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LPO Mission rapaces - n° 14 & 15 - août 2014 page 1 n° 14 & 15 - août 2014 Suivi Bilan du suivi 2012-2013 1 Petites chouettes dans les Hautes-Alpes 10 Conservation Relâcher de jeunes chevêchettes 13 Colobome chez la Tengmalm 14 Bibliographie Publications récentes 15 Analyse bibliographique 16 Sensibilisation Discrète chevêchette 16 Appel à textes et illustrations 16 Photos : D. Hackel, G. Trochard © Bilan du suivi 2012-2013 Cette septième synthèse du suivi des « Petites chouettes de montagne » concerne une vingtaine de secteurs géo- graphiques de présence de l’une ou des deux espèces. La période de suivi s’étale du 1 er août 2012 au 31 juillet 2013, englobant donc l’automne 2012, l’hiver et le printemps 2013. Près de 400 personnes ont participé à ce suivi et ont totalisé l’équivalent de plus de 2 000 journées de prospection sur le terrain. Il reste néanmoins des zones peu ou mal couvertes, des secteurs où notre connaissance de la répartition et de la nidification des deux espèces est insuffisante. Toute contribution sera la bienvenue. Après 2012, l’année des records (422 chanteurs ou territoires de chouette de Tengmalm et 304 de chevêchette d’Europe), 2013 est une année dé- cevante : 91 chanteurs ou territoires de chouette de Tengmalm et 173 de chevêchette d’Europe (sans le massif du Jura). L’effondrement des populations de rongeurs après la pullulation de 2012 est la principale cause de la raréfaction de nos deux petites chouettes de montagne. Les mauvaises conditions météorolo- giques ont aussi rendu les recherches plus difficiles en altitude. Pour la première fois, la chevêchette devance la Tengmalm… mais la plus petite de nos chouettes de montagne a peut-être été davantage recherchée par les observateurs ! Néanmoins, il semble bien que la chouette de Tengmalm soit en régression à long terme… et ce n’est pas la saison de reproduction 2013 qui va lui permettre de reconstituer ses effec- tifs. Les huit nids suivis ont tous connu l’échec ! Par ailleurs, la chevêchette se maintient dans le Massif central mais aucune nidification n’y a été découverte cette année ! par Yves Muller Coordinateur LPO « Petites chouettes de montagne » [email protected] Ardennes Année maigre pour la chouette de Teng- malm dans les Ardennes : aucun contact avec l’espèce mais les prospections ont été minimales cette saison. coordination : Nicolas Harter (Association ReNArd) [email protected] Observateurs : S. Garric et N. Harter. Massif vosgien Vosges du Nord (57 – 67) Très peu de données de chouette de Tengmalm dans les Vosges du Nord au printemps 2013 : un chanteur le 15 mars et un autre le 17 avril. Aucune preuve de reproduction. Premier jour de tournage, nous partons, Gilles Trochard et moi, sur la réserve des Hauts-Pla- teaux du Vercors pour tenter de repérer une chevêchette. En pleine étude sur la chouette pygmée, Gilles est confiant. Quant à moi, je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. Je n’ai encore jamais vu la chouette et le peu d’images filmées existantes me rendaient perplexe. Pourtant, une heure après notre arrivée, nous observons trois individus dont un couple qui s’accouplera devant nos yeux. A ce moment-là, je ne réalise pas encore la chance que j’ai. L’objectif du documentaire était de filmer toutes les étapes de la vie de l’oiseau. Ambi- tieux ! Certes, la chouette est peu farouche mais elle n’en est pas moins discrète. Avec de la patience et l’aide essentielle de Gilles Trochard, de Sébastien Blâche (LPO Drôme) et de l’ONF, la chevêchette délivrera quelques- uns de ses secrets. Il aura fallu près de cent jours de tournage étalés sur deux ans pour y parvenir. Fascinante, attachante, la chevêchette, c’est un peu le Graal des ornithologues. A force de la côtoyer dans ce splendide espace des Hauts- Plateaux, je comprends mieux la passion qui anime ces spécialistes pour les petites chouettes de montagne. Alors, tout naturellement, je tiens à remercier tous ceux qui ont permis à ce film de voir le jour, par leur aide, leur présence : LPO, ONF, INRA, Parc du Vercors et Tour du Valat. Je remercie tous ces passionnés qui prennent du temps pour faire avancer la connaissance, essentielle, sur la chouette et plus largement, la connaissance sur la nature afin de contrer un capitalisme dévorant un monde du sauvage de plus en plus réduit. Yoann Périé Suivi

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Page 1: Tengmalm chevechette 14 15

Photos : D. Hackel, G. Trochard ©

LPO Mission rapaces - n° 14 & 15 - août 2014 page 1

n° 14 & 15 - août 2014

Suivi Bilan du suivi 2012-2013 1

Petites chouettes dans les Hautes-Alpes 10Conservation

Relâcher de jeunes chevêchettes 13Colobome chez la Tengmalm 14

BibliographiePublications récentes 15

Analyse bibliographique 16Sensibilisation

Discrète chevêchette 16Appel à textes et illustrations 16

Photos : D. Hackel, G. Trochard ©

Bilan du suivi 2012-2013

Cette septième synthèse du suivi des « Petites chouettes de montagne » concerne une vingtaine de secteurs géo-graphiques de présence de l’une ou des deux espèces. La période de suivi s’étale du 1er août 2012 au 31 juillet 2013, englobant donc l’automne 2012, l’hiver et le printemps 2013.Près de 400 personnes ont participé à ce suivi et ont totalisé l’équivalent de plus de 2 000 journées de prospection sur le terrain. Il reste néanmoins des zones peu ou mal couvertes, des secteurs où notre connaissance de la répartition et de la nidification des deux espèces est insuffisante. Toute contribution sera la bienvenue.Après 2012, l’année des records (422 chanteurs ou territoires de chouette de Tengmalm et 304 de chevêchette d’Europe), 2013 est une année dé-cevante : 91 chanteurs ou territoires de chouette de Tengmalm et 173 de chevêchette d’Europe (sans le massif du Jura). L’effondrement des populations de rongeurs après la pullulation de 2012 est la principale cause de la raréfaction de nos deux petites chouettes de montagne. Les mauvaises conditions météorolo-giques ont aussi rendu les recherches plus difficiles en altitude.Pour la première fois, la chevêchette devance la Tengmalm… mais la plus petite de nos chouettes de montagne a peut-être été davantage recherchée par les observateurs ! Néanmoins, il semble

bien que la chouette de Tengmalm soit en régression à long terme… et ce n’est pas la saison de reproduction 2013 qui va lui permettre de reconstituer ses effec-tifs. Les huit nids suivis ont tous connu l’échec ! Par ailleurs, la chevêchette se maintient dans le Massif central mais aucune nidification n’y a été découverte cette année !

par Yves MullerCoordinateur LPO « Petites chouettes de montagne »[email protected]

Ardennes

Année maigre pour la chouette de Teng-malm dans les Ardennes : aucun contact avec l’espèce mais les prospections ont été minimales cette saison.

coordination : Nicolas Harter (Association ReNArd)

[email protected] : S. Garric et N. Harter.

Massif vosgien

Vosges du Nord (57 – 67)

Très peu de données de chouette de Tengmalm dans les Vosges du Nord au printemps 2013 : un chanteur le 15 mars et un autre le 17 avril. Aucune preuve de reproduction.

Premier jour de tournage, nous partons, Gilles Trochard et moi, sur la réserve des Hauts-Pla-teaux du Vercors pour tenter de repérer une chevêchette. En pleine étude sur la chouette pygmée, Gilles est confiant. Quant à moi, je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. Je n’ai encore jamais vu la chouette et le peu d’images filmées existantes me rendaient perplexe.

Pourtant, une heure après notre arrivée, nous observons trois individus dont un couple qui s’accouplera devant nos yeux. A ce moment-là, je ne réalise pas encore la chance que j’ai.

L’objectif du documentaire était de filmer toutes les étapes de la vie de l’oiseau. Ambi-tieux ! Certes, la chouette est peu farouche mais elle n’en est pas moins discrète. Avec de la patience et l’aide essentielle de Gilles Trochard, de Sébastien Blâche (LPO Drôme) et de l’ONF, la chevêchette délivrera quelques-uns de ses secrets. Il aura fallu près de cent jours de tournage étalés sur deux ans pour y parvenir.

Fascinante, attachante, la chevêchette, c’est un peu le Graal des ornithologues. A force de la côtoyer dans ce splendide espace des Hauts-Plateaux, je comprends mieux la passion qui anime ces spécialistes pour les petites chouettes de montagne.

Alors, tout naturellement, je tiens à remercier tous ceux qui ont permis à ce film de voir le jour, par leur aide, leur présence : LPO, ONF, INRA, Parc du Vercors et Tour du Valat. Je remercie tous ces passionnés qui prennent du temps pour faire avancer la connaissance, essentielle, sur la chouette et plus largement, la connaissance sur la nature afin de contrer un capitalisme dévorant un monde du sauvage de plus en plus réduit.

