une tournée générale henri houben formation attac bruxelles 13 décembre 2011
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Une tournée Générale
Henri Houben
Formation Attac Bruxelles13 décembre 2011
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
Des débuts incertains
1815: défaite de Napoléon.Création des Pays-Bas.Guillaume en est le roi:Guillaume 1er des Pays-
Bas.1822: création de la SGB.C’est une société
anonyme.La SGB est possession du
roi.
Le royaume des Pays-Bas 1815-1830
Des débuts incertains
Les Pays-Bas sont un pays disparate;
- des régions Nord agricoles et commerçantes,
- une Flandre agricole et arriérée, sauf les villes (Gand, Anvers…),
- un sillon Sambre-et-Meuse qui s’industrialise rapidement autour du charbon et du métal,
- un centre financier qui se développe à Bruxelles.
Les lignes ferroviaires vers 1900Les ressources de la Belgique
Des débuts incertains
Guillaume 1er crée la «Société des Pays-Bas pour favoriser le développement de l’industrie nationale».
Son siège est à Bruxelles.Elle a des fonctions de banque centrale:
émission de monnaie pour le sud du pays.Son président est gouverneur, ses
administrateurs sont des directeurs.Elle crée des filiales et des agences en
Wallonie.Elle gère le patrimoine forestier de Guillaume.
Des débuts incertains
La révolution nationale met en cause l’existence de la banque.
Trop liée aux Pays-Bas. Ses directeurs sont tous hollandais.
Le nouveau parlement en prend le contrôle.Son gouverneur sera Ferdinand de Meeûs. Ses
directeurs des députes.Lors de la hausse de capital, Léopold 1er
devient un des principaux actionnaires.Elle devient la Société générale pour favoriser
l'industrie nationale.
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
Transformation en banque mixte
Très vite, l’agence de Mons prête abondamment aux firmes du coin.
Ce sont des charbonnages.
Ils viennent changer leurs effets de commerce pour avoir des liquidités.
Ces crédits sont reconduits automatiquement.
Cela devient des emprunts à long terme.
Il y a une relation de dépendance.
Transformation en banque mixte
ClientFirme C Firme B Firme Abiens biens biens
effets de commerce effets de commerce
Banqueliquidité
s
liquidités
Ces apports de liquidités deviennent des prêts long terme.
La chaîne de production
Transformation en banque mixte
En 1835, crise économique (déjà).Les charbons anglais inondent l’Europe et la
France du Nord.Or, c’est la principale zone d’exportation pour le
Borinage.Les charbonnages tombent en faillite.Pour la Générale, deux solutions:- on passe les banqueroutes en pertes et
profits;- on reprend les prêts en participations.Elle choisit la seconde option.
Transformation en banque mixte
Entre 1835 et 1838, c’est la frénésie d’achat.
La Générale devient actionnaire de charbonnages à Mons et Charleroi, de firmes métallurgiques à Charleroi et Liège.
Un concurrent apparaît: la Banque de Belgique, sous l’impulsion de Charles de Brouckère.
En 1838, nouvelle crise.
Les deux banques arrêtent l’achat d’actions.
Transformation en banque mixte
En 1848, nouvelle crise avec les Révolutions.La Banque de Belgique est quasi en faillite.Elle est sauvée par la Générale, mais n’en sera
plus concurrente.Le problème est la liquidité.Les titres ne peuvent être revendus lors d’une
récession.La banque ne peut répondre aux demandes de
court terme.En 1850, création de la Banque nationale pour
servir aussi de prêteur en dernier ressort.
Transformation en banque mixte
En 1835, introduction des chemins de fer en Belgique.
L’Etat établit le réseau de base: ligne Liège-Gand et Anvers-Mons.
Le reste est pour le privé.
Jusqu’en 1850, ce sont les capitaux anglais qui financent.
A partir de 1851, la Générale y investit aussi.
Les lignes ferroviaires vers 1900
Transformation en banque mixte
Durant tout le XIXème siècle, la Générale s’appuie sur trois secteurs:
- les charbonnages;
- la métallurgie, puis la sidérurgie;
- les chemins de fer.
