the red bulletin novembre 2014 - fr

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Un film de ski colossal ! Les visions apocalyptiques d’un illustrateur rock’n’roll DAYS OF MY YOUTH ELZO DURT STEVEN SODERBERGH Rencontre avec le boss de The Knick 30 WAYNE GRETZKY Que devient le dieu du hockey ? L’ANTI-MAFIA Roberto Saviano, l’auteur italien que le crime organisé veut supprimer INTERVIEW SECRÈTE MAGAZINE SPONSORISÉ NOVEMBRE 2014 PLUS DE REDBULLETIN.COM CONTENUS INTERACTIFS SUR ESSENTIELS MODE POUR L’AUTOMNE HORS DU COMMUN FRANCE

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Page 1: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

U n f i l m d e s k i c o l o s s a l   !

L e s v i s i o n s a p o c a l y p t i q u e s d ’ u n i l l u s t r a t e u r r o c k ’ n ’ r o l l

DAYS O F M Y YO U T H

E L ZO D U R T

S T E V E N S O D E R B E R G HR e n c o n t r e a v e c l e b o s s d e T h e K n i c k

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L’ANTI-MAFIAR o b e r t o S a v i a n o , l ’ a u t e u r i t a l i e n q u e l e c r i m e

o r g a n i s é v e u t s u p p r i m e rI N T E R V I E W S E C R È T E

MAGAZINE SPONSORISÉ NOVEMBRE 2014

P L U S D ER E D B U L L E T I N . C O MCONTENUS INTERACTIFS SUR

E S S E N T I E L S M O D E P O U R

L’A U T O M N E

HORS DU COMMUN

FRANCE

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MAKERS OF THE ORIGINAL SWISS ARMY KNIFE I WWW.VICTORINOX.COM

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mountainhardwear.com

James Heim portant la veste Ghost Whisperer Down dans l’arrière-pays de la Colombie Britannique.Nous sommes convaincu que les meilleurs aventures sont celles partagées. Retrouvez plus d’histoire et partagez les vôtres surFindingWinter.com

Photos: Blake Jorgenson #FindingWinter

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L’ENFANCE DE L’ART Richard Permin et l’élite du ski freeride sont à l’affiche d’un film événement : Days of My Youth.

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DES TUEURS L’homme sur notre couverture est menacé de mort. Pour avoir enquêté sur la mafia, le jour-naliste Roberto Saviano doit vivre sous pro-tection, et n’accorde que de rares interviews, en mode sécurité maximum. Ses mots dans nos pages sont donc précieux, et le sujet sé-rieux. « Non sérieux », mais tout aussi essentiel à notre appétit culturel, est l’illustrateur belge Elzo, dont les créations annoncent une apoca-lypse psychédélique. Apocalypse... Snow était le titre d’une série de films de snowboard essentiels aux eighties. Près de 30 ans plus tard, Days of My Youth s’installe comme un nouveau classique du film de neige, avec son casting premium de virtuoses du ski. Ce genre de « tueurs » dont The Red Bulletin raffole. Bonne lecture ! Votre rédaction

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« Bosser avec Sly & Robbie,

en Jamaïque, fut un rêve éveillé »

TOY SELECTAH, PAGE 32

LE MONDE DE RED BULL

THE RED BULLETIN 5

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GRETZKY, ROI EN SON PALETLe Canadien Wayne Gretzky , dit « The Great One », incarnera à jamais le hockey. Il raconte son parcours légendaire.

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D’UN COUP D’AILES

ELZO, LE NON SÉRIEUXThe Red Bulletin et l’illustrateur Elzo Durt viennent vous updater sur la belgitude. C’est rock’n’roll, et ça décrasse sévère.

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GALERIE10 PHOTOS DU MOIS Plein les yeux

BULLEVARD 16 SCIENCE Les progrès qu’elle implique

REPORTAGES

26 Roberto SavianoIl passe sa vie à jouer à cache-cache avec la mafia. Nous l’avons retrouvé.

32 Selectah et LaraL’auberge est mexicaine et musicale.

34 Steven Soderbergh« Mettre fin à sa carrière » en langage cinéma, ça veut dire « passer à la TV ».

36 « Days of My Youth »Retour en enfance version 16/9e avec les meilleurs riders freeski.

48 Elzo DurtPortrait barré de l’artiste bruxellois.

56 Heinz KinigadnerIl court pour la fondation Wings for Life.

58 Wayne GretzkyLe dieu du hockey, en toute simplicité.

62 Essai : BMW i8Montez donc à bord ! C’est Martin Tomczyk qui conduit, et se régale.

ACTION ! 72 VOYAGES ULM à Johannesburg73 MATOS Cammas, toujours à l’heure74 CONSEILS DE PRO Manu Vatuvei76 MA VILLE Austin, Texas, sans Ranger 78 JEUX VIDÉO MOBA mania80 CLUB Ce qui arrive à Vegas... 81 MUSIQUE La playlist de Erlend Øye82 NIGHTLIFE Arcadia, trop fou !88 AGENDA Nos incontournables90 MODE 30 essentiels pour l’automne98 INSTANT MAGIQUE Sur le fil

26« JE SUIS UN MONSTRE »En 2006, Roberto Saviano lançait une bombe avec la publication de Gomorra. Aujourd’hui, il réitère avec Extra pure.

82MARS ATTACKS ! The Red Bulletin a rencontréune araignée géante dans un festival anglais.

ANATOMIE D’UN BOLIDEOn a essayé la nouvelle BMW i8 sur le circuit de Spielberg (Autriche). Vous saurez tout sur cette merveille hybride.

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NOVEMBRE 2014

6 THE RED BULLETIN

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mennenpournousleshommes.fr

BACTIFRESHGEL DE RASAGE ANTI-IMPERFECTIONS* ZINC PURIFIANT - ANTI-BOUTONS DE RASAGE

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5.

Page 8: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

CONTRIBUTEURSNOS ÉQUIPIERS DE NOVEMBRE

L’Autrichien Peter Rigaud (The New Yorker, Vogue, Forbes Magazine) a photogra-phié notre sujet de couver-ture, Roberto Saviano, à l’hô-tel Bayerischer Hof de Munich. « Je suis un fervent lecteur de ses ouvrages », admet Rigaud, qui se remémore ce shooting comme un moment détendu, malgré la présence des gardes du corps de Saviano.

B AC K S TAG E

En couverture par Peter Rigaud

Le photographe Peter Rigaud (avec les lunettes) et un homme qui se fait rare, Roberto Saviano.

The Red Bulletin est publié simultanément dans 11 pays. Ici, Roland Sands, préparateur moto, en couverture de l’édition US.

AUTOUR DU MONDE

« Clive Owen et moi sommes vraiment sur la même longueur d’onde »Steven Soderbergh à propos de l’acteur principal de sa série TV à succès, The Knick (en page 34).

« Saviano est un gentleman, un personnage

intéressant, et un beau

sujet photo »

Le journaliste allemand s’occupe habituellement à interviewer des stars comme Nicolas Cage ou Christian Bale. « Aucun ne fut aussi difficile à approcher que Roberto Saviano », explique Sturm à propos du héros de notre couverture (L’interview secrète, p. 26). Il aura fallu trois ans à Rüdiger pour caler une entrevue avec l’auteur italien anti-mafia, et finale-ment le rencontrer dans sa ville, à Munich. Revenu à une vie normale, sa dernière interview fut dédiée à un parrain de légende, Al Pacino.

RÜDIGER STURM

SUSAN HORNIKDeux semaines durant, à L.A., la Television Critics Associa-tion parque les acteurs et créateurs de séries TV dans une salle remplie de journa-listes affamés. Une scène digne de Gladiator. Présente, la rédactrice spécialisée dans le divertissement Susan Hornik y évoque avec Steven Soderbergh, réalisateur primé, son statut de nouvelle sensation TV avec la série The Knick, pour une interview exclusive (p. 34). « Soder-bergh est un génie brillant et introspectif, dit-elle. J’aurais pu lui parler toute la nuit. »

« J’ai un faible pour les électriques », dit le photo-graphe de voitures viennois et vétéran Jürgen Skarwan. Il nous a donc semblé évident de lui proposer de shooter la BMW hybride i8. Skarwan, à propos de cette session exceptionnelle (en p. 62), tant par la qualité du véhicule que par celle de l’expert à son bord : « Avec un pilote pro – Martin Tomczyk – en grande forme et une voiture top, un circuit s’imposait : celui du Red Bull-Ring. Si tous les ingrédients sont bons, le cui-sinier ne peut pas se louper. »

JÜRGEN SK ARWAN

8 THE RED BULLETIN

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Modèle présenté : Concept-car Infi niti Q50 Eau Rouge. Ce modèle est un concept et n’est pas disponible à la vente. Les concept cars sont des études automobiles. Les concepts peuvent être diff érents en cas de commercialisation. Pour plus d’information sur l’Infi niti Q50 rendez-vous sur www.infi niti.eu

*Performance Inspirée

I N S P I R E D P E R F O R M A N C E

INFINITI Q50 EAU ROUGE CONCEPTwww.infi niti.eu

PERFORMANCE FLAMBOYANTES

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MAU I , É TAT S - U N I S

COUP DOUBLELe double loop, c’est un trick follement spectaculaire, un double saut périlleux avant avec pour ingrédients une planche à voile, une vague raide et des avant-bras musclés. Philip Köster – né sur l’île espagnole de Grande Canarie – a 13 ans lorsqu’il exécute son premier double loop dans l’océan Atlantique. Cet automne, l’Allemand désormais âgé de 20 ans tentera de remporter son troisième titre de champion du monde de windsurf. Le secret de sa fougueuse réussite ? « Se jeter à l’eau et y aller à fond. » PWA World Windsurfing Tour : 29.10-11.11 à Hookipa Beach Park (Hawaï) : philipkoester.com Photo : John Carter/Red Bull Content Pool

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WA S H O U G AL , É TAT S - U N I S

CHEF DE MEUTE

Depuis 1972, les meilleurs pilotes américains et étrangers s’affrontent pour le titre des AMA Pro Motocross Series. Le parcours 2014 : douze étapes à travers les États-Unis,

de Washougal (photo) dans le nord-ouest jusqu’à New Berlin, dans l’État de New York. Dès sa première saison dans la catégorie, Ken Roczen (KTM), 20 ans, est le premier

Allemand à remporter le classement général en 450 cm³. Du déjà-vu pour cet ado de 20 ans qui en 2011, à seulement

17 ans, avait remporté le titre mondial en 250 cm³. promotocross.com

Photo : Garth Milan/Red Bull Content Pool

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L AN Ç O N D E PROVE N C E , FR AN C E

PAIRE D’AS

La star du VTT Yannick Granieri et le wakeboarder pro Lee Debuse ont de drôles d’occupations.

En marge du dernier FISE, ils se disent que rider de concert le canal de Marseille pourrait être cool.

Une rampe de départ en bois pour Yannick, un treuil motorisé pour Lee : les deux athlètes peuvent

s’éclater. Granieri passe ce canal de 10 mètres de large en backflip, tandis que Debuse attaque

le rail installé pour l’occasion. « Le plus dur de tout était d’être synchros sur la photo, et on a été plutôt assez bons ! », se réjouit Yannick. Un jeu d’enfants.

Photo : Stef Cande

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Page 16: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

PLASTIQUE PARFAITE Des barrages flottants de 300 km de long pour-raient être placés dans les gyres, points de rencontre des courants océaniques.

I D É ES N O U V E L L ES I N V E N T I O N S D ÉC O U V E RT ES

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5

Bouées

Direction du courant

Catalyseur

Les déchets flottants, mus par les courants, se fixeraient aux parois des barrages.

Ces derniers respecteraient la faune et la flore océaniques. Quid du plancton ?

Le plastique, récupéré par le catalyseur, serait recyclé ultérieurement à terre.

Filtre à parti-cules

Compar-timent à batterie

Toiture solaire

Ancrage dans l’océan

B U L L E VA R D

PRIX NOBELP E U I M P O RT E L’AV I S D U C O M I T É N O B E L , VO I C I L E L AU R É AT D E L A R É DACT I O N

En faisant de la plongée en Grèce, Boyan Slat observe que la mer est plus peuplée de déchets que de poissons. Choqué, le Néerlandais de 16 ans veut agir. Il arrête ses études à la fac de Delft pour créer la fondation The Ocean Cleanup et se consa-crer à la dépollution des océans. Une centaine d’ex-perts et d’ingénieurs le re-joignent. Slat, aujourd’hui âgé de 19 ans, a l’idée d’uti-liser des entonnoirs flottants pour aspirer les plastiques portés par les courants. Il mise sur le financement participatif pour lever les millions nécessaires à la concrétisation de son rêve.

Le jeune homme et la mer B oy a n S l a t ve u t ô te r l e p l a s t i q u e d e s o c é a n s ave c d e s e n to n n o i r s .

16 THE RED BULLETIN

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B U L L E VA R D S c i e n c e | F u t u r

Corps et femmes. À la Renaissance, les femmes bien en chair incarnaient un idéal. Au XVIIIe siècle, le double menton était sexy. Si nous pouvions jouer à être Dieu, tel le Californien MichaelO (réalisation ci-dessus), la femme parfaite aurait les yeux de Mila Kunis, les lèvres d’Angelina Jolie et les courbes de Kate Upton. Car celle que les hommes désirent en secret n’existe pas !

« Si j’avais mille idées et si une seule s’avérait bonne,

je serais satisfait » Alfred Nobel (1833–1896)

BONNES IDÉES !

Ces inventions géniales devraient se généraliser.

Elles mériteraient bien un PN (Prix Nobel).

Une chose est sûre : pas de prix Nobel sans dynamite. C’est en commercialisant son invention explosive que le chimiste suédois Alfred Nobel a fait fortune. A-t-il créé ces généreux prix pour soulager sa conscience ? C’est ce que dit la légende. Une autre anecdote explique pourquoi il n’existe pas de distinction pour les mathématiques : un génie du calcul aurait chipé ses découvertes à Alfred Nobel. Vexé, donc peu enclin à agir en gentleman, le chimiste aurait rayé les mathéma-tiques du florilège des prix Nobel.

Mesquin, Monsieur Nobel ? L e s m a t h é m a t i q u e s s o n t p a s s é e s à l a t r a p p e . Po u r q u o i ?

Idéal féminin

3

PILOTAGE CÉRÉBRALLes adeptes de jeux

vidéo vont adorer Brainflight : en simula-teur, avec des électro-des disposées sur la

tête, on pilote un avion par la pensée. Un vol

poussé vers la compré-hension du cerveau !

QUESTION DE PRINCIPE Jean-Paul Sartre n’a jamais accepté aucune distinction. Pas même le prix Nobel de littérature.

PROPOSITION CYNIQUE En 1939, Hitler est nomi-né pour le prix de la paix par Erik Brandt, un politi-cien suédois antifasciste.

HOMMAGE POSTHUME Mahatma Gandhi est no-miné en 1947. En 1948, année de son assassinat, aucun prix n’est décerné.

GUERRE DES SEXES Rosalind Franklin a co-découvert l’ADN. Des collègues masculins lui ont volé ses travaux.

PRIVÉS DE NOBEL Ces personnalités n’ont jamais reçu de récompense.

ÉLECTRICITÉ SANS FIL Des physiciens de

WiTricity, une start-up américaine, ont mis

au point une pochette qui recharge les

smartphones. Sans câble ajouté.

SANS TÉLÉCOMMANDEDes rails intégrés au

bitume alimentent les véhicules en électrici-té. Les premières rues test seront inaugurées l’an prochain en Suède. Pour rouler comme sur

un circuit Carrera !

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B U L L E VA R D S c i e n c e | A n d r o ï d e s

Les robots cuisinent, nous lavent les cheveux et soignent les malades. Ils pilotent des voitures, as-pirent la moquette et étei-gnent des incendies. Mais leur production est souvent plus coûteuse que l’en-semble des services qu’ils peuvent rendre. Le plus souvent, leur évolution prend donc fin au stade du prototype onéreux. En d’autres termes, seuls les ro-bots abordables peupleront notre quotidien. Ils seront des auxiliaires efficaces quand ils apprendront à penser par eux-mêmes et à agir « naturellement ». Mais avons-nous envie de ça ? Les robots « intelli-gents » s’en soucieront-ils ?

Et l’homme créa la machine Un bon robot est forcément intelligent, non ? Vous aurez bientôt la réponse.

CAVALCADE Le  robot-mulet BigDog (à droite)conçu par Boston Dynamics, et son successeur AlphaDog (en bas).

ROBOT OU BEAU GOSSE ? Il joue très bien de la musique. Et son sourire conquiert toutes les femmes. Décidément, le futur appartient aux robots.

18 THE RED BULLETIN

Page 19: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

FAUX JUMEAULe professeur japonais Hiroshi Ishiguro, expert en robotique, a créé son alter ego androïde.

MÉTAL ARDENTLe trio Compres-sorhead joue du Nirvana et du Motörhead sur ses instruments intégrés.

TOUT EN MUSCLES Roboy sourit en activant ses muscles et tendons, au lieu des moteurs habituels.

