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NORA ROBERTS

Roman


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MOSACest une marque dpose par Harlequin

Titres originaux :

TEMPTING FATEFROM THIS DAY

ONCE MORE WITH FEELING

Traduction de lamricain parJEANNE DESCHAMPPremier titreTraduction de lamricain parFABRICE CANEPADeuxime et troisime titre

MOSAC,une maison ddition de la socit HARLEQUIN83-85, boulevard Vincent Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13.Service Lectrices Tl. : 01 45 82 47 47

www.auteurs-mosac.fr

ISBN978-2-2803-1678-1 ISSN2261-4540

Tous droits rservs, y compris le droit de reproduction de tout ou partiede louvrage, sous quelque forme que ce soit.

Ce livre est publi avec lautorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A.

Cette uvre est une uvre de fiction. Les noms propres, les personnages,les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de limagination de lauteur, soit

utiliss dans le cadre dune uvre de fiction. Toute ressemblance avec despersonnes relles, vivantes ou dcdes, des entreprises, des vnements oudes lieux, serait une pure concidence.

HARLEQUIN, ainsi que H et le logo en forme de losange, appartiennent Harlequin Enterprises Limited ou ses filiales, et sont utiliss par dautressous licence.

Le visuel de couverture est reproduit avec lautorisation de :

Mains et objet: BRIGIT TYRELL/ARCANGEL IMAGES

Ralisation graphique couverture : DP COMTous droits rservs.

TEMPTING FATE 1985, Nora Roberts. 2014, Harlequin.

FROM THIS DAY 1983, Nora Roberts. 2014, Harlequin.

ONCE MORE WITH FEELING

1983, Nora Roberts. 2014, Harlequin.


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UNE REBELLE CHEZ LES MACGREGOR


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A trente minutes de latterrissage, Diana ne savait toujourspas si elle avait eu tort ou raison de monter dans lavion pourAtlantic City.

Le frre qui lattendait au terme de son voyage tait devenuun inconnu pour elle. Deux dcennies entires staient coulesdepuis quils staient vus pour la dernire fois. De Justin, son

an, Diana conservait limage dun adolescent affectueux quoiquedistant. De dix ans plus g quelle, il tait aurol de tout leprestige dont un garon de seize ans peut tre par aux yeux dunepetite sur plus jeune. Elle ne se souvenait pas de grand-chosehormis cela, part davoir nourri pour lui un amour perdu.

Ne layant jamais connu adulte, Diana avait de la peine sereprsenter Justin autrement que comme un jeune homme tropmaigre, avec un visage taill la serpe et une certaine hauteurdans son regard vert. Il tait de temprament ombrageux, dter-min, solitaire. Mme petite, elle avait senti que Justin saurait setracer son propre chemin dans lexistence.

Avec un sourire lgrement amer, Diana sabandonna contrele dossier de son confortable fauteuil de premire classe. Justinavait trouv sa voie, en effet. Il avait mme fonc tout droit, sansse soucier de ce quil laissait derrire lui. Aprs le dcs de leurs

parents, il stait occup delle dans un premier temps. Peut-tremme avait-il cherch la consoler sa faon.

Diana ferma les yeux pour sonder sa mmoire. Mais sessouvenirs de lpoque restaient trs flous. Abasourdie par ladisparition de leurs parents, elle avait mis du temps admettre


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quils taient partis pour de bon. Au dbut, elle avait cru durcomme fer que son papa et sa maman staient juste absents

pour la punir, parce quelle navait pas t sage lcole. Et ellestait applique scrupuleusement en classe, persuade quilsfiniraient par revenir si elle y mettait du sien.

Puis, au moment prcis o tante Adlade avait fait irruptiondans sa vie, Justin lavait abandonne son tour. Pendant desmois, elle avait cru quil tait all au ciel , lui aussi. Quil avaitfil pour chapper sa petite sur qui faisait trop de cauchemars

et le rveillait chaque nuit en se cramponnant son cou.Son frre, avait-elle appris par la suite, tait rest vivant sur

terre, contrairement leurs parents. Mais Justin navait pas donnsigne de vie pour autant. Depuis vingt ans quils taient spars, ilnavait jamais daign se manifester ni demander de ses nouvelles.

Ladolescent solitaire tait longtemps rest clibataire. Mais ilsemblait avoir trouv lme sur rcemment puisquelle avait reu

un faire-part de mariage, lautomne dernier. Serena MacGregorPensive, Diana laissa les syllabes de ce nom dfiler dans son esprit.Cela paraissait presque irrel de se retrouver pourvue dune belle-sur, alors quelle avait peine le sentiment davoir un frre.

La famille MacGregor, elle la connaissait de rputation, biensr. Ils avaient leur fief Hyannis, au cap Code, quelquesencablures peine de chez les Kennedy. Diana eut un sourire

mi-amus, mi-amer. Mondaine jusquau bout des ongles, sa tanteAdlade avait jug indispensable de parfaire son ducation en luiparlant longuement des quelques familles amricaines influentesdont le nom mritait dtre prononc avec dfrence. De toutesles aristocraties, les Etats-Unis ne reconnaissaient que celle delargent. Mais mme de ce point de vue, les MacGregor, issusdune vieille famille des Highlands, se classaient dans les hautessphres. En outre, ils vivaient suffisamment prs de Boston pourquelle les considre comme ses voisins.

Diana aurait pu rciter par cur larticle qui leur tait consacrdans le Whos Who: Daniel MacGregor tait le patriarche. Lafamille avait certes d laisser derrire elle ses terres ancestrales,son tartan et son clan. Mais Daniel stait lanc avec succs dans


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la haute finance internationale. Anna MacGregor, sa femme,figurait parmi les meilleurs chirurgiens de la rgion. Leur fils

an, Alan, tait snateur et promis un avenir brillant.Ensuite venait Caine, le second frre. Celui quelle connaissait

le mieux de rputation, mme si elle ne lavait jamais crois dansles vnrables couloirs de Harvard, o ils avaient tudi lunet lautre. Caine, qui devait avoir prsent la trentaine, lavaitprcde de peu, quittant luniversit lanne mme o elle ytait entre. Mais ils avaient potass les mmes livres, cout les

mmes professeurs, parcouru les mmes corridors interminables.Et ils exeraient aujourdhui la mme profession.

