thèse touil

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UNIVERSITÉ IBN TOFAIL THÈSE Présentée à LA FACULTÉ DES SCIENCES DE KENITRA Pour l’obtention du DOCTORAT ÈS-SCIENCES Mention : Chimie-physique Par M’hamed TOUIL ÉTUDE THÉORIQUE DE L’INHIBITION DE LA CORROSION DU FER EN MILIEU ACIDE PAR DES DÉRIVÉS DU TRIAZOLE ET DE L’ACTIVATION DE LA LIAISON = DANS LE PRÉCURSEUR "[(Biphényl NMe2) Ph2PAuCl]" Soutenue publiquement le 05 Juillet 2012 devant le jury composé de : Mr. M. ET-TABIROU Professeur à l’Université Ibn Tofail (KENITRA) Président Mme. N. KOMIHA Professeur à l’Université Mohammed V (RABAT) Rapporteurs Mr. J.-Y. SAILLARD Professeur à l’Université de Rennes I (France) Mr. A. ENNACIRI Professeur à l’Université Ibn Tofail (KENITRA) Examinateur Mr. H. RABAÂ Professeur à l’Université Ibn Tofail (KENITRA) Encadrant

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Page 1: Thèse Touil

UNIVERSITÉ IBN TOFAIL

THÈSE

Présentée à

LA FACULTÉ DES SCIENCES DE KENITRA

Pour l’obtention du

DOCTORAT ÈS-SCIENCES

Mention : Chimie-physique

Par

M’hamed TOUIL

ÉTUDE THÉORIQUE DE L’INHIBITION DE LA CORROSION DU FER

EN MILIEU ACIDE PAR DES DÉRIVÉS DU TRIAZOLE

ET DE L’ACTIVATION DE LA LIAISON 𝐂 = 𝐂 DANS LE PRÉCURSEUR

"[(Biphényl –NMe2) Ph2PAuCl]"

Soutenue publiquement le 05 Juillet 2012 devant le jury composé de :

Mr. M. ET-TABIROU Professeur à l’Université Ibn Tofail (KENITRA) Président

Mme. N. KOMIHA Professeur à l’Université Mohammed V (RABAT) Rapporteurs

Mr. J.-Y. SAILLARD Professeur à l’Université de Rennes I (France) Mr. A. ENNACIRI Professeur à l’Université Ibn Tofail (KENITRA) Examinateur

Mr. H. RABAÂ Professeur à l’Université Ibn Tofail (KENITRA) Encadrant

Page 2: Thèse Touil

À la mémoire de mon père

À ma mère

À ma femme Naoual

À ma fille Chorouq

À mon frère et mes sœurs

À la famille Dehnani et la famille Touil

Et à tous ceux qui me sont chers

Page 3: Thèse Touil

Remerciements

Ce travail de thèse a été effectué au département de chimie, au sein du

Laboratoire de Physico-chimie des Matériaux Vitreux et Cristallisés avec l’équipe de

Spectroscopie et Chimie Théorique des Matériaux.

Mes plus sincères remerciements vont à mon directeur de recherche,

Monsieur le professeur Hassan Rabaâ. Son expérience et ses grandes compétences

autant pédagogiques que scientifiques ont permis l’accomplissement de ce travail.

Qu’il trouve ici l’expression de toute ma reconnaissance pour le temps et l'attention

qu’il m’a accordé tout au long de ces années.

Je remercie Monsieur le professeur Mohammed. Et-Tabirou, directeur du

laboratoire de Physico-chimie des Matériaux Vitreux et Cristallisés, pour avoir accepté

de présider mon jury de thèse.

Je suis reconnaissant à Monsieur le Professeur J.-Y. SAILLARD d'avoir accepté

de juger ce travail de thèse et d'en être le rapporteur. Ses commentaires et ses

questions m'ont permis de clarifier ma rédaction et m'ont donné de nouvelles pistes de

réflexion.

J’exprime ma sincère reconnaissance à Madame Najia Komiha, professeur à

l’Université Mohammed V de Rabat, d’une part pour avoir accepté de juger ce travail

en tant que rapporteur, et d’autre part pour l’aide et les précieux conseils et les

fructueuses conversations dans le domaine de la chimie théorique.

Je remercie vivement Monsieur le professeur Abdelaziz Ennaciri de m’avoir fait

l’honneur d’examiner ce travail.

Page 4: Thèse Touil

Aussi, je remercie vivement le CNRS (France), le CNRST (Maroc) par la

convention P-chimie 13/10, le DAAD en Allemagne, l’académie de Finlande et le

CASCAM en (USA) pour leurs soutiens. Mes remerciements vont également à la

Faculté des Sciences de Kenitra.

Page 5: Thèse Touil

Sommaire

Introduction générale……………………………………………………….. 1

Références bibliographiques…………………………………………………………... 4

Listes des acronymes……………………………………………………….. . 5

Chapitre I : Étude bibliographique des inhibiteurs organiques tensioactifs

Introduction…………………………………………………………………………. 8

I.1. Description des molécules tensioactives……………………………………… 8

Définition……………………………………………………………………………...... 8

I.2. Etude bibliographique de l’inhibition de la corrosion……………………… 9

I.2.1. Définition et propriétés…………………………………………………………… 9

I.2.2. Mécanismes d’action électrochimique………………………………………….. 10

I.2.3. Adsorption des molécules inhibitrices à la surface métallique…………………. 11

I.2.3.a. Adsorption physique……………………………………………………. 12

I.2.3.b. Chimisorption…………………………………………………………… 12

I.3. Inhibition en milieu acide…………………………………………………….. 14

I.3.1. Adsorption des inhibiteurs organiques…………………………………………. 14

I.3.1.a. Liaison électrostatique…………………………………………………. 14

I.3.1.b. Liaison chimique……………………………………………………….. 15

I.3.1.c. Liaison 𝜋……………………………………………………………….. 16

I.4. Utilisation des méthodes de chimie théorique à l’étude de l’inhibition

de la corrosion par les molécules organiques………………………………. 16

Références bibliographiques…………………………………………………… 22

Page 6: Thèse Touil

Chapitre II : Méthodes théoriques

Introduction…………………………………………………………………………. 26

II.1. L’équation de Schrödinger…………………………………………………… 28

II.1.1. L’expression de l’hamiltonien…………………………………………………. 29

II.1.2. Approximation de Born-Oppenheimer et adiabatique ………………………… 30

II.2. L’approximation orbitale…………………………………………………….. 32

II.3. La méthode de Hartree-Fock………………………………………………… 34

II.4. Les équations de Hartree-Fock-Roothaan et l’approximation de LCAO… 39

II.5. Fonctions atomiques de base utilisées dans l’approximation LCAO……… 42

II.6. Formulation de la Corrélation Electronique………………………………… 46

II.7. Les Méthodes Post-Hartree-Fock ……………………………………………. 47

II.7.1. Méthode Perturbative Møller-Plesset…………………………………………. 47

II.7.2. Méthode d’interaction de configuration………………………………………. 49

II.7.3. Méthode Coupled-Cluster…………………………………………………….. 50

II.8. Théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT)……………………………... 53

II.8.1. Théorèmes de Hohenberg et Kohn……………………………………………. 53

II.8.2. Méthodologie de Kohn-Sham………………………………………………… 56

II.8.3. Fonctionnelles utilisées en DFT………………………………………………. 58

II.8.4. Pseudopotentiels………………………………………………………………. 60

II.8.5. Potentiels effectifs de cœur (ECP)……………………………………………. 62

II.8.6. Succès et limites de la DFT…………………………………………………… 63

Références bibliographiques …………………………………………………… 65

Page 7: Thèse Touil

Chapitre III : Étude théorique de l’inhibition de la corrosion du fer par

des molécules tensioactives à base des dérivés de triazole

Introduction ………………………………………………………………………… 69

III. 1. Inhibiteurs non-protonés……………………………………………………. 71

III. 1.1. Analyse des paramètres physico-chimiques théoriques……………………... 71

III. 1.2. Analyse de la régression linéaire……………………………………………... 75

III. 2. Inhibiteurs protonés…………………………………………………………. 78

III. 2.1. Analyse des paramètres physico-chimiques théoriques……………………… 78

III. 2.2. Analyse de la régression linéaire "forme protonée"…………………………. 85

III. 2.3. Analyse de l’efficacité des inhibiteurs coordinées à un atome de fer……….. 86

III. 3. L’effet du solvant……………………………………………………………. 91

III. 3.1. Inhibiteur non-protoné en présence du solvant………………………………. 91

III. 3.2. Analyse de la régression linéaire " en présence du solvant"…………………. 92

III. 3.3. Inhibiteur protoné en présence du solvant……………………………………. 93

III. 3.4. L’analyse de l’efficacité des inhibiteurs coordinés à un ou plusieurs atome de

Fer (cas du cluster) en présence du solvant………………..…………. … …….96

Conclusion……………………………………………………………………. 102

Références bibliographiques………………………………………………….. 104

Chapitre IV : Étude théorique de l’activation de la liaison 𝐂 = 𝐂 dans le

précurseur "[(Biphényl –NMe2) Ph2PAuCl]"

Introduction………………………………………………………………….......... 108

Page 8: Thèse Touil

IV.1. Structure électronique et moléculaire du catalyseur [(𝐛𝐢𝐩𝐡é𝐧𝐲𝐥 - NM𝐞𝟐)

𝐏𝐡𝟐𝐏𝐀𝐮𝐂𝐥]……………………………………….......................................... 111

IV.2. Structure électronique du [𝐛𝐢𝐩𝐡é𝐧𝐲𝐥 − 𝐏𝐇𝟐𝐀𝐮𝐂𝐥]……………………… 118

IV.3. Modèle cationique d’or [𝐛𝐢𝐩𝐡é𝐧𝐲𝐥 − 𝐏𝐇𝟐𝐀𝐮]+…………………………. 120

IV.4. Modèle cationique [(𝐛𝐞𝐧𝐳𝐞𝐧𝐞)𝐏𝐇𝟑𝐀𝐮]+………………………………… 122

Conclusion……………………………………………………………………. 124

Références bibliographiques………………………………………………….. 126

Conclusion et perspective……………………………………………………......... 129

Page 9: Thèse Touil

1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Page 10: Thèse Touil

2

Introduction générale

Ce manuscrit divisé en deux parties, présente une étude théorique de simulation

de l’inhibition de la corrosion par des tensioactifs et de l’activation de la liaison C = C

dans les réactions catalytiques de formation du phénol en présence du précurseur de

l’Or (I).

La première partie concerne l’étude théorique de l’inhibition de la corrosion. On

sait généralement que les interactions physico-chimiques entre le matériau et son

environnement entrainant des modifications des propriétés du métal, sont souvent

accompagnées d’une dégradation fonctionnelle de ce dernier. En effet, plusieurs

composés chimiques organiques et inorganiques ont été utilisés afin de protéger avec

efficacité les métaux et les alliages contre les problèmes de la corrosion [1-6]. Les

inhibiteurs de corrosion en milieu acide constituent un moyen à part entière de

protection contre la corrosion métallique [5-7], et les inhibiteurs les plus fréquemment

utilisés sont des molécules organiques tensioactives provoquant d’habitude la

formation d’un chélate sur la surface métallique par l’établissement d’une liaison entre

le métal et les centres actifs de la molécule [8, 9]. Généralement, les molécules

tensioactives présentent une bonne efficacité pour stopper la corrosion d’où l’idée d’y

entreprendre une étude théorique à l’aide des méthodes DFT et ab-initio.

La deuxième partie concerne l’étude théorique des catalyseurs [Au (I)] dans la

réaction catalytique de la formation du phénol substitué. Les catalyseurs à base de l’or

ont fait l’objet de beaucoup de recherche [10,12] dans la synthèse du phénol et dans les

réactions de cyclo- isomérisation des énynes. A cet égard, une étude théorique

s’impose pour rationnaliser les structures moléculaires des catalyseurs à l’aide des

méthodes quantiques sophistiquées, ayant une bonne corrélation comme MP2 et CC.

Ce manuscrit se divise en cinq chapitres :

Page 11: Thèse Touil

3

Le premier chapitre concerne l’étude bibliographique des inhibiteurs

organiques tensioactifs. Nous donnons une généralité sur les molécules tensioactives

puis une description des inhibiteurs et leurs modes d’actions.

Le deuxième chapitre est consacré à l’analyse de l’ensemble des concepts

théoriques nécessaires à la compréhension des méthodes de calculs utilisées dans notre

investigation, à savoir la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) et la méthode

Ab initio en faisant intervenir les méthodes corrélées MP2 et CCSD.

Le troisième chapitre est réservé à une étude théorique de l’inhibition de la

corrosion du fer en milieu acide utilisant des molécules organiques tensioactives à base

du triazole. Notre étude a été focalisée sur les optimisations de la structure

géométrique des molécules neutres ou protonées en phase gazeuse ou aqueuse. Nous

présentons ici une analyse succincte de la corrélation linéaire entre le pouvoir

d’inhibition et les paramètres de chimie quantique, basée sur l’approche QSAR

(Quantitative Structure-Activity Relationship). Notre contribution théorique permet

non seulement de rationaliser les structures moléculaires des molécules liées à un seul

atome du fer mais aussi à un cluster d’atome de fer (Fen, n=1-5).

Le quatrième chapitre présente une étude théorique de la structure du catalyseur

[ Biphényl − NMe2 Ph2PAuCl utilisé dans la réaction catalytique de formation du

phénol hautement substitué. Une analyse rationnelle des structures électroniques des

précurseurs réels ou hypothétiques à travers diverses méthodes quantiques corrélées,

MP2, CCSD et DFT a été effectuée afin de déterminer le degré de l’activation de la

liaison C = C coordinée au métal en utilisant des modèles cationiques et neutres [13].

La recherche de l’existence de la double liaison dans divers modèles hypothétiques a

été exploitée.

Page 12: Thèse Touil

4

Références bibliographiques :

[1] Ishtiaque Ahamad, Rajendra Prasad, M.A. Quraishi. Corros. Sci. 52, 3033–

3041 (2010)

[2] X. Lia, S. Deng, H. Fu, Corros. Sci. 53, 302–309 (2011).

[3] D. Chebabe, Z. Ait Chikh, N. Hajjaji, A. Srhiri and F. Zucchi. Corros. Sci. 45,

309-320 (2003).

[4] D. Chebabe, Z. Ait Chikh, A. Dermaj, N. Hajjaji, T. Jazouli, A. Srhiri, I. Rico,

A. Lattes. Jorn. Com. Esp. Deterg. 33, 271- 279 (2003).

[5] G.H. Nancollas, Corrosion, 39, 3, 77 (1983).

[6] P. Lorbeer, W.J. Lorenz, Electrochim. Acta. 25, 375 (1980).

[7] M.M. Saleh. Materials Chemistry and Physics. 98, 83–89 (2006).

[8] T. Sayerh. Thèse de Troisième Cycle. Université Mohammed V. Rabat (1990).

[9] M. Bouayed, H. Rabaâ, A. Srhiri, J.-Y. Saillard, A. B. Bachir, A. Le Beuze,

Corros. Sci. 41, 501-517 (1998).

[10] A. Abad, P. Concepcion, A. Corma, H. Garcia, Angew. Chem. 117, 4134–4137

(2005).

[11] A. S. K. Hashmi, G. Hutchings, Angew. Chem. 118, 8064–8105 (2006).

[12] (a) A.S.K. Hashmi, T.M. Frost, L. Schwarz, J.-H. Choi, Angew. Chem. 112,

2382 (2000); (b) A.S.K. Hashmi, T.M. Frost, J.W. Bats, Cat. Today. 72, 19

(2002).

[13] C. Ferrer, A. Escribano-Cuesta, A. M. Echavarren. Tetrahedron. 65, 9015–

9020 (2009).

Page 13: Thèse Touil

5

Liste des acronymes

AM1 Austin Model One

BO Born-Oppenheimer

BSSE Basis Set Superposition Error

CC Coupled-Cluster

CCSD Coupled-Cluster Singles and Doubles

CCSDT Coupled-Cluster Singles and Doubles (and perturbative Triples)

CMC Concentration Micellaire Critique

CSD Cambridge Structural Database

DFT Density Functional Theory

ECP Effective Core Potentiel

EHT Extented Hückel Theory

FCI Full configuration-interaction

FMO Frontier Molecular Orbital theory

GGA Generalized Gradient Approximation

GTO Gaussian Type Orbitals

HF Hartree-Fock

HOMO Highest Occupied Molecular Orbital

IEFPCM Integral Equation Formalism Polarizable Continuum Model

KS Kohn-Sham

LANL2DZ Los Alamos National Laboratory-double zêta

LCAO Linear Combination of Atomic Orbitals

LDA Local Density Approximation

LUMO Lowest Unoccupied Molecular Orbital

MATLAB MATh LABoratory

MBPT Many-Body Perturbation Theory

Page 14: Thèse Touil

6

MNDO Modified Neglect of Diatomic Overlap

MP2 Second order Møller-Plesset Perturbation Theory

MP4 Fourth order Møller-Plesset Perturbation Theory

NBO Natural Bond Orbital

OA Atomic Orbital

OM Molecular Orbital

PCM Polarisable Continuum method

QSAR Quantitative Structure-Activity Relationship

RHF Restricted Hartree-Fock

RSPT Rayleigh-Schrödinger Perturbation Theory

SCF Self Consistent Field

STO Slater Type Orbitals

TDDFT Time-Dependent Density Functional Theory

TNC Total Negative Charge

Page 15: Thèse Touil

7

CHAPITRE I

ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE DES INHIBITEURS

ORGANIQUES TENSIOACTIFS

Page 16: Thèse Touil

8

Introduction

Les applications des tensioactifs sont larges et couvrent des domaines aussi

variés que la santé [1], la cosmétique [2] et les biotechnologies [3]. Dans les dernières

décennies les tensioactifs sont potentiellement utilisables comme inhibiteurs de

corrosion. Le choix de ces composés résulte de leurs possibilités d’action au niveau

de l’interface liquide-solide, ainsi, ces composés peuvent avoir un effet inhibiteur

direct par adsorption sur le métal à protéger. Leur utilisation est actuellement

préférée à celle d’inhibiteurs inorganiques pour des raisons d’écotoxicité

essentiellement [4-7]. On résumera ici les différents types de tensioactifs et leurs

applications avec une mise au point bibliographique sur l’inhibition de la corrosion par

les tensioactifs.

I.1. Description des molécules tensioactives.

Définition

Les tensioactifs appelés aussi les surfactants sont des molécules organiques

amphiphiles, comportant deux parties bien distinctes : une queue apolaire hydrophobe

(lipophile) et une tête polaire hydrophile, qui lui donne son caractère amphiphile

(Figure I.1). L’incompatibilité de la structure de ces deux parties confère aux

tensioactifs leurs propriétés particulières telles que l’adsorption aux interfaces.

Figure I.1 Schéma d’une molécule tensioactive

Page 17: Thèse Touil

9

Les tensioactifs sont classés communément suivant leur application. Ils sont

susceptibles d’être utilisés dans des applications différentes. La partie hydrophobe, est

la plus souvent sous forme d'une chaîne aliphatique de longueur variable, ramifiée ou

non. La structure la plus courante nommée tensioactif monocaténaire est celle

comportant une tête hydrophile et une chaîne hydrophobe. On rencontre des

tensioactifs possédant plusieurs chaînes hydrophobes greffées sur la même tête

hydrophile (tensioactifs bicaténaires et tricaténaires), mais aussi plusieurs têtes

hydrophiles reliées à une ou plusieurs chaînes hydrophobes appelés tensioactifs

géminés. Les propriétés essentielles des tensioactifs permettant de comprendre les

phénomènes observés et qui déterminent leurs domaines d’application sont :

l’adsorption aux interfaces qui provoque une diminution des tensions

interraciales. Cette propriété est responsable des phénomènes de mouillage, de

dispersion, de détergence et d’émulsification.

Ils forment spontanément en solution, au delà d’une certaine

concentration, appelée concentration micellaire critique « CMC », des agrégats

appelés micelles.

Ils peuvent former d’autres agrégats tels que les vésicules, les mésophases

ou cristaux liquides.

I.2. Etude bibliographique de l’inhibition de la corrosion.

I.2.1. Définition et propriétés.

Un inhibiteur (ou un mélange d’inhibiteurs) peut être utilisé comme unique

moyen de protection permanente, ce qui permet alors l’utilisation de matériaux

métalliques dans des conditions satisfaisantes de résistance à la corrosion, une

surveillance de l’installation s’impose [8], ou bien il peut être utilisé comme unique

Page 18: Thèse Touil

10

moyen de protection temporaire pendant où la pièce ou l’installation est

particulièrement sensible à la corrosion (stockage, décapage, nettoyage), dans ce cas,

le contrôle du système est a priori plus simple, la prévision du comportement de

l’inhibiteur dans le temps étant plus facile à faire. L’inhibiteur peut être combiné à un

autre moyen de protection : protection supplémentaire d’un alliage à haute résistance à

la corrosion, addition d’un revêtement de surface tel que peinture, graisse, huile [9].

L’efficacité des inhibiteurs organiques tensioactifs se détermine de plusieurs

manières, par [10] :

La taille de la molécule organique.

L’aromaticité et/ou les liaisons conjuguées.

La longueur de la chaîne carbonée.

Le type et le nombre d’atome, de liaison (aussi bien ς que π) ou de groupement

dans la molécule.

La force de liaison avec le métal.

La capacité de la couche à devenir compacte.

La capacité de se complexer avec le métal à l’intérieur du réseau de ce dernier.

Malgré l’importance de ces propriétés, la molécule doit avant tout présenter

une solubilité efficace. De cette manière, l’inhibiteur peut avoir un effet bénéfique à de

très faibles concentrations et saturer la surface au maximum.

I.2.2. Mécanismes d’action électrochimique.

Dans la classification relative au mécanisme d'action électrochimique, on peut

distinguer les inhibiteurs anodique, cathodique ou mixte. L'inhibiteur de corrosion

forme une couche barrière sur la surface métallique, qui modifie les réactions

Page 19: Thèse Touil

11

électrochimiques en bloquant soit les sites anodiques (siège de l'oxydation du métal)

soit les sites cathodiques (siège de la réduction de l'oxygène en milieu neutre aéré ou

siège de la réduction du proton H+ en milieu acide), voire la figure 1 [11] :

a) blocage des sites cathodiques b) blocages des sites anodiques

Figure 1. Formation des couches barrières a) cathodique et b) anodiques interférant

avec les réactions électrochimiques, dans le cas d’une étude en milieu acide [11].

I.2.3. Adsorption des molécules inhibitrices à la surface métallique.

L’adsorption est un phénomène de surface universel car toute surface est

constituée d’atomes n’ayant pas toutes leurs liaisons chimiques satisfaites. Cette

surface a tendance à combler ce manque en captant des atomes et des molécules se

trouvant à proximité. Deux types d’adsorptions à savoir la physisorption et la

chimisorption. Ces deux types d’adsorptions sont influencés par la nature et la charge

du métal, la structure chimique du produit organique et le type d’électrolyse [12].

Page 20: Thèse Touil

12

I.2.3.a. Adsorption physique

L’adsorption physique, encore appelée physisorption conserve l’identité aux

molécules adsorbées, elle résulte d’une interaction électrostatique entre les ions ou les

dipôles des molécules organiques et la surface du métal électriquement chargée. La

charge du métal est définie par la position du potentiel de corrosion de ce métal par

rapport à son potentiel de charge nulle (Ezc ) [13] trois types de forces sont à

distinguer :

Les forces de dispersion (Van der Waals) toujours présentes, ne sont pas assez

énergétiques pour assurer à l’inhibiteur une fixation suffisante à la surface du

métal.

Les liaisons hydrogènes dues aux groupements hydroxyle ou amine.

Les forces polaires, résultants de la présence de champ électriques (forces

électrostatiques).

La physisorption est caractérisée par [14] :

L’absence de contact direct entre l’inhibiteur et la surface métallique.

Une liaison inhibiteur-métal assurée par l’interaction électrostatique entre les

centres actifs de l’inhibiteur et la surface du métal électriquement chargée.

Une énergie d’activation du processus faible, le processus est pratiquement

indépendant de la température.

Une adsorption ne dépendant pas de la nature du métal, mais seulement de la

charge portée par le métal.

I.2.3.b. Chimisorption

La chimisorption est le plus important type d’interaction entre l’inhibiteur et le

métal. Dans ce cas, les espèces adsorbées entre en contact direct avec la surface

Page 21: Thèse Touil

13

métallique. Il est en général admis que, le processus d’adsorption chimique met en jeu

un transfert ou un partage d’électrons entre les molécules inhibitrices de la corrosion et

les orbitales d vacantes de la surface du métal. Ceci permet de former des liaisons de

coordination.

La liaison avec transfert d’électrons dépend clairement de la nature du métal à

protéger. En effet, Le transfert d’électrons est typique pour les métaux de transition

ayant des orbitales d vacantes de faible énergie. Ces métaux sont considérés comme

des accepteurs d’électrons ou "acides de Lewis".

Dans le cas d’un inhibiteur organique, le transfert d’électrons se fait par

l’intermédiaire des orbitales ayant des électrons faiblement liés. Cette situation peut se

produire avec des molécules ayant des liaisons multiples ou des noyaux aromatiques

possédant des électrons 𝜋. Le transfert est, par ailleurs, favorisé par la présence

d‘hétéroatomes avec des pairs libres d’électrons. La chimisorption est souvent un

mécanisme irréversible.

La chimisorption est caractérisée par [14] :

Un contact direct inhibiteur-surface métallique

Une liaison de coordination (recouvrement des charges ou transfert des charges

entre métal et molécule).

Une énergie d’activation du processus élevée, le processus est en principe

favorisé par une élévation de température.

Une adsorption dépend de la nature du métal. Elle est favorisée par un métal

ayant des orbitales électroniques vacantes et de faible énergie (métaux de

transition).

