temoignages de madagascar - changement climatique et modes de vie ruraux

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  • 8/7/2019 Temoignages de Madagascar - Changement climatique et modes de vie ruraux

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    Temoignages de madagascarch t l t qu t v

    wwf/Ral Baecker

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    WW F Madagascar et dans lOcan Indien Occidental

    Harisoa Hasina Rakotondrazafy, Chef de Projet Changement Climatique

    Soarinosy Gladys Ranalisolofo, Chef de Projet Eau Plateau Mahafaly

    Alison Clausen, Responsable du Programme Changement Climatique

    Anjara Andriamanalina, Responsable SIG

    Flavien Rebara, Coordinateur de la sous - rgion cologique Androy - Anosy

    Martina Lippuner, Communications Manager

    Tiana Ramahal eo, Coordinateur du Program me Sciences de la Conservat ion et Espces

    Direct ion Gnrale de la Mtorologie

    Marie Louise Rakotondrafara

    Rija Fidle Faniriantsoa

    Stephason Kotomangazafy

    Text 2010 WWF

    Tous droits rsrvs

    Conception Myh Design / Ny Haja Rakotozandriny 2011

    Traduction : Pierre Loty, Rojotiana Ratovona

    Cette publication a t ralise grce au nancement de Norad (Norwegian Agency for Development Cooperation) et du WWF Norvge.

    Nos remerciements sadressent tous ceux qui ont particip aux tmoignages et ceux qui ont voqu leur point de vue vis--vis du changement climatique.

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    1 Rapport National sur le Dveloppement Humain, 2010

    PreFaceLe climat est aujourdhui au cur des dbats politiques et sociaux. A lors que les pays de la plante ngocient un accord mondialpour faire face aux i mpacts du rchauffement mondial, ces impacts se font dj ressentir au niveau des c osystmes les plus

    vulnrables comme les rcifs coralliens et les zones a rides ainsi que dans la vie des communauts humaines.

    Pour Madagascar, lenjeu face au changement climatique est double. La biodiversit exceptionnelle du pays hritage naturel dela plante et ses ressources naturelles renouvelables soumises depuis longtemps aux demandes dune population croissante dontle niveau de pauvret na cess daugmenter au cours des quinze dernires annes 1 , sont aujourdhui confrontes une nouvellemenace : le changement climatique. Ces re ssources naturelles forment galement la base de lconomie du pays et soutiennent lesmodes de vie des soixa nte-dix pourcent de la population.

    Comprendre, anticiper et agir face au changement climatique est plus que jamais ncessaire tant pour sauvegarder la biodiversitde Madagascar que pour maintenir les options de dveloppement pour les communauts locales. De tous temps, lhumanit a susadapter aux variations du climat. Cest en capturant les connaissances traditionnelles et le savoir empirique accumul au sein dechaque communaut et en les compltant avec la science que nous pourrions trouver ensemble des solutions adaptes, approprieset donc durables.

    Ce recueil de tmoignages venant des quatre rgions de Madagascar est une premire tentative pour capturer la richesse deces expriences et c onnaissances. Nous sommes redevables tous ceux et celles qui ont bien voulu partager avec nous leursinquitudes, leurs espoirs et leur quotidien.

    Nanie Rats i fandr ihamananaDirec teur de Conservat ion

    wwf mwiopo

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    sommaire

    L m b -L vul b l t v u lt T b h

    L at a -L Pl t u m h ly t l p

    v l u tu ll

    L a y -l H ut B u m t p t

    L m -L diana t p t t l t

    L h t b v t p j t u v u qu t 2

    4

    10

    15

    20

    mangr ves du delta de Ts r b h naRg n DiANA

    Ants ranana

    Ta lagnar

    ANOSY

    ATSIMOANDREFANA

    MENABE

    DIANA

    m r ndava

    T l ara

    plateau maha alyHaut Bass n du mandrare

    Localisation des sites dintervention de WWF Madagascar considrs dans les tudes de cas

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    L diana

    Les cHangemenTs oBserVes eT ProJeTes aU niVeaU des QUa

    L m bLe climat de la rgion est de type humide et chaud. La partie Ouest est ca ractrise pardeux saisons bien distinctes: une saison sche (mai octobre) et une saison humide(novembre av ril), plus de 90% de la prcipitation tombe durant la saison de pluie. Lapartie orientale est in uence par le massif de Tsaratanana, surtout sur le Sud-Est dela rgion, qui donne lieu un climat tr s humide et adouci par le relief. En t austral,la rgion est sujette aux ux du Nord-Ouest (surtout la partie Sud-Ouest) qui donnentlieu des fortes pluviosits et des tempratures assez leves.

    Changements observs ces dernires annes:De 1948 2006, en gnral les prcipitations ont baiss sur la zone. Cette

    baisse a t surtout observe sur les prcipitations de milieu de saison de pluiede dcembre fvrier. Cette diminution est plus prononce entre Ambanjaet Ambilobe, o le cumul des prcipitations de dcembre fvrier a baissde plus de 10% en 59 ans. La tempratu re moyenne annuelle a subi unehausse allant de 0,4C 1C en c es 59 ans. Ces dernires annes, les cyclonestropicaux sont devenus plus frquents car leurs trajectoires sur Madagascarsemblent remonter vers le Nord.

    Projections pour le f utur (2070-90):Les projections selon le scnario A2 i ndiquent que pour la priode 2070-2089il y aura une augmentation de la quantit des prcipitations en dbut et vers la

    n de la saison humide, par rapport 1960-1979, notamment sur la moiti Sudde la rgion. En pleine saison de pluie, le Sud-Est et les zones au bord du Canalde Mozambique seront plus secs. Pendant la saison sche vers 2070-2089, il y aura une diminution des prcipitations sur toute la rgion par rapport 1960-1979. Le rchauffement va continuer. Pour la priode 2070-2090, par rapport 1960-1979, cette hausse peut atteindre 3C lintrieur de la rgion et auxalentours de 2C sur les ctes. On sattend avoir une augmentation de lafrquence et de lintensit des cyclones dans le futur.

    La rgion est constitue par deux saisons climatiques bien distinctes : une saisonchaude et pluvieuse, de novembre avril et une saison moins chaude et trs schede mai octobre. Sa pluviomtrie est comprise entre 600 et 1 00 0 mm/an 2, laquelleconstitue un facteur limitant pour les activits agricoles dans la rgion. En octobre etseptembre souf e un vent desschant, qui entraine le tarissement de tous les euves etrivires, rduisant ainsi le niveau des nappes phratiques. Par rapport aux cyclones, lesperturbations tropicales natteignent pas en gnral le stade de cyclone mais restent austade de dpression tropicale. Elles apportent toutefois des prcipitations importantesqui provoquent des inondations durables.

    Changements observs ces dernires annes:De 1961 2005, la rgion sest rchauffe et linstar de toutes les autresparties de lle, le rchauffement sest manifest par une augmentation de latemprature minimale journalire. En moyenne celle-ci a hauss de plus de 1Cen 45ans.On a assist une tendance laugmentation des prcipitations journaliresmoyennes sur la rgion. Cependant, cette augmentation ntait pasuniformment rpartie au cours de lanne. La quantit de prcipitationstombant pendant la saison pluvieuse (dcembre mai) tait en hausse. Lereste de lanne, les pluies taient par contre en diminution. Comme la saisondes pluies avait aussi tendance se raccourcir, les prcipitations ont gagn enintensit. Les pluies intenses ont t ainsi devenues plus frquentes.

    Aucun changement notoire na pu tre observ quant la frquence et lintensit des cyclones tropicaux.

    Projections pour le futur ver s 2050 par rapport 1961-1990:Selon le scnario A2, vers 2050 par rapport 1961-1990, la tempraturemoyenne annuelle va augmenter dau moins de 1C. Les prcipitations pendantla saison de pluie (octobre mai) vont tre suprieures la priode 1961-1990.

    2 Monographie de la rgion de Menabe, 2003

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    L a yL at aLa rgion Atsimo Andrefana accuse un climat tendance subaride ou semi-aride. Cestune rgion de plateaux et de plaines qui fait partie des rgions sahariennes. Elle estcaractrise par une longue saison sche de 7 9 mois. La saison des pluies est souventtrs irrgulire et toujours pauvres en prcipitation (moins de 600 mm/an). Elle nestpas rellement une zone cyclonique ; les cyclones arrivent dans le Sud Ouest dj affaiblipar la traverse dune partie de lle. Cependant, ils entrainent de fortes prcipitationsentrainant des inondations catastrophiques. Les moyennes annuelles sont toujourscomprises entre 25C (Morombe) et 23C (au sud de lOnilahy) 3 .Faute de donnes suf santes, il est d if cile de donner des informations exactes sur leschangements observs et projets pour toute la rgion. Nanmoins, quelques indications

    ont pu tre dj dgages.

    Changements observs ces dernires annes:Comme pour toute lle, il y a eu rchauffement qui se manifestait sur toutpar laugmentation des tempratures minimales journa lires. La hausse de latemprature minimale journalire a t plus de 1C de 1961 2005.Les saisons des pluies ont raccourci car le nombre maximal de jours secsconscutifs dans lanne a augment denviron un jour par an en ces 45 annes.La quantit totale annuelle des pluies a galement diminu pendant cette priode.Les prcipitations tombant pendant des priodes de plus en plus courtes, aentran une augmentation de lintensit des pluies notamment sur la moiti nordde la rgion.Les vents amens par les cyclones tropicaux sont devenus plus violents ces 20dernires annes, notamment sur la partie sud de la rgion.

    Projections pour le futur:Selon le scnario A2, la temprature moyenne annuelle subira une hausse trsmarque de 1,5C au minimum vers 2050 par rapport 1961-1990. Il est prvuque les prcipitations vont augmenter. Les cyclones tropicaux seront plus intenses.