Lorsquelle tait en premire anne, Diana avait entendu deuxtudiantes plus ges sentretenir en riant des performances deCaine MacGregor. Et ce ntait pas sur ses talents de juriste quellesstaient extasies. Diana eut un discret sourire. Apparemment,le brillant fils cadet de Daniel MacGregor ne stait pas intress

quau droit pendant ses annes dtudes.Aprs Caine venait Serena, la dernire-ne des MacGregor.

Toutes ses sources saccordaient pour affirmer que la fille deDaniel MacGregor tait suprieurement intelligente et quelle avaitpass haut la main une quantit impressionnante de diplmes.Intrigue, Diana secoua la tte. Elle avait de la peine imaginerle Justin dont elle gardait le souvenir mari une intellectuelle

plonge en permanence dans ses livres.Aurait-elle assist au mariage de son frre si elle ne stait pastrouve ltranger la date fatidique ? Diana se mordilla pensive-ment la lvre. La curiosit laurait pousse accepter linvitation,sans doute. Ctait pour cette mme raison, dailleurs, quelleavait pris lavion pour Atlantic City aujourdhui.

Sans compter quil aurait t puril donc impoli derefuser. Or, sa tante Adlade lui avait martel, toute son enfance,que le manque de correction tait lhrsie suprme, la faute degot viter tout prix. Ne sois pas purile, ma chrie. Unepersonne de notre milieu doit rester polie en toute circonstance avait t le slogan ducatif de base de sa tante. Adlade elle-mme, dailleurs, respectait religieusement ce principe. Avec ses


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gaux, du moins. Car Diana ne se souvenait pas que sa tante aitjamais pris la peine de montrer beaucoup de courtoisie envers

ceux quelle considrait comme ses infrieurs.Refusant de sappesantir sur les doubles critres dAdlade

Grandeau en matire de politesse, Diana sortit la lettre de Serenade son sac pour la parcourir des yeux.

Chre Diana, Jai t terriblement due que, sjournant Paris lautomne

dernier, vous nayez pas t en mesure dassister notre mariage.Jai souvent rclam une sur mes parents, mais sans aucunsuccs. A prsent que la vie men offre une, je suis trs frustrede ne pas la connatre. Justin me parle de vous, mais cela ne vautcertainement pas une vraie rencontre surtout dans la mesureo les souvenirs de mon mari remontent plus de vingt ans. Deplus, je le sais trs dsireux de renouer les liens.

Voil pourquoi je prends sur moi de vous envoyer ce billet

davion. Jespre de tout cur que vous en ferez usage et que vousviendrez sjourner au Comanche dAtlantic City. Vous y sereztoujours la bienvenue. Et aussi longtemps que vous le souhaiterez.Justin et vous avez de longues annes de sparation rattraper.Et pour ma part, jai une sur dcouvrir.

Affectueusement, Rena.

Songeuse, Diana replia la lettre et la glissa dans son sac. Le tontait simple, amical et chaleureux. Comment imaginer Justinmari avec une femme ouverte, sympathique, pour qui la famillesemblait aller de soi ? Avec un lger rire, Diana secoua la tte etsabandonna de nouveau contre son dossier. Limage quelle avaitde Justin tait peut-tre compltement fantaisiste. Que savait-ellevraimentde Justin Blade, aprs tout ?

Longtemps, elle avait vcu dans la secrte nostalgie de son grandfrre disparu. Mais la part delle-mme qui tait reste attache Justin avait fini par se fltrir, se desscher, puis disparatre. Pourune question de survie, dj. Enfant, elle naurait pas fait longfeu dans lunivers litiste de sa tante si elle stait accroche sesanciennes valeurs familiales. Mme aujourdhui, sa tante serait


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horrifie dapprendre que la nice quelle avait pris tant de soin duquer se prparait sjourner dans un casino-htel, sous le

toit dun amateur de poker et de black-jack. Diana prfrait nepas penser au sermon que sa tante lui ferait subir si elle venait avoir connaissance de son escapade. Voyons, Diana, machrie, une jeune femme de ton milieu et de ton ducation nepeut se montrer quen compagnie choisie. Une rputation est sivite compromise

Or, les professionnels des jeux dargent navaient jamais trouv

grce aux yeux dAdlade.Se tournant vers le hublot, Diana regarda les nuages cotonneux

moutonner paisiblement sous le ventre de lavion. Que luiimportait, au fond, la raction de sa tante ? De toute faon, ellene se compromettrait que trs peu de temps dans luniversdu jeu dont son frre et sa jeune pouse tiraient leur subsistance.Elle passerait une semaine Atlantic City pour satisfaire sa

curiosit, puis elle retournerait Boston, inchange. La petitefille qui avait idoltr son grand frre ntait plus quun lointainsouvenir, dsormais. Aujourdhui, elle avait une carrire quidmarrait, une libert conqurir. Il lui avait fallu des annesavant dobtenir enfin un dbut dindpendance.

Mais le moment tant attendu avait fini par arriver. Lheuretait venue pour Diana Blade dexister enfin par elle-mme.

Persuad de stre dplac laroport pour rien, CaineMacGregor enfona les mains dans les poches de son manteauet traversa le parking balay par un vent glacial. Diana Bladenavait mme pas pris la peine de rpondre la lettre de Rena !Il paraissait hautement improbable quelle ait fait usage du billetdavion que sa sur avait joint son invitation.

Mais Serena, elle, tait convaincue que sa belle-sur serait aurendez-vous. Caine pressa le pas sous le ciel bleu et froid. Sa surpouvait bien penser ce quelle voulait ; ctait son problme. Maispourquoi stait-il btement laiss refiler la corve de chauffeurbnvole pour une passagre imaginaire ?


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Il fallait reconnatre la dcharge de Rena quelle avait prvuinitialement de faire le trajet elle-mme. Mais un incident de

dernire minute lavait retenue au casino. Et aprs lenfer quilsavaient travers quelques mois auparavant, Caine avait tendance gter sa jeune sur plus que de raison. Sil navait pas t aussiindulgent envers Rena, dailleurs, il aurait profit de sa semainede vacances pour partir skier une semaine dans le Coloradoplutt que de passer ses congs arpenter une plage du Nordptrifie par les grands froids de janvier.

