un dieu qui est trois fois amour - knights of columbus · dieu s’est donné lui-même en cadeau...
TRANSCRIPT
#4 Série sur la nouvelle évangélisation
Michelle K. Borras
Un Dieu qui est trois fois Amour
S E RV I C E D ’ I N F O R M AT I O N C AT H O L I Q U E
RÉDACTRICE EN CHEF :
Michelle K. Borras, Ph.D.
Directrice du Catholic
Information Service
ÉDITEUR :
Alton Pelowski
CONCEPTION
Adam Solove
© Copyright 2012, Chevaliers de Colomb
Tous droits réservés.
Les citations des Écritures sont issues de la
nouvelle traduction liturgique de la Bible
de l’Association épiscopale liturgique pour
les pays francophones (AELF).
NIHIL OBSTAT
Susan M. Timoney, S.T.D.
Censor Deputatus
IMPRIMATUR
Donald Cardinal Wuerl
Archevêque de Washington
Archidiocèse de
Washington
IMAGE DE LA COUVERTURE
La Sainte Trinité, sous l’aspect des trois visiteurs angéliques du patriarche
Abraham. En Genèse 18, 1-15, le Seigneur apparaît à Abraham près du chêne
de Mambré sous la forme de trois hommes, à qui il offre nourriture et boisson.
Les trois visiteurs disent à Abraham qu’avec sa femme, ils auront un fils, Isaac,
dans leur vieillesse. La tradition chrétienne voit dans cette vision une
préfiguration de la révélation de la Trinité.
Détail de la chapelle du séminaire de la Fraternité de Saint Charles Borromée à Rome.
La mosaïque a été réalisée par le père Marko Ivan Rupnik, SJ et les artistes du
Centre Aletti en 2010. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
21 août 2012
Le nihil obstat et l’imprimatur sont des
déclarations officielles attestant qu’un
livre ou un livret ne contient pas d’erreurs
doctrinales ou morales. Cela n’implique
pas que les personnes qui ont accordé le
nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec
le contenu, les opinions ou les affirmations
qui y sont exprimés.
Un Dieu qui est trois fois Amour
Michelle K. Borras
Table des matières
« La foi commence avec Dieu qui nous ouvre son cœur… »
1 Au nom du Dieu un et trine
5 Un don inconcevable
« Si tu vois l’amour, tu vois la Trinité »
9 « En ceci consiste l’amour… »
13 Le péché et l’amour
14 Le jugement
15 Contempler sa gloire
« L’amour est le cœur de l’univers »
23 Faits à l’image de l’Amour
24 L’Église, sacrement de la Trinité
30 Attirés dans la vie de Dieu
34 Sources
38 L’auteur et le Centre d'information catholique
Abraham offrant nourriture et boisson au Seigneur qui lui apparaît
sous la forme de trois mystérieux visiteurs, tandis que, dans le fond,
Sarah observe.
Chapelle du séminaire de la Fraternité Saint Charles Borromée.
Droits d’auteur de la photo Elio et Stefano Ciol. Avec leur aimable
autorisation.
« La foi commence avec Dieu,
qui nous ouvre son cœur… »
Avant toutes choses, gardez-moi ce bon dépôt, pour lequel je vis
et je combats… je veux dire la profession de foi en le Père et le Fils
et le Saint-Esprit. Je vous la confie aujourd’hui. C’est par elle que
je vais tout à l’heure vous plonger dans l’eau et vous en élever. Je
vous la donne pour compagne et patronne de toute votre vie… Je
n’ai pas commencé de penser à l’unité que la Trinité me baigne
dans sa splendeur. Je n’ai pas commencé de penser à la Trinité
que l’unité me ressaisit ...
— Saint Grégoire de Naziance1
Au nom du Dieu un et trine
Dans la nuit claire du 19 juillet 2008, le pape Benoît XVI a
veillé avec une immense foule de jeunes à Sydney, en
Australie. Il leur a parlé des étoiles dans le ciel, leur montrant
la constellation de la Croix du sud. Aux jeunes gens qui
écoutaient, bougie à la main, il a dit que même si le monde
dans lequel ils vivaient pouvait parfois sembler aussi sombre
que la nuit, ils étaient des enfants de lumière.
1
Ils pouvaient se sentir impuissants en voyant « l’unité de
la création de Dieu… affaiblie par des blessures », en
particulier ces blessures créées par des ruptures dans les
relations humaines.2 Ils pouvaient se sentir sans défense
comme les petites flammes de leurs bougies face aux
souffrances d’un « monde divisé et fragmenté ». Pourtant le
pape Benoît leur a dit qu’ils avaient reçu le don d’une unité
si grande qu’elle dépasse toutes les divisions dans le monde.
Et que, même s’ils ne le savaient pas, ils portaient en eux-
mêmes un amour plus grand que leurs échecs dans le
domaine de l’amour. À travers le « grand don du baptême »,
ils étaient devenus des « enfants de la lumière du Christ »,
illuminés par la « lumière que nulle ténèbre ne peut
vaincre ». Ils étaient déjà entrés dans la vie de Dieu.
Aux jeunes rassemblés cette nuit-là, le pape Benoît posa
une question provoquante : « Sachez écouter ! À travers les
discordances et les divisions du monde, pouvez-vous
entendre la voix unanime de l’humanité ? » Chez les peuples
lointains, parmi d’autres plus proches, et « peut-être, en ce
moment même, des profondeurs de votre cœur, jaillit un
même cri de l’humanité qui aspire à une reconnaissance, à
une appartenance, à une unité. » C’est un cri qui aspire à une
réconciliation plus grande que tous les conflits et les
ténèbres, à un amour si universel qu’il devrait, s’il existe,
donner son sens non seulement à une seule vie mais à tout
ce qui existe. Le cœur des hommes et des femmes, fit
observer le pape Benoît, contient un « désir humain essentiel
d’être un, d’être en communion, d’être enrichi, d’être conduit
à la vérité ». Il existe en chacun de nous une soif
2
inextinguible d’une vie partagée, d’une joie qui soit le fruit
de ce partage, une soif d’amour.
Derrière toutes les défenses intérieures que nous avons
construites pour nous protéger des luttes du monde, nous
voulons malgré tout découvrir que le manque d’unité, les
conflits et les souffrances qu’ils causent n’ont pas le dernier
mot. Nous aspirons à un monde qui soit beau, même si nous
trouvons parfois qu’il ne l’est pas. Nous voulons y découvrir
la vie et la lumière. Au cours de cette veillée de prière à
Sydney, le pape Benoît a dit aux jeunes du monde entier
quelque chose qu’ils n’avaient peut-être jamais réalisé
auparavant : tout ce dont nous rêvons nous a déjà été donné
en cadeau. Dieu s’est donné lui-même en cadeau dans son fils
Jésus-Christ, par l’Esprit qui nous introduit au cœur même
de la vie de Dieu. Ce don, qui dépassera toujours notre
capacité de compréhension, est résumé dans ce geste
chrétien si simple, le Signe de croix.
« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit… » Le pape Benoît
a rappelé que ces mots avaient d’abord été prononcés sur lui
à son baptême quand il n’avait même pas un jour. Ce jour-là,
où le nouveau-né Joseph Aloisius Ratzinger est devenu
un « enfant de la lumière du Christ », d’autres qui l’aimaient
ont donné pour lui et avec lui leur assentiment à cette
profession de foi chrétienne fondamentale. En grandissant,
l’enfant a progressivement compris que ces mots
contiennent un mystère infini, auquel il adhèrerait de plus
en plus tout au long de sa vie. « Lorsque j’étais petit garçon,
raconte-t-il, mes parents, comme les vôtres, m’ont enseigné
le Signe de croix. J’ai donc réalisé assez tôt qu’il y a un Dieu
3
en trois personnes, et que la Trinité est le centre de notre foi
et de notre vie chrétienne ».