    Le climat de la rgion est caractris par des prcipitations abondantes au mois dedcembre et janvier. Les mois de juillet et aot sont encore des mois pluvieux avec uneprcipitation moyenne autour de 100 mm. Uniquement les mois de septembre et octobrepeuvent tre considrs comme secs. La temprature moyenne de la rgion se situe autourde 23C et 24C 4 . Le Sud une zone cyclonique, par contre, dans la rgion Anosy et surtoutpour le littoral Est de Taolagnaro, les cyclones peuvent tre dangereux.

    Changements observs ces dernires annes:De 1961 2005, on a constat une augmentation de la temprature,notamment de la temprature minimale journalire qui a enregistr enmoyenne une hausse de plus de 1C en 45 ans.

    Pendant cette priode, on y a galement observ une diminution de laquantit des pluies journalires (surtout en hiver). La sa ison pluvieuse sestraccourcie et les intensits moyennes des pluies journalires ont baiss.

    Il ny a pas eu de changement notable enregistr concernant les cyclonestropicaux.

    Projections pour le futur vers 2050 par rapport 1961-1990:Selon le scnario A 2, vers 2050 par rapport 1961-1990, la tempraturemoyenne annuelle va augmenter dau moins de 1,5C. Une diminution desprcipitations dhiver (de juin septembre) est attendue alors que les autres

    mois de lanne verront un accroissement de leur pluviomtrie. Il ny aura pasde changement majeur quant la frquence des cyclones tropicaux.

    3 Tableau de bord environnemental - Atsimo Andrefana, 2008 4 Monographie de la rgion Anosy, 2003

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    ap u l u l dianaLa rgion DIANA est lune des plusimportantes rgions de Madagascar entermes de biodiversit et dconomie.

    Situe au Nord du pays, elle couvre une super cie de 20 942 km2 et regroupe cinqdistricts (Antsiranana I et II, Ambilobe, Ambanja et Nosy Be). Sa population estestime 680 000 habitants 5. Lagriculture, llevage et la pche constituent leursprincipales activits, bien quils dpendent galement des ressources naturelles.

    Les cosystmes marins et ctiers de la rgion ont t identi s comme la plushaute priorit de conserv ation durant lexercice de priorisation nationale menpar Madagascar en 2008 ainsi que la priorisation rgionale effectue au niveau delOcan Indien Occidental. En plus de ces cosystmes de mangroves, elle abrite lesplus divers rcifs coralliens. Aussi, les trois quarts des lots existants Madagascarse trouvent dans la rgion et ces zones ctires renferment le stock le plus lev decrevettes et de crabes. Par rapport la biodiversit terrestre, au moins la moiti desespces damphibiens et de reptiles, une forte c oncentration des plantes endmiques(genres et espces) et part iculirement une famille endmique, Diegodendraceae sy trouvent. Ses diversits biologiques classent la rgion DIANA parmi les premiresdestinations touristiques du pays ainsi que la pri ncipale zone de production decrevettes.

    Latelier men par CI 6 , WCS 7 et WWF en janvier 2008 sur lvaluation nationale dela vulnrabilit et de ladaptation face au changement climatique, a pertinemmentdmontr que le changement climatique reprsente une menace majeure pour larichesse biologique des cosystmes marins et terrestres de Madagascar ainsi quepour les moyens de subsistance des communauts locales tributaires des biens et

    services of fertes par les co systmes. Tenant compte des pressions anthropiquessexerant sur la rgion et des projections cli matiques disponibles, cette rgion ne setrouve pas pargne des effets nfastes du changement climatique, la fois en termesde variabilit climatique accrue et des vnements climatiques extrmes, y comprisles cyclones.

    Point de vue dun expert sur lavulnrabilit de la communaut face au changement climatique

    dans la partie Nord de Madagascar

    Les projections climatiques montrentque la rgion nord ouest de Madagascar

    sera particulirement vulnrable auxeffets des cyclones de plus en plus

    intenses. Les communauts ctiresseront les plus menaces. Non seulement

    les moyens de subsistance serontaffects, mais il y aura un risque

    potentiel que les infrastructures soientdtruites et que la scur it humaine,

    mise en dang er. Lamliorationdes systmes dalerte prcoce serancessaire et WWF continuera de

    travailler avec les communauts localeset les autorits rgionales pour renforcer

    leur rsilience face ces vnementsextrmes .

    Alison Clausen,Responsable du Program me

    Changement Climatique

    Le nord de madagascar L diana t p t t l t wwf mwi op

    o / m ar t n aL un er

    5 Plan Rgional de Dveloppement de la rgion DIANA 6 Conservation International7 Wildlife Conservation Society

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    T B m k ,ult u t p h ua k l k

    Je mappelle Be Manga oka et jai 50ans. Jhabite dans un petit village

    dAnkingameloka da ns lextrme Nordde Madagascar. Notre village se situe juste ct de lAire Marine Pr otgede Nosy Hara. Nous navons ni eau ni

    lectricit. Notre village ne disposepas galement dcole, ni dun centre de

    sant de base.

    Je suis la fois pcheur et agriculteur.Je pche du poisson et des concombresde mer pour les vendre des hommesdaffaires Mangoaka. Je cultive du riz etdu manioc pour assurer les besoins de mafamille ainsi que du mas pour la vente. Jaiquatre enfants ; je les encourage tudiertant donn quils devront trouver dautressources de revenus plus tard, donc. Jespre

    quils russiront dans leurs tudes pour quils puissent nous aider.En 1984, un cyclone nomm Kamisy a provoqu beaucoup de dgts sur nos ctes. Nousavons t obligs de dplacer notre village plus lintrieur des terres, environ 100 m deson emplacement initial. Le cyclone a dtruit nos forts de mangroves. Cela fait deux ans quenous navons plus trouv de crevettes dans les mangroves restantes. Leur rgnration savredif cile cause des sdiments dposs dans les mangroves. Auparavant, nous avons pucollecter 10kg de crabes, maintenant nous pouvons collecter pas plus de 3 kg.De 1999 2000, il y a eu une grande scheresse dans notre village et nous avons eu du mal cultiver du riz. Malheureusement, ce phnomne sest encore manifest; les saisons ont

    vraiment beaucoup chang. Au cours des 20 dernires annes, il y a eu de moins en moins depluie. Normalement, la saison de pluie stend du mois de novembre au mois de mai, mais denos jours, elle ne dure que de janvier mars. La plantation du riz se trouve particulirementaffecte. Nous avons besoin de trouver dautres alternatives. En plus, certains de nos puitssont taris.Le Varatraza - le principal vent qui souf e dans le nord de Madagascar- souf ait auparavantde Juillet aot. A prsent, il souf e partir du mois davril jusquen novembre. Lorsque le

    varatraza souf e, nous ne pouvons pas aller pcher ! Nos revenus ne cessent de diminuer.

    En mme temps, le nombre de pcheurs a augment au cours des dernires annes, ce sontnotamment des pcheurs migrants qui ne respectent pas nos rglementations.Nous devons galement parcourir de longues distances pour trouver du bois de chauffe et du

    bois de construction cause de la surexploitation des forts et des feux de brousse.Je ne sais qui ou quoi est responsable de tous ces changements, mais je crains vraiment queles gnrations futures ne pourront plus bn cier des ressources naturelles sur lesquelsnous dpendons !

    wwf mwi op

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    ak t n d r az a y

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    P l z p ph qu la m P t (amP) n y H8 , l v ll

    a v ub t j l

    p t u h t l t qu

    Le village dAndranomavo, tmoigne desimpacts locaux du changement climatique surleurs moyens de subsistance et les ressourcesnaturelles dont le village dpend. Lapopulation vit principalement de lAgricultu reet de la pche.Depuis ces 20 dernires annes, les villageoisont constat un raccourcissement de lasaison de pluie de 5 mois dans lanne aulieu de 7 mois. Les deux mois sans pluiese sont transforms en vent (dnommlocalement Varatraza). Cette situation aentrain le tarissement des sources deau du

    village, linsuf sance des eaux de pluie pourlagriculture de telle sorte que la pluviomtrienest plus favorable aux varits rizicoles

    utilises par la population locale. La population sen est adapte par lutilisation des varits deriz cycle court (possibilit de rcolte aprs 3 5 mois).Le village a t victime de certains vnements extrmes dont une forte inondation en 1950 quia oblig la population se dplacer vers un nouvel emplacement, un cyclone intense en 1984qui a dtruit une grande partie des zones cultivables du village et les zones forestires, et unepriode de scheresse de 2 ans (1999-2000) qui a affect la production rizicole de la population.Cette priode de scheresse a provoqu labandon des cultures rizicoles ; les villageois se sontconvertis la culture de mas qui exige une priode pluviale plus courte par rapport au riz.Depuis 10 ans, le Varatraza a perturb les activits de pche des communauts locales. Lapriode de Varatraza sest prolonge avec un vent trs intense (pouvant aller jusqu 8 mois

    dans lanne). La pche au large devient de plus en plus dif cile, limitant ainsi la quantit desproduits collects par les pcheurs. Les ressources halieutiques deviennent galement de plusen plus rare (concombre de mer, crevettes, etc.) dues principalement laugmentation despcheurs migrants.Exacerbs par les pressions humaines, les impacts du changement climatique sobservent djdans le village dAndranomavo. Des mesures dadaptation sont plus que ncessaires pour lasurvie des gnrations actuelles et futures de ce village.

    wwf mwi op

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    8 Dans la partie Nord Ouest de Madagascar, District dAntsiranana II

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    T m qu T b ,p h u a p vJe mappelle Monique Tombo, et jai 35ans. Je suis pcheur et je vis dans unemaison en bois Ampasindava. Mon

    village se tr ouve ct de la mer, surles bords de la nouvelle Aire MarineProtge de Nosy Hara. Nous avons

    btis notre maison sur des pilotispour viter de dormir sur le sol. Jai 5enfants. Malheureusement, jai un il

    malade mai s je nai pa s dargent pour lefaire soigner.

