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RH COMPETENCES Supplément de L’Economiste N°4299 Aéronautique Un secteur qui bouge! n «Bonheur & Business»: L’équilibre, ça s’apprend Page VI n Emploi: Dans la peau d’un lauréat Page VII n Alumni Dauphinois: Le plein de nouveautés! Page III ES premiers avions qui seront fabriqués au Maroc font leur chemin. L’avionneur LH a décidé de construire sa première usine ma- rocaine et recrute d’ores et déjà les ressources hu- maines nécessaires. Safran, le spécialiste français du secteur, a choisi de former son personnel au Maroc. Un million d’euros sont versés conjoin- tement par le groupe et par l’Etat marocain, pour associer 7 universités à la formation de profiles pointilleux. Parallèlement, une formation en ges- tion de la supply chain aéronautique voit le jour. Ainsi, l’un des métiers mondiaux du Maroc tisse solidement sa toile. o Pages II & III L Pages IV & V • Disparités sociales, géogra- phiques, sexistes et linguistiques • Taza ou Al Hoceima en retard de 40 ans sur Casablanca • Formation tout au long de la vie: une issue de secours (Ph. Archives de L’Economiste) Justice scolaire L’ascenseur social bloqué

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Page 1: Supplément de L’Economiste N°4299 Justice scolaire L’ascenseur … · Objectif de la démarche : «développer un nouveau système de qualification et de formation pour les

RHCOMPETENCESSupplément de L’Economiste N°4299

AéronautiqueUn secteur qui bouge!

n «Bonheur & Business»: L’équilibre, ça s’apprend

Page VI

n Emploi: Dans la peau d’unlauréat

Page VII

n Alumni Dauphinois: Le plein de nouveautés!

Page III

ES premiers avions qui seront fabriqués au Maroc font leur chemin. L’avionneur

LH a décidé de construire sa première usine ma-rocaine et recrute d’ores et déjà les ressources hu-maines nécessaires. Safran, le spécialiste français du secteur, a choisi de former son personnel au Maroc. Un million d’euros sont versés conjoin-

tement par le groupe et par l’Etat marocain, pour associer 7 universités à la formation de profiles pointilleux. Parallèlement, une formation en ges-tion de la supply chain aéronautique voit le jour. Ainsi, l’un des métiers mondiaux du Maroc tisse solidement sa toile.o

Pages II & III

L

Pages IV & V

• Disparités sociales, géogra-phiques, sexistes et linguistiques

• Taza ou Al Hoceima en retard de 40 ans sur Casablanca

• Formation tout au long de la vie: une issue de secours

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Justice scolaireL’ascenseur social bloqué

Page 2: Supplément de L’Economiste N°4299 Justice scolaire L’ascenseur … · Objectif de la démarche : «développer un nouveau système de qualification et de formation pour les

tish Council ont signé un partenariat le mercredi 11 juin à Rabat. Ainsi, le projet de «qualifications et formations en sup-ply chain pour le secteur aéronautique» est lancé, dans le sillage du programme Compétences pour l’emploi organisé par le British Council en partenariat avec dif-férents représentants des secteurs indus-triels.

Objectif de la démarche : «développer un nouveau système de qualification et de formation pour les professionnels de la gestion de la chaîne d’approvisionnement au sein de l’industrie aérospatiale», en ré-ponse aux demandes du marché. Ce sys-

ros. Il s’agit maintenant de recruter des spécialistes en aéronautique, afin de pré-parer la construction, l’aménagement et l’exploitation, prévue en juin 2015, de ce site qui va dédier ses 19.000 m2 à la pro-duction des avions LH-10 M. Ces engins seront ainsi les tout premiers avions fa-briqués au Maroc, mais aussi les premiers parfaitement adaptés pour opérer dans les différents environnements d’Afrique du Nord.

Dans un premier temps, 80 machines par an vont sortir de l’usine de Nouaceur, qui devrait à terme doubler sa produc-

Mardi 17 Juin 2014II

Aéronautique

Une formation en supply chain voit le jour

LH Aviation Maroc lance sa campagne de recrutement

n British Council, CGEM et Supply Chain Foundation s’associent pour l’occasion

n Formules: Enseignement supérieur ou reconnaissance des acquis d’expérience

DANS un Maroc qui se veut en même temps «la porte de l’Europe» et «le hub africain» incontournable, la ges-tion de la chaîne logistique devient une priorité absolue. Malheureusement, les professionnels du domaine continuent à pâtir du manque de ressources humaines spécialisées dans le domaine. Former, recycler sa main-d’œuvre ou importer les bons profiles sont autant de solutions coûteuses et «court-termistes».

C’est dans cette optique que la Confédération des grandes entreprises marocaines (CGEM), la Supply Chain Foundation (un réseau international de professionnels du domaine) et le Bri-

n Objectif, construire et amé-nager son usine dont l’exploita-tion est prévue en juin 2015

n 19.000 m2 dédiés à la pro-duction des LH-10 M, premiers avions fabriqués au Maroc

UNE première dans le secteur aé-ronautique. La ville de Casablanca s’ap-prête à abriter la première usine d’avion du Royaume, où sera fabriqué l’appareil LH-10 M. LH Aviation Maroc a en ef-fet signé, à l’occasion du Marrakech Air Show 2014, une convention avec l’Of-fice national des aéroports (ONDA) pour l’installation de cette usine à la techno-pole de Nouaceur. Ce pôle industriel in-tégré, dédié aux industries aéronautiques, offre aux investisseurs des avantages al-lant de la connectivité à l’accompagne-ment des démarches auprès de l’adminis-tration marocaine.

