Compartamos, Unidos para el futuro. Vous pouvez trouver l’intégralité de la vidéo
de cette réunion au lien suivant. Nous sommes en passe de trouver des réponses aux questions
posées par la nouvelle vague d’expansion du quartier Netzahualcoyolt en terme
d’approvisionnement en eau à sa population.
Je reconnais que je n’avais pas d’idée préconçue sur les solutions possibles et de toutes façon
cela n’est pas plus mal, ma longue expérience à la tête du centre de cette agglomération, m’a
maintes fois prouvé que les initiatives émanant des citoyens eux-mêmes étaient plus
pertinentes qu’une décision unilatérale et bureaucratique, aussi séduisante que celle-ci puisse
paraître sur le papier. Les ONG présentes ont en effet su prendre en compte les réels besoins
de chacun en faisant participer l’ensemble de la population à la prise de décision : leur
méthode de comités de quartier fonctionne bien. Je félicite sincèrement ces organisations et
l’ensemble des habitants de Mexico pour cet effort commun : nous construisons ensemble un
futur plus juste pour la capitale.
Pas moins de 20 projets d’amélioration ont pu être recensés dans ces comités : ils requièrent
peu de ressources financières, permettent une réelle amélioration des conditions sanitaires et
s’inscrivent dans une relation durable avec l’écosystème. La négociation a été assez longue :
Blog de Diego Ramirez, gouverneur de la zone métropolitaine de
la ville de Mexico, 43 ans
Energies
Communautés et cultures
Notre ville et l’eau
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seuls les 3 initiatives les plus performantes seront développées et dupliquées avec le soutien
financier et logistique de la municipalité. Je travaille dans les jours prochains avec les experts
du service des eaux municipal pour affiner ces propositions. En vertu de la législation
participative en vigueur (loi du 25 juillet 2023), les citoyens de Netzahualcoyotl seront invités
à voter pour la solution qu’ils pensent être la plus adaptée. Le vote se fera par Internet ou sur
une des nouvelles bornes électroniques à commande vocale de son quartier lors la
consultation mensuelle de dimanche prochain.
¡El pueblo unido jamas sera vencido!
Vos commentaires sur ce billet :
Olga Medjado : C’est vrai que ce mode de concertation bottom up marche plutôt bien. Mais
les problèmes d’éducation, d’accès à l’information et de transparence de la décision peuvent
être perfectionnés pour qu’on ne risque pas de verser dans une apparence de participation. De
toutes façons je reste convaincue de la pertinence du modèle coopératif yougoslave de la fin
du 20ème siècle.
Billet du 03 octobre 2040, 18h30.
Pour le maintien de notre identité continentale
Buenas tardes,
Je me félicite une fois de plus du choix qu’a fait notre ville et notre pays de se désolidariser du
modèle économique et social, notamment en ce qui concerne la gestion de l’eau, prôné sans
relâche depuis plus d’un demi-siècle par les Etats-Unis et de construire sa propre voie au sein
d’une intégration structurée et solide du bloc continental Asociacion de las Américas. Vous
exprimez régulièrement votre accord avec cette politique au sein des consultations mensuelles
et c’est la raison pour laquelle le gouvernement a encore aujourd’hui refusé l’offre d’une
grande multinationale états-unienne CGW (Clean Global Water). Ils voulaient nous amener à
reprivatiser la gestion de l’eau du centre ville de Mexico. Même s’ils ont fait de vrais efforts
sur leur tarification et sur la qualité environnementale de leurs prestations, il est étonnant de
voir à quel point ils restent très loin de la diversité des situations de la ville de Mexico et
comment notre gestion collaborative et participative permet d’apporter des solutions
nettement plus efficaces et justes à moindre coût. Vous trouverez au lien suivant le détail de
leur proposition.
¡El pueblo unido jamas sera vencido!
Vos commentaires sur ce billet :
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Joseboveo_2040 : Reprivatiser l’eau ?!! Que chacun se rappelle le début du millénaire et la
paupérisation de la population qui n’avait pas accès à l’eau potable, les épidémies de malaria
et de typhoïdes se multipliaient pendant que ces riches multinationales nous parlaient
croissance économique et profits…sauf que c’était juste pour eux ! Nunca mas !
El Madelino : GWC et ses comparses ont certes fait des erreurs par le passé. Je reviens de
France et le système informatique de contrôle des fuites et de gestion efficiente des eaux à
domicile est proche de la perfection…on aurait quand même bien de çà chez nous.
Wolfowitz_2040 : le Mexique a raison de chercher sa propre voie, c’est une démarche qui se
révèle efficiente et que la Banque Mondiale soutient tant qu’elle s’inscrit dans des
perspectives de stabilité et de développement humain, économique et environnemental.