Yoann Périé

Suivi

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Tengmalm et chevêchette n° 14 & 15 - août 2014 - LPO Mission rapaces

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En revanche, 18 territoires de che-vêchette d’Europe sont localisés en automne 2012 dans la partie sep-tentrionale des Vosges du Nord, aux confins de l’Alsace et de la Lorraine et deux dans la partie centrale des Vosges du Nord. Au printemps suivant, six territoires sont localisés sur des sites habituels dans les forêts à l’est de Bitche et dans l’Alsace proche. Deux nids sont découverts, à des altitudes comprises entre 250 et 280 mètres. L’une des nidifications échoue : la nichée est abandonnée sans doute en raison de la disparition de la femelle. L’autre réussit avec envol de la nichée vers le 16-17 juin.

Vosges moyennes (57 – 67)

Une chouette de Tengmalm alarme à l’automne 2012 mais aucun contact au printemps suivant !La saison est bien meilleure pour la chevêchette d’Europe : neuf chanteurs sont localisés en automne 2012 dans les forêts domaniales de Lutzelhouse, d’Abreschviller, du Donon et un à Obe-rhaslach. Au printemps suivant, quatre territoires sont localisés mais aucune nidification n’est découverte.

Hautes-Vosges (68 – 88)

Deux chouettes de Tengmalm sont re-pérées en automne. Au printemps sui-vant, seuls trois chanteurs sont repérés et aucune nidification n’est prouvée !Après la belle saison de reproduction du printemps 2012, l’automne a permis de repérer près de 50 territoires de chevêchette d’Europe dans les Hautes-Vosges, particulièrement sur le versant ouest du massif. Au printemps suivant, 20 sites sont contrôlés avec des chanteurs et parmi eux deux nidifica-tions sont suivies mais elles ont échoué. A noter un rassemblement surprenant de cinq adultes (quatre mâles et une femelle a priori) le 18 juin (G. Dietrich).

coordination : Yves Muller (LPO Alsace) [email protected] : A. Ancel, J.M. Berger, A. Chemi-nant, G. Dietrich, T. Durr, C. Dronneau, G. Haas, N. Hoffmann, P. Jourde, B. Kernel, A. Laurent, R. Lecaille, A. Lutz, Y. Muller, C. Pinçon, J.-J. Pfeffer, J.-P. Saint-Andrieux, D. Schmitt, E. Schmitt, M. Schneider, A. Schnitzler, L. Waeffler, B. Wassmer et le GTV

Massif jurassien

Données non disponibles.

coordination : Michel Gauthier-Clerc (LPO Franche-Comté)

[email protected]

Bourgogne

Morvan

La Bourgogne est à présent dotée des deux petites chouettes de montagne. Après de nombreuses recherches sur les secteurs du Haut-Morvan fréquen-tés par la Tengmalm, une chevêchette d’Europe a fini par être contactée en novembre 2012. Tout d’abord repérée grâce à son chant d’automne entendu à 15h30, l’individu a pu être localisé environ une heure plus tard au sommet d’un grand épicéa. Les habitats sur le secteur, d’une altitude comprise entre 750 et 850 mètres, sont relativement variés avec de la hêtraie acidiphile à houx, des peuplements mixtes de bouleaux, hêtres et épicéas avec des arbres assez âgés, des zones de coupes diversifiées en hauteur et en végéta-tion et des zones humides ouvertes ou fermées. D’autres recherches en fin d’année 2012 n’ont donné lieu à aucun autre contact mais un mâle chanteur a de nouveau été entendu en mars 2013. Des prospections approfondies de cavités potentiellement favorables ont commencé au cours du printemps 2013. Pour le moment aucune cavité occupée n’a été découverte.Pour la chouette de Tengmalm, les résultats sont beaucoup moins en-courageants. Aucun mâle chanteur ni aucune preuve de reproduction n’ont été enregistrés alors que deux à trois chanteurs avaient été entendus sur le même secteur au printemps 2012. Toutefois, l’effort de prospection au cours de la période la plus favorable à l’écoute a été relativement faible en 2013 comparé aux années précédentes. Seul fait intéressant : un individu ob-servé au bord d’une route au mois de février dans un secteur du Haut-Mor-van où l’espèce n’avait jusqu’à présent pas été notée. Les recherches de cavités occupées n’ont également rien donné.

Côte-d’Or

Les secteurs habituels ont été pros-pectés pour la chouette deTengmalm de janvier à mars sans succès. Ce sont environ 50 points d’écoute et trente heures de sorties pour lesquels nous n’avons eu aucun contact.Les massifs explorés en Côte-d’Or étaient : forêt de Moloy, forêt d’Is-sur-Tille, forêt de Jugny et de Châtillon-sur-Seine, l’arrière côte dijonnaise et le Val-Suzon.

coordination : Cécile Détroit (Société d’histoire naturelle d’Autun) et Gérard Olivier (LPO Côte-d’Or)

[email protected] : C. Agier, G. Balay, G. Barabant, O. Bardet, H. Baudvin, M. Baudvin, S. Bellenfant, A. Boutin, P. Brossault, E. Burlotte, P. Coudor, A. Delerue, A. Dervin, C. Détroit, L. Jouve, M. Jouve, D. Lerat, L. Michel, T. Morant, G. Olivier, M. Spilmont, D. Véron

Massif central

Massifs forestiers de la Loire (42)

2013 est une petite année pour la chouette de Tengmalm dans les mas-sifs forestiers de la Loire.Les huit sorties sur le terrain totalisent trois contacts dans les monts du Forez, mais sont négatives dans le massif du Pilat et les monts de la Madeleine.Les deux contrôles des nichoirs dans les monts du Forez restent infructueux.Les prospections chevêchette d’Europe restent, elles aussi, négatives.

coordination : Rodolphe Genouilhac (LPO Loire)

[email protected] : R. Genouilhac, N. Lorenzini, B. Tran-chand, J.-C.Corbel, E. Libercier, A. Dorie, L. Marquet, R. Diez, P. Glatz

Monts du Livradois (43 – 63)

2013 est une très mauvaise année pour la chouette de Tengmalm. Le premier chant est entendu le 13 janvier et le dernier le 24 avril (seulement). Sur les quelque vingt sites suivis, ce n’est que le 2 avril que sont trouvées deux premières femelles au nid et les cinq

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Bulletindeliaison

duréseauPetites

chouettesdemontagne

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tentatives de reproduction dé-couvertes en tout se sont soldées par un échec complet, les cinq nids ayant été abandonnés en cours d’incubation. Pour la troisième année, deux chevêchettes d’Europe ont mani-festé un comportement toujours aussi atypique, avec absence de tout indice de présence en automne et en hiver et reprise des chants réguliers du 1er mai jusqu’au 4 juillet pour le dernier. Recherche femelle désespéré-ment !

coordination : Dominique Vigier

[email protected]

Massifs forestiers de Haute-Loire (43)

Massif du DevèsPour le massif du Devès, avec un accès délicat, pour cause de neige au début du printemps, nombreux sont les sites décou-verts en 2012, qui n’ont pu être « écoutés ». Le 9 mars 2013 enfin, un premier chanteur de chouette de Tengmalm se fait entendre. Plusieurs sorties par la suite pour comptabiliser, seulement trois chanteurs sur la période. Petite année pour les nidifications car seule une chouette sera vue à la loge le 13 avril, puis le 27 avril, puis plus rien... Plus tard dans la saison, les 11 îlots d’arbres occu-pés en 2012 on été contrôlés par grattage au moins une fois, sans pouvoir apporter de preuve de nidification ou tentative ; deux de leurs loges étaient occupées par des écureuils. La plupart des pôles étant situés dans les forêts de type hêtraies-sapinières en gestions ONF une convention avec la LPO est en cours d’élaboration, afin de pointer et protéger les arbres à cavités. Pour la chevêchette d’Europe, au-cune observation n’a été faite de l’espèce, malgré diverses prospec-tions à sa recherche sur le Devès. La petite chouette semble être la grande absente de ces forêts, qui pourraient correspondre au biotope type...

Massifs du Meygal, du Mézenc, du Felletin et des monts BreyssesLa période d’août 2012 à juillet 2013 va enclencher un nouvel élan dans la recherche des petites chouettes de montagne en Haute-Loire. Le travail mené sur le massif du Devès va remotiver quelques ornithos locaux à rechercher dans un premier temps la chouette de Tengmalm, dont on pensait la distribution départementale plus localisée, et dans un second temps la chevêchette d’Europe.Chouette de Tengmalm : le nombre d’observations fournies pour la période considérée est de 25, avec seulement deux contacts d’un oiseau chanteur, probable-ment le même car sur le même site et à quelques jours d’intervalles. Les deux observations émanent de deux observateurs différents, pour un total de quatre observateurs sur ces massifs.

