tranzistor #15

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>>> Les FrLres Ganach :: Nostromo :: lagenda concerts du 53 l a c a m p a g n e ! Vi v e gratuit - trimestriel - printemps 2004 - numØro 15

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Vive la campagne ! À travers chant, Festival Les Ateliers Jazz, Chez Philippe, Café des Sports...

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Page 1: Tranzistor #15

>>> Les Frères Ganach� :: Nostromo :: l�agenda concerts du 53

lacampagne !

Vive

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Page 2: Tranzistor #15

Tranzistor #15Directeur de publication : Raphaël Buhot / Rédaction : Chico, Cyril �Viril� Coupé, Benoît Gautier, Nicolas Moreau, AnnePouteau, Nicobass.mor/ Illustrations : Loren M / PAO : Nicolas Moreau / Impression : Conseil général de la Mayenne /Photogravure : Numéri�scann 53 / Tirage : 2200 ex. / Les articles n�engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Merci pourtout à L�Oeil éléctrique. Merci aux 3 éleph� pour les photos. Jeff aurait aimé mettre dans le top 53 : Jean-Louis Murat (Lilith), Lotek Hi-Fi, Cat Power (You are free), Ellen Allien (Berlinette),Kid Koala (Some of my friends...), Tosca (Delhi9) et encore plein d�autres disques mais bon maintenant ça suffit !

Ce fanzine s�intéresse aux musiques dites �Musiques Actuelles�. Ce terme, initié par le Ministère de la Culture, regroupe toutesles esthétiques musicales à l�exception des musiques classiques et contemporaines. Ces courants sont issus du jazz, du rock, dumouvement hip-hop, des musiques traditionnelles... et rencontrent des problématiques similaires concernant la création, larépétition et la diffusion. Pour tout renseignement : [email protected] ou 02 43 66 52 83 (nicolas)

sommaire:3 hein?!? 05 Dossier spécial �Vive La campagne!�

16Les Brothers Ganach� parlent! 18 Interview Nostromo

20 Ils arrivent : DJ Zukry, compil�Qod, Fakir... and more.

22 Ils arrivent... presque! Après coup 23 Top 5o-trois

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Ca n�est pas une nouveauté (on le dit et redit depuis plu-sieurs numéros�), le département de la Mayenne souffrede l�absence d�infrastructures (répétition, création, diffu-sion�) dédiées aux musiques actuelles. Face à ce constat,les musiciens du département ont (enfin !) décidé de s�u-nir et d�agir collectivement. Première priorité : �la créa-tion de locaux de répétition et d�une salle de spectacleadaptée à Laval�. Répondant au doux nom de CCOMA (collectif pour lacréation d�outils musiques actuelles), ce collectif rassem-blant près de 50 membres s�est constitué en associationdébut 2004 et souhaite le plus rapidement possible enga-ger le dialogue avec la municipalité de Laval. Si vous souhaitez rejoindre le collectif et être tenu infor-mé des actions à venir, un contact : Nicolas Franchi (tél. 06 21 48 15 69, mail : [email protected]).

On parlait d�action à venir� : l�association Poc Pok (unnom classe!) organise le jeudi 29 avril une soirée concerts�militante� avec entre autres, tenez-vous bien : Tété etEz3kiel ! A l�occasion de cette soirée, l�asso Poc Pok invi-te le CCOMA à présenter son action au public et à orga-niser un forum associatif rassemblant les principauxacteurs du département : festivals, organisateurs deconcerts, groupes� Soyez militants, soyez présents !

Si Laval émerge, d�autres villes sont déjà bien réveillées :outre la salle des 3 Cigales à Craon (lieu de répétition etde diffusion dont les premiers travaux d�aménagementsont prévus pour très bientôt), la M.J.C. La Boule d�Ordispose depuis peu d�un local de répétition équipé (batte-rie, sono�) ouvert à tous. Un accompagnement avec unmusicien-intervenant professionnel sera également pro-posé aux groupes ou musiciens individuels qui le souhai-tent. Et ça n�est pas tout : les infatigables dyonisiens d�au Foinde la Rue investissent un nouveau lieu : baptisé�L�Ecole�, ce bâtiment de plus de 500 m2, déjà squattépar l�équipe déco du festival, pourrait accueillir dès 2004un studio de répétition adapté et équipé, ouvert à tous lesmusiciens du Nord Mayenne (et d�ailleurs !).

Enfin, dernière info concernant les locaux de répétition,l�asso Tous azicmuts à Renazé gère un local mis àdisposition par la municipalité et �aménagé� en lieu derépétition. Avis aux intéressés, le lieu est ouvert à tous.>MJC La Boule d�Or : Bruno Legrand (02 43 01 63 22).>Tous azicmuts : Jean-Marie Delaunay (06 22 48 73 27).

Plein de bonnes choses à venir ces prochains mois dansl�53 !Avec Lézard Nomad, le 30 avril, 1 et 2 mai prochains àMayenne, pas la peine de vous encombrer de valises oude visas, l�Inde est à deux pas de chez vous, avec desexpos, des conférences, des spectacles de danse et demusique traditionnelle indienne, un marché artisanal etpour finir une soirée concert le samedi soir avec notam-ment Senses (électro roots) et Rickshaw System (dj).Immanquable !

Toujours à Mayenne, les Frères Ganach� (en interviewdans ce numéro) remettent le couvert les 14, 15 et 16 mai2004 avec le festival �La rue fait des scènes�. Au pro-gramme : des spectacles d�art de la rue (théâtre, clowns,jonglage�), des fanfares, de la danse, des concerts, unvillage associatif et tout et tout ! Ah oui j�oubliais, en attendant, les frérots organisent unesoirée concert à Moulay le 13 mars avec La Phaze,Acha-B, West sound�

Laval se réveille ?!?

03 tzr

Senses

hhein ?!?

Studios de répétition 4e épisode

What�s up ?

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>>> La toute jeune association Hurmac, basée auGenest Saint-Isle, réédite pour la deuxième année sonP�tit Festoche le 30 avril et le 1er mai. Comme l�annéepassée, éclectisme et �p�tits groupes locaux qui montent�seront de la partie.

Autres événements à ne pas manquer : le festival �LesAteliers Jazz� à Meslay-du-Maine du 18 au 23 mai(avec entre autres Dee Dee Bridgewater, JulienLoureau, Bojan Z�) et le festival de chanson française�A travers chant� qui aura lieu du 19 au 27 mars àCossé-le-Vivien. On en parle p.10 et p.13 !

Retrouvez tous les contacts et la programmation détailléede ces festivals ainsi que l�ensemble des concerts à veniren mars, avril et mai 2004 dans l�Agenda concertsencarté dans ce numéro.

Les 4, 5 et 6 juin 2004, l�association Bouts de Ficelle(voir Tranzistor n°12), organisera à Daon, petite commu-ne du Sud Mayenne, la 6e édition d�un festival dont l�ob-jectif est de permettre aux musiciens amateurs et auxjeunes groupes de jouer sur scène, dans des conditionsdignes d�un festival professionnel. Et ça marche! En2003, 15 groupes et plus de 3000 spectateurs ont étéaccueillis lors des 3 jours du festival. Avis donc à tous les groupes intéressés (le festival Boutsde Ficelle est ouvert à tous les styles musicaux), envoyezvos démos avec une bio et une fiche technique avant le 16avril 2004 à l�association Bouts de Ficelles, SylvainTrovallet � 1 lotissement du Lavoir 53200 Saint-Fort. >Contact : Sylvain (06 82 34 15 83). >www.boutsdeficelles.free.fr

L�ESRA Bretagne et Radio Campus Rennes organi-sent un tremplin musical ouvert à tous les styles musi-caux. Les 3 finalistes se verront offrir l�enregistrementd�un deux titres en studio, une date de concert, la possi-bilité d�être invités lors d�émissions spéciales et d�êtrediffusés en forte rotation sur l�antenne des Radio Campusdu réseau IASTAR.

Date limite de dépôt des maquettes (max 4 titres) avecune bio et une fiche technique : 19 mars 2004. A adresserà : Radio Campus Rennes � Université de HauteBretagne � Place du Recteur Henry Le Moal � 35 043Rennes cedex. Contact : 06 66 99 44 89 (Chris).

Mickaël Zerah aime le rock�nroll et les groupes de rock�nroll aiment Mickaël Zerah. Du coup tout ce petit mondefinit généralement dans son studio d�enregistrement àMayenne (où passèrent naguère les Tagada Jones, MassMurderers et autres Why Ted ?, cf Tranzistor n°11). Toutça pour dire que ben, Mickaël maintenant il a un siteinternet: http://perso.wanadoo.fr/studiokyn

Ceci est un communiqué de l�association Au foin de larue : �Vous êtes intéressé par la vie associative ? Le déve-loppement de la culture constitue pour vous une priorité? Vous avez toutes les capacités pour rejoindre les béné-voles de l�association Au foin de la rue, que ce soit pourquelques jours pendant le festival ou tout le long de l�an-née, vous serez les bienvenus�. > Contact Au foin de la rue : 02 43 08 84 48.