    Mon village compte 365 habitants, aumme nombre que les jours de lanne. Laplupart dentre eux sont des pcheurs. Unmarcage de mangroves se trouve derrirenotre village o lon peut pcher des crabes.

    Pendant la marre basse, je va is en mer pour pcher des pieuvres et des concombres demer. Malheureusement, les concombres de mer sont devenus rares. Auparavant, je pouvaisen pcher jusqu 50 kg, mais prsent je ne peux avoir que 10 20 kg au plus. Mon preet mon grand pre ta ient tous deux pcheurs. Et je suis sre quil y avait encore plus depoissons cette poque, car le vent ntait pas aussi fort quaujourdhui ! Actuellement, nosmaris ont des fois besoin de nav iguer trs loin pour pcher, parce que le vent souf e tropfort. En plus, le prix du poisson est toujours trs bas, tandis que le prix du riz ne cessedaugmenter.Lorsque mes parents avaient mon ge, le niveau de la mer ntait pas aussi lev. A prsent, il slve de plus en plus haut entranant le rtrcissement des plages.La saison de pluie est aussi devenue plus courte. Auparavant, la pluie commenait tomber en dbut dcembre pour sarrter au mois de mars. A prsent, elle ne tombe quen

    janvier et sarrte dj en fvrier ! Pourtant cette quantit de pluie nest pas suf santepour la plantation. Nous cultivons un peu de mas uniquement pour assurer nos besoinsfamiliaux.

    Le seul puits non ta ris se trouve trs loin. Nous essayons de recueillir la pluie que nousrecevons. Je suis certaine que tous ces changements sont dus aux feux de brousse. Lesgens narrtent pas de tout brler! Ca ne doit pas tre une bonne chose!Je crains que mes enfants souffrent beaucoup plus. Je crains que la nature ne soit

    compltement dtruite le temps quils g randissent ! Le nouveau Parc National Marinpourrait leur donner une chance, au moins ils pourront y trouver un emploi. Oui, je penseque ce parc est u ne opportunit pour nous de trouver dautres sources de revenus.Nous avons cr une association de femmes et nous aimerions construirequelques bungalows pour les touristes. Lemplacement a dj t dtermin. Maismalheureusement, nous navons pas encore les moyens pour construire les maisons.

    La vie tait beaucoup plus facile auparavant.

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    L t pt t p u l r diana

    Ladaptation est d nie comme des mesures visant rduire les impacts duchangement climatique. Ces mesures ne peuvent pas tre gnralises mais varientdun systme un autre (naturel ou humain), dune rgion une autre et selon letype de vulnrabilit. Lidenti cation des mesures dadaptation appropries requiertau pralable cette va luation de vulnrabilit au changement climatique. A lheureactuelle, la plani cation pour ladaptation dans la rgion est encore limite. Le WW F

    a choisi DIANA comme Rgion pilote pour fournir des modles ef caces de mise en uvre de mesures dadaptation au changementclimatique qui pourront tre appliques au niveau des autres zones importantes pour la conservation Madagascar. La rgionDIANA est actuellement au stade de lvaluation de la vulnrabilit rgionale au changement climatique.

    Les besoins prioritaires actuels de la rgion se rsument en quatre catgories avec comme nalit la mise en uvre des mesuresdadaptation appropries:

    Renforcement des capacits des acteurs rgionaux et locaux, regroupant la fois les autorits rgionales et locales, lesinstitutions et organismes uvrant dans le domaine de la conservation et du dveloppement et la socit civile, a n quetoutes les parties prenantes puissent acqurir les comptences ncessaires pour mettre en uvre les mesures dadaptationde la rgion ;

    Etude de vulnrabilit lchelle rgionale et locale, la base de dpart pour lidenti cation des mesures dadaptationadquates pour la rgion, en particulier au niveau des c osystmes et des secteurs cls de DIA NA (par exemple les airesprotges terrestres et marines et les secteurs dactivits de la Rgion tels que lagriculture et llevage, la pche, letourisme) ;

    Dveloppement de mesures dadaptation appropries tenant compte des rsultats des tudes de v ulnrabilit effectuespour la rgion ;

    Intgration des aspects de ladaptation au changement climatique dans les documents politiques, stratgiques et sectoriels(par exemple le SRAT 9, le PRD 10, le GIZC 11 etc.).

    9 Schma Rgional dAmnagement du Territoire10 Plan Rgional de Dveloppement11 Gestion Intgre des Zones Ctires

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    ap u u l m bLa rgion du Menabe regroupe lessous-prfectures de Morondava, Belo/Tsiribihina, Mahabo,

    Miandrivazo et Manja. Elle stale sur une super cie de plus de 48.860 km, soit 8,4% de la super cie totale du pays. Bien que peuple de Sakalava, la rgion reste uneancienne zone de migration de population forme des gens des Hautes-Terres, du SudEst et de Vezo. On estime la population totale 300.000 habitants, soit une densit de6,2 habitants/km2 12.

    La rgion dispose dun potentiel agricole important se caractrisant par u ne immensesuper cie cultivable (8,27% de la super cie de la rgion soit 404 300 ha). Les activitsagricoles regroupent principalement les cultures viv rires, les cultures industrielles(canne sucre, arachide, tabac). La population vit galement de llevage (levageextensif et contemplatif de zbus), la pche dont lactivit principale des pcheurs

    se focalise sur la pche aux crevettes. Elle offre galement plusieurs potentialitstouristiques et est lune des destinations trs privi lgies des touristes, ne citer quelAlle des Baobabs, la Rserve dAndranomena, etc.

    Avec la rgion Melaky, la rgion de Menabe abrite le deuxime plus grand cosystmede mangroves de Madagascar, les Deltas de Tsiribihina et de Manambolo qui couv rentapproximativement une super cie de 28 000ha. Ces zones de mangroves ont uneimportance cruciale pour de nombreuses espces inscrites d ans la liste rouge delUICN13, titre dexemple laigle pcheur de Madagascar ( Haliaeetus vociferoides , endanger critique).

    La region menaBe -L vul b l t v u lt T b h wwf mwi op

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    o / D B E V

    12 Monographie de la rgion Menabe, 200313 Union Internationale pour la Conservation de la Nature

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    Vul b l t v ult T b h

    Les cosystmes de mangroves gurent parmi les cosystmes biologiquementproductifs sur Terre. Couvrant approximativement une super cie de 150 000km, les mangroves constituent une zone de fraie et de nourrissage pour plusieursespces de conservation et sont galement important au niveau commercial. Ellesprocurent des biens et ser vices cosystmiques pour les communauts ctires dontla protection du littoral, lpuration de leau et la fourniture de produits forestiers.

    Le changement climatique menace les mangroves. Llvation du niveau de la mer, les changements au niveau des rgimes deprcipitation et laccroissement des pressions anthropiques li laugmentation de la vulnrabilit de la communaut humaineau changement climatique peuvent affecter la productivit et les valeurs de conservation de ces cosystmes uniques. Pour unemeilleure comprhension des effets potentiels du changement climatique sur les cosystmes de mangroves de Madagascar, le

    WWF Madagascar et dans lOcan Indien Occidental - travers un projet nanc par la Fondation Mac Arthur - a men unevaluation de la vulnrabilit du deuxime plus grand cosystme de mangroves du pays au changement climatique, en particulierles deltas de Manambolo et de Tsiribihina dans la partie Ouest du pays. Cette valuation visait la fois (i) identi er les zones

    trs vulnrables au changement climatique en vue de dterminer les zones de mangroves conserver e t restaurer au niveaude Manambolo et Tsiribihina et (ii) dvelopper une mthodologie dvaluation de la v ulnrabilit des mangroves pouvant treapplique dans dautres zones de mangroves de Madagascar.

    Du point de v ue cologique, ltude de v ulnrabilit a montr que les cos ystmes de mangroves les plus v ulnrables se trouventdans la par tie Sud du delta de Tsiribihina. Dix-neuf pourcents (19%) des mangroves qui sy trouvent sont hautement vulnrableset 50% sont moyennement vulnrables. Malgr labsence de zones de mangroves trs sensibles, la vulnrabilit cologique danscette zone est in uence par lexistence dune vaste tendue de mangroves faible rsilience et par la prsence de nombreuseszones haut ri sque dinondation. Dans la partie Nord de la zone dintervention du projet, seulement 2% des mangroves sonthautement vulnrables et 21% moyennement vulnrables. Par ailleurs, malgr la prsence dune vaste tendue de mangroves haute sensibilit, on y rencontre des zones tendues de mangroves haute rsilience et trs peu de zones pouvant tre fortementexposes linondation.

    Les communes ayant une faible vulnrabilit grce leurs proximits au c entre urbain se trouvent dans la partie Sud de la rgiondtudes et o la v ulnrabilit cologique est trs haute. Cette circonstance pourrait constituer une opportunit intressante en

    vue de lamlioration de la conservation et de la gestion des mangroves adjacentes restantes. Des villages dans la rgion dtudesont montr une rponse dadaptation autonome signi cative aux extrmes vnements climatiques passs, notamment lescyclones. Dans tous les villages o des t udes de cas ont t entreprises, les cyclones passs ont engendr la migration de certainsmnages ou du village tout entier. Des effets directs des c yclones - comme les inondations, la destruction des maisons - et des

    Point de vue dun reprsentant dela rgion Menabe sur les relationsentre le changement climatique et

    les communauts locales

    Les communauts de la rgion Menabesont dj conscientes du changement

    au niveau de leur environnement, enparticulier le climat, en ne citant quelabsence de pluie, laugmentat ion de la

    temprature, llvation du niveau de lamer, lrosion ctir e. Cependant, elles ne

    savent pas que ces phnomnes traduisentdja le changement climatique. Pourquoi ?Il y a surtout un manque de sensibilisation

    au niveau de la population sur tout ce quientoure le changement climatique. D e telle

    action doit tre mene au niveau de lapopulation de la rgion, particulirement

    au niveau des communauts locales etdu public pour quil y ait une meilleure

    connaissance sur le changementclimatique en particulier de ses causes, ses

    impacts et comment y faire face.