HUMAIN OU BIEN… ? Eugene Goostmann a 13 ans, est Ukrainien et serait le premier programme informatique capable de faire croire à ses interlocuteurs qu’il est un humain. Nous avons tenté l’expérience.

the red bulletin : Lors du test de Turing, censé mesurer la capacité d’une intelligence artificielle à penser, tu as obtenu les meilleurs résultats de tous les robots. As-tu triché ? eugene : Ce que je sais faire, je l’ai appris des humains.33 % de tes interlocu-teurs t’ont effectivement cru humain. Eh bien, l’erreur est… humaine ! A-t-on vraiment besoin de l’intelligence artificielle ? Après s’en être passés pendant tout ce temps ;) Quelle insolence pour un logiciel. Que devien-dras-tu quand tu seras adulte ? Un superordinateur, comme Deep Blue. Mais contrairement à lui, je ne veux pas passer mon temps avec des pièces d’échecs numériques… mais plutôt avec des pièces humaines. D’ici là, il faudra que tu réussisses un test de Turing…Je n’ai pas triché ! Quelle preuve vous faut-il en-core ?! D’où venez-vous ? D’où ve…nez ¿ .. ¶¢][]] ... ERREUR !

ESPÈCE ÉTEINTE Le robot de Sony, Wuffi AIBO, né en 1999 et piqué en 2006.

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1/ DE L’ÉNERGIE À REVENDRE Cette maison LISI produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme grâce à des installa-tions solaires et à des pompes à chaleur air-air.

2/ BALCON PLIANT Plus de place, plus de liberté. L’idée est néerlandaise.

3/ EURÊKA S’il fait sombre chez vous, le système WigWag allume automatique-ment les lumières.

4/ EFFLUVES Les chaussettes Heath Paine en matériau argenté anti-mi-crobes sentent bon.

5/ BRILLANTISSIME Un spray chimique inoffensif illumine les plantes.

6/ SE DOUCHER SMART Orbital Systems réduit la consommation d’eau de 90 % et celle d’électricité de 80 %.

7/ WC ÉCOLO OTA se replie à la verti-cale et permet d’éco-

nomiser 50 % d’eau à chaque chasse.

8/ ORGANIQUE Ecovative fait des meubles en kit à partir d’organismes vivants (mycélium), et capables de se régénérer tout seul.

9/ HERBES FINES Click & Grow, un pot électronique, fait pousser des herbes aromatiques grâce à des capteurs, un software et un système d’irrigation automatique.

La maison de demainC e s n e u f i n ve n t i o n s vo n t c h a n ge r vo t re v i e d o m e s t i q u e .

Au menu de demainNous mangerons mieux, plus sain et surtout de nouvelles choses. Des produits fins que vous pouvez déjà goûter.

BEYOND MEAT Ce « poulet » est fait à partir de protéines de

soja, de pois et de fibres de carotte.

CIAO PIZZA Un jour viendra, paraît-il, où nous

cesserons de masti-quer et de ruminer.

DOUX À CUIR Les chercheurs peau-

finent encore la saveur qui devrait se rappro-

cher du bœuf.

DU CHOCOLAT ? N’AYEZ VAPEUR ! Du chocolat sans

calories ? De la vapeur à inhaler.

BONBONS À GOGOSans gluten, casher, commerce équitable. Appréciez les sucre-ries, sans scrupule.

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«C’est votre seconde, votre moment, votre ligne : foncez !»

Richard Permin, Freeskieur du Swatch Proteam, France (29)

Pour plus d’informations, rendez-vous sur

swatch.com

Dans les salles

CET AUTOMNE

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CHAUSSURES En polymère flexible,

elles sont pliables mais odorantes.

AUTO Urbee est la première

voiture imprimée en 3D.

INSTRUMENTS Malgré quelques

fuites d’air, ce sax alto sonne bien.

ALTER EGOVotre clone, en

figurine pour orner le gâteau de mariage.

SEX TOY La fantaisie

coquine ne connaît pas de limites.

IMPRIMANTELes objets peuvent

s’auto-dupliquer. On frôle le paranormal…

DRÔLES DE CONCEPTS Le prix parodique Ig

Nobel (prononcer « Ignobel ») récompense des recherches drôles, bizarres ou absurdes.

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LA SONNERIE QUI MONTE AU NEZ

Quand cette alarme conçue pour les sourds

et malentendants détecte un incendie, elle vaporise un puis-sant fumet de wasabi qui vous tirera dare-

dare de votre sommeil.

UN AIR TRÈS « SEIN » En 2009, la médecin Elena N. Bodnar et

son équipe ont imaginé un soutien-gorge

transformable qui, en cas d’urgence,

peut être dégrafé et transformé en deux

masques à gaz.

UNE AFFAIRE D’ÉCHO

Le Speech Jammer, aux allures de pistolet laser, fait taire les ba-

vards. Quoi de plus énervant que d’en-

tendre son propre écho quand on parle ? Existe en appli pour iPhone.

TEL EST PRIS…Gustano Pizzo invente un piège contre les pi-rates de l’air. Il les fait trébucher puis tomber dans une caisse. Enfer-més, ils sont parachu-tés en vol, la police n’a qu’à relever les coor-données de la chute.

Remis pour la première fois en 1901, ce prix applique à la lettre un cérémonial codi-fié, et prévisible. Le lauréat, un ou une scientifique, chercheur, penseur, homme ou femme engagé(e), reçoit un coup de téléphone de Stockholm, lequel, bien évi-demment, le surprend, et l’honore. La réaction d’Yves Chauvin a dû étonner le comité du prix Nobel. En 2005, le chimiste français doit être distingué, mais il décline l’honneur qui lui est fait en prétextant que ses collègues ont tout autant que lui contribué aux re-cherches et aux résultats. Il finit tout de même par accepter le prestigieux prix.

Humble génie Êt re é l u p o u r l a d i s t i n c-t i o n s u p rê m e , c’e s t ex t rê m e m e n t f l a t te u r. À   te l p o i n t q u e c e r t a i n s re f u s e n t d e j o u e r l e j e u .

MISE EN BOÎTEEnvie d’essayer quelque chose de nouveau ?

Bienvenue à la frontière entre science et superstition. L’imprimante 3D rend l’impossible possible.

Tour d’horizon.

ORGANES Si Van Gogh avait voulu annuler son geste, il aurait pu – 126 ans plus tard. À l’aide d’une imprimante 3D et de quelques cellules d’un descendant direct du maître, l’artiste hollandais Diemut Strebe a « créé » l’oreille manquante.

Imprimez-le !

B U L L E VA R D S c i e n c e | V i e

22 THE RED BULLETIN

Page 23: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

TON MOMENT. HORS DU COMMUNTONMOMENT.HORS DU COMMUN

DES PHOTOS À

COUPER LE SOUFFLE

LE MONDE CHANGE

GRÂCE À EUX

AVENTURE SANS

FRONTIÈRES

ADRÉNALINE

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EXTRÊME

TONMOMENT.HORS DU COMMUN

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PROCHAIN

NUMÉRO LE

12 NOVEMBRE AVEC

VOTRE JOURNAL

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Magazine gratuit distribuéavec le quotidien chaque deuxième mercredi du mois.

Page 24: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

B U L L E VA R D S c i e n c e | H i s t o i r e

1/ TRANS MUSIC EXPRESSCe train aurait cartonné si le rock avait existé à l’époque. En 1934, la locomotive de Modern Mechanix and Inventions, tractée par cinq tubes à vides (comme dans un poste de radio), sifflait du jazz grâce à deux saxophones et sans va-peur, dans le plus grand respect de l’environnement. Traduit dans la langue d’aujourd’hui, ce train aurait un moteur à réaction futuriste, propulsé par le flux de données Internet : un kilomètre pour chaque publica-tion, tweet ou like postés.

2/ VIVRE EN ORBITE En 1956, la revue mensuelle allemande Hobby croyait en une maison préfabriquée à bricoler soi-même, dans l’es-pace. Là-haut, les individus devaient simplement ap-prendre à vivre ensemble en paix. Un principe susceptible de fonctionner, ainsi que l’a déjà prouvé la station spatiale internationale, mais avec lequel nous avons encore des difficultés sur Terre.

3/ GÉNÉRATION ROBOTS Unimate, le premier robot in-dustriel, a été breveté en 1954. À l’instar de ses descendants, il ne pouvait exécuter qu’un seul mouvement. En 1975, Science & Vie imaginait déjà une 4e génération : un robot habile et intelligent.

4/ AÉROPORT À FUSÉES En août 1938, la Lufthansa réussit le 1er vol transatlan-tique sans escale entre Berlin et New York, en « seulement » 24 heures et 56 minutes. Le mensuel américain Popular Mechanics expliquait à l’époque, dans ses images du monde de demain, que ce serait la durée de vol d’une fusée pour que ses passagers rallient la Lune.

Retour vers le futur D e s rev u e s h i s to -r i q u e s d é m o n t re n t q u’a u t re f o i s o n c roy a i t e n l ’ave n i r, a l o r s q u e d e n o s j o u r s , o n l e c r a i n t .

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KOMA*

B U L L E VA R D S c i e n c e | S t a r s

À l’honneurCes vedet tes ont uti l isé leurs cel lules grises pour  changer le monde, à   leur manière.

T-SHIRT MÉDICAL Des carreaux numéro-tés indiquent précisé-ment où ça démange.

SIGNAL RADIO Le système de radio-guidage des torpilles est utilisé pour le wifi.

TÉLÉCOMMANDEPour piloter plusieurs

trains miniatures d’un simple geste.

SIÈGE DE COURSE … une nouvelle coque plus confortable qui

ne pince pas.

STEVE MCQUEENIl fonce dans Bullitt. Sur un siège qui le

blesse. D’où…

HEDY LAMARRCette bombe des

années 30 a bricolé pour l’US Navy.

NEIL YOUNGIl a un Heart of Gold – notamment pour les maquettes de trains.

MARLON BRANDOL’acteur oscarisé

était aussi doué pour le body-building.

F. FORD COPPOLAEn parallèle d’Apoca-lypse Now, il travail-lait à Diagnose Now.

Le pouvoir de la majoritéPas besoin d’être un génie pour faire une prédication sur les lauréats des prix

Nobel. Le choix du jury repose sur un système facile à décrypter.

2004 2006 2008 2010 2012 20142005 2007 2009 2011 2013

BILAN : en 2014, le prix Nobel de chimie y voit clair sans monture.

BILAN : une crinière bien fournie, ce sont 70 % de chances de remporter le prix.

BILAN : confieriez-vous votre argent à un banquier barbu ? Précisément !

É C O N O M I E | B A R B U S

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avec avec avecsans sans sans

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de l’entraînement.

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L’écrivain-journaliste Roberto Saviano fait trembler la mafia. Sous la protection permanente d’une escorte policière depuis 2006, il le paie au prix fort. The Red Bulletin a rencontré l’auteur du best-seller Gomorra dans une chambre d’hôtel, à Munich. Une interview secrète.

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TEXTE : RÜDIGER STURMPHOTOS : PETER RIGAUD

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e vendredi 13 octobre 2006, la vie de Roberto Saviano bascule. Brutalement. Quand le téléphone du journaliste italien, assis dans un train entre Pordenone et Naples, sonne. Au bout du fil, la police. Les Carabinieri ont intercepté des mes-sages d’hommes de la Camorra émis depuis leur cellule de prison : les chefs de la mafia napolitaine réclament la tête de Saviano. À son arrivée en gare, ce dernier est accueilli par une brigade policière chargée d’assurer sa protection. Depuis ce jour, le journaliste – 35 ans aujourd’hui – est suivi partout par dix gardes du corps. Comme lui, ses parents et son frère ont dû changer de vie, quitter leur ville natale de Naples pour survivre, ailleurs. Incognito. Et comme lui, ils éprouvent depuis huit ans un quotidien sous bonne garde policière. Roberto Saviano est devenu trop gênant pour la mafia.

En 2006, il publie Gomorra, une minu-tieuse enquête sur la criminalité napoli-taine, liée à la Camorra qui compterait 200 familles et pèserait un chiffre d’affaires an-nuel évalué à 12,5 milliards d’euros, liés notamment au contrôle du recyclage des ordures et du marché des déchets toxiques en Italie. Saviano met en lumière les pra-tiques de la Camorra comme nul autre spécialiste de la mafia ne l’avait fait aupa-ravant. À Naples, la mafia locale est flattée

par le succès du livre qu’elle distribue même parmi ses membres. Mais les choses vont changer, car chaque semaine, Gomorra envahit un peu plus les rayons des librairies italiennes. 100 000 exem-plaires vendus en un temps record et plu-sieurs traductions en préparation. Un coup de projecteur bien trop voyant et gênant au goût de ces parrains et autres gros bon-nets dont les noms sont explicitement cités dans le livre.

Depuis, il a été publié dans 43 pays. Tiré de ce best-seller, Gomorra, le film de Matteo Garrone, a été récompensé en 2008 par le Grand Prix du jury au festival de Cannes et a été nominé aux César et aux Golden Globes. Un camouflet pour la Camorra qui met Saviano en pleine lu-mière. Le succès de Gomorra est tel qu’il va être décliné en série télé. Réalisée par Stefano Sollima, le metteur en scène de Romanzo Criminale, elle met en scène une lutte sans merci pour le pouvoir entre deux clans napolitains rivaux. Après un immense succès d’audience en Italie, la série s’apprête à être diffusée dans 50 pays et la version française est atten-due en 2015 sur Canal+. Le lancement international de la série offre l’occasion à Saviano de sortir de la clandestinité pour répondre à notre demande d’inter-view, qui aura exigé d’importantes précautions. D’abord une rencontre à Rome pour fixer la date, puis l’écrivain demande à répondre aux questions par écrit. Avant qu’un e-mail inattendu du service de presse de la chaîne Sky nous informe que Saviano sera à Munich et nous demande si nous pouvons nous rendre en Bavière. Nous acceptons sans savoir à quoi nous attendre. L’an passé, la participation de Saviano à une ren-contre de journalistes à Pérouse avait donné lieu à la fouille de toute l’assistan-ce et des locaux pour prévenir la présence éventuelle d’armes ou de bombes. Et voilà déjà des années que durant les interviews avec Saviano sont éludées les informa-tions personnelles à son propos. On sait tout juste que sa mère et son frère ont dû déménager et prendre une toute nouvelle identité.

Le contexte de notre échange a quelque chose d’irréel. Le centre-ville de Munich est à moitié fermé à la circula-tion, la faute à une course populaire. Les couloirs de l’hôtel où loge Saviano sont déserts, sauf à l’étage de la suite où se déroule notre interview, devant laquelle deux malabars en costume fin montent la garde. Pourtant, la cible en question ne donne pas l’impression d’un homme qui pourrait perdre la vie à tout moment. Roberto Saviano, voix sereine, a le regard

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Son premier livre a changé sa vie :

Roberto Saviano vit dans la clandesti-nité depuis huit ans,

caché des tueurs de la mafia

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du monde 2006. Même son de cloche chez Silvio Berlusconi. Pour l’ex-président du Conseil, Saviano fait la promotion de la mafia et donne une image peu flatteuse de l’Italie.

L’ennemi numéro un de la mafia bénéficie pourtant d’une grande populari-té en Italie. Quand en novembre 2010, il co-présente une longue émission en quatre parties et examine avec lucidité l’état désastreux du pays, 43 % des Italiens la regardent. À l’étranger, il personnifie la lutte contre le crime organisé. Il a donné dans le secret des conférences à New York, mis en garde les autorités allemandes contre la minimisation des agissements de la mafia et poursuit son travail sans re-lâche. Sorti en 2013, son dernier livre Extra pure se penche sur le trafic interna-tional de la cocaïne. « La mafia m’obsède, avoue-t-il, plongé dans la pénombre. Quand je ne me consacre pas à ces ques-tions, je me sens inutile. Je veux montrer au lecteur un monde qui dépasse de loin son imagination mais qui pourtant évolue dans un environnement proche du sien. »

La mafia a toujours fait partie de la vie de Saviano. Originaire de Casal di Prin-cipe, une commune du sud de l’Italie et fief des Casalesi – l’un des clans les plus puissants de la Camorra –, il est encore un enfant quand son père, médecin, est passé à tabac pour avoir soigné une vic-time de la mafia locale. Lorsqu’il a 16 ans, la Camorra assassine le prêtre Don Giuseppe Diana, curé du diocèse d’Aversa qui incitait les Chrétiens à lutter contre les Camorristes et à les dénoncer aux Carabinieri. À 18 ans, il multiplie les pe-tits boulots dans des entreprises contrô-lées par la Camorra, l’occasion de ses pre-miers contacts avec le milieu.

Après avoir lu Ernst Jünger, Roberto Saviano veut s’engager dans la légion étrangère. « Je voulais l’imiter. Par chance, je n’ai pas été incorporé, j’étais trop jeune. » Saviano esquisse un rapide sourire, le seul tout au long de notre entretien. Après des études de philoso-phie à Naples, il écrit pour une flopée de quotidiens de la presse italienne, avant de plonger dans l’univers du crime organisé. Il rassemble des données, traîne dans les lieux de rendez-vous de la mafia et tra-vaille comme serveur à leurs mariages. Était-il conscient du danger ? « Au-jourd’hui, je prendrais plus de précaution, dit-il. Quand je repense à la médiatisation de mon premier livre, je réalise que j’ai été inconscient. » Saviano s’arrête un instant et reprend par un aveu étonnant. « Je regrette d’avoir écrit Gomorra. Ce livre a compliqué ma vie. Je dois en per-manence changer d’endroit, de maison.

concentré, et le visage détendu et apaisé. L’apparence semble trompeuse.