04tzr hein ?!?

Tous en scène !

Tremplin

Studio kyn

S.O.S bénévoles

Les angevins Pignon sur Rue au festival Bouts de Ficelles 2003

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Le développement du secteur des musiques actuellespasse par celui des lieux d�information et de ressour-ces capables de renseigner, guider et conseiller lesporteurs de projets (musiciens, associations, etc�).Conscientes de l�enjeu que représente le domaine del�information, 5 structures de la région Pays de laLoire se sont réunies pour former le réseau régionaldes centres infos musiques actuelles : Trempolino àNantes, le V.I.P à Saint-Nazaire, le Fuzz�yon enVendée, Be-Bop en Sarthe, La Cerclère (Chabada)en Maine et Loire et l�ADDM 53 en Mayenne.Objectif : travailler de concert et développer des outilscommuns, dont une base de données régionale quirépertorie l�ensemble des acteurs musiques actuellesdes Pays de la Loire (artistes, festivals, tourneurs�etc.), un agenda concerts régional et bien sûr le maga-zine Tohu-Bohu (qui faut peau neuve pour l�occa-sion !). Si vous cherchez une info ou des contacts�n�hésitez pas !> Contacts : Trempolino : 02 40 46 66 33 / V.I.P : 02 40 2243 05 / Fuzz�yon : 02 51 06 97 70 / Be-Bop : 02 43 78 16 03 / La Cerclère : 02 4134 93 87 / ADDM 53 : 02 43 66 52 83

Vous pourrez aussi retrouver tousces contacts sur le tout nouveau sitede Trempolino, tout beau, toutneuf, mis en ligne le 20 janvier. Aumenu : les activités de l�associationmais aussi des news, des infos, descontacts et de la doc�> www.trempo.com

Le dispositif de résidence/formation�Artistes en scène�, initié parTrempolino, s�adresse à 5 groupesrégionaux professionnels ou en voie

de professionnalisation. Il repose sur un accompagne-ment de leur démarche de création, en leur permet-tant de travailler dans des conditions professionnellesau sein d�un lieu de diffusion. Parmi les participants2003/2004 figurent entre autres : Clones, Rutabagaet les mayennais de Bajka. Dossiers de candidature pour �Artistes en scène2004/2005� à retirer auprès de l�ADDM 53 (pour lesgroupes mayennais) ou de Trempolino.

Petit coup de chapeau à des gens qui le méritent bien:accueillis en résidence en Mayenne en 2002, les ange-vins de Lo�jo (triban, pour ceux qui veulent) nous ontlaissé plus qu�un bon souvenir. En attendant de lesrevoir en concert dans les parages, écoutez toujours ledisque �Festival au Désert�, témoignage sonore(avec Oumou Sangaré, Ali Faka Touré, Tinariwen,Lo�jo� et Robert Plant !) de l�extraordinaire festivaldu même nom organisé au plein c�ur du Sahara parles associations touareg Efès et Aitma, avec leconcours de Lo�jo.

Crée en 1987, par une bande de pas-sionnés qui voulaient faire vibrer la villedu Mans au son du rock, l�associationBe Bop est devenue, en quelquesannées, la référence �musiques ampli-fiées� en Sarthe. Après avoir créé le fes-tival Be Bop�n roll qui réunit, chaqueannée en novembre, un plateau éclec-tique (en 2003 : Les Wampas, The Ex,Melt Banana, TTC�), l�associationdéveloppe depuis quelques années uneprogrammation à l�année excitante etpassionnée. > www.bebop-music.com

et ailleurs !?Rézo info

Lo�jo tribu

Buck 65 à Allones avec Be-bop, le 5 mars 2004

On stage

To be bop

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lacam

Vive

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Marre des petits sourires en coin et des sempiternelles blagues du genre �en Mayenne, il y a

plus de vaches que d�habitants au Km2�. Ok, d�accord on avoue : la Mayenne est un départe-

ment, comme disent les géographes, �à fort caractère rural�. Mais, disons-le une fois

pour toute, on assume ! Qu�a-t-on à envier aux villes : leurs bouchons aux heures de pointes ?

Leurs gueules tristes et leur béton armé ? �Euh� leur dynamisme culturel peut-être ?� Dire le

contraire serait mentir : l�offre culturelle, en termes notamment de musiques actuelles (que ce

soit pour les musiques amplifiées, pour le jazz ou le trad), proposée en Mayenne est loin d�é-

galer celle d�autres départements voisins et de ce coté-là, beaucoup reste à faire� mais, mais�

quand même, avec ces 45 habitants au km2 et ces 280 000 habitants au total, la Mayenne ne

s�en sort pas si mal. Et ses vertes campagnes y sont pour beaucoup ! La campagne estvivante ! La preuve en 10 pages et 4 articles.

pagne !

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En Mayenne comme dans bien d�autres départe-ments, faute d�un engagement significatif desinstitutions chargées de l�action culturelle, ledéveloppement des musiques actuelles a d�abordété le fait d�acteurs de terrain, au premier rangdesquels figurent bien sûr les associations. Encampagne plus qu�ailleurs, le rôle de ces acteursest primordial : sans assos point de salut : niconcerts, ni festivals ! A Saint-Denis-de-Gastines comme à Lassay-Les-Châteaux ou Meslay-du-Maine�, brassage géné-rationnel et social, prise de décision collective etimplication de �vrais� gens dans la vie culturellelocale ne sont pas des mots qui sonnent creux. Caexiste et c�est près de chez vous ! Petit panorama de ces assos à la campagne qui,parce que personne n�aurait pu le faire à leurplace, organisent ces concerts et ces festivals quifont la vie culturelle du département.

Pionniers en quelque sorte, les lasséens de l�ASDA ont étéles premiers à créer en Mayenne un festival de l�ampleurde celui des 3 Eléphants, les premiers à croire qu�il étaitpossible d�accueillir dans une petite commune telle queLassay-Les-Châteaux (2600 habitants) plus de 10 000spectateurs (fréquentation en 2003) et des artistescomme Yann Tiersen, Femi Kuti, Gotan Project ou AsianDub Foundation. Un succès d�autant plus mérité que l�as-so a su proposer une manifestation unique en son genre,marquée par une passionnante programmation à têtechercheuse et une mise en scène du site soignée jusquedans les moindres détails. Employant 2 salariés, l�ASDAne s�arrête pas à l�organisation des 3 Eléphants : le restede l�année, l�association organise des concerts (à Lassayet ailleurs), accueille des artistes en résidence (Têtes rai-

des en 2003),etc� s�inscri-vant à parte n t i è r ecomme unacteur cultu-rel du dépar-tement.

Petit frère des3 Eléphants,le festival Aufoin de larue (Saint-D e n i s - d e -Gastines) seveut toutaussi éclec-tique et origi-nal. �Loin dela course à la tête d�affiche, on veut prouver qu�il existed�autres formules que les festivals festifs� nous confiaitCisco, programmateur du festival, dans un précédentnuméro de Tranzistor. A contrario des festivals à la pro-grammation �copié-collé� et du traditionnel diptyque�scène devant/buvette au fond�, Au Foin de la Rue a lesoreilles grandes ouvertes et soigne sa déco. Un souci de la�mise en scène� qu�ont d�ailleurs adopté depuis plusieursautres associations du département (on pense par exem-ple au Festival du Foirail à Château-Gontier�) et c�esttant mieux ! Cas à part dans le paysage départemental, Saint-Denis-de-Gastines compte une trentaine d�assos et accueille denombreux musiciens (La Sainte Java, Los Tick, Càfé,Nova ou Sajah� pour ne citer qu�eux). >>>

Associations mon amour !

Les 3 Eléphants 2003

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09tzr

Et lors du festival, du club des aînés au foyer des jeu-nes, ce sont plus de 250 bénévoles pour la plupartissus de la commune qui participent à l�organisation.Une grande famille en quelque sorte�

�Que les habitants, les jeunes du village deviennentacteurs et actifs!� Un credo que partage pleinementl�association Les Mouillotins basée à Cuillé dansle Sud Mayenne. Organisé tous les 2 ans depuis2000, le Festival des Mouillotins, après une inter-ruption en 2004, prépare son édition 2005 et pourl�occasion s�appuiera plus que jamais sur les associa-tions locales et plus partiulièrement les foyers dejeunes des communes du Pays de Craon.S�il est encore trop tôt pour parler du programme(en 2002, le festival avait accueilli Jacques Higelin,Sinsémilia, les Caméléons�), sachez que la prochai-ne édition aura lieu la dernière semaine de mai2005, avec plusieurs soirées concert, des spectaclesjeune public, un tremplin musiques actuelles dépar-temental, etc�

Aux cotés de ces festivals déjà bien établis (auxquelsil faudrait ajouter Les Ateliers Jazz et A traverschant présentés plus loin dans ce numéro), signa-lons les 1e éditions en 2004 de 2 petits nouveaux : lefestival blues Vents d�Ouest à Fougerolles-du-Plessis (le 26 juin 2004 avec Beverly Jo Scott,Phillipe Ménard, Doo the doo, etc...) et le festival de

musique trad Les Sacé folies à Sacé le 2, 3 et 4 juilletavec avec entre autres Mary Lou, Blanche Epine et GreamAllwright. On en reparle lors de la prochaine parution duTranzistor.