Chevêchette d’Europe : sa dé-couverte récente en Haute-Loire a suscité quelques velléités qui ont payé sur le massif du Meygal avec plusieurs contacts en automne, dont un chant d’automne bien marqué (mais bref), et un seul contact printanier. Quatre observateurs au total, pour 24 données et huit contacts en tout.

coordination : Nicolas Vaille-Cullière

et Christophe Tomati(LPO Auvergne)

[email protected] ; [email protected]

Montagne limousine (87)

En 2013, on compte quatre chanteurs pour quatre sites diffé-rents (deux en Corrèze et deux en Creuse), avec une couvaison dont on ne connait pas l’issue.Cette saison encore, la décou-verte de nouveaux sites plus bas en altitude et éloignés du noyau historique, confirme l’extension ou l’étalement de la population de chouette de Tengmalm en Limousin. Pour autant la po-pulation ne grandit pas. Aussi peut-être faudrait-il attribuer ce phénomène à la diversification des observateurs ?

coordination : Romain Rouaud (Pic noir)

[email protected] : R. Petit, F. Vialloux et O. Villa

Gard et Lozère (30 – 48)

La pression d’écoute fut quantita-tivement à peu près identique en 2013 aux années précédentes. Le nombre de mâles chanteurs pour cette année est de 16 certains ou probables. La quasi-totalité des sites occupés en 2012 le furent en 2013, avec un nouveau site tout à fait particulier, celui du causse

Jeune chouette de Tengmalm - photo : David Hackel ©

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Méjean. Une des forêts de pin du causse accueille une loge de chouette où un piège photo révéla la présence de l’espèce, la reproduction du couple et la prédation des jeunes par un musté-lidé.Contrairement à l’année 2012, la pression de « grattage » fut fortement réduite (30 grattages). Le nombre d’in-dividus observés au trou est donc très faible (un individu).En bref, 2013 marque clairement une présence pérenne de la chouette de Tengmalm sur le massif de l’Aigoual, une présence plus faible sur le mont Lo-zère, et surtout l’apparition de l’espèce sur le causse Méjean.L’Aubrac ne fournit toujours pas de mention et la Margeride n’a pas été prospectée alors qu’elle accueille assu-rément l’espèce.

coordination : Jimmy Grandadam (Parc national des Cévennes) et François Legendre (ALEPE)

[email protected], [email protected] et [email protected] : N. Bertrand (PNC), P. Bessède (CoGard), Y. Bouet (Su-pagro), N. Bruce (PNC), S. Chalmazel (Alepe), F. Christophe (Alepe), G. Costes (PNC), M.-L. Cristol (Alepe), P.-A. David (PNC), J. Dechartre (CoGard), R. Descamps (PNC), B. Descaves (PNC), S. Descaves (PNC), M. Doulcier, J.-M. Fabre (PNC), D. Foubert (PNC), P. Gaubert, C. Giral (PNC), J. Grandadam (PNC), B. Guérin (ONF), F. Hop-kins (PNC), A. Julien (FDC48), G. Karczewski (PNC), S. Karczewski, G. Lavandier (ONF), I. Lebeau (ONF), F. Le-dru, F. Legendre (Alepe), F. Livet, J. Lombard (Co-Gard), P. Lucas (Alepe), S. Lucasson (Supagro), I. Malafosse (PNC), J.-P. Malafosse (PNC), V. Marsaudon (ONF), P.

Martin (PNC), P. Marty, F. Mellet, G. Monchaux (Co-Gard), A. Moureau (Supagro), F. Oriol (Alepe), J.-L. Pinna, J.-P. Plazza (AMM), Pralong (AMM), B. Ricau (PNC), A. Rival (PNC), C. Rousset (PNC), C. Sabran (CoGard), J. Séon (PNC), L. Tesnières (CoGard), C. Voinson (PNC) + collectif Alepe

Massif alpin

Haute-Savoie (74)

Pendant la période concernée, les 108 sorties de prospections réalisées ont permis des contacts avec la che-vêchette d’Europe sur 58 sites dont 40 au printemps. L’altitude varie entre 950 et 1 780 mètres. La reproduction est certaine sur un site à Vallorcine où une cavité est occupée. La recherche de nouvelles localités se poursuit et, cette année, ce sont sept nouveaux sites qui sont découverts dont cinq au printemps, ce qui donne un total de 149 sur le département dont 103 au printemps. La répartition de l’espèce progresse toujours, mais des secteurs potentiellement favorables restent à prospecter. Trois observateurs cumu-lent 202 heures de prospection.

Sur la période concernée, 17 sorties de prospection pour la chouette de Tengmalm ne permettent que quatre contacts, uniquement au printemps. Un oiseau est retrouvé mort sur un sen-tier vers 900 mètres d’altitude en avril sur la commune de Thorens-Glières. Une autre est observé en juin dans une cavité sur la commune de Vallorcine. Par contre, des cavités occupées l’an-née dernière ne le sont pas cette année. La progression de la répartition de l’es-pèce sur le département se poursuit et atteint aujourd’hui 153 localités dont 119 occupées au printemps.

coordination : Pascal Charrière (LPO Haute-Savoie)

[email protected]

Savoie (73)

Chouette de TengmalmPour la période concernée par cette synthèse, les données concernant la chouette de Tengmalm sont extrême-ment faibles au regard de la pression

Margeride Aubrac Causses (48, 30 et bordure 12)

Hautes-Cévennes (incluent mont Lozère, mont Aigoual et PNC)

48 Plateau 48Causse nu

48Causse

30Causse

boisé 4848 30

Des

crip

tion superficie

(km²)2 159 291 550 273 893 833 236

roche-mère dominante

granite basalte calcaire calcaire calcaire granite et

schistegranite et

schiste

Car

acté

ristiq

ues

fore

stiè

res

(sou

rce

IFN

199

5)

taux de boisement (%)

44,6 11,6 26,1 29,1 49,6 52,7 77

équilibre feuillus-résineux

82 % résineux

53 % résineux87 %

résineux23 %

résineux86 %

résineux50 %

résineux55 %

résineux

essences dominantes

pin sylvestre, épicéa, hêtre, sapin,

bouleau

hêtre et épicéa(équilibre feuillus

résineux)

pins (sylvestre et noir), chêne pubescent

chêne pube-scent

pins (sylvestre et noir), chêne pube-scent

hêtre et pins (sapin, épicéa)

hêtre, pins

(sylvestre et

laricio),épicéa

traitements dominants

futaie régulière

futaie régulièrefutaie

régulièretaillis

futaie régulière

futaie régulière

futaie régulière

nombre de chanteurs de Tengmalm

pas de suivi

0 2 (Méjean) 7 6

Caractéristiques des secteurs prospectés pour la chouette de Tengmalm dans le Gard et en Lozère

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chouettesdemontagne

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d’observation (ONF, PNV et LPO). A l’automne 2012, un seul contact de l’espèce a été enregis-tré. Et cela malgré l’étude « petites chouettes » menée jusqu’à l’automne 2012 sur une partie du massif des Bauges par la LPO (aucun contact). C’est à peine mieux au printemps avec cinq individus observés ou entendus. L’absence de données sur le mas-sif des Bauges est remarquable car il s’agit d’un secteur bien occupé par l’espèce et régulièrement par-couru par les ornithologues.

Chevêchette d’EuropeLa mise en commun des connais-sances (LPO, ONF, PNV) a permis de mettre en évidence la présence de 20 à 25 mâles chanteurs ou couples de chevêchette sur la pé-riode 2012-2013. Malgré le cumul des efforts de chaque contribu-teur, le nombre de contacts au printemps a été assez faible. On retrouve le massif des Bauges en tant que principal contributeur avec 10 individus cantonnés à l’automne mais étonnamment plus aucune donnée au prin-temps. Ce constat doit toutefois être relativisé puisque l’étude spé-cifique des petites chouettes me-née par la LPO Savoie pour le Parc naturel des Bauges s’est terminée à l’automne 2012. On peut donc imaginer que la pression d’obser-vation au printemps a été bien plus faible. La Maurienne, par exemple, a permis d’identifier une dizaine d’individus à l’automne et neuf ont été contactés au prin-temps. Il ne s’agit cependant pas toujours des mêmes localités car le contrôle automne-printemps ne peut être systématiquement réalisé. Les autres massifs apportent peu d’observations complémentaires mais on peut noter l’identification de trois nouvelles localités dans le Beaufortain et la Chartreuse apporte cinq localités occupées par l’espèce. Plusieurs contacts à basse altitude (autour de 900 mètres) ont été notés dans le Beaufortain et le massif de l’Epine (mont du Chat). Cependant, il n’est pas possible

de dire s’il s’agit d’individus dura-blement installés.