La première tranche de cette nouvelle unité de fabrication représente un inves-tissement de plus de 10 millions d’eu-

tème sera autant ouvert à l’Enseignement supérieur qu’à la Formation continue. Mais la grande nouvelle, qui réjouira les professionnels actuels du domaine, c’est qu’ils auront aussi droit à une formation, avec une reconnaissance des acquis d’ex-périence (RAE).

Ce système, qui a déjà fait ses preuves de par le monde, s’infiltre ainsi

peu à peu dans les réflexes de formation (voir L’Economiste n°4289 du 3 juin).

Le partenariat comprend trois lignes d’action. La première consiste à impli-quer tous les acteurs locaux dans cette formation en gestion à la supply chain.

tion. Avant cela, la majorité des colla-borateurs recrutés vont pouvoir se for-mer en France, au sein de l’usine de LH Aviation.

Rappelons que LH Aviation Maroc est détenue à 51 % par la maison mère fran-çaise, et à 49 % par l’actionnaire Mohsine Bennani-Karim. Cet homme d’affaires, originaire de Casablanca, a su surfer sur différents créneaux porteurs. Textile, im-mobiliers, son parcours industriel opère aujourd’hui un nouveau tournant dans ce secteur à forte valeur ajoutée, placé prio-ritaire par le Royaume.

Outre la CGEM, le processus implique l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), les instituts de formation et les ministères concernés.

Le second axe du projet «qualifica-tions et formations en supply chain pour le secteur aéronautique» consiste en «la conception d’une formation de haute qualité à prix abordable et un système de qualification qui répond aux besoins actuels de l’industrie, de l’institut et de l’étudiant».

Finalement, il s’agit pour les insti-gateurs de cette initiative de renforcer la capacité des formateurs marocains et des responsables de qualifications. Pour ce faire, des «formations de formateurs» sont aussi à l’ordre du jour. L’intégration de solutions technologiques est aussi une solution retenue pour atteindre cet objec-tif, et construire une solide infrastructure de soutien. o

Rime AIT EL HAJ

Pionnière dans le secteur de la sur-veillance aérienne à l’échelle internatio-nale, LH Aviation a su imposer, en seu-lement 10 ans, son plus beau fleuron, le LH-10 Ellipse, un biplace full carbone, adaptable à de multiples missions et res-pectueux de l’environnement. En effet, en termes de décibels et de CO2 rejeté en vol, l’appareil ne fait pas plus de dé-gâts qu’une Smart. Portée par sa réussite dans le secteur de l’aviation légère, cette PME française se lance aujourd’hui à l’international.o

Stéphanie JACOB

Actu RHCOMPETENCES

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L’avion de mis-sion LH-10 M sera le premier engin construit au Maroc. Véritable concen-tré de technolo-gie, ce “full car-bone” bénéficie des techniques de fabrication les plus pointues et peut recevoir et gérer les systèmes de surveillance civil les plus per-formants(Ph. LH Aviation Maroc)

LES trois signataires du partenariat pour la mise en place du projet de «qua-

lifications et formations en supply chain pour le secteur aéronautique», à savoir le British Council, la CGEM et la Supply Chain Foundation, ont décidé d’impliquer tous les acteurs locaux, des professionnels aux institutionnels.

Le ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle n’est pas en reste, et il semble s’en réjouir .D’autant plus que le schéma proposé «s’inscrit parfaitement dans la stratégie de développement des relations entre formation, compétences et marché de l’emploi». Martin Rose, directeur du British Council, souligne aussi que cette démarche «concorde aussi avec la réforme des contrats spéciaux fraîchement mise en place» (voir L’Economiste n° 4290 du 4 juin).o

Concordance

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Mardi 17 Juin 2014 III

Safran formera son personnel au Maroc

Alumni Dauphinois: Le plein de nouveautés!

n Sept universités choisies par l’avionneur français

n La convention prévoit un financement d’un million d’eu-ros

SAFRAN Maroc vient de signer vendredi dernier un protocole d’accord avec l’Académie Hassan II des sciences et techniques et le ministère de l’Ensei-gnement supérieur. Avalisé en présence notamment de Yassir Znagui, conseiller de SM le Roi, ce partenariat associe sept universités marocaines, coiffées par l’Uni-versité Euromed de Fès. Portant sur un in-vestissement d’un million d’euros, financé à parts égales par le Maroc et le groupe Safran, cet accord concerne cinq projets pour soutenir un programme de recherche sur l’aéronautique au sein des universités marocaines avec des thématiques bien ci-blées impliquant notamment l’électronique et les calculs. Il est basé, non seulement sur le développement de bureaux d’études et de productions très compétitifs, mais aussi sur l’émergence d’un centre de business à vocation mondiale et singulièrement à vocation africaine. Il porte sur une durée de 5 ans.

n L’association fait peau neuve pour ses 30 ans

n 300 membres actifs et «porte ouverte» à tous les sympathi-sants

n Un nouveau bureau élu en janvier et 5 nouvelles commis-sions

L’ASSOCIATION des Alumni de Dauphine au Maroc a décidé de faire peau neuve pour fêter ses 30 ans. Le nouveau bureau, élu en janvier, met le paquet pour élargir sa base d’adhérents. Celle-ci compte aujourd’hui près de 300 membres actifs, alors que Malik Benjel-loun-Touimi, président de l’association, estime que le nombre d’anciens dauphi-nois installés au Maroc «dépasse facile-ment les 1.000 personnes».