Page 22: Thèse Touil

14

I.3. Inhibition en milieu acide

Dans les milieux acides, la surface de nombreux métaux peut être considérée

comme exempte de toute couche protectrice (oxyde, hydroxyde). Cependant, il ne faut

pas oublier qu’elle peut être recouverte plus ou moins uniformément d’hydrogène

atomique adsorbé, et, au cours du temps, de couches de produits de corrosion

insolubles dans le milieu acide considéré. Les mécanismes décrits ci-après négligent le

plus souvent la présence de toute couche superficielle préexistante [15,16]. Dans les

milieux acides, les inhibiteurs les plus fréquemment utilisés sont des molécules de type

organique. Ces inhibiteurs agissent d’abord par adsorption à la surface des métaux,

avant même d’intervenir dans les processus réactionnels de corrosion pour en diminuer

la vitesse.

I.3.1. Adsorption des inhibiteurs organiques.

La liaison entre l’espèce adsorbée et la surface métallique peut être

essentiellement de deux types : électrostatique ou chimique. Il faut ajouter la

possibilité de liaisons la formation possible de complexes organométalliques de

surface.

I.3.1.a. Liaison électrostatique

Les caractéristiques d’une telle liaison vont dépendre de la charge de la surface

et de celle de l’inhibiteur.

Elle est directement liée au potentiel de charge nulle du métal 𝐸𝑧𝑐 : à ce

potentiel, il n’y a pas de double couche ionique à la surface du métal, la charge de

celui-ci est nulle, et l’attraction coulombienne n’existe pas. La charge, positive ou

Page 23: Thèse Touil

15

négative, portée par un métal, est d’autant plus importante que l’on s’éloigne de 𝐸𝑧𝑐

vers des potentiels respectivement positifs ou négatifs [17].

L’inhibiteur peut exister sous forme moléculaire ou sous forme ionique dans le

milieu corrosif. La forme ionique peut résulter de la dissociation de la molécule :

ϕ − COOH ⟺ ϕ − COO− + H+ ou de sa protonation R − NH2 + H+ ⟺ RNH3+

L’adsorption électrostatique des molécules non dissociées dépend de leur polarisabilité

(moment dipolaire), une molécule non polaire ne pouvant s’adsorber électro-

statiquement.

L’adsorption d’ions (en général des anions) sur une surface métallique modifie

la charge de celle-ci et peut faciliter l’adsorption d’ions inhibiteurs (en général des

cations). Ce mécanisme explique certains phénomènes de synergie observés lorsque

plusieurs inhibiteurs sont utilisés conjointement. Ainsi, l’adsorption d’ions Cl−facilite

celle d’ammoniums quaternaire RNH3+ [18].

I.3.1.b. Liaison chimique

Une telle liaison s’effectue par l’intermédiaire d’un centre actif de la molécule

d’inhibiteur. Ce centre se comportera par exemple comme un donneur d’électrons vis-

à-vis d’un atome métallique de la surface (doublet électronique libre sur l’atome

d’azote) [19]. Le paramètre important est alors la densité électronique autour du centre

qui peut contribuer à renforcer l’effet donneur d’électrons de ce centre actif (exemple

de l’atome d’azote), donc renforcer la liaison de covalence entre atome donneur et

atome métallique. Pour la même raison, on explique que les amines cycliques sont en

règle générale de meilleurs inhibiteurs que les amines aliphatiques. Les principaux

centres actifs sont les atomes N, S, P, O.

Page 24: Thèse Touil

16

Un examen attentif de la littérature nous informe quant aux facteurs importants

dans la structure des inhibiteurs organiques. Les explications théoriques de la fonction

inhibitrice s’accordent sur le fait que le phénomène d’adsorption implique :

des accepteurs de protons

des donneurs d’électrons

des molécules mixtes

I.3.1.c. Liaison 𝝅

Les composés organiques insaturés (à double ou triple liaison) sont porteurs

d’électrons capables de créer des liaisons avec les atomes métalliques. Ces liaisons se

feront préférentiellement avec une surface métallique chargée positivement. La

présence d’une liaison insaturée peut donc être très favorable à l’efficacité inhibitrice

d’une molécule organique en milieu acide, puisque celle-ci peut alors s’adsorber

indifféremment sur une surface chargée positivement (électrons π) ou négativement

(cation) : par exemple les amines aromatiques, qui se trouvent en solution sous forme

(R : noyau aromatique) 𝑅𝑁𝐻3+.

I.4. Utilisation des méthodes de chimie théorique pour l’étude de l’inhibition de

la corrosion par les molécules organiques.

Il est généralement reconnu que la matière organique peut être un inhibiteur

efficace de la corrosion de plusieurs métaux et alliages en milieu aqueux. Les

connaissances étaient empiriques basées sur leurs propriétés macroscopiques physico-

chimiques. Plusieurs efforts ont été fournis actuellement, pour prédire théoriquement

l’efficacité des inhibiteurs de corrosion.

D’avis général, le mécanisme de cette inhibition est la formation de liaison

inhibiteur-métal ou inhibiteur-alliage par le biais d’électrons célibataire appartenant à

Page 25: Thèse Touil

17

l’inhibiteur. Cependant, il y a plusieurs tentatives de corrélation entre l’efficacité

d’inhibition de la corrosion et un certain nombre de propriétés de ces molécules, telle

que : dimension géométrique [20-23], surface de coupe [24], densité d’électrons de

l’atome d’azote des N hétérocycliques [25], liaison π entre l’atome métallique et

l’hétéroatome [26], potentiel d’ionisation et affinité électronique [27], structure

moléculaire [28], moment dipolaire et forces intramoléculaires [29] etc.

L’étude théorique du processus d’inhibition de la corrosion ne peut pas être

rigoureuse par la seule chimie théorique, à cause de l’énorme complexité de cette

étude impliquant un grand nombre d’espèces : atome de la surface métallique,

molécule inhibitrice et molécule du solvant. Les méthodes quantiques peuvent fournir

des informations qualitatives et quantitatives utiles pour une meilleure compréhension

du processus d’inhibition.

Les premières publications sont apparues quand les corrélations entre les

propriétés de chimie théorique calculées par la simple théorique de Hückel sur les

orbitaux moléculaires, tenant compte seulement des électrons 𝜋 et les propriétés

macroscopiques observées ont été déterminées. Bergman [30] et Hojtink [31] ont

trouvé que, pour un grand nombre de substances organiques, le potentiel de réduction

standard corrélait avec l’énergie de la première orbitale moléculaire vacante (LUMO).

Hojtink [32] a également observé que les potentiels d’oxydation standards corrélaient

avec l’énergie de la dernière orbitale moléculaire occupée (HOMO).

Par ailleurs, J. Vosta et L. Eliasek [33], A. Chakrabarti [34] et A. Maitra [35],

ont élaboré un traité expérimentant la mise en valeur des grandeurs de chimie

théorique à la sélection et l’estimation de certaines séries de composé organiques. En

utilisant la simple méthode de Hückel, ils ont indiqué la possibilité de classer les

inhibiteurs d’après l’orbitale moléculaire (HOMO). Ils ont aussi noté que les valeurs

Page 26: Thèse Touil

18

des valences libres n’éliminent pas la possibilité de réactions radicalaires se produisant

durant le processus d’inhibition.

Dans une étude relativement récente K.F. Khaled et coll [36] ont étudié l’effet

de la structure de polyméthylène amine sur l’inhibition de la corrosion du fer en milieu

acide. Ils ont utilisé la méthode semi-empirique MNDO (Modified Neglect of

Diatomic Overlap) pour le calcul des paramètres chimiques quantiques des molécules

inhibitrice. Ils ont trouvé une relation étroite entre l’efficacité inhibitrice de

polyméthylène amine et les énergies des orbitales frontières (HOMO et LUMO),

moment dipolaire et le gap d’énergie (LUMO - HOMO). En plus, ils ont proposé un

modèle linéaire basé sur l’approche QSAR (Quantitative structure Activity

Relationship) qui relie la résistance de transfert de charges (𝑅𝑡) aux indices chimiques

quantiques.

Obi-Egbedi et Obot [37] ont effectué une étude expérimentale et théorique

d’inhibition de la corrosion d’un alliage du fer par l’alloxazine en milieu acide

sulfurique. Ils ont utilisé l’approche DFT/B3LYP/6-31G (d, p) et ont trouvé une forte

corrélation entre l’efficacité inhibitrice de la molécule employée et les paramètres

chimiques quantiques de cette molécule à savoir: les énergies des orbitales frontières

(FMO), moment dipolaire, le gap d’énergie (LUMO - HOMO). D’autre part, ils ont

calculé les paramètres structuraux de la molécule inhibitrice à l’état gazeuse, en

présence d’un solvant et pour la molécule protonée, ils ont constaté que l’efficacité

inhibitrice de la molécule étudiée devient notable après la protonation.

Hongfang et coll [38] ont utilisé la méthode de Hartree-Fock (HF/LANL2DZ)

et la méthode semi-empirique AM1 (Austin Model One) afin de trouver une

explication possible de l’efficacité d’inhibition de trois molécules à savoir 3,5-

diméthyle-1H-pyrazole, pyridine and 2-(3-méthyle-1H-pyrazole-5-yl) pyridine, en tant

Page 27: Thèse Touil

19

qu’inhibiteurs de la corrosion d’un alliage de fer. Ils ont évalué le comportement du

couple inhibiteur-métal en se basant sur l’énergie HOMO (l’orbitale moléculaire la

plus haute occupée) et l’énergie de combinaison entre les molécules inhibitrices et

l’atome du fer. Ils ont constaté que l’efficacité d’inhibition augmente avec l’énergie de

la HOMO et augmente aussi avec la force de liaison entre l’inhibiteur et l’atome du

fer.

Des études encore très récentes montrent que l’utilisation des méthodes de

chimie quantiques à l’inhibition de la corrosion par les molécules organiques, donne

des résultats très satisfaisants en reliant les paramètres réactifs théoriques à l’efficacité

inhibitrice des molécules utilisées. Masoud et coll [39], par l’utilisation de trois

méthodes théoriques: Ab initio Hartree-Fock, MP2 et DFT, ont établi une corrélation

entre l’efficacité inhibitrice des amino-pyrimidines et les paramètres réactifs

théoriques à savoir : la charge négative totale (TNC), le volume de la molécule

inhibitrice (MV), l’électronégativité (𝜒), le potentiel chimique (Pi), la dureté globale

(휂), la mollesse (ς) et le nombre d’électrons transférés entre la molécule inhibitrice et

le fer. Ils ont établi aussi une meilleure corrélation entre les résultats théoriques

expérimentaux.

Taner Arslan et coll [40] ont cherché l’effet de la polarisabilité moyenne, en

utilisant la méthode de Hartree-Fock (RHF/6-31G (d, p)), et la DFT/ B3LYP avec les

trois bases : STO-3G, 3-21G, 6-31G (d, p) pour étudier l’effet des paramètres

chimiques théoriques sur l’inhibition de la corrosion de quelque sulfamides en milieu

acide. Il en résulte un bon accord avec l’expérience.

Arshadi et coll [41] ont déterminé les énergies d’interaction du 3,5 di-méthyle

pyridine et 2,4 di-méthyle pyridine sur la surface (100) d’un cubique à face centrée du

fer, via le model de cluster utilisant la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT).

Page 28: Thèse Touil

20

Ils ont conclu qu’il y deux modes d’adsorption pour ces molécules inhibitrices

(adsorption parallèle via pyridine cyclique, et une adsorption perpendiculaire par

l’intermédiaire de l’atome de l’azote).

Bouayed et coll. [42], dans sa thèse doctorale à l’université Ibn Tofail en

collaboration avec l’Université de Rennes I, ont étudié expérimentalement et

théoriquement le mécanisme réactionnel de l’inhibition de la corrosion du fer en

milieu normale d’acide chlorhydrique moyennant une série de molécules organiques :

le thiophène, l’aniline et le phénol. Ils ont étudié la structure électronique du complexe

inhibiteur-fer par la méthode de Hückel étendue EHT (Extented Hückel Theory),

suivie d’une extension de ce modèle à une surface de fer (0 0 1) en utilisant

l’approximation des liaisons fortes EHTB (Tight-Binding), pour élucider

minutieusement l’adsorption des molécules organiques sur la surface métallique du

fer.

Mousavi et coll [43] ont fait une investigation théorique de l’effet de

l’inhibition de la corrosion de l’imidazole et leurs sept dérivées. Ils ont calculé

l’énergie de l’interaction des molécules inhibitrices étudiés sur la surface (001) d’un

alliage de fer via le model de cluster, en utilisation la DFT. Ils ont constaté que

l’adsorption de l’imidazole et ces dérivées sur la surface du fer se fait

perpendiculairement.

En outre, parmi les méthodes utilisées pour corréler les phénomènes observés

avec la structure moléculaire, on trouve aussi la méthode QSAR (Quantitative

Structure-Activity Relationship) [44]. Growcock et coll. [45,48], Al-Madfai [49],

Dupin et coll. [50] et Lukovits et coll. [51,52] ont tous appliqué le QSAR dans l’étude

des inhibiteurs organiques de la corrosion des métaux en milieu acide. Ils ont démontré

l’utilité de cette approche pour corréler les paramètres de chimie quantique et les

Page 29: Thèse Touil

21

paramètres descriptifs de la réactivité des molécules tensioactives avec leurs pouvoirs

inhibiteurs.

Dans cette perspective, on a voulu contribuer par notre étude théorique à travers

plusieurs méthodes quantitatives et qualitatives en donnant quelques réponses à des

questions pertinentes de nos collègues expérimentateurs dans le laboratoire

d’électrochimie à la Faculté des Sciences de Kenitra sur l’efficacité des inhibiteurs

tensioactifs de la corrosion du fer en milieu acide et l’intervention de la chaine

carbonatée dans le processus de passivation. Ils ont aussi classé toute une série de

molécules organiques selon leur efficacité. D’où l’idée d’entreprendre une étude

théorique sur ce phénomène intéressant de passivation et de comparer nos résultats

théoriques de l’efficacité et à ceux de l’expérience en faisant intervenir des méthodes

ab initio et DFT ou des modèles de cluster.

Page 30: Thèse Touil

22

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Page 33: Thèse Touil

25

CHAPITRE II

MÉTHODES THÉORIQUES

Page 34: Thèse Touil

26

Introduction

La chimie quantique est une science rigoureuse, basée sur la résolution de

l’équation de Schrödinger. Avec la puissance des ordinateurs contemporains, la

rigueur et même l’exactitude de la théorie peuvent être mises à profit pour obtenir des

réponses précises à toutes sortes de questions : géométrie d’une molécule, d’un

intermédiaire ou d’un état de transition, ou faisabilité d’une réaction… Les méthodes

de la chimie quantique permettent le calcul de la structure électronique de systèmes

tels que les atomes, les molécules neutres, les espèces radicalaires, les ions, les clusters

d’atomes ou encore les surfaces métalliques [1-4]. Des algorithmes de calculs très

précis sont utilisés pour minimiser l'énergie totale en fonction des paramètres

structuraux et pour prédire la structure la plus stable des composés étudiés. Les

fonctions d'onde ainsi obtenues permettent de calculer des propriétés électriques et

magnétiques, de même qu'elles conduisent à l'obtention d'indices de réactivité et

d'autres caractéristiques encore. Ces méthodes permettent donc aussi bien

l'interprétation de résultats expérimentaux, que la prédiction de propriétés pour

lesquelles aucune expérience n'a pu encore fournir d'informations. Dans ce cadre on

peut citer quelques méthodes de chimie quantique :

La méthode de Hartree-Fock est donc l’application du principe variationnel à

la minimisation de l’énergie avec utilisation de la fonction d’onde construite sur la

base d’un déterminant de Slater [5]. Mais la corrélation électronique (répulsion inter-

électronique statique) est négligée dans cette méthode ce qui constitue son plus grand

défaut.

La méthode MBPT (Théorie de Perturbation Many-Body) principalement

utilisée pour le formalisme de Møller-Plesset, ne suit pas le principe variationnel et

l’hamiltonien total est représenté par la somme de deux termes : l’hamiltonien d’ordre

Page 35: Thèse Touil

27

zéro et un ou plusieurs termes de perturbations. Dans la théorie perturbationnelle, la

fonction d'onde et l'énergie pour un état donné sont toutes deux construites sur la base

d'expansions de termes d'ordre zéro plus des corrections successives résultant des

différents ordres de perturbation choisis pour le traitement du système. Ces méthodes

sont beaucoup moins coûteuses en termes de temps de calculs et sont très utilisées. Les

plus populaires sont les méthodes dénommées MP2 et MP4 (second- and fourth-order

Møller-Plesset Perturbation Theory) [6].

La méthode coupled-cluster (CC) est basée sur l'expression de la fonction

d'onde à n électrons comme une combinaison linéaire de déterminants de Slater

incluant la fonction d'onde HF de l'état fondamental et toutes les excitations possibles

des orbitales occupées vers les orbitales virtuelles. Ceci est rendu possible à l'aide d'un

opérateur défini par une expansion en série de Taylor, appelé « cluster operator » [7,8]

écrit à son tour en une somme de n opérateurs (pour un système à n électrons). Les

calculs de type CC sont très coûteux en temps et ne sont donc généralement utilisés

que pour des molécules de taille moyenne.

La Théorie de la Fonctionnelle de la Densité ou DFT (Density Functional

Theory) [9,10] constitue actuellement l'une des méthodes les plus utilisées dans les

calculs quantiques de la structure électronique de la matière (atomes, molécules,

solides) aussi bien en physique de la matière condensée. L'objectif principal de la

théorie de la fonctionnelle de la densité est de remplacer la fonction d'onde

multiélectronique par la densité électronique en tant que quantité de base pour les

calculs. Alors que la fonction d'onde multiélectronique dépend de 3N variables (où N

est le nombre total de particules du système), la densité est seulement fonction de trois

variables; il s'agit donc d'une quantité plus facile à traiter tant mathématiquement que

conceptuellement. L'idée centrale de la DFT est que la seule densité électronique de

Page 36: Thèse Touil

28

l'état fondamental du système détermine entièrement les valeurs moyennes des

observables comme par exemple l'énergie.

II.1. L’équation de Schrödinger

Le principe directeur de la mécanique quantique repose sur le fait que la

fonction d’onde contient toutes les informations sur l’état dynamique du système

qu’elle décrit. Cette théorie a été proposée par Schrödinger par analogie avec la théorie

ondulatoire de la lumière dans laquelle le carré de l’amplitude d’une onde

électromagnétique est interprété comme la densité de présence d’un photon dans une

zone d’espace donné. En effet, en mécanique quantique, l’électron n’est pas considéré

comme une particule ponctuelle à laquelle on associe une trajectoire, mais il est décrit

par une fonction d’onde dont la valeur dépend des coordonnées de l’électron en un

point (x, y, z) et qui est solution de l’équation de Schrödinger [11] si l’on s’intéresse

aux états stationnaires.

𝛨 𝑇𝛹 𝑅 𝐾 , 𝑟 𝑖 = 𝑖𝜕Ψ 𝑅 𝐾 , 𝑟 𝑖

𝜕𝑡 (II. 1)

Dans cette formule générale :

- 𝛨 𝑇 représente l’opérateur hamiltonien qui inclut tous les termes d’énergie, aussi bien

ceux apportés par les noyaux que par les électrons (énergie cinétique et potentielle).

- Ψ R K , r i est la fonction d’onde du système, qui est fonction des coordonnées

des noyaux et des électrons. Cette fonction contient toutes les informations relatives au

système.

- R K et r i représentent les jeux de coordonnées nucléaires et électroniques,

respectivement.

Page 37: Thèse Touil

29

II.1.2. L’expression de l’hamiltonien

Dans le cas d’un système chimique comportant N noyaux et M électrons,

l’hamiltonien global non-relativiste du système peut s’écrire plus précisément selon

l’équation (II. 2) :

𝛨 𝛵 = 𝛵 𝑛 + 𝛵 𝑒 + 𝑉 𝑛−𝑒 + 𝑉 𝑒−𝑒 + 𝑉 𝑛−𝑛 (II. 2)

Dans cette expression 𝛵 𝑛 𝑒𝑡 𝛵 𝑒 sont respectivement les opérateurs énergie cinétique de

N noyaux de masse Μ𝑛 , et de M électrons de masse m𝑒 s’expriment tout deux sous la

forme de somme de contributions individuelles, exprimés en unités S.I:

𝛵 𝑛 = −ћ2

2

𝛻2𝑅 𝐾𝛭𝑛

𝑁

𝐾=1

; 𝛵 𝑒 = −ћ2

2

𝛻2𝑟 𝑖𝛭𝑒

𝑀

𝑖=1

(II. 3)

𝑉 𝑒−𝑒 𝑒𝑡 𝑉 𝑛−𝑛 correspondent respectivement à l’énergie coulombienne répulsive

électron-électron, avec rij la distance entre électron i et électron j, et l’énergie

coulombienne répulsive noyau-noyau, Rkl la distance entre le noyau K et le noyau L,

exprimés en unités S.I:

𝑉 𝑒−𝑒 =1

4𝜋휀0

𝑒2

𝑟𝑖𝑗

𝑀

𝑗>𝑖

𝑀

𝑖=1

; 𝑉 𝑛−𝑛 =1

4𝜋휀0

𝛧𝐾𝛧𝐿𝑒2

𝑅𝐾𝐿

𝑁

𝐿>𝐾

𝑁

𝐾=1

(II. 4)

le terme 𝑽 𝒏−𝒆 correspond à l’énergie coulombienne attractive noyau-électron, RiK la

distance de l’électron i au noyau k, exprimés en unités S.I:

𝑉 𝑛−𝑒 = −1

4𝜋휀0

𝛧𝑘𝑒2

𝑅𝑖𝐾 (II. 5)

𝑀

𝑖=1

𝑁

𝐾=1

avec ћ =𝐡

𝟐𝛑 la constante de Plank en J.s, 𝑚𝑒 la masse d’un électron et 𝑀𝑛 la masse du

noyau N, 𝑒 est la charge élémentaire en C, 1

𝟒𝝅𝜺𝟎 la permittivité du vide en J.m.𝐶−2,

Ζ𝐾 , Ζ𝐿 les numéros atomiques des noyaux K et L.

Page 38: Thèse Touil

30

Par la suite, pour la commodité des représentations des équations on utilisera les

notations des termes en unités atomiques. Dans ce système d’unités ; me = 1, ћ =

1, e = 1 et 4πε0 = 1 l’expression de l’hamiltonien se simplifie sous la forme :

Η Τ = − ∇2r i

2

M

i=1

− Ζk

RiK+

1

rij

M

j>𝑖

M

i=1

− ∇2R K

2Μn

N

K=1

+ ΖKΖL

RKL

N

L>𝐾

N

K=1

M

i=1

N

K=1

(II. 6)

II.1.3. Approximation de Born-Oppenheimer et adiabatique

Pour un système possédant N atomes et M électrons, l’expression (II.6) est

très lourde, mais une première approximation importante permet de la simplifier est

due à Born-Oppenheimer [12] qui ont proposé que l’on peut découpler le mouvement

des noyaux de celui des électrons. En effet, la masse du noyau est environ mille fois

plus importante que celle de l’électron et on peut donc, en première approximation,

proposer que les électrons se déplacent beaucoup plus vite que les noyaux.

L’approximation de Born-Oppenheimer revient donc à considérer que les électrons

vont se mouvoir dans un champ électrique crée par des noyaux fixes [12]. Quand on

étudiera une réaction chimique, on raisonnera toujours sur une géométrie fixée. Les

mouvements des deux types de particules étant ainsi séparés. Pour cette raison on peut

théoriquement étudier séparément le mouvement des électrons et celui des noyaux,

c'est-à-dire, résoudre des équations de type Schrödinger : l’une pour la partie nucléaire

et l’autre pour la partie électronique. C’est l’approximation, dite adiabatique, de Born-

Oppenheimer. Dans cette approximation La fonction d’onde totale du système,

solution de l’équation de Schrödinger peut, être écrite comme le produit d’une

fonction décrivant les noyaux,Φ(𝑅 ) et d’une autre fonction d’onde décrivant les

électrons et ne dépendant que de façon paramétrique des positions ioniques Ψ𝑅(𝑟 ) :

𝛹𝑅 𝑅 , 𝑟 = 𝛷 𝑅 𝛹𝑅 𝑟 (II. 7)

Page 39: Thèse Touil

31

où 𝑅 = 𝑅 𝐾 et le jeu de toutes les coordonnées nucléaires et 𝑟 = 𝑟 𝑖 le jeu de toutes

les coordonnées des électrons contenus dans le système.

Dans le cadre de l’approximation de Born-Oppenheimer et adiabatique qui

consiste à négliger les termes couplés (𝑖 ≠ 𝑗) non adiabatiques (interaction électron-

phonon) qui proviennent de l’opérateur cinétique des noyaux agissant sur la fonction

d’onde électronique 𝛹𝑅 𝑟 , on fait apparaitre un nouvel opérateur hamiltonien 𝜢 𝒆

appelé hamiltonien électronique :

Η e = − ∇2r i

2

M

i=1

− Ζk

RiK

+ 1

rij

M

j>𝑖

M

i=1

+

M

i=1

N

K=1

ΖKΖL

RKL

N

L>𝐾

N

K=1

= Cste (II. 8)

On peut montrer, moyennant certaines approximations, que si l’on remplace

l’expression(II. 7), dans l’équation de Schrödinger, on obtient :

𝛨 𝑒𝛹𝑅 𝑟 = Εe 𝑅 𝛹𝑅 𝑟 (II. 9)

La fonction d’onde ΨR r est une fonction propre de l’hamiltonien électronique Η e

avec la valeur propreΕe R , pour des positions R des noyaux figées. En résolvant

l’équation (II. 9) pour plusieurs positions successives des noyaux, on obtient alors une

fonction de R :

𝑈 𝑅 = Εe 𝑅 + ΖKΖL

RKL

N

L>𝐾

N

K=1

(II. 10)

qui représente l’énergie Born-Oppenheimer du système en fonction des positions R

des noyaux immobiles

Born et Oppenheimer ont aussi montré que le mouvement des atomes est régi

par une équation de type Schrödinger où le potentiel est l’énergie électronique évaluée

par l’équation (II. 9) :

Page 40: Thèse Touil

32

− 𝛻2𝑅 𝐾2𝛭𝑛

𝑁

𝐾=1

+ 𝑈 𝑅 𝛷 𝑅 = Ε𝑁𝛷 𝑅 (II. 11)

𝑈 𝑅 joue le rôle d’une énergie potentielle pour le mouvement des noyaux.