Petits frèresHormis les festivals, un nombre relativement conséquentd�associations organise, souvent de façon ponctuelle, desconcerts en milieu rural. Certes moins visible, parce queplus éclatée, l�action de ces associations contribue cepen-dant fortement à la qualité et la quantité de l�offre cultu-relle. Très souvent (mais pas seulement) initiées par desjeunes, ces associations sont pour un grand nombreissues du réseau des foyers de jeunes, très implantés surle département. Des noms ? Citons, par exemple, le

Foystival à Chemazé qui accueillait lors de sa précéden-te édition près de 1000 spectateurs, l�associationHurmac et son P�tit Festoche, Payaso Loco à Pré-en-Pail, l�association Bouts de Ficelles à Daon, Sacécoolà Sacé, Tout le monde dehors à Port-Brillet, Hé té enmusic à Saint-Pierre-des-Landes�

Un point commun réunit toutes ces associations : la fra-gilité de leur situation financière et l�importance quereprésente pour elles le bénévolat. Sans doute est-ced�ailleurs dans cette dimension bénévole et militante queréside toute leur force et tout �leur charme� : sans lesbénévoles aucun de ces festivals, aucune de ses assosn�existeraient. Et sans eux peut-être perdrait-on la convi-vialité et la simplicité de ces moments�.

On peut l�écrire sans trop s�avancer, l�action des associa-tions �musiques actuelles� est de mieux en mieux com-prise par les élus des communes rurales. Au-delà de toutenotion de service public, certains ont sans doute comprisl�impact économique et médiatique qu�elle pouvait repré-senter. Attention cependant on ne fera pas de Festival desVieilles Charrues partout ! En tout cas, signe tangibled�un changement de mentalité, plusieurs communautésde communes incluent depuis peu les musiques actuelleset amplifiées dans leur programmation. On y croit !

n.m

Feuillet et les Patrons minettes. Festival Bouts de Ficelles 2003

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10tzr

A Cossé-le-Vivien, petite commune rurale de2700 habitants, le trop méconnu festival de chan-son française A TRAVERS CHANT parvient,depuis 4 ans, à concilier exigence artistique etréussite populaire (900 spectateurs en 2003).Découverte, ouverture en direction de tous lespublics� A l�instar de son initiateur, Jean L�oury,voici un festival, qui loin de vouloir faire du�public pour du public�, sait ce qu�il défend.

Lorsqu�en mars 2000, l�amicale laïque de Cossé-le-Viviencrée la 1e édition du festival A travers chant, l�associationa derrière elle plus de 20 ans de programmation �chan-son française� ! 20 ans ! 20 ans d�activisme desquelsnaquirent également les Embuscades, le festival de l�hu-mour de Cossé-le-Vivien dont l�amicale laïque fut l�orga-nisatrice jusqu�en 1993 (depuis lors, cette manifestation,est gérée par une association indépendante). Des premières soirées chanson et café-théâtre organiséesen 1980 à l�édition 2004 du festival A travers chant, rienn�a changé. Tout du moins dans l�objectif : faire sortir lesgens de chez eux ! �Dans notre petite contrée dépourvuede lieux de diffusion culturelle, il y a 2 formules au choix: soit on reste chez soi et on regarde la télé, soit on essaiede se bouger pour permettre aux gens de se rendrecompte qu�il existe autre chose, ça a été notre pari depuisle début�.

Oser la découverteC�est certain, le programme de l�édition 2004 d�A traverschant en laissera plus d�un perplexe : �je connais person-ne !�. Rassurez-vous, c�est normal : le festival, depuis sacréation, mise sur la découverte. �Cela ne nous intéressepas de programmer des têtes d�affiche, comme parexemple les Têtes Raides, même si j�adore ce qu�ils font�ça n�a rien à voir avec leur qualité artistique, maisdemain on va faire des gens comme Gérard Morel ou lesBuissonniers que personne ne connaît et ce qui m�inté-

resse c�est ça, c�est de dire : vous ne les connaissez pasmais vous allez pouvoir être surpris, voir que ces gens-là ont aussi des choses à dire.�Ce choix assumé, toute la difficulté réside alors dans lacapacité à mobiliser un public qui ne se déplace pas faci-lement pour des artistes inconnus. Une seule solution :aller chercher les gens chez eux ! �Lorsque en 1980, j�aiproposé à l�amicale l�idée d�organiser des spectacles plu-tôt que la soirée choucroute et le concours de beloteannuels, ils m�ont pris pour un dingue ! Je leur ai dit :vous êtes 20, vendez les entrées pour les soirées specta-cle comme vous vendiez les places pour la soirée chou-croute, sauf que là y aura rien à manger� Si chacund�entre vous vend 5 ou 6 places, on sera 100 ! Et c�est cequi s�est passé, et pendant des années on a fonctionnécomme ça, les gens sont allés chercher les voisins, lescopains, la famille� on faisait du porte à porte ! On acréé un réseau et petit à petit, on n�a plus besoin de toutça, A travers chant commence à rassembler une bandede fidèles�. D�où l�importance des bénévoles et de leurengagement dans la réussite de l�implantation locale d�unfestival�

Ouvrir à tous les publicsPrivilégiant la découverte, A travers chant doit aussi sonsuccès à l�accessibilité de sa programmation. �On a unpublic rural, essentiellement familial, qu�il nefaut pas choquer de manière trop brutale, aurisque de ne plus les revoir la fois d�après.Cela dit, ce qui nous intéresse, c�est aussi ledécalage� comme par exemple avec JeanneCherhal en 2003 (jeune chanteuse nantaisequi assure aujourd�hui la première partie dela tournée de Thomas Fersen, ndlr). C�est vraique lorsqu�elle joue à A travers chant, elle nejoue pas devant son public habituel : elle nevient pas jouer à Méral, Saint-Poix etCossé tous les jours�� >>>

La Bonne Chanson

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Si, avant tout, le festival vise un public rural et familial, il s�ouvre àpetits pas vers tous les publics. Sont ainsi programmés depuis la pre-mière édition des concerts à destination du jeune public,des specta-cles à la maison de retraite de Cossé, ou à la maison d�arrêt de Laval�Toujours dans cette logique d�ouverture, en 2004, le festival s�asso-ciera au foyer des jeunes de Cossé et à l�association Les Arts au soleilpour une soirée dont la programmation et l�organisation seront assu-rées conjointement. �Histoire de leur faire profiter de notre expé-rience et puis de se remettre en question. Cela ne peut être que béné-fique que des plus jeunes viennent nous éperonner et apporter leurvision des choses.�

Privilégier l�intimité�Petit� et fier de l�être, A travers chant ne voit pas son avenir engrand. �C�est un festival qui se veut modeste. On souhaite continuerà travailler dans des petits lieux, d�environ 200 à 300 personnes.On tient à garder une certaine intimité d�échange dans le rapportartiste/spectateur. Je trouve que c�est là qu�il se passe vraimentquelque chose. Et pas dans les stades. On est touché, concerné,embarqué dans une aventure, ce sont des petits moments de bon-heur simple qui émeuvent ou amènent les gens à avoir un autrecomportement dans le quotidien, à être curieux� C�est vraimentune aventure humaine que l�ont fait partager à des gens qui a prio-ri ne seraient jamais allés aux spectacles.� Et si pour une partie du public, A travers chant est l�une des seulesdates de spectacle dans l�année, d�autres fréquentent désormaisrégulièrement les lieux artistiques et culturels du département. C�esttoujours ça de gagné sur la télé !

n.m

> 4e festival �A travers chant� du 18 au 27 mars 2004 avec ChristineOriol, Les Buissonniers, Hervé Akrich, Paul Andrée

Cassidy, Gérard Morel, Thiphain� fait du hard-core, Ibogatura.

>Renseignements au

02 43 98 28 72.

>> Allo asso ?Association �ASDA/Les 3 éléphants�>02 43 04 00 24 >[email protected] 3elephants.com>www.les 3elephants.com>

Association �Au Foin de la Rue�02 43 08 84 [email protected]

Association �Les Mouillotins� > 06 09 87 02 06 (Thierry)> [email protected]

Festival Les Ateliers Jazz > 02 43. 64 10 45

Festival �Vent d�ouest� (Fougerolles-Plessis)> 06 77 92 38 36 (Jean-Pierre)

Festival �A travers chant� >02 43 98 88 35 (Amicale laïque de Cossé-le-Vivien)

Festival �Les Sacé folies� (Sacé)> 02 43 02 52 30 (Mr Derenne)

Association �Sacécool� (Sacé)> 06 74 38 11 17 (Pauline)

Association �Payaso loco� (Pré-en-Pail)> [email protected]

Association �Hurmac� (Le Genest St Isle)> 06 22 67 50 60 (Anaïs)> [email protected]

Association �Bout de ficelles�> 02 43 06 90 37 (Paul)> www.boutsdeficelles.free.fr

Festival �Kan lez'arts s'emmêlent� (Montsûrs)> 06 17 64 60 72 (Kevin)

�Foystival� (Foyer des jeunes de Chemazé)> 06 03 53 66 39 (Yohann)

Association �Les Arts au soleil� (Cossé-le-Vivien)> 02 43 91 77 06 (Julien)

Association �Hé té en music!� (Saint-Pierre-des-Landes)

> 02 43 01 66 40 (Frédéric)

Festival �Tout le monde dehors� (Port Brillet)> 02 43 68 12 71 (Association Ca coule de source)

Pour plus d�infos (adresse, type de programmation...),contactez l�ADDM 53 (02 43 66 52 83).