La réorganisation de l’association est radicale. Cinq commissions ont vu le jour, chacune avec une mission pré-

alliance avec le groupe Safran aidera d’al-ler de l’avant. En plus, le fait que Safran fasse confiance à l’Université marocaine démontre que la France et le Maroc par-tagent le même avenir». Même son de cloche auprès de Omar El Fassi, SG per-pétuel de l’Académie Hassan II, qui parle «d’un projet novateur parce qu’il implique des équipes universitaires avec un parte-naire privé de choix».

Safran ne compte pas en rester là. Le

organise une rencontre trimestrielle, les «mercredis dauphinois», et une grande conférence annuelle ouverte à tout le monde. D’ailleurs, Malik Benjelloun-Touimi insiste sur le caractère accessible

de l’AADM. «Pas d’élitisme, pas de sys-tème de caste. Nous sommes ouverts à tous les sympathisants», martèle-t-il.

Une commission Annuaire s’occupe pour sa part de tracer le maximum de Dauphinois installés au Maroc, pour rééditer l’annuaire de l’association qui n’a pas été remis à jour depuis une bonne décennie, et une dernière se charge des Relations institutionnelles: relations avec Dauphines Alumni France (dont l’AADM est membre de-puis 2011), avec la diplomatie française ou avec le club France Maroc, qui réu-nit certains des membres les plus actifs

RHCOMPETENCES

Pour Jean-Paul Herteman, président di-recteur général de Safran, «la convention signée à l’occasion de la tenue du premier conseil d’administration se déroulant hors de France, à Fès en particulier, est un évè-nement symbolique… il vise le dévelop-pement de la science en partenariat avec l’Université marocaine». Commentant cet engagement, Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, qualifie «ce mariage» d’historique soulignant «qu’une

cise mais un objectif commun: actions/communication.

La commission communication, diri-gée par Youssef Fassi Fihri, directeur de l’agence de communication Saga, a re-

pris la charte graphique de l’association, son identité visuelle et s’occupe aussi de l’e-mailing et de la diffusion interne et externe de l’information.

Pour les activités de groupe, galas, découverte yoga ou zumba, les «15 kilo-mètres de Bouskoura», randonnée dans l’Atlas… c’est une commission Ludique & Sportif qui s’en charge. Elle organise des «get together» et des «after work», des réunions «ouvertes à tout le monde» toutes les 6 semaines. L’occasion de «créer des synergies entre les anciens et aider les nouveaux à trouver du travail».

La commission Conférences, elle,

groupe français table cette année sur une croissance à deux chiffres de près de 15% en renforçant aussi bien les investissements que les recrutements. «Nous avons réalisé 330 millions d’euros, à l’export en 2013 et nous avons triplé de taille en employant aujourd’hui plus de 1.200 salariés contre 150 lors de la création de la filière ma-rocaine il y a 15 ans», explique Jean-Paul Her-teman. Et de conclure: «pour les prochaines an-nées, il y aura un dévelop-pement qualitatif des acti-vités du groupe au Maroc pour faire de Safran Ma-

roc un pôle d’excellence business fondé sur des différenciations par la technologie et la science». Reste à signaler enfin que le groupe Safran a fait coïncider la tenue de son conseil d’administration avec le Festi-val des musiques sacrées du monde. Une manière de joindre l’utile à l’agréable.o

Y. S. A.

des associations d’Alumni marocains d’écoles françaises.

Parmi les projets lancés en 2014 par la commission Relations institutionnelles de Dauphine Alumni Maroc, figure un partenariat initié par le Club France Maroc sur proposition de plusieurs as-sociations d’anciens diplômés de l’en-seignement supérieur français, et qui vise à faciliter l’intégration de jeunes Maro-cains aux revenus modestes à l’enseigne-ment français. Dauphine Alumni Maroc contribue activement à cette initiative et a notamment accepté d’assurer le tutorat de ces élèves et leur accompagnement pour leurs études supérieures.