L’ensemble des conformations R des atomes permet alors de construire une surface

d’énergie potentielle appelée « surface de Born-Oppenheimer (BO) ». Il s’agira d’une

fonction à 3N-6 variable ou bien 3N-5 variable pour les molécules linéaires dont les

minima correspondent aux géométries stables de la molécule. La détermination de

𝑈 𝑅 et de ces dérivées première et seconde permet de localiser des points

stationnaires sur la surface de BO et, par conséquent, d’élaborer des chemins

réactionnels. Elle donne aussi accès aux constantes de force des molécules et donc aux

fréquences de vibrations, de même que peuvent être calculées des propriétés telles que

le moment dipolaire, la polarisabilité, etc. Les mouvements des deux types de

particules étant ainsi découplés, et l’énergie totale du système étant alors égale à la

somme de l’énergie électronique et de la répulsion internucléaire.

La prise en compte de l’approximation de Born-Oppenheimer permet de

simplifier l’expression de l’équation de Schrödinger. Cependant la présence du terme

bioélectronique en 1𝑟𝑖𝑗 complique fortement sa résolution. En raison de cette

difficulté, nous recourrons à des approximations supplémentaires pour réaliser de

façon effective la résolution de l’équation de Schrödinger pour des systèmes

complexes et réels.

II.2. L’approximation orbitale

L’approximation orbitale, introduite par Hartree en 1928 [13], consiste à

découpler les M électrons en développant la fonction Ψ(1,2, …… . . , 𝑀) en un produit

de M fonctions monoélectroniques, de sorte que :

Page 41: Thèse Touil

33

Ψ 1,2, …… . . , 𝑀 = φi

𝑀

𝑖=1

𝑖 (II. 12)

où l’indice i désigne l’orbitale i.

Cette situation correspond physiquement à un modèle de particules indépendantes

dans lequel chaque électron se déplace dans un champ moyen créé par les noyaux et la

densité moyenne des autres électrons. Cela signifie que chaque électron ressent les

autres en moyenne, ce qui constitue naturellement une approximation.

La fonction d'onde n'a cependant pas de terme décrivant le spin car celui-ci est

absent de l'hamiltonien électronique. Pour décrire complètement la distribution des

électrons, la coordonnée de spin S doit donc être introduite, et celle-ci prendra les

valeurs +1/2 ou -1/2. Le spin est une propriété intrinsèque de l’électron, de nature

purement quantique, et n’a donc pas d’équivalent en mécanique classique. La fonction

d'onde de spin pour le spin aligné le long de l'axe (+) z sera α(S) et celle pour le spin

aligné le long de (-) z sera β(S). La fonction d’onde électronique est donc composée

d’une partie spatiale, l’orbitale et d’une partie de spin. La fonction 𝝋 est appelée une

spin-orbitale et on écrit :

φ r, s = χ r η s (II. 13)

où r et s sont les coordonnées d’espace et de spin, respectivement.

Pour un système à M électrons la fonction d’onde polyélectronique Ψ la plus

simple s’écrira donc sous la forme d’un produit de spin-orbitales supposées

normalisées. Cependant cette fonction n’est pas encore complète, car elle ne prend pas

en compte l’indiscernabilité des électrons, ni le principe d’exclusion de Pauli [14].

Celui-ci à montré que pour les fermions (particule à spin 1 2 ), une spin-orbitale doit

être antisymétrique par rapport à la permutation impaire des coordonnées d’espace et

de spin. En permutant deux électrons il vient, par exemple :

Page 42: Thèse Touil

34

Ψ 1,2, … , 𝐾, … . . , 𝑀 = −Ψ 1, 𝐾, … ,2, … . . , 𝑀 (II. 14)

Une telle fonction obéit au principe d’exclusion de Pauli qui impose à deux

électrons de ne pas pouvoir occuper la même spin-orbitale, ainsi qu’à l’indiscernabilité

des électrons. Or, dans la formulation de Hartree de la fonction d’onde, cela n’est pas

le cas, car l’électron i occupe précisément la spin-orbitale i.

Hartree et Fock ont généralisé ce concept en montrant que le principe

d’exclusion de Pauli est respecté si l’on écrit la fonction d’onde sous la forme d’un

déterminant construit à partir de n spin-orbitales [15] ; on obtient alors ce qui est

connu sous le nom de « déterminant de Slater » :

𝛹 𝑋1, 𝑋2, … , 𝑋𝐾 , … . . , 𝑋𝑀 =1

𝑀!

𝜑1(𝑋1) 𝜑2(𝑋1) … 𝜑𝑀(𝑋1)𝜑1(𝑋2) 𝜑2(𝑋2) … 𝜑𝑀(𝑋2)

… … … …𝜑1(𝑋𝑀) 𝜑2(𝑋𝑀) … 𝜑𝑀(𝑋𝑀)

(II. 15)

Les variables 𝑋𝑖 représentent ici les coordonnées d’espace et de spin, 1

𝑀! est le facteur

de normalisation ; M étant le nombre d'électrons.

Les spins-orbitales sont déterminées en résolvant l’équation (II. 9) sur la

base des fonctions (II. 15) en utilisant le principe variationnel [16]. Le problème

consiste dès lors à rechercher les spin-orbitales qui conduisent à l’énergie la plus

basse possible pour le système, ce but est atteint en utilisant la méthode auto-cohérente

de Hartree-Fock.

II.3. La méthode de Hartree-Fock

L’approximation de Hartree-Fock [15] qui tient compte de l’antisymétrisation

de la fonction d’onde, représente un point de départ de presque toutes les méthodes ab

initio, soit pour faire des approximations supplémentaires comme dans le cas des

méthodes semi-empiriques, soit pour ajouter des déterminants supplémentaires

Page 43: Thèse Touil

35

générant des solutions qui convergent vers une solution aussi proche que possible de la

solution exacte de l’équation de Schrödinger électronique.

L’énergie moyenne du système, définie par Εe = Ψ 𝐻𝑒 Ψ

Ψ Ψ , où ψ est un

déterminant de Slater s’obtient aisément à partir des règles de Slater. Pour un système

à couches fermées contenant M électrons, on obtient:

Εe = 2 Hii +

M2

i=1

2Jij − Kij

M2

j=1

M2

i=1

(II. 16)

où :

Hii = 𝜑𝑖∗ 1 H 𝜑𝑖 1 𝑑𝑉1

Jij = 𝜑𝑖∗ 1 𝜑𝑗

∗ 2 1

𝑟12𝜑𝑖 1 𝜑𝑗 2 𝑑𝑉1𝑑𝑉2

Kij = 𝜑𝑖∗ 1 𝜑𝑗

∗ 2 1

𝑟12𝜑𝑗 1 𝜑𝑖 2 𝑑𝑉1𝑑𝑉2

II. 17

Dans l’expression ci-dessus, le terme Hii représente l’énergie d’un électron situé

dans un orbitale moléculaire φi placé dans le champ des noyaux ; ce terme est

multiplié par deux car il y a deux électrons par orbitale (pour un système à couches

fermées). Les intégrales Jij et Kij sont respectivement appelées intégrales de coulomb

et intégrales d’échange ; l’intégrales de coulomb a un équivalent en mécanique

classique, alors que l’intégrale d’échange provient de la nécessité d’antisymétriser la

fonction d’onde. Les intégrales de coulomb et d’échange décrivent les interactions

entre électrons. Jij représente l’interaction coulombienne moyenne entre deux

électrons situés dans les orbitales φi et φj sans tenir compte de leur spin. L’intégrale

d’échange Kij réduit l’interaction coulombienne entre deux électrons situés dans les

orbitales φi et φj ayant des spins parallèles. Ce terme est une conséquence directe du

principe de Pauli et conduit à une valeur d’énergie Εe plus basse, donc à une

stabilisation. Par l’intermédiaire de l’intégrale d’échange on introduit ainsi une

Page 44: Thèse Touil

36

corrélation électronique entre électrons ayant des spins parallèles, c'est-à-dire que deux

tels électrons ne peuvent pas se mouvoir indépendamment l’un de l’autre. On constate

toutefois que ce modèle n’est pas apte à rendre compte de la corrélation entre électrons

ayant des spins antiparallèles.

Le calcul des éléments de matrice Hii , Jij et Kij nécessite la connaissance des

orbitales φi . Celles-ci sont déterminées en même temps que l’énergie en utilisant le

principe variationnel.

Fock et Slater ont développé de façon simultanée et indépendante ce qui est

maintenant connu sous le nom d’équation de Hartree-Fock [17]. Le principe

variationnel dit qu’étant donnée une fonction d’onde d’essai Ψ de la forme d’un

déterminant de Slater, on peut monter que l’on a toujours :

Ε = Ψ Η Ψ ≥ Ε0 (II. 18)

où Ε0 est l’énergie de la solution exacte Ψ Η Ψ . La meilleure fonction d’onde de type

déterminant de Slater sera donc obtenue en faisant varier tous les paramètres qu’il

contient, jusqu’à l’on obtienne l’énergie la plus basse. Cela revient à minimiser la

quantité Ψ Η Ψ . En se rappelant qu’au cours de la minimisation, la fonction d’essai

doit respecter la condition de normalisation Ψ Ψ = 1, le problème revient alors à

faire une minimisation avec contrainte que l’on résout par la méthode des

multiplicateurs de Lagrange.

Soit une fonction G dépendante de plusieurs fonctions inconnues telle que :

G = Ψ Η Ψ − 2 εij Sij

M2

j=1

M2

i=1

(II. 19)

où Sij provient de la condition d’orthonormalité : Sij = φiφjdV = δij

εij sont les multiplicateurs de Lagrange supposés réels

Page 45: Thèse Touil

37

On a alors :

G = 2 Hii +

M2

i=1

2Jij − Kij

M2

j=1

M2

i=1

− 2 εij Sij

M2

j=1

M2

i=1

(II. 20)

et on obtiendra les points stationnaires de la fonction G, au premier ordre, en résolvant

l’équation :

𝛿𝐺 = 0 (II. 21)

Après quelques manipulations mathématiques, il est possible de se ramener à

un système d’équations différentielles, communément appelés les équations de

Hartree-Fock [17] :

h 1 + 2Jj 1 − K𝑗 1

𝑗

φi 1 = εij

M

j=1

φj 1 i = 1, 2, … , M (II. 22)

avec :

h 1 = −

1

2∇2 1 −

𝑍𝐴

𝑟1𝐴

𝑁

𝐴=1

Jj 1 φi 1 = φj∗ 2

1

r12φj 2 𝑑𝜏12 φi 1

Kj 1 φi 1 = φj∗ 2

1

r12φi 2 𝑑𝜏12 φj 1

(II. 23)

h 1 est l’opérateur qui prend en compte l’énergie cinétique de l’électron 1 et son

énergie potentielle d’interaction avec le noyau A. Les J et K ont été définis

précédemment. Il faut encore noter que l’opérateur K est non-local car, comme le

montre l’expression ci-dessus, il dépend de la valeur de φ(1) sur tout l’espace.

On constate ici que les opérateurs J et K s’expriment en fonction des solutions

de φ de l’équation (I. 22). On se trouve donc en présence d’un ensemble de N

équations monoélectroniques non linéaire qu’il faudra résoudre par un processus

itératif, à partir d’un jeu de spin-orbitale φid’essai on calcule l’opérateur :

h 1 + 2Jj 1 − K𝑗 1 𝑗 (II. 24)

Page 46: Thèse Touil

38

pour en déduire ensuite un nouveau jeu de fonction φi . Ce processus est nommé auto-

cohérent. Il est possible de montrer qu’il existe une transformation orthogonale des φi

amenant la matrice des multiplicateurs de Lagrange εij à sa forme diagonale. En

appliquant cette transformation à nos orbitales φi , on est apparemment conduit à un

problème de valeurs propres puisque les équations (I. 22) s’écrivent alors sous la

forme :

F 1 φi′ 1 = εiφi

′ 1 (II. 25)

avec εi est l’énergie de l’orbitale i et F est l’opérateur monoélectronique de Fock

donné par :

F = h 1 + 2Jj 1 − K𝑗 1

𝑗

(II. 26)

Ce système d’équations ne prend en compte que les orbitales spatiales φi . La

seule référence au spin est faite lors du remplissage des orbitales où deux électrons

seront placés par orbitale spatiale (principe de complémentarité appelé « aufbau »).

Les équations de Hartree-Fock sont un jeu d'équations intégro-différentielles couplées,

et ne peuvent être résolues que par une méthode itérative. Le couplage se constate par

le fait que les intégrales Jij et Kij sont définies en fonction des orbitales φi et φj, ce qui

veut dire que pour déterminer F(1) dans (II. 25) on a besoin de connaître les autres

orbitales φj.

Pour résoudre ces équations, un jeu d'orbitales d'essai est donc choisi :

l'opérateur de Fock est ensuite construit et le système d’équations (II. 25) est résolu de

façon à obtenir un nouveau jeu d'orbitales. Cette procédure est appelée « méthode à

champ auto cohérent » (SCF = Self Consistent Field), car les itérations sont continuées

jusqu'à ce que le champ électrostatique ressenti par un électron (champ provoqué par

les autres électrons dans les autres orbitales) reste stationnaire.

Page 47: Thèse Touil

39

Ces équations peuvent s’interpréter comme étant des équations de Schrödinger

pour des électrons évoluant dans le champ des noyaux et des autres électrons du

système, et dont les valeurs propres sont les énergies monoélectroniques εi associées

aux fonctions propres, les spin-orbitales. Il reste maintenant à expliciter la forme des

spin-orbitales φi pour résoudre les équations de Hartree-Fock.

II.4. Les équations de Hartree-Fock-Roothaan et l’approximation de LCAO

Ces équations sont à la base de presque toutes les méthodes empiriques de

calcul de l’énergie et des fonctions d’onde des systèmes moléculaires complexes. Elles

servent également de point de départ pour le développement de la plupart des

méthodes semi-empiriques et empiriques.

L’approximation LCAO proposée par Mulliken en 1941 [18] consiste à

construire un jeu limité d’orbitales atomiques (OA) 𝜒𝜇 qui constituera une base sur

laquelle seront développés les orbitales moléculaires φi (seule la partie spatiale des

spin-orbitales est considérée ici). En essayant de résoudre les équations de Hartree-

Fock pour des molécules, Hall, et indépendamment Roothaan, ont démontré qu'en

introduisant un jeu de fonctions spatiales connues, les équations intégro-différentielles

peuvent alors être transformées en un système d'équations algébriques et ainsi être

résolues en utilisant la méthode habituelle des matrices [19]. Les nouvelles équations

que l’on obtient dans cette approximation sont les équations de Hartree-Fock-

Roothaan [19].

Considérons un ensemble de m orbitale atomique χμ servant de base au

développement des m orbitales moléculaires φi(r) d’un système à couches fermées

comportant M électrons, les orbitales moléculaires seront exprimées comme une

combinaison linéaire de ces m fonctions spatiales monoélectroniques atomiques :

Page 48: Thèse Touil

40

φi r = Cμi

m

μ=1

𝜒𝜇 (II. 27)

les Cμi sont les coefficients des orbitales moléculaires développées sur les fonctions de

base. En toute rigueur le développement devrait être infini. Dans la pratique, il est

clairement impossible de construire une base infinie d’orbitales. Par convention les

OA sont centrées sur les atomes (d’où leur nom) et le symbole 𝜇 correspond à l’atome

sur lequel se trouve l’orbitale 𝜒. Il faut encore remarquer que malgré le terme «

d’orbitales atomiques », celles-ci ne sont pas toujours les orbitales auto-cohérentes de

l’atome isolé. Par cette méthode, les orbitales φi(r) sont délocalisées sur l’ensemble

de la molécule et pour cette raison elles s’appelleront « orbitales moléculaires ». La

terminologie généralement admise pour désigner des orbitales moléculaires (OM)

obtenues par l’optimisation des coefficients des fonctions de base atomiques qui sont

des combinaisons linéaires d’orbitales atomiques (LCAO) est LCAO-MO. Les

orbitales moléculaires doivent, en outre, respecter les conditions de normalisation et

d’orthogonalité mutuelle que l’on écrit :

𝑁𝑖𝑗 = 𝜑𝑖 𝜑𝑗 = 𝐶𝜇𝑖 𝐶𝜈𝑗 𝑆𝜇𝜈 = 𝛿𝑖𝑗

𝑚

𝜈=1

𝑚

𝜇=1

(II. 28)

où 𝛿𝑖𝑗 est le symbole de Kronecker et 𝑆𝜇𝜈 est communément appelée intégrale de

recouvrement des orbitales 𝜒𝜇 et 𝜒𝜈 , et s’écrit :

𝑆𝜇𝜈 = 𝜒𝜇 1 . 𝜒𝜈 1 𝑑𝑉1 (I. 29)

Ce développement, appliqué aux équations de Hartree-Fock, conduit aux

équations de Hartree-Fock-Roothaan auxquelles on applique une fois encore le

principe variationnel : on minimise l’énergie totale 휀 par rapport aux coefficients du

développement et l’on obtient alors les équations :

Page 49: Thèse Touil

41

Fμν − 휀𝑖 . 𝑆𝜇𝜈

𝜈

. 𝐶𝜇𝑖 = 0 (II. 30)

i= 1, 2, …, m étant les coefficients des orbitales moléculaires, et μ = 1, 2, … , m étant

les coefficients des orbitales atomiques. On aura les mêmes termes suivants :

Fμν = Hμν + Gμν

Hμν = 𝜒𝜇 1 . H 1 𝜒𝜈 1 𝑑𝑉1 (II. 31)

Gμν = Pλρ 𝜒𝜇 1 𝜒𝜈 1 1

𝑟12 𝜒𝜆 2 𝜒𝜌 2 𝑑𝑉1𝑑𝑉2 −

1

2 𝜒𝜇 1 𝜒𝜆 1

1

𝑟12 𝜒𝜇 2 𝜒𝜌 2 𝑑𝑉1𝑑𝑉2

λρ

et Pλρ = 𝐶𝜆𝑖 . 𝐶𝜌𝑖

OCC

i=1

est la matrice de population pour un système à couches fermées.

Le système d’équations (II. 30) est un système d’équations algébriques. Elles

peuvent donc se ramener à l’équation séculaire, écrite dans sa forme générale

déterminantale :

Fμν − 휀𝑖 . 𝑆𝜇𝜈 = 0 (II. 32)

qui peut aussi s’écrire sous la forme matricielle suivante :

FC = SCE (II. 33)

Les programmes de calculs travaillent généralement sous forme matricielle, ce qui

évite de devoir résoudre des équations du nième degré (où n est le nombre de fonctions

de base); ces équations, après transformation orthogonale, deviennent alors :

FtCt = CtEt (II. 34)

Ce qui n’est rien d’autre qu’une équation aux valeurs propres et vecteurs propres,

facilement résolvable par les ordinateurs. C est une matrice carrée des coefficients du

développement et E est le vecteur des énergies.

C =

C11 C12 … C1m

C21 C22 … C2m

… … … …Cm1 Cm2 … Cmm

𝐶𝑜𝑙𝑜𝑛𝑛𝑒 =𝑐𝑜𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑡𝑠

𝑑𝑒𝑠 𝑜𝑟𝑏𝑖𝑡𝑎𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑙 é𝑐𝑢𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑖

𝑙𝑖𝑔𝑛𝑒 = 𝑐𝑜𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑜𝑟𝑏𝑖𝑡𝑎𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑡𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 (II. 35)

Page 50: Thèse Touil

42

L'équation ci-dessus est résolue d'une manière analogue à la résolution des

équations de Hartree-Fock. Un premier essai est fait en utilisant des valeurs

approchées pour les coefficients Cμi, la matrice de Fock est construite, puis elle est

diagonalisée pour obtenir de nouveaux coefficients et de nouvelles énergies. Les

nouveaux coefficients sont ensuite utilisés pour construire une nouvelle matrice de

Fock et la procédure est répétée jusqu'à convergence des énergies ou des coefficients

(dont le seuil est à fixer). L’énergie totale du système sera ensuite donnée par

l’équation :

𝐸𝑒 = 휀𝑖 +1

2 Pμν Hμν

𝜇𝜈

OCC

i=1

= 2 휀𝑖 −1

2 Pμν Gμν

𝜇𝜈

OCC

i=1

(II. 36)

Pour terminer, il faut encore remarquer que comme l’opérateur F est construit à partir

de fonctions d’onde qui sont des approximations de celles de Hartree-Fock, il ne peut

constituer qu’une forme approchée de l’hamiltonien de Hartree-Fock ; le système

d’équations de Hartree-Fock-Roothaan ne constitue donc qu’une approxi- mation des

« vraies » équations de Hartree-Fock. La terminologie, « énergie Hartree-Fock » pour

désigner le résultat de ces équations est donc abusive. En effet, si la base des OA

était infinie, l’énergie E serait l’énergie de Hartree-Fock exacte, mais il n’en est rien.

Les orbitales moléculaires obtenues dans l’approximation LCAO-MO ne sont donc

que des approximations de celles de Hartree-Fock. Par convention, cependant, et

sauf indication explicite, l’énergie issue du traitement Roothaan est appelée «

énergie Hartree-Fock ».

II.5. Fonctions atomiques de base utilisées dans l’approximation LCAO

Le choix de la base de fonctions représentant les orbitales atomiques est

important car il influence tant la précision des résultats obtenus que les temps de

Page 51: Thèse Touil

43

calculs. Il y a quatre types de fonctions de base communément utilisées pour le

calcul de structure électronique :

Les orbitales de type Slater ou STO (Slater Type Orbitals) [20] : Les orbitales de

type Slater, en coordonnées sphériques, sont de la forme :

𝜒휁 ,𝑛 ,𝑙 ,𝑚 𝑟, Θ, 𝜙 = 𝑁𝑌𝑙 ,𝑚 θ, 𝜙 𝑟𝑛−𝑙𝑒−휁𝑟 (II. 37)

où N est un facteur de normalisation, (n, l, m) sont les nombres quantiques principal,

azimutal et magnétique, r, Θ, ϕ sont les coordonnées sphériques définissant la

position de l’électron, 휁 est une constante déterminée à l’aide de règles empiriques,

visant à reproduire au mieux le comportement des orbitales hydrogénoïdes, et

Yl,m θ, ϕ sont les harmoniques sphériques des parties angulaires des solutions de

l’équation de Schrödinger pour les atomes de type hydrogénoïdes. Cependant, ce type

de fonction rend difficile le calcul des intégrales biélectroniques lorsque plus de

deux atomes sont présents. Aussi pour les systèmes polyatomiques, on utilise

plus généralement des fonctions gaussiennes.

Les orbitales de type Gaussienne ou GTO (Gaussian Type Orbitals) : Ces

fonctions sont, proposées par Boys [21], et sont définies, en coordonnées cartésiennes

par :

𝜒𝐿,𝛼(𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝐶𝑌𝑙 ,𝑚𝑥𝑖𝑦𝑗 𝑧𝑘𝑒−𝛼𝑟2 (II. 38)

avec C le coefficient de normalisation, 𝛼 la largeur de diffusion de la fonction et

L= i + j+ k qui permet de classer les fonctions par leur symétrie (L=0 pour une

fonction sphérique ou de type s, L=1 pour trois fonctions de type p et L=2 pour une

fonction de type s et cinq fonctions de type d).

Ces fonctions gaussiennes [21] ont un comportement différent des fonctions

de Slater : elles décroissent plus vite quand on s’éloigne du noyau, et n’ont pas le bon

comportement pour r = 0 (par exemple, leur dérivée est nulle). Il faut plusieurs

Page 52: Thèse Touil

44

gaussiennes pour représenter une fonction de type Slater ; en général une

combinaison linéaire d’au moins trois gaussiennes. On parle alors de base STO- 3G,

orbitales de Slater « approximées » par 3 gaussiennes.

On distingue plusieurs dimensions de bases d’orbitales atomiques. Pour

les bases minimales on prend en compte les orbitales atomiques qui sont

effectivement occupées à l’état fondamental de l’atome en y ajoutant les orbitales

inoccupées de la couche de valence. Chaque orbitale n’est décrite que par une seule

fonction (pour le carbone en base minimale: 2 orbitales « s » et 1 orbitale « p »).

Les bases étendues sont construites à partir de la base minimale, où chaque

orbitale est décrite par deux (ou plusieurs) fonctions, à laquelle sont ajoutées un

certain nombre d’orbitales non occupées (au-delà de la couche de valence) des

différents atomes; celles-ci sont appelées orbitales de polarisation (ex : pour

l’hydrogène: 2px, 2py et 2pz). Les bases de valence ne comprennent quant à elles

que les orbitales de la couche de valence de chaque atome et en général une seule

fonction de base par orbitale. Les électrons des couches internes (dits électrons de

cœur) ne sont pas décrits explicitement dans ce type de base, mais un potentiel

reproduit leur effet (méthodes de potentiel modèle ou pseudopotentiel).

Dans la pratique, l'utilisation de fonction S.T.O. se révèle trop complexe et trop

coûteuse en termes de temps de calcul. On lui préfère souvent l'utilisation d'une forme

approchée obtenue par une combinaison linéaire de fonctions G.T.O. appelée

gaussiennes contractés [22] :

𝜒𝜏 = 𝑑𝐿,𝜏

𝐴

𝐿=1

𝜒𝐿,𝛼 (II. 39)

avec 𝑑𝐿,𝜏 les coefficients choisis pour s'approcher d'une fonction S.T.O et 𝜒𝐿,𝛼 les

G.T.O définies dans l’équation(I. 37).