Lentement, le jeune Joseph a commencé à comprendre que
le centre de la foi et de la vie chrétienne n’est pas une sorte
de divinité statique qui fabrique un monde sans lien avec
elle. Le Dieu qui nous est révélé en Jésus-Christ est au
contraire un don mutuel continuel entre des personnes qui
sont si unies dans l’amour et si vivantes que saint Paul a pu
écrire : « Notre Dieu est un feu dévorant » (Hébreux 12,28).
Cette flamme d’amour est unique mais en mouvement
continuel, illuminant tout ce qui s’en approche. Elle est la
source de toute vie et de toute lumière. Le Dieu que Jésus
nous révèle, par-dessus tout par sa mort et sa résurrection,
est « une unité de communion vécue » qui dépasse toute
communion possible sur terre. Dieu est un Amour si
puissant que, tout en étant Trois, il est parfaitement Un. Et
parce qu’il est l’Amour absolu, qui se donne et se
communique, Dieu non seulement crée et soutient tout ce
qui existe, mais il nous invite à entrer dans sa vie.
Le tout jeune Joseph Ratzinger a reçu, comme tous les
chrétiens, le don surnaturel de la foi. Dans cette foi, nous
sommes plongés dans les eaux du baptême pour nous
relever, devenus une nouvelle création. Le Signe de la Croix
est tracé sur nous par nos parents quand nous sommes petits
et sera tracé sur nous à notre mort : « Au nom du Père, et du
Fils, et du Saint-Esprit… » En tant que chrétiens, notre vie
entière se déroule entre ces mots qui contiennent le mystère
indicible de Dieu. Si nous y faisons attention, comme l’a fait
Joseph en grandissant puis en devenant prêtre, évêque et
pape, nous comprenons de mieux en mieux que ce sont des
4
paroles d’amour. Le chrétien est baptisé et remis à Dieu par
une formule qui désigne bien plus que tous les amours du
monde qui sont beaux, même s’ils sont petits et fragiles.
Cette formule désigne leur source : l’Amour même.
Les mots du Signe de croix sont des paroles de foi mais une
foi qui n’est pas notre œuvre. Le pape Benoît s’est adressé à
une autre foule de jeunes, trois ans après la rencontre de
Sydney : « La foi n’est pas le résultat d’un effort humain, d’un
raisonnement humain ». C’est « un don de Dieu ». À l’origine,
la foi est un acte d’un amour qui se donne : « Elle commence
avec Dieu qui nous ouvre son cœur et nous invite à partager
sa vie divine »3. Rien de ce que nous imaginons quand nous
aspirons à « être immergés dans la communion, à être
édifiés, à être conduits à la vérité » ne peut se rapprocher de
cette invitation à plonger dans cette flamme d’Amour qui se
donne et se communique, qui est Dieu.
Un don inconcevable
En Jésus-Christ, à travers l’Esprit qui lie le Père et le Fils, le
Dieu qui nous a faits se lie à nous par amour. Il partage notre
destinée et en prend la responsabilité, dans une fidélité
inconditionnelle envers sa création. Le Dieu trinitaire qui
établit une « nouvelle et éternelle alliance »4 avec l’humanité
en Jésus-Christ, se donne entièrement aux millions d’êtres
humains qui aspirent à partager une vie de communion, à la
joie et à un amour constant.
C’est un don incroyable. Si incroyable pour certains des
contemporains des premiers chrétiens, qu’ils ne
5
supportaient pas d’entendre cela. Quand saint Étienne, le
premier martyr, s’est exclamé : « Voici que je contemple les
cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de
Dieu », ceux qui l’écoutaient « poussèrent de grands cris et
se bouchèrent les oreilles » (Actes, 7, 56-57). Pour eux, il n’était
pas possible que Dieu soit trois fois Amour. Étienne fut
accusé de blasphème, la même accusation que celle qui avait
été prononcée contre le Christ, et il fut lapidé.
Si nous ne nous bouchons pas les oreilles, nous
comprenons confusément que notre désir ardent de
communion n’est que le faible écho du désir infini de Dieu
de nous faire partager sa vie. Notre foi n’est qu’un écho de
son acte d’amour qui est premier. Si Dieu aspire vraiment à
nous faire partager sa vie de communion – si c’est, en fait, ce
qu’il a fait à travers la mort et la résurrection de son Fils –
alors, notre foi embrasse et est embrassée par quelque chose
d’infiniment plus grand que ce que nous pourrons jamais
comprendre. Dieu est infiniment plus grand que ce que nous
pourrons jamais comprendre. Chaque fois que nous faisons
le Signe de croix, chaque fois que nous faisons baptiser un de
nos enfants ou que nous confions à Dieu quelqu’un que nous
aimons, nous nommons l’Amour, nous invoquons l’Amour
et, petit à petit, nous entrons en communion avec l’Amour.
Nous apprenons ce que signifie croire en un Dieu vivant, le
Dieu qui est trois fois Amour.
Devant ce don, nous ne pouvons qu’être remplis de
reconnaissance. Comme le pape Benoît et les jeunes gens qui
veillaient avec lui à Sydney, nous essayons d’entrer petit à
petit dans le mystère que Dieu nous confie, exprimant par
6
des balbutiements et un silence émerveillé nos premières
tentatives de louange. Cette nuit-là, le pape Benoît a parlé
au nom de tous ceux qui souhaitent être « des enfants de la
lumière du Christ », ouvrant leur cœur au Dieu trinitaire qui
leur avait lui-même ouvert son propre cœur : « Ce soir,
rassemblés sous la beauté de ce ciel étoilé, notre cœur et
notre esprit sont remplis de gratitude envers Dieu pour le
grand don de notre foi trinitaire ».
7
Saint Jean l’évangéliste indique le Christ crucifié
tandis que Marie, qui représente l’Église,
reçoit le sang et l’eau coulant de son côté.
Chapelle de la Sainte Famille, Conseil suprême des
Chevaliers de Colomb, New Haven, Connecticut.
8
“« Si tu vois l’amour, tu vois
la Trinité »
« Voici en quoi consiste l’amour… »
Dieu nous a aimés le premier, comme nous le rappelle
saint Jean dans sa première lettre et c’est pour cela que nous
avons une idée de ce qu’est l’amour. Jean écrit : « Voici en quoi
consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu,
mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en
sacrifice de pardon pour nos péchés » (1 Jean 4, 10). Le Fils de
Dieu fait homme a pris notre place, pour nous, dans un acte
d’abandon parfait. Il a pris sur lui la mort qui est la
conséquence naturelle de notre péché et l’a consumée : la
mort et le péché ne pouvaient pas tenir face à l’immense
éclat de l’amour de Dieu. Ce point culminant, où Dieu
devient homme, est le « fondement et le centre de l’histoire »5. C’est aussi la révélation complète de Dieu. C’est dans le
mystère pascal, ou mystère de la passion, de la mort et de la
résurrection de Jésus, que nous commençons à percevoir ce
qu’est Dieu dans son essence : un triple Amour qui consume
comme le feu, une communion vivante insondable.
Avant d’entendre parler le pape Benoît à la veillée de
Sydney, certains des jeunes pensaient peut-être que la
Trinité était une idée compliquée, abstraite, inventée par des
9
théologiens. Mais il est clair que ce n’était pas plus une idée
pour le pape Benoît que pour Jean, le disciple de Jésus. Jean a
vu le mystère de ses propres yeux. Les représentations
artistiques de la crucifixion le montrent souvent debout avec
Marie au pied de la croix, indiquant le Christ crucifié ; ses
yeux sont grand ouverts, remplis non seulement de chagrin,
mais de stupeur. L’image de son Seigneur crucifié était
encore brûlante dans sa mémoire. Il avait vu Jésus remettre
l’Esprit et se remettre lui-même à son Père qu’il aimait. Il
avait vu une mort qui était pure prière et une prière qui était
pur amour : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »
Et après avoir dit cela, il expira. » (Luc 23, 46). Dans l’humble
et total abandon de Jésus à son Père, Jean a vu la vie même
de Dieu s’ouvrir à nous. Il a vu le monde réconcilié avec Dieu.