Actuellement, en comptant autant les cotisations des adhérents que le sponsoring et le mécénat, le budget de l’association tourne autour de 500.000 jusqu’à 1 million de DH. Le bureau es-père surtout augmenter les cotisations d’adhérents, qui vont de 400 à 1.000 DH par personne selon le nombre d’années d’expérience.o

Rime AIT EL HAJ

Actu

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Jean-Paul Herteman, président-directeur général de Safran, a tenu pour la 1re fois un conseil d’adminis-tration du groupe hors de France. Il a choisi Fès à l’occasion du 20e anniversaire du Festival des musiques sacrées, joignant l’utile à l’agréable. Ci-contre, en compagnie de Abderrafie Zouitene, président de la Fondation Esprit de Fès (Ph. YSA)

POUR marquer les 30 ans d’existence de l’AADM, un gala réunissant quelque 500 personnes, dont en moyenne 350 diplômés de Dauphine et 150 «amis de l’as-sociation» est prévu pour le 20 septembre, et promet de figurer au palmarès des évènements du moment. C’est aussi le seul évènement pour lequel les adhérents de l’association devront mettre la main à la poche, tout le reste des activités étant gratuit pour eux. o

Un gala pour ses 30 ans

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Mardi 17 Juin 2014 IV

Enseignement: L’ascenseur social bloquén L’injustice scolaire évince de facto les milieux modestes et empêche l’intégration

n Généralisation d’accès au primaire et durée moyenne de scolarisation insuffisantes

n Le problème de la langue contribue à l’échec universi-taire

NOTRE système d’enseignement est-il suffisamment outillé pour jouer le rôle d’ascenseur social? C’était l’une des questions principales du colloque orga-nisé, vendredi dernier à Rabat, par l’As-sociation marocaine des sciences écono-miques (AMSE) sur la thématique justice scolaire et développement humain. Mal-

énormes mobilisés, le système tel qu’il est conçu actuellement continue à collec-ter les échecs et renforcer les disparités

sociales et régionales. C’est le constat de la majorité des intervenants. «La répar-tition inégale de l’éducation conduit à l’exclusion des catégories issues de mi-lieu modeste», rappelle Noureddine El Aoufi, président de l’AMSE.

Malgré tous les efforts déployés par les gouvernements successifs, les résul-tats restent insuffisants, souligne Saïd Hanchane, professeur à l’EGE, qui met l’accent sur la durée moyenne de scola-risation qui est passée de 0,28 en 1950 à 5 ans actuellement. Un niveau qui reste parmi les plus faibles dans le monde. «Les évaluations internationales mon-trent que dans tous les pays émergents la durée moyenne de scolarisation dans la plupart de ces pays est supérieure ou égale à 7 ans», ajoute Hanchane. Et dans les pays développés, elle tourne autour de 11 ans sachant que pour passer de 5 à 7 ans, il faut une à deux générations, c’est-à-dire 20 ans et plus. Pour lui, il ne suffit pas seulement d’assurer l’accès générali-

RHCOMPETENCES

heureusement, l’époque de l’indépen-dance, où le système d’éducation public a permis à des milliers de Marocains de

milieu pauvre et de régions reculées une intégration sociale, avec un poste de tra-vail clés en main, est bien loin. En dépit des réformes successives et les moyens

sé des enfants, mais plutôt les retenir pour améliorer leur «espérance de vie sco-laire». Ainsi, le succès réalisé en matière de généralisation au primaire est sacrifié au niveau du collège et du lycée avec au moins trois grands perdants: le monde rural, les filles et les couches sociales modestes dans les milieux urbains. Cette massification de l’éducation a été pointée du doigt au début des années 1960 par certains sociologues comme Pierre Bour-dieu qualifiant ce phénomène de facteur de renforcement de la sélection sociale, ainsi que le rappelle Mariem Liouaddine, doctorante à l’université Agdal de Rabat. «Nous pouvons atteindre cette démocra-tisation si les variables socioéconomiques et/ou géographiques affectent de moins en moins l’accès aux études», insiste-t-elle. Pour appréhender ce concept, il faut distinguer la démocratisation quantitative et celle qualitative. La jeune doctorante a tenté d’expliquer le premier aspect pour le cas du Maroc via l’évolution du taux spécifique de scolarisation (TSS). Durant l’année dernière, ce taux a atteint 98% au primaire pour la tranche d’âge (6-11 ans), et moins au collège (85%) et un

niveau modeste au lycée (54%). Notons par ailleurs que la majorité des interve-nants ont soulevé également le problème de la langue qui contribue à l’échec no-tamment dans les études universitaires. «On réclame l’arabisation alors qu’une partie des hommes politiques et de notre élite placent leurs enfants dans les mis-sions étrangères pour les préparer à al-ler poursuivre leurs études supérieures à l’étranger», s’indigne un intervenant lors du débat. o

N. E. A

AnAlyse

COMMENT augmenter l’égalité des opportunités scolaires? «Un système éducatif qui favorise l’égalité des chances développe un service éducatif d’une qualité similaire pour tous indépendamment de leurs conditions socioéconomiques ou leur résidence», rappelle Miloud Kobiyh de l’université Chouaib Doukkali. Il propose une politique éducative fondée notamment sur l’enseignement de base englobant la formation formelle obligatoire (6 à 15 ans) et l’éducation informelle et alphabétisation. Hanchane va plus loin en recommandant la formation tout au long de la vie (voir notre dossier du 3 juin édition n°4289). Un modèle prévu par la Constitution de 2011 (article 31). La mise en place de ce régime qui semble, selon lui, être le seul en mesure de sortir le système éducatif de sa crise actuelle. C’est un modèle qui donne droit à l’éducation et à la formation pour tout citoyen marocain quels que soient son âge ou son territoire et le seul qui permet d’ériger une justice scolaire dans toutes ses composantes. La formation tout au long de la vie est au cœur de toutes les réformes qui ont marqué les systèmes éducatifs des pays déve-loppés et ceux qui ont réussi à émerger. o