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Sans tambour ni trompette, le FESTIVALATELIERS JAZZ de Meslay-du-Maine (2612 habi-tants) impose sa marque de fabrique. Mêlantpendant 5 jours, musiciens professionnels etamateurs, groupes locaux et internationaux(Galliano, Bojan Z, Liz Mc Comb�), free jazz etbig bands�, les Ateliers Jazz abattent les murs etprônent l�ouverture. A tous les jazz, tous lesmusiciens et tous les publics�Pas snob pour unsou, Les Ateliers Jazz n�est pas un festival de�jaaazz� comme les autres.Interview avec Jeff Landeau, programmateur dufestival, par ailleurs professeur de jazz à l�écolede musique de Meslay-du-Maine.

J-F. L : A l�origine du festival, il y avait cette idée deréunir sur 1 ou 2 soirées concert les élèves des ateliers jazzdes écoles de musique de la Mayenne : chacun bossaitdans son coin et on ne se rencontrait jamais. Un jour, jerencontre Patrick Marey-Vignard alors adjoint au mairede Meslay et président de l�Office culturel municipal. Jelui parle de ce projet et de mon idée de programmer, en2e partie des ateliers jazz, des musiciens professionnels.Le projet l�a tout de suite intéressé et en 1998 on organi-sait ce qui deviendra la première édition du festivalAteliers Jazz, avec tous les ateliers jazz du département eten clôture le trio Romano/Sclavis/Texier! Au départ, c�était une manifestation sans lendemainmais, encouragés par le succès public (plus de 1200 per-sonnes sur les 3 jours) et surtout par Aldo Romano etLouis Sclavis qui avaient trouvé la formule vraiment per-tinente, on s�est relancé dans l�aventure. Et la 2e éditionpuis la 3e édition ont eu lieu� reprenant les principesrodés la première année : des concerts décentralisés dansles villages de la communauté de communes de Meslay-du-Maine, l�association ateliers jazz/musiciens profes-sionnels et le final qui réunit sur scène la tête d�affiche dufestival et l�ensemble des élèves des ateliers jazz.

C�est important pour vous ce rapprochemententre élèves musiciens et professionnels ?Oui, c�est l�idée qui est à l�origine du festival et on tient àconserver cette place importante accordée aux élèves desateliers jazz. Le festival leur permet de jouer en public etdans des conditions professionnelles. Ils apprennent àaborder la scène, à faire une balance� Et puis surtout ilspeuvent rencontrer directement les musiciens. Chaqueannée, il y a vachement de contacts entre les amateurs etles musiciens invités. Enfin il y a les b�ufs chaque soir etle concert de clôture où les élèves peuvent jouer avec lesprofessionnels� Jouer avec Portal, Garbarek ou Humair,ça marque.

Associant amateurs et professionnels, têtes d�af-fiche et découvertes, ta programmation se veutouverte et éclectique� Il y souvent trop de barrières entre amateurs et profes-sionnels, groupes �reconnus� et jeunes projets� ar exem-ple pour nous c�est important de faire bosser les gens ducru, il y a aura toujours aux Ateliers des groupes mayen-nais, des musiciens de la région et des locomotives derenommée nationale et internationale. C�est une évidencepour nous de mettre les musiciens locaux en avant, que cesoit des groupes amateurs ou professionnels d�ailleurs.C�est important qu�ils aient leur place et qu�ils sentent quele festival est aussi pour eux.

Cette ouverture est aussi vraiemusicalement...Je suis éclectique dans mes goûts et j�écoute aussi bien dudixieland, du swing, du be-bop, du hard-bop que du freejazz� Et puis j�essaie dans ma programmation d�êtreouvert pour que tous les publics puissent s�y retrouver.On est en milieu rural, on ne peut pas se permettre debalancer que des trucs de free jazz. C�est impossible. Lebut du jeu c�est aussi d�avoir un coté éducatif par rapportau public. Montrer que le jazz ne se limite pas à ce qu�enconnaissent la plupart des gens: le jazz d�après guerre, lebe-bop, les big bands�>>>

Au bonheur du jazz

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Lorsqu�on fait venir Denis Badault et Bruno Tocannejouer sur �Man with a movie camera� (film expérimentaltourné dans les années 20 par Dziga Vertov, ndlr), çasurprend le public� Mais ça fait du bien aux gens, ils dis-cutent. Qu�ils soient d�accord, pas d�accord, il y a réactionet c�est ça qui m�intéresse ! On ne peut pas tomber dans un truc démago. Il y a assezde conneries à la télé pour qu�on s�y mette. Je ne fais pasde politique de remplissage de salle. Je ne vais pas medire �oh non, je ne vais pas faire ce mec-là parce que j�aipeur qu�il n�y ait personne�. Il est hors de question de ren-trer dans ce jeu-là. Et jusqu�ici le public répond présentmême sur des plans osés. Le public nous fait confiance.

Comment expliques-tu le succès que rencontre lefestival auprès du public local ?Au départ, on avait un public qui venait essentiellementde l�extérieur et puis petit à petit, les habitants du paysont commencé à fréquenter les lieux� Je pense que l�ou-verture musicale du festival et la gratuité de la quasi-tota-lité des concerts y sont pour beaucoup. On tient à ce prin-cipe de gratuité parce qu�il correspond à une volontéd�ouverture au public que l�on affiche depuis le début.Enfin, le fait qu�on programme des groupes locaux et lesateliers jazz des écoles de musique du département per-met aussi d�attirer un public supplémentaire. Par l�équipedes bénévoles s�est aussi constitué un réseau importantde parents, d�amis qui fréquentent assidûment le festival.Et puis il y a le bouche à oreille�

Les Ateliers Jazz reposent aujourd�hui unique-ment sur le bénévolat. Envisagez-vous à l�avenirune professionnalisation du festival ?Dès sa création, le festival a fédéré une nombreuse équi-pe de bénévoles, rassemblant des personnes pas forcé-ment là au départ pour la musique ou le jazz mais plutôtpour l�ambiance, le plaisir d�être ensemble et d�entre-prendre quelque chose collectivement. A l�époque ondevait être une trentaine, aujourd�hui on est 80. Tous lesâges et tous les corps de métiers sont représentés� Il y aquand même vachement de gens qui se sentent impliquésdans ce festival et ce qui fait qu�il fonctionne. Sans lesbénévoles, il faudrait embaucher des professionnels, onn�en se sortirait pas financièrement. Et puis c�est ce qui apporte son coté familial au festival.

Beaucoup de musiciens qui sont passés chez nous, mêmeles grands noms, ont été sciés par l�accueil et l�ambianceconviviale du festival. Ils apprécient les contacts qu�ilspeuvent avoir avec les gens. Les mamies qui servent lesrepas� Pas de gorilles qui bloquent les accès �artistes�,pas de barrières entre les musiciens et le public. Pour toutcela, je ne tiens pas à ce qu�on grossisse beaucoup plusparce qu�on risque de perdre ce coté familial. Le risquec�est que ça devienne l�usine, trop lourd à gérer. Et mêmesi tu fais attention, tu perds forcèment un peu de cetesprit là. Donc l�évolution du festival, je la vois plutôtdans le développement d�accueil d�artistes en résidence,une expérience qu�on a déjà tentée avec l�Occidentale defanfare en 2002 et qui s�était super bien passée. Et puison aimerait bien prolonger l�action du festival en pro-grammant des concerts le reste de l�année. C�est pas lesprojets qui manquent!

> 7e Festival Ateliers Jazzde Meslay-Grez du 18au 22 mai 2004avec Dee DeeBridgewater trio,Duo Bojan Z/Julien Lourau,Ronald BakerQuintet, PascalSalmon Sextet,Vincent MascartSextet....