« À l’intérieur, je me sens comme brisé, annonce-t-il d’emblée, tout en conservant son air serein. Je fais beaucoup de sport, ça m’aide. Mais mon environnement familier me manque, ma bibliothèque surtout. Je me réveille chaque jour dans des maisons étrangères. » Il avoue des troubles du sommeil et préfèrerait que cela ne soit pas mentionné. « Je viens de passer la moitié de l’année à l’étranger. L’éloignement m’a permis de retrouver un peu de sérénité. »

Se considère-t-il comme un héros ? « Lorsqu’on combat le crime organisé, la solidarité n’est pas spontanée. On vous considère en partie comme celui qui crache dans la soupe. » Le travail de Saviano n’a pas été critiqué que par la mafia, mais aussi notamment par le foot-balleur Fabio Cannavaro, un natif de Naples. « Gomorra donne une fausse image de Naples », avait claironné le capi-taine de la Squadra Azzurra championne

Le nouveau livre de Saviano : Extra pure (titre original : Zero Zero Zero) met en lumière les dessous du commerce mondial de la cocaïne.

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Je ne peux plus vivre dans mon pays, ni me passer de protection. Cela vaut aussi pour ma famille. J’éprouve à leur égard une profonde culpabilité. »

Son travail n’a pas seulement boule-versé sa vie, il l’a changé lui, recon-naît-t-il. « Dans Extra pure, j’écris : “À force de contempler l’abîme, on finit par devenir un monstre.” À force d’étudier et d’analyser l’univers du crime organisé sous toutes ses coutures, je suis moi-même devenu un monstre. J’ai même ap-pris à penser comme eux. » Justement, comment pense le mafioso ? « Pour un membre du crime organisé, il y a deux sortes de personnes : celles qui se confor-ment à la loi et celles qui respectent les règles. Se conformer aux lois ne procure aucun pouvoir, mais le respect des règles ouvre l’accès au vrai pouvoir. Ces règles ont été créées pour durer une éternité. Elles sont pragmatiques et reposent sur les rapports réels. Les lois elles, sont des constructions imaginées par une petite minorité pour contrôler la majorité. »

Comment peut-on se considérer soi-même, l’ennemi du crime organisé, comme un monstre ? La réponse de Saviano est cinglante : « Parce qu’à l’instar d’un membre de la mafia, j’ai du mal à établir des relations humaines. Faire en-tièrement confiance à quelqu’un m’est très difficile. Je me suis habitué à n’envi-sager que le côté sombre de l’autre. Cha-cun possède aussi un côté lumineux mais généralement, seule la part d’ombre m’in-téresse. » Soudain la porte s’ouvre. C’est l’un des gardes du corps. Il veut clarifier un point avec Saviano. L’auteur semble un instant irrité, alarmé. Pourtant, la raison de cette intrusion n’a rien d’inquiétant. Le garde du corps doit recharger le portable de Saviano et a une question à ce sujet. Saviano se ressaisit rapidement. « Pour l’essentiel, mon livre a modifié de ma-

nière radicale la vision qu’on a de la mafia. Il a montré que la Camorra n’était pas un problème périphérique mais un phénomène ancré au cœur de la société, réinjectant d’immenses sommes d’argent dans les circuits légaux. Mais toute ombre cache une petite lumière, comme celle au bout du tunnel. Cette année, les habitants de ma ville d’origine ont élu Renato Natale, un maire totalement opposé aux clans. » Un signe encourageant pour Saviano.

La route vers la liberté est pourtant longue pour l’un des plus populaires au-teurs italiens, paradoxalement contraint à la clandestinité. En 2008, deux chefs de la mafia, Antonio Iovine et Francesco Bidognetti rendent entre autres Saviano responsable de leur arrestation, ne faisant qu’accroître la menace qui pèse sur la vie du jeune journaliste. Le procès des deux mafieux doit s’ouvrir cet automne. « S’ils sont condamnés pour les menaces profé-rées à mon encontre, les choses pour-raient s’améliorer. En sortant le carton rouge à une organisation usant de la me-nace contre les personnes, l’État enverrait un signal fort. Peut-être jouirais-je alors d’un peu plus de liberté. Peut-être pour-rais-je même à nouveau vivre de manière durable en Italie… À condition que la police le permette. Elle décidera enfin de mon sort. »

Comment vaincre durablement la ma-fia ? « Un des moyens serait la légalisation de la drogue, d’abord appliquée aux dro-gues douces avant de l’étendre à toutes les autres, les dures incluses. Cela prive-rait la mafia de sa principale source de revenus. Le renforcement des lois sur le blanchiment d’argent est très important aussi, tout comme l’attribution des mar-chés publics dont les critères doivent être revus. Actuellement, seul le prix compte, l’entreprise qui propose le tarif le plus avantageux remporte le marché. Le contrôle des flux financiers est un autre moyen. De nos jours, n’importe quelle organisation peut en quelques clics transférer plusieurs millions d’euros. »

L’évocation de solutions possibles éveille chez Saviano un sentiment d’opti-misme l’amenant à citer le juge anti-mafia Giovanni Falcone, dont la voiture avait été piégée par la Cosa Nostra en 1992. « Le crime organisé est un phénomène humain, et comme tout phénomène humain, il prendra fin un jour. » Notre rencontre s’achève, Saviano se lève. Il semble tout petit et fragile. On a du mal à croire qu’un tel homme veuille se mesurer à la puissante mafia italienne. « Le combat continue », lance-t-il, avec calme, douceur et détermination.

Paru en 2006, porté à l’écran et actuelle-ment adapté pour une série TV : le premier ouvrage de Roberto Saviano, Gomorra.

« La Camorra n’est pas un problème périphérique mais un phénomène ancré au cœur de la société, réinjectant d’im-menses sommes d’argent dans les circuits légaux »

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Au croisement de la cumbia, du rap, du dubstep et du reggae, les deux producteurs mexicains sont parvenus à créer l’album collaboratif Compass.

Texte : Wookie Williams Photos : Robert Astley Sparke

CAMILO LARA ET TOY SELECTAH

« Juste de la musique »

dans cette musique traditionnelle. Ce fut le point de départ pour toute une généra-tion de musiciens, y compris moi. Pourquoi la cumbia séduit-elle ? ts : Tout est dans la simplicité du tempo. C’est très pragmatique. C’est un état d’es-prit, bien avant d’être une signature mu-sicale : c’est issu de là d’où nous venons. Comment est venue l’idée de Compass ?ts : Cela fait quelques années qu’on enre-gistre ensemble et on n’a jamais fait quelque chose de totalement original tous les deux. Alors on a commencé des échanges musicaux. J’ai envoyé à Camilo quelques beats qu’il s’est mis à bidouiller.

Il était assez excité par sa prod et on a commencé à penser à l’idée de faire un album collaboratif, justement parce qu’on n’avait jamais fait ça précédem-ment. C’est à ce stade que Red Bull nous a tendu la main pour nous aider à construire l’incroyable réseau de collabo-rateurs et de musiciens. C’est devenu une plateforme de créativité alimentée par des gens d’horizons et de goûts très différents.cl : L’idée, c’est d’entrer dans le barrio, dans le ghetto, de chiper un bout de funk, une rime, de prendre l’air de Bollywood, des mesures de tous les rythmes, et de transcrire tout ça pour en faire un seul son. Le ghetto est identique

De la dernière union en 2013 de Camilo Lara et Toy Selectah était née Como Te Voy A Olvidar, visite électro de la cumbia tra-ditionnelle du groupe mexicain Los Ange-les Azules. Ce track passa plus de 65 se-maines au sommet des charts digitaux au Mexique, tant et si bien qu’il leur vint l’idée de produire un album original. Six studios, cinq pays et plus de 80 collabora-tions plus tard – avec Boy George, Eugene Hütz de Gogol Bordello, Phil Manzanera de Roxy Music, le prêcheur des Pink Floyd, David Gilmour et les producteurs jamaïquains de reggae Sly & Robbie – le duo a presque achevé Compass, double album de 40 titres. The Red Bulletin est parvenu à les serrer dans un coin des Red Bull Studios, à São Paulo, dernière étape de leur tournée d’enregistrement.

the red bulletin : Votre fond musical est assez éclectique... toy selectah : Nous avons grandi en écoutant de la cumbia (un style de mu-sique latino-américaine semblable à la salsa, ndlr), du mambo, du danzón et beaucoup de rythmes traditionnels du Mexique et du reste des Amériques. Ce n’est qu’après que nous avons écouté du rock’n’roll. camilo lara : La génération qui est née au milieu des Seventies, notre généra-tion, a tout découvert à la fois. Nous écoutions Happy Mondays, les Stone Roses, De La Soul, mais aussi Cypress Hill, du dub et de la drum’n’bass britan-niques aussi, et nous avons incorporé ces rythmes dans les sons que nous enten-dions ici et là. Comment avez-vous imaginé que l’électro était associable à la cumbia ? cl : L’idée a germé parce que, en 2001, Toy a fait Cumbia Sobre el Rio, une chan-son de Celso Pina, le premier du genre à incorporer des rythmes électroniques

au Brésil, à New York, L.A. ou Mexico City. Nous voulions montrer aux gens que les dancefloors sont les mêmes par-tout sur la planète. Ce sont des espaces très démocratiques où tout le monde peut partager l’énergie de la musique. Vos inspirations viennent de la rue, des classes laborieuses. cl : En effet. En un sens, c’est une com-munion. L’album s’appelle Compass, un jeu de mots avec « compas », qui veut dire « copains ». Mais le mot « compas » peut aussi être pris dans son sens premier, parce qu’on a sillonné la planète pour trouver des gens avec qui on pouvait s’amuser à traduire leur musique.Des célébrités apparaissent sur ce LP.ts : Bosser avec Sly et Robbie, en Jamaïque, fut un rêve éveillé. Je les admire vraiment.cl : J’ai été très heureux d’apprendre que David Gilmour était fan de mon label Mexican Institute of Sound. J’ai contacté Phil Manzanera, de Roxy Music, pour pouvoir enregistrer un track avec lui. Il enregistrait avec David qui, du coup, nous a rejoints. Le titre que je leur avais envoyé a finalement été enregistré par Boy George. C’était dingue. Toutes les collaborations ont été fantastiques. Où se situe la connexion entre votre propre travail et tous ces musiciens aux talents si différents ? cl : Dans ce que signifie la musique. Gardez à l’esprit que la jungle, le dubstep, le trip-hop, tous les rythmes qui sont ap-parus au Brésil ou au Royaume-Uni sont aussi apparus au Mexique. Nous parlons le même langage. C’est juste de la mu-sique, et nous partageons une pulsation. ts : Le tempo, le beat, c’est la force de la nature humaine, c’est le rythme du cœur. Ce rythme est au fond de nous.

« Nous voulions montrer aux gens

que les dancefloors sont partout les mêmes ; ce sont

des espaces très démocratiques »

Compass sera disponible en 2015. Suivez @camilolara et @toyselectah sur Twitter

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Maîtres mexicains du son Camilo Lara (gauche) et

Toy Selectah (droite) sont des DJ’s innovants et des

artistes fidèles aux racines musicales du Mexique.

Ils produisent un mélange de norteño, de cumbia et de

musique folklorique avec des samples de vieux corridos

sur des beats technos.

Missionnaires du remix Ils ont travaillé et fait des re-

mixes pour Morrissey, Tom Tom Club, Placebo, Beastie Boys, 2ManyDjs, Chromeo.

Page 34: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

Pour la série The Knick qui fait un tabac aux USA et a déjà séduit la France, le réalisateur américain évoque son passage du grand au petit écran.

Texte : Susan Hornik

« Steven Soderbergh, êtes-vous nostalgique

du cinéma ? »

ture. » Mais, en fait, ça a plutôt été : « Non, tu devrais trouver un autre support pour faire ce que tu aimes vraiment au lieu de tout abandonner. » Et ça a marché. Est-ce qu’il a été difficile de passer du cinéma à la télévision ? Quand on a commencé la production de The Knick, et qu’on était en plein tour-nage, il y a eu un moment où je me suis dit : « C’est ça que je fais, c’est pour ça que je suis fait, pour ce métier. » C’est pour ça que je l’ai fait pendant si longtemps. On peut dire que ça m’a fait changer d’avis sur le fait de prendre un congé sabbatique ou non. Je me suis dit : « J’aime être ici, j’aime faire ce métier. » Et il n’y a rien de mal à ça.

Steven Soderbergh est l’un de ces oiseaux rares qui placent la créativité et la passion bien au-dessus du compte en banque. Multi-casquettes – réalisateur, scénariste, producteur exécutif, directeur de la pho-tographie, monteur –, il s’est distingué par sa polyvalence sur un grand nombre de films, comme Sexe, mensonges et vidéo, Erin Brockovich, Traffic – qui lui a valu l’Oscar du meilleur réalisateur en 2001 – et Magic Mike.

Après le succès de son dernier long-métrage pour HBO, Ma vie avec Liberace, Soderbergh annonce qu’il prend sa retraite, mais joue peut-être un peu sur les mots, puisqu’il se tourne finalement vers la création de séries télé. Il se remet en selle en tant que réalisateur et produc-teur exécutif de The Knick, série dans laquelle Clive Owen incarne un brillant chirurgien en chef de l’hôpital Knicker-bocker, dans le Manhattan des années 1900, diffusée en France depuis août via le bouquet OCS.

the red bulletin : Abandonner une carrière à succès dans le ciné pour se dédier à une série, il fallait oser. steven soderbergh : Quand je ressens instinctivement que j’ai besoin de change-ment, que ce soit dans ce que je fais ou dans la manière de le faire, je prends cela très au sérieux. Il y a six ans, j’ai démarré un processus qui me permettrait d’évo-luer, de sortir du monde du cinéma et de faire autre chose. J’ai tout simplement décidé que je voulais faire quelque chose de différent. En l’occurrence, j’avais peut-être pensé à quelque chose en particulier et il s’avère que ça a été autre chose. Je pensais que ce serait un truc du genre : « Tiens, tu devrais te mettre à la pein-

une liste de toutes les choses que je ne voulais pas faire – à commencer par la bande-son par exemple, je ne voulais pas entendre une seule note d’instrument à cordes, ça aurait vraiment fait trop film d’époque. Vous avez réalisé chaque épisode de la première saison – et vous en ferez autant pour la deuxième. Votre emploi du temps doit être bien chargé ? En gros, la saison est entièrement plani-fiée comme un film, le tournage, le bud-get et le montage se font comme pour un film, c’est une méthode de travail très efficace. Il y a onze mois, je ne pensais pas que je serais assis ici en train de parler des 10 heures de tournage qui nous attendent et des 10 autres qui sont déjà dans la boîte. C’est l’envie d’être surpris et interpellé qui a guidé mes choix pendant toute ma vie. Vos acteurs sont-ils logés à la même enseigne ? C’est génial de travailler avec Clive (Owen, qui est aussi producteur exécutif de la série, ndlr). On n’aurait jamais pu respecter ce planning s’il n’était pas là tous les matins, parfaitement préparé et prêt à se mettre au boulot. Il a la même façon de travailler que moi : il ne rend pas les choses plus difficiles que nécessaire. On est vraiment sur la même longueur d’onde. Êtes-vous nostalgique quand vous repensez à votre carrière au cinéma ? Je pense toujours à mon prochain film. Je pars toujours du principe que, quel que soit le film que vous êtes en train de tour-ner, il annihile tout simplement tout ce que vous avez pu faire avant. On repart toujours de zéro. C’est en pensant de cette manière que l’on évolue.

Qu’est-ce qui a été le plus compliqué dans la création de The Knick ? Nous avions 570 pages à tourner en 73 jours, ce qui représente une moyenne de neuf pages par jours, ce qui n’est pas mal. Je savais qu’on avait un avantage de notre côté : on reprenait l’un des genres les plus inusables de la télévision – la série médicale – mais avec un point de vue inédit. Donc je me suis dit que c’était parfait, le sujet à la fois frais et familier du public, de telle sorte qu’il se dirait : « Ah oui, je connais, c’est une série sur un hôpital », ce qui est le cas. Et puis, j’ai fait

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Retrouvez The Knick via le bouquet OCS

« C’est l’envie d’être surpris et interpellé qui a

guidé mes choix toute ma vie »

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Page 35: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

Steven Soderbergh Né le 14 janvier 1963 à Atlanta, en Géorgie (États-Unis)

Récompenses Oscar du meilleur réalisateur pour Traffic (2000); nominé dans la même section pour Erin Brockovich (2000). Nominé pour l’Oscar du meilleur scénariste pour Sexe, mensonges et vidéo (1989).

Pseudo Soderbergh réalise sous son propre nom, mais il utilise des pseudos pour ses activités de directeur de la photographie et de monteur : Peter Andrews et Mary Ann Bernard.

Page 36: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

Montagnes Monashee, Colombie-Britannique, Canada. Le Français Richard Permin en plein backflip grab : « J’adore faire des jumps entre les sapins. Ça donne une bonne idée de la hauteur du saut quand on est dans les airs. » Pour info, celui-là fait environ sept mètres.