Comme il poussait la porte du terminal, une rafale de ventrabattit le col de son manteau contre sa joue. Une grande femmeblonde enveloppe dans de coteuses fourrures sortit au mmemoment et simmobilisa un instant, prenant le temps de le dtaillerde la tte aux pieds. Habitu ce genre de raction, Caine subitlexamen avec lombre dun sourire amus aux lvres et attenditquelle passe son chemin.

Il savait que son visage nergique lossature marque, ses yeuxdun bleu presque violet et sa blondeur plaisaient aux femmes. Dufait de son choix vestimentaire, sans doute, les gens le prenaientsouvent pour un universitaire. Au premier coup dil, du moins.Mais un examen plus attentif rvlait une nature imptueuse,peu compatible avec ladite profession. Il souriait facilement etsouvent. Et ses amies sentendaient pour affirmer que ce sourire

apportait beaucoup de charme une physionomie qui aurait pu,sinon, paratre trop dure.Caine navait aucun problme avec sa propre apparence.

Conscient que les femmes taient fascines par son physique, ilen tirait parti sans sen glorifier pour autant.

Indiffrent la foule, il traversa le hall et consulta lcrandes arrives. Puis, ayant repr le bloc et la porte, il sassit pourattendre la voyageuse improbable.

Lorsque le vol de Boston fut annonc, Caine alluma une ciga-rette. Il patienterait encore un peu, le temps que tous les passagerssoient descendus, puis il regagnerait lhtel. Ainsi, Serena seraitsatisfaite et il aurait un aprs-midi entier passer au gymnase.

Lexercice physique lui ferait le plus grand bien aprs ces


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quelques mois de travail acharn. Depuis quil avait renonc sesfonctions de procureur dEtat pour ouvrir un cabinet davocat,

il navait plus une seconde lui pour faire du sport. Mais il taitbien dcid ne pas toucher un livre de droit pendant sa semainede cong. Sil avait de solides capacits de travail, il savait aussise mnager de vraies coupures. Il naurait mme pas une pensepour le chaos qui rgnait sur son bureau. Ni pour les clientsquil serait oblig de refuser, faute de temps pour sen occuper.

A linstant prcis o son regard tomba sur Diana Blade, Caine

sut que ctait elle. Avec ses pommettes hautes et marques et sapeau cuivre, elle prsentait une ressemblance tonnante avecJustin. Les origines comanches quils avaient en commun taientpeut-tre encore plus visibles chez la sur que chez le frre. Diananavait pas hrit comme son frre des iris vert clair dune de seslointaines anctres blondes. Elle avait des yeux trs sombres,au contraire, frangs de longs cils pais, sous des paupires un

peu lourdes qui lui donnaient un regard mystrieux, commelgrement endormi.

Des yeux de braise et de velours, songea Caine en se levantpour se porter sa rencontre. Le nez tait fin, droit, aristocratique.Les lvres pleines pouvaient tout aussi bien tre le signe dunenature passionne que dun temprament capricieux.

Ce ntait pas un visage facile cataloguer. Elle tait belle,

oui, incontestablement. Mais avant toute autre chose, les traitsde Diana taient marquants. Ils retenaient lattention, fasci-naient. Ils vous interrogeaient au point de vous contraindre yrevenir sans cesse. Caine savait dores et dj quil noublieraitjamais cette physionomie si particulire.

Comme elle faisait glisser son sac dune paule lautre, sescheveux balayrent son visage. Epais, lisses et dun noir de jais,ils taient bien adapts sa coupe la Louise Brooks. La coiffuretait simple mais sophistique, tout comme le tailleur bordeauxquelle portait avec beaucoup dlgance.

Elle tait assez grande, lance, avec des hanches minces, despaules de nageuse, une taille souple. Sa dmarche, elle, voquaitcelle dune ballerine. De la danseuse, Diana avait le rythme mais


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aussi lquilibre. Si bien quelle suspendit son pas sans mmevaciller lorsquil vint se placer devant elle.

A la diffrence de la femme la fourrure, Diana Blade luiaccorda peine un regard.

Excusez-moi.Poliment, mais avec fermet, elle lui faisait comprendre quil se

trouvait sur son chemin et quelle navait pas de temps perdre.Peu habitu tre tenu distance par la gent fminine, Caine

ne prit pas la peine de sourire.

Diana Blade ?Elle haussa des sourcils au dessin parfait. Oui ? Je suis Caine MacGregor, le frre de Rena.Diana prit le temps dexaminer lhomme qui avait t dpch

sa rencontre. Ainsi, on lui avait envoy Caine le Fatal, le tombeurde Harvard. Rprimant un sourire, Diana serra la main quil

lui offrait. Elle sattendait une paume lisse dintellectuel et futsurprise de sentir sa peau ferme et mme calleuse. Un picotementagrable monta le long de son bras. Mais elle ne prta quuneattention distraite cette sensation passagre.

Rena voulait tout prix vous accueillir elle-mme, maiselle a t retenue la dernire minute par un incident au casino.

Si Caine pouvait tre diplomate ses heures, il lui arrivait

aussi dtre trs direct. Javoue que je ne mattendais pas vous voir descendrede cet avion.

Il voulut lui prendre son sac de voyage des mains, mais ellesy cramponna fermement.

Ainsi, vous pensiez que je ne viendrais pas Et votresur ? Elle partage votre scepticisme ?

Caine faillit tirer plus fort sur le sac pour le lui prendre dautorit.Il y avait un je-ne-sais-quoi dans ce regard faussement somnolentqui lui donnait envie de la contrarier. Ou tout simplement de lafaire ragir, peut-tre ?

Ma sur ? Pas du tout. Elle tait convaincue que vousaccepteriez son invitation, au contraire. Rena considre les liens


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du sang comme sacrs. Et elle ne conoit mme pas que dautrespuissent penser diffremment.

Avec un rapide sourire, Caine lui prit le bras. Allons rcuprer vos bagages.Diana se laissa conduire dans le hall bond. Vous ne mapprciez pas beaucoup, nest-ce pas, monsieur

MacGregor ?Se contentant de hausser les sourcils, il ne tourna mme pas

les yeux dans sa direction.