Page 53: Thèse Touil

45

Les plus communément utilisées sont celles qui ont été développées par Pople

et collaborateurs [23]. La plus simple est la base STO-3G, aussi appelée « base

minimale ». Le sigle « 3G » signifie que les orbitales de type Slater (STO) sont

représentées par trois fonctions gaussiennes. Le niveau suivant développé par Pople

[23] comprend les bases split-valence telles que 3-21G, 4-31G et 6-31G, où le

premier chiffre représente le nombre de gaussiennes utilisées pour représenter les

orbitales de cœur. Les orbitales de valence y sont représentées par deux fonctions qui

sont composées du nombre de gaussiennes indiqué dans la seconde partie de la

dénomination de la base. Ainsi la base 6-31G du carbone, par exemple, utilisera six

gaussiennes pour représenter l'orbitale 1s, trois gaussiennes pour l'orbitale 2s et 1

gaussienne pour représenter les orbitales 2p.

On peut encore rajouter des fonctions de polarisation. La dénomination la plus

ancienne est l'ajout d'un astérisque sur la base en question (par exemple 6-31G*), et

dans une désignation plus récente, le caractère de la fonction ajoutée est

explicitement donné : 6-31G(d). La base 6-31G* ou 6-31G(d) signifie ainsi qu'un jeu

de fonctions d a été ajouté à tous les atomes (sauf H) dans la molécule, alors que 6-

31G** ou 6-31G (d, p) signifie qu'un jeu de fonctions p a été ajouté aux hydrogènes

et que des fonctions d ont été ajoutées aux autres atomes.

Pour les systèmes à liaisons hydrogènes (cas où le proton donneur et le proton

accepteur sont à grande distance l'un de l'autre) et pour les anions (un électron est très

faiblement lié au noyau par la force de Coulomb), il est nécessaire d'utiliser des

fonctions avec des exposants très faibles, c'est-à-dire des orbitales très diffuses. En

général, les fonctions diffuses sont incluses par une fonction s et un jeu de fonctions p

sur tous les atomes. Pour les bases de Pople, l'ajout de fonctions diffuses est représenté

par le symbole +. Par exemple, la base 6-31+G est une base à laquelle ont été ajoutées

Page 54: Thèse Touil

46

des orbitales diffuses sur tous les atomes sauf l'hydrogène. La base 6-31++G signifie

que des diffuses sont comprises pour tous les atomes.

II.6. Formulation de la Corrélation Electronique

Une fonction d’onde représentée par un seul déterminant de Slater ne sera

jamais égale à la fonction d’onde exacte. Cela signifie donc que la quantité 𝐸𝐻𝐹 est

nécessairement supérieure à l’énergie exacte de l’état fondamental. En effet, la théorie

Hartree-Fock ne tient pas compte de tous les effets de corrélation entre les

mouvements des électrons au sein d’un système moléculaire. La corrélation entre

deux électrons de spins parallèles (dite de Fermi) est en partie décrite dans les

méthodes Hartree-Fock. Outre cette corrélation de Fermi, il existe, par ailleurs, la

corrélation de Coulomb [24] due à la répulsion électrostatique entre les électrons. La

différence entre les résultats obtenus en HF et ceux issus de la solution exacte

de l’équation de Schrödinger est appelée énergie de corrélation, définie par [25] :

E𝑐𝑜𝑟𝑟 = 𝐸0 − 𝐸𝐻𝐹 (II. 40)

E𝑐𝑜𝑟𝑟 est une mesure de l’erreur introduite par l’approximation HF et elle est

principalement due à la répulsion quasi instantanée des électrons dont ne tient pas

compte le potentiel effectif HF (𝑉𝑒𝑓𝑓 ). Dans un schéma de ce type, on peut

considérer que les électrons sont souvent proches les uns des autres car

l’interaction électrostatique n’est traitée que par des termes moyennés. Le terme

de répulsion interélectronique est donc trop grand et l’énergie est 𝐸𝐻𝐹 plus grande

que l’énergie exacte 𝐸0 .

Cet écart pouvant être d’une grande importance, il est nécessaire de

pouvoir le prendre en compte pour le calculs des propriétés d’un système

Page 55: Thèse Touil

47

moléculaire, en particulier, des ions métalliques, et de pouvoir l’intégrer au sein d’un

calcul de structure électronique.

Avant de présenter les différentes approches permettant de tenir compte

de ces effets de corrélation électronique, il est utile d’introduire les concepts de

corrélation dynamique et de corrélation statique : Le terme de corrélation

dynamique est employé pour évoquer la répulsion entre deux électrons lors de

leurs déplacements respectifs. Le terme de corrélation statique est quant à lui relié à

l’existence de déterminants de Slater dégénérés en énergie. Cet effet est présent

lorsque l’état fondamental d’un système électronique ne peut être décrit par un seul

déterminant de Slater, cas rencontré par exemple lors de la séparation dans l’espace

d’une paire d’électrons, notamment lors de processus dissociatifs entre deux

atomes.

II.7. Les Méthodes Post-Hartree-Fock

Ces méthodes permettent de traiter les effets de corrélation qui ne sont

pas pris en compte dans une approche de type HF. Selon la méthode, une partie

plus ou moins grande de la corrélation pourra être atteinte. Ces méthodes font appel à

une fonction d’onde corrélée, solution du problème à N électrons, qui est décrite

sous la forme d’une combinaison linéaire de déterminants de Slater.

II.7.1. La Méthode Perturbative Møller-Plesset

La méthode de perturbation due à Møller-Plesset [6], est basée sur la

théorie des perturbations et est généralement notée 𝑀𝑃𝑛, n étant un entier

représentant l’ordre de perturbation considéré qui varie généralement de 2 à 6. Cette

méthode est une adaptation aux systèmes polyélectronique de la théorie, plus

Page 56: Thèse Touil

48

générale, développée par Rayleigh et Schrödinger et connue sous le nom de

théorie des perturbations à plusieurs corps (MBPT-Many Body Perturbation

Theory). Cette méthode consiste à écrire l’hamiltonien, la fonction d’onde et

l’énergie du système étudié sous la forme d’une somme d’un terme d’ordre zéro et de

termes de perturbation de différents ordres. L'énergie est alors exprimée comme une

somme de ces deux contributions :

Η 𝜙𝑖 = F + V 𝜙𝑖

= 휀𝑖 𝜙𝑖

(II. 41)

F étant l’opérateur de Fock, et V étant le potentiel de corrélation défini par :

𝑉 =1

2

1

𝑟𝑖𝑗− (2𝐽𝑖

𝑖

𝑀

𝑖

𝑀

𝑖

− 𝐾𝑖) (II. 42)

On connait déjà les solutions de l’équation :

F 𝜙𝑖 = 𝐸𝑖

(0) 𝜙𝑖 (II. 43)

La théorie des perturbations stipule que si V est petit par rapport à F, on peut alors

développer l’opérateur H = F + λV en série de Taylor selon λ, d’où :

휀𝑖 = 𝐸𝑖

(0)+ λ𝐸𝑖

(1)+ λ2𝐸𝑖

(2)+ ⋯

𝜙𝑖 = 𝜙𝑖

(0) + λ 𝜙𝑖(1) + λ2 𝜙𝑖

(2) … (II. 44)

Et on peut ainsi montrer que :

𝐸𝑖

0 = ϕi

0 F ϕi 0

𝐸𝑖 1

= ϕi 0

V ϕi 0

(II. 45)

𝐸𝑖(2)

= ϕi

(0) V ϕj(0)

2

𝐸𝑖(0)

− 𝐸𝑗(0)

𝑗

La perturbation la plus couramment utilisée est cette perturbation au deuxième

ordre. Elle est connue sous le nom de « MP2 ». Cette méthode permet de prendre en

compte une grande partie de l’énergie de corrélation. Elle est perturbative et est

basée sur une référence unique (la fonction d’onde de Hartree-Fock). Il faut noter que

Page 57: Thèse Touil

49

les énergies calculées par la méthode de Møller-Plesset peuvent être trouvées

inferieures à l’énergie exacte du système du fait du caractère perturbatif de la

méthode. Cette méthode est très ²efficace et nécessite dans la pratique des temps de

calculs acceptables. Il faut également noter que ces méthodes ne prennent en compte

que la corrélation dynamique et qu’il faut faire appel à des méthodes multi-

configurationnelles afin d’inclure la corrélation statique.

II.7.2. Méthodes d’interaction de configurations

Dans la méthode d’Interaction de Configurations (CI), la fonction d’onde

d’essai est écrite comme une combinaison linéaire de déterminants de Slater dont les

coefficients sont obtenus en minimisant l’énergie, elle est donc variationnelle. En

écrivant :

Ψ = 𝐶0 Ψ0

+ 𝐶𝑖𝜇 Ψ𝑖

𝜇

𝑖 ,𝑗

+ 𝐶𝑖 ,𝑗𝜇 ,𝜈

Ψ𝑖,𝑗𝜇 ,𝜈

𝜇 ,𝜈𝑖 ,𝑗

+ ⋯ (II. 46)

où Ψ0 est le déterminant HF de référence, Ψiμ et Ψi,j

μ ,ν sont respectivement les

déterminants Hartree-Fock où une orbitale est excitée (simple excitation) ou 2

orbitales sont excitées (double excitation), ainsi de suite (triple, quadruple, …

excitation). Les électrons des orbitales occupées i et j sont excités dans les orbitales

non occupées virtuelles µ et ν. Ce type de calcul est appelé full CI ou IC complète

dans la limite d’une base donnée. Les OM utilisées pour construire les déterminants de

Slater excités proviennent d’un calcul HF et sont gardées fixes. Le principal problème

de ces calculs est l’augmentation de type factorielle avec la taille de la base

atomique, du nombre de déterminants à prendre en compte dans les calculs. Par

exemple, dans le cas de la molécule d’eau, il faut approximativement 30 × 106

déterminants avec une base 6-31G(d) et 106 × 109 avec une base 6-311G(2d,2p).

Page 58: Thèse Touil

50

Ce type de calcul (IC complète) est donc limité à de petites molécules et/ou à des

calculs-références.

Un moyen de réduire la taille de ce calcul est de tronquer les excitations en ne

prenant en compte par exemple, que les doubles excitations CID, (Configuration

Interaction Doubles) ou les simples et doubles excitations CISD (Configuration

Interaction Singles and Doubles). La description du système peut être améliorée en

incluant les excitations triples, quadruples, menant ainsi aux calculs CISDT, CISDTQ.

L’inclusion de ces dernières excitations augmente considérablement le coût du calcul.

Ces 2 derniers calculs ne seront donc appliqués qu’à de petites molécules. Il

faut noter que lorsque l’on tronque un calcul IC, on perd la cohérence (size-

consistency), capitale pour les calculs à la dissociation.

II.7.3. La Méthode Coupled-Cluster

La méthode Coupled Cluster a été introduite à l’origine par Coester et Kummel

[7] puis par Čižek et al. [8], la théorie dite « Coupled-Cluster », est actuellement

une des méthodes les plus performantes pour le calcul des états fondamentaux et

excités .

L’idée est d’inclure dans la fonction d’onde, les configurations excitées non plus par

simple combinaison linéaire, comme pour l’interaction de configurations, mais

par le biais d’une forme exponentielle de la fonction d’essai définie ainsi :

ΨCC = eT 𝜙0

(II. 47)

avec

eT = 1 + T +T2

2+

T3

6+ ⋯ =

TK

K!

K=0

(II. 48)

T est l’opérateur de cluster et peut s’´ecrire sous la forme suivante :

Page 59: Thèse Touil

51

T = T1 + T2 + T3 + ⋯ + TN (II. 49)

L’opérateur Ti permet d’engendrer, par action sur la fonction d’onde de référence 𝜙0 ,

tous les déterminants de Slater excités i fois. On a donc :

T1

𝜙0 = ti

aϕia

ai

T2 𝜙0

= tijab ϕij

ab

a<𝑏i<𝑗

(II. 50)

Les coefficients des développements t sont habituellement nommés amplitudes. A

l’aide des équations II. 48 et II. 49, on peut écrire eT sous la forme suivante :

eT = 1 + T1 + T2 +T1

2

2 + T3 + T2T1 +

T13

6 + T4 + T3T1 +

T22

2+

T2T12

2+

T14

24 + ⋯ (II. 51)

Le premier terme génère la fonction de référence, le second tous les états simplement

excités, la première parenthèse tous les états doublement excités, la seconde

parenthèse les états triplement excités ...

Avec la fonction d’onde ΨCC , l’équation de Schrödinger s’écrit sous la forme :

Η eeT ϕ0 = E eT ϕ0

(II. 52)

Ce qui conduit à une énergie :

Εcc = ϕ0 Η eeT ϕ0 ϕ0 eT ϕ0

=

ϕ0 Η eeT ϕ0 ϕ0 1 + T1 + T2 + T3 + ⋯ ϕ0

= ϕ0 Η eeT ϕ0

II. 53

Sachant que l’Hamiltonien ne contient que des opérateurs mono et biélectroniques, il

ne reste que les termes suivants

Εcc = ϕ0 Η e 1 + T1 + T2 +

T12

2 ϕ0

= Ε0 + tia

ai

ϕ0 Η e ϕia + tij

ab + tiatj

b − tibtj

a

a<𝑏i<𝑗

ϕ0 Η e ϕijab

II. 54

Page 60: Thèse Touil

52

Si les déterminants de Slater sont construits à partir des orbitales Hartree-Fock, les

termes ϕ0 Η e ϕia sont nuls (Théorème de Brillouin). L’énergie CC s’obtient donc à

l’aide des termes d’amplitude simple et double ainsi que des intégrales biélectroniques.

Les équations déterminant les amplitudes simples et doubles sont obtenues par

multiplication par un déterminant respectivement simplement ou doublement excité,

puis par intégration, ce qui conduit aux équations suivantes :

Εcc (ti

a) = ϕia Η e 1 + T1 + T2 +

T12

2 + T3 + T2T1 +

T13

6 ϕ0

Εcc tijab + ti

atjb − ti

btja = ϕij

ab Η e 1 + T1 + T2 +T1

2

2 + T3 + T2T1 +T1

3

6

+ T4 + T3T1 +T2

2

2 +T2T1

2

2 +T1

4

24 ϕ0

II. 55

Ces équations sont résolues de façon itérative; on constate que la détermination

exacte des amplitudes nécessite un développement infini de l’exponentielle eT . Avec

l’ensemble des opérateurs de CC, on construit tous les déterminants excités possibles,

ce qui rend la fonction d’onde ΨCC résultante équivalente à une fonction d’onde qui

serait obtenue par FCI.

En pratique, si l’on veut garder des temps de calcul raisonnables, on tronque

l’opérateur T à un certain ordre. La méthode la plus courante est la méthode CCSD

[8c] (Purvis & Bartlett 1982) qui inclut uniquement les termes T1 et T2 ainsi que leur

produit dans les expressions des amplitudes.

Cependant, la principale limite de la méthode CCSD est de négliger le terme

T3. Sa participation dans l’opérateur T conduit à la méthode CCSDT, souvent trop

coûteuse en temps de calcul pour être utilisée. Pour remédier `a cette limite, on évalue

la contribution des excitations triples par la théorie des perturbations de Rayleigh-

Schrödinger (RSPT) et on l’ajoute aux résultats du niveau CCSD. Déférentes

Page 61: Thèse Touil

53

méthodes procèdent de cette façon mais la plus courante est la méthode CCSD(T)

(Pople et al. 1987; Raghavachari et al. 1989). Cette méthode est suffisamment peu

coûteuse en temps de calcul pour être appliquée à des systèmes jusqu’à une

cinquantaine d’électrons et avec des bases relativement grandes (de l’ordre de 200

fonctions de base) (Scuseria & Lee 1990).

II.8. Théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT)

La théorie de la fonctionnelle de la densité est basée sur le postulat proposé à

l’origine par Thomas [9] et Fermi [10] selon lequel les propriétés électroniques d’un

système peuvent être décrites en terme de fonctionnelles de la densité électronique,

en appliquant localement des relations appropriées à un système électronique

homogène [26].

Hohenberg et Kohn, en 1964 [26], ont repris la théorie de Thomas-Fermi et ont

montré qu’il existe une fonctionnelle de l’énergie E ρ(R) associée à un principe

variationnel, ce qui a permis de jeter les bases de la théorie de la fonctionnelle

de la densité. Des applications pratiques ont ensuite été possibles grâce aux

travaux de Kohn et Sham (KS) [27] qui ont proposé, en 1965, un ensemble

d’équations monoélectroniques analogues aux équations de Hartree-Fock à partir

desquelles il est en principe possible d’obtenir la densité électronique d’un système et

donc son énergie totale.

II.8.1. Théorèmes de Hohenberg et Kohn

Dans un système électronique, le nombre d’électrons par unité de volume, dans

un état donné, est appelée la densité électronique pour cet état. Cette quantité est

désignée par ρ(r) et sa formule, en termes de Ψ, pour l’électron 1, est:

Page 62: Thèse Touil

54

𝜌 𝑟 = … Ψ(𝑟1, 𝑟2, … , rN ) 2dr1dr2 … drN II. 56

La densité électronique possède la propriété suivante:

𝜌 𝑟 1 𝑑𝑟 1 = 𝑁 II. 57

où N est le nombre total d’électrons.

Premier théorème

Hohenberg et Kohn ont prouvé que l’énergie électronique de l’état fondamental

𝐸0, et toutes les autres propriétés électroniques de l’état fondamental sont

uniquement déterminées par la connaissance de la densité électronique 𝜌 𝑟 en chaque

point 𝑟 du volume moléculaire. 𝐸0 est une fonctionnelle de 𝜌 𝑟 et est représentée par

𝐸0[𝜌] avec 𝜌 = 𝜌 𝑟 .

Selon le premier théorème de Hohenberg et Kohn, la fonctionnelle 𝐸[𝜌] peut

être écrite selon l’expression :

𝐸 𝜌 = 𝐹𝐻𝐾 𝜌 + 𝜌 𝑟 𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟 𝑑𝑟 II. 58

dans laquelle 𝐹𝐻𝐾 𝜌 représente la fonctionnelle universelle de Hohenberg et Kohn et

𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟 représente le potentiel externe agissant sue ces particules.

En pratique, on travaille avec la fonctionnelle 𝐸[𝜌] écrite sous une forme qui

fait intervenir la contribution cinétique 𝑇0 d’un système d’électrons sans

interaction entre eux et la contribution coulombienne d’un système classique :

𝐸 𝜌 = 𝑇0 𝜌 +1

2

𝜌 𝑟 𝜌 𝑟 ′

𝑟 − 𝑟 ′ 𝑑𝑟 𝑑𝑟 ′ + 𝜌 𝑟 𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟 𝑑𝑟 + 𝐸𝑥𝑐 𝜌 II. 59

où la quantité 𝐸𝑥𝑐 [𝜌] est appelée « énergie d'échange-corrélation » et elle contient

les effets d’échange et de corrélation, mais aussi les contributions cinétiques et

coulombiennes liées à l’interaction entre les électrons.

Page 63: Thèse Touil

55

𝐸𝑥𝑐 𝜌 = 𝑇 𝜌 + 𝑉𝑒𝑒 𝜌 − 𝑇0 𝜌 −1

2

𝜌 𝑟 𝜌 𝑟 ′

𝑟 − 𝑟 ′ 𝑑𝑟 𝑑𝑟 ′ II. 60

Deuxième théorème

Le second théorème établit le principe variationnel de l’énergie 𝐸 𝜌 . Pour une

densité électronique d’essai, 𝜌 𝑟 telle que 𝜌 𝑟 ≥ 0 et 𝜌 𝑟 𝑑𝑟 = 𝑁, on a toujours

𝐸 𝜌 < 𝐸 𝜌 .

La condition pour qu’une fonctionnelle telle que 𝐸 𝜌 admette un extremum est que sa

dérivée fonctionnelle s’annule. D’après la définition :

𝛿𝐸 𝜌 = 𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌𝛿𝜌𝑑𝑟 = 0 II. 61

La relation 𝛿𝐸 𝜌 = 0 est donc vérifiée si :

𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌= 0 II. 62

La résolution du problème consiste dés lors à chercher à minimiser 𝐸 𝜌 avec la

contrainte. On résout le problème une fois encore par l’utilisation de multiplicateurs

de Lagrange. Soit :

𝐺 𝜌 = 𝜌 𝑟 𝑑𝑟 − 𝑁 II. 63

La contrainte devient 𝐺 𝜌 = 0, et si on introduit une fonctionnelle auxiliaire 𝐴 𝜌

telle que :

𝐴 𝜌 = 𝐸 𝜌 − 𝜇𝐺 𝜌 II. 64

où 𝜇 est un multiplicateur de Lagrange, le problème se résume alors à résoudre :

𝛿𝐴 𝜌 = 𝜕𝐴 𝜌

𝜕𝜌𝛿𝜌𝑑𝑟 = 0 II. 65

𝛿 𝐸 𝜌 − 𝜇 𝜌 𝑟 𝑑𝑟 − 𝑁 = 0 II. 66

Il faut alors calculer la dérivée fonctionnelle de 𝐴 𝜌 :

Page 64: Thèse Touil

56

𝜕𝐴 𝜌

𝜕𝜌=

𝛿

𝜕𝜌 𝐸 𝜌 − 𝜇 𝜌 𝑟 𝑑𝑟 − 𝑁

=𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌− 𝜇

𝜕

𝜕𝜌 𝜌 𝑟 𝑑𝑟

=𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌− 𝜇

II. 67

Si l’on remplace l’expression ci-dessus dans l’expression de 𝜕𝐴 𝜌 , il vient :

𝛿𝐴 𝜌 =

𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌− 𝜇 𝛿𝜌𝑑𝑟 = 0

⇔ 𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌𝛿𝜌𝑑𝑟 = 𝜇 𝛿𝜌𝑑𝑟

⇔ 𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌= 𝜇

II. 68

et il reste à calculer la dérivée fonctionnelle de 𝐸 𝜌 . D’après l’équation I. 59 , il

vient :

𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌= 𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟 +

𝜕𝐹𝐻𝐾 𝜌

𝜕𝜌 II. 69

En remplaçant cette dernière équation dans l’expression I. 68 , on obtient l’équation

fondamentale du formalisme DFT, qui est une équation de type Euler-Lagrange :

𝜇 =

𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌= 𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟

= 𝜕𝑇0 𝜌

𝜕𝜌+ 𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟 +

𝜌 𝑟 ′

𝑟 − 𝑟 ′ 𝑑𝑟 +

𝜕𝐸𝑥𝑐 𝜌

𝜕𝜌

II. 70

II.8.2. Méthodologie de Kohn-Sham

Kohn et Sham ont élaboré une méthode qui consiste à mettre en parallèle

l’équation (II. 25) avec l’équation régissant un système d’électrons sans interaction

dans un potentiel externe Veff (r ):

𝜇 =𝜕𝐸 𝜌

𝜕𝜌=

𝜕𝑇0 𝜌

𝜕𝜌+ Veff r II. 71

avec le potentiel effectif 𝑉𝑒𝑓𝑓 (𝑟 ) :

Page 65: Thèse Touil

57

Veff r = 𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟 +

𝜌 𝑟 ′

𝑟 − 𝑟 ′ 𝑑𝑟 +

𝜕𝐸𝑥𝑐 𝜌

𝜕𝜌

= 𝑉𝑒𝑥𝑡 𝑟 + 𝜌 𝑟 ′

𝑟 − 𝑟 ′ 𝑑𝑟 + 𝑉𝑥𝑐 𝑟

II. 72

où 𝑉𝑥𝑐 𝑟 est le potentiel d’échange-corrélation, dérivée fonctionnelle de 𝐸𝑥𝑐 𝜌

par rapport à 𝜌 𝑟 . L'équation II. 72 est exactement la même que celle de la théorie

de Hohenberg et Kohn pour un système d'électrons non-interagissant se déplaçant

dans un potentiel effectif de la forme de Veff r .

En appliquant le principe variationnel, on obtient alors un ensemble d'équations

du type Hartree-Fock que l'on résout par un processus itératif :

−1

2𝛻2 + Veff r

H KS

Ψi = ℰ𝑖Ψi II. 73

La densité électronique est ensuite obtenue par la sommation :

𝜌 𝑟 = Ψi(r, s) 2

𝑠

𝑁

𝑖

II. 74

En pratique, on choisit une densité d'essai à partir de laquelle on calcule

un potentiel effectif Veff r . En injectant Veff r dans l'expression I. 73 on

obtient une nouvelle densité électronique I. 74 . La convergence est alors atteinte

lorsque le potentiel effectif ne varie plus.

Ces équations sont analogues à celles obtenues par la méthode de

Hartree-Fock, mais contiennent un potentiel local plus général Veff 𝑟 . Les

théories quantiques Hartree-Fock et Kohn-Sham conduisent toutes les deux à un

système d'équations monoélectroniques à résoudre, mais le formalisme de Kohn-

Sham permet néanmoins de tenir compte, de manière intrinsèque, d’une partie de la

corrélation électronique (ce que ne fait pas la méthode Hartree-Fock).

Page 66: Thèse Touil

58

Il faut encore ajouter que le terme Veff 𝑟 ne contient pas d’opérateur de spin,

et chaque solution pour ℰ𝑖 est doublement dégénérée ; on a donc les deux cas

suivants :

𝜒𝑖 𝑟 . 𝛼 𝑠

𝜒𝑖 𝑟 . 𝛽 𝑠

II. 75

Pour le cas « closed-shell », on aura :

𝜌 𝑟 = 2. 𝜌𝛼 𝑟 = 2. 𝜌𝛽 𝑟 = 2 𝜒𝑖 𝑟 2

𝑁2

𝑖

II. 76

Pour un système à couches ouvertes, on aura par contre :

𝜌 𝑟 = 𝜌𝛼 𝑟 + 𝜌𝛽 𝑟

où 𝜌𝛼 𝑟 ≠ 𝜌𝛽 𝑟

II. 77

Cette condition de restriction découle directement de la théorie, alors que dans le

cas Hartree-Fock elle était la conséquence de l’approximation orbitale de Hartree. Il

faut noter que les orbitales utilisées dans l’équation de Kohn-Sham sont celles

conduisant à un minimum pour l’énergie totale et sont obtenues de manière auto-

cohérente.

