texte cartel jérôme pierre
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Tétraèdre-Résistance, texte du cartel accompagnant l’œuvre de Jérôme Pierre lors de
l’exposition Jeune Création 2012 qui eut lieu au Centquatre, Paris.
Trois séries de trois tétraèdres impliquant trois tabourets à trois
pieds. Telle est la trilogie de résistance que nous propose Jérôme
Pierre. La récurrence du nombre trois ne peut être éludée, et inscrit
d’emblée le travail de l’artiste dans une histoire millénaire. Jonglant
habilement avec les symboles, il développe son travail autour
d’images archétypales fortes.
Avec Tétraèdre-résistance, Jérôme Pierre plonge le spectateur dans
un régime d’hyper-imagerie qui fait affluer à l’esprit de ce dernier,
nombre de références. La structure des tétraèdres sur le tabouret n’a
de cesse de convoquer en arrière plan la figure tutélaire de Marcel
Duchamp et de sa Roue de bicyclette. Les composantes formelles ; le
blanc du tabouret contre le noir des tétraèdres, l’opposition du bois
et de l’acier, le modelé rond du tabouret contre les arrêtes des
figures ; tout concourt à susciter des forces antagonistes, sorte de
puissances étrangement inquiétantes qui irradient l’espace
d’exposition. Le choix du tétraèdre par l’artiste n’est pas anodin.
Cette figure mathématique fascinante, aussi appeler solide de Platon,
est formée de quatre triangles équilatéraux et a comme propriété
remarquable d’être son propre dual : en joignant les centres des
faces, on peut alors obtenir un nouveau tétraèdre régulier. Le
tétraèdre est ainsi reproductible à l’infini et suggère au spectateur
qui les contemple une mise en abyme vertigineuse incarnée par
l’installation elle-même.
La présence de la machine comme matrice originelle du tétraèdre -
mais aussi comme condition première de réplicabilité de l’œuvre- est
le point de départ de l’évolution de la figure. Les figures de taille
moyenne, posées à même le sol, semblent être une étape
intermédiaire entre la création, symbolisée par la machine, et le
stade final des tétraèdres placés sur les tabourets. En ce qu’ils sont
chargés de signification, ces derniers semblent être les signes d’un
stade avancé de civilisation. En effet, par la disposition des
tétraèdres, Jérôme Pierre les charge d’une dimension subversive. Là
où les tabourets auraient pu être placés dans l’espace de la galerie
pour que les spectateurs s’y assoient et contemplent les autres
œuvres ; la présence de ces objets tranchants et pointus empêche
toute contemplation passive, et attire l’attention du spectateur sur la
nécessité de demeurer alerte face au flot d’informations qui nous
entoure.
Delphine LOPEZ
Tétraèdre-Résistance, Jérôme Pierre, 2012,
installation pour Jeune Création 2012, au Centquatre, Paris- acier, bois, acrylique et gomme, dimensions
variables- http://jeromepierre.com/tetraedre-resistance-jeune-creation-2012/
Tétraèdre-Résistance, Jérôme Pierre, détails de l’installation, acier, bois, acrylique et gomme, dimensions
variables