theorie et pratique de la traduction

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UNIVERSITE LIBRE INTERNATIONALE DE MOLDOVA FACULTE LANGUES ETRANGERES DEPARTEMENT PHILOLOGIE FRANÇAISE ULIM – 15 ani de ascensiune Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION support didactique à l’intention des étudiants en filière traduction cycle licence CHIŞINĂU – 2007

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Page 1: THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

UNIVERSITE LIBRE INTERNATIONALE DE MOLDOVA

FACULTE LANGUES ETRANGERES

DEPARTEMENT PHILOLOGIE FRANÇAISE

ULIM – 15 ani de ascensiune

Ana GUŢU

THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

support didactique à l’intention des étudiants en filière traduction

cycle licence

CHIŞINĂU – 2007

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CZU 81’25(075.8)G98

Leprésentsupportdidactiqueestélaboréàl’intentiondesétudiantsducyclelicencedelaFacultédeLanguesEtrangères,DépartementdePhilologieFrançaisedel’UniversitéLibreInternationaledeMoldova.

Lecursusestprévupour20heuresdeconférencesetcomprend10sujetsquiviennent initier lesapprenantsà la théorie et lapratiquede la traduction.Suite à ce cursus les étudiants doivent acquérir des compétences visant lesfondementsdelathéoriedelatraduction,laterminologiedudomaine,ainsiquelesinstrumentsépistémologiquesessentiels.

Le présent support est constitué de deux parties: les textes des 10conférencesetlesdocumentsannexes.Chaquetextedeconférenceestsuividelalistedesourcesàconsulterquisontrecommandéesauxétudiants.Lesdocumentsannexes proposent aux étudiants des informations complémentaires, puiséesprincipalementsurlessitesweb.Aumilieudulivrel’auteurinsèrelecurriculumducursusquicontientlaméthodologiedutravailindividueldesapprenants,lagrilled’évaluationàl’examen,lessujetspourlesétudesdecas.

Recenzent: conf. univ., dr. Zinaida RaduRedactor: mg. Ludmila Hometkovski

Le cursus a été recommandé à la publication par le Sénat de l’ULIM, séance du 25 avril 2007, Procès verbal No 7.

Descrierea CIP a Camerei Naţionale a Cărţii

Guţu, Ana

Théorieetpratiquedelatraduction:supportdidactiqueàl’intentiondesétudiantsenfilière traductionducycle licence/AnaGuţu;Univ.LibreInt.deMoldova.Fac.LanguesEtrangères.Dep.PhilologieFr.–Ch.:ULIM,2007.-173p.ISBN978-9975-934-32-9100ex.

81’25(075.8)

©AnaGuţu

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TABLE DE MATIÈRES

I. TEXTES DES CONFÉRENCES

Conférence 1 .................................................................................................5Conférence 2 ...............................................................................................13Conférence 3 ...............................................................................................17Conférence 4 ...............................................................................................21Conférence 5 ...............................................................................................25Conférence 6 ...............................................................................................28Conférence 7 ...............................................................................................32Conférence 8 ...............................................................................................38Conférence 9 ...............................................................................................41Conférence 10 .............................................................................................49

II. CURRICULUM DISCIPLINAIRE....................................................57

III. DOCUMENTS ANNEXES

Dossier pour la Conférence 1 ....................................................................72Dossier pour la Conférence 2 ....................................................................83Dossier pour la Conférence 3 ....................................................................85Dossier pour la Conférence 4 ..................................................................107Dossier pour la Conférence 5 .................................................................. 117Dossier pour la Conférence 6 ..................................................................121Dossier pour la Conférence 7 ..................................................................130Dossier pour la Conférence 8 ..................................................................147Dossier pour la Conférence 9 ..................................................................154Dossier pour la Conférence 10 ................................................................163

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

I.TEXTES DES CONFÉRENCES

CONFÉRENCE I

Questions à discuter:

1. Aspects historiques de la traduction (espace roumain)2. Aspects historiques de la traduction (Occident)3. Le rôle et l’importance de la traduction. La traduction et les autres disciplines.

Sources:

1. BantoşA.,CroitoruE.Didacticatraducerii.Teora,Bucureşti,1999.2. Cary,E.Commentfaut-iltraduire?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,

Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.3. Guţu A. Certains aspects de théorie, empirisme et didactique des

langues.Chişinau,2005.4. VanHoffH.Histoiredelatraductionàl’Occident.P.,1995.5.http://www.thomas-aquin.net/Pages/ToraH/Septante.htm6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Traductions_de_la_Bible_en_français7. http://www.bpcbs.com/lecture/brochure/transmission/transm_index.

htm8. http://www.info-bible.org/histoire/histoire.htm

1. Aspects historiques de la traduction dans l’espace roumain

La traductionà la longuedes siècles s’est étroitement entrecroisée avecledéveloppementde laculture,de la littératureécritedans l’histoirede toutecivilisation dumonde. Il en est de même pour l’histoire de la traduction enRoumanie.

Al’époquedelacréationdel’EtatDace(environl’année70av.J.C.)sousl’occupationromaineetlorsdelacolonisationdelaDace(106-271n.e.)etmêmependant leMoyenAgequipournousest restécommepérioded’invasionsdecertainspeuplesnomades,lestraductionssesontlimitéesdanslaplupartdescasauprocessusd’interprétation.

A cette époque le slave était la langue officielle et la langue de l’élite.Le premier monument écrit en langue roumaine fut une lettre datée de 1521.De lamême année est datée lamentionofficielle des traductions de etversleroumain,traductionseffectuéespourleConseilMunicipaldeSibiu.LamêmeannéeleprincerégnantvalaqueNeagoeBasarabfinitsasynthèsemorale«Préceptespourmonfils» (Învăţătură către fiul meu) rédigéedans la langue

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slave.LafinduXV-esiècle,plusexactementen1500,amarquéledébutd’unepériodeoùl’onacopiédestextestraduitsenlangueroumaine(1500-1559).

Vers la fin duXV-e siècle, le prince régnant de laMoldovaEtienne le Grand (1457-1504) qui avait un secrétaire italien et entretenait des relationsavecdespayseuropéensplusdéveloppéséconomiquement,commelaPologneetl’Italie(Venise),a ordonné l’écriture des chroniques,faitquinousrappellel’apparition des premières littératures nationales du monde. Ces chroniquesétaientrédigéesenslave et grec–languesdevastecirculation(àcôtédulatin)parmilesreprésentantsduclergéetlespersonnalitésremarquablesdelaculturemoldave,valaqueettransylvanienne.

Cette circulation des valeurs spirituelles de la culture a entraîné, d’unepart, l’utilisation des langues étrangères à une échelle large, d’autre part,le développement et l’épanouissement des traductions.AuxXVI-e –XVII-e siècles on a fait des traductions de l’Ancien et du Nouveau Testament enlangue roumaine commune, cristallisée dans sa partiemajeure sous sa formecontemporaine,defaçonqueletexteestfacileàcomprendremêmeaujourd’hui,troissièclesaprès.

En 1688 apparaît la première version complète de la Bible de Şerban Cantacuzino,carellefutpubliéeladernièreannéedurègneduvoïvodevalaque,aprèsleseffortssoutenusdequelquessavantslesplusrenommésdel’époque,parmi lesquels lepolyglotteNicolae Milescu.Condessio fidei orthodoxae (Laconfession de la religion orthodoxe de l’Est), écrite en 1643 par l’épiscopemoldave Petru Movilă, fut approuvée par le Synode de Constantinople ettraduiteenplusieurslangues.

Lelienentrelatraductionentantqu’activitélinguo-littéraireetcomposantedebasedelaconsciencenationaleaconstituél’idéemotricedansl’oeuvredeDimitrie Cantemir,éminentepersonnalitélittéraireetpolitique(1673-1723)qui,paraît-il,estlepremierRoumaintraduitdansleslanguesétrangères:L’histoire de la croissance et la chute de l’Empire Ottoman - livreécritparluienlatinetdevenuouvragestandarddansledomaine,paruen1724àLondres,traduitparsonfilsAntioh Cantemir,àl’époqueambassadeurdePierreleGrandàLondresetpremierpoèteoriginaldelaRussie.

DanslePaysroumain,lagénérationdu’48,ayantàleurtêteIon Heliade Radulescu (1802-1872) ont initié, parmi d’autres programmes d’instructiondupeuple,laBibliothèqueUniversaliscontenant230titres.Biensûr,leprojetn’aétéréaliséqu’àmoitiédanslesdécenniessuivantes,mais,detoutefaçon,il«prévoyaittoutcequiestfondamentaldansl’histoiredelaculture»,commelesoulignaitGeorge Călinescu(1869-1965).

Ainsidonc,lestraductionsontcommencéàdonnerdesrésultatsdanslesoeuvres deGh. Asachi, I.H.Radulescu, Grigore Alexandrescu, Alexandru Donici, Costache Negruzzi, Dimitrie Bolintineanu, et, d’une manièresupérieure,chezVasile Alecsandri,danssescomédiesetdrames.

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Lestraductionsdespoésiespopulairesroumaines,recueilliesetpeaufinéesparlegrandpoète,dramaturgeetprosateurVasile Alecsandri(1821-1890)ontparu à Paris en 1852 – Poésies roumaines, Les Doinas, Poésies Moldaves.PresqueimmédiatementellesontétéreprisesparE.C.GranvilleMurrayquilesaprésentéesaupublicanglaisavecletitreThe Doinas or the National Songs and Legends of Romania,London,1843.

A par la vaste activité de traducteur d’Eminescu, un des événementsmajeurs dans le domaine des traductions classiques futmarqué par l’activitétraduisantedeGeorge Coşbuc:L’Odissée deHomère,Enéide etGéorgiquesdeVirgile,SacuntaladeKalidasa,Rigveda,MahabharataetRamayana–uneouverturesibienprécocequ’admirableverslaphilosophiedel’Orient,àpartlepoèmeMazepadeByron,lescomédiesdePlauteetTerentium,lesversdeCatul,Anakreon,ensuitedeSchiller,Chamissoetmêmedel’AméricainLongfellow.UneplacetoutespécialeestréservéeàLa Divine ComédiedeDante,accompagnéed’amplescommentairesérudits.

L’historien, l’écrivain, le critique et le politicienNicolae Iorga (1871-1940), renommé internationalement pour ses ouvrages en byzantinologieet histoiremoderne (doctor honoris causa de plusieurs universités, dont celled’Oxford)lisaiten11languesetenparlaient5ou6;eneffet,unegrandepartiedeses1250 livreset25.000articles(quelques180.000pagesautotal)ontétérédigésenfrançais,anglais,allemandetitalien,àcôtéduroumain.

Quelquesécrivainssesontfaitconnaîtreàl’étrangersansl’assistancedestraductions:lefilsdeDimitrieCantemir,Antioh Cantemir(1708-1744)aécritdes fables, des odes en russe étant devenu le premier poète culte dans cettelangue.

A l’époque plus récente,Elena Vacarescu (1864-1947) a passé la plusgrandepartiedesavieenFrance,yconnuecommeunepoétessebienestimée(HélèneVacaresco),amieetmembreassidudescercleslittéraires,demêmequelamémorialisteetpoétesseMarthe Bibesco(1876-1933)connuesouslenomdeAnna deNoailles. Le prosateurPanait Istrati (1884-1935) a été appréciéet promu parRomainRolland, et, ses romans et nouvelles (transis de réaliasroumains,ainsiqued’expressionsidiomatiquesàpeinetraduitesenfrançais)ontétélongtempssavourésparlepublicfrançaisentrelesdeuxguerres,demêmequesesdeuxlivresdevoyagesàtraverslaRussiebolchévique.

LepoèteTristant Ţara(1896-1963)qui,en1916afondélecourantdadaïste(ensembleavecHansArp,avecl’artisteroumainMarcelJancouetd’autres),àcôtéd’autrespromoteursdelapoésiemodernisteetsurréaliste,IlarieVoronca(1903-1946)etB.Fundoianu(1898-1944,connusouslepseudonymeBenjaminFondane), ils ont tous ensemble illustré surtout la littérature française. Le philosophe Emil Cioranaégalementcontribuéàl’essaifrançaisdecirculationmondiale (1911-1997), aussi comme Mircea Eliade (1907-1987), romancieretnouvelliste,professeuretauteurdeshistoiresdesreligions.Ilestnotoirede

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mentionnerlenomdudramaturgeetessayisteEugène Ionesco(néenRoumanieen1907),représentantducourantexistentialistedanslalittérature.

Dupointdevuede lacirculationde l’oeuvre traduite, lapremièreplacerevientàLiviu Rebreanu(1885-1944),dontlesromans,inspirésdelaviedespaysanstransylvaniens(Ion)oumontagnards(L’Emeute,Ciuleandra),oubiendestragédiesdelaSecondeGuerreMondiale(La forêt des pendus)ontconnulesplusnombreusestraductionssurleplanmondial:en21paysdel’Europe,del’AsieetdesdeuxAmériquesencoreduvivantdel’écrivain,s’élevanten1973aux77titresen25langues,publiésen31pays.

IlestimportantdeciteràcechapitrelesnomsdeLucian BlagaavecFaustdeGoetheetlespoésiesd’EdgarPoe,Tudor VianuavecdesversdeGoetheetlestragédiesromainesdeShakespeare,Al. PhilipideaveclesversdeBaudelaireetd’EdgarPoe,ainsiquelaprosedesciencefixion,Ion VineaaveclestragédiesprincipalesdeShakespeare.

Uneplaceàpart revientàTudor Arghezi,nonseulementpoursesverssplendidesdescomédiesdeMolière,maisaussipourlesinterprétationsoriginalesdesfablesdeLaFontaineetKrilov.

Grâce à l’activité prodigieuse des traducteurs littéraires comme le sontA.E.Baconski,LeonLeviţchi,DanDutescu,AurelCovaci,RomulusVulpescu,DanGrigorescu, Eta Boeriu, Theodor Bosca, St.Aug.Doinas, Petre Solomon,AlexandruGromov,GeorgeChiriţa,VasileVasilache,ArgentinaCupcea-Josu,IgorCreţulegrandpublicalapossibilitéd’avoiraccèsauxchef-d‘oeuvresdelalittératureuniverselleàtraversd’excellentestraductions,souventenplusieursversionscompétitives,parexemple,«Lesfleursdumal»deBaudelaireetlesquatreintégralesdesSonnetsdeShakespearedesdernières15années.

2. Aspects historiques de la traduction (Occident)

La traduction est de tous les temps. Elle fait partie intégrante de la vieintellectuelledetoutenation.Nousluidevonslesdeuxpiliersdenotrecivilisation:l’héritagegréco-romainetlaculturejudéo-chrétienne.

J.-R.Ladmiralaffirmeque la traduction c’est le deuxième le plus ancien métier du monde.Lespremièressourcesécritesdelatraductionsontlestextessacrés.

C’est du troisième millénaire avant Jésus-Christ que l’on date généra-lement le plus ancien témoignage de la fonction d’interprète, à savoir lesinscriptionsgravéessurlesparoistombalesdesprincesd’Eléphantine,enHaute-Egypte.

On est en droit de supposer qu’il s’agit là des tout premiers indicessignificatifsdel’activitéquiconsisteàpasserd’unelanguedansuneautre.Enrevanche,on ne possède pas de traces de réflexion théorique sur la traduction à cette époque.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Dès-2700,néanmoins,desscribesspécialisésconstituaientetexaminaientdes listes de signes. Symbolisant cemême type de démarche, des glossairesbilinguesontétéretrouvésdanslavilled’Ebla,enSyriesousformedetablettesen pierre. Et même, comme l’indique Mounin, “un lexique quadrilingue”,prédécesseurdesdictionnairesd’aujourd’hui.

Le document classique monumental de la traduction c’est la Bible - écrite en hébreu, traduite ensuite en grec et puis en latin.

Il apparaît clairement combien l’activité traduisante est intrinsèquementliéeauxphénomènesd’autresnatures,etnotammentàceuxd’ordreéconomique,quiimpulsentl’essentieldesmouvementshistoriquesdequelqueimportance.

Dans la Grèce antique, c’est le caractère hégémonique de la civilisation hellénique qui, dans une large mesure, justifie le mépris bien connu des Grecs pour les langues et traditions étrangères, lequel s’est inéluctablement accompagné d’une absence notoire de traduction.

Rome,àl’inversed’Athènes,sefait lethéâtred’importantesactivitésdetraduction, et dans l’ensemble,on y conçoit alors ce phénomène comme un enrichissement de la langue,et par conséquent de la culture,cequiserépercutenaturellementauniveaulexical.

Dans la Rome antique, la traduction se définit plus comme le produit d’une littérature savante que comme le moyen de faire connaître un texte à ceux qui en ignorent la langue.

Le Mythe de la Septante dit qu’à l’époque ou la Grèce était un étatflorissant(285-246av.J.C.),onaenfermé72traducteursjuifsdansl’îlePharosd’AlexandriesouslerègnedePtoléméeIIPhiladelphepourqu’ontraduiselaBibledel’hébreuengrec,etauboutde3moislestraducteurssontsortisdeleurscellulesséparéeset,ilsontconstatéquetousonttraduitdelamêmefaçon,c’étaitlemêmetexteparmiracle.

Lacritiquemodernes’accordesurladatation,leIII-èmesiècleavantnotreère,etsurlalocalisationégyptienne,maisriennepermetd’affirmerqu’elleeutlieuàAlexandriemême.

Plustard,auxIV-V(385-405)s.laBibleaététraduiteenlatin,traductionfaiteparSaint Jérôme-La Vulgata.OnainterprétédifféremmentlaparoledeDieu,c’estpourquoionaeuunescissiondescourantsreligieux:le judaïsme, le catholicisme, l’orthodoxie, le protestantisme.

La traduction de la Bible du latin en français

Avantimprimerie:• 1226-1250, traduction de Jean Le Bon de l’Université de Paris;

inachevéeetpoursuivieauXIVesiècleparJean de SyetlesDominicains,Jehan Nicolas,Guillaume Vivien,etJehan de Chambly;

• 1297laBible historialedeGuyart Desmoulins;

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

• 1377,Bible de Charles V,TraductiondeRaoul de PreslesdédiéeauroiCharlesV.

Aprèsimprimerie:• 1476,le Nouveau Testament,impriméparBarthélemy BuyeràLyon,

traduitàpartirdelaVulgatelatine;• 1487,la Bible de Jean de Rely,impriméepourlapremièrefoisàPariset

rééditéeaumoinsdixfoisdanslescinquanteannéesquisuivirent.Ils’agitd’uneBiblehistoriée,commeilestécritaufolio353,éditéeàpartird’unmanuscrittardifdelaBible historialedeGuyart Desmoulins.

Les versions de référence de la Bible

• LaBible deLuther en allemand, 1522 (Luther entreprend ensuite latraductiondel'AncienTestamentàpartirdutextehébreu);

• La Bible de Tyndale en anglais, 1525 (Tyndale traduit l’AncienTestamentdel’hébreuenanglais);

• LaBibled'Olivétanen français,1535 (traduiteàpartirdesoriginauxhébreuxetgrecs).LaBibleestledocumentécritfodamentaldel’humanitéquiadéterminél’évolutiondelapenséephilosophiqueetreligieusedescivilisationsdèssonélaborationenhébreuetqui,grâceàsonéclectisme,adonnéunemultituded’interprétaionsvialestraductionsdansleslanguesnationales.

Lanaturemêmedestextesbibliquesexigeque,pourlesinterpréter,ilfaututiliser lesméthodes et les approches indispensables à rendre fidèlement la parole de Dieu.

Les tempsprédominants de lanarrationde la Biblesont le présent, le passé composé, l’imparfait et le futur simple, le présent et l’imparfait ayant la mission de généraliser, le passé – d’invoquer l’expérience transcendentale divine, le futur – d’invoquer la fatalité révélatrice divine.

Lestraductionsroumaine,françaiseetlatinedes10préceptes,duNotrePèreetduCredosontéquivalentes entre elles d’après le contenu et la forme,gardantla méméité de l’idée divine;lavarianteroumaineestplusappropriéeàcellelatine,latraductionfrançaiseestplusexplicite,paraphrastique,laissantplusdeplaceàl’interprétation.

Les philosophèmes bibliques en tant que vérités axiomatiquesmétaphysiques inaliénables, sont traduits fidèlement du latin, aussi bien enfrançaisqu’enroumain.

LestropesdelaBiblesuiventlamêmefidélitéquelesformessystémiquesgrammaticales.

Van Hoof indique que «c’est la renaissance, qui, éprouvant le besoind’inventerdestermespourdésignerdesréalitésnouvelles,façonneunenotionentièrementneuvedelatraduction.»Ilsignaleégalementque«l’introductionduvocabletraducereparleshumanistesitaliens,etenparticulierparBrunimetfin

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

àlamultiplicitésynonymiquequiarégnéjusquelà.»La première école des traducteurs - Ecole de Tolèdeaétéfondéepar

RaymonddeTolède,auXIIsiècleenEspagne,en1125-1151.Danscetteécoleon formaitdes traducteursdans toutes les langueseuropéennes,classiquesetorientales.

Pourl’histoiredelatraductionenOccident,letravailfourniparl’écoledeTolèdeestcommeuntravaildepopularisation,latraductionsortdel’inconnu.L’écoledeTolèderéunissaitlesdeuxconditionsnécessairesàcettenaissance:unedifférencedecultureentredeuxcommunautésetlecontactdirectentrecesdeux:lescommunautéschrétienneetmusulmane.

Leretardcultureletscientifiquedel’Occidentsur lesArabesnepouvaitmanquer de provoquer une soif énorme de connaissances, fait qui expliquepourquoitantdebrillantsespritsontpréférés’adonneràlatraductionplutôtqu’àlarecherchescientifiqueoriginale.

Au XVIII siècle la diplomatie internationale s’est limitée à utiliser lefrançaisetcetétatdechoseaduréjusqu’audébutduXXsiècle.

Al’époquedelaRenaissanceauxXVIII-XIXs.latraductionétaitenvisagéeplutôtcommeuneactivitéfaiteparécritàlabasedesoeuvreslittéraires.Acetteépoqueaapparuleslogan–adageTraduttore – traditore.

Cetadageaperdusonactualité,carl’activitétraduisanteaavancéedansletemps,etlesthéoriesexistantesontdéjàplusd’unefoisprouvélaviabilité, la nécessité et la pérennité de la traduction. Le mot traduction fut utilisé pour la première fois en français en 1540 par Etienne Dolet en France.

EnFrance auXVII siècle à l’époque deLouisXIV, leRoiSoleil, on abeaucouptraduit,surtout lespiècesde théâtrepour laComédieFrançaise.UntravailrenommédetraductionaétéfourniparGallant,diplomateàlacourduroiquiatraduit«Les mille et une nuit»del’arabe.Gallantaadaptél’ouvrageauxmœursdelacour,enexcluantlesscènesdetruculence,lespoésies,l’érotisme.

AuXIX-esiècleMardrusunautretraducteurarendujusticeàl’ouvrageoriginal, en traduisant encore une fois «Lesmille et une nuit». Lui, il a ététrèsfidèleaucontenude l’œuvre,aconservé la saveurde l’original,a traduitlespoésieset,même,afaitpreuved’excèsdezèleen«arabisant»d’avantageles nomspropres.La traductiondeMardrus est considérée jusqu’àprésent lameilleuretraductionduchef-d’œuvrearabe.

3. Le rôle et l’importance de la traduction

L’importance de la traduction dans la vie sociale vise la dimensioncivilisatrice,anthropologique.

On a traduit pour des raisons multiples: découvrir ou redécouvrir unpatrimoine culturel; diffuser des idées religieuses; imposer ou combattre desdoctrines politiques; créer ou parfaire une langue nationale; s’approprier des

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

connaissances.Jadis considérée exclusivement comme un art, la traduction, au fil des

siècles,aquittélechampsclosdeslettrespoursetailleruneplacedeplusenplusgrandedanstouslesdomainesdel’activitéhumaineetdeveniruninstrumentindispensabledel’internationalisationdusavoir.

Latraductioncontribueàl’interpénétrationdesculturesetdescivilisationsdifférentes.

Elle assure la communication entre différents peuples à l’échelleinternationale.

Latraductioncontribueaussiàlapopularisationdesinnovationsscientifiquesettechniques.(AuXIX-es.estinventéelalangueespéranto,langueartificielle,parunpolyglotte, languequi ressemblesurtoutà l’espagnol.Cette languen’aque16règlesdegrammaire.)

L’interprétationde conférence assure la bonnemarchedes travauxdansles organisations internationales: O.N.U., U.N.E.S.C.O., C.E., Le ParlementEuropéen,LaCourEuropéennedesDroitsdel’Homme.

Unautreaspectquivisel’importancedela traductiongîtdanssaportéedidactique: la traduction est un instrument efficace pour l’apprentissage deslangues.

La traduction est organiquement liée aux autres disciplines et sciences:linguistique, histoire, psychologie, philosophie, civilisation, art, politique, informatique, médecine, droit, économieetc.Ceslienssontjustifiablesautantdupointdevuedesfondementsthéoriquesquedupointdevuepragmatiqueetutilitaire.

Devoir:

• Dissertation:Les similitudes et les ressemblances entre l’évolution de la traduction en Occident et dans l’espace roumain.

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

CONFÉRENCE 2

Question à discuter:

1. Problèmes de la définition de la traduction.2. Les théoriciens de la traduction. La traduction et les autres disciplines humaines.3. Les termes clés de la traduction.

Sources:

1. BantoşA.,CroitoruE.Didacticatraducerii.Teora,Bucureşti,1999.2. Cary,E.Commentfaut-iltraduire?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,

Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.3. Mounin G. Problèmes théoriques de la traduction. Paris, Gallimar,

2004.4. OustinoffM.Latraduction,PressesUniversitairesdeFrance,2003.5. VanHoffH..Histoiredelatraductionàl’Occident.P.,1995.6. http://traduction.betranslated.com/techniques-traduction.php

1. Problèmes de la définition de la traduction

Commetouteautrenotionla traductionpeutêtredéfiniedifféremmentendépendancedescritèresetdesprincipesmisàlabasedesaconception.

La traduction peut être envisagée comme un terme eurysémique (ayant un volume sémantique assez large) à l’intérieur duquel on peut distinguer 5 significations:

• La traduction comme processus, activité ;• La traduction comme résultat final, produit ;• La traduction comme moyen de communication ;• La traduction comme interprétation ;• La traduction comme transformation du message, du texte.

LemottraductionaétépourlapremièrefoisutiliséenfrançaisparEtienneDolet,en1540.

Latraductionc’estlatransformationdutexteexpriméparlesmoyensdelalanguededépart,entexteexpriméparlesmoyensdelalangued’arrivée.

La traductionestuncasparticulierdeconvergence linguistique, elleestappelée à désigner toute forme demédiation interlinguistique permettant detransmettrel’informationentreleslocuteursdeslanguesdifférentes.

Latraductionestunart.Latraductionestunescience.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

Assertions sur la traduction :Cervantès, écrivain espagnol, comparait la traductionàun tapis mis à

l’envers: tous les motifs sont là, mais rien de leur beauté n’est perceptible.Dante, écrivain italien, écrivait:Aucune chose de celles qui ont été mises

en harmonie par liens de poésie ne se peut transporter de sa langue en une autre sans qu’on rompe sa douceur et son harmonie.

Humboldt en Allemagneproclamait:Toute traduction me paraît incontes-tablement une tentative de résoudre une tâche irréalisable.

Schlegel, philosophe allemand, affirmait :La traduction est un duel à mort, où périt inévitablement celui qui traduit ou celui qui est traduit.

Voltaire, philosophe français, estimait que les traductions augmentent les fautes d’un ouvrage et en gâtent les beautés.

J.Barrow soutienque:la traduction est au mieux un écho.Ernest Renan disait: Une œuvre non-traduite est à demi publiée.

A l’opposé des opinions émises, d’autres personnalités éminentesconsidéraientqu’onpeutmieuxjugerunauteurparlatraductiondesonoeuvre.

Lamartine,poète français,disaitqu’il avait toujours eu plus de plaisir à lire un poète étranger en traduction qu’en original.

Le critique Swinburne s’était prononcé queByron n’était supportable qu’en traduction.

La traduction fait passer unmessage d’une langue de départ ou languesource,dansunelangued’arrivéeoucible.E. Nida, sociolinguiste américain:La traduction consiste à produire dans la langue d’arrivée l’équivalent naturel le plus proche du message de la langue de départ, d’abord quant à la signification puis quant au style.

2. Les théoriciens de la traduction

Pourcequiestdelavéritablethéorisationdel’activitétraduisanteentantque processus et résultat final on ne pourrait en parler qu’après la II GuerreMondiale,quandonaprocédéàlavalorisationdupatrimoinelinguistique,oùlatraductionapparaîtcommeundomainemarginal,souventrefoulésurledernierplan,malgrélefaitquelespremièresréférencesàl’activitétraduisantedatentdel’antiquité–danslestravauxd’Aristote,deCicéron,ensuitedeSaintJérôme,d’EtienneDolet,MartinLutheretd’autres.Cespremiersfondementsthéoriquesavaientunsupportphilosophiqueparexcellence.

L’oeuvre incontestablement fondamentale, qui a jeté les bases d’unevéritable théorisation de la traduction c’est Problèmes théoriques de la traductiondeG.Mouninparueen1956.Commetoutenfantprécoce,cepremierouvrage porte les empreintes de la forte influence linguistique exercée par leCours de linguistique générale deF. de Saussure.Une autreœuvre sienne

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

assezrenomméequitraitedelatraductionc’estLes belles infidèles.Ainsi,Mounin, dit-il que toute traduction c’est une opération effectuée

exclusivementsurleslangues.Donc,selonlui,latraductionestuneaffairedelangues.Mouninconsidèrequ’entraduisantilfautopéreravecleslangues,mais,ilsecontreditlui-mêmeparceque,cherchantappuyersespostulatsthéoriques,ilcitedesexemplesdetraductionspoétiquesdurusseenfrançais,sansserendrecompte qu’il passe du niveau de la langue au niveau de la communicationpoétique,auniveaudutexte.

UnautrehomologuedeMouninestlerusseFiodorovquiestdevenufameuxentantqu’undesthéoriciensdelatraductiondansl’espacerusseparlebiaisdesonœuvrequiaététraduitedansleslangueseuropéennes Les fondements de la théorie de la traduction (Основы теории перевода).

J.-P.Vinay et J.Darbelnetontlancéen1956leurouvragedevenuclassiqueStylistique comparée du français et de l’anglais.

Unautrethéoriciendelatraductionc’estEdmond Cary,parmiseslivresonpourraitciterComment faut –il traduire?.Ilestleprécurseurdesthéoriesdelatraductionayantunfondementnonlinguistique.AcôtédeCary,onpourraitmentionnerJ. Delisle, J.Piaget, M.Ballard, E.Nida, G.Steiner, R.Jakobson, K.Reiss. La nouvelle génération des théoriciens de la traduction comprenddesnomsmondialementrenomméscomme:J.R. Ladmiral,D. Seleskovitch,M.Lederer,D.Gouadec,C.Laplace,R.Bell,T.Cristeaetc.

Grossomodoonpourraitdiviserlatotalitéd’ouvragessurlatraductionendeuxclasses:

• Les ouvrages qui attribuent à la traduction une origine strictementlinguistique.

• Lesouvragesdontlesauteursbâtissentleursthéoriesdetraductionsurleprincipeinterprétatif, communicationnel,textuel,quisupposeuneapprochepluriaspectuelledansl’étudedelatraduction.

Entraduisantonopèresurlemessage,letexte,letraducteurestenlienétroitavecl’auteur,lalanguededépart,etlerésultatdesontravaildépendaussibiendesescompétenceslinguistiquesquedesescompétencesextra-linguistiques.

Lesauteursdesouvragessur la traduction issusduprincipe linguistiqueaboutissentimmanquablementàl’affirmationquelatraductionestimpossibleauniveaudelalangue.

Lesauteursdesouvragessurlatraductionissusduprincipeinterprétatifaffirmentquetoutesttraduisible.

G.Mounin:Le traducteur ne doit pas se contenter d’être un bon linguiste, il doit être un excellent ethnographe, ce qui revient à demander non seulement qu’il sâche tout de la langue qu’il traduit, mais aussi tout du peuple.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

3. Les termes clés de la traduction

Commetoutediscipline,latraductionpossèdeelleaussiuncertainchampsterminologique (épistémologique) avec lequel elle opère aussi bien auniveauthéoriquequ’auniveaupragmatique.Ilfautquandbienmêmementionnerqu’iln’yapasd’unificationhomogèneetd’accordgénéralentre les théoricienssurl’utilisationdestermesquiviselathéorieetlapratiquedelatraduction.Nousciteronslestermeslespluscristallisésetvéhiculésdansledomaine:

• Langue originale, langue source, langue de départ - langue cible, langue d’arrivée.

• La version - traduction faite de la langue étrangère vers la langue maternelle.

• Le thème - la traduction faite de la langue maternelle vers la langue étrangère.

• La liberté -danslatraduction,c’estlaprised’attitudesubjectiveenverslesmoyenslinguistiquesetextralinguistiquesdanslaréexpressiond’untextedanslalanguecible.

• La fidélité -c’estlaprised’attitudesubjectiveparlaquelleletraducteurimitefidèlementlesmoyenslinguistiquesetextralinguistiquesdutexterédigédanslalanguesourcepourobtenirsaréexpressiondanslalanguecible.

Le fameux dilemme de la traduction est: traduire la lettre ou l’esprit? DilemmelancéparCiceron.

• L’interférencedeslanguesc’estlephénomènepropreaudébutantdansl’apprentissage des langues étrangères et il constitue une confusionsouvent passagère avec le temps et l’acquisition des nouvellesconnaissanceslangagièresquiconsistedanslemélangedesinformationslinguistiquesdeslanguesdifférentesvuleursimilitude.

• Interprétation de conférence =traductionorale.

Devoir:

• Dissertation:La traduction – entre mythe et réalité. Ma définition de la traduction.

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

CONFÉRENCE 3

Questions à discuter:

1. Les types de traduction.2. Les types de traducteurs.

Sources:

1. BantoşA.,CroitoruE.Didacticatraducerii.Teora,Bucureşti,1999.2. CiujakinI.Practiceskiikursperevoda.M.,1997.3. CaryE.Commentfaut-iltraduire?P.,1956.4. GuţuA.Lestypesdetraductionselonlesdifférentscritèresde

classification//Symposiaprofessorum,ULIM,2000.5. SeleskovitchD.,LedererM.Pédagogie raisonnéede l’interprétation:

deuxièmeéditioncorrigéeetaugmentée,DidierÉrudition/Klincksieck,Office des publications officielles des Communautés européennes/Luxembourg,2002.

6. http://www.atlf.org/7. http://perso.orange.fr/e-weiser/frameexercice.html8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Traduction/Théories_de_la_traduction

1. Les types de traduction

Onpeutdistinguerdifférentstypesdetraductionselonlesprincipesmisàlabasedelaclassificationdestraductions.

D’aprèsle genre du texte ondistingue:• la traduction littéraireouplutôtlatraduction des oeuvres• la traduction spécialiséeouterminologiqueLa traduction littéraire ou plutôt la traduction des oeuvres - terme

appartenant àAntoine Berman; Il envisage sous ce terme la traduction desoeuvresphilosophiquesetdesœuvreslittéraires.Latraductionpoétique,commeonledit, estunefiguredehautpilotage,danslespoésiesc’estl’imageetlessentimentsqu’ilfauttraduire.

La traduction spécialisée ou terminologique (vise surtout les textesterminologiques,couvrantdifférentsdomainesdel’activitéhumaine:traductionjuridique,médicale,économique,techniqueetc).

D’aprèsla forme d’expression du messageondistingue:• la traduction écrite et• la traduction oraleoul’interprétationdesconférences(consécutive,

simultanée)

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

La traduction consécutive s’effectue oralement quand l’interprèteintervient en alternance après l’orateur. Il opère sur des séquences sonoresrégulièresexprimantdesidéesbiendéfinies.

L’interprétationintervientaprèslacommunicationdel’orateur.Assis parmi les participants, l’interprète écoute l’intervention et la

retransmet, à la fin, dans une autre langue, en s’aidant généralement denotes. De nos jours, l’interprétation consécutive a largement cédé la placeà la simultanée, mais elle conserve son utilité dans certains contextes(comme les réunions très techniques, lesdéjeunersde travail, les réunionsenpetitscomitésoulesvisitessurleterrain).

Uninterprètechevronnéestcapablederestituerdesinterventionsdedixminutesouplusavecunegrandeprécision.

La traduction simultanéeestréaliséesynchroniquementaumomentdelaprisedelaparoleparl’orateur.Ellepeuts’effectuerseulementdansdesendroitsspécialementprévuspourcela,étantéquipéde technologiesadéquatesàcetteactivité(unecabine,descasques,desmicros,unpostedecommande).PourlapremièrefoislatraductionsimultanéeaétéutiliséeauprocèsdeNurnberg,oùl’onajugélescriminelsdelaIIGuerreMondiale.

L’interprètetravailledansunecabine insonorisée,avecauminimumuncollègue.Danslasalle,l’orateurutiliseunmicrophone;l’interprètereçoitlesonàtraversuncasqueetrestituelemessagepresqueinstantanémentparletruchementd’unmicrophone. Chaque participant sélectionne le canal correspondant à lalanguedanslaquelleilsouhaiteécouterl’interprétation.

La traduction linéaire (touristique)–(non-officielle)estréaliséelorsdel’accompagnementdesdélégationsdansleshôtels,lesrestaurantsetc.

Pourassurerl’interprétationdanslesdeuxsensentreleslangues officiellesactuelles,ilfautuneéquipede33interprètes,or,enrestreignantlenombredelangues activesàtrois,neufinterprètespeuventsuffire.

Régime linguistiqueLesinterprètesparlentdelanguesactivesetpassives.Une langue activeestune langueparléepar les interprètesà l’intention

desparticipants.Unelangue passiveestunelangueparléeparlesparticipantsetcomprise

parlesinterprètes.Uneréunionàrégime11-11secaractériseparlaprésencede11 langues

passiveset11 langues actives.Danslesinstitutionsdel’Unioneuropéenne,celasignifiequetoutesleslanguesofficiellessontinterprétéesdanstoutesleslangues officielles.Cetypederégimeestditcompletetsymétrique.

Un régime réduit est un régime dans lequel l’interprétation n’est pasassuréedansl’ensembledeslangues officielles.

Unrégimeestditsymétriquelorsquelesparticipantspeuvents’exprimer

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

etécouterl’interprétationàpartirdesmêmeslangues.Unrégimeestditasymétriquelorsquelenombredelanguesparléesdépasse

lenombrede languesdisponiblespar lebiaisde l’interprétation.L’expression«régime11-3»désignelefaitquelesparticipantsàlaréunionpeuvents’exprimerdanslesonzelanguesofficielles,maisquel’interprétationn’estassuréequeversl’allemand,l’anglaisetlefrançais.

Qu’est-ce que le relais? Interprétation d’une langue vers une autre enpassantparunetroisième.

Lorsqu’un participant s’exprime dans une langue non couverte par unecabineen langue active,celle-cipeutse«connecter» (lienaudio)àuneautrecabinequicouvre la langueenquestionet,donc,assure le relais.L’interprètepasseainsiparunetroisièmelanguesanspertesensibledequalité.

Qu’est-ce que le chuchotage? Interprétation simultanée réalisée enchuchotant.

L’interprète se tient assis ou debout dans l’assistance et effectue uneinterprétationsimultanéedirectementàl’oreilledesparticipants.

Lechuchotageneconvientquepourdetrèspetitsgroupesdeparticipantsassis ou debout à proximité les uns des autres. Cette technique est utiliséeprincipalementlorsderéunionsbilatéralesoudansdesgroupesdonttrèspeudemembresnepossèdentaucunelanguecommune.

Pourgagnerdutemps,lechuchotageestsouventutilisédepréférenceàlaconsécutive.Ilarrivequel’interprètepratiquantlechuchotageutiliseuncasqueaudiopouroptimiserlaqualitédusonreçudulocuteur.

D’aprèsl’exigence du donneur d’ouvrage (DO) ondistingue:• traduction signalétique -c’estlaréexpressiondanslalangued’arrivée

decertainspointsderepèredutexte/messageàtraduire(letitre,l’auteur,ladatedel’écriture,lesujetdutexte,lesnotionsclés);

• traduction banalisée -c’estlaréexpressiondanslalangued’arrivéeducontenudumessageàtraduiresanstenircomptedesaffinitésstylistiquesetdelabonnerédactiondutextetraduit;

• traduction absolue -c’estlaréexpressiondanslalanguecibleducontenudu texte original avec le respect obligatoire de tous les paramètresd’unetraductionhautementqualitativecomptetenudetouslesaspects–sémantique,grammatical,stylistique,orthographiqueetc.

D’après la qualitéondistingue:• la traduction révisable - traduction primaire contenant des imperfections

stylistiques, nécessitant une rédaction;• la traduction livrable ou diffusable - traduction finale, révisée,

imprimée, qualitative, prête à être livrée au donneur d’ouvrage et diffusée.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

D’après le degré du respect du sens du message original ondistingue:• Traduction littérale (motamotiste) -letraducteursetientàlaforme,au

motdepeurqu’ilneviolepaslapenséeoriginaledel’auteur;• Traduction libre -c’estlecasoùletraducteursetientausens,aucontenu,

enprenantdes libertésdans le choixde la formede réexpressiondutexteoriginal.

D’après la direction ondistingue:• La version –traductionverslalanguematernelle;• Le thème – traductionvers la langueétrangère.Le thèmeest encore

nomméparlesinterprètesleretour.

2. Les types de traducteurs

Les traducteurs qui exercent leur activité dans la société peuvent êtreégalement groupés suivant les spécificités de leur activité traduisante.Ainsidistingue-t-on:

• des interprètes(assurentl’interprétationdeconférence);• des traducteurs professionnels (qui travaillent avec des textes

spécialisés au profit d’une entreprise de traduction ou d’une unitééconomique);

• des traducteurs littéraires (quitraduisentlesoeuvres);• des universitaires (leurmétieressentielestd’enseigner la traduction

ouleslangues,maisilsexercentaussilatraductionpourmaintenirleurprofessionnalismeauniveaurequis).

Devoir:

• Dissertation:Laquelle des traductions je préfère – celle écrite ou celle orale? Voilà mon argumentation.

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’adresse [email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

Page 21: THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

CONFÉRENCE 4

Questions à discuter:

1. Les exigences envers le traducteur.2. Les écoles de formation des traducteurs.3. Les langues en Europe.

Sources:1. BantoşA.,CroitoruE.Didacticatraducerii.Teora,Bucureşti,1999.2. Ballard M. Europe et traduction, Artois Presses Université, Arras,

1998.3. Seleskovitch D. LedererM. Pédagogie raisonnée de l’interprétation:

deuxièmeéditioncorrigéeetaugmentée,DidierÉrudition/Klincksieck,Office des publications officielles des Communautés européennes/Luxembourg,2002.

4. http://www.cidj.com/Viewdoc.aspx?docid=476&catid=1#etudes5. http://ec.europa.eu/education/policies/lang/languages/index_fr.html6. http://assembly.coe.int/MainF.asp?link=/Documents/AdoptedText/

ta98/FREC1383.htm(consultatla18.01.2006).7. http://www.taurillon.org/Du-multilinguisme8. http://www.touteleurope.fr/fr/actualite-europeenne/breve-et-article

1. Les exigences envers les traducteurs

L’étiquetteprofessionnelleoccupeuneplaceimportantedansl’activitédutraducteur,carsonmétierestliéàlatransmissiondel’information.

Le traducteur est responsable des informations qui passent par lui. Denosjoursl’informationconstituelaclefdusuccès.Celuiquis’enemparepeutl’utiliserdansdifférentsbuts:positifsounégatifs.

1.Letraducteurdoitêtreloyal,fidèle,nepasdivulguerl’informationqu’ilpossède,c’est-à-direrespecterlaconfidentialité.

2.Letraducteurnedoitjamaisêtreproliférant,diredeschosesquin’ontpasétédites,prononcées,écrites.

3.Letraducteurdoitsesoucierenpermanencedesonniveaulinguistiqueetextralinguistique,ildoitaugmenterleniveaudesaqualification,lire,s’informerdansleslanguesqu’ilparle.

4.Letraducteurdoits’encadrerdanslaviecorporative(associative).Ildoitfairepartiededifférentesassociationsprofessionnelles.

5. Les interprètes doivent avoir toujours une tenue impeccable (tenuevestimentaire,présentation).

6. Les interprètes doivent toujours être prêts à voyager, se souciant de

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

mettredansleurtroussedescompriméespourlagorge.7.Letraducteur-terminologuedoitsedocumenterenpermanence.8.Letraducteur/l’interprètedoitsavoirménagersonmétier,ildoitsavoir

évaluer ses capacités de travail, sa rentabilité, le niveau de qualité de sesservices.

2. Les écoles de formation des traducteurs

Ilexiste 2 principes de formation de traducteurs:• le principe linguistique consiste dans l’idée de la possibilité de

formation de traducteurs rien qu’à la base de l’apprentissage des langues étrangères.

• Le principe traductionnel suppose l’admission dans les écolesd’interprétation et de traduction des personnes ayant déjà acquis desconnaissances linguistiques nécessaires dans telle ou telle langueétrangère, en s’apprêtant à perfectionner leurs connaissances et àapprendrelaméthodologiedelatraduction.

Oncitera quelques écoles: l’Ecolede formationdes traducteurs et desinterprètes (Génève), ESIT-Paris III, ISIT, Université Rennes-II, Institut desTraducteursetdesinterprètesdeStrasbourg,ISTIdeBruxellesetc.

3. Les langues en Europe

D’aprèsuneétudeEurobaromètre,leslanguesofficiellesdel’Unionsontparléesautitredelanguematernelleparlespourcentagessuivantsdecitoyensdel’Union:

L’anglais est la langue la plus pratiquéeauseindel’Unioneuropéenne.Elle est la languematernelle de 16%de la population européenne,mais31%supplémentaires possèdent des connaissances suffisantes pour converser danscettelangue.

À l’exceptionde l’anglais, l’ordred’importancedes langues correspondplusoumoinsaunombred’habitants.

• L'allemandestlalanguematernellede24%descitoyensdel’Unionet8%supplémentaireslepratiquecomme«deuxièmelangue».

• Lefrançaisestparlépar28%delapopulation,dontplusdelamoitiésontdeslocuteursnatifs.

• L'italienestlaquatrièmelanguelaplusrépandueauseindel’Union.Lenombredelocuteursnatifsestéquivalentàceuxdufrançais,maislepourcentagede locuteursnonnatifs de l’italien est nettementplusfaible(2%).

• 15%del'Unionparlel’espagnol(11%autitredelanguematernelleet4%commelangueétrangère).

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

• 45% des citoyens européens sont capables de prendre part à uneconversationdansunelangueautrequeleurlanguematernelle.

Lorsqu'onleurdemandequelleestlalanguequ'ilsconsidèrentlaplusutileenplusdeleurlanguematernelle,laplupartdespersonnesinterrogéesrépondentl'anglais,suividufrançaisetdel'allemand.

Les langues les plus enseignéesL’anglais est généralement la première langue étrangère des systèmes

d’enseignement de tous les États membres non anglophones. Le français seclassepresquetoujoursendeuxièmeposition.

26%desélèvesnonanglophonesduniveauprimaireapprennentl’anglaiset4%desnonfrancophonesapprennentlefrançais.

Dans l’enseignement secondaire, la langue la plus enseignée comme langue étrangère est l’anglais.

Dansl’ensemble,89%desélèvesapprennentl’anglais.

Pourquoi avons-nous besoin de traducteurs ?Le multilinguisme à l’UEL’Europe est un espace caractérisé par une grande diversité culturelle,

etdoncaussi linguistique.Undesobjectifsdespèresfondateursde l’UEétaitd’assurerlerespectetlapréservationdecetterichesse.C’estpourquoileprincipedelaparitélinguistiqueaété,dèsledébut,incorporédanslestraitésfondateursdesCommunautéseuropéennes.Encelal’UEsedistingued’autresorganisationsinternationales.

Le principe du multilinguisme, tel qu’il est pratiqué à l’UE, consisteà mettre à la disposition des citoyens, des administrations nationales, desopérateurséconomiquesetdestribunauxdesÉtatsmembreslestexteslégislatifsdans leurpropre langueetà leurgarantir,égalementdans leur langue, l’accèsauxinstitutionsdel’Union.Ainsi,touslesÉtatsmembresettouslescitoyensdel’Unionsontplacéssurunpiedd’égalitépourcommuniqueraveccelle-ci.

Pourcesraisons,l’UEdoitdisposerenpermanenced’importantsservicesde traduction écrite et d’interprétation orale (ces services étant séparés), quiassurentunniveauélevédequalitélinguistique.

Le principe du multilinguisme assure la transparence démocratique etl’égalitédesdroitsdescitoyensetdesÉtatsmembrespourl’accèsàlalégislationet lacommunicationavec les institutionsde l’UE. Ilgarantit aussi la sécuritéjuridique: les actes législatifs qui sont d’application directe dans les Étatsmembresdoiventêtreadoptésdans lesdifférentes languesafindepermettreàtouslesintéressésd’enprendreconnaissancedansdesconditionsd’égalité.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

Devoir:

• Dissertation: Les solutions que je propose pour promouvoir le multilinguisme européen par le prisme de la traduction.

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

CONFÉRENCE 5

Questons à discuter:

1. Le problème de l`unité de traduction. 2. Les niveaux de la traduction (phonème, morphème, mot, syntagme, texte).

Sources:

1. CristeaT.Teoriatraducerii–studiucontrastiv.Bucureşti,1995.2. Mounin G. Problèmes théoriques de la traduction. Paris, Gallimar,

2004.3. OustinoffM.Latraduction.PressesUniversitairesdeFrance,2003.4. Vinay J.-P. et Darbelnet J. Stylistique comparée de l’anglais et du

français.P.1958.5. http://www.phil.pu.ru/depts/02/anglistikaXXI_01/39.htm6. http://www.revue-texto.net/Reperes/Themes/Canon-Roger/Canon-

Roger_Traduction.html

1. Le problème de l ’unité de traduction

Apartir de l`apparition de la théorie de la traduction un des problèmesclésdébattusparlessavantsaétéceluidel`unité de traduction.Quelélémentminimalde la languedoit servirdepointdedépartpour la traduction? Ily aplusieurs réponses. Apparemment, il serait judicieux de considérer le mot comme unité de traduction universelle.Cettehypothèseaétérejetée,d`embléepar certains linguistes (parmi eux:Vinay et Darbelnet, Eugène Nida, DaniçaSeleskovitch,MarianneLederer,TeodoraCristea).Maisilexistedessavantsquiconsidèrentquel`unitéminimaledetraductionc`est le mot(GeorgesMounin,RomanJakobsonetc.)