Je ne vous connais pas. Mais puisque nous voici plus oumoins apparents, nous pourrions peut-tre laisser tomber lestrs formels monsieur et mademoiselle ?

En lcoutant parler, Diana repra un second atout chez lui.Non seulement son physique tait extrmement troublant, maissa voix tait une vraie merveille : profonde et chaude, avec unsoupon dacier pointant sous le velours.

Comme vous voudrez, Caine. Mais dites-moi, si vous nevous attendiez pas me voir, comment avez-vous su qui jtais ?

Je vous ai identifie sans hsitation. Vous avez pas mal detraits communs avec votre frre.

Ils simmobilisrent devant le tapis roulant qui tournait encore vide.

Ainsi, je ressemble Justin ?

Caine lexamina de nouveau. Les fragrances trs sensuellesde son parfum voquaient une nature sauvage et indompte.EtrangeA priori, ce ntait pas le genre de senteurs quil auraitassocies une femme comme Diana Blade, lallure froide et lisse.

Il y a un air de famille qui saute aux yeux. Mais jimagineque la ressemblance serait moins vidente si vous vous teniezcte cte.

On ne peut pas dire que cela nous arrive frquemment,laissa-t-elle tomber avec une pointe dironie en lui dsignant sesvalises dun geste nonchalant de la main.

Rprimant un sourire, il savana pour cueillir les bagages encuir sur le tapis. De toute vidence, Diana Blade avait lhabitudedtre entoure de domestiques.


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Justin sera heureux de vous revoir aprs toutes ces annes. Peut-tre. Vous avez lair de beaucoup laimer En effet. Je connais Justin depuis dix ans. Nous tions

dj amis bien avant quil ne devienne mon beau-frre.Des myriades de questions se pressaient dans lesprit de Diana.

Il aurait t tentant de demander Caine de lui dcrire son frre.Mais elle sinterdit de poser la moindre question. Son opinionau sujet de Justin tait dj faite. Et elle navait pas lintentionde se laisser influencer par lavis dun Caine MacGregor. Ni par

qui que ce soit dautre, dailleurs. Vous sjournez galement au Comanche, Caine ? Pour une semaine, oui.En sortant du hall de laroport, Diana frissonna et glissa ses

mains nues dans les poches de son manteau. Le ciel tait dunbleu pur et froid et de la neige fondue grisaillait ici et l le bitume.

Elle tourna vers Caine un regard intrigu.

Est-ce bien le bon moment de lanne pour passer sesvacances la plage ?

Le vent ramena les cheveux blonds de Caine dans ses yeux,lui confrant soudain un charme plus juvnile.

La plupart des gens viennent Atlantic City pour le jeu.Et, une fois boucl dans un casino, on oublie trs vite le tempsquil fait dehors. Ce sont des lieux qui sont dailleurs conus

dessein pour quon y perde ses repres spatio-temporels.Comme le sommet de sa tte arrivait lpaule de Caine,

Diana dut lever le visage pour lui parler. Et cest pour cette raison que vous tes ici ? Pour vous

adonner aux jeux dargent ?La faon dont elle avait formul sa question le fit sourire. M adonner nest pas vraiment le terme, non. Jouer

peut mamuser un soir ou deux. Mais sans plus. Cest Rena, lajoueuse, dans la famille.

Alors ils se sont bien trouvs, Justin et elle. Je vous laisserai en juger par vous-mme.Caine simmobilisa devant une luxueuse voiture noire. Il


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sortit les cls de sa poche, chargea ses valises dans le coffre et luiouvrit sa portire.

Mais lorsquelle voulut monter, il la retint en lui posant lamain sur le bras.

DianaIl avait une voix vraiment trs enveloppante, trs particulire.

Pendant une fraction de seconde, elle eut limpression dentendreprononcer pour la premire fois les deux syllabes de son prnom.Caine lui releva la frange avec un tel naturel quelle ne songea

mme pas protester. Muette, elle linterrogea du regard. Les apparences sont parfois trompeuses Pardon ?Caine ne prcisa pas tout de suite sa pense. Pendant quelques

secondes, ils demeurrent ainsi, face face, sur un parking glacial,environns par le vacarme des avions et lodeur du krosne.Diana aurait t prte jurer quelle percevait la chaleur de la

paume de Caine travers lpaisseur de son manteau. De sesyeux trs bleus manait une douceur tonnante. Lespace duninstant, elle oublia quil avait la rputation dtre aussi redoutabledans une salle de tribunal que dans une chambre coucher. Elleaurait voulu lui prendre les mains, saccrocher lui, lui demanderaide et rconfort.

Le plus surprenant tant quelle navait besoin ni de lune ni

de lautre. Vous tes trs belle, Diana, murmura-t-il. Mais avez-vousgalement un peu de sensibilit ?

Choque, elle frona les sourcils. Quest-ce qui vous fait penser que je puisse en tre

dpourvue ? riposta-t-elle, sur la dfensive. Laissez-lui au moins une chance, dit-il sans rpondre

sa question.Une motion fugitive altra les traits de Diana. Puis son

visage se ferma. Hautaine et impassible, elle devenait rsolumentinaccessible. Caine rprima un sourire. Combien de fois, dj,avait-il vu cette mme expression de froide rserve durcir laphysionomie de Justin ?


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On pourrait penser que ma prsence ici est dj une marquede bonne volont en soi, rtorqua-t-elle schement.

Onpourraitle penser, oui.Sans insister, Caine alla sasseoir au volant. Irrite par son atti-

tude, Diana prit place dans le luxueux sige de cuir. Sa portirese referma avec un petit claquement sec.

Pour quelle raison serais-je venue sinon ? Essentiellement par curiosit. a doit tre gratifiant, dans la vie, davoir raison si souvent.

Il lui adressa un sourire lumineux. Mais si fugitif que Dianase demanda si elle ne lavait pas imagin.

Cela me procure dimmenses satisfactions, en effet.Il tourna la cl de contact et le moteur de la Jaguar ronronna

plaisamment. Apprciant le confort, Diana allongea les jambes.Elle avait toujours eu un faible inavouable pour les voiturespuissantes, lgantes et rapides.

Ce fut Caine qui enterra la hache de guerre. Pour la paix des familles, essayons dtre amis, O.K. ?