>Renseignements:02 43 64 24 0602 43 64 28 99

Dee Dee Brigdewater

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Et si on faisait un détour au pays des stéréotypes?Des tables et des chaises en bois posées plus parutilité que par goût sur un carrelage inchangédepuis 4 générations de propriétaires. Un comp-toir sobre avec juste derrière une grande armoi-re où se côtoient volontiers la bouteille d�apéro etla coupe poussiéreuse gagnée par le club de footlocal à la suite d�une saison 1967-1968 plus quemémorable. Des autochtones d�un âge certain,gâpettes sur le haut du caillou, divulguant entrechaque tournée les derniers ragots du village.Vous y êtes ? Bienvenue dans un quelconque caféde la campagne mayennaise.Pourtant, contre vents et clichés, certainspatrons de bars profitent de la convivialité quedégagent de tels lieux pour faire bouger les cho-ses. Et c�est bien de concerts dont nous allonsparler ici� Entre rapport privilégiéartiste/public et problèmes de voisinage, entrel�importance que représentent ces endroits pourles jeunes groupes et la difficulté d�attirer unpublic extérieur� gros plans sur 2 lieux qui for-cent l�admiration : le CAFÉ DES SPORTS àBouchamp-les-Craon, (bourg de 680 âmes, situédans le sud Mayenne) et CHEZ PHILLIPE àMontenay, petit village paisible voisin d�Ernée.

Thierry Thirouin n�est pas du genre à la ramener. Etpourtant il pourrait. Lorsqu�il reprend le Café desSports en 2000, l�endroit est plutôt sur le déclin. Fairede ce bistrot de campagne un lieu de vie actif avec uneprogrammation de concerts régulière et de qualité, ca n�é-tait pas gagné d�avance ! �Au départ, je ne me suis pasinstallé ici avec l�idée de faire des concerts, ça s�est faitun peu comme ça� naturellement. J�ai d�abord fait un 1e

concert en 2001 avec un petit groupe de Bouchamp� etça m�a donné envie d�accueillir d�autres concerts dansmon bar." Encouragé par la fréquentation de ces 1e

concerts et surtout par �ses clients":une vingtaine d�habitués, passionnésde musique, qui le poussent à conti-nuer, il met rapidement en place uneprogrammation régulière (1 concertpar mois) et accueille des pointuresrégionales comme Cry FreedomFamily, Vulgaires machins,Blouz�vaches, Celdones�et bientôt lesAmis d�ta femme, Rutabaga. Uneprogrammation éclectique et �coupde c�ur� toujours validée par ses�clients� : �je passe les démos que jereçois comme ça en douce quand ilssont là et j�attends leur avis. J�essaieaussi d�ouvrir la porte à des groupeslocaux, c�est important qu�on lesaide� confie Thierry. Et si l�entrée desconcerts reste gratuite quel que soit le groupe, c�est aussidans l�objectif d�encourager la découverte.

De son coté, la café Chez Philippe (anciennement �ChezFabienne�) a accueilli près de 200 concerts depuis 1992.Et c�est Philippe Olénic qui depuis 1 an s�occupe des lieux,toujours secondé dans ses choix de programmation parChristian Hamon, ancien propriétaire et fin connaisseurde musique. Moustache devant et nostalgie en tête, cedernier se rappelle volontiers des premiers concerts orga-nisés au fond du bar par des groupes à reprises. Puis avecl�aide de Patrick du Coquelicot (très bon café-concertssitué à Fougères), il élargit sa programmation et devientvite un passionné de musique. Soucieux de la qualité, iln�hésite pas à faire des kilomètres pour dénicher le bongroupe qui va lui permettre de se construire une notorié-té certaine dans le secteur et d�attirer une population deplus en plus éclectique. Il continue aujourd�hui àconseiller Philippe, nouveau patron désireux de conti-nuer et de développer l�activité musicale du café. >>>

Small is beautiful !

Caf

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>> Petits lieuxLieux d�échange privilégiés de par leur intimité et leur convivia-lité ; lieux de découverte de la scène et de formation pour lesjeunes groupes, les cafés-concerts constituent un maillonincontournable dans la chaîne culturelle �musiques actuelles�.Et ce pour les groupes amateurs comme pour les professionnels: les caf�-conc représentent 50% des dates des groupes ama-teurs, 40% des dates des groupes en voie de professionnalisa-tion et 10% des dates des groupes professionnels*. Indispensables certes mais menacés si on en croît les cris d�a-larme des différents collectifs ou coordinations (à Paris, Rennesou Nantes) qui depuis déjà quelques années nous alertent de ladisparition progressive de ces lieux. Prenons l�exemple de Laval, on recense aujourd�hui dans la capitale mayennaise 2 lieuxprogrammant des concerts de manière (à peu près) régulière.Nous sommes loin de la dizaine de lieux répertoriés par l�étude�Musiques actuelles en Mayenne� en 99� Législation inadaptée (loi anti-bruit, absence de statut de�musicien amateur�), difficultés économiques, inadaptation deslieux, mise aux normes aux coûts prohibitifs� les facteurs d�ex-plication d�une telle situation sont multiples et interrogent :Doit on réadapter les cafés-concerts existants ? Sont-ils à réin-venter (après l�échec du label café-musique initié par l�Etat) ?Autant de questions posées par le Collectif Culture Bar Barqui réunit des petits lieux de diffusion de la région nantaise etqui souhaite impulser un réseau national. On en reparle...

> [email protected]* G.Guibert �Etude Régionale sur l�économie des Musiques Actuelles� (1998)

La preuve : en 2004, la fréquencedes concerts passe à 2 par mois etPhilippe a pour projet de proposeraux groupes et au public desmeilleures conditions de concert enagrandissant les lieux. Les travauxsont programmés pour début 2004.

Que se soit à Bouchamp-les-Craonou à Montenay, la 1e motivationreste la même : faire bouger les cho-ses. Mais être un café-concerts à lacampagne, c�est aussi rencontrercertaines difficultés spécifiques aumilieu rural. Tout d�abord, il y a lesouci de toucher le public concerné.�Nous sommes obligés de commu-niquer d�une façon très large pourinformer le public de nos concertset cela prend beaucoup de temps�relève Christian, regrettant au pas-sage �de ne pas être très soutenupar une certaine presse locale�.Chaque concert devient alors uneaventure, où les tournées d�afficha-

ge s�ajoutent au stress du fameux �pourvu qu�il y ait dumonde !� La seconde difficulté est économique. Remettreen cause à chaque soirée la stabilité financière de soncommerce reste chose éprouvante. Comme le rappelleThierry, �si tu pars dans l�esprit de faire du fric, c�est pasla peine. Quand j�arrive à équilibrer ma soirée et à faireautant de bénéfices que lors d�une soirée normale, je suissatisfait...�

Au vu de tout cela on est en droit de se demander si çavaut le coup de se donner autant de peine pour autant derisques. A cette question, le même sourire illumine lesvisages de nos patrons de bar. �Il y a une réelle magie quise dégage de l�endroit quand tu sens la chaleur ambian-te, quand après un concert le groupe te remercie en t�ex-pliquant que c�est dans ce genre d�endroit que l�échangeest le plus intense pour un artiste.�Et quand on parle d�avenir, Christian reste confiant : �lescafés-concerts seront amenés à devenir des lieux de plusen plus importants dans le paysage des musiques actuel-

les. Ils resteront les témoins des premiers pas des grou-pes locaux et des endroits recherchés pour leur intimitéet leur convivialité�. Si la situation actuelle est plus quemorose pour les petits lieux de diffusion (voir encadré),souhaitons que cet optimisme soit visionnaire.En tout cas, Le Café des Sports et Chez Philippe prouventtous les 2 qu�avec de la volonté et de l�opiniâtreté, il estpossible de faire des concerts de qualité dans des petitsbleds comme Bouchamp ou Montenay et d�intéresser unpublic de plus en plus présent. Alors, au diable le carrela-ge, poussons les tables, remplissons la coupe qui trônesur l�armoire et buvons-la jusqu�à la lie !!!! Et s�il faut unragot à semer, que ce soit celui de dire que nos campa-gnes bougent, n�en déplaisent aux stéréotypes ! Boudiou !

Benoît Gautier

> Café des Sports : 02 43 06 43 10 (Thierry)> Chez Phillipe : 02 43 05 22 28 (Phillipe)

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fé des Sports, Bouchamp-les-Craon

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Mais qu�est-ce qui pousse ces rigolos, tous lesans, les beaux jours du mois de mai revenus, àdéguiser Mayenne en marmite à spectacles enébullition? Rencontre au cours d�une matinée camembert,casse-croûte pâté cornichon et ganache givréeavec les 3 Nico et Manuel�, Frères Ganach� jus-qu�au bout des orteils.

En 1998, c�est la création des Frères Ganach�, une troupede clowns qui fait des spectacles à droite à gauche, sansprétention, mais avec l�envie de bien faire les choses : �onvoulait faire des spectacles dans les règles : on a montéune structure pour développer notre activité, on s�estdonc constitué en association�. Et puis, de fil en aiguille, les comédiens se transformenten organisateurs� �En quelque sorte, on doit une fièrechandelle à Pierro de la Sainte Java : pour un projet étu-diant, il a organisé un festival à Ernée autour de lamusique et des arts de rue. On s�est dit à la fin de l�expé-rience que ce serait pas mal de faire la même chose surnotre ville. C�est comme ça qu�en 99, on a lancé la pre-mière édition de La rue fait des scènes et ça dure main-tenant depuis 6 ans en plein centre ville de Mayenne�.