SynthèseDans l’ensemble, l’année 2013 semble avoir été très mauvaise pour nos deux chouettes de mon-tagne. La meilleure circulation et le partage des informations entre les différents participants de l’enquête (ONF, Parc national de la Vanoise, Parc naturel de Chartreuse, LPO…) avaient laissé présager de meilleurs résultats. Force est de constater que malgré l’effort de prospection et de mutualisation des données, l’activité vocale semble avoir été extrêmement faible. Cela est sans doute à mettre en relation avec des conditions météorologiques difficiles au printemps et en été ainsi que de faibles populations de micromammifères. Espérons que la saison 2013-2014 soit plus favorable à nos deux chouettes boréales !

coordination : Jérémie Hahn

[email protected] Observateurs : agents du Parc national de la Vanoise, agents du réseau avifaune ONF, C. Bouchut, P. Boudin (PNR de Chartreuse), F. Benoit, G. Canova, B. Chomel, F. Godet, F. Chevreux, C. Druesne (LPO Savoie), J.-N. Avriller (LPO Savoie), S. Dalla-Costa, D. Secondi, G. Clocher, D. Bogey, Y. Chirat, A. Lathuille, S. Ratel.

Isère (38)

Pour la saison 2012-2013, le nombre de données est en très

forte baisse par rapport aux années précédentes et surtout par rapport à 2011-2012 où nous avions pu recenser 85 territoires de chevêchette d’Europe et 49 de chouette de Tengmalm. Cette année, les effectifs tombent à 32 pour la chevêchette et 19 pour la Tengmalm.Principale raison pour expli-quer cette baisse significative : les conditions climatiques du printemps, avec de fortes précipi-tations neigeuses puis pluvieuses tout au long de l’hiver qui se sont prolongées très tard au cours du printemps. De ce fait, les contrôles de nidification ont été rendus très difficiles quant à l’accès. De même, on peut penser que ce printemps rigoureux a eu des conséquences néfastes sur la nidification des deux espèces.Ce nombre de données en forte baisse peut être aussi interprété comme le creux d’un cycle dont la périodicité reste à définir, surtout pour la chevêchette. Notre jeune groupe isérois n’a pas encore suffisamment de recul dans le temps pour analyser ces varia-tions. Les données des prochaines années nous apporteront matière à réflexion. Toutefois, les pros-pections continuent et le nombre de données inscrites dans la base Faune-Isère révèle l’intérêt des ob-servateurs pour ces deux espèces.

Données brutes- Chevêchette 2012-2013 : 169 données (+ 110 négatives (*)) dont 95 à l’automne et 74 au printemps. Rappel 2011-2012 : 295 données

Massifs Chouette de Tengmalm Chevêchette d’Europe

AutomnePrintemps

étéAutomne

Printempsété

Bauges 0 / 10-11 /

Belledonne / / 1 /

Tarentaise / 3 2 3

Maurienne 1 (Lauzière) 1 10 9

Beaufortain / 1 1 3

Chartreuse-Epine

/ / 1 (Epine)5

(Chartreuse)

Total 1 5 24-25 20

Nombre de contacts sur les différents massifs savoyards

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Tengmalm et chevêchette n° 14 & 15 - août 2014 - LPO Mission rapaces

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(+ 214 négatives) ;- Tengmalm 2012-2013 : 31 données (+ 57 négatives) dont 17 à l’automne et 14 au printemps.Rappel 2011-2012 : 141 données (+ 118 négatives) ;(*) Les données négatives correspondent à des sorties sans contacts.

Comme les autres années, une grosse partie de ces données sont issues des massifs qui cernent l’agglomération grenobloise et donc faciles d’accès : Chartreuse, Vercors nord et Belle-donne. Le sud du département (Trièves, Oisans, Grandes Rousses) est toujours assez peu prospecté.Les données altitudinales donnent une moyenne de 1 309 mètres pour la chêvechette d’Europe et 1 312 mètres pour la chouette de Tengmalm. Pour cette quatrième année d’étude, nous sommes toujours dans une perspective d’amélioration de nos connaissances sur la répartition et la densité des deux espèces sur tous les secteurs mon-tagneux de l’Isère sans recherches particulières des nids.

coordination : Yvan Orecchioni (réseau avifaune ONF) et Alain Provost (LPO Isère)

[email protected] ; [email protected]

Observateurs (principaux) : N. Biron, A. Callec, F. Chevalier, H. Chirouze, E. Collet, J.-M. Coynel, T. Cugnod, J. Deschâtres, F. Frossard, M. Gaillard, M. et L. Ham, M. Jouvel, R. Maradan, J. Prette, A. Provost, F. Renaud, S. Risser, P. Schmitt, D. Simonin, R. Fon-ters, D. Thonon, B. Veillet.Personnel ONF : A. Barnave, P. Boquerat, M. Berger, H. Glerean, P. Lambert, G. Remillier, A. Morel, T. Orecchioni, P. Pola, F. Mandron, Y. Orecchioni.

Vercors drômois (26)

Chevêchette d’Europe : un mâle sur la partie nord de la Réserve biologique intégrale (RBI) début mai, puis plus rien lors d’autres passages et un couple le 5 juin avec échange de proie près de Pré Rateau (site revu à deux reprises sans nouveau contact).Aucune preuve de reproduction cette année.

coordination : Gilles Trochard

[email protected]

Hautes-Alpes (05)

Chevêchette d’EuropeDe manière générale, la période 2012-2013 se caractérise par une hausse notable de l’effort de prospection ainsi que des observations. Cela est dû, en partie, à l’investissement important de quelques personnes mais aussi une augmentation globale du nombre d’observateurs aussi bien individuels, que issus de la dynamique associative ou des institutions comme le Parc national des Ecrins, l’ONF ou le réseau des sites Natura 2000. Il faut noter toutefois une répartition inégale de l’effort de prospection selon les dis-tricts qui traduit la nécessité, à l’avenir,

d’une plus grande coordination des observateurs au sein d’une dynamique départementale.Depuis la dernière synthèse, 20 nou-veaux sites ont été découverts portant le total à 98 sur le département au 31 août 2013.45 sites ont été fréquentés pendant la période 2012-2013. 17 ne sont concernés que par des contacts autom-naux, 13 par des contacts en période de reproduction et 15 (tous dans le Champsaur) par des contacts aux deux périodes. Sur les 27 sites fréquentés en période de reproduction, cinq nichées ont été recensées totalisant 13 jeunes à l’envol. Ce faible résultat traduit le fait que, globalement, l’effort de prospection est encore essentiellement tourné vers la recherche de nouveaux territoires ou la simple confirmation de présence sur les sites connus.En Clarée toutefois, un site de repro-duction est suivi pour la 4e année avec quatre jeunes à l’envol.Dans le Queyras, deux sites présentent des indices de reproduction probable (nettoyage et tapis de pelotes en pied de cavité).Dans le Champsaur, à l’automne 2012, une prospection quasi exhaustive des habitats potentiellement favorables a permis de porter de sept à 23 le nombre de sites fréquentés par la chevêchette. Le printemps suivant a pu alors être consacré à la recherche des territoires de reproduction. Cinq nids ont été découverts dont trois totalisant cinq jeunes à l’envol et deux nids fré-quentés par les adultes (avec apport de proies et nettoyage de nid) mais sans preuve ensuite de succès de reproduc-tion. Un 6e territoire a été confirmé par la découverte de quatre jeunes fraîchement envolés mi-juillet. L’accès

Massifs Chevêchette d’Europe

Chouette de Tengmalm

Chartreuse nord 2 /

Chartreuse centre 15

Chartreuse sud 6

Belledonne nord 53

Belledonne sud 5

Vercors nord 7 7

Vercors centre 4 3

Vercors sud 1 /

Grandes Rousses – Taillefer – Oisans 0 1

Trièves 1 /

Total 32 19

Nombre de territoires par massif (compilation des données recueillies

entre le 16 août 2012 et le 15 août 2013)

Districts Total 1974-2013

nouveaux sites 2012-2013

Total 2012-2013

Beauchaîne 4 2 4

Briançonnais 27 1 6 (dont 1 reproduction)

Champsaur-Valgaudemar 23 16 22 (dont 4 reproductions + 2 nids)

Dévoluy 1 0 0

Embrunais 14 0 3

Gapençais 2 0 1

Guillestrois 11 0 5

Queyras 16 1 4

Total Hautes-Alpes 98 20 45

Bilan du suivi de la chevêchette d’Europe dans les Hautes-Alpes

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LPO Mission rapaces - n° 14 & 15 - août 2014

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assez aisé aux différents sites de reproduction et leur relative proxi-mité ont grandement facilité cet inventaire (deux nids occupés ont été relevés à moins d’un kilomètre de distance). Dans les districts in-tra-alpins (Embrunais, Queyras et Briançonnais), un travail analogue exigerait dix fois plus d’investis-sement étant donné l’étendue du territoire, l’ampleur des versants forestiers, et le nombre important d’habitats potentiels non encore prospectés.Le Dévoluy est le district oublié des chevêchettologues ! Enfin, des prospections sans résultats ont débuté dans les Pré-Alpes gapençaises malgré des milieux assez propices.