Vous avez aim Paris ?Diana lui jeta un regard en coin. Une conversation banale ?

Des lieux communs ? Parfait. Jouer ce jeu-l lui convenaitparfaitement. Elle avait des annes de pratique derrire elle.

Paris reste magique, comme toujours. Mais le temps a t

plutt froid et humide, malheureusement. Je me souviens dun petit restaurant de la rue du Four o

lon servait des souffls extraordinaires. Chez Henri ?Il lui jeta un regard tonn. Vous connaissez ?Elle acquiesa dun signe de tte. Le restaurant mentionn par

Caine tait petit, bruyant et frquent par un public htroclite.Sa tante Adlade aurait prfr se laisser mourir de faim surplace plutt que den franchir le seuil. Mais lorsquelle tait depassage Paris, Diana trouvait toujours le moyen de sesquiverquelques heures pour y glaner un repas.


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Ctait surprenant que, dans une ville aussi grande o les restau-rants abondaient, Caine et elle aient Chez Henri en commun.

Vous tes un habitu de la vie parisienne, Caine ?Il secoua la tte. Plus maintenant. Ma tante, elle, a dcid de faire un grand retour aux sources

et de sy tablir dfinitivement. Si jtais Paris, cet automne,ctait justement pour laider sinstaller.

Mais vous, vous rsidez Boston, nest-ce pas ?

Bien sr. Cest ici que jai mon travail, mes amis, meshabitudes. Je viens demmnager dans un appartement surCharles Street.

Comme le monde est petit, commenta Caine en souriant.Nous sommes pratiquement voisins. Et dans quelle carrire voustes-vous lance Boston, Diana ? La mode ?

Ce fut au tour de Diana de sourire.

Pas du tout. Jexerce le mme mtier que vous. Jimagineque vous devez vous souvenir du Pr Whiteman ? Il parle toujoursde vous en termes trs logieux.

Le Pr Whiteman ? Mais bien sr ! Ses tudiants lappellenttoujours Sac dos derrire son dos ?

Plus que jamais.Caine tourna la tte pour plonger un instant dans le sien le

regard intense de ses yeux indigo. Ainsi, vous avez tudi le droit Harvard, vous aussi.Finalement, nous nous dcouvrons des quantits de pointscommuns. Nous avons des liens familiaux, nous sommes inscritsau mme barreau et nous apprcions la cuisine dHenri. Est-ceque vous exercez ?

Depuis peu, oui. Chez Barclay, Stevens et Fitz. Mmm trs prestigieux, comme cabinet davocats. Et

trs collet mont, aussi, ajouta-t-il en lexaminant de nouveaudu coin de lil.

Diana sautorisa un sourire. Inutile de prciser quon ne me confie que des affaires

passionnantes : excs de vitesse, petites infractions, divorces


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Oh, rien nest encore perdu. Dans une vingtaine dannes,vous vous serez fray un chemin jusquen haut de la hirarchie.

Je nai pas lintention dattendre jusque-l.Pour lanniversaire de ses trente ans, avait-elle calcul, elle

ouvrirait son propre cabinet. Elle pourrait sappuyer sur uneexprience de quatre annes au sein dune institution aussirespectable que Barclay, Stevens et Fitz. Et peu peu, elle seferait sa propre clientle.

Parlez-moi de vos projets, Diana.

Je compte me spcialiser dans le pnal, dclara-t-elle sansentrer dans les dtails.

Et pourquoi ce choix ?Elle haussa les paules. Jai la faiblesse de penser que tout citoyen mrite dtre

dfendu au mieux. Et puis jaime me battre, admit-elle avec unpetit rire.

Caine enregistra cette information avec le plus grand intrt.Ainsi, elle ntait pas tout fait aussi lisse, sophistique etmondaine que son tailleur impeccable pouvait le donner penser.Finalement, son parfum un peu sauvage lui ressemblait plus quilne lavait cru au premier abord.

Et vous tes une avocate de talent, Diana ? Les affaires que je traite en ce moment pourraient tre

confies nimporte quel tudiant de deuxime anne. Maisje vaux beaucoup mieux que a. Jai lintention de devenir lameilleure, sur Boston.

Avec un lger sourire, Caine bifurqua pour rouler jusque sousllgant auvent devant lentre du Comanche.

Nous avons aussi les mmes ambitions, apparemment,commenta-t-il dun ton amus.

Diana soutint froidement son regard. Nous verrons bien qui de nous deux lemportera, nest-ce

pas ?Caine la gratifia dun sourire pour seule rponse. Un sourire

carnassier qui lui laissa entrevoir un instant le ct rsolument


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froce de sa personnalit. On pressentait en lui une nergieredoutable double dune belle combativit.

Sans un mot, Diana descendit de voiture. Elle ntait pasimpressionne par lassurance de Caine. Sil y avait un domainedans lequel elle se sentait parfaitement sre delle, ctait bienle droit.

Dans quelques annes, Caine MacGregor aurait loccasiondentendre le nom de Diana Blade prononc avec respect dansle milieu professionnel qui tait le leur. Et il se souviendrait alors

de ses paroles. Les bagages de Mlle Blade sont dans le coffre, prcisa

Caine au portier en lui remettant les cls de la voiture.En pntrant dans le hall dentre du Comanche, il lui reprit

le bras. Je pense que Rena meurt dimpatience de faire enfin votre

connaissance. Mais vous prfrez peut-tre vous installer dabord ?

Non, ce ne sera pas ncessaire. Rena , avait dit Caine. Le nom de Justin navait mme

pas t prononc. Diana sentit une discrte tension se loger aucreux de sa poitrine. Elle stait pourtant jur de rester neutre,polie et distante. Mais elle se trouvait sur le territoire de Justin, prsent. Et la vague sensation de malaise quelle avait prouvedans lavion saccentuait de faon alarmante.

Ainsi tout ceci appartient Justin, commenta-t-elle,impressionne malgr elle par la discrte lgance des lieux.Caine pntra sa suite dans la cabine dascenseur. Pour moiti seulement. Rena sest associe avec lui cet t.