La formation tout au long de la vie, une sérieuse alternative

0,00%20,00%40,00%60,00%80,00%

100,00%

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Lycée Urbain Rural

Lycées: Enorme disparité entre villes et monde rural

Encore beaucoup de pain sur la planche pour réduire les disparités entre les villes et le monde rural en matière de taux spécifique de scolarisation dans les lycées (TSS). Le TSS au lycée urbain a évolué de +11,6% en 2012 par rapport à 2011 contre seulement 3% pour le rural. L’écart inter milieux est de 59 points. L’incidence de cet indicateur pour les élèves dont l’âge se situe entre 15 et 17 ans au niveau du secondaire quali-fiant est encore modeste (54%) (Source: AMSE)

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Mardi 17 Juin 2014 V

inquiétantes de la société marocaine, étant donné le régime fortement inégalitaire de son système éducatif. Soulignons que la région d’Al Hoceima, Taza, Taounate enregistre un retard de plus de 40 ans par rapport à celle du Grand Casablanca. Alors que dans la ville de Rabat, deux sys-tèmes complètement opposés cohabitent. Un modèle proche de celui du Yémen dans les zones populaires avec un taux de scolarisation très bas et un autre compa-rable à celui du Japon dans les quartiers huppés comme celui de l’Agdal, Hay Riad… avec une durée moyenne de sco-larisation qui peut atteindre 11 ans.o

Propos recueillis par N. E. A.

d’abord, il faudrait prendre au sérieux la question de l’abandon scolaire, à tous les niveaux et à toutes les sous-composantes du système. L’accès généralisé des enfants à l’école ne peut suffire, encore faut-il les retenir pour améliorer leur «espérance de vie scolaire». En outre, le système d’orientation mérite d’être revu en profondeur. Il s’agit de se donner tous les moyens pour mettre en place un système d’orientation équitable et au service de l’épanouissement et de la vo-cation des élèves, indépendamment de leur origine sociale et/ou territoriale.

La problématique de l’orientation est au cœur des débats autour des modèles de la justice scolaire. Il faut, à cet égard, souligner que sur la dernière décennie, pour le moins, une génération d’une centaine d’élèves ren-trent au primaire quand environ seulement trois d’entre eux arrivent à décrocher leur baccalauréat sans avoir redoublé. Ceux qui ont la chance d’accéder à l’université sont victimes d’une forte déperdition pendant les trois premières années, notamment dans les filières ouvertes. Sans vouloir être défaitiste, il faudrait reconnaître que notre modèle édu-catif est pervers. Il sanctionne tous les efforts ainsi que les réformes déployés par le pays. Le succès réalisé en matière de généralisa-tion au primaire est sacrifié au niveau du col-lège et du lycée avec au moins trois grands perdants: le monde rural, les filles et les couches sociales modestes dans les milieux urbains. Plus particulièrement, si l’on arrive à retenir les filles après le primaire, elles donneraient de bons résultats par la suite. Il y a par conséquent un coût économique direct lié à la non-scolarisation de celles-ci.

- L’inégalité scolaire a aussi un im-pact sévère sur la cohésion sociale...?

- Il est maintenant bien établi qu’un développement inégalitaire de l’éducation présente un danger sur l’avenir d’un pays au niveau de sa cohésion sociale et de ses

valeurs communes. A ce titre, il faut malheu-reusement rappeler que les risques sont réels pour une stratification et une segmentation

«Pas de réforme du système éducatif sans justice scolaire»

■ Une condition sine qua non pour augmenter l’espérance de vie à l’école

■ Notamment pour les enfants de familles pauvres et les filles du monde rural

■ Al Hoceima, Taza, Taounate enregistrent un retard de plus de 40 ans par rapport à Casablanca

- L’Economiste: Dans votre inter-vention vous avez évoqué l’effet néga-tif d’une inégalité de l’éducation sur la croissance et le développement écono-mique. Pouvez-vous nous éclairer sur cette causalité?

- Saïd Hanchane: Il est utile de rappe-ler que nombre de travaux internationaux montrent que l’éducation contribue à la croissance d’un pays ainsi qu’à son déve-loppement à travers deux conditions mini-males. Ces deux dernières étant fortement articulées. Il s’agit en premier lieu d’amé-liorer le niveau général de l’éducation de la population tout en accompagnant cet effort d’une réduction progressive des inégalités. Ces mêmes travaux sont unanimes quant aux effets négatifs d’un régime d’éducation fortement inégalitaire sur la croissance et le développement. Donc, une réforme d’un système d’éducation au service du déve-loppement ne peut réussir si elle oriente les efforts vers la seule formation d’une élite.

- L’expérience marocaine a prouvé ses limites?

- Juste avant l’indépendance, la situa-tion était extrêmement problématique. En effet, en matière de scolarisation, l’indice de Gini(1) pour la population âgée de 15 ans et plus, en 1950, était autour de 0,97%. Il s’agissait donc d’une inégalité presque to-tale au niveau de la population. Cela don-nait un niveau moyen de scolarisation de la population âgée de 15 et plus autour de 0,28 an c’est-à-dire un analphabétisme total. En dépit des efforts déployés par la suite, il me semble que les résultats restent insuffisants tels qu’on peut les observer aujourd’hui.