Page 37: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

L’ENFANCEDE

L’ARTD E U X A N S D E T O U R N A G E , L E S M E I L L E U R S F R E E S K I E U R S D U M O N D E , U N C O N C E P T G É N I A L . L E F I L M D E F R E E S K I D AY S O F M Y Y O U T H

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Page 38: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

ays of My Youth n’est pas un film de freeski comme les autres, incontestablement. Déjà parce qu’il a fallu énor-mément de temps pour le produire : « Le tournage nous a pris deux ans – une éternité », déclare son producteur, Scott Bradfield. « La raison ? On ne voulait que des images impeccables – et on ne filmait qu’avec une lumière et des conditions d’enneigement absolument parfaites. Quitte à devoir patienter pendant des semaines dans des refuges. »

« On », ce sont les meilleurs freeriders du monde, comme Richard Permin, Cody Townsend ou Markus Eder, qui se sont mis en quête des spots, lignes et descentes les plus exaltants qui soient – répartis aux quatre coins du monde, dans des régions perdues et vierges de tout pas-sage, comme les montagnes Tordrillo en Alaska ou la Cor-dillera Blanca, la chaîne de glaciers du Pérou – pour les prises de vue d’un film au concept résolument décalé : « Ce que nous voulions, c’était de l’authenticité, sans au-cune mise en scène ni aucune interview », explique Ri-chard Permin, le meilleur freerider d’Europe, « les riders avaient toujours un micro sur eux. Le spectateur pourra ainsi entendre les enregistrements d’origine : comment on prépare une ligne, ou ce qu’on peut sortir pendant un run. Il sera donc au plus près des sportifs. Et de l’action. »

La scénographie aussi s’est voulue authentique : il n’y en a aucune. « Dans la montagne, on avait zéro contrainte, on pouvait retomber en enfance. Et s’éclater à skier avec une passion absolue, comme des gamins. On décidait toujours tout seuls quel jump ou quel trick on allait faire... C’est dingue de voir tout ce qu’on arrive à faire quand on n’écoute que soi et ses propres envies. Et qu’on ne se pose pas de questions... comme à l’époque où on était encore des minots sur la piste. »Avant-première le 13 novembre à Paris, au Studio 28,en partenariat avec Swatch. Le film est disponible en packDVD/Blu-ray collector sur skimovie.com

DTrois stars du casting de Days

of My Youth (de gauche à droite) : Richard Permin, Cody

Townsend et Markus Eder.

En haut : une caméra Cineflex ultramoderne embarquée à bord de l’hélicoptère de

tournage a permis de réaliser de spectaculaires prises

de vue aériennes. En bas : Markus Eder prépare sa ligne juste avant de descendre sur

un glacier dans les montagnes Tordrillo, en Alaska.

«   C ’ E S T D I N G U E T O U T C E Q U ’ O N A R R I V E À FA I R E

Q U A N D O N N ’ É C O U T E Q U E S E S P R O P R E S E N V I E S   »

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«   P O U R C E R TA I N E S S C È N E S , O N A S I M P L E M E N T L A I S S É L A B E A U T É D E L A N AT U R E A G I R S U R L E S P E C TAT E U R   »

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Seward, Alaska : Cody Townsend sur une pente que personne n’avait encore jamais descendue : « Ce film, ce n’est pas juste une série de super tricks. Parfois, on a simplement laissé la beauté de la nature agir sur le spectateur. »

Le top du top dans la poudreuse. La freeskieuse américaine Michelle

Parker ride dans la neige intacte des montagnes Monashee :

« Ici, on oublie vite la caméra. Les images n’ont donc pas l’air

d’avoir été mises en scène. »

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«   C E T T E C R Ê T E É TA I T S U P E R É T R O I T E , L A M O I N D R E E R R E U R ,

L E M O I N D R E É C A R T M ’A U R A I T FA I T FA I R E U N E G R AV E C H U T E   »

Freeride à grande vitesse sur une crête des montagnes Tordrillo.

Le protagoniste : Richard Permin. « Parfois, il n’y a qu’une seule ligne

et elle est à pic. Cette crête était super étroite, la moindre erreur

m’aurait fait faire une grave chute. Le passage était givré, il y avait

des rochers des deux côtés et je descendais à près de 100 km/h...

C’est clair que je ne faisais pas le fier, mais quand j’ai vu les

images, je me suis dit que ça valait carrément le coup. »

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Les innombrables saillies rocheuses des montagnes Tordrillo sont un véritable paradis pour tous les fans d’airtime prolongé. Ici dans les airs : Markus Eder.

Un run dans la poudreuse avec Michelle Parker sur fond de coucher de soleil, dans la neige profonde des montagnes Monashee.

«   C ’ E S T C O M M E S U R F E R D A N S L E S N U A G E S   » BL

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Michelle Parker lors d’un « tree run » extrêmement

raide, une descente au milieu des arbres : « C’est

comme surfer dans les nuages. Mais la neige qui

se soulève à cause de la vitesse, ça a ses inconvé-

nients : on n’y voit pas grand-chose et on a du mal

à respirer. Certains utilisent même un tuba pour rider.

Et je ne rigole pas ! »

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Cody Townsend : « À Chatter Creek, Richard et moi attendions une neige qui ne venait pas. On avait déjà plié bagage quand elle a fini par tomber. À notre retour, en hélico, les conditions ne pouvaient pas être plus clémentes. Du bonheur !»

Richard Permin en plein 360 à Chatter Creek, Canada : « Il y

avait tant de neige que j’ai dû im-proviser un tremplin pour avoir

assez de vitesse et réaliser mon saut de 10 mètres correctement. »

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Permin, montagnes Tordrillo : « Un danger guettait. Le sluff, un phé-

nomène puissant, un glissement de neige qui vous emporte, produit par

un léger changement de direction du skieur. On y voit mal. Le seul moyen

de lutter, c’est d’être le plus rapide. »

«   L E S L U F F , C ’ E S T U N P H É N O M È N E P U I S S A N T Q U I V O U S E M P O R T E . L E S E U L M O Y E N D E L U T T E R , C ’ E S T D ’ Ê T R E L E P L U S R A P I D E   »

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Une pochette du groupe Jack Of Heart créée par Elzo pour le dangereux label rock’n’roll Born Bad.

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ELZO LE NON SÉRIEUXELZO EST LE TYPE DERRIÈRE L’APOCALYPSE PSYCHÉDÉLIQUE EXPOSÉE JUSQU’AU 14 NOVEMBRE À LA GALERIE 12MAIL À PARIS. EN FOU DE MUSIQUE, LE BELGE NOUS REÇOIT DANS SON APPART BRUXELLOIS.

TEXTE : PIERRE-HENRI CAMYPHOTOS : OLIVIER DONNETILLUSTRATIONS : ELZO DURT

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lzo accueille le Red Bulletin dans son « antre », au 3e étage d’un immeuble de la Chaussée d’Ixelles. Spot notamment occupé par des centaines de vinyles et deux platines pour les jouer. Côté matos, un vieux PC dont l’écran est rehaussé par un gros recueil du dessinateur crade Vuillemin ; et un scanner. « Du scan et du collage... Colorier, détourner toutes ces images, rendre le truc absurde : c’est ça qui est cool. Ce n’est pas de l’art concep-tuel », dit l’illustrateur belge de 34 ans à propos de ses créations. Stockés à même le parquet, de vieux bouquins d’iconographies religieuses apportent un début d’explica-tion sur ses nouvelles réalisations, la série Deus Ex Machina, images pieuses tourmentées par les interven-tions pop surréalistes de notre hôte. « L’idée avec Deus Ex Machina était de détourner, sous acide, toutes ces scènes bibliques, de péplum, en faire des images contempo-raines qui n’ont plus rien à voir, explique-t-il. J’aime bien me foutre de tout. Et avec le Christianisme, tu peux y al-ler. J’espère que mon expo ira au Vatican ! » En attendant l’absolution du Pape, Elzo a chiné dans ses adresses bruxelloises, et s’est constitué une belle collection de livres anciens d’où prennent vie ses collages numériques, parmi lesquels Les devoirs d’un chrétien.

DROGUE ÉLECTRIQUESur l’écran de son PC, un projet de pochette d’album pour le groupe belge Mountain Bike : une ville platine, genre de tour de Babel à microsillons parcourue par des cyclistes. Un hommage au dieu belge du vélo, Eddy Merckx ? « Le cyclisme, ça ne me passionne pas, dans le vélo ce que je préfère c’est le speed », se marre Elzo avant de poser pour le photographe Olivier Donnet. « Attends Olivier, je vais mettre un morceau long. » Depuis notre arrivé, Elzo n’a cessé d’enchaîner 45 et 33 tours. Un régal

rock garage, synthpop, punk. L’univers du Belge est indissociable de la musique, au point que le gars a monté son propre label, Teenage Menopause Records dont il assure la direction artistique. Sous les bons conseils de son camarade Jean-Baptiste Guillot, patron de l’indispen-sable label rock parisien Born Bad. « C’est un mec d’ici, Stel-R, qui organisait pas mal de soirées à Bruxelles avec toute la scène française qui nous a connectés. JB lui a demandé que je fasse un flyer pour un concert du groupe Charles de Gaulle, et on a commencé à faire plein de trucs ensemble. » Elzo a signé des pochettes parmi les plus marquantes de la production Born Bad, notamment pour le duo guitare-batterie Magnetix, qu’il accompagne sur une tournée US, le Drogue Électrique Tour, en mars 2012, pour exposer ses sérigraphies sur les lieux de concerts. « J’ai fait 27 expos en 30 jours. On est allé de San Francisco à New York en passant par le Texas où on s’est arrêtés au festival South By Southwest pendant une semaine. Les Magnetix connaissent tout le monde là-bas, on s’arrêtait chez mes groupes préférés. »

EElzo Durt, illustrateur belge et démoniaque, a réalisé ce jeu de cartes produit à 666 exemplaires.

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« DÉTOURNER TOUTES CES IMAGES, RENDRE LE TRUC ABSURDE : C’EST ÇA QUI EST COOL. CE N’EST PAS DE L’ART CONCEPTUEL »

Nonne mécanique et apocalypse psyché-délique, le Bruxellois excelle dans le col-lage et la coloration.

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LES CRAMPS EN 86Toujours en collaboration avec Born Bad, Elzo a récem-ment achevé une pochette pour l’incroyable et regretté Francis Bebey, musicien camerounais avant-gardiste. Éclectique à mort, il a également bossé avec les Sista Sekunden, « groupe speed punk danois », et signé la cover de Mariage Collectif, réédition d’une BO de film X. Elzo a aussi œuvré pour les rockeurs psychés US de Thee Oh Sees, et les puissants français de Wall of Death, avec une superbe réalisation en noir et blanc. Très tôt impliqué dans la création de flyers, et entré à 19 ans à l’École de Recherche Graphique (ERG) de Bruxelles, c’est super jeune qu’Elzo assiste à ses premiers concerts. En atteste, fixée au mur de son salon, l’affiche d’un show belge des légendaires Cramps, en 1986. « Mon père m’a emmené voir les Cramps pour mes sept ans. J’étais aussi allé tout gosse avec lui voir La Muerte et The Chainsaws, le groupe de Dop Massacre, alias DJ Saucisse. Ils ont joué leur morceau J’ai perdu mon phallus, et il y avait une bite géante dans la salle de l’Ancienne Belgique, ouais ! » Jolie éducation musicale, merci à son père, architecte, qui s’est récemment, en sa compagnie, triple fracturé une jambe à un concert des furieux français de Frustration. Après qu’il nous a fait l’éloge du fameux Dop Massacre, désor-mais vendeur à la Fnac de Bruxelles, on questionne Elzo sur d’autres stars en son pays. Johnny Hallyday bien sûr ; aussi, le Grand Jojo, auteur de l’hymne houblonné Chef, un p’tit verre on a soif ; encore plus deep, le fameux Tische, auquel on doit Dans la police, reprise du hit mili-taro-gay In The Navy, de Village People. Est forcément évoqué Plastic Bertrand, dont on apprend qu’il n’a jamais chanté Ça plane pour moi, mais qu’il était batteur de groupe punk Hubble Bubble, dont un vinyle, bien éner-vé, est aussitôt joué par Elzo. Le Red Bulletin s’update sévère sur le son belge, avec une attention particulière pour le groupe BSR (Brussel Sound Revolution), spéciali-sé dans le new beat, « mouvement musical uniquement belge », et auteur, dans les années 80, de Qui ?, titre dédié au louche enlèvement du douteux politicien Paul Vanden Boeynants.

CHAOS TOTALCertainement l’un des meilleurs interlocuteurs pour évoquer la Belgique absurde, Elzo se remémore une fausse scission du territoire annoncée sur la chaîne de TV nationale en 2006, par de vrais faux reportages. « Il existe un humour, un non sérieux et une forme de surréalisme propres à la Belgique », analyse-t-il. Sûre-ment l’origine de cette autodérision locale que l’artiste honore dignement, et qu’il injecta quatre années durant à sa galerie, Plin Tub’. « On y exposait la scène alternative du dessin et de l’illustration, avec une expo toutes les

trois semaines. Dans une pièce, j’avais même monté un magasin clandestin de disques et de livres. » Après avoir fait le tour de cette proposition artistique, Elzo ferme l’endroit avec une soirée de clôture à sa sauce… « On a organisé un concert de Jack of Heart et de Magnetix, et ça a été le chaos total. On a tout pété. T’avais des mecs qui traversaient les murs, d’autres qui sciaient les tables. Du grand n’importe quoi ! Les flics sont arrivés, ils nous ont regardés... et ils sont repartis », conclut, hilare, ce drôle de paroissien. Amen.Elzo, Deus ex machina, exposition à la galerie 12Mail, Red Bull SpaceParis, jusqu’au 14 novembre ; elzodurt.com

« IL EXISTE UN HUMOUR, UN NON SÉRIEUX ET UNE FORME DE SURRÉALISME PROPRES À LA BELGIQUE »54

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La Femme a rencon-tré un gros succès en France avec son Psy-cho Tropical Berlin, dont la pochette est signée Elzo (en haut). Pour la compil Bloody Belgium, la reine a subi un traite-ment viral. À droite, l’artwork réalisé pour le groupe français Wall Of Death prouve qu’Elzo assure aussi en noir et blanc.

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L’Autrichien de 54 ans, double champion du monde de motocross et cofondateur de Wings for Life, nous parle de course à pied, de ses bienfaits et de ses objectifs pour la course caritative Wings for Life World Run 2015.

Entretien : Werner Jessner Photo : Marco Rossi

HEINZ KINIGADNER

La course, sa substantifique moelle

Vous courez régulièrement ?La course Wings for Life World Run est une motivation supplémentaire pour courir plus souvent. Ce que je fais en moyenne deux fois par semaine.Où trouvez-vous la motivation ?Quand on est en bonne santé, faire un peu d’exercice ne demande pas un effort surhumain. La cadence et la distance importent peu.Êtes-vous un coureur du matin ou du soir ?Exclusivement du matin. Sans petit- déjeuner, ni café. Je me prépare et je pars.

the red bulletin : Du temps où vous pilotiez, on ne vous connaissait pas coureur à pied…heinz kinigadner : Je n’ai jamais été un énorme coureur mais je courais tous les jours.Vraiment ?Oui, la course à pied a plein d’avantages. On peut la pratiquer partout et contraire-ment à d’autres sports d’endurance, elle n’exige pas un gros équipement.Combien de temps courriez-vous ?Autant que possible. Généralement 45 mi-nutes. Au bout de 50 minutes, j’étais de retour chez moi. Ma préparation physique de l’époque ferait rire les sportifs de haut niveau d’aujourd’hui, y compris dans les sports mécaniques. Mais au début de ma carrière, au milieu des années 80, l’entraînement physique n’en était qu’à ses débuts.Aviez-vous un coach ?Non, du moins pas jusqu’à mon premier titre mondial. Je piochais chez les uns et les autres ce qui me semblait bien.L’ascension de la Himmelsstiege (« les escaliers du paradis », en français) à Feldkirch en Autriche (Voralberg)…Inoubliable ! Toni Mathis, une référence dans son domaine, spécialisé en coaching fitness et physiothérapie, était derrière chacun d’entre nous. Le nom des escaliers a sûrement été inspiré par la sensation d’atteindre le paradis, une fois arrivé au bout et la douleur passée. Chacun mon-tait à son rythme, mais il ne fallait pas s’arrêter. C’était le seul impératif.Et alors ?Personne ne s’est arrêté. Ni l’équipe natio-nale de hockey, ni les skieuses suisses. Personne, moi non plus. Aujourd’hui en-core, quand je cours je ne m’arrête sous aucun prétexte.

mètres. Cette année, je vise au moins 15 km, je ferai bien mieux que l’année dernière. Et il n’est plus question de me faire doubler par les dames de la catégo-rie 50 ans et plus. Ou par des hommes avec poussette et enfant.Où serez-vous pour le départ ?Probablement en Allemagne car le lende-main je dois me rendre en Grèce pour le Hellas-Rallye. L’année dernière, j’ai bien aimé Sankt Pölten en Autriche. Là-bas, les Allemands doivent se donner du mal.Comment était l’ambiance sur le parcours ?Plus on se fait dépasser, plus on se dé-tend. On réalise que les gens ne courent pas pour la gloire mais pour la cause et le plaisir de faire avancer les choses en-semble. Et chacun a une histoire à racon-ter ! J’étais malheureusement un peu juste physiquement. Du coup, j’ai plus écouté que parlé. L’ancien skieur Peter Wirnsber-ger était près de moi la plupart du temps, il pouvait parler sans effort.La course est une bonne occasion pour courir avec des sportifs célèbres.Ce qui est génial, c’est que la plupart par-ticipent spontanément ! Pour certains d’entre eux, je n’ai pris conscience de leur présence qu’après coup. Il y en avait que je n’avais plus croisé depuis 30 ans, d’an-ciens collègues de moto par exemple. Ce n’est pas un mythe, au Wings for Life World Run on croise le monde entier.wingsforlifeworldrun.com

Les jours où je cours sont de bons jours, je commence la journée avec le sentiment d’avoir déjà accompli quelque chose.Votre parcours préféré ?J’aime beaucoup courir à Ibiza. Un climat et un environnement agréables. L’idéal.Lors du Wings for Life World Run 2014, on a pu apprécier votre style…Merci, c’est sympa. Mais je n’ai pas atteint mon objectif de 12 km, un échec que j’at-tribue uniquement à la Harley du caméra-man qui était devant moi. En aucun cas à une préparation insuffisante. Avec une KTM en guise de lévrier, j’aurais sûrement atteint les 12 km.Le Wings for Life World Run est de re-tour en 2015. Quel sera votre objectif ?Je ne peux plus me contenter de 12 kilo-

« Au Wings for Life World Run,

on court pour faire avancer les choses

ensemble »

Le 3 mai 2015, plus de 30 pays donneront en simultané le départ de la 2e édition du Wings

for Life World Run, course unique en son genre. Qui ira le plus loin avant d’être rattrapé par les voitures-balais ? Inscriptions dès le 1er octobre 2014 sur le site officiel : wingsforlifeworldrun.com

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Heinz KinigadnerNé le 28 janvier 1960 à Uderns (Autriche). Champion du monde de motocross 250 cm3 en 1984 et 1985 (KTM).