Ils sont galit de parts pour ce Comanche. Ah, je vois. Cest comme a quils se sont rencontrs ? Pas exactement, non.Intrigue par le rire de Caine, elle linterrogea des yeux. Cest une histoire complique, en fait. Et un grand sujet

de plaisanterie dans la famille. Je pense que Rena vous expliqueracomment Justin et elle ont t mis en prsence. Mais il faudraitque vous rencontriez mon pre pour comprendre rellement cequi sest pass.


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Caine sinterrompit pour scruter ses traits avec attention touten enroulant une mche de ses cheveux autour dun doigt.

Quoique tout compte fait, il vaudrait mieux que monpre ne vous voie pas. Car je pourrais me retrouver mon tourdans une situation pineuse.

Il ne la quittait toujours pas des yeux, excit par son parfum,se demandant si cette bouche gourmande saurait tenir ses pro-messes et sanimer sous ses baisers.

Vous tes vraiment trs belle, Diana, murmura-t-il.

Elle frissonna. Ctait la faon dont il prononait son prnomqui suscitait ces sensations tranges, presque douloureuses, quilui couraient fleur de peau. Mais quoi dtonnant ? Caine taitun expert en matire de sduction. Et elle aurait tort de loublier.

De sous ses paupires mi-closes, elle soutint son regard sansbroncher.

Vous avez laiss votre marque Harvard, Caine. Il ny a

pas que vos matres qui parlent encore de vous. Vos condisciplesvous ont galement fait une trs jolie rputation. Dans les boudoirscomme dans les prtoires, dailleurs.

Caine parut amus. Ah, vraiment ? Vous me raconterez a un de ces jours.Les portes de lascenseur scartrent et Diana le prcda hors

de la cabine.

Oh, je prfre garder un silence pudique sur la question,matre MacGregor. Mais je me suis toujours demand si lefameux pisode de la bibliothque de droit tait bas sur desfaits ou relevait de la lgende.

Caine se frotta le menton. Laccus fait valoir son droit au silence. Lche !Il sortit les cls de la suite de Serena. Non, srieusement On parle toujours de cette histoire,

Harvard ?Diana rprima un sourire. Il navait pas lair le moins du monde

embarrass, en tout cas. Cest quasiment devenu un mythe. Champagne et folle


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passion entre le Droit criminel du Massachusetts et les Procduresde divorce.

Avec un lger haussement dpaules, Caine finit de dver-rouiller la porte.

En vrit, ce ntait pas du champagne, mais de la bireMais que dis-je ? Vous ne croyez quand mme pas tout ce quise raconte dans les couloirs de luniversit, jespre ? reprit-il,faussement svre.

Diana prit le temps de lui dcocher un sourire ironique et

poussa la porte sans rpondre. La chaleureuse lgance de la suitede son frre la prit au dpourvu. Les pices taient vastes, avecdes baies immenses offrant une vue panoramique sur lAtlan-tique. Les meubles bas, accueillants, voquaient une plaisanteintimit. Quelques toiles judicieusement places frappaient parlaudace du trait comme de la couleur. Deux sculptures dunefacture exquise se dressaient sur des tagres de bois prcieux.

Etait-ce le got de Justin quelle voyait reflt l? Ou celui deSerena ? Qui tait cet homme avec qui elle partageait un pre,une mre, un hritage ? Et pourquoi tait-elle venue jusquicirveiller des motions quelle croyait mortes ?

Aux souvenirs enfouis elle ne voulait surtout pas rouvrir saporte. Il fallait tout prix quils restent enterrs, muets, inop-rants comme une bombe que lon aurait dsactive de faon

dfinitive. Ctait une question de survie lmentaire. Dans unsursaut de panique, Diana se retourna pour senfuir et se trouvaface Caine.

A qui esprez-vous chapper ainsi, Diana ? A Justin ou vous-mme ?

Choque, elle se rejeta en arrire. De quel droit me posez-vous cette question ? En quoi

seriez-vous concern ? En rien, admit-il.Il laissa son regard sur ses lvres. Elle tait tendue, panique.

Et il ressentait la tentation vertigineuse de la dtendre, de lama-douer. De dcouvrir la Diana Blade qui se cachait sous le masquedlgante froideur.


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Elle ntait pas son type, cela dit. Les femmes, il les prfraitvivantes, expansives, capables de rire et daimer sans retenue. Et

puis il serait peu stratgique de se compliquer la vie en sintressantde trop prs la jeune sur de son beau-frre. Mais quel mal yaurait-il satisfaire une curiosit passagre ?

Caine connut un instant dhsitation. Rien ne serait plusfacile que de lamener contre lui, de goter ces lvres pleines,cette bouche gonfle comme un fruit. Le fait quelle pouvaittout aussi bien ragir par une gifle que par un baiser passionn

rendait lexprience dautant plus fascinante.

Lenvie saisit Diana inopinment. Un dsir impromptudtre tenue, emporte, possde. Et elle savait dinstinct queCaine satisferait son attente. Il ny aurait pas de questions, pasde prmices, pas dhsitations. Rien quun raz-de-mare, une

dferlante de plaisir sans limites. Sans pense, sans raison, sansjustification. Et ce monde interdit, enchanteur, tait juste saporte. Il suffisait quelle tende la main.

Et le geste aurait la simplicit de lvidenceLe ronronnement lger dun ascenseur se fit entendre dans

la pice. Surprise, Diana vit une porte mtallique souvrir. Lesmains de Caine remontrent lentement jusqu ses paules, et illa dbarrassa de son manteau juste au moment o une trs joliejeune femme blonde sortait de la cabine. Vtue dune simple robefourreau violette de la couleur de ses yeux, elle tait saisissante.

Diana ! Vous tes venue !Sans une hsitation, la femme de Justin la serra avec effusion

dans ses bras. Je suis tellement heureuse de vous rencontrer enfin

Vous tes ravissante. Et vous ressemblez tant Justin Tu ne

trouves pas, Caine ? MmmTout en observant la scne avec attention, Caine alluma une

cigarette. Diana se ressaisit et fit un pas en arrire. Je tiens vous remercier pour votre invitation, Serena.