La scène de la place Clémenceau en a vu défiler des gui-tares acoustiques et électriques, des baguettes de batterieet des basses surchauffées ! Family Spliff, la Sainte Java,Kiemsa, Los Tick, Chorda Trio, Tribu Familia ou encoreAïwa et Big Mama ont goûté à la ferveur du publicmayennais. Un public difficile à évaluer mais au nombretoujours croissant (jusqu�à 7000 spectateurs� par beautemps !). �Ce qui est excellent pendant le festival, c�est

qu�il y en a pour tous les goûts. On voit vraiment desgens de tous horizons. Un de nos moments favoris, c�estLes gosses font des scènes le samedi après-midi. Cettepartie du festival gagne vraiment à être connue ; c�estfamilial, convivial, avec des spectacles de qualité adap-tés au jeune public, aussi bien de la musique que du spec-tacle de rue. On sent les gens heureux, les yeux quipétillent�.

Musique et Arts de la rueAlors que les 3 premières années, le festivalétait plutôt axé sur la musique avecquelques touches d�arts de la rue, l�ob-jectif aujourd�hui est de rééquilib-rer les 2 composantes du festi-val. �Plus on avance et pluson a envie de mettre enavant la diversité artis-tique des arts de la rue.Avec les échassiers, lethéâtre d�interven-tion burlesque, lesfanfares, on a rendupeu à peu sa place àla rue. Et si le côtémusique a marquénotre identité audépart, on veut queles gens découvrentd�autres plaisirs etd�autres formes d�ex-pressions�. >>>

radio bocal

Ganachement

votres

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C�est peut-être pour ça aussi que depuis 3 ans, la veille dufestival est exclusivement consacrée à la musique dans lesbars. �Ça permet d�étoffer la fête autour de La rue fait desscènes. C�est une autre ambiance qui se crée avec cesconcerts et pour nous, la logistique est plus simple : il s�a-git d�une co-organisation avec les bars. Nous, on tient àavoir un regard d�ensemble pour qu�il y ait une certainediversité dans les propositions. On se tient aussi à l�écou-te des bars en matière d�organisation pour leur fairebénéficier de notre expérience si besoin.�Cette année, le programme -pas encore bouclé- s�annon-ce riche en émotions ! Avec ses 2 scènes musicales (uneworld/traditionnelle et une orientée musiques ampli-fiées), le festival accueillera entre autres Six Senor etOrange Blossom. La rue ne sera pas en reste avec tou-jours du théâtre de rue, de la danse, une fanfare,du déam-bulatoire, des performances artistiques, du théâtre d�in-tervention burlesque� Alors notez bien la date du same-di 15 mai dans vos tablettes !

C�est gratis!Depuis sa création, la gratuité est une des grandes carac-

téristiques du festival et les Frères Ganash�ne l�envisagent pas autrement. �Le

principe de la gratuité, çarépond à un objectif de

départ venu du c�ur.Nous voulons promou-

voir l�art et la cultu-re. Dans notre

logique, le princi-pal facteur pour

que celad e v i e n n ea c c e s s i b l e ,c�est de nepas faire detarifs mons-t r u e u x .Quand tu yréfléchis, il ya tellement

peu de chosesgratuites !

Bien sûr, c�est grâce à nos financeurs qu�on peut se per-mettre de tenir ce pari, sans leur soutien ce serait totale-ment impossible.�

Cette année, les Ganach� ont mis du pain sur la planche etproposeront certainement plusieurs rendez-vous dansl�année en dehors du festival : du théâtre en juin maisaussi une soirée concerts en mars. �Quand on veut pro-grammer autre chose, comme le concert du 13 mars àMoulay, on ne peut pas offrir une entrée gratuite. Parcontre, on veut rester abordable pour tous. À Moulay, cesera 5 groupes, 5 heures de folie pour 5 �. Ça revient à 1� le groupe ! On peut pas dire que ce soit exagéré ! Ceserait dommage de s�en priver, non ?�Lors de cette soirée, la logique de l�asso est respectée :accessibilité, promotion de la création artistique locale etéclectisme. �Quand on a réfléchi à la construction de lasoirée, on voulait un groupe de renommée nationale (LaPhaze) et également laisser la scène à des groupes locauxqu�on veut soutenir dans des styles totalement différents(rock, ragga, métal�). On veut qu�il y en ait pour tous lesgoûts, que les gens osent venir découvrir d�autres styles.On est persuadés qu�il ne faut pas uniquement se limiterà ses préférences personnelles. De toute façon, la pro-grammation se fait en commission avec plusieurs béné-voles qui n�écoutent pas forcément le même genre demusique. La programmation est donc un compromisentre toutes les propositions qui émergent.�Ce système de commission est instauré depuis quelquesannées pour répartir les tâches d�organisation. �C�est lemeilleur moyen qu�on ait trouvé pour fonctionner, étantdonné que l�association n�a pas de permanent. C�est vraique les effectifs des bénévoles fluctuent chaque année. Ace jour, on est une quinzaine à s�investir tout le long del�année et le jour du festival, on est une bonne centaine.C�est assez dur pour notre petite équipe de �bénévolespermanents� mais quand on lit la joie dans les regardsdu public pendant le festival, ça nous rebooste !�

Anne

> Association Les Frères Ganach�Mairie de Mayenne - rue de Verdun - 53100 MayenneContact : 06 32 95 72 90 (Nicolas)

> Bruits de scènes. Samedi 13 Mars, Moulay. Avec LaPhaze, Sic, Acha-B , Horoya , West Sound. tzr17

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Après 7 ans d�existence et un secondalbum �Ecce lex� sorti sur le labelrennais Overcome records,NOSTROMO se fait petit à petit un nom sur lascène métal hardcore européenne. Phénomèneinédit pour un groupe évoluant dans un registremusical �extrême�, la réputation des genevoisdépasse aujourd�hui largement les petites fron-tières du métal� draînant à leurs concerts unpublic des plus éclectiques. Intéressé par ce qui semble être la marque d�unepersonnalité forte et d�une certaine �universali-té� (ne nous enflammons pas non plus, c�est pasdemain la veille que Nostromo passera sur RTL),Tranzistor profite de leur passage à Laval (lors dela 2e édition d�Hardcore session avec Gojira,Homestell et Skizoïds) pour en savoir plus.

Ok j�avoue, j�ai flippé. D�abord moi j�y connais rien aumétal et question référence, à part les posters d�Anthraxde mon cousin Jean-Louis (celui qui roulait en mobylettetrafiquée chopper, le rebelle de la famille), j�étais un peusec. Secondo (ça se dit ça secondo ?), sur Nostromo non

plus j�avais pas maxd�infos : �alors euh

comme ça vous venez de Genève�, et c�est sympa commeville Genève ?�. Alors quand Nico mon infomateur supercalé, qui connaissait tout sur Nostromo (jusqu�au nom dejeunes filles de leurs mamans), m�apprit qu�il me feraitfaux bond pour l�interview, là, j�avoue, j�ai flippé. Je m�yvoyais déjà, violenté par des gros chevelus en cuir cloutédans les sous-sols humides de la salle polyvalente deLaval� Glauque.Après m�avoir offert un petit remontant, Maik (le batteurdu groupe) m�a vite rassuré. Ouvert et marrant avec sonaccent ovomaltine et ses drôles expressions : �la miouze�pour la musique ou, lorsqu�il m�explique les circonstancesde la formation du groupe : �Avec Jéjé le gratteux, ons�est retrouvé en 98. Là on s�est dit on va faire un truc quisurchie. On a fait Nostromo.� Et en effet ça a surchié!

Quant à mes appréhensions de néophyte en matière degrind-core, il les range au placard : �On se fiche des stylesmusicaux, des barrières, des mots hardcore ou métal. Ungoupe que j�aime, c�est un groupe qui me touche, pointbarre. J�écoute vraiment beaucoup de trucs, >>>

Nostromo �Hardcore session� le 31 octobre 2003

SAUVAGEJOIE

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à part 2 ou 3 styles sur lesquels je bloque. J�aime lamiouze en général, pas juste le grind ou le métal. Je col-lectionne les vinyls, j�adore découvrir tous ces vieuxtrucs, c�est tellement vaste� L�autre fois, j�ai réécoutédes vieux Clash, y a des morceaux vraiment mons-trueux� Après c�est pas pour rien que j�ai commencé lamiouze avec le hardcore. Ce moyen d�expression mesemblait juste par rapport à ce que j�avais envie d�ex-primer mais que je ne pouvais pas dire avec des mots�Tu sais y en a qui écrivent des livres parce qu�ils se sen-tent près à dire quelque chose de cette manière. Moic�est la miouze. C�est vraiment un moyen d�expression etce quel que soit le style. Donc quand tu me dis que tut�intéresses à Nostromo alors que tu n�écoutes pas dehardcore d�habitude, c�est super valorisant. Ca nous faitsuper plaisir d�entendre ça. On tient à ne pas être ran-ger dans une catégorie, un style partculier.�

Nostromo acoustiqueSans limite musicale imposée, dégagée de toute étiquet-te, Nostromo fait du Nostromo. Pas besoin d�aller cher-cher plus loin, leur musique est unique et inimitable.Aboutie mais pas figée. Toujours prête à évoluer, à allervoir ailleurs, à explorer autre chose. Quitte à se débran-cher. �Dans le cadre du festival La Bâtie à Génève, on nous aproposé à nous et à d�autres groupes genevois ouromands de faire un concert acoustique. L�idée du festi-val c�était que ces groupes puissent montrer ce qu�ilsétaient capable de faire dans un autre style et de prou-ver qu�ils savaient jouer de la miouze. On a accepté etles gens ont vachement accroché lors du concert. Parceque ce qu�on a fait est totalement différent de ce quiexister. On a dû faire avec nos moyens, s�adapter, cher-cher des sonorités qui donnaient un nouveau caractèreà Nostromo� Ca nous a vachement ouvert l�esprit pourse dire voilà on peut très bien faire autre chose dans unstyle totalement différent tout en gardant notre identi-té. L�idée maintenant c�est d�en faire un disque.�

Ce que révèle ce projet acoustique, c�est tout bonnementla raison d�être de Nostromo : exprimer ce quelquechose, cette énergie, cette émotion que les genevois n�a-vaient jusqu�alors pu faire passer que par �une musiqueagressive qui chie� dixit Maik. �Ca fait des années qu�on

fait la musique ensemble. Pour ce concert acoustique onne pouvait pas faire autrement que de rester dans lalignée ce qu�on a toujours fait. On était obligé de faireun truc pareil, qui touche les gens. Là quand on répé-tait, on savait très bien qu�il fallait chercher quelquechose, pas juste jouer. Ca ne pouvait pas passer par l�a-gressivité, c�était autre chose. Trouver l�émotion. Capeut paraître ringard mais c�était ça : trouver le trucpour toucher. Moi quand je fais de la musique, il fautque ça me touche. Si ça me touche moi, ça peut toucherquelqu�un d�autre.�

Energie positiveDifficile d�aller plus loin, de définir plus précisémentcette émotion : �je ne peux pas dire comment ça vient.C�est sur l�instant. Tu vois quand ça coule, tu as des fris-sons quand tu joues� C�est une histoire d�énergie.D�énergie positive. On fait une musique très agressive,mais pour moi c�est positif. C�est cool. On envoie lasauce mais on garde le sourire.�

Et quelques heures plus tard, le sourire aux lèvres,Nostromo �surburine�. Ca va à 2000 à l�heure et je mesurprends à agiter frénétiquement et bêtement la tête,tel un fan de hard rock de base. Il ne me manque plusqu�un élégant tee-shirt Iron Maiden� Je me reprends,soucieux de ma (pseudo) dignité, et observe le groupesur scène : chaque morceau débute de la même manière: Jaja (chant), Jéjé (guitare) et Lad (basse), quasimentdos au public, se tournent vers Maik (batterie) qui lente-ment fait tourner un ryhtme avant de faire tout exploser,chanteur, musiciens, public� tous pris d�une joie sauva-ge et frénétique. Maik : �Sur scène tu sens qu�on vit notre musique. Je visde plus en plus émotionnellement ma musique et ellefait partie intégrante de mon existence. C�est quelquechose que je veux faire ressentir sur scène. J�existe à cemoment là. Je suis vraiment moi, encore plusqu�ailleurs. Mais tu verras, il n�y a pas de show, rien detravaillé ou de chorégraphié, c�est de l�énergie pure. Onest nous-même, il n�y a personne qui joue à quelquechose. J�arrête la miouse si je dois faire çà.�

Chico>Ecce Lex (Overcome records)>www.noiseaddict.com 19 tzr

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Dj Zukry �La palindrome touch�L�Evangile selon Dj Zukry. Pour leur 1e production (hors compilations) les gou-rous de Qod Lab_L nous offrent le 1e album de DjZukry : �La palindrome touch�. Plus d�une heure demusique électronique âpre, mélodieuse et toujours surle fil du rasoir. Au final, tous ceux qui ont déjà croisé laroute de Dj Zukry ne seront nullement surpris par l�at-mosphère très particulière qui se dégage de sondisque. Pour les autres, il faut sans doute les prévenir que lapremière rencontre avec l�univers de Dj Zukry est tou-jours une aventure en soi. Ce qui déroutera les moinsaguerris des auditeurs, c�est sans doute l�humour�pince sans rire� très marqué de ce personnage. Lechoix des titres de ses morceaux, plus encore que sonpseudonyme pour le moins original, reflète parfaite-ment ce penchant : �Moitié chic Moitié con�,�Bâtisseur de ruines�, �Equarisseur de night clubbers�.Pourtant, il ne faut pas s�y tromper, Dj Zukry, sous sesapparences débonnaires, contrôle parfaitement tousles rouages d�une musique subtile et à fleur de peau.Pour les amateurs de sensations musicales fortes, cedisque est hautement recommandable. Il est impossible de rester insensible à la musique deDJ Zukry, c�est peut-être là la seule certitude que l�onpeut avoir lorsque l�on évoque le cas de ce musicienpour le moins atypique.

Cyril(Qod lab-L)

En vente à M�Lire (Laval), Café des Artistes (Laval), Switchrecords (Rennes).

Dj Zukry en concert le 16 avril au Café des Artistes (SoiréesVice_Versa avec Stätik dancer, Aporia, Vled blorek...).Infos : d.qod.free.fr

Fakir �Période métatronique�Lors du précédent n° de Tranzistor consacré à la scèneéléctro mayennaise, nous n�avions pas pu vous présen-ter (par manque de place) ce disque sorti courant 2003sous le nom de Fakir. Oeuvre d�un collectif protéifor-me et changeant d�appellation à chaque nouveau pro-jet, cette aventure stéréophonique, très bien nommée�Période métatronique�, regarde du coté d�un hip-hopdowntempo et instrumental. Dès l�intro, les présenta-tions sont faites : samples originaux et grosses bassesvibrillonnates vous accueillent chaleureusement.Egalement invités, des collègues saxophoniste et trom-pettiste se font mettre en boucle, très contents d�êtrede la partie, pour une fois pas seulement réservée auxmachines. Mi-homme, mi robot, Fakir assure ici unetrès bonne 1e production avec un album réfléchi auxaccents électro qui lancent néanmoins de légers clinsd��ils au jazz. �Période métatronique� constitue unesorte de voyage qui invite, voire incite à la relaxationmais pas au relâchement : une pause enrichissante. Undisque simple comme un commencement, pur commeune source. La variété des compositions et la diversitédes samples (on y retrouve même Jean-Pierre Bacri, àvous de trouver sur quel titre) ne nuit pas à l�unité dudisque. Tel un encens, la musique de Fakir se diffuse,marquant sa présence sans l�imposer. Il ne vous resteplus qu�à vous procurer cette �petite rêverie�. N�hésitezpas rêver�

Nicobass.por(Autoproduit)

En vente à la librairie M�Lire (Laval). >www.picturingsound.com (nouveau projet du collectif)

Ils arrivent

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MonaricaMonarica, derrière ce nom énigmatique se cachent 3 musiciensmayennais qui ne sont pas inconnus du public (nous vous lais-sons la joie de découvrir leurs identités lors de leurs 1e concertsque l�on espère très proches). Citant Neil Young, Nick Drake oule Beck de �One foot in the grave�, Monarica rêve à uneAmérique idéale, celle de Kerouac et de Vincent Gallo, rurale etbohême. Les chansons de ces cowboys chantant français sonttranquillement mélancoliques. Jamais déprimées. Sereinesmais lucides, insouciantes mais conscientes. Les guitares secroisent et s�entremêlent avec une trompette qui se la jouemariachi. Une voix, dans une diction proche de celle deMiossec ou Mael, chante des histoires de soirées estivales entreamis, parle d�aller planter des arbres, rève d�Arizona� et nouspromet un beau premier disque pour bientôt !Démo - 4 titres. En concert au Café des Artistes le 3 avril.

SahajIl y a cette voie étrange et (trop) belle, qui vous surprend d�a-bord et qui bientôt ne vous lâche plus. Une voie neuve. Quichante comme nulle autre. Il y a la musique, épurée, quasi-minimale, dure comme une pierre. Parfaite. Celle d�un triobasse/batterie/guitare (formé par des membres de Nova etAbkhan) qui n�aurait pas bien appris ses leçons d�histoire durock. Jouant à coté. A sa manière. Il y a ces filets tenus de gui-tares qui s�enchevêtrent lors de longs passages instrumentaux,cette batterie resserrée et cette caisse claire qui claque. Et puissurtout il y a ce frisson que je ressens à chaque fois. Le vide quise crée autour de moi lorsque j�écoute la musique de Sajah. Jelève la tête. Cherchant bêtement à voir qui m�appelle là bas,derrière ce poste idiot.Démo - 4 titres

NagualEt un petit Càfé serré, un ! Composé de 2 membres de Càfé :Jeff M (guitare/chant) et Yoan (percussions/chant), Nagualemprunte les chemins de traverse déjà tracés par le groupe deSaint-Denis-de-Gastines. Même légère amertume, même origi-nalité, même travail sur la musicalité et le sens, savammentimprécis, des mots. Même absence de fard aussi : il faut dutemps pour rentrer dans ces chansons, pas sucrées, pashabillées pour le Top 50� Mais là où les chansons de Càfé n�é-vitaient pas parfois une gravité intimidante, celles de Nagual,acoustiques et épurées, gagnent une simplicité et une chaleurqui les rend plus rondes et confortables. Pour le coup, on yhabiterait bien�Démo - 5 titres. En concert à Commer le 27 mars.