    Jean Marie Raza mahatratra,Secrtaire Gnral de lOPCI 14

    AlokAina de Belo su r Tsiribina

    14 Organisation Publique de Co opration Intercommunale

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    effets indirects -comme la perturbation de lapprovisionnement en eau douce du village- sont responsables de telle migration. Parrapport aux vnements passs, les communauts nont dvelopp que tr s peu de rponses dadaptation. Des exemples rencontrsdans dautres rgions de Madagascar nont pas t trouvs dans les zones du projet, tels que la modi cation des techniques ou descalendriers culturaux, ladoption de nouveaux produits ou technique de pche et dagriculture. Ceci indique que les communautsont indpendamment dvelopp une srie de rponses limites et quelles dmontrent une faible capacit dadaptation. Un basniveau dducation et un fort enclavement des villages sont les causes probables de cette faible capacit dadaptation.

    Ltude a mis en exergue le fait que ces analyses de vulnrabilit doivent la fois prendre en considration les connaissances descommunauts locales et les donnes scienti ques. Les connaissances traditionnelles sont essentielles pour la comprhension ducontexte local ; une distinction doit tre faite toutefois entre les perceptions de la communaut et les observations communautaires

    valides scienti quement.

    En dpit des menaces poses par le changement climatique, les recherches indiquent que les taux de dforestation et la pressionhumaine sur les mangroves sont plus importants que les risques lis la variabilit climatique. Il est estim que si le rythme de

    la dforestation continue, la majorit des cosystmes de mangroves disparatront avant mme que les impacts signi catifs duchangement climatique se manifestent. Ceci est galement valable dans la rgion du projet o la demande en bois de mangroves dumilieu urbain augmente, avec lchelle industrielle de la pche.

    Le dveloppement de stratgies dadaptation pour les cosystmes de mangroves doit se concentrer sur des mesures sansregrets qui tiennent compte des pressions anthropiques actuelles aussi bien de laugmentation de la rsilience des cosystmesde mangroves face au changement climatique futur.

    Ladaptation base sur les cosystmes est aussi prconise pour ces mangroves. C e type dadaptation fait appel la gestion durable, la conservation et la restauration des cosystmes pour fournir des serv ices permettant aux populations de sadapter aux effetsngatifs des changements climatiques 15. Il vise donc renforcer la rsilience des cosystmes de mangroves, tout en rduisant la

    vulnrabilit des communauts humaines v is--vis du changement climatique. Ladaptation base sur les cosystmes savre plusfacile mettre en uvre dans les pays pauvres et dpendant des ressources naturelles. Elle pourrait tre plus ef cace et durablecologiquement, conomiquement et socialement.

    15 UICN : Dclaration de position, 2009

    Les actions dadaptation ncessairespour les mangroves du del ta de

    Tsiribihina

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    ap u l u l Pl t u m h lyLe plateau Mahafaly, large de 1 744 200 ha,se trouve lextrme sud de la rgion du sud-ouest, autour et sur un plateau calcaire dole nom de cette localit.

    Le plateau calcaire Mahafaly d ispose dun ensemble de grands blocs forestiers dont lasuper cie peut atteindre 750 000 ha, cest--dire plus de 43% de sa super cie totale. Vingtsept pourcents (27%) de la totalit de ce plateau est protge : parc national et transfertsde gestion. De nombreuses richesses naturelles, dont la tortue radie Astrochelys radiata ,lespce phare du paysage Plateau Mahafaly, et les oiseaux Coua verreauxi et Coua Cursor ,peuplent le plateau de faon reprsentative.

    Aux environs de 247 000 habitants vivent dans les 285 fokontany des 13 communes quiconstituent le plateau calcaire Mahafaly. Les Mahafaly occupent la rgion plus de 80%suivis des Vezo sur les ctes et les Antanosy moins de 10% (immigrants qui occupent

    certaines communes au bord de lOnilahy). Plus de 78% de la population totale vivent endessous du seuil de pauvret. Lagriculture et llevage sont les activits les plus pratiques

    bien que les terres cultivables ne dpassent pas 15% de la super cie totale du plateau.La vie sociale, conomique et la subsistance de la plupart des communauts dpendentencore de faon signi cative aux ressources naturelles. Cette dpendance, favorisepar un manque dopportunit de dveloppement, la prcarit des conditions de vie et lefaible accs aux technologies modernes (communication, ducation, lectricit, sant,etc.), augmente la vulnrabilit des communauts lorsque les ressources naturelles sont

    vulnrables et vice- versa.

    Cette zone est caractrise par un climat aride et une ressource en eau potable limite quiaffecte considrablement le dveloppement socioconomique de la rgion. La pluviomtrie

    annuelle ne dpasse pas 550 m m. Les scheresses sont de plus en plus frquentes et deuxannes sches se sont succdes de 2009 2010 laissant les populations face des dif cultsconomiques et alimentaires. Les prcipitations sont devenues trs irrgulires et nesont plus prdictibles. La plani cation des activits qui sont plus ou moins directementconditionnes par la pluie est perturbe et est devenue hasardeuse. Les peu de jour o ilpleut, les pluies habituelles, rgulires et prolonges, cdent la place des pluies torrentiellesde courte dure, dif ciles contrler (stockage, arrosage des champs de cu lture, etc.).

    La region aTsimo andreFana -L Pl t u m h ly t l p v c

    Point de vue dun reprsentant de WWF Toliara concernant

    la relation troite entre lavulnrabilit des cosystmes

    et celle des communauts de largion Atsimo Andrefana

    Aprs le passa ge dun vnementclimatique extr me, les communauts

    rurales de la rgion du Sud-Ouest,

    dmunies, se rabattront instinctivementsur les ressources naturelles pour survivre

    et pour reconstruire leur capital. Cettesituation entranera une destruction

    massive et irrversible de la biodiversitqui va devenir de moins en moins

    rsiliente. Les cosystmes vulnrablesau changement climatique ne vont pas

    non plus pouvoir fournir la quantitet la qualit de services requises pourle bien-tre humain. Les cosystmes

    et le bien-tre des communauts

    sont lis dune faon intrinsque et lerenforcement de la rsilience du premier

    doit intgrer le renforcement de lautre, etrciproquement .

    Bernardin Rasolonandrasana ,Leader Ecoregional Ala Maiky

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    Jappartiens au cla n Temitongia de la tribu Mahafaly. Mon village se situe entre lafort du bas plateau Mahafaly et locan. Je suis paysan, comme mon pre et mongrand-pre lont t avant moi, bien quil y ait galement des pcheurs dans notre

    village. Je cultive du mas et des lgumes. La moiti de la rc olte comble nos propres besoins et le reste est vendu. Comme tous les Mahafaly, jlve deux ou trois zbus.Il y a quelques annes dj, nous avons commenc perdre une par tie de la rcolte

    de manioc cause des pluies tardives. On observe galement beaucoup plus dinsectes ces jours-ci. Nous avons eu lhabitudede planter mme pendant la saison sche. Ceci nous permet de palier la pnurie alimentaire entre les saisons pluvieuses.Maintenant, cette pratique nest plus possible, ce serait quun simple gaspillage de semences. Jadis, il pleuvait abondamment aumois de janvier. A prsent, il n y a pas une goutte de pluie pendant ce mois.

    Quand mon grand-pre tait jeune, pas plus dune ou deux mauvaises annes ont lieu en vingt ans. Quand mon pre tait jeune,une mauvaise anne napparat que tous les sept ans. Aujourdhui, on y fait face tous les deux ans. Nous risquons mme davoir unesuccession de mauvaises annes. Nous craignons que lanne 2010 ne soit la pire de toutes.

    Le prix des bovins est devenu trs ba s, alors que le prix des autres produits a doubl. Par consquent, je prends du rohondroho chaque matin au lieu du caf. Cet te boisson est similaire au ca f, quoique plus forte.

    Nous avions lhabitude dabreuver le btail dans de petits tangs naturels. De nos jours, ces tangs sont devenus secs pendant 9 11 mois dans lanne. Quand jtais jeune, les tangs taient remplis pendant une priode de 6 mois. Heureusement que grce Dieu, nous avons actuellement une pompe dans le village.

    Je ne sais pas qui ou quoi est responsable de ces changements. Lorsque nous avons volu vers la gestion communautaire desforts, nous avons au pralable sacri un zbu pour demander Dieu sa protection. Nous avions le devoir de protger la nature,la fort et les tortues. Ctait une sorte de contrat et Dieu nous a aid traverser les moments dif ciles. Peut-tre que nous devonsfaire un autre sacri ce puisque le tout dernier commence dater. Et dautant plus que certains dentre nous nont pas respect le

    contrat car on a quand mme dtruit des port ions de fort. Peut-tre que Dieu est en colre.

    Je suis vraiment angoiss par la scheresse qui perdure. Jai tellement peur de la famine.Mes enfants vont tous lcole. Lducation est lhritage que je leur laisse. Jespre quils deviendront tous des intellectuelset quils auront de limportance sur le plan professionnel. Alors, ils pourront prendre soin de moi, quand je serai v ieux. Ils sesouviendront quils ont pu obtenir un emploi parce que jai mobilis tous mes efforts a n de les duquer. Jespre qu ma mort, ilsminhumeront dans un grand caveau et non un simple monceau de pierres.