II.8.3. Fonctionnelles utilisées en DFT

L’énergie d’échange-corrélation regroupe les termes cinétiques et électro-

statiques non classiques T ρ − T0 ρ et Vee ρ −1

2

ρ r ρ r ′

r −r ′ dr dr ′ . Par non-classique,

il faut entendre la considération des corrélations entre les mouvements des électrons

du fait de leur nature quantique. En effet, les électrons en tant que fermions (spin

demi-entier) ont un comportement collectif régi par deux grands principes. D’une

part, deux électrons de même état de spin ne peuvent se trouver dans une même

région de l’espace : c’est le principe d’exclusion de Pauli - les électrons de même spin

Page 67: Thèse Touil

59

se repoussant. D’autre part, deux électrons de moments de spin opposés peuvent

s’apparier et donc occuper la même région de l’espace. Ces interactions

interélectronique d’ordre purement quantiques, car gouvernées par le spin, doivent

être prises en compte dans 𝐸𝑥𝑐 𝜌 .

La partie échange rend compte du gain en énergie coulombienne dû au respect du

principe de Pauli (exclusion entre deux électrons de même spin), tandis que la

corrélation correspond au juste équilibre entre le gain en énergie coulombienne et le

coût en énergie cinétique lorsque deux électrons de spins différents sont séparés.

Le choix de Kohn et Sham est d’autant plus judicieux car l’approximation est faite sur

la plus petite contribution à l’énergie totale [28,29]. Dans le cas présent, il ne

figure que l’échange dont l’effet dominant est dans 𝐸𝑥𝑐 𝜌 𝐸𝑐 𝜌 ≃ 10% 𝐸𝑥 𝜌 .

Une manière d’illustrer notre propos est de considérer qu’un électron en interaction

avec le reste du système peut-être représenté comme accompagné d’un trou

d’échange et de corrélation. Ce trou, de par sa forme, a pour particularité d’exclure la

présence d’électrons de même spin dans la région définie par l’électron et

également de définir la position la plus probable d’un électron de spin différent au

voisinage de l’électron.

Les corrections relatives au terme de corrélation sont beaucoup plus complexes

à formuler que celles concernant le terme d’échange. De plus, même si leur

influence sur les propriétés structurales et électroniques des systèmes étudiés est

beaucoup moins significative que celle de l’échange, il n’en demeure pas moins

que leur prise en compte se révèle absolument indispensable à l’obtention de

résultats quantitativement satisfaisants. Ainsi, l’expression analytique de ces

corrections, particulièrement compliquée, n’aide en rien à une meilleure

compréhension des principes physiques sur lesquelles elles reposent et ne

Page 68: Thèse Touil

60

peuvent être comprises à l’aide de raisonnements physiques simples. Il s’agit

surtout d’expressions satisfaisant à des propriétés mathématiques connues. Nous

pouvons citer, entre autres, les fonctionnelles de Lee, Wang et Parr (LYP) [30],

de Perdew (P86, contrepartie de la fonctionnelle d’échange de PW86) [31] et celle

de Perdew et Wang (PW91) [32] (voir annexe 1). Les fonctionnelles d’échange-

corrélation GGA représente une amélioration très importante des LDA, la principale

raison étant la modification de la partie échange.

II.8.4. Pseudopotentiels

L’état fondamental électronique d’un système quelconque peut être décrit

par les différentes méthodes décrites dans ce chapitre. Mais le problème qui se

pose est que les calculs deviennent de plus en plus coûteux au fur et à mesure que le

nombre et la taille des atomes augmentent, à cause de l’augmentation du nombre

d’électrons. Or, dans l’écrasante majorité des cas, les électrons de valence sont

les seuls à intervenir dans les propriétés intéressantes des systèmes étudiés, par

exemple dans l’établissement des liaisons chimiques. Les électrons de cœur ne sont

quasiment pas affectés par les changements d’environnement et demeurent inchangés

par rapport à la situation dans l’atome isolé. Cette considération permet de les

regrouper avec les noyaux, pour constituer des ions rigides : c’est l’approximation

des cœurs gelés [32]. Ainsi le nombre d’électrons à traiter explicitement est nettement

plus faible que le nombre réel d’électrons et des « gros » systèmes deviennent

accessibles aux calculs.

Les interactions entre les électrons de valence et les cœurs atomiques

ioniques sont représentées par un pseudopotentiel. Par construction, un

pseudopotentiel doit être additif : d’une part, il doit pouvoir être obtenu à partir

de calculs sur l’atome, et d’autre part, le potentiel total doit être la somme des

Page 69: Thèse Touil

61

pseudopotentiel lorsque plusieurs atomes sont en présence. Il doit également être

transférable, c’est-à-dire qu’on doit pouvoir utiliser le même pseudopotentiel

atomique dans des environnements chimiques différents. La plupart des

pseudopotentiels sont construits à partir de calculs sur l’atome impliquant tous les

électrons. Nous allons donner un aperçu sur l’approximation des pseudopotentiels qui

sont basés sur la méthode de Phillips et Kleinman :

Méthode de Phillips et Kleinman

Dans la méthode de Phillips et Kleinman [33], la fonction d’onde de valence (à

une particule) d’énergie ℰ𝜐 est donnée par :

Ψυ = Ψps − Ψci Ψps

i

Ψci II. 78

où Ψci est la fonction d’onde de cœur d’énergie ℰ𝑐𝑖 , Ψps est la pseudo-fonction

d’onde. La fonction d’onde Ψυ satisfaisant à l’équation de Kohn-Sham (équation

II. 70 ) :

−1

2𝛻2 + Veff r Ψυ = ℰ𝜐Ψυ II. 79

conduit à :

−1

2𝛻2 + 𝑉𝑝𝑠

𝑃𝐾 r Ψps = ℰ𝜐Ψps II. 80

avec le pseudopotentiel 𝑉𝑝𝑠𝑃𝐾 r , appelé pseudopotentiel de Phillips-Kleinman, défini

par :

𝑉𝑝𝑠𝑃𝐾 r = Veff r + ℰ𝜐 − ℰ𝑐𝑖

i

Ψci Ψci II. 81

En dehors de la région de cœur, 𝑉𝑝𝑠𝑃𝐾 r devient égal à Veff r parce que les

fonctions d’onde de cœur s’annulent. Ainsi, il y a un certain rayon 𝑟𝑐 autour d’un

atome au delà duquel la contribution de cet atome au deuxième terme du potentiel

𝑉𝑝𝑠𝑃𝐾 r (équation I. 96 ) est nulle.

Page 70: Thèse Touil

62

II.8.5. Potentiels effectifs de cœur (ECP)

On sait depuis longtemps que les orbitales atomiques de cœur, c'est-à-dire

celles d’énergies les plus basses, et qui décrivent les électrons des couches intérieures

(ou les plus « proches » du noyau), ne sont pas affectées sensiblement, dans la plupart

des cas, par des changements des liaisons chimiques. Cela a incité le développement

du potentiel effectif de cœur (ECP pour l’anglais effective core potentiel), appelé aussi

pseudopotentiel, qui permet le traitement des électrons de couches intérieures par

un potentiel moyen plutôt que comme des particules réelles. Ce traitement est

effectué par des modifications au niveau du hamiltonien, ce qui le rend très efficace

par rapport à l’approche des orbitales. Les pseudopotentiels peuvent être utilisés

pour les couches de cœur remplies ou ouvertes [34, 35]. De plus, l’incorporation des

effets relativistes, très importants à prendre en compte pour la description des

atomes lourds, est très simple dans l’ECP, alors que les calculs relativistes de tous les

électrons coûteraient très cher pour l’efficacité. Ce sont les raisons qui ont rendu très

populaire l’emploi des ECPs dans les packages ab initio, pour tous les types d’atomes.

Pour le reste des électrons, on doit fournir des fonctions de bases. Des telles bases sont

des bases spécialement optimisées pour un certain ECP. Les ECP sont tabulés dans la

littérature comme des paramètres du développement polynomial de gaussiennes [36] :

ECP r = di rη i e−ζi r2

M

i=1

II. 82

Où M est le nombre de termes du développement, di est un coefficient qui dépend du

niveau théorique de référence (HF, quasi-relativiste, relativiste), r dénote la distance

au noyau, ηi est la puissance du r pour le terme i, et −ζi représente l’exposant pour le

terme i.

Page 71: Thèse Touil

63

Par application de l'ECP, on réduit considérablement le nombre de fonctions de

base, puisque seules les fonctions pour des électrons de valence sont exigées. Dans

beaucoup de cas, il serait tout simplement difficile d'exécuter des calculs sur des

systèmes contenant des éléments très lourds (comme l’or) sans ECP.

En raison de l’optimisation du catalyseur à base de l’or (voir chapitre IV), nous

avons choisi d’utiliser cet ECP en combinaison avec la base LANL2DZ [37] (Los

Alamos National Laboratory-double zêta) qui remplace les électrons de cœur de

l'atome métallique par un pseudopotentiel et traite explicitement les électrons de

valence par une base de qualité double zêta.

II.8.6. Succès et limites de la DFT

La DFT permet souvent d’obtenir, à plus faible coût, des résultats d’une

précision proche de celle obtenue avec des calculs post-Hartree-Fock. De plus,

elle peut être utilisée pour étudier des systèmes relativement gros, contenant

jusqu’à plusieurs centaines d’électrons, ce que les calculs post-Hartree-Fock ne

peuvent pas traiter. Ceci explique que la DFT soit aujourd’hui très utilisée pour

étudier les propriétés de systèmes moléculaires complexes ou même biologiques.

Les nombreux travaux effectués ces dernières années montrent que les calculs

DFT donnent de bons résultats pour les états fondamentaux de systèmes très divers

(métalliques, ioniques, organométalliques, métaux de transition...) pour de

nombreuses propriétés (structures moléculaires, fréquences de vibration, potentiels

d’ionisation...) et en particulier la fonctionnelle hybride B3LYP.

Toutefois, ces méthodes souffrent encore de plusieurs défauts. Ainsi, il

semblerait, jusqu’à preuve du contraire, que les forces de dispersion ou Van Der Waals

ne sont pas encore traitées correctement en DFT sauf dans les fonctionnelles

Page 72: Thèse Touil

64

développées spécialement. Par ailleurs, on ne comprend pas toujours les bons ou les

mauvais résultats de la DFT sur certains systèmes. De plus, il n’existe aucun

véritable critère pour choisir une fonctionnelle plutôt qu’une autre. Il est en

outre difficile de trouver des critères permettant d’améliorer une fonctionnelle

donnée, ce qui rend parfois l’utilisation de la DFT délicate. Une limitation forte est

que les états excités ne sont pas accessibles dans le formalisme développé ci-

dessus. Cependant, des développements récents en utilisant un formalisme dépendant

du temps (TD-DFT) dans le cadre de la théorie de la réponse linéaire permettent

une description des états excités.

Dans le présent travail, on a effectivement réalisé différents types de calculs de

chimie quantique ab-initio MP2 [38b] ou DFT. En DFT, on a utilisée l’option Becke

de trois paramètres fonctionnels en combinaison avec la fonctionnelle de corrélation

de Lee-Yang-Parr (B3LYP) [39a, b, c]. Les structures moléculaires des composées ont

été optimisées aux différents niveaux de théorie MP2 et B3LYP en utilisant le paquet

Gaussian 03 [40]. Aucune contrainte de symétrie n’a été imposée. Les bases utilisées

sont 6-31G+ (d, p) et 6-311G (5d, 7f). Les calcules de fréquence de vibration ont

montré que tous les points obtenus étaient des minimas fixes. Les analyses de la

régression linéaire multidimensionnelle ont été réalisées à l’aide du MATLAB

SIMULINK 2009 [41]. La réactivité locale a été autant analysée à travers les indices

de Fukui. Le modèle de cluster (Fe5) inspiré de l’article [42].

Page 73: Thèse Touil

65

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Page 76: Thèse Touil

68

CHAPITRE III

ÉTUDE THÉORIQUE DE L’INHIBITION DE LA CORROSION

DU FER PAR DES MOLÉCULES TENSIOACTIVES À BASE

DES DÉRIVÉS DU TRIAZOLE

Page 77: Thèse Touil

69

Introduction

Plusieurs travaux de recherche ont connu ces dernières années un essor

particulièrement important [1-10] dans la recherche de l’efficacité inhibitrice de la

corrosion par des molécules organiques contenant des groupements fonctionnels

électronégatifs. Dans ce chapitre, nous nous sommes intéressés à l’étude expérimentale

de l’inhibition de la corrosion du fer en milieu acide par les molécules tensioactives à

base de triazole telle que : N-decyl-1, 2, 4-triazole, N-undecyl-1, 2, 4-triazole ou

encore N-dodecyl-1, 2, 4-triazole (notée respectivement dans le texte par C10, C11 et

C12) (Figure III.1) [11]. Ces molécules organiques ont la spécificité de porter une tête

polaire hydrophile et une queue hydrophobe sous forme d’une chaine hydrocarbonatée

de longueur variable (Cn) avec (𝑛 = 1 − 12).

N-decyl-1, 2, 4-triazole

N-undecyl-1, 2, 4-triazole

N-dodecyl-1, 2, 4-triazole

C10

C11

C12

Figure III.1. Schéma des différentes molécules tensioactives étudiées (Labellisée C10,

C11 et C12)

Page 78: Thèse Touil

70

Pour rappeler l’aspect expérimental du problème de passivation, Chebabe et

coll [11], ont utilisé trois méthodes opératoires pour mesurer l’efficacité inhibitrice de

ces molécules tensioactives. Parmi ces méthodes, on trouve les mesures de perte de

poids, l’absorption atomique et l’étude électrochimique stationnaire (Voir Tableau 1).

Tableau 1: Mesure de l’efficacité d’inhibition déterminée par la perte de poids

(Ε1(%)), l’absorption atomique (Ε2(%)) et mesure électrochimique stationnaire

(Ε3(%)) et l’efficacité d’inhibition moyenne 𝚬𝑬𝒙𝒑(%).

Molécules Concentrations

(𝑪𝒊) en (mole/l)

𝚬𝟏(%) 𝚬𝟐(%) 𝚬𝟑(%) 𝚬𝑬𝒙𝒑(%)

C10

10−3

5. 10−3

10−2

75

75

66

75

80

80

74

45

22

74,67

66,67

56,00

C11

10−3

5. 10−3

10−2

75

75

75

80

80

80

80

50

64

78,34

68,34

73,00

C12

10−3

5. 10−3

10−2

83

85

85

80

89

92

59

66

72

74,00

80,00

83,00

L’efficacité expérimentale ΕExp (%) à été moyennée en prenant la somme des

trois efficacités d’inhibitions mesurées précédemment [11]. Ils ont pu déterminer par

les mesures de perte de poids (Ε1(%)) et l’absorption atomique (Ε2(%)) que

l’efficacité augmente avec la concentration en inhibiteur supérieure à 10−3.

Cependant, l’efficacité déterminée par les mesures électrochimiques stationnaires

Ε3(%) diminue avec la concentration (cas du C10) (tableau 1). Les premiers résultats

Page 79: Thèse Touil

71

expérimentaux, ont aussi montré que l’efficacité inhibitrice augmente avec

l’allongement de la chaine hydrocarbonatée. Selon cette étude expérimentale, C12 est

considérée d’être le meilleur inhibiteur avec une efficacité moyenne approchant 83%

pour une concentration de 10-2

M (Tableau 1). Selon ces critères, ils ont établi un

classement d’efficacité croissante des inhibiteurs organiques :

𝐂𝟏𝟐 > 𝐶𝟏𝟏 > 𝐶10 (𝐈𝐈𝐈. 𝟏)

D’autres mesures concernant les chaines de Cn (n = 1 à 9) ont été aussi utilisés mais

leurs résultats d’efficacité restent les mêmes.

En effet, pour corréler l'activité anticorrosion aux paramètres chimiques

quantiques, nous nous sommes intéressés à la structure électronique des molécules

tensioactives à l’aide de deux méthodes de calculs : MP2 "la théorie de perturbation de

MØller-Plesset" [12] et la DFT/B3LYP "la théorie de la fonctionnelle de la densité"

[13]. Également, nous avons utilisé la méthode quantitative "structure-activité"

(QSAR) [14] pour corréler les paramètres chimiques quantiques des molécules

inhibitrices neutres et protonées à leurs efficacités. Les paramètres théoriques choisis

sont : les énergies des orbitales les plus hautes occupées "𝐸𝐻𝑂𝑀𝑂 " et des orbitales les

plus basses inoccupées "𝐸𝐿𝑈𝑀𝑂 ". ΔE = ELUMO -EHOMO est la différence des énergies. 𝜇

est le moment dipolaire et enfin la charge négative totale de la molécule est présentée

par "𝑇𝑁𝐶".

III. 1. Inhibiteurs non-protonés

III. 1.1. Analyse des paramètres physico-chimiques théoriques

Pour une meilleure compréhension de la classification expérimentale de ces

inhibiteurs établie auparavant, nous avons effectué tout d’abord différents calculs

d’optimisation des géométries des molécules tensioactives des C10, C11 et C12. A

Page 80: Thèse Touil

72

priori, nous n’avons observé aucun changement structural au niveau de l’optimisation

des longueurs de liaisons (Tableau 2) ou bien des angles dièdres (Tableau 3). La même

tendance a été remarquée en utilisant une base plus étendue (6-311G (5d, 7f)). Il est à

signalé qu’on a trouvé pratiquement les mêmes longueurs de liaisons et les angles

dièdres calculés pour les trois molécules par les trois méthodes théoriques.

Tableau 2 : Les longueurs des liaisons optimisées en (Å) des molécules : C10, C11 et

C12 en utilisant B3LYP/6­31G+ (d, p), B3LYP/6311G (5d, 7f) et MP2/6­311G (5d,

7f).

Liaisons N1-N2 N2-C3 C3-N4 N4-C5 C5-N1

B3LYP/6­31G+ (d, p)

C10 1,359 1,326 1,362 1,323 1,352

C11 1,359 1,326 1,362 1,323 1,352

C12 1,359 1,326 1,362 1,323 1,352

B3LYP/6311G (5d, 7f)

C10 1,356 1,323 1,360 1,320 1,350

C11 1,356 1,323 1,360 1,320 1,350

C12 1,356 1,323 1,360 1,320 1,350

MP2/6­311G (5d, 7f)

C10 1,346 1,341 1,358 1,330 1,356

C11 1,346 1,341 1,358 1,330 1,356

C12 1,346 1,341 1,358 1,330 1,356

Page 81: Thèse Touil

73

Tableau 3 : Les angles dièdres optimisés en (˚) de C10, C11 et C12 en utilisant

B3LYP/6­31G+ (d, p), B3LYP/6311G (5d, 7f) et MP2/6­311G (5d, 7f)

Liaisons N1-N2-C3 N2-C3-N4 C3-N4-C5 N4-C5-N1 C5-N1-N2

B3LYP/6­31G+ (d, p)

C10 102,185 115,472 102,153 110,749 109,439

C11 102,187 115,472 102,151 110,753 109,435

C12 102,188 115,472 102,150 110,754 109,434

B3LYP/6311G (5d, 7f)

C10 102,431 115,248 102,310 110,689 109,317

C11 102,431 115,250 102,310 110,689 109,319

C12 102,433 115,250 102,308 110,687 109,321

MP2/6­311G (5d, 7f)

C10 102,035 115,358 102,173 110,317 110,115

C11 102,035 115,357 102,174 110,317 110,115

C12 102,035 115,357 102,174 110,317 110,114

A travers les résultats trouvés par nos calculs théoriques (Tableau 4), on

observe tout d’abord, une augmentation de la charge négative totale 𝑇𝑁𝐶 [15] et une

stagnation du moment dipolaire avec une légère différence pour C12. En outre, les

autres paramètres physico-chimiques "HOMO, LUMO et ΔE" calculés par les trois

méthodes utilisées, sont semblables pour tous les composés. En fait, selon la théorie

des orbitales moléculaires frontières, FMO, la réactivité chimique résulte de

l’interaction entre les orbitales HOMO et LUMO des espèces réactives [16]. Une

grande valeur de l’énergie HOMO peut faciliter nettement la tendance de la molécule à

céder des électrons à des espèces acceptrices d’électrons possédant des orbitales

moléculaires inoccupées avec un niveau énergétique très bas et donc un bon pouvoir

Page 82: Thèse Touil

74

inhibiteur [17]. La faible valeur de l’énergie de la LUMO peut montrer aussi que la

molécule peut accepter certainement des électrons [18-22]. On sait aussi que la

différence, Δ𝐸 = 𝐸𝐿𝑈𝑀𝑂 − 𝐸𝐻𝑂𝑀𝑂 est l’énergie minimale nécessaire pour exciter un

électron dans une molécule, une faible valeur peut se traduire par une efficacité

inhibitrice importante [15]. Mais, à ce stade d’étude, on ne peut pas faire une vraie

corrélation entre ces paramètres chimiques quantiques et le pouvoir inhibiteur, d’où

l’idée de chercher un autre moyen de calcul pour rationnaliser ces différences

structurales.

Tableau 4: Paramètres chimiques quantiques calculées à différents niveaux de la

théorie : B3LYP/6-31G + (d, p), B3LYP/6­311G (5d, 7f) et MP2/6­311G (5d, 7f).

Molécule EHOMO (eV) ELUMO (eV) ΔΕ (eV) μ (Debye) TNC

B3LYP/6­31G + (d, p)

C10 -7,364 -0,288 7,076 3,84 -3,52

C11 -7,364 -0,288 7,076 3,80 -3,79

C12 -7,363 -0,288 7,075 3,85 -4,03

B3LYP/6-311G (5d, 7f)

C10

C11

C12

-7,255

-7,254

-7,252

0,053

0,053

0,052

7,308

7,307

7,304

3,57

3,54

3,59

-4,75

-5,14

-5,31

MP2/6­311G (5d, 7f)

C10

C11

C12

-9,724

-9,724

-9,723

3,863

3,864

3,864

13,587

13,588

13,587

3,57

3,53

3,58

-5,01

-5,40

-5,80

Page 83: Thèse Touil

75

III. 1.2. Analyse de la régression linéaire

Pour analyser ces différences structurales, effectivement, le calcul de la

régression linéaire peut être un outil de comparaison. En fait, plusieurs modèles de

régressions linéaires ou non linéaires sont proposés dans la littérature dans les études

de la corrélation entre l’efficacité inhibitrice des composés organiques et leurs

structures moléculaires en utilisant la méthode appelée QSAR [23-25]. Par conséquent,

notre choix a été fait pour le modèle linéaire multidimensionnel basé sur l’approche

du QSAR qui relie l’efficacité d’inhibition aux paramètres chimiques quantiques des

molécules étudiées, à savoir les paramètres suivants : 𝐸𝐻𝑂𝑀𝑂 , 𝐸𝐿𝑈𝑀𝑂 , Δ𝐸, 𝜇 𝑒𝑡 𝑇𝑁𝐶 et

la concentration en inhibiteur dans le milieu corrosif [26], soit l’équation suivante :

Ε𝐶𝑎𝑙 = 𝐴𝑗 𝑋𝑗 𝐶𝑖 + 𝐾 (III. 2)

où les constantes 𝐴𝑗 et K sont obtenues à partir de l’analyse de la régression linéaire,

𝑋𝑗 représente les paramètres chimiques quantiques pour la molécule j, 𝐶𝑖 correspond à

la concentration en inhibiteur pour (i), Ε𝐶𝑎𝑙 est l’efficacité calculée d’inhibition de la

corrosion.

Tous les calculs de la régression linéaire ont été effectués par la méthode de

moindres carrées en utilisant le programme Matlab [27]. L’évaluation du pouvoir

inhibiteur des molécules étudiées à été réalisée à partir des mesures de la gravimétrie

et des techniques électrochimiques obtenues expérimentalement [11]. On a utilisée

différentes concentrations des inhibiteurs en solution entre 10−3 à 10−2 mol/l. Neufs

points cruciaux ont été estimés dans le calcul de la régression linéaire. Tous les para-

mètres chimiques quantiques ont été injectés dans l’équation (III.2). Les efficacités

calculées "ECal % " par la B3LYP/6­311G (5d, 7f) à différentes concentrations en in-

hibiteurs proviennent de l’équation (III.4). La régression linéaire multidimensionnelle

donne un coefficient de corrélation calculé 𝑅2 = 0,940. Le tableau 5 donne le

Page 84: Thèse Touil

76

pourcentage de l’efficacité théorique comparé à l’expérience. De la même façon, les

équations (III.3) et (III.5) ont été obtenues en utilisant respectivement les paramètres

quantiques calculés avec "B3LYP/6-31G+ (d, p)" et "MP2/6­311G (5d, 7f)".