Elle s’allie avec la banque Rothschild pour des opérations à l’étranger.
Transformation en banque mixte
Générale
mines sidérurgie chemins de fercharbon rail
actions et prêts actions et prêts
Système solide.Constitution d’un monopole pouvant imposer ses prix.Lors d’une crise, soutien financier par des prêts.
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
Le capital financier
Il y a trois formes de capital:
- capital industriel, qui produit biens et services;
- capital commercial, qui échange les biens;
- capital bancaire, qui échange le capital.
Le capital commercial et bancaire existe avant le capitalisme.
Il y a capitalisme quand le capital industriel s’impose et domine. Les autres le servent.
C-à-d quand il y a des rapports capitalistes.
Le capital financier
Dans chaque secteur il y a compétition.Chaque firme accumule du capital à partir de
ses avantages et des profits qu’elle en tire.Plus on est gros, plus on accumule.Ainsi, une firme leader s’impose et impose son
rythme d’accumulation.Les autres sont à court de capitaux.Ils les cherchent là où ils sont: dans les
banques.Les banques deviennent…capitales.
Le capital financier
La Générale en est un exemple type.
Les charbonnages borains peinent face aux mines anglaises.
Ils sont aidés par la banque.
Elle les coalise pour peser sur les prix et profits.
Elle les insère dans une chaîne de production.
Elle les fournit en capitaux.
Ce modèle est repris par la Société Générale en France, puis par les banques allemandes.
Le capital financier
Rudolf Hilferding en 1910:«Une partie de plus en plus grande du capital de
l'industrie n'appartient pas aux industriels qui l'emploient. Ils n'en obtiennent la disposition que par la banque, qui représente à leur égard le propriétaire. En outre, la banque (…) devient ainsi dans une mesure croissante capitaliste industriel. J'appelle le capital bancaire, - par conséquent capital sous forme d'argent, qui est de cette manière transformé en réalité en capital industriel - le capital financier. (…) Une partie de plus en plus grande du capital employé dans l'industrie est du capital financier, capital à la disposition des banques et employé par les industriels».
Rudolf Hilferding, Le capital financier, éditions de Minuit, Paris, 1970
Le capital financier
Lénine en 1916:
«Le propre du capitalisme est, en règle générale, de séparer la propriété du capital de son application à la production; de séparer le capital-argent du capital industriel ou productif; de séparer le rentier, qui ne vit que du revenu qu'il tire du capital-argent, de l'industriel, ainsi que de tous ceux qui participent directement à la gestion des capitaux. (…) La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l'hégémonie du rentier et de l'oligarchie financière; elle signifie une situation privilégiée pour un petit nombre d'États financièrement puissants, par rapport à tous les autres.»
Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme
Le capital financier
La domination financière ne remonte pas à 1970 ou 1980.
Elle date du XIXème siècle.
Elle commence en Belgique.
Elle est reprise par le Crédit Lyonnais en France.
En Allemagne, c’est la domination des 4 banques D.
Aux Etats-Unis, c’est Morgan et Rockefeller.
Au Japon, les zaibatsus.
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
La colonisation
Léopold II (1865-1909)Il initie la politique coloniale.La Belgique ne le suit pas.Il le fait en son nom
personnel.En 1885, il obtient une zone
au centre de l’Afrique.Le Congo est une colonie
du roi jusqu’en 1908.Il sera surexploité.
La colonisation
Jules Malou, en 1870:
«Si on m’assurait qu’une somme d’un million se trouve à ma disposition au sommet de la colonne du Congrès, à la condition d’aller la chercher à l’aide de mes pieds et de mes mains uniquement, il m’importerait peu que la somme y fût réellement puisque je ne pourrais quand même pas l’atteindre».
Léopold Greindl, A la recherche d’un Etat indépendant: Léopold II et les Philippines
(1869- 1875), Académie royale des Sciences d’Outremer, 1962, p.55.