Après la résurrection, quand Jean commença à mettre des
mots sur ce qu’il avait vu, il savait qu’il devait dire aux
autres qu’il avait vu, entendu et touché non seulement un
homme qui avait été bon au point de mourir à la place d’un
autre, mais l’Amour même. Il lui avait été accordé ce que les
Israélites, dans l’Ancien Testament, avaient tant désiré, mais
en sachant que c’était impossible : Il avait vu la face de Dieu
et il était resté en vie (cf. Exode 33, 20). Il avait été le témoin
du même mystère d’Amour qu’Étienne, dans sa vision, ce
mystère qui s’était laissé entrevoir au jeune Joseph Ratzinger
lorsqu’il réfléchissait au Signe de la croix.
Quand Dieu le Fils a pris chair, devenant lui-même
l’alliance éternelle entre Dieu et l’homme, le feu de la charité
de Dieu est venu parmi nous. « Je suis venu apporter un feu
sur la terre, s’est exclamé Jésus, et comme je voudrais qu’il
soit déjà allumé ! » (Luc, 12, 49). Il a été crucifié pour nous, il
10
est mort et ressuscité d’entre les morts afin de nous libérer
du péché et de nous ouvrir un chemin pour nous introduire
dans la communion vivante de Dieu.
Afin de faire sortir son peuple Israël de l’esclavage, Dieu
s’était révélé à Moïse dans un buisson qui brûlait sans se
consumer (cf. Exode 3, 1-6). En s’approchant du buisson,
Moïse devait enlever ses sandales et se cacher la face car il
savait qu’il était en présence du Saint. En Jésus-Christ, qui
est mort et ressuscité pour nous libérer de l’esclavage du
péché, ce même Dieu se révèle complètement à nous. Il est
Père, Fils et Esprit-Saint, le Trois en Un, la Trinité. Il n’est pas
seulement un Dieu qui aime, mais un Dieu qui est Amour. En
Jésus-Christ, nous sommes invités à entrer dans le feu
trinitaire de Dieu.
Dans sa première lettre encyclique, Deus caritas est, (Dieu est
amour), le pape Benoît nous dit que la croyance chrétienne en
un Dieu qui est une Trinité n’est pas une théorie par laquelle
nous essayons d’expliquer Dieu. C’est la vérité la plus vivante
de la foi chrétienne, le fondement de tout ce que nous
croyons et la raison d’être de tout ce qui existe.6 En Jésus-
Christ qui a souffert, qui est mort et ressuscité, Dieu s’est
montré à nous tel qu’il est réellement : un dialogue d’amour
vivant. Avec saint Jean, nous contemplons le Christ crucifié,
dont le cœur est ouvert pour que sa vie puisse se déverser sur
nous. Comme Jean, nous voyons l’Amour. Nous voyons Dieu,
ouvert à nous, un Dieu qui ne garde rien de ce qu’il est pour
lui. Nous voyons un Fils dont le cri d’amour pour son Père
nous donne l’Esprit qui les unit tous les deux, et cela pour
nous ramener dans la communion de l’Amour.
11
Déjà dans l’Ancien Testament, le prophète Malachie savait
que lorsque le « messager de l’alliance » viendrait enfin, le
peuple rencontrerait un amour si nouveau pour lui qu’il
aurait du mal à le supporter. L’amour de Dieu retournerait
toutes leurs idées reçues et confortables sur l’amour, brûlant
leur vie et leur compréhension comme une flamme
purifiante : « Car il est pareil au feu du fondeur […] il purifiera
les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi
pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en
toute justice » (cf. Malachie, 3, 1-7).
Si nous contemplons le Christ crucifié, l’ « offrande en
toute justice » que Dieu lui-même offre pour restaurer
l’alliance rompue entre lui et le monde, nous comprenons
très vite. Si nous avons peut-être déjà eu des intuitions de ce
qu’est l’amour, ou si nous avons simplement désiré
ardemment quelque chose que nous ne savions pas définir,
nous ne savions pas que l’Amour était cela. Nous ne savions
pas que c’était trois Personnes si liées entre elles dans la
communion que tout ce qui est brisé dans le monde – y
compris la mort qui est une conséquence du péché – est
consumé dans leur amour. Nous ne savions pas que même
le cri d’abandon que le Fils a poussé à notre place,7 en
souffrant plus profondément que nous ne pourrons jamais
souffrir, pouvait exprimer l’incomparable unité du Dieu qui
est Amour.
Cet amour, qui se remet entre les mains des pécheurs, est
si humble, si démuni et si vrai qu’il nous réduit au silence. Si
nous le regardons avec Marie, qui a donné son triste
assentiment au sacrifice du salut, nous commençons à
comprendre comment recevoir ce testament d’amour. Elle,
12
qui a reçu l’Amour lui-même par son consentement aimant,
au nom de tout le peuple de Dieu, nous montre la forme que
doit revêtir notre foi.
Dans le Cantique des cantiques, nous lisons « Car l’amour
est fort comme la mort, la passion, implacable comme
l’abîme : ses flammes sont des flammes de feu » (Cantique
des cantiques, 8, 6). En Jésus, nous voyons que l’Amour révélé
en lui n’est pas aussi fort, mais plus fort que la mort. En
regardant, avec Marie, son Seigneur crucifié, Jean a vu cela
de ses propres yeux, et cette vue l’a subjugué. Il a vu la fidélité
sans faille qui est la vraie nature de Dieu. « Si nous manquons
de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-
même. » (2 Tm 2, 13).
Commentant un passage de la première lettre de Jean, le
pape Benoît écrit de Jésus que « dans sa mort sur la croix
s’accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans
lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver – tel est
l’amour dans sa forme la plus radicale. Le regard tourné vers
le côté ouvert du Christ, dont parle Jean (cf. 19, 37),
comprend » que « ‘Dieu est amour’ (1 Jn 4, 8). C’est là que cette
vérité peut être contemplée. Et, partant de là, on doit
maintenant définir ce qu’est l’amour. »8
C’est aussi là que notre foi doit commencer. Comme Jean,
nous avons reçu le don du Dieu qui s’ouvre à nous. « C’est
dans le Christ mort et ressuscité et dans l’effusion de l’Esprit
Saint, donné sans compter (cf. Jn 3, 34), que nous sommes
rendus participants de l’intimité divine. »9 Comme Étienne,
nous avons vu les cieux ouverts. Nous avons vu l’Amour.
Comme nous le lisons dans un passage de saint Augustin
souvent cité par le pape Benoît, cela signifie que nous avons
13
vu la révélation complète, insurpassable de Dieu : « Si tu vois
l’amour » – et nous l’avons vu, si nous avons regardé le
Seigneur crucifié – « tu vois la Trinité »10.
Le péché et l’amour
Si nous contemplons le Christ crucifié, et donc la vie la plus
intime de Dieu, nous comprenons aussi quelque chose
d’essentiel sur nous-mêmes. L’Amour, qui est la source de
toute vie dans le monde, est aussi une lumière qui illumine
tout en nous, même nos ombres les plus profondes. Jean
écrit : « Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. » (1
Jean 1, 5). Et il poursuit : « si nous marchons dans la lumière,
comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en
communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son
Fils, nous purifie de tout péché. » (1 Jean 1, 7). Nous voyons la
révélation complète du Dieu trinitaire dans le Père, qui est
Amour, qui permet à son Fils de nous aimer jusqu’à la mort
pour, en nous attirant, nous faire revenir dans l’amour ; dans
le Fils, qui est Amour, qui meurt par amour sur la croix ; et
dans l’Esprit d’Amour insufflé dans nos cœurs pour y
demeurer. Mais cette révélation du Dieu qui est Amour
révèle un terrible manque d’amour en nous.