Chouette de TengmalmEn 2012-2013, c’est une évi-dence : la Tengmalm n’a pas bénéficié du même essor de prospection que la chevêchette. Il s’agit sans doute même d’une conséquence directe d’un report d’effort. L’espèce n’a été contac-tée que 11 fois avec toutefois quatre nouveaux sites découverts (deux dans le Guillestrois et deux dans l’Embrunais), ce qui porte le nombre de sites total à 114 pour le département. L’essentiel des contacts est au chant en période de reproduction, trois contacts sont des observations autom-nales. En Clarée, un oiseau est observé à l’entrée d’une loge forée dans un tremble (après grattage). Aucune information de suivi de reproduction n’est remontée au

réseau cette année. Remarque : en raison de l’intégra-tion récente de données histo-riques et d’une meilleure connais-sance des territoires, certains sites ont été fusionnés, d’autres rajou-tés depuis les dernières synthèses d’où quelques légères différences possibles dans les totaux et sous-totaux présentés.

coordination : Marc Corail

[email protected] : F. Goulet, M.Coulon, O. Le-françois, J.-P. Telmon, T. Bulle, J.-F. Lombard, C.-H. Traversier, R. Ballestra, P. Poiré, P. Gillot, M. Bouche, R. Chevalier, D. Combrison, M. Corail, P. Labbé, P. Saulay, B. Delenatte, P. Rigaux, B. Bonvoisin, A. Audevard, R. Brugot, A.Clamens, A. Vivat, E.Hustache, I. Potevin, J.-C. Gattus, P. Bonneau, A. Hugues, V. Corail, P. Potet, C. Mauroy, V. Fine, S. Coussoulet, S. Risser et Y. Orecchioni.

Parc national du Mercantour : Alpes-de-Haute-Provence (04) et Alpes-Maritimes (06)En 2013, le Parc national a pour-suivi la prospection « chouettes de montagne » dans les diffé-rentes vallées du cœur et de l’aire d’adhésion. Cette recherche s’est donc effectuée sur les sites non prospectés en 2012. Comme l’an passé, le protocole (repasse le long d’itinéraires prédéfinis) s’est déroulé de février à mai sur les six vallées de l’espace protégé. 42 sites ont été parcourus totalisant 266 points d’écoute. Malgré une augmenta-tion très forte des points d’écoute (115 en 2012), les résultats 2013 sont nettement plus faibles qu’en 2012. En effet, il ressort seulement quatre contacts de mâles chanteurs de chouette de Tengmalm en 2013 contre 16 en 2012 et 18 contacts de chevê-chette d’Europe en 2013 contre 25 en 2012.Il est difficile d’expliquer cette baisse des contacts mais ces deux années 2012 et 2013 peuvent dif-ficilement être comparées, les sites de recherche et donc les points d’écoute étant différents. On peut seulement émettre l’hypo-thèse que les sites a priori les plus favorables ont pu être parcourus en 2012 et que l’année 2013 n’a pas été, d’une manière générale, un bon cru.Un site de reproduction contrôlé dans le Var-Cians, avec au moins deux jeunes. Département des Alpes-de-Haute-Provence hors Parc national du

Districts Total 1974-2013

nouveaux sites 2012-2013

Total 2012-2013

Beauchaîne 2 0 0

Briançonnais 28 0 1

Champsaur-Valgaudemar 23 0 1

Dévoluy 6 0 0

Embrunais 16 2 4

Gapençais 4 0 0

Guillestrois 14 2 4

Queyras 20 / 1

Laragnais 1 0 0

Total Hautes-Alpes 114 4 11

Bilan du suivi de la chouette de Tengmalm dans les Hautes-Alpes

Vallées Nb de sites prospectés

Nb de points d’écoute PNM

Nb de contacts de chevêchette

Nb de contacts de Tengmalm

Alarmes passereaux

Alpes-Maritimes

Roya 16 140 6 1 10

Haute Tinee 2 24 7 2 0

Moyenne Tinee 3 12 0 0 0

Vesubie 5 16 0 0 0

Var-Cians 9 41 4 1 0

Alpes de Haute-Provence

Verdon 5 8 1 0 1

Ubaye 3 25 0 0 0

TOTAL 42 266 18 4 11

Bilan du suivi dans le Parc national du Mercantour

Page 8: Tengmalm chevechette 14 15

Tengmalm et chevêchette n° 14 & 15 - août 2014 - LPO Mission rapaces

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Mercantour : une seule donnée de Marc Corail de chevêchette à Seynes-les-Alpes. Le manque de prospection constaté en 2012 se confirme.

coordination : Daniel Demontoux(Parc national du Mercantour)

[email protected] : P. Archimbaud, M. Bensa, F. Berthollet, X. Bonnet, H. Brosius, J. Charron, S.Claudon, S. Combeaud, D. Demontoux, M. Evenot, L.Gaillard, C. Girardon, F.Guigo, E. Icardo, L.Klein, O. Laurent, T. Lebard, J. Lopez, L. Lubet, L. Martin-Dhermont, C. Meyer, J.-L. Michel, O. Montigny, P. Orméa, M. Panneton, B. Pierra, S. Priou, G. Rebattu, C. Robion, Rivière, C. Roemer, U. Schumpp, A. Terreau, A. Turpaud, L. Zimmermann.

Pyrénées

Pyrénées-Atlantiques

En 2013, cinq prospections ont été faites en vallée d’Ossau et deux en val-lée d’Aspe : un seul chant de chouette de Tengmalm a été entendu le 21 mai dans le Parc national au cours d’un comptage de coq de bruyère, mais aucun nid n’a été trouvé. Par ailleurs, un juvénile est découvert dans le même secteur en vallée d’Ossau le 6 sep-tembre, preuve que dans ce secteur à sapinière au moins une reproduction a abouti malgré la pénurie de faines et de micromammifères.

coordination : Jean-Claude Auria (réseau avifaune ONF)

[email protected] : C. André, J.-C. Auria et V. Couanon.

Aude

Une chouette de Tengmalm vue fin dé-cembre 2012 sur une zone à territoires multiples (six chanteurs en 2008, un seul en 2009, zéro en 2010 et 2011) et deux chanteurs sur le site à Tengmalm leucistique en janvier 2013.

coordination : Christian Riols (LPO Aude)

[email protected] : R. Riols et X. Ruffray.

Ariège

L’année 2013 a été une année difficile, dans les Pyrénées, avec de nombreuses précipitations neigeuses rendant les accès difficiles. L’ONF est toujours dans une pers-pective de découverte de nouveaux habitats fréquentés par la chouette de Tengmalm, car les données sont peu nombreuses à l’échelle de notre dépar-tement et la population ariégeoise est certainement sous-estimée par manque de données. L’ONF a consacré une dizaine de sorties en 2013. Elle a pros-pecté une partie des zones connues pour vérifier la présence de l’espèce : Bethmale (deux chanteurs, deux sor-ties), Donezan (aucun chanteur, mais une seule sortie), gorges de la Frau (un chanteur) et à trouver de nouvelles zones : forêt domaniale de Lercoul (un chanteur, trois sorties) ; forêt doma-niale de Saurat (deux chanteurs, trois sorties); forêt domaniale du Consulat de Foix (aucun chanteur, deux sorties).Ces nouvelles données viennent récom-penser les longues heures d’attentes infructueuses.Des données concernant la Haute-Ga-ronne, nous ont été communiquées par E. Menoni, en forêt domaniale de Luchon.Nous devrions poursuivre ces prospec-tions en 2014 sur d’autres zones.

coordination : Quentin Giry (réseau avifaune ONF)

[email protected] : Q. Giry et M. Kaczmar.

Pour l’Association des naturalistes de l’Ariège, deux sites ont fourni des don-nées en 2013 :- l’un est connu (forêt de Bethmale), avec un mâle chanteur de chouette de Tengmalm en mars 2013,- l’autre est nouveau (bordure ouest du plateau de Beille) où un oiseau a fait l’objet d’un contact visuel en décembre.

coordination : Boris Baillat (Ariège Nature)

[email protected] : J. Ait El Mekki et S. Reyt.