- Quelles seraient vos suggestions

pour améliorer le système de l’éduca-tion?

- Aujourd’hui, je ne vois pas comment améliorer le système de l’éducation si l’on ne place pas la problématique de la justice scolaire au cœur de toute réforme. Tout

AnAlyseRHCOMPETENCES

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Il ne suffit pas de généraliser l’accès au système scolaire pour faire progresser le sys-tème éducatif. Encore faut-il retenir les élèves et améliorer leur «espé-rance de vie scolaire», souligne à juste titre, Saïd Hanchane, profes-seur à l’EGE et direc-teur du Laboratoire international associé du CNRS (Inégalité, Développement et Equilibres politiques-IDE) (Ph. NEA)

➨➨➨

(1) L’indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique d’inégalités de salaires (de revenus, de niveaux de vie...).

Recherche dans le cadre de son développement

CORRECTEUR (H/F)

Envoyer votre CV & lettre de motivation + photo par mail : [email protected]

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leader en pleine expansion.

Les Documents de

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STRATÉGIE

■ Faisal Khan et Nasser Ibn Abdeljalil: Deux cas d’école

■ Déclic, réflexion sur sa mis-sion et ses aspirations, action: le schéma type

■ «Pas de système de pensée unique», mais des pistes pour les novices

TRAVAILLER c’est bien, vivre c’est mieux. Nombreux sont les cadres à se consacrer entièrement à leur car-rière, repoussant sans cesse leurs ob-jectifs et le nombre d’heures de travail nécessaires pour les atteindre. Et puis un moment arrive où une inspiration soudaine les pousse à tout remettre en question. Et cette constatation qui revient sans cesse: «J’ai tout ce qu’il me faut, mais je ne suis pas heureux. Il manque quelque chose à ma vie». Un constat repris en écho par tous les inter-venants de la conférence «Bonheur & business: modèle pour l’entreprise de demain», organisée en fin de semaine dernière par l’Association de réflexion sur le ressourcement intérieur».

Faisal Khan, directeur général Algé-rie et responsable Maghreb de la chaîne d’approvisionnement d’une multina-tionale dans le secteur des biens de consommation, a vécu ce retournement

Les lauréats de l’Enim à la recherche de l’épanouissement …

L’épanouissement est décidément une préoccupation qui prend de plus en plus de place. Mais cette fois, l’angle d’attaque est différent. Les quelque 100 alumni ont répondu à l’invitation de la section régionale de Casablanca des lauréats de l’Ecole Nationale Supérieure des mines de Rabat (Ex-ENIM) pour traiter des chemins praticables qui mènent vers l’épanouissement personnel au travail ont une approche plus «terre à terre».

Le premier point commun relevé entre tous les membres du panel, dont Mimouni Najat, directrice des ressources humaines de Delle, Haouach Kacem, directeur des relations sociales de la Centrale Laitière, et Hassane Khedif, DRH de Nexans, c’est la multitude de leurs diplômes, signe de hargne et de volonté.

Il est certes «plus simple de se laisser emporter par le courant et blâmer un funeste destin», comme il est «infiniment plus effrayant, plus complexe et plus demandeur de lutter».

La volonté d’oser, de prendre des risques, de s’imposer, d’être entier mais souple pour répondre aux différentes contraintes devient la clé de la réussite. Mais attention, prévient-on encore une fois, l’épanouissement professionnel peut-il être fêté comme une réussite s’il est amputé de l’épanouissement per-sonnel?

Mardi 17 Juin 2014VI

RHCOMPETENCES

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«Bonheur & business»: L’équilibre, ça s’apprend! de situation de façon radicale. A 25 ans, il était responsable d’une grande équipe dans une importante entreprise, avait

une belle voiture. Bref, tout ce à quoi études, société et famille nous prépa-rent. Mais avec tout cela, il restait sur sa faim… et il a pris 25 kilos en 5 ans. La rencontre avec un coach en 2011 lui fait prendre conscience de ce qui lui manque. Il découvre «La Roue de la Vie», et en fait l’instrument métho-dique de mesure de ses carences. Il re-vient régulièrement vérifier où il en est, et fait le nécessaire pour rééquilibrer les éléments négligés. Il comprend dès lors que «la clé d’une vie saine réside

dans l’équilibre» entre les éléments ins-crits dans cette Roue.

Toute sa perception du monde,

mais surtout de lui-même, est cham-boulée. Faisal Khan considère dès lors son corps de manière très holistique. Il est sa principale source d’énergie, une énergie nécessaire pour mener ses mis-sions à bout, et il le traite comme tel. Sport, diète, sommeil… il arrête même de regarder la télévision qui le prive de plusieurs heures de sommeil. Et cela marche visiblement très bien: il perd 28 kilos en une année.

Son esprit est mis à l’abri des in-formations qui ne lui apportent aucune valeur ajoutée. Chaque discussion qui tourne autour de la tenue d’untel ou la bêtise de l’autre est stoppée net. Une ligne de conduite qui semble difficile à tenir aussi bien dans la société al-gérienne que marocaine, et à laquelle Khan se tient pourtant rigoureusement. La méditation devient aussi un fidèle compagnon de ses journées bien ryth-mées.