Qod �Hors série #2�Dernière livraison du très productif label Qod, cettecompilation, suite logique d�un 1e volume sorti en mai2003, rassemble les habitués du label (Dj Zukry,Mek+.u3, Trankil, !diosynqraatiq�) et de nombreuxmusiciens invités, tous issus de la scène électro mayen-naise. A l�image de cette scène très éclectique, cedisque frappe par sa variété et par l�originalité desidentités développées par certains de ces musiciens. Dans une veine abstraite et quasi-arythmique, Mhasigne un morceau recueilli et méditatif, d�une étrangeplénitude, fabriqué à partir de vide et d�air, d�ondes etde vents polaires. Plus bruitistes, métalliques et somb-res, les titres des terroristes !diosyncraatiq, R-max,Atad ou Stätik dancer filent les pétoches, surtout lors-qu�ils s�aventurent du coté d�une hard-tek squelettiqueet rouillée (Atad). Développant des mélodies synthétiques et imparables,les plus pacifiques Mek+.u3, Trankil ou Vled Bloreklorgnent du coté d�un hip-hop abstrait aux beats quicognent comme des portes qui claquent (Vled Blorekexcellent!) ou d�un break beat concassé à la petitecuillère (Mek+.u3, également responsable, on y met-trait notre main à couper, du parkinsonien et parfait�Pröto poem� de la très mystérieuse Sqkeezoïd part-ners companee). Décalée, la musique de Dj Zukryparaît sans âge, ni influence. Ectasiée et pleine degrâce. Amen ! Enfin, nouveaux dans la boutique, Askwell (drum &bass), Zaruts (électro dub) et Dj Klectiq (électro hip-hop) signent 3 morceaux prometteurs dont on attendles prochains prolongements sur disque et sur scène. Le meilleur est à venir !

ChicoEn vente à M�Lire (Laval), Café des Artistes (Laval), Switchrecords (Rennes). Soirées Qod les 16 et 17 avril au Café des Artistes (SoiréesVice_Versa).

La démo àmomo par Chico

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Soirées Autodid_act 1 & 2, les 11 & 12 décembre à Laval (Salle poly-valente)

Jeudi 11 décembre. Aérogare de� oups, pardon salle polyvalente de Laval� Ilest environ 23h, sur scène Mha s�agite tranquillement autour de sa guitare etde ce qui doit être des machines. J�essaie en vain de relier ses gestes précis etconcentrés à l�orage calme et magnétique qui se déploie dans la salle. Je fermeles yeux� autour de moi des gens discutent, vont d�une expo à l�autre�L�ambiance est tranquille et détendue, renouvelant totalement le concepthabituel de �concert�. Certes la musique est là, au centre de la soirée (au totalplus de 10 groupes, dj�s ou musiciens live sont programmés) mais ce qui est àvoir est ailleurs que sur scène, dans les courts-métrages de Trankil et lesimages du très créatif collectif vidéo Germ. Les yeux sur les écrans plutôt quesur les musiciens, on regarde de drôles de bonhommes emmitouflés de blancdéambuler dans les rues de Laval... Moins rigolotes, des images de crucifix etde bonnes vierges annoncent bientôt le set de Dj Zukry. Prêchant la bonneparole de l�éclectisme musical, le saint homme conclut la soirée avec un setparfait mixant électro, hip-hop, acid house� et ses douces et purpurines com-positions. Tous ragaillardis, on se souhaite bonne nuit et on se dit à demain ! Vendredi 12 décembre. Riley sort les guitares et confirme sur scène tout lebien que m�inspirait leur premier disque : c�est beau quand même la musiquetriste. Mais bon ça rend tout mou� Heureusement voilà Tez, le human beatbox fou, pour nous requinquer. Ce garçon est doué ! Capable de réveiller lesmorts, juste avec� des bruits de bouche. A voir absolument! Alors que Mektoub (aka mek+.u3) entame son set : concassage de beats etévidences mélodiques assurées, force est de constater que Qod lab_L etGerm, les 2 collectifs organisateurs de ces soirées ont réussi leur pari : met-tre en avant une scène locale, qui dans l�ombre et sans véritable moyen, sur-prend par sa richesse et son éclectisme. Du public (environ 300 personnes surles 2 soirs), des nouveaux sons, des nouvelle idées, des identités sonores affir-mées, tout cela sans pose, ni facilité�pas mal pour un première!

Chico

Récents gagnants du Tremplin régionalmusiques actuelles (Prix Espoirs) organiséaux Herbiers (en Vendée), les lavallois deSling 69 font dans le punk-rock pur jus :c�est jouissif, court et joué à donf� la caissepar des bûcherons skateboarders de� 17ans ! Avis aux programmateurs, veulentfaire de la scène le plus vite possible.

Aussi sélectionné pour le Tremplin régio-nal des Herbiers (mais pour le prix Sacemaux cotés de musiciens professionnelscomme Zmiya et Karim Baba), les minotsd�Extra Sound (métal) s�appellent désor-mais Hard off Hearing et grande nou-velle, ils chantent !

Encore un groupe lavallois sélectionné auTremplin des Herbiers (sur 8 groupes rete-nus pour la finale : il y a avait 3 groupeslavallois !) : les Pères Peinards font dela chanson française punk (à chiens). Lepire c�est qu�on aime ça!

Du coté de Saint-Denis-de-Gastines aussion travaille : Riley (post-rock) prépareune compilation de remixes (avecMektoub, Dj Zukry...) et un nouvelalbum, qui d�après ce qu�on a pu écouter,s�annonce mélancolique et joyeusementdésespéré� Du bonheur quoi!

Et puis n�oublions pas nos petits LosTick, très fiers de nous annoncer qu�ilssortiront pour l�été 2004 un �bingle� (ren-seignement pris il s�agirait de ce qu�onappelle plus platement un maxi 2 titres).

Olektricity (rock folk) sort sa premièredémo et travaille sur un maxi 4 titres pourl�été 2004. A suivre.

Héros de quelques récentes soiréesmayennaises, l�homme-machine Tez(human beat-box) travaille sur un nouveauprojet avec un MC (le très mystérieux : MCJee). 22tzr

Après-coup

Ils arrivent... presqueLes K-driver (punk rock�n roll) sont contents : ils ont retrouvé un chan-teur. Un bonheur n�arrivant jamais seul : ils participent au festival duPrintemps de Bourges 2004 ! Plus d�infos sur leur nouveau site :http://kdriver.free.fr

Changement de line-up également chez Homestell (métal hardcore),qui après le départ de HP et James, intègre Yosh (au chant) et Guillaume(ex-guitariste de Drop Out).

En concert récemment au Mondo Bizarro, Aggrits (trash métal) vientde sortir une démo avec des nouvelles compos qui déchirent sa mère . Onen reparle bientôt.

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> Cody Chesnutt - The Headphone Masterpiece (Ready Set Go !)> Jeanne Balibar - Paramour (Dernière bande)> Travaux Publics - Disco chamalow (Travaux publics)> Squarepusher - Ultravisitor (Warp)> Mardi gras Brass brand - Heat (Universal)> Franz Ferdinand - Franz Ferdinand(Domino)> Occidentale de Fanfare - Hopopop (Daqui) > Soul fighters - Soul fighters (SYS prod) > Denez Prigent - Sarac�h (Barclay) > The Work of Chris Cunningham (DVD - EMI Music)> Louis Sclavis - Napoli�s walls (ECM)> Cinematic Orchestra - Man with a movie camera (Ninja Tune) > Main - Tau (K-RAA-K)3

> Bell oeil - Hurle tout (Griffe/Sony)> Martina Topley-Bird - Quixotic (Independiente)> Java - Safari croisière (Small/Sony)> Marc Ducret - Qui parle (Sketch)> Anis - Anis (autoproduction/Fnac distribution)> Clone incorporated - XY (Label Fairplay) > Out of the Blue - Urban settings (Yolk records)> Ambre - Le mensonge (Ant-Zen)> Fabulous trobadors - Duels de tchatche (Tôt ou Tard)

02tzr

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Séléction de nouveautés (plusau moins nouvelles) réalisée parle Festival Au foin de la rue,Le Festival des 3 éléphants, leFestival Ateliers Jazz,Triangle association et Qodlab_L. Devinez qui a choisi quoi !?

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Prochainnuméro :Juin 2004