Nous, qui avons été faits à l’image de l’Amour, nous
n’aimons pas totalement. Même si nous pensons que nous
aimons d’un amour mesuré, limité, celui que saint Ignace
d’Antioche appelait « mon amour crucifié »11 nous montre
que nous n’aimons pas de l’amour sans mesure de Dieu,
amour qui se livre et qui reste fidèle envers et contre tout. Si
nous examinons notre cœur, nous trouverons presque
14
toujours que nous sommes engagés dans une entreprise folle
et désespérée. Nous cherchons à éviter de nous perdre dans
ce qui semble être l’infini terrifiant de l’amour de Dieu.
Il nous semble plus facile de vivre en sécurité à l’intérieur
de notre propre mesure des choses, petite et familière. Il est
plus simple de traiter avec nos amours limités et les
problèmes causés par nos échecs en amour, tout aussi
limités. En tous cas, c’est la plupart du temps ce qui semble
se passer. Mais nos échecs, apparemment sans importance,
contribuent à ce que Jean-Paul II appelait des « structures de
péché »,12 des situations objectives d’injustice qui conduisent
à de grands conflits, parfois même mondiaux. Nous faisons
notre possible pour ignorer ces effets de notre péché, parce
que nous nous sentons incapables de supporter un amour
divin – pour lequel nous sommes faits – aussi illimité et
dévorant. Mais ensuite, nous posons notre regard sur le
Dieu-Homme qui renonça à tout réconfort pour nous sauver
de ce manque d’amour mortel.
Malgré nos réticences, nos hésitations, nos excuses
rapides, nous nous retrouvons face à face avec le feu ardent
de l’Amour. « J’ai soif », s’est écrié Jésus sur la croix,
exprimant à la fois la soif terrible d’un homme à l’agonie et
la soif de Dieu qui brûle de notre réponse d’amour (cf. Jean
19, 28). Le Christ mourant était consumé par le feu qu’il était
venu apporter sur la terre, car « notre Dieu est un feu
dévorant » (Hébreux 12, 28). Mais ce feu trinitaire brûlant
d’amour est aussi une flamme qui purifie, dévorant tout ce
qui s’oppose à l’amour en nous (Malachie 3, 1-4).
Debout avec Marie au pied de la croix, Jean a vu le Père, le
Fils et l’Esprit accomplir un unique acte de rédemption. Il a
15
vu le Fils de Dieu fait chair souffrir, mourir de notre profond
rejet de l’amour et le dépasser. Quand il a vu l’Esprit remis
entre les mains du Père et le sang et l’eau couler du côté
transpercé du Christ, il a été témoin du sacrifice qui est aussi
l’acte suprême du jugement : la condamnation et le
jugement de tout le péché du monde. Ce jugement est
extrêmement sérieux. C’est la collision de notre refus
d’aimer avec la lumière éblouissante de l’Amour même. C’est
notre rejet délibéré de l’amour de Dieu qui se trouve face à
face avec le Dieu trois fois saint.
Ici, dans la mort du Fils de Dieu fait homme entre les
mains des hommes, l’Amour souffre pleinement de ce rejet
mystérieux et totalement irrationnel de l’amour qu’est le
péché. Jésus est livré au sombre mystère de notre peur
d’aimer et de notre violente affirmation de nous-mêmes,
pour consumer tout cela dans le feu de l’amour de Dieu.
Le jugement
Jean-Paul II nous rappelle que « Jésus-Christ n’est pas venu
dans le monde pour le juger et le condamner mais pour le
sauver »13 Le « don de la vérité de la conscience » est
inséparable du don de la Rédemption14 : afin de nous guérir,
la lumière éblouissante de l’Amour doit d’abord dévoiler en
nous tout ce qui s’oppose à l’amour. L’Amour nous accuse du
manque d’amour qui blesse l’unité de sa création, la
remplissant de division et de conflit. Par-dessus tout, il nous
accuse du manque d’amour qui blesse l’Amour même. En se
livrant, totalement désintéressé, pour nous, Jésus-Christ
crucifié montre que notre refus d’aimer n’est pas seulement
16
incompatible avec notre être. Il est totalement incompatible
avec le feu de l’Amour qu’est le Dieu un et trine.
Dans son encyclique sur le Saint-Esprit, Dominum et
vivif icantem (Seigneur et Donateur de vie), Jean-Paul II commente
le verset de l’Évangile dans lequel Jésus dit à ses disciples qu’il
doit s’en aller afin que le Saint-Esprit vienne à eux. Cet Esprit,
dit Jésus, « établira la culpabilité du monde en matière de
péché, de justice et de jugement » (Jean 16, 8-11). C’est une
parole mystérieuse, difficile à comprendre. Mais le pape nous
aide à voir que le « jugement » - la mort de Jésus-Christ entre
les mains des pécheurs – n’est pas une invitation à
désespérer. Au contraire, c’est notre rédemption : « au plus grand
des péchés commis par l’homme correspond, dans le cœur
du Rédempteur, l’offrande de l’amour suprême qui surpasse
le mal de tous les péchés des hommes »15.
Jésus, notre frère, garde l’alliance à notre place, en tant que
notre représentant. Comme l’écrit saint Paul, « celui qui n’a
pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché,
afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de
Dieu. » (2 Corinthiens 5, 21). Jésus endure notre rejet de Dieu,
et le rejet du péché par Dieu en sa personne, portant nos
péchés pour nous dans le feu purifiant de Dieu. Il a fait cela
pour que, libérés du poids mort de notre péché, nous
puissions enfin être libres pour aimer.
Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, le mystère
de l’enfermement dans le péché apeuré de l’homme
rencontre le mystère sans mesure de l’amour divin qui
s’abandonne. C’est pourquoi Jean-Paul II a écrit que face au
péché, « il ne suffit pas de sonder la conscience humaine ».
La réponse réelle aux profondeurs de notre rejet de l’amour
17
se trouve plutôt dans les profondeurs de Dieu. Ses
profondeurs sont l’Amour même, comme le « synthétise la
formule : au Père, dans le Fils, par l’Esprit Saint. C’est
précisément l’Esprit Saint qui ‘sonde’ ces profondeurs, et qui
en tire la réponse de Dieu au péché de l’homme »16.
Pendant la vigile pascale, l’Église chante à Dieu le Père ce
mystère surprenant et merveilleux : « Amour infini de notre
Père, suprême témoignage de tendresse, pour libérer
l’esclave, tu as livré le Fils ! Bienheureuse faute de l’homme,
qui valut au monde en détresse le seul Sauveur ! »17. Dans le
geste humble, sans défense du Christ qui se sacrifie, nous
contemplons le feu brûlant de la charité qu’est la Trinité. À
travers le cœur du Christ, transpercé sur la croix, nous
contemplons les profondeurs les plus intimes de Dieu.
Contempler sa gloire
En Jésus-Christ qui est mort pour nous, a été enseveli avec
les morts et s’est relevé rempli de l’Esprit, nous voyons
l’amour de Dieu incarné. Nous voyons la communion
vivante, tout entière de Dieu. Cela peut nous sembler
étrange, ou aussi inacceptable que pour les hommes qui se
sont jetés sur Étienne en se bouchant les oreilles, pour le
lapider. Après tout, saint Jean lui-même n’a-t-il pas écrit :
« Personne n’a jamais vu Dieu » (Jean 1, 18) ? Comment
pouvons-nous percevoir le Père qui « habite une lumière
inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut
le voir » (1 Tm 6, 16), ou l’Esprit qui est le lien entre le Père et
le Fils ?
18
Et pourtant, Jean poursuit dans le même passage : « le Fils
unique… lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait
connaître. » (Jean 1, 18). Personne n’a jamais vu Dieu – à part
le Fils, qui lui-même est Dieu. Ce Fils s’est fait homme, un
homme visible, tangible, audible – un homme que ses
disciples ont vu en communion continuelle avec son Père.
Les apôtres ont vu et entendu Jésus en prière recevoir toute
son existence de son Père. Pierre, Jacques et Jean ont vu de
leurs yeux Jésus au Jardin de Gethsémani, manifestant son
unité parfaite avec son Père malgré la terreur de la mort.