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Cest la dernire que jenvoie sous cette forme officielle.Nous sommes parentes, maintenant Et si tu nous servais

quelque chose boire, Caine ? Diana, quest-ce que je vous offre ?Le regard de Diana glissa de la sur au frre, puis revint se

poser sur Serena. Je prendrais bien un doigt de vermouth.Gagne par une nervosit croissante, elle dambula jusqu

la fentre. Lhtel est magnifique, Serena. Caine ma expliqu que

vous tiez propritaires parts gales, Justin et vous. Pour celui-ci, oui. Et nous sommes galement associs

sur le sixime Comanche que nous faisons construire Malte.Je nai pas encore russi minsinuer dans le capital des quatreautres. Mais cela viendra en son temps !

Nous avons dcouvert que nous tions voisins, Diana etmoi, observa Caine en apportant leurs boissons.

Diana prit le verre quil lui tendait. Une onde de chaleur laparcourut lorsque ses doigts effleurrent les siens. Elle songea lpisode aussi bref qutrange qui avait prcd larrive deSerena. Et se demanda quel dmon lavait saisie. Ctait bien lapremire fois quelle ressentait ce genre dlan pour un inconnu.

Vraiment ? sexclama Serena. Vous habitez dans le mmequartier de Boston ?

Cest ce quaffirme votre frre.Caine sourit. Nous ne sommes qu deux rues lun de lautre. Seconde

concidence : nous sommes confrres. Vous tes juriste, vous aussi, Diana ?Serena nota que Diana suivait Caine des yeux tandis quil

retournait se servir au bar. Eh bien son incorrigible sducteurde frre navait pas perdu son temps, apparemment.

Oui, jai fait mon droit Harvard sur les traces de Caine.Diana fit passer sa boisson dune main lautre en regrettant

de lavoir accepte. Elle avait lestomac comme du plomb et touteparole prononce lui cotait un effort dmesur. Fidle sonducation, cependant, elle enchana poliment :


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Votre frre a laiss un souvenir imprissable de son passage.Les anecdotes abondent au sujet de ses exploits.

Serena clata de rire. Oh, a ne mtonne pas de lui. En rgle gnrale, il faut

toujours prendre ce genre dhistoire avec prudence. Mais dansle cas de Caine, je crains quelles ne recouvrent quune infimepartie de la ralit, au contraire.

Je suis touch par la haute opinion que tu as de moi, Rena,rtorqua Caine en appliquant une bourrade sa sur.

La complicit qui lunissait Serena sautait aux yeux. Ils avaientgrandi ensemble, partag mille jeux, mille secrets. Diana scrutale fond de son verre en se demandant ce quelle faisait l, danscette pice, avec ces deux inconnus souriants.

Serena Je veux que vous sachiez quel point je suistouche par votre invitation. Mais je me demande si Justin nestpas aussi mal laise que moi la perspective de

Il nest au courant de rien, Diana.Comme elle demeurait muette sous le choc, Serena lui posa

la main sur le bras. Je ntais pas compltement certaine que vous viendriez. Et

je ne voulais pas quil souffre dun refus ventuel de votre part. Parce que vous pensez que a laurait affect ? Je le connais, Diana. Je peux imaginer ce que vous ressentez,

mais je vous en prie, essayez de ne pas adopter demble uneattitude de rejet. IlConsterne, Serena se tut lorsque le bruit de lascenseur se

fit entendre. Il lui aurait fallu deux minutes supplmentairespour plaider sa cause avant larrive de Justin. Elle adressa unsilencieux S.O.S. Caine, qui se contenta de hausser les paulesen signe dimpuissance.

Diana, fige sur place, regarda la porte de lascenseur souvrir.Aprs vingt annes de sparation, elle vit la silhouette de son frrese dcouper devant elle, dans la cabine brillamment claire.

Ah, cest ici que tu te caches, scria Justin en se dirigeantdroit sur Serena. Tu avais disparu dun coup, je me demandaisce qui se passait.


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Justin, jeMais les lvres de Serena furent museles par un baiser si

passionn quelle ne put terminer sa phrase.Ttanise, Diana les observait. Justin tait tellement plus

grand que dans son souvenir. Et si sr de lui. Lhomme quil taitdevenu avait la prestance que confre la russite. Il paraissait sidiffrent de ladolescent maigre et tourment dont elle conservaitle souvenir.

Son frre Comment imaginer quils taient parents, elle et

lui ? Un jour elle tait encore toute petite , il lavait hissesur ses paules alors quils assistaient un spectacle de cirque. Oh, mon Dieu, pourquoi faut-il que ce souvenir me revienne la mmoire juste maintenant ?

Justin, protesta Serena lorsquelle put reprendre son souffle,nous avons de la compagnie.

Le regard de Justin se posa brivement sur son beau-frre. Mais

il se contenta de serrer Serena plus fort contre lui. Tu navais pas des projets de gymnase pour cet aprs-midi,

Caine ? Va donc toccuper de ta musculature. Jai envie de fairelamour avec ma femme.

Justin !Riant doucement, Serena plaqua les deux mains sur sa poitrine

pour le repousser. Comme elle tournait la tte vers la fentre, il

suivit la direction de son regard. Ah, dsol. Je navais pas vu que Caine tait avec une amie.Les doigts de Diana se crisprent sur le pied de son verre. Il

ne me reconnat mme pas. Nous aurions pu nous croiser dansla rue sans mme nous en rendre compte, comme deux trangersindiffrents. Incapable darticuler un son, elle se contenta delui rendre son regard sans rien dire.

Justin la fixa soudain avec une attention soutenue. Diana? murmura-t-il, incrdule.Les yeux secs, elle ne fit pas un pas, pas un geste dans sa

direction. Bonjour, Justin.Le regard riv sur son visage, Justin savana jusqu elle sa


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sur. Brutalement propuls davant en arrire par les soubresautsde sa mmoire, il vacillait entre prsent et pass. La petite fille

de six ans avec son visage confiant et ses rondeurs enfantines, ilaurait pu la prendre dans ses bras. Mais comment saluer llganteinconnue qui le regardait avec les yeux de son pre ?

Alors quil aurait voulu rire et pleurer la fois, Justin sentitses traits se figer.

Tu as coup tes tresses, murmura-t-il, conscient que ctaitsans doute la remarque la plus ridicule quil ait jamais prononce.