Quellessontlespoursetlescontresdumotentantqu’unitédetraducton:Lesraisonspoursont:a. le mot est l`espace entre deux blancs, unité linguistique complexe,

susceptible d’avoir une ou plusieurs significations se rapportant àla réalité référentielle et exprimant des objets ou des phénomènestranscendantsd`unelangueàuneautre:

masa=mensa=tableprietenie=amitié=friendship

b. lesmotsd`unelanguesontfacilementrépertoriablesparlesdictionnairesexplicatifsbilingues,trilingues,polyglottes;

c. le mot est facile à discerner ou à repérer dans la chaîne parlée ou

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

écrite.Lesraisonscontrelemotentantqu`unitédetraduction:a. lessavantsdisentqu`iln’yapasdetranscendanceidéaled`unelangue

à une autre envertudunon-isomorphismegrammatical, sémantique,stylistique:

ex.Danscertaineslanguesilexistedesmotsexprimantdesnotionsoudes objets quimanquent dans d` autres langues et vice-versa : izba, troika; dor, noroc; cesmots n’ont pas de correspondants directs end`autreslangues.

b. Ilexistedescasoùilfauttraduirel`idée,maiscetteidéeestmatérialiséeen plusieurs mots, et, alors le mot cesse d`être l’unité minimale detraduction.

ex.Tels est le cas des expressions idiomatiques, des proverbes, desdictons:il n`y a pas de quoi fouetter un chat - nu face nici cât o ceapă digerată.

c. Lesmotssontévanescents(quialafacultédedisparaître).Celatientsurtoutdelatraductionorale.

Unité de traduction–c’estl`élémenttextueldotéd`unsensquis`engendre,s`agencelogiquementavecl`élémentsuivantetquipeutêtrerendusansdifficulté,sansambiguïtédanslalangued`arrivée.

Onpeutconclurequel`unitédetraductionn`apasdedimensionconcrète,bien délimitée. Parfois lemot et l`unité de traduction coïncident,mais il y adesfoisoùl`unitédetraductiondépasseleslimitesd`un,dedeuxetmêmedeplusieursmots.

2. Les niveaux de la traduction (phonème, morphème, mot, syntagme, texte).

Malgrélarechercheperpétuelled`uneunitédetraductionidéale,ilexisteunehiérarchiedesniveauxdelatraductionquidérivedesniveauxdelalangue,établisparlalinguistiquegénérale.

Le niveau du phonème-l`unitéminimaledelalanguequisertàdistinguerlesensdesmots.

La traduction ne se fait pas au niveau du phonème,lesonomatopéesmonophoniquesensontuneexception:

Ex: Oh! tu est là... Ah! tu esti aici...Le niveau du morphème-l`unitédelangueminimaledotéedesens.Ex. : les morphèmes grammaticaux: suffixes: -teur (m); -trice (f); les

préfixes:a-, re-, ré-La traduction ne se fait pas au niveau du morphème,caronconstateles

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

différencesstructurellesetformellesducorpusgrammaticaldeslangues.Le niveau du mot-c`est à ce niveau que commence la possibilité de la

traduction.Auniveaudumotsontsurtouttraduisibleslesnotionsdelaréalitéobjective,

référentielle, couvrant les besoins les plus immédiats de la communicationhumaine.

Ex.: les notions anthropologiques:mère, père, enfant, sœur, frère; les objets et les phénomènes tels que le soleil, la terre, la pluie, le vent etc. sontprésentsdanstoutesleslangues.

Le niveau du syntagme – le syntagme est un groupement des mots,exprimantunsensunitaire,quipeutêtrelibreoufigé.

Ex.:avoir faim;danslesexpressionsidiomatiques–être laid à faire rater une couvée de singes).

Lesyntagmeesttraduisibleau-delàducontexte,c`est-à-direauniveaudelaparole.

Le niveau du texte-lesadeptesdelatraductionexclusivementauniveaudu texte sont : E. Coşeriu, H.Meschonnic, D.Seleskovitch,M. Lederer, J.-R.Ladmiral.

Ilssoutiennentqu`ilfauttraduirelemessage,lesensdutextedanssonintégralité,comptetenudesspécificitéslinguistiquesetextralinguistiques.

Devoir:

• Dissertation:Une plaidoirie pour l’unité de traduction – pour ou contre le mot?

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

CONFÉRENCE 6

Questons à discuter:

1. Les procédés techniques de la traduction.2. Les transformations d`ordre global et les transformations d`ordre intratextuel.

Sources:

1. CristeaT.Teoriatraducerii–studiucontrastiv.Bucureşti,1995.2. FiodorovV.Osnovyteoriiperevoda.M.,1953.3. MouninG.Problèmesthéoriquesdelatraducton.P.,Gallimard,2004.4. MouninG.Dictionnairedelinguistique.P.,Quadrige,2004.5. Vinay J.-P. et Darbelnet J. Stylistique comparée de l’anglais et du

français.Paris,Didier,2000.6. http://www.erudit.org/revue/meta/2003/v48/n3/007602ar.html

1. Les procédés techniques de la traduction

LesprocédéesdelatraductionontétéexposésparVinayetDarbelnetdans”StylistiquecomparéeduFrançaisetdel’Anglais”.

Seloneux,ilexistedeuxtypesdeprocédésdelatraduction:

1) directs

• L’emprunt • Le calque• La traduction littérale

2) obliques

• La transposition• La modulation • L’équivalence• L’adaptation

L`emprunt direct(intégration dans la langue d’un élément d’une langue étrangère – Mounin, Dictionnaire de linguistique, p. 124) est un procédé parlequelontransplanteenlanguecibleuntermedelalanguesource,pourlequeliln`yapasd`équivalent.Ils`agitdanslaplupartdescasdestermesdecivilisationconservés dans le texte d`arrivée pour la réexpression précise de la réalité

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

référentielleoudelacouleurlocaledelalanguesource.Ex.mujik, izba, babuchka ; mamaliga, brinza...Lesmotsprécisantlescouleurslocalessontappelésles réalia.Unphénomèneintéressantliéàl’empruntc’estl`emprunt boumerang(le

mothumeurempruntépaslesAnglais,quiontmodifiélesensetpuiscesontlesFrançaisquil`ontempruntéderetour-humour)

Le calque résultedelatraductionlittéraledesélémentsconstitutifsd`uneséquencefigéedelalanguesource.

ex.week-end=findesemaineliving-room=salledeséjourLa traduction littéraleconsisteenunetranspositiontermeàtermedela

structuredesunitésdelalanguesource.ex.Trenul intră în gară = Le train entre en gare. El merge încet = Il marche lentement.La transpositionestunprocédéquiconsisteenunchangementdeclasse

grammaticaledesélémentslexicauxdutexteexprimédanslalanguecibleparrapportàlaclassegrammaticaledesélémentsexprimésdansletexteoriginal.Cechangementn’affectepaslecontenudumessage/textetraduit.

ex.Bunica zîmbi ciudat = La grand-mère eut un sourire étrange.La modulation est un procédé de traduction oblique qui implique une

structuregrammaticaleetsémantiquedesélémentsdutextecibleobtenueparlebiaisd’unemodificationquilaisseintactleconstituantfondamentaldel`unitédetraduction.

Ex.lemne de foc - bois de chauffage ; calea ferata - chemin de fer ; maşină de spalat - machine à laver; mettre le feu - a da foc.

L`équivalence c`estuneréorganisationcomplètedanslalanguecibledesélémentsdutexte/messageoriginalquin`affectepaslaréférenceàlasituationcommunicativedutextesource(ils`agitsurtoutdelatraductiondesexpressionsidiomatiques)

ex.:cât ai zice peşte - en un clin d`oeil ; la paştele calului - quand les ânes parleront latin ; a vedea stele verzi – voir 36 bouts de chandelles.L`adaptationestunprocédéquireposesuruneéquivalencesituationnelle

impliquant le contexte extralinguistique. Dans le sens plus large du concept,l`adaptationreprésenteunprincipedetransformationglobaleducontenud`uneoeuvrelorsdelatraduction.

Ex.Mille et une nuit(aététraduitdel`arabeenfrançaisparGallantauXVIIsiècleetellereprésentaituneadaptationauxmoeursdelacourdeLouisXIV).

Par contre, la traduction faite auXIXsiècleparMardrus est considérée

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

commelaplusréussie,laplussavoureuse,parcequel`auteuraconservétoutlecharmedel`époqueetdelacouleurarabe–truculence,poésies,érotisme.

En tant qu’exemple classique d’adaptation on pourrait citer les fablesd’Esope,adaptéesparKrilov,DonicietLaFontaineetlesaventuresdePinocchio(Buratino).

2. Les transformations dans la traduction.

Lestransformationslorsduprocessusdelatraductionsontinévitables.Cestransformationspeuventsurveniràdesniveauxdifférentsdelalangue.Quelssontcestransformations?

1. d’ordre grammatical ;2. d’ordre stylistique ;3. d’ordre lexical.

Les transformations d’ordre grammatical sont les plus rependues.Ellessontdûesaunon-isomorphismedessystèmesgrammaticauxdeslanguesdifférentes.Lestransformationspeuventtenirdelasubstantivisationdesverbesouverbalisationdesnoms,ouadverbialisationdesadjectifs,ouadjectivationdesadverbesetc.

Ex.: La grand-mère eut un sourire étrange.- Bunica surâse ciudat. Il lui jeta un regard toisé. - Îl privi cu furie.Les transformations d’ordre stylistique surviennent quand le traducteur

està laquêtedesmeilleursprocédésstylistiquesafinderendre fidèlement lamarcationaffectivedutexteàtraduire.Ellesvisentlatraductiondesmétaphores,dessymboles,desépithètes,descomparaisons,desmétonymies,desantithèsesetc.

Ex.: La soare te puteai uita dar la dânsa ba. Elles était belle comme le soleil. Ella era hermosa como una flor. etc.

Les transformations d’ordre lexical visent surtout la traduction dessynonymes, des antonymes, des paronymes, des noms propres dans les contes, des mots polysémiques etc. Le non-isomorphisme des systèmes lexicaux deslanguesestflagrant,surtoutquandonparledeslanguesdesfamillesdifférentes.

Latraductiondesproverbesetdesexpressionsidiomatiquesestl’exempleclassiqued’unedifficultélexicaleextrême.

Ex.: A vorbi cai verzi pe pereţi. - Dire des salades. La nevoie şi racu-i peşte. - Faute de grives on mange des merles. Cine se scoală dimineaţa mai departe ajunge. - A qui se lève le matin

Dieu prête la main. etc. Unphénomèneintéressantquialieudanslatraduction,largementconnu

par les traducteurs, c’est «les faux amis du traducteur».Cephénomène estdû à l’interférencedes langues et à la confusiondes formes linguistiquesquientraînentdesfautes de sens, de contre-sens ou de non-sens – erreursgraves

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

inadmissiblespourlestraducteursetlesinterprètes.Pour la première fois ce terme a été utilisé en 1928 par Koeussler et

Derocquigny (Les faux amis ou les trahisons du vocabulaireanglais – citéd’aprèsMounin,2004,p.139). Ilsontdésigné les fauxamisdu traducteur lesmotsd’étymologieetformesemblable,maisdesensdifférents(totalementoupartiellement).

Ex.:a idolatriza–idolâtrer,nonpasidolatriser;a minimaliza – minimiser,nonpasminimaliser,tratative-nonpastratatives,maisnégociations, pourparlersetc.

Devoir:

• Dissertation: La plus compliquée transformation lors de la traduction selon moi c’est …

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

CONFÉRENCE 7

Les problèmes empiriques de la traduction

Questions à discuter:

1. La traduction de la prose: expérience, exemples, contrastivité.2. Les particularités de la traduction poétique. Sources:

1. Cary,E.Commentfaut-iltraduire?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

2. GuiraudP.Lesjeuxdemots.Paris,1979.3. GuţuA. Certains problèmes de théorie, empirisme et didactique des

langues.Chişinau,2005.4. GuţuA.L’Autotraduction–actecrétaeurcomplexe:entrel’équivalence

et la prolifération.//Studii de traducere: retrospectivă şi perspective.Conferinţă internaţională. 16-17 iunie 2006. Editura FundaţieiUniversitare„DunăreadeJos”,Galaţi.

5. GuţuA.Latranscendencedel’imaginairedanslatraductiondespoèmesd’Eminescu:intraduisibilitéourévélation?In:LecturifilologiceNo4,anul2007.

6. GuţuA. Les philosophèmes antithétiques – expression de la dualitémondovisionnelledanslesœuvresdeVoltaire.In:Atelierdetraduction.Pour une poétique du texte traduit. Editura Universităţii Suceava,2007.

7. MeschonnicH.Poétiquedutraduire.Paris,1999.8. MouninG.Lesbellesinfidèles,P.,1968.9. http://www.geocities.com/aaeesit/tradlit1.html10. http://www.erudit.org/revue/meta/1998/v43/n2/003295ar.html11.http://www.translationdirectory.com/article1135.htm12.http://ashda.ugr.es/laboratorio/tlt/tlt2/libros/fraseologia/otrolozano.pdf

1. La traduction de la prose: expérience, exemples, contrastivité.

Latraductionlittéraired’untextedeproseestlamiseaupointd’uneautreœuvre, c’est-àdired’un texteautonomedemêmestatut.L’essentieln’estplusalorsdecalquerl’original,maisdeproduireunnouveloriginalquiviendrasesubstitueràlui.

L’unitédetraductionn’estpluslemot,lesyntagmeoulaphrase,maisletextetoutentier(H.Meschonnic,F.Rastier).L’exactitudedel’informationcompte

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

moins que la création d’un effet propre à susciter une réaction affective, uneémotionesthétiquevoisinesdecellesqu’engendrelecontactavecl’original.

Les principales contraintes de la traduction d’un texte de prose, vu lesdifficultés,sont:

a) La traduction des titres ;b) La traduction des noms propres ;c) La traduction des jeux de mots ;d) La traduction des tropes et des figures de pensée ; e) La traduction des proverbes, des dictons et des expressions

idiomatiques.La traduction des titres.Onaffirmesouventquelestitresnesetraduisent

pas,leslivresseréintitulent.Ex.: Le Grand Bleu – Голубая бездна. /Pe aripile vântului – Унесенные ветром. Il y a là une raison plausible – l’intérêt del’éditeuràvendreseslivresetquisoutientqueletitred’unlivredoitaccrocherlepublic,lelecteur,letitredoitconvaincrelelecteuràacheterlelivre.

La traduction des noms propres. Bien sûr, les noms propres qui nesontpasmotivés (Guţu,Petrov, Ionescuetc.), neprésentent riend’intéressantpour la traduction,car ils transcendentdansla langueciblesansmodification.Leproblèmeseposepour lesnomspropresconnotatifs,passésdans laclassedesnomscommunsetdesnomspropresdescontes(ex.:Făt-Frumos, Ileana Cosânzeana, Flămânzila, Sătilă, Păsări-Lăţ-Lungilă – Prince Charmant, Hélène la Belle, Le Gros Mangeur, Le Gros Buveur, L’Habile-Attrape-Oiseaux etc).

La traduction des jeux de mots. Le jeu demots est une figure de lapenséequi sebase surune cadence rythmique,phoniqueou sémantiquepourmettreenvaleuruntraitdistinctifd’unepersonne,laconfusiond’unesituationcommunicativeetc.

C’estuneallusionplaisantefondéesur l’équivoquedemotsquiontuneressemblancephonétiquemaiscontrastentparlesens.

La base des formes de cette équivoque en est dans la polysémie oul’homonymie.

L’antanaclase - d’après le grec anti signifie «contre» et anaklasis«répercussion»-estunefigurederhétoriquequiconsisteàreprendreunmotdansunephrase,maisavecunsensdifférent.Ex. « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église » ; ou,danslafameusepenséedePascal: « Le coeur a des raisons que la raison ne connaît pas. »

Le pataquès – lamodificationd’uneoudeux lettresdans lemot–ex.:“rénumération” pour “ rémunération” (en roumain “renumeraţie” pour“remuneraţie”; “iconomie” pour “économie” en roumain “iconomie” pour“economie”; Ex.:ChezMolière:- Comment se porte-t-elle?Elle se porte sur ses deux jambes. /-Cumîimaimerge?-Mergepeamîndouăpicioarele.ChezMolière:“…épouser une sotte pour n’être point sot.”

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

traduction:candnuestiprost,oproastăalegeţidenevastă.nousproposons:C-oproastădete-aiînsura,nicicandeanute-a-ncornora.La traduction des tropes et des figures de pensée –par exemple,des

métaphores (par métaphores, par comparaisons, par démétaphorisation), desantithèses (par antithèses, par oxymores, par comparaisons, parmétaphores),dessymboles(pardessymboleséquivalents,pardesmétaphores,parnotesenbasdepages),desmétonymies,descomparaisonsetc.

Traduction des métaphores par métaphores (dans les poèmesd’Eminescu):• râuridelapte rivièresdelait(Isanos)• râuridefoc rivièresdefeu(Miclău)• lună,tu,stăpânamării lune,toi,desmersmaîtresse(Vericeanu)

Traduction des métaphores par comparaisons:• braţeledemarmur commeenmarbreblanclesbras(Isanos)• păruldeaur cheveuxcommel‘or(Isanos)

Traduction des métaphores par la paraphrase:• Codrulbătutdegânduri boisplongédanssespensées(Miclău)• Privazulnegrualvieţii seuilnoirdematristevie(Miclău) Châssisdemaviesombre(Vericeanu)• Alevieţii valuri lavieavecseslarmes(Isanos) Lesflots de la vie(Vericeanu)

La traduction des proverbes, des dictons et des expressions idiomatiques.Commeespècedelacréationfolklorique,leproverbe(la parémie)aétél’objetde nombreusesétudes qui l’ontdécrit,défini, luiontétabliunehistoire,unetypologie,luiontfixéunstatutpoétique.

Malgrélesvariantesrépertoriéesdanslesdictionnaires,la traduction des proverbes dans les œuvres littéraires dans la plupart des cas est un choix délibéré du traducteur qui se base sur l’adaptation à la situation communicationnelle.

Laclassificationlaplustraditionnelledesproverbesestcellethématique,ex.:La logique des actions ,La morale du monde, Les échanges et les biens, La vie quotidienne,Les relations humaines, Les activités psychologiques, Les conditions sociales,La Religion,La communication, Les âges de la vie, La nourriture , Les activités intellectuelles, La guerre,La nature,La justice, Le monde du travail . Ex.:Creangă:Când nu sînt ochi negri, săruţi şi albaştri ;Traducteur: Au royaume des aveugles les borgnes sont rois;Dictionnaire: Quand on n’a ce que l’on aime il faut aimer ce que l’on a.

Creangă:Dacă dai nas lui Ivan, el se suie pe divan;Traducteur :Laisse faire Ivan, il grimpera sur le divan;Dictionnaire: Si vous lui donnez un pied, il en prendra quatre.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

2. Les particularités de la traduction poétique

Lapoésieimposeautraducteur,àpartlescontraintesformellesmentionnées,lacontraintedelarime,duvers,del’euphonie,durythme,toutenparlant,pourlemoment,del’importancedelaformedanslatraductionpoétique.Cesquatreparamètresintroduisentdesrigueursquirendentplusdifficilelatâchedupoète-traducteur,comptetenuaussidelalangueverslaquelleilvaréalisersatraduction.Quant au contenu poétique, celui-ci se prête souvent à des modificationstransformationnellescauséesparlescontraintescitéesplushaut.

Lestransformationsdansdescaspareilsnesontpascontre-indiquées,aucontraire,ellesdoiventêtreopérées,carlebutsuprêmedelatraductionpoétiqueestdesusciter chez le récepteur de la langue cible les mêmes sentiments, les mêmes émotions, provoqués par le poème chez le récepteur dans la langue originale.

Toutconseilpratiqueàproposdessolutionsconcrètesvisantlatraductiondes poèmes perd quasi totalement son importance à cause de l’altérité de latraductiondansl’espaceetdansletemps.Il n’y a pas qu’une traduction, il y en a une multitude.Cetaxiomeestsurtoutvalablepourlatraductiondespoésies.

Pourtraduiredespoésiesdeuxpossibilitésseprésentent:1)un poète fait la mise en vers d’une traduction fidèleeffectuéeparun

traducteur;2)le traducteur est lui-même poète.De nos jours une troisième variante se dessine – l’appropriation de la

poésie par le poète traducteur.

Devoir:

• Dissertation:Si je compare la traduction de la prose avec celle de la poésie je découvre que…

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

CONFÉRENCE 8

Les problèmes empiriques de la traduction

Questions à discuter:

1. La traduction des pièces de théâtre, le doublage des films, le sous-titrage.2. La traduction des films pour les aveugles.3. La traduction des messages publicitaires. Sources:

1. Cary,E.Commentfaut-iltraduire?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

2. GuţuA. Certains problèmes de théorie, empirisme et didactique deslangues.Chişinau,2005.

3. GuidèreM.Publicitéet traduction,L’Harmattan,Condé-surNoireau,2000.

4. MeschonnicH.Poétiquedutraduire.Paris,1999.5. PeetersJ.Latraduction:Delathéorieàlapratiqueetretour,Presses

UniversitairesdeRennes,Haute-Bretagne,2006.6. RicoeurP.Surlatraduction,Bayard,Paris,2004.7. http://www.erudit.org/revue/ttr/2001/v14/n1/000531ar.html8. http://www.geocities.com/Eureka/Office/1936/audio4.html

1. La traduction des pièces de théâtre, le doublage des films, le sous-titrage.

Les pièces de théâtre–comédies,tragédies,drames–représententunautregenrelittérairequi imposesesloisà latraduction. Letraducteurdoitprendreconsciencedufaitquesonproduitserajouéparunacteursurlascènedevantunpublic-récepteur,c’est-à-dire, la gestualité, la mimique, le ton (moyensdecommunicationnon-verbale)-serontlescomplicesfidèlesetlesassistantsdutraducteur.

Lesdifficultés lespluspertinentesdanscetteactivitésont: la traduction des jeux de mots, des calambours; la traduction de la satyre et du comique; des noms propres connotatifs; des vers; des ambiguïtés voulues.

Le doublage des films (substitutif et parallèle)–estuneactivitéspécifiquequi suppose: la recherche (par le traducteur opérateur) d’une conformité équilibrée entre les mouvements labiaux des acteurs qui parlent la langue originale et l’aspect phonique des répliques dans la langue cible.

Cetteconformiténedoitpassacrifierlecontenu/lesensdesrépliquesauprofitdelaformevisuelle.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Ilexisteundoublageparticulier–celuidela traductiondes films pour les aveugles(sonorisationdesimagesdufilmentrelesrépliquesdespersonnages).Cetteactivités’appelleaussitraduction.

Le sous-titrage des films ou des émissions implique également desspécificitésdel’activitétraduisante:raccordementdesséquencesécritesaudébitdesrépliquesdespersonnages,faitquisupposeuncertainsacrificeducontenuauprofitdelavitessedessous-titresquidoitconcorderaveclavitessedelalectureetdelacompréhensiondurécepteur-téléspectateur.

2. La traduction des films pour les aveugles

Importance du groupe cibléSelon les fédérationsd’aveuglesetdemal-voyants, près de 6 millions

de personnes en Europe souffrent de handicaps visuels importants lesempêchant de suivre les programmes télévisés ou d’utiliser d’autres moyensaudiovisuels (s’y ajoute nombre de personnes âgées). Il existe en France 1million de personnes aveugles etmal-voyantes alors qu’ils seraient environs650.000enAllemagne.

De l’histoire de l’audiovisionCeprocédédedescriptiondesimagesestapparupourlapremièrefoisaux

Etats-Unis de l’Amerique en 1975grâceàAugust Coppola,frèreducélèbreréalisateurFrancisFordCoppola,etDoyendeL’UniversitédeSanFrancisco.IlaétéimplantéenFranceparL’АssociationValentinHaüy.

AudiovisionLeprocédéaudiovision«entendrepourvoir»estunedescriptionenvoix

offdel’essentieldel’image(décor,paysage,action)quipermetauxaveuglesdesuivreledéroulementdufilmgrâceaupouvoirdesmotsetdel’imagination.

But:permettreauxaveuglesetmal-voyantsdesuivrefacilementunfilmsansêtretributairesdesexplicationsd’unetiercepersonne.

Le principe est simple: lors des moments sans dialogues ni bruits unevoix décrit aux spectateurs tout ce qui est inaccessible aux déficients visuels(mimiques,expressionscorporellesmouvements,costumes,lumières,décors…).Cettedescriptionnedoitabsolumentpasempiétersurlesdialoguesetleseffetssonoresafinquel’intégralitédusondufilmsoitperçuepar l’auditeuraveugleoumal-voyant.Cettedescriptionestunsupportverbalquipermetd’imaginerlesimages.

Laméthodepasseparquatreétapesessentielles:• L’analyse du message ;• Le sens du message ;• Le choix des éléments pertinents à décrire pour être fidèle au sens ;• La ré-expression, c’est-à-dire l’élaboration du texte descriptif.

Cette dernière opération suppose certaines contraintes qu’il est impératif de

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

respecter:• Laclartédel’expression:travailsurlalangue;• Laconclusion:élémentessentielàl’efficacitédudiscours;• Laprécisionterminologique:résultanted’unerecherchedocumentaire

approfondieetd’uneexploitationlexicalerigoureuse.Trois problèmes fondamentaux se posent dans le transfert linguistique

audiovisuel:• La relation entre images, sons et paroles ;• La relation entre la langue étrangère et langue d’arrivée ;• La relation entre code oral et code écrit.

Le traducteur d’image ou le descripteur Fonctions

Ildécritunfilmc’est-à-diredonneaccèsaudéroulementdel’action,au caractèredespersonnages, définit les lieux, les situations et exprimeaussil’humeur et le mouvement de l’œuvre. Au delà de l’explicite il fait passerl’implicite(exprimelachargeémotionnellevoulueparl’auteuretlesacteurs).Lerôledudescripteurestdebienpermettreaurécepteuraveugled’éprouverlesmêmessensationsetémotionsquelespectateurvoyant.Pouryparvenir,ildoitresterobjectifetsegarderdeprojetersesémotionspropres.Le procédé de description des images

Cesontdesprofessionnelsquiréalisentlesdescriptions,uneéquiped’unedizainedetraducteursd’imageintermittentsetdeuxtechniciens.EnAllemagne,uneéquipedetraducteursd’imageestcomposéede2voyantsetd’unaveugle,enFrancede2voyantsettestéeensuitepardesaveugles.Ladescriptiondufilmestfaiteàdeuxvoix,masculineetfémininepouréviterlamonotoniemaisaussipourmarquerleschangementsdelieuxetd’action.Lestraducteurssontchargésderepéreretminuterlesblancs,derédigerlescommentairesetdelesenregistreravantqu’ilssoientmixésàlabandeson.Leprocédéexigelepré-enregistrementde ladescription surunebande–son séparéequi est ensuite synchroniséeà labande sondufilm.Durée totalede l’opération - entre4 jours etune semaineparfilmpouruncoûtcompris entre4.600et9.200€.Unfilmde90minutesestdécritenunedizainedejours.Uneminutedefilmexigeuntravaild’uneheure.

Aspect techniqueLorsdelaprojectiondufilmdanslasalledecinéma,lespectateuraveugleoumal-voyantestéquipéd’uncasqueàinfrarougeafindesuivreentouteautonomielefilmencompagniedesspectateursvoyants.Evolution

Al’origine,laprojectionensalles’effectuaiten35mmdoublebande,cequiimposaitunmatérielimportantetpeumobileetuncoûtélevé.Dorénavant,lavidéo-projectionetladiffusioninfrarougerépondentàtroisexigences:

• Coût d'équipement réduit, mais fiabilité maximum ;

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

• Facilité et rapidité d’installation ;• Volume réduit et transport facile du matériel.Statistiques en France

Acejour,unecentainedefilms ontétéadaptés,ainsiqu’unecentainedepiècesdethéâtre.Neuftraducteursd’imagetraduisentenviron45filmsparan.Parmilesfilmsenaudiovisiononpeutciter:Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Les Enfants du Paradis, La Vie est Belle, La Vie est un Long Fleuve Tranquille, Marius et Jeannette, La Guerre du Feu, Le Bouquet de Jeanne Labrune, Les Visiteurs, Tanguy etc. Plus de 45.000 spectateurs aveugles ontassistéàuneséancedecinéma.

3. La traduction des messages publicitaires

Le message publicitaire est une formule linguistique de structure diverse qui accompagne une image (dans les revues), un spot video (à la télé ou au cinéma), une séquence radio, ayant le but de persuader le consommateur à acheter tel ou tel produit ou service.

Endépendancedugenredesproduits(deconsommation courante–produitsalimentaires,vêtements-oudeluxe–automobiles,meubles,parfums,bijoux)lemessagepublicitairepeutêtreneutre(Ex.:Ils se cachèrent dans un bois et eurent plein de Ioplait avec des fruits des bois (Ioplait)) oustylistiquement marqué (un jeune homme en habit de marié attend sa promise près de sa moto : « Epousez-la pour retrouver la liberté »).

Suivantlamorphologiedesélémentsconstitutifsdumessagepublicitaire,différentes formules se présentent: V+N, V+V+V…, Adj.+Adj., N+Adj.,Adv. etc. (Vision crystalline,Mon parfum,Vivre sans stress,Me dévoiler; me retrouver; m’évader; m’affirmer (Barbara. Paris), Irisés ... impalpables; Satinés ... séducteurs; Nacrés ... (Pastels), Irrésistiblement (Saint Laurent).

Lesmessagespublicitairespeuventêtresuggestifsounon-suggestifs.Lesmessages suggestifs sont ceux dont le contenu, sans avoir l’image,

indiqueouappelleleproduitréclamé,ex.:Clarins, la beauté que vous aimez; Le premier parfum de Lolita Lempiska; Elle confie plus de choses à son sac Longchamp qu’à sa meilleure amie (Longchamp. Paris)etc.Unegrandepartiedesmessagespublicitairessuggestifsnecontiennentquelenomdelamarque:Dior, Channel, Nina Ricci, Kenzo, Pacco Rabanneetc.

Assezsouventlemessagepublicitairequiaccompagnelespotvidéoouuneimagedanslarevue,n’est pas suggestifs’ilestpristoutseul,horsducontextesémiotique(signalenimages,couleursetc).Ex:un jeune homme en habit de marié attend sa promise près de sa moto : « Epousez-la pour retrouver la liberté»; La liberté finira un jour par aller à tout le monde (Levi’s); Irrésistiblement (Saint Laurent).

D’ici on tire la conclusion que dans la plupart des cas des messages

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

publicitaires stylistiquement marqués l’information publicitaire forme une symbiose harmonieuse, une entité synergique avec les composantes sémiotiques: son, images, musique, films etc.

La traductiondesmessagespublicitaires souvent ressembleplutôtàunerécréationdecemessagedanslalanguecible,carunetraductionlittéraleoutropfidèlefaitperdrelamarcationstylistiqueouledoublesensdujeudemots.:

Ex.:«on n’est bien que dans son Lee»-?...»CuLeeînstradăşi…acasăînpat!

Ex.detraductionnon-adéquate:Если кофе – то Голден Игл – Dacă cafea – atunci Golden Eagle. Пользуйся жизнью! – Foloseşte-ţi viaţa! Variantesproposées:Doar cafeaua Golden Eagle… Trăieşte-ţi viaţa! ou Bucură-te de viaţă!

Contraintes des spots publicitaires :• Lapubliciténedoitjamaisêtretrompeuse;• Lapublicitéd’unnouveauproduitnesefaitpasaudétrimentd’unautre

produitconcret;• Lespotvidéonedevraitdurerque20-30secondes;• Lespotvidéonedoitpasutiliserdesgensmaladesdanssonscénario.

Classification des spots publicitaires vidéo• Les spots historiettes(ayantundébut,uneintrigueetlafinincitativeà

acheterleproduit);• Les spots images-de-marques(Gucci,PaccoRabanneetc.);• Les spots en épisodes(échelonnementducontenuduspotenplusieurs

épisodes–danslecasdulancementd’unproduitnouveau).Entraduisantlesmessagespublicitairesilfauttenircomptedescontraintes

suivantes:1) le genre du produit qu’on réclame; 2) la marcation stylistique du message qui doit être rendue fidèlement dans la langue cible (métaphore par métaphore ou comparaison, symbole par symbole etc.); 3) le public visé (adultes, enfants, étudiants, jeunes, lycéens etc.).

Devoir:

• Dissertation: Laquelle des traductions susmentionnées est plus intéressante pour moi et pourquoi?

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

CONFÉRENCE 9

Questions à discuter:

1. La traduction juridique: fondement épistémologique.2. La spécificité des textes juridiques et les particularités de leur traduction. 3. La traduction juridique entre interprétation et responsabilités professionnelles. Sources :

1. ReedD.ProblèmesdelatraductionjuridiqueauQuébec.In:Meta, vol.24,no1,mars1979.

2. GémarJ.-C.Traduireoul’artd’interpréter.Ottawa,1995.3. LegaultG.A. Fonctionsetstructuredulangagejuridique.In:Meta ,

1979.4. Langagedudroitettraduction:Essaisdejurilinguistique:TheLanguage

oftheLawandTranslation:EssaysonJurilinguistics,collectifréalisésousladirectiondeJean-ClaudeGémar,Montréal,Linguatech,1982.

5. http://www.geocities.com/Eureka/office/1936/juri5.html(3)6. http://www.theses.ulaval.ca/2003/21362/21362.html7. http://www.geocities.com/Eureka/office/1936/juri1.html(1)8. http://www.geocities.com/Eureka/office/1936/juri4.html(2)

Selon Yon Maley « La plus grande partie du droit est rélisée par l’intermédiaire de la langue. La langue est le milieu, le produit dans les diverses arènes du droit».

1. La traduction juridique: fondement épistémologique.

Latraductionjuridiqueposedesproblèmesquiluisontpropres.Onpeutcertainementaffirmerlamêmechosed’autresdomainesdetraduction.Toutefois,la traductiondans le domainedudroit présente des caractéristiques qu’aucunautredomainedespécialiténeprésente,etce,enraisondesélémentssociaux,linguistiques,culturels,méthodologiquesetnotionnelsquiinterviennentdanscedomaine.

Ledroit étantunphénomènesocial, leproduitd’uneculture, il acquiertdans chaque société un caractère unique. Comme nous le verrons plus tard,chaquesociétéorganisesondroitousonsystèmejuridiqueselonlaconceptionqu’elleenaetselonlastructurequ’elleveutsedonner.Decefait,lediscoursdudroitestporteurd’unedimensionculturellequisereflètenonseulementdansles

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motsoulestermespropresàunsystèmejuridique,maisaussidanslafaçondelesexprimer.

Lalanguedudroitprésenteégalementleparadoxed’avoirétésoigneusementfaçonnée,maisd’êtrehermétiqueetambiguë.Gémardit:« Les juristes pratiquent un discours souvent obscur et tortueux à souhait, et cela dans la plupart des langues véhiculaires, en Occident tout au moins ».

Lescaractéristiquescitéesplushautconstituentdespiègesquijonchentleparcoursdutraducteur.Aussiletraducteurdetextesjuridiquesdoit-ilposséder:uneformationluipermettantd’évitercespiègesetdelivrerunproduitquipuissesatisfaire aux attentes de son donneur d’ouvrage. Cette formation doit êtred’autantplusintégralequeledroitintervientdanspresquetouslesaspectsdelavieensociété.

Nombreux sont les théoriciens qui ont contribué à élaborer le dispositifthéorique et pratique de la traduction juridique en abordant divers problèmesou aspects de celle-ci. Parmi eux, on trouvedes juristes, des traducteurs, deslinguistesetdesjurilinguistes.

L’élaborationdecedispositifthéoriqueetpratiquedelatraductionjuridiqueabénéficiédes travauxde recherche effectués enEurope et auCanada, entreautres.

Parmicesthéoricienscitons:Gérard-RenédeGroot, juristecomparatistedel’UniversitédeLimburg,Maastricht(Pays-Bas),RodolfoSacco,professeuràl’UniversitédeTurin(Italie),GérardCornu,professeuràl’UniversitédeDroit,d’EconomieetdeSciencesSocialesdeParis(ParisII),PierreLerat,agrégédegrammaireàl’UniversitédeParisXIII,EmmanuelDidier,avocatdesbarreauxduQuébecetdeNewYork,Jean-ClaudeGémar,MichelSparer.

Les difficultés de la traduction juridique, selon Gémar, procèdentfondamentalementducaractèrecontraignantdutextejuridique.Cecaractèreluiestattribuéparlanormededroit.

Lesélémentsd’analysedel’épistémologiedeGémarsont:1. lecaractèrenormatifoucontraignantdutextejuridique;2. lediscours(oulangage)dudroit;3.ladiversitésociopolitiquedessystèmesjuridiques;4. leproblèmedeladocumentationjuridique;5. l’approchepluridisciplinairedelatraductionjuridique.

2. La spécificité des textes juridiques et les particularités de leur traduction.

Définir la langue du droit comme une façon particulière de s’exprimerimplique qu’elle comporte des éléments de la langue courante et des élémentsquiluisontétrangers.Cettecombinaisond’élémentsestcequeSouriouxetLeratappellentlecaractère compositedulangagejuridique.

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Laterminologiejuridiquesecaractériseaussiparunegrandepolysémie.Cettecaractéristiquedulangagedudroitobéitàdesraisonshistoriques,c’est-

à-direaudéveloppementdudroitdansletemps,auxinstitutionsetauxpersonnesquiontcontribuéàlemodeler.

Ledroitreflètelesbesoinsd’unesociétédansletemps;parconséquent,lesensdestermespeutvarierselonlecontexteetlesépoques.

Le plan lexical de la langue du droit pose un haut degré de difficulté autraducteur.Lanomenclaturedudroitsedistingueparsoncaractèreincertainquidécoule,selonGémar,ducaractèrefloudesesconcepts.

Lalanguedudroitestunelanguetrèsancienneetelleporteencorel’héritageterminologique de langues comme le latin et le grec. Les expressions et lestermeslatins,parexemple,fontpartieintégrantedudroit.Lalanguejuridiqueenfrançaisdoitau latindes termescommeconstitution, législateur, régime, acte, adjudication, hypothèque, cession, clause etc.

Ladiversitédessystèmesjuridiquesenprésenceconstitue«laseulevraiegrandedifficulté»delatraductionjuridique.Ledroitestélaboréparunesociétéspécifique,pourcettesociété,etilrépondauxbesoinsmêmesdecettesociété.

Ilexistedeuxsystemsdedroit:anglo-saxon et continental.Ledroitanglo-saxonn’estpascodifié(lesEtats-UnisfontexceptionavecleurConstitution).Ledroitcontinentalestcodifié.

Latraductiondetermesappartenantàdessystèmesjuridiquessimilaires,neposepasdeproblème,car lesconnotationssontparallèles,mêmesi les languesenquestionseressemblentpeu.Ceseraitlecasdelatraductiondedocumentsdufrançaisverslenéerlandais.

Lesdifficultésdetraductionsontplusgrandeslorsquel’ontraduitdestextesissusdesystèmestrèsdifférentsversdeslanguesquisontégalementtrèsdifférentesdelalanguededépart.

Enfin, la traduction est également difficile lorsqu’elle se fait entre dessystèmesjuridiquesdivergents,mêmesileslanguessontrapprochées.

Latraductiondetextesdel’allemandverslenéerlandaisseraitunexempledecetypededifficulté.

Lestypesdetextesjuridiquesdécoulentdesbranchesdudroit–droitprivé,droitpublic,droitinternational,droitdutravail,droitdelafamille,droiteuropéen,droitécologiqueetc.

Danslecadredechaquebranchededroitondistinguedifférents typesdedocuments juridiques, car le droit est lemoyenque les sociétésadoptentpourréglerlesrapportsentrelesindividus.

Lerèglementdecesrapportsproduitdestextestelsque:1. deslois;2. desjugements;3. desaccords;4. descontrats;5. destestamentsetautres.

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J.-C.Gémar regroupe les divers textes juridiques en trois catégories, àsavoir:

1)lesactesd’intérêtpublictelsquelesloisetlesréglements,lesjugementsetlesactesdeprocédure;

2)lesactesd’intérêtprivételsquelescontrats,lesformulesadministrativesoucommerciales,lestestamentsetlesconventionscollectives;

3)lestextesdeladoctrine.Bienquetouscestextesappartiennentaudomainejuridique,ilspossèdent

descaractéristiquesparfoisfortdifférentes,quantàleurformeetàleurcontenu.Lescaractéristiquespropresàchaquetypedetexteposentautraducteurdes

contraintesd’importancediverses.Cescontraintesserapportentàl’interprétationdusensdel’originaletauxchoixdesressourceslinguistiquespourlaréexpressiondecesens.

Sous-jacente à cette contrainte se trouve la notion de responsabilité du traducteur.

Gémar reconnaît également trois types de responsabilité au traducteur,à savoir, l’obligation des moyens , l’obligation de résultat et l’obligation de garantie.

Dans lepremiercas, ilentend ledevoirque le traducteurad’utiliseraumaximum, et non en partie seulement, les ressources presque illimitées de lalangue.

Dans le deuxième cas, il fait référence à la réexpression du contenujuridiquedutextededépart.

Dansletroisièmecas,ilestquestionduplushautdegrédefiabilitéd’unetraduction.

Gémarattribueau traducteurunniveaudifférentde responsabilité selonquecedernier traduitundocumentdupremier,dudeuxièmeoudu troisièmegroupeci-dessus.Ainsi,laresponsabilitédutraducteurd’actesd’intérêtpublicnesesitueraitpasaumêmeniveau(surlesplansprofessionnel,social,politiqueetéthique)quecelledutraducteurdedocumentsàusageinterneouprivé,telsquedestestamentsoudesconventionscollectives.

Dansuncadreoùlatraductiondoitsurmonterlescontrainteslinguistiqueset juridiques causées par la présence de systèmes juridiques différents, letraducteurarecoursàdesoutilsouàdesmoyensluipermettantdes’acquitterdesatâche.Leproblèmeestdesavoiroùtrouvercesmoyens,etparoùcommencerlarecherchedocumentaire.

Gémar suggère un cheminement de recherche documentaire en troisétapes:

1. La lecture et l’analyse du texte ;2. Le relevé des termes et notions inconnus ;3. La recherche des équivalents.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Lesoutilsméthodologiquespour la traduction juridiquesont lessourceslexicographiques.Mais,aulieud’userdedictionnairesbilinguesoumultilingues,les spécialistes recommandent l’utilisation des encyclopédies juridiquesunilinguestantdanslalanguededépart,quedanslalangued’arrivée.

Ilexistetroiscatégoriesdesources:1.lessourcesditesnormatives;2.lessourcessecondaires;3.lessourcesvariées.Les sources normativescomprennentlestextesprovenantdelalégislation

-sourcededroitparexcellencetantencommonlawqu’endroitcivil(leslois,lesrèglements,lesdécrets,etc.).Ellesincluentaussilestextesdejurisprudence-sourceprincipalededroitencommonlaw-quiconstituentunesourcefiablededocumentationpourletraducteur.

Parmi les sources secondaires, c’est-à-dire les sources de droit moinscontraignantes,onmentionnelesdocumentsprovenantde lacoutumeetde ladoctrine,lesrépertoires,leslexiques,lesvocabulairesunilingues,bilinguesoumultilingues,lescontratstypes,etc.

Letraducteurdoitégalementconsulterdes sources variéestellesquedesactesnotariés,descontrats,desformulairestypes,desprocès-verbauxd’audience,etc.

3. La traduction juridique entre interprétation et responsabilités professionnelles.

Laréflexionsurl’appréhensiondusensdutextejuridiqueviseàcompléternotre analyse des compétences du traducteur. En raison des caractéristiqueslinguistiquesdestextesàteneurjuridique,etnotammentdestextesdeloi,ilestsouventdifficiledesaisirlesensdecestextes.Celapeutexpliquerquenombredetraducteurscollentautextededépart,cequidonnecommerésultatuntextedont l’expression est plutôt limitée, les ressources de la langue d’arrivée n’yétantpaspleinementutilisées.Lesoucidefidélitéautextededépartestsouventinvoquépourjustifierdestraductionsquirestentfidèlesauxmots.

J.-C.Gémarsuggèrequeletextejuridiquetraduitdoitrefléterfidèlementlalettre,c’est-à-direlecontenu(ledroit)etl’espritdutextededépart,c’est-à-direlecontenant(lalanguequil’exprime).

Pour traduire un texte juridique, comprendre soi-même ne suffit pas. Ilfautfaire comprendre.L’opérationtraduisantesescindepardéfinitionendeuxparties,celledel’appréhensiondusens,etcelledesonexpression.Danscettedeuxième phase le traducteur s’exprime, il parle comme l’auteur avant lui etcommetousceuxquis’exprimentdansleurlangue.Mais s’exprimerneveutpastoujoursdirese faire comprendre.

L’approche interprétative du texte proposée par Gémar repose sur le

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principe selon lequel le traducteur doit réexprimer, dans la langue et le système juridique d’arrivée, le sens qu’il aura dégagé de la langue et du système juridique de départ.

Pourqueletraducteurréussisseàdégagerlesensleplusjustementpossible,Gémarsuggèreuneanalysedutextesur lescinqplanssuivants :sémantique, syntaxique, grammatical, lexical et stylistique.

Phénomènes lexicaux dans la terminologie juridiqueLes termes juridiques peuvent etre simples ou compoosés.Termes = Mots simples:abstention (reţinere); abus (abuz); acte (act); adhésion (aderare); adresse(domiciliu);adjudication(adjudecare);codébiteur(codebitor).

Dans ce contexte il est à mentionner le fait qu’il existe des cas où le terme français est un mot simple alors que la variante roumaine atteste une prolifération structurelle.

aliments(N)–pensiealimentară(N+adj)acquêt(N)–bunachiziţionat(N+V)apériteur(N)–asiguratorprincipal(N+adj)bail(N)–contractdeinchiriere(N+prép.+N)consultation(N)–consultjuridic(N+adj.)mainlevée(N)–ridicareasechestrului(N+N)minute(N)–actoriginal(N+adj.)

Mots composés:auditeurdejustice–viitor magistru ;avocatgénéral–magistru Parchetului;aveujudiciaire–mărturisire, declaraţie ;billetàordre–bilet la ordin ;délaicongé–preaviz ;déléguédupersonnel–împuternicit ;charte–partie–contract de navlosire ;

Souvent la traduction des termes juridiques est rendue par tout une phrase, une explication ou même une définition :

accordéon–efectuareasuccesivăadouăoperaţiunidesenscontrar;anatocisme–transformareadobânzilorîncapital;avenant–actadiţionallaopoliţădeasigurare;dedit – penalitate prevăzută într-un contract pentru acea parte care nu îlaplică;antichrèse–uzufructulunuiimobilcedatdecătredebitor.

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Locutions et expressions La terminologie juridiqueabondeen locutionsetexpressions latinesqui

ont gardé leurs formes initiales:de facto, l’opposant c’est de jure, syn: deplano-Exemple : Les intérêts de retard sont dus « de plano » par le débiteur qui est mis en demeure de payer ;de cujus-expressionlatinedontlaformuleentièreest«Is de cujus successione agitur»;ad probationem,de lege ouex lege,sontdesformuleslatinesquisignifienten vertu de la loi.Ex. :L’obligation faite au débiteur de payer des intérêts de retard lorsqu’il est mis en demeure est une obligation de lege;extra petita -estuneexpressionlatine,aveclemêmesensqueultra petita;pretium doloris;ad litem.

L’étymologie des termes juridiques Lalanguejuridiqueenfrançaisdoitau latindestermescomme:constitution,

législateur, régime, acte, acceptation, clause, conditionetbeaucoupd’autres.Termesprovenantdel’ancien français–dommage (pagubă) ; abandon ;

échange ; gardeetc.L’anglaisadéléguédestermescommebudget, comité, leasing factoring,

holding, lock-out.Enfinle grecaléguédestermesayanttraitauxinstitutions,parexemple:

démocratie, monarchie, oligarchie, politique, théocratie.

Hypéronymie - Hyponymie

L’hyponyme est un autre phénomène d’ordre sémantique propre aux termes juridiques. Un grand nombre de termes juridiques attestent un degré avancé d’hyponymie. Voici quelques exemples :

Action (enroumain:procedură, instanţă)actiondecommerce(procedură de comerţ)actiondirecte(acţiune directă)actionoblique(acţiune oblică)actionpaulienne(acţiune pauliană)actionpossessoire(acţiune posesorie)Acte (enroumain:act)actedecommerce(act de comerţ)acteauthentique(act autentic)actesousseingprivé(act sub semnătură privată)actedeprocédure(act de procedură)acted’execution(act de execuţie)actejuridiquecivil(act juridic civil)

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Amende(enroumain:amendă)amendejudiciaire(amendă juridică)amendepénale(amendă penală)amendecivile(amendă civilă)

Le lexique juridique atteste un grand degré de synonymie terminologique. Parexemple:

accès à la justice et au droit-syn:aide juridique, aide juridictionnelle, assistance juridique;

ayant cause–syn:ayant droit, auteur;cas fortuit –syn:force majeure,fortuit;clause compromissoire–syn:arbitrage, compromis;consanguin–syn:utérin,germain ;conférence –syn:mise en état;crédit bail – syn:leasing ;

citation–syn:ajournement, assignation;

La déviation notionnelleC’est le phénomène de glissement de référent dû à un greffage de sens

terminologiquecomplémentaireàceluid’originelatine.Souvent, chez les traducteurs de textes de droit moins compétents,

le phénomène de déviation notionnelle peut mener aux «faux amis dutraducteur»

Acceptation - en roumain: acceptare. Mais il s’agit dans le langagejuridiqued’unconsentement formel. Parmi les termes juridiques roumains onn’attestepasuntelmot«acceptare».

Absorption –enrouamain:absorbţie.Enroumainletermetientdetoutunautredomaine.Ilnesemariepointavecle termejuridiquefrançais.Aprèsavoiranalysétantlelexiquefrançaisqueceluiroumain,nousproposonsentantqu’équivalentletermefuziune.

Dispositif –enroumain:dispozitiv.Letermeestprésentdanslelangagejuridique français, mais l’équivalent roumain tient d’un autre domaine et,notamment,celuitechnique.

Devoir:

• Dissertation:Un traducteur de texte juridique doit etre plutôt un langagier ou un juriste? Motivez votre opinion.

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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CONFÉRENCE 10

Questions à discuter:

1.La traduction spécialisée. 2. Les particularités de la traduction des textes techniques. 3. Les particularités de traduction des textes des sciences humaines.

Sources:

1. BallardM.Europeettraduction,ArtoisPressesUniversité,Arras,1998.

2. CabréM.T.Laterminologie.Théorie,méthodeetapplications.TraduitducatalanetadaptéparMoniqueCormieretJohnHumbley.Ottawa,ArmandCollin,1998.