Jean, avec Marie et quelques-unes des femmes qui avaient
suivi Jésus, l’a vu mourir et remettre son Esprit d’Amour au
Père. Enfin, tous se sont trouvés face à face avec cette réalité
inconcevable du Christ ressuscité.
Le Christ, qui avait été « mort parmi les morts »18 - dont ils
avaient vu la tombe scellée – est ressuscité dans la joie
rayonnante de l’Esprit, dans une manifestation irrésistible
de l’Amour trinitaire. Dans une salle fermée, le jour de la
Résurrection, Jésus apparut soudain à ses disciples et
« souffla sur eux, en leur disant : ‘Recevez l’Esprit Saint’ »
(Jean 20, 22). Une semaine plus tard, saint Thomas, qui avait
refusé de croire au témoignage des apôtres, ses compagnons,
selon lequel Jésus était ressuscité d’entre les morts, était
invité à mettre son doigt dans les blessures des mains et du
côté de Jésus. Devant une réalité aussi impensable et
impossible, Thomas comprit soudain ce qu’il voyait. Il était
en présence de l’Alliance dans la chair – le Fils ressuscité par
le Père et rempli de l’Esprit – et il ne put que s’écrier : « Mon
Seigneur et mon Dieu » ! » (Jean 20, 28).
19
Pendant cette semaine surprenante, les disciples
commencèrent à comprendre : la Résurrection est « un
changement radical, une sorte de fission nucléaire » au cœur
de tout ce qui existe19. C’est comme une explosion de sens,
où l’Esprit d’Amour entre le Père et le Fils non seulement
transforme le corps glorifié de Jésus, mais est déversé sur la
création tout entière. « Car toute chair verra la révélation de
Dieu » (Luc 3, 6 ; Isaïe 40, 5). Qu’est-ce qui nous est révélé dans
tout cela – dans la souffrance, la mort et la résurrection –
sinon le mystère le plus profond et le plus intime du Dieu
invisible ?
Dans un beau passage, riche de sens, de sa lettre
encyclique Dives in Misericordia (Dieu riche en miséricorde), Jean-
Paul II nous aide à comprendre comment, dans la vie de
Jésus-Christ – et tout spécialement dans les événements du
Vendredi Saint, du Samedi Saint et de Pâques – nous
percevons quelque chose du cœur du Dieu un et trine. Dans
la mort de Jésus-Christ, nous voyons la miséricorde de Dieu
étendue à l’homme, qui s’était défiguré par le péché. Mais
Jean-Paul II explique ceci :
La dimension divine du mystère pascal va toutefois encore plus
loin. La croix plantée sur le calvaire, et sur laquelle le Christ tient
son ultime dialogue avec le Père, émerge du centre même de
l’amour dont l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de
Dieu, a été gratifié… Dieu, tel que le Christ l’a révélé… est uni à
l’homme… par un lien encore plus profond que celui de la
création. C’est l’amour qui non seulement crée… mais qui fait
participer à la vie même de Dieu Père, Fils et Esprit Saint.20
20
21
Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ et dans
l’effusion de l’Esprit, le Dieu un et trine ne nous a pas
seulement fait miséricorde. Dans sa générosité, il nous a
accueillis dans sa vie.
Le Catéchisme de l’Église catholique nous enseigne que, dans le
Christ, Dieu nous a montré plus que le simple fait qu’il aime.
Il s’est révélé à son peuple Israël, l’a aimé « plus qu’un marié
n’aime sa bienaimée » et il est resté inébranlable et ferme et
fidèle parce qu’il est l’Amour. « En envoyant dans la plénitude
des temps son Fils unique et l’Esprit d’Amour, Dieu révèle
son secret le plus intime : Il est lui-même éternellement
échange d’amour ».21
Chaque fois que les saints hommes et femmes de l’Ancien
Testament sont tombés la face contre terre en présence de
Dieu, ils pressentaient ce « secret », qu’ils ne pouvaient pas
encore nommer. Chaque fois que les prophètes ont prié et
obéi au risque de se ridiculiser, ils ont senti dans leur chair
la puissante vie intérieure de Dieu. Ils ont compris que
personne ne pouvait se tenir devant tout le poids de sa gloire
et qu’aucune créature ne pouvait supporter de regarder la
beauté du Saint. Ils n’avaient pas tort. Mais alors le monde a
vu une gloire qui ne fait qu’un avec l’humilité de Dieu : « Et le
Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons
vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils
unique » (Jean 1, 14).
Ceux qui avaient des yeux pour voir surent alors que
quelque chose d’inimaginable était en train de se révéler.
Dieu, qui est une Trinité, nous a destinés à avoir part à sa vie
éternelle d’amour.22
« Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre. » (Psaume 104, 30)
Détail de la main du Père envoyant l’Esprit-Saint.
Chapelle St. John of the Fields, Institut polonais, Rome.
Photo de Giorgio Benni. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
22
« L’amour est le cœur de
l’univers »
Faits à l’image de l’Amour
L’explosion de signification dans la résurrection du Christ,
où l’Esprit transfigure « toute chair » (cf. Joël 3, 1 ; Isaïe 40, 5),
ouvre à des profondeurs infinies dans le Dieu qui s’est révélé
à Israël. Le Dieu Un, Saint et Tout-puissant est tous ces
attributs à la fois parce qu’il est une communion infiniment
vivante. « Tout l’Ancien Testament est surtout la révélation
de la vérité sur l’unicité et l’unité de Dieu », expliquait Jean-
Paul II. « Dans cette vérité fondamentale sur Dieu, le
Nouveau Testament introduira la révélation du mystère
insondable de la vie intime de Dieu. Dieu, qui se fait connaître
aux hommes par le Christ, est l’unité dans la Trinité, il est l’unité
dans la communion »23. Cette pleine révélation du Dieu qui
est Amour – et qui est aussi Vie et Lumière – met en lumière
des profondeurs insoupçonnables dans ses créatures.
L’unité dans la communion de Dieu est la source et le but
de toute la création. Tout ce qui existe reflète sa beauté.
Comme l’enseigne saint Bonaventure, toute créature porte
une empreinte de la Trinité ou les marques de son origine
dans l’Amour.24 Si c’est vrai de toute chose dans la création,
où tout nous parle de Dieu (cf. Romains 1, 20), cela est vrai
des êtres humains d’une manière tout à fait particulière. La
23
personne humaine ne porte pas simplement une marque de
son origine dans le Dieu un et trine. Elle est une image vivante
du Dieu qui est trois fois Amour.
L’homme, créé homme et femme, est fait à l’ « image » et
à la « ressemblance » de Dieu (cf. Genèse 1, 26). Il est appelé à
prendre part à l’ « unité de communion » qu’est l’éternel
échange d’amour de Dieu. Jean-Paul II a clarifié ce mystère
inscrit dans notre être dès le premier moment de notre
création : « Depuis le commencement, l’homme est capable
d’un rapport personnel avec Dieu, comme « je » et « tu », et
donc il est capable d’une alliance »25 En d’autres termes, nous
recevons un grand don : la capacité et l’appel à prononcer un
« oui » définitif, dans l’amour, à l’Amour.
La personne humaine est appelée à une communion et à
une alliance. Nous sommes si profondément faits à l’image
de l’Amour que, même dans notre corps, nous trouvons des
signes d’un appel à une communion féconde dans l’ordre de
la création, qui soit l’image de la vie féconde de Dieu. Selon
Jean-Paul II, quand Jésus-Christ révèle l’« unité dans la
communion » de Dieu, ce mystère de la vie intérieure de Dieu
projette une lumière définitive sur l’homme et la femme. Dans
leur amour mutuel, ils sont destinés à être l’image de l’unité
sans limites dans la communion qu’est le Dieu un et trine.
« Le fait que l’homme, créé comme homme et femme, soit
l’image de Dieu ne signifie pas seulement que chacun d’eux
individuellement est semblable à Dieu, comme être
raisonnable et libre. », explique le pape, « Il signifie aussi que
l’homme et la femme, créés comme « unité des deux » dans
leur commune humanité, sont appelés à vivre une
24
communion d’amour et à refléter ainsi dans le monde la
communion d’amour qui est en Dieu »26.