La technologie? «Je suis fier d’avoir un téléphone qui ne capte pas inter-net… et qui ne reçoit donc pas les e-mails». L’intrusion du travail dans le quotidien est hors de question. Des va-cances très courtes et très nombreuses au lieu des longs congés habituels, qui lui permettent notamment de pratiquer régulièrement ses deux passions: la photo et le parapente.

Faisal Khan insiste pourtant sur une chose: «Il ne s’agit pas là d’un système de pensée unique». Chacun doit trou-

La Roue de la Vie reprend tous les éléments nécessaires à une vie équilibrée. Lorsque les finances et la carrière sont au top et que tout le reste a du mal à démarrer, (situation caricaturalement représentée dans ce schéma), c’est qu’il est temps de s’arrêter pour reprendre sa vie en main

Source: Faisal Khan

ver sa propre formule et ses propres moyens de la mettre en pratique.

Pour Nasser Ibn Abdeljalil, la prise de conscience s’est faite à l’Everest. Le premier marocain à avoir officiellement atteint le plus haut sommet du monde en a profité pour trou-ver un sens à sa vie. «Lorsque j’ai côtoyé la mort d’aussi près, une quest ion m’a frappé de plein fouet: Et si je devais mourir demain, qu’est-ce que je regretterais»? Pen-dant les 2 mois qu’a duré cette aventure, et pendant lesquels près de 20 décès étaient ré-gulièrement rapportés, Nasser se rend compte que sa carrière inter-nationale l’a éloigné de ceux qu’il aime, et l’entraide (vitale)

qui anime son équipe d’une dizaine d’alpinistes venus des quatre coins du monde lui ouvre les yeux sur sa volonté d’apporter sa contribution au monde. Une phrase revient alors en écho dans son esprit: «La vie est une mission, pas une carrière».

A son retour, Nasser Ibn Abdeljalil devient le directeur fondateur d’Eve-rest Conseil, et consacre son temps à «la communauté».

Plus de voyages en famille, sa fiancée devient sa femme et l’enga-gement associatif devient partie pre-nante de sa vie. Il continue à puiser de l’énergie dans sa foi en Dieu.

Ce qu’il a retenu de l’Everest? «On ne décale plus»! Il faut agir dans le sens de ses aspirations, ne plus se laisser emporter par sa vie profession-nelle en attendant une période de tra-vail moins dense, ne plus se laisser ballotter par un destin qui nous maî-trise et se prendre en main. Et encore une fois, comme Faisal Khan le pré-conise, s’arrêter régulièrement pour méditer. Ces deux destins originaux pourraient devenir des cas d’école, si celle-ci apprenait le bonheur et l’équilibre.❏

Rime AIT EL HAJ

Page 7: Supplément de L’Economiste N°4299 Justice scolaire L’ascenseur … · Objectif de la démarche : «développer un nouveau système de qualification et de formation pour les

FÉCONDER les actions des étu-diants. Pour accompagner les premiers pas dans le monde du travail de sa promo-tion 2013-2014, HEEC Marrakech vient de tenir son forum annuel de l’emploi sur “l’évolution des pratiques de recrutement au Maroc”. Un début de carrière qui re-pose essentiellement sur la mise en lumière de ses qualités, de sa volonté et de sa per-sévérance. Avec des taux de chômage en augmentation, touchant 17% des diplô-més, le marché de l’emploi reste flou pour

grand nombre d’étudiants. Plusieurs constats ont été posés, comme le manque de soutien à la création d’en-treprise, des formations mal adaptées aux besoins des entreprises, et bien sûr les conséquences de la fameuse crise économique mondiale, qui impacte négativement le marché de l’emploi au Ma-roc. Mais les lauréats n’ont pas été épargnés concernant la responsabilité du taux de chômage. En effet, et c’était tout le sens de ce forum, les jeunes diplômés cumulent plusieurs handicaps, comme le manque d’esprit de mo-bilité, le manque de stabilité et le manque d’objectivité quand ils exigent titre et sa-laire élevés en début de car-rière. Le conseil était donc à l’humilité et à s’essayer, s’il le faut, aux stages et petits

boulots, qui ont l’avantage d’apprendre les rouages du monde du travail et prouvent la motivation. Les grands groupes marocains sont aujourd’hui dans une logique d’expan-sion africaine. Leur développement dans les régions et à l’étranger offre de nom-breuses opportunités à un candidat ouvert à la mobilité.

Le forum emploi était l’occasion de témoignager sur la bonne attitude à avoir dans sa recherche, avec ateliers et simula-tions de recrutement. Mais également l’oc-

n Comment décrocher son pre-mier job

n Un forum de l’emploi pour réussir son entrée dans le monde du travail

n 17%: le taux de chômage des diplômés au Maroc

casion pour la cinquantaine de lauréats de rencontrer la vingtaine de DRH venus dé-nicher les meilleurs profils. Représentants de la Banque Populaire, Ménara Hoding, Attijariwafa bank, Fitness Club…, ils en ont profité pour faire part de leurs difficul-tés à recruter et à trouver le bon candidat.