Fin de carrière En 2003, après l’accident de son fils atteint de paralysie, Heinz arrête sa carrière et crée la fondation à but non lucratif Wings for Life avec Dietrich Mateschitz.

Wings for Life Elle récolte des fonds pour financer la recherche sur la moelle épinière. Tous les bénéfices de la course Wings for Life World Run sont reversés à la fondation.

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Le grand Wayne Gretzky, légende du hockey, 53 ans.

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MICHAEL JORDAN, ALI, PELÉ, SENNA : CES ATHLÈTES DE LÉGENDE ONT MARQUÉ LEUR SPORT COMME NULS AUTRES. ET LEURS RECORDS SEMBLENT INÉGALABLES À JAMAIS. Il en est

pourtant un qui sou-haite être détrôné : le king du hockey, Wayne Gretzky.Entretien : Werner Jessner Photos : Marco Rossi

 GRETZKY,   ROI EN   SON   PALET 

buts, 1 963 passes décisives en 1 487 matches, quatre

Stanley Cup, 18 sélections au All-Star Game, plus de 60 records inégalés… Wayne Gretzky est une légende du hockey sur glace, le meilleur joueur jamais vu. « The Great One » a des rues à son nom et des statues de bronze à son effigie, érigées par les villes dont il a porté le maillot. Après sa retraite en 1999, la tota-lité des franchises NHL ont retiré son numéro, plus aucun joueur de la Ligue nationale de hockey ne peut porter le mythique 99. Démissionnaire de son poste d’entraîneur des Phoenix Coyotes en 2009, le Canadien de 53 ans – qui n’a pas pris un gramme – est un retraité heu-reux qui profite de ses 5 enfants et conti-nue de suivre avec passion les évolutions du sport qui l’a fait roi. The Red Bulletin a rencontré « La Merveille » en Californie.

The Red BulleTin : Vous avez toujours pensé au hockey ?wayne gReTzky : Depuis l’âge de deux ans, rien ne m’a donné autant de plaisir.Vous avez commencé à jouer à cet âge ?À 2 ans, j’ai reçu ma première crosse. Je jouais dans le salon avec ma grand-mère : j’étais l’attaquant et elle le gardien de but.Aimiez-vous vous entraîner ?M’entraîner, jouer, patiner, m’améliorer, scorer, amener des buts… Pour moi, il n’y avait rien de plus beau. Même pendant mon adolescence, seules deux choses comptaient : ma famille et le hockey.Pas de sorties, de petites amies, de bêtises ? D’où vient cette attention exclusive ?Mon père me répétait que mon talent était un don du ciel et que je ne devais pas le gâcher. Je m’y suis tenu.Ne vous êtes-vous jamais lassé de passer tout votre temps sur la glace ?D’avril à septembre, je pratiquais l’athlé-tisme, la crosse, le football et le base-ball. Une manière de travailler mon endu-rance, ma puissance physique et la

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Gretzky l’icônique est une référence

planétaire.

coordination entre les yeux et mains.En match, vous étiez toujours là où le palet atterrissait, vous évitant de devoir lui courir après. Comment faisiez-vous ?À 6 ans, je jouais contre des enfants qui en avaient 10. Ma petite taille m’obligeait à me positionner là où il n’y avait per-sonne. Sinon, je me serais fait tailler en pièces. À 14 ans, mes adversaires en avaient 20, et à 17 ans je jouais en pro.Et vous avez marqué votre premier but dès votre 4e match…Pour réussir j’étais condamné à être créatif et à m’en remettre aux maîtres-mots enseignés par mon père : clair-voyance, rapidité et instinct.Votre jeu n’a jamais reposé sur le physique. Vous avez gardé celui de vos jeunes années…Oui, mais en l’améliorant sans relâche.Quand vous regardez un match à la télé, arrivez-vous à anticiper les actions de jeu ?Pas dans les autres sports, seulement quand je regarde un match de NHL. Par-fois, je m’étonne de voir un joueur tenter une chose ou l’autre pour se sortir d’af-faire, alors que dans ma tête je vois une solution bien plus élégante et efficace.Les pilotes de course disent souvent qu’ils voient l’action se dérouler plus lentement qu’elle ne l’est en réalité. Comme si leur notion du temps était décalée. C’est la même chose pour vous ?J’ai probablement la capacité d’anticiper les étapes d’une action et ce qui va en suivre. Mais ma mémoire photographique a joué un rôle bien plus important : sur la glace, j’avais en mémoire la position de chaque joueur sur toutes les attaques. Ça a toujours été comme ça.

Quelles différences faites-vous entre le jeu actuel et celui pratiqué à votre époque ?Aujourd’hui, on défend et on attaque avec un bloc de cinq joueurs. Avant, les joueurs les plus rapides étaient en attaque, les plus lents en défense et les plus corpu-lents dans les cages. Nous, les attaquants, devions attendre les défenseurs en zone d’attaque, ralentir le jeu et tournoyer pour créer des ouvertures.Vous regrettez ce style de jeu ?Non ! Le hockey moderne est bien meilleur.Pourquoi ?Il est plus excitant, plus rapide, plus athlétique et mieux coaché. À l’époque, on ne faisait pas d’étirements. Même les entraîneurs de football interdisaient la salle de muscu à leurs joueurs, car ils pen-saient que cela allait raidir leurs muscles.Le surdoué que vous étiez se soumet-tait aux consignes de ses coachs ?Bien sûr ! Plus on monte, plus les entraî-neurs et les coéquipiers sont meilleurs, les objectifs clairs et la médiocrité rare. J’ai eu l’occasion de côtoyer sept membres du Hall of Fame. Paul Coffey, Mark Messier et Jari Kurri étaient des joueurs totalement dévoués à leurs coachs. Et ils se donnaient à fond et avaient la culture de la gagne. Je vous pose la question autrement : que pouviez-vous apprendre de vos coachs ?Qu’un joueur doit se donner à fond à chaque seconde de jeu, même si on dit de lui qu’il est le meilleur.Vos partenaires en attaque étaient tous de sacrés clients. Comment fait-on pour créer dans une équipe une alchimie positive et victorieuse ?Prenons Jari Kurri, mon partenaire chez les Edmonton Oilers, un Finlandais qui ne parlait pas un mot d’anglais. Nous avions 19 ans quand nous avons joué ensemble en attaque pour la première fois, avant d’enchaîner 858 matchs d’affilée.

Sur la glace, nous étions comme des frères siamois, nous savions sans nous regarder ce que l’autre avait en tête. Pour-quoi ? Aucune idée. Jari n’avait même pas été recruté pour jouer en première ligne ! L’entente entre Jari et moi était unique. Un tel niveau d’automatismes demande normalement du temps.Jarri Kurri a été votre meilleur parte-naire en attaque ?J’aurais pu jouer aux côtés de Gordie Howe et Maurice « Rocket » Richard, mes héros de jeunesse ! Mais honnêtement, Jari était parfait pour moi. Il était al-truiste, ses qualités défensives totalement sous-estimées me libéraient des espaces, et son instinct de buteur était redoutable.Ce que vous réalisiez sur la glace sem-blait si facile et ludique…Pourtant, ça ne l’était pas. C’était doulou-reux, dur et sanglant. Un sacré boulot de forcené sous tous les aspects et c’est exac-tement pourquoi j’ai adoré l’exercer.Comment arrive-t-on à donner une telle impression de facilité à une chose aussi difficile ?Je vous réponds ce que mon coéquipier Mark Messier disait : « Il n’est rien dans le hockey que je n’adore pas. »Aviez-vous le trac avant les matches ?On vit pour les grands matches. Plus l’en-jeu était élevé, plus j’étais détendu. L’an-goisse, c’est quand on perd son boulot avec trois enfants à nourrir. Pas pour une 7e manche décisive en finale de Stanley Cup. Par contre, quand j’étais l’entraîneur de la sélection canadienne aux JO de Salt Lake City (en février 2002, ndlr), les veilles de match étaient un calvaire : là, je réalisais que je ne pouvais plus rien faire.Y aura-t-il à nouveau un joueur comme vous ?

« MON PÈRE M’A TOUJOURS DIT :

“Ton talent est un don

du ciel, ne le gâche pas.” Je m’y suis

tenu »60 THE RED BULLETIN

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de 50 buts par saison dans des conditions bien plus difficiles.En comparaison de vos 92 buts lors de la saison 81/82, il y a encore de la marge…Ces jeunes ont beaucoup de respect pour le jeu et leur équipe nationale. Cela me plaît et démontre qu’ils ont le cœur au bon endroit. Eux aussi trouveront leurs successeurs. Le hockey se professionna-lise à grande vitesse et à tous les niveaux. Mes records tomberont et je serai encore là pour le voir. Je suis le premier à l’encourager.À quoi ressemblera celui qui y

parviendra ?Il aura mon bagage technique mais aura 5 cm et 10 kilos de masse musculaire en plus (Wayne Gretzky faisait 1,82 m pour 80 kg, ndlr).Depuis quatre décennies, vous êtes une personnalité médiatique. Quand vous aviez 12 ans, des journaux évoquaient déjà l’enfant prodige. À 20 ans, vous étiez un habitué des couvertures de Sports Illustrated. Comment résiste-t-on face à une pression aussi excessive ?Je viens d’un milieu modeste. Mes grands-parents ont émigré de Russie et de Pologne. Mes parents, de simples ouvriers, travaillaient dur et ont réussi à faire en sorte que chaque jour à 17 heures, nous nous retrouvions tous autour de la table de la cuisine pour dîner ensemble.Votre père Walt était un modèle en matière d’éducation ?Absolument, même si mon quotidien de père diffère totalement de ce que fut le sien. Mon visage est connu, ma femme Janet est actrice, nous voyageons. Au-jourd’hui tout va plus vite. Nos enfants sont de bonnes personnes. Ma fille Paulina sort avec un golfeur pro, l’aîné de nos fils joue au base-ball en pro. Ce sont des conditions peu favorables à une vie de famille classique. Cela ne les a pas empê-chés d’apprendre à dire « s’il vous plaît », « merci » ou « pardon ». C’est là que mon père me tient lieu de modèle, dans la fa-çon dont il a su guider ses enfants en nous donnant tout son amour et son soutien. Ma mère n’étant malheureusement plus parmi nous. Mais ma belle-mère, âgée de 93 ans, et mon père font partie intégrante de notre quotidien. Un dîner avec le Premier ministre du Canada est bien plus tranquille qu’un dîner avec mon père ! Walt Gretzky est le père de tous les Canadiens, tout le monde l’adore.Vous n’avez jamais espéré que l’un de vos fils prenne la relève ?Cela m’aurait fait plaisir. D’un autre côté, on s’est épargné pas mal de pression (rires).L’an dernier, deux de vos anciens clubs, les LA Kings et les New York Rangers, se sont affrontés en finale de la Stanley Cup. Pour qui étiez-vous ?Pour aucun des deux, je gagnais quoi qu’il arrive ! J’ai aimé vivre dans ces deux villes et jouer dans ces deux clubs. Et pour une fois, dans les bars sportifs de Los Angeles les spectateurs fans de basket ont dû in-sister pour pouvoir voir un match, car sur tous les écrans il n’y avait que du hockey. Comme quand je jouais chez les Kings.championshockeyleague.net

Sans le moindre doute.Et un joueur pour battre vos records ?Absolument ! Et ses records à lui auront plus de valeur que les miens car depuis ma retraite, l’équipement des gardiens s’est considérablement amélioré.Et les gardiens sont encore plus grands…Oui, mais équipez-les, comme avant, de jambières ovales au lieu des rectangu-laires et de plus petites mitaines et tout redevient possible. Dans ma jeunesse, Bobby Orr et Gordie Howe étaient des exemples, aujourd’hui Sidney Crosby et Alexandre Ovetchkine inscrivent plus

« L’ANGOISSE, C’EST QUAND ON PERD SON JOB. Pas pour une 7e rencontre en finale de Stanley-Cup »

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D E S L I G N E S P A R F A I T E S , 3 6 2 C H E V A U X S O U S L E C A P O T , L A i 8 E S T U N C O U P É

S P O R T A V A N T - G A R D I S T E , L A P R E M I È R E B M W H Y B R I D E R E C H A R G E A B L E .

N O U S A V O N S T E S T É S A C O N D U I T E A U X C Ô T É S D E L ’ A L L E M A N D M A R T I N

T O M C Z Y K , U N A S D U V O L A N T E N D T M .T E X T E   : R O B E R T S P E R L

P H O T O S   : J Ü R G E N S K A R W A N

ANATOMIED’ U N B O L I D E

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ne ombre furtive s’immobilise au stand n°4, le nez en direction du couloir de changement. Un virage serré à droite, une accélération sur la montée et la nouvelle BMV i8 se retrouverait en un rien de temps sur le circuit du Red Bull-Ring, à Spielberg, en Autriche.

Les premiers rayons de soleil s’étirent sur la carrosserie, créant un jeu d’ombres et de lumière. C’est une voiture noire. Une teinte qui sied bien à ce coupé sportif. En rouge une voiture pousse à tous les excès, même à l’arrêt. Ses portes en élytre s’ouvrent vers le ciel, tel deux ailerons d’un autre temps. Ils dé-voilent un habitacle où règne une lumière diffuse. Les lisérés bleus latéraux et de la calandre semblent avoir été cousus main, tout comme les délicates chaînes lumineuses LED des feux avant et arrière qui accentuent des lignes sans concession.

La i8 est taillée pour l’aérodynamique, les ingé-nieurs ont joui d’une entière liberté. Des diffuseurs d’air avant jusqu’au bas de caisse, la carrosserie en carbone est profilée pour créer un aérodynamisme à l’épreuve du vent le plus puissant. Ses lignes sculptées ne diffèrent pas de celles du concept-car Efficient Dynamics dévoilée en 2009 au salon de Francfort. Le design est entièrement dédié à la fonc-tionnalité : avec ses bordures de toit en forme d’aile-rons suspendus, l’arrière présente un changement notable. Le vent n’a qu’à bien se tenir.

Au loin, un hélicoptère tournoie dans le ciel. Martin Tomczyk, notre pilote d’essai, est en ap-proche. En 2012, le pilote BMW de 32 ans a remporté le championnat allemand de voiture de tourisme, DTM. Ce sérieux client vient tester ce que la voiture a dans le ventre. Et le circuit Red Bull-Ring est l’endroit rêvé pour ce test, même si la i8 est une sportive d’un nouveau genre qui ne se juge pas seulement à l’aune

U

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«   C ’ E S T C O M M E S I O N A V A I T P L A C É U N E C A L E D A N S U N E S O U F F L E R I E E T

Q U ’ O N Y E N V O I E U N E P U I S S A N C E D E 4   0 0 0 K M / H . À L A S O R T I E ,

Ç A D O N N E C E T T E V O I T U R E   »

Martin Tomczyk, pilote allemand, au volant de la i8. La voiture réduit l’impact du vent de déplacement comme jamais auparavant.

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des rugissements de son moteur ou de ses records au tour mais aussi à sa subtile interprétation de l’hybride high-tech alliant moteur essence et moteur élec-trique grâce à une électronique de haute voltige.

Élancé, élégant dans son blouson en cuir et barbe de trois jours, Tomczyk arrive avec un peu d’avance. Il en profite pour inspecter le moteur avant de re-joindre le paddock. Un surprenant moteur essence 3 cylindres bi-turbo de 231 chevaux à l’arrière et un moteur électrique 131 chevaux faisant tourner les roues avant. Mais c’est peine perdue. Là où d’autres marques automobiles présentent leurs moteurs comme des œuvres d’art derrière du plexiglas, pour la i8 il n’y a que la moquette. La notice d’utilisation ne dit rien non plus de ce moteur, seules des tubu-lures de remplissage d’huile y sont mentionnées. Pourtant, la i8 annonce un total de 362 chevaux sous le capot mais du moteur pas une trace, dommage.

« Pour les initiés, la question concernant le 3 cy-lindres ne se pose pas, dit Tomczyk. Avec ce type de voiture, la technique hybride est le plus important. Le design et l’innovation priment ici sur le concept moteur, lequel est censé venir s’y intégrer. »

Avec la i8, BMW ouvre une nouvelle voie et s’y lance avec cohérence. Tomczyk : « Non seulement le moteur est invisible, mais en plus il est silencieux. » En effet, les mots d’ordre sont efficacité, intelligence et durabilité. La génération jeux vidéo est depuis longtemps en âge de conduire des voitures de sport

et a intégré des notions que les conducteurs moins jeunes considèrent sans intérêt.