Tout ce que nous sommes exprime le fait que nous avons
été faits à l’image de l’Amour. Le péché a obscurci cette vérité
et il est difficile pour nous de la voir ou de la comprendre.
Mais une fois que l’obscurité du péché est consumée dans la
lumière rayonnante de l’amour de Dieu – une fois que nous
contemplons le feu du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint
irradiant dans le Christ ressuscité – nous pouvons nous
comprendre nous-mêmes en vérité. Aimer à petites doses et
à notre gré ne peut pas nous satisfaire, car nous sommes faits
pour l’Amour même. Nous avons été faits pour partager cette
communion éternelle de celui qui est Un, tout en étant Trois.
Devant le caractère ultime de l’amour révélé sur la croix,
nous pourrions être effrayés par un tel appel. En un sens,
l’amour de Dieu est trop grand pour nous, car il est Dieu et
nous restons des créatures qui voilent leur face en présence
de sa gloire. Devant le mystère de la Trinité, nous serons
toujours réduits à un silence émerveillé. Néanmoins, le Dieu
trinitaire demeure l’Unique par qui et pour qui nous avons
été faits, notre vie et notre salut. Et en Jésus-Christ, qui s’est
« anéanti, prenant la condition d’esclave », Dieu s’est penché
sur nous par miséricorde et amour (cf. Philippiens, 2, 7).
Il peut bien y avoir des moments où nous avons peur de
nous livrer à l’amour dont nous portons l’image. Mais alors,
il nous suffit de nous rappeler un moment paisible qui a
rendu possibles le jugement et le salut du monde. Trente-
trois ans avant que Dieu ne se révèle dans toute sa puissance
sous les yeux étonnés de Jean, le feu de Dieu est descendu
dans la plus grande douceur sur une représentante de la race
25
humaine. Là, au début de l’alliance nouvelle et éternelle de
Dieu avec l’homme, Dieu a désiré un « Oui » prononcé dans
la simplicité et la pureté, par quelqu’un qui n’avait aucun
obstacle intérieur pour aimer.
Lorsque cette femme, Marie de Nazareth, entendit que
l’Esprit-Saint la couvrirait de son ombre, et qu’elle porterait
un enfant qui serait « le Fils de Dieu », elle donna une unique
réponse au mystère trinitaire de l’Amour : « Voici la servante
du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole » (Luc 1, 35-38).
L’Église, sacrement de la Trinité
Joseph Ratzinger savait qu’à son baptême, ceux qui
l’aimaient avaient acquiescé de sa part au grand mystère de
la foi dans la Trinité. Leur « Oui » le portait. Dans le « Oui »
parfait de Marie au mystère de la Rédemption, quelque chose
d’assez semblable s’est produit. Comme l’ont compris les
Pères de l’Église, un seul représentant de la race humaine a
déjà parlé au nom de toute l’humanité,27 ouvrant son cœur
et sa vie à la vivante communion de Dieu.
Debout avec Jean au pied de la croix, la Mère de Jésus
donna son assentiment déconcerté, peiné au grand
« baptême » de la mort du Christ.28 Après la Résurrection, la
Mère de tous les croyants attendit et pria avec les apôtres
jusqu’à ce qu’ils soient « baptisés dans l’Esprit-Saint » et
l’ « amour unificateur… durable… [et] qui se donne »29 de
Dieu, est descendu sur eux comme des langues de feu (cf.
Actes 1, 5 ; 1, 14 ; 2, 1-4). En Marie et dans la communauté des
apôtres réunis autour d’elle, et dans le don de l’Esprit qu’ils
26
reçurent, nous percevons quelque chose de la « logique » du
Dieu trinitaire à la fois donné à sa création, et reçu par elle.
Dieu est la communion parfaite. Il est le « feu brûlant » de
l’Amour. Il est une unité si grande que saint Ignace de Loyola
eut une jour une vision de Dieu comme trois clés musicales
d’une harmonie si puissante que le saint pleura de joie sans
pouvoir se retenir.30 Selon les mots du pape Benoît XVI, «
Dieu est communion d’amour éternel, … il est joie infinie qui
n’est pas renfermée sur elle-même mais qui se propage en
ceux qu’il aime et qui l’aiment. ».31
C’est l’Amour qui nous a été donné dans les mystères que
nous célébrons du Jeudi Saint à Pâques. Le pape Benoît
l’explique ainsi :
À l’heure de la passion de Jésus, cet amour se manifeste dans
toute sa grandeur. Dans les derniers moments de sa vie sur la
terre, à table avec ses amis, il leur dit : « Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. (…) Je
vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous, et que votre
joie soit parfaite » (Jn 15, 9.11). Jésus veut introduire ses disciples
et chacun d’entre nous dans la joie parfaite, celle qu’il partage
avec son Père.32
Il veut que nous entrions dans l’Amour qu’est le Dieu un
et trine.
L’amour de Dieu est une puissance qui unit. Il a vaincu le
péché de désintégration et de mort qui avait été introduit
dans le monde. Ce feu brûlant d’amour qui se donne au
monde en Jésus-Christ veut nous faire partager l’unité et la
communion de Dieu. Si nous acceptons cette invitation, en
27
permettant au « Oui » sans réserve de Marie de porter notre
petit « Oui » hésitant, l’Amour nous conduit à aimer. Si notre
cœur contemple « le mystère de la Trinité qui demeure en
nous », nous pourrons aussi voir sa lumière « briller sur le
visage de nos frères et sœurs autour de nous »33.
Le don du Dieu qui est parfaite unité dans la communion
n’est pas donné à chacun de nous dans l’isolement. Par sa
nature même, Dieu est une vivante communion d’amour.
Comme le note Jean dans sa première lettre, la communion
divine engendre une communion de croyants qui commence
à participer à la vie de Dieu (cf. 1 Jean 1, 3-4). Saint Paul aussi
est familier de ce mystère. Le pape Benoît a fait ce
commentaire dans son message pour la Journée mondiale de
la jeunesse 2012 : « Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si
l’exhortation de saint Paul est un pluriel : il ne s’adresse pas
à chacun individuellement, mais affirme « soyez toujours
dans la joie du Seigneur ! » (Ph 4, 4). C’est seulement
ensemble, en vivant la communion fraternelle, que nous
pouvons faire l’expérience de cette joie. » 34
En d’autres termes, nous ne pouvons recevoir le joyeux don
du Dieu trinitaire qu’au sein de cette « communion
fraternelle », l’Église. La Constitution dogmatique du concile
Vatican II sur l’Église, Lumen Gentium, nous dit que l’Église est
« « un peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils
et de l’Esprit Saint »!35. Cette Église qui « est née du cœur
transpercé du Christ mort sur la croix »"36 est « en quelque
sorte le sacrement », ou « le signe et le moyen de l’union
intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain »37.
Tandis que le parfait « Oui » de Marie garantit la réponse
de l’Église au don que Dieu fait de lui-même, les membres de
28
l’Église sont encore imparfaits dans l’amour. À travers
l’histoire, les chrétiens ont eu à beaucoup lutter pour rester
fidèles à la nature de l’Église. Pourtant la communion des
croyants est rassemblée non par son propre pouvoir, mais par
le Dieu un et trine, qui a fait de lui-même un don au monde
dans le Christ. En raison de cela, l’Église porte déjà en elle
l’antidote à toutes les divisions dans le monde. Tout en elle
– les sacrements, les dons de l’Esprit et le service
hiérarchique qui garantit son unité – est là simplement pour
qu’elle puisse être ce qu’elle est : le « Oui » du monde et ainsi
sa participation à l’œuvre de rédemption de Dieu.
L’Église, qui « trouve son origine dans la mission de Jésus-
Christ et dans la mission de l’Esprit-Saint, selon le plan de
Dieu le Père »38, est le « sacrement » du Dieu un et trine.