    T e l J ,p y T n

    Je me nomme Emile Jean et je vis Tsiandriona Nord. Mon village fait par-

    tie de la commune rura le dItampolo,dans le sud de Madagascar. Je suis gde 53 ans et mari selon nos traditions.

    Mon pouse et moi avons 11 enfantsdont 6 garons et 5 lles, qui ont entre6 et 35 ans. Nous vivons dans troismaisons dune pice chacune. Lune

    pour dormir, lautre pour la c uisine etla dernire sert de grenier pour nos

    rcoltes.

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    T g e tm V l , v ll lc u a k

    Le village a t cre au temps de nosanctres et en cette priode le euve Lintatait trs rgulier. Nous avons commenc assister de grandes crues du euvequi inondaient tout le village partir desannes 50. Les crues survenaient dsquune pluie torrentielle tombait dans lessources deau, des centaines de kilomtresdu village. Des scienti ques, aprs une

    analyse de la situation, ont suggr le dplacement du village lactuel Androkavao en1968. Le Gouvernement a construit le nouveau village et a promis tous ceux qui vont sedplacer de leur construire des maisons en dur mais une petite partie de la communautseulement a accept de se dplacer. Nous sommes des Vezo, un clan de pcheurs depuisplusieurs gnrations et il tait hors de question pour nous daller habiter loin de la mer.

    Au moins deux tiers des mnages sont rests et ont subi une inondation aprs une autre.Une autre vague a quitt le village dans les annes 80 pour aller vivre da ns le villagedAntsikoroka, un village se trouvant pas trs loin de la mer et de leur ancien village. Un tiers de la population navait pas voulu partir c arpour eux quitter le vi llage quivaut abandonner leurs anctres, leurs racines et leurs valeurs culturelles pour vivre comme des trangerset des rfugis chez les autres.

    Malheureusement pour nous, deux cyclones (Ernest et Felapi) qui se sont succds en janvier 2005, le 24 janvier plus prcisment, et quiont entran linondation du village entier, ont eu raison de notre rsistance. Tous les villageois ont t obligs de quitter d nitivement

    Androkaela pour rejoindre les autres A ntsikoroka. Cette situation a t contre notre volont mais nous navons pas eu le choix. Lesscienti ques ont aussi prdit lensevelissement du village sous les dunes de sable qui ne cesse davancer vers le village. Nous ny avions pascru mais maintenant, on ne peut voir que les dbris des btiments du village, tout est enfouis sous les sables. Nous emmenons souvent nosenfants dans notre ancien vi llage pour leur monter o nous avions vcu mais ils ont du mal croire que ces montagnes de sable taient

    jadis une localit joyeuse et pleine de vie. Nous nous inquitons beaucoup aussi pour notre nouveau village dAntsikoroka car mme si leproblme dinondation ne nous affecte plus cause de la frquence des scheresses, lavancement des dunes constitue toujours une menace.

    Notre village ne tiendra pas longtemps moins que des mesures rigoureuses soient prises. Nous avons commenc planter des arbres brise-vents et stabilisateurs des dunes mais nos efforts ne sont pas assez consistants par rapport la vitesse des dunes. Nous ou nosenfants allons devoir se dplacer encore au village dAmbohibola qui se trouve au sud des dunes, v illage pargn par ce phnomnedvastateur. Lide est de rester toujours prs de la mer ca r notre me y est attache et cest le seul endroit o nous nous sentons chez nous.

    Je mappelle Germain Emio, je suisinstituteur, cultivateur et pcheur enmme temps. Je suis Merci Velomana

    et je suis cultivateur et pcheur. Notre village a vait t le seul et le vra i An-

    droka. C tait le chef lieu de la communedAndroka et il tait tr s prospre. Nous

    avons eu de nombreuses infrastructuresde base comme un centre de sant, une

    gendar merie, des coles, etc. Mainte-nant, notre villa ge sappelle Androkaela

    ou lancien Androka car le village a tdplac dans une autre loca lit qui a t

    renomme Androkav ao ou le nouveau Androka.

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    T ez z ,l v u zbu B k

    La plupart des gens de mon villageappartiennent des familles royales ou nobles.Derrire notre village se trouve la fort sacreRehindy o vivent les esprits et o reposent nosnobles anctres.Je suis leveur de zbus. Mais ct de cela,

    jeffectue dautres activits pour satisfaire tous les besoins de ma famille. Je suis la fois paysan,collecteur dimpts et of cier de police. Je suis galement un secrtaire municipal et le secrtairede lassociation des gestionnaires de fort de Bekinanga. Jaccomplis toutes ces choses parce que

    je suis une personne trs dynamique et que jai bien pass mes annes dtudes.Mon pre et mon grand pre taient aussi leveurs de zbus. Mon plus grand problme est lapeste bovine, sans oublier la gestion des pturages. Quand mon pre ta it jeune, il ny avait quedeux types de maladies bovines. Le btail ne connaissait pas non plus la famine. Nos animauxdlevage ont d connatre leur premire famine en 2009. Avant cette anne, seulement les

    humains faisaient face cette situation.Les trois saisons de lanne ont beaucoup chang. La saison sche dure huit mois au lieu de cinqmois.

    Autrefois, la fort tait dense, sans clairire. Les gens ne cultivaient pas beaucoup ; une petiteportion de terre suf sait. Personne ne vendait de zbu, tout au plus quelques chvres ici oul pour acheter du riz. Quand les gens se sont lancs dans la culture du mas en 1975, ils ontcommenc dfricher des portions de fort. Il y a beaucoup de lmuriens, de tortues et depintades dans la fort.Jaime la fort. Elle vit et est gnreuse, tant pour construire des maisons que pour les bois dechauffe. Les animaux sont en contact direct avec Dieu. Il coute leurs dolances et donne de lapluie o fort et animaux vivent ensemble.Du fait quil n y avait pas assez de pluie, nous navions pas assez manger. Ainsi, nous devions

    dfricher de plus grands fragments de fort. Et maintenant que la fort a disparu, nous avonsencore moins de pluie. Et notre btail fait face de nouvelles maladies.Si la scheresse persiste, mes enfants ne pourront pas tre des leveurs de zbus comme moi. Ilsdevront tre des employs; ils devront tudier. Je rve que mes enfants deviennent commerantsau cas o ils ne russissent pas dans leurs tudes.La scheresse et la disparition du bta il meffrayent tellement, puisque je ne connais aucunautre moyen pour subvenir aux besoins de ma famille. Quest-ce quun leveur de zbus sanstroupeau?

    Je me nomme Ezoendraza , je viensde Bekinanga de la commune rurale

    dEjeda, district dAmpanihy Ouest et jai 43 ans. Je suis un Mahafa ly, du clanroyal Andriambonarivo. Jai 12 enfants,

    dont 6 garons et 6 lles. Ils sont gsde 11 ans une semaine. Je suis mari

    deux femmes selon nos traditions.

    Mon pre a constr uit ce petit hameau en1950. Jy a i vcu toute ma v ie.

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    r u t l p uv tt pt t uh t l t qu

    Avec un indice de dveloppement humain infrieur 0.3, le Plateau Mahafaly est lunedes zones les plus dmunies de Madagascar. Ce nest pas toujours vident daborder avecdes communauts qui ont beaucoup de dif cults vivre dans limmdiat des questionsrelatives au changement climatique. Dpass par limmense pauvret qui les submerge,les communauts ont du mal envisager des actions pour rendre lavenir meilleur ou pouramoindrir les souffrances futures : leur proccupation reste focalise sur le prsent et lecourt terme.

    Quel genre de mesures dadaptation est le plus pertinent pour les communauts du Plateau Mahafaly ? Les seuls capitaux dont lescommunauts disposent sont les ressources naturelles. Or celles-ci se font de plus en plus rares et avec la variabilit et le changementclimatique, leur exploitation devient hasardeuse et alatoire. Ladaptation au changement climatique du Plateau Mahafaly repose sur troisaxes cls :

    a. lorientation et le renforcement de capacit des futures gnrations pour pouvoir pratiquer diffrents mtiers: desnombreux parents ont dcid denvoyer leurs enfants lcole pour avoir plus dopportunits de pratiquer un mtier autreque lagriculture et llevage: employs de lEtat (instituteurs, gendarmes, mdecins, etc.), salaris au sein des organismestels que WWF, Madagascar National Parks, Programme A limentaire Mondial, commerants, etc. ;

    b. le dveloppement des activits gnratrices de revenu alternatives et la diversi cation des sources de revenu : artisanat,apiculture, exploitation des produits forestiers, tourisme communautaire, production de bois utiles, etc. et

    c. ladaptation des principales activits de subsistance par rapport aux conditions actuelles et futures: lirrigation desterres de culture, lutilisation de semence cycle court, la plantation dune varit de culture rsistante la chaleur, etc.Les paysans pensent aussi que lEtat doit subventionner des semences pour les paysans qui se trouvent dans les zones

    vulnrables a n quils puissent effectuer des ressemis. Comme cette a nne par exemple, ils ont ressemis au moins quatrefois en esprant chaque fois que les semis tiendront jusqu la pluie suivante.

    d. Les autorits locales estiment que les meilleurs moyen daugmenter la rsilience des communauts sont : lamliorationde leurs conditions de vie (ducation, sant, emploi, etc.), laccs aux informations/formations pour que chacun aitune chance de choisir un mode de v ie dcent et le nancement dun plan de dveloppement dynamique pour chaquecommune, apte sadapter par rapport aux conditions de mise en uvre.