Chevêchette prise en photo par un jeune ornithologue - photo : Tristan Orecchioni ©

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LPO Mission rapaces - n° 14 & 15 - août 2014

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Chouette de Tengmalm Chevêchette d’Europe

Massif (départements)Nombre de chan-

teurs ou de couples ou de nidifications

Nombre de nids contrôlés ou de

familles observées

Nombre de chan-teurs ou de couples ou de nidifications

Nombre de nids contrôlés ou de

familles observées

Ardennes 0 0

Vosges du Nord (57 et 67) 2 0 (20) 6 2

Vosges moyennes (57 et 67) 0 0 4 0

Hautes-Vosges (68 et 88) 3 0 (50) 20 2

Jura (Franche-Comté et Ain) NC* NC* NC* NC*

Bourgogne 1 0 1 0

Massifs forestiers de Loire (42) 3 0 / /

Massifs forestiers de Haute-Loire (43) 4 0 1 0

Montagne limousine (87) 4 1 / /

Livradois (43-63) 5 5 2 0

Gard (30) et Lozère (48) (1) 16 1 / /

Haute-Savoie (74) 4 1 40 1

Savoie (73) 5 0 (24-25) 20 0

Isère (38) 19 0 32 0

Vercors drômois (26) 0 0 2 0

Hautes-Alpes (05) (3) 11 0 (32) 27 5 et 1 famille

Parc national du Mercantour (04 et 06) 4 0 18 0

Pyrénées-Atlantiques (64) 1 0 / /

Aude (11) 2 0 / /

Ariège (09) 7 0 / /

TOTAL 2012-2013 91 8 nids 173 10 nids

et une famille

Bilan national du suivi et de la surveillance 2012-2013 des petites chouettes de montagne

Nota : les effectifs entre parenthèses sont le nombre de chanteurs ou d’individus contactés lors de l’automne 2012.* Données non communiquées.

Chevêchette d’Europe dans les Hautes-Alpes - photo : Marc Corail ©

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Tengmalm et chevêchette n° 14 & 15 - août 2014 - LPO Mission rapaces

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Connaissances actuelles sur la répartition, l’écolo-gie et la protection de la chouette de Tengmalm et de la chevêchette d’Europe dans les Hautes-Alpes et massifs limitrophes

Ndlr : ce texte est la restitution de la commu-nication faite à l’occasion de la première ren-contre nationale du réseau « Petites chouettes de montagne ». Reçu tardivement, il n’avait pas éte publié dans le numéro précédent du bulletin Tengmalm et Chevêchette consacré à la rencontre. Nous vous le proposons donc ici.

Les Hautes-Alpes sont situées sur un carrefour biogéographique entre les domaines alpins et méditerranéens, à l’origine d’une grande biodiversité et d’un certain endémisme.

Reliefs et districts naturelsLes Hautes-Alpes couvrent 5 550 km² compris entre 478 et 4 102 mètres d’altitude. Plus de 80 % du territoire dépasse 900 mètres d’altitude et plus de 50 % dépasse 1 500 mètres. Le territoire se répartit en dix districts na-turels : quatre provençaux et six alpins dont deux d’influence océanique et quatre intra-alpins.

Forêts de montagne des Hautes-Alpes et étages de végétationLa zone alpine présente cinq étages de végétation dont trois forestiers (colli-néen, montagnard et subalpin) et deux supra-forestiers (alpin et nival). Du fait des influences climatiques, les limites altitudinales d’étages sont variables se-lon les secteurs. Elles sont plus élevées dans les secteurs intra-alpins marqués par un climat plus sec et continental. Les contrastes adrets-ubacs viennent encore renforcer ces différences.L’étage collinéen, domaine du chêne pubescent et du pin sylvestre n’est pas concerné par les chouettes de mon-tagne.L’étage montagnard se partage entre hêtraies-sapinières, pessières et forêts de pins sylvestre, avec quelques es-sences comme le frêne ou le tremble.L’étage subalpin se caractérise par la forte présence du mélèze, surtout dans la zone intra-alpine, ainsi que du pin à crochets et du pin cembro au gré des altitudes et expositions. Toutefois, dans

les ubacs, sapins et épicéas peuvent s’élever localement jusqu’à 2 000 mètres dans le subalpin inférieur. La limite forestière peut s’étendre jusqu’à 2 400 mètres d’altitude.

Les premiers inventaires des petites chouettes de montagne dans les Hautes-Alpes Ils débutent en 1974, à l’initiative du Centre de recherche alpin sur les vertébrés (CRAVE ) et du Parc national des Ecrins. En 1999 le tome 2 de l’atlas Faune sauvage des Alpes du Haut-Dauphiné dresse un premier état des connaissances encore très fragmentaire. En 2009, l’atlas régional des oiseaux nicheurs de PACA coordonné par la LPO complète les inventaires. Mais il y a encore peu de suivis. A partir de 2009, un réseau informel d’observateurs appuyé sur la dynamique nationale LPO-ONF permet de tirer un premier bilan sur quatre années biologiques : 2009-2010, 2010-2011, 2011-2012 et 2012-2013.

La chevêchette d’Europe

L’espèce a été contactée dans 97 sites dont 91 sur les districts alpins et sept sur les deux districts méridionaux qui viennent s’appuyer sur la bordure externe du Dévoluy.

Au cours de la période 2009-2013, la pré-sence de la chevêchette d’Europe été validée sur 74 sites, soit 76 % des sites connus.

23 sites n’ont pas été confirmés.31 sites ne concernent que des observations automnales.18 sites ne concernent que des observations

en période de reproduction.25 sites cumulent des observations sur les deux périodes.Sur ces quatre années, la reproduc-tion a pu être confirmée sur 13 sites totalisant 35 jeunes à l’envol (huit en 2010, trois en 2011, 10 en 2012 et 14 en 2013).

L’aire de répartition des contacts est plus importante en automne du fait de la dispersion des jeunes. D’autre part, les adultes semblent utiliser un réseau de cavités sur leur territoire (nidification, stockage de nourriture, repos) ; à ce jour, les obser-vations n’ont permis de trouver qu’une seule cavité utilisée à deux reprises pour la reproduction (en 2006 et 2007 au Bois des Ayes).

Habitats utilisés par la chevêchette d’EuropeL’espèce fréquente majoritairement le mélèzin, en peuplements purs ou en mélange avec le pin cembro, le sapin ou l’épicéa, beaucoup plus rarement le pin sylvestre. La présence d’un sous-bois plus ou moins dense (sorbiers, érables, aulnes verts, rhododendron,

Districts alpins Nb de sites Districts provençaux Nb de sites

Dévoluy 1 Laragnais 0

Champsaur-Valgaudemar

24 Serrois Rosannais 0

Embrunais 14 Beauchaîne 4

Guillestrois 11 Gapençais 2

Queyras 15

Briançonnais 26

Total 91 Total 6

Bilan des prospections « chevêchette d’Europe »

Répartition des sites de présence répertoriés de la chevêchette d’Europe depuis 1974

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LPO Mission rapaces - n° 14 & 15 - août 2014

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etc.) est régulièrement notée, mais la reproduction est aussi confir-mée en pré-bois de mélèzes très ouvert et sans aucun sous-bois mais riche en lichens, qui consti-tuent alors des caches favorables aux jeunes après envol.

Les nids utilisés sont tous des cavi-tés de pic épeiche, le plus souvent creusés dans des arbres sains, mais parfois aussi des arbres secs ou dépérissants. La hauteur des nids s’échelonne de 1,30 mètre jusqu’à plus de 10 mètres. La che-vêchette peut parfois utiliser plu-sieurs cavités d’un même arbre au cours des années. La cohabitation sur un même arbre avec d’autres espèces est possible notamment avec le pic épeiche.De nombreux comportements ont pu être suivis : repos, toi-lettage, apport de proies (dont beaucoup de micro-mammifères), communication entre jeunes... Les quelques photos ci-contre illustrent certains de ces compor-tements.

La chouette de Tengmalm

L’espèce a été contactée dans 106 sites dont 99 sur les districts alpins et sept sur les districts méridionaux.Au cours de la période 2009-2013, la présence a été validée sur 45 sites seulement, soit 42 % des sites connus.61 sites n’ont pas été reconfirmés.Sept sites ne concernent que des observations automnales. A noter que la chouette de Tengmalm ne fait pas de chant territorial à cette période mais réagit parfois à la re-passe de la chevêchette d’Europe.34 sites ne concernent que des observations en période de repro-duction. Quatre sites cumulent des observations sur les deux périodesSi le nombre de contacts de chanteurs est élevé au printemps, la reproduction est assez difficile à confirmer par la suite. Sur les quatre années de suivi, seules deux nichées ont été découvertes totalisant cinq jeunes à l’envol. Ce maigre résultat traduit la néces-

sité d’affiner et de partager une méthode pour la recherche des cavités de reproduction. Il est

encore compliqué par la non fidélité des adultes à une cavité de reproduction, voire à un territoire.

Mâle en bain de soleil - photo : Philippe Gillot © Apport de proie - photo : Philippe Gillot ©

L’abondance de pelotes au pied de l’arbre trahit l’occupation du site surtout dans la période...