Il y a dj pas mal de temps, oui.Il vit Diana se redresser. Un sourire distant se peignit sur ses

traits. Tu te portes bien, Justin ? demanda-t-elle poliment.La question tait si impersonnelle, si distante, que llan de

Justin fut coup net. Oui, merci. Et toi, Diana ? Comment va ta tante ?

Sa sant est excellente, merci. Tante Adlade vit Paris,dsormais. Mes compliments pour ton htel. Il est magnifique.

Avec un lger hochement de tte, il glissa les mains dans sespoches.

Merci. Jespre que tu as lintention de passer quelquesjours ici avec nous.

Jai prvu de rester une semaine, oui.

Les doigts de Diana taient tellement crisps sur son verrequelle en avait mal la main. Je ne tai pas encore flicit pour ton mariage, Justin. Je

te souhaite beaucoup de bonheur.La mine soucieuse, Serena se plaa entre eux. Et si vous veniez vous asseoir, tous les deux ?Diana sourit faiblement. Si cela ne vous drange pas, je prfrerais dfaire mes

bagages dabord.Serena ouvrit la bouche pour protester, mais Justin la devana. Comme tu voudras, Diana. Tu te joindras nous ce soir

pour le dner ? Volontiers, oui, merci.


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Je vais vous montrer votre chambre, proposa Caine envidant son verre.

Merci.Diana se dirigea en aveugle vers la porte et se retourna au

dernier moment pour adresser un bref sourire Serena. A ce soir alors.Dans les yeux violets, elle lut un muet reproche qui acheva

de la terrasser. Entendu. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-

le-nous savoir.Comme une somnambule, Diana passa la porte. Caine lui

embota le pas sans rien dire. Plus que quelques minutes tenirDs que Caine aurait tourn le dos, elle pourrait se laisser allerenfin.

Caine tira une cl de sa poche, poussa une porte. Diana entra etse retourna pour le remercier. Mais au lieu de passer son chemin,

il la suivit lintrieur et referma derrire lui. Asseyez-vous, Diana. Si cela ne vous drange pas, jaurais besoin dtre Pourquoi ne commenceriez-vous pas par finir votre verre ?Baissant les yeux, elle constata avec horreur quelle tait sortie

de la suite avec son vermouth la main. De mieux en mieuxElle se dtourna, faisant mine dexaminer la chambre.

Cest charmant, ici, dclara-t-elle sans rien voir. Mercide mavoir accompagne, Caine. Mais jaimerais me reposer unpeu, maintenant.

Je ne men irai pas tant que vous serez dans cet tat. Quel tat ? Je suis juste fatigue. Je vais mallonger un

moment et il ny paratra plus.Caine la prit dautorit par les paules et la fit asseoir dans

un fauteuil. Je vous ai observe pendant toute la scne. Si vous tiez

reste cinq minutes de plus changer des platitudes avec Justin,vous vous seriez effondre.

Ne soyez pas ridicule.


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Elle posa bruyamment son verre sur la console ct du fauteuil.Caine se pencha pour prendre une de ses mains entre les siennes.

Vous voyez bien ? Elle est glace. On peut mentir avec lesyeux, Diana, mais nos mains nous trahissent. Vous tiez obligede lui parler comme un tranger ?

Cest un tranger. Et je nai rien lui dire.Se dgageant dun mouvement brusque, Diana se remit sur

ses pieds. Maintenant, laissez-moi, sil vous plat.

Debout devant lui, proche le toucher, elle le vit hausserlgrement les sourcils.

Ttue, murmura-t-il en traant le contour de ses lvres avecson pouce. Cest ce que je me suis dit en vous voyant traverserce hall daroport, dailleurs. Ah, Diana

Avec un lger soupir, il lui effleura la joue. Vous vous faites du mal contenir vos motions, comme a.

Je ne contiens rien du tout, protesta-t-elle.Sa voix tait faible, trangle. Mais elle continuait lutterde toutes ses forces contre les larmes. Pour rien au monde, ellene pleurerait devant cet inconnu. Sans compter quelle navaitaucune raison de seffondrer. Il ne stait rien pass de particulierdans la suite de son frre. Justin et elle avaient chang quelquesbanalits, comme prvu. Il ny avait certainement pas de quoien faire un drame.

Ne soyez pas si froce avec vous-mme, Diana. Je suis froce si je veux.Etouffant un sanglot, elle porta la main la bouche. Laissez-moi tranquille.Mais elle se retrouva dans ses bras, entoure, la joue bien cale

contre sa poitrine. Ds que a ira mieux, je vous ficherai une paix royale,

murmura-t-il en resserrant la pression de ses bras.Le soutien offert tait total. Et irrsistible. Se raccrochant

Caine de toutes ses forces, Diana clata en sanglots.


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Vivez un Nol de rve avec ce recueil de trois romans de Nora RobertsOrpheline six ans,Diane sest toujours sentie inniment reconnaissante enverssa tante qui la recueillie, aupoint de se conformer en tout ce que cette dernireattendait delle. Jusquau jour o elle apprend que celle qui la leve lui ment depuistoujours. Bouleverse, rvolte,Diane dcide de rompre avec sa famille adoptive etde dmissionner du prestigieux cabinet davocats dans lequel elle travaille Boston.Avec un seul but : se construire une nouvelle vie, une vie elle, sans personne pour lui

dicter ses choix. Et une vie dans laquelleCaine MacGregor, le brillant avocat quellevient de rencontrer, charmeur, irrsistible, na pas de place. Car, pour Diane, il estdsormais hors de questionde faire denouveau conance quiconque, ni de risquerson indpendance, et son cur, auprs dunhomme

Aucur de lhiver, alors que les ocons de neige dansent, feriques, devant locantemptueux dAtlantic City, Diane va devoir livrer un combat quelle nimaginait pas

Ce roman, Une rebelle chez les MacGregor, est suivi dedeuxautres rcitsdeNoraRoberts.

A PROPOSDE LAUTEUR

Avec plus de 400 millions de livres vendus dans trente-quatre pays, NoraRoberts est lun des auteurs les plus lus dans le monde. Elle a su comme nulleautre apporter au roman fminin une dimension nouvelle ; elle fascine par sesmultiples facettes et sappuie sur une extraordinaire vivacit dcriture pour

captiver ses lecteurs. Elle est classe en permanence sur les listes des meilleuresventes aux Etats-Unis.

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