3. GouadecD.Terminologieetterminotique,outils,modèlesetméthodes,1992.

4. GuidèreM.Publicitéettraduction,L’Harmattan,Condé-surNoireau,2000.

5. Guţu A. A propos de l’organisation de la terminologie lingustiquefrançaise. //La linguistique entre la recherche et application. ActesduColloqueInternationalorganiséà l’occasionduXL-eanniversairedu Département de Philologie Française «Grigore Cincilei», 18-19 novembre 2005, Chişinau. Materialele colocviului internaţionalconsacrataniversăriide40deaniaiCatedreiFilologiefranceză,USM.2005.

6. GuţuA.Lacomplexitédesrapportssémantiquesdanslaterminologietechnico-scientifique française. Atelier de traduction No4. Revuesemestrielle,EdituraUniversităţiiSuceava,2005.

7. Guţu A. Sinonimia în terminologia tehnico-ştiinţifică franceză.//Symposiaprofessorum.Seriafilologie,ULIM,2006.

8. Guţu A. Unele aspecte ale ierarhizării terminologiilor ştiinţificefranceze:sistemullimbiişithesaurusul,Sistemulterminologicşicâmpulterminologic.//Revistădeştiiţesocio-umane.UPS,”I.Creangă”,No2,2006.

9. GuţuA.Uneleaspectesemioticealenominaţieiterminologice.AnaleleştiinţificeULIM,Seriafilologie,2005.

10. L’HommeM.-C. Laterminologie:principesettechniques,Pressesdel’UniversitédeMontréal,Canada,2004.

11. Maingueneau D. Les termes clés de l’analyse du discours, Paris,Seuil,1996.

12. RondeauG.Introductionàlaterminologie.Montréal,PU,1980.

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1. La traduction spécialisée

Latraductionspécialiséeestopposéed’unecertainemanièreàlatraductionlittéraire.

Latraductionspécialiséediteencorelatraductionprofessionnelle,envisageladiffusiondusavoirscientifiquedanslesdifférentsdomainesdel’activitésocio-humaine:économie,technique,droit,informatique,médecine,chimieetc.

Latraductionspécialiséeestplusrépanduequelatraductionlittéraire,lestraducteursprofessionnelssontplusnombreuxquelestraducteurslittéraires.

Latraductionspécialiséepeutenvisagerquelquestypesdetextes,selonledegrédecomplexitéetdefonctionnalité:Textes scientifiques (thèses,articles,monographies,traitésetc.);Textes fonctionnels (lettres d’affaires, contrats, documents descriptifs,règlementsetc.);Textes utilitaires (modes d’emploi – techniques ou pharmaceutiques,recommandations,recettesdecuisineetc.).

2. Les particularités de la traduction des textes techniques.

Lestextestechniquesdanslesensstrictdumotsontdesentitéssémantiquesquiréfèrentàlaréalitéobjectiveetn’ontpaslebut,àl’instardestexteslittéraires,deséduire,d’impressionneresthétiquement.

Le texte technique est complètement dénotatif et dépourvu de touteconnotation.

Autreparticularitédutextetechniquefonctionnelouutilitairec’estqu’ilneseprésentepascommeleproduitd’un«auteur».

Ilsemblebienplutôtémanerdirectementdelaréalitétechnique,avoirétédictéparuneformedelogiqueuniverselle,sansavoirtransitéparunequelconquesubjectivité.

La plupart des autres textes scientifiques laissent entendre une voix,entrevoirunprincipehumainàleurorigine.

Letextetechniquetraduitaunefonctionassimilableàcelledel’original.Cesontlesmêmesinformationsqu’ilviseàtransmettre,pourpermettred’exécuterlesmêmesgestesetdemeneràbienlesmêmesopérations.Toutcommel’original,il se destine avant tout à un«utilisateur» et se caractérisepar sanécessaireimmédiatetéavecla«réalité».

Le texte traduit entretient un rapport tout à fait paradoxal avec le texteoriginal.Commesoncentredegravitésesitueenquelquesorteendehorsdelalangue,danslaseule«réalitétechnique»,letraducteurpeut,sicelle-cil’exige,s’écarterlibrementdu«dire»del’original,sansmêmenécessairementchercheràs’appuyersurle«vouloirdire»del’auteur:ildoitcommuniquercequeletexte«devraitdire»pourresterenadéquationavecsaportéeextralinguistique

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

(technique).Àl’ordinaire,l’originalaunevaleurabsolueetletextetraduitaunevaleur

relative.Danslecadredela traductiontechniqueseul lemondeextralinguistique

aunevaleurabsolue,celledel’originalcommedesatraductionrestantentouttemps relative. Aussi le principe de lafidélité à l’égardde l’original y est-ilatténué:sil’originalestmalrédigéous’ilcomportedeserreurs,letraducteuratoutelatitudepourintervenirpourréorganiserlaformeetcorrigerlesens.Àtitred’exemple,ilimportepeuquelatraductiond’unmoded’emploiemboîtelepasautexteoriginal.S’ils’agitdemonterunebibliothèque,l’essentielestquelelecteurreçoivedesinformationscorrectes,clairesetprécises.Enfindecompte,laqualitédutravaildutraducteurnesemesurerapasàsafidélitéàl’égarddel’original,mais bien plutôt au temps quemettra l’utilisateur pour exécuter lemontage.

Leprocessusdetraductiontechniquesecaractériseparuncalibragerépétédesincertitudes.

Dans la phase de sémasiologie (la forme), le traducteur doit:-définirsesincertitudes(carc’estàcetteseuleconditionqu’ilpourralesgérer);-déterminerleniveaudecompréhensionquiluiestnécessaire(iln’aparexemplepasbesoindecomprendrelefonctionnementdutubecathodiqueduseulfaitquelemottélévisionfiguredansuntexte);-procéderaurepéragedesunitéssémantiquesetterminologiques;-entreprendrelesrecherchesterminologiquesetdocumentairesquis’imposentpourleverlesincertitudes;-contrôlerlacohérence(internecommeexterne)delacompréhensiondutexteoriginal(contrôledescohérencesinterneetexterne).

Dans la phase d’onomasiologie (le sens), le traducteur doit :-déterminerledegrédeprécisionquerequiertledestinataire;- trouver la terminologieadéquatepour restituer (oudumoins transmettre) lesens;-opterpouruneformeadéquate(univoque,claireetconcise);- contrôler le sens (contrôle de la cohérence, tant interne qu’externe du textetraduit)etlaforme(contrôleorthographique,syntaxiqueetterminologique).

Le traducteur technique cherche d’abord à extraire tous les élémentsd’informationquerecèlel’original.Ilsolliciteaussisesconnaissancesgénéraleset spécialisées, de même que son savoir terminologique. Si ceux-ci sontinsuffisants,ilentreprenddesrecherchesdocumentairesetterminologiques.

Àceteffet,ils’adresseàdesspécialistesouconsultedesencyclopédies,desglossairesetd’autresouvragesderéférence.

Ladifficultépremièredelatraductiontechniquerésideenfaitsouventdansl’identificationdestermes,qu’ilfautnécessairementrepéreravantd’entreprendrederésoudrelesproblèmesqu’ilsentraînent.

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Silescomposéssavantsformésàpartirderacinesgrecquesoulatinessontrelativement faciles à reconnaître, les termes syntagmatiques, plus fréquentsdufaitdeleurflexibilitéformelleetsémantiqueetdeleurproductivitéposentdavantagededifficultés.

Deplus,certainsmotsdulexiquegénéralpeuventprendreuneacceptionparticulière en langue spécialisée. Ex: souris, puce, bouton – terminologieinformatique.

L’hypéronymie /l’hyponymie estun relation logique-sémantiquequico-rapportelanotiongénériqueàlanotiondérivée.L’hypéronymieestlargementrépanduedanslaterminologieetsurtoutdanscelletechnique.Ex.:MoteurMoteur arrière ; Moteur à l’arrière ; Groupe moteur à l’arrière ;Moteur central ;Moteur en avant de l’essieu arrière ;Moteur en arrière de l’essieu arrière ;Moteur en arrière de l’essieu avant ;Moteur en avant de l’essieu avant; Moteur en porte-à-faux ;Moteur horizontal ;Moteur incliné à droite (à gauche) ;Moteur incliné vers l’arrière (vers l’avant) ;Moteur longitudinal; Moteur disposé longitudinalement ;Moteur sous le siège ;Moteur transversal; Moteur disposé transversalement.

La polysémie estunphénomènenéfastepour la terminologie technique,carelleentraine laconfusiondans laperceptiondesphénomènesde la réalitétechniqueetdanslacommunicationscientifiquesdesspécialistes.Pourtant,elleyestattestée.

Ex.:Opérateur–1)opérateur(symboleouactionenalgorithme);2)opérateur(personne);3)opération(danslelangageAda);4)blocopérationnel. Branchement –1)fourche,transmission(enalgorithmeouprogramme);2)lacommandedelatransmissionoulatransmissiondelacommande;3)ramification(del’algorithmeouduréseau);4)noeud,ramification,connexion.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

3. Les particularités de traduction des textes des sciences humaines.

Lelexiquedesscienceshumainesestungranddomainedelaterminologieetqu’àcedomaine–cicorrespondaussiunesériedesous-domainescommela philosophie, l’histoire, la linguistique, la sociologie, la psychologie etc. quiprésententàleurtourdesensemblesdetermesspécialisés.

Les«sciences humaines» présententl’ensembledessciencesquiontpourobjetl’hommedanssesactions,sesorganisations,sesrapports,ainsiquel’étudedestraceslaisséesparcelui-ci.

Onpourraitdireégalementquelesscienceshumainess’intéressentàtoutcequidécouledelapenséedel’homme.

Les phénomènes de la langue d’ordre sémantique propres à la terminologie des sciences humaines :

La terminologie des sciences humaines se distingue de la terminologietechnique,ladernièreseprêtantplusàlatraductionautomatiqueenvertudelaprécisiondesesconceptsetdeleurdéfinition.

Certains termes des sciences humaines couvrent souvent plusieursdisciplines, la terminologiedes scienceshumainesestdifférenteycompris àl’intérieur d’une même discipline, étant véhiculés à l’intérieur d’une écolescientifique,d’unecertainepériodedetemps,dansuncertainespacegéographique(ex.:laterminologielinguistique).

Un phénomène spécifique, plus répandu dans la terminologie des sciences humaines que dans celle technique est la descente des termes dans l’usus de la langue.

Une bonne partie des termes des sciences humaines appartenant auxdifférentesdisciplinesest partie composante inhérente du système lexical, de l’usus.

Par exemple, le terme« existence (f)» qui estun termedephylosophie,désignant:

1.Lefaitd’être,d’exister;fonctionneassezsouventdanslalanguecommune,parsonsensdevie et

manière de vivre de l’homme.Unautreexempleseraitleterme« assistance (f) »etnotamment«assistance

sociale»,qui,danslelexiquespécialisésignifie:1) soutien, secours d’ordre social ou économique (roumain: susţinere,

ajutor)etdansl’ususdelalanguecelui-cipeutfaireréférenceà2)unepersonne,unadjoint,unassistantquienaideuneautredansune

opérationettravaillesoussesordres(roumain:subaltern, asistent).Si ces termes fonctionnent dans la langue commune, ils deviennent des

élémentsdecelle-ci,quoiquedanslelangagescientifique,ilscontinuentàêtredestermesscientifiquesvéritables,désignantdesnotionsoudesconcepts.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

La synonymieLa synonymie est un phénomène néfaste pour la terminologie, et, par

oppositionaulexiqueusuel,ellen’enrichitpas,maisempêchetantlacompré-hensionnotionnelledutermequelapénétrationdumessageterminologiquedansuncerclerestreintdespécialistes.Les termes des sciences humaines attestent un degré avancé de synonymie.

Voiciquelquesexemples: destinée (f) (destin)–syn.Sort (m) (soartă),fortune (f) (noroc); mort (f) (moarte)–syn.Décès(m)(deces),fin (f)(sfârşit),disparition (f)

(dispariţie);conception (f) (concepţie) - syn. Opinion (f) (opinie), jugement (m)

(judecată),doctrine (f)(doctrină),théorie (f)(teorie);Les termes techniquesattestent lesmêmesphénomènes lexicauxque les

motsusuels.Telssont:lapolysémie,lasynonyme.Ainsi, des 7000 entrées du Dictionnaire anglais-français d’internet,

informatiqueettélécommunications,3573termestechniquesontdessynonymes,lenombreallantdanscertainscasjusqu’à7.Ex.:

Le terme programme d’analyse(programme d’ordinateur destiné à effectuer le contrôle d’un autre programme d’ordinateur, en surveillant la succession des instructions qui sont exécutées et en enregistrant les résultats de chacune de ces étapes)a7synonymes:programme de traçage, programme de trace, programme d’impression de parcours,programme de jalonnement, programme pas à pas, analyseur, routine d’analyse.

L’antonymie L’antonymieestaussipropreàlaterminologiedesscienceshumaines,surtout

delaterminologiesociologique,historique,psychologiqueetphylosophique,dont97%(surunéchantillonde300termesanalysées)attestentdescontraires.Parexemple:-vérité (f) (adevăr)–ant.Erreur (f)(eroare),mensonge (m)(minciună),illusion (f)(iluzie);-estime (f)(stimă)–ant.Dédain (m)(dispreţ),mépris (m)(desconsideraţie);* Pour ce qui est des termes linguistiques, il faut mentionner qu’ils sont presque privés d’antonymes.

La polysémieLapolysémie, c’est-à-direlacapacitédumotd’avoirsimultanémentdeux

ou plusieurs significations, est une des universalités sémantiques qui apparaît

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

commelerésultatimminentdeladisproportionexistantentrelenombrelimitédesignesdulangageetlaquantitéimmensedenotionsquitendentàêtreexpriméesdanslalangue.

Cephénomèneestassezrépandudanslecontextedestermesdesscienceshumaines.Parexemple,letermeempire(m) peutavoirplusieurssens:1.Autorité, domination absolue ;2.Autorité souveraine d’un chef d’Etat qui porte le titre d’empereur ;3.Ensemble de territoires colonisés par une puissance.

L’hypéronymie - l’hyponymieCe rapport logico-sémantique semanifeste également à l’intérieur de la

terminologiedesscienceshumaines.Ilestconsidéréecommeuneuniversalitélinguistique,quiest reconnuesansdiscussionspar tous les terminologues.Cerapport suppose égalementune structurehiérarchique:une seulenotiond’uncertaindomainedeconnaissancepeutdéjàservird’hyponyme/hyperonymeendépendancedesonvolumesémantique.Ex. :Vérité (f) - ~ historique ; ~ matérielle d’un fait ; ~ générale ; Liberté (f) - ~ morale; ~ de choix ;

L’étymologie des termes des sciences humainesEn général, les termes des sciences humaines ne présentent pas des

difficultés de traduction du français en roumain, ils peuvent être traduits à lavitresanscrainte.Cettefacilitédetraductionestdûeàl’étymologiedestermes,dont(surunéchantillonde300termesanalysés):

82 % sont d’origine latine :Homme (m)-Latin«homo,-inis»Mort (f)-Latin«mors,mortis»8% sont d’origine grecque :Dynastie (f)-Grec«dunasteia»6% sont d’origine italienne :Race (f)-It.«razza»4% sont d’origine anglaise :Souveraineté (f)-Angl.«sovereign»Onadoncobservéquelelexiquedesscienceshumainesneprésentepasde

grandsproblèmesdetraduction.Pour ce qui est de la théorie et la pratique de la traduction, trouver

l’équivalent correct dépend beaucoup de la connaissance des paradigmesterminologiquesspécialisés,quipermettentlacompréhensionetletranscodagedesénoncésscientifiquesouprofessionnels.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

Devoir

• Dissertation:Traduisez deux fragments de textes (3 phrases vs 3 phrases): technique et historique. Partagez votre expérience en matière de difficultés.

• Conditions: 1 page A4, Times New Roman, caractères 14, espace1,5.Envoipare-mailàl’[email protected] ouprésentationsurfeuilleimprimée.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

II. CURRICULUM DISCIPLINAIRE

MINISTERUL EDUCAŢIEI ŞI TINERETULUI AL REPUBLICII MOLDOVA

UNIVERSITATEA LIBERĂ INTERNAŢIONALĂ DIN MOLDOVAFACULTATEA LIMBI STRĂINE

Catedra Filologie Franceză

PROGRAMA ANALITICĂ LA DISCIPLINA „TEORIA ŞI PRACTICA TRADUCERII”

Elaborată de Ana GUŢUDoctor, profesor universitar

Aprobatlaşedinţacatedrei_______________________________AprobatlaConsiliulProfesoral ___________________________AprobatlaSenatulULIM________________________________ŞefCatedră___________________________________________PreşedinteleComisieiMetodiceafacultăţii__________________DecanFacultate________________________________________

STANDARD CURRICULAR AL DISCPLINEI

Numărul total de ore – 90;Numărul orelor de contact – 30; dinele–20prelegeri,10seminare

Credite ECTS:3Evaluare:Semestrul4-examen(oral)Publicul vizat:anulIIciclullicenţă

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

Competenţe gnoseologice şi praxiologice preliminare:înaintedeaurmadisciplinaTeoria şi practica traducerii,studentultrebuiesăfiurmatmodululdedisciplinefundamentale,socio-umaneşidespecializaredinprimulandestudiilalimbastrăinăA.

Interdisciplinaritatea:CursulTeoria şi practica traduceriiesteînlegăturădirectăcudisciplinilestudiatelafacultate,precum:lingvistica,civilizaţia,istoriaculturiiuniversale,LexicullimbiiA,GramaticalimbiiA,stilistica,istorialimbii,lexicologia,literaturauniversalăş.a.

Poziţionarea disciplinei în planul de studii – disciplina se raportă lamodulul disciplinelor de specializare. Cursul reprezintă o iniţiere în teoria şipracticatraducerii,domeniuaparteînsistemulştiinţelordesprelimbă.Încalitatede iniţiere în domeniul traducerii, cursul se recomandă tuturor studenţilor lafacultăţiledelimbistrăine,făcândpartedinseriadisciplinelordeprofilfilologicfundamental.Actualitateadisciplineisemotiveazăprinimportanţaactivităţiidetraducereînviaţasocio-economicăşinecesitateacunoaşteriisuportuluiteoreticalacesteiactivităţi.

OBIECTIVELE GENERALE ALE DISCIPLINEI:

1)achiziţionareacunoştinţelorîndomeniulteorieişipracticiitraducerii;2)achiziţionareadeprinderilordeaplicareacunoştinţelorteoreticeînactivitateapractică.Acesteobiectiveserealizeazăprinurmătoareleobiective de referinţă: a) dezvoltarea competenţelor de analiză şi sinteză a surselor teoretice

recomandatepentrucursuldat;b) cultivarea competenţelor de gestionare a calităţii traducerilor în baza

cunoştinţelorteoreticeîndomeniu;c) cultivareaatitudinilor(toleranţă,multilingvismşiinterculturalitate)necesare

pentrudesfăşurareaactivităţilordetraducere.

OBIECTIVE FORMATIV/DEZVOLTATIVE:

LafinelepredăriidisciplineiTeoria şi practica traduceriistudenţiitrebuiesăachiziţionezeurmătoarele:

COMPETENŢE GNOSEOLOGICE (DE CUNOAŞTERE):• săreproducăitemiifundamentaliaicursuluiteorieitraducerii;• săoperezecuaparatulterminologicşiepistemologicaldomeniului;• sădefinesacăfenomenultraduceriidinperspectivadiverselorprincipii;• să descrie tipologia traducerilor în baza diverselor criterii de

clasificare;• săidentificediversitateacultural-lingvisticăşiimportanţaeicedetermină

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

circulaţiavaloriloruniversaleprinintermediultraducerii;• săidentificeşisăgestionezeinformaţialatemacursuluiîndiversesurse

deinformaţie.

COMPETENŢE PRAXIOLOGICE (APLICARE ÎN PRACTICĂ):

• săutilizezepostulatelefundamentalealecursuluiînexerciţiulcomplexaltraducerii;

• să producă traduceri diverse, aplicând postulatele teoretice alecursului;

• să compare diversele tipuri de traducere pentru a trage concluziipertinente;

• sădemonstrezejudiciozitateaalegeriiefectuatelatraducereaunuitext;• să se servească de aparatul terminologic şi epistemologic în cadrul

efectuăriidiverselortipuridetraduceri;• săconsultealtesursedealternativă(decâtceaacursului)laefectuarea

traducerilor;

COMPETENŢE DE CERCETARE (CREARE):

• săsensibilizezerolulcardinal(întimpşispaţiu)altraduceriicaactivitatesocio-umanăînsocietăţilecontemporane;

• să cerceteze diverse probleme adiacente tematicii cursului din sursesuplimentare;

• săestimezeparametriievaluativiaicalităţiiuneitraduceri;• săautoevaluezecalitateatraducerilorefectuate;• săproducădiversetipuridetraduceriînconformitatecuprincipiulde

tipologizareaacestora;• sădezvoltecapacităţiledegestionareaactivităţiiprofesionalepepiaţa

muncii.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

CONŢINUTUL CURSULUI

No Tema, compartimentul

Notă No de ore

1. Conférence 1.1.Aspectshistoriquesdelatraduction(espaceroumain).2.Aspectshistoriquesdelatraduction(Occident).3.Lerôleetl’importancedelatraduction.Latraductionetlesautresdisciplines.

Sources: H.VanHoff.Histoiredelatraductionà

l’Occident.P.,1995 Bantoş A., Croitoru E. Didactica

traducerii.Teora,Bucureşti,1999. Cary, E. Comment faut-il traduire ?

2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

AutresPrezentare Power Point

2

2. Conférence 2.1.Problèmesdeladéfinitiondelatraduction.2.Lesthéoriciensdelatraduction.Latraductionetlesautresdisciplineshumaines.3.Lestermesclefsdela traduction.

Sources: H.VanHoff.Histoiredelatraductionà

l’Occident.P.,1995 Bantoş A., Croitoru E. Didactica

traducerii.Teora,Bucureşti,1999. Cary, E. Comment faut-il traduire ?

2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

AutresPrezentare Power Point

2

Page 61: THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

61

Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

3. Conférence 3. 1.Lestypesdetraduction.2.Lestypesdetraducteurs.

Sources:• Bantoş A., Croitoru E. Didactica

traducerii.Teora,Bucureşti,1999.• Seleskovitch, Danica and Marianne

Lederer. Pédagogie raisonnée del’interprétation: deuxième éditioncorrigée et augmentée. DidierÉrudition / Klincksieck, Office despublicationsofficiellesdesCommu-nautés européennes / Luxembourg,2002.

• CiujakinI.Practiceskiikursperevoda.M.,1997.

• Cary, E. Comment faut-il traduire ?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

• Autres

Prezentare Power Point

2

4. Conférence 4. 1.Lesexigencesenversletraducteur.2.Lesécolesdeformationdestraducteurs.3.LeslanguesenEurope.

Sources:• Bantoş A., Croitoru E. Didactica

traducerii.Teora,Bucureşti,1999.• Seleskovitch, Danica and Marianne

Lederer. Pédagogie raisonnée del’interprétation: deuxième éditioncorrigéeetaugmentéeDidierÉrudition/Klincksieck,Officedespublicationsofficielles des Communautéseuropéennes/Luxembourg,2002.

• CiujakinI.Practiceskiikursperevoda.M.,1997.

• Cary, E. Comment faut-il traduire ?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

• Autres.

Prezentare Power Point

2

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62

THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

5. Conférence 5.1.Leproblèmedel`unitédetraduction.2.Lesniveauxdelatraduction(phonème,morphème,mot,syntagme,texte).

Sources:• Vinay et Darbelnet. Stylistique

comparéede l’anglais et du français.P.1958

• Cristea T. Teoria traducerii – studiucontrastiv.Bucureşti,1995.

• FiodorovV. Osnovy teorii perevoda.M.,1953.

• Autres

Prezentare Power Point

2

6. Conférence 6. 1.Lesprocédéstechniquesdelatraduction.2.Lestransformationsd`ordreglobaletlestransformationsd`ordreintratextuel.

Sources:• Vinay et Darbelnet. Stylistique

comparéede l’anglais et du français.P.1958

• Cristea T. Teoria traducerii – studiucontrastiv.Bucureşti,1995.

• FiodorovV. Osnovy teorii perevoda.M.,1953.

• Autres

Prezentare Power Point

2

7. Conférence 7.1.Latraductiondelaprose:expérience,exemples,contrastivité.2.Lesparticularitésdelatraductionpoétique.

Sources:• GuţuA.Certainsproblèmesdethéorie,

empirisme et didactique des langues.Chişinau,2005.

• Cary, E. Comment faut-il traduire ?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

• MeschonnicH. Poétique du traduire.Paris,1999.

• Autres

Prezentare Power Point

2

Page 63: THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

8. Conférence 8.1.Latraductiondespiècesdethéâtre,ledoublagedesfilms,lesous-titrage.2.Latraductionpourlesaveugles.3.Latraductiondesmessagespublicitaires.

Sources:• GuţuA.Certainsproblèmesdethéorie,

empirisme et didactique des langues.Chişinau,2005.

• Cary, E. Comment faut-il traduire ?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille:PressesUniversitairesdeLille,1986.

• MeschonnicH. Poétique du traduire.Paris,1999.

• Autres

Prezentare Power Point

2

9. Conférence 9.1.Latraductionjuridique:fondementépistémologique.2.Latypologiedestextesjuridiquesetlesparticularitésdeleurtraduction.3.Latraductionjuridiqueentreinterprétationetresponsabilitéprofessionnelle.

Sources:• David Reed, «Problèmes de la

traduction juridique au Québec»,Meta, vol.24,no1,mars1979.

• Gémar J.-C. Traduire ou l’art d’interpréter, 1995.

• Legault G.A. Fonctions et structuredulangagejuridique,Meta,1979.

• Langage du droit et traduction : Essais de jurilinguistique : The Language of the Law and Translation : Essays on Jurilinguistics, collectif réalisé sousla direction de Jean-Claude Gémar,Montréal,Linguatech,1982.

• Autres

Prezentare Power Point

2

Page 64: THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

10. Conférence 10.1.Latraductiondestextesspécialisés:laterminologietechnique.2.Lesparticularitésdelatraductiondelaterminologiedessciencesexactes.3.Lesparticularitésdetraductiondesscienceshumaines.

Sources:• Maingueneau D. Les termes clés de

l’analyse du discours, Paris, Seuil,1996.

• Gouadec D. Terminologie etterminotique, outils, modèles etméthodes,1992.

• Rondeau G. Introduction à laterminologie.Montréal:PU,1980.

• CabréM.T.Laterminologie.Théorie,méthode et applications. Traduit ducatalanetadaptéparMoniqueCormieret John Humbley. Ottawa, ArmandCollin,1998.

• Autres

Prezentare Power Point

2

1. Séminaires:Seminairesurl’histoiredelatraduction(rapportsscientifiques/étudedecas)

Prezentare Power Point 2

2. Seminairesurlatypologiedelatraduction(rapportsscientifiques/étudedecas)

Prezentare Power Point 2

3. Seminairesurlesparticularitésdetraductiondesdocumentsaudiovisuels(rapportsscientifiques/étudedecas)

Prezentare Power Point 2

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65

Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

4. Seminairesurlesparticularitésdetraductiondestextesetdiscoursspécialisés(rapportsscientifiques/étudedecas)

Prezentare Power Point 2

5. Testévaluatifpré-examen.

2

Sujets pour les études de cas présentés aux séminaires :

1. Lesthéoriciensdelatraduction.2. L’activitéd’Eminescuentantquetraducteur.3. Lalangueespéranto–utilitéduprojet.4. L’activitédeV.Alecsandrientantquetraducteur.5. Les mille et une nuit – chef d’oeuvre éternel et casse-tête pour les

traducteurs.6. Latraductionsimultanée–histoireetexpérience.7. Latraductionpoétiqueetsesspécificités.8. Latraductiondesspotspublicitairesvidéo.9. Latraductiondescontes.10. Latraductionphilosophiqueetsesparticularités.11. Lestraducteursprofessionnels.12. Lemétierdetraducteurlittéraire.13. CertainsaspectsdelatraductionlittéraireenMoldova.14. Quelquespagesdel’histoiredelatraductionenFrance.15. Latraductionetlesautresdisciplinessociales.16. LeslanguesenEurope.17. Lemétierdel’interprète.18. Traduirelestextesdedroit.19. Traduirelestextestechniques.20. Traduirelestexteséconomiques.21. Ledoublagedesfilms.22. Lesous-titragedesfilms.

Exigences pour l’étude de cas :1. Travailenéquipede2-3étudiants.2. Présentation–orale,PowerPoint,avecindicationdeladistributiondes

tâches.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

3. Volume–12slidesaumaximumcommentés.4. Orientationducontenu:problématiquedusujet,invocationdusupport

doctrinologique,présentationd’uncasspécifiquedemanifestationduphénomènedécrit.

SURSE OBLIGATORII:

1. BantoşA.,CroitoruE.Didacticatraducerii.Teora,Bucureşti,1999.2. CabréM.T.Laterminologie.Théorie,méthodeetapplications.Traduitdu

catalanetadaptéparMoniqueCormieretJohnHumbley.Ottawa,ArmandCollin,1998.

3. Cary,E.Commentfaut-iltraduire?2-ièmeéditionrevueetcorrigée,Lille,PressesUniversitairesdeLille,1986.

4. CristeaT.Teoriatraducerii–studiucontrastiv.Bucureşti,1995.5. DavidReed,ProblèmesdelatraductionjuridiqueauQuébec,Meta, vol.24,

no1,mars1979.6. FiodorovV.Osnovyteoriiperevoda.M.,1953.7. GémarJ.-C.Traduireoul’artd’interpréter,Ottawa,1995.8. Gouadec D. Terminologie et terminotique, outils, modèles et méthodes,

1992.9. GuţuA., Guţu I. Limba franceza în teste şi exerciţii. Chişinău, ULIM,

1997.10. GuţuA.Certainsproblèmesdethéorie,empirismeetdidactiquedeslangues,

Chişinău,ULIM,2005.11. GuţuA. Disc didactic de curs de lecţii laTeoria şi practica traducerii

depozitatînmediatecaULIM.12. GuţuA.Exégèseettraductionlittéraire.ULIM,Chişinău,2005.13. Langagedudroitettraduction:Essaisdejurilinguistique:TheLanguageof

theLawandTranslation : Essays on Jurilinguistics,collectifréalisésousladirectiondeJean-ClaudeGémar,Montréal,Linguatech,1982.

14. LegaultG.Fonctionsetstructuredulangagejuridique.Meta,1979.15. Maingueneau D. Les termes clés de l’analyse du discours, Paris,

Seuil,1996.16. MouninG.Problèmesthéoriquesdelatraduction.Paris,Gallimar,2004.17. RondeauG.Introductionàlaterminologie.Montréal:PU,1980.18. Seleskovitch, D. Lederer M. Pédagogie raisonnée de l’interprétation:

deuxièmeéditioncorrigéeetaugmentée.DidierÉrudition/Klincksieck,Officedes publications officielles des Communautés européennes/Luxembourg,2002.

19. Van-HoofH.Histoiredelatraductionàl’Occident.P.,1991.20. Vinay J.-P.,Darbelnet J.Stylistiquecomparéedu français etde l’anglais.

Montreal,1958.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

SURSE OPŢIONALE:

1. Circuit.RevuedelaFIT.Montréal,Canada.2. CiujakinI.Practiceskiicursperevoda.M.,1997.3. GakV.Osnovyteoriiperevoda.M.,1956.4. GuţuA.L’Autotraduction–actecrétaeurcomplexe:entrel’équivalenceet

laprolifération.//Studiidetraducere:retrospectivăşiperspective.Conferinţăinternaţională.16-17iunie2006.EdituraFundaţieiUniversitare„DunăreadeJos”,Galaţi.

5. GuţuA.L’identitédespolyglottes–entrepolyglossieetcosmopolitisme.In:Lafrancopolyphonie:languesetidentités.ActesduIIcolloqueinternational,Chişinău,ULIM,2007.

6. Guţu A. La complexité des rapports sémantiques dans la terminologietechnico-scientifiquefrançaise.In:Actesdupremiercolloqueinternational«Lediscoursspécialisé:théorieetpratique».28-29octobre.Galaţi,2006.

7. GuţuA.La transcendencede l’imaginaire dans la traductiondes poèmesd’Eminescu: intraduisibilité ou révélation? In: Lecturi filologice No 4,anul2007.

8. Guţu A. Les philosophèmes antithétiques – expression de la dualitémondovisionnelle dans lesœuvres deVoltaire. In:Atelier de traduction.Pourunepoétiquedutextetraduit.EdituraUniversităţiiSuceava,2007.

9. GuţuA.Proposdel’organisationdelaterminologielingustiquefrançaise.//La linguistique entre la recherche et application. Actes du ColloqueInternationalorganiséàl’occasionduXL-eanniversaireduDépartementdePhilologieFrançaise«GrigoreCincilei»,18-19novembre2005,Chisinau.Materialele colocviului internaţional consacrat aniversăriide40deani aiCatedreiFilologiefranceză,USM,2005.

10. GuţuA.Sinonimia în terminologia tehnico-ştiinţifică franceză.//Symposiaprofessorum.Seriafilologie,ULIM,2006.

11. GuţuA.Unele aspecte ale ierarhizării terminologiilor ştiinţifice franceze:sistemullimbiişithesaurusul,Sistemulterminologicşicâmpulterminologic.//Revistădeştiiţesocio-umane.UPS,No2,2006.

12. Guţu A. Unele aspecte semiotice ale nominaţiei terminologice. AnaleleştiinţificeULIM,Seriafilologie,2005.

13. L’Homme M.-C. La terminologie : principes et techniques, Presses del’UniversitédeMontréal,Canada,2004.

14. MeschonnicH.Poétiquedutraduire.Paris,1999.15. MouninG.Lesbellesinfidèles,P.,1968.16. Oustinoff.M.Latraduction,PressesUniversitairesdeFrance,2003.17. Peeters J. La traduction : De la théorie à la pratique et retour, Presses

UniversitairesdeRennes,Haute-Bretagne,2006.18. RicoeurP.Surlatraduction,Bayard,Paris,2004.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

STRATEGII DE EVALUARE:

EvaluarealadisciplinaTeoria şi practica traduceriiseefectueazăatâtcurent,câtşilafinele semestrului.LaanulII,semestrul4finalizeazăcuexamen.

Caiet de sarcini pentru examen

Examenulestepetrecutînformăorală,precedatdeuntestscris,notadelatestfiindluatăînconsiderarelaconstituireanoteigeneralelaexamen.Testulconţine20deîntrebări,răspunsulcorectlafiecareîntrebareesteapreciatcu 0,5 puncte. Nota la test constituie sumamatematică simplă a punctajuluiacumulat.

Biletullaexamenesteconstituitdin3întrebări:1. Întrebareadinconţinutulcursului.2. Studiudecaz(saureferat)latematicacursului.3. Traducereascrisăaunuiaforism/proverb/aserţiunidinlimbaromânăîn

limbafranceză.4. PortofoliulPortofoliul reprezintă un dosar constituit din temele pentru acasă

(disertaţiielaboratelatemerecomandatepeparcursulsemestrului)şimaterialelesuplimentareconsultatepentruelaborareastudiuluidecazşiaseminarelor.

Ponderea întrebărilor la constituirea notei finaleI.Notalatest-25%II.Notapentruîntrebareateoretică–25%III.Notapentrustudiuldecaz–25%IV.Notapentruportofoliu–25%

Metoda de calcul al mediei ponderate

Dacă notele sunt repartizate în felul următor :I. Test – nota 7II. Întrebarea teoretică şi traducerea aforismului – nota 6III. Studiul de caz – nota 9IV. Portofoliul – nota 6

Calcularea mediei ponderate se va efectua în felul următor: a) I. 7 x 25% = 175%II. 6 x 25% = 150%III. 9 x 25% = 225%

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

IV. 6 x 25% = 150%

b) 175%+150%+225% + 150% = 700%

c) 700% : 100% = 7 (şapte)

Întrebarea teoretică/Studiul de caz - evaluarea competenţelor gnoseologice:

Nota 10(zece)–seatribuiestudentuluicarea)dădovadădecunoştinţeteoreticeexcepţionale, trainice şi multilaterale ce depăşesc limitele conţinutului deprogramă la disciplina respectivă; b) posedă abilităţi de inducţie şi deducţiecuformulareaopinieipropriivizândproblemaabordată;c)realizeazăprincipiulinterdisciplinarităţii, operând cu noţiuni şi termeni din domeniile adiacentedisciplinei în cauză, fără a comite greşeli în expunerea materialului; d) aredebit rapidşiexprimareoralăcorectăşicoerentă în limbastrăină,fărăgreşelide registru al limbii, cu utilizarea propriilor argumente în baza cercetărilorindividuale,realizateînafaraprogramului,cuformulareaunorraţionamenteşiconcluziioriginale.Nota 9(nouă)-seatribuiestudentuluicarea)dădovadădecunoştinţeteoreticeşipracticefoartebune,trainiceşimultilateraleconformmaterialuluideprogramă;b)posedăabilităţideinducţieşideducţiecuformulareaopinieipropriivizândproblemaabordată; c)opereazăcunoţiuni şi termenidindomeniile adiacentedisciplinei în cauză, fără a comite greşeli în expunereamaterialului; d) are oexprimareoralăcorectăşicoerentă în limbastrăină,fărăgreşelideregistruallimbii.Nota 8(opt)–seatribuiestudentuluicarea)dădovadădecunoştinţeteoreticeşipracticebuneşicompleteconformmaterialuluideprogramă;b)atestăcapacităţisuficiente de aplicare a cunoştinţelor teoretice; c) posedă abilităţi de sintezăa materialului expus; e) denotă o înţelegere corectă a noţiunilor de bază aledisciplinei,darînexpunereamaterialuluiseconstatăunelelacuneneesenţiale;d)areundebitmoderatînlimbastrăină,cuunelegreşelineânsemnatederegistruallimbii.Nota 7 (şapte)–seatribuiestudentuluicarea)dădovadădecunoştinţeteoreticesuficiente conformmaterialului de programă; b) denotă o însuşire conştientăa materialului de programă şi o înţelegere corectă a noţiunilor principale adisciplineirespective;c)comiteunelegreşelişilacuneînexpunereamaterialuluideprogramă,dintrecareunaesenţială;d)areundebitmoderatînlimbastrăină,însăcomitegreşelideregistruallimbii.Nota 6(şase)-seatribuiestudentuluicarea)dădovadădecunoştinţeteoreticesuficiente conform programei; b) denotă o însuşire conştientă, dar mai slabăa materialului de programă; c) comite unele greşeli şi lacune în expunereamaterialuluideprogramă,dintrecare2-3esenţiale;d)areundebitlent,ezitant,

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comitegreşelideregistruallimbii,areblocajedeexprimareanoţiunilorteoreticeînlimbastrăină.Nota 5 (cinci) - (promovabilă) se atribuie studentului care a) dă dovadă decunoştinţeteoreticelamaimultecapitoledeprogramă;b)denotăoînsuşireslabăamaterialuluideprogramă;c)comitegreşeli şi lacuneesenţiale înexpunereamaterialuluideprogramă;d)areundebitfoartelent,ezitant,comitemultegreşelideregistruallimbii,areblocajeserioasedeexprimareanoţiunilorteoreticeînlimbastrăină.Nota 4, 3, 2, 1 (patru, trei, doi, unu) seatribuiestudentuluicarenuaînsuşitmaimultde25%dinprogramadestudiiladisciplină.

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III. DOCUMENTS ANNEXES

DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 1

Document 1.

Cele 10 porunci Les dix préceptes

1.EusuntDomnulDumnezeulTău;sănuaialţidumnezeiafarădeMine.

1. Je suis l’Eternel, ton Dieu, tun’auras pas d’autres dieuxdevantmaface.

2. Să nu-ţi faci chip cioplit, nici altăasemănare,nicisăteînchinilor.

2. Tu ne feras pas d’autre imagetaillée, ni de représentationquelconque, tu ne te prosterneraspointdevantelles.

3. Să nu iei numele DomnuluiDumnezeuluităuindeşert.

3.Tuneprendraspoint lenomdel’Eternel,tonDieuenvain.

4.Adu-ţiamintedeziuaDomnuluişiocinsteşte.

4.Souviens–toidujourdurepos,pourlesanctifier.

5.Cinsteştepatatăltăuşipemamata,cabine sa-ţifie şimulţi ani să traieştipepămant.

5.Honoretonpèreettamère,afinque tes jours se prolongent danslepaysquel’Eternel,tonDieu,tedonne.

6.Sănuucizi. 6.Tunetueraspoint.

7.Sănupreacurveşti. 7.Tunecommettraspointd’adultère.

8.Sănufuri. 8.Tunedéroberaspoint.

9. Să nu ridici mărturie mincinoasăimpotrivaaproapeluitău.

9. Tu ne porteras point de fauxtémoignagecontretonprochain.

10.Sănupofteştinimicdinceestealaproapeluitău.

10.Tuneconvoiteraspointaucunechose qui appartienne à tonprochain.

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Tatăl Nostru Notre Père Pater Noster

Tatălnostrucareeştiînceruri;Sfinţeascăse numeleTău;Fie voia Ta, fieîmpăraţiaTaprecumincer aşa şi pe pămînt;Pîinea noastră cea detoate zilele dăne-onouă astăzi şi Ne iartănouă greşelile noastreprecum iertăm şi noigreşiţilor noştri şi Nuneducepenoiînispităşi ne izbăveşte de celviclean.Amin

Notre Père, qui es auxcieux;Que votre nom soitsanctifié;Que votre règne arrive;Que votre volonté soitfaitesurlaterrecommeauciel.Donnez-nousaujourd’huinotrepainquotidien;Etpardonnez-nousnosoffenses,commenouspardonnonsceuxquinousontoffensés.Etnenouslaissezpassuccomberàlatentation.Maisdélivrez-nousdumal.Amen

Pater noster, qui es incaeli:Sanctificétur nomentuum:Adveniatregnumtuum:Fiatvolúntastua,sicutin caelo, et in terra.Panem nostrumquotidiánum da nobishódie:Etdimíttenobisdébitanostra, sicut et nosdimíttimus debitóribusnostris.Et ne nos indúcas intentatiónem.SedlíberanosamaloAmen

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Crezul Credo CredoCred intru UnulDumnezeu, TatălAtotştiitorul,Făcătorulceruluişialpămîntului,vazutelor tuturor şinevăzutelor.

Şi intru Unul DomnIisus Hristos, Fiul luiDumnezeu, Unul-Născut, Care dinTatăl S-a născut maiinainte de toţi vecii.Lumină din Lumină, Dumnezeu adevăratdin Dumnezeuadevărat, născut, nufăcut; Cel de o fiinţacu Tatăl, prin Caretoates-aufăcut.

Care pentru noi,oamenii, şi pentru anoastră mantuire S-apogoratdincerurişis-aintrupatdelaDuhulSfant şi din MariaFecioara, şi S-a făcutom.

ŞiS-a răstignitpentrunoiinzileleluiPontiuPilatşiapătimitşiS-aîngropat.

JecroisenDieuuniquePère tout pusissant,qui a fait le ciel et laterre, tout ce qui sevoit et tout ce qui nesevoitpas,

JecroisenJésus-Christ,uniqueSeigneur,FilsaimédeDieu,NéduPèreavanttouttemps,DieujaillideDieu,Lumièrejailli de la Lumière,VéritéjaillidelaVérité.Il est engendré, non créé, et de même nature que le Père. C’est par lui que tout a été créé.

Et c’est lui qui estdescenduduciel,pournous, les hommes, etpour nous libérer. Parl’Esprit-Saint,ilaprischair dans Marie, laVierge,etilestdevenuhomme.

Et,pournous, ilaétéjusqu’à mourir enCroix, du temps dePonce Pilate, aprèsavoir profondémentsouffert, eton l’amisautombeau.

Credo in unum Deum :Patrem omnipotentem,factorem cæli et terræ,visibilium omnium etinvisibilium.

Et in unum DominumJesum Christum, FiliumDeiUnigenitum.EtexPatrenatum ante omnia sæcula.Deum de Deo, lumen de lumine, Deum verum deDeo Vero.Genitum, non factum ; consubstantialem Patri ; per quem omnia facta sunt.

Qui propter nos homineset propter nostram salutemdescendit de cælis.Etincarnatus, est de SpirituSancto, ex Maria Virgine,Ethomofactusest.

Crucifixumetiampronobis;subPontioPilatopassusetsepultusest.

Et resurrexit tertia diesecundumscripturas.

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Şi a inviat a treia zi,după Scripturi.Şi S-ainălţatlacerurisişade de-a dreapta Tatălui.

Şi iarăsi va sa vinacu slava, să judeceviii si morţii, a Căruiimparaţie nu va aveasfarşit.

Şi intru Duhul Sfant,Domnul de viataFăcătorul, Care dinTatăl purcede, Cel ceimpreună cu Tatăl şicuFiulesteînchinatşislăvit,Careagrăitprinprooroci:

Intru una, sfanta,soborniceasca siapostoleascaBiserica;

Mărturisescunbotez,intruiertareapăcatelorAştept invierea morţilor.

Siviaţaveaculuicevasafie.Amin!

MaisletroisièmejourilestressuscitécommeDieu l’avait anoncédans la Bible. Puis ils’est élevé jusqu’auCiel, où il règne comme son Père.

Il reviendra un jour,dansletriomphe,pourjugerlesvivantsetlesmorts,etsonroyaumen’aurapasdefin.

Je crois à l’Esprit-Saint, il est Seigneur,et c’est lui qui faitvivre. Il jailli duPèreetduFils.

Il est adoréetglorifiéenmêmetempsquelePère et le Fils. C’estluiqui aparlépar lesprophètes.

Jecroisà l’Eglisequiest une, qui est une,qui est sainte, qui estuniverselle, qui estcelledesapôtres.

Et je suis dans l’attente de la résurrection des morts, et de laviedumondefutur.

Amen.

Etascenditincælum;sedet ad dexteram Patris.

Etiterumventurusest,cumgloria, judicare vivos etmortuos ; cujus regni noneritfinis.

Et in Spiritum Sanctum,Dominum et vivificantem,qui ex Patre Filioqueprocedit;

QuicumPatreetFiliosimuladoraturetconglorificatur;quilocutusestperprophetas.

Et unam, sanctam,catholicam et apostolicamEcclesiam.

Confiteorunumbaptismainremissionempeccatorum.

Et exsepto resurrectionem mortuorum,

Et vitam venturi sæculi.Amen

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Document 2.

La légende de la Septante

LaSeptanteestlapremièretraductiondelaBiblehébraïque,faiteengrec.ElledoitsonnomàlalégendeselonlaTraditionquiraconteque72traducteursy auraient travaillés. Chacune des douze tribus étant représentée dans cetteentrepriseparsixtraducteurs.D’aprèslalettred’Aristée,àquionaccordeunepartdevraisemblancecard’autressources(Aristobule,Flavius,Josèphe,Philond’Alexandrie)viennentcorroborercertainesdesinformationsqu’elleapporte:l’entreprisedetraductionauraitvulejouràAlexandrie,souslerègnedePtoléméeIIPhiladelpheetàl’instigationdeDémétriosdePhalère,unbibliothécairequiportaitungrandintérêtauxlégislationsétrangères.Pourcefairedeslettrésjuifspalestiniensversésdansl’hébreuetlegrecseseraientinstallésàAlexandrie,dansl’îledePharospourtraduiredesrouleauxvenusdeJérusalemécritsencaractèresd’orhébraïques.Les72traducteursauraienteffectuécetravailen72jours....

SelonAristée,cettetraductionfuttrèsadmiréeduroiPtolémée,et,selonPhilond’Alexandrie, une fête commémorait chaque année sur l’île dePharosl’anniversairedujourdel’achèvementdelaSeptante.

(http://www.thomas-aquin.net/Pages/ToraH/Septante.htm)

Document 3.