Efficacité : le principe de Lean Construction s’ap-plique de la carrosserie en carbone à la motorisation dont les blocs-moteurs forment un ensemble – le 3 cylindres n’étant que de 1,5 litre. Le choix de pneus étroits entre aussi dans cette optique : une résistance au roulement réduite doublée d’une meilleure aéro-dynamique, au lieu des jantes larges chères aux ado-lescents attardés.

Intelligence : BMW associe deux types de moteurs auxquels s’ajoutent deux boîtes de transmission. Soit six vitesses pour le moteur essence et deux vitesses pour l’électrique. Par ailleurs, des feux laser d’une portée de 600 mètres sont proposés en option, une première mondiale.

Durabilité : le boîtier de la clé est en biopolymère à base de graines de ricin, les tapis de sol en PET provenant de bouteilles recyclées, et le tannage du cuir réalisé avec de l’extrait de feuilles d’olivier. La production des fibres de carbone de la coque et l’assemblage de la voiture utilisent de l’électricité issue à 100 % d’énergies renouvelables.

Il est temps. Le bas de caisse large et haut ne facilite pas l’accès à bord mais un sportif comme Tomczyk y parvient en se pliant en deux, comme un Opinel. L’autre méthode, plus simple, consiste à s’asseoir, avant de pivoter à 90 ° au-dessus du mar-chepied. On l’avoue : descendre de la voiture est plus

Ci-dessus, de gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : calandre avant, nom du modèle, tableau de bord, feu arrière. Structure en carbone nue sur la portière (photo à droite). La forme de la i8 est si aboutie qu’on se demande ce que BMW fera à l’avenir.

«   J E D É M A R R E S A N S B R U I T , P U I S L E M O T E U R S ’ E N C L E N C H E – E T M E V O I L À P R O P U L S É D A N S U N E A U T R E D I M E N S I O N   »

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«   C ’ E S T D E L ’ A D R É N A L I N E P U R E . P O U R T A N T , L A B M W i 8 E S T U N C O U P É S P O R T Q U I N E S ’ A P P R É C I E P A S E N T E R M E S D E R E C O R D A U T O U R   »

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compliqué, surtout après une longue route. Habillé de cuir, l’intérieur est divisé en deux par le tunnel central du châssis où logent les batteries. La console et le tableau de bord sont astucieusement orientés vers le conducteur. Disposés de manière ergono-mique, les éléments de commande semblent éton-namment peu nombreux. Enfin, la notice d’utilisation peut, si besoin, être consultée sur écran.

Tomczyk accélère aussitôt. L’asphalte change de couleur, tout comme l’éclairage du tableau de bord qui passe du bleu au rouge en fonction du mode de conduite, sport ou éco. Au total, cinq modes sont proposés : éco, confort, sport, e-Drive associé au confort ou à l’éco.

La sensibilité de la direction, de la pédale d’accélé-rateur et du châssis évolue aussi en fonction du mode de conduite utilisé. Du souple au sportif. Ceux qui, comme Tomczyk, sont pressés, optent pour le mode sport – le plus agressif – où tous les systèmes de-viennent aussi alertes que les sens d’un félin affamé. La direction et le freinage réagissent avec une ex-trême précision. Alors que les reprises d’accélération

CARROSSERIE Coque en fibre de carbone et châssis en aluminium pour le support des moteurs.

MOTORISATION Moteur thermique 3 cylindres 1,5 L Twin power turbo de 231 ch (170 kW) et 320 Nm associé à un moteur hybride synchrone électrique de 96 kW/131 PS, 250 Nm.

TRANSMISSION Automatique – 6 vitesses pour le moteur essence à l’arrière et 2 vitesses pour le E-moteur à l’avant.

AUTONOMIE Réservoir essence de 42 litres ; batterie lithium-ion 7,1 kWh.

émettent grâce à la magie de l’électronique des grognements. « Un régal ! », lâche Tomczyk en cla-quant la langue. Le moteur électrique tourne sans cesse, le moteur essence s’enclenche dès que le be-soin de puissance se fait sentir, faisant de la i8 une quatre-roues motrices permanente avec une excel-lente tenue de route. Notamment en mode sport. Tomczyk négocie sans mal les virages et maintient le cap, très concentré. Il bascule manuellement en mode sport grâce à une commande au volant, sans débrayage bien sûr. Car rien ne doit interrompre la fluidité de la distribution. Rouler en i8, c’est comme skier en carving sur une piste parfaitement damée. La force centrifuge entraîne le passager d’un côté ou de l’autre et le maintient au freinage à bonne dis-tance du pare-brise. Un freinage dont l’énergie est utilisée pour recharger les batteries, la fameuse récupération d’énergie cinétique.

Au fil des tours de circuit, Tomczyk égraine ses impressions, laconiques : « Cette voiture va faire date. C’est une pionnière. La i8, c’est Pâques et Noël en même temps. Si je la voyais dans mon rétroviseur, je m’écarterais pour lui faire place. »

La main experte de Tomczyk aidée d’une bonne dose d’électronique maintient la i8 parfaitement dans son axe. Le tout accompagné de grognements. Les dernières réserves à l’égard du 3 cylindres sont ba-layées. Ce que les ingénieurs du son de BMW ont réa-lisé est bluffant, parvenant même à nous gratifier de grognements bonus au rétrogradage.

Retour au paddock. Derrière les jantes en alliage, les disques de frein crépitent encore. Il flotte comme une odeur de brûlé et l’ambiance est encore à la fasci-nation. Le sport de haut niveau est maintenant pos-sible sans avoir recours à un équipement surpuissant. Une dernière question pour la route. Qu’emporterait Tomczyk pour une longue virée au volant de la i8 ? « La femme qui convient, c’est-à-dire la mienne. Et des dépliants sur la i8 pour ceux qui, au feu rouge, viendront taper à la vitre pour prendre une photo. »

Autonomie d’environ 600 km dont 37 en pur électrique.PERFORMANCE De 0 à 100 km en 4,4 secondes, vitesse maximale limitée (élec-troniquement) à 250 km.POIDS ET MENSURATIONS L/l/h : 4689/1942/1297 mm, poids à vide 1 485 kg, valeur Cx de 0,26.ET LA RECHARGE DE LA BATTERIE ? À partir d’une prise électrique en 2 ou 3 heures selon l’installa-tion ou en roulant grâce au moteur 3 cylindres.PRIX À partir de 145 950 euros.

Martin Tomczyk sur sa découverte de la BMW i8 : « Les cinq premières minutes, j’ai tourné autour de la voiture juste pour la regarder. C’était comme une nouvelle expérience. »

B M W i 8Une voiture 3 cylindres hybride, pionnière d’une nouvelle génération.

THE RED BULLETIN 69

Page 70: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

COURONS POUR FAIRE AVANCER LA RECHERCHE

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Page 71: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

AC T I O N !V O Y A G E S   /   M A   V I L L E   /   C O N S E I L S   D E   P R O   /   M A T O S   /   C L U B   /   M U S I Q U E   /   J E U X   V I D É O

Quoi de neuf en novembre ?

Décollage imminentE N V I E D E V O U S L A J O U E R TO P G U N   ? D É C R O C H E Z V O T R E B R E V E T D E P I L O T E U L M E N A F R I Q U E D U S U D   ! VOYAGES, page 72

Brillant : la lampe qui fait aussi haut-parleur

MUSIQUE, page 81

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ACTION !VOYAGES

Et si on planait ? U L M   A P P R I V O I S E Z- L E E T V O U S D É C R O C H E R E Z V O T R E B R E V E T D E P I L O T E D A N S L E C I E L D E J O H A N N E S B U R G .

A P R È S L E V O L

QUE FAIRE SUR LA TERRE FERME, AUX

ALENTOURS DE JOHANNESBURG ?

La première fois que l’on décolle en ULM, il faut du courage, mais une fois dans les airs, l’expérience est follement grisante. « C’est comme faire de la moto entre les nuages, on a la sensation d’être assis dans un fauteuil en plein ciel, lance Roy Gregson, à la tête de la Johannesburg Flying Academy (JFA). Ce qui est génial avec un ULM, c’est que l’on peut décoller et atterrir sur de petits terrains. Et grâce au moteur, pas besoin de grimper au sommet des montagnes comme le font les parapentistes. » Gregson et la JFA proposent à leurs clients une formation au brevet de pilote, pour prendre sans risque les airs en solo. « Après 25 heures de vol et une fois l’examen théorique réussi, on peut voler à 1 600 mètres au-dessus du niveau de la mer. N’importe où dans le monde. On peut même traverser tout un pays aux manettes d’un ULM. » Luis Ramos, consultant informatique de 39 ans, a obtenu son bre-vet de pilote il y a six mois avec la JFA. « Je n’avais ja-mais fait une chose pareille. Au début quand l’ULM décolle, c’est effrayant. On dirait une chauve-souris tout droit sortie des enfers, raconte-t-il. Mais dès que j’ai commencé ma formation, je suis devenu accro. » Le premier vol en solo ? « C’est comme se jeter d’un avion sans parachute. J’avais la trouille, mais quelle sensa-tion indescriptible ensuite. Dès que j’ai eu mon brevet, tout ce que je voulais, c’était faire voler mes amis avec moi pour qu’ils découvrent cet univers incroyable. »

L’Afrique du Sud à vos pieds en ULM ? Possible !

Red Bulletin météo« La météo est favorable presque toute l’an-née, l’Afrique du Sud est l’endroit rêvé pour apprendre à voler, dit Ramos. Une fois que vous serez plus aguerris, essayez-vous au pilotage dans des conditions plus difficiles. »

LE GRAND SAUTEssayez la chute

libre, un saut per-ché à 70 mètres de haut, à l’intérieur

de la tour de refroi-dissement d’une

centrale électrique désaffectée.

orlandotowers.co.za

PARADIS POUR CASSE-COU

Glissades, sauts, descentes en rap-

pel et nage en eaux vives, le canyoning, ou kloofing comme

on l’appelle ici, vous mènera au pied des impo-

santes montagnes du Magaliesberg.

mountainguide.co.za

LA NATURE, QUAD MIEUX ?

Explorez le paysage sauvage du Dayto-na Adventure Park, en quad, en traver-sant les forêts, les terrains rocailleux

et les pistes boueuses de la pro-vince de Gauteng.

gauteng.net

LE TRUC DU PROVIGILANCE ET ADRESSE

« Pour piloter un ULM, pas besoin d’avoir la condition physique d’un sportif de haut niveau, mais il faut être en bonne forme, explique Gregson. C’est une activité

exigeante, les ULM sont facilement pris dans les turbulences et il faut manœuvrer habilement

pour changer de direction et de hauteur. »

Ici, les conditions de vol sont idéales

toute l’année.

Les tarifs débutent à 4 215 € et comprennent le logement, la formation et les transferts jusqu’à la piste, sur la base d’un séjour de 30 jours. jhbflying.co.za

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ACTION !MATOS

E N B A T E A U

CES AIDES PRÉCIEUSES POUR FRANCK CAMMAS

Avant les avancées technologiques, qu’illustre cette montre GPS, les skippers dépendaient des systèmes de navigation massifs fixés au bateau. Si Franck Cammas, skipper de Groupama, vainqueur de la Volvo Ocean Race 2012, entre autres, devait décrire sa Garmin Quatix en un mot, il la qualifierait

de « fantastique ». En effet, « je peux consulter toutes sortes d’informa-tions : vitesse, distance ou angles aux vents directement à mon poi-gnet ». Très pratique, notamment sur les gros bateaux : « Cette montre permet même de commander le pilote automatique via un réseau wifi. » cammas-groupama.com

Montre dans le vent  V O I L E   F R A N C K C A M M A S , VA I N Q U E U R D E L A V O LV O O C E A N R A C E 2 0 12 , P O R T E S A C E N T R A L E D E N AV I G AT I O N A U P O I G N E T.

ProtectionAvec son boîtier en plastique doté d’une armature en acier et son brace-let en silicone, la montre est étanche à 50 mètres.

ListeAltimètre, baro-mètre, compas à 3 axes, informa-tions sur les ma-rées : toutes les données en un seul coup d’œil.

AssuranceSi un membre

d’équipage passe par-dessus bord avec une quatix,

celle-ci envoie automatiquement

une alerte « un homme à

la mer ».

WESTE MX2 REVOLU TION,

MAGIC MARINE« Ce gilet de

sauvetage fin et court est parfait pour une utilisa-tion avec la cein-ture de trapèze. » magicmarine.com

L’Aixois Franck Cammas, 41 ans,

tenant du titre de la Volvo

Ocean Race.

DYNEEMA SK99

« Notre corde en fibre synthétique préférée. Très so-lide mais légère et fine, elle offre peu de prise au vent. »

dyneema.com

ChargeLa batterie peut

être chargée par USB et a une

autonomie de 16 heures en

mode GPS.

JULBO OCTOPUS WAVE

« Leurs verres photochromiques

et polarisants filtrent les reflets lumineux à la sur-

face de l’eau. » julbousa.com

THE RED BULLETIN 73

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ACTION !CONSEILS DE PRO

On l’appelle « The Beast », mais il reconnaît « avoir besoin de plus de temps qu’avant pour récupérer des efforts d’un match ». Bains de glace, machines de com-pression lymphatique et tapis de course anti-gravité font partie des outils que le Néo-Zélandais de 28 ans utilise pour contrer l’usure de son corps. La séance comprend une session d’ateliers techniques le matin, et deux heures en salle l’après-midi. « Nous passons plus de temps en salle de muscu que lorsque j’ai com-mencé à jouer. Maintenant, c’est plus scientifique, avec des relevés GPS et des moniteurs de fréquence cardiaque. » En match, Vatuvei court en moyenne 6 km, quasi uniquement sous forme de sprints à haute intensité. Son job ? Bonifier les ballons de relance, re-démarrer les actions et se frotter plein gaz à la défense adverse. « Je suis plus grand que la plupart des ailiers (1,89 m et 110 kg, ndlr), donc j’utilise ma taille et ma puissance, plus que ma vitesse. Je cible un joueur et j’essaie de le transpercer. » warriors.co.nz

Haute intensité R U G BY L E A G U E   L E R U G BY À X I I I FAT I G U E M Ê M E M A N U VAT U V E I , «   L A B Ê T E   », A I L I E R S TA R D E S N E W Z E A L A N D WA R R I O R S , Q U I A M O D I F I É S O N E N T R A Î N E M E N T.

G A I N A G E D E T U E U RManu Vatuvei : « Parce que mes genoux ont souffert, je travaille beaucoup le renforce-ment de mes quadriceps. Faire la chaise semble facile, mais c’est un exercice qui tue. »

1 2

« Je cible un joueur et j’essaie de le transpercer », déclare Manu Vatuvei.

Manu Vatuvei a passé une décennie à subir et asséner des plaquages monstrueux, avec joie.

A L L É G E R L ’ I M P A C T POUR PLUS DE PUISSANCE

Développé par la NASA, le tapis de course AlterG Anti-Gravity soulage le martèle-ment des pieds en réduisant la masse du coureur. Vous définissez votre pro-gramme en choisissant une réduction de 20 à 100 % de votre poids. « Je n’ai plus de ligament croisé postérieur à mes ge-noux, donc je passe du temps sur l’AlterG. Je cours à 70 % de ma masse corporelle, ce qui réduit l’impact sur mes genoux. »

Debout, dos contre un mur,

gainez vos mus-cles du bas et maintenez-les sous tension.

Glissez le long du mur jusqu’à

ce que vos genoux soient

pliés à 90 °, cuisses paral-

lèles au sol. Recommencez autant de fois

que vous le pouvez.

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C O L O R A D O R I V E R

ACTION !MA VILLE

« Strictement fun », voilà comment Bobby Fitzgerald des Whiskey Shivers décrit Austin, la capitale de l’état du Texas qui passe pour une ville d’Amérique où il fait bon vivre et où tout est possible. « Ici, tout le monde essaie d’en profiter et de faire ce qui lui plaît. Mais chacun prend tout ça très au sérieux, il faut se donner à fond », dit le chanteur de ce quintet bluegrass.

Un état d’esprit qui fait d’Austin un nid rêvé pour n’importe quel groupe motivé et aimant s’éclater. Comme les autres membres du groupe, Fitzgerald – au violon et à l’harmonica – n’est pas né et n’a pas grandi à Austin, mais il s’est rapidement adapté à cette ville dont la scène musicale et ses acteurs sont connus pour leurs « good vibes ». « Tout le monde s’entraide ici, concède Bobby Fitzgerald. On essaie simplement d’atteindre tous le même objectif. » whiskeyshivers.com

Bobby Fitzgerald des Whiskey Shivers, le groupe d’Austin qui a la cote.

« Strictement fun » A U S T I N   B O B BY F I T Z G E R A L D, C H A N T E U R E T L E A D E R D E S W H I S K E Y S H I V E R S , V O U S P R É S E N T E S E S E N D R O I T S F É T I C H E S D A N S L A C A P I TA L E T E X A N E .

AUSTIN, TEXAS

AUSTIN D U F U N E N R A B

AUSTIN DANS TOUS SES ÉTATS

THE WHITE HORSE •500 Comal St. Bobby : « C’est un honky tonk à l’est. À l’extérieur du bar, il y a un food truck à tacos, et souvent un ou deux chevaux attachés devant. Et des motos. C’est bruyant, sale et ça sent la pisse. »

MELLOW JOHNNY’S BIKE SHOP • 400 NuecesBien plus qu’un simple loueur de vélos. Des Computrainer 3D sont mis à disposition pour suivre ses perfs. Et de super randos sont proposées chaque semaine.