    Tous ces axes font plus ou moins part ies des stratgies de lutte contre la pauvret. Ladaptation au changement climatique pour unezone trs pauvre comme le plateau Mahafaly est essentiellement base sur des actions de rduction de la pauvret mais avec une notionimportante dadaptabilit et de rorientation. Avec une repriorisation et une rorientation suivant les projections cli matiques et lesscenarii les plus probables, les actions pour la rduction de la pauvret peuvent devenir des actions dadaptation viables.

    Point de vue dun Climatologuede lUniversit de Toliara sur

    lvolution de lenvironnement dela rgion Atsimo-Andrefana face

    au changement climatique

    Lenvironnement du Sud-ouest est sansgal. Mais la prcarit de son climat

    appuye par des actions anthropiquessouvent irr chies, le conduit inexo -

    rablement dans des situations catastro-phiques irrversibles. La population

    augmente dune faon galopante alorsque le milieu naturel devient de plusen plus hostile: augmentation de la

    temprature, dtrioration du rgimepluviomtrique, diminution de la pro-duction agricole...Sud-ouest! Rveille-

    toi, protge tes enfants et tes petitsenfants de demain en amliorant ds

    aujourdhui leur support de vie.

    NAPETOKE Marcel,Climatologue.

    Les actions dadaptation ncessaires pour le Plateau Mahafaly

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    Tmoignages de Madagascar - Changement Climatique et modes de vie ruraux

    ap u u H ut B u m

    La region anosY -l H ut B u m t pc fc tLe Haut Bassin du Mandrare, dunesuper cie approximative de 13 000km, constitue un des cours deau

    permanent dans le sud de Madagascar. Il stend sur 270 km, entre Andohahela, etle sud dAmboasary-Atsimo o il rejoint la mer. Il joue galement un rle cologiquetrs important en tant que zone de transition entre lcorgion des forts pineuses delouest et celle des forts humides lest. Il inclut les aires prioritaires de conservationdAnkodida, du complexe forestier dAnadabolava-Betsimalaho et celui dIfotaka-Behara-Tranomaro-Ambatoabo et gure par mi les zones hautes valeurs de c onservation pour le

    WWF.

    Cette zone est caractrise par la prsence du fameux palmier tridre, Dypsis decaryi ,dune sous-espce de Phaner furcifer, des Aloe trs rares au monde ( Aloe suzannae et

    Aloe helenae ) et des associations vgtales uniques de Didieraces et dEuphorbiaces.

    Elle est galement la limite orientale de la distribution des tort ues radie et araigne.Ecotone entre la fort humide de lEst et celle sud-dsertique du Sud, la topographie, lasituation gographique et les conditions cologiques favorisent des microclimats trsparticuliers. La m ise en place de nouvelles aires protges dans cette zone, a n dassurerla prservation de la biodiversit de manire durable, se trouve dans les phases nales duprocessus. Au niveau culturel, de nombreuses forts sacres renforcent limportance de ce

    bassin. Ces valeurs culturelles reprsentent des atouts considrables pour la protection dela fort de cette rgion.

    Malheureusement, la richesse biologique et cologique de la zone ne va pas de pair avecla situation socio-conomique de la population locale. Victime dune scheresse et faminechroniques, les communes du Haut Bassin du Mandrare sont parmi les communes

    les plus dmunies du pays. Cette situation est encore aggrave par le faible niveaude scolarisation de la population et la prcarit de laccs aux principaux serv ices etinfrastructures de base.

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    L t t tpp tu t p u l pt tu h t l t qu

    La rgion Sud de Madagascar est reconnuepour ses conditions climatiques dif ciles ethostiles si on ne cite que la scheresse qui svitdans la Rgion ou le KERE cyclique quesubit la population. A cela sajoute les facteurssocio-culturels qui incitent les gens tourner

    vers lexploitation de lenvironnement.Ladaptation au changement climatiquedevrait donc tenir en compte des contraintes

    et opportunits existantes dans cette zone a n de trouver des stratgies beaucoup plus ef cacepour rduire les effets nfastes de ce changement.

    Les contraintes a. Fort attachement la trad ition

    De fortes traditions restent encore ancres dans la conscience collective et entravent laprotection et la gestion ef cace et durable de lenvironnement :

    Techniques culturales traditionnellesDans cette zone, on a constat un manque dintrt pour les innovations techniques etla non appropriation des alternatives existantes. De plus, vu la diminution alarmantedes terres cultivables causes de la prolifration des Raketa mena ou cactus rouge,linsuf sance de la pluviomtrie et lavancement des dunes dues, lattachement latradition constituent un obstacle ladoption des innovations techniques permettantdaugmenter le rendement agricole. La population sadonne souvent des cultures cyclecourt et adaptes aux conditions climatiques locales et elle est habitue pro ter de lamoindre pluviomtrie pour planter au maximum. Le dfrichement des parcelles de fortsest lun des solutions pour la population a n daugmenter les surfaces cultivables.

    Lintroduction des nouvelles techniques culturales se heurte souvent des rsistances dela population qui maintient souvent les techniques culturales traditionnelles destructricesde lenvironnement.

    b. Mconnaissa nce de limportance des espce s de substitution Coupe slective

    Dans la pratique quotidienne, le choix de la population se limite souvent la slection decertains bois selon leurs besoins. Il y a donc des espces fortement utilises et exploites

    Point de vue du Directeur du Dveloppement Rgional (DDR)de la rgion Anosy du lien entre

    la culture, le comportement gnral des communauts et leur

    vulnrabilit au changement climatique

    Le Changement Climatique est unphnomne naturel qui npargne personne.

    Il provient du fait de la mauvaise g estionde lcosystme dont lhomme en est

    inconsciemment le premier responsable eten subit la consquence. Les sources deau

    sont taries, les priodes cultura les sont bouleverses, le r endement des a ctivits

    agr icoles diminue de jour en jour alors quela communaut continue sans sa voir les

    effets nfastes fa ire le dfrichement desforts. Dornavant, soyons responsables etprenons en main lavenir de nos enfants .

    Clestin EmmanuelRANDRIANAMBININA,

    DDR Anosy

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    jusqu leur extinction progressive. Le choix du palissandre ou Dalbergia.sp pour laconfection de cercueil et du Fantsiolitry ou Alluaudia procera pour le bois de constructionen est lexemple. Cela est d souvent la mconnaissance de limportance de lutilisation desautres espces de substitution.

    c. Besoin dassur er la survie Migration et agriculture

    Les migrations peuvent tre de divers types et causes par plusieurs facteurs. Les causes sontsouvent le besoin de survie (une des stratgies de vie adopte pour la gestion du KERE ougrande famine ), lobligation de chercher des terres beaucoup plus accueillantes par rapport celles qui existent dans leurs zones de provenance qui subissent cycliquement la scheresse oulinvasion des criquets migrateurs et des Raketa mena. De lautre cot, il y a aussi la recherchede nouvelles terres agricoles amnager. Cela entrane des dfrichements massifs dans leszones daccueil.

    La migration peut durer de quelques mois seulement des dizaines dannes entires. Maisen gnral, lattachement des gens du Sud aux terres des anctres sont exemplaires, dans laplupart de temps, la migration nest pas donc d nitive.

    Migration et levageLa diminution des zones de pturage incite les gens laisser leurs btails divagus dans lesforts. De plus, la perception locale considre que Kokolampo ty aomby ka tsy tonga nahotsy agnate ala . Autrement dit, les zbus ne sont autres que des esprits et ne se reproduisentmieux que dans la fort. Pourtant, ce fait est considr par les environnementalistes commeune pression sur lenvironnement. Primo, la divagation de btails dans la fort dtruit lesstrates herbaces et entrane le changement de structure et composition oristique. Etsecundo, cela entrane lapparition des espces envahissantes qui bloquent par la suite la

    rgnration naturelle des fourrs.

    Migration, Us et CoutumesLes communauts ont aussi lobligation de trouver de largent pour assurer et subvenir auxdpenses et besoins des crmonies funraires. Elles se tournent souvent lexploitationirrationnelle des ressources naturelles a n davoir des gains faciles dans les zones daccueil.

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    Les opportunitsa. Existence de norme s et traditions favorables la gestion durable de

    lenvironnement Sacralisation des forts

    La croyance collective considre certaines parcelles de fort comme sacre, hantepar les esprits ou ancienne zone dhabitation des anctres Tann-taolo ou zonedenterrement. Ces parcelles de forts sacres sont restes intactes et demeurerontlabri des pressions humaines aussi longtemps que les valeurs culturelles garderont leurprestige.Lexistence de ces forts sacres, qui nont jamais subit de dfrichement, contribuepositivement la squestration de carbone et celles-ci peuvent constituer des zones derefuge pour lcosystme.

    Protection de la nature

    Les gens du Sud sont considrs comme des cologistes. Il y a une sorte de concidencefavorable entre les espces protges et les Fady ou tabous en ce qui concerne parexemple, les tortues et les lmuriens, qui ne sont autres que des espces endmiques etqui distinguent le Sud Malgache.

    b. Comportements et attitudesLa population du bassin du Mandrare est de nature directe. Lorsque les communauts disentun oui , cest dire quand elles acceptent de fa ire quelque chose, elles passent tout de suite laction. Il en est de mme pour un refus. Cette attitude aide viter dinvestir dans desactions qui ne seront pas appropries, adoptes et poursuivies.

    c. Le Dina ou Convention communautair e

    Vu le fort taux danalphabtisation dans la rgion, la plupart de la population ne matrisentpas les lois en vigueur. Par contre, le Dina ou convention communautaire demeure trsrespect dans cette zone. Ceux qui ne respectent pas les rgles communautaires sont rejetsou exclus de la communaut e t sont appels localement ombilahy mavo . De peur dtreconsidr comme un ombilahy mavo , les membres de la communaut prfrent toujoursrespecter les Dina adopts au sein de la socit.