La colonisationJules Malou (1810-1886)• 1841 député d’Ypres• 1845-1847 ministre des
Finances• 1849-1871 directeur de
la Générale• 1871 vice-gouverneur
de la Générale• 1871-1878 premier
ministre• 1884 premier ministre
La colonisationLa conquête se fait par des hommes de Léopold
II, dont Jean Jadot et Emile Francqui.
Jean Jadot entre comme directeur de la Générale en 1906, puis est gouverneur de 1913 à 1932.
En 1906, Léopold II crée l’Union minière.
Celle-ci est à la fois une structure administrative et industrielle du Katanga.
Léopold II force la Générale à y participer.
De même qu’aux autres firmes: Sibeka (diamant).
Après 1918, le Congo central pour la Générale.
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
L’Etat Générale
Les économies se ferment après 1918.
Les tarifs douaniers sont élevés.
Elles s’appuient sur leur marché intérieur ou leurs colonies.
La Générale va racheter nombre de firmes belges.
Elle va détenir jusqu’à un tiers de l’économie belge.
L’Etat GénéraleOutre les charbonnages, la Générale est dans la sidérurgie: Cockerill, Arbed;dans les tramways et l’électricité: Traction et
Electricité (auj. Tractebel);dans les cimenteries: CBR;dans les transports: CMB (maritime), Sabena;dans la chimie: PRB;dans le papier: Papeteries de Belgique;dans les armes: FN;dans le non ferreux: MHO et Vieille Montagne;dans le diamant: Diamant Boart…
L’Etat Générale
En 1928, la Générale absorbe la banque d’Outremer, très présente dans la colonie.
Le Congo est assujetti totalement aux intérêts du groupe.
L’Union minière et la Minière du Beceka extraient métaux et diamants.
Les minerais sont acheminés vers Léopoldville et l’Atlantique par des chemins de fer du groupe.
Puis transportés par mer par la CMB.Enfin, traités à Hoboken, Overpelt, Lommel, la
Vieille Montagne ou à Diamant Boart.
Zone minière
Flux de main-d’oeuvre
Exportations
L’Etat Générale
Emile Francqui (1863-1935)• 1885-1896 missions au Katanga• 1897-1905 construction chemins de
fer Pékin-Hankow• 1914-1918 responsable secours
Belgique avec Hoover• 1915-1928 président banque
d’Outremer• 1912-1923 directeur Générale• 1923-1932 vice-gouverneur• 1932-1935 gouverneur• 1926 ministre• 1934 ministre
L’Etat Générale
Camille Gutt en 1936:
«Le bonheur suprême de Francqui était de renverser et de constituer des ministères. Je pense qu’il l’avait fait souvent par intérêt national, souvent par intérêt personnel, mais qu’il l’aurait aussi bien fait sans intérêt, pour le plaisir… »
Ginette Kurgan-van Hentenryk, Gouverner la Générale de Belgique, éditions De Boeck, 1996, p.157.
L’Etat Générale
La crise de 1929 se répercute en Belgique.Les épargnants retirent leur argent des banques.Mais les banques mixtes ont immobilisé une
partie des fonds en participations, dont les cours baissent.
Henri De Man (POB) propose un plan du travail: la mise sous contrôle public des banques.
Le privé reste actionnaire, mais la gestion est confiée à l’Etat.
Francqui crée un nouveau gouvernement en 1934 pour éviter cela.
Participations
Immeubles
Fonds propres
Fonds propres
ImmeublesParticipations
L’Etat Générale
Prêts
Dépôts
Emprunts
Actif Passif
Liquidités
Situation des banques
baissecours
retrait?
=
L’Etat Générale
Banque
Loi sur la séparation des activités bancaires de 1934
Filiale A Filiale B Filiale C
Avant
Après
BanqueFiliale A Filiale B Filiale C
Holding
participations et prêts
participations
prêts
SGB
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
L’attitude dans la guerre
Première guerre mondiale: conflit pour l’hégémonie et les colonies.
L’Allemagne agresse la Belgique pour attaquer la France.
Les troupes belges repoussées derrière l’Yser.
Mobilisation nationale contre Berlin.
Création de fonds de secours et d’alimentation pour aider les zones occupées.