... précédant l’envol des jeunes - photos : Philippe Gillot ©

Jeune après l’envol - photo : Philippe Gillot © Jeune après l’envol - photo : Philippe Gillot ©

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Tengmalm et chevêchette n° 14 & 15 - août 2014 - LPO Mission rapaces

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Habitats utilisés par la chouette de TengmalmL’espèce fréquente préférentiellement les cavités de pic noir. Aussi, sa répar-tition est-elle très liée à cette espèce.

On les retrouve donc aussi bien dans la hêtraie-sapinière que dans le mélèzin mais, dans les vallées internes où le hêtre est absent, le pic noir se reporte souvent sur les petits peuplements de trembles. La chouette de Tengmalm fréquente aussi bien les grandes futaies à sous-bois peu développés que des peuplements plus denses et de moindre hauteur comme les pinèdes du Brian-çonnais (de pin sylvestre ou pin à crochets).

Les petites chouettes de montagne dans les espaces protégés ou réglementés hauts-alpinsOn constate que les espaces béné-ficiant d’une réelle protection sont peu concernés par la présence des ces

deux espèces notamment la chevêchette d’Europe

pourtant classée en liste rouge régio-nale dans la catégorie espèce en danger (EN). D’où une moindre efficacité quant à leur protection directe. Sur son aire optimale d’adhésion,

le Parc national des Écrins ne peut intervenir qu’indirectement au travers d’avis sur les plans d’aménagement forestiers. A noter encore l’efficacité limitée des 58 660 hectares de Zones de protection spéciale (ZPS) situés en zone coeur du Parc national des Ecrins, qui ne couvrent que bien peu les habitats de ces deux espèces pourtant classées comme prioritaires par la di-rective « Oiseaux ». Ce sont encore les Zone spéciales de conservation (ZSC) de la directive « Habitat » qui couvrent le mieux les territoires de ces deux es-pèces, permettant d’agir indirectement au travers de mesures contractuelles de conservation d’habitats forestiers (type îlots de sénescence).

par Philippe Gillot et Marc Corail (CRAVE)

[email protected]

Nb de sites par aire protégée Superficie (en hectares)

Chevêchette d’Europe

Chouette de Tengmalm

Parc national des Ecrins 58 050 1 8

Parc national des Ecrins 125 900 37 37

Parc naturel régional du Queyras 58 660 14 17

Réserves naturelles nationales (n=5) 3 358 0 0

Réserve naturelle régionale (n=1) (Partias) 700 0 0

Arrêtés de protection de biotope (n=8) 816 0 0

ZPS (n=7) - 67 100 ha dont 58 660 couvrent la zone coeur du PN des Ecrins.

67 100 4 12

ZSC (n=19) 78 300 34 47

Hors espaces naturels protégés ou réglementés

229 400 25 18

Total 571 400 97 106

Petites chouettes de montagne et aires protégées

Districts alpins Nb de sites Districts provençaux Nb de sites

Dévoluy 6 Laragnais 1

Champsaur-Valgaudemar

23 Serrois Rosannais 0

Embrunais 10 Beauchaîne 4

Guillestrois 13 Gapençais 2

Queyras 20

Briançonnais 27

Total 99 Total 7

Bilan des prospections « chouette de Tengmalm »

Chevêchette d’Europe dans les Hautes-Alpes - photo : Marc Corail ©

Répartition des sites de présence répertoriés de la chouette de Tengmalm depuis 1974

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LPO Mission rapaces - n° 14 & 15 - août 2014

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Relâcher de quatre jeunes chevêchettes d’Europe dans les Vosges du Nord

Au cours du printemps 2014, Gré-gory Haas a suivi la reproduction d’un couple de chevêchette d’Eu-rope dans le massif vosgien près de Saint-Dié (Vosges). Le 31 mai et le 1er juin, il constate l’absence des adultes (plus de nourrissage) et la présence de cinq jeunes encore vivants dans la loge et d’un jeune mort. Dans la journée du 1er juin, il décide de sauver la nichée visiblement abandonnée par les parents. Il accède au nid, agrandit l’entrée, récupère les cinq jeunes et les apporte le soir même au

centre de soins de la LPO Alsace à Rosenwiller (Bas-Rhin). Depuis son ouverture en mai 2010, le centre a accueilli près de 90 espèces d’oiseaux, mais aucune chevêchette ! Les oisillons, maigres et faibles, (photo 1) sont rapidement pris en charge par les responsables et les bénévoles du centre et nourris individuellement à la becquée. Deux semaines plus

tard, les chouettes se portent bien Elles sont placées dans une grande volière (photo 2). Fin juillet, les jeunes volent de mieux en mieux et des premiers essais de nourrissage avec des appâts

vivants sont concluants… Elles sont donc parfaitement aptes à capturer des proies vi-vantes et donc à être relâchées !Curieusement, une des jeunes chevêchettes est trouvée morte sans blessure le 5 août au matin dans la volière…

Pour des raisons de logistique, il est décidé de les relâcher dans les Vosges du Nord, dans deux sites très favorables : des chevêchettes y avaient niché en 2012 ou 2013 mais l’es-

pèce était absente ce printemps. Les jeunes chouettes sont donc placées individuellement dans des caisses (photo 3) et installées in situ le 7 août au cours de l’après-midi. Il est décidé de les laisser une journée dans leur boîte pour qu’elles déstressent du voyage et des manipulations, et aussi qu’elles découvrent leur nouvel

environnement ! Le 8 août dans l’après-midi, j’ouvre délicatement la porte de chaque boîte et… sans hésiter longuement, elles sortent de leur cage (photo 4). Elles ont toutes les quatre le même com-portement : elles partent d’un vol direct ascendant et se perchent 20 à 30 mètres plus loin sur une branche de chêne ou d’épicéa (photo 5). Elles restent ensuite sur ce perchoir durant toute la durée de mon observation (30 minutes à une heure) et observent les alentours avec un comportement

Conservation

Jeunes chevêchettes au centre de soins - photo 2 : Yves Muller ©

Jeunes chevêchettes au centre de soins - photo 1 : Yves Muller ©

Jeune chevêchette avant lâcher - photo 3 : Yves Muller ©

La jeune chevêchette va prendre son envol - photo 4 : Yves Muller ©

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Tengmalm et chevêchette n° 14 & 15 - août 2014 - LPO Mission rapaces

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habituel de chevê-chettes : elles sont sur le qui-vive, tournent la tête en tout sens, par-fois en changeant de position. L’une d’elles, sans doute plus excitée que les autres, dresse sa queue comme un troglodyte durant quelques minutes (photo 6). Je retourne le soir même : toutes les quatre ont changé de perchoir et … je ne les retrouve plus ! Sur l’un des sites, une jeune chevêchette siffle brièvement vers 21h15 alors qu’il fait presque nuit. Je n’ai pas entendu d’autres cris et elles n’ont pas ré-pondu à mes appels assez discrets (chant du mâle et sifflement de la femelle).Les quatre chevêchettes sont désormais libres dans un milieu naturel favorable… A elles d’affronter les dures lois de la vie : « manger et ne pas être mangé » !Je visiterai très régulièrement les deux sites au cours de l’automne et de l’hiver avec l’espoir d’entendre un cri en automne ou un chant au printemps suivant…Un grand merci à Grégory qui a récupé-ré cette nichée mourante et l’a apporté au centre de soins de la LPO Alsace, et aussi à Suzel, Lauriane, Jérémy et tous les bénévoles du centre de soins qui ont nourri et choyé les petites chouettes durant deux mois.

par Yves [email protected]

Témoignage de terrain : un colobome de l’iris chez la chouette de Tengmalm

En ce mois de juin, au cours de mes prospections en Haute-Loire, j’observe une chouette de Tengmalm avec un colobome de l’iris à l’œil gauche. Or, en mars 2012, j’avais déjà observé un

individu de chouette de Teng-malm avec un colobome à l’œil gauche. Identifiables grâce à cette différence, peut-être avez-vous, vous-aussi, observé ces oi-seaux ou bien d’autres individus pourvus de cette malformation ?

par Nicolas Vaille-Culliè[email protected]

Colobome de l’iris : qu’est-ce-que c’est ?

Cette malformation a l’appa-rence d’une déchirure de l’iris qui s’oriente très sou-vent vers le bas ou légère-ment vers l’intérieur de l’œil. On reconnaît actuellement deux types de colobomes : les primaires et les secon-daires. Les colobomes primaires ont une origine embryonnaire. Ils apparais-sent lorsque la fente fœtale qui est située dans la partie inféro-interne du globe ocu-laire s’est mal fermée lors de l’embryogénèse. Les colo-bomes secondaires appa-raissent après la naissance, à la suite d’un accident : très souvent, un coup dans l’œil, qui laisse en général

des traces apparentes sur la cornée.

par Michel Juillard Source : Juillard M. (1984) - Eco-éthologie de la Chouette chevêche Athene noctua (Scop), en Suisse. Nos Oiseaux. Société romande pour l’étude et la protection des oiseaux.