Décrocher un entretien d’embauche est déjà une réussite. Et pour cela, savoir rédiger et envoyer son CV est primordial. Quand on sait qu’en moyenne, un recruteur consacre 60 secondes à sa lecture, il faut donc être percutant et y inscrire des infor-mations tangibles, chiffrables et convain-cantes. Au moindre doute, toute chance de rendez-vous s’effondre. Cibler ses objectifs, se renseigner sur l’entreprise pour laquelle on postule, argumenter,... ce qui intéresse le recruteur, ce ne sont pas les réponses à ses questions, mais la manière d’y répondre.

Véritable levier de performance, le coa-ching tient une place prépondérante dans notre société actuelle. Trois professionnels, présents au forum de l’emploi 2014 de HEEC, ont ainsi pu distiller leurs conseils pratiques, tournés vers le développement personnel et la confiance en soi.

Autre conseil essentiel, miser sur le marché caché. Plus de la moitié des so-ciétés qui recrutent ne passent pas par le système classique des petites annonces ou des services de l’Anapec. Les candidatures spontanées et les recommandations sont donc vivement conseillées aux lauréats. Ac-compagnées d’un CV soigné, par un envoi ciblé et préparées en amont, elles ont toutes les chances d’aboutir à décrocher le poste tant convoité.o

Stéphanie JACOB

Idées

Mardi 17 Juin 2014VII

Comment se dénoter parmi le lot des candidats à l’emploi? Le forum d’HEEC, organisé le 7 juin der-nier à Marrakech, a listé toutes les qualités à avoir pour optimiser son potentiel et décrocher un premier emploi, sur un marché qui peine à trouver les bons profils (Ph. Archives de L’Economiste)

RHCOMPETENCES

Emploi: Dans la peau d’un lauréat

HEEC, un label d’exigenceDE l’Ecole des hautes études

économiques, commerciales et d’in-génierie de Marrakech, les lauréats ressortent avec bien sûr des diplômes accrédités par l’Etat marocain, mais aussi des diplômes d’Etat français. Résolument tourné vers l’internatio-nal, l’établissement bénéficie de pro-grammes d’échange d’étudiants avec des écoles de commerce européennes. Comme chez Attijariwafa bank, gros consommateur du produit HEEC, 27% des lauréats intègrent les banques, contre 12% le BTP, 5% l’industrie ou 9% le tourisme. 150 entreprises parte-naires régionales et nationales offrent aux étudiants les opportunités d’une première immersion professionnelle.o

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n Tests d’auto-évaluation, exer-cices de préparation mentale…

n Un moyen d’atteindre avec plus d’assurance ses objectifs professionnels

QUE ce soit durant un entretien d’em-bauche, en réunion d’équipe ou encore au cours d’un rendez-vous commercial, l’image que l’on donne de soi est essentielle aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Avec le développement des réseaux sociaux, dont entre autres Facebook et Twitter, nous sommes de plus en plus exposés au regard de l’autre.

L’ouvrage «Image et image de soi: faire de son image un atout professionnel» de l’auteur Sébastien Millécamps révèle com-ment construire et maîtriser cette image pu-blique. L’image professionnelle se traduit

selon l’auteur par un sourire, une démarche ou encore une manière de s’exprimer et de se comporter devant un auditoire. L’ouvrage pousse à prendre conscience de l’importance de l’image, qui correspond à ce que voient les autres, et de l’image de soi qui se rap-porte à ce que l’on voit de soi-même. L’au-teur aide ensuite le lecteur à façonner son apparence et à valoriser ses atouts, autre-ment dit à donner le meilleur de soi-même et de déployer son énergie. Une démarche permettant d’atteindre avec plus d’assurance et de sérénité ses objectifs professionnels, mais aussi de se faire accepter et apprécier par ses collègues et ses futurs employeurs. Pour cela, l’auteur suggère de recourir à des exercices d’auto-évaluation. Il conseille aussi d’effectuer des applications pratiques, autrement dit de se préparer physiquement et mentalement, de s’entraîner et de tra-vailler sa communication. Concrètement, il s’agit de réaliser un travail en profondeur sur l’image que nous avons de nous-mêmes en redéfinissant valeurs, objectifs et person-

nalité pour ensuite les partager avec l’autre à l’extérieur. Un guide complet et pédago-gique puisque l’auteur accompagne le lec-teur étape par étape, mettant à sa disposition des temps de réflexion et des exercices pra-tiques.

Chaque idée évoquée est développée puis accompagnée d’un exemple, d’un exer-cice ainsi que d’un témoignage. L’ouvrage est destiné aux formateurs, aux candidats en recherche d’emploi, aux étudiants passant des concours ainsi qu’à toute personne en situation professionnelle.

Sébastien Millécamps est expert spé-cialisé en «image et image de soi» pour les Clubs «Association du progrès en manage-ment» (APM). Il est également coach de personnalités publiques aussi bien dans les domaines de la politique que de la télévi-sion ou encore des grandes entreprises. Il a fondé il y a plusieurs années sa propre struc-ture de formation spécialisée «Les Pieds sur Terre».o

K. A.

Maîtrisez votre apparence!