La traduction de la Bible

Dieu a donc veillé sur sa Parole pour que les hommes detoutes les générations à venir puissent connaître sa pensée, etle texte original nous est parvenu sans altération significative.L’hébreu,languedel’AncienTestament,etlegrec,celleduNouveauTestament,sontdeslanguesencoreluesetétudiées.Enraisondesonvocabulaireetdelavariétédesesformesverbales,legrecestconsidérécommeunedeslangueslesplusriches.Ainsi,Dieuavouluquesonmessagesoitrédigédansdeslanguescompréhensibles,etpermettantl’expressionprécisedeconceptsabstraits.CettedernièreremarqueestvraiesurtoutpourleNouveauTestament.Maistelqu’ilaétéécrit,cemessagenepeutpasêtrecomprispartousleshommes.Danssatransmission,ilyadeuxvolets,laconservationdutexteoriginaletsatraductiondanslesdiverseslanguespopulaires.Les deux choses peuvent d’ailleurs être imbriquées: lorsque la lecture del’hébreu, dont l’écriture ne comporte que des consonnes, est devenue sujetteàdes interprétationsdifférentespour les Juifs eux-mêmes, lesMassorètesont

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précisé les voyelles qu’il fallait intercaler entre les consonnes par la notationsurajoutée dite des «points-voyelles». Ainsi, le texte de l’Ancien Testamentdevenait à la fois définitivement fixé et lisible par un plus grand nombre.Dans l’Antiquité, les Juifsdispersésn’utilisaientplus l’hébreucomme languecourante,maislegrec;ainsi,lanécessitédetraduirel’AncienTestamentengrecdonna la versiondite desSeptante.Ce travail fut accompli sous l’autorité duroid’Égypte,PtoléméePhiladelphequi,par curiosité littéraire,demandaqu’àcôtédestextesreconnussacrésparlesJuifssoienttraduitsdestextesd’origineincertaine.Ce fut l’origine des livres apocryphes dont on reparlera plus loin.Au début de l’ère chrétienne, le latin étant devenu la langue universelle,un Père de l’Église, Jérôme, fut chargé de traduire le Saint Livre en latin. Ilavaitlesqualitésintellectuellesetmoralespours’acquitterfidèlementdecettelourde tâche, achevée en 405. Le texte qui en résulta fut appelé plus tard la«Vulgate». Par cemot issu de lamême racine latine que «vulgarisation», onmontrait bien qu’il s’agissait de mettre le texte biblique à la disposition,sinon de tout le peuple, du moins de tous ceux qui lisaient le latin.Mais Jérôme avait reçu mission de traduire tous les écrits contenus dans laversion des Septante, et en particulier ceux que ni les Juifs ni lui-même neconsidéraient comme faisant partie de l’Écriture Sainte. C’est même lui quidonnaàcesécritslenomd’«apocryphes»,unmotquisignifie«cachés»(enfait,cachésauxfidèlesdanslessynagoguesparcequenonreconnus)etJérômemitengarde les lecteursde laVulgateparunenoteexplicativequi fut reproduitefidèlement jusqu’auconciledeTrente,c’est-à-dirependantplusdemilleans!Ce concile décida que ces écrits faisaient partie du texte sacré et, jusqu’àaujourd’hui,lesversionsdelaBibleéditéessousl’autoritédel’Égliseromainecomportent un certain nombre de livres supplémentaires par rapport au textereconnuparlesJuifsetlesProtestantsencequiconcernel’AncienTestament.Maislelatinn’estplusqu’unelanguemorte,commelegrecancienoul’hébreudelaBibleet,pourêtreaccessibleàtoutlecteur,laBibleadûêtretraduitedansles languespopulaires.Cebesoin s’est fait sentir très tôt,d’autantplusqu’auMoyenÂge, l’évangélisation et la prédication biblique étaient souvent prisesen charge par des prédicateurs itinérants. La plupart étant des disciples d’unordremendiantquidépendaientdusoutiendeleursauditoires.Trèssouvent,ilsmêlaientauxrécitsbibliquesdesfablescaptivantes,oumêmedessuperstitionspopulaires. À l’église, la lecture de l’Écriture Sainte se faisait en latin etainsi, pour le peuple, le message divin était déformé ou incompréhensible.LatraductiondelaBibledansleslanguesmodernesconstituedoncunmaillonessentieldelatransmissiondutextesacré,depuissarédactionjusqu’ànous.Elleadonnélieudanslepasséàdesluttesetaeusesmartyrs.Parmilesdifférentesversions,ilfautdistinguercellesquiontétéfaitesàpartirdestextesoriginauxdecellesquiontétéfaitesàpartirdetraductions,commelaVulgate,cequiaccroîtle risque d’inexactitude dans le rendu de l’original. Par l’expression «textes

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originaux», il fautcomprendre,nonpas lesmanuscritsdesécrivainsbibliquesqui,s’ilsexistentencore,n’ontpasétéretrouvésàcejour,maisletextehébreupourl’AncienTestamentetgrecpourleNouveau,dontonsaitqu’ilsreproduisentlesécritsinitiauxavecunefiabilitéabsolumentremarquableetuniqueaumonde.Les précurseurs

Vers la fin du Moyen Âge, de nombreux serviteurs de Dieu ontdésiré faire connaître les Saintes Écritures au plus grand nombre, soiten prêchant publiquement le message de la Bible, soit en s’attelant à cetravail considérable qu’est la traduction des Écritures. Il n’est pas possiblede rappeler tous leurs noms et nous ne citerons que quelques-uns de ceuxdont le combat pour la diffusion de l’Écriture Sainte a été exemplaire.En effet, dans l’histoire de l’Église, la querelle soulevée par la traduction dela Bible dans les langues populaires a joué un rôle très particulier. L’Églisen’avait-ellepastouteslesraisonsd’encouragerladiffusiondelaParoledeDieu?PourquoirefuserauxparoissienslalecturedelaBible?Pourtant,l’histoiredespremièrestraductionsdansleslanguespopulairesestcelled’uncombat.

Pierre Valdo (1140-1217), un riche commerçant de Lyon, consacre sesbiens et son énergie à la traductionde laBible en langage courant.En1199,quelques-unsdesesdisciplessontcondamnésaubûcherpouravoirdiffusédesportionsdelaBibleenlanguepopulaire.D’autresdisciplesdeValdoseréfugientdanslesAlpesetdeviennentceuxquel’onaappelésles«VaudoisduPiémont».EnAngleterre,onpeutciterBède le Vénérable(673-735)quitraduitenlangue

populaire l’évangile selonJean. Ce n’est qu’au XIVesièclequ’apparaîtralapremièretraductiondelaBiblecomplèteenanglais.

C’est l’œuvre de John Wycliffe,assistédeJohnPurveyetdeNicolasdeHereford.NéprèsdeLondresvers1320,JohnWycliffe entre à l’Universitéd’Oxford,àl’âgedeseizeans.Ilestrapidementconnucommeun brillant orateur. Après desétudes dans de nombreusesmatières,ilterminesaformationpar un diplôme de théologie.WyclifferesteàOxfordcommeprofesseur et prend plus tardla charge d’une paroisse de

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campagne.Dès ses jeunes années, il avait remarqué l’influence néfaste de laprépondérance des traditions sur le texte desÉcritures.Cette attitude critiqueàl’égarddelatraditiondel’Églisel’amèneàs’opposeràcequecettetraditionsoitmisesurlemêmepiedquelaBible,cequiluivautd’êtreexcluducercledeséruditsdel’Université.IlseretiredoncdanssaparoisseoùiltrouveletempsdetraduirelaBibleenanglais,cequ’ilachèveen1382.C’estainsiquevoitlejourunebiblecomplèteenanglais.Wycliffemeurtdeuxansplustard,maissontravailnerestepassanssuite.Eneffet,unnombreconsidérabled’exemplairesde la traduction de Wycliffe sont copiés (l’imprimerie n’était pas encoreinventée),detellesortequ’aujourd’huionenconnaîtencoreplusdesoixante-dix.LesdisciplesdeWycliffeparcoururent lepays,diffusant et expliquant laParoledeDieu,affrontantl’hostilitéduclergéquidéfendaitcequiétaitsupposéêtre son privilège, et plus d’un paya de sa vie son engagement courageux.Lesouvenirdeceprécurseurdestraducteursbibliquesestaujourd’huiperpétuéparlamissionquiportesonnom(SociétédestraducteursWycliffe),dontl’objetest la traductionde laParole deDieudans le plus grandnombrepossible delanguesetdedialectes.

Des versions de référence

Toutes les traductions dont nous venons de parler ont été faites à partirde laVulgate, c’est-à-dire ne sont que des versions de version, avec tous lesrisquesdemodificationdusensoriginalquecelacomporte.MaisauXVesiècle,on introduit en Europe des anciens manuscrits grecs du Nouveau TestamentappartenantàdesÉglisesduProcheOrient.Dèslors,onapufaireune«critiquetextuelle».Cetermedésigneuneétudesavantedesmanuscrits,parlaquelleonrecherchequelestletexteoriginal,expurgédesmodificationsintroduitesparlescopistes.Onapuainsieffectuerdestraductionsàpartirdecestextescorrigés.Ce «retour aux sources» concerne surtout le Nouveau Testament; quant àl’Ancien, lesJuifsenavaientfidèlementconservéle textehébreu.L’inventionde l’imprimerie permet alors d’imprimer le texte du Nouveau Testament.C’est ainsi que paraît le Nouveau Testament d’Érasme, en 1516,imprimé par Fröben à Bâle. Cette première édition contient beaucoupd’erreurs, mais sert de texte de référence à des éditions corrigées.La plus connue est celle de l’éditeur parisien,Robert Estienne, en 1550, quicomprend, pour la première fois, une division du texte en versets, divisionquenousavonsencoredenosjours.C’estàpartirdecestextesquedésormaisserontfaiteslaplupartdesversionsdesSaintesÉcritures,etenparticuliercellesquiontuneplaceprivilégiéedans l’histoirede la transmissiondu textesacré.Ils’agitdelaBibledeLutherenallemand,decelledeTyndaleenanglaisetdecelled’Olivétanenfrançais.IlfallutattendreladeuxièmemoitiéduXIXesiècle,aprèslesextraordinairesdécouvertesdemanuscritsanciens,pourvoirapparaîtrede nouvelles versions prenant en compte les corrections du texte original

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suggéréesparcesdécouvertes.La version allemande de Luther

En 1521, un moineest interné au château de laWartburg, en Allemagne, oùiloccupedeuxpetitespièces,équipées d’un lit, d’une tableet d’une chaise. Il s’agit deMartin Luther qui bénéficieen fait d’une «détentionprotectrice». Car, après avoiraffiché à Wittenberg ses «95thèses»,ilavaitétémisaubandel’Empire.

Luther va profiterde cette retraite forcéepour traduire le Nouveau

Testament en allemand.Commencé en décembre 1521, ce travail est terminéenmars1522,dansletempsrecorddequatremois.LeNouveauTestamentenallemandparaîtenseptembre1522,entroismilleexemplairesquiserontécouléstrès rapidement.Unedeuxièmeédition suivradès lemoisdedécembre1522.Lutherentreprendensuitelatraductiondel’AncienTestamentàpartirdutextehébreu, pour laquelle il s’entoure de collaborateurs qualifiés, Mélanchton etAurogallus.LaBiblecomplètetraduiteenallemandparLuthernesortdepressequ’en 1534. En quarante ans, centmille exemplaires seront imprimés, tirageextraordinaire pour cette époque. De nos jours, le texte biblique «d’après laversiondeLuther»estencoreédité.

Onpeutmesurerl’impactdecetouvrageàl’extraordinairedemandequienestfaite,quimetenévidencelaprofondeurdelasoifspirituelleàlaquelleilrépondait.Ondoit aussi souligner son importancehistorique considérable surla langue allemande. En effet, à l’époque de Luther, il n’existait pas commeaujourd’hui une seule langue allemande, mais une multitude de dialectesgermaniques locaux.Leshabitantsdesdifférentes régionsnesecomprenaientpastoujoursentreeux.Cettesituationn’estpasencorecomplètementrésorbée,mais il existe aujourd’hui une langue allemande unifiée qui a vu le jouravec la traduction deMartin Luther. Pour faire lire et comprendre la Parolede Dieu par tous les peuples s’exprimant dans des dialectes germaniquesdifférents,Luther a accompli un grand travail d’unification linguistique qui acontribué à la formation de ce que nous appelons aujourd’hui «l’allemand».

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La version anglaise de Tyndale

William Tyndale,unAnglaiscontemporaindeLuther,alaisséuneversionanglaisedelaBibledontl’importancehistoriquepermetdelarapprocherdecelledeLuther.C’étaitunéruditquilisaitl’hébreu,legrecetlelatin,etquipouvaits’exprimerdansquatrelanguesmodernes.IlvoulutmettresesdonsauservicedeDieuenseproposantdefaire«qu’enAngleterre,legarçonquipousselacharrueconnaissel’Écrituremieuxquelepapelui-même».C’estpourquoi,ilentrepritlatraductionduNouveauTestament,aprèsavoirrencontréÉrasmeetdécouvertletextegrec.SesentantmenacéenAngleterreàcausedesonprojet,ilseréfugieàHambourgetnereviendrajamaisdanssonpaysnatal.SonNouveauTestamentest imprimé àWorms en 1525,mais l’introduction du livre enAngleterre estcombattueparl’évêquedeLondres.

Ce dernier fait brûler publiquement devant la cathédrale Saint-Paul unnombreimportantd’exemplairesdecettetraduction.Enfait,cettedémonstrationconstitueunepublicitépourunedeuxièmeéditionquebeaucoup,enAngleterre,désirentobtenir.ToujourspoursuiviparlesennemisdelaParoledeDieu,Tyndaletombedansunguet-apens. Il est emprisonné au châteaudeVilvorde, prèsdeBruxelles.Là,parunefaveurextraordinaire,ilobtientlesouvragesnécessairesà la traduction en anglais de l’AncienTestament (texte hébreu, grammaire etdictionnaire). Condamné par Charles-Quint, Tyndale connaît le supplice dubûcheren1536.Sesamisrecueillentalorslesmanuscritsdesatraductionpourlesfaireimprimer.En1538,leroid’AngleterreHenriVIIIreçoitunexemplairedelapremièreédition.Ilenadmirelabeauté,etdécrètequecetteBibledoitêtrelueparsessujets.Àcetteépoque,celledelaRéformeenAngleterre,d’autresversionsserépandentaudétrimentdelaBibledeTyndale.Maisen1607,leroiJacquesIerd’Angleterreconfieàungrouped’éruditslarévisiondelaversiondeTyndale.Letextequienrésulte,éditéen1611,estappelé«Version autorisée du roi Jacques».CetteBibleserapendanttroissièclesetdemi,c’est-à-direpresquejusqu’ànosjours, le best-seller des librairies anglo-saxonnes.Si on ajouteque laVersionAutorisée a servi de base à la traduction des Saintes Écritures dans de trèsnombreuxdialectesetlangues,onvoitquelleplaceimportantetientl’œuvredeTyndaledansladiffusiondelaParoledeDieu.

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La version française de Pierre-Robert Olivétan

PierreValdo s’est engagé dans le combat pour la Parole deDieu, et lasemencequ’ila répandueaportédes fruitsquelque trois sièclesetdemiplustard.C’estalorsseulementquelesdescendantsdesesdisciples,lesVaudoisduPiémont, ontfinancé la première impression de cette traduction française destextesoriginaux.LapremièretraductiondelaBiblecomplèteenfrançaisparaîtêtrelatraductiondel’UniversitédeParis,effectuéeentre1226et1250,c’est-à-diresouslerègnedeSaint-Louis.MaisladiffusiondelaParoledeDieuenlanguepopulaire, jusque-là acceptée et parfois encouragée par l’Église, commença àémouvoir seshautes autorités, lorsqu’elles s’aperçurentque sa lecturemettaitenévidencedesdiscordancesentrel’enseignementbibliqueetlespratiquesdel’Église.En1230déjà,bienavantlaRéforme,unsynodetenuàReimsainterditde«traduireenfrançais,commeonl’avaitfaitjusqu’alors,leslivresdelaSainteÉcriture».En1524,lesavantLefèvred’ÉtaplespublieunNouveauTestamenten français.LaSorbonnecondamne le livreau feuetchercheà faire juger letraducteur.Toutefois,letravaildeLefèvrenes’arrêtepaslà.Iltraduitl’AncienTestamentetsaBiblecomplèteparaîten1530.

En fait, la version de Lefèvre d’Étaples a été faite à partir dela Vulgate. Mais dans son étude des Saintes Écritures, il a rassembléautour de lui plusieurs étudiants dont nous connaissons quelques noms,comme Guillaume Farel, Louis Olivier et son cousin Jean Calvin.Louis Olivier, plus connu sous le nom de Pierre-Robert Olivétan, a poursuivi en un sens l’œuvre de Lefèvre d’Étaples.En septembre 1532 se tint à Chanforans (Italie du Nord) une assemblée dechrétiensvenusessentiellementduPiémont,maisaussideplusieursprovincesdeFrance,etmêmed’Allemagne.Aucoursdecetteréunionextraordinairefutdécidée,surl’insistanceparticulièredesVaudoisduPiémont,l’impressiond’unebible française destinée à tous. LesVaudois s’engagèrent à fournir les fonds

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nécessaires.FareletSauniersevirentconfier la responsabilitéde la tâche. Ilsdemandèrentalorsl’aidedePierre-RobertOlivétanquiavaitdéjà,pourlui-même,traduitenfrançaislesSaintesÉcritures.Mais,parhumilité,Olivétansefitprier,estimantqued’autresétaientmieuxqualifiésqueluipourcetravail.Àlasuited’unvoyagepérilleuxàtraverslesAlpes,Olivétan,émuparlalibéralitédeschrétiensduPiémontquiavaient réunietdonnécinqcentsécusd’orpour l’impressiondelaBible,sedécida.Endix-huitmois,ilrévisasesmanuscritsetlespréparapourl’impression.Le12février1535,ilécrivitlapréfacedesatraduction,quiestlapremièrebibleenfrançaistraduiteàpartirdesoriginauxhébreuetgrec.Elleestsortiedel’imprimerieàSerrières(cantondeNeuchâtel,enSuisse)le4juin1535.Olivétann’apasvouluquesonnomparaissesurcetouvrage.Undesescollaborateursajouteraunpoèmeenlatinpourenrecommanderlalecture,poèmequicontientenacrostiche«PetrusRobertusOlivetanus»,cequiapermisd’identifierletraducteur.C’estOlivétanquiaproposé,pourlatraductiondumothébreu«Yahweh»,lemotfrançais«l’Éternel»,nomdeDieuquisetrouvedansbeaucoupdeversionsfrançaisesetquin’apassonéquivalentdansd’autreslangues.Peu de temps après, Olivétan est mort empoisonné, victime de l’Inquisition.Maissontravailn’apasétévain.SaversionaétéréviséeparCalvinen1560,parThéodoredeBèzeen1588.CetexteseraceluiquelirontenFrance,aprèsplusieursrévisions,leshuguenots.Ilconnaîtraencoredesrévisionsetdesmodernisations.Ce sera l’œuvre de David Martin, pasteur français réfugié en Hollande, en1707,puisdeJeanOstervald,pasteuràNeuchâtel,en1744.IlfaudraattendreladeuxièmemoitiéduXIXesièclepourvoirapparaîtredenouvellestraductionsfrançaisesquibénéficierontdesprogrèsde la critique textuelle, permispar ladécouvertedenouveauxmanuscrits, tellesque lesversionsDarbyouSegond.Ainsipendantplusieurssiècles, lescroyantsde languefrançaiseontpulire leSaint Livre dans la version d’Olivétan, ou dans des versions qui s’en étaientlargementinspirées.

Nousavonsévoquélesversionsquionteuleplusd’importancehistorique.En fait, de nombreuses versions françaises ont été faites, et nous ne saurionstouteslesciter.Nousdonnonsci-dessousuntableauchronologiqued’uncertainnombred’entreelles,avecleurfiliation.

(http://www.info-bible.org/histoire/histoire.htm)

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 2

Document 1.

Traduction : définition

Latraductionestlefaitd’interpréterlasignificationd’undocumentdansune langue (langue source), et de produire un texte ayant un sens et un effetéquivalentssurunlecteurayantunelangueetuneculturedifférentes(languecible).Denosjours,latraductionesttoujoursuneactivitéessentiellementhumaine.Destentativesontcependantétéfaitespourautomatiseretinformatiserlatraduction(traductionautomatique)oupourutiliser lesordinateurscommesupportde latraductionhumaine(traductionassistéeparordinateur).

Lebutde la traductionestd’établiruneéquivalenceentre le textede lalanguesourceetceluidelalanguecible(c’est-à-direquelesdeuxtextesaientle même sens), en tenant compte de certaines contraintes (contexte, style,grammaire,etc.),afindelerendrecompréhensiblepourdespersonnesn’ayantpasdeconnaissanceoudisposantd’uneconnaissanceinsuffisantedelalanguesourceetn’ayantpaslamêmecultureoubagagedeconnaissances.

Une différence existe entre traduction, qui consiste à traduire des idéesexpriméesparécritd’unelangueversuneautre,et interprétation,quiconsisteàtraduiredesidéesexpriméesoralementouparl’utilisationdepartiesducorps(languedessignes)d’unelangueversuneautre.

Avant de procéder à la traduction Lecontextedétermineraletravail:letravailseraeneffettrèsdifférents’il

s’agitd’untextecourtquel’onveutsimplementcomprendreoud’unebrochureàtraduirepourdesclients.

La gestion du temps est essentielle. Planifier sa traduction fait partieintégrantedutravail,eneffet,lestraductionssontsouventurgentes.

Avant de débuter certaines traductions, il est fortement conseillé des’informer auprès de spécialistes (ou de sites Internet ou encore de revuesspécialisées)afind’obtenirdesinformationsquantauxtermesutilisés.

Le texte doit idéalement être lu deux fois afin d’appréhender son style,soncontexteetleniveaudelangage.Eneffetunemauvaiseinterprétationd’unélémentdutextepourraitmodifierlesensgénéral.

Onpeutparfoisconseillerdetraduireletitreendernierlieu,surtoutsilesensn’apparaîtpasclairementdèslapremièrelecture(ilfautégalementseméfierdestitresquisemblentévidentsmaisquicontiennentunjeudemots,uneastuceouune référenceculturelle intraduisible).En français, seul lepremiermotdutitreprendunemajuscule.

Sidespartiesrestentobscuresetquele traducteurenale temps, ilpeut

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

laisserletextedecôtépendantquelquestempsetyrevenirplustard,lorsqu’ilalesidéesbienclaires.Unetraductiondoit:

• respecterlesensdumessageoriginal• nelaissersubsisteraucundoute• êtreaussiconciseouaussilonguequel'original• sembleravoirétérédigéedirectementdanslalanguecibleSiaprèsavoireffectuéplusieurslectures,unproblèmesubsiste,tentezdele

résoudreàl’aidedecertainestechniques:• à quelle catégorie appartient le terme: verbe, adverbe, substantif,

adjectif?• le termeposantproblèmeest-il reprisailleursdans ledocumentsous

uneautreforme(pouréviterunerépétition)?• quellepeutêtresonétymologie?

(http://traduction.betranslated.com/techniques-traduction.php)

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 3.

Document 1.

Les dix commandements du traducteurSoigneusementtescontratstulirasJamaissanscontrattunetravaillerasJamaissansà-valoirtunecontinuerasLeversementdusoldeàpublicationturefuserasToujourslesdélaisturespecterasLeCodededéontologietuappliquerasTesépreuvesturelirasLerespectdetonnomtuexigerasUnerémunérationcorrectetuobtiendrasEncasdeproblèmel’ATLFtualerteras

(http://www.atlf.org)

Onconfondsouventlaprofessiond’interprèteaveccelledetraducteur;s’il est vrai que ces activités sont apparentées, notamment par la démarcheintellectuellemiseenoeuvre,ellesn’ensontpasmoinstrèsdifférentesdansleursmodalités:

• Letravaildutraducteurconsisteàtraduiredestextesparécrit.Ilpeuts’agirdetextesdenaturetrèsdiverse:littéraires,techniques,politiques,scientifiques, juridiques, contrats, discours etc. La production dutraducteurestpardéfinitionécrite.

• La prestation de l'interprète de conférence est toujours orale. Elleconsisteàtraduireoralementdesproposprononcésparunorateur,danslesdomaineslesplusvariés.C’estdoncbienuneactivitétrèsdifférentede celle du traducteur; reste que les deux activités procèdent d’unedémarcheintellectuelletrèsvoisine

Avant de fournir quelques éléments théoriques sur les mécanismes del’interprétation, le plus simple est peut-être de commencer par dire ce quel’interprétationn’estpas:l’interprétationn’estjamaisuntranscodage.Autrementdit,l’interprètenesecontentejamaisderemplacerunmotdelalanguesourceparunmotdelalanguecible.Unetellefaçondefaireaboutiraitàuncharabiatotalement inintelligible. La même observation vaut, au demeurant, pour latraductionécrite.

L’interprétationestcaractériséeparun«triangledecommunication»quisedécomposeen3phases:

• La phase d'écoute, au cours de laquelle l’interprète reçoit dans une

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

languel’informationqu’ilestappeléàrestituerdansl’autrelangue.• La phase de compréhension et d’analyse, au cours de laquelle

l’interprètecomprend,décrypteetassimilel’informationàtraduire.• La phase de réexpression, au cours de laquelle l’interprète restitue

l’informationd’unemanièrefidèle,préciseetcomplète.Ledeuxièmephaseestcapitale;unpassagedirectde lapremièrephase

à la troisième est irrémédiablement voué à l’échec. Autrement dit, on nepeut correctement interpréter (ou traduire) que ce que l’on comprend. D’oùl’importancedesconnaissancesdel’interprète-cequelesspécialistesappellentle «bagage cognitif» - et de la préparation approfondie de tout domaine oùl’interprèteestamenéàtravailler.

Laprioritépour l’interprèteest,en toutescirconstances,defaire passer le message. Si la recherche terminologique est, certes, nécessaire, elle perdrapidement son utilité si elle n’est pas accompagnée d’une très sérieusepréparationthématique.L’interprètequisaitdequoiilparlearriveratoujoursàsefairecomprendre,mêmes’illuimanqueuntermeoudeux.Al’inverse,quandlapréparation se réduit à l’apprentissagede longues listedevocabulaire sanschercheràcomprendredequoiilestquestion,ilnepeutyavoirdecommunicationlinguistiquesatisfaisante.

Cestroisphasesdeladémarcheinterprétativesontidentiquesqu’ils’agissed’interprétation consécutive ou simultanée, si ce n’est qu’elles se télescopentdanslecasdelasimultanée.

Quels que soient les avancées des recherches en matière d’intelligenceartificielle,ilestpeuprobablequ’unordinateurprennelaplaced’uninterprètedansunavenirprévisible.Logicielsetmatérielssontencoreloindedisposerdescapacitéscognitives,culturelles,intellectuellesetémotionnellesindispensablesàuneinterprétationdequalité.

Lesinterprètesdeconférenceserépartissentendeuxgrandescatégories:lesinterprètes permanentsetlesfree lance.• Lesinterprètes permanentssontsalariés-souventfonctionnaires-desgrandes

organisationsinternationales,tellesquel’ONU,laCommissiondel’UE,leParlementEuropéen,leConseildel’Europe,l’OCDE,l’UNESCOetc.Les différentes institutions de l’UE constituent à cet égard le premieremployeur d’interprètes de conférence au monde avec un effectif deplusieurs centaines d’interprètes: le Service Commun Interprétation-Conférences (SCIC ainsi que SCICNEWS), basé à Bruxelles, estchargé de pourvoir aux besoins en interprétation des innombrablesréunionsquisetiennentquotidiennementavecdesrégimeslinguistiquesextrêmementvariés.Quandune interprétationest requisedans lesonzelangues officielles de l’Union Européenne, l’équipe d’interprètes secomposera au minimum de 33 interprètes. On imagine aisément lesdéfis linguistiques qu’entraîneront les futurs élargissements de l’Union.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Desinterprètespermanentstravaillentégalementparfoisdanslesminis-tères;onciteraenparticulierleMinistèrefrançaisdesAffairesEtrangèresquidisposed’uncorpsd’interprètesappelésprincipalementàeffectuerdesmissionsd’interprétationdiplomatique.

• Les interprètes free lance exercent leur profession en travailleursindépendants.Ilssontengagésaucasparcaspouruneprestationspécifique.Leurchampd’interventionesttrèsvaste:congrèsinternationauxdetoutesorte(scientifiques,techniques,médicaux,économiquesetc.);rencontresdiplomatiquesàtouslesniveaux,depuislescontactsentrefonctionnairesjusqu’auxsommetsdeChefsd’Etat(sommetsbilatérauxtelsquelessommetsfranco-allemands,réunionsduG7/G8etc.);Comitésd’entrepriseeuropéens,conseils d’administration ou directoires d’entreprises multinationales,conférences de presse; réunions internationales très diverses, voyagesd’études etc. Cette énumération est loin d’être exhaustive, mais seraitincomplète si l’on ne mentionnait pas l’interprétation à la télévision,souvent présente notamment sur la chaîne culturelle européenneARTEdontlesémissionssontdiffuséessimultanémentenAllemagneetenFrance.Parailleurs, les interprètesfreelanceviennentcompléter leséquipesdepermanentsdanslesorganisationsinternationalesquipeuventainsifairefaceauxinévitablesfluctuationsdeleursbesoinseninterprétation.

(http://perso.orange.fr/e-weiser/frameexercice.html)

Document 2.

Définir la traductionLatraductionestlefaitd’interpréterlesensd’untextedansunelangue

(langue source,oulangue de départ),etdeproduireuntexteayantunsensetuneffetéquivalentssurun lecteurayantune langueetuneculturedifférentes(langue cible,oulangue d’arrivée).

Jusqu’ici,latraductionestrestéeuneactivitéessentiellementhumaine.Destentativesontcependantétéfaitespourautomatiseretinformatiserlatraduction(traductionautomatique),oupourutiliserlesordinateurscommesupportdelatraductionhumaine(traductionassistéeparordinateur).

Lebutde la traductionestd’établiruneéquivalenceentre le textede lalanguesourceetceluidelalanguecible(c’estàdirefaireensortequelesdeuxtextessignifientlamêmechose),toutentenantcompted’uncertainnombredecontraintes (contexte,grammaire,etc.),afinde le rendrecompréhensiblepourdespersonnesn’ayantpasdeconnaissancedelalanguesourceetn’ayantpaslamêmecultureoulemêmebagagedeconnaissances.

Surlemarchédutravail,ondistinguedeuxtypesdetraduction:latraductionde textes pragmatiques et la traduction littéraire. Lamajorité des traducteurs

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

professionnelstraduisentdestextespragmatiques.Traduction pragmatiqueLatraductionpragmatiqueconcernelesdocumentstelsquelesmanuels,

feuillets d’instructions, notes internes, procès-verbaux, rapports financiers, etautresdocumentsdestinésàunpubliclimité(celuiquiestdirectementconcernéparledocument)etdontladuréedevieutileestsouventlimitée.

Par exemple, un guide d’utilisateur pour un modèle particulier deréfrigérateurn’ad’utilitéquepourlepropriétaireduréfrigérateur,etresterautiletantquecemodèlederéfrigérateurexistera.

La traduction de textes pragmatiques exige souvent des connaissancesspécialiséesdansundomaineouunautre.Fontpartiedestextespragmatiques:

•Lesdocumentsd’ordretechnique(informatique,électronique,mécanique,etc.)

•Lestextesscientifiques(astronomie,médecine,géologie,etc.)•Lestextesd’ordrefinancierouadministratif.Latraductionpragmatiqueestuntypedetraductionsouvent«anonyme»

danslequelletraducteurpeutnepasêtreassociéaudocumenttraduit,toutcommecertainesentreprisesnefontpasmentiondesauteursdeguidesd’utilisationdesproduits.Cependant,danslecasdelatraductiondelivresàcontenuinformatif,letraducteurseramentionnédanslasectionderesponsabilitéprimairedel’itembibliographiquedulivre.

Engénéral, la traductionpragmatique est plus accessible et rapporte unsalaireplusélevéquelatraductionlittéraire.Cettedernièreesteffectuéeavanttoutparamourdelalangueetdutexteoriginal,ouparvolontédefaireconnaîtretouteslessubtilitésd’untexteadmirableécritenlangueétrangère.

(http://fr.wikipedia.org/wiki/Traduction#Théories_de_la_traduction)

Document 3.

Traducteur littéraire en France : dans les chausse-trapes d’un vide juridique

Article de Dominique Palmé, traductrice indépendante de japonais, membre de la Société française des traducteurs (SFT).

Depuis une dizaine d’années, au cours des tables rondes organisées auSalonduLivreouàExpolangues,ouencoredesrencontres-lecturesmarquantlasortied’unouvrageenlibrairie,lesoccasionssemultiplientpourletraducteurdetémoignerdelagrandeuretdesdifficultésd’uneprofessionqui,aumoinsdansledomainedelalittérature,susciteunintérêtcroissantdelapartdupublicetdesmédias.Etgrâceauxinitiativesd’uncertainnombred’associationsattachéesà

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ladéfensedecemétier, ledit traducteursortpeuàpeuavecbonheur-commel’escargot de sa coquille- d’un anonymat séculaire, accédant ainsi, à traversla reconnaissancede son rôle essentiel de«passeurdevoix», àun semblantd’existence,préférableévidemmentàlacomplèteinvisibilité.

Etpourtant...Alorsquechacuns’accordedésormaisàreconnaîtreletruismeselonlequelaucuneœuvrenepourraitrayonnerau-delàdesfrontièresdupaysetdelalanguedanslesquelselleaétéconçuesiellen’étaitportée(danstouslessensduterme)parunbontraducteur,forcenousestdeconstaterquecelui-cicontinuetropsouventdefairefigured’oublié.Quedireparexempledecetéditeurquinégligedementionner,enpremièrepagedecouvertured’unedesescollections,lenomdutraducteur?Négligencerelativementcourante,maisquinemanquepasdepiquantlorsqu’onsaitquelacollectionenquestions’intitule...«Lesgrandestraductions»!Faut-ilenconclurequetoute«grandetraduction»,procédant d’une génération spontanée, ne nécessite nullement l’interventiond’untraducteur?

Railleriemiseàpart,onpeutsedemanderd’oùvientunetelleentorseauxusages.Laréponseesttristementsimple:c’estquemêmele«CodedesUsagespour la traductiond’uneoeuvrede littératuregénérale» (signé enmars 1993entre laSociétédesGensdeLettresdeFrance, l’ATLFet laSFTd’unepart,etleSyndicatNationaldel’Édition,del’autre)semontrelaxisteàl’égarddesobligationsdel’éditeurdanscedomaine,puisqu’ilprécisesimplement:«Lespartiesconviennentquelenomdutraducteur,quifiguresurlapagedetitre,doitapparaîtredistinctementsurlapremièrepagedecouverturedulivre,ouàdéfaut(c’est moi qui souligne), sur la quatrième page de couverture.» (ParagrapheVIII,2).Biendeséditeurspeuventainsirespecteràdemicecodesansêtrepourautantprisendéfaut.

Or-etl’ongoûteraunefoisdeplustoutlepiquantdecettesituation-letraducteurd’éditionestconsidéré,surlepapierdumoins,commeuncréateuràpartentière,sil’onenjugeparlesdispositionsfigurantàcesujetdansleCodedelaPropriétéIntellectuelle,oudanscertainstextesofficiels(loidu11mars1957surlaPropriétéLittéraireetArtistique;loidu31décembre1975surlaSécuritéSociale desAuteurs; loi du 26juillet1991 sur la TVA applicable aux droitsd’auteur). Mais dans la pratique professionnelle prédominent l’ambiguïtéet le paradoxe quant à l’aboutissement logique que devrait impliquer cetteéquivalence de statut: si le traducteur littéraire, qui déclare ses revenus en«droitsd’auteur»,estassujettisurleplanfiscalauxmêmescontraintesqu’unécrivain,enrevanchelarémunérationqueluiversel’éditeursousformed’«à-valoir»necorrespondnullementà l’ampleurdutravailetdu tempsqu’ildoitconsacreràuntextepourtransposerdanslalangue-cibletouteslesqualitésdel’oeuvreoriginale.Pourmémoire: le tarif par page française dactylographiéede 250signes et espaces oscille, pour un roman traduit du japonais- langue«rare»-, entre130et160francs.Cette sommeest sensiblement supérieureà

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celleaccordéeàuntraducteurdelangueoccidentale.Maisellereprésenteàpeineletiers,voirelequart,deshonorairesauxquelspeutprétendreuntraducteurdejaponais technique...Quant aumontant des «droits d’auteurs» (qui équivautenmoyenne,quandl’oeuvretraduiten’estpasencoretombéedansledomainepublic,à2%duprixpublichorstaxedesexemplairesvendus),letraducteurenvoitrarementlacouleur,etdanslemeilleurdescas,pasavantquen’aientétévendusquelque30000ouvrages.

Bref, même si en termes de reconnaissance sociale son sort s’estindéniablement amélioré depuis dix ou quinze ans, le traducteur littérairecontinueàfairefigurede«parentpauvre»auseindesaprofession.Maiscelanedécoule-t-ilpasd’ungraveproblèmede fondqui touche l’ensembledecemétier, toutes spécialités confondues ? C’est qu’en France cette activité, aumême titre d’ailleurs que la pratique de la psychanalyse, ne relève d’aucunstatut officiel. En l’absence de celui-ci, n’importe qui, du jour au lendemain,peutsedéclarertraducteur.Pourpallierlesabusquerisqueraitdegénérerunetelle situation, l’ATLF a fort justement élaboré un «Code de déontologie dutraducteurlittéraire».Ilestdommagequecedocument,quifaitétatdesdevoirsetengagementsquel’onpeutexigerdetouttraducteurdignedecenom,nesoitpascontrebalancéparuneréglementationspécifiantlesdroitsdecedernieretlaprotectionjuridiquedontildevraitnormalementbénéficier.Tantqu’unvéritabledébatneserapasengagésurcesujet,notammentauprèsdespouvoirspublicsetdescommissionsconcernéesauseindelaCommunautéeuropéenne,ilestàcraindrequelepauvretraducteur-littéraireounon-necontinued’êtretraité,parcertainsclientsindélicats,commelacinquièmeroueducarosse.

Pourensavoirplussurl’exercicedecemétieretsacouverturesociale:• SociétéFrançaisedesTraducteurs

22,ruedesMartyrs-75009Paristéléphone:0148784332;minitel:3615/SFTInternet:www.sft.fr

• AssociationdesTraducteursLittérairesdeFrance99,ruedeVaugirard-75006Paristéléphone:0145492644

• AGESSA(AssociationpourlaGestiondelaSécuritéSocialedesAuteurs)21bis,ruedeBruxelles-75009Paristéléphone:0148782500

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Document 4.

Traducteur littéraire, traducteur d’édition

Article de Catherine Sobecki, membre AAE-ESIT.

Àmesyeux,jenesuispasunetraductricelittérairemaisunetraductriced’édition, car jenem’occupepasde littérature.Etpourtant il faut savoirquel’Association des traducteurs littéraires de France (ATLF) dit clairement quelanotiondetraducteurdit«littéraire»neprendpasencomptelecontenudestraductions,maislefaitquecetraducteurestsoumisauxdispositionsrelativesàlapropriétéintellectuelle—cequiestlecasdetouttraducteurtravaillantpourdeséditeurs.Àcetitre,letraducteurlittéraires’engageparcontrat,signéavecunéditeur,àtraduireunouvragedestinéàêtrepublié,voirejouéoudiffusédanslecasd’unepiècedethéâtre,d’unjeuvidéooud’unfilmsous-titré.Ilpeutdoncs’agird’uneencyclopédie,d’undocumentoud’unguidepratique,aussibienqued’untextelittéraireausensstrict.

Silesrevenusgagnésdansl’éditionsontdesbénéficesnoncommerciaux,ilfautsavoirquepourlefisc,untraducteur-auteurestrémunéréendroitsd’auteur,imposablesselonlesrèglesdestraitementsetsalaires(Codegénéraldesimpôtsart.93-1°quater).

La situation de ce traducteur n’est pas celle d’un sous-traitant ni d’unprestatairedeservices,maiscelled’unpartenairedel’édition.Ilestimportantdesavoirquelapropriétéincorporelled’uneœuvredel’espritrestetoujoursàsonauteur.Celui-cinecèdepasautrechoseàl’éditeurqueledroitd’exploitercetteœuvre.

La traduction d’édition possède quelques spécificités à connaître car letravailremisestmisenformeparun/unemaquettiste.Maisavanttoutechose,j’aimeraismentionnerunpiègedanslequeltombenttropsouventlesnouveauxtraducteurs,celuiquiconcerneladifférenceentreunepageetunfeuillet.Dansl’éditionfrançaise,onestpayéaufeuillet(25lignesde60signes)soitenmoyenne1500signesparfeuillet;dansl’éditionallemande,cefeuilletcompte30lignes,soitunemoyennede1800signes.Tropsouvent,onproposeraàquelqu’unquisemblepeuaufaitdesrèglesdecemilieuunpaiementsurlabasedunombrede pages à traduire— parfois avec l’argument, toujours au désavantage dutraducteur,selonlequelunepagecorrespond«environ»àunfeuillet,voire—c’est plus fallacieux mais je n’invente rien— on prétendra n’avoir jamais«entenduparler»d’unerémunérationaufeuillet.Concernant larémunérationproprementdite,ilsemble«indécent»d’accepterunerémunérationinférieureà100F le feuillet (montantbrut)etpourtant,depuisquelque temps,plusieurséditeurspour la jeunessen’hésitentpasàproposerdes sommesbienendeçà.Leurpratiquehabituelleconsisteàproposerunforfaitpouruncertainnombredepagesplusoumoinsillustrées.Celasecorselorsquel’onchercheàconnaître

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

le nombre de feuillets ou de signes (le fameux calibrage): soit vous tombezsur une personne plutôt honnête qui vous répond en ajoutant de suite quel’ouvrageestsijoli,etc.,soitl’onvousrétorquequ’onn’ensaitrien(cequiestimpossible, car aucun éditeur n’achèterait les droits d’un livre sans connaîtrele contenududit ouvrage, son calibrage...). Pour résumer, bagarrez-vous pourêtrepayésconformémentàlaqualitédevotretravail.Dureste,leséditeursontbesoindetraducteursdeconfiance(riendepirepoureuxquededevoirremanierintégralement une traduction). Pour clore l’aspect «gros sous», une autrepratiqueque les éditeurs aimeraient instaurer consiste à ignorer lenombredefeuilletspourimposerunpaiementselonuncomptageinformatique(quidiffèred’unordinateuràunautreet,tantqu’àfaire,vousconstaterezqueladifférenceesttoujoursenvotredéfaveur).Cetaspectestparticulièrementépineuxlorsqu’ils’agitdelatraductiond’unouvragebourrédephotographies,etc.,oùletravailn’estpastapéaukilomètre,maisoùilfautsanscessealleràlalignepourtraduireunautrefragmentdel’ouvrage(d’oùdenombreuxblancssurchaquefeuillet).C’estunesituationàrésoudreaucasparcas,enveillantànepasêtrelésémais,également,entenantcomptedel’éditeur.Lapositiondel’ATLFàcetégardestdesplusclaires:qu’ilyait1ou60signesparligne,uneligneresteuneligneetilfautfacturerselonlenombredefeuillets,surlabased’unfeuillet=25lignes(enFrance).C’esttoutefoisdifficileàobtenirdanslaréalité.

Unautreaspectdelatraductiond’éditionconcernelecalibrage.Exceptésivoustraduisezdelalittérature—auquelcaslaquestionneseposepas—dèsquevousavezuntantsoitpeud’illustrations,etc.,ilfautrespecterlecalibrage,àsavoirlenombredesignesfigurantsurchaquepagedel’ouvrage(oualors,ilfautquel’onvousaitsignaléquelapoliceseralégèrementdiminuéeafindetoutfairerentrer—c’estunpoint à connaîtreavantde s’attaqueràune traduction).Orcommevousaveztousentenduparlerducoefficientdefoisonnement,votretravailverslefrançais(pourparlerdecequejeconnais)devrarespecterceprincipedebase.Pourrésumer,ilfaut,bienévidemment,restituerfidèlementlapenséedel’auteurenresserrantquelquepeulecontenudupropos—cequis’avèreplusoumoins facile selonquecettepenséeest«diluée»ouconcise.Par ailleurs,dans l’édition,on fait toujoursde la traduction -adaptation.Concrètement, lelecteurfrançaisnedoitpasréaliserqu’ils’agitd’unetraduction,cequiimposedes’écarterdutextedèsqu’ils’agitd’unenotionétrangèreàlaréalitéfrançaise.Vousvousdoutezquelatâcheestparfoisbiencomplexe(maisc’est,entreautres,cequifaitladifférenceentreceluiquiconnaîtunelangueétrangèreetceluiquiesttraducteur).

Dernier point, particulièrement terre à terre: celui de la présentationdela traduction.Outre le fait qu’il faut savoir si notre travail sera lu par unPCouunMAC,unetraductionpourl’éditionesttoujourstapéeaukilomètre,sansmajuscule(hormispourlapremièrelettred’untitreoud’unephrase).Lesdeuxpoints,lepointvirgule,letiretd’incise(àdistinguerdutraitd’union),etc.doivent

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êtreprécédésd’unespaceinsécable.Lesmajusculesdoiventêtreaccentuées(parexemple:Moyen-Âge).Ilfaututiliserlesguillemetsfrançaisetpourlessiècles,ilfautsoitsaisirdespetitescapitales(xvèmesiècleetnonXVèmesiècle)soittoutlaisserenminuscules.(www.geocities.com/Eureka/Office/1936/tradlit2.html)

Document 5.

La traduction littéraire en questions

Entretien avec Fortunato Israël, Professeur et directeur de recherche à l’ESIT.

Qu’est-ce que la littérature ?

Vastequestion!Enquelquesmots,disonsquec’estunartverbal,l’œuvrelittéraireayantparessenceunedimensionesthétique.Commetouteproductionartistique,elleestelle-mêmesaproprefin.Sonobjetn’estpasdedécrirenidedémontrermaisd’évoquer,desuggérer,parlebiaisdelafiction,unréeltoujoursrecomposé.Elleestunregardéminemmentsubjectifposésurl’hommeetsurlemonde.D’oùsoncaractèreuniverseletintemporel.

Quelle est la nature du sens de l’œuvre littéraire ?

Elleesttrèscomplexe.Ilyabiensûrlesujetapparent,l’anecdote.Maisl’importantestcequel’auteuravouludireparsontruchement.Toutelittératureestmétaphoriqueetlacensurenes’ytrompepasquandelletraquelesintentionscachées.Desurcroît,l’œuvrelittéraireestuntexteouvertseprêtantàdeslecturespluriellesselonquel’onprendappuisurteloutelréseaudesignifications.End’autres termes, son sens n’est jamais épuisé. Enfin, le sens véritable d’uneœuvrenedécoulepasseulementdel’idéemaisdelafusiondunotionneletdel’émotionnelvéhiculéparlaforme.Autantdeconsidérationsdontletraducteurdoitbiensûrtenircompte.Avanttoutetentativedetransfert,illuifautprendrelamesuredelacomplexitédutexteetdel’imbricationdesdiversniveaux.Cefaisant,ilchercheraàsesubstituermoinsaucritiqueouàl’exégètequ’àl’auteurlui-même afin de préserver, autant que faire se peut, l’ouverture initiale del’œuvreetproduireuntexteayantuneplurivocitécomparable.

Et celle de la forme ?

Toutd’abord,notonsqu’iln’existepasdelanguelittéraire.D’unecertainemanière,onpeutdireque le langagede l’écrivainest lemoinsspécifiquedeslangagespuisqu’ilpeuttousselesapproprier.Unromansedéroulantsurfonddefinanceoud’informatique,parexemple,puiseraabondammentdanscesdomaines.Maisl’essentielestailleurs.Eneffet,lepropredelaformelittérairevientdece

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que,enjouantsurlesrythmes,lesvolumes,lessonorités,lesagencementsouenforgeantdesmétaphoresvives,l’auteurcréeuneécriturenovatrice,auxaccentssinguliers,undireuniquedont il faut,aumomentde traduire, rendrecompte.Enfin,c’estlaformequidonneàl’œuvresadimensionesthétiquesanslaquelle,on l’a dit, il n’est point de littérature. Et parfois, comme en poésie, il arriveque l’émotionnel supplante le notionnel: le dire est alors plus important queledit.Traduirenerevientplusdoncseulementàtransmettreuncontenumaisàretrouverlemêmerapportdenécessitéentrel’idéeetlaforme.

Cela ne débouche-t-il pas sur un constat d’intraduisibilité ?

Oui,si l’onsacralise lamatérialitéde l’expressionau lieudeconsidérerque, dans tous les cas, la forme n’est pas une fin en soi mais le moyen deproduirel’effet.Dèslorsquel’onconsidèrecederniercommelevéritableenjeudu transfert, il n’y a plus d’impasse théorique. Traduire consiste non plus àreproduirecoûtequecoûtelesformesinitialesmaisàrechercherdanslalangue-cultured’arrivéedeséquivalencessusceptiblesd’engendrerchezlelecteuruneémotionanalogue.

La théorie interprétative de la traduction peut-elle être étendue à ce type de textes ?

Absolument. Je diraismêmeque c’est la seule qui convienne.En effet,plus lamatérialitéde la formeest importante (jeu sur lesmots, les sonorités,métaphoresvives,etc.),moinselleestreproductible,etplusildevientnécessairededissocierlesidiomespourretrouver,commeonl’adit,pard’autresbiaislamêmechargeémotive.Laphasededéverbalisationrestedonccrucialeetconsistenonseulementàdégagerlenotionneldesonvecteurmaisaussiàinterpréterlaformeafindedéterminerlesvaleursdontelleestporteuse,valeursquiservirontensuited’appuiautraducteurdanssaréénonciationdutexte.

La traduction littéraire n’est donc pas un genre à part ?

Non.Il fautcertes tenircomptedesspécificitésde l’écriture littéraireénoncées plus haut (spécificités que celle-ci partage, dans une mesure nonnégligeable, avecd’autrespratiquesdu langage - sloganpublicitaire,discourspolitique,plaidoirie,etc.)mais,commedanslesautrescas,ils’agitavanttoutdecomprendrelepropos,d’évaluerlastratégielangagièreetdiscursivemiseenplaceparl’auteur,afind’enprévoirletransfertenayantcommecritèresgénérauxla lisibilité, l’expressivité et naturellement la capacité de compréhension dudestinataire.Parailleurs,latraductionbiencomprisen’est-ellepastoujoursunfaitd’écritureetunerecréationdel’original?

(www.geocities.com/Eureka/office/1936/tradlit5.html)

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Document 6.

L’expérience d’une traductrice de polars Article de Florence Vuarnesson.

Sijesuistraductrice,c’estunpeu,etpeut-êtremêmebeaucoupparhasard.L’inclinationquej’avaispourlatraductionlittéraireetl’envied’enfaireunmétierétaientbienlà,maisleuraboutissementconcretestlefruitduhasard,ouplusexactementdehasards.

Auneépoquepourtantpassiéloignéeoùlafilièredelatraductionlittéraireétaitloindecorrespondreauniveauuniversitaireàuntracénetetprécis,etencoreplusloind’êtreexpliquéevoireconseilléeauxétudiants,ilfallaitsansdouteunpeudeflairmaissurtoutunecertainedosed’optimisme-oud’inconscience-pourenvisagerdeselancerdanscettevoie.Al’époque,iln’existaitqu’une«option«traductionetseulementàpartirdelamaîtrise(LVE),àlafacoùjepoursuivaisàlafoismesétudesetcerêveprofessionnel.Ilfautbiendirequel’activitéetlestatutdu traducteur littéraire s’entourent, dans lesmentalités dumoins, d’une sorted’auradeprestigeetdemystèrerelativementcompréhensibles;dansundomaineaussimagiqueetaussivariéqueceluidelalittérature,quelleresponsabilité,eneffet,detraduireneserait-cequel’histoirelaplussimpledansuneautrelangue.Delààcequelatraductionlittérairesoitetrestepourunegrandepartundomaineréservéetsouventdifficilementaccessible,quelparadoxe,enFranceentoutcas,vularichessedelalittératuregénéraleetl’augmentationconstantedesouvragespubliés.

Cetteauraprestigieuseliéeaumétierdetraducteur,lui-même,dansbiendes cas, ne la perçoit déjà plus de lamême façon au bout de quelquesmoisd’activité,sansdouteenraisonduflourelatif,voiredumanquedeconsidérationdanslequelesttenuelaprofessionàcertainsniveaux-administratif,financier,littéraire.Sansl’ATLF(AssociationdestraducteurslittérairesdeFrance),àquil’ondoitdesavancéessignificatives,laprofessionseraitencorescandaleusementbâillonnée.

Sansvouloirnoircirletableau,certainesmisesaupoint,quiferaientl’objetd’unarticleàpartentière, sontquandmêmenécessaires.Personnellement,endépitdesdifficultésetdesmanques, jemeréjouisd’avoirpu-avecbeaucoupde chance- accéder à ce métier qui continue de me donner beaucoup desatisfactions.