Chevêchette très excitée après son envol - photo 6 : Yves Muller ©

Chevêchette après son lâcher - photo 5 : Yves Muller ©

Chouette observée en mars 2012 - photo : Nicolas Vaille-Cullière © Chouette observée en juin 2014 - photo : Nicolas Vaille-Cullière ©

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LPO Mission rapaces - n° 14 & 15 - août 2014

Bulletindeliaison

duréseauPetites

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Bibliographie des publications récentes (*)

(*) suite des bibliographies précédentes (articles et ouvrages publiés à partir de 2007) : voir les bulletins Tengmalm et chevêchette 1 & 2 de 2008, 3 & 4 de 2009, 5 & 6 de 2010, 7 & 8 de 2011 et 9 & 10 de 2013.

Chevêchette d’Europe et chouette de Tengmalm

2013

- ANTONIAZZA S., 2013.- A la recherche de la Chouette de Tengmalm Aegolius funereus et de la Chevêchette d’Europe Glaucidium passerinum. Nos Oiseaux, 60 : 237-240.

- MULLER Y., 2013. – 2012, un millésime exceptionnel pour les petites chouettes de montagne. Rapaces de France – l’Oiseau maga-zine, HS N° 15 : 42.

- THOSS M., 2013.- Sperlingskaus Glaucidium passerinum und Raufuss-kauz Aegolius fenereus als unmit-telbare Brutnachbarn im selben Baum. Mitt. Ver. Sächs. Ornithol., 11 : 112-117.

Chevêchette d’Europe

2012

- BARBARO L., BLACHE S. TROCHARD G., 2012.- La Che-vêchette d’Europe Glaucidium pas-serinum sur la Réserve biologique intégrale des Hauts-Plateaux du Vercors. Bilan de trois années de recherche sur l’écologie et la biologie de l’espèce (2009-2010-2011). Rapport 48 p.

2013

- HENRIOUX P. et le GERNOV, 2013.- Etude d’une population de

Chouette chevêchette dans l’ouest du Jura. Synthèse après 18 années de recherches. Groupe d’étude sur les rapaces nocturnes de l’ouest vaudois, Payerne, rapport 8 p.

- MULLER Y. & RIOLS C., 2013. - Premières données sur le régime alimentaire de la Chevêchette d’Europe Glaucidium passerinum dans les Vosges du Nord. Ciconia, 37 : 107-113.

- SORBI S., 2013.- Découverte de la Chevêchette d’Europe Glauci-dium passerinum en Belgique et suivi d’une tentative de nidifica-tion. Aves, 50 : 2-8.

- WIESNER J., 2013.- Nistkästen für den Sperlingskauz Glaucidium passerinum – überflüssig oder doch hilfreich ? Eulen-Rundblick, N° 63 : 10-14.

- WIESNER J., 2013.- Lassen sich beim Sperlingskauz Männ-chen und Weibchen anhand von Federfunden sicher bestimmen ? Eulen-Rundblick, N° 63 : 55-57.

Chouette de Tengmalm

2013

- ANTONIAZZA S., 2013.- A la recherche de la Chouette de Tengmalm Aegolius funereus et de la Chevêchette d’Europe Glaucidium passerinum. Nos Oiseaux, 60 : 237-240.

- DUCHATEAU S., 2013.- Note sur le régime alimentaire de la Chouette de Tengmalm Aegolius funereus dans les Pyrénées occiden-tales. Le Casseur d’os, 13 : 123-126.

- GERBER A., BASSIN A., GERTSCH P.A., GIGON M., KAMMERMANN A., 2013.-

Chouette de Tengmalm dans le Jura bernois : rapport pour 2013, 18e saison d’étude, 7 p.

- HENRIOUX P. et le GERNOV, 2013.- Etude d’une population de Chouette de Tengmalm dans l’ouest du Jura. Synthèse après 28 années de recherches. Groupe d’étude sur les rapaces nocturnes de l’ouest vaudois, Payerne, rap-port 6 p.

- KOLBE H., 2013.- Nistplatzwahl (Naturhöhlen und Nistkästen) durch den Rauhfusskauz im Hohen Fläming ? Eulen-Rundblick, N° 63 : 25.

- LINDNER M. & KOLBE H., 2013.- 528 Euro für das Fällen einies Höhlenbaums mit Rauh-fusskauzbrut. Eulen-Rundblick, N° 63 : 72.

- MARTENS H.-D., 2013.- Rauh-fusskauz : Brut im Höhlenzentrum mit Hohltaube, Dohle, Schwarzs-pecht, Marder und Co. – oder gibt es Alternativen ? Eulen-Rundblick, N° 63 : 26.

- RAVUSSIN P.-A., TROLLIET D., MÉTRAUX V., LONGCHAMP L., DAENZER C., CLÉMENÇON F. et ROCH J., 2013. Saison 2013 chez la Chouette de Tengmalm. Bilan de 29 années de suivi. Groupe ornithologique de Baulmes et en-virons (GOBE), Baulmes, rapport d’activités 6 p.Les rapports du GOBE sont dis-ponibles à l’adresse suivante : http://www.chouette-gobe.ch/php/rapports.php.

par Yves Muller [email protected]

Bibliographie

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page 16 Tengmalm et chevêchette n° 14 & 15 - août 2014 - LPO Mission rapaces

Bulletindeliaison

duréseauPetites

chouettesdemontagne

Chevêchette et TengmalmBulletin de liaison du réseau Petites chouettes de montagne (disponible sur http://rapaces.lpo.fr/chevechette-tengmalm)

LPO © 2014

Réalisation : LPO Mission Rapaces parc Montsouris, 26 boulevard Jourdan, 75 014 [email protected]

Conception et réalisation : Fabienne David

Comité de rédaction :Fabienne David, Pascal Denis, Sébastien Laguet et Yves Muller.

Relecture : comité de rédaction et Danièle Monier.

ISSN 2266-1581

D’après une maquette de la tomate bleue

Analyse bibliographique

Hiboux et chouettes

Fosserat Ch., 2014, La Sala-mandre, Genève, 144 p. (29 euros)

L’auteur d’ « Envolées sauvages avec le Grand Duc » (Ed. Terran, 2010), spécialiste des nocturnes livre ici les meilleurs de ses clichés des neuf espèces de rapaces noc-turnes nicheurs en France. Des photos de nature, sans trucages, ni concessions, avec leur am-biance, leur part d’ombre, même de flou, seulement accompa-gnées d’un minimum de com-mentaires. Des images rares qui dévoilent la vie intime de ces espèces si difficiles à saisir, des parades et accouplements au nourrissage des jeunes.

Autant documents naturalistes que clichés artistiques, ce bel ensemble est destiné à tous les amoureux de la nature et des oiseaux.

par Jean-Marc ThiollayLPO Mission [email protected]

Discrète chevêchette

Périé Y., 2013, Nomade Produc-tions (14 euros)

Ce documentaire nous emmène à la découverte de la plus petite chouette d’Europe. Poids plume de 60 grammes, cette chouette

« pygmée » a trouvé refuge dans certaines zones des Alpes lors du recul des glaciers du quaternaire.Sa présence était déjà connue sur la réserve naturelle des Hauts-Plateaux du massif du Vercors (sud-est de la France), mais sa reproduction n’a été découverte qu’en 2009.A travers des images aériennes magnifiques, mais aussi des instants rares comme l’accou-plement, la capture d’un mâle, où les images des oisillons de quelques jours au fond de leur cavité, ce film réalisé par Yoann Périé est un document de premier ordre, à la fois pédagogique et d’une fascinante beauté.

Le DVD est en vente à 14 euros à la boutique LPO sous la réfé-rence MU0093 (http://www.lpo-boutique.com) et également disponible à la location (VOD) à 3,90 euros (http://www.filmsdo-cumentaires.com).

Appel à textes et illustrations

Ce bulletin est le vôtre ! Il est destiné au réseau de suivi et de connaissance des petites chouettes de montagne. Il a pour but de diffuser la connaissance et de partager les informations que vous collectez tout au long des saisons de suivi. Pensez donc à nous transmettre vos articles, vos brèves, vos anecdotes. Vos photos et dessins (de chouette de Tengmalm surtout) sont égale-ment les bienvenus. Merci de les transmettre à la LPO Mission rapaces par courrier (Parc Montsouris, 26 boulevard Jourdan, 75 014 Paris) ou par courriel à [email protected] aussi le réflexe de consulter et d’alimenter le site Internet dédié aux petites chouettes de montagne accessible depuis cette adresse : http://rapaces.lpo.fr/chevechette-tengmalm.

Un grand merci à tous.

par la LPO Mission rapaces

Sensibilisation

Alexis Nouailhat ©©