L’équation linéaire (III.3) a été obtenue en utilisant les paramètres quantiques calculés

par "B3LYP/6-31G+ (d, p)" :

𝐄𝐂𝐚𝐥 % = 𝐀𝟏𝐄𝐇𝐎𝐌𝐎+ 𝐀𝟐𝐄𝐋𝐔𝐌𝐎 + 𝐀𝟑𝛍 + 𝐀𝟒𝐓𝐍𝐂 𝐂𝐢 + 𝐊 ∗ 𝟏𝟎𝟎 (III. 3)

A1 = 9,431 A2 = 240,733 A3 = -17,037 A4 = -52,544 𝐾 = 0,756

L’équation linéaire (III.4) a été obtenue en utilisant les paramètres quantiques

calculés par "B3LYP/6­311G (5d, 7f)" :

𝐄𝐂𝐚𝐥 % = 𝐀𝟏𝐄𝐇𝐎𝐌𝐎+ 𝐀𝟐𝐄𝐋𝐔𝐌𝐎 + 𝐀𝟑∆𝐄 + 𝐀𝟒𝛍 + 𝐀𝟓𝐓𝐍𝐂 𝐂𝐢 + 𝐊 ∗ 𝟏𝟎𝟎 (III. 4)

A1 = 36,287 A2 = -420,312 A3 = -36,693 A4 = 92,881 A5 = -43,092 K = 0,742

L’équation linéaire (III.5) a été aussi obtenue en utilisant les paramètres

quantiques calculés par "MP2/6­311G (5d, 7f)" :

𝐄𝐂𝐚𝐥 % = 𝐀𝟏𝐄𝐇𝐎𝐌𝐎 + 𝐀𝟐∆𝐄 + 𝐀𝟑𝛍 + 𝐀𝟒𝐓𝐍𝐂 𝐂𝐢 + 𝐊 ∗ 𝟏𝟎𝟎 (III. 5)

A1 = 6,616 A2 = -4,722 A3 = -17,003 A4 = -33,979 K = 0,755

De ce fait, ces trois équations sont donc utiles pour chercher les meilleurs

coefficients de régression linéaire. Elles sont sélectives par rapport à la plus haute

valeur de R2 calculée reliée implicitement à la bonne qualité de la régression linéaire

calculée.

Page 85: Thèse Touil

77

Tableau 5 : Comparaison entre l’efficacité de l’inhibition de la corrosion

expérimentale (Eexp (%)) et calculée (Ecal (%)) des molécules C10, C11 et C12.

Molécule Concentration

(𝐶𝑖) en (mole/l)

𝚬𝑪𝒂𝒍(%) 𝚬𝑬𝒙𝒑(%)

B3LYP/6-31G (d, p) B3LYP/6-311G

(5d, 7f) MP2/6-311G

(5d, 7f)

C10

10−3

5. 10−3

10−2

73,60

65,90

56,30

72,50

65,00

56,80

73,70

66,10

56,60

74,67

66,67

56,00

C11

10−3

5. 10−3

10−2

75,10

73,40

71,20

78,34

72,60

70,90

75,10

73,00

70,50

78,34

68,34

73,00

C12

10−3

5. 10−3

10−2

76,30

79,20

82,95

75,10

78,84

83,50

76,30

79,40

83,30

74,00

80,00

83,00

A partir de la figure III.2, on s’aperçoit que les points calculés sont proches de

la bissectrice. Ceci ne peut que justifier la meilleure corrélation entre l’efficacité

d’inhibition de la corrosion mesurée EExp % et calculée ECal % . D’après nos

résultats, les équations (III.3) et (III.5) sont également élaborées à différents niveaux

de théorie B3LYP/6-31G+ (d, p) et MP2/6­311G (5d, 7f) et ont donné respectivement

des coefficients de corrélation égales à 𝑅2 = 0,913 , 0,912. Mais on constate que la

bonne corrélation entre les valeurs de l’efficacité d’inhibition de la corrosion et les

paramètres chimiques quantiques, calculée à l’aide du modèle linéaire

multidimensionnelle et la méthode B3LYP/6-311G (5d, 7f). Elle donne un coefficient

𝑅2 égal à 0,940 issu de l’équation de régression linéaire est en bon accord avec

l’expérience [28].

Page 86: Thèse Touil

78

Figure III.2. Schéma de corrélation entre l’efficacité inhibitrice expérimentale

EExp % et calculée ECal % pour les molécules C10, C11 et C12 à différentes

concentrations

III. 2. Inhibiteurs protonés

III. 2.1. Analyse des paramètres physico-chimiques théoriques

Dans le but de caractériser le mécanisme de l’attaque des molécules organiques

en milieu acide chlorhydrique, nous nous sommes intéressés à la protonation des

molécules tensioactives en particulier a la distribution de la densité électronique des

orbitales HOMO et LUMO (Figure III.3) qui prévoit la localisation spatiale de ces

orbitales sur quel type d’atome est majoritaire et en déduire leur réactivité. Il en résulte

que la tête du tensioactif contenant les atomes d’azote est le centre d’attaque, d’où la

raison de les considérer comme des sites potentiels à la protonation.

55 60 65 70 75 80 8555

60

65

70

75

80

85

L'inhibition expérimentale (Eexp (%))

L'in

hib

itio

n c

alc

ulé

e (

Ecal (%

))

B3LYP/6-31G(d,p)

B3LYP/6-311G(5d,7f)

MP2/6-311G(5d,7f)

Bissectrice

Page 87: Thèse Touil

79

Figure III.3. Répartition de la densité électronique HOMO et LUMO des molécules

C10, C11 et C12 neutres en utilisant "B3LYP/6-311G (d) 5d 7f".

Inhibiteur Structure optimisée HOMO LUMO

C10

C11

C12

Page 88: Thèse Touil

80

L’autre analyse de la population de Mulliken [29-31] (Tableau 6) montre

effectivement que l’atome N4 se trouvant dans la tête du triazole (Voir le schéma III.4

pour la numérotation des atomes) possède la valeur la plus élevée de la charge et peut

être un site préférentiel pour la protonation.

Figure III.4. Numérotation des atomes de la tête polaire des tensioactifs utilisés dans

nos calculs

En vue de rechercher les sites de protonation potentielle, un autre modèle de

calcul à été entrepris basé sur la réactivité locale en calculant les indices de Fukui [32],

en se basant sur la localisation des régions nucléophiliques et électrophiliques de

chaque atome dans la molécule. On rappelle que la fonction de Fukui f(𝑟 ) est définie

comme étant la dérivée première de la densité électronique 𝜌(𝑟 ) par rapport au nombre

d’électrons situés dans un champ de potentiel externe constant 𝑣(𝑟 ) :

f 𝑟 = 𝜕𝜌(𝑟 )

𝜕𝑁

𝑣(𝑟 )

(III. 6)

En utilisant la méthode des différences finies, deux types de fonction peuvent êtres

définies :

f +(𝑟 ) = 𝜌𝑁+1(𝑟 ) − 𝜌𝑁(𝑟 ) pour une attaque nucléophilique (III. 7)

f −(𝑟 ) = 𝜌𝑁(𝑟 ) − 𝜌𝑁−1(𝑟 ) pour une attaque électrophilique (III. 8)

Page 89: Thèse Touil

81

La fonction f +(𝑟 ) correspond au changement de la densité lorsque la molécule

gagne des électrons, et réagit à l’égard de l’attaque nucléophilique. D’autre part, f −(𝑟 )

correspond à une attaque électrophilique où la molécule perd ses électrons. L’analyse

des résultats obtenus confirme donc les résultats précédents et montrent qu’il y a deux

sites préférentiels pour la protonation à savoir N2 et N4 (Tableau 6). En effet, l’atome

N4 possède la valeur la plus élevée de f −, et il reste donc le site approprié de l’attaque

du proton. Vue la grande précision de la base étendue, on la donc utilise dans ce

modèle.

Tableau 6: Les fonctions f +(𝑟 ) et f −(𝑟 ) calculés pour C10, C11 et C12 via B3LYP/6-

311G (5d, 7f)

Molécules Atome Charge atomique

nette

𝐟− 𝐟+

C10

N1 -0,200 -0,033 -0,070

N2 -0,191 -0,075 -0,151

N4 -0,306 -0,077 -0,075

C11

N1 -0,200 -0,030 -0,071

N2 -0,191 -0,070 -0,151

N4 -0,307 -0,073 -0,076

C12

N1 -0,200 -0,028 -0,070

N2 -0,191 -0,072 -0,151

N4 -0,305 -0,078 -0,076

Le tableau 7 regroupe les paramètres chimiques calculés de nos composés

protonés en N2 ou N4. L’analyse de ces nouveaux résultats permet d’établir une

certaine corrélation entre les paramètres chimiques quantiques étudiés et le pouvoir

Page 90: Thèse Touil

82

inhibiteur des molécules. En effet, C12 possède des valeurs significativement élevées

de EHOMO (-9,653 eV), du moment dipolaire μ (8,806 Debye), et de la charge négative

totale TNC (-5,671) (tableau 7), justifiant encore une fois la différence notable par

rapport aux autres. En outre, la basse énergie de la LUMO de C12 est égale à (-5,817

eV) montre qu’elle est un bon accepteur d’électrons par rapport aux autres. Sur cette

base d’analyse, on peut prédire un classement de l’affinité croissante des inhibiteurs

comme suit :

𝐂𝟏𝟐𝐇 + > 𝐂𝟏𝟏𝐇 + > 𝐂𝟏𝟎𝐇 + (III. 9)

Tableau 7: Paramètres chimiques quantiques calculés pour la forme protonée à

B3LYP/6-311G (5d, 7f).

Molécules EHOMO (eV) ELUMO (eV) ΔΕ (eV) μ (Debye) TNC

Protonation en N2

(C10H)+ -10,200 -6,236 3,964 6,698 -4,829

(C11H)+ -9,972 -6,234 3,738 6,743 -5,222

(C12H)+ -9,775 -6,237 3,538 6,915 -5,614

Protonation en N4

(C10H)+ -10,039 -5,815 4,224 8,717 -4,886

(C11H)+ -9,832 -5,815 4,017 8,752 -5,279

(C12H)+ -9,653 -5,817 3,706 8,806 -5,671

Nous remarquons que l’efficacité d’inhibition calculée en milieu acide s’est

considérablement améliorée pour la forme protonée, d’une part et d’autre part, nous

pensons que l’efficacité inhibitrice des inhibiteurs protonés est intiment liée à certains

Page 91: Thèse Touil

83

paramètres chimiques quantiques, d’où l’idée de faire une corrélation directe entre le

pouvoir inhibiteur des molécules tensioactives et les paramètres calculés, ce qui n’a

pas été le cas pour les inhibiteurs non-protonés.

On doit dire aussi qu’il est indispensable de montrer par le biais de la

répartition de la densité HOMO et LUMO des molécules tensioactives étudiées la

représentation électronique des orbitales frontières (figure III.5). En effet, l’analyse de

la densité électronique des HOMO et LUMO révèle qu’elles sont principalement

localisées sur les atomes du cycle à caractère d’azote pour tous les composés étudiés.

La HOMO possède un caractère 𝜋 non liant et la LUMO à un caractère 𝜋∗ antiliant

localisé sur les centres azotés. La caractérisation de la densité HOMO et LUMO peut

prédire une éventuelle chimisorption des inhibiteurs tensioactifs à travers leur tête

polaire.

Page 92: Thèse Touil

84

Figure III.5. Répartition de la densité électronique HOMO et LUMO des molécules

protonées en utilisant "B3LYP/6-311G (5d, 7f)".

Inhibiteur Structure optimisée HOMO LUMO

(C10H)+

(C11H)+

(C12H)+

Page 93: Thèse Touil

85

III. 2.2. Analyse de la régression linéaire "forme protonée"

Les résultats de calculs de la régression linéaire des formes protonées (C10H)+,

(C11H)+ et (C12H)

+ ont été réalisés de la même façon qu’auparavant à partir de

l’équation de régression III.10 en utilisant la B3LYP/6-311G (5d, 7f).

𝐄𝐢 % = 𝐀𝟏𝐄𝐡𝐨𝐦𝐨+ 𝐀𝟐𝐄𝐥𝐮𝐦𝐨 + 𝐀𝟑∆𝐄 + 𝐀𝟒𝛍 + 𝐀𝟓𝐓𝐍𝐂 𝐂𝐢 + 𝐊 ∗ 𝟏𝟎𝟎 (III. 10)

A1= 15,330 A2= 9,227 A3= 15,491 A4 =-6,884 A5=-37,456 K= 0,755 R2=0,951

Figure III.6. Schéma de corrélation entre l’efficacité inhibitrice expérimentale et

calculée pour les molécules protonées (C10H)+, (C11H)

+ et (C12H)

+ à différentes

concentrations en utilisant B3LYP/6-311G (5d, 7f).

D’après la figure III.6, on observe qu’effectivement la corrélation peut s’établir

entre les valeurs expérimentales de l’efficacité inhibitrice et calculées. Le modèle

linéaire multidimensionnel donnant un coefficient de corrélation acceptable de l’ordre

de 𝑅2 = 0,951. La figure III.6, montre que tous les points sont proches de la

50 55 60 65 70 75 80 8550

55

60

65

70

75

80

85

L'inhibition expérimentale (Eexp (%))

L'in

hib

itio

n c

alc

ulé

e (

Ecal (%

))

B3LYP/6-311G(5d,7f)

Bissectrice

Page 94: Thèse Touil

86

bissectrice. Par conséquent, on conclut qu’il y a une corrélation satisfaisante pour les

molécules protonées avec un coefficient de corrélation 𝑅2 = 0,951 amélioré par

rapport aux calculs des formes non protonées.

Dans la même optique d’étude, les indices de Fukui ont été aussi calculés pour

la forme protonée. On observe d’après le tableau 8 que N1 et N2 demeurent des sites

privilégiés aux attaques électrophiles du fait de leurs valeurs élevées de f −(𝑟 ). Par

contre les sites N4, C3 et C5 reste des sites favorables aux attaques nucléophiles du fait

de leurs valeurs élevées de f +(𝑟 ).

Tableau 8 : Les fonctions de Fukui calculées des molécules protonées C10H+, C11H

+

et C12H+ en utilisant "B3LYP/6-311G (5d, 7f)"

Molécule Atome La charge atomique

Nette

f+ f

-

C10H+

N1 -0,150 -0,039 0,048

N2 -0,229 -0,034 -0,056

N4

C3

C5

-0,378

0,267

0,307

-0,045

-0,035

-0,378

0,101

0,137

0,079

C11H+

N1 -0,194 -0,037 0,005

N2 -0,119 -0,166 0,058

N4

C3

C5

-0,479

0,133

0,210

-0,051

-0,094

-0,322

0,001

0,008

-0,013

C12H+

N1 -0,193 -0,038 0,005

N2 -0,119 -0,166 0,059

N4

C3

C5

-0,479

0,133

0,210

-0,052

-0,094

-0,325

0,002

0,011

-0,011

III. 3.1. L’analyse de l’efficacité des inhibiteurs coordinés à un atome de fer

Dans le même but d’analyse d’efficacité des inhibiteurs, nous avons étudié

l’interaction (Surface-Inhibiteur). Dans une première approche, nous avons simulé

Page 95: Thèse Touil

87

l’interaction métal-ligand avec un seul atome de fer coordiné aux molécules orga-

niques. La formule donnée par l’équation ci-dessus, a été utilisée à cette fin [33-35].

𝐄𝐜𝐨𝐦 = 𝐄 𝐅𝐞−𝐗 − 𝐄𝐅𝐞 + 𝐄𝐗 (III. 11)

où 𝐄𝐅𝐞 est l’énergie totale de l’atome de fer libre, 𝐄𝐗 l’énergie totale de la molécule

inhibitrice protonée et 𝐄𝐜𝐨𝐦 appelé l’énergie de combinaison. Lorsque l’inhibiteur

interagit avec l’atome de fer, l’énergie du complexe formé (inhibiteur-fer) est

exprimée par 𝐄 𝐅𝐞−𝐗 . Il est évident qu’un seul atome de fer n’est pas suffisant pour

modéliser une surface, mais à titre d’approche pour voir tout d’abord les effets de la

corrélation on a entrepris une complexation d’un atome de fer par des molécules

tensioactives [36,38]. Les structures moléculaires "Fer-inhibiteur" ont été optimisées

avec "B3LYP/6-311G (5d, 7f)". Nous remarquons tout d’abord une bonne interaction

métal-ligand, due au bon recouvrement entre les orbitales "d" du fer et "p" de l’azote.

On s’aperçoit donc l’obtention de courtes distances de Fe-N4 respectivement égales à

(1,840, 1,889 et 1,963 Å) pour (C10, C11 et C12) et de Fe-C5 respectivement égales à

1,990, 1,968 et 1,810 Å pour C10, C11 et C12 (voir tableau 9).

Tableau 9: Longueurs des liaisons en (Å) dans les molécules Fe -C10H+, Fe -C11H

+

et Fe -C12H+ optimisées en utilisant "B3LYP/6-311G (5d, 7f)".

Liaison N1-Fe N2-Fe C3-Fe N4-Fe C5-Fe

Fe -C10H+ 2,774 2,791 2,632 1,840 1,990

Fe -C11H+ 2,899 3,238 2,779 1,889 1,968

Fe -C12H+ 2,563 2,836 2,813 1,963 1,810

Page 96: Thèse Touil

88

Étant donné la bonne stabilité de ces complexes, on peut évaluer l’énergie de

combinaison 𝐄𝐜𝐨𝐦 qui est considérée comme étant la force de liaison et mesure aussi la

stabilité du complexe formé (Tableau 10). Les valeurs de 𝐄𝐜𝐨𝐦 sont négatives

montrant que l’adsorption peut se produire spontanément avec une énergie de

combinaison respective 𝐄𝐜𝐨𝐦 égale à (-1,37, -1,49 et -1,72 eV) pour Fe − CX (X =

10, 11, 12). Par contre, C12 possède une valeur d’énergie ∆E supérieure aux autres et

égale à 3,29 eV et bien acquiert une bonne stabilité.

Sur la figure III.7, on a représenté la répartition de la densité électronique des

orbitales HOMO et LUMO du complexe H+-inhibiteur-Fe en utilisant la fonctionnelle

B3LYP et la base 6-311G (d) 7f 5d. Les orbitales HOMO et LUMO sont fortement

localisées sur les atomes du cycle et montre aussi qu’il est possible de former des

liaisons métal-ligand à travers les atomes N4 et C5.

Tableau 10: les énergies de combinaisons et les paramètres chimiques quantiques

pour le complexe H+-inhibiteur -Fe calculés à l’aide "B3LYP/6-311G (5d 7f)".

Complexe Ecom (eV) EHOMO (eV) ELOMO (eV) ΔΕ (eV) μ (Debye) TNC

Fe -C10H+ -1,37 -9,75 -6,68 3,07 9,904 -5,25

Fe -C11H+ -1,49 -9,64 -6,52 3,12 9,784 -5,53

Fe -C12H+ -1,72 -9,61 -6,32 3,29 9,781 -6,18

Page 97: Thèse Touil

89

Figure III.7. Répartition de la densité électroniques HOMO et LUMO en utilisant

"B3LYP/6-311G (5d, 7f)" du H+-inhibiteur-Fe.

Inhibiteur Structure optimisée HOMO LUMO

Fe -C10H+

Fe -C11H+

Fe -C12H+

Page 98: Thèse Touil

90

Tableau 11: Calcul de charges atomiques des inhibiteurs protonés et des complexes en

utilisant "B3LYP/6-311G (5d, 7f)".

Atomes Fe N1 N2 N4 C3 C5

C10H+ - -0,150 -0,229 -0,378 0,267 0,307

[Fe -C10H]+ 0,913 -0,088 -0,025 -0,532 -0,233 -0,281

C11H+ - -0,194 -0,119 -0,479 0,133 0,210

[Fe -C11H]+ 0,930 -0,175 -0,100 -0,596 0,049 -0,197

C12H+ - -0,193 -0,119 -0,479 0,133 0,210

[Fe -C12H]+ 0,975 -0,381 -0,105 -0,622 0,117 -0,229

Nous constatons d’après le tableau 11 que la charge du fer dans tous les

complexes formés [Fe-C10H]+, [Fe-C11H]

+ et [Fe-C12H]

+ est positive et respectivement

égale à 0,913, 0,930 et 0,975, montrant que le fer dans le cas présent est un donneur

potentiel d’électrons. Pourtant, quand on analyse la charge des atomes du cycle dans le

complexe, on observe une diminution de charge de l’atome N2 (de -0,119 à -0,105)

quand on passe de la forme protonée (C12H)+

au complexe Fe -C12H+. Par contre,

nous remarquons aussi une augmentation de charges des atomes N4 et C5

(respectivement variant de -0,479 à -0,622 et de 0,210 à -0,229) et deviennent des sites

accepteurs des électrons. En analysant ce fait, nous pensons qu’il y a possibilité de

formation des liaisons qui peuvent s’établir principalement entre les orbitales "d" du

fer et "p" des atomes d’azote et principalement en N4. Les liaisons peuvent aussi se

consolider à travers un échange des électrons (feedback) via les orbitales 𝜋 du cycle et

du fer (figure III.7) en favorisant l’adsorption chimique de ces inhibiteurs sur la

surface métallique du fer.

Page 99: Thèse Touil

91

Selon les résultats combinés des tableaux 9 et 10, l’efficacité d’inhibition du

composé C12 s’avère la plus grande. La classification croissante qui en découle est en

bon accord avec les résultats expérimentaux [11], et confirme le classement suivant :

𝐂𝟏𝟐 > 𝐶𝟏𝟏 > 𝐶𝟏𝟎

III. 3. L’effet du solvant

A la lecture des données dans la littérature, on a pensé que l’effet du solvant

peut changer le comportement des molécules. On sait aussi que toute propriété

physico-chimique d’un composé pourrait être variable selon le milieu étudié [39-42].

Ainsi, il est important de prendre en compte les effets du solvant pour chercher les

changements structuraux des molécules. Il s’avère nécessaire de réaliser des calculs

théoriques pour tenir compte de la variation du milieu lorsqu'on souhaite analyser la

réactivité des molécules. Le modèle PCM (modèle de continuum polarisable) [43,44] a

été utilisé avec le programme Gaussian 03 dans lequel le soluté est considéré comme

une molécule piégée dans une cavité entourée par le solvant. Les paramètres

chimiques quantiques ont été calculés à l’état neutre et protoné en présence d’un

solvant (l’eau) de constant diélectrique εr = 78,39.

III. 3.1. Inhibiteur non-protoné en présence du solvant

Les paramètres chimiques quantiques calculés des molécules solvatées sont

regroupés dans le tableau 12. Il en résulte une différence notable entre les résultats

obtenus en phase gazeuse qu’en aqueuse (Tableau 12). On remarque qu’il y a une

augmentation significative du moment dipolaire (μ) (4,428 Debye) ainsi que la charge

négative totale (TNC) qui est égale à -5,758 pour le composé C12. On peut s’attendre

à une augmentation considérable de l’interaction électrostatique entre les sites actifs

Page 100: Thèse Touil

92

des inhibiteurs et la surface métallique du fer par comparaison aux cas précédents,

facilitant ainsi l’adsorption physique. D’autre part, les énergies des orbitales frontières

HOMO et LUMO demeurent peu changées pour les trois molécules (de -7,401 à -

7,398 eV) impliquant un léger changement de la réactivité de ces molécules

inhibitrices, en milieu aqueux.

Tableau 12: Paramètres chimiques quantiques calculés des molécules C10, C11 et

C12 en phase aqueuse en utilisant B3LYP/6-311G(d)

Molécule EHOMO (eV) ELUMO (eV) ΔΕ (eV) μ (Debye) TNC

C10 -7,401 -0,072

7,329 4,426 -4,960

C11 -7,400 -0,072 7,328 4,359 -5,359

C12 -7,398 -0,074 7,324 4,428 -5,758

III. 3.2. Analyse de la régression linéaire des molécules solvatées.

On a aussi effectué d’autres types des calculs de la régression linéaire pour ces

molécules solvatées. L’équation de régression III.12 à été utilisée pour corréler les

paramètres chimiques au pouvoir inhibiteur des molécules tensioactives C10, C11 et

C12 en phase aqueuse en utilisant la fonctionnelle B3LYP et la base 6-311G (5d, 7f) :

𝐄𝐢 % = 𝐀𝟏𝐄𝐡𝐨𝐦𝐨+ 𝐀𝟐𝐄𝐥𝐮𝐦𝐨 + 𝐀𝟑∆𝐄 + 𝐀𝟒𝛍 + 𝐀𝟓𝐓𝐍𝐂 𝐂𝐢 + 𝐊 ∗ 𝟏𝟎𝟎 (III. 12)

A1= 7,784 A2= 188,564 A3= −7,920 A4 = −13,094 A5= −33,848 K= 0,756 R2=0,913

Les différents constants sont calculés à partir de la méthode de moindre carré en

utilisant le programme Matlab. Les résultats sont donnés dans la figure III.8. On trouve

Page 101: Thèse Touil

93

un coefficient de corrélation R2= 0,913 qui est moins important que pour les cas

calculés auparavant vue que les points calculés sont un peu décalés.

Figure III.8. Schéma de la corrélation entre l’efficacité inhibitrice expérimentale et

calculée pour les molécules C10, C11 et C12 en présence du solvant avec

"B3LYP/6-311G (d)".

III. 3.3. Inhibiteur protoné en présence du solvant

Il a été montré par les études expérimentales élaborées de l’action inhibitrice du

C10, C11 et C12 en présence du solvant vis-à-vis de la corrosion de fer agissent

comme des bons inhibiteurs en solution normale d’acide chlorhydrique. En

conséquence, il est nécessaire d’étudier les paramètres de chimie quantique des

inhibiteurs protonés. Par l’intermédiaire de nos calculs, on a recherché les sites les plus

privilégiés aux attaques électrophiles. Nous avons restreint notre recherche à la tête

polaire vue que la densité électronique des orbitales HOMO et LUMO a été localisée

50 55 60 65 70 75 80 8550

55

60

65

70

75

80

85

L'inhibition expérimentale (Eexp(%))

L'in

hib

itio

n c

alc

ulé

e (

Ecal(

%))

B3LYP/6-311G(d)

Bissectrice

Page 102: Thèse Touil

94

sur les atomes du cycle (figure III.9). Les valeurs de l’indice de Fukui indiquent que

l’atome d’azote N2 est le site préféré pour la protonation (tableau 13).

Tableau 13: La charge atomique nette et les fonctions de Fukui calculées des

molécules C10, C11 et C12 en phase aqueuse au niveau B3LYP/6-311G(d).