Enparlantdechance,jeveuxdirequelescollaborationsquim’ontpermisdem’installerdanslaplacesesontquasimentprésentéesd’elles-mêmes(c’estcequis’appelletomberdansdebonscréneaux)etm’ontàchaquefoisunpeuplusouvertlavoie.Ilyadixans,c’étaituneannoncedansLe Mondequimepermettaitd’entameruntravaildelonguehaleineenlexicologieaveclalibrairieLarousse,unbagagevisiblementappréciéparlasuite,quim’asansdoutepermis

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d’arriveràunecertaineassiseaujourd’hui.Peut-être fallait-il également en passer par l’étape traumatisante de la

collaborationratéepourcaused’éditeurpeurespectueuxde«ses«traducteursetdeleursconditionsdetravail,dontonressortsonnémaisparfoisaussiaguerri.Certains traducteurs connaissentplusieurs expériencesde cegenre, cequi estquand même très décourageant. Personnellement, un certain épanouissementprofessionnel,àdéfautd’êtrefinancier,n’auraitsûrementpasétépossiblesanscettetablerondede1990àmonanciennefac,àlaquelleparticipaitladirectricelittéraire des éditions du Masque, en quête de nouveaux traducteurs. Pourplusieursd’entrenous,celaaétélepointdedépartd’unepériode«polar«àlafoistrèsformatriceettrèsagréable.

Ilsetrouvequ’enlamatière,lesfemmesontassezviteprisledevantdelascène,récemmentsurtout.DeJoséphineTeyàBarbaraNeelyenpassantparRuthRendell,ellessesontdéfinitivement,entantqu’auteurs,emparéesd’unegrande partie de la littérature dite policière, plutôt d’ailleurs du polar et duromanà suspensepsychologiquequedu romannoir, apanage traditionneldesauteursmasculins,mêmesilàaussileschoseschangent.70à80%dulectoratdelittératurepolicièreest,paraît-il,constituédefemmes;celaa-t-iluneincidencesurl’augmentationdeleurnombreentantqu’auteurs?Toujoursest-ilquecettelittératured’évasion trèsparticulière jouitd’uneconsidérationdeplusenplusgrande,étantdeplusenplusperçuecommeprochedelaréalité-mêmelaréalitélaplusnoire.Alors, lorsqu’enplus leschoix littérairessont judicieux,commec’est le cas duMasque, traduire le polar non seulement chasse l’ennuimaispousseàserenouvelerdansungenrelittérairequi,bienquecodé,nesupportepas la linéarité.C’est peut-être la partie la plus «pro« et la plus difficile del’histoire…policièrebiensûr.

(www.geocities.com/Eureka/office)

Document 7.

Les droits de traduction Article de Dorothée Rozenberg.

Dorothée Rozenberg (T89) a travaillé pendant cinq ans dans l’édition, essentiellement dans des services de droits étrangers. Tout d’abord à l’agence de droits littéraires Michelle Lapautre à Paris, en tant qu’agent littéraire au Bureau du Livre Français de New York où elle a vendu les droits de langue anglaise de livres français, puis chez Little, Brown and Co. à Boston où elle a été responsable des coéditions de livres d’art. Elle travaille actuellement en tant que traductrice technique chez Parametric Technology Corporation.

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Si vous souhaitez traduire un ouvrage, la première étape consiste àdéterminer si les droits de traduction dans la langue qui vous intéresse sontdisponibles.Contactezpourcelaledépartementdedroitsétrangersdel’éditeurdutexteoriginal(quevouspouvezdenosjourssouventtrouversurleWeb).Ledétenteurdesdroitsest leplussouvent lamaisond’éditionelle-mêmeetdanscertainscas,l’auteur.Lesmaisonsd’éditionnégocientsoitdirectementaveclamaisond’éditionétrangère,soit,leplussouvent,viaunagentlittérairerésidantsurplace.

Silesdroitsdetraductionsontdisponiblespourlalanguequivousintéresse,vous pouvez essayer de contacter vous-même un éditeur susceptible d’êtreintéressé,ou travaillerdeconcert avec l’agent littéraireauquelvousproposezun échantillondevotre traduction.Mais attention, c’est toujours l’éditeurquisélectionnesontraducteur,etiln’yaaucunegarantiequevotretraductionsoitprise.IlestdoncimportantdeprotégervotretraductionenladéposantauprèsdelaSociétédesgensdelettres.Leséditeurstravaillentgénéralementavecungroupedetraducteursaveclesquelsilsontforgédesrelationsdetravail.

Si les droits de traduction ont déjà été vendus à unemaison d’édition,essayezdelacontacterafindesavoirsiletraducteuradéjàétéchoisi(auquelcas,ilestsansdoutetroptard).Siletexteadéjàététraduitilyaplusieursannées,vouspouvezpeut-êtreconvaincrel’éditeurdétenteurdesdroitsqu’ilesttempsdepublierunenouvelletraduction(lestraductionslittérairessontmisesàjourenmoyenne tous lesvingtans).VouspouvezégalementcontacteruneagencelittéraireetluienvoyervotreCVdansl’espoirqu’ellevousrecommanderaauprèsd’unéditeurlemomentvenu.

Les agences littéraires représentent diverses maisons d’édition etnégocient lesdroitsdetraductiondeleursouvrages.Parexemple,TheFrenchPublishers’Agency/FranceEdition,Inc.àNewYork(dontvouspouvezconsulterle site à l’adresse : http://www.blf.org) représente une trentaine de maisonsd’éditionfrançaiseetvendlesdroitsdelangueanglaiseauxéditeursaméricains.Placée sous l’égide duministère de la Culture, qui participe activement à lapromotionde la littérature française à l’étranger et apporte également parfoisuneaideàlatraductionsurcertainsprojets,cetteagenceétudielescataloguesdeséditeursaméricainsafindeplaceraumieuxlesrecueilsqu’ellereprésente.Elleapporteégalementuneaideàlapromotionetpeutsuggérerdestraducteursauxmaisonsd’éditionintéressées.DesagencesprivéeseffectuentlemêmetravailàParis.

(www.geocities.com/Eureka/office)

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Document 8.

Les modestes aventures du traducteur qui propose son manuscrit Article de Véronique Kientzy.

Parintérêtpourlapièceetafinqu’uneamieneconnaissantpasl’anglaispuisse suivre l’action sur scène, j’ai traduit «The iceman cometh« d’EugeneO’Neill.CedrameaétéjouéavecgrandsuccèssurscèneàLondresetNewYorken1998-1999.

Une fois le texte rédigé, il paraissait dommage de le laisser seul dansun tiroir anonyme. La langue évoluant, un nouveau public attiré par l’œuvredeO’Neillpouvaitêtreintéresséparuntextefrançaisdifférentdeceluipubliédanslesannéessoixante.Ainsiai-jeenvisagédeproposercetravailàl’éditeurdétenteurdesdroitsdetraductionenFrance:parchance,l’offrel’aintéressé.

Tout d’abord, je souhaitais protéger l’intégrité de la pièce traduite. J’aiappris qu’il existait une association reconnue d’utilité publique qui prend endépôt lesmanuscrits originaux : il s’agit de la «Société des gens de lettres»qui, pour une somme de 260francs pour 4ans (renouvelables), conserve lesdocuments auxquels elle attribue un numéro d’enregistrement lors du dépôt.Cederniergarantitl’authenticitéetl’antérioritédel’œuvreencasdelitigesurl’originedelacréation.

L’enregistrementeffectué,l’éditeurareçuletexte.Unepublicationdelapiècen’estpasencoreenvisagée,maisuneconvention

detraductionestsignéeavecl’éditeur.Elleoffredesgarantiesautraducteurencasd’utilisationdu textepourdes représentations théâtralesoudesdiffusionsradiophoniques.De plus, la traduction est déclarée par l’éditeur auprès de la«Société des auteurs compositeurs dramatiques» (SACD)qui gère une basededonnéesnationalesurquidétientlesdroitspourquelleœuvre,àqueltitreetrépartitlesrevenuspotentielsgénérésparl’exploitation.

Mêmesilatraductionn’apasàcejourdediffusionpublique,elleexisteetest légalementreconnue.Ceciapusefaireparceque l’éditeur,quin’apascommandélatraduction,esttoutdemêmeintéresséparletextequin’estplusseuldansuntiroiranonyme.

Etmonamieaadorélapièce.

(www.geocities.com/Eureka/office)

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Document 9.

Entretien avec Florence Herbulot (membre AAE-ESIT, T60) D’après des propos recueillis par Isabelle Croix et Marine de Kerros.

Comment avez-vous commencé dans la traduction littéraire, car il n’y a pas vraiment de formation au métier de traducteur littéraire à l’ESIT ?

Non.Ilyenaurapeut-êtreunjour,carnousavonsobtenuunehabilitationdel’université,maiscommelecontratquadriennal1996-2000n’avaitpasprévudefonds,decréditsetd’heurescomplémentaires,ilauraitfallusupprimerd’autresélémentspourmettreenplacecetteformation.Nousavonsréitérélademandepourlecontrat2001-2005afind’obtenirlesfondsnécessaires.

Detoutefaçon,nousn’avonsjamaisfaitdeformationjusqu’iciàl’école,car le principe que nous appliquions, c’était la formation professionnelle dutraducteur. Si en plus il a un peu de plume, il peut devenir traducteur pourl’éditionparcequec’estuntalentenplusd’unecapacité.Nousenseignonsunecompétence,maissicettecompétenceestcomplétéeparundésiretparunpeudetalent,desperspectivess’ouvrentàcemoment-là.Cequenouscherchonsaveclaformationquenoussouhaitonsmettreenplace,c’estàrenforcercettepartiecompétenceparticulière,capacité,talent.Letalent,çanes’acquiertpas,maisçaseforme,ças’entraîne,çasetravaille.

Le problème, c’est que le métier de traducteur littéraire n’est pasrémunérateur,onvitdifficilemententantquetraducteurlittéraireuniquement,àmoinsde travaillerextrêmementvite,cequinuit forcémentà laqualité.Larémunérationunitaireest faible.Parrapportà la traductiondans lesdomainesfinancieroujuridique,c’estaumieuxlamoitiéàlapageetengénéral, ilfautdeuxfoisplusdetempspourfaireunepage,doncgrossomodoc’estunquart.

Autreproblème:entrerdansledomainedelatraductionlittérairen’estpascommode,parcequec’estunmétieroùl’onrentreparrelationsouparhasard,parcequel’onconnaîtquelqu’unouparcequel’onétait justement làce jour-là, mais les éditeurs cherchent rarement en dehors du cercle des gens qu’ilsconnaissent,c’estdeprocheenproche,parleboucheàoreille.

Ça se fait comme ça, et je ne fais pas exception à la règle.Quand j’aicommencémonpremierlivre,j’étaisencoreàl’école.L’éditeur,uneconnaissance,mel’adonnénonpasparcequ’ilavaitconfiancedansmescapacitésdetraductricequi,àl’époque,n’étaientpasencoreprouvées,maisparcequec’étaitunlivredebateauxetqu’ilpensaitquemonpèrenemelaisseraitpasécriredebêtises1.

Quels étaient vos interlocuteurs ? Est-ce que les auteurs vous contactaient directement ?

Chez les éditeurs, ce sont les responsables du service Etranger qui mecontactaient.J’ai traduitpourArtaud,Denoël,Messine,Gallimard,Larousse...

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Audébut,pourcertains,j’étaiscontactéeparlesauteurs.Parexemple,l’undemespremiersauteursétaitunamidanoisquifaisaitdubateau.Ilsavaitquejefaisaisdelatraductionetlorsqu’ilatrouvéunéditeurenFrance,ilaexigéquecesoitmoiquitraduisesonlivre.

Personnellement,jen’aijamaisenvoyédeCV.Ilyadesgensquirentrentdansledomainedelatraductionlittéraireenenvoyantdescandidaturesspontanéesauxéditeurs.C’estuneautreapproche,maiselleestbeaucoupmoinsfacileetmoinscourante,carc’estunmilieufermé.Moi,jesuisrentréedanscemilieu-làparmapassion,parhasardetpar relations.Monnomaétéassociéaumotbateau,j’aicommencéàêtreconnuedeséditeursdelivrestouchantauxbateaux.Surles125livresquej’aitraduits,ilyaentre65et70histoiresdebateaux.Etpuisd’autressujets,maisc’étaitessentiellementdeslivrestechniques,commedesouvragessurlesplastiques.Amesdébuts,jetravaillaisdansledomainedel’édition,maiscen’étaitpasencorelittéraire.

Jesuis rentréedans le littéraireaussipar ledomainede lavoile…Non,j’avaisdûcommencerunpetitpeuavant,parunepersonnequejeconnaissaisquitraduisaitunouvragedeVirginiaWoolfetquim’ademandédecollaboreravecelleparcequ’ellenes’ensortaitpas.Elle,elleétaitpluslittérairequemoimaisellen’étaitpastraductrice,donconl’afaitàdeux.Etlà,pourlelittéraire,nousétionsservies,VirginiaWoolf,c’estvraimentdelalittérature!Mêmedansdes essais qui étaient des critiques littéraires, c’était de l’écriture.Après ça,j’aiégalementtraduitunromandeConrad,pourlaPléiade,etlà,ilyavaitunecombinaisondudomainemarinetduroman.

Combien d’années d’expérience aviez-vous lorsque vous avez commencé à traduire des romans ?

Ma traduction la plus littéraire remonte à 1967, doncpasmal de tempsaprèsavoirdébutédanslatraduction.Ils’agissaitd’unouvragesurlesbateaux:Défi aux trois caps,unlivreservantàfinancerlevoyagedel’auteur.Ils’agissaitd’un recueil de textes littéraires sur des gens ayant fait un voyage autour dumonde,ilyavaitunpassaged’untextemédiéval,desécritsduXVIIe,destextesdelanguestrèsdifférentes…

En1976,ilyaeuVirginiaWoolf,en1988,c’estunromanhistoriqueetmaritime(Cap sur la gloire),eten1989,l’ouvragedeConrad.Parailleurs,jetraduisdepuis1997unesériederomanshistoriques,écritsparPatrickO’Brian,àraisondetroisparanenviron.Jefignoleactuellementletreizième,suruntotaldevingt.Maintenant,ilssontpassésaurythmededeuxparans,cequinefaitplusque1000pagesaulieude1500pagesparan.Faire1500pagesdetraductionlittéraireparan,c’estuntravailàtempscomplet.Pouruntraducteur,1500pagesparan,c’estdéjàbeaucoup,parcequ’ilyadelarecherche.J’ailachanced’avoirdel’expérienceetc’estundomainedanslequelj’aibeaucoupdedocumentation,çaaide,maisçareprésentetoutdemêmebeaucoupdetravail.

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On suppose que pour traduire un auteur, il faut être sensible à son style, apprécier son environnement ?

Absolument. Il n’y a qu’un seul bouquin que je n’ai pas aimé traduire,Moonfleet.C’était unehistoire de contrebandiers anglais. Je n’ai pas aimé celivre,etjen’aipasététrèsheureusedeletraduire.C’estrare,maiscelui-là,jen’aipasaimé.Alorsquej’adoreleslivresd’O’Brian:lalangueestmerveilleuse,ilmeposedesproblèmestoutletemps,ilintroduitdesjeuxdemots,jemecasselatêtepouressayerdetrouverdeséquivalences.

J’aieulachancedepouvoirrencontrerl’auteuretdeluiécrireplusieursfoispourluiposerdesquestions.C’étaitquelqu’undetrèscultivé,ilsemaituntrèsgrandnombrederéférencesetd’allusionsdansseslivres,etj’étaissouventperdue,surtoutaudébut.IlestégalementvenuàParisetjel’airencontréàcetteoccasion.Malheureusement, il s’estéteinten janvierdernier,aprèsavoir sortisonvingtièmetome.

C’esttrèsefficace,trèsprofitabledepouvoirentrerencontactavecl’auteur,parce que souvent, on se retrouve devant une combinaison de références audeuxièmeouautroisièmedegréquivouséchappent.Ondoitboucherdestrous,etonpeutvérifierauprèsdel’auteur.Maintenantqu’iln’estpluslà,jedoismedébrouiller,maisj’aiprogressé,jeconnaismieuxsonunivers...

Moiaussij’aidûapprendreàêtretraductricelittéraire.Audébut,j’étaistroptraductricetechniquesurcesouvrages,c’esttrèstechnique.J’avaisenparticulierce réflexe, que l’on essayed’inculquer, selon lequel quandunmot ressembletropàl’anglais,onnedoitpasleprendre,carcen’estpaslebon,lesensn’estpluslemême,ilfauttrouverautrechose.Enfait,jemesuisaperçueassezvitequecommel’auteurécritdansunelanguenonpasdémodée,maispastellementdéplacéeàl’époque,iln’emploiepaslesmotsdansleursacceptionsmodernes.Ilemploielesmotsanglaisdansleuracceptiondel’époque,quiàcemoment-làestprochedecelledufrançais.Jesuistombéeplusieursfoissurdesmotsdontjedécalaislesensengardantmonvieuxréflexe.Jemedécalais.J’aiinvestidansunOxfordetj’utiliseleRobertqui,heureusement,datelesmots.Doncjechercheavecl’âgedesmots,jedonneenfrançaisdesmotsd’époque,j’évitetoutmottropmodernequin’iraitpasdanslecontexte,afind’évitertoutanachronisme.

Unauteurconstruitununivers,uneatmosphère,despersonnages, il faitévoluercespersonnages,ilétablitdesliensavecseslecteurs,tousseslecteurspotentiels. On aime un livre parce qu’on rentre dedans, parce qu’il vouscorrespond,qu’ils’agissedutexteoriginaloudelatraduction.Onnepeutpasplaireàtoutlemonde.Maislesgenspourlesquelsontraduit,quicorrespondentaulectoratdulivrequel’ontraduit,attendentquelquechoseauquelilspuissents’identifier.Quandon traduit, il faut respecter l’atmosphèred’un roman,pourquelelectorats’yreconnaisse,qu’ilpuisses’identifier.

Le problème dans les ouvrages comme ceux-là [O’Brian], qui ont unecharge technique énorme, c’est qu’il faut d’abord qu’ils soient lisibles par le

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technicien, car les premiers acheteurs d’un romanmaritime, ce sont les gensquiaimentlavoile,lebateau,etquiontdéjàentenduparlerd’unemisaine,d’unartimon.Onn’apasledroitdesetromper,defairedeserreurstechniques.Enmêmetemps,ilnefautpasrebuterlesautres.D’ailleurs,l’auteuraidedetempsentempslelectorat,ildonnedesexplications,mêmesilepublicanglaismoyenestplusmaritimequelepublicfrançais,etqu’ilamoinsd’effortàfaire.

Etes-vous parfois tentée de « corriger » la source ?

En traduction technique, plus qu’en traduction littéraire... En traductiontechnique,onestsouventamenéàlefaire,onestplusrigoureux.Entraductionlittéraire, on a plus de respect pour l’écriture, car on pense que l’auteur quis’estdonnélapeined’écrirequelquechosel’afaitavecunobjectif,desidéesaudépart,etonchercheàrentrerdanssonjeu,danssapeau,c’estunexerciced’assimilation,d’intégration.Dansune traduction technique,onamoinscettecontraintedeforme,etbiensouvent,onn’apasautantderespectpourcequiestécrit,parcequel’ons’aperçoitqu’ilyadeserreurs,etonestamenéàcorriger,àredresser.

Je traduis actuellement un ouvrage truffé d’erreurs de dates, de nomspropres,detoponymes,leslégendesnecorrespondentpasautexte.Jepassemontemps à tout vérifier. Je ne peux pas laisser passer d’erreurs dans le texte enfrançais,carsijelefais,onnedirapasquecelavientdutextesource,ondira«Le traducteur n’a pas fait sonboulot».C’est inévitable. Je passe beaucoupde tempsà rechercherdansd’autres livres, à appelerdes collègues, àvérifierl’orthographe…

Avez-vous plus de plaisir à traduire des ouvrages littéraires ou des textes techniques ?

De toute façon, moi, j’aime traduire. Bien sûr, j’aime mieux traduiredes choses intéressantes. Cet ouvrage sur lequel je travaille en ce momentm’intéresse,maisjen’aipasgrandplaisiràletraduire,cartoutcequejedoisfairecommevérificationsàcôtéestvraimentennuyeux.C’estmoinsgratifiant.Aujourd’hui,j’aireluetcorrigélesdeuxpremierschapitresduprochainO’Brian,j’apportedepetitesmodifications,jem’efforceplusàaméliorerlaqualitédelalangue,àtravaillerlesnuances,àéviterunerépétition…C’estdufignolage,c’esttrèsplaisantàfaire!Justement,celadonnel’impressionquelerésultatestplusachevé.Maisilfauts’arrêteràunmoment.

Autrespoints caractéristiquesde la traduction littéraire: c’est un travaillongetmalrémunéré.Toutlemondes’imaginequen’importequipeutlefaire,donconessayedeprendrecequ’ilyademoinscher.Onvousdira:«Vousnevoulezpasàceprix-là?J’aiautantdetraducteursquejeveuxquipourrontlefaireàceprix».Etmalheureusement,c’estvrai,ilyadestasdegensquifontn’importequoipourn’importequi.Maislesrésultatsnesontpasfameux,etc’est

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pourquoidenombreusestraductionsassezmauvaisessortentsurlemarché.Legrosinconvénient,c’estquetrèssouventleséditeursnerelisentpas.Celaarrivefréquemment.Celadépenddeséditeursaveclesquelsontravaille.

Ilestdifficiledesedistinguer,desefairerespecterentantquespécialiste.C’estpourquoiilestintéressantd’avoirunespécialité,undomaineoùl’onpeutapporter une sécurité. Mais c’est aussi valable pour la traduction technique.Finalement,iln’yapasbeaucoupdedifférencesentrelesdeux,c’estlemêmemétier,avecuneexigencedeformeenplus.

Si jamais cette formation se faisait à l’ESIT, quel conseil pourriez-vous donner aux étudiants ?

Jepensequeceseraitdemieuxtravaillerlerendu,laforme,laqualitédelalangue,etsurtout,cettecapacitéd’assimilation,d’intégration,desavoirrentrerdansuntexte.Onnepeutpasresteràl’extérieurd’unouvragelittéraire.Onpeutresteràl’extérieurd’untextetechnique,letraduiresanss’impliquer,alorsquec’est impossiblepourunetraductionlittéraire.Si l’onnes’impliquepas,c’estquel’onn’aimepasetalorsçanemarchepas.

De jeunes diplômés peuvent-ils s’orienter directement vers la traduction littéraire ? Serait-ce risqué ?

Cen’estpasunedisciplinedanslaquelleonpeutrentrersansexpérience.Celaexigedumétier,lamaîtrisedestechniquesdetraduction.Onnepeutpasêtretraducteurlittérairesansêtred’abordtraducteur.Lesgensquienfontsansêtreavanttouttraducteurn’obtiennentpasdebonsrésultatsaudébut.

Si vous saviez lemal que l’on a à trouver des traducteurs pour le PrixPierre-FrançoisCaillédelatraduction,delaSFT!Ceprixestdestinéàcouronneruntraducteurjeuneoun’ayantpasatteintlanotoriété,c’est-à-direendébutdecarrière. Il faut des gens ayant déjà quelques livres derrière eux. Et on sentbienqu’avecunpeuplusdemétier,certainsn’auraientpasfaitd’erreurs.C’estunevoie,certes,maisc’esttrèsdifficilementunevoiededébut,àmoinsd’êtreextrêmementdouépourl’écritureaudépart,etdouépourlatraduction.

Mais en même temps, ce doit être un peu frustrant ! Si justement en tant que traducteur littéraire, on a l’amour de l’écriture, on est toujours contraint par l’écriture de l’auteur...

C’estvraiqu’ilyaunrôledesecond.Maiscelan’empêchepasd’écrirepar ailleurs. C’est peut-être frustrant pour certains, mais cela ne m’a jamaisgênée.Voussavez,ilyadenombreuxécrivainsquifontdelatraductionenplusouenattendant.Celanem’ajamaissembléuneimpossibilité,celanem’apasempêchéedefairedujournalisme,d’écrire.J’aitoujoursaiméécrire,j’avaisuneplume facile.Avantd’entrerà l’Ecole, j’ai cherchéà savoir ceque j’aimeraisfaireseptjourssursept,etjemesuisditquecequimetentaitleplus,c’étaitla

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

«bagarreaveclesmots»!Lesmotssontunmatériauamusant,trèssouple,onpeutfairebeaucoupdechosesavec,c’estpassionnant!C’estpourquoij’aifaitl’ESIT…

Votretraductionapporteunplus.Maisilyauncôtéservice,finalement,cargrâceàvotretraduction,vousapportezquelquechoseàquelqu’un.

L’œuvre de départ a été créée par quelqu’un qui y a mis une certaine sensibilité. Inévitablement, en traduisant, vous y mettez aussi votre sensibilité...

Vouschangezforcémentdeschoses,c’estobligatoire.J’aiunelettreécritepar O’Brian, dans laquelle il me disait «Je trouve que vos dialogues entrehommes et femmes sont encoremeilleurs que lesmiens». Il se trouve qu’ilavaitététraducteur,illisaitbienlefrançaisetavaitlui-mêmetraduitdufrançaisenanglais.C’estmerveilleuxquandunauteurvousdit ça. Il trouvaitquematraductioncollait,qu’iln’yavaitpasd’appauvrissementaupassage.

C’est important,c’estmêmeidéalquandilyaunecorrespondanceavecl’auteur. Parmi les traducteurs «heureux», il y en a justement beaucoup quitravaillent exclusivement avec un même auteur, et qui ont établi un rapportparticulieraveclui.

Sous quelle forme la formation au métier de traducteur littéraire serait-elle dispensée ? Sous la forme d’une option ?

Non,ils’agiraitd’unDESS,accessibleàpartird’unemaîtrise.Ilyauraitpeut-êtrequelquescoursmagistraux,encommunaveclesélèvesdepremièreoudeuxièmeannée.Ilyaurait5ou6séminairesdanslasemaine,avecdesélémentspropres à la traduction littéraire, comme la façon de résoudre des problèmesculturels,detraduiredel’humour,desapproximations…

Cette initiative répond à des demandes et à des aspirationsd’un certainnombredegens.Latraductionlittéraireintéresseparcequ’ellefaitrêver.Maisfinalement, si l’on gratte un peu, on se rend compte que tout est traductiontechnique,cardansleslivres,ilyadesvoitures,desmaladies,del’architecture,del’histoire,delazoologie…Iln’yapasunlivrequinecomportederéférencestechniquesfréquentes.

Donc tous les réflexes acquis à l’ESIT serviront de toute façon ?

Ils sont indispensables, oui, vraiment indispensables. Toutefois, notreformationpeutapporterdesélémentsenplus.

(www.geocities.com/Eureka/office/1936/tradlit9.html)

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Document 10.

Traducteur littéraire : témoignage de Cécile Nelson Propos recueillis par Dorothée Rozenberg et Olivier André.

Après avoir travaillé à l’agence de droits littérairesMichelle Lapautre,CécileNelson (alorsCécileBloc-Rodot) a décidé en 1992 de se consacrer àlatraduction.Elleatraduitdel’anglais(américainetaustralien)unequinzained’ouvragesdocumentaires etdefiction, ainsiquedenombreusesnouvelles ettextes pour périodiques. Parmi les auteurs traduits: JérômeCharyn, FrancineProse,RichardWright,SallyMorgan,JoyceCarolOates,DonaldBarthelmeetT.C.Boyle.

Comment fait-on pour devenir traducteur littéraire ?

C’estdelachance:unjouroùunéditeurestdanslapanadeetjustementilcherchequelqu’un...oubienuneapprochelente:onvousconfied’aborddesrévisionsd’exécrablestraductions,untravaildenègre,jusqu’aujouroù…«Tiens,à propos, onvient de recevoir ce bouquin, est-ce qu’il t’intéresserait?»... oubienencore,peut-êtrelastratégielaplussûreetpayante:passerparleséditeurssemi-scolairesoudebeauxlivres(Flammarion,Nathan,Hachette)etaprèsunebonnemiseenjambesetdesolidesréférences,setournerversle«littéraire»,soitdanslamêmemaison,soitailleurs.Dansl’édition,toutlemondeoupresqueseconnaît,alorslesrecommandations(etlesavisnégatifs)circulentrapidement.Lesconnaissances,lepiston,marchent,commepartout,maisàconditiond’êtreàlahauteurdel’attente.

Quelles sont les qualités d’un bon traducteur littéraire ?

Deuxchosescruciales:respecter ledélaideremisedumanuscrit inscritaucontratetrendreuntravailpoli,nedemandantquequelquesretouches.Leséditeurs, comme tout lemonde, n’aiment pas reprendre un travailmal ficelé.Ilss’adresserontàquelqu’und’autrelaprochainefois.C’estl’avantagemajeurdes traducteursdeprofessionsur les«périphériques» (écrivains, journalistes,professeurs):ilsontletempsd’alleraufonddeschoses.

Il faut aussi se donner du temps pour devenir un bon traducteur.Monpremier travail, une traduction deThe Making of Citizen Kane pour un petitéditeurd’art (jenesaismêmepassi lebouquina jamaisparu)m’adonnéunmalfou,parcequecen’étaitpastrèsbienécritetj’étaistroprespectueusepourmedistanciersuffisammentdutexteetécriredansunfrançaisfluide.Lerésultatvousresteentraversdelagorge.Lorsquej’aiquittélemétier,ilyaunanetdemi(aprèscinqansd’exerciceetunequinzained’ouvragesàmonactif),j’enétaisaupointoùjecommençaisàavoirconfianceenmesautomatismes(cestrucsdumétierquivousépargnentbeaucoupdetempsetd’énergie),etenmacapacité

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

defairecorpsavecuntextequimeplaît.Onmeconsidéraitcommeunebonnetraductrice.Moi,jetrouvaisquemontravailsentaitencorelelabeur–avecdesmomentsinspirésetd’autreslaborieusementsatisfaisants.Ilfautvraimentunepassionetundévouementconstantpoursoutenirlaflammed’untexte.

Quel est ton meilleur souvenir ?

Monmeilleursouvenirdetraduction?SansdouteLe monde de nos pèresd’IrvingHowe,carc’étaitvraimentuneodyssée,quiplusestdansunelanguemagnifique.

(www.geocities.com/Eureka/Office/1936/tradlit10.html)

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 4

Document 1.

DéfinitionTraducteur littéraire, traducteur technique, traducteur expert auprès des

coursd’appel,quelquesoitlesecteur,letraducteurfaitlelienentredespersonnesquiparlentdeuxlanguesdifférentes.Untravailquinécessitedebienconnaîtretouteslesnuanceslinguistiques.

Description des tâches / conditions de travailIlssontquelquesmilliersenFrance.Sidetrèsbonnescompétencesen

languesétrangèressontindispensables,lestraducteursdoiventaussisavoirbienrédigeretmaîtriserparfaitementleurlanguematernelle.Latraductiontechniqueestcellequioffreleplusdedébouchés.Lessecteurslesplusporteurssontlemédical,lejuridique,l’électronique,lemultimédia,lestélécommunications...Spécialisés,lestraducteurstechniquesdoiventbienconnaîtrelesdomainesqu’ilstraitentetêtreattentifsauxévolutionstechniques.Unéquipement«nouvellestechnologies»estindispensable:micro-ordinateur,télécopieur,accèsInternetetadresseélectronique.Parmileslanguesdetravail,l’anglaisestquasimentincontournable.

La plupart des traducteurs travaillent en indépendants. Quelques-unssontsalariésdansdesentreprisesprivées.Quelquesposteségalementleursontofferts dans les organismes internationaux. Ils y sont recrutés sur concours.Laplupartontsuiviundoublecursus:formationdansundomainespécifique(juridique, économique, scientifique) et une formation de traducteur.Quantàlatraductionlittéraire,ilestdifficiled’envivre.Beaucoupdetraducteurslittérairessontprofesseurs,journalistes,écrivainsouexercentd’autresprofessionset pratiquent la traduction en plus de leur activité principale. Le traducteurlittéraire travaille surtoutdans l’édition : il s’engagepar contrat à traduireunouvrage destiné à être publié. Il peut s’agir d’un texte littéraire ou bien d’unguidepratiqueoud’un livrede cuisine.Quelques traducteurs travaillent dansl’audiovisuel.Ilssontspécialisésdanslessous-titragesetdoublagesdefilmspourlecinémaoulatélévisionainsiquedanslapréparationdesémissionsderadio.Lestraducteurslittérairespeuventégalementtravaillerdanslapresse.Généralement,ilsontuneformationinitialeenjournalismeetsontsalariésdesagencesdepresse.Unautredébouché,lesecteurjudiciaire.Letraducteurexpertjudiciaireassistela justice dans son travail. Il traduit des documents à produire en justice eteffectue des missions d’expertise. Il peut avoir des fonctions d’interprète aucoursd’uneaudienceoud’uneinstruction.Ilestnomméparl’autoritéjudiciaire.Analyse,rigueuretvasteculturegénéralesontlesqualitésindispensablespourrestituerleplusfidèlementpossibletoutessortesdetextesavecleursnuances.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

Etudes / formationsLaformationdes traducteursestdenatureuniversitaireetpratique.Elle

impliqueunminimumde4à5ansd’étudesaprèslebacà l’Ecolesupérieured’interprètes et de traducteurs (ESIT-Sorbonne Nouvelle) ou à l’Institutsupérieurd’interprétationetdetraduction(ISIT-InstitutcatholiquedeParis).Ces2établissementssélectionnentleursétudiantsàpartird’unbac+2ou3.Autresécolesuniversitaires:

-Ecolesupérieuredetraduction(universitécatholiquedeLyon)-Institutdetraducteursetderelationsinternationales(Strasbourg)-InstitutbritanniquedeParisPar ailleurs il existe plusieurs masters professionnels 1 et 2 préparés à

l’université(Strasbourg2,Nice,Lille3,Pau,Rennes2,Paris7et10,etc.)

Pour en savoir plusSociétéfrançaisedestraducteurs(SFT)SyndicatnationaldestraducteursprofessionnelsTél:0148784332www.sft.frAssociationdestraducteurslittérairesdeFrance(ATLF)Tél:0145492644www.atlf.org(http://www.cidj.com/Viewdoc.aspx?docid=476&catid=1#etudes)

Document 2.

Les langues en EuropeLesondagesur lescompétences linguistiquesdeseuropéensetsur leurs

attitudesàl’apprentissagedeslanguesmontreunappuidecidéàl’apprentissagedelangues.56%decitoyensdesEtatsmembresdel’UEsontcapablesdeparticiperàuneconversationdansuneautrelanguequeleurlanguematernelle.28%desrépondantsaffirmentqu’ilsparlentsuffisammentbiendeuxlanguesétrangèrespourparticiper àuneconversation.L’anglais reste la langueétrangère laplusparléedanstoutel’Europe,l’allemandarrivantentêtedeslanguesmaternelles.

La Commission prête à accueillir trois nouvelles langues officielles au 1er janvier 2007.

Dans moins de deux semaines, l’Union européenne aura 23 languesofficielles, lorsque la Bulgarie et la Roumanie adhéreront et que l’irlandaisdeviendraunelangueofficielle.Pourseprépareràcenouveaudéfi,laCommissioneuropéenneaadoptéaujourd’huiunestratégiedestinéeàorientersatraductionde textes écrits en 2007 et au-delà.Cette stratégie vise àmieux identifier les

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

besoins et fournisseurs de traductions et consacre le multilinguisme commeunélémentessentieldansl’élaborationdespolitiqueset laplanificationpar laCommission.LesdémarchesentreprisesenBulgarieetenRoumaniepourfournirdestraducteursetdesinterprètesauxinstitutionsdel’UEontbienavancé.

Commentantl’élargissementimminent,JánFigeľ,commissaireeuropéenenchargedel’éducation,delaformation,delacultureetdumultilinguisme,adéclaré:«La diversité des langues est notre richesse commune et la promotion de cette diversité constitue une priorité claire pour la Commission européenne. Le cinquantième anniversaire du traité de Rome, l’an prochain, sera également une célébration du multilinguisme, l’un des principes fondamentaux de l’Union depuis sa fondation. » Ilaajouté:«Alors que l’UE est sur le point de se doter de trois nouvelles langues officielles, j’aimerais souhaiter la bienvenue à mon futur collègue, Leonard Orban, qui prendra au 1er janvier les fonctions de commissaire en charge du multilinguisme».

Ladirection générale de la traduction (DGT), quifournitlestraductionsécrites, et la direction générale de l’interprétation (SCIC), qui assurel’interprétation des réunions et organise des conférences, ont pris diversesmesurespourseprépareràl’élargissement.

TraductionSur le plan de la traduction, l’une de cesmesures consiste à recruter

du personnel bienàl’avancepourêtreopérationneldanslesnouvelleslanguesà partir du premier jour de l’adhésion. Les premiers traducteurs bulgares etroumainsdelaDGTontétérecrutésentantqu’agentscontractuelsdèsjanvier2006 pour préparer les infrastructures et outils de traduction. À l’issue denouvellesprocéduresdesélectiond’agentstemporaires,environ40 traducteurs bulgares et 40 traducteurs roumains travaillerontàBruxellesetàLuxembourgainsiquedanslesantennesdelaDGTàSofiaetàBucarest.

Conformémentàlanouvellestratégiedetraduction,latraductioninternes’appuiera sur des ressources externes. La DGT disposera d’une réserve detraducteurs free-lance ou agences de traduction, quelque 50 bulgares et 50 roumains, auxquelsellepourraconfierunepartiedelachargedetravail,sinécessaire.

La traduction irlandaise à laDGT sera assurée, dans unpremier temps,par cinq traducteurs. Conformément à une dérogation proposée par lesautoritésirlandaisesen2005,seulsles règlements adoptés conjointement par le Parlement européen et le Conseil au titre de la procédure de codécision et la correspondance avec les citoyens seronttraduitsenirlandaispendantunepériodedecinqans.

Encequiconcernelemaltais, unedérogationdetroisanspourlatraductiondestextesdanscettelangueprendrafinle1ermai2007.Àcompterdecettedate,latraductionenmaltaisseraassuréeconformémentauxprincipesdelanouvelle

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stratégie adoptée aujourd’hui, comme pour n’importe quelle autre langue del’UEnefaisantpasl’objetd’unedérogation.

L’expérienceacquiseà l’occasionde l’élargissementde2004aétépriseen compte dans la planification des mesures préparatoires pour le prochainélargissement. La nouvelle stratégie de traduction adoptée aujourd’hui par la Commission aégalementétémiseaupointsurlabasedesconclusionstiréesdelamiseenœuvredupland’actionadoptéparlaCommissionen2004etconfirméen2005.Ils’estrévélénécessaire,àcemoment-là,demaîtriserlademandecroissantedetraductionspourpouvoirgarantirlemultilinguismedanslacommunicationécritedelaCommission.Lesmesuresinstauréesàl’époque– classement en documents essentiels et non essentiels et restrictions portant sur la longueur des documents – demeurent des éléments clés dela nouvelle stratégie de traduction. Toutefois, de nouveaux éléments ont étéintroduitspourrépondreauxexigencesdumultilinguismeàl’avenir.Cesontcesnouveauxéléments–intégration des questions linguistiques dans le processusd’élaboration des politiques delaCommission,traduction web, équilibrage entre traduction interne et traduction externe, etcoopération plus étroite entre les institutions de l’UE – quirendentlenouveaumodèledurable,capabledes’adapteràunedemandevariable,d’unbonrapportcoût/efficacitéetàmêmed’intégrerlesnouvelleslanguesofficiellestoutenassurantlesnormesdequalitélesplusélevées.

Pour 2007, le coût de la traduction à la Commission est estimé àquelque302 millions d’euros. Cela représente, pour chaque citoyen, un coûtd’environ0,63europaran.L’introductiondetroisnouvelleslanguesofficiellesn’entraînerapasd’augmentationdecoûtpourlapopulation,grâceàlanouvellestratégiedetraduction.Pour2006,lecoûttotaldelatraductiondansl’ensembledesinstitutionsdel’UEestestiméà800millionsd’euros.

InterprétationLespréparatifssurleplandel’interprétation sontbienavancés,après

plusdedixannéesdesoutiendelaCommissionàlaformationenBulgarieetenRoumanie.LaDGInterprétationdisposeaujourd’huide3 interprètes bulgares et 3 interprètes roumains, quiontétérecrutésentantqu’agentstemporairesenjanvier2006.Six interprètes supplémentairespour chaque languesontemployésparleParlementeuropéensouscontrattemporaire.Lespremiersconcoursouvertspourlesinterprètesdesdeuxlanguesserontachevésavantfin2006.

Aumomentdel’adhésion,les services d’interprétation de l’UE auront accès à une réserve supplémentaire de 39 (pour le bulgare) et 42 (pour le roumain) interprètes free-lance accrédités,cequiestcomparableauxnombresmoyensdepersonnesdisponiblespourl’élargissementde2004.

La DG Interprétation sera prête à interpréter à partir de l’irlandais,

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

de manière à couvrir la demande limitée prévue dans les institutions pourlesquelles elle travaille, une fois que les interprètes nécessaires serontdisponibles,peut-être d’ici l’été 2007. Àl’heureactuelle,pratiquementaucundesinterprètesdisponiblesn’estcapabledetravailleràpartirdel’irlandais.Leserviced’interprétationdelaCommission,enétroitecoopérationavecceluiduParlementeuropéen,amisen routeune sériedemesurespouraider l’Irlandeà former des interprètes pour les institutions. Trois interprètes internes et uninterprètefree-lanceaccréditése préparent actuellement à ajouter l’irlandais àleurscombinaisonslinguistiques.

Le coût total de l’interprétation dans les institutions de l’UE s’est élevé à près de 190 millions d’euros en 2005, soit l’équivalentde0,42 euro par citoyen par an.L’adhésiondelaBulgarieetdelaRoumanieetl’ajoutdel’irlandaisnedevraientpasentraînerd’augmentationducoûtdel’interprétationparcitoyen.

Le coût total de la traduction et de l’interprétation dans l’ensemble des institutions de l’UEreprésentemoinsde1%dubudgettotaldel’UE.

(http://ec.europa.eu/education/policies/lang/languages/index_fr.html)

Document 3.

Traducteur littéraire en France : dans les chausse-trapes d’un vide juridique

Article de Dominique Palmé, traductrice indépendante de japonais, membre de la Société française des traducteurs (SFT).

Depuis une dizaine d’années, au cours des tables rondes organisées auSalonduLivreouàExpolangues,ouencoredesrencontres-lecturesmarquantlasortied’unouvrageenlibrairie,lesoccasionssemultiplientpourletraducteurdetémoignerdelagrandeuretdesdifficultésd’uneprofessionqui,aumoinsdansledomainedelalittérature,susciteunintérêtcroissantdelapartdupublicetdesmédias.Etgrâceauxinitiativesd’uncertainnombred’associationsattachéesàladéfensedecemétier, ledit traducteursortpeuàpeuavecbonheur-commel’escargot de sa coquille- d’un anonymat séculaire, accédant ainsi, à traversla reconnaissancede son rôle essentiel de«passeurdevoix», àun semblantd’existence,préférableévidemmentàlacomplèteinvisibilité.

Etpourtant...Alorsquechacuns’accordedésormaisàreconnaîtreletruismeselonlequelaucuneœuvrenepourraitrayonnerau-delàdesfrontièresdupaysetdelalanguedanslesquelselleaétéconçuesiellen’étaitportée(danstouslessensduterme)parunbontraducteur,forcenousestdeconstaterquecelui-cicontinuetropsouventdefairefigured’oublié.Quedireparexempledecetéditeurquinégligedementionner,enpremièrepagedecouvertured’unedeses

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

collections,lenomdutraducteur?Négligencerelativementcourante,maisquinemanquepasdepiquantlorsqu’onsaitquelacollectionenquestions’intitule...«Lesgrandestraductions»!Faut-ilenconclurequetoute«grandetraduction»,procédant d’une génération spontanée, ne nécessite nullement l’interventiond’untraducteur?

Railleriemiseàpart,onpeutsedemanderd’oùvientunetelleentorseauxusages.Laréponseesttristementsimple:c’estquemêmele«CodedesUsagespour la traductiond’uneoeuvrede littératuregénérale» (signé enmars 1993entre laSociétédesGensdeLettresdeFrance, l’ATLFet laSFTd’unepart,etleSyndicatNationaldel’Édition,del’autre)semontrelaxisteàl’égarddesobligationsdel’éditeurdanscedomaine,puisqu’ilprécisesimplement:«Lespartiesconviennentquelenomdutraducteur,quifiguresurlapagedetitre,doitapparaîtredistinctementsurlapremièrepagedecouverturedulivre,ouàdéfaut(c’estmoiquisouligne),surlaquatrièmepagedecouverture.»(ParagrapheVIII,2).Biendeséditeurspeuventainsirespecteràdemicecodesansêtrepourautantprisendéfaut.

Or-etl’ongoûteraunefoisdeplustoutlepiquantdecettesituation-letraducteurd’éditionestconsidéré,surlepapierdumoins,commeuncréateuràpartentière,sil’onenjugeparlesdispositionsfigurantàcesujetdansleCodedelaPropriétéIntellectuelle,oudanscertainstextesofficiels(loidu11mars1957surlaPropriétéLittéraireetArtistique;loidu31décembre1975surlaSécuritéSociale desAuteurs; loi du 26juillet1991 sur la TVA applicable aux droitsd’auteur). Mais dans la pratique professionnelle prédominent l’ambiguïtéet le paradoxe quant à l’aboutissement logique que devrait impliquer cetteéquivalence de statut: si le traducteur littéraire, qui déclare ses revenus en«droitsd’auteur»,estassujettisurleplanfiscalauxmêmescontraintesqu’unécrivain,enrevanchelarémunérationqueluiversel’éditeursousformed’«à-valoir»necorrespondnullementà l’ampleurdutravailetdu tempsqu’ildoitconsacreràuntextepourtransposerdanslalangue-cibletouteslesqualitésdel’oeuvreoriginale.Pourmémoire: le tarif par page française dactylographiéede 250signes et espaces oscille, pour un roman traduit du japonais- langue«rare»-, entre130et160francs.Cette sommeest sensiblement supérieureàcelleaccordéeàuntraducteurdelangueoccidentale.Maisellereprésenteàpeineletiers,voirelequart,deshonorairesauxquelspeutprétendreuntraducteurdejaponais technique...Quant aumontant des «droits d’auteurs» (qui équivautenmoyenne,quandl’oeuvretraduiten’estpasencoretombéedansledomainepublic,à2%duprixpublichorstaxedesexemplairesvendus),letraducteurenvoitrarementlacouleur,etdanslemeilleurdescas,pasavantquen’aientétévendusquelque30000ouvrages.

Bref, même si en termes de reconnaissance sociale son sort s’estindéniablement amélioré depuis dix ou quinze ans, le traducteur littérairecontinueàfairefigurede«parentpauvre»auseindesaprofession.Maiscela

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

nedécoule-t-ilpasd’ungraveproblèmede fondqui touche l’ensembledecemétier, toutes spécialités confondues ? C’est qu’en France cette activité, aumême titre d’ailleurs que la pratique de la psychanalyse, ne relève d’aucunstatut officiel. En l’absence de celui-ci, n’importe qui, du jour au lendemain,peutsedéclarertraducteur.Pourpallierlesabusquerisqueraitdegénérerunetelle situation, l’ATLF a fort justement élaboré un «Code de déontologie dutraducteurlittéraire».Ilestdommagequecedocument,quifaitétatdesdevoirsetengagementsquel’onpeutexigerdetouttraducteurdignedecenom,nesoitpascontrebalancéparuneréglementationspécifiantlesdroitsdecedernieretlaprotectionjuridiquedontildevraitnormalementbénéficier.Tantqu’unvéritabledébatneserapasengagésurcesujet,notammentauprèsdespouvoirspublicsetdescommissionsconcernéesauseindelaCommunautéeuropéenne,ilestàcraindrequelepauvretraducteur-littéraireounon-necontinued’êtretraité,parcertainsclientsindélicats,commelacinquièmeroueducarosse.

Pourensavoirplussurl’exercicedecemétieretsacouverturesociale:• SociétéFrançaisedesTraducteurs

22,ruedesMartyrs-75009Paristéléphone:0148784332;minitel:3615/SFTInternet:www.sft.fr

• AssociationdesTraducteursLittérairesdeFrance99,ruedeVaugirard-75006Paristéléphone:0145492644

• AGESSA(AssociationpourlaGestiondelaSécuritéSocialedesAuteurs)21bis,ruedeBruxelles-75009Paristéléphone:0148782500

Document 4.

La langue espéranto - une langue universelle Qu’est-ce que l’espéranto ?

L’espéranto est une langue construite,proposéeparunmédecinpolonaisen1887pourfaciliterlacommunicationentretousceuxquin’ontpaslamêmelanguematernelle.Ilasignésonprojetdelanguepar«DoktoroEsperanto»,d’oùlenomdelalangue.DescentainesdeprojetsdelanguescréésdepuisBabel,seull’espérantos’estrépanduetestactuellementutilisépardesmillionsdepersonnesdanslemonde,pourvoyager,correspondre,découvrird’autrescultures,sefairedesamis…

L’espéranto est la plus facile des langues vivantes :ils’apprendcomme

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

n’importequelleautrelanguevivante.L’espéranto est véritablement la seule langue à fonctionner actuellement

sur les 5 continents et dans plus de 100 pays,certainementavecunnombredelocuteursestiméentre3et10millions.

Doktoro Esperanto Lejzer Ludwig (Louis-Lazare) Zamenhof est né le 15 décembre 1859 à

Bialystok (Pologne). Al’agede15ans,ilcommenceuntravailquiaboutiraàl’âgede28ans,

après13annéesd’untravailconstant,denombreuxessaisetplusieursrefontes,ilpubliale26juillet1887sonpremiermanuelintitulé:«LingvoInternaciadeDoktoro Esperanto» (Langue Internationale du Docteur Espéranto); ce mot«Esperanto»,estlepseudonymedel’auteur,etveutdire,enLangueInternationale,celuiquiespère.

Esperanto est le participe présent du verbe espérer, «esperi» en Espéranto.

Zamenhof parlait au moins une douzaine de langues. Il maîtrisait fort bien le russe, (sa langue maternelle), le polonais, l’allemand, l’hébreu. Il avait une bonne connaissance du latin, du grec, de l’anglais, du français, assez bonne de l’italien, et sans doute de l’araméen.

Le rôle de l’espérantoLaconnaissancedel’Espérantovousouvrelesportesdetouslespaysdu

monde.Plusdeproblèmesliésàlabarrièrelinguistique!Soyezlibredevisiterlepaysquivousfaitleplusenvie,ilyauratoujoursunespérantophonepourvoushébergeretvousfairedécouvrirlesfacettesdesonpaysquenementionnentpaslesguidestouristiques.

Drapeau espéranto, utilisé pour signaler (logo) les parties rédigées enespérantodansundocumentmultilingue,oupouryaccéder(icôneinfo.),etc.