Devant les divisions et les conflits dans le monde, elle
connaît sa mission. Elle « reflète » la communication divine
du Dieu « qui vit dans la communion trinitaire », qui se révèle
« à travers le don de son Fils… et… répand l’Esprit-Saint pour
poursuivre le dialogue avec l’humanité »39. Elle prend sa place
dans la mission du Fils, que le Père envoie dans la puissance
de l’Esprit pour ramener le monde dans la communion avec
Dieu.
En d’autres termes, l’Église proclame l’Évangile – avec des
mots, bien sûr, mais surtout en étant simplement ce qu’elle
est. Dans un commentaire sur la communion, essentielle à
la nature de l’Église, Jean-Paul II écrivit ceci, en 1999, dans
un document intitulé L’Église en Amérique :
« Face à un monde divisé et en recherche d’unité, il est nécessaire
de proclamer avec joie et d’une foi ferme que Dieu est
29
communion, Père, Fils et Esprit Saint, unité dans la distinction,
et qu’il appelle tous les hommes à participer à la même
communion trinitaire. Il faut proclamer que cette communion
est le dessein magnifique de Dieu [Père]; que Jésus Christ, qui
s’est fait homme, est le centre de cette même communion, et que
l’Esprit Saint agit constamment pour créer la communion et la
restaurer quand elle est rompue. Il est nécessaire de proclamer
que l’Église est signe et instrument de la communion voulue par
Dieu, commencée dans le temps et destinée à la perfection dans
la plénitude du Royaume »40
Attirés dans la vie de Dieu
Pendant ces trois jours où le Christ est mort, a été mis dans
la tombe et est ressuscité dans la puissance de l’Esprit, Marie
et Jean ont été les témoins de ce que la « logique » de la vie
intime de Dieu nous attire en elle. Dieu est le don de soi
parfait. Il est la communion parfaite, car Dieu est Amour.
Dieu est le Père qui ne retient rien de lui-même vis-à-vis de
son Fils qu’il aime ; et le Fils qui ne retient rien de lui-même
vis-à-vis de son Père. Il est l’Esprit qui est le sceau et le fruit
de cet amour et la promesse que Dieu veut nous faire
partager sa vie à nous aussi.
Ce Dieu – le Dieu trinitaire – est l’Amour que les grandes
eaux ne peuvent éteindre, ni les fleuves emporter. Il est la
passion « implacable comme l’abîme », dont les « flammes
sont des flammes de feu, fournaise divine » (Cantique, 8, 6).
Mais les flammes de ce feu ne nous détruisent pas. L’amour
de Dieu est humble, il se penche pour laver les pieds de ses
30
disciples (cf. Jean 13, 1-11) ; il est fidèle, nous aimant jusqu’à
la croix. Comme le sang et l’eau s’écoulant du cœur
transpercé de Jésus (cf. Jean 19, 34), il est la miséricorde
répandue telle une pluie bienfaisante sur la terre desséchée
(cf. Isaïe 44, 3 ; 55, 1).
C’est cette réalité dont Jean a été le témoin lorsque,
contemplant le Christ mourant, il réalisa que non seulement
Dieu aime, mais qu’il est Amour (cf. 1 Jean 4-8). C’est ce que
Jean-Paul II avait à l’esprit lorsqu’il écrivit sur la miséricorde
de Dieu, et ce que pour quoi le pape Benoît a loué Dieu
lorsqu’il rendit grâce pour notre foi trinitaire. Ils le savaient
tous : quand la gloire de Dieu s’est manifestée, nous ne
sommes pas morts. Lui – le Fils de Dieu fait chair – est mort.
Il voulait faire l’expérience de la pleine mesure de notre rejet
de Dieu. Mais comme nous l’avons déjà entendu, le rejet, le
péché et la mort ne peuvent pas tenir devant Dieu.
En mourant et en ressuscitant, Jésus-Christ a ouvert la
voie au Père pour nous, en nous envoyant l’Esprit qui est le
fruit et le sceau de leur amour. Il nous a donné l’unité même
de Dieu. En commentant le récit de la crucifixion dans
l’Évangile de Jean, le pape Benoît écrivait : « Jésus « remit
l’esprit » (Jn 19, 30), prélude du don de l’Esprit Saint qu’il ferait
après la résurrection. Se réaliserait ainsi la promesse des
«fleuves d’eau vive» qui … jailliraient du cœur des croyants »41
Jésus nous a donné la réconciliation que nous désirons, la
communion que nous cherchons, et même plus, car il nous
a donné la claire joie de Dieu. Il s’est donné lui-même à nous.
Cet amour dans lequel et pour lequel nous avons été faits est
la signification non seulement de notre vie individuelle,
mais de toute chose.
31
Jean, qui se tenait debout avec Marie au pied de la croix, a
compris quelque chose en ce jour inconcevable où son
Seigneur est mort. Il l’a compris encore mieux en ce jour plus
inconcevable encore où les apôtres ont rencontré le Christ
ressuscité : tout ce qui existe vient de l’Amour, reflète
l’Amour, est fait pour l’Amour. Tout est appelé à cette
parfaite communion de Dieu avec ses créatures, quand Dieu
sera enfin « tout en tous » (1 Corinthiens 15, 28).
Le Père, le Fils et l’Esprit-Saint ont créé tout l’univers à
partir de rien, par pur amour. Tout dans l’univers - les étoiles,
la cire de nos cierges, l’eau de notre baptême, l’huile qui nous
oint, l’Église qui manifeste l’unité de la Trinité, et les êtres
humains qui deviennent enfants de Dieu – reflète l’Amour
qui est son origine. Tout révèle la plénitude de sa
signification uniquement à l’intérieur d’une relation
d’amour. Le père Marko Ivan Rupnik, artiste et théologien
contemporain, écrit ceci : « L’amour, l’amour du Père, du Fils
et de l’Esprit-Saint, est le cœur de l’univers… Il n’y a de liberté
que dans l’amour »42.
Nous rappelons que « le profond mystère qui réside dans
le fait que nous soyons chrétiens » repose non pas sur ce que
nous faisons, mais sur le don que nous recevons.43 Dans le
mystère le plus intime de la crucifixion, de la mort et de la
résurrection du Seigneur, nous voyons que ce don
insurpassable est Dieu lui-même, Père, Fils et Esprit-Saint. Il
nous a montré son visage, et ce visage est l’Amour – un
amour qui nous porte et nous libère de tous les obstacles en
nous qui nous empêchent d’aimer. Une fois que nous avons
entrevu le cœur le plus profond de Dieu, nous commençons
à comprendre l’invitation qu’il nous adresse. Alors, au plus
32
profond de notre cœur, nous savons la réponse à la question
que le pape Benoît a posée aux jeunes, par une nuit étoilée
en Australie : « Mes amis, acceptez-vous d’être attirés dans
la vie trinitaire de Dieu ? Acceptez-vous d’être attirés dans sa
communion d’amour ? »44
Dire “Oui” à cela, c’est entrer dans la liberté de Dieu. C’est
permettre à l’amour trinitaire de Dieu de donner forme à
notre vie. Et c’est suivre cet Amour sur son humble chemin
vers les coeurs souffrants de nos frères et soeurs.
33
Sources
1 Saint Grégoire de Naziance, Oratio 40, 41, cité dans le Catéchisme
de l’Église catholique (= CEC), 256.
2 Toutes les citations de cette section et de la suivante, à moins qu’il
n’en soit indiqué autrement, sont de Benoît XVI, Discours à la
veillée avec les jeunes au Champ de course de Randwick, Sydney,
Australie, 19 juillet 2008.
3 Id. Homélie de la messe à l’occasion de la 26ème Journée mondiale
des jeunes à l’aéroport de Cuatro Vientos, 21 août 2011.
4 Prière eucharistique 1, Missel romain.
5 Jean-Paul II, Lettre apostolique Novo Millenio Ineunte [Au début du
nouveau millénaire], 5.