Molécule Atome La charge atomique

Nette

f+ f

-

C10

N1 -0,196 -0,018 -0,046

N2 -0,230 -0,162 -0,138

N4 -0,371 -0,060 -0,071

C11

N1 -0,197 -0,018 -0,045

N2 -0,230 -0,163 -0,136

N4 -0,372 -0,060 -0,070

N1 -0,196 -0,018 -0,047

C12 N2 -0,230 -0,163 -0,132

N4 -0,372 -0,061 -0,069

Page 103: Thèse Touil

95

Figure III.9. Répartition de la densité électronique HOMO et LUMO des molécules

C10, C11 et C12 en présence du solvant en utilisant B3LYP/6-311G (d).

Inhibiteur Structure optimisée HOMO LUMO

(C10)

(C11)

(C12)

Page 104: Thèse Touil

96

Les paramètres chimiques recalculés en protonant les molécules inhibitrices au

site N2 en présence de l’eau ont été rassemblés dans le tableau 14. Nous avons obtenu

des résultats très significatifs avec un changement substantiel. En effet, l’inhibiteur

C12 possède des valeurs très élevées de ΕHOMO (-7,653 eV), du moment dipolaire (𝜇)

(5,358 Debye) et de la charge négative totale (TNC) (-5,754). En revanche, l’orbitale

LUMO du composé C12 se situe à un niveau énergétique plus bas de l’ordre de (-

2,160 eV) par comparaison aux orbitales des autres composés (-1,724 et -1,887 eV

respectivement pour C10 et C11). L’analyse de ces résultats révèle que le composé

C12 protoné présente de propriétés chimiques quantiques très favorables en milieu

aqueux et peut être considéré comme un bon inhibiteur.

Tableau 14: Paramètres chimiques quantiques calculés des molécules C10, C11 et

C12 protonées en phase aqueuse en utilisant "B3LYP/6-311G(d)".

Molécule EHOMO (eV) ELUMO (eV) ΔΕ (eV) μ (Debye) TNC

(C10H)+ -8,211 -1,724 6,487 5,350 -4,955

(C11H)+ -7,965 -1,887 6,078 5,306 -5,356

(C12H)+ -7,653 -2,160 5,493 5,358 -5,754

D’après l’étude de la régression linéaire multidimensionnelle en présence du solvant,

on trouve une nette amélioration du coefficient de corrélation R2= 0,964, ceci traduit

une bonne corrélation entre les paramètres quantiques et l’efficacité d’inhi-bition des

composés protonés, en milieu aqueux.

III. 3.4. L’analyse de l’efficacité des inhibiteurs coordinés à un ou plusieurs

atome de fer (cas du cluster) en présence du solvant.

Page 105: Thèse Touil

97

L’optimisation de la géométrie du complexe H+-inhibiteur-Fe en milieu aqueux

a été faite et les résultats de nos calculs sont regroupés dans le tableau 16. On observe

de courtes distances de Fe-N2 (1,920 Å) et Fe-C3 (1,923Å). On remarque aussi que le

complexe (C12H)+-Fe possède une énergie de combinaison 𝐄𝐜𝐨𝐦 plus basse de l’ordre

de (-2,295 eV) (Tableau 17). En outre, l’écart (LUMO-HOMO) pour le composé C12

est égal à 3,126 eV (Tableau 17). Ces résultats traduisent la forte liaison entre les

orbitales frontières des inhibiteurs protonés et les orbitales "d" de l’atome du fer en

milieu aqueux.

Tableau 16: Longueur des liaisons (Å) dans les molécules (C10H)+-Fe, (C11H)

+-Fe et

(C12H)+-Fe optimisé en présence du solvant en utilisant la "B3LYP/6-311G (d)".

Complexe N1-Fe N2-Fe C3-Fe N4-Fe C5-Fe

(C10H)+ -Fe 2,435 1,937 1,936 1,962 1,986

(C11H)+ -Fe 2,452 1,933 1,931 1,968 1,976

(C12H)+ -Fe 2,459 1,920 1,923 1,979 1,972

Tableau 17: les énergies de combinaisons et les paramètres chimiques quantiques

pour le complexe H+-inhibiteur -Fe calculés avec "B3LYP/6-311G (d)" en présence

du solvant.

Complexe Ecom (eV) EHOMO (eV) ELOMO (eV) ΔΕ (eV) μ(Debye) TNC

(C10H)+ -Fe -1,845 -3,518 -0,577 2,940 8,109 -5,616

(C11H)+ -Fe -1,931 -3,570 -0,562 3,008 8,023 -5,927

(C12H)+ -Fe -2,295 -3,672 -0,546 3,126 8,135 -6,423

Page 106: Thèse Touil

98

Comme conclusion sur l’étude de l’inhibition de la corrosion en milieu acide,

on peut dire que les résultats théoriques corroborent les résultats expérimentaux, en

particulier le classement de l’efficacité par le biais de nos calculs de la régression

linéaire multidimensionnelle.

Pour une approche théorique plus consistante, on a entrepris une deuxième

modélisation du complexe inhibiteur-fer en prenant un cluster de 5 atomes de Fe

coordinés aux molécules inhibitrices précédentes (Figure III.10). Un état fondamental

singulet pour tous les composés cationiques a été utilisé. L'adsorption des molécules

inhibitrices à la surface du fer a été simulée par calcul de la force d'interaction entre le

fer et les molécules tensioactives. Deux orientations de la molécule inhibitrice par

rapport aux clusters du fer ont été considérées: attaque en parallèle (Figure III.11) ou

perpendiculaire (Figure III.12). Les calculs de distances (Å) et les angles (°) pour

(HC1X)+ − (Fe5) avec C1X = C10, C11 ou C12) ont été réalisés en utilisant la

B3LYP/LANL2DZ pour le métal de transition et 6-311G (5d, 7f) pour la molécule

organique. Pour les complexes (HC1X)+ − (Fe5), le calcul des distances Fe-N4 est

égal à 1,84 Å (Tableau 10). Dans l'orientation parallèle, l'adsorption se produit à l’aide

des électrons délocalisés de cycle, tandis que dans l'orientation perpendiculaire, le

fer est fixé à la paire des électrons isolés de l'azote N4. L'orientation perpendiculaire a

été observée expérimentalement pour les pyridines méthyliques par Ayers et al. [45].

Figure III.10. Cluster de 5 atomes de Fe

Page 107: Thèse Touil

99

Figure III.11. Schéma d’attaque parallèle des molécules organiques

Page 108: Thèse Touil

100

Figure III.12. Schéma d’attaque perpendiculaire des molécules organiques

Page 109: Thèse Touil

101

(HC10)+-(Fe5) (HC11)

+-(Fe5) (HC12)

+-(Fe5) C10 C11 C12

Distances (Å)

Fe1-N4 1,846 1,846 1,844 - - -

N4-C5 1,343 1,345 1,355 1,401 1,400 1,401

C5-N1 1,355 1,364 1,371 1,338 1,338 1,339

N1-*CCx 1,464 1,466 1,475 1,492 1,492 1,491

Angles (°)

C5-N4-Fe1 58,51 58,61 59,1 - - -

N4-C5-C1 119,09 119,12 119,61 119,31 119,32 119,30

Moment Dipolaire (µ)

(Debye) -5,41 -5,28 -6,06 -9,60 -10,76 -11,88

L’énergie d’interaction

(kJ/mol) -273 -279 -280 - - -

Tableau 18: Paramètres optimisés du cluster (HC1X)+ − (Fe5) coordiné aux ligands

protonés C1X= C10, C11 ou C12 en utilisant LANL2DZ pour le fer et 6-311 G (5d,7f)

pour les molécules organiques. * Le carbone coordiné au cycle de triazole.

Les énergies de liaisons des complexes protonés (HC1X)+ − (Fe5) (C10, C11

et C12) sont calculées par la B3LYP/LANL2DZ, et sont respectivement égales -273, -

279 et -280 kJ/mole. La correction BSSE est d'environ 42 kJ/mole pour le cas de

complexe (H+C 12Fe). Ainsi, les énergies d'interaction de ces trois molécules

tensioactives avec le cluster du fer sont pratiquement les mêmes. L'adsorption

perpendiculaire est énergétiquement favorable par rapport à l'orientation parallèle

d’une différence d'énergie égale à 84kJ/mole. Des résultats similaires ont été obtenus

dans des études antérieures [30-34] et ont montré le même comportement des

molécules organiques vis-à-vis de la surface métalliques. Au niveau des calculs

Page 110: Thèse Touil

102

réalisés à l’aide de la méthode EHT Hückel Etendue [46], le recouvrement entre les

orbitales d du fer et les orbitales p de l'azote est de 0,62, ce qui indique une

participation non négligeable des électrons de l'azote aux orbitales "d" vacantes du fer,

donnant lieu des courtes distances Fe-N4 avec une bonne adsorption en impliquent

directement la bonne inhibition de corrosion exclusivement dans le cas de l’inhibiteur

C12.

III. 4. Conclusion

Les résultats présentés dans ce chapitre montrent l’utilité de l’application des

méthodes de calculs théoriques à l’étude de l’inhibition de la corrosion par des

tensioactifs. Ils montrent aussi l’aspect qualitatif et quantitatif de l’action des

inhibiteurs par une approche théorique.

Ainsi, nous avons établi à partir des données issues des méthodes de calculs

théoriques telles que MP2 et DFT une corrélation significative entre l’efficacité

expérimentale et les paramètres chimiques quantiques tels que les énergies des

l’orbitales HOMO et LUMO, le moment dipolaire et la charge négative totale. Nous

avons aussi utilisé la régression linéaire multidimensionnelle basée sur l’approche

QSAR (Relation Quantitative Structure-Activité) pour prédire l’efficacité théorique

des inhibiteurs employés. Nous avons trouvé une corrélation acceptable avec un

coefficient de régression très important de l’ordre de 0,964 surtout dans le cas un des

molécules solvatées. D’ailleurs, Il se trouve que la protonation modifie d’une façon

très significative les propriétés chimiques quantiques des inhibiteurs en augmentant

leurs capacités d’interagir et d’adsorber sur la surface métallique du fer en jouant plus

particulierement sur les paramètres intrinsèques des molécules. L’influence du solvant

a été également prise en compte à travers le modèle PCM. Les résultats obtenus

montrent que le solvant influence considérablement la protonation et la forme de la

liaison métal-inhibiteur formée, en particulier les énergies de la LUMO et le gap ΔΕ.

Page 111: Thèse Touil

103

En plus, les résultats trouvés en cas de protonation permet d’avoir une

interprétation plus rationnelle du phénomène d’inhibition et d’aboutir à un classement

similaire des inhibiteurs aux résultats trouvés par l’expérience

Les calculs B3LYP/LANL2DZ des énergies de liaisons et les interactions entre

Fen (n = 1-5) et des molécules organiques ont été estimées à 280 kJ/mol, et presque

indépendante de la longueur de la chaîne carbonée des molécules. Les calculs ont été

testés par deux orientations pour le cluster de fer par rapport à des molécules

organiques. L'orientation perpendiculaire impliquant une liaison chimique entre le fer

et le paire libre de l'azote N4, a été chimiquement favorable par le bais du

recouvrement entre l'orbitale "d" du fer et l'orbitale "p" de l’'azote via le bon feedback

du fer pour la forme protonée des molécules, qui ont des LUMO se trouvant à basse

énergie que les correspondants neutres. Le composé C12 reste le meilleur adsorbat en

raison de sa forte interaction et les orbitales "d" de l’atome de fer, et que la chaine

hydrocarbonatée n’a guère influencé le processus de chimisorption.

Page 112: Thèse Touil

104

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Page 115: Thèse Touil

107

CHAPITRE IV

ÉTUDE THEORIQUE DE L’ACTIVATION DE LA LIAISON 𝐂 = 𝐂

DANS LE PRECURSEUR "[(Biphényl –NMe2) Ph2PAuCl]"

Page 116: Thèse Touil

108

Introduction

Au cours des dernières décennies, la catalyse homogène des métaux de

transition a fait l’objet de beaucoup de recherche en chimie industrielle [1-3]. En effet,

les catalyseurs à base de l'or ont aussi connu un développement impressionnant dans la

synthèse organique car il offre de nouvelle réaction stéréospécifique dans la recherche

fondamentale et appliquée [4-8]. De ce fait, un nombre croissant d’articles concernant

l'utilisation de l'or ou du platine utilisés comme des précatalyseurs dans les réactions

catalytiques, a vu le jour [5-9]. On ne retient ici que les catalyseurs ayant des

propriétés remarquables dans les réactions catalytiques en présence de l’or, par

exemple dans le cas de la synthèse du phénol substitué [2]. Il en résulte de ces

réactions catalytiques que les catalyseurs d’or(I) ont des capacités particulièrement

actives dans la cyclisation de 1,5-énynes [1]. Ils ont également été favorisés dans

d’autres variétés de réactions de formation de 1,5-énynes de type Diels-Alder montrant

la transformation sélective du furane en phénol hautement substitué [2].

Dans la littérature, et dans le même contexte, Echavarren et coll [10,11] ont

utilisé des catalyseurs type AuCl3 et d’autres précurseurs d’or pour préparer le

squelette de 1H-azacino indole des lundurines à travers la cyclisation du 8-endo-dig

d’un alkynylindole. Ils ont testé la sélectivité de la cyclopropanation des oléfines avec

la phenyldiazoacetate d'éthyle en utilisant différents complexes d'or coordinés à des

phosphines ou des phosphites ou encore à des ligands N-hétérocycliques. Ils ont

également étudié théoriquement les énergies des intermédiaires réactionnels dans les

réactions catalysées (∆E). Ils ont montré que la stabilisation homoallylique est

significative, même pour des systèmes dans lesquels le carbocation tertiaire se trouve

stabilisé par deux groupes méthyle dans la réaction de cycloaddition de dienynes.

Leurs calculs DFT sur les complexes Au-carbènes ont convergé sur des structures

fortement déformées [12].

Page 117: Thèse Touil

109

Tibiletti et coll. [13] ont aussi utilisé des calculs théoriques DFT pour étudier

les catalyseurs mixtes Au/CeO2-ZrO2. Ils ont montré que l’or(I) métallique est l’espèce

active. Pour cette même réaction des résultats similaires ont été obtenus par Kim et

Thompson [14].

Selon notre recherche bibliographique, il est important de noter que la plupart

des intermédiaires dans de nombreuses réactions de catalyse, n’ont aucune preuve

expérimentale directe. Toutefois, ces intermédiaires réactionnels pourront aider

l’expérimentateur à prédire le mécanisme réactionnel substrat/produit si on savait leurs

structures. Alors, effectivement la théorie peut donner dans un premier temps des

prévisions raisonnables par des calculs des énergies des intermédiaires dans les

réactions catalytiques [15].

Nous présentons ici une étude théorique pour l'une des réactions catalytiques à

base d'or dans la synthèse du phénol (Figure IV.1) catalysée par le précurseur

[ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] (A). Ce catalyseur exceptionnel, présente une faible

coordination oléfine- Au (I) selon les études RX établies par Hashmi et coll [16a].

Figure IV.1. Schéma réactionnel de la formation du phénol en utilisant le

précurseur[ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl].

Page 118: Thèse Touil

110

La coordination de la liaison C3 = C4 à l'atome de l’or (I) dans le précurseur

ML3 reste non élucidée car elle dépend de la nature de la structure du précurseur

intermédiaire dans la réaction catalytique de formation du phénol. Par conséquent,

notre investigation a été ciblée sur des calculs de complexation de l’oléfine par des

entités ML3 à l’aide de calculs de la mécanique quantique basés sur la théorie de la

fonctionnelle de la densité DFT [17], et la "CCSD" (Cluster Couplé Simple et Double

Excitation) [18] ou encore la théorie de perturbation de MØller-Plesset MP2 [19], pour

estimer les forces de la liaison η2 (C3 = C4) − Au(I) dans le précurseur [ biphényl −

NMe2 Ph2PAuCl] (A), et chercher s’il y a en bien à une réelle activation de la liaison

C3 = C4 par l’or (I).

Nous donnerons ici quelques détails sur la méthode et la base utilisée dans nos

calculs théoriques. Tous les calculs moléculaires ont été réalisés à l’aide du

programme Gaussian 03 [20]. Les géométries de toutes les molécules ont été

optimisées en appliquant la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT) en utilisant

la fonctionnelle B3LYP (Becke de trois paramètres fonctionnels en combinaison avec

la fonctionnelle de corrélation de Lee-Yang-Parr) [21]. La base de pseudopotentiel

relativiste "LANL2DZ" (ECP) [22] a été utilisée pour l'or et la base étendue (6-311G

++ (d, p)) a été utilisée pour les atomes C, O, N, Cl et P. Les fréquences des

harmoniques ont été calculés pour chaque modèle (neutre ou cationique) pour

caractériser les minimas. Les optimisations de géométrie ont été réalisées pour l'état

singulets de spin sans contrainte de symétrie. La théorie de perturbation de MØller-

Plesset MP2 [19] et cluster couplé simple et double excitation (CCDS) [18], sont

généralement plus précises dans le calcul de la corrélation reliée à l'effet de dispersion.

Dans ces deux dernières méthodes la même base (6-311G + + (d, p)) pour les atomes

C, O, N, Cl et P a été utilisée et un pseudopotentiel relativiste LANL2DZ (ECP) [22]

pour l’atome de l'or. La structure des liaisons correspondantes à chaque espèce utilisée

Page 119: Thèse Touil

111

a été déterminée par l’analyse standard NBO (Natural Bond Orbital) développée par

Weinhold [23-27].

IV.1. Structure électronique et moléculaire du catalyseur [ 𝐛𝐢𝐩𝐡é𝐧𝐲𝐥 −

𝐍𝐌𝐞𝟐 𝐏𝐡𝟐𝐏𝐀𝐮𝐂𝐥]

Étant donné que la réaction catalytique (figure IV.1) nécessite la présence de

l’or(I) comme catalyseur dans la synthèse du phénol substitué, on se permet tout

d’abord de donner un aperçu général sur la structure RX de (A) établie par Hashmi et

coll [16] (Voir Tableau 1) et figure IV.2.

Tableau 1 : Les distances et les angles sont donnés à partir des données cristallogra-

phiques RX de [ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] (A) [16].

Longueur de liaison (Å) Angle de liaison (°) Angle de torsion (°)

Au1- P1 2,233

Au1- Cl 2,288

P1- C1 1,794

P1- C31 1,838

P1- C21 1,844

C1- C2 1,377

C1- N5 1,387

C2- C3 1,396

C3- C4 1,364

C5- N5 1,369

Au- C2 3,743

Au- C4 3,192

Au- C3 3,167

P1- Au1- Cl 176,3

C1- P1- C31 103,7

C1- P1- C21 107,2

C31- P1- C21 106,9

C1- P1- Au1 115,4

C31- P1- Au1 112,2

C21- P1- Au1 110,8

C2- C1- N5 106,9

C2- C1- P1 127,5

C1- C2- C3 108,4

C4- C3- C2 107,3

C3- C4- N5 108,8

Cl-P1Au-C1 164,7

Cl-P1-Au-C2 134,8

Cl-P1-Au-C3 130,2

Cl-P1-Au-C4 110,1

C1-C2-C3-C4 110,1

Page 120: Thèse Touil

112

Selon la structure RX résolue de (A) [16] et résumée dans le tableau 1, on

obtient des longueurs des liaisons Au-P et Au-Cl respectivement égales à 2,233 et

2,288 Å et des longueurs de liaisons Au-C3 et Au-C4 respectivement égales à 3,167 et

3,192 Å. Les angles de torsion de Cl-P-Au-C1 et C1-C2-C3-C4 sont légèrement tordues

et sont respectivement égales à 164,7o et 110,1𝑜 . En analysant ces données, les

longueurs de liaisons Au-C3 et Au-C4 sont plus longues que la longueur de liaison

habituelle Au-C dans le complexe standard Au-oléfine qui est de l’ordre (2,13-2,21 Å)

[9b]. En outre, l’allongement des liaisons présumées de Au-C3 et Au-C4 témoignent de

la faiblesse de l’activation de la liaison Au ←C3

∥ C4

. Il est aussi intéressant de noter que les

liaisons Au-P et Au-Cl sont également allongées selon l'effet de dispersion due

particulièrement au nuage électronique engendré par le ligand biphényl. Les angles Cl-

Au-P ne sont pas quasi-linéaires ce qui est imposé potentiellement par la distorsion du

ligand biphényle [28], L’angle de torsion Cl-P1-Au-C1 est égal à 164,7.

Figure IV.2. [RX] du[ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] (A) [16a]

Cercle verte = Cl; Jaune = Au; Orange = P; grise = C, Bleue = N et blanche = H

Page 121: Thèse Touil

113

L’allongement de la liaison C3 = C4 est constaté. Nous avons exploré théori-

quement la structure électronique du précurseur [ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] (A)

pour rationnaliser une inhabituelle liaison C3 = C4 coordinée au métal de l’Or(I) :

En effet, plusieurs optimisations sur la DFT et MP2 ont été effectuées de (A)

(Figure IV.3). Le tableau 2 résume les longueurs et les angles de liaisons calculés pour

le catalyseur (A) en utilisant les différentes bases précitées à différents niveaux de

théorie. Il contient également les longueurs et angles de liaisons issus du rayon X de

(A) [16], ainsi que des données cristallographiques collectées à travers la banque de

données (Cambridge Structure Data) (CSD) [16b].

Figure IV.3. Label des atomes dans le composé simulé

[ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] (A).

Tableau 2 : Comparaison des longueurs de liaisons (Å) et des angles (°) du catalyseur

(A) à différents niveaux de théories et expériences.

Page 122: Thèse Touil

114

Méthodes \Liaisons Au-C3 Au-C4 Au-Cl Au-P P-Au-Cl

B3LYP/6-311G++ (d, p) 3,18 3,23 2,29 2,26 174,4

B3LYP/LANL2DZ/6-311G++(d,p) 3,19 3,18 2,28 2,25 176,2

MP2/LANL2DZ/6-311G+ + (d, p) 3,14 3,17 2,26 2,24 175,1

Rayon X (A) [16] 3,16 3,19 2,28 2,23 176,3

Donnés cristallographiques (CSD) 3,14 3,16 2,27 2,24 177,5

En effet, on observe qu’à travers nos optimisations de géométries avec la

B3LYP/ (6-311G++ (d, p)), le complexe (A) converge avec une faible liaison Au ←C3

∥ C4

avec des longueurs de liaisons Au-C3 et Au-C4 supérieures à la normale et égales

respectivement à 3,18 et 3,23 Å, et aussi plus longue que les valeurs issues des

structures rayons X (3,16 et 3,19 Å) (voir tableau 2, 5ème

ligne) [16]. Par ailleurs, on

observe un allongement des liaisons Au-P et Au-Cl qui sont respectivement égales à

2,29 et 2,26 Å, caractéristiques des composés "AuL3". Par contre, l’angle P-Au-Cl est

égal à 174,4° proche de la valeur 176,3° trouvée expérimentalement. Le phosphore

tétraédrique conserve sa coordination standard avec une légère distorsion. Le fait

d’accepter cette quasi-linéaire coordination de l'atome d'Or dans (ML3) une

hybridation spécifique (spd) s’impose et peut expliquer éventuellement la coordination

en "extra" de C3 = C4 à l’atome de l’or. De toute évidence, l’atome d’or(I) est

certainement riche en électrons et peut engendrer des liaisons C3 = C4 plus longues par

l’intermédiaire d'une délocalisation importante de système 𝜋 ou un feedback du métal.

Page 123: Thèse Touil

115

De même, la liaison formelle C3 = C4 se trouve notamment imposée par la cyclisation

du biphényle et penche vers le métal en provoquant une faible activation C3 = C4

(liaison concertée).

De ce fait, d’autres analyses théoriques approfondies sur l’activation de cette

faible coordination C3 = C4 à l'or (I) à longue distance dans (A) ont été établies. En

effet, nous avons effectué d’autres types de calculs avec différents traitements

spécifiques théoriques [16], comme il est montré dans le tableau 2 (deuxième ligne),

par exemple, l'utilisation de la base B3LYP/LANL2DZ (ECP) [22] a donné des

longueurs de liaisons Au-C3 et Au-C4 respectivement égales à 3,19 et 3,18 Å mais plus

courte que celles obtenues en utilisant la base B3LYP/6-311G++ (d, p)). En addition,

les résultats de calcul à base de MP2/LANL2DZ convergent aussi avec des courtes

distances Au-P et Au-Cl atteignant respectivement 2,24 et 2,26 Å. Par comparaison aux

calculs obtenus pour B3LYP/LANL2DZ et B3LYP 6-311G++ (d, p)), on trouve des

distances Au-P et Au-Cl égales respectivement à (2,25 et 2,28) et (2,26 et 2,29). Cette

anomalie de calcul est liée généralement à la DFT/B3LYP qui surestime certaines

longueurs de liaisons, et ceci est très fréquemment dans les calculs DFT.

Les angles P-Au-Cl qui sont respectivement égaux à 175,1° et 176,2° par

rapport aux calculs MP2 et B3LYP/LANL2DZ montre que la structure ML3 est quasi-

linéaire (I), mais semblable à celle trouvée expérimentalement [16a].

A titre de comparaison, nous avons aussi sélectionné à travers la banque de

données structurales de Cambridge (CSD) [16b], une série de structure de RX

similaire de (A). Les longueurs pertinentes de liaisons et les angles de certains

complexes appartenant à la classe d'Or (I) sont donnés (tableau 2, cinquième ligne).

Pour plus de clarté dans le texte, nous avons répertorié les liaisons et les angles les

plus implicites dans la liaison de coordination de la double liaison C3 = C4 coordinée à

Page 124: Thèse Touil

116

l'or (I). Les distances de Au-Ci (i = 3,4) sont respectivement égales (3,14 et 3,16 Å),

et les liaisons Au-Cl, Au-P sont respectivement égales à 2,27 et 2,24 Å. Les angles P-

Au-Cl sont moyennés à 177,5° et sembles voisins à nos précédentes optimisations de

structure. Une analyse de ces liaisons Au-C (tableau 2, 5ème

ligne), montre qu’aucun

changement structural n’a été observé.