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    T T a l ,ult u a t k y

    Le nom de mon village Antsakoamasy vientdu larbre sakoa qui est sacr car il est habitpar un esprit. Le v illage est compos d peuprs 20 mnages. Nous avons une fort sacre,lieu denterrement, lest et des champs deculture occupent toute la partie nord-ouest du

    village.Je suis agriculteur et je cultive du manioc, des patates douces et du riz, chaque type de cultureest plant dans une parcelle un peu moins dun hectare. Etant une femme seule, je narrive pas faire moi-mme les travaux des champs. Je suis oblige de faire appel au service dun hommequi maide et qui reoit la moiti de la rcolte. La production est principalement destine lalimentation.Je nai pas de pre et ma mre, comme ma grand-mre, a t cultivatrice.Ma rizire se trouve sur un primtre irrigu et avant il t possible dy planter du riz trois fois

    par an. Leau dirrigation ne suf t plus maintenant et cest juste si on arrivait planter deux foisen une anne : cet te anne, on a juste plant une fois. Au temps de ma mre, la production tait

    bonne. Il pleuvait beaucoup. Maintenant il pleut de moins en moins ; avant i l pleuvait ds le moisdoctobre - maintenant il ne pleut qu lapproche du Nol e t juste pour quelques jours seulement.Pendantces temps-l, seuls les Antandroy habitaient par ici et comme nous ne mangeons pas lestortues, on pouvait voir des tortues se balader partout. La rivire A ndratino, qui nest plus perma -nente maintenant, tait pleine deau. Le projet du Haut Bassin du Mandrare (PHBM) a constru itun barrage pour irr iguer les terres de culture dont les miennes. Maintenant, certaines parcellesne reoivent plus deau heureusement, ce nest pas le cas de mes terres.Jai trs peur que la grande famine comme celle de 2007 ne revienne.Mes enfants ne vont pas lcole et je nai vraiment aucune ide de ce quils vont devenir. Monplus grand souhait est que mes enfants puissent maider pour les travaux des champs.

    WWF doit aider pour alphabtiser car je veux maintenant signer au lieu de poser des empreintes.Je veux apprendre lire et crire. Mes enfants ne sont pas alls lcole car ils voulaient gagnerdes chvres en assurant le gardiennage des troupeaux des autres. WWF doit aussi aider les com -munauts locales pour des activits telles que la culture mara chre et le petit levage intensif.

    La vie dune femme seule assurant sa survie et celle de ses enfants est trs dif cile par le tempsqui court.

    Je mappelle Tema Adline et jai 46ans. Jhabite Antsakoamasy dans la

    rgion dAnosy, dans le Grand Sud de Madagascar. Jai 8 enfants dont 6 lleset deux garons. Je suis clibatair e. Jai

    deux cases pour moi et ma famille.

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    V t l , lp t u h tl t qu f t t j lv ll B k t

    Le village de Bekiria-Centre a tmoigndes impacts dj vcus par la popula-tion face au changement climatique.Ce vil lage appartient au fokontany dela commune rurale dIfotaka, DistrictdAmboasary Sud. Au x environs de 518mnages composent les deux fokontany runis. Ce vi llage abrite une des plusdynamiques communauts de basegestionnaire des ressources naturel-les de la rgion : la CoBa Mahasoanay.Lagriculture est la principale activit

    des villageois, par contre, llevage demeure aussi une activit prpondrante, enparticulier le zbu, qui fait parti de lidentit culturelle du sud de Madagascar.

    Depuis 1947, le vi llage de Bekiria tait victime de plusieurs vnements extrmesnotamment la famine et la scheresse, en 1990, la population de ce village a vcuune priode de famine jamais vcu auparavant, dune dure de deux a ns. Unefamine lie u ne scheresse prolonge et une absence de production agricole due linexistence de pluie. Les cyclones ont galement provoqu une grande crue auniveau du euve du Mandra re (en 1960 et 1971), inondant et dtruis ant les zones deculture et a entrain la perte des cheptels et surtout la famine.Les vil lageois ont surtout constat qu partir de 1996, la dure de la saison de pluiea diminue et qu partir de 2007, il y presque plus de pluie dans lanne. Ainsi, lescultures pluviales narrivent plus assurer la survie de la population, la productionagricole se trouve fortement affecte, certaines cultures ne sont plus productives(mas, patate douce, etc.). Cette situation a aggrav encore plus linscurit ali -mentaire dans le village et part iculirement la famine.Cependant, lexistence de plusieurs organismes travaillant dans cette zone (commePSDR 16, PAM 17 , CARE 18, WW F, etc.) a contribu considrablement faire face la famine. Par exemple, la vulgarisation de la culture marachre (choux, carotte,tomate, etc.) par CAR E et lutilisation des pompes pdale par PSDR (pour pomperleau issue du euve du Mandrare) en 2008 a permis une partie de la population faire face linsuf sance des eaux de pluie et assurer leurs besoins ali mentaires.

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    16 Projet de Soutien au Dveloppement Rural17 Programme Alimentaire Mondial18 Cooperative for Assistance and Relief Everywhere

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    T mb l V k ,ult u B k t

    Pour les trois principaux repas du jour, nous mangeons du manioc. Le mas et le antake(nib) constituent des complments. Depuis ma intenant trois ans, je suis devenumaracher. Je plante du manioc et du mas pour lalimentation et des lgumes (pom -mes de terre, carottes, brdes, tomates, etc.) pour avoir de largent. Mais bien entendu,la famille aussi mange beaucoup de lgumes. Jai appris ma femme comment cuire leslgumes. Jadore les choux, les carottes et les pommes de terre.

    Mon foyer est compos de 5 cases dont trois pour dormir, une pour cuisiner et une autre pour le stockage a limentaire (riha). Toutesnos cases, comme la majorit des ca ses dans la rgion sont entirement construites avec des planches dAlluaudia: les murs, lesportes et les fentres et mme le toit. En gnral, une ca se peut durer 10 ans si elle est bien entretenue. On peut trouver les Alluaudiapartout dans la fort et depuis quelques annes, nous en plantons aussi.

    Nous sommes entour dune fort et beaucoup darbres se trouvent prs des maisons : mendoravy, fantiolotse sirosiro, tarantana,agne, zagnampoly, etc. Des roches sortent de la terre un peu par tout. Des lmuriens nocturnes (Songiky - Lepilemur leucopus ,

    hatake - Microcebus sp .). Des tortues se baladent dans les forts autour du village.

    Mon pre est dcd en 1987 et cest ce qui ma oblig arrter mes tudes. Il tait cultivateur, tout comme son pre et son grand-pre.Mon pre voulait tudier quand il tait jeune mais son pre lavait oblig garder les zbus. Mon pre mavait alors envoy lcolepour pouvoir faire ce quil avait rv de fa ire lui-mme. Sur les 10 enfants de mon pre, jai t le seul a ller lcole. Je voulais de -

    venir mdecin et jai t trs fort en sciences et en anglais. Mais jai tout oubli maintenant.

    Quand mon pre tait jeune, la saison de pluie tait abondante : il pleuvait, il y avait suf samment deau et le euve du Mandrarecoulait ot sans interruption. En dpit du kere (disette), les stocks alimentaires des bonnes annes agricoles suf saient c ouvrirles kere qui narrivaient que tous les dix ans. La fort tait dense et elle ntait pas dgrade.

    Le manque de moyen de travail (matriels pour faciliter les tches et agrandir les plantations) et linsuf sance des pluies sont mesprincipaux problmes. Je vis de lagriculture depuis 1988 aprs avoir arrt mes t udes en 3me et mes moyens de travail sont restspratiquement les mmes depuis. De plus, la quantit des pluies a diminu de plus de la moiti par rapport aux annes prcdentes.

    Le climat sest empir. Les tres humains nont plus respect les us et coutumes quand ils sont devenus nombreux et quand ils ont voyag. Par exemple, les Antandroy ne mangeaient pas le porc mais maintenant ils en mangent et ils les lvent. Depuis le chris -tianisme, le Salakara no, qui consiste tuer un zbu en sacri ce par clan ou lignage pour demander la bndiction de Dieu chaque

    Je mappelle Mbola Vakisoa et jai 46ans. Jai quatre enfants, 3 lles et un

    gar on de un mois. Je suis mari selonles coutumes. Nous habitons Bekiria-

    centre, dans la rgion Anosy, au Sudde Madaga scar. Je suis en mme tempsagriculteur et fabriquant de charrette.

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    fois que lanne est mauvaise, nest plus pratiqu alors que cest une pratique qui a trs bien march. L a fort est dtruite, le paysest rempli de zones dfriches. Jai vu la fort trs dense quand jtais enfant. Jai pu voir des Mendoravy de plus de 60cm dediamtre.

    La saison des pluies a beaucoup chang : la pluie ne tombe plus et toute lanne est devenue une saison sche et chaude.Si cette scheresse continue, jai trs peur pour mon avenir tant cultivateur. Le Mandrare est maintenant tari en octobre et ennovembre et cela peut encore se prolonger. Je subviens aux be soins de 11 personnes et que vont-ils devenir si je ne pourrai plusproduire des bonnes rcoltes ?

    Mes enfants vont sappauvrir. Un seul parmi les grands est scolaris. Mais les deux derniers iront lcole ds quils aurontlge dtudier. Jespre que ceux qui vont lcole russissent et dev iennent des bons salaris. Que ceux qui nont pas pu y allersenrichissent avec ce que je vais leur laisser en hritage : lagriculture et llevage.

    La nature constitue la v ie. Les plantes nous aident respirer et je les utilise pour tout : la sa nt, la nourriture et pour entretenir les

    btails. Jadore les zbus et les chvres : ils reprsentent la richesse et la scurit.