6 Cf. CEC, 234 : « Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère
central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu
en Lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de
la foi ; il est la lumière qui les illumine. »
7 Cf. Matthieu 27, 46 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? »
8 Benoît XVI, Lettre encyclique Deus Caritas Est [Dieu est amour], 12.
9 Id. Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum Caritatis [Le
sacrement de la charité],
10 Saint Augustin, De Trinitate VIII, : 8, 12, cité dans ibid.
11 Ignace d’Antioche, « Lettre aux Romains », 7.
12 Cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Sollicitudo Rei Socialis [La question
sociale], 36 : « Les structures de péché… ont pour origine le péché
personnel et, par conséquent, sont toujours reliées à des actes
concrets des personnes, qui les font naître, les consolident et les
rendent difficiles à abolir65. Ainsi elles se renforcent, se répandent
et deviennent sources d'autres péchés, et elles conditionnent la
conduite des hommes. »
34
13 Id., Lettre encyclique Dominum et Vivif icantem [L’Esprit Saint dans la
vie de l’Église et du monde], 31.
14 Ibid.
15 Ibid.
16 Ibid., 32.
17 L’Exultet, ou proclamation pascale, chanté à la vigile pascale, la nuit
entre le Samedi Saint et le Dimanche de Pâques.
18 Charles Péguy, Le portail du mystère de l’espérance.
19 Benoît XVI, Sacramentum Caritatis, 11. Le pape Benoît utilise cette
phrase en référence à mystère de l’Eucharistie qui lui est relié,
dans lequel le geste de Jésus, de s’offrir en sacrifice par amour
dans sa Passion, sa mort et sa résurrection, nous est rendu
présent.
20 Jean-Paul II, Lettre encyclique Dives in Misericordia [Dieu, riche en
miséricorde], 7.
21 CEC, 221.
22 Cf. ibid.
23 Jean-Paul II, Lettre apostolique Mulieris Dignitatem [La dignité et la
vocation de la femme], 7.
24 Cf. saint Bonaventure, Itinerarium Mentis in Deum [Itinéraire de l’âme
vers Dieu].
25 Jean-Paul II, Dominum et Vivif icantem, 34.
26 Id., Mulieris Dignitatem, 7.
27 Cf. saint Irénée de Lyon, Adversus Haereses III.22.4 : « … de même
Marie… devint, en obéissant, cause de salut pour elle-même et
pour tout le genre humain. »
28 Cf. Marc 10, 38 : « Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous
demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être
baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? » » ; et
Romains 6, 3 : « Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le
35
baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous
avons été unis par le baptême. »
29 Benoît XVI, Discours de la veillée avec les jeunes à Randwick,
Sydney, Australie, 19 juillet 2008.
30 Saint Ignace de Loyola, Le récit du pèlerin: Autobiographie de saint Ignace
de Loyola : « son entendement se mit a s’elever, comme s’il voyait
la Sainte Trinite sous la figure de trois touches d’orgue et cela avec
tant de larmes et tant de sanglots qu’il ne pouvait se mouvoir ».
31 Benoît XVI, Message pour la 27ème Journée mondiale de la jeunesse,
2, 15 mars 2012.
32 Ibid.
33 Jean-Paul II, Novo Millenio Ineunte, 43.
34 Benoît XVI, Message pour la 27ème Journée mondiale de la jeunesse,
4.
35 Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen
Gentium, 4.
36 CEC, 766.
37 Lumen Gentium, 1.
38 La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi
chrétienne : Lineamenta [Document préparatoire], pour la XIIIème
Assemblée générale du Synode des évêques, 2.
39 Ibid.
40 Jean-Paul II, Ecclesia in America, 33, citant le concile Vatican II,
Propositio 40.
41 Benoît XVI, Deus Caritas Est, 19.
42 Marko Ivan Rupnik, The Color of Light (Rome : Lipa, 2003), 33.
43 Benoît XVI, Discours à la Veillée avec les jeunes, Randwick, Sydney,
Australie.
44 Ibid.
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L’auteur
Michelle K. Borras, Ph.D., est directrice du Catholic Information Service.
Elle a un B.A. en littérature anglaise de l’Université Harvard, une
licence canonique en théologie de l’Institut Jean-Paul II pour les
études sur le mariage et la famille à Rome, et un Ph.D. en théologie
de l’Institut, section de Washington, D.C., avec une thèse sur
l’interprétation du mystère pascal par Origène. Michelle K. Borras a
enseigné à l’Institut Jean-Paul II de Washington comme professeur
adjoint pendant l’année académique 2010-1011 et a donné des
séminaires en littérature catholique, en interprétation patristique de
l’Écriture et en théologie de Hans Urs von Balthasar. Outre de
nombreux travaux de traduction, elle a publié des articles dans le
domaine de la littérature catholique et de la théologie.
Le « Service d’information catholique » Depuis sa fondation, l’Ordre des Chevaliers de Colomb est impliqué
dans l’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont lancé le Catholic
Information Service (CIS) pour fournir des publications catholiques au
grand public ainsi qu’aux paroisses, écoles, maisons de retraite,
établissements militaires, prisons, assemblées législatives, au corps
médical et aux personnes individuelles qui en font la demande.
Depuis plus de 60 ans, le CIS a publié et distribué des millions de
livrets et des milliers de personnes ont suivi sa formation
catéchétique.
« Catholic formation Service » est une marque déposée des Chevaliers de Colomb.
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Série sur la nouvelle évangélisation
1 Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ?
1È R E PARTIE « CAR DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE »
2 « Je crois en toi » : La question de Dieu dans le monde moderne
3 Les mystères de la vie de Jésus
4 Un Dieu qui est trois fois Amour
5 « Nous sommes venus l’adorer » : Introduction à la prière à l’école
de Benoît XVI
2È M E PARTIE « APPELÉS À AIMER… »
6 Appelés à aimer : La théologie de l’amour humain, de Jean-Paul II
7 À l’image de l’Amour : Le mariage et la famille
8 Suivre l’Amour pauvre, chaste et obéissant : La vie consacrée
3È M E PARTIE … DANS L’ÉGLISE, ÉPOUSE DE L’AGNEAU
9 « Qu’il me soit fait selon ta parole » : Marie, l’origine de l’Église
10 Avec le cœur de l’Époux : Le sacerdoce ministériel
11 La transfiguration du monde : Les sacrements
12 Lumière et silence : Un journal intime eucharistique
4È M E PARTIE « AIMER EN ACTE ET EN VÉRITÉ »
13 Libres en vue de quoi ?
14 La justice : De la dignité du travail
15 La justice : L’Évangile de la vie
5È M E PARTIE « IL NOUS A AIMÉS JUSQU’AU BOUT »
16 La dignité de la personne souffrante
17 « Regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : La mort et
la vie éternelle
ANNEXES : OUTILS POUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
A La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation
B La technologie et la nouvelle évangélisation :
Critères de discernement
#4 Série sur la nouvelle évangélisation
« La foi… commence avec Dieu qui nous ouvre son cœur et nous invite à partager sa vie divine »
S E RV I C E D ’ I N F O R M AT I O N C AT H O L I Q U E
La foi chrétienne en un Dieu qui est Trinité n’est pas une théorie
par laquelle nous essayons d’expliquer Dieu. C’est la vérité la plus
vivante de la foi chrétienne, le fondement de tout ce que nous
croyons d’autre et la raison derrière tout ce qui existe par
ailleurs. En Jésus-Christ, qui a souffert, est mort et est ressuscité,
Dieu s’est montré à nous tel qu’il est réellement : Père, Fils et
Esprit Saint, dialogue d’amour vivant. Ce livret tente de réfléchir
sur l’affirmation chrétienne fondamentale selon laquelle « Dieu
est amour » (1 Jean 4, 8) – une « communion d’amour éternel »
qui nous invite à y entrer et qui est l’origine et la destinée de
toute vie humaine.
Catholic Information Service ®
Conseil suprême des Chevaliers de Colomb
PO Box 1971 203 752 4267
New Haven, CT 06521 800 735 4605 (fax)
[email protected] www.kofc.org/cis 404-F 5-16
— Pape Benoît XVI