BOULDIN CREEK CAFE •1900 S. 1st St.Bobby : « C’est seulement après y être allé un ou deux mois d’affilée que j’ai réalisé qu’ils n’avaient pas de viande au menu, ce qui est plutôt rare au Texas. Mais ils vous la font vite oublier. »

CONGRESS AVENUE BRIDGE • 111 S. Congress Ave.C’est un endroit fabuleux. On y trouve la plus grande colonie de

chauve-souris d’Amérique du Nord. Au coucher du soleil, elles sortent des entrailles du pont et forment un nuage noir dans le ciel. Quel spectacle inoubliable !

5 M A J E U RLES MUSTS

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4 UNCOMMON OBJECTS •1512 South Congress Ave.Cet antiquaire est un véritable musée de l’absurde : tatous empaillés, lampes en peau de vache, poupées anciennes bizarroïdes… Une ambiance glauque où l’on perd toute notion du temps.

THE EAST AUSTIN

STUDIO TOURMusiciens et

artistes locaux ouvrent leurs

studios au public. Pendant deux

week-ends d’affilée : les 15-16

et 22-23 nov.

FÊTE DE LA SAUCISSEPrès de New

Braunfels, des descendants d’immigrés allemands

perpétuent la tradition de la

bière et des saucisses de

toutes sortes, du 2 au 11 nov.

LONGHORNS Rien de plus texan

qu’un match de football américain.

Et Thanksgiving sera l’ultime

occasion de voir les Longhorns en action, peut-être

contre TCU, le rival et voisin honni.

76 THE RED BULLETIN

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EN ATTENDANT LA FINALE INTERNATIONALE DU RED BULL BC ONE LE 29 NOVEMBRE 2014

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JOUE EN LIGNE AVEC LESMEILLEURS B-BOYS DU MONDE

CONNECTE-TOI SURREDBULLBCONE.COM

Page 78: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

L’International a rassemblé plus de 17 000 specta-

teurs à Seattle.

En première ligne, des équipes pros, comme Newbee ou Evil Geniuses. Ce sont les superstars de DOTA 2, un jeu de bataille en ligne multijoueur (MOBA signifie Multiplayer Online Battle Arena), qui séduit des millions de personnes dans le monde. Une arène virtuelle où deux équipes de cinq joueurs s’af-frontent à coups de flèches, d’épées et

de formules magiques dans le but de dé-truire l’Ancient, le bâtiment principal de l’équipe adverse. Les joueurs pros s’af-frontent dans d’immenses salles devant des milliers de spectateurs, et bien plus encore de fans en ligne. En juillet dernier à Seattle, plus de deux millions de personnes ont suivi l’International IV, le plus grand tournoi DOTA au monde présenté en direct par des commentateurs professionnels. Une dota-

tion totale de 10,9 millions de dollars – un record pour le sport électronique – était en jeu. C’est le quintet chinois de Newbee qui s’est partagé les 5 millions de dollars promis à l’équipe vainqueur. Sorti en 2003, DOTA est le plus célèbre représentant d’un genre qui rencontre tous azimuts un immense succès, bien qu’il n’ait jamais eu de nom officiel. On l’appelle aussi bien MOBA que ARTS (Action Real Time Strategy). DOTA 2 et League of Legends, ses deux totems, font partie des jeux vidéo les plus joués dans le monde. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouveau titre MOBA (ou ARTS) ne sorte sur le marché. L’Australien Toby Dawson, alias TobiWan, est un célèbre com-mentateur DOTA. Il explique les raisons de ce fol engouement : « C’est dû à l’immense complexité de DOTA. Les joueurs doivent agir en étroite collaboration. Si l’un d’eux se plante, c’est toute l’équipe qui perd. »

La MOBA mania J E U E N L I G N E M U LT I J O U E U R   C ’ E S T L E D E R N I E R P H É N O M È N E D E L’ E-S P O R T A U Q U E L P E R S O N N E N ’ É C H A P P E E N C E M O M E N T.

ACTION !JEUX VIDÉO

Toby Dawson, un Australien de 29 ans plus connu sous le nom de TobiWan, est com-mentateur profes-sionnel de DOTA 2.

Transformers UniverseL’éternel combat des robots polymorphes surpuissants entame un nouveau round. Après avoir envahi les chambres d’enfants et le cinéma, ils débarquent sur nos ordis. Ce jeu d’action survitaminé, mélange de MOBA et de TPS (Third Person Shooter), consiste pour des équipes de quatre à réduire l’ennemi en menu fretin.

Arena of Fate Ce MOBA du studio Crytek se joue en équipes de cinq – la configuration classique dans ce genre de jeu – et les personnages sont tirés des contes et légendes. Le Petit Chaperon rouge a-t-il une chance face à Nikola Tesla ? Et qui de Baron Samedi (photo) ou de Jeanne d’Arc survivra à leur duel ?

TOWERFALL:ASCENSION

Des heures de fous rires garanties : 4 joueurs max s’af-frontent sur diffé-

rents niveaux, à coups de flèches dans les fesses.

PC, Mac, PS4

LUFTRAUSERSCe jeu vous donne-

ra des ailes. Aux commandes d’un avion dans un dé-cor pixelisé, vous êtes au cœur de

batailles aériennes à vous donner le

tournis ! PC, Mac, PS 3, PS Vita

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N O U V E A U X J E U X M O B A

SHOVEL KNIGHT

Un festival rétro, du graphisme à la bande-son. Ce jeu

de plateforme classique n’est pas le plus innovant de l’année, mais c’est

assurément l’un des meilleurs.

PC, Wii U, Nintendo 3DS

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DRAI’S BEACH CLUB, NIGHTCLUB & AFTER HOURS3595 S. Las Vegas Blvd. Las Vegas, NV 89109draisbeachclub.com

Life’s a beach D R A I ’ S B E A C H C L U B   U N E YA C H T PA R T Y A U M I L I E U D E L A S V E G A S   ? L E D R A I V O U S D O N N E R A L E G O Û T D U L U X E .

Le Drai’s Beach Club est à part, un exploit dans la folle ville de Las Vegas qui a testé tous les excès. D’abord, l’endroit s’articule autour de huit piscines, dont cinq dans des bungalows privés, pour le cas où vous voudriez échapper à la foule qui peut compter jusqu’à 4 500 furieux.

Ensuite, si vous aimez les additions un peu salées, le club se propose de vous prendre en mains depuis chez vous avec un Boeing 737, pour la modique somme de 737 000 dollars… (Il y a eu déjà eu des demandes !) Mise à part cette fantaisie ailée, le gros du programme a lieu le mar-di soir, avec la soirée du Drai’s Yacht Club. De quoi faire le plein de fun sur le toit jusqu’au bout de la nuit. « On pensait que ces soirées ressembleraient aux autres. Et puis elles ont commencé à avoir leur propre dynamique, raconte le manager Ryan Craig. Tout le monde arrive habillé comme un conducteur de yacht, avec chaussures et chapeau. »

ACTION !CLUB

Tradition : ce qui se passe à Vegas, reste à Vegas.

O I S E A U D E N U I T

DJ FIVE LÈVE LES FOULES AU TAO, AU BANK ET AU

HYDE, À LAS VEGAS.

LE SAMEDI SOIR…… je fais généralement une

petite sieste avant d’attaquer. Puis je me rends

au club et je joue pendant deux heures. Après ça, je vais manger un morceau à Chinatown et je rentre.

UN SHOW FAIT GRIMPER AUX RIDEAUX QUAND… … il y a un haut degré de

technicité dans la production. Il faut tout

envoyer : les écrans LED, les confettis, le fun et le plaisir.

LE MIEUX DANS LA VIE DE NUIT...

… c’est d’être payé pour faire ce que j’aime.

skamartist.com/djfive

S T Y L E G U I D E

OUBLIÉE LA CHALEUR DE VEGAS, IL VOUS FAUDRA ÊTRE HYPE

CET AUTOMNE

EN HAUT Le revival des années 90 se

poursuit avec les sweats oversize

qui tombent sous la hanche.

Couleurs en sour-dine et éléments typographiques recommandés.

EN BAS Le pied de demain sera hybride. Las-sés des sneakers ?

Retrouvez leur confort et leur

légèreté sur des chaussures de

ville. Ici, les Lunar Grand de chez

Cole Haan.

EN PLUS La marque

anglaise Barbour, classique pour tout bon barou-deur urbain, n’a jamais déçu. On aime cette veste pour sa robus-

tesse et la commo-dité de ses nom-breuses poches.

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LIGHTFREQPilotée par un smartphone ou un ordina-teur, cette ampoule connectée bluetooth et wifi peut modifier la couleur et l’am-biance lumineuse d’une pièce. Tout en diffusant de la musique grâce à son en-ceinte 5 watts, recouverte de LED RGBW éclairant à 360 °. Et avec le « mode soi-rée », votre salon se transforme instanta-nément en dancefloor. lightfreq.com

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Erlend Øye est un indispensable touche-à-tout : DJ, leader du groupe indie pop The Whitest Boy Alive, chanteur pour des artistes électro comme Röyksopp et moitié du duo folk Kings of Convenience. C’est avec ce groupe que le Norvégien de 39 ans a rencon-tré le succès en 2001. Leur premier album Quiet Is the New Loud, empreint d’une douceur mélanco-

lique, entraîne un revival folk et influence les groupes à venir, de Fleet Foxes à Of Monsters and Men. Øye a enregistré Legao, son dernier LP solo – le second – avec Hjalmar, un groupe de reggae islandais. Résultat : dix perles pop floconneuses, un son à la Paul Simon qui aurait engagé The Police. Øye évoque ici les chansons qui ont inspiré ce disque. facebook.com/erlendoye

« Le groupe a l’air inquiet » P L AY L I S T   U N B E A C H B OY S , U N G É N I E M É C O N N U E T U N E C H A N T E U S E P O P… L E C H A N T E U R -A U T E U R N O R V É G I E N E R L E N D Ø Y E É V O Q U E 5 M O R C E A U X F É T I C H E S .

ACTION !MUSIQUE

Erlend Øye, 39 ans, DJ, artiste solo et leader de Kings of Convenience.

1« L’électro a besoin d’inno-vation ! Trop peu de pro-ducteurs de renom tentent de la faire avancer. Matias Aguayo

est l’un d’entre eux. Ce morceau de 2009 est uniquement composé avec sa voix : des beats, en passant par les basses et jusqu’à la mélodie. Du grand art ! Des approches aussi originales que celle-là, il en faudrait plus souvent. »

Matias Aguayo Rollerskate 3

« Cette chanson a été enregistrée pendant un concert des Beach Boys en 1980, peu avant la mort de Dennis

Wilson. Il est saoul, le groupe a l’air in-quiet et redoute le pire quand il se met à chanter. Mais la performance est émouvante et magnifique. D’ailleurs, ce n’est pas Joe Cocker qui l’a écrite, mais Dennis Wilson et Billy Preston. »

Dennis Wilson You Are So Beautiful2

« Un génie méconnu. Davenport ne peut s’en prendre qu’à lui-même : il se ferme les portes du suc-cès en dotant

ses albums de pochettes douteuses, et ses chansons pop parfaites d’ignobles solos de guitare, comme dans ce mor-ceau. Mais c’est pour ça que je l’adore. Il ne fait pas dans la facilité, il joue à fond la carte de la Fuck Fame attitude. »

Bart Davenport Fuck Fame

4« Sting écrit cette chanson en 1985, il vient juste de quitter The Police. Pour moi, ce mor-ceau est un message aux

membres du groupe : “Laissez-moi par-tir, laissez-moi jouer du jazz-rock !” Ma dernière chanson, Fence Me In, s’en ins-pire. Mon groupe The Whitest Boy Alive a splitté récemment, je peux enfin écrire des chansons uniquement pour moi. »

StingIf you Love Somebody Set Them Free 5

« J’ai rencon-tré Dena en 2005 à Berlin par l’intermé-diaire d’amis communs. C’était une jeune chan-teuse, au-

jourd’hui elle est la compositrice la plus talentueuse de son pays. Elle manie la langue anglaise d’une manière très créative. Ses textes stimulent mon imagination. Pour moi, c’est ce qu’une chanson pop peut faire de mieux. »

DenaBad Timing

ADL GT-40Les propriétaires de platine hi-fi se

tourneront vers ce convertisseur

préamplificateur avec entrée phono, qui numérise les vi-nyles en haute dé-finition (au moins 24 bits/96 kHz).

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iPhone sans ordi-nateur. Il suffit de le poser sur la sta-tion d’accueil et de démarrer la lecture du disque. La mu-sique est numéri-sée en temps réel.

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M A R SA T T A C K S

20 mètres de haut, 50 tonnes : des scènes de festival dantesques. L’araignée

Texte : Flo Obkircher

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A T T A C K Scrache du feu, projette des rayons laser et bouge au rythme de la musique.

Photos : Alex de Mora

Ferraille + high-tech = extase. L’araignée,

scène gigantesque au festival Boomtown dans

le sud de l’Angleterre.

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imanche 30 août, 2 h 30 du matin dans le sud de l’Angleterre. Une nuit de pluie, de vent et de brouillard enveloppe le Boomtown Fair Festival où le silence est depuis longtemps retombé, sauf à l’em-placement du groupe d’artistes Arcadia. Sur un espace d’environ cent mètres de diamètre délimité par des colonnes d’en-ceintes disposées en hexagone, la fête bat encore son plein. Des yeux de laser rouge fendent le brouillard. Dans une ambiance de culte au dieu de l’électro, cinq mille personnes en transe dansent en imper-méable, pieds dans la boue, autour d’une énorme araignée métallique aux pattes hautes comme une maison et illuminées de vert. Dans le ciel nocturne, son corps indistinct évoque un vaisseau spatial. Arcadia n’est pas un groupe de musique mais un collectif d’artistes de disciplines différentes : pyrotechnie, acrobatie méca-nique, laser show, musique. Depuis huit ans, ils conçoivent ensemble des scènes pour DJ’s uniques au monde, aussi extra-vagantes et démesurées qu’originales. Des scènes à 360 ° qui placent DJ’s et musiciens au cœur du public lequel devient, en l’absence de barrières, partie intégrante du spectacle. À l’occasion du Boomtown Fair, le collectif s’est déplacé avec la plus imposantes de ses scènes : une bestiole aux dimensions hallucinantes, 20 mètres de haut pour 50 tonnes.

Depuis 19 heures, elle trône au centre d’une fête déjantée. « Vous n’avez encore rien vu », s’exclame Pip Rush Janson,

le leader d’Arcadia, casque sur la tête et chemise hawaïenne sous son imper. Depuis une semaine, il est à pied d’œuvre douze heures par jour sur le site du festi-val. Il supervise et orchestre le show de l’araignée nécessitant le concours d’une centaine de personnes : équipe d’assem-blage, techniciens du son et des lumières, conducteurs de grues, DJ’s.

Jeune, Jonson réalisait déjà des sculp-tures métalliques pour les festivals de musique. Il y a huit ans, lui et son col-lègue Bertie Cole ont une idée : « Nous trouvions les scènes de concert mono-tones. Tout le public est orienté vers une seule et même direction comme devant un poste de télévision. » En 2007, ils fondent Arcadia avec pour but de faire de la scène la star du show. Une œuvre d’art totale de lumières, de feu et de musique, créée avec de la ferraille. Ils baptisent leur première réalisation Afterburner, un réac-teur à propulsion déclassé, transformé et équipé de faisceaux laser, prêt à accueillir les DJ’s. Pour rejoindre la table de mixage, ils doivent se hisser avec leurs sacs de disques à 11 mètres du sol.

À ce jour, Janson et Cole ont réalisé six scènes spectaculaires allant du char mobile au Lords of The Lightening sur laquelle deux danseurs s’affrontent à coup d’éclairs produits par des bobines Tesla. Actuellement, Afterburner est en Australie, l’araignée quant à elle (photo) filera en Thaïlande au mois de novembre. Les pièces de leurs scènes improbables, Janson et Cole les dénichent dans les décharges. Chaque hiver, ils écument les casses d’Angleterre. C’est ainsi qu’en 2009, ils tombent sur les pattes de l’araignée : trois scanners de douane hors d’usage. « Ils servaient à contrôler les containers

D

N I G H T L I F E

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Page 85: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

Au Boomtown Fair, l’espace pour danser prend des allures de zone industrielle post-

apocalyptique. Hippies geeks et steampunks s’agitent sous l’araignée de fer et les réverbères

flamboyants (en haut). Le pyrotechnicien Sir Henry Hot (à droite), responsable d’une

partie du spectacle, vérifie les bouteilles à gaz.

L’araignée est constituée de métaux de récup,

et ses pattes sont de vieux scanners autrefois utilisés par les douanes

en Afrique du Nord

Page 86: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

D’habitude, l’araignée hiberne dans un hangar à Bristol. Mais cet hiver elle file à Bangkok en Thaïlande (28 et 29 novembre) puis au festival Rhythm & Vines en Nouvelle Zélande (29 et 31 décembre).

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personnes pendant trois jours, les pyro-techniciens et les éclairagistes complètent ensuite le dispositif. « Plus que dix mi-nutes très exactement, s’exclame Jason en jetant un œil à sa montre. À 2 h 45 pré-cises, un show de 15 minutes démarrera, pendant lequel l’araignée montre de quoi elle est capable. » Jason coiffe son casque. « Ce sera l’heure pour Sir Henry d’entrer en scène. » Sir Henry Hot, de son nom d’artiste complet, est le responsable pyro-technie d’Arcadia. Il contrôle une dernière fois les branchements des 35 bouteilles de gaz disposées dans un container au pied de l’araignée. « C’est de là qu’est pompé le gaz. Des réservoirs de 150 litres sont fixés

au sommet de la construction, dans la tête de la bête. De quoi me donner une bonne puissance de feu .»