    Quand je pars travailler, si je rencontre une tortue, je prends une brindille verte que je jette sur la carapace de la tortue, je suis srque je vais russir. Un jour, je suis all Ebelo pour fabriquer des charrettes. Jai rencontr une tortue sur la route et jai fait le riteet ds mon arrive Ebelo, jai eu seize commandes de charrettes. Mais si par malheur, je rencontre un Bajihy (boa de Madagascarou Sanzinia madagascariensis Acrantophis madagascar iensis) , je dois rebrousser chemin, je ne gagnerai rien.

    Jai connu WWF en 2007. Le fokonolona ma dsign pour intgrer le comit de gestion (CoGe) de lassociation des communautsde base : je fais galement partie du comit de surveillance de la fort et en mme temps responsable des activits de reboisement.

    Le WW F coordonne les communauts pour freiner et grer la fort et interdit la destruction de la fort. Avec le transfert de ges -tion des ressources naturelles, la fort gnre des revenus pour le fokontany. Maintenant la fort est moins dgrade, de nouveaux

    jeunes arbres peuvent grandir en paix. Depuis que la fort est protge, les animaux (Sifaka ou Propithecus verreau xi et Maki ouLemur catta ), qui ont abandonn la fort dgrade, reviennent petit petit.

    La vie est devenue trs dif cile pour moi ; mme si je pratique la culture marachre, cest juste un moyen pour viter de mourir defaim. La culture marachre est mon plan dadaptation car la culture pluviale nest plus adapte. Dieu est tellement fch contre leshumains que je ne peux plus compter sur lui.

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    L t pt t p u l H utB u m

    Tenant compte du contexte du Sud et desopportunits existantes, les questions

    viennent aisment pour savoir, commentdvelopper des stratgies ef caces pourun changement de comportement etune adaptation ef cace au changementclimatique ? Comment valoriser les impactspositifs de ces aspects contextuels face cechangement ?

    Les stratgies pour une adaptation ef cace au changement climatique devraient tre bases sur la capitalisation de ces opportunits locales :

    a. Valorisation des Dina ou convention commu nautaireLexistence et le respect des Dina au niveau de la communaut, devraient tre exploits

    et capitaliss pour la c onservation et la gestion rationnelle des ressources naturelles. Il estessentiel dintgrer les rgles de gestion des ressources naturelles dans les Dina locauxa n de faciliter son respect et son appropriation pour une application effective.

    b. Valorisation des valeurs socio cu lturellesLes Fady ou tabous sur certaines espces ex istent dj dans la zone (par exemple,manger une tortue ou un lmurien constitue un tabou pour les Tandroy) et leurs respectssont indiscutables. La responsabilisation de la population locale devrait tre doncrenforce a n de faire respecter ces Fady , surtout vis--vis des autres communauts.Dun cot, cela les motive devenir le garant de la protection de ces espces ca r ceci cadre

    bien au respect de leurs Fady . Il en est de mme pour la prservation des forts sacresqui contribuent la conservation de lenvironnement.

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    c. Sensibilisation et conscientisation Renforcement de linformation, lducation et la communication (IEC)

    Le changement climatique est un phnomne nouveau pour bon nombre de la population. Une srie dinformation sur ce thmeest ncessaire, voire mme indispensable a n de conscientiser les gens prendre les mesures ncessaires et de participer laconservation de lenvironnement.

    Substitution des espces frquemment utilisesUne sance de conscientisation est un moyen par excellence pour faire connatre la population quil existe dautres espcespouvant substituer les espces habituellement utilises durant les crmonies funraires et la c onstruction.

    Amlioration des pturagesLlevage du type ex tensif est lorigine de la divagation des btails dans la fort. A n de limiter les impacts ngatifs de ladivagation des btails dans la fort, des projets portant sur lamlioration des pturages devraient tre envisags par lespartenaires uvrant pour le dveloppement.

    Introduction des nouvelles techniques culturalesCompte tenu de la diminution des surfaces cultivables et de la production agricole, les interventions concernant la sensibilisation

    sur la mcanisation de lagriculture et lutilisation des fertilisants sont mener dans ce tte zone

    d. Promotion des activits gnratrices de r evenuSuite linsuf sance de la production agricole et pour pouvoir survivre, la population procde lexploitation outrancede la fort pour le charbon de bois et les bois de construction (planche). Ces derniers sont destins la vente en vue delapprovisionnement en nourritures et aux besoins quotidiens.

    Dautre part, des stratgies pour la promotion des activ its gnratrices de revenu protgeant lenvironnement sont dvelopperpour offrir une alternative la population.

    e. Gestion de la migrat ion Auparavant, la tendance de la migration part du Sud vers le Nord. Actuellement, cette situation sest inverse par une migrationallant du Nord au Sud suite lattirance de la richesse des ressources halieutiques et maritimes dans les zones daccueil. Pour cefaire, des stratgies devraient tre trouves pour encourager les gens rester dans leurs zones de provenance.

    Mais dans les zones daccueil qui subissent souvent des pressions, il devrait donc y avoir des sensibilisations et des ducationsenvironnementales pour la gestion durable des ressources naturelles.

    Vu lenvergure des problmatiques lies la migration, elle ne peut tre jugule qu travers des politiques de coopration et dedveloppement cohrentes i mpliquant plusieurs rgions.

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    WWF MWIOPO 19 reconnat les relations vitales existant entre les cosystmes et les communauts humaines, et cherche optimiser les rles des cosystmes pour ladaptation au changement climatique. Cette approche, qui est souvent connue sousle terme adaptation base sur les cosystmes , est base sur le principe que des cosystmes rsilients et durables peuventcontinuer offrir des biens et serv ices cologiques aux populations dpendantes des ressources naturelles et les aidant ainsi sadapter au changement climatique. Les mesures dadaptation bases sur lcosystme sont plus rentables et plus acceptes et sontfacilement apprhendes par les communauts locales que dautres types de mesures dadaptation. Elles peuvent avoir des avantagescommuns signi catifs pour la biodiversit, les va leurs sociales et culturelles et mme lattnuation des impacts du changementclimatique.

    La plus grande ralisation court terme du WWF Madagascar et dans lOcan Indien Occidental sera de produire desinformations ables relatives la vulnrabilit de la biodiversit et de la c ommunaut humaine dans ses zones dinterventionprioritaires. Ces informations serviront de base pour les prises de dcision en matire de plani cation et dlaboration de stratgiesde dveloppement adaptes au changement climatique. Comme le changement climatique affecte plusieurs disciplines et secteurs dela socit, nous considrons que la russite des actions entreprendre dpendra de la prsence dune vision commune entre toutesles parties prenantes. Cest pourquoi, en collaboration troite avec la Direction du Changement Climatique 20 , WWF est trs actif

    dans ltablissement dune plateforme dchange et de partenariat entre plusieurs entits sectorielles, institutions de recherche etorganismes de dveloppement et de conservation pour mieux cerner les priorits et les efforts appropris mettre en uvre.

    Tous ces tmoignages venant des quatre rgions de Madagascar dmontrent dj les impacts et menaces poses par le changementclimatique, la fois sur les moyens de subsistance et les ressources naturelles dont nombreux populations sont tributaires. Il esttemps dagir et de prendre les mesures adquates pour que notre pays, notre population et nos richesses uniques et exceptionnellespuissent tre rsilients et sadapter au changement climatique. Ne laissons pas le ch angement climatique entraver le dveloppementconomique de Madagascar et compromettre les efforts de conservation entrepris depuis plusieurs dcennies.

    Le changement climatique nest pas une fatalit. Des exemples dans des pays sahariens 21- moins riches en ressources et prne une volution climatique plus grave - ont montr quil est possible de renverser les tendances de dserti cation, lorsque lescommunauts elles-mmes prennent en main leur destin. Toutefois, cela nest possible quen prsence dune volont politique quipermettra toutes les parties prenantes de sapproprier les initi atives et dagir ensemble vers les mmes objectifs.

    Ensemble, renversons les tendances actuelles et futures et mettons en place des mesures dadaptation appropries et ef caces pourprotger nos ressources naturelles et nos communauts des effets nfastes du changement climatique.

    app ch WWF mWioPo v - -v l pt t u ch

    L ch t cl t qu t p u t l t

    19 Madagascar and West Indian Ocean Programme Office20 Direction rattache la Direction Gnrale de lEnvironnement du Ministre de lEnvironnement et des Forts21 Cas du Niger. Depuis 1993, grce une politique foncire et de reboisement efficace, 5 millions dhectares de terre ont pu tre reboiss et reverdis et les impacts sociaux sont tangibles : retour de la pluie,recul des migrations et conflits a rms, amlioration des conditions de vie des communauts et s urtout, beaucoup despoir (Land of Hope. Magazine Ti me, Dcembre 2010)

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    1961+100

    +5m +5,000

    WWF a t cre en 1961

    WWF a plus de 5 millionsde supporteurs

    WWF compte plus de5 000 de staffs dansle monde

    WWF est prsent dans plus de100 pays, sur 5 continents

    W W F .m g

    P U B L i c a T i o n d e c e m B r e 2 0 1 0

    1986 anda sy b l wwf - wwf-w rld w de fund f r Nature ( r erly w rld w ldl e fund)

    wwf s a Reg stered Trade ark. wwf mwiopo, prs L t ii m 85 Ter Antsakav r , Bp 738,

    (101) Antananar v , Tel: +261 22 348 85 / 304 20 - +261 34 49 888 05 / 06, fax: +261 20 348 88

    C urr el: re @ v. g, www.wwf.mg

    L WWF h f

    Notre raison dtre.Arrter la dgradat n de lenv r nne ent dans le nde et c nstru re unaven r les tres hu a ns urr nt v vre en har n e avec la nature.