La phonétiqueToutesleslettresseprononcent,maisenEspéranto,Q,W,XetYn’existent

pas. En revanche, les lettres C, G, H, J, S et U ont deux formes et deuxprononciationsdifférentes.Lesprononciationss’effectuentcommeenfrançais,saufpourcertainesoùelleestindiquéeentreparenthèses:

A, B, C (ts,?tsar?),Ĉ (tch,?tchèque?),D, E (é),F, G (g,?gag?),Ĝ (dj,?John?),H(expiré),Ĥ(r,?challemandoujespagnol?),I, J(y,?yoyo?),Ĵ(?je?),K, L, M, N, O, P, R (légèrement roulé),S (s,?son?),Ŝ (ch,?chèque?),T, U(?ou?),Ŭ(w,?oui?),V, Z.

La grammaire en brefL’Espéranto,c’estcommeunjeudeLego.Pourformerdesmots,ilsuffit

decollerdespréfixesetdesterminaisonsàdesracines.Enplus,vousconnaissezdéjàunebonnepartiedesracinesquisontlesmêmesenfrançais. EX: manĝi=manger dormi=dormir

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Le substantif finit toujours par o.Pour former le pluriel on ajoute j ausingulier.Lalanguen’aquedeuxcas:lenominatifetl’accusatif.EX:parol+o=parole,parol+o+j=desparoles

L’adjectif finit toujourspara.Sescasetsesnombressemarquentdelamêmemanièrequeceuxdusubstantif.Ex:parol+a=oral

Le verbenechangenipourlespersonnes,nipourlesnombres.Ex.mifar’as--jefais,lapatr’ofar’as--lepèrefait,ilifar’as--ilsfont.

ConjugaisonsMêmeterminaisonàtouteslespersonnesdechaquetemps:+as=présent+is=passé(imparfaitoupassésimple)+os=futur+us=fictif(conditionnel/imparfaitduconditionnel)+u=volitif(impératifousubjonctifpourledésir)+i=infinitifExempledeconjugaisons:paroli,miparolas,viparolas=parler,jeparle,tuparles/vousparlezliparolas,ŝiparolas=ilparle,elleparleniparolis,iliparolis=nousparlions,ilsparlaientoniparolos=onparleraliparolus=ilparleraitparolu=parleLes pronoms personnels

mi (je);vi (tu); li (il);ŝi (elle);ĝi (ilouellepourunechose);oni (on);ni(nous);vi(vous);ili(ilsouelles);si(se,pronomréfléchi).Les nombresLesnombres cardinaux:unu (1),du (2), tri (3),kvar (4),kvin (5), ses (6),sep (7),ok (8),naŭ (9),dek (10),cent (100),mil (1000),miliono (million),miliardo(milliard).

Conjonctions ĉar=parceque/car;kvankam=bienque;ke=que;kvazaŭ=commesi;se=si(conditionnel);sed=mais;aŭ=ou;kaj=et;do=donc;nu=or;nek=ni.

Adverbes hieraŭ=hier;hodiaŭ=aujourd’hui;morgaŭ=demain;ankaŭ=aussi;nun=maintenant;nur=seulement;ankoraŭ=encore;preskaŭ=presque;baldaŭ=bientôt;eĉ=même;tre=très;tro=trop;for=loin;jam=déjà.

Prépositionsal=vers;antaŭ=avant;anstataŭ=aulieude;apud=prèsde;malantaŭ=derrière;ĉe=chez;ĉirkaŭ=autour;ekster=horsde;dum=pendant;en=dans;ĝis=jusqu’à;inter=entre;kontraŭ=contre;kun=avec;sen=sans;

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

por=pour;post=après;pro=àcausede;sub=sous;sur=sur.Conversation

saluton !=salut!;ĝis revido !=aurevoir!;bonan tagon !=bonjour!;bonan vesperon !=bonsoir!;bonan nokton !=bonnenuit!;ha lo !=allô!;haltu !=stop!;Dankon=merci.

RÈGLES GÉNÉRALESChaquemotseprononceabsolumentcommeilestécrit.L’accenttoniqueseplacetoujourssurl’avant-dernièresyllabe.S’ilyadanslaphraseunautremotdesensnégatif,l’adverbe«ne»sesupprime.Ex.:mi neniam vid’is--jen’aijamaisvu.

Les espérantophonesUnpeupartoutenFrance,desespérantophonesserassemblent,organisent

des cours, des concerts, des stands de présentation de la langue... voire desrencontresinternationales,quidurentsouventtouteunesemaine!

http://www.esperanto-france.org/langue/ http://nomadisme.free.fr/http://fr.wikipedia.org/wiki/Espérantohttp://www.esperanto-france.org/http://esperanto-jeunes.org/

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 5

Document 1.

La traduction en terminaleMichelBallardProfesseuràl’universitéd’Artois

Éléments pour une approche nouvelle

La traductionaétéévacuéede laclassede languesaucoursdesannéessoixante.

Il s’agissait d’une réaction saine qui visait à redonner (peut-êtremêmevaudrait-ilmieuxdire :à donner)à l’oral laplacequ’ildoitoccuperdansunenseignement de langue calqué sur le développement naturel de la languematernelle. Il s’agissait aussi, il faut bien le dire, de mettre un terme à desméthodes qui produisaient des élèves ayant des problèmes pour s’exprimeren langueétrangère et ayantd’énormesdifficultésde compréhensionà l’oral,surtoutdanslessituationsdelaviecourante.

La traductionconnaîtactuellementun regainde faveurqui semanifesteofficiellementparsonrétablissementcommeépreuveaubaccalauréatetparsonintroductionsous la formed’un texteassezcours (préparéencinqminutesetsansnotes)àl’épreuveoraleduCAPES.Onnoteracependantqueladidactiquede la traductionn’intervientpasdanscette épreuve.C’estdommagecar c’estunaspectquimériteréflexionsil’onneveutpasretomberdanslaroutinedelasimplepratique,assezrassurantepourcertains,mais,toutcomptefait,assezpeuefficaceàlongterme,parcequ’ellenesefixeniobjectifniméthode.

Ce que l’on voudrait exposer brièvement ici ce sont quelques principessimples,capablesd’éclairer(espérons-le!)cetenseignement.Nouslesintroduironsparlebiaisd’unelecturedesinstructionsdonnéesdansleBO :«sensibilisation aux difficultés du passage d’un code linguistique à un autre, familiarisation avec les procédés de traduction ».Onnoteraqu’ilyalàunereconnaissancepresqueexplicitedeladifficultédelatraduction;ons’estrenducomptequ’ilnesuffisaitpasd’avoircomprispourtraduire:l’obstacledesformes(lepassaged’uncodeàunautre)demeure.Onnousdemanded’avoirunedémarchepédagogique:depratiqueruneinitiationauxtechniquesdetraduction.

Ladifficultés’éprouvedansl’actemais,sil’acten’estpassuivideréflexion,iln’yapasvéritablementconstructiond’unecompétenceélaboréeetleprofittirédel’exerciceestmince:onarésoluunproblème,parfoismêmesansl’identifier(onveutlasolution,onproposedessolutions),onfinitletexteetl’onpasseausuivant.Ilneviendraitàl’idéedepersonneaujourd’huidesimplementdonneruneraquetteetdesballespourapprendreàjouerautennis:onappliquedesrèglesdujeuetmême,pourseperfectionner,onobserveleschampionsaucaméscope.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

Lepremierexercicequenousproposerionsdoncd’instaurerparallèlementà la pratique, c’est l’observation de la traduction (et par là-même de sestechniques)parlebiaisducommentaire de traduction.

On peut lui donner des formes diverses. Il nous semble qu’une bonnemanièred’introduirecetexerciceestdefournirdeuxtextes,enregardoul’unau-dessousdel’autre:letexteanglaisetunetraductionpubliée.Dansletexteanglaisonsouligneuncertainnombredepointssusceptiblesdeposerdesproblèmesoud’offrirdesdifférencesaveclefrançais;puisondemandeauxélèvesd’identifierlatraductiondesélémentssoulignésetdecommenterladifférence.

Prenonsunexemple:

Doris calledforme at home,turnedthecorner, and camedown our cobbled street on a horse. My brother Paul ran inand said : « comeand look at thiswoman (he was only nine) on a horse, ourTony » and havingnothing better to dowhilewaiting for Doris but flipthrough the MirrorIstrode to the yard-end. It was a warm day, dust in the wind making a lazy atmosphere around the eyes, smoke sneaking off at right angles to chimneys and telly masts. By the pavement I looked down the street and saw nothing but a man going across to the shop in shirtsleeves and braces, then swivelling my eyes the other way I saw this girl coming down the street on a walking horse.(A.Sillitoe)

Doris vint me voir chez moi. Elle apparut au coin de la rue et s’avança sur la chaussée empierrée : elle était à cheval. Mon frère Paul entra en courant: « Eh, Tony ! viens voir cette bonne femme (il n’avait que neuf ans) sur un cheval ! » Et comme je n’avais rien de mieux à faire en attendant Doris que de feuilleter le Mirror, je gagnai à grands pas le fond de la cour. Il faisait chaud, la poussière portée par le vent vous mettait comme de la paresse autour des yeux, et la fumée filait perpendiculairement aux cheminées et aux antennes de télé. Arrivé au trottoir, je jetai un coup d’oeil vers le bout de la rue, mais je ne vis qu’un bonhomme, en bras de chemise et portant des bretelles, qui traversait pour aller à la boutique d’en face. Puis je tournai la tête de l’autre côté, et je vis cette fille, qui descendait la rue sur un cheval allant au pas. (Trad. J. Chuto)

Lepremieractedemandéestd’identifierlatraduction:Called for meesttraduitparvint me voirTurned the cornerparElle apparut au coin de la ruecame downpar s’avançaStreetparchausséeOn peut alors attirer l’attention des élèves sur le fait que l’on est en

train, à chaque fois, de construire une unité de traduction, c’est-à-dire unensembleconstituéd’unebase(l’anglais)etdesonaboutissement(latraductionfrançaise).

Lesecondacteestdenommerlesélémentsconstituantsdel’unité,etceciestpluscomplexeetplusrentablequ’onnepourraitlecroire:lesélèvesnesavent

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

pas toujours identifier ou nommer les parties du discours, c’est l’occasion derevoiruncertainnombredenotionsdanslesdeuxlanguesoudemettrecertaineschosesenplace.

Par ailleurs, on s’efforcera ainsi de faire apparaître et decommenter les différences et les techniques, par exemple:called for me, groupe verbal constitué d’un verbe à préposition (called for) et de son complément d’objet indirect, est traduit par deux verbes et uncomplément.Cettedifférenceestunpremierbalisageduchemininverse:celuiquel’onferaaveclethème,unemanièredeprévoirdestraductionsnonlittérales.turned the corner est une proposition elliptique du sujet. Le sujet (Doris)est mis en facteur commun à trois propositions. Le traducteur transformela première proposition en phrase et commence une nouvelle phrase avecle second verbe en utilisant le pronom elle comme sujet. Pourquoi? Peut-être parce que les trois verbes sont hétérogènes : le premier décrit unprocès assez général, global ; les deux autres donnent le détail de l’action.came down, traduit par s’avança sur, est l’occasion d’observer une autretraduction d’un verbe prépositionnel. La variation est surtout perceptible auniveaudelapréposition:down exprimeunrepéragedanslalongueurdelarue;sur exprime un repérage plus statique, une position par rapport à la surface.street : chaussée est l’occasion d’observer la différenced’extension des termes street : rue et chaussée. Le choix dechaussée s’explique par la place qu’occupe le cheval dans la rue.on a horse:Elle était à cheval.

Phénomèneanalogueenapparenceàceluiobservédanslasecondeunité:constructiond’uneprépositionàpartird’unélément.Maisilyadesdifférences:danscecas,ils’agitd’ungroupeprépositionnellocatifdontl’insertioncommecomplémentrisqued’êtrelourdeenfrançais.

Onpeuttraiterdecettemanièrel’ensembledel’extraitetpuiseffectuer(oufaireeffectuer)depetitessynthèses.

Parexemple,ilyadanscetexteuncertainnombredeverbesprépositionnelsquirelèventdedifférentstypesd’équivalenceaveclefrançais:

Réduction:flip through:feuilleterPrépositiondifférente:came down:avançait surChassé-croisé:strode to :gagnai à grands pasOn pourra aussi attirer l’attention sur le passage à des propositions

construites:àpartirdepropositionselliptiques:turned the cornerElle apparut au coinàpartirdeparticipiales:and having nothing betteret comme je n’avais rien de mieux

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

àpartirdeSP:on a horseElle était à chevalOnpeutégalementattirerl’attentionsurlerendudustyleoral:ledéplacement

del’interjectionentête:Eh, Tony !lemarquaged’unecertainefamiliaritédanscette bonne femmepourthis woman.

On peut espérer que ces observations constituent une sensibilisationaux problèmes de traduction et aux différences linguistiques ; elles devraientpermettreuneexécutionplussoupledelatraductionetunerentabilisationplusélevéedel’apportlinguistiquedecettepratique.

L’observationdelatraductionpeutfortbienaussiavoirdesprolongementsquiallientlapratiqueàlasystématicité.Parexemple,ayantfaitdesobservationssurlesverbescomposésetlesconstructionsverbales,onpeuttrèsbienimaginerdesexercicesfaisantapparaître,demanièreplussystématiqueetrépétitive,lesproblèmesquiysontliésenthèmeetenversion.Pourlaversion,parexemple,onpeuttrèsbiendonnerdeslistesdephrasesfaisantapparaîtred’aborddesverbesàtraiterselonleprocédéduchassé-croisé,puisdesverbesrelevantdediversestechniques;ilyaainsid’abordlemontaged’uncertainautomatismepuissoninsertiondansdesexercicesdediscrimination.

L’essentiel, nous semble-t-il, est de ne pas se contenter de traduire.Onpeutcertesfairedelatraductionunobjectif,etilestvraique,unefoissortisdulycée,certainsélèvesaurontàutiliserdecettemanièreleursconnaissancesenlangues.Mais,mêmesitelestlecas,ilfautsavoirquelesprofessionnelseux-mêmesn’envisagentplusleurformationàpartirdelaseulepratiquedirecte:uneinitiationsefaitdemanièreprogressiveetraisonnée.

Parailleurs,ilestbondesesouvenirqu’àceniveau,latraductionestunexercicepédagogiquequidoitserviràunefin:l’enseignementdeslangues.Latraductionestl’occasionnonseulementdes’interrogersurunetechniquemaisaussideprendreconscience,avecledétachementquepermetl’écrit,decertainesdifférencesquiparfoisdemeurenttropconfusesoumalexploitées.

Références bibliographiques• BallardMichel, La traduction : de l’anglais au français, Paris, Nathan (2e

édition)1995.• Ballard Michel, Le commentaire de traduction anglaise, Paris, Nathan

(collection128)1992.• BallardMichel,«L’unitédetraduction»in M.Ballard(édit.),La traduction à

l’Université. Recherches et propositions didactiques,Lille,PUL,1993,p.223-262.

• Sillitoe Alan, Revenge and Other Stories. Vengeance et autres nouvelles,préface,traductionetnotesdeJacquesChuto,Paris,Livredepoche(collection«Bilingue»,1989).

(http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/anglais/joinin/14-3.htm)

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 6

Document 1.

Techniques de traductionIlnes’agitbienentendupasd’unelistedetechniquesàapprendreparcœur.

C’estsimplementunclassementdesméthodesprincipalesvisantàrésoudreunproblèmeposéparunetraduction.Certainessontnaturellesparcequelatraductionlittéraleestimpossible;d’autresnécessitentplusd’habitudeetdesavoir-faire.

Le calque n’estpasvraimentunetechniquepuisqu’ils’agitd’unetraductionmotàmot.

L’empruntconsisteàutiliserenfrançaisletermeanglais(ex.laCity,leBritishMuseum)

La transposition consisteàmodifierlacatégoriegrammaticaled’unmotoud’ungroupedemots.

• VERBE=>SUBSTANTIFwhatpoliticiansdo=>laconduitedespoliticiens

• SUBSTANTIF=>VERBEtheassumptionisthat=>onsupposeque

• VERBE=>PREPOSITIONtheBritishPremierthinksthat=>selonlePremierministrebritannique

• PARTICIPEPASSÉ=>SUBSTANTIFimprovedtaxcollection=>l’améliorationdurecouvrementdel’impôt

• ADJECTIF=>SUBSTANTIFthespeculativepropertyboom=>laflambéedelaspéculationimmobilière

• ADJECTIF=>ADVERBEhavegeneratedsufficientinterest=>ontsuscitésuffisammentd’intérêt

• PREPOSITION=>PARTICIPEPASSÉpeopleovertheageof40=>lespersonnesayantdépassél’âgede40ans

• VERBE=>EXPRESSIONADVERBIALEhestrodeintothehouse=>ilentraàgrandspasdanslamaison

• ADVERBE=>VERBEHenearlygotarrested=>Ilafaillisefairearrêter

L’étoffement consisteàajouterdesélémentssous-entendus.Ilpeuts’agird’unverbeoudecertains termesde liaisons,plus fréquentsen françaisqu’enanglais:

• accordingtoareportinEuropeanPolicyAnalyst=>selonunrapportpublié dansleEuropeanPolicyAnalyst

• thebigoverseaseconomies=>lesgrandespuissanceséconomiquesétrangères .

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

L’explicitation consisteàprécisercequiétaitimplicite:• workersstayinjobstheyhateforfearthatapreexistingmedicalconditionwillmakethemineligibleforcoverageelsewhere.=>lesemployésgardentunemploiqu'ilsdétestentdepeurqueleurpassémédicallesempêched'êtrecouvertdans une autre entreprise .

L’allégement consiste, à l’inverse, à retirer un ou plusieurs termesinutiles:

• whateverhedoesnext,NeilKinnockwilldoitinthebestinterestofhispeople=>quoiqu'ilfasse ,NeilKinnockleferadansl’intérêtsupérieurdesesconcitoyens(lesubjonctif«fasse»suffitàtraduirele«next»).

La collocation consisteàutiliserune suitede termes souventemployésensembleenfrançaispourtraduireuneexpressionsimilaireenanglais:

• heknewhewouldwinareputation=>ilsavaitqu'ilseferaitunnom.La coloration, sous-catégorie de la collocation, consiste à traduire un

termeanglaisquiparaîtrait tropsimpleenfrançaisparun termeplushabituelouprécis:

• Thedirectorsaid=>LedirecteurindiquaL’adaptation tient compte de la différence entre les réalités de chaque

sociétépourexprimerlemêmeeffet.• Blend1tsp(«teaspoon»)whitetrufflepasteand15cc(«cubiccentimeterH»)ofbrandy=>mélangerunecuilleréeàcafédebeurreblancauxtruffeset15millilitresd'eaudevie.

La modulation consiste à changer le point de vue pour contourner unproblème:

• war'swrenchingeffectsonordinarylives=>leseffetsdévastateursdelaguerresurlecommundesmortels.

• JohnMajorhaspromisedtherewillbe«nohidingplacefromthechallengeofcompetition»=>JohnMajoraassuréque«ledéfidelaconcurrencefrapperapartout».

• tradebuyershavebeenasrareashen'steeth=>laclientèledesmarchandss'estfaiteaussirarequelemerleblanc.

La modification de syntaxe consiste à changer l’ordre des mots pourrendrelaphraseplusfluide:

• By2003,accordingtothelatestEITOreport,17%ofallsaleswillbetransactedovertheInternet.=>SelonunrapportduEITO,l'Internetverrapasser17%desventesmondialesd'ici2003.

• Midlandislikelytoopposethebid=>ilestprobablequeMidlands'opposeraàl'offre.

Le redécoupage,quinedoitpasêtresystématique,consisteàcouperunephrasequiseraittroplongueenfrançais,parexemplepourpréciserleverbeleplusrapidementpossible.

L’équivalenceconsisteleplussouventàtrouverleproverbecorrespondant

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

enfrançais.La compensation vise à abandonner une connotation, une allusion, un

niveaudelangueouuntraitd’humoursurunepartiedutextepourlareportersuruneautre,afindeconserverlatonalitéglobaled’origine.

Remarques supplémentaires • Laprincipaleerreurconsiste,àliretropviteletexte.Ceciconduitleplussouventà:ooublierdesélémentsdutexteopartirdansunsenstotalementerronésurunephrase(voiresurtoutletexte)

• Nejamais«abandonner»unephrasequel'onn'arrivepasàtraduire(ilconvientdecontrôlerquetouteslesphrasessonttraduites).Proposerunetraductionquin'aaucunsenscorrespondàunsuicideprofessionnel.

• Vérifierlalogiquedestempsdesverbes,ainsiquel'orthographe.• Majuscules-minuscules:enfrançais,contrairementàl'anglais,on ne

met pas de majuscules : oauxnomsdesjoursdelasemaineetauxnomdesmois,oauxmotsd’untitre,exceptélepremier,oauxnomsdelangues.

(http://traduction.betranslated.com/techniques-traduction.php)

Document 2.Les procédés de traduction

Les procédés de traduction présentent un intérêt fondamental selon lepointdevueprésenté ici.Suivant l’approche interprétativedusensdes textesjuridiques, nous postulons que les procédés de traduction constituent un desoutils pour l’appréhension du sens du texte de départ et lemoyen par lequelle traducteur réexprimece sensdans la langued’arrivée en tenant comptedudestinataire et de la fonction que ce texte aura dans la culture réceptrice. Laconnaissanceetlamaîtrisedesprocédésdetraductionpermettentautraducteurd’utiliseraumaximumlesressourcesdelalangued’arrivéeetdegarantiràsonclientdesrésultatsconformesauxattentesdecelui-ci.Lapropositionprécédentesous-entendquecertainsprocédésdetraductionconviennentmieuxqued’autresàunetraduction.

Lesprocédésde traduction sontgénéralement classés endeuxgroupes:lesprocédésdetraductiondirecte(littérale)etlesprocédésdetraductionoblique(nonlittérale).Lesprocédésdetraductiondirectesontutilisésdansdespassagesoùlalanguededépartetlalangued’arrivéepartagentdescatégoriesparallèlessur le plan de la structure ou sur le plan conceptuel. De ce fait, le messagede départ se transpose facilement dans la langue d’arrivée. Les procédés de

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

traductionoblique,quantàeux,sontnécessaireslorsquelalanguededépartetla langued’arrivéenepartagentpasd’élément sur leplanstructuralousur leplanconceptuel - cequeVinayetDarbelnet appellentparallélisme structural et parallélisme métalinguistique .Commel’indiqueDidier, lesprocédésdecedeuxièmegroupeserventàremplacer,àdiversdegrés,despartiesdudiscours.

Ce classement marque l’orientation que le traducteur peut donner à satraduction. Les procédés de traduction directe, à l’exception de la traductionlittérale dite idiomatique, engendrent des textes orientés vers la langue et laculture de départ, alors que les procédés de traduction oblique permettent deproduiredestextesorientésverslalangueetlacultured’arrivée.

LES PROCÉDÉS TECHNIQUES DE LA TRADUCTIONVinayetDarbelnetproposentseptprocédésdetraductionpourlatraduction

générale.Vieilliset souventcontestés,cesprocédésconstituent,mêmedenosjours,unesortedecadreméthodologiqueconvenant,quantaufond,àpresquen’importe quelle combinaison de langues - les langues principales dumondeoccidentaldumoins.Dansunordrededifficultécroissant,cesprocédéssont:l’emprunt,lecalque,latraductionlittérale,latransposition(incluantlechassé-croisé), la modulation, l’équivalence et l’adaptation. L’ordre de difficulté estétabliselonqu’ils’agitdeprocédésdetraductiondirecteouoblique.

L’empruntL’emprunt est considéré comme le plus simple de tous les procédés de

traduction.Ilpeutêtrelexical,syntaxiqueousémantique.L’empruntlexicalestleplusfacileàreconnaître.Commesonnoml’indique,ilconsisteàemprunterouàutiliser,danslalangued’arrivée,untermequiestétrangeràcelle-ci.L’empruntsyntaxiqueestaussifacileàreconnaître.Ils’agitenfaitd’uneformesyntaxiquepropreàune langueétrangère.Didierdonneunexempled’expressionparfoisutiliséeauQuébec:la personne que je sors avec, au lieu de la personne avec laquelle je sors . L’emprunt sémantique, quant à lui, consiste à attribuer unnouveau sens à un mot existant déjà dans une langue. Dans le contexte desgroupesspéciauxbinationauxdel’ALENA,letermeespagnolpanel,quidésigneunpanneaudebois,ouautresmatériaux,areçulesensdumotanglaispanelquidésigneungrouped’individusréunisàunefinprécise.

Le calqueLecalqueestuncasd’empruntquiconsisteàcalquerlalangueétrangère

sur le plan lexical ou syntaxique.Dans le premier cas, on garde le syntagmede la languededépart touten traduisantchaquemot littéralement.Lerésultatestlacréationd’unenouvelleexpression,soituncalqued’expression.VinayetDarbelnetfournissentàtitred’exemplelapropositionCompliments de la saisondel’anglaisSeason’s Greetings.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Auplansyntaxique,lecalqueforgeetintroduitunenouvelleconstruction.L’exempledonnéparVinayetDarbelnetestscience-fictiondel’anglaisscience fiction.Toutcommel’emprunt,lecalqueréussitsouventàs’introduiredanslalangued’arrivée.C’est le cas du terme thérapie occupationnelle, de l’anglaisoccupational therapy . Ce terme est souvent utilisé à la place des termesergothérapie etréadaptation par le travail, quisontleséquivalentsadoptésparleComitédenormalisationdelaterminologiedesservicessociaux. Lecalqueestundesmoyensdecréationlexicale;unetâchequirelèvedeslexicographesetnondestraducteurs.

La traduction littéraleLa traduction littérale, que Gémar appelle équivalence formelle, est

la réexpressionmotàmotdu textededépartdans la langued’arrivée.Parceprocédé, le traducteurnedoit se soucierquedes servitudes linguistiques.Lesversionsobtenueslittéralementpeuventêtreacceptablesouinacceptables.VinayetDarbelnetprécisentquelatraductionlittéraleestacceptablelorsqu’ellepermetdeproduireuntextecorrectetidiomatique.Ilslaqualifientd’inacceptablelorsquesonutilisationproduituntextequin’apasdesensouquienmodifielesens,quiaunestructureétrangèreàcelledelalangued’arrivée,quinecorrespondàriendanslalangued’arrivéeouquicorrespondàquelquechoseayantunautreniveaudelangue.

SeleskovitchetLedererprécisentquelatraductionmotàmot,outranscodage,peutsefaireseulementdanslecasoùlestermesontlamêmesignification,quecesoitsurleplandelalangueousurleplandudiscours.Lestermespouvantêtre transcodés sont des termes qui ont des équivalences permanentes, tellesles chiffres, lorsqu’ilsdésignentdesquantités, lesnomspropres et les termestechniques.Lorsqueletranscodagen’estpaspossible,ilfautchercherd’autresmoyens. Nous l’avons vu précédemment, Seleskovitch et Lederer adhèrent àladémarcheinterprétativedusensdutexte.Celaveutdirequ’ellesperçoiventlatraductioncommeunedémarcheparlaquelleletraducteurchercheàrendrel’espritplutôtquelalettredutextededépart.Enfait,ellesrappellentquefairedumotàmotestuneexpressionpéjorativedenosjours.

Tout comme Seleskovitch et Lederer, Gémar admet que la traductionlittérale est possible lorsqu’il y a correspondance mot à mot dans les deuxlanguesenprésence.Maisilsignaleaussiquelatraductionlittéralepeutdonnerdesrésultatsquisontacceptables,quoiquelimités.Leproblèmedelatraductionlittérale,ajoute-il,estqu’elleréunit«à lafois lesdéfautsdumotàmot,ceuxdu calque et de l’emprunt, et cela à plusieurs niveaux : syntaxique (structurede la phrase), stylistique (agencement desmots), lexical (calque desmots)».Ilrappelleunegrandevérité,soitlatentationpermanentechezletraducteurdetraduirelittéralement;unetendanceàlaquelleilfautrésisterenraisondesdéfautsprécités.

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

La transpositionLa transposition consiste à remplacer une partie du discours par une

autre en ayant soin de ne pas en changer le sens. Ce remplacement affectegénéralement les espèces grammaticales du discours. Elle est utilisée tant entraductionqu’àl’intérieurd’unemêmelangue.VinayetDarbelnetdonnentenexemple laproposition Il a annoncé qu’il reviendrait quipeut être réexpriméparIl a annoncé son retour.Cesdeuxphrasesontlemêmesens,bienqu’ellessoientdifférentessurleplansyntaxiqueetstylistique.Latranspositionpeutêtrefacultativeouobligatoire.Lecaractèreobligatoireestimposéparlastructuredelalangued’arrivéeouparlafaçondediredanscettelangue.Commelemontrentcesdeuxthéoriciens,letraducteurnepeutrendre«assoonashegetsup»queparl’expression«dèssonlever».Certes,onpourraitdiredès qu’il se lève,maiscelaneseraitpasunefaçonspontanéeetcourantedeledireenfrançais.

Ces deux auteurs accordent à la transposition la caractéristique d’êtreunprocédéqui s’opèresur lesespècesgrammaticales.Ceci ladistinguede lamodulation,quis’opèresurleplandelapensée.Pourmontrerlerôlequejouentcertaines espèces grammaticales en français,Vinay etDarbelnet proposent latranspositioninversée.Parceprocédé,ilestpossiblederendre,parunverbe,cequidansletextededépart,estrenduparunnomexprimant,engénéral,uneactionetnonpasunétat.Voiciundesexemplesdetraductionàl’aidedelatranspositioninversée:«Canada has publicly demonstrated its inevitable involvement in the problem of Asia by accepting membership on the Indochine truce commission».Voicimaintenantlaversionfrançaisepartranspositioninversée:«Le Canada a démontré publiquement, en acceptant de faire partie de la commission d’armistice en Indochine, qu’il ne pouvait rester en dehors des affaires d’Asie».

Latranspositionpartagecertainescaractéristiquesaveclamodulation.Parconséquent,ilestparfoisdifficilededistinguerl’unedel’autre.

La modulationLamodulationconsisteàintroduiredanslemessageunevariationdansle

pointdevue.Cettevariationestintroduiteenremplaçantunepartiedudiscoursparuneautre.Lamodulationestutiliséeafinquelemessagetraduitsoitconformeaugénie-auxusages-delalangued’arrivée.

Toutcommelatransposition,ellepeutêtrefacultativeouobligatoire.Ladifférence entre ces deux types demodulation, précisent les auteurs, est unequestiondedegré.Lanotiond’obligationestdéterminéeparlafréquencedansl’emploi,parledegréd’acceptationdel’usage,etlalexicalisation-soitl’inclusiondutermedanslesdictionnaires.Cesontlàdesélémentsquetoutepersonnequimaîtrisebiensesdeuxlanguesdetravailreconnaît.VinayetDarbelnetprécisent,parl’exemplesuivant,quelapropositionthe time whennepeutêtrerendueenfrançais que par la proposition le moment où .Dans le cas de lamodulationfacultative, lemanquedefixationdes catégories de la penséeoudes espèces

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

grammaticalespermetdedéciderquandrecouriràceprocédé.D’après les auteurs, lamodulation a pour principale fonction d’agir sur

les catégories de la pensée. Toutefois, ils reconnaissent qu’un changementdanslescatégoriesdelapenséepeutentraînerunchangementdanslesespècesgrammaticales.Decefait,ils’avèresouventdifficilededistinguerlamodulationdelatransposition.

VinayetDarbelnetrelèventlesonzetypesdemodulationsdécritsdansletableauquisuit.Lenomdesdiverstypesdemodulationexpliqueparlui-mêmelavariationproduite.Lesexemplesfournisdanslesdeuxcolonnesillustrentlavariationenquestion.

Tableau no 1. TYPES DE MODULATION

Type de modulation Texte de départ

Texte d’arrivée

1. L’abstraitpourleconcret(oudugénéralauparticulier)

...andIdon’tmeanmaybe

...etjeneplaisantepas

2. Lamodulationexplicative(quipeutêtredetypelacausepourl’effet,lemoyenpourlerésultatoulasubstancepourl’objet).

Thisbafflesanalysis

Ceciéchappeàl’analyse

3. Lapartiepourletout TheIslandshadbeenthesceneofseveralattacks

Cesîlesavaientétélethéâtredeplusieursattaques

4. Unepartiepouruneautre Heclearedhisthroat

Ils’éclaircitlavoix

5. Lerenversementdestermes Hisclotheshunglooselyaroundhim

Ilflottaitdanscesvêtements

6. Lecontrairenégativé Don’tmakemelaugh

Laissez-moirire

7. Passagedelavoixactiveàlavoixpassive(ouvice-versa)

Onlyamiraclesavedtheworld

Lemonden’aétésauvéqueparunmiracle;

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8. L’espacepourletemps Whenmygenerationwaswritingpoetry...theseyoungstersarestudyingradioscripts

Alorsquemagénérationfaisaitdesvers...lesjeunesd’aujourd’huitravaillentdestextespourlaradio

9. Lesintervallesetleslimites(dansletempsoudansl’espace)

a)Dansletemps:Fortheperiodunderreviewb)dansl’espace:Noparkingbetweensigns

Depuisnotrederniernuméro

Limitedestationnement

10. Changementdesymbole Heearnsanhonestdollar

Ilgagnehonnêtementsavie

11. Lamodulationfigéeparl’usage.Ils’agitenfaitdel’équivalence,soitlesexpressionsquel’usageafigéespourrendredesexpressionsidiomatiques,desclichésoudesidiotismes.Ceprocédéestanalysédanslesparagraphesquisuivent.

Ilestimportantderemarquerquel’emploidelamodulation,notammentlamodulationexplicative,exigesouvent lerecoursà l’ajoutetà l’étoffement.Commeleurnomlesuggère,cesdeuxstratégiesdetraductionconsistentàajouterdesélémentsquicontribuentàrendreuntexteplusclairouplusprécis.

L’adaptationL’adaptationestleprocédéquiconsisteàadapterunesituationàuneautre

lorsquecellequiestdécritedansletextededépartn’existepasdanslalangued’arrivée,oulorsqu’ellenecorrespondpasauxusetcoutumesdesdestinatairesdelatraduction.C’estlecasdel’exempleHe kissed his daughter on the mouth,gestecorrespondantàunehabitudedénuéedetoutearrière-pensée.Sicegesteestmalperçudanslacultureréceptrice,laphrasepeutêtrerendueparIl serra sa fille tendrement dans ses bras.L’adaptationestutiliséelorsquelapossibilitéde

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

traduiretoucheàseslimites.Ledomaine juridiqueestundomaineoù la traductionatteint souvent la

limitedesonactualisation.Lecaractèresociocultureldudroit,entreautres,faitsouventensortequelessituationsdécritesnesoientpaséquivalentesouencorequ’elles n’existent pas dans la culture réceptrice. L’équivalence, notammentl’équivalencefonctionnelle,estl’undesmoyensutiliséspourrendredesnotionsoudesréalitésquinesecorrespondentpasd’unelangueàl’autre.

Laconnaissancedesdiversprocédésdetraductionconstituelabasedelacompétencetechniquedutraducteur.Entraductionjuridique,cettecompétencecomporteunedouble,voiremêmeunetripledimension.Ledroitestunedisciplineindissociablementliéeàlalangue,unelanguequiestsoumiseàdesnormesquienrégissentlaformeetlefond.Chaquesystèmejuridiquepossèdeuneorganisationinterneetunelanguequiluisontpropres.Letraducteurdoitdoncconnaîtrelesprocédésquiluipermettentd’aborddesaisirlaportéejuridiquedutexte,desaisirlesensdecetexteet,enfin,deréexprimercetteportéeetcesensdansletexted’arrivée,selonlesnormesetlesusagesdelalangueetdusystèmejuridiquedelacultureréceptrice.

(http://www.theses.ulaval.ca/2003/21362/ch05.html#d0e4145)

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DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 7

Document 1.

Traduire la figureRaffaella Cavalieri

Palimpsestes17:Traduire la figure de style,Paris,PressesdelaSorbonneNouvelle,2005,176+32p.ISBN:2-87854-327-0.

Palimpsestes est la revue du Centre de recherche en traduction etcommunication transculturelle anglais-français et français-anglais, publiéeparlesPressesdelaSorbonneNouvelle.Cenuméro17,établisousladirectiondeMaryvonne Boisseau,estconsacréàl’épineusequestiondelatraduction de la figure de style.

Le traducteur, dans l’invisibilité de son travail, a le grand mérite deprocéderàdes«transfertsdecapitauxlittéraires»:MatthewsArnolddisaitquelatraductionconsisteàconfondredansunemêmetraditionuniversellelalignéedesgénies,auseindelaquellel’italienDanteestaucotédel’anglaisShakespearecommedugrecHomère.Maisquelestlevraitravaildutraducteur?Iln’estpasréductibleàuneseulefonctiondontlasignificationseraittoujoursetpartoutlamême;lesopérationssontnombreusesetcomplexes:letraducteurdoitconnaîtrelalanguesourceetlalanguecible,puislalangueetlestyledel’auteurqu’ilvatraduire,maisaussil’espacelittérairenationaldel’auteuretlaplacequecettelittératureoccupedansl’espacemondial,etenfin,saproprelittératurenationale.Mais,sirendrelestyled’unauteur,surtoutd’unauteurclassiquedansuneautrelangueetcultureestdifficile,qu’enest-ildesfiguresdestyle?

Lesfiguresdestylesontaucœurmêmedel’activitéexpressivedusujeténonciateur même si l’érosion, le figement, la fossilisation les rétrogradentdoucementaurangdeclichésetenexténuentlaforcepremièredansl’anonymatordinairedelalangue.Mêmebanale,unefiguredestyle,réappropriée,réactivée,re-inventée,dansunacted’énonciationcoloreundiscours,réticuleenunréseaudontleplisséconfèreàlasignificationdutextecommeunsurcroîtdesens:lafiguredonneautextesavoixetsonstyle.Letraducteurnepeutpasl’ignorer:ildoitévaluerlepoidsdesfiguresdansunelangueetdansl’autreetlesrestituerselonlesmoyenspertinents.Ladécisiondetraduireounonlafiguredestyle,etcommentlatraduire,estliéeàplusieursfacteursquelesauteursdesarticlespubliésdans cenuméro17de la revuePalimpsestes s’emploient à distinguerdansdiversesœuvresdelalittératurefrançaiseetanglaise.

Laquestiongénéraledesarticlesestcellede la traductionoudelanon-traductiondelafiguremétaphoriquedansuneautrelangue,maisaussil’analyse de certaines traductions effectués dans le temps, et des choix faites par les traducteurs.

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

DanssonarticleMichael Cronin traite laquestionde lafiguredestyledansuncontextepolitique,celuidelaconquêteanglaissurl’Irlande.Remontantàl’Antiquitéilmontrelarelationentrelacivilitéetl’éducationetpuisabordelaquestiondans la traductionet l’éloquence: la traductionestvuecommeunmoyenpourconquérir;quandHenryVIIIentreprislareconquêtedel’Irlande,iln’avaitpasunbutseulementmilitaire,maisaussiculturel.Croninparleducasducontactculturelanglaisavecl’Irlandeparlebiaisdelatraduction,commeunsymptômedesangoissespolitico-linguistiquesqui secristallisentautourde latraductiondulangagefiguré.

Lesauteursdesarticlesontessayédecomprendrecequeletraducteurafait pour rendre dans la langue cible unemétaphore, ou ce qu’il n’a pas fait,commentill’afait.Lebutestdefaireaffleurerlesdifficultésinhérentesaufaitdetraduirelesfiguresdestyle,difficultésquiamènentletraducteuràadopterdesstratégiesdiverses.Dansladéconstructiondutextelittéraire,letraducteurdoitconsidérerlaspécificitédutexte,s’ils’agitd’untextethéâtral,d’unroman,oud’unessai,pourfairequelquesexemples,ildoitanalyserlestyledel’auteuretlerythmedelalanguesource.Danslecasd’unauteurcommeF.S. Fitzgerald,connupour l’aspect poétique de sa prose, lamétaphore et la personnificationsontomniprésentes:lesfiguresdestyle–nousexpliqueJoan Bertrand–sontmobilisées pour créer une atmosphère détachée de la réalité, où la réalité estconstammentdéplacée.Letraducteurdoitaussiconsidérerlecontextehistoriqueetsociocultureldutexteettenterdelereconstruiredanslecontextegéographique,littéraireetculturel,outre lecontexte linguistique,desonproprepays.Ilpeutdéciderd’êtrefidèleautexte,etdefairedoncunetraductionneutre,minimale,motàmot,siparexemple,lerythmediversdesdeuxlanguesnepermetpasunetraductiondelamétaphore.Henri Suhamyditqu’onpourraitdéfendreàchaquefoislatraductionlittérale,enpartantduprincipequelebrouillagedescausesetdesconséquencesoudesattributsetdesattributairesaétévoulupar l’auteur,qu’ilsemanifestedanslaphrasepardestransfertssyntaxiques,etqueledevoirdutraducteurestdetransposerlittéralementl’ordredesmotstelqu’ilexistedansletextesource,étantdonnéquecetexten’aensommeriend’idiomatique.

Le traducteur peut choisir de rendre le sens de la figure du style, sansla re-créer dans sa langue, et nous parlerons alors de silence métaphorique– comme le ditMaryvonne Boisseau, dans son exemple de traduction de laPhèdreracinienne.Mais,parfois,affirmeFrançoise Thau-Baret,lesfiguresdestyleinscriventdanslecœurdutextecequis’yestjouéetvaserejouer:ilestdoncessentielqu’ellessoienttraduites.Ouencore,letraducteurpeutprivilégierl’emphase, la répétition: nous parlerons alors d’excès de métaphore. Lessystèmeslinguistiquesnepeuventsesuperposernisedupliquer,cequigénèredesdécalagesetnousamèneàrépertorierdifférentesmodalitésdu«traduire».

Unemême image peut être comprise par des lecteurs ou auditeurs quiparlent des languesdifférentes, car, à la based’une image, il y a autre chose

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quedesmots:unecomparaison,unevision,uneintuitionimaginative,quipeutbénéficierd’unpasseportuniversel,affirmeHenri SuhamydanssonétudedesmétaphoresetdeshypallagesdansShakespeareetdansScott.Uneautredifficultéquel’auteurpeuttrouverdansletexteàtraduireestceluideséchoslittéraires.Christine Pagnoullemontre comme, face à l’intertextualité, le traducteur estsouventdémuni. Ilpeutarriverqu’il trouvedeséquivalentsdans la littératurecible.Maisiln’esttoujourspossibledetransposersystématiquementcitationsetallusionslittéraires.Jean-Pierre Richardexposeleproblèmedelarépétition:s’ilexisteenanglaisdesrépétitionsd’ordrelinguistiqueappeléesàdisparaîtreentraductionfrançaise,onestamenéàsedemandersilesrépétitionsstylistiquesontlemêmepoidsd’unelangueàl’autre.Quandlarépétitionfondeunerythmique,latraductiondesélémentsrépétésseracommandéepardesimpératifsderythme.

Enjeu politique et culturel, linguistique et stylistique, la figure de styleimposeainsiautraducteurderetrouverlesprocessusquilamotivent,elleposelaquestiondeséquivalencesformellesd’unelangueàuneautre,elleautonomisechaqueeffortexpressifensasingularitéetlibèreenfinlepotentield’inventiondechacunedeslanguesinvitantlelecteuràtracerdansletextelechemindesapropreinterprétation.

PubliésurActale20novembre2005(http://www.fabula.org/revue/document1041.php)

Document 2.

La traduction poétique est une activité aux multiples dimensionsErol KayraUniversité Çukurova, Adana, Turquie

C’est de là que vient ce caractère symbolique, expressif, descriptif etstylistique de l’oeuvre poétique dû, d’une part, à la vertu des codes choisisparmi les plus abtraits et dont on utilise toutes les nuances et, de l’autre, aupouvoir imaginatifetharmoniquedesfigures,quiontunefonctiontrèsvariée--descriptive,combinatoire,expressive,codificatrice,antithétique,etc.--cequifaitdelatraductionpoétiqueuneactivitéauxmultiplesdimensions.

De là on peut déduire que, dans la traduction poétique, les codes, étantdenaturenonseulementàactualiser lesvaleursconnotativesmaisaussià lesdévelopper(Guiraud1971),setrouventcanalisésnécessairementautourd’uneimage-concept(Claret1979)etprennentleurvéritablesignificationeuégardàcetteimage-conceptquitientaucontenusémantiqueducontexteenmêmetempsqu’à la valeur phonique des éléments utilisés en vue d’augmenter l’efficacitédu pouvoir poétique et d’exercer ainsi une influence relative sur la substancesémantique.C’estdirequelesélémentsintrinsèquesquicaractérisentl’oeuvre

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

poétiquetelsquecouleur,harmonie,rythme,ontuncaractèreplastiqueetsontde nature à désigner un rapport interne et constitutif entre le sens et le sonconsidéréparcertains linguistes (Hope,parexemple)commeun«unéchodusens».Mallarmé,quandildisaitqu’onfaitdesversavecdesmots,nevoyaitpaslesmots, certes, commede simples substituts sémantiques; il entendaitplutôtpar-làl’harmoniedesmots,c’est-à-direcetteparfaiteconvenanceentrelesonetlesens,etvoulaitnousamenerainsiàavoirunelogiqueetuneesthétiquedelapoésieoùl’idéeetlesymbolesetrouventconstammentassociés.Jeveuxdireparlàquelatraductionpoétiquen’estpasunesimpleopérationd’ordrelexical;elleestuneactivitélinguistiqueprisesoustoutessesformesenmêmetempsqu’uneesthétiquedecaractèrephoniqueimpliquantlesensleplusmélodiquedumot.Cerapportstrictentrelapoésieetlelangagefaitdelapoésieunartdulangage,etdutraducteurunbontechniciendulangagemaisconscientdel’effetpoétiquequiestaufondl’oeuvrecommunedusensetduson.

La traduction poétique est une création originaleIls’ensuitquel’espritvéritabledelatraductionpoétiqueestimpliquédans

ladéfinitionmêmede lapoésie,quipeut être considéréecommeunartde laparole destiné à créer une émotion et un style propres à lui et qui n’existentpas dans d’autres combinaisons verbales ou cas du langage, en ce sens quela parole est prise ici en tant qu’unité de langage à double valeur: la valeurreprésentative ou symbolique, celle qui constitue une image et un tableau, etlavaleurcommunicative,cellequiconsisteàtransmettreunmessagefaitplussouvent de l’extérieur vers l’intérieur et impliquant l’idée poétique, c’est-à-direcetteidée«quimiseenprose,réclameencorelevers»(Valéry1941:44).Cettecaractéristiquedelapoésie,etparconséquentdulangagepoétique,nousconduitàêtresoucieuxdecequiestrythmiqueetconcentriquelinguistiquementet esthétiquement parlant, à traiter le texte source à deux niveaux (niveaud’ordreréférentieletniveaud’ordrestylistiqueouesthétique)etsurdeuxplans(plan sensible et plan intelligible), parce qu’il s’agit de concilier dans unemême expérience Idée etHarmonie, qui ont leur source «dans les variationsstylistiquesetconnotatives»(Guiraud1971:10)issuesdespropriétésformellesetsubstantiellesdesfigures,tropes,métaphores,etc.(Kayra1993:164).

Comptetenudecettecaractéristiquedulangagepoétiqueoùlessignificationssontmêmesaisies,commeleditJeanRousselot,«àtraversdesformes»(1962),latâchepremièredutraducteurpoétiquedoitconsisteràposerleproblème,d’unepart,auniveaude la fonctionpoétiqueelle-mêmeet,de l’autre,auniveauoùlemessagepoétique(levers)estprisentantquepartiedela linguistique,carils’agitavant toutd’unesériebiencombinéed’énoncésquidemandentàêtreanalyséssurleplansémiotico-sémantique.

Il faut donc traiter d’abord lemessage poétique au regard des élémentspropres à la poésie qui consistent en deux aspects -- l’aspect acoustique et

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

phonétique, révélé par l’expression et qui constitue la substance phonique, etl’aspectsémantiqueliéauxsignificationsetquiconstituelasubstanceducontenu--etl’analyserensuiteentantque«formeconventionelleetstrictementcodifiéedulangage»(Cohen1966:8).Celarevientàdirequ’ilnesuffitpasdetraduirele sens, qu’il faut traduire aussi le style ou l’esthétiquedupoète qui procèdedesonsensdelabeautéformelleetdelaprofondeurpsychologique.Jakobsonvoitmêmedans lestyleunélémentservantdesous-codepar rapportaucodetotal. On lui attribue même une fonction supra-segmentale faisant partie dumessage communiqué (Hill 1958). Ce n’est pas par hasard qu’on emploie leterme «poétiser» pour exprimer l’idée d’esthétique et demusical. Dépoétiserquelquechosen’est-cepasluifaireperdrel’harmonieetlerythmeintérieur,luienleverlamusiqueetl’esthétique?Parmusiquepoétique,ilnefautsansdoutepasentendreunesimplesonoritéverbale;elleestsonoritésuggestive,carils’agitdeproduireuneffetd’orchestrationetd’ajouteràunmotunesignificationquecemotneportepasenlui-mêmesubstantiellement.C’estmêmedecettefusionIdée-Musiquequeprovientcecaractèrehermétiquedumessagepoétique.

La traduction poétique est une activité pratique et de savoirExprimerlamêmechosedansuneautrelanguesansrienperdredesamusique

etdesonharmonie,desacouleuretdesonrythmeintérieurexigenécessairementune pratique linguistique et péri-linguistique enmême temps qu’une série decompétencesdecaractèrespécifique,entreautresunespécialisationdudomaine,unsensdel’harmonieetdurythme,etsurtoutcegoûtdubeaupoétique,quirésidetantenlaformequ’enlefond,enlevisiblequ’enlecaché.Letraducteurestun«co-auteur»animéd’unecertainethéorieesthétiquemaisdotéenmêmetempsd’une certainepédagogiede lapratique en songenre.Lepluspratiquen’est-cepas«leplusrationnel»?(Barthes1970:47).Letraducteurdoitsavoiraussiactualiserl’atmosphèredupoème,sinonsonsujet,sansporteratteintesansdouteàsoncontenusémantique,àsavaleurphoniqueetàsadimensionuniverselle.Letraducteur,àmonsens,peutajouterunecertainecouleuraupoèmequ’iltraduitmaissansfaireabstractionducaractèrepropreàlacréationpoétique.