Donc, pour chercher d’autres types de précisions sur l’activation de la

liaison C3 = C4 dans la structure de (A), on a étudié les contours des orbitales HOMO

et LUMO (l’orbitale la plus haute occupée et l’orbitale la plus basse inoccupée) de

Kohn-Sham [25] (voir Figure IV.4, partie haute). En effet, le contour de la HOMO

démontre la faible coordination de 𝜋𝐶3𝐶4 à l’orbitale 𝑑𝑥2−𝑦2 de l’Or, ce qui est

effectivement attendu. Aussi, à l’aide des calculs EHT (Hückel Etendue) [29] on

trouve un petit recouvrement 𝜋𝑐𝑐 𝑑𝑥2−𝑦2 = 0,10 qui peut éventuellement expliquer

l’existence de cette faible longueur de liaison Au ←C3

∥ C4

même à longue distance. En

revanche, d’autres types de recouvrement peuvent également se produire entre les

orbitales 𝜋 du biphényl et les orbitales de l’or par l'intermédiaire d'une rétrodonation

(Feedback) à partir du métal à travers son orbitale atomique 𝑑𝑥2−𝑦2 vers le ligand tel

qu’il a été montré par la LUMO (Figure IV. 4, partie basse). Ceci ne peut que

consolider la liaison C3 = C4 entrante issue de la délocalisation du nuage 𝜋 autour du

métal en impliquant la faible activation de liaison C3 = C4 par le métal.

Page 125: Thèse Touil

117

HOMO

LUMO

Figure IV.4. Répartition spatiale des contours des orbitales HOMO et LUMO de

Kohn-Sham du [ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] (A), basée sur les calculs DFT. Cercle

verte = Cl; jaune = Au; orange = P; grise = C, Bleue = N et blanche = H.

Page 126: Thèse Touil

118

IV.2. Structure électronique du [𝐛𝐢𝐩𝐡é𝐧𝐲𝐥 − 𝐏𝐇𝟐𝐀𝐮𝐂𝐥]

L’approfondissement de notre recherche sur le type de coordination de

l’activation de la liaison C3 = C4 par l’Or dans (A) nous a poussé à effectuer un autre

type d’investigation concernant l'effet de dispersion 𝜋 engendré par le noyau

biphénylique à travers un autre modèle hypothétique [biphényl − PH2AuCl] (B). Dans

ce modèle (B), nous avons substitué le NMe2 par un atome d’hydrogène, ainsi, les

deux groupes phényle (Ph) dans (A) par deux atomes d'hydrogène sans faire varier les

autres ligands (Figure IV.5). Cette modélisation est souvent utilisée pour l’étude de

grosses molécules.

Figure IV.5. Schéma du modèle optimisé [biphényl − PH2AuCl] (B).

Cercle Verte = Cl; Jaune = Au; Orange = P; grise = C et blanche = H

Les différentes optimisations de (B) ont été entreprises à différents niveaux de

théorie, y compris "B3LYP, MP2 et CCSD", et on les résume dans le tableau 3. Par

conséquent, le calcul d’optimisation de (B) par la méthode de cluster couplé simple et

double excitation "CCSD" [18], connue par sa bonne corrélation, donne de courtes

Page 127: Thèse Touil

119

longueur de liaison Au-C3 et Au-C4, respectivement égales à 3,13 et 3,17 Å inférieures

à celles trouvées auparavant. Mais les liaisons Au-C3 et Au-C4 restent

significativement plus longues que la liaison standard Au − C (2,22 Å) vue

généralement dans la liaison du complexe Or-oléfine [9b, 24]. Cependant, on suppose

qu’il y a possibilité d’une faible activation C3 = C4 dans le complexe (B). En outre,

l'utilisation de B3LYP/LANL2DZ (troisième ligne du tableau 3) donne une liaison Au-

Ci surestimée par rapport aux calculs de MP2/LANL2DZ de l’ordre (3,20Å), (première

ligne du tableau 3). Les angles P-Au-Cl restent alors quasi-linéaire et respectivement

égaux à 177,1°, 176,5° et 175,2° pour les calculs MP2, CCSD et B3LYP.

Tableau 3 : Comparaison des longueurs de liaisons (Å) et des angles (°) optimisés dans

[biphényl − PH2AuCl] (B) avec différentes méthodes et bases théoriques.

Méthodes\ Liaisons Au-C3 Au-C4 Au-C5 Au-Cl Au-P P-Au-Cl

MP2/LANL2DZ/6-311G++ (d, p) 3,16 3,19 3,58 2,28 2,23 177,1

CCSD 3,13 3,17 3,66 2,35 2,32 176,5

B3LYP/LANL2DZ/6-311G++(d, p) 3,20 3,27 3,12 2,41 2,42 175,2

Ainsi, en comparant ces trois méthodes corrélées, on s’aperçoit que la CCSD

donne toujours les plus courtes liaisons Au-C par comparaison à MP2 qui donne des

valeurs légèrement supérieures (3,13 contre 3,16 Å). Mais, on conclut par le calcul

que les deux méthodes ayant une bonne corrélation, (CCSD) et (MP2) présentent la

même tendance en termes d’optimisation de géométrie et de distance Au-C par rapport

Page 128: Thèse Touil

120

à la B3LYP. Toutefois, le précatalyseur ML3 semble saturé électroniquement pour

donner plus de réactivité dans la réaction catalytique (figure IV.1). On propose

d’utiliser un autre type de précurseur d'or (I) cationique, qui présente à notre avis plus

de réactivité vis-à-vis des substrats par la création d’une orbitale vacante à basse

énergie susceptible de faire la coordination avec la liaison πC=C entrante dans le

modèle cationique d’où le modèle cationique suivant.

IV.3. Modèle cationique d’or [𝐛𝐢𝐩𝐡é𝐧𝐲𝐥 − 𝐏𝐇𝟐𝐀𝐮]+

L’intérêt de la compréhension de la double liaison C3 = C4 dans (A), nous a

conduit donc à étudier théoriquement une autre forme hypothétique du précurseur d’or

dans ML3 selon sa forme cationique afin de diminuer l'énorme polarisation autour

l’atome de l'or. Dans ce modèle le ligand chlore a été ôté du précurseur [biphényl −

PH2AuCl] (B) tel qu’il est présenté dans la réaction ci-dessous donnant ainsi à un

précatalyseur d'Or cationique [biphényl − PH2Au]+ = ML3+ (C).

[biphényl − PH2AuCl] ⟶ [biphényl − PH2Au]+ + Cl−

Différents calculs ont été entrepris sur (C) et seuls les minimas réels ont été pris

en compte. À la suite de l’optimisation MP2 et DFT sur (C) (voir Figure IV.6), nous

avons obtenu au niveau de MP2 des longueurs de liaisons satisfaisantes de Au-C3 et

Au-C4 qui sont respectivement égales à 2,48 et 2,55 Å (tableau 4, première ligne),

mais elles restent plus courtes que celles obtenues en utilisant la DFT/LANL2DZ (2,63

et 2,49 Å) (voir tableau 4 deuxième ligne). En (C), on observe à nouveau que MP2

donne une plus grande précision que la DFT en terme de longueur de la liaison

optimisée Au-C. La CCSD converge aussi sur des longueurs de liaisons semblables à

MP2 (Voir tableau 4, 2ème

ligne).

Page 129: Thèse Touil

121

Figure IV.6. Schéma du troisième modèle optimisé [biphényl − PH2Au]+ (C) ;

Cercle orange = P; Grise = C et jaune = Au.

Tableau 4 : Les longueurs des liaisons optimisées du précurseur cationique

[biphényl − PH2Au]+ (C) à différents niveaux de calcul théorique.

Méthodes/Liaisons Au-C3 Au-C4 Au-C1 Au-C2 Au-C5 Au-P

MP2/LANL2DZ/6-311G++ (d, p) 2,48 2,55 3,21 3,42 3,36 2,34

CCSD 2,40 2,51 3,29 3,38 3,30 2,33

B3LYP/LANL2DZ/6-311G++ (d, p) 2,63 2,49 3,38 3,57 3,34 2,35

Comme conséquence de nos résultats théoriques résumés dans de tableau 4, les

distances Au-C se contractent et cela est du à la suppression du ligand chlore

impliquant des baisses directes de champ de la polarisabilité de l'or dans ML3+ et de

Page 130: Thèse Touil

122

l’effet de dispersion (𝜋). On conclut donc que la coordination ML3+ est nécessaire pour

utiliser un complexe électrophilique de l'or et ceci devrait être considéré comme une

étape intermédiaire "in situ" pour réaliser la réaction catalytique dans la formation du

phénol substitué [2].

En utilisant une autre approche d'analyse supplémentaire de liaison, en

particulier la méthode NBO (Natural Bond Orbital) [20,30], nous avons trouvé que la

liaison standard Au-C=C présente un bon recouvrement de < 𝐴𝑢|𝐶3 > et < 𝐴𝑢|𝐶4 >

qui sont égales respectivement à 0,65 et 0,65 avec une occupation électronique

d’orbitale de Au-C3 et Au-C4 de l’ordre de 1,6. Ceci prouve que la coordination de la

double liaison est non négligeable et il y a possibilité d’activation de la liaison C3= C4

par le métal.

Des autres tentatives d’analyse physico-chimique ont donné des différences

notables, s’agissant de calculer de la barrière d’énergie entre les complexes neutres et

cationiques (∆G). La valeur calculée de l’énergie libre ∆G entre B⟶C est égale à 50

kcal/mol, l’équivalant de l’énergie requise pour l'élimination du chlore au niveau de la

DFT et égale à 48 kcal/mol au niveau de la méthode MP2. Le même résultat a été

trouvé pour les complexes cationiques (A)⟶(A+) montrant à nouveau la faible

énergie proche de l’ordre 50 kcal/mol. En conclusion, selon la valeur faible de la

barrière d’énergie (∆G), nous suggérons qu’un équilibre "in situ" peut se produire

aisément entre les complexes d'Or cationiques et neutres dans la synthèse du phénol.

En outre, ces valeurs donnent plus de crédibilité à l'utilisation du complexe cationique

ML3+ comme précatalyseur plutôt que le neutre ML3.

IV.4. Modèle cationique [(𝐛𝐞𝐧𝐳𝐞𝐧𝐞)𝐏𝐇𝟑𝐀𝐮]+

De ce fait, il était également tentant de chercher un autre modèle cationique du

précurseur d'or [Au] dans la principale réaction établie dans la figure IV.1 pour

Page 131: Thèse Touil

123

confirmer le modèle décrit dans le paragraphe précédent en utilisant le catalyseur

hypothétique ML3+ [(benzene)PH3Au]+ (D) (Figure IV.7).

L'optimisation du modèle cationique (D) à différents niveaux de théorie : MP2

et B3LYP / (LANL2DZ) ont été effectuées. Les résultats de nos calculs sont résumés

dans le tableau 5, (ici seuls les minimas réels ont été examinés).

Figure IV.7. Structure optimisée du modèle cationique [(benzene)PH3Au]+ (D) en

utilisant DFT/B3LYP. Cercle orange = P; grise = C et jaune = Au

Tableau 5 : Les longueurs des liaisons du modèle cationique [(benzene)PH3Au]+ (D)

optimisé à différents niveaux de calcul théorique.

Méthodes/Liaisons Au-C3 Au-C4 Au-C2 Au-P

MP2/LANL2DZ/6-311G++ (d, p) 2,27 2,39 3,36 2,28

CCSD 2,20 2,35 3,30 2,26

B3LYP/LANL2DZ/6-311G++ (d, p) 2,29 2,41 3,32 2,30

Page 132: Thèse Touil

124

A la première observation, l'attaque préférée du benzène est perpendiculaire et

non parallèle. Deuxièmement, les méthodes MP2 et B3LYP donnent des longueurs de

liaisons standards de Au-C3 et Au-C4 qui sont respectivement égales à 2,27/ 2,39Å et

2,29/2,41 Å (Voir tableau 5). La structure optimisée de (D) adopte un mode dissy-

métrique de coordination de la double liaison du benzène η2 Au − CC. Tandis que,

avec le calcul par CCSD, on observe une diminution des longueurs de liaison Au-C3

égale à 2,20 Å confirmée par la coordination dissymétrique η2 −oléfine-Au mais avec

une liaison standard Métal-CC. Ce type de complexation a été également vu dans la

famille des complexes Cr-benzène [9b, 26] avec une coordination η6du métal au lieu

de η2 vu en (D). Mais, on peut prédire que le précurseur cationique devrait avoir une

meilleure réactivité que son rival neutre parce qu’il possède deux orbitales frontières

(OF) situées à haute énergie [31] ayant une symétrie respective (a′ ) et (a′′ ) à l'égard

du groupe de symétrie "Cs". La plupart des orbitales sont pointées vers les ligands

entrants dans ML3 et peuvent interagir massivement avec le substrat (i.e. le biphényl).

La charge positive sur ML3 peut également stabiliser ces orbitales frontières [30] et

conduit à une forte interaction avec les liaisons entrantes et fournit une bonne activité

catalytique. Par conséquent, en comparant les complexes ML3 neutres et cationiques,

une modification électronique substantielle s’avère dominante dans la configuration

d'Or qui peut produire une stéréospécificité de la réaction dans le procédé catalytique

[9a].

IV.5. Conclusion

Les calculs théoriques DFT, MP2 et CCSD ont été réalisés pour étudier

l’activation de la liaison C3 = C4 coordinée à l'or (I) dans le précurseur [ biphényl −

NMe2 Ph2PAuCl] dans la synthèse du phénol substitué. Différents modèles ont été

réalisés montrant la faible activation de liaison C3 = C4 par le métal. Ainsi, les

Page 133: Thèse Touil

125

structures optimisées donnent une faible liaison 𝐀𝐮 ←𝐂𝟑

∥ 𝐂𝟒

. Les calculs DFT donnent des

longueurs de liaisons Au − Ci (i = 3, 4) supérieures à celles obtenues par MP2 et

CCSD et encore à l’expérience (RX) du fait que la corrélation électronique est mieux

décrites par ces deux dernières méthodes que par la DFT. Tandis que, pour le

précatalyseur cationique, en dépit de l'effet de dispersion élevée de noyau biphényle,

les calculs MP2 et CCSD reproduisent la tendance expérimentale des longueurs de

liaisons et les angles de la coordination des oléfines-or. Par conséquent, d’après nos

modèles, et pour la réaction catalytique proposée par Hashmi, on suggère un équilibre

possible "in situ" entre ML3 neutre et cationique due à la présence de la faible barrière

d'énergie (ΔG). On remarque également que le modèle cationique offre une réactivité

importante du précatalyseur dans la formation de phénol en raison des changements

structuraux et électroniques de l’espèce réactif dans le processus catalytique.

Page 134: Thèse Touil

126

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[14] C. H. Kim, L. T. Thompson, Journal of Catalysis 244, 248–250 (2006).

[15] H. Rabaâ, J. Y. Saillard, R. Hoffmann. J. Am. Chem. Soc. 108, 4327 (1986).

[16] (a) CCDC references: 746949 (*Biaryl F*) (bec 9), contain the supplementary

crystallographic data for these compounds. These data can be obtained free of

charge from: <http://www.ccdc.cam.ac.uk/data_request/cif>. ; (b) B. Bechem,

A. Stephen, K. Hashmi, Hassan Rabaâ, submitted for publication. Other related

CCDC structures: 746941 (*5e*), 746942(*Phosphane B*), 746943

(*Phosphane C’*), 746944 (*Phosphane D*), 746945 (*Biaryl A*), 746946

(*Biaryl C*), 746947 (*Biaryl D*), 746948 (*Biaryl E*), 746949 (*Biaryl F*),

746950 (*Biaryl G*), 746951 (*Biaryl H*), 746952 (*BiarylI*), 746953

(*Biaryl M*), 746954 (*Biaryl N*), 746955 (*Biaryl O*), 746956(*Biaryl Q*),

746957 (*Biaryl R*), 746958 (*6e*), 746959 (*7e*), and 746960 (*Biaryl S*)

contains the supplementary crystallographic data.

[17] R.G. Parr, W. Yang, Density Functional Theory of Atoms and Molecules,

Oxford University, Press, New York, 1989.

[18] G. D. Purvis, R. J. Bartlett, J. Chem. Phys. 68, 2114 (1978).

[19] C. Møller, M. S. Plesset, Phys. Rev. 46, 618 (1934).

[20] M.J. Frisch, J.A. Pople, et al. Gaussian 03, Revision C.02, Gaussian Inc.,

Wallingford CT, 2004.

[21] (a) A.D. Becke, Phys. Rev. A38, 3098(1998); (b) Idem, J. Chem. Phys. 98,

1372 (1993); (c) Idem, J. Chem. Phys. 98, 5648 (1993).

Page 136: Thèse Touil

128

[22] a) P. J. Hay, W. R. Wadt, J. Chem. Phys. 82, 270-283 (1985); b) P. J. Hay, W.

R. Wadt, J. Chem. Phys. 82, 284-298 (1985); c) P. J. Hay, W. R. Wadt, J.

Chem. Phys. 82, 299-310 (1985).

[23] (a) N.R. Kestner, J.E. Combariza, Rev. Comput. Chem. 13, 99 (1999); (b) B.

Liu, A.D. Mclean, J. Phys. Chem. 59, 4557 (1973).

[24] S. Filipuzzi, P.S. Pregosin, M.J. Calhorda, P.J. Costa, Organometallics 27, 2958

(2008).

[25] P.J. Stephens, F.J. Delvin, C.F. Chabalowski, M.J. Frisch, J. Phys. Chem 98,

11623 (1994).

[26] P. Ravindra, R.K. Bijan, J. Purusottam, B.A. Miguel, J. Am. Chem. Soc. 123,

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[27] E.D. Glendening, J.K. Badenhoop, A.E. Reed, J.E. Carpenter, J.A. Bohmann,

C.M. Morales, F. Weinhold, Theoretical Chemistry Institute, University of

Wisconsin, Madison, WI (2001).

[28] A.S.K. Hashmi, T.D. Ramamurthi, F. Rominger, J. Organometallic Chem. 694,

592 (2009).

[29] (a) R. Hoffmann. J. Chem. Phys. 39, 1397 (1963); (b) R. Hoffmann. J. Chem.

Phys. 36, 1397 (1963); (c) R. Hoffmann. J. Chem. Phys. 40, 2474 (1964).

[30] K. Barakat, M. Omary, T. Cundari, J. Am. Chem. Soc. 125, 14228 (2003).

[31] H. Rabaâ, K. Barakat, M. Omary, T. Cundari, J. Phys. Chem. B 110, 14645

(2006).

Page 137: Thèse Touil

129

Conclusion et perspective

Page 138: Thèse Touil

130

Conclusion et perspective

Ces travaux de thèse ont permis d'atteindre plusieurs objectifs. Tout

d’abord, le premier objectif est basé sur l’établissement d’une étude théorique des

paramètres chimiques quantiques de trois molécules tensioactives à base de triazole et

les corréler à l’efficacité d’inhibition de la corrosion. Dans cette étude, un acceptable

coefficient de corrélation à été trouvé, montrant ainsi la possibilité de corréler

l’efficacité inhibitrice expérimentale et les paramètres chimiques quantiques issus des

méthodes de calculs théoriques telles que DFT et MP2. La régression linéaire

multidimensionnelle basée sur l’approche QSAR à été utilisée pour prédire l’efficacité

théorique des inhibiteurs étudiés. L’influence de la protonation agit sur les propriétés

chimiques quantiques des inhibiteurs par une augmentation de leur pouvoir inhibiteur.

Nous avons remarqué que le solvant a une influence significative sur les résultats des

formes neutres et protonées. Le meilleur adsorbat a été choisi pour C12 en se basant

sur l’écart entre LUMO et HOMO ainsi que sur les énergies de combinaisons entre les

inhibiteurs et un atome de fer. Le calcul a été étendu à la recherche de l’interaction des

inhibiteurs avec un cluster de cinq atomes de fer (Fe5). Nos calculs ont montré que

l’orientation perpendiculaire des inhibiteurs par rapport au cluster était favorable, d’où

une adsorption chimique.

Des études utilisant le logiciel VASP (Vienna Ab initio Simulation Package)

ou encore Yeahmop (tight binding ) pour simuler des systèmes périodiques sont

aussi envisageables. De même les études sur des molécules organiques à double têtes

sont en cours d’exécution.

Le deuxième objectif stipule une étude théorique à l’aide des méthodes DFT, MP2 et

CCSD, de l’activation de la liaison C = C coordinée à l'or (I) dans le précurseur

[ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] utilisé dans la synthèse du phénol substitué,.

Page 139: Thèse Touil

131

Différents modèles ont été réalisés montrant tout d’abord la faible activation de

liaison C3 = C4 par le métal. Pour réaliser un tel processus catalytique, on a suggéré a

travers nos modèles théoriques la possibilité d’établissement d’un équilibre "in situ"

entre les espèces ML3 neutres et cationiques vue la faible barrière d'énergie calculée à

(ΔG), ramenant le problème a une activation classique de la liaison C3 = C4 par le

métal. En perspectives d’autres types de catalyseurs à base du Pt sont en cours

d’investigation.

Page 140: Thèse Touil

Résumé

Ce travail se divise en deux parties bien distinctes. La première partie concerne

le calcul théorique de l'efficacité des inhibiteurs triazoliques par rapport à la

corrosion du fer en milieu acide. Les méthodes quantiques (DFT) et (MP2) ont été

utilisées. La complexation des molécules tensio-actives par le fer est étudiée en

attachant le noyau triazole à la surface du fer modélisée par un et cinq atomes de fer.

Les relations entre les propriétés moléculaires et l'efficacité des inhibiteurs de la

corrosion ont été déterminées par la méthode de la régression linéaire en utilisant la

relation structure-activité (QSAR) donnant des corrélations significatives. Les indices

de Fukui ont été calculés pour évaluer les centres réactifs des molécules. L’effet du

solvant a été étudié en utilisant le modèle du continuum polarisé (PCM). L'énergie de

liaison calculée est de l’ordre de 276 kJ/mol pour le complexe N-dodécyl-Fe5-1, 2,4-

triazole montrant que les molécules organiques sont liées fortement aux surfaces de

fer, en accord avec les données expérimentales.

Dans la deuxième partie, nous avons étudié l’activation de la liaison C=C coordinée à

l’or(I) dans le précurseur [ biphényl − NMe2 Ph2PAuCl] A à l’aide du DFT, MP2 et

CCSD. Pour déterminer la nature de la liaison dans la structure de précatalyseur A,

nous avons effectué différentes optimisations à différents niveaux de la théorie. Les

résultats issus de nos calculs DFT ont révélés l’existence d’une faible liaison 𝐀𝐮 ←𝐂𝟑

∥ 𝐂𝟒

dans A, plus longue que les longueurs de liaisons établies par RX. Plusieurs modèles

de complexes neutres ou cationiques ont été proposés. Nos calculs ont montré que le

précatalyseur cationique [(biphényl) PH2Au] présente une réactivité supérieure à

celle du neutre [(biphényl) PH2AuCl]. Le complexe cationique s’est avéré

Page 141: Thèse Touil

énergétiquement plus favorable que le modèle neutre du point de vue

thermodynamique (ΔG). Par conséquent, la possibilité d’un équilibre in situ entre les

formes cationiques et neutres est suggérée pour réaliser la réaction catalytique par

l’Or(I).

Abstract

The corrosion-inhibition efficiency of triazole surfactants and the

corresponding protonated molecules have been studied computationally using (DFT)

and (MP2) calculations. Corrosion-inhibition properties and the strength of the

affinity of the surfactant molecules to iron surfaces were estimated by studying

surfactant-iron complexes at the DFT level. The iron-surfactant complexes were

constructed by attaching the triazole ring of the surfactant molecules to the iron

surface modeled by one and five Fe atoms, respectively. Relations between molecular

properties and corrosion-inhibition efficiency were determined by employing linear

regression and quantitative structure-activity relationship (QSAR) analysis. The QSAR

analysis yielded significant correlations between the corrosion-inhibition activities of

the studied molecules with molecular properties. The local reactivity has been

analyzed by means of the Fukui indices, since they indicate the reactive regions, in

the form of the nucleophilic and electrophilic behavior of each atom in the molecule.

Solvent effects were investigated by using the polarized continuum model (PCM).

The calculated binding energy of 276 kJ/mol for the Fe5-N-dodecyl-1, 2, 4-triazole

complex shows that the surfactant molecules bind strongly to iron surfaces, which is

in agreement with experimental data.

Page 142: Thèse Touil

MP2, CCSD and DFT/B3LYP modeling were performed to gain insight into 𝐀𝐮 ←𝐂𝟑

∥ 𝐂𝟒

interaction in the gold precursor [(biphenyl-NMe2) Ph2PAuCl]. To determine the

nature of the bonding in the structure of pre-catalyst A, we carried out different

optimizations at different levels of theory. DFT results revealed weak 𝐀𝐮 ←𝐂𝟑

∥ 𝐂𝟒

bond in

models of A, longer than the experimental X-ray bond length, while MP2 and CCSD

attained higher accuracy. We also examined other configurations of the Au(I) center

in phenol synthesis by computing several hypothetical neutral and cationic complex

models. Four structures of related gold model complexes were optimized by several

methods. These computations suggest that the cationic pre-catalyst [(biphenyl)

Ph2Au] + model leads to a dissymmetric 𝜋𝐶=𝐶 coordination and exhibits greater

reactivity than that in the neutral [(biphenyl) Ph2AuCl] model. The cationic complex

was found to be more favorable than the neutral model from a thermodynamic point

of view (computed ΔG). Therefore, we suggest a possible equilibrium in situ between

the cationic and neutral forms.

Mots-clefs : DFT, MP2, CCSD, Régression linéaire, Inhibiteurs, Précurseur d’Or,

Activation CC.