Jadot, Francqui le dirigent. Hoover le préside.
L’attitude dans la guerre
Deuxième guerre: conflit contre le fascisme et pour l’hégémonie.
Le gouvernement fuit à Londres.
Henri De Man accueille les nazis comme libérateurs.
Les grands patrons restent.
Ils forment un comité du nom du gouverneur de la Générale, Gallopin.
L’attitude dans la guerre
Le principe du comité: accepter de fournir tout ce que les nazis veulent, sauf les armes.
C’est la «résistance passive».
Gallopin est assassiné en 1944 par un compatriote pronazi.
Les Allemands peuvent occuper la Belgique avec un minimum de troupes.
La résistance «active» tarde. Elle sera menée surtout par le Front de l’Indépendance.
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
Le déclin et la disparition
Après 45, la Belgique veut repartir comme avant.
La bataille du charbon est lancée dès fin 45.
Mais la donne a changé.
Les USA dominent, l’Europe plus au centre.
La décolonisation commence et touche le Congo en 1960.
Les multinationales se développent.
L’industrie lourde a du mal.
A partir de 1964, les mines de charbon sont déficitaires.
Evolution de la part des possessions congolaises dans les revenus bruts de la Générale 1922-1959 (en %)
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1922 1924 1926 1928 1930 1932 1934 1936 1938 1946 1948 1950 1952 1954 1956 1958
Source: Calculs sur base des rapports annuels de la SGB.
Loi de 1934 sur les banques
Interruption de la guerre
Le déclin et la disparition
La perte du Congo et des charbonnages est un coup dur.
La Générale est un conglomérat de baronnies fondées sur des grandes firmes locales.
Elle conserve le contrôle sur la banque (Générale de Banque), sur les assurances (AG, Royale-Belge, Assubel).
Elle organise le contrôle de l’électricité.
Et elle prélève une rente sur le reste.
Le déclin et la disparition
banque
cie d’électricité
assurances firme
holdingcontrôle contrôle
prêts
contrats
électricité
intérêts
facture
profits?
dividendes
primes
Mécanisme de prélèvement des profits à la SGB
Le déclin et la disparition
Ce mécanisme épuise les firmes industrielles.
Et les familles liées à la Générale s’appuient sur la perception d’une rente.
En 1981, le nouveau gouverneur, René Lamy, essaie une nouvelle politique industrielle.
Elle est fondée sur des secteurs stratégiques et des sociétés pivots pour chacun.
Il engage le vicomte Davignon en 1985.
Le déclin et la disparition
En janvier 1988, un raider italien Carlo De Benedetti annonce reprendre la Générale.
Les familles belges ne veulent pas aider.Elles reprennent leurs billes: Solvay et Boël la
Sofina; Lippens les AG (Fortis)…Un holding français, récemment privatisé, Suez,
accepte d’être le chevalier blanc.Il démet tout le management sauf Davignon.Il vend tout, sauf l’électricité (Electrabel et
Tractebel).Les capitalistes belges s’intègrent dans les
groupes européens: Davignon dans Suez…
Une tournée Générale
1. Des débuts incertains2. Transformation en banque mixte3. Le capital financier4. La colonisation5. L’Etat Générale6. L’attitude dans la guerre7. Le déclin et la disparition8. Conclusions
Conclusions
La Générale est au départ du capitalisme précoce en Belgique.
Il est un capital financier dès 1835-1838.
Il assure la concentration de l’industrie.
Mais il la domine aussi.
Ses liens avec l’Etat sont étroits dès l’origine et ne cessent jamais.
Ce ne sont pas des nouveautés.
Conclusions
C’est un capital financier prédateur.
Il vit d’une rente prélevée sur l’industrie.
Il exploite et pille les colonies.
Mais il est vaincu par un capital financier encore plus accapareur.
Celui-ci se fonde sur la valeur boursière.
Pour hausser celle-ci, il établit une norme élevée de rentabilité (par ex. 15%).
Il la prélève directement sur les firmes.
A celles-ci de réaliser les profits nécessaires.
Fin