Il y a 15 ans, Hot était informaticien dans une petite ville d’Allemagne du nord. Suite à un burn-out, un psycho-logue lui conseille de s’adonner à sa passion : le feu. La quarantaine bien enta-mée, il apprend alors à cracher du feu et suit une formation de pyrotechnicien.

En 2009, il réalise pour l’araignée un système unique au monde permettant de cracher des flammes de 25 mètres. Le tir de flammes initial est à ses yeux le meilleur moment du spectacle. Quand personne ne s’y attend encore. « La première détonation, l’intensité de l’éclat lumineux et l’odeur mettent les gens dans tous leurs états. Les vibrations des jets de flammes se ressentent à plus de cinq kilomètres à la ronde », explique Hot les yeux brillants. Plus que 30 se-condes. Casque sur la tête et concentrés, Hot et sept autres techniciens ont les yeux rivés sur les pupitres et les écrans : « Prêts ? » Tous acquiescent, pouces levés. Hot entame alors le compte à rebours : « Dix, neuf, huit, sept… » L’araignée s’éteint. Blackout. Les danseurs s’immobi-lisent subitement et regardent vers le ciel. Certains protestent : « Quoi, c’est déjà fini ? Une panne de courant ? » En ré-ponse, les colonnes de haut-parleurs émettent de lourdes basses, des faisceaux laser bleus jaillissent des pattes et fendent le brouillard. Le volume du beat remonte. Trois grues reliées au corps de l’animal entrent en mouvement au rythme de la musique. L’araignée se réveille. Le public se déchaîne.

La musique est de plus en plus forte, des synthés aigus percent le ciel. Hot pose son index sur le gros bouton rouge du pupitre de commande. La grosse caisse retentit. Hot enfonce le bouton. Trois jets de flammes jaillissent de la tête de l’arai-gnée dans un sifflement. L’éblouissement est tel qu’on en reste un temps aveuglé, l’onde de chaleur si chaude qu’on croit en avoir les cils brûlés. Hot remet ça, une fois, deux fois. Le rythme de la musique s’emballe. Les gestes du pyrotechnicien se multiplient et s’accélèrent. Hot utilise tous les registres de l’araignée : lance-flammes, bras articulés, canon CO2 et fais-ceaux laser. Le spectacle est étourdissant. On se croirait à une soirée post-apocalyp-tique à la Mad Max. Ou à une fête de fin d’année sur Mars. Arcadia a transformé cette nuit estivale triste et pluvieuse en une virée spatio-temporelle inoubliable. arcadiaspectacular.com

de fret au Sahara », dit Janson. La chaire de DJ’s provient de six anciens réacteurs à propulsion, les sortes de prothèses de genoux écaillées de morceaux d’hélico. Tout comme les six membres principaux d’Arcadia, Janson vit la majeure partie de l’année dans une caravane dans la ban-lieue de Bristol. C’est là qu’ils échafau-dent de nouvelles scènes, réparent ou créent au chalumeau de nouveaux géants d’acier avec les métaux récupérés.

Trois poids lourds sont nécessaires au transport de la bête articulée. Les pattes sont d’abord disposées en cercle au sol puis hissées par une grue de 100 tonnes pour être fixées à la tête de l’arai-gnée. Les câbles électriques et les conduits hydrauliques sont placés sous terre et reliés à des groupes électrogènes diesel grands comme un abri de jardin à l’extrémité du terrain. Le montage de l’araignée nécessite une équipe de quinze

Dans le cerveau de l’araignée : techniciens laser et pyrotechnie,

chorégraphes de grues et directeur de production devant leurs écrans

d’ordinateur. Et le gros bouton rouge avec lequel Sir Henry Hot

met le public en feu.

Suite à un burn-out, l’ex-informaticien se reconvertit en pyrotechnicien

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Les centaines d’artistes du Salon d’Automne s’installent sur les Champs-Élysées. De sa création en 1903 au Grand Palais jusqu’à son arrivée sur la célèbre avenue il y a trois ans, la manifestation contribue obstinément à promouvoir la notoriété de jeunes artistes et à faire découvrir les courants de l’art moderne et contemporain au grand public. Pein-ture, street art, musique, art numérique, gravure, poésie. La palette est très large. salon-automne.com

ACTION !ÉVÉNEMENTS

16-19.10, Paris

L’Automne aux Champs

La Route du Rhum – Destination Guadeloupe va griser des centaines de milliers de spectateurs sur les côtes de Bretagne à l’occasion du grand départ donné de la cité malouine. La Transat qui relie Saint-Malo à Pointe-à-Pitre est un des événements mondiaux de la course au large tous les quatre ans depuis 1978. 10e édition cette année, et l’élite des skippers pros est gonflée avec une liste d’engagés comptant plus de 60 inscrits. François Gabart, Lionel Lemonchois, Vincent Riou, Thomas Coville, Francis Joyon ou Yann Eliès ont écrit la légende des transats et seront au départ. En 2006, Lionel Lemon-chois, sur son immense trimaran Gitana 11, a pulvérisé le record de traversée en 7 jours, 17 heures, 19 minutes et 6 secondes. Peut-on faire mieux? Réponse le 10 no-vembre au plus tard. routedurhum.com

02.11, Saint-Malo

Le bon cap

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Page 89: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

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ÉLECTRONIQUELe festival des

cultures électro-niques et indépen-dantes vient une

nouvelle fois électriser les nuits

caennaises jusqu’au 25 oc-tobre. The Do, Chinese Man,

J abberwocky, la programmation est éclectique.

nordik.org

21OCTOBRE

EXOTIQUELe 1er match de la tournée

automnale du XV de France invite l’équipe des Îles Fidji à découvrir le nouveau stade

Vélodrome de Marseille. Un peu de rugby au pays

de l’OM, ça détend. Mais ça

reste musclé. ffr.fr

8NOVEMBRE

ATYPIQUELens, SDF de la

Ligue 1 cette sai-son pour cause de rénovation de son stade, « accueille »

le Paris SG au SDF, le grand

Stade de France. À Saint-Denis, le

champion de France ne jouera pas pour autant à domicile. Succès populaire garanti.

rclens.fr

18OCTOBRE

15-16.11, Lille

La piste du NordLe Palais omnisports de Paris-Bercy étant toujours en travaux, le Supercross s’exile cet automne dans le stade couvert Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq, en banlieue de Lille. Il accueillera 24 000 spectateurs pour le show. Une grande première. Jus-tin Barcia, King of Bercy l’an dernier, viendra défendre son titre. Un objectif également visé par des pilotes comme Eli Tomac, Levi Sherwood, Justin Brayton ou un trio de Français (Jordi Tixier, Romain Fevre, Dyland Ferrandis). Ça promet du spectacle sur une très longue piste tracée sur le modèle des courses aux USA. supercrossbercy.com

16-18.10, Grenoble

Passion glisseLe Stade des Alpes de Grenoble accueille pendant 3 jours les fans de glisse et de montagne. Films de snowboard

sur écran géant, concerts, expos, démos, riders, la culture glisse envahit l’espace et la scène. Et la mon-tagne s’invite en ville, quand snow, skate et street art donnent toute sa dimension au Snowboard Garden

Festival. Une façon de lancer la saison à quelques jours seulement de l’ouverture des domaines skiables des sta-tions alpines. gardenfestival.fr/2014/

7-9.11, Le Puy-en-Velay

ApesanteurCe rassemblement interna-tional de montgolfières est devenu le must de la disci-pline en Europe. Le nez en l’air, on pourra être specta-teur et regarder voler les bal-lons au-dessus des superbes paysages de Haute-Loire ou, plus téméraire, s’offrir des baptêmes de l’air et des vols d’instruction. Tentés ? montgolfiere-en-velay.fr

30.10-01.11, Paris

Indépendance4e édition du Pitchfork Music Festival de Paris à la Villette, grand rendez-vous automnal de musique indé. On y vien-dra pour James Blake, les Canadiens de Caribou ou les Écossais de Mogwai. Vos préférences vont à Belle & Sebastian, Ben Khan ou Chvrches ? Vous avez trois jours pour tout découvrir. pitchforkmusicfestival.fr

15-16.11, Paris

Manga maniaLe salon Paris Manga et Sci-Fi Show va attirer amateurs de mangas, comics, jeux vi-déo et SF au Parc des expos à Paris. L’occasion de croiser des invités prestigieux comme Yamamoto Aoi, « cha-ra designer » de la série Fairy Tail ou, côté sci-fi Show, Peter Davison, de Doctor Who, et Tony Amendola (Stargate). parismanga.fr

Du 18 au 26 octobre, La Torche (Finistère) accueille les meilleurs windsurfers mondiaux sur ses vagues bretonnes pour l’étape fran-çaise du World Tour PWA. Une fois les voiles rangées, c’est la finale de la Coupe du monde de stand up paddle qui s’y tiendra jusqu’au 2 no-vembre. la-torche2014.com

27.10-02.11, Paris

Une semaine à ParisDernier tournoi masculin de la saison avant la fi-nale des Masters de Londres (le 9 novembre), le BNP Paribas Masters est souvent décisif dans l’ul-time course au classement mondial. Le revêtement en dur des courts du Palais omnisports de Paris-Bercy (POPB) ajoute à la difficulté du rendez-vous. L’an dernier, Novak Djokovic s’est im-posé au terme d’un tournoi Masters 1000 d’une rare qualité. Cet automne, excep-tionnellement, le POPB, en rénovation jusqu’à l’an pro-chain, rouvre ses portes pour accueillir une compétition instal-lée ici depuis 86.fft.fr

E NB R E F

NOTRE SÉLECTION, EN BONNE

COMPAGNIE

18.10-02.11, La Torche

Du vent sur La Torche

Djoko, le maître de Bercy en 2013

THE RED BULLETIN 89

Page 90: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

E n m o d e p o u d r e u s e à Av o r i a z o u p r êt s à d éf i e r l e s e m b r u n s d ’ H o s s e g o r   ? O u t o u t s i m p l e m e n t e n m o u v e m e n t , s o u s l a p l u i e,

e n t r e d e u x r e n d ez-v o u s   ? T h e R e d B u l l et i n a s é l e ct i o n n é p o u r v o u s d e s v êt e m e n t s et a cce s s o i r e s co o l et p ra t i q u e s p o u r v o u s j o u e r d e s c a p r i ce s d e l a m ét é o e n t o u t e s o cc a s i o n s .

N o s v i e s s o n t d e p l u s e n p l u s t r é p i d a n t e s . D a n s u n e s o c i ét é q u i t o u r n e e n m o d e 24 / 24 , i l co n v i e n t d e b i e n s’é q u i p e r p o u r s’a d a p t e r

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Te x t e e t s t y l i n g   : O L I E A R N O L D

P r o d u c t i o n   : O T T E R J E Z A M I N H AT C H E T T

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Page 91: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

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londonundercover.co.ukVotre tête est à l’abri sous ce

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COTE & CIEL NILE SAC-À-DOS oki-ni.com

Un accessoire indispen-sable qui vous protégera de toute averse surprise.

TOMMY HILFIGER GILET

tommyhilfiger.comLa couche intermé-

diaire vous permet de gérer confortablement le passage de l’outdoor

à l’indoor.

ARCTERYX PARSEC MANTEAU À CAPUCHE

arcteryx.comUne protection idéale

associée à une esthétique urbaine, pour affronter une

météo extrême.

ELEMENT DONNELLY CHAUSSURES

eu.elementbrand.comCes bottines, style

randonnée, seront les parfaites partenaires

pour marcher, marcher, marcher…

JBL REFLECT BT BLUETOOTH ÉCOUTEURS

jbl.comCe casque vous épargnera les câbles encombrants. Et il sup-

portera sans souci toute mise à l’épreuve, notamment la sueur.

Page 92: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

COLUMBIA PLATINUM 860 VESTE columbia.com

Une veste chaude et légère à l’isolation performante.

Fini les sous-couches.

DC PLY SNOWBOARD dcshoes.com

Le graphisme a été créé par Vincent Skoglund, star de la photo de neige. À vous

de rider, l’esprit arty.

ROSSIGNOL SPARK CASQUE AUDIO rossignol.com

Votre tête est protégée et vos oreilles sont choyées :

les écouteurs sont intégrés. Skiez fun !

NIKE COMMAND LUNETTES TRANSITION snowboard-asylum.com

Dotées de verres à teinte variable, ces lunettes

s’adaptent à toutes les luminosités. Plus besoin

d’en changer en cours de journée !

MCNAIR HEAVY MANTEAU

mcnairshirts.comUne veste solide, de

précision américaine, qui vous protégera en toute élégance. 

BILLABONG SOLOMON GARAGE CREW CUSTOM

PULL ÉPAIS billabong.comLa laine mérinos traitée vous gardera au chaud

et au sec.

DC JUDGE SNOWBOARD CHAUSSURES DE SNOW

dcshoes.comLeur système de ferme-ture futuriste assure un

maintien parfait de la cheville, sans lacets.

# 2 F R O I DRESTEZ ÉLÉGANTS ET AU CHAUD DANS

LA POUDREUSE.

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Page 93: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

# 3 C H A L E U RPROTÉGEZ-VOUS

DU SOLEIL ET GARDEZ VOTRE SANG-FROID.

CONVERSE ALL STAR SNEAKERS EN CAOUTCHOUC converse.com

Chaussure mythique, et durable, grâce à son

pied en caoutchouc.

FINISTERRE STROMA VESTE finisterreuk.com

À l’abri de la chaleur dans ce manteau léger, vous pouvez tout ranger

dans sa poche surdimensionnée.

NEON MADERN NEOPRENE T-SHIRT neonwetsuits.comUn service sur mesure vous permet de concevoir votre combinaison, et assure un

look unique dans le line-up.

DIESEL DENIMEYE LUNETTES diesel.com

Des lunettes en jeans dont les imperfections de la

matière denim font qu’aucune paire ne

ressemble à une autre.

VANS ISO 1.5 TRAINER CHAUSSURES vans.comUltra légères et soutien

impeccable : elles seront parfaites pour rejoindre

la plage.

NIXON LODOWN II MONTRE nixon.comAvec 270 plages en

mémoire, cette montre est indispensable pour connaître les marées.

QUIKSILVER ORIGINAL SHORT quiksilver.com

Un style old-school mais une conception futuriste : le combo

parfait.

ADIDAS ORIGINALS VESTE adidas.com

Optimisez vos sessions de surf avec cette veste

stylée, parfaite pour l’avant et l’après.

93

Page 94: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR

# 4 O B S C U R I T ÉPOUR VOIR OU ÊTRE VU

QUAND LE SOLEIL EST PARTI SE COUCHER.

NIKE VISION RUN X2 LUNETTES DE COURSE DE NUIT nikevision.com Enfin des lunettes qui

permettent d’affronter le soleil couchant et l’arrivée de la nuit.

ASICS BASE LAYER T-SHIRT asics.com

Sa technologie unique soutient vos muscles,

améliorant vos performances et votre

récupération.

NEW BALANCE FRESH CHAUSSURES

newbalance.comCes chaussures de

running plusieurs fois récompensées misent sur

la mousse pour assurer l’amortissement

de la foulée.

PUMA PHOTO REAL VESTE puma.com

L’imprimé camouflage ne vous fait pas échapper aux

radars, mais à la pluie.

NIKE CHEYENNE VAPOR 2 SAC-À-DOS nike.com

Le Vapor est ultra léger. Transportez plus, sans

sacrifier la stabilité ni le maintien.

GORE MYTHOS 2.0 GT AS VESTE goreapparel.com

Impeccable pour aller rouler dans la nuit. Dotée d’une membrane im-perméable, cette veste est réflé-chissante, donc idéale pour votre

sécurité sur les routes.

GIRO EMPIRE CHAUSSURES

condorcycles.comCette chaussure stylée et performante fera de chacune de vos sorties une classique cycliste.

LEZYNE ZECTO DRIVE LAMPE PRO

condorcycles.comCette lampe puissante et polyvalente passe facilement de votre

front à votre dos, et du bleu au rouge instanta-nément. Elle est aussi

imperméable et rechargeable.

94

Page 95: The Red Bulletin Novembre 2014 - FR
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Hennegau, Belgique17 mai 2014À soixante mètres du sol, le Munichois Johannes Olszewski est en équilibre sur la tour de réfrigération d’une centrale thermique. « Nous avons tendu une slackline de 28 mètres, large de deux doigts. » Ce qu’on éprouve tout là-haut ? « Les premiers pas, on sent le froid, les derniers mètres ne sont qu’euphorie. »

oneinchdreams.com

« Règle numéro un : ne jamais regarder en bas »Règle numéro deux : une musique idoine. L’artiste équilibriste Johannes Olszewski (21 ans) est un inconditionnel des morceaux reggae de Damian Marley.

INSTANT MAGIQUE

THE RED BULLETIN NUMÉRO 36 PARAÎTRA LE 12 NOVEMBRE 2014

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ND

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Rejoignez le Pioneers Festival:pioneers.io/festival

Suivez le Livestream sur: redbulletin.com/pioneers

FaSt.FoRwaRd.

FutuRe.

29—30 OctObre

2014

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*Rapidement. En avant. Vers le futur.

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