Tout cela nous montre qu’il faut développer pour chaque poète, dumoins pour chaque genre poétique, une théorie de la traduction. Prenons lapoésie surréaliste, où l’on utilise un langage «décomposé» fondé sur «le jeudésintéressédelapensée»,sur«l’automatismeverbo-visuel»(Breton1934),etlapoésiedeValéry,oùnous sommesenprésenced’unestructureabstraitedelaréalitévécue,saisieetinterprétéeàtraversetparl’intuition:ilfauttraduirela poésie surréaliste de façon à conserver son caractère philosophique et sonaspectpathétique,alorsquedanslapoésievaléryenne,l’attentiondoitportersurlessymbolesetlesimagesrichesd’impressionsetdesuggestions,sansnégliger«sonorités,timbres,accents»(Varéry1941:99),carils’agitd’unepoésievuecomme«unsystèmeintelligibleetimaginabledel’expression»(Varéry1941:

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

178)dontl’essentielrésideraiten«lebeauson»(Varéry1941:182).Eneffet,chezValéry,oùl’onutiliseplusieursdénominationspourunmêmeconcept(le«corps»,parexemple,yestdénommé«matristebeauté»,«machairdeluneetdebeauté»,«mortellesoeur»,«chairmaîtresse»),nousassistonsàunecréationpoétiqueimpliquantl’idéed’harmonieetderéciprocitéentreidées,impressions,impulsionsetmoyensd’expression.Lemoiyest laissésedécouvrirà traverssondoubleprésentéaumêmetitrequel’universelpuretdépouilléainsidetoutecontingence. Il s’agit, pour ainsi dire, d’un travail sur soi destiné à retrouvercequ’ilyadeplusprofondetdeplusabsoludansleMoi,d’uneinterprétationpurementsymboliquedumondesaisiparuneconscienceconquiseàlamesured’unes’agessedépouilléedesonsensordinaire.Lepoètecherche,àceteffet,àdonnerauximages,figures,métaphores,etc.,outreleurpropresignification,unesignificationsusceptiblededonneruneinterprétationoriginaledel’univers.Lafontaine,parexemple,quoiqu’ellesymboliselemortel,n’estqu’unmiroiroùsereflètelafigure«éternellementpure»deNarcisse,symboledelacaresse,c’est-à-diredelatendressequelepoèten’avaitpasputrouverchezsamère.Enl’arbre,nousavonslareprésentationsymboliquedeladestinéehumaine:

Ilsviventséparés,ilspleurentconfondusDansuneseuleabsence

Etleursmembresd’argentsontvainementfendusÀleurdoucenaissance.

(Charmes,«Auplatane»,pp.42-43)

D’où,dans la traductionpoétique, labonneutilisationdesfigures, entreautresdesmétaphoresetdesmétonymies,quipeuventêtreconfondues,cardanslelangagepoétique,pourreprendrelestermesdeJakobson,«toutemétonymieest légèrement métaphorique et toute métaphore a une teinte métonymique»(1983:238).D’oùlebonchoixdesélémentssusceptiblesd’ajouterunevaleurpoétique tantauniveaudessonoritésetdes rythmesquedes images, telsquehomophonie,assonance,redondance.D’oùaussicetteconscienceàl’égardduprincipedesimilaritéetdecontrastesémantiques,susceptiblesd’êtreapportésparleparallélismemétriqueetl’équivalencephonique(Jakobson1963:66-67),sanspassersoussilencelerôlejouépardesfiguresutiliséesenvuedeservirdesupportauxsignifications,tellesquearchaïsmes,étymologismes,néologismes.Àtitred’exemple,pour«images»,Valéryutilisait«idoles».

Le traducteur d’autre part, doit savoir, comme le poète, tirer des effetssonores en recourant à la force de leur suggestion acoustique.Prenons le casdes onomatopées ou des autres inventions ajoutées à ces onomatopées et quiconsistentendesimplesjeuxdesonoritéspures.Dansceteffort,ilestpréférableque le traducteur recourre à la vertu des éléments formels pouvant donner lasensationd’uneidéeoud’unsentimentplutôtquedechercheràdonnerauxsons

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

lesensdumotdanslequelilssontintroduits.C’estdirequ’ilfautconsidérerlesens,l’harmonie,lerythmecommelesaspectsdifférentsmaiscomplémentairesd’uneréalitépoétique.L’important,c’estdepouvoirbiensaisirlesensprofondetsymboliquedumessagepoétiqueetd’êtreconscientdelavaleurcontextuelledesélémentsutilisésenvuedecréerl’effetpoétique.PrenonsValéryetÉluardquiontdestraitscommuns.Lepremieraimebienrecouriràl’oppositiondespériphrasesvocatives, tandis que le second se contente de la fonction apostrophique despériphrases métaphoriques (Suhamy 1992). Dans la traduction des images(métaphoresoucomparaisons),dontlenombremontrebienladimensionpsycho-imaginativedelacréationpoétique,ilfautdoncrecouriràunprocédédecodagequi convient à l’emploi de ces images, c’est-à-dire qu’il faut les traiter selonqu’ellesjouentunrôleexpressif,hypothétique,oubienchimérique.

Ilyadoncdanslapoésiedesconstantesetdesvariables.Letraducteurdoitpartirdesconstantespourretrouverlesvariables.Dansl’étudedessignifications,parexemple,ilfautmettreenoeuvredeuxprocessusdecaractèreopposémaiscomplémentaire(Claret1979):

• le processus qui se rapporte au signe, c'est-à-dire celui qui consiste àdéterminer leconceptenpartantdusigneetqu'onpeutappeler l'étudesémasiologique;

• le processus qui tient à l'idée, c'est-à-dire celui qui consiste à étudierles dénominations en partant du concept et qu'on peut appeler l'étudeonomasiologique.

Àcausedesdifférences stylistiquesetmétaphoriquesetde la fréquencedes images allusives, il n'est pas facile d'aller à une équivalence idéale. Pournepastomberdansl'illusion,ilvautmieuxreformulerunmotdutextesourceà la lumièredeson interprétationcontextuellequedechercherdans la languecible son équivalence sémantique. Et, d'autre part, le poète peut recourir auxjeuxdu langagedestinés à nous éveiller à la conscienced'une réalité à peineperceptible.Danscecas,letraducteurpeutavoirdumalàdistinguerlerapportsusceptibled'existerentrefiguresetidées,c'est-à-direentrel'objetréduitàsespropriétésessentiellesetl'idéequienfaituneréalitésymbolique.L'important,pourletraducteur,c'estdesaisirl'idéecentraleetdelareformulerparlesmotscorrespondantsdelalangueciblemaissansperdrel'humouretlestyledutextesource.PrenonscesversdeValéry:

Leventselève!...Ilfauttenterdevivre!L'aireimmenseouvreetrefermemonlivre,Lavagueenpoudreosejaillirdesrocs!Envolez-vous,pagestoutéblouies!Rompez,vagues!Rompezd'eauxréjouiesCetoittranquilleoùpicoraientdesfocs!(Lecimetièremarin,Poésies,1942:151)

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

Letraducteurdoitdécomposerlesversprécitésnonpasselonleursunitésverbales mais selon les concepts qui y sont inclus, pour éviter la confusionsusceptible de procéder de la complexité et de l’ambiguïté des idées et desimagesévoquéesdanslepoème,fautedequoiilrisqued’entendreàsamanièrelepoèmeetdereconstituerainsil’universpoétiqueàsongré.C’estdirequ’ilfautsaisirl’idéepoétiquedanssapuretéoriginelle.Lemot«toit»,quianormalementdouble sens: couverture d’une maison (sens dénotatif) et abri, foyer (sensconnotatif), désignedans le texte «mer»où«picorent» les focs comparés paranalogie aux oiseaux.Autrement dit, entre lemot «toit» et lemot «picorer»,sémantiquementparlant,ilyaunrapportdénotatif,parceque«picorer»estuntermeutilisépourlesoiseauxetlesoiseauxpicorentsurletoit.Maissurleplansymbolique,entrecesdeuxtermes,ilyaunrapportdecaractèreallusifdestinéàmettreenvaleurundéveloppementpsychologiqued’ordreintuitif,quivad’uneréalitéconcrèteàuneréalitéjugéesurleplandel’idée.Celarevientàdirequ’ilfautpartirnonpasdesmotsmaisdesimagesquis’endégagent.Prenonslevers«Ce toit tranquilleoùpicoraientdes focs!».Si l’on reconstruit lemêmeversavecdesmotsconsidérésdansleurvaleurdescriptivenormale,ildevrait,sij’osedire,êtrerecomposécommesuit:«Lamertranquilleoùnageaientdesfocs!».

La création poétique est un acte de voir d’abord et de créer ensuiteJugéeaumêmetitrequelapoésie,c’est-à-direvueentantqu’expérience

destinéeàatteindreaubeauesthétiqueparleseffetsdulangage,quiestàlafoisidée (sens) etmusique (son),«la traductionpoétiquenepeutdoncêtrequ’unactedevoird’abordetde créer ensuitemais àpartir d’uncontenuquivaduclairausombre,duconcretàl’abstrait,etconçud’aprèsuneesthétiqueausensétymologiquedumot,c’est-à-direprisedans le sensd’aesthetica,qui signifiesentiretparanalogie«avoirlesentimentdubeau»»(Kayra1993).End’autrestermes, il fautpouvoirapporterunejusteexplicationauxsymboles, imagesetautres formes du langage poétique, qui «se lie[nt] aumoins comme double»(Kristeva 1969: 146) et qui a une émotion à laquelle participent le rythme,l’harmonieet«lamusiqueavanttoutechose»(Verlaine1975:25).Ilfautpourcelaremonterauxsourcesdupoèmepourychercherlevéritablecharmepoétique,atteindre«lesuggestifsymbole»(Ghil1887).Celasuppose,pourainsidire,larecherched’unesyntaxepicturaleliéeauxloisdel’esthétiquemusicale(Saoula:1969)etl’utilisationd’unlangagefondésurl’espritd’analyseetdesynthèse.Lepassaged’unelangueàl’autren’estpasseulementuneopérationd’analysemaisaussidesynthèse,car,particulièrementdanslatraductionpoétique,ils’agitdefixernonseulementl’originedesobstaclesrencontrésdanslesdeuxlanguesmaisaussil’élémentcommunquiprovientdecesobstacles.

Il faut donc voir dans le concept non pas simplement la significationd’uneréalitéperçueparlaconscienceréfléchie,maisaussiunedynamique,ouplutôtuneexplicationsymboliqueetindirectedumoipliéàtoutdéveloppement

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psychologique,unrefletverbald’unmoisaisijusqu’àsesdimensionscosmiques.Carleconceptenpoésieestplusqu’unechose;ilest«quelqu’unpensantàcettechose»(Valéry,citéparClaret1979:10).Iln’intervientpasseulementcommeunabstraitdelavérité,illadécomposeaussi(Gusdorf1953).Celavientdufaitquelecodepoétiqueaaffaireàl’expérienceaffectivefondéesurleredoublementdusens,etmetenjeuunprocédéquivajusqu’àdéstructurerlemessageàcaused’un type de relations qui est différent de celui que présentent les processusformels et sémantiques habituels. Il s’agit, certes, «de la même quantité deréalité»(Mounin1963:42),maisd’unecombinaisonverbaledifférentedecetteréalité,carlamêmeidéepeutêtreexpriméesousplusieursformes,cequipermetd’ajouter ou d’ôter dumoins une certaine nuance à la signification du code.D’où dans la traduction poétique cet effort relatif au caractère dichotomiquedescodespoétiquesconsidéréssoustousleursaspectsetàtousleursniveaux:signifiantetsignifié,formeetsubstance,sensdénotatifetsensconnotatif,senset références, fonction d’allusion et fonction de prolongements du symbole,significationgénéraleetsignificationcontextuelle,brefcetteétudeapprofondiedelafonctionpoétiqueanalyséetantauniveaudelalinguistiquequ’auniveaudelapoétiqueprisedanssonsensétymologique,poiêtikê,quisignifieteknê,c’est-à-diretechniquedelapoésie.C’estalorsqu’ilestpossibled’arriveràuneanalysejusteetclairedesconceptsetparlààunéquivalentplusprochedutextesource.Carl’activitédetraductionpoétique,considéréeàjustetitrecommeunesortede«sémiologiepratique»,reposeaufond,pourreprendrelestermesdeValéry,«suruntravaildepurificationdesmotsetdesidées»(Cahiers,II,788),parcequ’ilestquestiond’identifier,dumoinsdeconciliersoitauniveauduconcept,soitauniveaudel’énoncé(levers)letextesourceetletextecibleformésd’élémentsd’une nature à susciter des modes différents de saisir une réalité souventsubjective.Letraducteurdoitdoncavanttoutechoseêtreconcientdufaitquela structuresémiotico-sémantiquedu langagepoétiquen’estpasseulementdecaractèreexpressif,séquentiel,relationneloufonctionnel,maisqu’elleestaussidecaractèrerelatif,essentiellementlorsqu’ils’agitd’unepoésieimpliquantuneinfinitédemessages,decaractèresouventhermétique.

Cecaractèrepolymorpheetpolyvalentdulangagepoétiquenousconduitàétudierleproblèmedetraductionpoétiquesurtroisplansessentiels,àsavoir:

1. leplanpsychologiqueousensible,2. leplanlogiqueouintelligible,3. leplanrelationneloufonctionnel,quicorrespondentchacunàuneconsciencedifférente:a. Conscience intellectuelle créée par l’attention centrée sur le contenu

sémantiquedesconcepts(stadedecompréhensionlinguistiqueauniveaudesconcepts).D’oùlerôledusavoirdanslatraductionpoétique.

b. Conscienceaffectiveouintuitivecrééeparlacommuniondirecteentrelepoèteetletraducteur(staded’assimilationquiconsisteàvoircomme

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lepoète).D’oùlerôledusensibleetducomportementdanslatraductionpoétique.

c. Consciencepratiquedestinée à situer le traducteur sur lemêmeplanqueceluidupoète(stadedefabrication,oudeproduction,quiconsisteàcréercommelepoète).D’oùlerôledelacréationpotentielledanslatraductionpoétique.

Chacune de ces consciences requiert nécessairement une certainecompétence,quipeutêtreénuméréecommesuit:

1. compétenced’ordrelinguistiqueausenslepluslargeduterme,2. compétenced’ordrecomportemental,3. compétenced’ordrepotentiel.Ilenrésultequelatraductionpoétiqueest:a. uneactivitésaisieauniveauduconcept;b. uncomportementindividuel,quirelève,d’unepart,del’étoffepsychique

ayant sa source dans la psychologie individuelle et dans l’intuitioncréatriceet,del’autre,delacompétenceesthétiquerattachéeàcequ’onpeutappelergoût(auditif,poétique,etc.);

c. uneexpériencequiviseàproduireuneémotionditepoétique,quiestdifférentedesémotionsdelavieréelleetquiestdecaractèreimmanent,c’est-à-direpotentiel.

ConclusionEnconclusion,danslatraductionpoétique,ilfautcommencerparvoirla

poésiecommelapenséelamieuxorganiséetantdupointdevuelinguistiquequedupointdevueesthétique,oucommel’expériencesensiblelaplushermétique.Cela est nécessaire pour être dès le début conscient du fait que la traductionpoétiquen’estpasexclusivementuneactivitéfaitesurleseulplanlinguistique.Entantqu’elleestunactedevoird’abordetdecréerensuited’aprèsunmodèlequinousmontreàpeinesafigurepropre,elledevientnécessairementàlafoisunartetune techniqueoù interviennentnombredecompétences,quivontdusymbolisme linguistique au symbolisme phonologique. Elle est un art, parcequ’elle implique une originalitémarquée par une certaine esthétique.Elle estunetechnique,parcequ’elleasesrèglesetsonesprit,conçusàlalumièredesconnaissancesetdes techniquesacquisesempiriquement.Cettecaractéristiquedelatraductionpoétiquenousconduitforcémentàprocéderàuneanalysejusteet clairedesproblèmesposéspar lescontraintes susceptiblesdeprovenir soitde l’art poétique proprement dit, soit du caractère descriptif et analytique dulangage.Une telle analysenenouspermet pas seulement demieux apprécierlajustevaleurducontenuconnotédansletextesource,d’aborderleproblèmedans sa perspective «sémiotico-sémanticiste» (Ladmiral 1979) et sa valeurstylistique,maisaussidel’étudierplusconsciemmentetplusnettementsursonplanherméneutiquequisetrouveàl’originedel’analysepoétique.Ellepermet,

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d’autrepart,desaisirlanatureetladimensionexactesdelacréationpoétique,demettreenoeuvreunepratiquetraduisantejugéeàtouslesniveauxetdevoirleschosesdel’oeilàlafoisd’unthéoricienetd’unpraticien,chosenécessairepouruneactivitédecetteampleur.

(http://www.erudit.org/revue/meta/1998/v43/n2/003295ar.html)

Document 3.

La traduction d’expressions idiomatiques

Cherslecteurs,chèreslectrices,Lorsdelatraductiond’untexte,lesexpressionsidiomatiquesconstituent

undesplusgrandsdéfislinguistiques.Eneffet,noussommesbiensouventportésà les traduiremot àmot, alors qu’un équivalent propre à la langue d’arrivéeexistedéjà.Voiciquelquesexemples:

-tournerautourdupot:to beat around the bush -monpetitdoigtmel’adit:a little birdie told me-quandlespoulesaurontdesdents: in a pig’s eye-avoird’autreschatsàfouetter:to have other fish to fry -tirerlediableparlaqueue:to live from hand to mouth-lasemainedesquatrejeudis:once in a blue moon Il existe plusieurs façons de trouver la traduction d’une expression.

Vouspouvezenchercherlemotprincipaldansundictionnaireanglais-français.Uneautrepossibilitéestd’allersurGoogleetdefaireunerecherchesurvotreexpression, entre guillemets, et d’y ajouter le mot traduction ou translation.Plusieurssitesrépertoriantdenombreusesexpressionsidiomatiquess’ytrouventetvousdonnerontunéquivalentvalable.

N’oubliezpasque sivousavezunproblème, il est toujourspossibledevenirnousvoiràlaCléanglaise.Veuilleznoterque,pourlasessiond’automne,nousseronsouvertsjusqu’aujeudi8décembre.

Sébastien Leduc, Clé anglaise(http://pages.usherbrooke.ca/notabene/chroniques/cleanglaise/

cleanglaise2005-2006.htm)

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Document 4.

Á propos de la traduction des proverbesMaryse PRIVATRevista de Filología Románica ISSN:0212-999X1998,número 15, p. 281-292

Si l’on observe le nombre d’études réalisées sur les proverbes, quellessoient linguistiques,ethno-linguistiquesousocio-culturelles, ilyenapeuquiconcernent la traduction des proverbes. Rares sont les ouvrages théoriquessur la problématique spécifique de la traduction des proverbes, les réflexionssurlatraductiondeproverbesdansdesoeuvreslittéraires,ouencoreleslivresprésentantleproduitfini,listesourecueilsdeproverbesdansunelangueavecleurtraductiondansuneautrelanguedonnée.

Les thèsesdedoctoratabordant leproblèmede laparémiologiesousunangle comparativiste entre deux langues et se fixent comme seul objectif lacomparaisondeproverbes,deformeetdecontenu,sanss’attaquerauxproblèmespropres de l’activité traduisante. Par ailleurs, à ma connaissance, il n’existequ’unseulrépertoirebilinguefrançais-espagnolsurlesproverbes,parfaitementinconnuenFranceendehorsdesspécialistesparémiologues,celuiduprofesseurJesúsCantera(1983,1984):Selección de refranes y sentencias (tomo1:francés-español, tomo II: español-francés). Ce problème de traductologie concernantla traductiondesproverbesenglobedefaitundomaineplusvaste,àsavoir latraductiondesfigements linguistiquesde toutessortes (proverbes,expressionsfigurées ou idiomatiques, jeu de mots et calembours, formulettes de contes,devinettes,métaphores,expressionscomparatives,...).AlainRey,danslapréfaceduDictionnaire des proverbes et dictons(Montreynaud,Pierron,Suzzoni,1989:XI) nous affirme:On peut traduire le proverbe: témoin, cet ouvrage; non lalocution.C’est pourquoi le dictionnaire des locutions et expressions de cette collection ne concerne et nepeut concerner que la langue française. (C’estmoiquisouligne).Pasdutout!L’activitétraduisanteestlamême,qu’ils’agissedeproverbesoudelocutions.S’iln’estpaspossibledetraduireleslocutions,iln’estpaspluspossibledetraduirelesproverbes,etinversement!Danschaquelangue,dans chaque culture, les proverbes comme les locutions traduisent déjà uneréaiitéexistante.Parlebiaisd’uneextrapolation,d’unemétaphorisation,d’uneexagérationconsensuelle,uneidéedéterminéevaprendreuneformeimagéefixe,admise et reconnue par tous lesmembres d’unemême communauté.Chaquelanguedécouperacetteréalitéexistanteetuniverselleavecsespropresmoyens,sonproprecode,pourendonnersaversion«originale».Ainsi,chercher midi à quatorze heures deviendraenespagnolbuscarletres pies al gato, enangíaisto split hairs (voircouper les cheveux en quatre)pourtraduireunemêmeidée:«chercheretdonnerdel’importanceàdesdétailsinsignifiants».

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Demême,lesformulesfigéesdedébutdeconteserontpropresàchaquelangue:Érase una vez, Il était une fois, Once upon a time sont équivalents.Lesdeuxpremièresformulescoïncidentlexicalementetsémantiquementmaisdiffèrentsyntaxiquementetlexicalementdelatroisième.Lesformulesdefindecontessontaussidesformulesfigées:«y fueron felices y comieron perdices...»devient dans les contes français «Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants». Elles peuvent aussi, tout comme les proverbes, étre écorchées,déformées parjeu,quecesoientdesversionsprolongéescourantescommeenespagnol, «Fueron felices y comieron perdices... y a mi no me dieron porque no quisieron! y a mi me la dieron en Las narices»,oudesversionspersonnalisées parl’auteurcommeenfrançais,«ilsvécurentainsitrèsheureuxcar ilsn’eurentjamaisd’enfants»(Sternberg,1991:232). Leparallélismeexistantentreconteetproverbesemanifesteaussipar leursvariantes.Unemêmehistoire,unemêmetrame,unemêmeidée,un mêmepréceptepeutemprunterdescheminsdivers(lesvariantesd’un mêmeconte,d’unmêmeproverbe)pourarriveràunemêmefin,unemême conclusion.

PRÍNCIPE INITIALLepointdedépartdelaréflexionsurlatraductiondeproverbesrelèved’une

évidence:lesproverbesappartiennentàlasagessepopulaireetlasagessepopulaireétantuniverselle,ilestpossibledepenserquelesmêmesvéritésapparaissentsousdesformesdiversesd’unelangueàl’autre,d’autantplusvraipourlefrançaiset1’espagnol, toutes deux langues romanes et géographiquement voisines.De cefait,lepremierpasdeladémarchetraductriceseranonpasuntravaillinguistiquesurlesmotsmaisunerecherchebibliographique,àsavoirrechercherl’équivalent(ouleséquivalents)pré-existantdanslalangued’arrivée.Lorsquecetéquivalentexiste,ilfaudraaussitenircomptedudegréd’utilisationdifférentd’unelangueàl’autre.Maisavantdechercherl’équivalentpré-existant,ilfaudras’interrogersurlesensexactduproverbehorscontexteetdanssoncontexte.Danssoncontexte,letravailserafacilité,maishorsdesonécrin,lejoyauduproverbegardeparfoistoutsonmystère.Unproverbe,c’est«peudemots,beaucoupdematière»(Fuller,1732).C’est là que survient le problème suivant: un proverbe n’a-t-il invariablementqu’unseulsensdéfiniunefoispourtoutes?IIyadeuxaspectsàconsidérerdanscetaparté:lapolysémiedesproverbesetlesinterprétationscontradictoiresd’unmêmeproverbe.

POLYSÉMIE DES PROVERBESLaplupartdesproverbessontvolontairementpolysémiques.Jeneciterai

qu’unexemple:Oùla chèvre est liée il faut qu’elle broute.Ceproverbetraduitdefaçongénéralelanécessitédes’accomoderdecequel’onaoudelasituationdans laquelleonestengagé.Maisceproverbes’utilisesouventpourdésignerla situation des femmes, qui ne doivent pas tenter de sortir de leur condition

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de soumission. Ce proverbe est cité dans le dictionnaire deMauriceMaloux(1988),àlarubrique«lafemmeetlemariage».Ceparallélismefemme/chèvreseretrouved’ailleursdansd’autresproverbes:A la chandelle, la chèvre semble demoiselle.Ne te précipite pas dans la forêt, chevrette, et tous les loups serontà toi.Mujer y cabra, cómala el diablo si es magra.A la mujer y a la cabra, cuerda larga.A la mujer y a la cabra, lasaga ni carta ni larga, ni tan carta quese rompa, ni tan larga que se pierdan la mujer y la cabra.

UN PROVERBE: UNE SEULE INTERPRÉTATION?Dansleplupartdescas,mêmesileproverbeestmétaphorique,ilestaisé

d’entrouverl’interprétation.Cependant,parfois,sasignificationposeproblème.Voyonsunexemple:Un grand nez ne gâte jamais beau visage.Ceproverbeseprêteàdeuxinterprétationspossibles:- Onpeutavoirunbeauvisagemalgréungrandnez.-Ilestimpossiblepourunvisaged’étrebeaus’ilest«orné»d’ungrandnez.Cettedoubleinterprétationseretrouvedanslesvariantesdecemêmeproverbe:Jamais grand nez n’a déparé beau visage (parceque,ajoute-t-on,jamaisgrandneznes’esttrouvésurbeauvisage).Maisontrouveaussi:Beau visage n’a jamais un vilain nez. Etenespagnol,noustrouvonslesproverbessuivantsseréférantplutótàlabeautéqu’àlalaideurdunez:

No hay narigón feo.Quien se coita la nariz su cara a/ea.Peor es chato que narigón.Chatedad es fealdad, cuando no es graciosidad.

Lorsquil s’agirade traduire leproverbe français, ilestbienentenduquele contexte nous aidera à trouver le sens du proverbe.Mais, si l’orateur jouesur le sens indéfini ou la double interprétation possible du proverbe français,quel proverbe espagnol choisir? Prenons un autre exemple:Pierre qui tombe n’amasse pas mousse. Ce proverbe existe dans de nombreuses culturesmaisavecunsensdiamétralementopposé,selonlepays.Pourcertains,ceproverbes’interprètepositivement:ilfautbouger,changerd’activité(rouler+,mousse-);pourd’autres,c’estl’interprétationcontraire:riennesertdes’agiter,dechangerconstammentde lieuoude travail (rouler-,mousse+)’.Encequi concerne laFrance, l’interprétation la plus courante est la première, mais on peut aussiajouterunautreproverbemoinsrépanduquiditexactementetsanséquivoquele contraire:Pierre qui court ne porte pas d’ordure (Ici, lemot «ordure» estsans conteste chargé négativement, donc «court» prend une valeur positive.),

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voirMilher,1969,etJoy-Yi,1990.C’estbiensouvent lecontextequiéclairera le sens,mais l’intérêtd’une

telleréflexionestdemontrerqu’ilestindispensabled’alleraufondduproverbeetd’enconnaîtreexactementlesens(oulessens),defaçonàpouvoirl’interpréteraumieux et trouver l’équivalent vraiment adapté. Si l’équivalent pré-existantn’existepas,ilfautrecourirnécessairementàd’autressolutions:- Traductionlittérale(avecousansnoteexplicative)-Invention-reconstructiond’unfaux-proverbe.

Lasolutionàchoisirdépendrade1’objectifviséparlatraduction.Pourquoiveut-ontraduireunproverbedansunelangueXenunproverbedansunelangueY?Ilya,mesemble-t-il,troissituations,troisobjectifsdifférents:faireapparaîtrelesproverbesétrangersdansundictionnaireourecueilunilinguedeproverbes,établirundictionnairebilingueouplurilinguedeproverbes,ouencoreaborderlatraductiondesproverbesapparaissantdansuntextelittéraire.Laissantdecôtélatraductiondesproverbesdanslestexteslittéraires,quidemandeuneapprochespécifiqueetquifera l’objetd’uneautreétude,nousexamineronslecasde latraductiondesproverbesauseind’undictionnaireoud’unrecueildeproverbes.

DICTIONNAIRE UNILINGUE DE PROVERBESLe but recherché ici est de faire connaître à un public donné, et dans sa

langue, la richesseparémiologiquedeplusieurspays.Pour le français, il existeactuellementdeuxdictionnairesusuelsdecegenre:Maloux(1988)etMontreynaud,Pierron,Suzzoni(1989).Pourl’Espagne,àmaconnaissance,iln’yenapas.EnEspagne, il existe de nombreux dictionnaires et recueils de proverbesmais ilsconcernenttousexclusivementelaparémiologieespagnole.Ilestclairque,dansce cas, une traduction littérale s’impose puisque le lecteur est français et doitcomprendre le contenu sémantique, lexicalduproverbe sous sa forme traduite,mêmesicelui-ciperdtoutesa«poétique»:assonances,rimes,paranomases...Leproblèmedesdictionnairesregroupantlesproverbesdumondeentierdansunseulrecueilestévidemmentunequestiond’espace,doncdechoix.IIestimpossibledetoutinclure.

Sinousregardonsdanslesdictionnairesmentionnés,nousremarquonsquelaplupartdesproverbesespagnolscités,notammentdansledictionnairedeMauriceMaloux,sont tirésduDon Quichotte deCervantesetqu’ilssontpeunombreuxdansl’ensemble.Leseconddictionnaireestplusintéressant,àmonpointdevue,puisque, d’une part, il regroupe tous les proverbes par pays, ce qui permet deles dénombrer (226 proverbes espagnols), et d’autre part, l’auteur explique sadémarchedeprésentateur-traducteurdeproverbesétrangers.Quelleestdoncsonapprochedelatraductiondesproverbes?Ellenousestexposéedanslaprésentationdelapartieconsacréeauxproverbesdumonde(Montreynaud,1989:345).Nous avons àcoeur la variété dans le choix, la rigueurdans la traduction et l’exhaustivité des références bibliographiques. Enquoiconsistecetterigueur dans la traduction,

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quandonvoitqueleurexhaustivitébibliographiqueselimiteàtroistitrespourlesproverbesespagnols?Unpeuplusbasdanscettemêmeprésentationsontannoncéslescritèresdesélectiondesproverbesétrangers:sontéliminéslesproverbesdontla traduction en français sonne moins bien que l’équivalent français qui vient à l’esprit. L’accent est doncmis sur les formulationsoriginales, ce qui semblelogiquedansunrecueilquineprétendpasàl’exhaustivitéforcémentrépétitive,denombreuxproverbesétantcommunsàtouteslescultures.

Leproblèmesecompliquelorsqu’ils’agitdetraduirelesenstrèsprécisdesproverbesouleurportéemétaphorique.L’auteurcerneparfaitementleproblème:Comme le traducteur de poésie, le traducteur de proverbes affronte un problème ardu: II doit donner une traduction fidèle etqui sonne comme un proverbe. Eneffet,touteladifficultéestlà!Commentpréserverleseffetseuphoniques,lesrimes,lesassonances,lesjeuxdemotslexicauxdont la traduction entraîne, sauf rares coïncidences, la déperdition totale?Laréponseestsimple:s’attachersurtoutaucontenuetsupprimertoutproverbeprésentantcescomplications!D’où vient que l’on n’a pas retenu lesproverbes qui tirent leur principal intérêt de caractéristiques formelles. Cequiexpliquequedenombreuxproverbes,parmilesplussavoureuxdelalangueespagnole,soientabsentsdespagesdecedictionnaire.

DICTIONNAIRE BILINGUE DE PROVERBESDansceparagraphe,seulssontconsidéréslesdictionnairesbilinguesfrançais

- espagnol.Ilvadesoiqueleprincipedetraductions’appliqueàtoutdictionnairemultilingue,quelquesoitlenombredelanguesenvisagées.Danscecas,lechoixest lui aussi incontestable. II serait vain de parler de l’aberration que serait latraductionnominale, commesilesproverbesn’étaientqu’unesuitesanslienoùchaquemotdelachaîneseraitdonnédanssatraductionenlangued’arrivée.Cequinousintéresseiciestunetraductionsituationnelle,quis’appliqueraitd’ailleursà toute traduction de figements linguistiques. Néanmoins, si l’on considère latraduction littérale des proverbes dans le contexte d’un dictionnaire bilingue,elleseraitmoinsridicule(maistoutaussiinutile)quelatraductionnominaledesexpressionsidiomatiques,quinousmèneraitàélaborerundictionnairecomiquedesexpressionsfigées:

tomarelpelo=prendrelescheveuxposerunlapin=ponerunconejomelasviymelasdeseé =jelesaivuesetdésirées,etc.Encequiconcernelesproverbes,lerésultatd’unetraductionmotàmotserait

moinscocassemais toutaussiabsurdedansundictionnairebilingue, sielleestprisecommeprincipededépart.Lepublicviséconnaissantouvoulantapprendrelalangueétrangèreenquestion,ilabesoind’unmatériauauthentiqueetchercheradansunrecueillerecoupementdesproverbesparpaires,dansunbutderechercheoudesimpleconnaissance,decuriositéintellectuelle.C’estdoncsonéquivalentauthentiquequil’intéressera.Cependant,ilestdescasoùiln’yapasd’équivalentpré-existant.Unproverbeespagnolaussiconnuquela mujer honrada, la pierna

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quebrada y en casa, relevé par des parémiologues aussi éminents queHernánNúñez,MalLara,Correasnetrouveaucunéquivalentdanslesdiversrecueilsdeproverbesfrançais.Loindemoil’intentiondeprétendrequelesproverbesfrançaissontmoinsmysogynesqueleurshomologuesespagnols;malheureusement,cettemysogyniedécelableàtraverslesproverbesestuniverselle.Cependant,ilestunfaitquel’onnetrouveaucunproverbeliantcesidéesdefemme- maison- lien-violence(lessèmesdel’archilexèmequ’estleproverbe).Voiciunautreexempledeproverbeespagnoltrèsrépandu:Hecha laley, hecha la trampa, quiexisteaussxmaismoinsfréquemmentaveccesvariantes:Hecha la ley, inventada la malicia; Ley puesta, trampa hecha.Aujourd’hui encore, enEspagne,onentend souventceproverbe,prononcénon seulementdans les sphèrespolitiques et judiciaires,maisaussidansunemploicourant.Enfrançais,aucunproverbenetraduit,àmaconnaissance, cette idée de détournement de la loi immédiatement consécutiveà la création de celle-ci. Ce qui ne veut pas dire non plus, que la pratiquedémasquéeparuntelproverbeestinconnuedesFrançais.Cesrestrictions,cesnonéquivalenceslaissentdesvoiessansissue.Undictionnairebilinguedeproverbedoit-ilselimiterauxpairesdeproverbesexistantdanslesdeuxlangues?Ceseraitrestreindreénormémentlaportéed’unteldictionnaire;iIvadesoique,lorsquelarecherchede l’équivalentpré-existant se révèle infructueuse, il faudraprocéderàlatraductionlittérale,enlesignalantclairementaulecteur(astérisqueouautremarquedistinctive).

Trèssouventaussi,seposeleproblèmedelafréquenced’utilisationdeteloutelproverbe,d’unelangueàl’autre.Cedegrédefréquencenedevrait-ilpasfigurerdanslescaspertinentsdedéséquilibreentreunproverbedonnéetsonhomologueétranger?Por la boca muere el pez, proverbetrèssouvententenduenEspagne,est-iI vraiment l’équivalent deTrop gratter cuit, trop parler nuit? Leproverbe(maxime)On a souvent besoin d’un plus petit que soi, connudetouslesFrançais,est-il l’équivalent deNo es tan gruesa la gallina que nohaya menester de su vecina, rarement entendu enEspagne (de par sa longueur?). Je pense qu’il estjudicieux,àcepointdelaréflexionsurlatraductiondesproverbes,desedemandersieffectivementilestsifaciledetrouverl’équivalentpré-existant.Toutlemondesembled’accordsurcepoint:latraductiondesproverbesn’estpasunproblème,il suffitde trouver l’équivalentdans l’autre langue!Au longdemes recherchesmenées sur les proverbes et leurs homonymes étrangers, j’ai pu constater quelesproverbesquiapparaissent,pour illustrercettecorrespondancede thèmesetd’idéesd’unproverbed’unelangueàuneautre,sonttoujourslesmêmes.Enfait,cettecoïncidencen’estpas si répandueet j’ai rencontréplusdeproverbes sanséquivalent, partant d’une langue ou de 1’autre, que de proverbes similaires etfacilementcouplables.

(http://www.ucm.es/BUCM/revistas/fll/0212999x/articulos/RFRM9898110281A.PDF)

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 8

Document 1.

La traduction des messages publicitaires

Lorsd’unecampagnedecommunicationsurunmarchéétrangerseposelaquestiondelatraductiondumessage.Defaçongénérale,lorsqueuneentrepriseenvisagedevendresurunnouveaumarchéquiemploieuneautrelangue,elledoittraduiresonmessagedanscettelanguevéhiculairecarmêmedanslesrarescasoùleproduitetsonargumentdeventeontuncaractèreuniversel,lelangageluineleserapas.

Il arrive qu’une même langue soit parlée dans plusieurs pays (aveccependant,quelquesspécificités).Danscecas,vouspourrezmettreenoeuvredesmessages identiques au sein de ces zones sans devoir les traduire.Ainsi,l’Allemandestparlé enAllemagne, enAutriche et enSuisse.LeFrançais estparléenFrance,enBelgique,enSuisse,auLuxembourg,auQuébec,etdanslesanciennescoloniesfrançaises.L’espagnolestpratiquéenEspagne,enAmériqueLatinemaisaussiàNewYork.L’anglaisestparléauxEtats-Unis,auCanada,enAngleterre,enAustralieetdansbiend’autrespayscommeleDanemarketlaSuède.Cependant,mêmesil’anglaisestdeplusenplusconsidérécommeunelanguemondiale,unmessageuniquenepourraêtremisenoeuvresanstraductionquedanslespaysprécitésouàl’échellemondialedanslecasdecertainsproduitsindustrielsoudeproduitsdestinésàunecertaine«élite».

L’entreprise exportatrice peut trouver un appui auprès des agences depublicité locales ou auprès de ses distributeurs locaux pour solutionner lesproblèmesdetraduction.

Le message ne doit pas être traduit littéralement ,sansquoisonsenspourrait être altéré. Il doit être réinterprété.Le traducteur doit penser dans lalangue étrangère en tenant compte des habitudes, des goûts et des croyancesdesconsommateursquiparlentcettelangue.Danscetteoptique,ildoitposséderuneconnaissancelocaleprofonde.Parfois,unmotacceptableouunetraductionlittéraledansunpayspeutpasserpourobscène,êtremal interprétéouneriensignifierdansuneautrelangue.Unebonnetraductionimpliquedonc:

• une bonne connaissance de la terminologie des deux langues : levocabulaire,lasyntaxe,lesexpressionsfamilièresouidiomatiques,lesconnotationsassociéesàcertainsmots,...;

• unebonnecompréhensiondescaractéristiquesduproduit;• unebonneaptituderédactionnelle;• unecertainecréativité.Dans le cas des spots télévisés, il faut faire attention aux doublages

maladroits. Afin de contourner le problème, l'entreprise peut ajouter un

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commentaireenvoixoffouuntextedanslalanguedupaysàunepublicitédanslaquellelesacteursneparlentpas.

Voiciquelques conseils afind’éviterleserreurslorsdelatraductiondestextespublicitaires:

• préférezunnative speaker àuntrèsbontraducteurcarcepremierestfamilierdel’argotetdesexpressionsidiomatiqueslocales;

• effectuez des tests de votre traduction afin d’éviter toute erreur.Utilisezlatechniquededoubletraduction:traduisezlemessagedanslalangueétrangèreetretraduisez-ledanslalanguededépartpourvérifierquelesensn’apasétéchangé.

(http://www.eur-export.com/francais/apptheo/marketing/comm/commesstrad.htm)

Document 2.

La traduction audiovisuelleL’audiovision est un procédé de description de l’image destiné aux

personnes malvoyantes ou non-voyantes et appliqué pour les projectionsfilmées. Ainsi, dans les films, documentaires, une voix-off commente lecontenudesimages:descriptiondescostumes,deslumières,desmouvements,desexpressionscorporellesetde tous lesaspectsd’unspectaclequi sont,pardéfinition, inaccessiblesauxdéficientsvisuels.Cescommentairess’intercalententrelesdialoguesetpermettentauxpersonnesdéficientesvisuellesdesuivreunfilmsanslesexplicationsd’unetiercepersonne.Occasionnellement,latechniqued’audiodescriptionestégalementutiliséedanslesthéâtres,avecuncommentaireendirect,l’auditoiredanslasalleétantéquipéd’écouteursinfrarouge.

La version audiovision d’un film est fabriquée par des «traducteursd’image».EnAllemagne,uneéquipede traducteursd’imageestcomposéededeuxvoyantsetd’unaveugle.EnFrance,l’audiovisionestfabriquéepardeuxvoyantsettestéeensuitepardesaveugles.

L’audiovisionestapparuepourlapremièrefoisauxUSAen1975.C’estAugustCoppola,frèreducélèbreréalisateurFrancisFordCoppolaetDoyendel’UniversitédeSanFrancisco,quiacréélapremièreformationde«traducteursd’images». En 1989, cette technique est présentée en France, à l’AssociationValentin Haüy (AVH).Aujourd’hui, l’AVH est le seul réalisateur en Francede traduction d’images cinématographiques. Actuellement, une centaine defilms,ainsiqu’unecentainedepiècesdethéâtreontétéadaptés.Plusde45.000spectateursaveuglesoumalvoyantsontassistéàuneséancedecinémaoudethéâtre.

Nous vivons dans un environnement culturel où l’image s’impose àtous les niveaux: l’information, l’enseignement, les loisirs... De ce fait, les

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handicapésvisuelssontlespremiersdemandeursdedescriptionetsollicitentlespersonnesdeleurentourage,maisfauted’avoirétépréparées, lesdescriptionsrisquentdecomporterdeslacunesimportantesetd’êtreparlàmêmeréductrices.L’élaborationd’uneméthoderigoureuses’estdoncavéréenécessaire.

Al’instardutraducteurquieffectueuntransfertdecultured’unelangueàuneautre,ledescripteur,outraducteurd’images,faitpasserlemessagevisuelàtraversundiscoursdontl’objectifestdecréerdesimages.Demêmequetoutpeutêtretraduitd’unelangueversuneautre,toutpeutêtredécrit,seulslesoutilschangent.Laméthodepasseparquatreétapesessentielles:

=>L’analysedumessage.=>Lesensdumessage.=>Lechoixdesélémentspertinentsàdécrirepourêtrefidèleausens.=> La réexpression, c’est-à-dire l’élaboration du texte descriptif. Cette

dernièreopérationsupposecertainescontraintesqu’ilestimpératifderespecter:

- laclartédel’expression:travailsurlalangue;- laconclusion:élémentessentielàl’efficacitédudiscours;- laprécisionterminologique:résultanted’unerecherchedocumentaire

approfondieetd’uneexploitationlexicalerigoureuse.Décrireunfilmouunepiècedethéâtre,c’estdonneraccèsaudéroulement

de l’action,aucaractèredespersonnages,c’estdéfinir les lieux, lessituationset c’est aussi exprimer l’humeur et le mouvement de l’œuvre. Au delà del’explicite,ilfautfairepasserl’implicite,end’autrestermesexprimerlachargeémotionnellevoulueparl’auteuretlescomédiens.Lerôledudescripteurestbiendepermettreaurécepteuraveugled’éprouverlesmêmessensationsetémotionsquelespectateurvoyant.Pouryparvenir,ildoitresterobjectifetsegarderdeprojetersesémotionspropres.

Le procédé Audiovision sous-titré «entendre pour voir«consiste àincrusterladescriptionentrelesdialoguesdufilm.End’autrestermes,ils’agitd’insérerdanslesespaceslibresl’informationnécessaireàlacompréhensiondumessage:expressionsdespersonnages,costumes,décors,mobiliers,paysages.On reconstruit verbalement les ambiances, on interprète la gestuelle desprotagonistes,onadapte leniveaudu langagedescriptifauniveaudu langagevisuel(ladescriptionestcoupléeaveclabande-sondufilmetdiffuséeaumoyend’écouteursindividuels).

Trois problèmes fondamentaux se posent dans le transfert linguistiqueaudiovisuel,àsavoirlarelationentreimages,sonsetparoles,larelationentrelangue(s)étrangère(s)etlangued’arrivée,enfinlarelationentrecodeoraletcodeécrit,imposantdeseréinterrogersurlanormedel’écritdansdessituationsoùlesmessagessontéphémères.

Un genre aux multiples facettes.BiendesécritssurlaTAVsesontbornésauxavantagesetinconvénients

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respectifsdusous-titrageetdudoublage.C’estunevisionétriquéetantlesmodesde traductionse sontmultipliés récemment.Onpeutdistinguer12modes.Latraductiondescénariospourl’obtentiondesubventions,enparticulierdanslecasdecoproductions.Cestraductionsnesontpasvisibles,carnonéditéesmaisellessontimportantespourmettreenrouteunprojetderéalisationcinématographiqueoutélévisuelle.

Le sous-titrage intralinguistique pour sourds et malentendants (closed caption) qui fait appel à divers relais comme le télétexte (n’exigeant pas dedécodeuradhoc)ouleformatDVB(Digital Video Broadcasting)quiluidemandeundécodeurexterneaupostedetélévision.

Le sous-titrage interlinguistique(open caption),ycomprislesous-titrage bilingue, telqu’ilestpratiquédansdespayscommelaBelgique, laFinlande,Israël, la Suisse (avec dans ce cas, une ligne par langue). Il faut faire troisremarquesici:ilexistedesdifférencesdanslesimagesdecinéma,detélévisionetdevidéo:nombredepixels,contrastelumineux,vitessededéroulement(24ou26images/seconde).Cesdifférencesnesontpassansconséquencesurlaqualitédusous-titrageet justifientqu’ilfaillerefaireparexemplelesous-titraged’unfilmpassantsurlepetitécran.Ainsipourunlongmétrage35mmde90minutes,onpourraavoir900sous-titresdanslasalledecinéma,750pourlavidéoet650pourlatélévision.

Le repérageoudétectiondesréparties(cueingouspotting),aveccodagetemporel ainsi que l’enregistrement, la visualisation ou affichage des sous-titrespeuventêtreréalisésparunemêmepersonne(parexempledanslespaysnordiques)oupardeuxpersonnesdistinctes: le traducteurquin’estdoncpasainsiresponsablejusqu’auboutdesontravailetunopérateurquipeutignorerlalanguededépartchargédedécouperletextetraduitensous-titresetd’incrusterces derniers.Dans ce second cas, perdure souvent unemauvaise imagede latraductionperçuecommedumotàmot,d’oùlerejetdutermedansl’industriedel’audiovisuelauprofitdeversionisation,detransfert.

Letraducteuraoun’apaslalistededialoguesdepost-production(avecnomspropresépelés,explicationdesmots rares,argotiques,dialectaux,etc.);il a ou n’a pas non plus la vidéocassette lui permettant de visionner et doncde comprendre le film, le programme dans toutes ses dimensions (à signalerqu’aujourd’hui,lacassetteVHSpeutêtreremplacéeparuntransfertparInternetouparsatellitesurledisquedurduPC).L’absenceoupasdecesmoyensn’offrepaslesmêmesconditionsdetravailetdonclesmêmespossibilitésdequalité.Ainsilesous-titragenerecouvrepaspartoutdespratiquessimilaires,desattentesidentiques.

Le sous-titrage en direct ou en temps réel,commepouruneinterviewoulors de l’audition du Président Clinton, par exemple, accusé de harcèlementsexuel(1998),auditionsuiviesurlachaînepubliquenéerlandaiseNOSgrâceàunealternancedetelssous-titresetd’interprétationssimultanées.

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Le doublage qui est synchronie labiale (quand les lèvres sont en grosplanouenplanaméricain)ousynchronietemporelle(appeléeencore «simple doublage»)quandleslèvresnesontguèrevisiblesouquelevisageestdetroisquart,permettantplusdesouplessedanslatraduction.Danslasynchronielabiale,ilpeutyavoiradaptationcréatrice:parex.«I met him fifteen years ago»peutêtredoublépar«ça faitvingtansque je l’aivu».Lepassagede15à20estpossibles’ilrespectelacrédibilitéetlesensglobaldelaséquenceoudufilm.

Le doublage connaîtra des modifications dans sa pratique avec lestechnologies autorisant la manipulation des images. On notera l’existenceégalementdudoublage interlinguistique(cf.plusloinsurladoubleversion).Par exemple,Trainspotting doublé en anglais américain, ou l’Amore molesto,misenscènedans lesud italienetdoublépour lenorddupays!Ce transfertinterlinguistiqueexisteaussipourcertainslivres,commeHarry Pottertraduitenanglaisaméricain,démontrantquelatraductionsefaitàplusieursniveaux(duphonétique…auculturel).

L’interprétation peuts’effectuerdetroisfaçons:consécutiveouabrégée(lorsd’uneinterviewd’unpoliticien,d’unsportif,d’unchanteur…àlaradio),simultanée(endirect)ouendifféré,pourdesdébatstélévisés,desprésentationscommesurlachaîneArte,ouencoregrâceaulangagedessignes.Voixetfluiditésontimportantespourlesdeuxpremièresméthodes:ilfautplaireàl’oreilledutéléspectateuretfinirquasienmêmetempsquel’interlocuteurinterprété,pourévitertoutzapping.

Levoice over ou demi-doublage est, en français, la surimpositionde lavoixdelalangued’arrivéesurcelledelalanguededépart;enanglais,lanotioncorrespondàlaseulevoixducommentateurinvisible(équivalentàlavoixoff).Dans tous les cas, la traduction est préparée, en synchronie avec les images;elleestluepardesacteurs(parex.surleschaînespolonaises,russes).Cemodesertpourcertainesinterviewsoùlapersonnalitéestprésenteàl’écran,pourlescommentairesdedocumentaires,etc.Ilestd’usagedeplusenrépandupourlesvidéosd’entreprise.

Le commentaire (libre): c’est une façon d’adapter un programme à unnouvel auditoire (on explicite, on ajoute des données, des informations, descommentaires).Làaussi,comptepluslasynchronieaveclesimagesqu’aveclabandesonore.Dudoublage(E)aucommentaire(H),onaaffaireàdiverstypesdereformulationorale.

Le surtitrage: ilseplaceau-dessusd’unescèneouaudosd’unfauteuilpourrendreunepiècedethéâtreouunopéra.Ilestprojetéendirect,parcequeles performances sont variables d’une représentation à l’autre, il est souventconstituéd’uneligneencontinu.

La traduction à vue:ellesefaitàpartird’unscript,d’unelistededialoguesoumêmed’unsous-titragedéjàfaitdansuneautrelangue,parexemple,pourunfestivaldecinéma,dansunecinémathèque.Ainsiunfilmiranien,sous-titréen

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francais,peutêtretraduitàvueenfinnoisàpartirdufrançais,languepivot.L’audio-description(intraouinterlinguistique).Ceconcept,lancéaudébut

desannées1980,permetdedécrirepourdesaveuglesetmalvoyants,desactions,desexpressionsfaciales,desgestes,desmouvementscorporels,descouleurs…Ces descriptions sont alors placées sur la bande sonore. Une telle traductionexigelacoopérationd’unaveugle.

L’audiodescription intralinguistique existe surArte, ZDF enAllemagne(depuis1993)etàlatélévisionbavaroise(depuis1997).Depuis2001,toutesleschaînesbritanniquesdoiventproduire4%deleurprogrammeselonceprocédé,pour respecter la législation qui passera graduellement à 10% d’ici 2010.L’audiodescriptioninterlinguistiqueestunesortededoubledoublage.

Laproductionmultilinguepeutêtreentendueselondeuxorientations.C’està la fois ladouble version (chaque acteur jouedans sa langue et l’ensembleestdoublé,postsynchronisé,enuneseulelangue).C’estaussilesremakespourles films américains, dans les années 1930-1950, qui voulaient conquérir lesmarchéseuropéensetpourlesfilmseuropéensetasiatiquesaujourd’huiadaptéspar lesmajors américaines pour leur marché domestique – adaptés, c’est-à-dire recontextualisés selon les valeurs, l’idéologie, les conventions narrativesde lanouvelleculturevisée.Ainsicertainsfilmsd’actiondeHongKongsontrecontextualisésparlesstudiosd’Hollywood.Quelleestalorslareprésentationdelamasculinitéd’Asie?Ilresteraitàapprofondirlessimilaritésentreremakeettraduction,ciblistedanscecas,enlesrapprochantd’ailleursaveclalocalisation,autreformededomestication.Cettelisteestunpeulongue,maisellesoulignecombienle traducteurpeutetdoitélargirsonoffredeservice!Quelssont lespoints communs à tous ces modes? D’une part, ils brouillent les frontièresentre l’écritet l’oral, la traductionet l’interprétation;d’autrepart, ilsmettenten évidence l’importance à accorder aux publics visés (enfants, sourds, etc.).Ainsilesous-titre,opposéàlatraduction(écrite)desréparties(orales)despiècesde théâtre, peut être considéré comme une sorte d’interprétation simultanée.Eneffet,lesdeux:sontcontraintsparletemps(respectivementletempsdelalectureetceluidudiscoursémis);fontfaceàladensitédel’information(donnéeparlesimages,leverbaletlessons,ouparuneterminologiespécifique);jouentsur le rapportécrit/oral (lesous-titreurdoitécriredansunespace limité ledittandisquel’interprètedoitdiredansuneduréecomptéecequiaétéditoulu);prennent en considération les récepteurs (les spectateurs sont déstabilisés s’iln’y pas de sous-titres alors que le personnage à l’écran parle ou s’il y a dessous-titresetquepersonneneparle;l’auditoirepeutêtresurprissil’interprètegardelesilenceenmêmetempsquel’orateurcontinuedeparler).Enfait,ilya de nombreux passages entre écrit et oral dans la production audiovisuelle:le scénaristeconçoit sesdialogues parécrit; lemetteuren scène lit le scripten l’entendant, selon sapropre conception,dans labouched’acteursdonnés;lesacteursdonnentuneversionoralisée;lesous-titreurpassedel’oralàl’écrit

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(inversantleprocessusdesacteurs);quelquefois,quelqu’unlitàhautevoixlessous-titrespouruntiersquiperçoitmalleslettressurl’écran.

La TAV apparaît bien comme un nouveau genre. Quand on traduithabituellement, on s’affaire autour d’un texte; quand on interprète, on traitele discours d’une personne précise; mais que fait-on quand on sous-titre,par exemple? Le problème actuel persiste souvent dans lesAssociations detraducteursquicatégorisentlestraducteurspourécrantantôtaveclestraducteurslittéraires,tantôtaveclestraducteurstechniques,tantôtaveclesinterprètes.Icietlà(Pays-Bas,Norvège,Danemark,Russie…),cestraducteursdel’audiovisuelontcrééleurpropreregroupement.

La TAV est une traduction qui n’est pas plus contrainte, pas plus unmalnécessairequed’autres typesde traduction; elleune traduction sélectiveavec adaptation, compensation, reformulation et pas seulement pertes! Elleest traduction ou tradaptation si celle-ci n’est pas confondue avec le mot àmot, commeelle l’est souventdans lesmilieuxde l’AV,maisdéfinie commeun ensemble de stratégies (explicitation, condensation, paraphrase, etc.) etd’activités,incluantrévision,miseenforme,etc.Elleesttraductionsicelle-ciestvuecommeuntout,prenantencomptelesgenres,lesstylesdefilmsetdeprogrammes,lesrécepteursdansleurdiversitésocio-culturelleetleurdiversitédansleshabitudesdelecture,ainsiquelamultimodalitédelacommunicationAV(visuel,verbal,audio).

Aujourd’hui, l’Europe est trop souvent divisée entre pays du doublage(France, Italie, Allemagne, Espagne, etc.) et pays du sous-titrage (paysscandinaves, Finlande, Grèce, Pays-Bas, Portugal, Pays de Galles, Slovénie,etc.). C’est une division trop simpliste, d’une part parce que le nombre dechaînes, par exemple, est passéde47 en1989 à plus de1500 en2002, dansl’Europedes15,etqu’aucunpaysn’aunensemblededirectivescommunesouuncodeuniquedebonneconduite; d’autrepart, parceque les solutions sontdésormaismultiplesetflexibles.Ainsi Malcom X (1998)ad’abordétésous-titrépourquelquessallesàParis,maisdevantlesuccèsobtenu,lesdistributeursontvitecommandéuneversiondoubléepourunpublicjugépeufamilierdel’écoutedel’anglaisaméricainoudelalecturededeuxlignessurl’écran.

(www.erudit.org/revue/meta/2004/v49/n1/009015ar.html - 51k -)

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DOSSIER POUR LA CONFÉRENCE 9

Document 1.

Le droit, une affaire d’interprétation des mots Article de Gabrielle Smart, membre AAE-ESIT.

La traduction de tout document technique pose des problèmes determinologiequel’onrésoutgénéralementparlarecherchedocumentaireetlesquestionsnécessairesposéesà lapersonneexpertedudomaine.La traductionjuridique, en revanche, pose des problèmes plus sérieux dans la mesure où,parfois, la traduction du document produit des effets juridiques (is legally binding), par exemple une relation contractuelle qui impliqueun engagementsoitmoral,soitfinancier.Letraducteuresttoujoursresponsable(the translator is always liable)desatraduction,maisdanslecasd’undocumentjuridique,lemontantdesdommages-intérêts(damages)àpayerencasdefautegravepeutêtreélevé.Toutlemondeconnaîtl’histoire,quel’onespèreapocryphe,dutraducteurquiparerreurajoutedanssatraductionunzéroaumontantquesonclientdoitpayer,etdontlapartieadverseexigelepaiementsurlafoidelatraductionagrééeparlesdeuxparties…

De toute façon, il est difficile de traduire un document juridique sansconnaîtreunminimumdedroitdanslesdeuxlanguesconcernées,toutcommeilestdifficilepourunjuristedebientraduireuntextejuridiquesansunemaîtriseparfaitedelalangued’arrivée,afinderendretouteslesnuancesdusenssipossibleàl’identique,carledroitesttoujoursuneaffaired’interprétationdesmots.

C’estaussileproblèmedesconceptsdifférents,voireinexistantsdansledroitdelalangued’arrivée.Ilestdifficiledetraduireenanglais«juged’instruction»quandonsaitquelepersonnagen’existepasenAngleterre:eneffet,lesystèmeanglaisestfondésurleprincipeaccusatoire(chaquepartie,quecesoitencivilouenpénal,présentesesargumentsetlejugesertd’arbitreoubienlejurydécidesilapreuveaétéfaite),etnon,commedanslaprocédurepénalefrançaise,surleprincipe«inquisitorial»oùlejugeal’initiativedel’enquêteetdudéroulementduprocès.Demême,ilesttrèsdifficiledetraduireenfrançaisunephrasedansuncontrattelleque«[…]thepartiesshallhavenolegal remedyintheeventofdisputearisingfromthiscontract.The injuredpartyshallapplyfor injunctiverelieffrom(etc)».Siletraducteurneconnaîtpastouteslesacceptionsdumot«legal»(quin’al’airderien,commecela),ilpeutsedemandercommentlapartieléséepeutobtenirréparationdansunecourdejustice…D’autrespiègesanglaisdans le genre«faux amis» sont bien connus: «jurisdiction», par exemple, ou«notice»,«discretion»,«charge»,etc.

En outre, il faut veiller à employer les formules consacrées, sous peinede voir, par exemple, casser un verdict parce qu’une expression jugée plus

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compréhensiblepourlesjurés(parexemple:«si vous avez un doute honnête, nedéclarezpasl’accusécoupable» plutôtque«condamnezsilaculpabilitévousparaîtau-delà de tout doute raisonnable»)aétéutiliséedanslatraduction.

Pourlecôtépratique, lesdictionnairesbilingues,biensûr,ontunintérêtcertain,quoiquelimité,car(commedanslesdomainestechniquesquel’onneconnaîtpas)ilfautsouventsavoircequel’oncherche.Ilfautalorschercherdanslesdictionnairesdedroitunilinguedans les deux langues demanièreàvérifierle sens exact du terme et obtenir une définition, pour aboutir éventuellementàuneconfirmationde lapropositionbilingue,oualors trouverunéquivalent.Lesdictionnairesclassiquessont,enfrançais,leVocabulaire juridiquedeGérardCornu (AssociationHenriCapitant, PUF1987) et en anglais,The Dictionary of English Law (Sweet & Maxwell, Londres 1959), ou bien Stroud’s Legal Dictionary (4èed.Sweet&Maxwell,Londres1974).Lemeilleurdictionnairebilinguequej’aietrouvérestel’incomparableHarrapsendeuxvolumesde1962(!)carilcontienttouslestermesarchaïquesdudroitanglaisquisonttoujoursutilisésaujourd’hui.Enfin,deslivressurledroit,dutypeIntroduction to English Law (PhilipSJames,Butterworth,London1985),Legal English (Cujas,3èed.1995),oubien Introduction générale au droit (F.Terré,PrécisDalloz,1991),permettent d’en apprendre unminimum sur les systèmes. Pour le reste, c’estbienentendulelenttravaild’accumulationdedocuments,laconstitutiond’unfondsd’expressions«équivalentes»oubiend’explications tenant la route,quipermetau traducteurde textes juridiquesde s’en sortir (parfois)danscertainsdomaines.

(http://www.geocities.com/Eureka/office/1936/juri1.html)

Document 2.

Spécificités de la traduction juridique Article de Frédéric Houbert, Traducteur libéral.Ilestuneévidencequelestextesjuridiquesontpourprincipalespécificitéde

faireréférenceàdessystèmesetàdeslogiquesdepenséeancrésdansuneculturebienparticulière.Tout lemondesaitquelessystèmesjuridiquesanglo-saxonsetfrançaisdiffèrentsurdespointsfondamentaux.Celadécouleprincipalementdu fait que les textes de loi sont le plus souvent le résultat de réflexionsd’ordre éthique, philosophique, psychologique, culturel et même religieux,qui sont propres à chaque pays, à chaque nation. Ainsi, des notions anglo-saxonnes tellesque la«common law», l’«equity»,ou la«consideration»danslescontratssonttotalementinconnuesdanslesystèmejuridiquefrançais;celas’expliquenotammentparlefaitqueledroitanglaisestundroitessentiellementjurisprudentiel,fondésurlacoutume,alorsqueledroitfrançaiss’appuieluisurdestextesfondateurscommelaConstitution,parexemple.Ilestutiledeconstater

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àcetégardqueledroitaméricains’appuieluiaussisuruneConstitution(etsesamendements),àlaquelleilestd’ailleursfaitréférencedemanièresystématiquedanslesprocèslesplusdivers.

Laconséquencedecetteconstatationauniveaudelatraductionestqueletraducteurvadevoirrendredanslalangued’arrivéedesconceptsetdesnotionsquin’existentsouventquedanslalanguededépart.Outrelestermescitésplushaut,onpeutégalements’arrêtersurlesnotionsde«solicitor»oude«barrister»:cesdeuxtermesfonteneffetréférenceàdesprofessionsquin’existentqu’Outre-Manche. Le «solicitor», par exemple, est un officier judiciaire qui cumulentlesfonctionsd’avouéetdenotaire,c’estenquelquesortel’intermédiaireentrel’avocatetsonclient:latraductiondecetermepar«avoué»oupar«notaire»,mêmesielleestacceptableenfonctionducontexte,resteratoujoursincomplèteparrapportaucontenudutermeanglais«solicitor».

Malheureusement, lorsqu’il traduit des textes entrant dans le cadre deprocédures(desassignationsnotamment), letraducteursetrouvebiensouventdans l’obligation de choisir un terme équivalent plutôt que de conserver letermeoriginal et de l’expliciter par unenotedebasdepagepar exemple, cequiapparaîtpourlemoinsincongrudanscegenrededocuments(àmoinsqu’ilne s’agisse d’une notion fondamentale qui exige une explication, comme la«common law»citéeplushautparexemple,auquelcasunenotedutraducteurs’avérera nécessaire). Dans ce cas précis, il est donc préférable de traduire«solicitor»par«avoué»oupar«notaire»(enfaisant toujours trèsattentionaucontexte),mêmesiunepartiedelanotiond’origineestperdue,carcelafaciliteralacompréhensiondudocumentparledestinatairedelatraductionetéviteradelaborieusesconsultationsdenotesdebasdepagequifreinenttoujourslalectured’undocument.

Cette méthode vaut surtout pour les termes qualifiant des professionsoudes fonctionsprécises.Dans lecasd’institutionsoude textesde loi, ilestpréférabledeconserver,entreguillemets,letermeconcerné,lorsdesapremièreoccurrence,danslalangueoriginale,puisdel’expliciterentreparenthèses.Onpourra ensuite soit répéter simplement le termeoriginal entreguillemets, soitreprendrelatraductiondontlelecteurfinalsauraàquoiellefaitréférencegrâceàl’explicationintervenueplushaut.Cettealternativeseralaisséeaulibrechoixdutraducteur,enfonctiondustyleetdelacohésiondutexte.Parexemple,sil’ondoittraduire,danslesensduthème,leconceptauquelrenvoiele«Ministèredel’EconomieetdesFinances»français,onauralechoixentrelesdeuxschémassuivants:

A)Premièresolution:original:«LeMinistèredel’EconomieetdesFinancesarefusél’offre...»traduction : «The «Ministère de l’Economie et des Finances» (i.e., the

FrenchTreasury)turneddowntheproposal...»,puisreprendrethe«Ministèredel’EconomieetdesFinances»...

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B)Deuxièmesolution:Suivrelamêmedémarchequeprécédemmentpourlapremièreoccurrence

puisutiliserensuite«theFrenchTreasury...».Cette deuxième solution sera préférée à condition que la traduction par

équivalencerenvoieàunconceptimmédiatementcompréhensibleparl’utilisateurdelatraductionets’intègrebienaurestedutexte(commecelaestlecasdanscetexemple).

Enfin, lorsque le terme original a un «réel» équivalent dans la langued’arrivée,ilserabienentendupossibledel’utiliser,toutenayantbienconsciencequ’il ne s’agit que d’un «équivalent» (cela a son importance dans les textesjuridiques) : par exemple, traduire «witness» par «témoin» ou «plaintiff» par«plaignant».

Comme le montre cet exemple, cela n’est bien entendu valable qu’àconditionqueletermeoriginalnerenvoiepasàunenotionpropreausystèmejuridiquederéférence,autrementdit,àconditionqu’ilsoità«usageuniversel».Siteln’estpaslecas,ilseranécessairedesuivrelaprocédureexpliquéeplushaut(onnetraduirapasdirectement,parexemple,«GardedesSceaux»par«Minister of Justice»sansdonnerplusd’explications: il faudragarder le termeoriginalentreguillemetspuisentreparenthèses,préciser«the French Minister of Justice»parexemple,ou«the French equivalent of the Lord High Chancellor»,danslecasd’undestinatairebritannique).

En deuxième lieu, arrêtons-nous sur la question de la forme des textesjuridiques.De touteévidence, le langage juridique,ou«legalese»,estpour lemoinstortueux,cequellequesoitlalangueconcernée.Eneffet,chacund’entrenousaenmémoireaumoinsundocumentouuncourrieràcaractèrejuridiquedont il n’aura pas saisi lamoitié des subtilités syntaxiques. Pour comprendrecetteapparentecomplexité,ilfautbienavoirconsciencedel’importancedurôledesdocuments juridiques :eneffet,quellequesoit lanaturedu texte,quecesoituncontrat,uneassignationouunjugement,l’objetdudocumentconsisteàfixeruncadreformeldevantêtretoutàlafoisassezrigidepourquelespartiespuissentyfaireréférenceetrelativementsouplepourqueleursrelationspuissentsedévelopperavecunminimumdeliberté.

Dans le cas plus spécifique des textes de loi, le problème se pose avecencoreplusd’acuité:ils’agiticidefixerdesrèglesvalablespourleplusgrandnombre tout en tenant compte de l’infinie variété des exceptions possibles.Autrementdit,ils’agitdetenirundiscoursuniverseltoutengardantàl’espritlecaractèreuniquedechaquesituationpossible.

Oncomprenddèslorsaisémentladifficultédelatâchedurédacteurchargéde composer ces textes, et par conséquent, celle du traducteur appelé à lestraduire!

A propos de la forme des textes, il convient de remarquer la présencebeaucoupplusdiscrètedelaponctuationdanslestextesanglaisquecelan’estle

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casdanslestextesfrançais.Iln’esteneffetpasrare,danslesdocumentsenanglais,devoirdesphrasesatteignantaisémentplusieurslignes,avecpeudevirgules,etcontenantparfoisplusieursidéesimportantesoutoutunenchaînementlogiquepartantd’uneconstatationetarrivantàunaboutissement.Danslesdocumentsdelanguefrançaise,lesphrasessontgénéralementpluscourtesetlaponctuationplus importante, ce qui en facilite la lecture et donc la compréhension.Cetteconstatationestégalementévoquéesousformederecommandationdansl’articlede JeanKerby intitulé «La traduction juridique, un cas d’espèce» paru dans«Langagedudroit et traduction» (Linguatech, 1982, p.10): «Le traducteur a intérêt à recomposer la longue phrase anglaise en phrases plus courtes : il en a d’ailleurs le droit, vu qu’il n’est nullement lié ici par le style de l’original. N’étant pas non plus lié par la ponctuation du texte de départ, il doit tirer parti de la ponctuation française pour donner toute la clarté possible au produit fini».Auniveaudelatraduction,cetteremarqueasonimportance:ellesignifiequeletravailde«déstructuration»dutraducteurvaêtreplusgrandquecelapeutêtrelecasdansdestextesgénéraux.Pourdesraisonsessentiellementliéesàlastructuredu texte d’arrivée, le traducteur va en effet devoir décomposer la syntaxe dutextesourceetisolerlesidéesqu’ilexprimeafind’êtreenmesuredereconstruirelemessagedanslalanguecible.Dansbonnombredecas, lorsquelesphrasessont relativement simples, la déstructurationnécessaire sera assez faiblemaissouvent,letraducteurdevrasemettredanslapeaud’unvéritable«destructeur»dutexteoriginalavantdeprétendreparveniràunrésultatsatisfaisantauniveaudutextetraduit.

Prenonsl’exemplequisuit,tiréd’uncontratconcernantl’acquisitiond’uneentreprisefrançaiseparuneentrepriseaméricaine:

Textesource:«Seller and Buyer agree that prior to the execution of the Purchase

Agreement and two business days after any mutually agreed upon publicannouncementthereoftheywillnot,and will use their best efforts to ensure that their employees, agents and representatives who have or may gain knowledge of the existence of this Letter of Intent,buy,sell,lendorborrowor enter into any agreement or understanding to buy, sell, lend or borrowanysecuritiesofDIT.»

Traductionproposée:«LeVendeuretl’Acheteurs’engagentànepasacheter,vendre,prêterou

emprunterdetitresdeDITavantl’exécutionduContratd’achatetpendantdeuxjoursouvrablesaprèstouteannoncepubliquedecelle-ciconvenued’uncommunaccord,etànepassignerdecontratoud’accorddanscesens; ilss’engagenten outre à prendre toutes lesmesures nécessaires afin de s’assurer que leursemployés,fondésdepouvoiretmandatairesquipeuventavoirconnaissanceouquipeuventprendreconnaissancedel’existencedelaprésenteLettred’Intentions’abstiennentd’acheter,devendre,deprêteroud’emprunterlesditstitres.»

Aproposdecetexemple,plusieursremarquesviennentàl’esprit.

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Auniveaudutextesource:- cetextetémoignedel’extrêmesouplessedelalangueanglaiseauniveau

desasyntaxe(ils’agiticid’untexteaméricain,nel’oublionspas).- le texte contient un des nombreux adverbes souvent rencontrés dans

cegenrede texte, à savoir«thereof»,outil elliptique trèspratiqueenanglaismaisquiexigeunecompréhensionparfaitedumessageoriginaldelapartdutraducteur.

- la structure du texte source est souvent lourde et même incorrecte(on attend une répétition de «will not» après «ensure that their employees...»).

- le texteoriginalcontientune idéeprincipale,«... agree that they will not buy.. any securities»,laquellecomprendunerelativeintroduitepar«and»(«will use ... of Intent»),ainsiqu’uneidéesecondairerenforçantl’idéeprincipale,«or enter into any agreement or understanding to buy, sell, lend or borrow...».

Auniveaudelatraduction:- on constate que le traducteur a «cassé» la phrase originale en deux

parties : la première partie contient l’idée principale du texte sourceaccompagnée de sa «sous-idée», la seconde reprend l’autre grandeidée.Cechoixpermetdemieuxfaireladistinctionentrelesdeuxidéesprincipales,quisechevauchaientdemanièrequelquepeuconfusedansletextesource.

- lefaitd’avoirplacé«avant l’exécution du contrat»aprèslesdifférentsverbes permet en outre d’éviter la confusion qu’aurait fait naître«s’engagent avant l’exécution du contrat».

Cetexemplemontrebienqueletraducteurprofitedecequiestaudépartunenécessité(ladéstructuration,ourecomposition)pourreformulerlemessagefinal afin, d’une part, de rendre celui-ci acceptable pour le destinataire de latraduction,et,d’autrepart,depermettreunecompréhensionparfaitementclairedumessagesanstrahisondutextededépart.

Ajoutonsenfinqu’entraductionjuridiqueplusqu’ailleurs,ilnefautjamaisclarifierlesambiguïtéséventuellementprésentesdansletexteoriginalaumomentdelatraduction.Celapourraitavoirpoureffetdedonnernaissanceàdesrèglesdedroitouàdesstipulationsquinesontpasprésentesdansletextededépart,avec toutes les conséquencesque celapeut avoirpour lesparties concernées.Commel’écritR.Greensteindanssonarticle«Sur la traduction juridique»parudans«Traduire»(N°171),lejournaldelaS.F.T.:«Le traducteur doit rester fidèle au document source ; il ne doit pas corriger les erreurs éventuelles, mais doit les signaler (...). Le rôle du traducteur n’est pas d’interpréter, mais il doit signaler par des notes les ambiguïtés et problèmes du texte d’origine».

(http://www.geocities.com/Eureka/office/1936/juri5.html)

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Document 3.

La formation des traducteurs juridiques Article de Jacques Pelage, enseignant à l’ESIT.

Amaconnaissance,latraductiondestextesjuridiquesestenseignéedanstroiscadresdifférents:desuniversitésoufacultésdedroit,desétablissementsformantàlatraductionjuridique,desécolesdetraducteursgénéralistes.Danslepremiercas,lesétudiantsnesedestinentpas,engénéral,aumétierdetraducteur;leurbagagecognitifs’acquiertaucoursdeleursétudesdedroit;l’accentdoitêtremissurlaconnaissancedelalangueétrangère.Mesproposneconcernentpascetypedeformation.Enrevanche,jem’intéresseraiauxdeuxautrescatégoriesdeformation,quisontcentréessurl’exercicedelaprofessiondetraducteur.Toutd’abord,jevoudraisaffirmerquelquesprincipes(I);ensuiteserontabordéeslesmodalitésd’applicationdeceux-ci,enfonctionducadredeformation(II).

I - Affirmation de quelques principesDans la formation à la traduction des textes juridiques, il me semble

essentield’appréhenderledroitnonpascommeunsimpleensembledenormessanctionnées par l’autorité sociale, mais comme un ensemble de disciplinesscientifiques dont certaines trouvent des applications en traductologie :philosophie du droit, linguistique juridique, herméneutique juridique, et, bienentendu,droitcomparé.Cesdisciplinesontcecidecommunqu’ellesabordentlesrelationsdelalangueetdudroit,lesdeuxpiliersdetoutesociétéhumaine,etqu’ellesmettentenévidencel’importancedel’interprétationdansletravaildesjuristes.

1 - Les relations du langage et du droit

Onacoutumededirequelelangageestleseulinstrumentdudroit.Toutjuristeestdonc,aumêmetitrequeletraducteur,unspécialistedulangage.Lelangagedudroitestacquisparlesjuristesenmêmetempsquelacultureetlatechniquejuridiques.Maisilcréechezlesnon-initiés,enraisonnotammentdesonlexiqueparfoisarchaïsantetdel’importancedesformesdanssonexpression,unsentimentd’étrangeté.C’esttoutcelaquel’étudiantentraductiondoitassimilerpourdevenirnonpasunspécialistedudroitmaisuninitié.

2 - Le droit, science de l’interprétation

Endroit,lepassagedugénéralauparticulieretl’inverses’accompagnenttoujoursd’unephased’interprétation:ils’agira,parexemple,desituerunfaitdans une catégorie juridique pour connaître les règles à lui appliquer, ou dedégager le sens d’undiscours écrit ouoral.Les étudiants en traductionn’ontaucunedifficultéàcomprendreunetelledémarche;ilsuffitquelesenseignantslesaidentàenprendreconscience.

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Enpartantdecesprincipes,l’enseignementdelatraductiondevraittoujourscomporter un cours d’initiation au droit englobant tous les aspects évoquésplushaut,cequin’estpastoujourslecas.L’acquisitiond’uneculturejuridiqueplusspécialisée,prendraitplace,quantàelle,dans lesmodalitésrelativesauxexercicessurdestextesjuridiques.

II - Modalités d’application des principes suivant le cadre de formation

L’acquisition d’une culture juridique spécialisée entrant dans le bagagecognitifdutraducteurdoitêtrefaiteàpartirdetextes:loisetrèglements,décisionsdejustice,actesjuridiques,articlesdoctrinaux.Leurexplicationdoitsefondersurledroitcomparé,enprenantcommeréférentiellalangued’arrivée.C’estlemoyendebienappréhenderlacomposanteculturelledel’originaletdefonderlaréexpressiondanslalangued’arrivéesurdescorrespondancesouéquivalencespuiséesdanslestextesderéférence.Ledroitestainsicompriscommeunsystème,danslequellesmotsrenvoientàdesinstitutions,quiformentl’ordonnancementjuridique.Lesaspectslinguistiquesnesontpasabsentsdecettedémarche:onconstatera,parexemple,quelevocabulaireduBGBestplustechniquequeceluiduCodecivilfrançais,maisaussiquedesnotionstechniquespeuvents’exprimeràl’aidedemotsdulangagecourant.

C’est dans le choix des domaines que je ferai des distinctions entrel’enseignementde la traduction juridiquedestinéauxgénéralistes et celuiquidoitêtredispenséauxfutursspécialistes.

1 - La formation des généralistes

Deuxerreurs sont souvent commises.Lapremière consiste à aborder latraductionjuridiquecommen’importequelletraductiontechnique;or,chaqueEtatasonpropresystème,intimementliéauxmoeursetàlaculturenationaleoulocale,etledroitn’apaslesréférentsuniverselsdelascience.Lasecondeestdefairedelatraductionjuridiqueunappendicedelatraductionéconomique;or,labasedudroitestunedisciplinenormative,tandisquel’économieestunesciencedel’observation.Latraductionjuridiquedoitêtreenseignéepourelle-même.Anoterque,siledroitestliéàl’économie,ill’estaussiàlatechnique,quiinclutdesnormesetdesréglementationsdontlaportéeestjuridique.

Lenoyaudel’enseignementdoitêtrelecontrat,basedudroitdesaffairesetdesrelationsinternationales.Queltraducteurgénéralisteoutechniquen’ajamaistraduitdecontrat?Enrevanche,ledroitdelafamille,lessûretésréellesetlaprocédurepénalesont,àmonsens,desfacteursdedispersion.

2 - La formation des traducteurs spécialisés

Certaines universités ont créé des DESS ou des diplômes particulierssanctionnant des étudesde traduction juridique enuneoudeux années.Dansces formations, tous lesdomainesdudroitdoiventêtreabordés.Enoutre, les

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connaissances thématiques doivent faire l’objet d’une évaluation particulière,c’est-à-direendehorsdesexercicesdeversionetdethème,saufpourlesétudiantstitulaires d’un diplôme sanctionnant deux années d’études de droit. Certainscentresspécialisésprocèdentd’ailleursdelasorte.

Enconclusion,laformationdetraducteursjuridiquesdoitêtrespécifiqueetaccorderuneplaceimportanteàlaconnaissancedessystèmesdedroit.Ellepeuts’insérersoitdansuncursusdeplusieursannées,enallantversunespécialisationcroissante,soitdansuncyclespécialisésupposantuneconnaissanceapprofondiedesinstitutions.Etpourquoinepasenvisagerdesspécialisationsdanslecadred’accordsentreétablissements?

(http://www.geocities.com/Eureka/office/1936/juri4.html)

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DOSSIER POUR LA CONFERENCE 10

Document 1.

LA TRADUCTION TECHNIQUE : LE TEXTE SOUS L’EMPIRE DE L’EXTRATEXTUEL

Mathilde Julie Livia FONTANETDépartementfrançaisdetraductionetdetraductologieÉcoledetraductionetd’interprétation(ETI)Genève,Suisse

1. LE TEXTE TECHNIQUE1.1. Définition

Lemot«technique»estprisiciausensétroit,correspondantàlapremièreacception qu’en donne leTrésor de la langue française1 : « qui concerne lesapplicationsdelascience[et]delaconnaissancescientifiqueouthéorique,danslesréalisationspratiques,lesproductionsindustriellesetéconomiques».Danslaprésentecommunication,relèventainsides«textestechniques»lesmanuelsde référence, lesbrochuresd’entretien, lesmodesd’emploi, les spécificationstechniquesettoutautredocumentàvocationopérationnelle.Nousnousappuieronsen outre sur une définition strictement fonctionnaliste du « texte technique »dans lamesureoùnous lecaractérisonspar sa seulemission, sansconsidérercommedéterminantqu’ilsoit leplussouventunemanifestationd’undiscoursspécialisé.Selonnous,letextetechniqueestpurementutilitaireencesensqu’ilvientrépondreaubesoind’informationsd’unlecteurdésireuxdemeneràbienuneopérationpratique(montaged’unemachine,applicationd’uneprocéduredemiseenservice,productiond’unepiècerépondantàcertainesexigences,etc.).Ainsi,dansnotreperspective,s’ilestgénéralementricheentermestechniquesets’ils’énoncevolontiersenlanguespécialisée,lestermesetlalanguespécialiséen’ensontpaslescaractèresdéfinitoires.

1.2. La fonction du texte techniqueLetextetechniqueviseàtransmettredesdonnéesobjectives(quantifiées,

qualifiées et ne relevant ni de l’opinion, ni du goût) à des lecteurs (ou«utilisateurs»)comptantagirefficacementdanslasphèreextralinguistique.Àlafoismiroiretvoied’accès,ilentretientainsiunerelationd’immédiatetéaveclaréalité,dontildoitêtrelerefletdirectetdanslaquelleildoitpermettred’exerceruneffetdirect.Encela,ilsedistinguedutextescientifique,quiad’ordinairepourvocationd’apporterdesconnaissancesoudeprésenterdeséléments à l’appuid’unethéorie.Si lesdeuxtypesdediscourssedoiventd’êtreprécis,concrets,logiquesetunivoques,letextescientifiquepossèdeunedimensionrhétoriqueetargumentativequiresteétrangèreaudiscourstechnique.

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1.3. Le rapport du texte technique à son destinataireLetextetechniquen’apasàjustifiersaprésence,niàpromouvoirsapropre

diffusion.Nulbesoinpourluidesefrayerunevoieverslepublic,dechercheràs’imposerparmilesautresdiscours.Ilvientrépondreàunedemandepréexistante,sansavoirniàlasusciter,niàl’entretenir:letechnicienconsultantsonmanueldeprocéduresn’apasd’autreoptionquede s’y référer.Aussi jamais le textetechniquenes’essaie-t-ilàlaséduction,l’argumentationoul’émotion.Jamaisilnerecourtàl’humour,l’identificationoul’esthétique.Ilrestedensedesens,seveutintégralementdénotatifetaffranchidetouteportéeconnotative.

1.4. L’auteur du texte techniqueAutreparticularité,letextetechniqueneseprésentepascommeleproduit

d’un«auteur».Ilsemblebienplutôtémanerdirectementdelaréalitétechnique,avoirétédictéparuneformedelogiqueuniverselle,sansavoirtransitéparunequelconquesubjectivité.Laplupartdesautrestextesdespécialitélaissententendreunevoix,entrevoirunprincipehumainàleurorigine.Lediscoursscientifique,parexemple,quiprocèdesouventdeladémonstration,suitunelignedepenséelogiqueetdéductivequ’ilmetenavantpourattestersacrédibilité,etmanifesteainsientouttempsuneintentionnalité.Demême,letextejuridique,quimarqueson appartenance à une élite par une syntaxe et des tournures archaïsantes,permetàsonauteurdesepositionnersocialement.Letextetechnique,lui,trouvesaforcedanssaneutralitéetsonobjectivité.

1.5. La forme du texte techniqueParcequ’iln’ad’autrevocationqued’informeretquel’informationqu’il

communiquenesauraitprêteràcontroverse,letextetechniquesefocalisesursonseulsens,subordonnanttoutaspectformelàlaseuleefficacitédumessage.SelonClaudeBédard, les textesquinous intéressentprésententunniveaude languequ’ilqualifiede«niveauusuel»,appartiennentauregistreneutre(parcequ’ilsnedéploientaucuneffet stylistique)etmarquent le«degrézérode l’écriture»(Bédard1986:166-168).Silaformedutextetechniquenecherchepasàcolorerlesens,maisuniquementàlemettreànu,sansjamaisledétournerduchemindelastrictesignification,etsielletendàsefaireoublierperse,ellen’enrestepasmoinslevecteuressentieldumessage.Saqualitésemesureàsaprécision,sa clarté et sa concision. Par voie de nécessité, le texte technique est le plussouventexprimédansune«languespécialisée»(ou«languedespécialité»),que Lerat définit comme procédant de « l’usage d’une langue naturelle pourrendrecomptetechniquementdeconnaissancesspécialisées»(Lerat1995:21)etcomptantparmisesexpressionscaractéristiqueslestermes,lesformulesetle«vocabulairedesoutien»(Lerat1995:3).L’usagedelaterminologieyestdictépardescontraintesd’univocité(facteuràlafoisdeclartéetdeprécision)etdeconcision.

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2. LA TRADUCTION DU TEXTE TECHNIQUE

2.1. La fonction du texte traduitLe texte traduit aune fonctionassimilableà cellede l’original.Ce sont

lesmêmesinformationsqu’ilviseàtransmettre,pourpermettred’exécuterlesmêmesgestesetdemeneràbienlesmêmesopérations.Toutcommel’original,il se destine avant tout à un«utilisateur» et se caractérisepar sanécessaireimmédiatetéavecla«réalité».

2.2. Le rapport du texte traduit à l’originalLe texte traduit entretient un rapport tout à fait paradoxal avec le texte

original.Commesoncentredegravitésesitueenquelquesorteendehorsdela langue, dans la seule « réalité technique », le traducteur peut, si celle-cil’exige,s’écarterlibrementdu«dire»del’original,sansmêmenécessairementchercheràs’appuyersur le«vouloirdire»de l’auteur : ildoitcommuniquerce que le texte « devrait dire » pour rester en adéquation avec sa portéeextralinguistique.Àl’ordinaire,l’originalaunevaleurabsolueetletextetraduitaunevaleurrelative.Danslecadredelatraductiontechnique,cependant,seullemondeextralinguistiqueaunevaleurabsolue,celledel’originalcommedesatraductionrestantentouttempsrelative.Aussileprincipedelafidélitéàl’égardde l’originalyest-ilatténué:si l’originalestmalrédigéous’ilcomportedeserreurs,letraducteuratoutelatitudepourintervenirpourréorganiserlaformeetcorrigerlesens.Àtitred’exemple,ilimportepeuquelatraductiond’unmoded’emploiemboîtelepasautexteoriginal.S’ils’agitdemonterunebibliothèque,l’essentielestquelelecteurreçoivedesinformationscorrectes,clairesetprécises.Enfinde compte, la qualité du travail du traducteur ne semesurera pas à safidélitéàl’égarddel’original,maisbienplutôtautempsquemettral’utilisateurpourexécuterlemontage.C’estprécisémentlaperspectivequ’adopteBarbaraFolkart, en soulignant que le discours technique est la manifestation la plusabsoluedelafonctionréférentielledelalangue.Selonelle(Folkart1984:229-230),latrajectoirequis’imposeautraducteurtechniquepartdelalanguesourceet passe par le référent extralinguistiquepour arriver à la langue cible, quitteà courtcircuiter le texte source pour partir directement du référent : la seulecontrainteformellequ’ildoits’assignerestdemaintenirlecaractèretransparentdutextepourgarantirsarelationd’immédiatetéaveclaréalitéqu’ildécrit.

2.3. La voix de l’auteur et celle du traducteurDansuneperspectivegénérale,s’élevantcontrelacroyancequela«voix

del’auteur»peutêtretotalementpréservéedansunetraductionsansquecelledutraducteurselaisseentendre,Folkart(1991:395-396)avanceque«lavoixquiparledans la traduction[…]estunesommededifférencesplusoumoinsminuscules,plusoumoinshétéroclites,unesériededissonancesintermittenteset

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fugacesanaloguesauxinterférencesacoustiques,battementsproduitspardeuxondesdefréquencerapprochée».Demême,TheoHermans(2002)faitvaloirquelatraductionnesauraitêtreassimiléeàunesimpleréénonciationdel’originaletpostulequetouttextetraduit,loind’êtreunereprésentationtransparentedutextesource,est,aumêmetitrequetoutautretexterapportémaisàplusforteraisonencore,nécessairementpluriel,décentré,hybrideetpolyphonique:ilestimprégnédelaprésencediscursivedutraducteur,quisemanifesteparunevoixdistincteet une position subjective – que Hermans appelle « la voix différentielle dutraducteur»ens’inspirantd’uneexpressiondeFolkart.Selonnous,latraductiontechniqueconstitueuneexceptionàcetégard.Letotalassujettissementdutexteàsavaleurréférentielleévincetantl’auteurqueletraducteurdeleurmatérialitédiscursive et fait taire la voix de l’un comme de l’autre.Hermans estime enoutrequelanaturepolyphoniquedelatraductiondécouleaussidufaitquesondiscoursrenvoienonseulementautextesource,maisaussi(parsoumissionoupartransgression)àdesnormesdetraduction,quiviennent«filtrer»lestextesqueproduisentlestraducteurs.Nousestimonscommeluiqu’unenormeprévautnécessairement dans toute forme de traduction. Dans le cas de la traductiontechnique, toutefois, celle-ci renvoie ànouveauà la réalité extralinguistique :lemode de dire est subordonné aumode de faire.Ainsi, dans une procédured’entretiencommedansunmoded’emploi,l’ordred’énonciationdesélémentsd’informationdevrasuivrelachronologiedesgestespréconisés.

2.4. La forme du texte traduitLa forme du texte traduit, comme celle du texte original, a pour seule

fonctionderecentrerletextesursonsens.Aussidoit-elleégalementsecaractériserparsaconcision,sasimplicité,sacohérenceetsaclarté.

2.5. Le processus de traductionLeprocessusdetraductiontechniquesecaractériseparuncalibragerépété

desincertitudes(pourseprotégerdesapriori,desévidencesillusoires,etdéfinirle travail nécessaire pour comprendre réellement le texte) et par la nécessitédeprocéderàdescontrôlesitératifsdecohérence(pourveilleràlacohérence,aussibieninternequ’externe2,del’interprétationdonnéeàl’original,puisàlacohérencedutextetraduit).Danslaphasedesémiasologie,letraducteurdoit:

- définirsesincertitudes(carc’estàcetteseuleconditionqu’ilpourralesgérer);

- déterminer le niveau de compréhension qui lui est nécessaire (il n’apar exemple pas besoin de comprendre le fonctionnement du tubecathodiqueduseulfaitquelemottélévisionfiguredansuntexte);

- procéderaurepéragedesunitéssémantiquesetterminologiques;- entreprendre les recherches terminologiques et documentaires qui

s’imposentpourleverlesincertitudes;

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- contrôlerlacohérence(internecommeexterne2)delacompréhensiondutexteoriginal(contrôledescohérencesinterneetexterne).

Danslaphased’onomasiologie,letraducteurdoit:- déterminerledegrédeprécisionquerequiertledestinataire;- trouverlaterminologieadéquatepourrestituer(oudumoinstransmettre)

lesens;- opterpouruneformeadéquate(univoque,claireetconcise);- contrôler le sens (contrôle de la cohérence, tant interne qu’externe2

du texte traduit) et la forme (contrôle orthographique, syntaxique etterminologique).

Le traducteur technique cherche d’abord à extraire tous les élémentsd’informationquerecèlel’original.Ilsolliciteaussisesconnaissancesgénéraleset spécialisées, de même que son savoir terminologique. Si ceux-ci sontinsuffisants, il entreprend des recherches documentaires et terminologiques.À cet effet, il s’adresse à des spécialistes ou consulte des encyclopédies, desglossaires et d’autres ouvrages de référence. Il peut également s’appuyer surdescorpusde textespertinents.De fait, laproximitéentrediscours techniqueetréalitéextralinguistiquefaitquelaconnaissancedecettedernièrepeutpasserparlaconsultationdestextesfiablesquis’yrapportent.Lescorpuspertinents,danslamesureoùilssontassimilablesàdesmanifestationsdirectesdelaréalitétechnique,sontdesûresréférencespourétablirtantlesensquelaterminologie.Ils permettent au traducteur de trouver les termes dans leur environnement«naturel»etcontribuentdoncutilementàlarésolutiondeplusieursproblèmespropresàlatraductiontechnique.

3. LES DIFFICULTÉS INHÉRENTES À LA TRADUCTION TECHNIQUE

3.1. Le repérage des termesOn se méprend souvent sur les difficultés inhérentes à la traduction

technique,qu’on tend à ramener àunproblèmede recherche terminologique,alors que celle-ci peut le plus souvent se mener à bien sans problème. Ladifficultépremièrerésideenfaitsouventdansl’identificationdestermes,qu’ilfaut nécessairement repérer avant d’entreprendre de résoudre les problèmesqu’ils entraînent.Or, comme le fait valoir JuanSager (2000 : 47), le profanepeut prendrepourun termecequ’un spécialiste considère commeunmotdelalanguegénéraleet,inversement,prendreuntermepourunmotordinaire.Ilestparfoisdifficilededistinguerlalanguegénéraleetlalanguespécialisée,carcelle-ciutilisevolontiersdestermesspécialisésentremêlésdemotsordinaires.Si les composés savants formés à partir de racines grecques ou latines sontrelativementfacilesàreconnaître,lestermessyntagmatiques,plusfréquentsdufaitdeleurflexibilitéformelleetsémantiqueetdeleurproductivité(Kocourek

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1991:151),posentdavantagededifficultés.Deplus,certainsmotsdulexiquegénéralpeuventprendreuneacceptionparticulièreenlanguespécialisée.Enfait,leplusardupeutêtrenonpasdetrouverlatraductiondestermes,maisdelesdéfinir dans la chaîne syntagmatique et d’établir comment celle-ci s’articule.Prenonsl’exempledutitred’undocumentduCERN(Organisationeuropéennepourlarecherchenucléaire),SupplyoffineblankedausteniticsteelcollarsforthecoldmassesoftheLHCsuperconductingdipolemagnets.Pourmeneràbiensatâche,letraducteurdoittoutd’abordétablirdesliensentrelesmots,enappariercertainsetenvisager toutes lespossibilitésavantd’enécarter lepluspossible.Defait,quellessontlesunitésàprendreencompte?S’agit-ildesteelcollarset,danscecas,austeniticvient-ilqualifiercollarsousteel.Demême,l’adjectiffines’associe-t-ilàblankedouqualifie-t-ildirectementcollarsousteel?

3.2. Les différences de plages sémantiques entre les languesUne autre difficulté réside dans la différence qui peut exister entre le

découpagesémantiqueprévalantdanslesdeuxlanguesdetravail.Parexemple,lestroisphrasesquisuiventontététiréesd’unmêmetextesurlafoudre(trouvésur le site de la BBC3). Or, le terme lightning, qui apparaît trois fois dansl’original,nesauraitêtretraduitparlemêmemotdanslestroiscas:

1)Wenowknowthatlightningisanelectricaldischargefromcumulonimbusclouds.

2)First,thelightningtravelsveryrapidlytowardstheEarth,butisquitefaint.

3)Aslightningisseenandthunderheard,lightningtravelsatthespeedoflight,andthunderatthespeedofsound.Danslapremièrephraselightningestdéfinientantquephénomène,celuid’unedéchargeélectriqueprovenantd’uncumulo-nimbus. C’est le phénomène de la foudre.Dans la deuxième phrase,ilestindiquéquele(oula)lightningsedéplacetrèsrapidementverslaTerre,maisn’estquefaiblementlumineux.Àl’évidence,letraducteurnesauraitdoncopter pour « foudre ».Une recherche documentaire permet d’établir qu’il nes’agit encorequed’unedécharge atmosphérique, autrement appelée« traceurdescendant»ou«précurseur»quiestuncanalionisésedéveloppantdunuageverslesol.

Dans la troisième phrase, enfin, il est fait référence à la manifestationvisuelledelafoudre–autrementdit,àl’éclair(quis’opposeiciautonnerre,lamanifestationauditive).

3.3. L’impossibilité de s’appuyer sur des connaissances préalablesLorsdelalectured’untextestandard,lapréconnaissancedudomainepermet

au destinataire de procéder à des interprétations (le plus souvent spontanées)quiviennentcompenserdesambiguïtésdu texte.Uncertainflougrammaticaln’estainsisouventpasmêmeperçucommetel,carlechampdespossibilitésest

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Ana GUŢU THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION

considérablementréduitparl’éliminationspontanéedetouteslesinterprétationsen rapport d’incohérence avec la réalité extralinguistique. Inconsciemment,toutlecteur(ettouttraducteur)faitintervenirunepartimportantededéductionetd’inférencepourétablir,àpartird’unénoncéquelconque, lesensqu’ildoittransmettre.Ainsi, dans la phrase suivante, la syntaxe anglaise, parce qu’elleautorise à ne pas donner lamarque du pluriel au premier élément d’un nomcomposé, entraîneune incertitudepourquiconquene connaît pas le contexte.Magnet training is the critical stage. Ici, aucune ressource terminologique,ni même documentaire ne pourra permettre de conclure s’il convient detraduirelaphrasepar«L’accommodationdel’aimantestl’étapedélicate»ou«L’accommodationdes aimants est l’étape décisive ».Un autre problème seposedansl’expressionsuivante:Ourklystroncannotbecomparedwithotherpremium-gradeklystrons.

Il est fait référence à « d’autres klystrons ». Or, selon la grammaireanglaise, il peut soit s’agir d’autres klystrons, qui sont eux aussi de qualitésupérieure, soit d’autres klystrons qui se trouvent par ailleurs être de qualitésupérieure.Ànouveau,seuleuneconnaissanceducontexteserasusceptibledeleverl’ambiguïté.

Enfin,outreleproblèmebienconnudes«fauxamis»,letraducteurdoitfairepreuved’unevigilancetouteparticulière.Pourreprendreunexempled’unetraductionanglais-français,laphrasesuivanterisquefortd’êtremaltraduitepartoutfrancophonenecherchantpasàsereprésenterlasituation:The purpose of combustion is to rotate the rotor around the chamber. Sachantquelaprépositionaroundsignifieleplussouvent«autourde»,latentationsera grandedetraduirele texte par « La combustion a pour effet de faire tourner le rotor autour dela chambre»–unetraductionfautive,carlerotorsetrouveenl’occurrenceàl’intérieurdela chambre.

CONCLUSIONEnraisondustatutparticulierdutextetechnique,quisedoitd’êtreunreflet

delaréalitéextralinguistique,lorsdel’interprétationdutexteorignal,letraducteurnedevrapass’attacheràrestituer«cequ’avouludire»l’auteur,mais«cequ’ilauraitdû»écrirepourquelesenscorrespondeàcetteréalitéextralinguistique.Cettepolarisationdutextesur«l’extratextuel»adesincidencestrèssensiblessurlesprincipauxparamètresdelatraduction:lefiltragedel’informationestainsitoutautrequedansunesituationoùilimportedereproduiredeseffetsstylistiques(quiexigentdeseconcentrersurlejeudesévocationsetsonoritésdutexte),oude reproduireuncontenusémantiqueempreintdesubjectivité (car ilconvientalorsdecommuniquerlemessageprécisqueveuttransmettrel’auteur).

(http://perso.univ-lyon2.fr/~thoiron/JS%20LTT%202005/pdf/Fontanet.pdf)

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THEORIE ET PRATIQUE DE LA TRADUCTION Ana GUŢU

VOLUMES DU MÊME AUTEUR:

• Le français en tests et exercices de grammaire, Chişinău, ULIM, 1997;

• Curriculum de limbi străine : ciclul gimnazial (Curriculum des langues étrangères : cycle gymnasial), (en collaboration), Chişinău, 2000 ;

• Curriculum de limbi străine : ciclul liceal (Curriculum des langues étrangères: cycle lycéen), (en collaboration), Chişinău, 2000 ;

• L’aspect systémique et fonctionnel des antonymes, monographie, Chişinău, ULIM, 2000 ;

• Dulce lacrimă de dor (Douce larme nostalgique), recueil de poèmes, Chişinău, Syrius, 2000 ;

• Poésies pour les petits, recueil bilingue de poésies pour les enfants, Chişinău, Syrius, 2003 ;

• Certains problèmes de théorie, empirisme et didactique des langues, recueil d’articles scientifiques, Chişinău, Syrius, 2004 ;

• Exégèse et traduction littéraire, méthode de formation en traduction littéraire, Chişinău, 2005;

• Sistemul de gestionare a calităţii la Universitatea Liberă Internaţională din Moldova (Le système de gestion de la qualité à l’Université Libre Internationale de Moldova), Chişinău, ULIM, 2007.